Réponse de JC Menu à l'affaire de la grève à l'Association
le jeudi 24 février 2011, 15:08
Bonjour tout le monde !
Alors avant tout, je tenais à vous dire que ce blog, moribond pour le
moment, redémarrera bientôt ; je ne voulais pas faire de nouvelles notes
avant un relookage complet du lieu, histoire de repartir sur un bon
pied.
Mais, là, j'avais envie de diffuser un petit quelque chose avant de me
replonger dans la gestion d'un vrai blog avec des bouts de bd dedans.
C'est une drôle de période, riche en événements historiques
internationaux, mais aussi dans un cercle beaucoup plus proche,
bouleversée par pas mal d'événements dans le petit milieu de la bd,
ainsi que quelques événements personnels.
Je ne sais pas si vous avez suivi, ces derniers mois, les mouvements
houleux qui ont agité la petite structure de l'Association. Pour résumer
grossièrement, on (adhérents de l'asso, lecteurs de forums bd, auteurs
plus ou moins proches de la boîte,...) est abreuvés depuis un moment de
mails, sous forme de tracts revendicatifs, venant de la "masse
salariale" comme ils se définissent eux-même, de l'Association, qui a
entamé une grève début janvier pour protester contre l'annonce de trois
licenciements (sur 7 employés), qu'ils jugent inacceptables. N'étant pas
au fait de tous les tenants et aboutissants de l'affaire, j'ai
personnellement reçu toute cette correspondance avec de la réserve,
surtout au vu du ton de plus en plus vindicatif voire agressif des
courriers à l'encontre des dirigeants (essentiellement Jean-Christophe
Menu), et surtout de la médiatisation extrême d'une affaire qui, il me
semble, transforme un acte de revendication en lynchage en place
publique. Menu, depuis le début du conflit, n'a pas manifesté de
réaction claire, ce qui a sans doute aidé les employés à se monter la
tête et qui a provoqué le fait que depuis le début, tout le monde
n'entend qu'une seule voix.
Suite au paroxysme du mouvement, à savoir la grève à Angoulème qui est,
financièrement et sans aucun doute, une catastrophe pour la boîte qui,
au vu de la crise du monde du livre et de la presse, n'avait
certainement pas besoin de ça pour se voir menacée, la grève a continué
jusqu'au 10 février. Le 12, Menu rédigeait enfin ce que beaucoup, dont
moi, attendaient : un long texte pour expliquer tout, de son point de
vue. Enfin un autre son de cloche. Je souhaite diffuser ici cette
réponse, qui éclaire d'un jour nouveau tout un tas de choses. Menu
n'ayant pas, il me semble, de rapport vraiment quotidien avec le net
comme ses employés, ses moyens de diffuser sa "défense" sont limités,
alors, ça me fait plaisir de participer, et d'afficher mon soutien (même
si je ne suis pas toujours d'accord avec sa vision élitiste du monde de
la bd).
Je fais ça, aussi, parce que, bossant également dans une minuscule
structure qui tient par passion, menée par un patron qui n'en est pas un
(Carali ou Menu n'ont jamais fait d'étude de marketing ou de gestion de
personnels, ce sont avant tout des artistes avec tout ce que ça
sous-entend), je ne peux pas m'empêcher d'y voir un parallèle avec le
Psiko. Parce que depuis le début de cette affaire, je ne peux pas
m'empêcher de voir que sous le prétexte de "sauver l'Association", les
employés la mettent en grave péril. Quand on sait que pour un petit
éditeur, la période d'Angoulème est la période la plus importante au
niveau de la trésorerie, et quand on connait la fragilité des petits
éditeurs indépendants, on n'a pas de mal à s'imaginer qu'un coup comme
ça peut enterrer purement et simplement une boîte qui se bat depuis
vingt ans pour survivre.
Et puis, parce qu'enfin, avec ce texte, j'ai l'impression de comprendre précisément de quoi on me parle.
Bonne lecture !
BANDELETTES
QUEL AVENIR POUR L’ASSOCIATION ?
Commentaire sur la grève des salariés par Jean-Christophe Menu, fondateur et directeur éditorial de L’Association 13 février 2011
Préambule : je parle en mon nom propre, je n’éviterai ni la première personne ni un certain ressenti. Par ailleurs je n’envoie ce communiqué qu’à mon carnet d’adresses, pas à celui de l’Association dans son intégralité (je ne dispose pas du fichier adhérents). Je suis donc favorable à ce que ce texte circule le plus largement possible.
Durant tout ce conflit, tout le monde n’a eu qu’un “son de cloche”, celui de la “Masse Salariale” (ainsi qu’elle s’est définie) et de leurs divers soutiens. On a trouvé anormal que je ne m’exprime pas à ce sujet : je n’ai pas voulu envenimer les choses. Face à une situation qui s’enlise, je livre aujourd’hui la façon dont j’ai vécu chronologiquement et intérieurement cette grève jusqu’à la date du jeudi 10 février 2010.
Je voudrais tout d’abord infiniment remercier les Auteurs et les Amis qui m’ont apporté leur sincère soutien affectif et revigorant, au sein de la période que je viens de traverser. Je n’ai parfois pas pu tous et toutes vous remercier directement, mais je sais qui m’a dit ou écrit quoi : merci.
Face à la gravité qu’a prise la tournure de la grève des Salariés de L’Association, commencée le 10 janvier, et rendue catastrophique par leur action médiatique à Angoulême, il convient de revenir point par point sur le déroulement des événements, ainsi que sur certaines formulations contenues dans les divers communiqués, tracts et pétitions, qui ont trop souvent relevé de l’approximatif, voire du mensonger, et entretenant délibérément la confusion.
1) Les difficultés financières à L’Association sont apparues dès courant 2009. En 2009 a été amorcée une analyse sur les causes et conséquences de ces difficultés. Nous avons pour cela demandé à une personne de grande compétence de nous accompagner, une journée par semaine. Les conclusions de cette analyse menée de front avec notre expert-comptable (également Commissaire aux comptes) Camille Lawson-Body ont abouti à des conclusions pessimistes. Malheureusement, les difficultés sont plutôt apparues comme de nature structurelle. Si elles ont un temps été masquées par le succès exceptionnel des ouvrages de Marjane Satrapi (qui ont permis à L’Association de vivre quelques années dans l’opulence : embauches généreuses, primes exceptionnelles aux Salariés, augmentation des parutions, livres difficiles, fabrications luxueuses, etc...), la crise générale, et plus spécialement celle du marché du livre, ajoutée à la “fin de cycle” du best-seller Persépolis mettent fin à cette période. Les derniers exercices font apparaître des chiffres en baisse régulière, qui impliquent malheureusement une récession inévitable. Les nouveautés se vendent moins, les frais fixes sont restés les mêmes, voire en augmentation. L’arrêt d’activité pour raisons économiques de notre distributeur Le Comptoir des Indépendants, au-delà des conséquences négatives pour l’Association, renforce ces problèmes. Et si Persépolis et une gestion rigoureuse ont permis la constitution de réserves conséquentes au sein de L’Association, cela fait presque deux ans que le déficit d’exploitation rogne sur ses réserves.
2) La première mesure acceptée par tous a été de diminuer la production, ainsi qu’une partie des livres les plus difficiles et coûteux. Ainsi 2010 a-t-il vu paraître seulement 25 titres, contre une quarantaine toutes les années précédentes. Le programme 2011 s’annonce, si possible, du même ordre. Les livres aux caractéristiques les plus “hors-normes” sont désormais réduits, au profit d’ouvrages moins difficiles économiquement.
3) Durant toute l’année 2010 ont été élaborées des hypothèses pour réduire les coûts. La réduction des effectifs a été évoquée dès le début 2010 et n’a donc pas représenté une surprise. Cette perspective m’a personnellement profondément affecté dès le début. Je tiens à rappeler qu’étant Directeur Editorial salarié depuis 1999, et disposant du salaire le plus important, je me suis fait licencier par le Bureau dès mars 2010.
4) Sept personnes (cinq CDI, un CDD, un 3/5 - je m’exclus de la liste des Salariés même si j’ai continué à fournir le même travail), aux salaires et charges additionnés aux frais fixes, représentent désormais des charges fixes trop élevées pour la structure, au simple vu des comptes et des prévisionnels, que les Salariés connaissent ; mais ils en refusent l’analyse livrée par l’accompagnatrice gestionnaire et par l’expert-comptable, qui tous deux affirment que sans action concrète, L’Association est condamnée, à une échéance courte. Les Salariés ont estimé que puisqu’il demeure une trésorerie relativement conséquente, les suppressions d’emploi envisagées n’étaient pas acceptables. Or c’est précisément cette trésorerie qui faisait que ces licenciements pouvaient être dignement accompagnés.
5) Les suggestions proposées très clairement au cours de la réunion ayant eu lieu le 3 décembre 2010 entre les Salariés, le Bureau et moi-même, ont été : suppression de la distribution en interne (libraires historiques, VPC, futures ventes par le net, site - en voie d’achèvement), car non rentable et remettant en question le poste de Frédéric Van Linden, manutentionnaire et coursier ; externalisation de la comptabilité vu la baisse importante du flux liée à la suppression de la distribution interne, ce qui entraîne en effet la suppression du poste de comptable à plein temps, occupé actuellement par Philippe Reveau. Par ailleurs, la diminution de la production posait le problème de deux graphistes à plein temps (d’autant que j’assume toute la Direction Graphique). Il a donc été suggéré que ne demeure en CDI qu’un graphiste et que des missions supplémentaires soient confiées en externe. Eric Bricka ayant annoncé un congé sabbatique de mars à septembre (congé accordé et signé par la présidente), nous lui avons assuré qu’aucune procédure ne serait entamée avant son retour. Fanny Dalle-Rive resterait donc graphiste salariée. Par ailleurs, Nicolas Leroy, chef de fabrication, avait annoncé son intention de quitter L’Association et de chercher du travail ailleurs, alors qu’il n’était pas invité à quitter la structure. Quant à Marie Chesnais et Carmela Chergui, elles avaient auparavant, dans des entretiens individuels, annoncé leur intention de demeurer à L’Association.
6) Cette malheureuse réduction des effectifs, correspondant à une inéluctable évolution, n’a donc pas été élaborée n’importe comment, mais au prix d’une réflexion vers une structure moins lourde et plus conforme à sa nouvelle actualité et à ses perspectives. C’est la soudaine concrétisation de l’annonce de ces suppressions d’emploi qui a provoqué la colère des salariés, ainsi que le fait qu’il n’y ait pas eu concertation avec eux sur d’autres moyens de procéder à des économies. Il a pourtant été évoqué d’autres solutions ce jour-là par le Bureau, comme la sous-location de la partie du local dégagée de sa partie stocks à un espace d’ateliers de dessinateurs ou graphistes. J’ai même pour la première fois accepté l’hypothèse de pilonner une partie des stocks, alors que j’y avais toujours été philosophiquement radicalement opposé, et ce face à la proportion énorme que prennent les coûts des invendus à notre entrepôt de la Génilloise.
7) L’équipe se sent soudée dans une sorte de projection mentale de coopérative auto-gérée, qui n’en est pas une, puisque j’ai engagé chaque personne comme salarié, pour ses compétences, et pour m’accompagner au service d’un projet préexistant et bien défini. Cette idée d’auto-gestion a également été générée par l’absence d’un véritable encadrement, le Directeur éditorial qui vous parle ayant souvent été absent et n’ayant jamais vraiment assumé son rôle de Directeur Général de fait. Mais L’Association, malgré tous ses défauts, s’est constituée au service des Auteurs et de leurs Ouvrages : la grève récente semble faire passer l’idée de coopérative de Salariés bien au-dessus du projet de base. L’équipe n’a donc pas accepté d’être “séparée”, contestant l’analyse comptable, et donc finalement d’une certaine nécessité de décroissance, qui n’est pas seulement économique, mais aussi structurelle et conjoncturelle, les dizaines de nouvelles structures étant apparues ces dernières années sur notre “secteur” amenant une surproduction massive d’ouvrages pseudo “indépendants”, et obligeant L’Association à se recentrer sur ce qui lui est fondamental : recherche et innovation, accompagnement de l’œuvre en devenir des Auteurs “maison”, découverte et émancipation des jeunes talents, remise en circulation de chefs-d’œuvre de la Bande Dessinée du passé, ouvrages de réflexion sur le médium, etc. Il y a là une ligne éditoriale forte de vingt ans dont je suis le garant, et qui m’empêche moralement de devenir le concurrent de nos copieurs, et un “producteur de BD” parmi tous les autres. (S’il faut le rappeler, je suis à l’origine du projet de L’Association, en ai défini les axes, la position politique, la direction graphique et tout le discours. Même si l’apport des co-fondateurs a été fondamental puisque leurs créations ont fait vivre L’Association, j’ai toujours coordonné cette structure, et ai pareillement continué après l’explosion du groupe). Cette évolution aux causes multiples est forcément mal vécue au sein d’une structure qui fonctionne depuis des années comme une entreprise alors que cela n’a jamais été sa véritable nature. Il y a une mutation en cours, que l’équipe semble avoir du mal à percevoir, mais il suffit de voir les parutions de 2010 et le programme du 1er semestre 2011 (Ruppert & Mulot, Claire Braud, Benoît Guillaume, Mahler, Matthias Picard, Conrad Botes, Christian Rosset avec un disque reprenant ses émissions de France-Culture, sans oublier Lapin ni ma propre Thèse) pour constater que même quantitativement à la baisse, la ligne éditoriale ne dévie pas d’un pouce, et que l’on peut difficilement m’attaquer sur ce plan. En revanche, on peut m’attaquer sur mon manque de faculté au dialogue et aux relations humaines, et on aura raison : je n’ai jamais caché que ce n’était pas mon point fort.
8) Le lundi 10 janvier 2011 à 12 h 45, l’ensemble de l’équipe se présente devant mon bureau, Nicolas Leroy prend la parole pour me dire que les salariés entrent en grève, occuperont les locaux dès leur retour de déjeuner, et ne souhaitent pas ma présence lorsqu’ils occupent les locaux. Cette annonce de grève a été effectuée sans aucun préavis ni avertissement, vis-à-vis du Bureau ou de moi-même. Le premier communiqué part en masse. Il est calomnieux : le Bureau est qualifié d’“absent” (alors que la présidente Patricia Perdrizet ainsi que la Secrétaire Générale Zab Chipot s’affairent depuis des semaines sur le sujet et ne se sont quasiment plus occupé que de cette affaire depuis le 10 janvier - et je tiens à dire au passage que le Bureau, bénévole et compétent, a toujours été au service de la mission de L’Association) ; il est injuste : je deviens un “directeur non salarié aux responsabilités floues” (alors que si je suis non salarié c’est bien que j’ai été le premier à me faire licencier pour alléger la structure) et on appelle à retrouver la “chouette vieille Association” comme si la ligne éditoriale avait changé (à moins qu’on exprime ici le fantasme de revenir à la production de 40 titres par an, ce qui est impossible). J’ajoute qu’à cette date, aucune procédure de licenciement n’a été engagée puisque notre annonce visait avant tout à discuter des souhaits individuels de chacun, des conditions d’accompagnement dans le cas de départs et d’une anticipation d’une réduction progressive de la masse salariale sur l’année 2011. Les revendications demandent à voir les comptes, la convocation d’une AG Ordinaire, et donc, remettent en cause ma légitimité morale et celle du Bureau. Vu la gravité des événements, notre Présidente se tourne vers notre Avocat : n’oublions pas que je n’ai personnellement plus aucune responsabilité juridique dans L’Association et que toute la responsabilité civile se place sur les épaules de la Présidente Patricia Perdrizet et de la Trésorière Laetitia Zuccarelli. Le soir même à 19 h et les soirs suivants, je ne constate aucune “occupation” des locaux.
9) Le 12 janvier, une première réunion de concertation a lieu entre les Salariés, l’Expert-Comptable, la Présidente et la Secrétaire Générale. Il y est notamment dit par l’équipe que celle-ci se rendra normalement à Angoulême. Il est convenu d’une nouvelle réunion pour la présentation des comptes 2010 entre eux et l’Expert-Comptable Camille Lawson-Body : malheureusement celui-ci subit la disparition de son père, et doit se rendre deux semaines au Togo, ce qui reporte probablement ladite réunion à après Angoulême, et agace les Salariés.
10) L’affaire de la grève prend des proportions énormes, la presse s’active, et une pétition est lancée, relayée en de nombreux sites, qui recueille de très nombreuses signatures. Malheureusement, le succès de cette pétition est essentiellement dû à la malhonnêteté de son texte et de son intitulé : “Longue vie à L’Association”. La plupart des signataires croient sauver une structure en péril, ou combattre une injustice, alors qu’ils ne font que participer à un épisode interne de la structure, hypothèse précisément élaborée pour pérenniser ladite structure ; et épisode qui n’avait nullement à être porté sur la place publique. De très nombreux signataires se rendent compte a posteriori avoir été abusés par cette pétition hypocrite. Les Salariés lancent des demandes d’Adhésions en masse, dans le but de réunir des troupes pour une AG Ordinaire, ou pour les prévoir comme Membres d’Honneur éligibles. Les Salariés semblent vouloir devenir une “association loi 1901” normale”, avec ses centaines d’adhérents qui définiraient la politique, voire la ligne éditoriale de L’Association, alors que ce qui fait la particularité de L’Association depuis vingt ans est d’être atypique. Par ailleurs, ce qui distingue fondamentalement une association d’une société est exprimée à l’article 1er de la loi fondamentale sur les association : l’absence de finalité lucrative de ses fondateurs, ce qui a toujours été absolument le cas. Il est exact que les Statuts de 1993 laissent à désirer, et que vu la masse de travail et de soucis, il n’a pas été convoqué d’AG depuis 2007 (et non 2005 comme le dit le communiqué - mais le PV de celle de 2007 n’a jamais été fait). Ces carences doivent être résolues, cette organisation doit être clarifiée et passer à l’âge adulte. Même si le fonctionnement de L’Association est loin d’avoir été irréprochable, on peut constater qu’il a néanmoins permis de réaliser plutôt exemplairement ce pour quoi la structure avait été créée, et ce depuis vingt ans : un Catalogue de Bande Dessinée irréprochable.
11) La Présidente Patricia Perdrizet reçoit sous pli recommandé de la part des Salariés Grévistes les lettres d’Adhésion et de demande d’Assemblée Générale de Killoffer, Lewis Trondheim et David B, soit trois fondateurs démissionnaires de L’Association. Une connivence salariés / ex-fondateurs et une tentative pour m’écarter de la structure semble, à ce stade, fortement crainte.
12) Face à cette crainte de “putsch”, et pour sauver le plus rapidement possible la structure de toutes dérives et spoliations, le Bureau (la Trésorière exceptée), l’Avocat, accompagnés de divers amis et conseils, organisent une réunion de crise afin de travailler sur une nouvelle gouvernance, pérennisant notamment un “conseil des sages”, aux compétences et à l’expérience reconnus, garant de la bonne gestion de L’Association et séparant clairement la politique éditoriale de la gestion administrative et financière. Comme les statuts le prévoient, une liste des Membres d’Honneur serait arrêtée par le Conseil d’Administration, les statuts modifiés par ceux-ci en AG Extraordinaire et une AG Ordinaire tenue dans la foulée pour présenter les comptes 2010 et le prévisionnel 2011. La Trésorière, convoquée à cette réunion, mais estimant cette AGE irrégulière, avait pris l’initiative d’amener dans le cabinet de notre Avocat (plus tard raillé pour jouxter Matignon) une trentaine de personnes parmi lesquelles la totalité des Salariés, divers inconnus, des proches de L’Association, et des auteurs, dont David B, Lewis Trondheim, Killoffer, et Joann Sfar qui à la surprise générale s’exprime ardemment comme porte-parole des auteurs de L’Association, ce qui vu ses liens avec la structure depuis cinq ans ne manquait pas de sel. La confrontation est pénible mais se passe sans heurts. L’après-midi même, les Salariés avaient convoqué les Auteurs de L’Association à l’Espace Confluences où ils leur ont expliqué leur point de vue et où ils ont évidemment dénoncé cette “Assemblée secrète” comme “illégale” (ce qu’elle n’était pas). Face à mon absence (à laquelle je n'étais pas convié), la majorité des Auteurs dont je suis l’éditeur se sent pris entre deux feux et ne comprend rien à la situation. Je reçois tellement de demandes d’explication de la part des Auteurs que je ne peux pas y satisfaire, d’autant que nous sommes désormais dans une bagarre sociale et juridique et qu’il m’est interdit de craquer, tout cela à quelques jours du Festival d’Angoulême.
13) Le Directeur des Belles Lettres, notre nouveau diffuseur, s’alarme des événements : en effet, voilà à peine quelques semaines que nous avons signé chez lui, suite à la fermeture du Comptoir des Indépendants, intervenue en novembre. Il faut préciser que les Belles Lettres ont créé un secteur de Bande Dessinée Indépendante, issu de l’essentiel du catalogue du Comptoir (et reprenant ainsi les postes de 4 représentants) uniquement parce que L’Association, plus important éditeur de ce catalogue, a accepté cette solution. Si je n’avais pas accepté personnellement cette solution, ces postes et de nombreuses structures éditoriales se seraient retrouvés en difficultés. La grève met donc également la structure en délicatesse par rapport à notre nouveau diffuseur et à tout ce nouveau secteur.
14) Le lundi 24 janvier, face à la dégradation de la situation, une réunion bipartite avec un médiateur indépendant, expérimenté et impartial, proposé par la Présidente, est fermement refusée par les Salariés. Le mardi 25, un déjeuner informel entre l’équipe, la Secrétaire Générale et moi-même est également rejeté. Je décide de passer seul ensuite au local pour tenter de dialoguer au sujet d’Angoulême, de façon à tenter une “armistice” afin que le Festival se passe au mieux. L’ensemble des Salariés me déclare que les précédentes revendications n’ayant pas été satisfaites, une discussion sur Angoulême est superfétatoire. Face à l’impossibilité de dialogue, je quitte rapidement les lieux.
15) Jeudi 26 janvier, premier jour d’Angoulême, les palettes de livres ont bien été amenées sur place par le transporteur, mais elles sont disposées au milieu du stand, et les livres ne sont pas déballés. Une grande banderole “salariés en grève” surplombe le stand, et à la place des livres figurent des tracts, qui reprennent l’essentiel des communiqués précédents. Si les Salariés tiennent à affirmer qu’ils ne sont pas eux-mêmes à l’origine de la pétition et du blog de soutien “Longue vie à L’Association”, ils ne peuvent nier que cette action purement médiatique est de leur fait et bien concertée. Bonne aubaine pour la presse qui s’empare évidemment de l’affaire pour la monter en épingle, affaire qui devient quasiment le principal sujet de discussion de cet Angoulême 2011. Le coût du stand, les transports, l’hôtel, le transport aller-retour pour les palettes, le manque à gagner des ventes non effectuées, représentent un préjudice financier énorme. Sans parler des déclarations sociales et fiscales non effectuées par le comptable au 15 janvier pour cause de grève, mais passible d’apporter de copieuses amendes à la structure.
16) Ayant moi-même une parution d’importance (“La Bande Dessinée et son Double”, Thèse de Doctorat soutenue à la Sorbonne le 8 janvier) et devant donner le vendredi 28 une conférence sur le sujet, je m’étais inquiété avant le départ de la disponibilité du livre à Angoulême. On m’avait prétendu qu’un problème technique l’en empêcherait. L’imprimeur italien que j’avais contacté directement m’avait dit qu’au contraire, le livre était prêt et bloqué depuis dix jours. J’avais alors été contraint d’en faire venir de mon côté quelques exemplaires à Angoulême. Je vais régulièrement en chercher et le distribue dans la ville. Cela me ramène plus de 25 ans en arrière, lorsque je distribuais mon premier fanzine dans la rue, sauf que c’est ma Thèse. Pendant ce temps à Angoulême, aucun livre de L’Association n’est disponible sur le stand. Je ne mets pas un pied sous les bulles et répond dans la ville aux questions d’un nombre incalculable d’Auteurs, journalistes, organisateurs, sympathisants, la plupart abasourdis et consternés par la situation.
17) Le vendredi 28, l’auteur Benoît Jacques réussit à faire renouer un dialogue entre deux représentants de l’équipe, Marie Chesnais et Nicolas Leroy, face à moi-même et la Secrétaire Générale Zab Chipot. Sont également présents d’autres personnes s’étant positionnées comme “conciliateurs” : June Misserey, Morvandiau, Jochen Gerner, José Parrondo. Malgré les dissensions, une sorte de “pacte” est défini : l’équipe désire le calendrier précis des futures AGE et/ou AGO, le fichier du prévisionnel 2011, le fait que la liste des Membres d’Honneur soit définie en commun, et la connaissance des nouveaux Statuts. Suite à cette conciliation, et à la réception de l’état des comptes prévisionnels 2011, envoyés depuis Paris par la Présidente (alors que l’Expert-Comptable ne les avait pas encore achevés ni officialisés), les Salariés font le geste, samedi 29, de sortir sur les stands quelques livres des auteurs invités présents.
18) Je suis choqué au-delà de toute mesure par cette grève médiatique, surtout en pensant aux Auteurs. L’Association a été crée par et pour des Auteurs, pas pour qu’à cause de malheureuses circonstances d’économie interne, ces mêmes Auteurs se retrouvent spoliés de la présence de leurs ouvrages à Angoulême. Je pense particulièrement au “mini-Lapin 44 bis”, opuscule qui devait faire l’objet de la carte de vœux de L’Association 2011, pour lequel une trentaine d’auteurs de la “nouvelle génération” ont réalisé gracieusement des planches avec enthousiasme, et dont l’impression et la publication ont été annulés.
19) Au retour d’Angoulême, les actions continuent : le vendredi 4 février, un “pot de soutien” aux Salariés en grève a lieu à la librairie Le Monte-en-l’Air où est organisée une “cagnotte” au profit des grévistes ; puis une vente aux enchères d’originaux d’Auteurs de L’Association, invités à donner une planche, toujours au profit des grévistes, est également lancée par un autre comité de soutien.
20) Le jeudi 3 février, dans la foulée de la médiation d’Angoulême, la présidente Patricia Perdrizet envoie aux Salariés un mail acceptant et explicitant la totalité des revendications mises par écrit le 28 janvier (dont la plupart n’étaient pas recevables juridiquement). Néanmoins, la lettre n’est pas jugée acceptable, et la grève n’est toujours pas levée.
21) Le mardi 8 février, l’équipe salariale convoque le Bureau et l’Expert-Comptable dans les bureaux de leur propre Avocat (à cent mètres des locaux de celui de L’Association) dont le nom n’est pas donné à l’avance. Quoique non convié, je décide de participer à cette réunion. La Secrétaire Générale annonce au préalable mon arrivée, qui est acceptée. Les Salariés ont demandé à deux amis Auteurs d’être “témoins” : Emmanuel Guibert et Gila. Camille Lawson-Body expose les comptes provisoires de 2010. Il signale notamment une perte de 150.000 euros due à la fermeture du Comptoir. Marie Chesnais lui oppose que sans cet accident, 2010 ne serait pas en baisse par rapport à 2009. L’Expert-Comptable rappelle la baisse considérable du chiffre d’affaires entre 2007, 2008 et 2009, ainsi que le déséquilibre structurel entre les revenus et les charges. La discussion s’engage sur la législation des associations loi 1901 et sur nos statuts. L’équipe produit une liste de Membres d’Honneur qui est celle que nous connaissons (datant de près de dix ans et jamais entérinée en AG ; dite des “SP” - Service de Presse - et qui correspond en réalité à la liste des personnes qui reçoivent gratuitement les ouvrages édités à L’Association ; là où les statuts actuels prévoient que les Membres d’Honneur sont nommés pour “services rendus à l’Association” par le Conseil d’Administration), liste augmentée des auteurs apparus depuis, et de divers noms de sympathisants (ou de soutiens aux grévistes) : elle comporte en tout près de 200 personnes. Carmela Chergui précise péremptoirement, et contrairement à l’accord passé à Angoulême de la discuter en commun, qu’il nous sera impossible de rayer aucun nom de cette liste. à une remarque de la Présidente comme quoi le futur Conseil d’Administration devra être réellement compétent, la même Carmela Chergui répond qu’eux aussi connaissent des gens compétents et “qu’ils ont un programme”. La Présidente confirme que les licenciements sont gelés, et une date d’Assemblée Générale est fixée au samedi 5 mars : les deux Avocats doivent se contacter pour parler des détails de cette Assemblée. Suite à ces informations, les Salariés s’engagent à lever la grève le lendemain 9 février, ce qu’ils feront effectivement.
22) Après cette réunion, une discussion informelle s’établit entre Emmanuel Guibert, Gila, Zab Chipot la Secrétaire Générale, et moi-même. Les deux médiateurs trouvent la réunion positive et sont optimistes. Gila estime que si le Bureau, les Salariés et moi-même réussissons à nous entendre ensemble sur les noms des membres du Conseil d’Administration, les parties pourraient réussir à s’en sortir. Emmanuel Guibert ajoute que ce futur C.A. doit être réellement actif, compétent et présent, ce qui me semble faire consensus avec les souhaits exprimés par l’équipe. Gila fait part dans un e-mail adressé aux Salariés de l’incontournabilité à ses yeux de se mettre d’accord ensemble sur le C.A.
23) Le jeudi 10 février, Emmanuel Guibert et Gila décident de reparler avec les Salariés au local, et m’y convient. Après avoir refusé dans un premier temps, me sentant encore en faiblesse et en colère contre le “groupe”, j’accepte de m’y rendre. Je parviens à garder mon sang-froid et à garder mes reproches pour moi. Les trois heures de discussions soulèvent de nombreuses rancoeurs mais restent calmes. Il y a des échanges positifs, mais je suis choqué par plusieurs choses. On m’intime, assez fermement, de reconstituer un comité éditorial éxécutif (pas même un comité de lecture, mais un comité où les projets seraient soumis au vote). Je m’élève contre cette idée : c’est la première fois que les Salariés s’avancent sur le terrain de l’éditorial. Je fais valoir mon bilan éditorial depuis 2006, date à laquelle je suis devenu seul décisionnaire, et affirme que je ne suis pas prêt à risquer de nouveau le type de querelles vécu avec le groupe des Fondateurs. Ensuite, Carmela Chergui refuse que le C.A. soit discuté en amont mais au contraire que plusieurs projets puissent être soumis au vote d’une assemblée composée de tous les Membres d’Honneur qui auront souhaité se présenter - ce qui est complètement contraire à la façon qu’a eu L’Association de fonctionner depuis sa création (et ce qui réfute également la proposition du médiateur Gila). La discussion commune autour d’un C.A s’annonce improbable : on me fait savoir que le nom d’Etienne Robial, par exemple (pressenti pour être dans le futur C.A, personnalité inattaquable, non seulement de par son parcours et sa connaissance du Métier du Livre, mais aussi parce que sans lui et Futuropolis, L’Association n’aurait tout simplement pas existé) ne serait pas pris en considération, car “il ne connaît pas l’équipe”... Malgré mon bouillonnement, je reste stoïque. Redialoguer avec certains membres de l’équipe m’a fait plaisir et soulagé, mais sur l’essentiel, je demeure fort perplexe.
24) Puis, après le départ de tous, ce même 10 février, j’ouvre ma messagerie et découvre le Communiqué que les Salariés ont envoyé à tout le monde pour annoncer la levée de la Grève. Je suis atterré. Le Communiqué est encore plus vindicatif que celui de l’annonce de la mise en grève. Il affirme notamment que j’aurais déclaré que la décision des licenciements émanait d’une nécessité “philosophique”. Il s’agit d’une réduction caricaturale et diffamatoire de ma position, exprimée dans ce texte au point 7, et largement développée oralement dans le bureau de l’Avocat des Salariés. Me voilà donc devenu, après tant d’autres calomnies, celui qui vire des gens par “philosophie”. Visiblement, si la grève est levée, la guerre ne l’est pas. Juridiquement, il y a plus grave encore que cette agression : ce Communiqué donne l’ordre du jour de l’A.G. du 5 mars, or non seulement ce n’est pas aux Salariés de le faire, mais au Bureau ; mais de surcroît les deux Avocats devaient s’entendre préalablement à ce sujet. Le fait qu’on y affirme que “la liste des Membres d’Honneur y sera actualisée et validée” est en contradiction même avec le “pacte” d’Angoulême qui demandait à ce qu’elle soit “réfléchie en commun”. Le communiqué finit sur la question de la rémunération des jours de grève des Salariés, qui ne semblent absolument pas réaliser le préjudice économique et moral qu’ils viennent de faire subir à la structure.
Tout se passe comme si l’escalade des revendications ne pouvait plus s’arrêter. Désormais, cette équipe salariale donne l’impression de vouloir tout contrôler à l’Association, même ce qui ne relève absolument pas de ses prérogatives, et prétend même influer sur l’éditorial. Face à ces constatations inquiétantes, la levée de la grève devient un problème presque secondaire.
Nicolas, Fanny, Eric, Carmela, Marie, Mokeït, Philippe : vous n’êtes pas venus à l’Asso par hasard : pour vos compétences d’abord, pour participer à une Utopie ensuite. Comment une Utopie peut-elle mener à une telle catastrophe ? Comment peut-on en arriver à une telle perte de vue du projet fondamental ? Certes, au cours de la crise qui a précédé, des erreurs ont été faites des deux côtés, mais L’Association ne mérite pas un tel gâchis. Et les derniers épisodes (annonce d’autres “programmes”, volonté d’élections “normales”, ingérence dans l’éditorial) ne me rendent pas franchement optimiste. Si la majorité des Auteurs est dans l’expectative et l’incompréhension, tiraillée entre l’affection qu’elle a pour vous, et (j’en ai eu suffisamment de témoignages) la reconnaissance qu’elle a pour mon travail d’editeur, de nombreux Auteurs et Amis me témoignent que L’Association sans moi n’est plus L’Association. Aujourd’hui, ce sont eux que je ne voudrais pas décevoir.
L’éternel problème de L’Association a toujours été de mélanger le professionnel et l’affectif (et d’ignorer le juridique). Cette confusion, qui a fait une grande partie de son charme et de son anti-conformisme (mais aussi la source de sa longue série de querelles) devient l’essentiel de ce qui la menace aujourd’hui. On peut dire que cette grève et la crise qui l’a précédée ne représentent que le paroxysme de trop anciens dysfonctionnements de la structure, ni vraiment entreprise, ni vraiment association, qu’il faut résoudre d’urgence. Les problèmes de gouvernance et d’organisation ne peuvent plus être traités à la légère quand la récession est là. Et le juridique ne peut plus être abonné absent lorsque la structure est menacée, et ce par ses employés même. Employés qui prétendent vouloir la pérennité de la structure mais qui par leurs actes, lui ont porté un préjudice sans précédent (et par ricochet, à toute l’édition indépendante, faisant la joie de tous les thuriféraires du mainstream et de nos éternels contempteurs) ; sans compter quelques charognards aux aguets, à qui cette fragilisation (dûment orchestrée), ne peut que profiter.
Tout cela ne valait pas un tel désastre, qui a mis tant de personnes dans le malaise et le tourment, pour ne pas dire le dégoût. Cela ne valait pas non plus une telle diabolisation du Bureau qui a été exemplaire dans cette affaire ; ni, pardonnez-moi, un tel lynchage médiatique de ma personne, désormais stigmatisé comme immonde “patron-voyou” (quant à certains qui m’ont comparé à Ben Ali ou autres ordures politiques, je leur dirai que je préfère être un humble Dictateur éditorial et Graphique qu’un éminent détrousseur de cadavres).
Patron, je ne l’ai jamais été, et je ne le serai jamais. Seuls m’intéressent les Auteurs, les Livres, et le Catalogue, et je continuerai quoi qu’il en soit à faire vivre cette structure inimitable, dont je revendique le Projet de base, l’Histoire, et l’Avenir, et qui s’appelle L’Association.
Oui à ceux qui croient au Projet, à l’Idéal et à l’Avenir de L’Association.
Non à ceux qui sous prétexte de la “défendre”, sont en train de la détruire.
Longue vie à L’Association !
Jean-Christophe Menu, 13 février 2011.
Commentaires
Ouaou, c'était long à lire mais ca en valait la peine!
Merci Melaka de diffuser un autre son de cloche!
Merci pour ces précisions, c'est effectivement toujours une bonne chose de voir le point de vue des deux parties pour se forger sa propre opinion.
Mais je dois dire que j'avais déjà été un peu perturbé par la façon de certains de décrire Monsieur Menu comme le diable en personne.
La réponse de Menu ne m'a pas convaincu.
Ne pas être un patron dans l'âme est une excuse un peu trop facile. Il n'y a pas que dans le milieu de l'art et de la création que des gens qui ne sont pas patron dans l'âme et n'ont pas la formation se trouvent à des postes de direction et de responsabilité malgré eux...
Il me semble que si tous les salariés ont eu cette réaction c'est bien qu'on s'est mal comporté avec eux (comme ils l'ont exposé dans ce que j'ai pu lire, et je pense que ce n'était pas excessif) et je comprends et soutient leur réaction comme je comprends la réaction des autres fondateurs.
Je dis peut-être une bêtise mais j'ai l'impression que c'est Menu qui a confisqué l'Association à ses amis et à ses salariés.
Le cas de Psyckopat n'a rien à voir avec l'Association, les choix faits d'organisation administrative de la boite ont été différents.
Je ne connais pas du tout l'histoire et je ne suis pas artiste.
Par je suis salarié, pour moi parmi les choses essentielles à retenir dans sa relation au travail sont:
- mon employeur n'est PAS mon ami. J'évite le tutoiement pour ne pas oublier le rapport hiérarchique qui est induit par la signature du contrat de travail. Ce contrat de travail implique une obéissance aux ordres et instructions.
- la survie de l'entreprise prime sur les intérêts de chacun (employeur, employés), à moins de vouloir la couler.
- être patron, c'est beaucoup de choses à faire et à dire, et donc il faut savoir déléguer et communiquer. Et reconnaître qu'on n'est pas fait pour être patron.
- être employé, c'est se dire qu'on peut trouver du taf' ailleurs (pas facile ces temps-ci je sais). On peut divorcer après s'être marié, on peut démissionner ou être licencié après avoir été embauché.
- si les sentiments et l'émotion s'en mêlent, le conflit va devenir très dur à résoudre.
- le code du travail français est un des plus complets au monde, à lire sans modération.
- se mettre à la place de l'autre, cela peut aider à le comprendre (faut-il encore s'enlever les œillères idéologiques).
Ah, c'est courageux, mais vous allez probablement vous attirer plein de commentaires assez déplaisants...
Cela étant, même s'il me parait difficile de prendre partie dans cette histoire ou les torts sont partagés, c'est vrai que les salariés de l'association sont un peu énervants à vouloir se faire passer pour une bande de gentil qui combat le grand méchant patron pour sauver leur boite...
Ah, c'est courageux, mais vous allez probablement vous attirer plein de commentaires assez déplaisants...
Cela étant, même s'il me parait difficile de prendre partie dans cette histoire ou les torts sont partagés, c'est vrai que les salariés de l'association sont un peu énervants à vouloir se faire passer pour une bande de gentils qui combattent le grand méchant patron pour sauver leur boite...
Merci Melaka de diffuser cette information. C'est très courageux de ta part.
Ce n'est pas facile d'être un patron quand on a une toute petite structure, où on s'entend bien avec les gens. Les employés semblent après coup oublier qu'ils sont "employés".
Longue vie à l'Association, courage et soutien à JC Menu.
aouch, j'espère que l'asso ce remettra du coup de la grève a angoulême. avec ou sans Menu.
Bon. En terme de lisibilité et d'efficacité ce texte dessert plus Menu qu'autre chose.
Sur le fond on a effectivement l'impression que Menu est un peu foireux comme patron et que les employés se font un peu des films mais au final cette maison d'édition a quand même tenu le coup pendant pas mal de temps et a réussi à sortir des trucs assez essentiel voire improbable en 20 ans. Même si l'histoire a une fin on pourra dire qu'elle aura été réussie.
J'avions déjà lu le texte de Menu....
Mmmmh... Dommage, ça gâche vraiment mon plaisir, car je possède pas mal de bouquins de l'Asso...
Je m'explique: J'aime les arts en général, mais par contre, il y a un truc que j'ai remarqué, c'est que je n'aime que très rarement les artistes qui les produisent (quand je les rencontre)... donc j'essaie le plus possible de me tenir éloigné d'eux... et de leur problèmes...
Selon moi, l'aspect le plus important de ce débat et qui est exprimé par M. Menu, est le fait que la vision éditoriale originale de L'Association est menacée, ou même qu'elle soit remplacée par une vision toute autre.
Et je crois que, peu importe comment sera définie la nouvelle structure administrative de L'Association, cette vision doit demeurer intacte.
Moi, ce que je retiens, c'est qu'il y aura bientôt un blog rénové et de nouvelles notes. ^^
(Pour l'Asso, j'ai rien compris depuis le début, mais j'espère que cette triste affaire trouvera un épilogue heureux).
Quel gâchis... J'espère que l'Association continuera à vivre et à publier! Une des rares maisons d'édition à publier autres choses que des standards pas très intéressants.
J'ai un peu suivi l'affaire, j'ai lu le message de JC Menu il y a quelques jours.
Ce que ça m'inspire c'est que la division patron / employés a de moins en moins de sens. D'un côté je comprends Menu, voir ses salariés mettre en difficulté la structure qu'on a créée, ça doit être rageant.
D'un autre côté je comprends les salariés (j'en suis un). Les patrons prennent des décisions unilatérales, que ce soit l'orientation de l'entreprise (choix éditoriaux en l'occurrence), décisions de recruter ou de licencier. Le problème c'est qu'ils prennent ces décisions seuls, sans en parler aux salariés qui consacrent pourtant l'essentiel de leur vie éveillée à leur boîte. Bien sûr, si le salarié n'est pas content, il peut partir. Mais quand on s'est investi bien au-delà de ce qui est écrit sur le contrat de travail, c'est extrêmement démotivant de partir.
En ce moment je vis un peu la même chose que les salariés de l'Association. Mon patron prend des décisions incompréhensibles et inadaptées. Aucun dialogue n'est possible. Du coup je fais la grève du zèle, je ne suis pas motivé, je bride totalement ma créativité. Est-ce positif pour l'entreprise ? Je ne pense pas. Pour moi ? Non plus...
La solution (à mon sens) serait de nous associer aux décisions, et de partager les fruits du travail.
En gros il faudrait transformer cette SARL en SCOOP, qui garantit, par statut, un pouvoir de décision aux salariés, et une juste rémunération des efforts de chacun.
si je comprends bien, c'est une structure associative qui a eu besoin en se développant, d'embaucher des salariés, mais tout en restant une structure associative...
y'a rien de pire, au vu du droit du travail et du droit des associations...
une association, repose habituellement beaucoup (même si de moins en moins) sur le bénévolat, et bénéficie parfois, si elle le demande, d'argent public.
Mais à partir du moment ou elle a des salariés dans sson organigramme va se poser la question de la "gouvernance" comme on dit aujourd'hui. Ce concept cache mal le recul français sur la question sociale... Et la confusion des genres quand on parle d'association et de salariés.
POur rappel, le modéle associatif se veut un summum de démocratie. Les associations sont portées par leurs membres actifs, qui lors d'assemblées générales désignent un bureau, qui est en quelque sorte l'exécutif, mandaté par les adhérents.( je simplifie, il peut y avoir des structures de type conseil d'administration, toujours avec des membres élus par les membres actifs en AG)
théoriquement, une AG ordinaire doit avoir lieu une fois par an, ou autre périodicité seon les statuts déposés.
POur avoir féréquenté (et présidé) nombre d'assos "militantes", j'ai vu la cata que représente la confrontation de la logique du pouvoir aux adhérents dans une asso (qui est d'après moi juste) mais qui s'affronte forcément à une volonté des salariés d'avoir leur mot à dire.
Or, un salarié d'une asso ne peut pas être membre du CA ou du bureau. Il doit donc accepter que les décisions s'imposent à lui... avec évidemment un dialogue social, toujours difficile à mettre en oeuvre puisque peu encadré (en gros, pas de syndicat, pas de dialogue possible, une honte)
Les salariés des asso mesurent ils la différence avec les entreprises privées? Ou les décisions ne sont qu'arbitraires? je ne sais pas, toujours est il que du réseau "sortir du nucléaire" à des assos d'insertion, et la dans l'exemple que melaka nous cite, la "prise de pouvoir" des salariés tend à contester l'ordre démocratique voulu par le législateurs concernant les assos loi de 1901.
Quelqu'un a parlé plus haut des Scoop,, c'est peut être ce genre de choix que doit faire "l'association", ne plus être une assos, mais une entreprise. Ca ne lui garantira pas un meilleur chiffre d'affaires, mais une gouvernance plus en rapport avec la défense des intérêts de ntous, salariés compris, qui dans le statut des associaitons n'ont pas vraiment été prévus...
voila
moué...
Si je comprends bien, c'est du rembourrage de blog en attendant que la motivation revienne/arrive.
Bah ça se comprend. Quand on veut devenir dessinateur pro, faut savoir s'impliquer. Sinon on postule dans des agences publicitaires où on dessine des logos.
En auquel cas, on finit serveuse de bars :)
Merci pour ton éclairage, tontonjojo.
Bon courage à l'asso pour se sortir la tête de l'eau. Il est vrai que j'ai été étonné de voir la grève à Angoulème surtout si c'est un des moments clé de l'asso. Je trouve cette action fortement idiote car c'est accélérer la perte de l'asso.
Ils auraient pu refuser de dédicacer, distribuer des tracts et surtout expliquer la situation aux personnes présente sans pour autant privée l'accès de la vente. C'est bien mal récompenser le travail produit même si je peux comprendre qu'ils aient eu peur.
Bonne journée et bon courage
Bonjour!
Tout d'habord je suis content de voir, par ce post, que le blog n'est pas laissé à l'abandon, il faut dire que 3 mois sans nouvelles c'était inquiétant, et (sans vouloir être méchant) il aurais (peut-être) fallu poster un mot/dessin expliquant que le blog est en travaux, non?
Sinon je n'ai que vagement entendu parler d'une grève à Angoulème et en lisant le communiqué, les actions des salarié(e)s m'on fais penser à une leucémie!
J'espère que cela vas s'arranger pour le mieux.
Ah ah ah Le jour où on pendra Carali avec les tripes de Menu approche !
Après Ben Ali, Moubarak, Khadafi...
Bin oué, mais les salariés d'une boîte ne sont pas forcément des artiss...
Du moins, ils gagnent moins et subissent plus les conséquences.
Trop facile de leur mettre les dérives de gestion sur la djeule.
Enfin.
Bon.
Vala.
Oué pis en plus j'ai même pas lu ce que t'as écrivu.
Parceque j'ai la flemme et puis parceque, en ce moment, plus que jamais, on flingue le salarié.
Les petits, les sans grade, les minab' qui font tourner les boîtes !
Bon chu pêté, je lirai plus tard.
MAIS !
Faisons gaffe.
Ne tapons pas toujours sur les lampistes.
Vala.
Ah eh pis, bonjour Mélaminouche.
Moi je dis: que les méchants gagnent, et que les gentils perdent!
Mmmmmh... en même temps c'est (trop) humain...
L'utopie d'une bonne bande de copains travaillant ensemble dans la joie et l'allégresse (et qui dure).... Qui a déjà vu ça?
Impossible... l'être humain est trop con...
J'aime les gens saoûls qui postent sur des commentaires...
Cela semble trop compliqué pour se résoudre facilement. Dans la mesure où personne ne semble agir de mauvaise foi, mais s'en tenir à une vision stricte et bornée du problème.
Pour le reste, une entreprise fondée sur un idéal (d'un ou plusieurs) plutôt que la pérennité est fatalement condamné à disparaître.
A la place de Menu, j'aurais laissé tomber pour essayer autre chose, même si c'est un crève-coeur ...
C'est un long texte chiant comme un tract CGT et y a même pas de trucs dessinés ...
Je suis désolé mais c'est pas ça la bédé !
Je ne m'intéresse pas spécialement à toutes cette histoire (manque de temps), mais plusieurs choses me choquent...
- Menu a été la première personne licenciée, je trouve que ça lui donne un peu de crédibilité, tout de même.
- Je trouve la réaction des autres salariés... Complètement dingue. Et faire la grève à Angoulême était juste la meilleure manière de couler l'Association.
En fait, vu comme ça, on a l'impression qu'ils veulent couler l'Association.
Et parce que c'est le cas du commentaire juste au-dessus du mien et que ça me file des boutons :
- Plusieurs commentateurs dénoncent la longueur du texte... Bah, apprenez à lire des argumentaires. Ce n'est pas toujours facile de faire court, efficace. Ceux qui cherchent juste le bon mot, le bon slogan, sont ceux qui ne vont pas au fond des choses.
Ce n'est pas avec un slogan qu'on règle un problème, et je pense que les politiques récentes le prouvent. Je sais qu'on est rentré dans une ère de communication à outrance, plutôt que d'information avec un véritable contenu. Que certains promettent que la prochaine campagne sera celle de "l'instantané". Mais je pense qu'il vaut mieux prendre le temps de réfléchir, au contraire. Penser sur le long terme. Aller au fond des problèmes.
Et tout ça, ça prend du temps à expliquer. On peut faire toutes les présentations les plus élégantes possibles (et je vous jure que je m'y intéresse un max... Genre www.informationisbeautifu... mais de temps en temps, il faut mettre du texte.
Je partage l'analyse d'upsilon.
Et puis, M. Menu n'est pas le patron d'une grande industrie, c'est peut-être pour ça aussi qu'il fut le premier virée, un "vrai patron" aurait fait d'autres choix. Est-ce qu'il y a eu une gréve, suite à son licenciement?
Ha ben oui c'est fastoche de faire les anarchistes tant qu'on fait du fric. Et puis quand les caisses sont vides le chef des anarchistes se fait lapider par ses employés, comme dans n'importe quelle boite capitaliste.
Que voulez-vous c'est la crise, on vient de perdre un de nos privilèges de pays riche qui est d'avoir une grosse masse de consommateurs qui ont du fric à foutre en l'air dans des petits mickeys.
Bon mais c'est fini. Les gens deviennent moins riches, donc les bobos deviennent moins nombreux, donc y'a de moins en moins de monde pour acheter les b.d. de l'assoc.
C'est pas la peine qu'ils se tapent sur la gueule, ça changera rien.
Ca sert à rien de s'emmerder à se faire chier à faire des bandes dessinnées si y'a personne pour les acheter. Vaut mieux braquer les banques.
Sinon y'a de l'embauche dans le bâtiment et l'hôtellerie.
Ca gagne mieux que la b.d.
Je dis ça pour les jeunes étudiants en arts qui font des blogs bd et qui iront grossir le rang des artistes au chômage.
bon de toutes façons c'est la merde partout, on est foutus. c'est pas la peine de lutter.
inutile de dire que messieurs lagardère, bouygues, dassault, et autres chefs de la france qui détiennent à la fois l'argent qui sert à vous payer et à la fois les produits que vous achetez avec, hé ben ils en ont rien à foutre du pauvre sort des artistes. déjà qu'ils en ont rien à foutre du pauvre sort des chômeurs, des handicapés et des clochards, alors les petites boites d'artistes, vous pensez...
Pas besoin d'avoir fait des études de gestion ou autre pour être un patron, le simple fait de diriger des salariés en fait un patron. Et d'expérience perso, quasiment tous ceux qui dirigent une asso avec des salariés en se prétendant n'être pas "patron" c'est pour avoir une attitude encore pire que les patrons de grosse boîte... Et ici pour cet éditeur commercial, les griefs des salariés étaient très sérieux, comme par exemple l'absence d'assemblée générale depuis 2005 (!) ou le manquement à communiquer les rapports financiers depuis plusieurs années, etc.
tfasson on s'en fout car marine le pen sera présidente en 2012 et elle va interdire les b.d. gauchistes.
moi je dis , toute cette affaire sent le soufre ...
hasta siempre...
(bon c'est pour rajouter un peu de commentaires dans ce blog qui sent la vieille crevette à l'abandon)
Putain, mais sont cons aussi à l'Asso
Aucune idée de ce qu'est l'asso, ni de son mode de fonctionnement.
Mais à sa place, si l'asso est effectivement une "association" créée dans un but autre que l'enrichissement, alors, je serais lui, j'aurais la partie "entreprise" :
- Vous voulez le pouvoir ? Prenez le, j'en veux pas.
- Vous voulez crever ? Faites selon votre bon plaisir.
Et j'aurais décorelé la partie purement associative ayant pour but de publier des artistes de la partie entreprise, considérant cette dernière uniquement comme prestataire de la première. (prestataire autonome, mais remplaçable)
Et là, on sauve l'objectif de l'asso, et on laisse l'entreprise se démerder.
Sauf qu'il ne fait pas cela, et montre donc qu'il a envie de garder le pouvoir, dommage.
PS : si des gens trouvent encore que ce n'est pas une bonne période pour trouver du boulot, bonne nouvelle, ce ne sera jamais mieux. Pendez-vous ! :p
Conclusion : des méchants salariés licenciés et un patron au grand coeur qui comprend les sacrifices qu'il demande et qui va diffuser de la merde pendant quelques temps pour rentabiliser la trésorerie.
Comme quoi, être un artiste n'empêche pas d'être un patron, être un patron te transforme en enculé compatissant.
Au moins dans l'industrie ils ont le mérite de la franchise et il t'offre une embauche au Cambodge
Sortant d'un bar de trop
Il perdit son oiseau
C'est drôle quel temps fait-il
Il vend des oiseaux
Sur un coin de trottoir
Il vend des oiseaux
Aux enfants qui mangent trop
Il vend des oiseaux
On vend bien de la musique
Je me suis associé aux oiseaux du quartier
De toutes les cages ils ont la clef
C'est elle qui attendait
Le bateau sur le quai
En criant son costaud
Il ne revient pas
Et crachant sur la mer
Il ne revient pas
Elle est couchée par terre
Il ne revient pas
C'est un gars du Pacifique
Et maudissant les flots qui n'en ont rien à faire
Sans nos marins t'es rien que d'l'eau
Pour se consolater
La veuve prit un moineau
Qu'elle acheta à Gino
Elle ne savait pas
Qu'il s'envolerait si tôt
Elle ne savait pas
Qu'elle en tomberait pour Gino
Elle ne savait pas
Qu'on pouvait crever et revivre à nouveau
Allez viens Gino danser dans mon château
Je veux t'aimer
Mais un matin tout est fini
Et les oiseaux où sont-ils ?
Gino s'enfuit mais cette fille
Couchée là dans ses dentelles
Au-delà d'un silence
Qui s'évertue
A tout foutre en l'air
Il ne savait pas
Ils ont mouru de faim
Il ne savait pas
Courant dans le matin
Gino ne savait pas
Que d'aimer
Ca tue les oiseaux
Va-t-en vieille putain
A la mie de pain
Sans pognon
Y a pas d'oignons
Va-t-en vieille putain
A la mie de pain
Sans pognon
Y a pas d'oignons
etc...
pardon, c'est juste que je n'emmerde un peu
Bel article, long, mais un régal à la lecture !!
Excellently written article, if only all bloggers offered the same content as you, the internet would be a much better place
www.bdtresor.net/index.ph...
Je suis tjs étonner de voir que les français, sitôt qu'il y problèmes, font la grêve... Que ça soye dans une grande entreprise ou un petite structure. Le plus con c'est que avec tout ça ils ont surement coulés l'Association et c'est bien dommage. C'est vraiment, de part et autre, "après moi le déluge"! Je ne dirai pas longue vie a l'association! Mais plutôt L'association est morte, vive la prochaine. Pareceque après ça elle aura perdu toute crédibilité...
D'une part, les français ne font pas plus grève que la plupart de leurs congénères européens, et c'est bien dommage. D'autre part, il est bon de rappeler que les congés payés, les réductions du temps de travail et la reconnaissance des maladies professionnelles, ENTRE AUTRES, ont été obtenus par ce genre de lutte, ça n'a jamais été un cadeau du patronat, jamais. Donc merci de ne pas réduire les luttes sociales à ce type de généralisation merdique.
A bon entendeur, salut, "Franchoix".
@tontonjojo
Putain mec comme tes analyses sont justes et pertinentes.
Si je n'étais pas ton fan numéro 1 je le deviendrais.
Cette histoire me fend le coeur, fidèle lectrice de l'Association depuis une dizaine d'année je découvre depuis quelques semaines, ici et là, les rebondissements dignes de "Dallas" de cette affaire.
Tout d'abord merci à Melaka d'avoir posté ce texte, certes long, mais il faut ce qu'il faut pour se faire comprendre et puis car comme vous le dites il faut avoir les 2 sons de cloche pour se faire une idée, et j'avais envie de m'en faire une.
Ce que Menu a pour lui c'est d'avoir pris les devants face à une situation financiere compliquée il a fait appel à quelqu'un de compétent pour analyser la situation et trouver une solution, il a vu le problème venir et ne l'a pas laissé là s'envenimer par déni, il a prévenu les salariés de cette situation en réunion en communiquant les analyses.
Un patron vraiment pourri (comme on en voit parfois dans l'actualité) ne se donnent pas tant de mal, il te vire en conservant son emploi et ce n'est que dans quelques journaux que tu découvriras que finallement l'entreprise se porte bien et que le pdg a son compte en banque toujours aussi blindé et ça ne va pas changer ! Là tu entres en grève car tu te dis "ah vraiment on se fout de ma gueule je vais ptetre un peu m'énerver" tu te battras pour conserver ton poste, tu te battras dignement pour avoir une indemnité de licenciement correcte au vue des bénéfices de l'entreprise, au vue du salaire du patron qui lui ne change pas.
Je sais ce que ça fait d'être licenciée dans une petite structure qui rame, c'est pénible pour le patron et les employés. Au début on ne comprenait pas car nous avions toujours des ventes (c'était un atelier- boutique) mais en voyant les chiffres nous avons vu l'ensemble des frais de l'entreprise et qu'à cette allure on allait droit dans le mur, on a du se résigner péniblement à quitter un job qu'on adorait mais à le quitter dignement.
Là quand je lis tout ça j'ai l'impression de lire de la science fiction, vit on dans le même monde ? Les salariés ont l'air de faire des revendications hors normes (je parle d'ingérance dans la ligne éditoriale alors que ce n'est pas ce pour quoi ils sont employés à la base) et tout ça dessert la compassion qu'on pourrait leur porter, je me dis que derrière tout ça il y a forcément autre chose qu'on ne sait pas, des rancunes, des rancoeurs qui dépassent "le cadre du job"...
Quand on fait grève on donne un préavis, sinon c'est un abandon de poste (poste que l'on défend mais que pour le coup on détruit en agissant ainsi) sinon on participe à un processus d'implosion, d'autodestruction de la structure.
Enfin Jean Christophe Menu, dit en conclusion ne pas vouloir devenir patron, je comprend par là qu'il ne souhaite pas passer de statut d'assoc à celui d'entreprise pas qu'il ne souhaite pas "prendre des responsabilités" comme j'ai pu le lire un peu partout même ici dans les commentaires.
J'ai l'impression que tout ça va se finir avec un "the end" faute de pragmatisme et parce qu'il y a trop de réactions passionnées, c'est triste.
Cependant je souhaite à toutes et tous de se sortir dignement de cette crise.
Merci pour cet article. Je ne trouvais nulle part de contre-poids aux attaques contre Menu et ça me paraissait suspect.
On a tellement besoin de choisir un camp, qu'on refuse souvent de nuancer nos critiques en se confrontant au point de vue "adverse" (par peur de changer de camp?).
Pour ma part, la lettre de JC Menu m'a convaincue surtout qu'il est très difficile de se faire une opinion tranchée si on tient à garder une certaine honnêteté intellectuelle.
Et comme je n'aime pas le lynchage, j'ai eu une certaine tendresse pour cet éditeur qui, quoi qu'on en dise, à accomplit quelque chose de Beau!
Ca ne l'empêche certainement pas d'avoir des torts, mais les autres ont trop évidemment raison pour être totalement honnêtes...
Sando et Magali > tout à fait d'accord avec vous :)
Tio! mon petit poussin en sucre^^
ça fait un bail, depuis que les tontons se sont autodissous dans le stupre, le vomi et la morve...
au vu de l'évolution de la situation de l'association (pour redevenir (un peu, hein) sérieux, les derniers commentaires me font un peu halluciner.
Moi aussi je travaille pour une petite structure, fragile, je connais mon patron (salarié comme moi) et on picole des fois en se tapant sur le ventre.
Sauf que, c'est le propre d'une époque ou le superficiel et( l'émotion l'emportent sur la réalité des rapports sociaux, dans ce conflit, outre l'antagonisme entre structure associative (disons démocratique) et entreprise, dernier rempart de l'arbitraire, il faut choisir.
Mon patron, il est gentil, mais en cas de conflit, entre son intérêt et le mien, je choisis le mien. S'il veut me licencier je me battrais. non? c'est pour ça alors que la droite la plus réactionnaire peut gouverner, en se présentant comme rempart au fascisme... on est au pays des bisounours!!
je me dois à cette étape de mon intervention vous rappeler un fait propre au droit du travail en France. la reconnaissance du rapport de subordination entre salariés et employeur (quelles que soient les idées qu'il défend) c'est une reconnaissance de fait dans la loi de l'antagonisme entre celui qui vend sa force de travail, contre de quoi la reconstituer, et celui qui dispose des moyens, ou de l'autorité pour mener un projet, une entreprise, l'employeur. En l'occurence les choses ssont un peu différentes dans une asso ou il n'est pas question de capital. mais c'est la ou le bât blesse. L'association est le lieu de l'expression de tous par excellence, mais pas de ses salariés. En gros, elle est dans ce cas une "entreprise comme les autres", c'est à dire que la démocratie sociale, elle s'en bat l'oeuil.
Le droit de grève est garanti à tous les salariés par la constitution. c'est donc le législateur qui a du permettre aux salariés d'user de moyens exceptionnels, étant donné sa subordination de fait à l'employeur. Et la totale impossibilité pour eux de se trouver sur un plan d'égalité avec l'employeur qui détient tous les pouvoirs dans l'entreprise. je ne vois pas en quoi avoir des alternatives à proposer en lieu et place des licenciements serait une hérésie de la part des salariés, ils défendent la possibilité de maintenir leur emploi. Si j'ai tout bien compris, ils contestent le fait que la situation financière soit insurmontable au point d'en venir au sport préféré des capitalistes: l'ajustement tendanciel du taux de profit...
parce que je suis dans ce bain là tous les jours de l'année, que je sais que c'est presque toujours la solution de facilité. J'en ai marre que cette solution (les licenciements de masse) et donc la pression sur les salariés devenus des éléments comptables et une variable d'ajustement - alors qu'ils sont ceux qui font au sens matériel, une entreprise - soit la seule que l'on envisage désormais. effet de mode? passion du winner à la tapie qui d'un trait de plume raye des vies (oui des vies)
Camarades artistes, créateurs de tout poil, pour bénéficier de la compréhension des citoyens lambda quand vos intérêts sont attaqués, il vous faudra bien un jour vous abaisser vers eux.
@Sando
"Les salariés ont l'air de faire des revendications hors normes (je parle d'ingérance dans la ligne éditoriale alors que ce n'est pas ce pour quoi ils sont employés à la base [...])"
Tu trouves ça curieux que des salariés s'intéressent à la façon dont est gérée l'entreprise, les choix qui sont faits par la direction et qui au final impactent leur vie ? On consacre 8h / jour, 47 semaines par an de sa vie à une entreprise et on n'aurait pas son mot à dire ?
La démocratie s'arrête vraiment aux portes de l'entreprise.
Ce qui m'étonne un peu c'est le soutien de Mélaka à JC Menu. Psykopat est un des derniers magazines où fleurit une sorte d'esprit libertaire qui n'a besoin ni de chef ni de patron. Evidemment il ne s'agit pas de soutenir des employés quelque soient leurs revendications. Notez que les salariés de l'Association réclament principalement une participation aux décisions qui concernent leur avenir. Une décision prise à plusieurs est sans doute plus intelligente qu'une décision prise par une seule personne.
ah ben, le jojo la, il le dit encore mieux que moi, voila
jojo > tu sais, mon avis n'est pas forcément l'avis du Psiko...
Je n'ai pas envie de rentrer dans un débat (surtout sur une situation qui date de plusieurs mois), mais dans une structure comme celle du psikopat, une grève provoquerait purement et simplement la disparition de la structure... En ce qui me concerne, même si je devais y travailler gratuitement pour que perdure le journal, je le ferai..
(encore une fois ca ne concerne que moi)
Et voilà, melaka a tout dit. Prête à bosser gratos.
Ca c'est l'aliénation suprême dont souffrent tous les travailleurs indépendants quand ils se prennent dans la gueule des périodes de récession et de chômage: paysans, artisans, artistes, petits patrons... ce sont eux les vrais humiliés.
Une structure comme l'association a suffisemment grossi pour échapper partiellement à cette aliénation, ils peuvent se payer des salariés qui peuvent se payer le luxe de faire la grève. La grève c'est un luxe de salarié.
Moi je taf en indé, j'ai jamais pu me payer ce luxe là. chez nous y'a pas de loi à part celle du plus fort, on est chez les animaux, on a pas la chance d'avoir pu se payer la civilisation du salariat.
Alors du coup ben par réflexe je prends la défense de menu, (et melaka comprend bien tout ce merdier vu qu'elle est patronne d'un journal fauché), même si je sais que les salariés ont eux aussi leurs droits à faire valoir.
Nous les indé la crise on se l'est prise dans la gueule sans broncher. Les clients n'ont plus de fric, point final.
Alors comment vous voulez régler la crise à l'asso ? Soit on fait comme tout le monde et on vire du personnel, soit on veut la jouer équitable alors on fout la clé sous la porte.
@Sale gauchiste de merde
En parlant d'aliénation, t'es vraiment atteint.
"La grève c'est un luxe de salarié." Non, c'est un droit inscrit dans la Constitution.
Au lieu de lutter contre nos ennemis à tous, ceux qui nous appauvrissent et nous exploitent, tout ça pour entasser des milliards dans les paradis fiscaux, j'ai nommé les banques, la finance, le FMI, les multinationales, tu gueules contre le droit de grève, parce que toi, t'y as pas droit ? Pourquoi tu crois que tes clients n'ont plus de pognon ? Parce que l'essentiel des richesses produites sont concentrées dans de moins en moins de mains. C'est vrai que c'est une super idée de casser les droits sociaux parce que "ça coûte trop cher", Sarkozy est bien content de nous voir nous tirer dans les pattes les uns les autres.
L'argent existe pour payer correctement les gens, pour financer une autre façon de vivre, sans se tuer au travail, pour s'épanouir, enfin ! Sauf qu'on nous fait croire que c'est la crise, pour qu'on se contente de miettes de plus en plus petites, pour que quelques-uns puissent se gaver de fric dont ils n'ont pas besoin.
Marre à la fin !
La grève c'est peut-être un droit mais ça s'est cassé les dents sur le chômage de masse et la précarisation de l'emploi.
Ca sert à quoi de faire la grève quand tu trouve pas de boulot ?
Et ça sert à quoi de faire la grève quand t'es réduit à bosser en pigiste/indé pour un salaire de chinois, parce que c'est ça ou rien ?
Tant qu'on s'est pas retrouvé aux marges de la société, on comprend très mal que la majorité des français jouissent de luxes de pays riches.
Qu'est-ce que tu veux que je te dise. Je peux rien faire, et mes camarades précaires non plus.
Et par dessus le marché quand on veut exprimer notre détresse, on se fait piétiner pas des imbéciles comme jojo.
Vivement que cette planète de merde explose.
Le fric, le fric, toujours le fric, mais y'a pas que le fric dans la vie !
Le fric ça ne fait que représenter une richesse matérielle, mais c'est virtuel le fric, la valeur d'une monnaie change d'un pays à l'autre, un type qui touche un rsa français et vit au Maroc, c'est un petit roi, c'est pas le fric le problème.
Le problème c'est les sources de jouïssance et de vie que le fric représente de façon biaisée: la nourriture, l'eau, les logements.
Si l'humanité était solidaire ça serait correctement réparti.
Mais l'humanité n'a jamais été, n'est pas, et ne sera jamais solidaire. Y'aura toujours des fils de pute pour empêcher ça, et en plus ils sont en majorité, parce que les cafards ça a la peau dure, et que c'est les meilleurs qui partent les premiers, les gens bien se font baiser toute leur vie et meurent jeune, c'est pour ça que cette planète est peuplée à 80% de fils de putes.
Qu'elle pète cette planète, c'est ce qui peut nous arriver de mieux. Si y'a une justice quelque part, c'est sûrement pas sur terre.
@ jojo
de retour par ici pour voir le nouveau blog de Melaka j'ai pu lire ta réponse à mon message et tenais juste à préciser qu'il est tout à fait normal de s'intéresser à l'entreprise où l'on travaille, c'est même sain, mais je ne parlais pas de ça mais plutôt de l'impression d'ingérence dans la ligne éditoriale que donnent certaines revendications. Ce que j'ai voulu dire c'est que chacun à un job dans une entreprise avec des tâches bien précises, par exemple, si je suis caissière dans un supermarché je ne vais surement pas proposer au directeur d'arrêter de vendre certains articles, tout simplement parce que c'est pas mon job de sélectionner les produits, peu importe mes raisons, même quand dans mon fort intérieur je me dis que ce n'est pas "sain".
Ensuite même si je regrette la façon dont cette grève est menée je tiens à affirmer contrairement à ce que je viens de lire que la grève n'est pas un luxe !
c'est dingue comme cette idée malsaine a fait son ptit bonhomme de chemin, maintenant si t'es grèviste c'est forcément que tu peux te le permettre + que d'autres, les discours "salariés vs indé" me font peur, le contexte, le cadre pro n'est pas le même, la façon de travailler non plus, cela dit salarié et indé font face aux même tête de con, aux même impasses financières et on a tous envie de se battre pour son emploi et les grèves sont là pour faire savoir son mécontentement au plus grand nombre et souvent faire une piqure de rappel sur les droits dont nous pouvons bénéficier. La démocratie ne s'arrête pas aux portes de l'entreprise mais quand une entreprise n'a pas de quoi la faire tourner que faut il faire ? laisser la situation s'envenimer et finir par mettre la clé sous la porte ? licencier certains membres de l'entreprise pour maintenir certains autres en poste ? est ce qu'un licenciement est forcément abusif ?
Tu te trompes sur un point Sando, c'est que les "indé" ne sont PAS des employés.
Ce sont des gens sans emploi.
Ils ont du travail, mais pas d'emploi. Ils vivent dans la terreur permanente du lendemain, ils n'ont aucune garantie qu'ils vont être payés, qu'ils vont pouvoir vendre leurs carottes, leurs steacks, leurs assiettes en porcelaine, ou leurs bouquins.
Quand un indé s'enrichit suffisemment pour devenir patron, comme J.C. Menu, ou comme la famille Carali, alors il peut commencer à employer des gens. C'est très bien.
Quand il s'appauvrit, alors il peut pas embaucher autant de gens, alors il est obligé d'en foutre dehors, non pas parce qu'il est méchant, mais parce qu'il n'a plus d'argent pour les nourrir.
Alors c'est normal que la patronne du psikopat se sente solidaire de Menu.
C'est tout le système qui est à remettre en question, ça ne sert à rien de lyncher un petit patron de petite boîte.
@Sale gauchiste de merde
relis mon message car :
- j'ai bien compris ce qu'était un travailleur indépendant l'étant moi même, rien dans mon message ne suggère le contraire. Les difficultés inhérentes à cette façon de bosser je les connais !
- je n'ai jamais dis qu'un employeur qui licenciait est un méchant d'ailleurs je dis le contraire que tous les licenciements ne sont pas forcément abusifs.
- quand ai je parlé de la patronne du psikopat ? j'arrive à exprimer mon opinion sans mêler l'auteure de ce blog qui sait déjà très bien s'exprimer toute seule et surtout j'ai horreur de parler pour les autres.
- lyncher ? mais non je suis toute gentille la simple vue d'une arme à feu me fait pâlir (sauf dans les jeux vidéo)
bref je pense que tu as fait un melimelo passionné de plusieurs messages, c'est pas grave mais j'aime bien faire le point quand ça arrive histoire que mes propos ne soient pas plus déformés par la suite.
Faute de place et d'une époque qui me fait vomir tous les matins au réveil, j'ai un peu lâché la bédé (je le fais plus pour subvenir aux dessinateurs, revues et éditeurs nécessiteux que par réelle envie d'acheter) mais je parcours parfois les sites dédiés, qui deviennent tous des blogs avec la même mise en page, mais on peut s'en foutre, la mise en page, on peut dire pareil avec les albums bédé.
Bref, le problème des structures indépendantes (sauf peut-être le psikopat qui est familial, donc structure réduite) c'est qu'elles sont aussi spécialisées qu'elles sont hors du coup dans le domaine des médias.
L'urgence aujourd'hui est de rassembler tous les indépendants afin de contrer ce qui va vous arriver sur la tronche dans moins de cinq ans : la chute finale.
Le contexte est simple : le support physique est remplacé par du numérique et la bédé va y avoir droit. Les éditeurs des autres secteurs n'y ont pas cru et ils bouffent en ce moment même aux EU et vous savez que la France se rapproche des EU depuis Sarkozy au point de devenir bientôt un Etat des EU, donc elle aura également les mêmes soucis.
Dans ce cas, en parcourant tout ces écrits autour de l'association, la nécessité de licencier est une question de vie ou de mort et je trouve que le nombre d'employés est relativement important par rapport aux "débouchés".
Au niveau du Psikopat, la question se pose peu car les revues bédé sont aujourd'hui très rare (tout au moins au niveau national) : Fluide Glacial, Le Psikopat...dans le même créneau, plus rien ou alors ce sont des revues irrégulières.
Pour l'association, éditrice d'albums, c'est tout autre (même s'ils ont déjà par le passé édité une revue, au moins une je crois, la bédé et moi ça fait deux depuis 10 ans, c'est pourquoi, bien décidé à combler partiellement mon retard culturel, je suis ici) : le Psikopat n'édite plus, car je pense que l'investissement est trop lourd (à Mélaka de nous le dire). L'association a fait l'inverse. Pour le coup, tout ce qui parait chez le psikopat en revue peut paraitre dans de petites structures d'éditions (vraoum, voir le blog Psikopat) et permet donc l'existence de celles-ci.
Sauf que, comme quelqu'un l'a dit ici : LES CLIENTS N'ONT PLUS DE SOUS. Ils en ont, si, mais de quoi prévoir pour le vital. Du coup, la bédé, les livres, le ciné, les chansons, la musique etc ça passe en second, surtout si on peut en faire pour soi.
Une preuve : combien d'éditeurs/producteurs dans ces différents domaines sollicitent (tout comme les associations caritatives) les mêmes personnes qui, étant les plus habituées à donner, ne sont généralement pas des millionnaires (à part moi, non de je déconne). Il en résulte donc un rétrécissement économique lié fortement à la conjoncture. Et comme l'économie n'est pas d'ordinaire le fort des publications alternatives (qui n'arrivent jamais à avoir un fonds de caisse conséquent pour les coups durs), à part si on s'appelle Diament, surtout quand elles sont concurrencées par des grosses boîtes qui envahissent le "marché", si bien qu'on ne s'y retrouve plus, on en arrive à licencier.
Après, bien sûr, les salariés ont le droit de faire grève, mais dans un domaine aussi particulier que le travail associatif, il faut peser les enjeux: avant de se mettre en grève, il faut trouver des solutions, sachant qu'un salarié peut très bien objecter sur les considérations économiques et la communication, contrairement à ce que dit Menu (ils sont engagés comme salariés,c 'est tout, ce qu'il dit grosso modo), sans pour autant s'écarter de la ligne éditoriale (et là il a raison).
C'est un avis écrit à chaud, bien entendu, et je peux avoir simplifié les problèmes sans doute, car c'est toujours plus complexe (la communication à l'intérieur d'une structure) mais je pense que la réalité économique (même si l'expression est vilaine) a rattrapé un système basé sur un nombre limité de lecteurs par ailleurs intéressés par les mêmes choses et donc lecteurs de multiples supports à la fois. Et les lecteurs vieillissent mais les auteurs de bédé, jamais vraiment. C'est pourquoi ils dessineront avec la fraîcheur du premier jour leurs bédés de plus en plus autobiographiques et sociétales alors que leurs lecteurs ont déjà un cancer.
uhuhuh brillante et très juste (même si impulsive) analyse mon cher pifou. À propos de l'édition de livres, on a jeté l'éponge il y a quelques années, pour plusieurs raisons. D'abord, parce qu'effectivement, il y a teeeellement de concurrence sur les étals des libraires, il y a teeellement de titres qui sortent tous les ans, une nouveauté est tellement vite ejectée et va se perdre au milieu des centaines, des milliers d'autres titres.. C'est très dur de s'en sortir, d'autant plus que même au niveau des diffuseurs c'est pas la joie (le comptoir des indépendants, qui nous distribuait, a fermé. Résultat : y a plus que dans la VPC du journal qu'on peut trouver nos bouquins, ou en solderie, avec de la chance).
Et y a une deuxième raison, et non des moindres : à notre niveau, on pouvait rarement dépasser les 2000 ex pour un album, on payait l'auteur une broutille, et on avait du mal à faire bien distribuer l'album (les petites boites passent toujours en dernier chez les diffuseurs, d'ailleurs pour évoquer l'assoce encore, le comptoir (quasiment une boite créée pour distribuer les bouquins de l'assoce) nous bâclait un peu le boulot parce que, forcément, on était de tout petits clients par rapport à l'éditeur de persépolis ;)
Donc on a décidé d'arrêter de couper l'herbe sous les pieds de nos auteurs, un album sorti chez nous c'était carrément du gâchis pour l'auteur, qui, si publié ailleurs, aurait pu en retirer plus, beaucoup plus.
De toute les manière oui je suis d'accord avec toi dans l'ensemble, et je rajoute que le droit de grève, EVIDEMMENT que c'est un droit inaliénable, heureusement qu'on l'a, heureusement que nos ancêtres se sont battus pour l'avoir ! Seulement, là on est dans un domaine exceptionnel, des conditions exceptionnelles, et je vais sans doute me répéter mais, dans une structure minuscule où l'on licencie parce que problèmes de trésorerie, c'est ABSURDE de faire la grève vu que ça aggrave le problème de trésorerie !
Personnellement, j'estime que mon journal est plus important que, euh.. que moi ! Et c'est pour ca que je répète ce que je disais plus haut : si je devais bosser gratis pour lui éviter de devoir s'arrêter, je le ferai. Parce qu'on a dépassé le simple stade de l'emploi-pour-vivre ici, parce qu'une structure pareille, dans un pays comme le nôtre, il faut se battre jusqu'au dernier pour faire en sorte qu'elle survive le plus longtemps possible ! sinon, c'est juste du gâchis...
D'ailleurs cette histoire a son épilogue... Puisque Menu a fini par démissionner. Je le savais que ça se terminerait comme ça, j'en étais sûre ! Après un tel coup de couteau dans une structure déjà affaiblie, et les innombrables concessions que chacun a dû faire pour ne pas se sauter à la gorge, j'imagine même pas l'ambiance de merde au local...
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