Astre lumineux

Astre fier et lointain  fait rougeoyer l’aurore

Et teinte l’horizon de lueurs incendiaires

Quelques nuages épars estompent le décor

Fatigués d’un voyage au gré des courants d’air

Les ombres de la nuit s’égarent au pied des arbres

Silhouettes sans visage aux formes estompées

S’étirant au hasard, trace indomptable et libre

Fuyant rais de lumière pour mieux se découper

Et puis sans crier gare les nues se font plus sombres

Sous assaut d’un brouillard rendant ciel impareil

Chassant tous les rayons qui perdent leur surnombre

Au jardin étourdi de n’avoir plus sommeil

Tombent, tombent les gouttes de ce voile opalin

Pour remettre du bleu au cœur du paysage

Le soleil à nouveau se fait hôte du festin

Déposant sa chaleur dans un précieux partage.

Sainte Anne

Il est parfois des lieux qui révèlent les âmes
Dont le silence apaise sans devenir muet
Où brillent au  fond du cœur mille petites flammes
Qui parlent d'espérance et d'ailleurs désuets

Plus que chœur de la nef de faste cathédrale
Je préfère l'écho des chapelles éparses
J'aime à glisser mes pas au cloitre de l'abbatiale
Contempler le  jardin tel aquatique darse

Sur les dalles vieillies des murs du mémorial
Je salue la mémoire de valeureux ancêtres
Victimes de la guerre, morts sans cérémonial
En des temps de déroute avant d'avoir pu être

Traces de souvenirs que je n'ai pas vécus
Comme des retrouvailles pour faire connaissance
Leurs noms dans le granit où ils ont survécus
Les font revivre un temps, m'inventent leur présence

La statue de Sainte Anne, mère d'une vierge illustre
Trône dans ses dorures au hasard d'une allée
Distillant sa légende derrière la balustre
Pour mieux nous inonder de doux échos de paix.

Qu'es tu donc devenu ?

Les reflets indigo de mon âme en bataille
Sont les maux de mon coeur vaincu par la mitraille
Victime des combats que prédisait l'absence
Emporté par les flots de ses propres outrances

Pour n'avoir pas su battre sur un rythme apaisé
A chercher l'indicible il s'y est épuisé
Alourdi par le poids de ceux qui n'étaient qu'ombres
Triste chemin de croix au bord de ses décombres

Ses échos se sont tus d'en avoir trop crié
Tous ses mots sont restés au fond de l'encrier
Fermant à double tour le cadenas de ses jungles
Pour ne plus ressentir les douleurs qui le cinglent

Il s'est coupé d'un  monde qui le croyait vivant
Peuplé de désamour chacun de ses instants
Cherchant dans ses souvenirs des raisons d'espérer
Il a éteint ses flammes à force d'indifférer

Etats des lieux

Un tourbillon salé affleure à mes paupières
Vils torrents intérieurs à l'heure de leurs crues
Tout mon  coeur raviné cherche son cimetière
Pour aller enterrer ses illusions perdues

Ne puis plus retenir ces larmes d'ignorance
Qui s'en vont inonder mon moi désabusé
Ne peux plus affronter trop plein d'incohérences
Quand les envies s'enfuient d'un être si usé

Je recherche un barrage pour tempérer mes flots
Avant de me noyer sur  fond d'inexistence
Même les voix qui me parlent n'ont plus le même écho
Elles se sont affaiblies sur mes désespérances

J'avais mal évalué profondeur de l'abîme
Dans lequel j'ai chuté sans en trouver l'issue
J'ai tout perdu en route jusqu'à ma propre estime
Mes rares assurances ne sont à jamais tues

Au  fond du précipice les charognards de l'âme
Attendent l'explosion pour entamer festin
Et j'implore le ciel de me fournir les armes
Pour mettre un point final à cette  vie sans dessein.

Onirisme celtique

J'ai en tête les vents de tes contrées sauvages
Sur tes sentiers d'ajoncs mes propres emblavages
Eaux puisées à la source de mes voies de halage
Violence de tes embruns comme part d'héritage

Les odeurs alléchantes des marchés de plein air
Les vaches mordorées de tes zones agraires
Les falaises abruptes de roches cinéraires
Les enclos paroissiaux des rites conciliaires

Images entremêlées, sensation de mon âme
Vécu imaginaire de mes propres dictames
Les fragrances celtiques de mes phanérogames
Volutes chimériques de riches amalgames

Étendues rocailleuses bordant ondes iodées
Visions horizontales en phares mansardés
D'horizons infinis aux rythmes désaccordés
Féeriques présages d'un esprit possédé.

Au bord de tes rivages

Un horizon si bas qu'il s'accroche aux vagues
Tant de tons déclinés sur palette de gris
Un éclat de lumière perçant telle une dague
Quand le ciel s'illumine et soudain nous sourit

Beauté surnaturelle lorsque le jour s'éveille
Ondes entrelacées viennent échouer tes grèves
Spectacle d'heures d'aurore à nul autre pareil
Des couleurs de pastel pour colorer nos rêves

Des échos maritimes, orchestre allégorique
Le vent pousse les flots sur tes granits sauvages
Les algues tourbillonnent au hasard de tes criques
Sillonnées par les pattes de mouettes en voyage

Dans le flou de la brume des voiliers en partance
Sur les eaux de tes golfes aux remous si ardents
Déjouant tous les pièges du fier flux de l'outrance
Devenant un instant de tes mers confidents

Partir

Il faudra bien un jour que je largue mes amarres
Que je perde la clé de tous mes tintamarres
J'emprunterai la  mer aux heures de mes orages
Pour rejoindre des terres qui feront mes affichages

En suivant l'horizon, j'irai à vau-de-route
Fuyant toutes voiles dehors pour trouver mon écoute
J'inventerai le vent, les sursauts de la pluie
Pour en faire compagnons égayant mon ennui

Je me ferai capitaine seul maître de mon bord
Aborderai des îles qui peindront mon décor
Et trouverai peut être des raisons d'espérer
Que demain soit une fête libre et délibérée

Et puis quand mes étiages m'échoueront sur un port
Je jetterai mon ancre sans regrets ni remords
Construirai une chaumière pour abriter mes âges
Avant qu'ils ne soient vieux aux barreaux de mes cages...

Libre

J'aimerais quelquefois être née sans attache
Au milieu de nulle part, où nul ne me connait
M'inventer des hier qui de tout me détache
Où j'pourrais à ma guise, tendresse braconner

L'esprit n'efface pas les outrances du cœur
J'aimerais quelquefois être née sans attache
Enfin perdre ma trace sur des terres d'ailleurs
Sans plus de comptes à rendre aux heures du cache cache

Suivre au gré de mes vents le vol des oies bernaches
Me fondre à l'océan pour pouvoir m'y noyer
J'aimerais quelquefois être née sans attache
N'avoir plus à entendre tous ces chiens aboyer

Chaque vie est écrite au livre du souvenir
La mémoire résonne des maux qu'elle rabâche
Si seulement elle pouvait certains jours s'abstenir

Poème d'un autre temps

Au donjon de la tour où mes jours s'emprisonnent
Les heures agonisent d'être privées de dehors
Dans le matin frisquet même les ombres frissonnent
Derrière la meurtrière qui leur sert de décor

La seule vie qui s'affiche est celle des tapisseries
Exaltant le courage de cavaliers sans âge
Quelques lés chevaleresques tout drapés de soieries
Traces d'un autre temps qui n'a plus de visage

Les vers d'un troubadour hantent mes souvenirs
Ils contaient la légende des fées de l'Avalon
Celles qui connaissaient les secrets d'élixir
Les philtres de jouvence des fleurs de papillon

Le gui coupé aux arbres au matin du solstice
Pour faire offrande au ciel tout délavé de brume
Placer jours à venir sous de tendres auspices
Respectant traditions des anciennes coutumes...

Beauté d'âme

Comment dire l'insondable de la beauté d'une âme
Une impression furtive d'un partage insensé
La richesse infinie d'intense cryptogramme
Energie de rencontres gravées à tout jamais

Quand chaque paysage hante mes horizons
Que chaque trait de brume transcende mon esprit
Me retrouver toujours comme dans ma maison
Quand je rejoins tes rives sources de ma biographie

Tes saisons sont uniques, tendres et chevaleresques
Tes parfums, tes saveurs ont goût de l'émotion
Les éclats de tes ciels, agiles arabesques
Images entêtantes de mes révélations

Chez toi, je suis chez moi, ne sais dire pourquoi
J'y retrouve la paix et la sérénité
Tous tes endroits me parlent, libèrent mes émois
Tu es ma renaissance et mon éternité