Au malheur de l'identité
Par Stéphane Bret
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À propos de ce livre électronique
Durant l'Occupation, il s'engagera dans les rangs de la Collaboration ; ce qui le perdra. Une histoire individuelle, au coeur de l'Epuration de l'après-guerre.
Stéphane Bret
Stéphane BRET est l'auteur de dix romans, et d'un recueil de nouvelles .
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Aperçu du livre
Au malheur de l'identité - Stéphane Bret
Sommaire
AU MALHEUR DE L’IDENTITÉ
L’AUDITION CHEZ LE JUGE : Jeudi 22 mars 1945
LES ANNÉES 30 D’ÉDOUARD DESPREZ
L’AUDITION CHEZ LE JUGE : Lundi 16 avril 1945
LES ANNÉES 30 D’ÉDOUARD DESPREZ
LES ANNÉES 30 D’ÉDOUARD DESPREZ : Lundi 30 avril 1945
LES ANNÉES TRENTE D’ÉDOUARD DESPREZ
L’AUDITION CHEZ LE JUGE : Lundi 14 mai 1945
LES ANNÉES 40 D’ÉDOUARD DESPREZ
L’AUDITION CHEZ LE JUGE : Lundi 4 juin 1945
LES ANNÉES 40 D’ÉDOUARD DESPREZ
L’AUDITION CHEZ LE JUGE : Lundi 18 juin 1945
ÉPILOGUE
AU MALHEUR DE L’IDENTITÉ
« C'est une dangereuse chose que la conscience ! Elle rend tout le monde poltron. Un homme ne peut pas voler qu'elle ne l'accuse ; un homme ne peut jurer dans un besoin qu'elle ne le gourmande ; un homme ne peut séduire la femme de son voisin qu'elle ne le trahisse. C'est une espèce de lutin au front timide et toujours prêt à rougir qui se révolte dans notre sein. Elle vous suscite mille obstacles à vos projets. Elle réduit à la mendicité celui qui l'écoute ; aussi est-elle bannie de toutes les villes et cités comme un ennemi pernicieux ; et tout homme qui veut vivre à son aise fait ses efforts pour ne s'en rapporter qu'à soi, et se passer d'elle. »
William Shakespeare - Richard III (1592)
L’AUDITION CHEZ LE JUGE
Jeudi 22 mars 1945
La rigueur hivernale semblait vouloir encore narguer les Français, leur infliger un supplément d'épreuves en ce début d’année 1945.Certes, tous les hivers de guerre avaient été rigoureux, accentuant en cela les souffrances des populations déjà victimes de multiples tourments parmi lesquels une occupation par une armée étrangère qui n’en finissait pas de révéler, bien malgré elle, les fractures et blessures du pays. Cela, Gilbert Nordmann, magistrat au Palais de Justice de Paris, l'avait présent à l’esprit depuis plusieurs mois déjà. En 1943, il avait participé à Alger à la création du Comité français de Libération nationale le 18 août 1943, présidée concurremment par le général de Gaulle et le général Giraud. Ayant rejoint la France Libre en Afrique du Nord, Gilbert Nordmann était aux premières loges pour juger de la qualité des travaux préparatoires de la République française effectués en vue de sa renaissance. Pourtant, il n’était point besoin de se livrer à la vanité de débats théoriques dans le Paris de l’après-guerre : des traces des barricades de l’insurrection d'août 1944 restaient visibles, des véhicules militaires allemands servaient de substitut de manège à des enfants ravis de cette opportunité ; plus amères étaient les subsistances d’anciennes inscriptions en langue allemande que l’on n’avait pas eu le temps d’effacer : Fischer Bücherei, libraire allemande… Il faudrait du temps, de l’énergie, de l’abnégation pour que tout revînt à la normale. Ces impératifs étaient connus de tous, et ce magistrat, témoin de la descente des Champs-Elysées le 26 août 1944, se souvint de la joie éprouvée à cet instant, naturelle et bienvenue, mais aussi des doutes qui l'assaillirent : quels étaient les antécédents de ces passants sur le bas-côté de la célèbre avenue parisienne ? Qu’avaient-ils fait auparavant ? Et ces policiers, dont l’insurrection avait été décisive, bien sûr, comment avaient-ils fait face à la « Révolution Nationale » ?
De toute cette abondance d’interrogations, les juges en fonction à cette époque et chargés de l’épuration allaient devoir démêler un commencement de vérité et enfin établir la culpabilité, ou l’innocence, des prévenus, nombreux en cette période encore confuse. Perdu dans ses conjectures, Monsieur le juge vit passer près de lui deux policiers en tenue encadrant un homme menotté. Ils marchaient très vite, tous trois, comme s’ils étaient pressés par une urgence impérative : commencer un éventuel interrogatoire dans un commissariat de quartier dans un premier temps, dans le bureau d’un juge ou le prétoire d’un tribunal, dans un second temps… Ces agents de la force publique avaient rappelé au juge l’objet de son emploi du temps de cette journée. Il devait auditionner un journaliste, soupçonné de collaboration, au passé douteux et ambigu. Cette première rencontre, qui allait très vraisemblablement en entraîner bien d’autres, se tiendrait donc dans quelques instants, ce 22 mars 1945.En entrant dans son bureau, rempli de dossiers rangés dans des étagères de fortune ou posés à même le sol, faute de matériel adéquat, Gilbert Nordmann alla boire un café, préparé par son greffier. Il s'entretint avec ce dernier des premières réactions enregistrées avec la condamnation à perpétuité le 15 mars précédent, de l’Amiral Jean-Pierre Esteva, ancien résident général de la France en Tunisie.
« Pour l’un des premiers procès tenus à l’encontre de gens importants, c’est sévère : il prend perpète. J’avais entendu dire à Alger qu’il avait rendu des services, aidé des patriotes à quitter la Tunisie en 43.
— Monsieur le Juge, vous imaginez bien que ce n’est pas la mansuétude qui va marquer ce genre de procès, la tendance, ce sera la sévérité, la dureté extrême.
Oui, c’est la dominante à l’heure actuelle, et nous manquons de recul, d’éléments supplémentaires, mais nous devons agir : épurer sans purger, sanctionner sans se venger. C’est mission impossible dans la France actuelle : François, vous vous souvenez de ces femmes tondues, ces exécutions sans jugement, ce déchaînement de haine. Mais pouvions-nous assister à d’autres réactions ? Le pays est fracturé, meurtri, et nous avons pour mission de rendre la justice dans ce contexte difficile. »
La sonnerie du téléphone retentit, on annonça l'arrivé du prévenu dans le bureau du juge Nordmann.
Ce dernier eut juste le temps de s'asseoir tandis que le greffier ajouta prestement un peu d’encres dans sa machine à écrire. Pressentait-il la longueur de la déposition, la difficulté à faire avouer ? Ni lui ni Nordmann ne pouvaient émettre une quelconque hypothèse tant soit peu solide.
« Entrez ! »
Le prévenu, après avoir frappé trois coups à la porte d’une manière brève mais douce, fit quelques pas dans le bureau, et s’avança droit vers le juge, en marquant un temps d’arrêt tout près de son bureau. C’était donc ça les agents de cette Chambre civique instaurée pour juger des crimes et délits non prévus dans le code pénal. Le poêle installé près de la fenêtre peinait à réchauffer la pièce, et le parquet craquait sous ses pas. Le prévenu remarqua une couche de poussière sur certains dossiers. Était-ce par manque de temps que ces papiers se trouvaient dans cet état déplorable ou par surabondance des affaires à traiter ?
« Asseyez-vous Monsieur, je vais demander de vous confirmer les principales informations concernant votre… votre car… votre parcours. » le bégaiement occasionné par la recherche du mot juste dans la bouche de Nordmann fit sourire le greffier qui put ainsi constater que les certitudes faciles n'habitaient pas l’esprit du juge. Face à ce genre d’accusés, il fallait jouer sur d’autres gammes que celles de la justice ordinaire. Gilbert Nordmann faisait fonctionner une juridiction d’exception. Un rôle dont il avait à cœur de se montrer digne.
« Votre nom est bien Desprez Édouard, né le 3 août 1914 à Saint-Cloud, département de la Seine. Vous êtes accusé de diffusion de propagande en faveur de l’ennemi, d’incitation au défaitisme, et d’apologie de l’hitlérisme. »
Le visage d’Édouard Desprez blêmit. Sans doute s’attendait-il à se voir reprocher une légèreté excessive, un manque de discernement ou de clairvoyance. Ses joues s’empourprèrent. Il devenait visiblement confus. Nordmann et le greffier ne purent manquer de remarquer