Juristas Biograph
Juristas Biograph
IV
ANNEXE II
BIOGRAPHIES sommaires
des principaux jurisconsultes romains
destinées à faciliter la compréhension
de l’évolution du Droit romain.
V
Ses écrits, qui constituent une mine très riche de renseignements pour
l’historien du droit, se répartissent en quatre groupes :
a) sa correspondance, à son ami Atticus, son frère Quintus et ses amis;
b) ses ouvrages sur la rhétorique;
c) ses œuvres philosophiques;
d) ses plaidoyers et discours politiques.
Il doivent cependant faire l’objet d’une évaluation attentive en tenant
compte des motifs personnels, politiques, judiciaires ou spéculatifs qui le poussent
parfois à donner des informations tendancieuses, voire parfois inexactes.
DOROTHEUS (Dorothée)
Professeur de droit à Beyrouth à l’époque de Justinien. A été associé à sa
Compilation pour le Digeste, le deuxième Code et les Institutes (voy. Corpus Iuris Ci-
vilis (*) ).
Gnaeus FLAVIUS
Selon une tradition légendaire, le plébéen Gnaeus FLAVIUS, scribe du
censeur Appius Claudius, aurait dérobé à son patron, en 304 avant J.-C., les formules
des actions de la loi (legis actiones ) et les aurait rendues publiques. Ce recueil aurait
été appelé dans la suite le ius Flavianum.
Ce récit légendaire tend à prouver que le secret de la connaissance du
droit par les seuls pontifes n’était plus considéré comme indispensable et que le pro-
cessus de laïcisation de la jurisprudence était dejà bien entamé. L’apport de Flavius à
ce processus a probablement consisté à prendre progressivement note des actions
délivrées aux plaideurs et d’en constituer une sorte de formulaire.
GAIUS
Né sous Hadrien (117-138 après J.-C.), il était encore en vie en 178 après J.-
C., mais c’est à peu près tout ce que l’on connaît de certain à son propos. Il a dû pro-
fesser dans la partie orientale de l’Empire romain.
I.- Peu connu de son vivant, sa réputation s’est étendue dans tout l’Empire
à l’époque postclassique, ainsi que l’attestent les nombreuses copies de son œuvre
principale (les Institutes, v. infra) et le fait que dans la Loi des citations (*) il est cité
parmi les plus grands jurisconsultes classiques.
Sa contribution primordiale à la science juridique est constituée par ses
“Institutes”, sorte de manuel d’introduction à l’étude du droit et de la procédure ci-
vile, dont la systématique a influencé la plupart des codifications européennes des
temps modernes. Elle est basée sur la répartition de l’ensemble des phénomènes ju-
ridiques en trois parties :
Inst. 1, 8 : Omne ius quo utimur vel ad parsonas vel ad res vel ad actiones
pertinet. (tout le droit dont nous nous servons est relatif aux personnes, aux biens ou
aux actions).
Il y poursuivait l’objectif d’exposer le droit privé romain selon un plan
clair et ordonné, en classifiant les notions et les matières traitées.
A côté de cet ouvrage destiné à l’enseignement du droit, Gaius est encore
l’auteur de commentaires sur l’Edit du préteur, sur des lois particulières et sur la Loi
des XII Tables (*). Le Digeste de Justinien reprend 521 fragments de ses œuvres.
II.- Une deuxième cause de sa célébrité est due au fait que ses “Institutes”,
VI
restées en grande partie inconnues à l’époque de la réception du droit romain, n’ont
été découvertes qu’en 1816 par l’historien allemand G. Niebuhr dans la bibliothèque
capitulaire de Vérone : il s’agissait d’un manuscrit copié à la fin du IVème siècle de
notre ère, mais qui fut réutilisé, après grattage, pour recopier des lettres de Saint Jé-
rome au VIIème ou VIIIème siècle. C’est ce que l’on appelle un palimpseste (manus-
crit dont on a effacé la première écriture pour pouvoir écrire un nouveau texte : au
Moyen Âge, la rareté du parchemin rendit courant l'usage du palimpseste.). En
l’occurrence, il s’agit du palimpseste de Vérone, dont un autre savant allemand,
Stundemund, a fait une copie (apographe) reproduisant avec minutie la première
écriture.
Ce palimpseste nous est particulièrement précieux pour la connaissance
du droit romain classique parce qu’il est indemne des interpolations qui caractérisent
le Corpus iuris civilis (*) de Justinien.
Aquilius GALLUS
Élève de Quintus Mucius Scaevola ∆ , il fut préteur en 66 avant J.-C., puis
renonça à poursuivre une carrière politique pour se consacrer entièrement à sa tâche
de jurisconsulte, ce qui lui valut la considération de ses concitoyens. On lui doit, en
tant que préteur, l’introduction dans l’Édit notamment de l’action de dol (actio de dolo
(*)).
Ami de Cicéron ∆, celui-ci raconte de lui qu’il de consacrait si exclusive-
ment aux problèmes juridiques, qu’à quelqu’un qui lui demandait son avis sur un
problème de fait et non de droit, il aurait répondu “nihil hoc ad nos : ad Ciceronem” :il
n’y a là rien qui nous concerne : cela concerne Cicéron ! (lequel était avocat et s’occu-
pait donc avant tout des faits).
HERMOGENIANUS (Hermogénien)
Vivant à l’époque de Dioclétien, il est chronologiquement le dernier des
jurisconsultes à avoir été repris dans le Digeste (ce qui prouve que les Compilateurs
estimaient ses écrits). Il est l’auteur présumé du Codex Hermogenianus et l’auteur
avéré d’un recueil de règles de droit extraites d’œuvres de la période classique (iuris
epitomae libri VI ).
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Digeste en 90 livres, caractérisé par un style simple, clair et élégant, où il résoud
d’anciennes controverses de manière convaincante et contribue à atténuer les oppo-
sitions entre les Sabiniens et les Proculiens. Sa méthode est essentiellement casuis-
tique.
Son œuvre est peut-être “la plus classique” de toutes les œuvres clas-
siques. Elle est en tout cas celle que les jurisconsultes ultérieurs ont le plus citée. De
même le Digeste de Justinien (*) en contient-il de nombreux extraits.
Ulpius MARCELLUS
Fit partie des conseils d’Antonin le Pieux et de Marc Aurèle. Esprit péné-
trant, il lui est arrivé d’apporter des corrections à la doctrine de Julien ∆ .
Son œuvre principale est un Digeste en 31 livres, mais il écrivit aussi des
“notes” sur le Digeste de Julien et sur les “règles” de Pomponius ∆ .
Aelius MARCIANUS
L’un des derniers jurisconsultes classiques, il a dû vivre sous le règne de
Septime Sévère (193-211) jusqu’à celui d’Alexandre Sévère (222-235).
C’est avant tout un professeur de droit, dont les “Institutiones” en 16 livres,
bâties en partie sur le modèle des “Institutes” de Gaius ∆, constituent un intermé-
diaire entre le manuel d’introduction et le commentaire approfondi.
On ne lui connaît pas de “responsa” (réponses à des questions de particu-
liers), ce qui semble indiquer qu’il n’aurait pas eu le ius publice respondendi (*).
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(*).
Ses écrits sont essentiellement dédiés à l’enseignement, mais aussi consti-
tués par de petites monographies. Il a joui d’une grande autorité auprès des empe-
reurs postclassiques, ainsi que l’atteste la Loi des Citations (*).
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Sextus POMPONIUS
Tout ce que nous connaissons de sa vie est qu’il vécut sous les règnes
d’Hadrien (117-138) et d’Antonin le Pieux (138-161) et a dû s’occuper essentiellement
de l’enseignement et de la science du droit.
En revanche, son œuvre est considérable et prouve sa connaissance appro-
fondie des droits préclassique et classique. On lui doit un Commentaire de l’Édit
(d’au moins 83 mais peut-être bien de 150 livres), un Commentaire sur Quintus
Mucius ∆ et un troisième sur Sabinus ∆. Ces ouvrages expliquent qu’il ait été fré-
quemment cité par les jurisconsultes ultérieurs.
Mais ce qui le rend surtout célèbre de nos jours est son “Enchiridium” ,
manuel d’introduction au droit, dont le début est consacré à un exposé historique des
sources juridiques romaines, des magistratures et de la jurisprudence romaine depuis
les débuts de Rome jusqu’à l’époque de Julien ∆ . Il s’agit de la seule histoire du droit
romain écrite par un jurisconsulte romain que nous possédions.
PROCULUS
Auteur mystérieux, dont nous ne connaissons que le cognomen (surnom),
qui est né vraisemblablement entre les années 12 et 2 avant J.-C. et mort après 66.
Contemporain et rival de Sabinus ∆ , il a succédé à Marcus Cocceius Nerva père à la
tête de l’École Proculienne en l’an 33 de notre ère. Il devait donc jouir à cette époque
d’un prestige certain.
Massurius SABINUS
D’origine relativement humble, a vécu sous Tibère sans accéder aux ma-
gistratures. A l’âge de cinquante ans, il accède à la classe des chevaliers, mais il est le
premier à avoir été doté du ius publice respondendi sans avoir le rang de sénateur.
Son œuvre la plus marquante est constituée par les “tres libri iuris civilis”,
synthèse du droit civil exposé selon une nouvelle systématique (droit des succes-
sions, droit des personnes, obligations et droit des biens) et qui a servi de base aux
commentaires “ad Sabinum “ qu’en ont fait notamment Pomponius ∆ , Paul ∆ et
Ulpien ∆ .
Il a succédé à Capito ∆ à la tête de l’école qui portera son nom, celle des
Sabiniens, ce qui tend à prouver la réputation considérable dont il jouissait.
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Quintus Mucius SCAEVOLA
Fils de Publius Mucius ∆ , il fut consul en 95 et pontifex maximus (grand
pontife) en 87 avant J.-C. Figure éminente de juriste, d’homme politique et d’admi-
nistrateur, son gouvernorat de la province d’Asie en 94 est restée célèbre (voy.Texte
20). Ses 18 livres de droit civil sont la seule œuvre préclassique que l’on ait continué à
lire pendant toute la période classique : il est vrai qu’elle innovait fondamentalement
en introduisant une certaine systématique (par la classification des questions
juridiques en catégories) dans des matières exposées jusque là de manière
casuistique.
THEOPHILUS (Théophile)
Professeur de droit à Constantinople à l’époque de Justinien. A été associé
aux étapes principales de la Compilation : au premier Code, au Digeste et aux Insti-
tutes (voy. Corpus Iuris Civilis (*) ).
TRIBONIANUS (Tribonien)
Coordinateur et principal réalisateur de la Compilation de Justinien (voy.
Corpus Iuris Civilis (*) ), Tribonien nous est paradoxalement peu connu : il était
“questeur du sacré palais” au début de la Compilation et après une éclipse on le re-
trouve avec la même charge à partir de 535 après J.-C. La Compilation terminée, il
restera en poste et sera l’inspirateur des Novelles. Si l’on ajoute que Justinien n’était
pas expert en matière juridique, il est clair que c’est à Tribonien que l’on doit essen-
tiellement l’ensemble de l’œuvre législative de Justinien.
On le décrit par ailleurs comme remarquablement intelligent, mais aussi
comme cupide. Il est mort entre 541 et 543.
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plus admise aujourd’hui. Sans doute son originalité est-elle moindre que celle d’un
Julien ∆ ou d’un Paul ∆ , mais il ne manque ni d’indépendance d’esprit ni de sens
pratique.
Par contre, l’ouvrage qu’on lui attribuait naguère, les “Règles d’Ulpien” ou
“Tituli ex corpore Ulpiani” paraît bien est d’un auteur postclassique inconnu.
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