Alexandre de Lameth

général et homme politique français, comte de Lameth

Alexandre-Théodore-Victor, comte de Lameth[1], dit Alexandre de Lameth[2] né le à Paris où il est mort le , est un général et homme politique français de la Révolution et de l’Empire.

Alexandre-Théodore-Victor
comte de Lameth
Alexandre de Lameth
Alexandre de Lameth,
Paris, BnF, département des estampes et de la photographie.

Naissance
Paris
Décès (à 68 ans)
Ancien 10e arrondissement de Paris
Origine Drapeau du royaume de France Royaume de France
Arme Cavalerie
Grade Lieutenant général
Années de service 17771816
Conflits Guerre d'indépendance des États-Unis
Distinctions Baron de l'Empire
Officier de la Légion d'honneur
Autres fonctions Député aux États généraux de 1789
préfet
maître des requêtes au Conseil d'État
Famille Augustin Louis Charles de Lameth
Théodore de Lameth
Charles-Malo de Lameth (frères)
Signature de Alexandre-Théodore-Victor comte de Lameth

Biographie

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Famille

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Alexandre de Lameth est issu d'une très ancienne famille de noblesse d'épée dont l'origine connue remonte au XIIIe siècle. Au XVe siècle Antoine Ier de Lameth, premier écuyer de Charles le Téméraire, après la mort de ce dernier en 1477 se met au service du roi de France. Il devient conseiller et chambellan de Louis XI. Il a épousé en 1460 Jacqueline d'Hénencourt. La seigneurie d'Hénencourt passe ainsi à la famille de Lameth.

Il est le frère de d’Augustin, Théodore et Charles-Malo de Lameth.

Avant la Révolution

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Jeune noble, Alexandre de Lameth entre en 1777 dans le corps des gardes du corps du roi. Sous-lieutenant au Royal-Champagne le , capitaine au Royal-Cavalerie le , aide-maréchal général des logis en 1782, il participe à la Guerre d'indépendance des États-Unis où il sert comme colonel dans l'armée de Rochambeau. De sa participation à cette guerre, Alexandre de Lameth rapporte des idées de liberté qui lui apparaissent naturellement incompatibles avec les institutions séculaires de la monarchie française.

De retour en France en il est nommé colonel au 2e Royal-Lorraine, poste qu'il occupe aux premiers événements de 1789.

Pendant la Révolution

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Alexandre de Lameth, député à l'Assemblée législative.
Paris, BnF, département des estampes et de la photographie, 1790-1791.

Député de la noblesse de Péronne (Somme) aux États généraux de 1789, il se rallie au tiers état avec une quarantaine d'autres députés de la noblesse et avec ses deux frères, se met à saper avec ardeur les bases de l'Ancien Régime.

A l'Assemblée constituante : le triumvirat

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Alexandre de Lameth.
Portrait peint par Jean-Urbain Guérin, vers 1789-1790, Metropolitan Museum of Art.

Au début de l'été 1789 Alexandre de Lameth constitue avec Antoine Barnave et Adrien Duport un groupe d'action politique dénommé le « triumvirat » siégeant à l'extrême gauche de l'Assemblée et fer de lance de la Révolution avec le soutien de son frère Charles. Il est l'un des promoteurs de l'abolition des privilèges dans la nuit du 4 août 1789, privilèges dont il est l'un des détenteurs et qu'il s'empresse à se démettre. Il se signale également par son ardeur à réclamer l'abolition de ceux du clergé et la réquisition des biens ecclésiastiques pour le paiement des créanciers de l'État. Plus tard il s'oppose au veto absolu du roi, il propose la nationalisation des biens du clergé et la suppression des parlements.

Le il demande que le droit de déclarer la guerre soit accordé à l'Assemblée législative et non à Louis XVI, exige la liberté totale de la presse, dénonce les agissement de Honoré Gabriel Riqueti, comte de Mirabeau et ses liens avec la Cour. Il présente et fait adopter un plan de réorganisation militaire écartant tout autre titre à l'avancement que le mérite et l'ancienneté. À l'Assemblée Nationale, il est nommé rapporteur de la commission pour les lois concernant le statut des Îles d'Amérique. D'abord membre de la Société des amis des Noirs favorable à l'émancipation des noirs et aux droits des hommes de couleur libres, il rompt avec ces idées et se rapproche en 1790 du Club Massiac, qui est le syndicat des planteurs, des armateurs et des négociants esclavagistes avec les Îles. Le il est élu président de l'Assemblée par ses collègues.

En , à l'assemblée constituante après l'annonce de l'assassinat de Vincent Ogé à Saint-Domingue, il prend fait et cause au côté d'Antoine Barnave pour les assemblées coloniales blanches contre les droits des mulâtres, ternissant ainsi son crédit auprès de nombreux patriotes. De fait, l'assemblée constituante qui prétend solennellement avoir abrogé le servage qui n'existe plus depuis longtemps, n'abolit l'esclavage des Noirs que sur le territoire français (), le conserve dans les colonies et révoque le les droits accordés le à une partie des hommes de couleur libres.

Membre du Club des Jacobins

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Lameth présidant une séance du club des Jacobins en janvier ou février 1791.

En , il est l'un des fondateurs avec Mirabeau, Robespierre, La Fayette, Pétion, Barnave et Duport, de la Société des amis de la Constitution et de la Liberté qui devient le Club des Jacobins. Il est l'un des membres les plus influents du club des Jacobins, avec Antoine Barnave et Adrien Duport, mais ne peut résister à la montée en puissance de Robespierre.

Au cours de l'hiver 1791-1792, avec son frère Charles, il inspire La Gazette universelle, journal qui publie les articles favorables à la guerre. Il espère qu'une démonstration diplomatique et militaire de l'étranger fasse accepter aux Français une révision constitutionnelle.

Émigré

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Quand il voit le vieil édifice prêt à s'effondrer après la fuite du roi à Varennes, il prend peur et veut retourner en arrière, mais il n'a plus assez d'influence. Lors de la déclaration de guerre à l'Autriche le , il est promu maréchal de camp le à l'armée du Nord commandée par Luckner. Le , il passe à l'ennemi avec Joseph-Gilbert Motier, marquis de La Fayette. Il est fait prisonnier avec lui et enfermé dans les mêmes prisons.

Au même moment il est décrété d'accusation le à la suite de la découverte, dans l'armoire de fer de Louis XVI, d'un mémoire écrit de sa main en faveur des émigrés et des prêtres réfractaires. Jules Michelet, in Histoire de la Révolution Française va jusqu'à écrire qu'il reprit la correspondance secrète de Mirabeau - que Lameth avait pourtant contribué à destituer - avec le roi. Il est délivré au bout de trois ans, à la suite de démarches de sa mère, sœur du maréchal de Broglie, et se retire en Angleterre.

Il se lie à Londres avec les principaux membres du parti whig : Fox, Grey... Mais déclaré indésirable par William Pitt, il quitte Londres pour rejoindre à Hambourg son frère Charles. Il rentre en France en 1796, mais doit émigrer de nouveau après le Coup d'État du 18 fructidor an V (). Il attend l’avènement du Consulat pour retrouver sa patrie.

Sous le Consulat et le Premier Empire

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Après son retour définitif en 1800, il devient successivement préfet des Basses-Alpes le 23 germinal an X et préfet du Rhin-et-Moselle le 12 pluviose an XIII), de la Roer le et du le . Outre le titre de baron de l'Empire qu'il reçoit le , il a été fait chevalier de la Légion d'honneur (an XII), puis le , officier de l'ordre et maître des requêtes au Conseil d'État.

Dans les Basses-Alpes il installe l’évêque dans ses fonctions et remet en état et augmente le réseau routier. Il crée à Digne une promenade ombragée entre le pré de Foire et les rives de la Bléone, plante des platanes sur le boulevard Gassendi. Il est très populaire dans ce département[3].

Partisan de la déchéance de Napoléon Ier, il est promu à la première Restauration lieutenant général le et nommé préfet de la Somme.

Toutefois, au retour de l'île d'Elbe, il prend parti pour son ancien bienfaiteur, et accepte de lui un siège à la Chambre des pairs des Cent-Jours. Il y prend la parole pour repousser les mesures de rigueur adoptées par la Chambre des représentants contre les royalistes.

Sous la Restauration

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Tombe au cimetière du Père-Lachaise.

Sous la Restauration, Louis XVIII de France lui fait triste mine. Le il demande sa retraite comme préfet, ce qui lui est refusé. Le suivant, le ministre de la Guerre lui octroie une pension militaire de 4 000 francs pour ses quarante ans de service.

Déchu de sa pairie, il est élu avec 1 081 voix député de la Seine-Inférieure le (1 853 votants et 4 080 inscrits) contre 678 voix à Ribard, en remplacement de M. Lambrechts qui a opté pour le Bas-Rhin. Il siège jusqu'en 1824 sur les bancs de la gauche, et prend une part active aux discussions importantes, combattant sans relâche le ministère Villèle dont la politique lui semble tendre à la violation de la Charte de 1814 et au renversement de la monarchie constitutionnelle.

Non réélu en 1824, il rentre à la Chambre le comme député du 1er arrondissement de Seine-et-Oise (Pontoise), élu par 177 voix sur 261 votants et 290 inscrits, contre 62 à M. de Gouy d'Arsy. Il reprend sa place à gauche et défend avec talent les idées libérales. Il fait partie des créateurs du comité philhellène de Paris.

Après sa mort survenue le , son frère Charles Malo de Lameth, lui succède comme député.

Il est enterré dans la 28e division du cimetière du Père-Lachaise[4].

Notes et références

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  1. Six 1934, p. 47.
  2. Son frère Théodore porte les mêmes prénoms que lui.
  3. « L’Installation de l’administration préfectorale », in Chroniques de Haute-Provence Les préfets dans l’histoire de Haute-Provence depuis 1800, Autour d’une exposition réalisée par les Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, ((no)340, 2000), p. 12, disponible en ligne alpes-de-haute-provence.pref.gouv.fr.
  4. Journal des débats politiques et littéraires, (lire en ligne).

Voir aussi

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Sources primaires

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Bibliographie

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Articles connexes

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Liens externes

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