Tribulat Bonhomet
()
Auguste de Villiers de l'Isle-Adam
Auguste de Villiers de l'Isle-Adam, dit le « comte », puis le « marquis » de Villiers de l'Isle-Adam, est un écrivain français d'origine bretonne, né le 7 novembre 1838 à Saint-Brieuc et mort le 18 août 1889 à Paris 7e.
En savoir plus sur Auguste De Villiers De L'isle Adam
Contes cruels Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationL'Eve Future Évaluation : 4 sur 5 étoiles4/5Isis Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationContes cruels Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationAxël Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe secret de l'échafaud (1888) Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationChez les passants Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationHistoires souveraines Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationHistoires insolites Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLes contes cruels Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluation
Lié à Tribulat Bonhomet
Livres électroniques liés
Tribulat Bonhomet Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationÉloge de la paresse Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationRamuntcho Évaluation : 3 sur 5 étoiles3/5Le chateâu des Carpathes Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationL'Illustration, No. 3664, 17 Mai 1913 Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLa Pêche à rôder: Entre mémoires et essai philosophique Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationVictor, ou L'enfant de la forêt Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationMoralités légendaires: Conte Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationDans trente secondes : l'été !: Choix de textes 1958 - 2022 Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLa dernière Aldini Simon Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLa mer Évaluation : 4 sur 5 étoiles4/5Le mystère de la chauve-souris Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationRimes familières Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationOeuvres de André Lemoyne Une Idylle normande.—Le Moulin des Prés.—Alise d'Évran. Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe Mystère de la chauve-souris: Roman historique Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationDivagations Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationOdes funambulesques Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationBelgiques: Être ou ne pas être… récit Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLa Grande Marnière Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLa troisième jeunesse de Madame Prune Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLa porte condamnée: Recueil de nouvelles Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationL'Illustration, No. 0054, 9 Mars 1844 Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationL'eau profonde Les pas dans les pas Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationChateaubriand: Poésies complètes (L'édition intégrale) Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationGabriel Lambert Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLégendes rustiques Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLa guerre des Vampires Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationCours Familier de Littérature (Volume 8) Un entretien par mois Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluation
Avis sur Tribulat Bonhomet
0 notation0 avis
Aperçu du livre
Tribulat Bonhomet - Auguste de Villiers de l'Isle-Adam
The Project Gutenberg EBook of Tribulat Bonhomet, by Auguste, comte de Villiers de L'Isle-Adam
This eBook is for the use of anyone anywhere at no cost and with almost no restrictions whatsoever. You may copy it, give it away or re-use it under the terms of the Project Gutenberg License included with this eBook or online at www.gutenberg.org
Title: Tribulat Bonhomet
Author: Auguste, comte de Villiers de L'Isle-Adam
Release Date: December 26, 2005 [EBook #17399]
Language: French
*** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK TRIBULAT BONHOMET ***
Produced by Credits line: Carlo Traverso, C. Tanguy and the Online Distributed Proofreaders Europe at http://dp.rastko.net
TRIBULAT BONHOMET
par le Comte de Villiers de l'Isle-Adam
«Je m'appelle Légion.»
N.T.
Paris, Tresse & Stock, Éditeurs.
8, 9, 10, 11, Galerie du Théâtre-Français.
1887
AVIS AU LECTEUR
Nous donnons, aujourd'hui, pour initier le public au CARACTÈRE du docteur Bonhomet, d'abord trois nouvelles qui indiquent, à grands traits, l'intime de son individu.
Le Docteur prend, ensuite, lui-même, la parole et nous raconte l'histoire plus qu'étrange de CLAIRE LENOIR,—dont nous lui laissons entièrement la lourde responsabilité.
Plus un ÉPILOGUE.
Si, comme nous sommes fondés à le craindre, ce Personnage (incontestable, s'il en fut!) obtient quelque vogue, nous publierons, bientôt, non sans regrets, les ANECDOTES dont il est le héros et les APHORISMES dont il est l'auteur.
VILLIERS DE L'ISLE-ADAM.
AUX CHERS INDIFFÉRENTS
LE TUEUR DE CYGNES
«Les cygnes comprennent les signes.»
VICTOR HUGO.Les Misérables[1].
[Note 1: Inutile (pensons-nous) d'ajouter qu'en cette authentique citation, ce n'est pas l'Auteur de La Bouche d'ombre qui parle,—mais simplement l'un de ses personnages. Il serait peu juste, en effet, d'attribuer à un Auteur même les prud'homies, monstruosités blasphématoires ou vils jeux de mots—que, pour des raisons spéciales et peut-être hautes—il se résout, tristement, à prêter à certains Ilotes de son imagination.]
A Monsieur Jean MARRAS.
A force de compulser des tomes d'Histoire naturelle, notre illustre ami, le docteur Tribulat Bonhomet avait fini par apprendre que «le cygne chante bien avant de mourir».—En effet (nous avouait-il récemment encore), cette musique seule, depuis qu'il l'avait entendue, l'aidait à supporter les déceptions de la vie et toute autre ne lui semblait plus que du charivari, du «Wagner».
—Comment s'était-il procuré cette joie d'amateur?—Voici:
Aux environs de la très ancienne ville fortifiée qu'il habite, le pratique vieillard ayant, un beau jour, découvert dans un parc séculaire à l'abandon, sous des ombrages de grands arbres, un vieil étang sacré—sur le sombre miroir duquel glissaient douze ou quinze des calmes oiseaux,—en avait étudié soigneusement les abords, médité les distances, remarquant surtout le cygne noir, leur veilleur, qui dormait, perdu en un rayon de soleil.
Celui-là, toutes les nuits, se tenait les yeux grands ouverts, une pierre polie en son long bec rose, et, la moindre alerte lui décelant un danger pour ceux qu'il gardait, il eût, d'un mouvement de son col, jeté brusquement dans l'onde, au milieu du blanc cercle de ses endormis, la pierre d'éveil:—et la troupe à ce signal, guidée encore par lui, se fût envolée à travers l'obscurité sous les allées profondes, vers quelques lointains gazons ou telle fontaine reflétant de grises statues, ou tel autre asile bien connu de leur mémoire.—Et Bonhomet les avait considérés longtemps, en silence,—leur souriant, même. N'était-ce pas de leur dernier chant dont, en parfait dilettante, il rêvait de se repaître bientôt les oreilles?
Parfois donc,—sur le minuit sonnant de quelque automnale nuit sans lune,—Bonhomet, travaillé par une insomnie, se levait tout à coup, et, pour le concert qu'il avait besoin de réentendre, s'habillait spécialement. L'osseux et gigantal docteur, ayant enfoui ses jambes en de démesurées bottes de caoutchouc ferré, que continuait, sans suture, une ample redingote imperméable, dûment fourrée aussi, se glissait les mains en une paire de gantelets d'acier armorié, provenue de quelque armure du Moyen âge, (gantelets dont il s'était rendu l'heureux acquéreur au prix de trente-huit beaux sols,—une folie!—chez un marchand de passé). Cela fait, il ceignait son vaste chapeau moderne, soufflait la lampe, descendait, et, la clef de sa demeure une fois en poche, s'acheminait, à la bourgeoise, vers la lisière du parc abandonné.
Bientôt, voici qu'il s'aventurait, par les sentiers sombres, vers la retraite de ses chanteurs préférés—vers l'étang dont l'eau peu profonde, et bien sondée en tous endroits, ne lui dépassait par la ceinture. Et, sous les voûtes de feuillée qui en avoisinaient les atterrages, il assourdissait son pas, au tâter des branches mortes.
Arrivé tout au bord de l'étang, c'était lentement, bien lentement—et sans nul bruit!—qu'il y risquait une botte, puis l'autre,—et qu'il s'avançait, à travers les eaux, avec des précautions inouïes, tellement inouïes qu'à peine osait-il respirer. Tel un mélomane à l'imminence de la cavatine attendue. En sorte que, pour accomplir les vingt pas qui le séparaient de ses chers virtuoses, il mettait généralement de deux heures à deux heures et demie, tant il redoutait d'alarmer la subtile vigilance du veilleur noir.
Le souffle des cieux sans étoiles agitait plaintivement les hauts branchages dans les ténèbres autour de l'étang:—mais Bonhomet, sans se laisser distraire par le mystérieux murmure, avançait toujours insensiblement, et si bien que, vers les trois heures du matin, il se trouvait, invisible, à un demi-pas du cygne noir, sans que celui-ci eût ressenti le moindre indice de cette présence.
Alors, le bon docteur, en souriant dans l'ombre, grattait doucement, bien doucement, effleurait à peine, du bout de son index moyen âge, la surface abolie de l'eau, devant le veilleur!… Et il grattait avec une douceur telle que celui-ci, bien qu'étonné, ne pouvait juger cette vague alarme comme d'une importance digne que la pierre fût jetée. Il écoutait. A la longue, son instinct, se pénétrant obscurément de l'idée du danger, son coeur, oh! son pauvre coeur ingénu se mettait à battre affreusement:—ce qui remplissait de jubilation Bonhomet.
Et voici que les beaux cygnes, l'un après l'autre, troublés, par ce bruit, au profond de leurs sommeils, se détiraient onduleusement la tête de dessous leurs pâles ailes d'argent,—et, sous le poids de l'ombre de Bonhomet, entraient peu à peu dans une angoisse, ayant on ne sait quelle confuse conscience du mortel péril qui les menaçait. Mais, en leur délicatesse infinie, ils souffraient en silence, comme le veilleur,—ne pouvant s'enfuir, puisque la pierre n'était pas jetée! Et tous les coeurs de ces blancs exilés se mettaient à battre des coups de sourde agonie,—intelligibles et distincts pour l'oreille ravie de l'excellent docteur qui,—sachant bien, lui, ce que leur causait, moralement, sa seule proximité,—se délectait, en des prurits incomparables, de la terrifique sensation que son immobilité leur faisait subir.
—Qu'il est doux d'encourager les artistes! se disait-il tout bas.
Trois quarts d'heure, environ, durait cette extase, qu'il n'eût pas troquée contre un royaume. Soudain, le rayon de l'Étoile-du-matin, glissant à travers les branches, illuminait, à l'improviste, Bonhomet, les eaux noires et les cygnes aux yeux pleins de rêves! Le veilleur, affolé d'épouvante à cette vue, jetait la pierre…—Trop tard!… Bonhomet, avec un grand cri horrible, où semblait se démasquer son sirupeux sourire, se précipitait, griffes levées, bras étendus, à travers les rangs des oiseaux sacrés!—Et rapides étaient les étreintes des doigts de fer de ce preux moderne: et les purs cols de neige de deux ou trois chanteurs étaient traversés ou brisés avant l'envolée radieuse des autres oiseaux-poètes.
Alors, l'âme des cygnes expirants s'exhalait, oublieuse du bon docteur, en un chant d'immortel espoir, de délivrance et d'amour, vers des Cieux inconnus.
Le rationnel docteur souriait de cette sentimentalité, dont il ne daignait savourer, en connaisseur sérieux, qu'une chose,—LE TIMBRE.—Il ne prisait, musicalement, que la douceur singulière du timbre de ces symboliques voix, qui vocalisaient la Mort comme une mélodie.
Bonhomet, les yeux fermés, en aspirait, en son coeur, les vibrations harmonieuses: puis, chancelant, comme en un spasme, il s'en allait échouer à la rive, s'y allongeait sur l'herbe, s'y couchait sur le dos, en ses vêtements bien chauds et imperméables.
Et là, ce Mécène de notre ère, perdu en une torpeur voluptueuse, ressavourait, au tréfond de lui-même, le souvenir du chant délicieux—bien qu'entaché d'une sublimité selon lui démodée—de ses chers artistes.
Et, résorbant sa comateuse extase, il en ruminait ainsi, à la bourgeoise, l'exquise impression jusqu'au lever du soleil.
MOTION
DU
Dr TRIBULAT BONHOMET
TOUCHANT
L'UTILISATION DES TREMBLEMENTS
DE TERRE [2]
[Note 2: A la nouvelle des très horribles tremblements de terre (des fin février et 1er mars 1887),—phénomènes qui désolèrent le Midi,—l'illustre Docteur crut de son devoir d'adresser aux bureaux de nos deux Chambres la présente MOTION, dont l'urgence,—malgré le voeu secret d'une double majorité,—fut (du moins au dire énergique de Bonhomet lui-même), remise aux «calendes grecques».
Nous n'ajoutons que l'épigraphe, pour indiquer le la particulier à l'intonation professorale du célèbre spécialiste.]
Quand Pharamond ceignit la tiare, la France n'était qu'une vaste étendue paludéenne,—bien plus propre aux ébats du canard sauvage… qu'au jeu régulier des Institutions constitutionnelles. UN SAGE MODERNE.
A Monsieur Gustave GUICHES.
«—Arpentons-nous un terroir de fantaisie dont nous sommes les… capucins de cartes?
«Quoi! venant de fêter, derechef, une naïve tradition de nos pères,—ces jours gras dont s'extasie la jeunesse,—voici qu'au moment où nous allons nous livrer au sommeil les cours d'honneur de nos plus conséquents hôtels, en notre capitale, se voient envahies, à l'arrivée des trains du soir, par des hordes plus que sommairement vêtues (quelques dames ayant poussé la terreur jusqu'à l'impudicité), voici que les majordomes, se croyant les jouets d'hallucinations morbides,—sinon d'une sortie de bal de barrière,—ne peuvent que béer à ce spectacle, tandis que, mandés en toute hâte et présumant déjà quelque nouvelle fumisterie d'anarchistes, les accourus gardiens de cette paix,—qui nous est plus chère que toute chose excepté la vie,—se caressent silencieusement l'impériale au narré des confidences, trémolantes encore, de tous ces voyageurs qu'ils écoutent d'une oreille distraite, en les enveloppant de regards obliques et soupçonneux!
«—Vraiment, lorsqu'au lu des dépêches méridionales l'électricité contraignit chacun de se rendre à l'évidence, nous ne sûmes, avouons-le, que penser. C'était à se croire en plein Moyen-âge!»
«Comment d'aussi mélodramatiques phénomènes peuvent-ils encore se produire au milieu de nos civilisations constitutionnelles et régulières? Cela ne répugne-t-il pas au Sens-commun! Ces cataclysmes, aujourd'hui sans raison d'être, et qui ont fait leur temps, riment-ils à quelque chose? Non pas! Ils choquent, simplement, toutes les idées reçues et ne sauraient qu'exiger une prompte répression. Quoi! dans notre siècle de lumières, six mille personnes, pour la plupart honorables, ne peuvent innocemment prendre le frais sans être exposées