Le conflit israélo-palestinien s’ancre sur une terre âprement disputée depuis des millénaires, désormais au cœur de deux récits mémoriels. « La terre d’Israël a été le lieu de naissance du peuple juif. Là se forma sa personnalité spirituelle, religieuse et nationale. Là, il réalisa son indépendance, créa une culture de portée nationale et universelle et là il écrivit la Bible, pour la donner au monde entier. » À ces mots lus le 14 mai 1948 par David Ben Gourion, qui débutait ainsi la proclamation officielle de l’établissement de l’État d’Israël, on pourrait opposer ceux prononcés par le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas lors d’une conférence de presse le 24 mars 2017 : « Ma patrie palestinienne a une très longue histoire. Elle est un phare pour tous les peuples ; nos origines proviennent du peuple cananéen, qui a vécu il y a 3 500 ans. Notre pays existe depuis des milliers d’années, depuis la première communauté agricole de l’Histoire humaine à Jéricho, et depuis la plus ancienne ville, Jérusalem. C’est aussi Hébron, celle de notre patriarche Ibrahim, ainsi que Bethléem, la ville de la nativité de Jésus. »
Ici plus qu’ailleurs, le déplore Michael Langlois, historien et philologue spécialiste des textes hébreux et araméens anciens. L’héritage de peuples anciens est brandi pour légitimer des droits sur un territoire qui ne représente guère plus qu’un confetti sur la carte du monde, mais n’en a pas moins joué un rôle fondamental dans l’histoire de l’humanité.