Eric Zemmour – Alain Minc: la vraie dispute

S’il leur arrive régulièrement de rigoler, c’est parce que les désaccords entre eux sont insurmontables. Ces deux hommes qui se connaissent depuis des décennies ne sont d’accord sur rien, ce qui ne les empêche pas de s’affronter avec courtoisie.

En quoi la guerre en Ukraine marquet-elle un tournant pour l’Europe?

Alain Minc Cette guerre-là n’a qu’un mérite: c’est la fin de la pensée zemmourienne. La pensée zemmourienne, c’est considérer que les hommes forts sont des sauveurs. Voici, avec Poutine, un cas typique d’homme fort devenu un naufrageur. La pensée zemmourienne, c’est considérer que « L’Europe est disloquée », or nous assistons à un sursaut européen comme nous en avons peu connu. La pensée zemmourienne ultime, c’est considérer que « l’Occident est fini ». Or on observe sa résurgence pour une raison très simple: l’Occident s’unit uniquement quand il a un ennemi commun et que l’ennemi historique de l’après Seconde Guerre mondiale est revenu. L’événement, dans tout cela, c’est évidemment l’Allemagne. En quarante-huit heures, un gouvernement plutôt de gauche a pris une mesure qui oblige la droite à le soutenir. Donc, l’AfD mise à part, une unanimité nationale allemande se crée pour qu’enfin, l’Allemagne accepte de ne plus être une grosse Suisse mais un acteur clef d’une Europe à peu près unie. Je n’ai pas dit unifiée, j’ai dit unie.

Je pourrais renvoyer mot à mot la formule d’Alain Minc et démontrer que ce conflit marque la fin de la pensée mincienne. Que défendons-nous aujourd’hui? L’intégrité des frontières et la souveraineté nationale d’un pays, alors qu’Alain Minc et tous les siens ont, depuis trente ans, brocardé, dénigré la souveraineté nationale et les frontières, éléments désuets du monde du xixe siècle. Et le