Phobie des seringues
La phobie des seringues ou bélénophobie est la peur extrême des gestes médicaux (en) qui impliquent l'usage des seringues hypodermiques ou des injections.
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Ce trouble est parfois appelé « aichmophobie », bien que ce terme renvoie à la crainte plus large des objets pointus. En français, la phobie des seringues est aussi appelée « bélonéphobie » et, moins souvent, « trypanophobie ». Dans le langage familier, plusieurs expressions la désignent : « peur des piqûres »[1] ou « peur des aiguilles »[2].
Généralités
modifierLa phobie des seringues est incluse en 1994 dans le DSM-IV en tant que phobie spécifique de type sang-injection-blessure. Les personnes atteintes de ce trouble évitent les vaccinations, les examens sanguins et, dans les cas extrêmes, l'ensemble des soins médicaux.
Aux États-Unis, d'après certaines estimations, 10% des adultes vivent avec la phobie des seringues ; néanmoins, ce chiffre est probablement inférieur à la réalité : les cas extrêmes ne sont pas documentés car les patients évitent tout traitement médical[3].
Hypothèse évolutionniste
modifierD'après le Dr James G. Hamilton, qui a publié l'une des premières études sur la phobie des seringues, certaines variantes de cette phobie sont le fruit d'un déterminisme génétique qui s'ancre dans l'évolution de l'espèce : il y a des milliers d'années, les humains qui évitaient les blessures perforantes avaient de meilleures chances de survie[3]. Le débat autour des recherches d'Hamilton se fonde sur le malaise vagal parfois observé chez ceux qui souffrent de cette phobie. Leur réaction se caractérise par un évanouissement en deux temps[4]. La personne présente d'abord une hausse soudaine de la fréquence cardiaque et de la pression artérielle, puis ces deux fonctions ralentissent brutalement, entraînant chez certains une perte de conscience[3],[4]. Il arrive que cette perte de conscience s'accompagne de convulsions et d'une modification rapide du taux de nombreuses hormones[3],[5].
D'autres revues médicales ont débattu d'arguments supplémentaires en faveur de cette hypothèse sur le lien entre le malaise vagal et une adaptation évolutive dans les phobies de type sang-injection-blessure[6].
En psychologie évolutionniste, une hypothèse veut que l'évanouissement observé dans cette phobie représente un message non-verbal, issu d'une défense face aux agressions entre groupes au paléolithique : un non-combattant qui s'évanouit montre qu'il ne représente aucune menace[7]. Cette hypothèse pourrait expliquer l'évanouissement face à des stimuli comme la perte de sang et les blessures.
Références
modifier- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Fear of needles » (voir la liste des auteurs).
- ↑ « La bélonéphobie : quand la peur des piqûres rend la vaccination plus difficile », sur RTBF, .
- ↑ « Vaincre sa peur des aiguilles pour se faire vacciner », sur radio-canada.ca, .
- (en) James G. Hamilton, « Needle Phobia - A Neglected Diagnosis », dans Journal of Family Practice, vol. 41, , 169–175 REVIEW (PMID 7636457), chap. 2
- "Oxford Textbook of Psychopathology" by Theodore Millon, Paul H. Blaney, Roger D. Davis (1999) (ISBN 0-19-510307-6), p. 82
- ↑ Everett H. Ellinwood et Hamilton, James G., « Case report of a needle phobia », Journal of Family Practice, vol. 32, no 4, , p. 420–422 (PMID 2010743)
- ↑ Rolf R. Diehl, « Vasovagal syncope and Darwinian fitness », Clinical Autonomic Research, vol. 15, no 2, , p. 126–129 (PMID 15834770, DOI 10.1007/s10286-005-0244-0, S2CID 2062277)
- ↑ H. Bracha, « Human brain evolution and the "Neuroevolutionary Time-depth Principle:" Implications for the Reclassification of fear-circuitry-related traits in DSM-V and for studying resilience to warzone-related posttraumatic stress disorder », Progress in Neuro-Psychopharmacology and Biological Psychiatry, vol. 30, no 5, , p. 827–853 (PMID 16563589, PMCID 7130737, DOI 10.1016/j.pnpbp.2006.01.008, lire en ligne)