Moisi #1
le lundi 1 août 2022, 12:08
Je m'appelle Célestine, j'ai 19 ans et je suis étudiante en droit social à l'université Paris 8, à Saint-Denis. Issue d'une famille modeste d'agriculteurs angevins, je viens de débarquer à la capitale, la tête pleine d'espoirs ; enfin, une nouvelle vie s'offre à moi ! Je m'attendais à galérer pour louer un appartement, comme tous mes amis d'Angers me le prédisaient, mais finalement, j'ai trouvé très vite mon bonheur : une chambre de bonne sous les toits, pas loin du périph', qui sera le petit nid douillet idéal pour me permettre de prendre mon envol, à un prix tout à fait raisonnable, une super bonne affaire, trouvée sur Le Bon Coin en quelques jours ! Je me sens privilégiée.
Bien sûr, c'est minuscule. À peine 16m2. Mais je m'en fiche, moi, ce que je voulais, c'était vivre seule. La coloc', très peu pour moi : je n'aime pas l'idée de partager mon quotidien avec des gens, j'ai mes petites habitudes et je n'avais aucune envie de laisser des inconnus entrer dans mon intimité...
C'est petit, mais parfait pour moi, de toute façon, je ne possède pas grand chose : mes bouquins, Mon doudou-girafe, Mona, qui me suit partout depuis ma naissance, quelques vêtements, mon ordinateur portable et mon smartphone. Mes parents m'ont filé le minimum vital pour mon installation : le vieux clic-clac de la salle de jeux, une étagère ikéa franchement défraîchie qui était dans ma chambre, une belle planche et deux tréteaux qui me serviront de bureau et de table à manger, une lampe, un four à micro-ondes, une bouilloire électrique et quelques éléments de vaisselle. Rien de plus, de toute façon, il n'y a pas la place, et puis je n'ai pas de gros besoins. Dans l'appart', il y a une mini-cuisine équipée d'un tout petit frigo (je ne savais même pas qu'ils en faisaient de cette taille !) et d'une micro-gazinière à deux plaques. Tout ce qu'il me faut pour constituer mon « kit de départ » d'entrée dans la vie d'adulte !
Quand on a visité l'appartement, j'ai tout de suite été séduite par la vue, donnant sur les toits de Saint-Denis. Moi qui ait passé mon enfance dans une ferme immense, paumée au milieu des champs, je n'aurais pas pu rêver meilleur déracinement que ce petit refuge au plafond penché, tout en haut d'un immeuble Haussmannien au cœur d'un quartier populaire dans une ville immense, fourmillante de vie, à mille lieues de tout ce que j'avais pu connaître jusque là ! Le cœur en fête, j'ai dit « oui » à l'agent immobilier avant même qu'il ait fini de me sortir son speech. Bien sûr, l'endroit n'était pas parfait, la peinture défraîchie se paraît de quelques moirures suspectes par endroits, la plomberie était ancienne et le plancher grinçait, mon père faisait un peu la grimace, mais qu'importe, le prix était vraiment attractif et la vue était à tomber. Nous avons signé les papiers sur place, à même le sol, et le soir même, mes parents sont repartis, me laissant fatiguée mais ravie, au milieu de mes meubles posés n'importe comment et de mes cartons à déballer. Seule, enfin !
Il est difficile de décrire l'exaltation que j'ai ressenti en dégustant mon premier repas de femme indépendante, un bol de nouilles chinoises enrichi de crevettes fraîches, accoudée au vélux... Le soleil se couchait, nimbant les toitures de reflets orangés, les rumeurs de la ville s'apaisaient, je distinguais quelque part sur ma droite les sonorités familières de « Wish you were here » des Pink Floyd, un album que je chérissais depuis toujours, comme pour me souhaiter la bienvenue. Ça sentait le mafé, des roucoulements réguliers m'informèrent de la proximité d'un nid de pigeon, quelque part quelqu'un éternua, au loin il me semblait percevoir les râles d'un couple en pleine action. Bruits de sirène de police, rires, tintements de vaisselle, pleur de bébé... Toute cette vie qui se déroulait autour de moi m'emplissait de félicité. Moi qui n'avais connu jusque là que le chant des tourterelles du jardin, celui du coq de la voisine, les aboiements de chiens et le ronronnement des moteurs de tondeuses ou du vieux tracteur de papa, je mesurais toute l'étendue de mon changement de vie au travers de la bande-son qui m'entourait. La bande originale de ma vie.
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Je dois bien avouer qu'après deux semaines depuis le déménagement, l'excitation du début retombe un peu. J'ai commencé les cours à l'université, et ceux-ci m'ennuient plutôt pour le moment. J'espérais me faire des amis, mais les étudiants que je croise sont tous plus ineptes les uns que les autres. C'est vrai que je suis d'un naturel plutôt réservé, mais les autres élèves, en tout cas ceux avec qui j'ai eu l'occasion d'échanger depuis la rentrée, me semblent superficiels, leurs préoccupations m'apparaissent futiles, voire complètement stupides. Entre Wendy et son obsession capillaire, Jonathan et Lucas les fanas de foot, ou Lola qui ne parle que de crypto-monnaie, j'ai clairement pas encore trouvé le moindre atome crochu avec qui que ce soit. Ça viendra, j'espère. Parce que parti comme c'est, je vais me retrouver à passer toute mes soirées seule, moi. J'aime bien la solitude, hein, mais bon. Je la voyais pas vraiment comme ça, la vie d'étudiante...
Mes parents m'aident en me versant un tout petit pécule. C'est vachement sympa de leur part, quand même, parce que je le sais qu'ils ne roulent pas sur l'or, loin de là ! Ils sont à la retraite, et ils viennent de terminer de payer le crédit de la ferme. Du coup, ils ont reporté leur virement mensuel sur mon compte, ce qui suffit à peine pour le loyer, l'électricité et l'abonnement internet, mais c'est déjà bien ! Au moins, ça me permet de ne pas avoir à chercher un travail en plus de mes études. Je fais quand même quelques traductions à côté, pour la boite de mon parrain, une société qui vend des aspirateurs. Je dois traduire des modes d'emploi du russe au français, un boulot particulièrement chiant, mais qui a le mérite de me rapporter à peu près de quoi me nourrir quotidiennement, et puis maintenant je suis incollable en aspirateurs ! Et je mange beaucoup trop de nouilles déshydratées…
Je suis une fille de rituels. J'aime bien, ça me rassure. Chaque jour, je démarre ma journée de la même manière. Dès la sonnerie du réveil, je m'étire, me lève, je remplis ma bouilloire et l'enclenche. Je prends une tasse, y verse deux cuillères de ricoré, deux sucres, et pendant que l'eau chauffe, je vais me passer de l'eau sur le visage et faire mon pipi matinal. Ensuite, je déguste mon café en petites lampées, en grignotant une madeleine. Une fois repue, je m'habille, me coiffe, un brossage de dents rapide, un trait d'eye liner sur les yeux, puis je prends mon smartphone, mon sac, et je pars en cours. J'aime pas prendre ma douche le matin, je trouve le contact de l'eau trop brutal au réveil. Je suis plus douche du soir, juste avant de me pieuter, j'adore être toute fraîche sous ma couette...
Bon, mais, là, j'en suis encore au pipi du matin.
La salle de bain est littéralement microscopique, il y a juste la place pour le chiotte, une petite douche et un micro-lavabo surmonté d'un miroir tavelé de rouille. Il n'y a même pas de fenêtre. Quand je me tourne pour attraper le rouleau de PQ, mes coudes cognent contre le mur. Il faut que je m'installe une petite étagère suspendue, je pense avoir la place au-dessus des toilettes, j'ai toujours adoré lire sur le trône mais là, je n'ai même pas l'espace pour ranger un livre !
J'en étais là de mes réflexions, encore toute embrouillée par le sommeil, quand je l'ai remarquée. La tache.
Juste au niveau de mes yeux, en face de moi.
Ovale, plus pointue vers le bas. Elle me fait penser à la forme de la Corse, un peu.
Une tache d'humidité, légèrement poilue sur son pourtour.
Une tache de moisi.
Je ne l'avais pas vue, les jours précédents. Est-ce qu'elle était déjà là ?
Rien d'étonnant. Un appartement si petit, si ancien, sous la toiture, c'est humide, déjà. Est-ce qu'il y a ne serait-ce qu'une aération dans cette pièce ? Ah oui, au-dessus de la douche, il y a un tout petit soupirail. Un soupiraillounet. Vu la vétusté générale de l'appartement, il est fort probable que la VMC ne fonctionne plus... Il me faudra laisser la porte de la salle de bain ouverte, pour éviter que le phénomène ne s'étende...
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Ça y est, je me suis fait une pote ! Elle s'appelle Jade, elle adore dessiner et la musique métal. Elle est un peu déjantée, et elle est fan de mangas. J'aimerais bien l'inviter chez moi un soir, mais… J'ai un peu honte. Depuis mon installation, j'ai négligé l'appartement. J'ai déballé mes cartons, posé mes meubles, mais j'ai pas encore trouvé le courage de donner un coup de peinture, de m'approprier vraiment l'endroit en y apposant une déco, quelques plantes vertes, des trucs comme ça…
Alors, j'ai décidé de me prendre en main. On est vendredi, et je reviens tout juste du magasin de bricolage, en bas de ma rue. J'y ai acheté un gros pot de peinture blanche, un rouleau, une étagère à fixer au mur pour les toilettes, un rouleau de bâche pour protéger le sol et les meubles des taches, un déshumidificateur (ça se présente sous la forme d'une boite en plastique dans lequel on inclut un gros sachet de minéraux sensés capturer l'humidité ambiante), et un petit escabeau. Ces achats auront bien entamé ma réserve, mais il faut ce qu'il faut ! Foi de Célestine, à la fin du week-end, mon appart' un peu défraîchi aura une bien meilleure allure ! Voilà qui devrait me redonner la pêche, et la motivation qui me fait défaut pour prendre à bras le corps mes études et ma nouvelle vie sociale !
Allez, au boulot !
Je déplace les meubles au centre de la pièce, je les recouvre avec la bâche, je lance ma playlist préférée et c'est parti ! Mon rouleau danse au rythme de la musique, recouvrant peu à peu les murs jaunasses d'un blanc immaculé. C'est la première fois de ma vie que je fais ce genre de truc, et je ne m'en sors pas si mal ! En quelques heures, la pièce principale est déjà bien plus agréable. Adieu les moirures, bye-bye les traces suspectes ! C'est l'avantage de vivre dans un lieu exigu : la réfection est rapide. Je contemple mon travail, satisfaite. Je m'attendais à ce que ce soit fastidieux, mais finalement, pas tant que ça. Demain matin, j'appliquerai une deuxième couche, et ça sera par-fait !
Maintenant, la salle de bain. Ça va pas être simple de s'y mouvoir, mais la surface à peindre est si réduite que ça ne devrait pas me prendre trop de temps.
Tiens ? La tache a grandi. Elle fait bien le double de l'avant-veille, quand je l'ai remarquée pour la première fois. Il doit y avoir une fuite dans les murs, je suppose… Il faudra que j'en parle à l'agence. Bon, mais avec un bon coup de blanc, plus l'action du déshumidificateur, elle ne devrait plus me narguer trop longtemps celle-là ! C'est avec une vraie satisfaction que je la recouvre d'une épaisse couche de peinture. Hop, disparue, la tache. En une heure, c'est fait, et c'est avec un profond sentiment de plénitude que je m'installe sur mon clic-clac, dans mon foyer tout en bordel, devant une pizza et un film coréen sur Netflix.
Le lendemain, je parachève mon œuvre. Une dernière couche (pour terminer le pot), puis je remets les meubles en place, je replie la bâche et me tape un bon nettoyage (franchement, j'ai assuré : il n'y a presque pas de traces sur le plancher !). Pour finir, je cloue l'étagère dans les toilettes, et j'y place quelques albums de BD et le dernier volume du manga « l'Attaque des Titans », que je n'ai pas encore eu le temps de lire, et pour la dernière touche, je pose un joli petit cactus que je viens d'acquérir sur le coin de mon étagère ikéa, juste à côté de la fenêtre… On est dimanche, je suis fourbue, mais heureuse. Mon appartement a l'air tout neuf ! Il sent encore beaucoup les solvants, mais ça disparaîtra vite. Dès le week-end prochain, j'invite Jade à manger.
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Mon réveil sonne. Je m'étire, me lève, enclenche ma bouilloire. Puis je me traîne jusqu'à la salle de bain, je frotte mon visage sous le jet, et je m'installe sur les cabinets.
Mon regard embrumé se pose automatiquement sur l'emplacement de la tache. Oh, merde ! On dirait qu'elle commence à ressortir… malgré les deux couches de peinture, je distingue nettement ses contours, un peu plus sombres. Bon, c'est pas grave, hein, je vais pas en faire une maladie ! Je me relève, et avant de me servir mon café, je fouille mon carton à dessin pour en extraire ce que je cherchais : un poster de la couverture de l'album « Dark Side of the Moon » que j'avais dans ma chambre à la ferme, et quatre punaises. Elle fera moins la maligne, la tache, une fois planquée derrière les Pink Floyd !
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« - Nan, mais jure ! Il est trop mimi ton appart' !
- C'est petit, hein ?
- Mais tu rigoles, plus c'est petit, plus c'est mignon ! Répond Jade, en se précipitant vers la fenêtre.
- Hanlala, en plus la vue de dingo !!
Un sentiment de fierté vient gonfler ma poitrine. C'est effectivement une vue « de dingo », c'est bien ce qui m'a séduite en premier lieu !
- Hooo, le mini-cactus !
Jade a déjà délaissé la fenêtre et arpente maintenant mon appart' en poussant des cris de belette à chaque fois que son regard se pose quelque part.
- La petite doouuuche !
J'esquisse un sourire. Cette fille est très enthousiaste, ce qui ne me déplaît pas. Un cri, plus perçant que les autres :
- Haaaan ! Le dernier l'Attaque des Titans ! Je l'ai pas lu ! Je pourrai te l'emprunter ?
- Bien sûr !
Profitant de l'occasion, je m'empresse d'ajouter :
- Et aussi, si tu veux bien, j'aimerais afficher un de tes dessins ! Tu m'en fileras un, dis ?
- Deal !»
On se met de la musique, on mange, on rigole beaucoup. Cette fille est vraiment sympa ! Un nouvel appartement, une copine, c'est bon, ça y est, je suis lancée dans ma nouvelle vie !
(à suivre)
Commentaires
C'est drôle et émouvant. On croirait lire un texte de ta maman.
J'adore, vivement la suite !!
Comme c'est agréable à lire et tellement fluide, alors que je n'aime pas lire sur ordinateur normalement !
Euuuh... C'est quoi ce truc??
PlantVert > Un début de nouvelle que j'ai écrite et que je soumet à mon lectorat !
Hahahahha moi qui loue des logements étudiants.... si je leur loue un truc comme ça je me fais taper sur les doigts par les parents.
J'ai hâte de lire la suite !
Je me revois il y a (hum...) 25 ans dans mon petit studio sous les toits
Je sais que je pinaille, mais un détail me choque, 21 m2 c'est minuscule ? Attention je ne dis pas que c'est royal, juste que je me sentais hyper bien dans mon 18m² (avec mon frigo dans la salle de bain...), mais que à notre époque dans Paris c'est pas si petit.
Voilà j'ai honte, c'est la première fois que je commente en 10 ans (ou plus?) et je viens pour dire des bêtises sur l'immobilier alors qu'il y à quelques temps je j'ai même pas osé si tu connaissais le conte des trois fileuses de Grimm :)
En tout cas j'aime beaucoup le début de ta nouvelle, j'angoisse rien que d'imaginer les histoires d'assurance...
Super début de nouvelle. Merci. Juste une remarque :
21 m2 pour une chambre de bonne ! Et ce serait petit ?
Whaouh ! on ne vit pas dans le même monde en province.
21 m2 c'est deux chambres de bonnes réunies. C'est gigantesque suivant les standards parisiens. C'est à peu près ce que je louais vers 30 ans avec un salaire de cadre, pas avec un budget d'étudiant.
La chambre de bonne que louent les étudiants, c'est déjà très bien quand elle fait 9 m2 (en dessous c’est théoriquement interdit à la location).
Au dessus de chez moi, les chambres de bonne (environ 12 m2), au 7ème étage sans ascenseur, se louent 700€/mois, dans le XIVème, pas loin du périphérique. C'est moins cher à Saint Denis mais sans doute pas à ce point là.
Très cool !
Curieuse de lire la suite concernant la tache de moisi !
https://www.paroles.net/fauve/parol...
-> "Le voisin qui met du Pink Floyd en pleine journée"
ça m'a fait penser à ça :)
je vais réécouter l'album, du coup
ah ah, je me doutais qu'une héroine qui buvait du ricoré (du Bonjour ? :-P) c'était forcément un alter égo de mélaka !
vivement la suite !
Laurent & Blou > Merci pour votre retour !! Je vais modifier ça alors. En fait, mon modèle pour l'appart', c'est celui de Reno quand je l'ai rencontré, un machin minuscule et sous les toits, il faisait 21m2 et nous semblait tout petit (moi j'avais un 45m2 dans le 18e, forcément en comparaison...), c'était pas une chambre de bonne mais pas loin. Je vais mettre 16m2, ça vous semble correct ? après on peut imaginer que c'est deux anciennes chambres de bonnes dont on a viré le mur de séparation, parce qu'il y a quand même une mini cuisine et une mini salle de bain, ce qui n'est pas le cas en général dans les chambres de bonne !
Elch > Hé oui, forcément, dès qu'on écrit on se sert de ce qu'on connaît bien hein :p
Très bon début de nouvelle alors. J'accroche.
Je suis curieux de la suite. J'ai en tête une nouvelle de Stephen king où un père de famille buvait une bière contenant du moisi et se transformait en gros tas de moisi...
Et j'ai en tête mes propres problèmes passés et actuels de moisissure en salle de bain! :D. Aérer, sécher, fongicides!
Et tous les machins du genre champignon qui pourrissent les maisons. La mérule par exemple est mentionnée dans la bible sous le nom de lèpre de maisons, et c'est pas pour rien.
Premières impressions à vif (désolé pour le pavé):
- Celestine est vachement mature et indépendante à 19 ans. Ou du moins elle me donne l'impression de l'être. Je suis peut-être biaisé par le contraste avec mon propre caractère particulièrement passif (et irresponsable), cela dit, à 19 ans (donc a priori, et vu le contexte, probablement tout juste sortie du lycée), Célestine entreprend des travaux de rénovation de son appart tout juste loué (ok c'est "juste" de la peinture, mais quand même), traduit du russe au noir/à temps partiel, et évidemment étudie aussi à l'université. Ça demande beaucoup d'énergie, de temps, et de confiance (ça ne me serait jamais venu à l'esprit de repasser un coup de peinture dans ma chambre à paris: je n'en étais pas propriétaire, j'en avais rien à faire si les murs n'étaient pas parfaitement immaculés, et de toute façon, il aurait fallu que je sorte les meubles ou que les déplace loin des murs en les couvrant méticuleusement et ni l'un ni l'autre n'était vraiment envisageable; sans compter que si l'opération prenait plus de temps que prévu, je n'aurais pas vraiment eu d'endroit où dormir).
- C'est plutôt pas mal écrit. Au début je me demandais si c'était un témoignage d'une étudiante, et ça ressemblait pas trop au texte d'une lycéenne, ou alors, une plutôt douée qui a porté un soin particulier à son écriture (d'autant plus pour un témoignage). Ça a probablement contribué à ma perception de Célestine comme mature pour son âge.
- Je trouve que la conversation à la fin jure pas mal avec le reste. Sans être écrivain, je la trouve moins bien écrite et... presque superficielle(?) Histoire de comparer, je suis allé prendre un livre au pif sur mon étagère (je suis tombé sur "Au guet!" de Terry Pratchett) et l'ai feuilleté en prêtant attention aux dialogues. Les paroles sont souvent plus succintes, plus fréquemment entrecoupées de descriptions/d'actions, et ont plus de substance (? c'est l'impression que j'en ai, mais dur de dire si c'est vraiment le cas). Ça reste un peu léger comme comparaison (je n'ai regardé qu'un seul livre et un seul auteur, ne suis pas écrivain ou critique littéraire, et on pourrait attribuer ça à de simples différences de style). Néanmoins, je préfère quand même largement les conversations de "au guet!" que la dernière conversation, alors que le reste ne me gêne pas le moins du monde.
(après avoir tapé la suite -je laisse quand même-, je me demande si ce qui me gêne pas le plus est l'impression que le dialogue se déroule trop vite: si j'imagine deux comédiens jouer cette scène comme une pièce de théâtre, j'imagine Célestine et Jade sur le pas de la porte en train de déblatérer leur texte. Je me demande si cette impression ne découle pas principalement des longues paroles de Jade que j'ai envie de lire (et interpréter) d'une traite. Jade me fait définitivement l'impression d'une fille énergique, enthousiaste, et excitée qui parle très vite, mais tout mettre dans le même tiret me fait peut-être penser qu'elle ne bouge pas ou peu pendant qu'elle parle. C'est un peu comme si tout était dans la même bulle de la même case d'une BD, au lieu de séparées en plusieurs bulles voire dans plusieurs cases. Du coup, j'ai l'impression que Jade et Célestine brûlent les étapes. )
e.g. l'une des conversations les plus denses en paroles que j'ai pu trouver dans "au guet!" (je vais mettre les incises et autres descriptions/actions entre chevrons, pour mieux les repérer):
<<[...]>>
" S'poster en hauteur, <<marmonnait Chicard.>> C'est bien joli de dire ça.
- Moi, je voulais m'placer en bord de rue, <<fit Côlon.>> Une bonne vue que j'aurais eue.
- L'autre soir, tu dégoisais à tire-larigot sur les privilèges et les droits de l'homme, <<fit Chicard d'un ton accusateur.>>
- Oui, et ben, un des privilèges et des droits de cet homme-là, c'est d'avoir une bonne vue, <<répliqua le sergent.>> C'est tout ce que j'dis.
- J'ai jamais vu l'capitaine d'aussi mauvais poil. J'préférais quand il buvait. M'est avis qu'il...
- Vous savez, je crois qu'Errol est vraiment malade ", <<dit Carotte
Ils se tournèrent vers le cageot à fruits.>>
" Il est très chaud. Et il a la peau toute brillante.
- C'est quoi, la bonne température, pour un dragon ? <<fit Colôn>>
- Ouais. Comment tu la prends ? <<fit Chicard>>
- Je crois qu'on devrait demander à dame Ramkin de l'examiner, <<reprit Carotte.>> Elle s'y connaît pour ça.
- Non, elle se prépare pour le couronnement. Faut pas la déranger. <<fit Côlon.
Il tendit la main vers les flancs tremblants d'Errol.>>
" J'avais un chien qui... Arrgh ! Il est pas chaud, il est bouillant !
- Je lui ai proposé de l'eau plusieurs fois, mais il refuse d'y toucher. Vous faites quoi, avec cette bouilloire caporal ?"
<<Chicard prit un air innocent.>>
" Ben, j'me suis dit qu'on pourrait aussi bien s'boire une tasse de thé avant d'sortir. Ce serait dommage de gâcher...
- Enlevez-moi ça tout de suite !"
<<[...]>>
Une autre bien moins dense et beaucoup plus courte (plus représentative de la majorité des dialogues que j'ai relus en feuilletant le livre):
<<[...]>>
" Je suppose que vous n'avez pas la moindre idée de ce qui se passe ? <<hurla Vimaire par dessus le crépitement du feu tournoyant>>
- Pas l'ombre d'une ! "
<<[...]>>
En comparaison:
<<[...]>>
" Nan, mais jure ! Il est trop mimi ton appart' !
- C'est petit, hein ?
- Mais tu rigoles, plus c'est petit, plus c'est mignon ! Hanlala, en plus la vue de dingo ! Ah nan, j'adore ! Hoooo, le mini-cactus ! Hiiii, la petite doouuuche !
<<Jade pousse des cris de belette à chaque fois que son regard se pose quelque part. Cette fille est très enthousiaste, ce qui ne me déplaît pas. Un cri, plus perçant que les autres :>>
- Haaaaaannn le dernier « l'Attaque des Titans » ! Je l'ai pas lu ! Je pourrai te l'emprunter ??
- Bien sûr ! Et aussi, si tu veux bien, j'aimerais afficher un de tes dessins dans le salon*. Tu m'en fileras un, dis ?
- Deal ! "
<<On se met de la musique, on mange, on rigole beaucoup. Cette fille est vraiment sympa ! Un nouvel appartement, une copine, c'est bon, ça y est, je suis lancée dans ma nouvelle vie !>>
Écrit un peu plus façon "Au guet!" (tout en essayant de conserver l'essentiel du texte, toujours sans être écrivain, et en essayant de garder le présent et la première personne plutôt que le passé et la troisième personne) ça aurait pu donner:
" Nan, mais jure ! Il est trop mimi ton appart' !
- C'est petit, hein ?
- Mais tu rigoles, plus c'est petit, plus c'est mignon ! " <<Réplique Jade, en se précipitant vers la fenêtre.>>
" Hanlala, en plus la vue de dingo !"
<< Un sentiment de fierté vient réchauffer ma poitrine. C'est effectivement une vue *de dingo*, je n'ai pas craqué sur cette chambre pour rien... >>
"Hooo, le mini-cactus !"
<<Mais Jade a déjà délaissé la fenêtre et arpente maintenant mon appart' en poussant des cris de belette à chaque fois que son regard se pose quelque part.>>
"La petite doouuuche !"
<<J'esquisse un sourire. Cette fille est très enthousiaste, ce qui ne me déplaît pas. Un cri, plus perçant que les autres:>>
" Haaaan ! Le dernier *l'Attaque des Titans* ! Je l'ai pas lu ! Je pourrai te l'emprunter ?
- Bien sûr !"
<<Profitant de l'occasion, je m'empresse d'ajouter:>>
" Et aussi, si tu veux bien, j'aimerais afficher un de tes dessins dans le salon*. Tu m'en fileras un, dis ?
- Deal ! "
On se met de la musique, on mange, on rigole beaucoup. Cette fille est vraiment sympa ! Un nouvel appartement, une copine, c'est bon, ça y est, je suis lancée dans ma nouvelle vie !
(je doute que ce soit particulièrement enthousiasmant comme version, je suis pas écrivain, mais ça peut peut-être donner des pistes d'expérimentation ?)
(*y a un salon dans un 21m2 ? je veux dire, c'est pas *si* petit que ça, mais est-ce qu'y aurait vraiment un endroit que j'identifierais comme "un salon" dans un 21m2 ?)
Nous on a vécu deux ans à Paris dans le 15ème dans 9m2 sans WC privatif pour la somme carrément honteuse de 600€ :'-) Et c'était la norme dans notre bande de la petite classe moyenne
Oooh, sympa !
Par contre, la peinture sur le moisi, chère Célestine, c'est pas l'idée du siècle. Et encore pire avec l'affiche qui empêche l'air de circuler.
S'il n'y a pas de fuite identifiée et qu'il ne s'agit que de condensation, il faut d'abord un bon coup d'eau de javel pour le faire totalement disparaître, puis aérer aérer aérer chaque jour autant que possible.
16 m2, c'est plus grand que la plupart des chambres de bonne que je connais. Au dessus de chez moi les chambres doivent faire 12 ou 13 m2, et il y a une salle de bain ( qui fuit chez moi :-( et une mini cuisine). C'est plutôt plus grand que la moyenne.
Ceci dit, c’est peut-être tout à fait réaliste que Célestin, en bonne provinciale (je me sens très parisien en disant cela , alors que je suis né et que j'ai grandi en province) trouve que 21 m2 c’est minuscule.
Merco Olxinos pour ce long message ! Au début j'étais un peu dubitative mais en fait tu as raison. Ta version de mon dialogue est bien mieux, ça fait durer le moment, on le visualise plus. Si ça ne te dérange pas, je m'en servirai en grande partie pour enrichir mon texte ?
Pour la maturité : là pour le coup je pense vraiment que ça dépend des gens. Bien sûr Célestine est jeune, mais elle s'installe dans une autre ville, loin de chez elle, et ça c'est le genre de truc qui te donne un coup de maturité direct ! Puis pour la peinture, c'est une manière pour elle de s'approprier son nouvel environnement, de l'apprivoiser, et effectivement c'est une personne dynamique, volontaire et qui a vraiment très envie de prouver au monde qu'elle peut se débrouiller. Quant à son boulot de traduction, elle n'est pas très assidue Moi je suis partie de chez mes parents à 21 ans, à 19 ans j'étais effectivement moins mature que mon personnage, mais j'étais encore chez moman. Je pense vraiment que le fait de quitter le nid et de s'installer seule pousse radicalement vers l'âge adulte !
Lily Wonka > C'est le plus beau compliment qu'on pouvait me faire <3
Aucun problème pour éventuellement réutiliser les ajouts de mon exemple (tels quels ou non). Je n'ai pas rajouté tant que ça de toute manière (de plus, je suis content que mes critiques -ou ma critique singulier en l'occurrence- puissent être utiles).
D'ailleurs, j'ai fait comparer les deux versions à des amis par curiosité, l'un d'eux a préféré la version altérée (sans indiquer quelle version était l'originale, ni que j'avais altéré l'une d'elles), mais l'autre a préféré l'originale (en reprochant à la version altérée d'être trop descriptive). Bref, les préférences personnelles ont certainement aussi leur rôle à jouer et il est tout à fait possible qu'une plus large partie préfère le texte original (ou au moins un style plus proche de l'original).
Dans tous les cas, curieux de lire la suite si elle est publiée ici (et/ou de jeter un coup d'œil au livre si ça devrait être édité)
Oh je valide totalement la nouvelle version du dialogue ! Je trouve que ça change totalement jade, qui m'avait parue un peu survoltée et là je la visualise bien mieux, c'est chouette !
Et pour revenir sur les 21 m2 minuscules ou non, en fait je pense que tu très bien les laisser si tu veux, après tout ton personnage vient d'un endroit plus grand, et l'idée de la double chambre de bonne ça pourrait le faire. Et puis je dirais que ça dépend aussi des moyens de ton héroïne et aussi de quand l'histoire se passe, moi il y a 10 ans j'ai abandonné l'idée d'avoir un 20 m² tout simplement parce que les dossiers avec des couples me passaient sous le nez (et j'étais pas à plaindre), je me suis résolue à chercher au dessus de 17 m² et j'ai pu trouver.
Mais sinon 16m² pour le petit studio dans paris mais restant confortable me paraît tout à fait vraisemblable :)
Olxinos > En même temps, vous comparez avec un des meilleurs livres du monde d'un des meilleurs auteurs du monde ;)
Pour en arriver à écrire comme Pratchett et créer des personnages avec la profondeur de Vimaire il faut une sacrée expérience !
Bonsoir, je vais pinailler aussi mais pas sur la forme par ce que là dessus j'aurai plutôt rien à dire.
Il y a (selon moi) des petites incohérences :
Si c’est un appart' trouvé sur le bon coin pourquoi y a t'il un agent immobilier?
On comprend bien que le choix de l'appart est un coup de cœur mais quand même visite + installation le même jour (elle est venue avec tous les meubles sans avoir d'appart encore?) c'est très rapide voir quasi impossible.
Des parents agriculteurs d'une fille de 19 ans et "déjà" à la retraite(bien sure elle est peut être arrivé "sur le tard" mais les agriculteurs prennent souvent leur retraite très tard (si elle est prise).
En tous cas merci de nous faire partager tous cela
J'aime beaucoup, hâte de lire la suite !
Bonne continuation Melaka :)
... > Merci pour le pinaillage ! :)
Pour le bon coin : là, j'assume, il y a aujourd'hui beaucoup d'agences qui mettent leurs annonces aussi sur le bon coin !
- pour l'installation le même jour que la visite... Pour moi, ça s'est passé comme ça (bon, mon premier appart' était dans le quartier de mes parents). Vu le peu d'affaires qu'elle a, on peut imaginer qu'ils sont partis à Paris avec ses parents et les affaires dans le coffre, dans le but de trouver un truc le plus vite possible, sans garantie de le trouver. Ça me semble pas impossible...
- Pour l'âge de retraite, on peut imaginer qu'elle est la dernière de sa fratrie ?
(tu as raison de pinailler, il faut que j'aie réponse à tout ! C'est le pinaillage qui fait toute la cohérence d'un texte aussi)
Un micro détail : si Célestine vient de commencer ses études de droit à Saint Denis, je ne pense pas qu'elle puisse déjà être spécialisée en droit social. En général le cursus de droit est généraliste les deux premières années, et ne commence à se spécialiser qu'en 3ème année (pas sûr qu'il y ait d'option Droit social à Paris 8 cependant - à confirmer par un étudiant...)
Ah, merci pour cette remarque !! N'ayant pas fait d'études supérieures, j'ignorais :) Bon à priori à la fac de saint-denis il y a bien du droit social, j'avais cherché, mais oui si y a quelqu'un qui a étudié là bas parmi mes lecteurs je veux bien confirmation :p
C'est drôle, cette histoire de tache je la lis en serrant les dents. Comme si cette petite tache présage un drame, genre l’effondrement des logements insalubres de la rue d'Aubagne à Marseille.
Je crois que je dramatise un peu trop la nouvelle...
Bon en tout cas, c'est bien agréable de lire cette nouvelle. Merci!
J'espère qu'il ne va pas y avoir de lapin zombie tueur en mode Lovecraft qui fait de la zumba ensuite ! :peur:
Pour être en recherche d'appart en ce moment (mais pas à Paris) une agence sur Leboncoin c’est tout à fait cohérent! j'en vois pleins des annonces d'agences sur ce site. Il y a quatre-cinq ans je dis pas que c'était fréquent mais aujourd'hui c'est sûr.
Par contre je rejoins l'avis commun. Si ça se passe aujourd'hui 21 m² à Paris c'est immense! J'ai déjà vu des studios avec cuisine salle de bains ect dans les 12 m² et tout logeait sans avoir les WC à l'étage ni rien, aujourd'hui à Paris 21m² ce serait considéré comme somptueux.. l’immobilier a bien changé en une décennie.. et pas qu'à Paris. Là je suis dans un ville pas très loin en train de Paris et les appartements ont pris 10% en plus les propriétaires demandent un cdi pour louer!! (sauf étudiants dans ce cas c'est le dossier des parents qui compte) quand j'étais arrivée il y a quatre ans c'était pas du tout du tout comme ça. Il fallait chercher un peu mais on trouvait facilement.
Le fait quelle vive seule à 19 ans pour les études ne me surprends pas. J'ai vécu seule dès l'age de 18 ans pour la même raison et j'aurais été susceptible de mettre un coup de peinture si j'avais été dans un appartement et pas en cité universitaire. Je mettais un point d’honneur à essayer de me débrouiller toute seule, sans demander d'aide, donc je comprends tout à fait le comportement de l’héroïne.
Sinon j'ai trouvé ça agréable à lire. fluide. Pour un début de nouvelle ça m'accroche plutôt bien.
Petit clin d’œil pour la planche avec deux tréteaux.. j'utilise encore ça comme table alors que je ne suis plus étudiante depuis un moment. Mais un jour j'aurais un vrai bureau avec des tiroirs et tout.
Un excellent début de nouvelle, agréable à lire, j'aime beaucoup.
Un petit truc : j'ai vu pas mal de commentaires qui pointaient (avec raison) la taille de ta chambre de bonne. Ne laisse pas tes lectrices, tes lecteurs (dont moi !) réécrire ton texte. Si ton héroïne a besoin de 21 m², laisse-les lui, et parle plutôt d'un petit studio sous les toits. Après t'être documentée sérieusement - et même avoir vu de visu ce type de logement, comme tu le dis dans ton commentaire -, assume ton choix, et assume ton écriture, qui, de toute façon, se fluidifiera avec l'expérience, si elle doit le faire.
Sinon, la documentation, surtout dans un texte de fiction, oui oui, est indispensable pour que le lecteur se dise "putain mais c'est pourtant vrai !", et qu'il évite de décrocher en se posant des questions. Il arrive qu'on doive consulter des tonnes de docu concernant un seul sujet, pour finalement l'effleurer en quelques lignes dans son récit, mais c'est le jeu, on ne peut pas mettre des pages de descriptions sans assommer le pauvre lecteur ou la malheureuse lectrice :-)))
Je suis super content que tu écrives, ma Méla.
@ Olxinos : "Célestine entreprend des travaux de rénovation de son appart tout juste loué (ok c'est "juste" de la peinture, mais quand même), traduit du russe au noir/à temps partiel, et évidemment étudie aussi à l'université. Ça demande beaucoup d'énergie, de temps, et de confiance".
Il ne faut pas oublier que les filles sont beaucoup plus soucieuses de leur environnement au quotidien que les mecs. J'ai deux exemples de copains qui vivent depuis des années dans des apparts "dans leur jus" et tout-à-fait spartiates : un lit, le pouf pour le chien, un petit bureau ordi-télé, et pour le reste ils s'en foutent. Ce qui est absolument inacceptable (et je suis d'accord avec ça) pour des nanas.
Par ailleurs, j'ai eu l'exemple de correspondantes de ma sœur quand elle était au collège : à 13-14 ans, les gamines, des Allemandes, étaient polyglottes. En outre, elles parlaient un français impeccable, avec même des mots d'argot ! Faire des traductions au noir ne leur aurait pas demandé une énergie déraisonnable, je pense.
L'introduction "je m'appelle Célestine, j'ai 19 ans" etc. n'est de façon générale pas une très bonne idée : ça fait très "scolaire", ça n'embarque pas le lecteur tout de suite (et quand on écrit un peu... c'est un des moyens les plus sûrs de reconnaître un débutant ! Je le dis avec toute ma bienveillance, hein, c'est le genre d'étapes par lesquelles tout le monde passe !).
En plus, c'est assez long : elle décrit tout ce qui s'est passé avant, même le métier de ses parents, on se demande pourquoi elle nous raconte tout ça. Mieux vaut commencer directement par l'action, surtout dans une nouvelle. Un truc du genre : "Pff, j'ai la tête dans le cul. Je vais finir mon pipi du matin et me faire un bon café. Mes bras se cognent contre le mur quand j'attrape le rouleau..." --> hop, tu peux glisser la description de cet appartement minuscule, le fait qu'elle n'ait pas l'habitude, elle qui a grandi à la campagne, mais elle est contente d'avoir son indépendance.
Enfin bref, il est temps qu'elle se bouge, elle a ses rituels du matin et tout. (en fait, tu n'as même pas besoin de lui faire dire qu'elle est une fille qui aime ses rituels. Un personnage n'a pas besoin de se décrire. Si tu lui fais dire qu'elle est déjà en retard, d'habitude à 6h54 elle a déjà fini son petit déj depuis 4 minutes, on comprend qu'elle est une fille qui aime les rituels).
Et hop, elle voit la tache !
Pour ce qui est de ses parents, agriculteurs, et les gens dont elle ne se sent pas proches à la fac, je pense que ces informations ne sont pas utiles. Elles te sont utiles à toi, mais pas à nous ou au déroulé de l'histoire. Ca n'empêche pas de les mentionner quand c'est utile, mais là encore, "show, don't tell" : mieux vaut une petite scène où elle mange seule à la cafet' que d'écrire noir sur blanc "je suis d'un naturel réservé". Ou bien, le mentionner en passant : elles s'est fait une nouvelle amie Jade, elle est trop cool, pas comme les gens ennuyeux qu'elle a croisés avant... C'est plus naturel qu'un déluge d'informations en début d'histoire.
Après, le style est fluide, et on se demande où va aller cette histoire de tache !
Merci pour ton long commentaire, Miette ! Je suis assez d'accord avec toi, je retravaillerai un peu le début de mon texte pour, effectivement, peut-être être un peu moins descriptive. En tout cas tu as tout à fait raison !