Fallait pas toucher à ma fille
Quelques mots prononcés au téléphone par un inconnu ont brisé ma vie.
Avant, j’étais une femme heureuse. J’avais un mari que j’aimais et deux beaux enfants, un garçon, Romain, et une fille, la cadette, Colombe. Ça, c’était avant.
Je suis issue d’une famille modeste. Mes parents se sont usés toute leur vie dans un boulot mal payé. Durant mon enfance je me suis heurtée aux inégalités qui creusent un fossé entre les êtres.
A l’école, puis au lycée, on m’a fait comprendre très vite où était ma place. J’étais fille d’ouvriers… alors pas d’études supérieures pour moi !
Au lieu de me décourager, ce futur qu’on me prédisait parce que je n’étais pas venue au monde dans le bon nid a augmenté ma détermination. Il fallait que je prouve le contraire.
Je n’ai pas un physique à faire chavirer les cœurs, mais je sais me mettre en valeur et, heureusement, le ciel m’a gratifiée d’un don précieux : l’intelligence. En observant et en écoutant, j’ai vite compris que seul le savoir me donnerait la puissance et un charme supérieur à la beauté. Alors, je me suis accrochée aux études comme une tique au flanc d’un chien et j’ai décroché mon bac S avec mention très bien.
– On est fier de toi, ma fille, mais maintenant va falloir penser à trouver un boulot. Avec tes deux frangins encore à charge, on ne peut pas te payer des études, avait dit mon père en guise d’encouragement. J’avais balayé sa phrase d’un sourire agacé.
– Alors je vais me les payer, mes études. L’usine, ce n’est pas pour moi. Mon père avait haussé les épaules.
– Et avec quoi tu les payeras ? Tu crois que ta mère et moi, on a eu le choix, autrefois ?
– Justement, moi je veux l’avoir! Ce n’est plus comme avant. Aujourd’hui tout n’est pas toujours écrit à l’avance. Grâce à mes notes j’ai droit à une bourse. Je vais la demander, et aussi toutes les aides auxquelles ont droit les étudiants sans ressources familiales. Et
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