Decamerone Londonien: L'histoire en histoires
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Heinz Landon-Burgher
Es sind die ersten Kriminalgeschichten, die dieser Autor schreibt. Es handelt sich nicht um Mord und Totschlag, sondern es sind eher betrügerische Geldgeschäfte
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Aperçu du livre
Decamerone Londonien - Heinz Landon-Burgher
Sommaire
Une journée à Londres
I like London (1.1)
Conversations politiques (1.2)
Sur la Côte d’Azur (1.3)
Pubs londoniens (1.4)
Le deuxième jour
La maison à East End (2.1)
Munich (2.2)
Les terrasses de la Tamise (2.3)
La Tour de Londres (2.4)
Retrouvailles après tant d’années (2.5)
Une famille hors du commun (2.6)
Préparations de guerre (2.7)
Réalité allemande (2.8)
La politique du Secret Intelligence Service (2.9)
Premières opérations militaires (2.10)
Drôle de guerre (2.11)
Blitzkrieg (2.12)
Le gouvernement français en exil (2.13)
Après la guerre (2.14)
Séparation (2.15)
Troisième jour
Croisière sur la Tamise (3.1)
Nancy Astor (3.2)
L’abbaye de Westminster (3.3)
War Rooms (3.4)
Salle des cartes (3.5)
Le musée (3.6)
Caricatures (3.7)
Peinture (3.8)
Proverbes (3.9)
Lignes de vie (3.10)
La guerre des Boers (3.11)
L’importance de la femme (3.12)
Ministre des Finances (3.14)
French House (3.15)
Quatrième jour (4)
Art Gallery (4.1)
Déjeuner (4.2)
British Museum (4.3)
Buckingham Palace (4.4)
Eaton Square (4.5)
La guerra parallela (4.6)
Cinquième jour (5)
Saint Paul (5.1)
La Cité de Londres (5.2)
Temple Avenue (5.3)
Les débuts de l’aviation (5.4)
La fuite (5.7)
Spéculation (5.10)
Une journée à Londres
I like London (1.1)
C’est une ville imprégnée d’histoire comme aucune autre.
Dès le premier jour de mon séjour, je me rendis à Hyde Park pour m’y promener. Je commençai ma promenade en passant près du Lancaster Gate. J’avais loué un appartement dans les environs. Les parcs londoniens sont des lieux incontournables. Le climat humide avait coloré l’herbe d’un vert saturé que je ne connaissais que du paysage préalpin. Le parc grouillait d’hommes et de femmes qui faisaient leur footing ; presque tous étaient jambes nues, alors même que l’hiver approchait. Toutefois, les températures étaient encore très agréables.
Les Londoniens sont férus de chiens : ils en promènent jusqu’à six, tenant trois laisses dans chaque main. Et pour autant, on ne trouve aucune crotte. Les Anglais sont disciplinés. Contrairement aux Français, notamment dans le sud du pays, sur la Côte d’Azur, où le sol des lieux de vacances les plus prisés est jonché de déjections.
Les feuilles étaient encore accrochées aux arbres, de nombreux arbustes étaient en fleurs et les cyclamens s’épanouissaient non loin. Traversant les magnifiques jardins à l’italienne et contournant les charmants bassins, j’atterris finalement au Speakers’ Corner. J’aurais voulu être photographe pour immortaliser toutes ces beautés et les publier dans un livre que j’aurais appelé Impressions de Londres. Tout ce que j’avais vu auparavant à la télévision ne me paraissait guère égaler la splendeur que j’étais en train d’admirer ici, in natura.
Speakers’ Corner
Je le remarquai immédiatement. Il se trouvait avec un petit groupe de personnes qui écoutait un homme tatoué sur tout le corps et le regardait se déshabiller petit à petit, exhibant tous ses tatouages. Il s’exclamait et répétait en criant : « I’m a human being », alors que personne ne remettait en question cette affirmation.
J’avais moi aussi certainement attiré l’attention de cet auditeur que j’avais remarqué, car il vint vers moi et me demanda quelque chose ; non pas d’où je venais, ni comment je m’appelais, mais comment je trouvais la prestation de l’orateur. À vrai dire, je n’aime pas les tatouages. Je n’arrive tout simplement pas à comprendre comment quelqu’un peut être capable de dénaturer son corps. Je n’avais pas grand-chose à dire à propos de ses déclarations. L’homme tatoué parlait des quatre libertés que l’Homme devait avoir selon le président américain Franklin Delano Roosevelt et pour lesquelles les soldats américains sont partis combattre pendant la Seconde Guerre mondiale.
Bohemians of Bigger London
L’inconnu qui m’avait abordé s’y connaissait mieux que moi. Il était capable de me dire que les tatouages que portait cet homme étaient inspirés du peintre américain Norman Rockwell. Il me raconta aussi que cet individu faisait ce spectacle depuis des années et qu’il le connaissait personnellement. Ils étaient tous les deux membres d’un groupe informel de « Bohemians of Bigger London », travaillaient occasionnellement ensemble et organisaient des représentations et des événements dans des cafés et des bars. Le rôle de ma nouvelle connaissance consistait avant tout à raconter des récits, des anecdotes, des blagues et surtout des histoires farfelues. Il était très doué pour les langues ; il en parlait d’ailleurs
plusieurs et était capable de narrer des histoires dans presque toutes les langues. C’est pour cette raison qu’on l’appelait « Tusitala, le conteur de mille histoires ». Un nom qui avait été donné autrefois à l’auteur de L’Île au trésor par les habitants des Samoa, où il finit ses jours.
Hyde Park
Tandis que nous bavardions, nous longeâmes le lac Serpentine, passâmes par l’Albert Memorial, continuâmes en direction du magnifique Kensington Palace, où la Reine Victoria – qui donna son nom à une toute autre époque – résida autrefois, et arrivâmes devant la fontaine commémorative de Diana, princesse de Galles. Nous contemplâmes également la statue de Peter Pan avant de revenir finalement à mon point de départ, le Lancaster Gate. Nous étions tellement plongés dans notre conversation que nous poursuivirent notre promenade et retournâmes pour finir au Speaker’s Corner.
Conversations politiques (1.2)
Liberté de vivre à l’abri de la peur
Notre conversation tournait autour des quatre libertés : la liberté d’expression, la liberté de religion, la liberté de vivre à l’abri du besoin et la quatrième liberté, celle de vivre à l’abri de la peur. Cette quatrième liberté était une promesse du président américain faite à l’humanité : créer un monde sans crainte dès que la paix serait revenue après la Seconde Guerre mondiale. Il avait promis cette Pax Americana à une période où les États-Unis ne s’étaient pas encore engagés dans la guerre. La promesse qu’il n’y aurait plus jamais de guerre, que la paix éternelle devait régner, qu’Hitler serait vaincu. La promesse d’une paix mondiale menée par les Américains. Mais pour cela, les États-Unis devaient entrer en guerre.
L’entrée en guerre
Churchill avait hâte de voir les États-Unis entrer en guerre, car après la défaite de Dunkerque et la capitulation de la France, l’Angleterre n’était plus capable de poursuivre la guerre sans l’aide des Américains. En revanche, le peuple américain n’avait aucune envie de s’engager à nouveau dans une guerre mondiale comme en 1917. Toutefois, pour Churchill, il était évident que l’Angleterre ne pouvait gagner une guerre qui serait européenne. Elle ne pouvait que remporter une guerre mondiale, aux côtés des États-Unis. Roosevelt lui avait déjà promis en 1932 : « Nous anéantirons l’Allemagne, et cette fois-ci, définitivement. »
Norman Rockwell
Pour illustrer cette quatrième liberté, le peintre américain a peint un tableau mystérieux. L’homme tatoué le portait sur sa poitrine, et ce à l’endroit le plus visible. Un jeune garçon et sa petite sœur étaient allongés, côte-à-côte, dans un lit, malades. Père et mère se tenaient à côté et s’occupaient de leurs enfants endormis.
Interprétation
Les parents qui veillent sur leurs enfants représentent les deux puissances mondiales : l’Oncle Sam et Britannia. Tout comme les enfants peuvent avoir une confiance totale, l’ensemble de la société n’a aucune raison de craindre ces deux puissances. Ils protègeront tous les peuples. Mais pour cela, ces derniers doivent d’abord être désarmés afin qu’ils ne puissent plus se battre. Un monde sans armes ne pourrait plus causer de guerres ; le salut et le bien-être, quant à eux, ne seraient plus garantis que par les États-Unis et la Grande-Bretagne. Le désarmement concernerait en premier lieu l’Allemagne : « Plus jamais un Allemand ne tiendra une arme dans sa main. » Puis, ce sera au tour du Japon de capituler sans condition et de renoncer à tout armement militaire.
Peu à peu, toutes les autres puissances devront être démilitarisées.
La Charte des Nations unies
Cette idée est également exprimée dans la Charte des Nations unies, élaborée en 1941 par Churchill et Roosevelt. Entre le 9 et le 12 août de cette année, les deux chefs d’État se sont rencontrés, dans le plus grand secret, sur le bateau de bataille HMS Prince of Wales dans la baie de Plaisance, près de Terre-Neuve. Juste avant cela, Hitler avait renversé l’Union soviétique. Les deux hommes partaient donc du principe que le chef du parti nazi vaincrait et qu’ils pourraient ensuite facilement réduire à néant l’armée allemande affaiblie. D’autant plus que l’armement que Roosevelt avait commencé à déployer en 1932 et qui constituait alors le plus puissant qu’un État n’avait jamais mis en place, serait opérationnel en 1942 selon la « règle des dix ans ». Le paragraphe 8 dit : « Nous sommes convaincus que toutes les nations du monde, pour des motifs aussi bien réalistes que spirituels, devront finir par renoncer à l'usage de la violence. Puisqu'à l'avenir aucune paix ne saurait être durable tant que les nations qui menacent de commettre des actes d'agression continueront à disposer d'armements, nous sommes convaincus qu'il est essentiel de désarmer ces nations. En outre, nous entendons encourager toutes autres mesures susceptibles d'alléger, pour les peuples pacifiques, le fardeau des armements. »
Apolitique
Je ne pouvais qu’écouter Houston. Il me racontait tant de choses nouvelles. J’ai moi-même été élevé dans un environnement totalement apolitique, comme toute ma génération. Je savais seulement qu’il n’y aurait plus jamais de guerre après la défaite d’Hitler. J’en étais convaincu. Il était inimaginable qu’un fou entraîne à nouveau le monde dans une telle guerre d’anéantissement comme il l’a fait. Hitler était un cas unique, c’était évident. Tous mes camarades de classe pensaient comme moi, et mes professeurs le disaient aussi.
Je trouvais très altruiste de la part des Américains de vouloir nous protéger de façon désintéressée et qu’ils prennent à leur charge entière la responsabilité de l’armement. Je fis part de cette réflexion à mon nouvel ami. Il n’était pas vraiment du même avis. Aujourd’hui, je ne le suis plus non plus. « Plus jamais de guerre », c’était une promesse vide des alliés. En disant cela, ils dissimulaient seulement leur aspiration à devenir les seuls maîtres du monde.
Rêve et réalité
Cependant, la guerre ne se déroula pas tout à fait comme Churchill et Roosevelt l’avaient imaginé. Le bolchévisme ne fut pas écrasé et Staline en sortit plus fort, vainqueur de cette guerre. C’est lui qui envahit Berlin, non les Américains ou les Anglais. Il occupa le centre de la capitale et leur céda de son plein gré seulement quelques secteurs à l’ouest de la ville.
Dans le Pacifique, Tchang Kaï-chek n’était pas parvenu à vaincre les Japonais. Les États-Unis durent intervenir eux-mêmes pour les vaincre. Le généralissime perdit même la Chine continentale, conquise par le nouvel allié de Staline, Mao Tsé-toung, dans une « longue marche ». Le bolchévisme s’imposa donc également à l’Est. Il ne resta à la République de Chine que la petite île de Taïwan, autrefois appelée Formosa.
De la guerre ressortirent deux nouvelles puissances mondiales avec lesquelles les États-Unis et la Grande-Bretagne durent partager l’hégémonie mondiale. Tous deux durent accorder le même droit de véto aux Nations unies. Ils n’étaient plus seulement deux, mais quatre à avoir leur mot à dire. Cela signifiait que la guerre pour la suprématie allait continuait, s’éloignant toujours un peu plus de la paix éternelle.
La guerre eut pour seul résultat la destruction totale de l’Allemagne et du Japon.
L’opération Unthinkable
Churchill l’a reconnu : « J’ai tué le mauvais cochon. » Il voulait déjà reprendre la guerre seulement un jour après l’armistice en mai 1945. Il fit regrouper les armes des plus de cinq millions de soldats allemands emprisonnés. Elles devaient leur être remises pour qu’ils puissent continuer la guerre contre les Russes ensemble, aux côtés des États-Unis et de la Grande-Bretagne. Or, les généraux américains refusèrent. Malgré la considérable supériorité matérielle, les pertes causées par le débarquement en Normandie et les combats à l’Ouest se sont révélées être au final plus lourdes qu’annoncées. Il était impossible de continuer la guerre sans interruption. On en vint alors à la guerre froide. C’en était autrement dans l’Est lointain.
Une guerre après l’autre
La guerre continua immédiatement là où elle avait commencé, dans la région du Pacifique, en Corée, où les Américains avaient donné à Tchang Kaï-chek des armements et des fonds pour combattre le Japon. Lorsque les États-Unis voulurent occuper ces riches colonies une fois les Japonais chassés, les Coréens s’y opposèrent. Trois millions de morts, tous coréens. Voilà ce qu’ont coûté les interventions militaires des Américains. Jusqu’à aujourd’hui, le nord de la Corée n’a pas encore été conquis. Dans cette région, l’armistice peut s’interrompre à tout moment. À l’heure actuelle, la situation semble particulièrement épineuse.
Puis, vint le Vietnam, qui ne voulait pas laisser la France, alors puissance coloniale, prendre le pouvoir. Les États-Unis comptaient en profiter pour y asseoir eux-mêmes leur hégémonie. Mais malgré une extrême cruauté, par exemple avec le largage de bombes au napalm, cela n’a pas suffi aux États-Unis pour vaincre.
L’intervention en Iran, la guerre contre Saddam Hussein en Irak, celle en Serbie, contre Kadhafi en Libye, l’armement des opposants en Syrie pour susciter la guerre civile et l’implication des États-Unis dans plus de mille deux cents interventions militaires : voilà le résultat de la promesse d’un monde sans crainte et de la réalisation du rêve de la paix éternelle.
Cela me fait penser à ce que disait Brecht : « Le rêve de paix n’est plus un rêve, mais la dure réalité. »
Sur la Côte d’Azur (1.3)
Souvenirs
Les échanges que nous entretinrent nous rapprochèrent avec une étonnante rapidité. J’en appris beaucoup sur sa famille, son enfance et sa jeunesse. Sur le fait qu’il prit tôt une autre voie que celle qu’auraient voulu ses parents, différente de la tradition familiale, sur le fait qu’il n’ait pas étudié à Oxford pour ensuite gravir les échelons. À la place, il devint vagabond et globetrotteur avant de devenir écrivain indépendant. Quand il était jeune, il aimait camper avec ses amis sur la côte méditerranéenne française. Des souvenirs ressurgirent chez lui comme chez moi. C’est ainsi que nous nous rappelâmes que nous nous étions déjà rencontrés quelques années après la Seconde Guerre mondiale sur une plage de Nice, devant le Negresco.
À l’époque, la plage était encore pleine de gros graviers. Ce n’est que plus tard que le sable y fut acheminé. Aujourd’hui, l’ensemble des hôtels et des restaurants appartiennent à de riches magnats du