Dans les années 1870, il ne fait pas bon d’être artiste pour la gent féminine. Ravalées au statut d’éternelles mineures par le Code Napoléon, les femmes vivent dans l’ombre de leurs maris. Celles qui sont bien nées sont certes autorisées à cultiver un « petit talent », mais la bienséance veut qu’il s’épanouisse dans la sphère domestique. Et pourtant… « On nous demande, avec une indulgente ironie, combien il y a eu de grandes artistes femmes. Eh ! messieurs, il y en a eu et c’est étonnant, vu les difficultés énormes qu’elles rencontrent », écrit dans son journal l’artiste d’origine ukrainienne Marie Bashkirtseff en 1878. Parmi elles, des pionnières – Berthe Morisot, Mary Cassatt, Marie Bracquemond…– s’engagent dans le mouvement impressionniste. Cent-cinquante ans après, elles sortent des oubliettes de la mémoire. À Paris, une exposition du musée Marmottan Monet consacrée à Berthe Morisot, terminée début mars, a ouvert le bal. Le musée des Beaux-Arts Jules Chéret de Nice lui rend à son tour hommage. Cette impressionniste de la première heure, longtemps marginalisée, accède enfin à la reconnaissance. « Elle a in- fluencé la peinture de son temps, mais avait progressivement disparu à partir des années 1920. Lors de la rétrospective, remarque Sylvie Patry, la commissaire de cette exposition.
LES « GRANDES DAMES » DE L'IMPRESSIONNISME
Apr 03, 2024
7 minutes
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