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Date de création : 03.01.2012
Dernière mise à jour :
04.06.2014
28 articles
Quand en 1996, Natasha St-Pier dévoilait au monde son tout premier album intitulé « Emergence », je parie qu’elle ne s’attendait pas à un succès aussi retentissant. Tellement retentissant que dix-huit ans après, on en entend encore les échos en Côte d’Ivoire. En réalité, selon une étude qui ne sera jamais menée mais dont je devine aisément les résultats, le mot le plus prononcé dans toutes les conversations en Côte d’Ivoire ou à propos de la Côte d’Ivoire durant ces derniers mois est sans l’ombre d’un doute, le mot « Emergence ».
Alors, qu’est-ce que l’émergence? Le terme « Emergence », du latin soutenu « dôyô-dôyô » a plusieurs sens. Dans son usage le plus courant, le mot « Emergence » désigne l’action de sortir de l’eau. La politique économique émergence a pour but de nous #BringBackOurStabilitéEconomique. (Au cas où, nous en avions dans le passé). Plus sérieusement et selon le petit Nouchi de poche 2014, l’émergence est en effet un repère temporel un peu comme la Naissance de Jésus. Une situation est dite réalisable et concrète lorsqu’elle se situe avant l’émergence. Dans le cas contraire, elle relève de l’utopie.
A titre d’exemple, on peut dire que les éléphants footballers remporteront la coupe du monde après l’émergence. Ou encore après l’émergence, l’argent circulera aisément partout et dans les poches de tous. Après l’émergence, Havard enviera l’Université de Cocody, la RTI sera comme Canal pendant que Horacio des Experts va intégrer notre police nationale. Après l’émergence, les chansons de Dj Arafat seront d’édifiantes proses rappelant les écrits d’un certain Aimé Cesaire et traiteront de sujets philosophiquement existentiels ; et Arafat fera au besoin, de la musique classique. Après l’émergence, les gbakas ne seront plus des tas de ferraille motorisée et conduits par une race étrange appelée les «Wouroufatô ». […]
Le mot « émergent » désigne aussi une chose ou une personne extraordinairement étonnante. Ainsi, on dira d’une fille qui après s’être dépigmentée ou comme dirait Molière, après s’être tchatcho, obtient un épiderme vermillon en général, noir au niveau des articulations, bleu au niveau des veines et ayant des vergetures exceptionnellement vertes, qu’elle a un teint chromatiquement émergent. [...]
Loin de moi toute idée de raillerie des hauts et merveilleux concepts étatiques mais je suis persuadée qu’après l’émergence, les ivoiriens arrêteront de rire de tout. Pour le moment, c’est plus fort que nous, nous sommes trop émergents.
Lors de son discours d'investiture à la Présidence de la République, le 10 mai 1994, Nelson Mandela, citant Marianna Williamson disait qu’ « en faisant scintiller notre lumière, nous offrons aux autres la possibilité d’en faire autant... » Jeunes influents est désormais le moyen pour vous de faire scintiller votre lumière. Un rêve devenu réalité : Jeunes influents est en plus, une réalité car tous, nous sommes influents chacun dans son domaine et selon ses capacités mais nous sommes encore plus influents ensemble. Jeunes influents est donc l’espace où tous les jeunes pourront donner leur avis avec intelligence et courtoisie. Jeunes influents, ce sont des émissions de débat, réflexion et partage d’idées traitant de sujets d’intérêt général qui influencent notre quotidien. Diffusé tous les vendredis à 20 : 50 sur les réseaux sociaux, Jeunes influents est un micro tendu à la jeunesse. Saisissons le et osons mettre des mots sur nos maux afin d’éviter le chaos. Ami jeune, ton avis compte. Partage le.
Mon oncle Issiaka Siaka, chef de village à Kèlèmangnikaha est malade. Et apparemment, c’était tellement grave que la Goudou la guérisseuse ne pouvait rien faire pour lui. Elle lui conseilla d’aller voir Lômeblan. Mais comment y aller sans la bénédiction de Lahen ? Pour tout déplacement hors des frontières de Kèlèmanginkaha, on avait besoin du laisser passer de la belle Lahen. Pourtant depuis quelques mois, Lahen était devenu aussi rare que Viande-dans-Sauce, sa copine. L’on racontait qu’elle ne circulait plus dans les rues du village parce qu’elle avait enfin trouvé du travail ! Bonne nouvelle ! On espérait tous pouvoir profiter du revenu de Lahen qui jusque là n’avait fait que racketter les maigres salaires des Hommes qui ne vivaient que pour elle. […]
Bref d’une manière ou d’une autre, on a pu retrouver Lahen pour qu’elle autorise oncle Siaka qui s’en alla, le soir même, sans témoin, chez Lômeblan. Après l’avoir tâté de partout, Lômeblan trancha que oncle Siaka Issiaka souffrait d’une sciatique, que c’était une maladie grave mais qu’en échange de quelques photos de Lahen, il pouvait le guérir. Ah la belle Lahen qu’est ce qu’elle ne pouvait pas résoudre ? Chose dite, chose faite, des rumeurs suggéraient que oncle Siaka Issiaka était délivré de sa sciatique.
Ses partisans du village se réjouissaient : « Brave-tchè faga sciatique la ! Longue vie au brave-tchè».
Ceux qui depuis toujours s’étaient présentés comme opposants à son règne étaient tristes, ils trouvaient que Lômeblan n’avait pas à s’ingérer dans nos histoires de maladie et qu’en plus Siaka Issiaka et sa sciatique formaient une belle paire.
Le jeune Qui-n’a-faux-rire, pressenti futur chef du village avait déjà commencé à débuter à penser à envisager comment est ce qu’il aurait pu réfléchir sur la possibilité de l’éventualité de devenir effectivement, comme la majorité des gens et lui-même… Bon laissons le jeune Qui-n’a-faux-rire à ses élucubrations.
Oncle Siaka Issiaka est donc guéri de sa sciatique. Il est encore chez Lômeblan mais il va revenir. Même si certains ne l’attendent pas il va revenir. Même si c’est « comment comment » tonton Issiaka Siaka est toujours sur terrain, et devant c’est sciatique !
Tu as un pont de lianes à terminer, ne traine pas trop, tonton!
Dans mon coeur, il y a cinq femmes. En voici deux, en voici trois. Si j'en marie deux, ça fait quoi? La première se nomme Adjoua. Elle vient de Otiaklamankro. Je ne l'aime pas mais mémé dit qu'elle m'a été réservée depuis le sein de sa mère et ferait une épouse soumise. J'avoue que son postérieur est vertueux même si ses seins ont l'air divorcés. Elle a un enfant, "erreur de jeunesse" m'a t'elle dit. Il est assez fréquent de trébucher, de tomber enceinte et se relever avec un enfant dans ces contrées.
Dans mon cœur, il y a cinq femmes. En voici deux, en voici trois. Si j'en marie deux, ça fait quoi?
La deuxième se nomme Prisca. Prisca, à l'envers comme à l'endroit, est un caprice, une chose qu'on désire juste comme ça. Je l'ai rencontrée la première fois dans un maquis. La deuxième fois dans un maquis. La troisième fois dans un maquis. Son père doit être disc joker car mademoiselle vit dans les maquis. Je ne sais pas ce qui m'attire chez elle. C'est le genre de fille qui dit Oui à tout. Elle est aussi évidente que 1+1. Pour sa dot, deux casiers de Drogba suffiront. Pour la suite, on improvisera, comme des danseurs de maquis. Je ne l'aime pas. C’est juste un divertissement peu coûteux.
Dans mon coeur, il y a cinq femmes. En voici deux, en voici trois. Enfin je crois. Je n’ai pas compté.
La troisième est une ancienne amie avec qui j'ai gardé de bons rapports, sexuels principalement. Elle a un nom d'Abidjan. Elle sortait difficilement d'une rupture. Je rentrais facilement dans une relation. Coup de foudre. Le même soir, nous nous sommes connu, comme Adam connut Eve, mais il n y eut ni Caïn ni Abel. Aujourd'hui, elle évolue dans une autre sélection, j'ai désormais mon propre championnat mais c'est toujours avec plaisir qu'on entretient et maintient nos rapports, sexuels principalement. Dans mon coeur, il y a cinq femmes.
En voici deux, en voici trois. Ce sont mes proies, elles sont à moi.
La quatrième s'appelle Hélène. Elle est la personnification contemporaine de la beauté. Je la vis et je compris. Je compris et je tombai. J'en étais amoureux avant même de la connaître. Le genre de personnage qu'on ne rencontre que dans un rêve, un soir de satiété. Je n'ai jamais osé lui avouer. Je suis trop jeune pour mourir d'une crise cardiaque - quand elle me dira non. On se voit souvent, on parle, enfin je lui raconte ma vie, on partage beaucoup de choses. Dans mes rêves les plus fous. Ah Hélène, je ne t'aurai jamais. Mais je t'aimerai toujours. En attendant...
Dans mon coeur, il y a cinq femmes. En voici deux, en voici trois. Il y a des gos. Et il y a des femmes.
J’aime Vanessa. C’est ma femme. Chacun a son terminus, Vanessa est mon port. C’est la seule fille dont la courbe de la fonction est adjacente à mon asymptote. Je ne sais pas ce que tout ceci signifie, il parait que les filles aiment les phrases bizarres, c’était la mienne. En réalité, je ne suis pas amoureux d’elle mais c’est la seule qui peut me donner goumin. Ah Vanessa...
Dans mon cœur, il y a cinq femmes. En voici deux, en voici trois. Et croyez moi, à sa façon, chacune y fait son petit métier.
J'avais dans ma gorge et dans mes mots, tout ce qui aux bords de mon cœur ne pouvait se contenir. Ces excédents d'amour, de frustrations, de peur, de tendresse. Et il m'arrivait parfois de les lui lâcher. Comme ça. Comme on ne saurait retenir un hoquet ou un rire. J'étais ce trop plein d'émotions débordantes et bouillonnantes dès lors que j'avais ses yeux, son visage en face de moi. C'était plus fort que moi et j'aimais ça. Etre ce petit bout d'être vivant. Peu de choses pendant ces instants ne pouvaient avoir de plus grandes importances. Il était là. Et c'était bien tout ce qui m'importait. J'avais ses yeux et son visage en face de moi. C'était plus fort que moi et j'aimais cela. Mon Dieu! J'adorais ça. Etre la seule chose qui comptait pour lui. Le fait qu'il n'ait que lui qui compte pour moi. Me lover dans ses bras, lui crier de toutes mes forces qu'il était la vie de ma vie. Wow. J'étais en train d'atteindre la félicité à chaque fois que ses lèvres effleuraient les miennes. Mon Dieu comme, c'était bon comment il savait s'y prendre. On aurait dit qu'il avait fait ça toute sa vie. Et il avait fait ça toute sa vie. Mon homme était un arnacoeur. Je le savais. Je savais qu'il savait que je savais. Mais mon cœur lui, n'en savait rien. Emporté par cette candeur infantile, chaque jour, plus que la veille, moins que le lendemain, mon cœur battait au rythme du clignement des yeux de Thomas. Je l'aimais. J'aimais l'aimer. Même si je savais qu'un jour ou l'autre, une seconde ou l'autre, cette seconde ou celle d'après, notre aventure allait prendre fin. Nous ne vivions pas une histoire d'amour. C'était bien une aventure. Rythmée de péripéties et de rebondissements, de passions privées de raison, de battements de cœur, de larmes qui coulent, de sourires en forme de banane, d'hypocrisie et de trop de vérités pas toujours bonnes à savoir. Le jour que j'ai su que Thomas n'était qu'un gigolo, un mannequin prêt à aimer- ou au moins à le faire croire-, j'ai refusé de le croire et j'ai continué à l'aimer. Voilà tout. Je l'ai pourtant vu dans cette espèce de putoir à putain [...] Mais peu importe. Je lui ai dit que je savais, il n'a pas bronché. Aucun sourcil ne s'est haussé. Aucun. Il s'en foutait. Il m'a juste volé un bout de mémoire contenu dans un bisou. Mon Dieu. On aurait pu l'appeler Alzheimer ce mignon connard de Thomas.
SOS Méli est une rubrique animée par Mireille Silué et moi même, Mélissa. Mireille se charge de recueillir ici et là des préoccupations auxquelles j'apporte des réponses plus ou moins (MOINS) satifaisantes. :)
Bonsoir Méli, j’ai un problème un peu délicat à te soumettre. Je m’appelle Yasmine, j’ai 16 ans et je vis avec mes deux parents ainsi que mon petit frère. Mon problème est le suivant, depuis quelques temps papa a des soucis à son travail et cela se reflète sur notre vie de famille. Il rentre tard, il ne nous taquine plus comme il avait l’habitude de le faire et il touche à peine à ses repas. Je suis jeune mais je sais voir quand quelque chose ne va pas alors je lui ai demandé ce qui le tracassait, « rien » m’a-t-il répondu. J’ai donc fait comme si de rien n’était. Cependant il y a une semaine, alors que je rentrais de l’école, j’ai vu ma mère descendre d’une voiture après avoir embrassé le conducteur (et pas sur la joue). L’homme en question s’avère être le patron de papa alors Méli je me retrouve dans un dilemme. Faut-il que j’en parle à papa ou est ce que je dois me taire ? Je me demande si les problèmes de papa ne sont pas liés dus cette liaison ou si comme on voit souvent dans les films, maman se vend pour lui trouver une solution. Quoi qu’il en soit je ne sais quelle attitude adopter chaque fois que je me retrouve face à l’un de mes parents. Si papa est au courant de cette liaison et surtout s’il en est le responsable je ne saurai comment le regarder. Si maman le trompe de son plein gré et qu’en plus c’est la raison pour laquelle il est si souvent anxieux c’est elle qui risque de me dégoûter. En fait tout est confus dans ma tête et j’aimerais que tu m’aides à comprendre ce qui m’arrive et ce que je dois faire.
Réponse :
J'ai longtemps hésité avant de te répondre parce que je n'ai pas le droit d'apporter un jugement à cette situation dont je ne connais ni les causes ni l'ampleur réelle des conséquences dans la vie de tous les concernés que je ne connais pas aussi. Je vais tenter de le faire cependant, par respect pour toi et dans l'espoir de te réconforter un tant soit peu. Je tiens à te dire, d'emblée que le couple de tes parents leur appartient et n'appartient qu'à eux. Par voie de conséquence, ce n'est pas ton problème si ta mère se livre à quelques exercices peu catholiques: c'est principalement, son problème et celui de ton père. Mais lorsque les choses se passent comme cela, l'ambiance transpire sur la vie de la famille qui, elle, concerne également les enfants. Tu sais, la vie n'est pas si simple et les choses ne sont pas toujours toutes noires ou toutes blanches. Et tu ne peux les juger pour ce que tu sais. En réalité, tu ne sais le pourquoi du comment de cette infidélité que tu dis avoir constatée. Quelquefois, les paroles sont d'or et le silence, d'argent. Brise ce silence. Exprime-toi. Séparément, fais comprendre implicitement à tes parents qu'ils sont les metteurs en scène du film de votre famille et que c'est à eux qu'il appartient de la réaliser. A ton père, je te propose de lui suggérer ton aide, ton soutien sans faille, ton épaule et tes oreilles. Dis lui que tu es une grande fille et que s'il souffre d'un quelconque mal, il peut compter sur toi pour l'aider à le guérir. Dis lui que tu es une grande fille qui a toujours besoin de son papa auprès d'elle et de son petit frère. Exige de lui la paternité qu'il te doit. Fais le avec la plus grande candeur. Avec ta mère, je souhaiterais que tu aies une discussion plus franche et expressive. Dis lui ce que tu as vu, ce que tu ressens. Libère toi. Tu n'as pas le droit de taire ta douleur et de ruminer ce mal qui finira par te détruire. Parlez franchement. Tu en ressortiras plus informée ou choquée et déçue. Ca dépendra; mais au moins tu seras libérée de ce lourd fardeau. Si nous devons parfois choquer, blesser, contrarier nos parents à qui nous avons quelque chose à dire, n'est-ce pas cent fois préférable plutôt que de transmettre ces paroles inconscientes à nos propres enfants? J'avoue que cette situation est bien trop délicate. Je prie pour que le plus vite possible, elle puisse être résolue. Prends bien soin de toi Yasmine et au cas où tu en ressentirais le besoin, je te laisse mes contacts personnels: appelle moi. Courage!
Et moi. Je suinte d'amour. Je dégouline de passion. Je dégueule de souffrance. Je m'écorche les doigts à force de m'empêcher de t'appeler. Je deviens schizophrène. Mes sens paniquent. Mon cerveau, saturé. Mes glandes lacrymales n'en peuvent plus. Ma gorge sèche. Mes cordes vocales massacrées à force de crier ton nom. Je m'écartèle en t'aimant. Voudrais-tu s'il te plaît, m'aimer en retour?
Tu me manques. Je ne sais ni en quelle langue ni avec quel langage je devrais te le dire pour que cela t'émeuve. J'ai passé deux ans à attendre que tu me reviennes. Plusieurs fois, en larmes, j'ai imploré ton pardon, ta clémence sous le regard incompréhensif de mes proches qui se bornent à penser qu'on ne se mérite plus. Jamais tu ne m'as acceptée. Mais je ne suis pas prête à baisser les bras. De toute ma vie et de toutes mes aventures, tu es la seule personne qui restera à jamais gravée dans le lit de mon coeur. Et que tu le veuilles ou pas, je t'ai aimé, je t'aime et même ma réincarnation t'aimera toujours aussi follement. Tu m'as dit que le vrai amour ne meurt jamais. Je reconnais avoir d'une manière ou d'une autre empoisonné le nôtre mais diantres pourquoi veux-tu l'achever? Penses-tu sincèrement qu'il ne mérite plus de vivre?
Tu connais mon caractère. Tu connais la dimension de mon égo. Tu connais mes convictions concernant les relations humaines. Tu sais comment je réagis face aux situations. Tu sais plus ou moins beaucoup de choses à mon sujet. Je ne retiens qu'une seule chose de toi: au dela de tout le mal qu'on a pu se faire, un jour, ne serait-ce que pendant une fraction de seconde, nous nous sommes aimés; et si nous avons pu le faire une fois, je suis intimement convaincue qu'il y a encore de l'espoir pour nous. Je veux que tu saches que tu es la seule personne pour qui je serais prête à lutter jusqu'à la fin. Pas par obsession. Je ne suis pas machinalement motivée par la satisfaction d'une idée arrêtée et bornée. Non!
J'ai passé deux ans à refléchir dans toutes les positions. Ma seule conclusion est que je t'aime encore. Ce n'est pas forcément réciproque. En deux ans, tu as refait ta vie, tu as de nouveaux défis. Je t'en félicite d'ailleurs car moi, je n'ai bougé d'aucun iota. Mon coeur, emporté dans le manège de la haine, a fait le tour des sentiments pour finalement revenir au point de départ. Et me revoilà encore en train de t'aimer. La balle est dans ton camp. Ta balle est sur mes tempes. Remontons s'il te plaît dans le temps.
Je ne viens pas te dire de tout plaquer pour moi. Je ne suis pas sûre de le mériter et en plus, ce serait insensé. Je veux juste avoir une place dans ta vie. Pouvoir avancer avec toi. Etre une des roues de ton carosse. La cinquième, peu importe. Tant que je serai reliée à toi, je ne me plaindrai pas.
Et puis, au milieu de toutes ces supplications, je m'arrête pour m'interroger sur la réciprocité de mes sentiments sans laquelle, tout ceci ne serait qu'un bien triste monologue. M'aimes tu en retour? S'il te plaît voudrais-tu m'aimer en retour? Et me revoici en train d'implorer un amour qui n'est peut-être plus de ce monde. Mais je ne puis me résoudre à faire semblant de te détester même si c'est le chemin le plus court. Ces mots sont la dernière volonté d'un coeur plongé depuis deux ans dans un difficile coma. Je te jure, ils sont sincères. Ils ne sont pas issus d'une quelconque méthode de manipulation. Ce n'est pas un test. Ma vie ne se resume pas à l'amateurisme de la psychanalyse. Ce ne sont pas non plus de la manipulation de mots. Ce n'est même pas du français que tu lis. Ces mots sont écrits dans la langue de mon coeur. La balle est dans ton camp. Ta balle est sur mes tempes. Voudrais-tu s'il te plait m'accorder une danse? Je promets de ne plus te piétiner les pieds.
Je demande rarement de l'aide aux gens et pourtant me voici livrée à une mendicité sentimentale sans nom que je trouve noble malgré tout. Il est noble de lutter pour ceux qu'on aime, m'a t'on dit. Desespérément, j'attends ce miracle. Je me fais pitié à force. La vie et ses scénarios malhabiles m'ont dans leur viseur. Je subis leurs aléas. Triste scène. Le rideau est tombé. Le voile est déchiré. Mais s'il te plait ne laissons pas cette amitié mourir. Quoique, je suis intimement convaincue que même si'l meurt, il ressuscitera trois jours, trois mois, trois ans, trois siècles, trois milénaires ou trois vies plus tard. Incroyable réprésentation de la foi. Ou de la folie, si on y ajoute quelques lettres.
Je vais m'arreter là. Tout a déjà été dit plus haut. Et encore plus haut, dans le ciel, cette fois, tout a déjà été écrit. Et un jour, ici ou là haut, tout sera plus beau car tu me seras revenu. Qu'il en soit ainsi. Je mets un point à mes propos. Un point "partiel" car je refuse d'associer l'idée de Fin à ton image. Voilà tout. La balle est dans ton camp. Tu m'as déjà marquée. Ta balle est sur mes tempes. Tues moi avec un "Je t'aime".
Je suis resté immobile. Tout était calme autour de nous. Il respirait très fortement. Mon dos en contact avec sa poitrine ressentait toutes ses vibrations. Nous sommes restés dans cette position pendant environ un quart d'heure. Je ne sais pourquoi je n'avais pas peur. Peut être parce que j'espérais qu'il change ma vie.
- Comment tu t'appelles? Tu veux être mon ami? Tu as quel âge?
- Ton ami? A ton âge, tu n'as pas d'ami? J'ai quinze ans. Je m'appelle Hamidou. Que fais-tu ici à pareille heure?
- Hamidou. Comment t'es tu retrouvé ici?
- Ma mère est morte. Je n'ai plus personne. Où veux tu que je sois? Et tu ne m'as toujours pas répondu.
- Je suis venu te voir parce que tu m'intéresses. Je veux être ton ami.
Tout ce temps, nous étions toujours dans la même position. Je me sentais bien comme cela. Il sentait bon. Entre deux respirations, je sentis sa main toucher la mienne.
- Oh que fais tu comme ça? J'essaie de m'endormir, vois-tu? Tu ne pourrais pas revenir dans la journée?
- Allez viens, je t'emmène. Je veux te montrer là où je vis. Et puis on pourrait manger quelque chose. Allez viens!
- Manger? Ok je te suis. Ca fait deux jours que je me nourris d'eau uniquement.
Dans mes plus beaux rêves, j'imaginais qu'il m'emmènerait dans le kiosque de Daouda, situé juste devant le marché, manger des pates. Erreur. Il me tira jusqu'à sa voiture. J'imaginais déjà les pires scénarios de meurtre. "Un adolescent assassiné dans la nuit d'hier dans la forêt du Banco". " Un orphelin lynchéprès du marché" etc... On ne commence à aimer sa vie que lorsqu'on se rend compte que d'une seconde à l'autre, on pourrait la perdre. Tout d'un coup, je regrettais tous ces remords que j'entretenais au quotidien, toute cette vaine rancune que je nourrissais... Et pourtant, j’étais assis à l'arrière de sa Mercedes, peinard, calme, muet et étrangement content. On avançait en silence sur la rue déserte qui menait au centre-ville. Il essayait de créer une conversation, sans succès. Je me demandais déjà si j'allais avoir droit à des funérailles. Maman en avait-elle eu? Après, je me suis dit que ce monsieur à l'allure responsable et issu d'un milieu très aisé avait mieux à faire que me tuer. Où était donc passé mon optimisme à son sujet? Une fois de plus, j'étais à nouveau convaincu qu'il venait changer ma vie. Mes doutes se confirmèrent lorsqu'il gara sa voiture devant un restaurant très class et me fit signe de descendre. Moi? Entrer dans un coin si chic? J'avais toujours mangé dans la rue. Toujours. Je lui fis signe de m'apporter la nourriture dans la voiture simulant de m'être endormi. C'est ce qu'il fit. Il m'apprit que ce plat s'appelait "pizza". Cela sonnait tellement bizarre à mes oreilles. Le gout était encore plus bizarre mais unventre vide n'a pas le temps de jouer à Masterchef. La dernière fois que j'avais bu une sucrerie, j'avais dix ans. C'était à l'occasion de la Tabaski. J'étais très ému. J'essayais de parler pour me convaincre que ce n'était pas un rêve. Il me regardait en souriant. Il souriait comme dans les films. Après avoir atteint la satiété, je lui dis merci. Il me dit que cela n'était rien comparé à tout ce qu'il me donnerait si j'acceptais d'être son ami. Intéressé par l'offre, je lui demandai les conditions pour devenir son ami.
- Il faut juste que tu acceptes de venir avec moi dans ma maison. Tu auras une chambre à toi tout seul. Avec une télé accrochée au mur et puis un split. Et tout ce que tu voudras.
- Une télé accrochée au mur? Il n y a pas de table chez toi? Et puis c'est quoi un split? Tu me donneras encore des "pissa"? J'aurais droit à tous les bons plats des blancs? Tu me donneras mille francs si je te le demande?
Je n'avais pas encore fini de poser mes nombreuses questions et on avait déjà pris la route. Il souriait toujours - comme dans les films. Je savais. Ma vie allait changer. C'est maman qui l’ avait envoyé, j'en étais sûr. Une chambre pour moi tout seul? Hum. Avec un lit, il avait dit. J'aimerais bien voir ça.
Je me suis réveillé le lendemain matin dans une chambre de prince avec, à mon chevet, un petit déjeuner de roi. Tout était si beau chez Alexandre. Il vivait dans une grande maison, dans un quartier reculé de la ville. Seuls deux gardiens et une gouvernante, avec de sérieux problèmes d'audition l'aidaient à peupler son château. La maison avait en son sein terrain de basket et piscine, mini cinéma et salle de jeux, plusieurs salons et chambres. Comme à la télévision. De ma fenêtre, j'avais une belle vue sur le grand jardin. J'essayais de me redresser pour prendre un croissant. C'était ma première fois que j'allais en manger. Mais je ne me sentais pas bien dans ma peau. Cette nuit avait été spéciale. Il en fut de même pour toutes les autres nuits qui l'ont suivie. Mes journées étaient paradisiaques. Je mangeais, buvais et m'amusais à volonté. Je commençais déjà à oublier toutes les affres de mon existence. C'était tout le contraire pendant mes nuits: elles étaient infernales. Alexandre avait été très gentil de me recueillir, pauvre gamin que j'étais, pour faire de moi une personne qui ne manque de rien - a priori- car en réalité, le prix de ces dons, c'était ma dignité. La première nuit, alors que j'étais déjà profondément endormi, il se glissa à coté de moi, exactement comme la première fois et il réalisa ses réelles motivations. Il me viola. Bien sur, je me suis débattu, je criais de toutes mes forces, je le frappais mais en vrai, je ne faisais que m'affaiblir. Et puis, Alexandre a une carrure imposante, il finit par prendre le dessus... Chacun de ses mouvements était un coup de marteau sur mon crâne. Larme et sang coulaient. Il était dans un état second pendant que je criais. Je le maudissais. J'appelais Dieu. Rien. Je regrettais amèrement de l'avoir suivi. Toujours rien. Le mal était déjà fait. C'était un désastre. Je me sentais vide, inutile et bon pour la poubelle. Il s'excusa et me dit, ce soir là, que ce n'était que pour un moment et qu'après j'aurais la latitude de retourner dans la rue avec tout ce que je voulais emporter. Mais nenni!
Je n'ai pas le droit de sortir. Souvent, des hommes autres qu’Alexandre, surement ses amis, viennent coucher avec moi. Je suis devenu un objet sexuel. Pire qu'une chose. Un prostitué, un gigolo. Un vil instrument de péché. On m'avait acheté avec de la nourriture, un lit, un sourire, un leurre de mieux-être. Oh Dieu pourquoi m'as tu abandonné? Alexandre me donne souvent de la drogue pour que je puisse oublier tout cela et me "surpasser au lit". Que Dieu me pardonne. Dans mes débuts, j'ai essayé une fois de me suicider mais il faut croire que même la mort ne veut plus de moi. Je me morfondais tous les jours. Je me sentais pitoyable. Mais jour après jour, je commence à m'habituer à cette vie sans échappatoire et y trouver satisfaction. Après tout, je mène une vie de prince et aucun bonheur ne s'atteint sans souffrance. J'ai perdu cette culpabilité, cette innocence, ce noble sentiment qui me faisait me sentir impur.
Si seulement, comme tout le monde, j'avais des parents, je ne me serais pas retrouvé dans la rue. Si seulement, ce maudit soir, quand il me proposa son amitié, dans la rue, je ne l'avais pas suivi, rien de tout ceci ne me serait arrivé. Si seulement, j'étais encore un mineur et que j'avais des preuves, j'aurais pu porter plainte contre ce monstre. Si seulement, quelqu'un pouvait m'aider, je me serais enfui loin de cette maison. Si seulement, il me restait un peu d'espoir et de dignité, je me serais battu corps et âme pour retrouver mon intégrité même si c'était pour retomber dans une vie de misère. [...]
Si seulement l'homosexualité n'était pas vue comme la pire des iniquités, je vivrais en de bons termes avec ma conscience et peut être que je serais plus heureux parce que de toute évidence, c'est la vie que je vais mener jusqu'à la fin de mes jours. Une vie de chien.
Facebook: Méliissa des Guéï
Twitter: @Agathe_Powa
Ce matin, je me suis réveillé, entouré de larmes, de cris, d'inconnus et de sang... coagulé. Cette nuit, maman est morte. Pour je ne sais quelle raison. Tout ce que je sais, c'est qu'en une seule seconde, je suis devenu orphelin, sans abri, sans famille, sans le sou, sans père, sans mère, sans bras dans lesquels je peux me lover et pire... sans espoir. Du bas de mes treize ans, toutes ces responsabilités me tombent là-dessus. Je suis seul, à la merci de la vie. Mis à part quelques regards curieux qui cherchent à savoir ce qui s'était passé, personne ne semble prêter attention à ma personne. Je prends la chaine que maman avait au cou et me dirige vers la porte de sortie... Et dire qu'on est dans la patrie de la vraie fraternité...
Nous vivions dans une pièce qui faisait office de chambre, salon, cuisine, salle de bain, cour et jardin, louée dans une cour-commune d’un quartier populaire de la capitale. Maman, avec son humble commerce de beignets essayait tant bien que mal de nous affranchir du joug de la misère. Elle était de ceux qui tenaient à rester dignes dans la pauvreté plutôt qu'asservis dans une pseudo-richesse. Somme toute, maman était une femme admirable, stoïque et battante. Je n'avais jamais été à l'école. Jusque là, j'étais son aide dans son commerce. Je n'en étais pas fier, pire je détestais cela mais maintenant qu'elle est partie, maman et tout ceci me manquent. Je me rendais compte, certainement trop tard qu'elle était toute ma vie, et que follement je l'aimais. Jamais je n'avais connu mon père, ce lâche qui avait fui, et abandonné ma mère, démunie, naïve et amoureuse. Que le tout-puissant Dieu, au moment venu, le rétribue sans pitié, pour cet acte...
Maman est morte. Il me faut maintenant vivre. Vivre à mes dépens. Lutter pour vivre. Travailler pour vivre. Survivre. Dans un premier temps, je tente de devenir balanceur, apprenti dans un genre de minibus communément appelé "gbaka" sous les tropiques. Pour quelques maudits sous qu'on me donne avec regret, j’accepte de me lever très tôt le matin, de courir à gauche à droite après les clients sous le soleil brulant, d’encaisser, de crier, de me coucher tard. Pas moment de répit. Aucun jour de repos. De maigres repas. Tout est coordonné pour accélérer le trépas. Je passe toute ma vie à la gare. Ce travail qui arrive à peine à me nourrir est sans que je ne le sache en train de me tuer à violents coups de fatigue, de maladie et de misère. Trop frêle et encore trop désolé par la mort de maman, je ne tarde pas à être remercié par mon patron et accueilli par la rue: la mère de tous les orphelins de mon espèce.
Je quitte la gare pour vivre au marché. J'aide les clientes qui le veulent bien à porter leurs bagages. Souvent, elles refusent, parfois elles lancent des injures, rarement, elles acceptent. Nous autres, enfants de la rue, avons pour première identité le vol, la délinquance. Pour survivre, je suis donc obligé de voler. Je vole des sourires, un peu de joie, un peu de satiété, des brins de bonheurs contenus dans des portefeuilles, des beignets, etc... Ma vie est misérable. Et chaque jour, je me réveille triste d'être encore en vie. Cela fait environ deux ans que maman est partie. J’ai toujours sa chaine, mon seul héritage. Je n'arrive pas à m'intégrer dans la vie du marché, avec les autres enfants de la rue. Je suis très souvent seul.
Ce soir, après avoir trouvé une table sous laquelle passer la nuit, je suis perdu dans mes pensées. Morphée me tend les bras quand il se glisse à coté de moi et me fait signe de ne pas faire de bruits… Je sais qu'il vient changer ma vie.