A ce stade, il me semble nécessaire de faire un texte, pour préciser certaines choses, répondre à certaines interrogations, replacer un peu les éléments dans leur contexte, tant au niveau de l'histoire en elle-même, que de ce qui se passe dans les commentaires de ce blog.

Tout d'abord, merci d'être si nombreux et nombreuses à le suivre, à vous enflammer pour, à le commenter. Vraiment, quand j'ai commencé cette série de BD, je n'avais aucune idée que ça deviendrait une telle saga, ni que ça prendrait autant et que ça déchaînerait les passions comme c'est le cas. Moi, je voulais juste annoncer l'ouverture de notre couple, consécutive à l'alliage de notre crise de la quarantaine et de ma pré-ménopause, et puis au fur et à mesure du récit, je me suis rendue compte qu'il y avait tant à raconter, que ça aurait été dommage de ne faire que deux ou trois notes et de s'arrêter là. Le sujet du sexe concernant un vieux couple comme nous le sommes, des relations libres et d'une forme de libertinage (encore que je suis peu en accord avec ce mot que je trouve franchement exagéré au vu de ce que j'ai dessiné jusque là !) à quarante ans passé est plutôt tabou il me semble, et j'estime qu'ayant le privilège et le confort de pouvoir nous révéler sans conséquences dramatiques sur nos vies, cela nous donne le devoir d'en parler, car c'est en parlant ouvertement des tabous qu'on contribue à les faire reculer.

Ensuite, soyons clairs : nous ne faisons en aucune manière le moindre prosélytisme. Ceci est MON témoignage (avec des bouts de témoignage de mon époux dedans), que je livre comme ça, brut, je n'ai jamais, en aucun cas, eu l'intention de dire à qui que ce soit comment iel doit mener sa vie romantique. Ce genre de choix est totalement personnel, motivé par tout un tas de raisons qui nous sont propres, et j'ai bien conscience que c'est un choix radical qui ne conviendrait pas à tout le monde, loin de là. C'est un choix mûrement réfléchi ENSEMBLE, que nous avons fait parce que notre couple est extrêmement solide, que, au vu de nos caractères / compatibilités / neuroatypies / contexte familial et professionnel / etc etc etc, l'un comme l'autre, même si nous tombions amoureux, nous ne pourrions pas imaginer nous séparer. Et c'est justement pour régler un déséquilibre qui, gardé en non-dits ou en frustrations tues, aurait éventuellement pu mener notre couple à un basculement tragique, que nous avons fait ce choix, pour le garder pérenne. Pour que cette crise, car énorme crise il y a, cette "middle-life crisis", ne nous fasse pas tomber dans une phase de non communication, voire d'hostilité larvée, comme c'est malheureusement si souvent le cas chez d'autres, dont le modèle familial vole en éclat. Et dans ce cas, tout le monde trinque...

Pourquoi nous en sommes arrivés là ? Pour répondre à tous les gens qui m'accusent de ne "pas pouvoir me contenter d'une seule bite" ou à ceux qui nous suggèrent d'autres solutions, comme si nous n'y avions pas réfléchi, comme "et vous avez essayé le libertinage à deux ?"... C'est avec l'accord des deux parties que je vous livre la raison principale de tout cela, quand bien même elle est vraiment intime, pour couper court à ce genre d'argumentaires lassants et à côté de la plaque. Reno et moi n'avons plus de désirs l'un pour l'autre. C'est comme ça, depuis longtemps. Nous nous aimons profondément, il est tout pour moi et je suis tout pour lui. Il est mon âme soeur, mon frangin, mon meilleur ami, mais le désir mutuel s'est éteint. Nous avons essayé de le rallumer, sans succès. Nous le constatons, mais ce n'est pas une raison suffisante pour avoir envie de détruire tout le reste, le sexe n'ayant jamais été le ciment de notre relation. Nous avons accepté cela, et nous y remédions en nous ouvrant à d'autres, tout simplement. Notre relation au sexe a toujours été dans tous les cas très différente, et cette ouverture, en nous permettant de nous affranchir l'un par rapport à l'autre, et d'explorer chacun des voies qui nous étaient jusque là impossibles à explorer, a enrichi notre vie d'une manière considérable. Et, oui, je dis bien NOTRE vie, gardez en tête que tout ce que je dessine s'est passé il y a un certain temps déjà, et que de l'eau a coulé sous les ponts depuis les événements relatés ces jours-ci. Trop de couples de notre âge n'ont simplement plus aucune activité sexuelle, ou alors, une activité forcée semi-consentie par l'une des deux parties. Nous avons choisi cette manière de remédier à ce problème, mais cela nous appartient. Toujours est-il que nous avons retrouvé une activité sexuelle SANS briser la confiance qui nous lie, et ça, c'est extrêmement précieux, nous avons bien conscience de notre privilège !

Je ne peux pas dessiner absolument tout. Il faut bien se dire que chaque jour, chaque instant, Reno et moi, nous parlons. Travaillant tous deux à la maison, nous sommes fusionnels et nous sommes aux cotés de l'autre EN PERMANENCE, toute la journée. Ce serait franchement lassant si je passais tout mon temps à décrire nos dialogues (je le fais déjà pas mal), mais sachez, chers commentateurs, et en particulier les plus virulents d'entre vous, que personne n'est victime ou manipulateur, ici. Personne ne "subit" les caprices de l'autre, comme le disait si justement Chills dans les commentaires, nous sommes acteurs de notre couple, nous ne sommes pas passifs. Toute décision, tout rendez-vous extra-conjugal est accepté en conscience par les deux parties. Bien sûr, il y a des déséquilibres, bien sûr il y a des moments durs. Bien sûr, le chemin vers une totale ouverture d'esprit, une acceptation des activités de l'autre, une annihilation du sentiment de jalousie (qui, honnêtement, ne sert vraiment à rien à part faire souffrir et nous rabaisser !) n'est pas simple, il y a des hauts et des bas. Mais ce n'est pas parce que ce n'est pas simple que c'est dramatique.  

A ce stade, vous ne savez pas encore grand chose de la suite du récit et je vous demande de bien vouloir garder vos pronostics pour vous. Les prédicateurs, qui jurent par tous les dieux que dans quelques mois Reno et moi nous séparerons ne savent rien de nous, ni de ce qui nous lie, ni de la teneur de notre complicité, ni même si tout ce que je raconte est vraiment authentique, s'est passé comme je le raconte, ils ne connaissent pas notre historique, notre degré de compatibilité, l'amour profond qui nous unit. Ils ont une vision comptable de la relation de deux personnes qu'ils ne connaissent pas, basée sur leur propre psyché à eux, et ont l'immense prétention de penser savoir comment notre relation évoluera, faisant fi de 20 ans d'histoire dense commune, et sur le simple constat de ma bande dessinée, qui est déjà, en elle-même, une version romancée et interprétée plus ou moins proche de la réalité.

Oui, ce que je raconte ici est vrai. En partie. C'est romancé, beaucoup, j'y ajoute des éléments fictionnels (lesquels ? Mystère !) pour les besoins narratifs. J'exagère certaines choses, pour les effets comiques, j'en passe d'autres sous silence. Les hommes dont je parle sont anonymisés (sauf certains, qui m'ont clairement spécifié vouloir être dans la BD et assument, coucou Colas et coucou Randy !) voire semi inventés, bref, je fais ma tambouille et à moins de vous appeler Gally, vous n'avez aucun moyen de savoir ce qui est authentique ou non.

Certain.e.s me reprochent de ne pas assez évoquer le contexte hormonal dans lequel je vis toutes ces aventures. Alors, oui, il est extrême. De base je suis une personne obsessionnelle dans mes passions, vous qui me lisez depuis longtemps, vous le savez (il suffit de voir les différentes "phases" narratives de ce blog, en fonction des années. Le tricot, BG3, les animaux...) Oui, ma nouvelle passion, flirter, rencontrer des mecs, explorer ma sexualité comme une jeune femme qui se découvre, me prend toute la tête. Cela dans un contexte de pré-ménopause qui enflamme mon corps toutes les 10 minutes avec des bouffées de chaleur extrêmement pénibles (celles qui savent, savent !! Solidarité, les meufs !), des sautes d'humeur éprouvantes, et une envie quasiment permanente de faire des galipettes. C'est comme ça, je l'assume, et je sais que nous sommes nombreuses à vivre la même chose même si la plupart le taisent. Il est temps de bousculer les préjugés autour de "la maman ou la salope", car, oui, on peut être les deux à la fois, et bien le vivre ! C'est même, à mon sens, bien plus équilibrant de vivre ces deux facettes de notre humanité, car si on enterre l'une au profit de l'autre, mentalement, ça finit toujours par se traduire en une forme de mal-être...

Pour couper court aux accusations concernant notre modèle familial... Nos enfants sont grands. Intelligents. Ouverts. Compréhensifs. Non, nous ne les traumatisons pas. Nous parlons également beaucoup avec eux, tout le temps. Nous les avons élevés comme nous sommes : une famille légèrement neuroatypique, de gauche, écolo, très ouverte sur tous les sujets, créative, originale. Ils sont tous deux "pédés" comme ils aiment à se définir eux-mêmes, et voient avec curiosité et amusement leurs parents vivre une seconde adolescence hypersexualisée. Eux sont déjà "LG" et leurs parents les ont rejoins dans le "++" de "LGBTQ++". C'est comme ça, nous assumons fièrement notre différence et n'en éprouvons aucune honte, en aucune manière. N'en déplaise aux gens que cette idée défrise.
Et, non, mes enfants ne lisent pas vraiment le blog, ils sont au courant de presque tout mais n'éprouvent pas forcément l'envie de lire les bd de leurs parents.

Sur ce, je continuerai le récit à partir de la semaine prochaine (cette mise au point aura au moins permis de me reposer une petite semaine supplémentaire, parce que cette histoire commence à vraiment me prendre trop de temps de mon travail et ma BD principale avance trop lentement !), je ne sais pas encore pour combien d'épisodes encore (étant donné que nous vivons l'histoire que nous sommes en train de raconter, il va bien falloir boucler à un moment même si nous continuons à vivre des choses folles IRL !), mais vu l'engouement autour de mon projet, ça me donnerait presque envie d'en faire un bouquin. Vous en pensez quoi ?