Mazette 7
le lundi 2 mars 2020, 10:02
Bonjour salut, aujourd'hui c'est la sortie de Mazette n°7, youpi youpla !
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Et sinon, je me disais, si par hasard y a des lecteurs d'ici qui sont pas abonnés (Bien que cette idée me rende chafouine), je peux mettre mon édito du mois dernier en libre lecture ici, du coup !
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Bisous !
Commentaires
Euh, être engagé c'est bien cinq minutes, mais ça nécessite aussi un peu d’honnêteté quand même.
La circulaire ne vise nullement à masquer la couleur politique des candidats des petites villes, au contraire elle ramène de la réalité.
Dans de nombreux petits villages/agglomérations, il n'est pas rare que les candidats se présentent sans étiquette. Et jusqu'ici cette non appartenance à un parti était gommée par la préfecture qui attribuait une couleur, plus ou moins arbitrairement, au grand dam de ces maires non encartés. (les fameux "divers gauche / divers droite" )
Cette nuance forcée est désormais supprimée pour tous ces non-encartés.
Et pour tous les maires/candidats associés officiellement à un parti politique, là par contre, ça ne change rien, ils seront bel et bien comptabilisés, même dans des agglomérations de moins de 9000 habitants.
En gros le gouvernement reconnait officiellement l'existence des partis "blancs" (à défaut d'autre terme, comme les "votes blancs"), ce qui est super et réclamé depuis longtemps par les maires de ces petites agglomérations (via l'association des maires ruraux de france : https://www.amrf.fr/wp-content/uplo... ), mais comme ça vient du gouvernement que vous détestez alors c'est forcément une arnaque/entubage/complot.
Et habitant toi-même dans un petit bled paumé, je suis extrêmement surpris que tu ne sois pas sensible à cette démarche et cette situation.
Qu'est-ce que je suis content de pas être politisé et d'avoir arrêté mon abonnement mazette.
Salut Melaka !
Un peu surpris par la fin de l'édito... autant il y a de nombreux éléments en faveur des idées de la première partie (surtout sur l'alignement d'une partie des médias sur le discours gouvernemental, c'est le problème quand ils appartiennent majoritairement à de grands investisseurs... de droite), la suppression du classement en "divers droite" et "divers gauche" des maires étaient en fait réclamée par ces derniers depuis pas mal de temps !
Alors OK, ca arrange un peu beaucoup LREM et ça tombe à un bon moment pour eux, mais le classement précédent était tout aussi arbitraire et on se retrouvait avec des maires classés à droite ou à gauche alors qu'ils n'avaient pas grand chose à voir avec les partis "officiels".
Donc, pour avoir un commentaire nuancé :
- Le système précédent, avec un classement en "divers droite" et "divers gauche" artificiel avec une décision prise par le préfet (!) n'était ni démocratique ni juste (et de manière marrante, en désaccord avec le RGPD). Il gonflait artificiellement l'ancrage local des grands partis.
- Le nouveau système était réclamé par les maires des petites communes. Ils ont TOUJOURS la possibilité de s'affilier à tel ou tel parti s'ils le souhaitent. Mais sinon, ils ne sont pas obligés.
- En terme de communication, c'est vrai que ça arrange LREM et qu'ils y ont clairement vu une opportunité.
Toutefois, ce n'est pas parce que ça arrange le parti au pouvoir que toutes les décisions prises sont forcément des dénis de démocratie. Pour cette décision en particulier, il est permis d'en douter.
Mes 5 secondes de Maître Capello : contrairement à une idée très répandue, chafouin ne signifie pas "triste" ou "chagriné" mais bien "rusé", "sournois".
Je vais être gentil (ou naïf) et supposer que G. et Gary Travis sont juste très très mal informés.
1) La suppression des "nuances politiques" serait une demande des maires de petites villes ?
Faux, totalement mensonger. Les maires des petites villes ont juste demandé que le récent seuil de 1.000 habitants soit remonté à l'ancien niveau de 3.500 habitants. Jamais aucune structure collective des maires n'a demandé que le seuil monte jusqu'à 9.000 habitants.
2) Cela n'empêcherait pas de s'affilier ?
Vous confondez (de bonne foi ???) l'affiliation et la comptabilisation. Une liste peut parfaitement déclarer une affiliation politique quel que soit le nombre d'habitants de la commune, c'est vrai. Mais cela n'a RIEN à voir avec la circulaire Castaner, qui concerne le décompte électoral national.
Dans la circulaire, il est écrit noir sur blanc que si une liste d'une commune de moins de 9.000 habitants s'affilie à un parti, cela ne change rien : elle ne sera PAS comptabilisé dans une "nuance" (les 22 nuances permettent de donner une photographie de la situation nationale, avec des catégories comme "extrême-gauche", "socialiste", "LR", "Divers centre", etc.). Faut-il le répéter ? Même affiliée et portant le logo d'un parti, AUCUNE LISTE des communes de moins de 9.000 habitants ne seront comptabilisées dans les "nuances". Aucune. Néant. Nada.
3) Les catégories "divers droite" ou "divers gauche" augmentaient artificiellement l'ancrage local des grands partis ?
Bien au contraire ! Écrire ça est délirant, puisque justement cela conduisait à évaluer des grandes catégories sans se restreindre aux partis dominants. Il faut quand même oser faire une affirmation aussi culottée, aussi aberrante, avec un tel contresens évident. On sent le politicien...
En revanche, dès lors qu'un "grand parti" peut soutenir parfois des listes de droite, parfois des listes de gauche et parfois des listes du centre-droit (dites "centristes"), et dès lors que tout soutien par ce parti (LREM pour être explicite) donnera automatiquement à la liste l'appellation "divers centre", là il y a une vraie entourloupe. Quand le PS soutenait une liste et que la liste était nommée "divers gauche", cela réduisait plutôt la visibilité du PS - et comme jamais le PS ne soutenait une liste "divers droite", ça ne pouvait rien fausser. Quand LR soutenait une liste qui était nommée "divers droite", cela réduisait plutôt la visibilité de LR - puisque de la même manière jamais LR ne soutenait une liste "divers gauche", ça ne pouvait rien fausser.
Mais cette année, comme LREM va soutenir des listes "divers gauche", "divers droite" et "divers centre", comment les comptabiliser ? Eh bien c'est le deuxième scandale de cette circulaire : du moment qu'il y aura LREM dans les soutiens, ce sera "divers centre". Donc des listes avec LR seront compté centristes, des listes avec le PS seront comptées centristes, dès lors que LREM les soutiendra. Hum, ben voyons...
4) Ça apporterait plus de "réalité" ?
Alors ça, c'est gonflé. Donc, ne pas comptabiliser des listes qui se sont pourtant clairement affiliées à un parti mais qui ont la malchance d'être situées dans des communes de moins de 9.000 habitants, ce serait plus "réel" que les comptabiliser ? Outch, ça fait mal, là, quand même.
Et il y a là un truc qui est du B-A-BA statistique. LREM est infiniment moins présent que les autres partis dans les communes moyennes. Donc, statistiquement, lorsqu'on agglomère (qu'on comptabilise et qu'on additionne) les scores sur tout le territoire (même en retirant les rares "vrais apolitiques" des petites communes), les scores LREM sont plus faibles dans les communes de moins de 9.000 habitants. Je répète : les scores encartés, même en retirant les rares "vrais apolitiques". Pour LREM, ils sont nettement plus faibles dans les communes de moins de 9.000 habitants que dans les grandes communes, parce que LREM n'a pas d'ancrage local.
Donc c'est une évidence statistique : retirer cette catégorie de l'échantillon, ça modifie arbitrairement le résultat final. C'est vraiment du B-A-BA de constitution d'échantillon statistique (habituel dans les études scientifiques, ça va, on connaît, hein, ce n'est pas un truc réservé aux sondeurs, loin de là), et du B-A-BA de manipulation de résultats : c'est un élément de méthode particulièrement scruté dans la "relecture par les pairs" d'études scientifiques.
Et donc ça saute aux yeux de toute personne ayant un jour publié ou relu un article scientifique : cette exclusion des communes de moins de 9.000 habitants est une manipulation à faire bondir au plafond, aucune revue scientifique ne validerait une telle méthode de mesure.
Alors soit les deux commentateurs indignés de l'éditorial de Mélaka sont d'une naïveté et d'une inculture statistique dommageable (mais ça arrive à tout le monde, hein, et dans ce cas l'usage est de venir s'excuser, vous serez très bien accueillis si vous avez cette franchise), soit ils ne sont pas exactement apolitiques, n'est-ce-pas...
Post-Scriptum :
J'ajoute un autre aspect, que je n'ai pas vu évoqué par la presse, mais qui est pourtant fondamental, celui des scrutins indirects.
Un maire n'est pas "juste maire de sa commune". Un maire vote aux élections sénatoriales, et un maire (et les premiers élus des différentes listes) siègent dans les intercommunalités et votent pour l'exécutif desdites intercommunalités.
Et là, il faudrait arrêter l'hypocrisie scandaleuse des défenseurs de "l'apolitisme" des listes des communes rurales. Cet apolitisme est une escroquerie, je pèse mes mots.
1)
Tout maire d'une petite commune, même d'une minuscule commune, vote pour les sénatoriales. C'est un scrutin indirect, où il est censé représenter les citoyens de sa commune. Pour qui votent les maires dits "apolitiques" ? À 90% pour les listes sénatoriales de droite. C'est un FAIT. C'est donc une escroquerie politique, un déni de démocratie.
Dans ma commune de 1.800 habitants, j'ai élu un maire (sympathique par ailleurs) présenté sur une liste "apolitique". Quelques temps plus tard, il s'est présenté comme suppléant d'un candidat LR aux élections départementales. Hop, il était apolitique, mais il est ensuite candidat LR, ben voyons. Et aux sénatoriales, il a voté LR.
Pour info, depuis au moins 15 ans (je n'ai pas regardé ce qui s'était passé avant que j'y habite, mais ce serait surprenant que ça ait été différent), lors des élections nationales ou européennes, ma commune vote à 60 ou 70 % à gauche. C'est net. Ça varie légèrement avec les "tendances nationales" (moins à gauche aux dernières européennes, par exemple), mais c'est toujours beaucoup plus de 50% des électeurs qui votent à gauche.
Nous avons élu un maire "apolitique". Refus de préciser une position. Bon. Et hop, il donne *à la droite sénatoriale* les voix majoritairement à gauche de ses citoyens. Sans consultation. Sans transparence. Sans qu'on l'ait su quand on a voté pour lui.
Alors le mythe des "listes apolitiques", stop. Stop, parce que c'est indécent, là. Vraiment indécent.
2)
Parler des pauvres petites communes rurales sans politisation des listes, c'est aujourd'hui juste se foutre ouvertement de la gueule du monde. Car les "petites communes rurales", techniquement et politiquement, ça n'existe plus. TOUTES les "petites communes rurales" sont intégrées dans des communautés de communes (ou communautés d'agglomération, lorsqu'elles sont tout près d'une grande ville, ce qui arrive aussi à des communes désignées sur le papier comme "petits villages").
Qui aurait l'indicible culot de prétendre que ces communautés de communes (regroupant toujours plusieurs dizaines de milliers d'habitants) sont gérées de façon "apolitique" ou "transpartisane" ?
Les élections de l'exécutif des communautés de commune est presque encore plus politisé et encore plus saignant que les votes à l'Assemblée nationale. Ce sont des instances stratégiques et hautement politisées, enjeux de luttes d'appareils et d'alliances. Ah, oui, c'est vrai : comme la plupart des "petites communes" sont dirigées par des listes se prétendant apolitiques, il n'y a pas beaucoup de "luttes d'appareils" (sauf pour les candidats les plus en vue). Ce sont donc en réalité de sournoises et sordides luttes d'alliances, c'est-à-dire des magouilles ultra-politiciennes qui se font à visage masqué et dans une hypocrisie effrayante.
Deuxième raison pour laquelle en réalité, même laisser croire que les listes des petites communes seraient "apolitique" est une escroquerie, et sert de sordides manipulations politiciennes lors de l'élection des exécutifs des communautés de communes (lesquelles, de ce fait, sont souvent dirigées par une équipe qui ne représente PAS DU TOUT les orientations politiques de la population, dans une opacité idéologique particulièrement dangereuse).
Alors, par pitié, ayez la décence d'arrêter de colporter ce mythe des listes apolitiques dans les petites communes. Il sert de base à une totale manipulation des élections indirectes (Sénat et communautés de communes) dans ce qui est très précisément un déni de démocratie. La naïveté, ça va bien deux minutes, mais quand les conséquences sont aussi énormes, il n'y a aucune excuse.
Une belle reprise de volée par Jacques C.
Je n'aurais pas de réponse aussi argumentée que celle de Jacques C (maître en la matière) (l'argumentation s'entend), mais en ce qui concerne l'apolitisme des petites communes, je suis assez d'accord avec lui : c'est un mythe. EVIDEMMENT que dans une commune comme celle de Puycelsi (environ 300 habitants), minuscule, les listes ne sont pas affiliées à un parti existant précis, mais elles ont BIEN EVIDEMMENT une couleur politique ! À partir du moment où il y a plusieurs listes, chaque liste écrit ses objectifs, et ces objectifs ne sont pas très durs à identifier comme étant plutôt de gauche, plutôt de droite, plutôt écolos ou plutôt ancrés sur la tradition et conservateurs... Bien sûr dans les communes minuscules comme la mienne les gens ne s'amusent pas à s'afficher une alliance précise, parce qu'on vit tous ensemble, on se connaît, et s'encarter clairement reviendrait à cracher à la gueule des autres qui sont dans la même liste mais n'ont pas exactement les mêmes sensibilités que soi, donc, ça ne se fait pas. Mais il y a toujours, toujours l'opposition entre gauche/droite, chasseurs-traditions rurales-gens du crû/néo-ruraux-écolos tendance décroissante-entraide sociale. En gros... et donc quand on vote pour la liste plutôt de gauche, même si elle se dit apolitique, on attend d'elle qu'elle n'aille pas ensuite voter pour la droite aux communautés de communes...