Chapitre I. — Les groupes consonantiques
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LA PHRASE.
Les groupes consonantiques
§ 212. Au point de vue de la fréquence et de la complication des groupes consonantiques notre parler occupe une place intermédiaire entre une langue comme l’italien, où les groupes sont rares, et où le mot contient en moyenne presque autant de voyelles que de consonnes, et une langue comme l’allemand, où le nombre des consonnes l’emporte considérablement sur celui des voyelles. Des sondages effectués dans des textes de folklore recueillis à Dunquin, m’ont donné, compte tenu des élisions et chutes dues au sandhi, mais sans tenir compte des sons de transition ultra-brefs, et que l’ou ne peut guère considérer comme syllabiques, une proportion de voyelles (ou diphtongues) de 43 ou 44 pour 100. La proportion serait donc sensiblement la même qu’en français.
§ 213. Deux consonnes qui se suivent peuvent comporter ou peuvent ne pas comporter un ou plusieurs éléments communs. Dans le premier cas, la position prise pour l’articulation de la première consonne est maintenue d’une consonne à l’autre dans la mesure où elle est commune aux deux consonnes, et non pas lâchée hors de l’explosion de la première, et reprise lors de l’implosion de la seconde : ainsi, dans tnɑ̃꞉hɩmʹ (tnáthaim) « je fatigue », la fin du t et le début de l’n n’est marqué que par une explosion vélaire et par le début des vibrations glottales ; dans tlɑ꞉h (tláth) « aimable, courtois », l’explosion du t est constituée par le fait que l’air commence à s’échapper par les côtés de la langue (tandis que les cordes vocales entrent en vibration), sans que la position de la partie frontale de la langue, qui forme occlusion également dans le t et l’l, ait été modifiée ; et ainsi de suite.
§ 214. En revanche, dans la mesure où les consonnes d’un même groupe n’ont pas d’éléments communs, elles sont unies entre elles de telle sorte que l’explosion de la première consonne a lieu avant que l’implosion de la deuxième soit commencée.
C’est au reste un des caractères les plus généraux de la phonétique du parler (et d’ailleurs de la phonétique irlandaise en général, quoique, peut-être, à un moindre degré) que la continuité avec laquelle les phonèmes s’enchaînent en quelque sorte progressivement les uns aux autres, les phases intermédiaires restant toujours audibles, au point de donner souvent l’impression de constituer des phonèmes distincts. Aussi est-on parfois embarrassé de tracer une limite entre les cas où le groupe consonantique est dissocié et ceux où l’on a deux consonnes entre lesquelles est perçu, comme un point vocalique, le changement de position de l’une à l’autre tenue consonantique. La démarcation est d’autant moins nette que sur ce point (l’un de ceux où le parler est actuellement en voie d’évolution) les fluctuations individuelles sont sensibles.
§ 215. Groupes de deux consonnes : constitués
1º Par une occlusive pure, sourde ou sonore, une sifflante (s ou ʃ), un f (fʹ) ou, à l’initiale modifiée grammaticalement, par une nasale, une spirante ou un h, suivis de liquide.
pʹrʹαb (preab) « sursaut » ; srɑ꞉ⁱdʹ (sráid) « rue » ; flahʹ (flaith) « prince » ; ɩ mʹlʹiꞏənə (i mbliadhna) « cette année » ; ǥɑ꞉ χlᴜꞏɛʃ (dhá chluais) « deux oreilles » ; də hlɑ̃꞉ⁱnʹtʹɩ (do shláinte) « ta santé ».
2º Par une occlusive dentale ou gutturale pure, sourde ou sonore (ou, exceptionnellement, une nasale), une sifflante (s ou ʃ) ou, à l’initiale modifiée, par une nasale, une spirante ou un h, suivis de n (nʹ) :
knɑ̃꞉v (cnámh) « os » ; gno꞉ (gnó) « affaire » ; mnɑ̃꞉ (mná), gén. et plur. de bʹαn (bean) « femme » ; ʃnʹi꞉ᵊv (sníomh) « filer » : do ǥno꞉ (do ghnó) « ton affaire » ; ɑnəhnɑ̃꞉v (anashnámh) « nage impeccable ».
Pour tnɑ꞉h, cf. § 213. Pour des groupes nouveaux comme fn- ou kʹmʹ (fᵊn‑, kʹⁱmʹ‑), cf. chap. vi.
3º Par s suivie de m (mʹ) :
smʹɩgʹi꞉nʹ (smigín) « menton ».
4º Pour les groupes initiaux : occlusive (et, à l’initiale modifiée, spirante) suivie de spirante, en voie d’apparition (gv‑, alternant avec gəv‑), cf. chap. vi.
5º s ou ʃ suivi d’occlusive pure, sourde ou assourdie.
stɑdɩmʹ (stadaim) « j’arrête ».
Pour plus d’exemples, voir les paragraphes consacrés plus haut aux différents phonèmes.
§ 216. Groupes de trois consonnes : Sont toujours constitués par sifflante + occlusive sourde ou assourdie + liquide.
sb̬ʹrʹλk (spriuc) « but, point de repère » ; stʹrʹi꞉ᵊpəχ ou ʃtʹrʹi꞉ᵊpəχ (stríopach) « putain » ; sg̬raʃtʹɩ (scraiste) « vaurien » ; sb̬lᴀᴜŋk (splannc) « éclair ».
§ 217. Les groupes implosifs n’ont jamais plus de deux consonnes. Ils peuvent être constitués par :
1º Une occlusive sourde, un d (dʹ), un h ou (dans des mots empruntés) un f (fʹ) précédés de liquide :
kɔrp (corp) « corps » ; kʹαrt (ceart) « droit » ; kʹᴇlʹtʹ (ceilt) « cacher » (pour la prononciation de tʹ dans ce cas, cf. § 30) ; kʹαrk (cearc) « poule » ; kʹirʹkʹ (circ), dat. du même mot ; kalʹkʹ (cailc) « craie » ; kʲɑ꞉rd (ceárd) « métier » ; sg̬ɑrf (scarf) « écharpe ».
Pour fɔlh, voir § 90.
En revanche b (bʹ) et g (gʹ) ne se rencontrent pas à la finale, précédés de liquides.
§ 218. 2º On peut aussi avoir une occlusive finale précédée d’une nasale homorganique (je n’ai pas trouvé d’occlusive labiale dans ce cas, quoiqu’il ne semble pas qu’il y ait là une impossibilité a priori).
kainʹtʹ (cainnt) « parler » ; bᴀᴜŋk (bannc) « banc (de poisson) », gén. bʷi꞉ŋʹkʹ (bainnc) ; ʃrʹaᴜ̃ŋg (sreang) « corde ».
En revanche on ne peut avoir à la finale une nasale ou une spirante précédée de nasale.
§ 219. 3º Occlusives précédées de spirantes ou sifflantes : les groupes usuels sont ‑χt, ‑χtʹ, et sifflante suivie d’occlusive sourde ou assourdie.
bɔχt (bocht) « pauvre » ; bɔχtʹ (boicht), gén. du même ; ərɪ꞉ʃtʹ (arís) « de nouveau » ; iꞏəsg̬, gén. e꞉ʃg̬ʹ (iasc, éisc) « poisson » ; ‑fʹtʹ dans un mot emprunté ʃᴇfʹtʹ (seift) « expédient ».
§ 220. 4º Quelques mots isolés, empruntés ou expressifs, se terminent par s précédé d’occlusive ou de nasale.
ʃαns (seanns) « chance » ; gʲλks (giucs) « un mot, une syllabe, un bruit quelconque » ; dʲλks (diucs) « forme substituée au nom du diable dans les jurons ».
Dans un mot emprunté comme mαtʹʃ (match) « allumette », sans doute faut-il considérer ‑tʹʃ´ comme un son un, correspondant, dans l’esprit des sujets parlant anglais, à anglais ‑tch ; c’est ainsi qu’on a dž, (§ 91), quoique ž, isolé, n’existe pas dans la langue (et cf. § 252).
Groupes commençant par une liquide :
1º Les groupes constitués par une liquide suivie d’occlusive sourde, de d (dʹ) ou n (nʹ), de sifflante ou de h sont des plus usuels.
ɑlpə (alpadh) « avaler » ; kʹαrtᴜ꞉ (ceartughadh) « corriger » ; kʹirʹkʹɩ (circe), gén. de kʹαrk (cearc) « poule » ; gᴀᴜldə (gallda) « étranger » ; pʹαrsəntə (pearsanta) « personnel » ; dʹi꞉lʹʃɩ (dílse), comp. de dʹi꞉lʹɩʃ (dílis) « cher » ; tʹiꞏərnə (tighearna) « seigneur » ; mì꞉arnɑ꞉ⁱlʹ (méarnáil) « tâtonner » ; fʹi꞉lʹhɩ ʃeꞏ (fillfidh sé) « il rentrera » ; dʹiꞏərhɩgʹ (d’fhiafruigh) « il demanda » ; bo꞉ⁱrʹhɩ (bóirthe), plur. de bo꞉hər (bóthar) « chemin ». De même kʹαrhᴜ꞉ et aussi kʹαhərᴜ꞉ (ceathramhadh) « quatrième ».
§ 222. 2º Les groupes r, l, (rʹ, lʹ) suivis d’occlusive sonore ou nasale non homorganique (b, bʹ, g, gʹ, m, mʹ), de spirante sonore ou de χ ne se rencontrent normalement qu’après voyelle longue ou diphtongue. Après voyelles brèves, ces groupes ont été éliminés par apparition d’une voyelle svarabhaktique.
On en relève des exemples, soit après voyelle longue ou diphtongue, soit à la jonction d’un radical et d’un élément flexionnel ou du premier terme et du second terme d’un mot composé, soit dans des mots empruntés.
On a ainsi :
mʷᴇ̈꞉rgᴜ꞉ⁱlʹ (maordhamhail) « élégant, majestueux » ; iꞏərgᴜ꞉ltə (iargcúlta) « retiré, solitaire (en parlant d’un lieu) » ; tʹi꞉ᵊrgɑ꞉ⁱlʹtʹ (tíorgáil) « se préparer à, méditer » ; dᴜꞏəlgəs (dualgas) « obligation » ; en face de mɑrəgə (margadh) « marché », etc.
tʹe꞉ᵊrmə (téarma) « terme », en face de fɔrəməd (formad) « envie ».
Notez : hʹi꞉lʹfʷi꞉ (shílfí) « on croirait » ; mɔlfər (molfar) « on louera » ; gʲɑ꞉rfər (gearrfar) « on coupera » ; kʷɪrʹfər (cuirfear) « on placera », mais dʹαrəfə (dearbhtha) « certain » (ou f > vh).
bʹì꞉alvəχ (béalbhach) « mors » ; kʹiꞏəlvər (ciallmhar) « raisonnable » ; kʲo꞉lvər (ceólmhar) « gai » ; en face de ʃαləvᴜ꞉ (sealbhughadh) « posséder ».
kʷᴇ̈꞉ᵊlχʷɪdʹ (caolchuid) « partie aveugle (mot composé) », en face de gʹαləχɑ̃꞉n (gealachán) « blanc d’œuf ».
§ 223. 3º r suivi de l, lʹ, est usuel :
bʹì꞉arlə (béarla) « langue anglaise » ; kʹi꞉ᵊrlɑ꞉ⁱlʹ (cíorláil) « bouleverser » ; kõ꞉rlʹɩ (comhairle) « conseil ».
l (lʹ) suivi de r (rʹ) est en revanche très rare. On peut cependant citer ʃi꞉ᵊlrᴜ꞉ (síolrughadh) « planter », qui prouve que le groupe n’est pas impossible (se prononce aussi ʃi꞉ᵊlᵊrᴜ꞉).
§ 224. Groupes comprenant une nasale suivie d’une consonne de moindre sonorité :
1º Les groupes constitués par nasale suivie d’occlusive ou de sifflante sont usuels ; une nasale est toujours de même organe qu’une occlusive suivante.
bʷɪ꞉mʹpʹe꞉ʃ (buímpéis) « bas » ; bᴀᴜmbərnʹɩ (bambairne) « gros bonhomme » ; kainʹtʹəχ (cainnteach) « causeur, sociable » ; kᴀᴜndᴇ̈꞉ (conndae) « comté » ; lᴀ̃ᴜ̃ŋkɑ̃꞉n (lamhancán) « marcher à quatre pattes » ; kʹα̃ŋgəl (ceangal) « lien ».
blᴀɪᵊmsəχ (bladhmsach) « flambée » ; αimʹʃɩrʹ (aimsir) « temps » ; kʲaᴜnsə (ceannsa) « aimable » ; pʹinʹʃʲλn (pinsion) « pension ».
2º Les nasales + spirante sourde (f, fʹ) ou h constituent également des groupes stables :
lʹe꞉mʹfər (léimfear) « on sautera » ; lʹi꞉ᵊnfər (líonfar) « on remplira » ; anʹhi꞉m (aithnighim) « je reconnais » (mais αhʹɩnʹɩ, cf. § 231 et 282) ; trɑ꞉nho꞉nə (tráthnóna) « soirée ».
3º Les groupes nasale + spirante sonore sont rares et ne se rencontrent qu’après voyelle longue dans un mot composé comme : dʹiꞏənvah (dianmhaith) « extrêmement bien » mais ɑnəvah (anamhaith, de ɑn et mah), comme fɔnəvər (fonnmhar) « désireux ». De même ʃαnəvʹαn (seanbhean) « vieille femme », en face de ʃαndɪnʹɩ (seanduine) « vieillard ».
§ 225. Groupes spirantes + occlusives : ‑χt- et ‑χt- sont usuels.
brᴜχtɪ꞉ᵊl (bruchtuíol) « vomir » ; krʹαχtɩmʹ (creachtaim) « je blesse » ; bɔχtʹɩ (boichte), superl. de bɔχt (bocht) « pauvre ».
§ 226. Groupes comprenant une nasale, suivie de nasale ou liquide.
1º Nasale + nasale donne lieu au développement d’une voyelle svarabhaktique : imʹɩnʹi꞉ (ou imʹⁱnʹi꞉), cf. §§ 247 et 244.
2º r (rʹ) ou l (lʹ) peuvent être précédés de la nasale homorganique n, nʹ, sans qu’une voyelle soit insérée il arrive même, particulièrement entre n et r, que soit inséré un ton de glissement d, dû au fait que le voile du palais est relevé avant que la position de la langue soit modifiée :
αinʹlʲᴜ꞉ (aidhnliughadh) « louvoyer sur place » ; ᴀᴜnlən (annlann) « assaisonnement » ; kᴜ꞉nlɩgʹ (cúnlaigh) « ramasse, rapetisse ! » ; ᴀᴜnro꞉ (annró) et aussi ᴀᴜnᵈro꞉ « dévastation » ; sg̬ᴀᴜnrə et sg̬ᴀᴜnᵈrə (scannradh) « terreur ». J’ai pourtant noté sporadiquement des prononciations comme : ᴇ̈꞉ᵊnᵊrəχ (aonrach) « solitaire » ; entre m (mʹ) et liquide, apparaît une voyelle svarabhaktique au reste peu développée (moins que dans 1º) et ne constituant pas nettement un sommet syllabique :
amʹɩlʹɩhɩ (aimlithe) « maladroit, mal fichu » ; lʹe꞉mʹⁱrʹɩgʹ (léimrigh) « sauter » ; ᴜ꞉mᵊrəsg̬ɑ꞉ⁱlʹ (iomrascáil) « lutter » ; ʃaᴜmᵊrə (seómra) « chambre ».
§ 227. Groupes comprenant une spirante suivie d’une consonne de plus grande sonorité :
1º Suivie de nasale : αχmərtʹ (eachmairt) « rut (chez les chevaux) » ; dɔχmə (dochma) « morose » ; krʹi꞉ᵊχnəhə (criochnuighthe) « terminé ».
Après spirante sonore s’intercale une voyelle légère : ɪ꞉vʹⁱnʹəs (aoibhneas) « délice ».
2º Suivi de liquide : entre la spirante et la liquide tend à s’intercaler une voyelle brève :
ɑχᵊrən (achrann) « difficulté » ; sɔχᵊrɩdʹ (sochraid) « enterrement » ; fʹiꞏəvᵊrəs (fiabhras) « fièvre ».
§ 228. Groupes commençant par une occlusive ou une sifflante :
1º Occlusive ou sifflante suivie de liquide : il tend à se développer une voyelle svarabhaktique, trop faible chez la plupart des sujets pour qu’on la considère comme syllabique, si bien que l’unité du groupe subsiste encore dans une certaine mesure ; mais la voyelle est assez nette déjà chez certains sujets.
lɑpᵊrəχɑ̃꞉n (laprachán) « lutin, kobold » ; ɑ̃mplə (ampladh) « avaler » ; ɛbʹⁱrʹɩ (oibre), gén. de ɔbʷɩrʹ (obair) « travail » ; lɑ꞉ⁱdʹⁱrʹəχt (láidreacht) « robustesse » ; ì꞉adᵊrəm (éadrom) « léger » ; ɔkᵊrəs (ocras) « faim » ; pʹiꞏəkᵊləχ (piaclach) « pénible » ; tɑgᵊrɩmʹ (tagraim) « je mentionne ».
kʷiʃⁱlʹɩ (cuisle) « pouls » ; nə hᴜꞏɛʃⁱlʹɩ (na huaisle) « les gens du monde » ; mais d’ordinaire kʷɩʃlʲɑ꞉n (caisleán) « château » (cf. § 249). La voyelle svarabhaktique est au reste moins développée devant l (lʹ) que devant r (rʹ) : lɑsᵊrəχ (lasrach) « éclair » ; gɑsᵊrə (gasradh) « une bande (de soldats, de jeunes gens) ».
§ 229. 2º Occlusive sonore suivie de nasale :
‑gn- se rencontre dans un mot composé comme dʹαrəgnɑ꞉ⁱrʹɩ (deargnáire) « grand’honte », de dʹαrəg (dearg) « rouge » et nɑ꞉ⁱrʹɩ (náire) « honte ».
Dans le corps d’un mot le même groupe a développé une voyelle svarabhaktique : αgʹɩnʹɩ (aigne) « esprit », cf. § 247.
3º Sifflante suivie de nasale :
klʹïsmərtʹ ou klʹiʃmʹərtʹ (cliosmairt) « confusion, désordre » ; mʹiʃnʹəχ (misneach) « courage » ; ɔsnə (osna) « soupir ».
3º Occlusive ou sifflante suivie de spirante : quand la spirante est sourde, le groupe subsiste (l’occlusive étant au besoin assimilée au point de vue de la sonorité, cf. § 237).
ɑkfʷɩnʹəχ (acfuinneach) « robuste, énergique » ; to꞉kfər (tógfar) « on prendra » ; tʹitʹfər (tuitfear) « on tombera » ; bʹrʹiʃfər (brisfear) « on brisera » ; kɑsfər (casfar) » on tournera ».
Quand la spirante est sonore, il y a tendance à développer une voyelle entre les deux éléments du groupe : ɑdᵊvʷɪ꞉mʹ (admhuighim) « j’avoue».
§ 230. 4º Occlusive suivie de sifflante :
Ne se trouve pas, la langue n’ayant pas de demi-occlusives : mais cf. § 91.
5º Sifflante suivie d’occlusive, sourde ou assourdie :
αsb̬ə (easba) « manque » ; laʃtʹi꞉ᵊs (laistíos) « de l’autre côté » ; fʹᴇʃg̬ʹɩnʹtʹ (feiscint) « voir » ; tʹiʃg̬ʹɩnʹtʹ (tuiscint) « comprendre » ; mʹe꞉rʹəstə (méireasta), plur. de mʹì꞉ar (méar) « doigt » ; iꞏəsg̬ʷɩrʹɩ (iascaire) « pêcheur ».
C’est par ‑ʃtʹ- qu’est rendu ‑dž‑, ‑tʃ- des emprunts anciens à l’anglais kərɑ꞉ʃtʹɩ (coráiste) « courage », etc.
6º Occlusive suivie d’occlusive : ne se rencontre qu’exceptionnellement et dans des mots empruntés comme : kɑptᴇ̈꞉n (captaon) « capitaine ».
§ 231. Groupes commençant par h :
L’équivalent des groupes explosifs commençant par h que nous avons vus § 215, n’existe pas pour les groupes implosivo-explosifs. Là où h n’a pas passé après la sonante ou la liquide qu’il précédait (§§ 221, 1º, § 224, 2º), une voyelle s’est développée : fɔhərəm (fothrom) « bruit » ; fɔhərəgə (fothragadh) « hâte » ; bɑhələχ (bathlach) « chose démolie » ; dʹᴇhɩnʹəs (deithneas) « hâte ».
§ 232. Groupes de trois consonnes :
1º Nasale ou spirante suivie d’occlusive homorganique + l, r. Dans ce cas, entre les deux derniers éléments du groupe, on aura le même son vocalique réduit que s’il s’agissait d’un groupe de deux consonnes :
ɑ̃mpᵊləχ (amplach) « vorace » ; kʲα̃ŋgᵊlɩmʹ (ceanglaim) « je lie » ; bᴜ꞉ndᵊləχ (búndlach) « gouttière » ; kõmpᵊrɑ꞉ⁱdʹ (compráid) « comparaison » ; αχtᵊrə (eachtra) « aventures ».
Type plus exceptionnel : kʹinʹʃtʹər (cinstear) « fragment ».
2º r (rʹ) suivi de h + n (nʹ) ou l (lʹ) :
to꞉rhnʲəχ (tóirneach) « tonnerre » ; bɑ꞉rhnʲəχ (báirneach) « palourde » ; iꞏərhləχ (iarthlach) « tablier » ; mʷɪnʹərhlʹɩ (muinirtle) « manche », à côté de mʷɪlʹərtʹɩ ; kʹᴇrhlʹi꞉nʹ (ceirtlín) « peloton ».
3º Sifflante suivie d’occlusive + liquide :
αʃtʹrʹi꞉mʹ (aistrighim) « je traduis ».
En revanche les groupes du type sifflante (ou spirante) + occlusive + nasale ont été simplifiés par chute de l’occlusive :
Cf. kʹᴇʃnʹəv (ceistneamh) « se plaindre » ; maχnəv (machtnamh) « réfléchir ».
4º Dans les formes verbales : groupes sifflante ou spirante + occlusive, suivie de l’f ou du t commençant une désinence verbale : löʃkʹfər (loiscfear) « on brûlera » ; tᴇ̈꞉sktər (taosctar) « on vide, épuise » ; sg̬ölʹtʹfʷi꞉ (scoiltfí) « on fendrait ». Mais aussi sg̬ölʹfʷɪ꞉.