estoc
estoc
[ ɛstɔk] n.m. [ de l'anc. fr. estochier, frapper ]ESTOC
(è-stok) s. m.HISTORIQUE
- XIIe s. Bon ente en bon estoc deit bien fructifier [, Th. le mart. 128]
- XIIIe s. Renart, qui moult estoit soutis [subtil], Sur un estoc [tronc d'arbre] s'estoit asis [, Ren. 1982]Il n'estoit nus vivans qui peust savoir le premier estoc dont li heritage vint [BEAUMANOIR, XLIV, 8]Ferir de pointe, que les Franczeis appellent ferir d'estoc [J. DE MEUNG, Végèce, I, 12]
- XIVe s. Selon ce que il sont plus près ou plus loing de la premiere racine ou souche, ou estoc [ORESME, Eth. 251]Lors assalent païens : chil [ceux-ci] qui ont lons bastons Les frapoient d'estoc, parmi les haubergons [, Baud. de Seb. v, 204]
- XVe s. Or m'est avis que c'est grand ennui de piteusement penser et aussi considerer que ces grands bourgeois et nobles bourgeoises et leurs beaux enfants, qui d'estoch et d'extraction avoient demeuré, et leurs devanciers, en la ville de Calais, devinrent [après le siége de Calais] [FROISS., I, I, 323]Estoc d'oneur et arbres de vaillance, La flour des preux et la gloire de France [E. DESCH., Sur la mort de Guesclin.]Lequel d'estoc et de taillant Endure mainte passion D'amours qui le vont assaillant [CH. D'ORL., Ball. 80]Haches pareilles desquelles ils combattront d'estoc de mail ou de taille [, Jehan de Saintré, ch. 48]Là devant en estoc [tout droit] pendoit un escu blanc, et y avoit appuyé deux glaives [lances] et deux espées [, Lancelot du Lac, t. III, f° 60]Les monnoieurs d'estoc et de ligne [, Ordonn. mars 1483]Les pires sont les plus heureux Qui prennent de taille et d'estoc [, Rec. de farces, etc. p. 129]
- XVIe s. Et combien que de son propre estoc il eust grande dignité de noblesse, pour estre de la race et maison des Servius [AMYOT, Galba, 3]Il fut à la fin rembarré d'un coup d'estoc qui luy donna droit dedans la bouche par telle violence, que la poincte de l'espée luy vint à ressortir par derriere au chinon du col [ID., Cés. 59]Il y en a [des contes] de tous bois, de toutes tailles, de tous estocs, à tous prix et à toutes mesures, fors que pour pleurer [DESPER., Contes, I]Le meslier ou nefflier se plaist d'estre enté, voir sur divers estocs : sur soi-mesme, sur poirier, sur pommier, sur coignes et sur aubespin [O. DE SERRES, 694][Les piqueurs] Suyvant de près la meute, et sans se soucier De fossé, ni d'estoc, ni d'espineux roncier [, Plaisir des champs, p. 159]
ÉTYMOLOGIE
- Wallon, stock, tronc d'arbre ; génev. et lorrain, estoc, esprit, imagination ; provenç. estoc ; espagn. et portug. estoque ; ital. stocco ; de l'allem. Stock, bâton ; mot qui se trouve aussi dans le celtique : gaélique, stoc, bâton. En Normandie, les forestiers prononcent blanc étoc. Brin d'estoc est une altération (voy. BRIN) de l'allemand Spring stock, bâton qui aide à sauter, à franchir ; on aurait dû au moins écrire brind-estoc.
SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE
- ESTOC. Ajoutez :
estoc
Il se dit encore de la Pointe d'une épée, d'un sabre, dans cette phrase familière, Frapper d'estoc et de taille, Frapper de la pointe et du tranchant.
En termes d'Eaux et Forêts, il signifie Tronc d'arbre. Couper un arbre à blanc estoc, Le couper à fleur de terre jusqu'à la souche. On dit aussi Couper une forêt, faire une coupe à blanc estoc, En couper tout le bois, sans y laisser de baliveaux.
estoc
Estoc, m. acut. Se prend ores pour le tronc d'un arbre tirant de la racine à mont par droict fil, Truncus. Ce qu'és herbes est aussi appelé Tige, Caulis. Selon ce au recensement d'une consanguinité on dit ligne d'estoc, celle qui est de bas en haut par droict fil, parce que l'on figure les descentes et attenans en collateralité d'une race et consanguinité, par la forme d'un arbre, et les Jurisconsultes l'appellent, Arborem consanguinitatis. A cause dequoy le François dit, Il est d'estoc, c. des issus en droicte ligne: Et, Il est de branche, c. des descendans par ligne collaterale. Et ores se prend pour une espée longue, estroicte et roide de pointe, de laquelle en combattant on tire plustost des coups de poincte, que de maindroicts ou de revers ou fendants, qui sont coups trenchants. Selon ce Estoc aussi se prend pour le ject mesme de l'espée tirée en plongeant de poincte, comme, Il luy a donné ou tiré un coup d'estoc, Punctim feriit, Punctim appetiit. Vegece appelle Puncta, le coup d'estoc en singulier, comme Caesa le fendant, le maindroict et le revers. lib. 1. c. 12. de re milit. Et pour la playe navrure mesme, Vulnus punctim illatum. Comme, Il a un coup d'estoc en la cuisse, Puncta in femore vulnus accepit. Ainsi Vegece le veut dire audit lieu. On dit aussi Estocade és dictes deux manieres, comme, Il luy a tiré une estocade, et il a une estocade en la cuisse, qui est tiré de l'Espagnol Estocada, ou de l'Italien, Stoccata, Dont le François fait un adverbe, à Estocades, c'est à coups, jects, et tirées d'estoc, Punctim. Vegece audit lieu. Mais quand on dit Estoc d'armes, on entend une espée large, au partir de la poignée, courte, et allant en aguisant jusques à la poincte, forte et acerée par tout, n'ayant que le pommeau et la croix des branches pour toutes gardes, de laquelle l'homme d'armes combat à cheval: aussi a-il la main couverte du gantelet, qu'aucuns appellent espée d'armes. Ne l'Espagnol ne l'Italien n'usent de ladicte adjonction, d'armes, et disent seulement, l'un Estoque, et l'autre, Stocco, pour ce mesmes. D'estoc et de taille, aduerbia. Punctim ac caesim, Omni feriendi arte et via. Et par metaphore en toutes sortes, Omni ratione penitus, Nullo nocendi artificio ac molimine posthabito.
estoc
ESTOC, s. m. ESTOCADE, s. f. ESTOCADER, v. n. [èstok, kade, kadé: 1re è moy. dern. e muet au 2d, é fer. au 3e] 1°. Estoc était autrefois une épée longue et étroite, qui ne servait qu'à percer. Ce mot s'est conservé dans cette phrâse: fraper d'estoc et de tâille, du tranchant et de la pointe. — On le dit figurément dans le style plaisant ou critique. "Là-dessus, voilà qu'il tombe, à bras racourcis, d'estoc et de tâille sur les Hérôs de l'anciène chevalerie. Journ. de Mons. — On apèle brin d'estoc un bâton ferré par les deux bouts. = 2°. Ligne d'extraction. "Il est de bon estoc. "Les biens qui viènent de son estoc. — On dit, familièrement; cela ne vient pas de son estoc, ne vient pas de lui. — Dites vous cela de votre estoc? De vous-même?
ESTOCADE, se disait d'une longue épée. Aujourd'hui on le dit d'un grand coup d'épée allongé, d'une botte qu'on porte, etc. "Il lui alongea deux ou trois estocades de suite. — Figurément, demande d' un escroc qui veut emprunter ce qu'il n'est pas en état de rendre.
ESTOCADER, porter des estocades. "Ils ont estocadé long-temps sans se toucher. — Figurément (style plaisant) disputer vivement l'un contre l'aûtre dans des Thèses, etc.