estoc

estoc

[ ɛstɔk] n.m. [ de l'anc. fr. estochier, frapper ]
Épée dont la pointe sert à porter les coups.
Frapper d'estoc et de taille,
frapper en se servant de la pointe et du tranchant d'une arme blanche.
Maxipoche 2014 © Larousse 2013

ESTOC

(è-stok) s. m.
Terme d'eaux et forêts. Souche. Couper un arbre à blanc estoc, le couper au pied sur la souche. Faire une coupe à blanc estoc, la faire sans laisser de baliveaux. Fig. Être réduit à blanc estoc, être entièrement ruiné.
Terme de palais. Souche considérée métaphoriquement comme l'origine d'une famille. Être de bon estoc. Les biens qui viennent de son estoc.
Je lui [à son fils, Charles de Sévigné] mande de venir ici, je voudrais le marier à une petite fille qui est un peu juive de son estoc, mais les millions nous paraissent de bonne maison [SÉV., Lett. 13 oct. 1675]
Cette fabrication se fait dans les hôtels des monnaies, par des officiers en titre et d'estoc et de ligne, c'est-à-dire de père en fils [, Dict. des arts et mét. Monnoyeur]
Terme de pratique ancienne. Biens de côté estoc et ligne, biens propres de ligne Fig. Cela ne vient pas de son estoc, cela ne lui vient pas naturellement. Dites-vous cela de votre estoc ? Dites-vous cela de vous-même ?
Estoc volant, bâton ferré que l'on pouvait cacher sous ses habits. Brin d'estoc, bâton ferré en pointe par les deux bouts.
Par extension, ancienne épée droite et fort longue.
La pique dans le poing et l'estoc sur le flanc [RÉGNIER, Sat. IX]
Grande épée d'argent doré, bénite par le pape et accordée comme marque de considération.
La pointe d'une épée. Coup d'estoc. Frapper d'estoc et de taille. Fig. D'estoc et de taille, de quelque manière que ce soit.
N'importe, parlons-en et d'estoc et de taille, Comme oculaire témoin [MOL., Amph. I, 1]
Vase aplati sur lequel le faïencier empile la terre molle. Instrument avec lequel il arrondit les vases sur le tour.
Si la pièce est délicate, il l'égalise avec une espèce de lame de bois appelée estoc, [, Dict. des arts et mét. Porcelaine]
Terme d'argot de jeu. Faire l'estoc, faire passer dessous la carte de dessus sans qu'on s'en aperçoive.

HISTORIQUE

  • XIIe s.
    Bon ente en bon estoc deit bien fructifier [, Th. le mart. 128]
  • XIIIe s.
    Renart, qui moult estoit soutis [subtil], Sur un estoc [tronc d'arbre] s'estoit asis [, Ren. 1982]
    Il n'estoit nus vivans qui peust savoir le premier estoc dont li heritage vint [BEAUMANOIR, XLIV, 8]
    Ferir de pointe, que les Franczeis appellent ferir d'estoc [J. DE MEUNG, Végèce, I, 12]
  • XIVe s.
    Selon ce que il sont plus près ou plus loing de la premiere racine ou souche, ou estoc [ORESME, Eth. 251]
    Lors assalent païens : chil [ceux-ci] qui ont lons bastons Les frapoient d'estoc, parmi les haubergons [, Baud. de Seb. v, 204]
  • XVe s.
    Or m'est avis que c'est grand ennui de piteusement penser et aussi considerer que ces grands bourgeois et nobles bourgeoises et leurs beaux enfants, qui d'estoch et d'extraction avoient demeuré, et leurs devanciers, en la ville de Calais, devinrent [après le siége de Calais] [FROISS., I, I, 323]
    Estoc d'oneur et arbres de vaillance, La flour des preux et la gloire de France [E. DESCH., Sur la mort de Guesclin.]
    Lequel d'estoc et de taillant Endure mainte passion D'amours qui le vont assaillant [CH. D'ORL., Ball. 80]
    Haches pareilles desquelles ils combattront d'estoc de mail ou de taille [, Jehan de Saintré, ch. 48]
    Là devant en estoc [tout droit] pendoit un escu blanc, et y avoit appuyé deux glaives [lances] et deux espées [, Lancelot du Lac, t. III, f° 60]
    Les monnoieurs d'estoc et de ligne [, Ordonn. mars 1483]
    Les pires sont les plus heureux Qui prennent de taille et d'estoc [, Rec. de farces, etc. p. 129]
  • XVIe s.
    Et combien que de son propre estoc il eust grande dignité de noblesse, pour estre de la race et maison des Servius [AMYOT, Galba, 3]
    Il fut à la fin rembarré d'un coup d'estoc qui luy donna droit dedans la bouche par telle violence, que la poincte de l'espée luy vint à ressortir par derriere au chinon du col [ID., Cés. 59]
    Il y en a [des contes] de tous bois, de toutes tailles, de tous estocs, à tous prix et à toutes mesures, fors que pour pleurer [DESPER., Contes, I]
    Le meslier ou nefflier se plaist d'estre enté, voir sur divers estocs : sur soi-mesme, sur poirier, sur pommier, sur coignes et sur aubespin [O. DE SERRES, 694]
    [Les piqueurs] Suyvant de près la meute, et sans se soucier De fossé, ni d'estoc, ni d'espineux roncier [, Plaisir des champs, p. 159]

ÉTYMOLOGIE

  • Wallon, stock, tronc d'arbre ; génev. et lorrain, estoc, esprit, imagination ; provenç. estoc ; espagn. et portug. estoque ; ital. stocco ; de l'allem. Stock, bâton ; mot qui se trouve aussi dans le celtique : gaélique, stoc, bâton. En Normandie, les forestiers prononcent blanc étoc. Brin d'estoc est une altération (voy. BRIN) de l'allemand Spring stock, bâton qui aide à sauter, à franchir ; on aurait dû au moins écrire brind-estoc.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

    ESTOC. Ajoutez :
    Armes d'estoc, armes qui agissent spécialement par la pointe ; armes d'estoc et de taille, armes qui peuvent agir par le tranchant et par la pointe.
Émile Littré's Dictionnaire de la langue française © 1872-1877

estoc

ESTOC. (On prononce le C.) n. m. Épée longue et étroite qui ne servait qu'à percer.

Il se dit encore de la Pointe d'une épée, d'un sabre, dans cette phrase familière, Frapper d'estoc et de taille, Frapper de la pointe et du tranchant.

En termes d'Eaux et Forêts, il signifie Tronc d'arbre. Couper un arbre à blanc estoc, Le couper à fleur de terre jusqu'à la souche. On dit aussi Couper une forêt, faire une coupe à blanc estoc, En couper tout le bois, sans y laisser de baliveaux.

Dictionnaire de L'Académie française 8th Edition © 1932-5

estoc

Estoc, m. acut. Se prend ores pour le tronc d'un arbre tirant de la racine à mont par droict fil, Truncus. Ce qu'és herbes est aussi appelé Tige, Caulis. Selon ce au recensement d'une consanguinité on dit ligne d'estoc, celle qui est de bas en haut par droict fil, parce que l'on figure les descentes et attenans en collateralité d'une race et consanguinité, par la forme d'un arbre, et les Jurisconsultes l'appellent, Arborem consanguinitatis. A cause dequoy le François dit, Il est d'estoc, c. des issus en droicte ligne: Et, Il est de branche, c. des descendans par ligne collaterale. Et ores se prend pour une espée longue, estroicte et roide de pointe, de laquelle en combattant on tire plustost des coups de poincte, que de maindroicts ou de revers ou fendants, qui sont coups trenchants. Selon ce Estoc aussi se prend pour le ject mesme de l'espée tirée en plongeant de poincte, comme, Il luy a donné ou tiré un coup d'estoc, Punctim feriit, Punctim appetiit. Vegece appelle Puncta, le coup d'estoc en singulier, comme Caesa le fendant, le maindroict et le revers. lib. 1. c. 12. de re milit. Et pour la playe navrure mesme, Vulnus punctim illatum. Comme, Il a un coup d'estoc en la cuisse, Puncta in femore vulnus accepit. Ainsi Vegece le veut dire audit lieu. On dit aussi Estocade és dictes deux manieres, comme, Il luy a tiré une estocade, et il a une estocade en la cuisse, qui est tiré de l'Espagnol Estocada, ou de l'Italien, Stoccata, Dont le François fait un adverbe, à Estocades, c'est à coups, jects, et tirées d'estoc, Punctim. Vegece audit lieu. Mais quand on dit Estoc d'armes, on entend une espée large, au partir de la poignée, courte, et allant en aguisant jusques à la poincte, forte et acerée par tout, n'ayant que le pommeau et la croix des branches pour toutes gardes, de laquelle l'homme d'armes combat à cheval: aussi a-il la main couverte du gantelet, qu'aucuns appellent espée d'armes. Ne l'Espagnol ne l'Italien n'usent de ladicte adjonction, d'armes, et disent seulement, l'un Estoque, et l'autre, Stocco, pour ce mesmes.

D'estoc et de taille, aduerbia. Punctim ac caesim, Omni feriendi arte et via. Et par metaphore en toutes sortes, Omni ratione penitus, Nullo nocendi artificio ac molimine posthabito.

Jean Nicot's Thresor de la langue française © 1606

estoc


ESTOC, s. m. ESTOCADE, s. f. ESTOCADER, v. n. [èstok, kade, kadé: 1re è moy. dern. e muet au 2d, é fer. au 3e] 1°. Estoc était autrefois une épée longue et étroite, qui ne servait qu'à percer. Ce mot s'est conservé dans cette phrâse: fraper d'estoc et de tâille, du tranchant et de la pointe. — On le dit figurément dans le style plaisant ou critique. "Là-dessus, voilà qu'il tombe, à bras racourcis, d'estoc et de tâille sur les Hérôs de l'anciène chevalerie. Journ. de Mons. — On apèle brin d'estoc un bâton ferré par les deux bouts. = 2°. Ligne d'extraction. "Il est de bon estoc. "Les biens qui viènent de son estoc. — On dit, familièrement; cela ne vient pas de son estoc, ne vient pas de lui. — Dites vous cela de votre estoc? De vous-même?
   ESTOCADE, se disait d'une longue épée. Aujourd'hui on le dit d'un grand coup d'épée allongé, d'une botte qu'on porte, etc. "Il lui alongea deux ou trois estocades de suite. — Figurément, demande d' un escroc qui veut emprunter ce qu'il n'est pas en état de rendre.
   ESTOCADER, porter des estocades. "Ils ont estocadé long-temps sans se toucher. — Figurément (style plaisant) disputer vivement l'un contre l'aûtre dans des Thèses, etc.

Jean-François Féraud's Dictionaire critique de la langue française © 1787-1788
Traductions

estoc

[ɛstɔk] nm
frapper d'estoc et de taille → to cut and thrust
Collins English/French Electronic Resource. © HarperCollins Publishers 2005