lice

1. lice

n.f. [ du frq. listja, barrière ]
Palissade de bois dont on entourait les places ou les châteaux fortifiés ; terrain ainsi clos, qui servait aux tournois, aux joutes.
Remarque: Ne pas confondre avec lis ou lisse.
Entrer en lice,
s'engager dans une lutte ; intervenir dans une discussion.

2. lice

n.f. [ lat. lyciscus, chien-loup ]
Chienne de chasse.

3. lice

n.f. 2. lisse.
Maxipoche 2014 © Larousse 2013

LICE1

(li-s') s. f.
Lieu préparé pour les courses, les combats, les tournois.
Il suffit qu'une fois il entre dans la lice [CORN., Cid, IV, 5]
Sire, à tout combattant la lice était ouverte [TH. CORN., Geôlier de soi-même, II, 3]
Une grande lice, bordée d'amphithéâtres magnifiquement ornés, fut formée à quelques lieues de la ville [VOLT., Zadig, 19]
Déjà la lice est ouverte ; Les clercs en ont fait le tour ; La bannière blanche et verte Flotte au front de chaque tour [V. HUGO, Odes, le Chant du tournoi.]
Fig. Il se dit en parlant de discussions publiques, soit de vive voix, soit par écrit, ou de contestations publiques. Il a fui honteusement la lice.
Non pour entrer en lice contre personne [PASC., Prov. III]
En faisant courir la même lice à tant de prétendants [J. J. ROUSS., Orig. II]
Il se dit aussi des lieux où il y a, en quelque sorte, joute de parole. Le barreau est une lice ouverte à l'éloquence.
Terme de charpente. Pièce de bois assemblée horizontalement dans les poteaux d'une barrière d'appui au pourtour d'une cour.
Garde-fous d'un pont de bois. Barrière qui borde la carrière d'un manége.

HISTORIQUE

  • XIIe s.
    Devant les lices commence li hustins [, Garin, dans DU CANGE, liciae]
  • XIIIe s.
    Il fermerent tout l'ost de mout bones lices, de bons mairiens et bonnes barres [VILLEH., LXXV]
    Et toutes voies crestien hourderent et firent fosses et boines liches par deviers la berrie [campagne] [, Chr. de Rains, 90]
  • XIVe s.
    Pour la reparation de touz leurs molins, lices et chaucies [DU CANGE, licia.]
    En un manoir.... accoustumé est.... que les gens du païs s'y assemblent le jour de la nostre dame de la mi-aoust, pour faire lices, caroles, dances et plusieurs autres esbatemens [ID., ib.]
    Jehan de Dinant vist passer de son hostel le dit Jehan Ternue, et le poursui jusques aux lices de l'eglise nostre dame de Reins [ID., ib.]
  • XVe s.
    Trop à doubter sont notre malefice, Ce que la char est trop habandonnée à touz deliz sans avoir frain ne lice [E. DESCH., Poésies mss. f° 299]
  • XVIe s.
    Es lices et lieux ordonnez à piquer chevaulx [AMYOT, Philop. 14]
    Courir en lice à qui gaigneroit le prix de la course double [ID., Démétr. 23]
    Et luy imputa l'on ou qu'il fuyoit la lice, ou que hors de saison il se vouloit monstrer à des estrangers [ID., ib. 21]
    Desmenans joye sans bornes et sans lyce [MAROT, V, 355]
    J'en treuve, qui se mettent inconsideréement et furieusement en lice, et s'alentissent en la course [MONT., IV, 168]
    ....Et percer les planchers de quelques chambres sur la muraille, où il s'estoit retiré des soldats, entr'autres deux qui crioient secours vers les basses lisses [D'AUB., Hist. II, 441]

ÉTYMOLOGIE

  • Berry, lices, ensemble de poteaux formant une clôture continue ; provenç. laissa, layssa, lissa ; esp. liza ; ital. lizza, liccia ; bas-latin, licia, pieu, liciae, défense mise autour d'un camp, d'une ville. Origine incertaine. Du Cange le tire du latin licium, trame, à cause que les pieux sont rangés comme les fils dans une trame ; étymologie que Diez rejette parce que le sens n'est pas satisfaisant. Diez conjecture le moyen haut allemand letze, rempart, mais il remarque lui-même que le changement de l'e en i n'est pas facile. On a indiqué le bas-breton les, lice, mais on ne sait si les n'est pas un emprunt fait aux langues romanes ; d'après la Villemarqué, Contes bretons, t. II, p. 287, lis ! lis ! est encore en Bretagne le signal du combat au bâton qui se livre pendant la nuit des morts. Scheler remarquant qu'en anglais lice se dit list, propose de regarder lisse comme la bonne orthographe, et d'admettre que lisse est pour liste dans son sens primitif de barrière, clôture. Tout considéré, l'opinion de du Cange reste la meilleure et très probable.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

    1. LICE. Ajoutez :
    Nom donné à certains caveaux chantants.
    Membre de ces bas caveaux qu'on appelle des lices, il connaissait tous les airs, toutes les chansons, et il chantait sans se lasser [MM. DE GONCOURT, Germinie Lacerteux, ch. XLIX]
    Dans la fortification du moyen âge, espace libre laissé entre l'enceinte extérieure et l'enceinte intérieure.

LICE2

(li-s') s. f.
Terme de manufacture. Pièces mobiles d'un métier à tisser, au moyen desquelles et des pédales on fait ouvrir les fils de la chaîne d'un tissu pour passer la navette et par conséquent le fil de la trame. Assemblage de plusieurs longs fils de soie ou de laine étendus sur les métiers de tapisserie de haute lisse ou de basse lisse. Quand la chaîne est horizontale, tous les fils de la trame sont également dans un même plan horizontal, ce qui fait la basse lice ; et, si la chaîne est verticale, les fils de la trame forment aussi un plan vertical, d'où la haute lice. Tapisserie à haute ou de haute lice, ou simplement, haute lice. Tapisserie à basse ou de basse lice, ou, simplement, basse lice.
Henri IV établit des manufactures de haute lice, en laine et en soie rehaussée d'or [VOLT., Mœurs, 174]
Lices à grande coulisse, celles qui servent à passer certains fils dans les étoffes riches. Lices à petite coulisse, petites boucles qui ne servent que dans la fabrication des étoffes unies. Lices de rabat, celles sous lesquelles les fils sont passés pour les faire baisser.
Travail en tapisserie qui s'exécute ordinairement d'après des peintures d'histoire ou de paysage.
Nom qu'on donne à plusieurs fils soutenus par un liceron pour faire du ruban.
Les cordiers appellent aussi lice, un bâton dont ils s'aident pour faire de la sangle.

REMARQUE

  • On écrit aussi lisse ; mais l'orthographe lice est préférable, vu l'étymologie.

HISTORIQUE

  • XIVe s.
    Ordonner les lits et les chambres, tendre les tapis de haulte lice et toutes choses de broderie [, Ménagier, I, 6]
  • XVe s.
    Ung mestier de bois en lysse, garnis de petiz bastonnez et de petiz pellotons de soye [, Bibl. des ch. 6e série, t. I, p. 355]

ÉTYMOLOGIE

  • Lat. licium, trame.

LICE3

(li-s') s. f.
Femelle d'un chien de chasse.
Une lice étant sur son terme [LA FONT., Fab. II, 7]
Lice nouée, lice qui a été couverte et qui a retenu. Fig. Femme lascive.
Je faillis à me pendre, oyant que cette lice Effrontément ainsi me présentait la lice [RÉGNIER, Sat. X]

HISTORIQUE

  • XIIe s.
    Pute mauvese, vil lisse abandonée [, Bataille d'Aleschans, V. 3041]
  • XIIIe s.
    Bien furent trente compaignon, Que chien, que lisses, que gaignon [, Ren. 10801]
    Les eux [yeux] ot gros comme une lische, Des oreilles ressembloit bische [, ib. 22713]
    D'une leisse vus veil [je vous veux] conter, Qui preste estoit à chaeler [faire ses petits] [MARIE DE FRANCE, t. II, p. 86]
    Li vilains dit que hastive lisse fait filz aveugles [BRUN. LATINI, Trésor, p. 365]
  • XIVe s.
    Il est acoustumé que nul taneur ne puet [peut] ne ne doit taner nul cuir de chien ou de lisse [DU CANGE, letissa.]
  • XVIe s.
    Il lui fut advis qu'une lyce asprement courroucée abbayoit contre lui [AMYOT, Cimon, 33]

ÉTYMOLOGIE

  • Wallon, lèhe : namur. liche ; Ardennes, niche ; picard, liche ; provenç. leissa. Deux étymologies se disputent ce mot. La première lui donne une origine latine : lycisca ou lycisce, nom d'une chienne dans Virgile (lyciscus, chien-loup, diminutif du terme grec qui signifie loup) ; Diez l'admet, observant toutefois qu'il faut prendre lycisce ; lycisca aurait donné en provençal leisca, et en picard lique. La seconde lui attribue une origine germanique : souabe, lätsch ; bavar. leusch, lusch ; Grandgagnage soutient cette opinion, qui paraît la moins probable.
Émile Littré's Dictionnaire de la langue française © 1872-1877

lice

LICE. n. f. Il se disait d'une Palissade qui entourait l'espace préparé pour les courses de tête ou de bague, pour les tournois, les combats à la barrière, et autres exercices de ce genre. Ouvrir, fermer la lice. La lice est ouverte.

Il se disait, par extension, de cet Espace lui-même. Entrer dans la lice, en lice. Cette dernière phrase signifie figurément Prendre part à un débat, intervenir dans une discussion, dans une contestation publique, soit de vive voix, soit par écrit. Il n'a point osé entrer en lice dans un débat d'une telle importance. Il n'a pas craint d'entrer en lice contre un si redoutable adversaire.

Il se dit aussi parfois des Lieux où se passent les discussions.

lice

LICE. n. f. T. d'Arts. Voyez LISSE.

lice

LICE. n. f. Femelle d'un chien de chasse. Il y a dans toutes les meutes des lices destinées à faire race.
Dictionnaire de L'Académie française 8th Edition © 1932-5

lice

Lice, Curriculum equestre palis ac tela septum. Le lieu à faire tournois à cheval, ainsi appelé, par ce qu'il est remparé de palis et traversins d'un costé et d'autre de la toile, lequel equippage s'appelle proprement Lices.

Une lice et lieu pour faire courir les chevaux et bailler carriere, Hippodromus hippodromi, Catadromus.

Entrer en la lice, Descendere in campum.

Fuir la lice, et ne vouloir point combatre, Declinare certamen et detrectare, Pedem nolle conferre, Catadromum detrectare, Catadromi septum medium fugitare.

Saillir hors la lice, Transferre se de curriculo.

Lices, f. penac. En pluriel, par ce qu'il y a lice de çà lice de là, et les deux jousteurs courent chacun par sa lice.

Lices closes, quand elles sont entourées de parquet, et barriere pour empescher que nuls n'y entrent autres que ceux qui ont à tournoyer, ou combattre. Jean le Maire livr. 1. chap. 40. des Illustrations, et consequemment entrer és lices closes, tous les Princes et Chevaliers qui devoyent combatre.

Lice, pour chienne et putain, voyez Lyce.

¶ Lice, en cas de navires, c'est une piece de bois arrondie par le dehors qui est au dessus et sur le bord de la planche des meurtrieres, qui est sur le plat bord du chasteau de devant, laquelle lice est de la mesme longueur de ladite planche, et sert pour renforcer icelle planche, voyez Polaine.

¶ Chose de plus grande estoffe, et de plus haute lice, Res augustioris fastigij. Bud.

Tapis de haute lice, Fortasse a Licio, Supremi licij tapetes. Bud. in philolog.

Jean Nicot's Thresor de la langue française © 1606

lice


LICE, s. f. Ce mot a trois significations, qui n'ont aucun raport l'une avec l'aûtre. I. Lieu préparé pour les tournois, les combats à la barrière, etc. "Entrer dans la lice, ou en lice. Ils se disent tous deux dans le propre; le 2d seul se dit au figuré. "Le beau sexe y entre en lice avec les savans. Hist. du Japon. = II. Sorte de fabrique de tapisserie. On l'apèle de haute-lice, quand le fond sur lequel les tapissiers travaillent est tendu de haut en bâs, et de basse-lice, quand il est couché tout plat. "Tapisserie de haute-lice, de basse-lice, et absolument, une haute-lice, une basse-lice. = III. Femelle d'un chien de chasse.

Jean-François Féraud's Dictionaire critique de la langue française © 1787-1788
Traductions

lice

比武场

lice

[lis] nf
entrer en lice → to come into contention
Collins English/French Electronic Resource. © HarperCollins Publishers 2005