substance

substance

[ sypstɑ̃s] n.f. [ lat. substantia, de substare, être dessous ]
1. Matière dont qqch est formé : Toutes ces crèmes sont à base de substances végétales.
2. Ce qu'il y a d'essentiel dans un ouvrage, dans un acte : Résumez-moi la substance de ce livre essence, fond, sujet
En substance,
en ne retenant que l'essentiel ; en résumé : Voici en substance ce qu'il a dit.
Maxipoche 2014 © Larousse 2013

SUBSTANCE

(sub-stan-s' ; au XVIe siècle, prononcé sustance, d'après Palsgrave, p. 23) s. f.
Terme de philosophie. Ce qui subsiste par soi-même, à la différence de l'accident qui ne subsiste que dans un sujet.
Toute chose dans laquelle réside immédiatement comme dans un sujet, ou par laquelle existe quelque chose que nous apercevons, c'est-à-dire quelque propriété, qualité ou attribut dont nous avons en nous une réelle idée, s'appelle substance [DESC., Rép. aux secondes object. 61]
Je soutiens que le temps n'est rien, parce qu'il n'a ni forme, ni substance ; que tout son être n'est que de couler, c'est-à-dire que tout son être n'est que de périr [BOSSUET, Yolande de Monterby]
Nous ne connaissons la matière que par quelques phénomènes ; nous la connaissons si peu, que nous l'appelons substance ; or le mot substance veut dire ce qui est dessous ; mais ce dessous nous sera éternellement caché [VOLT., Dict. phil. âme.]
Leibnitz disait que les véritables substances étaient nécessairement actives [BONNET, Œuvr. mêlées, t. XVIII, p. 78, dans POUGENS]
Si l'on ne veut parler des choses qu'autant qu'on se représente dans chacune un sujet qui en soutient les propriétés et les modes, on n'a besoin que du mot de substance [CONDIL., Conn. hum. v]
L'objet de ce philosophe [Spinosa] est de prouver qu'il n'y a qu'une seule substance, dont tous les êtres, que nous prenons pour autant de substances, ne sont que les modifications ; que tout ce qui arrive est une suite également nécessaire de la nature de la substance unique [ID., Traité des syst. 10]
Dès que les qualités distinguent les corps, et qu'elles en sont des manières d'être, il y a dans les corps quelque chose que ces qualités modifient, qui en est le soutien ou le sujet, que nous nous représentons dessous, et que, par cette raison, nous appelons substance [ID., Gramm. Préc. des leçons prél art. 1]
Quand on a voulu pénétrer plus avant dans la nature de ce qu'on appelle substance, on n'a saisi que des fantômes [ID., Gramm. II, 1]
Par une déduction du sens philosophique, il se dit, avec une épithète ou un complément, des êtres spirituels, par opposition aux êtres matériels.
La substance qui pense y peut être reçue ; Mais nous en bannissons la substance étendue [MOL., Femm. sav. v, 3]
Je me trouve fort bien d'être une substance qui pense et qui lit [SÉV., 216]
Vous nous direz comme vous vous y trouvez [à Grignan], et comme cette pauvre substance qui pense, et qui pense si vivement, aura pu conserver sa machine si belle et si délicate [ID., 25 oct. 1688]
Il [Théodose] ordonnait que par tout son empire, selon la foi du saint concile de Nicée, on reconnût une seule substance indivisible dans la Trinité [FLÉCH., Hist. de Théodose, II, 32]
On doit conclure de tout ceci, que les esprits créés seraient peut-être plus exactement définis, substances qui aperçoivent ce qui les touche ou les modifie, que de dire simplement que ce sont des substances qui pensent [MALEBR., Recherc. vér. rép. à Régis, ch. 2]
Pour de l'esprit, continua-t-il, je ne crois pas qu'une substance céleste puisse en avoir plus que votre cousine : en un mot, c'est une personne d'un mérite accompli [LESAGE, Gil Bl. IV, 6]
Y a-t-il des substances dont l'essence soit de penser, qui pensent toujours, et qui pensent par elles-mêmes ? [VOLT., Phil. ignor. 29]
Qu'il y ait des substances immatérielles et intelligentes, c'est de quoi je ne doute pas [ID., Micromégas, ch. 7]
Leur substance [des anges], fluide et pure comme l'air, Comme lui peut braver les atteintes du fer [DELILLE, Parad. perdu, VI]
Matière dont un corps est formé, et en vertu de laquelle il a des propriétés particulières. Substance liquide, pierreuse, métallique. Substance compacte. Les substances employées en médecine.
Aux plus jeunes guerriers [ils] s'offrent pour aliment, Comme s'ils espéraient, changés en leur substance, être encore de Rome et l'âme et la défense [DU RYER, Scévole, II, 3]
Si, dans le système de cet univers, il est nécessaire à la conservation du genre humain qu'il y ait une circulation de substance entre les hommes, les animaux et les végétaux, alors le mal particulier d'un individu contribue au bien général [J. J. ROUSS., Lett. à M. de Voltaire, Corresp. t. III, p. 234]
Bergman observe qu'il faut considérer comme une substance particulière celle qui a des propriétés qui lui sont spéciales et que l'on peut toujours obtenir d'une manière semblable à elle-même [SENNEBIER, Ess. art d'observ. t. III, p. 101, dans POUGENS]
On dit qu'un médicament est administré en substance, quand on le donne dans son état naturel et sans aucune préparation chimique ni pharmaceutique. Terme d'anatomie générale. Substances organiques ou principes immédiats, corps liquides ou solides, qui ne sont ni cristallisables, ni volatils sans décomposition ; brûlant avec peu de flamme en se boursouflant ; dégageant des produits empyreumatiques ammoniacaux, azotés et d'odeur âcre, puis laissant un charbon brillant, volumineux, difficile à incinérer. Substance fondamentale, voy. FONDAMENTAL.
Absolument. Ce qu'il y a de nourrissant, de succulent en quelque chose. Les plantes attirent la substance de la terre. Aliments qui ont peu de substance. La substance de la viande bouillie passe dans le bouillon. Fig.
Qui de nous n'a pas été prodigue ? qui n'a pas dissipé sa substance par une vie déréglée et licencieuse ? [BOSSUET, 1er panég. St Fr. de Paule, Préamb.]
Fig. Ce qui nourrit l'esprit comme la substance nourrit le corps. Il y a beaucoup de paroles et peu de substance dans ce discours.
Il y a plus de substance dans une de ses pages que dans tous les volumes des détracteurs de Sénèque [DIDER., Claude et Nér. II, 34]
Son langage était rapide, entrecoupé, plein de substance et de chaleur [MARMONTEL, Contes mor. les Quatre flacons]
Ce qu'il y a d'essentiel, d'important dans un écrit, un acte, une affaire, etc.
Laisse-moi de ce mot [billet] méditer la substance [ROTR., Bélis. III, 1]
Il ne me souvient peut-être pas des propres paroles ; mais je suis assuré que c'en était la substance [RETZ, Mém. t. II, liv. 3, p. 358, dans POUGENS]
S'ils [les dominicains] sont conformes aux jésuites par un terme qui n'a pas de sens [grâce suffisante], ils leur sont contraires et conformes aux jansénistes dans la substance de la chose [PASC., Prov. II]
La substance de presque tous les ordres émanés du trône était contenue dans ces mots : car tel est notre plaisir ; Louis XVI aurait pu dire : car telle est notre sagesse et notre bonté [VOLT., Pol. et lég. Édits de Louis XVI]
Des révolutions qu'elle [la religion chrétienne] a souffertes, non dans la substance des dogmes, mais dans la manière de les enseigner [D'ALEMB., Élog. Fleury.]
Ce qui est absolument nécessaire pour la subsistance.
Ils consument en douleur leur substance et leurs jours [PATRU, Plaidoyers, I]
On dévore la substance du pauvre, on ruine la veuve et l'orphelin [BOURDAL., Carême, II, Richesses, 17]
Si ceux qui passent leurs jours dans les travaux rustiques, avaient le loisir de murmurer, ils s'élèveraient contre les exactions qui leur enlèvent une partie de leur substance [VOLT., Louis XIV, 30]
Tous ces vils sénateurs dont l'avarice inique Dévore sans pitié la substance publique [M. J. CHÉN., Gracques, I, 2]
En substance, loc. adv. En gros, sommairement. Voici en substance de quoi il s'agit.
Elle [une lettre] contenait en substance quelques particularités de la conduite de Dieu sur la vie et sur la maladie que je voudrais vous répéter ici [PASC., Lett. à Mme Perier, 17 oct. 1651]
Les mémoires [des corporations] disaient tous en substance : Conserveznous et détruisez toutes les autres [VOLT., Babouc.]

HISTORIQUE

  • XIIe s.
    E la meie substance ensement cume nient devant tei [, Liber psalm. p. 51]
  • XIIIe s.
    Feme sens et sustance trait d'home debonaire, [, Chastie-musart, dans RUTEB. II, p. 482]
    Por ce devons nos croire que ces trois personnes [de la Trinité] soient une sustance qui est touz puissanz et tout sachanz et touz bienveillanz [BRUN. LATINI, Trésor, p. 80]
    Nuls ne doit affoiblir sa corporel sustance Par boivre jusqu'à yvre.... [J. DE MEUNG, Test. 1747]
    Solempnité n'est pas de la sustance de mariage [, Liv. de just. 178]
    Et encraissié d'autrui sustance [BAUDOUIN DE CONDÉ, t. I, p. 215]
  • XIVe s.
    Ne te chault s'il perdent chevance, Mais que tu aies leur substance ; Soies tousjours tout prest de prendre [BRUYANT, dans Ménagier, t. II, p. 25]
  • XVe s.
    Quant le roy eut ouye la substance de la charge de cest ambassadeur.... [COMM., V, 2]
  • XVIe s.
    Le mot grec [hypostase] emporte subsistence : et aucuns ont confondu le mot de substance comme si c'estoit tout un [CALV., Instit. 71]
    Demetrius prononça le decret, lequel avoit esté ordonné par le peuple, dont la substance estoit telle.... [AMYOT, Timol. 53]
    Nostre intention est d'escrire et traitter de la vertu que l'on appelle morale : quelle substance elle a, et comment elle subsiste [ID., De la vertu morale, 1]
    Pour l'honneur de Dieu, sustance [maintien] de la reigle et reformation [DU CANGE, Sustinentia.]
    Pourquoy sous le nom de Dieu ne peut-on changer les substances de toutes choses, veu que sous le nom du roy on en a fait et fait-on tous les jours de si estranges metamorphoses et transsubstantiations ? [D'AUB., Conf. de Sancy, x.]

ÉTYMOLOGIE

  • Bourg. sustance ; provenç. sustancia ; espagn. substancia ; ital. sostanzia ; du lat. substantia, de substare, de sub, sous, et stare, être debout (voy. STABLE) : ne connaissant les êtres que par leurs qualités, nous plaçons sous ces qualités un sujet, que nous disons sub-stans, se tenant dessous.
Émile Littré's Dictionnaire de la langue française © 1872-1877

substance

SUBSTANCE. n. f. T. de Philosophie. Ce qui subsiste par soi-même, indépendamment de tout accident. Chez les catholiques, c'est un article de foi que, dans le mystère de l'Eucharistie, la substance du pain et du vin se change au corps et au sang de JÉSUS-CHRIST, et que les espèces demeurent. La substance des choses est distincte de leurs qualités. D'après Spinoza, il n'existe qu'une substance unique, dont tous les êtres sont des modes.

Il se dit, en termes de Sciences et dans le langage ordinaire, de Toute sorte de matière. Ce fruit est d'une substance molle et aqueuse. Substance solide, liquide. Cette substance est employée en médecine, en pharmacie.

Il se dit absolument de Ce qu'il y a de meilleur, de plus succulent, de plus nourrissant en quelque chose. Les arbres, les plantes attirent la substance de la terre. Il n'y a guère de substance dans ces sortes d'aliments. Le bouillon a pris toute la substance de cette viande.

Fig., Il y a beaucoup de paroles et peu de substance dans ce discours, dans ce livre, Il y a beaucoup de verbiage et peu d'idées.

SUBSTANCE signifie, au figuré, Ce qu'il y a d'essentiel dans un discours, dans un écrit, dans une affaire, etc. Je n'ai pu retenir tout ce qu'il a dit, mais je vous en rapporterai, je vous en dirai la substance. La substance d'un livre, d'une lettre.

EN SUBSTANCE, loc. adv. Sommairement, en abrégé, en gros. Voici en substance de quoi il s'agit. Je vous dirai en substance ce que son livre contient.

Dictionnaire de L'Académie française 8th Edition © 1932-5

substance

Substance, Substantia.

Jean Nicot's Thresor de la langue française © 1606

substance


SUBSTANCE, s. f. SUBSTANTIEL, ou SUBSTANCIEL, ELLE, adj. SUBSTANCIELLEMENT, adv. [Substance, cièl, cièl-le, ciè-leman: 2e lon. 3e e muet au 1er, è moy. aux aûtres; 4e e muet.] Substance, est, en termes de Philosophie, être qui subsiste par lui-même, à la diférence de l'accident, qui subsiste dans un sujet. "Substance spirituelle ou corporelle. = 2°. Dans le discours ordinaire, il est à peu prês synon. de matière. "Substance pierreûse, aqueûse, etc. "Ce fruit est d'une substance molle, etc. = 3°. Ce qu'il y a de plus succulent, de plus nourrissant en quelque chôse. "Les plantes atirent la substance de la terre. "Ces alimens ont peu de substance. = Figurément. "Il y a peu de substance dans ce discours. "Je vous en dirai la substance en peu de mots. = En substance, sommairement. "Voici en substance; de quoi il s'agit. = 4°. Ce qui est nécessaire pour la subsistance. "Ils se sont engraissés de la substance du peuple;
   De la substance de leurs frères,
   Leurs biens criminels sont grossis,
   Par le luxe même endurcis,
   Ils sont riches de nos misères.
       Le Franc.
  SUBSTANCIEL, où il y a beaucoup de substance, (n°. 3°.) "Aliment substanciel. "On a tiré de cette viande tout ce qu'il y avait de substanciel. = Figurément. "Extraire, raporter tout ce qu'il y a de substanciel dans un discours, dans un traité.
   SUBSTANCIELLEMENT, quant à la substance. "Dans le Sacrement de l'Eucharistie on reçoit le Corps de Notre Seigneur réellement et substanciellement. — Il ne se dit que dans le dogmatique.

Jean-François Féraud's Dictionaire critique de la langue française © 1787-1788
Synonymes et Contraires

substance

nom féminin substance
Essentiel du contenu.
Le Grand Dictionnaire des Synonymes et Contraires © Larousse 2004
Traductions

substance

Substanzsubstance, matter, stuffsubstantie, stof, goedje, spul, zelfstandigheid, hoofdzaakחומר (ז), מהות (נ), מהותיות (נ), ממשות (נ), עצם (ז), עצמות (נ), חֹמֶר, מַהוּת, עֶצֶםsubstànciastof, substanssubstancosustancia, substanciasubstânciaвеществоουσίαsostanza, succo, sugoمَادَةlátkaainetvar物質물질stoffsubstancjaämneสารmaddechất物质вещество物質 (sybstɑ̃s)
nom féminin
1. matière une drôle de substance
2. en résumé, pour l'essentiel Voici en substance de quoi il s'agit.
Kernerman English Multilingual Dictionary © 2006-2013 K Dictionaries Ltd.

substance

[sypstɑ̃s] nfsubstance
en substance → in substance
Collins English/French Electronic Resource. © HarperCollins Publishers 2005