RETOUR à la case départ
Les femmes sont prêtes à tout pour vous plumer, pensait Philippe, échaudé. La vie à deux, ce n’était plus pour lui. Ses convictions furent remises en cause un soir de pluie.
Quand Philippe rentrait chez lui à Croissy, dans les Yvelines, après sa journée de bureau avec pour seule vue les tours oppressantes du quartier de La Défense, il quittait presque toujours le RER une station plus tôt. Il longeait alors le bord de Seine, dédaigné par les urbanistes et, sans égard pour ses chaussures, empruntait un sentier arboré, épargné par le béton. Le lieu était peu fréquenté, propice à la méditation. Assis sur un talus, il contemplait les flots qui, dans un parcours immuable, tantôt calmement, tantôt impétueusement, s’acheminaient vers l’aval. Ce jour-là, le fleuve s’agitait. De récentes grosses pluies l’avaient gonflé et l’on eut dit qu’il avait hâte de se débarrasser de ce surplus.
Il se remettait à pleuvoir dru et Philippe se réfugia sous un bouquet d’arbres pour y attendre une accalmie. Il voyait par endroits l’eau grignoter la rive et regretta cette époque où, gamin, il sautait à pieds joints dans les flaques qui se formaient. Le temps avait passé.
De longues et paisibles études littéraires l’avaient mené à l’agrégation, puis au poste envié de professeur à la Sorbonne. Une sérénité qui avait été brutalement brisée par un mariage catastrophique.
Celui-ci n’avait duré que quelques mois, le laissant malgré tout exsangue après son divorce. La jeune mégère qui avait fait une brève apparition dans sa vie l’avait, comme il s’en était confié à ses confrères attristés, tout simplement plumé. Seule sa maison de Croissy, qu’il tenait de ses parents, lui était restée. Il avait mis des mois à se remettre de cette désolante mésaventure, et n’aspirait plus qu’à l’oublier. Mais l’accélération brutale du débit du fleuve, qui à
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