LE CHASSEUR DE PLANTES
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À propos de ce livre électronique
CAPTAIN MAYNE REID
Thomas Mayne Reid (4 Avril 1818-22 Octobre 1883) est un romancier américain d'origine irlandaise. Un grand nombre de ses livres évoquent la vie en Amérique, par le biais des trappeurs, ou des chasseurs, les territoires sauvages, les indiens, où les propriétés coloniales vivant de l'exploitation des esclaves.
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Avis sur LE CHASSEUR DE PLANTES
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Aperçu du livre
LE CHASSEUR DE PLANTES - CAPTAIN MAYNE REID
LE CHASSEUR DE PLANTES
Pages de titre
UN CHASSEUR DE PLANTES
KARL LINDEN
GASPARD, OSSARO ET FRITZ
EST-CE DU SANG ?
LES OISEAUX PÊCHEURS
LE TÉRAÏ
MISE EN PERCE DU PALMIER
LE SAMBOUR
UN MARAUDEUR NOCTURNE
QUELQUES MOTS SUR LES TIGRES
UN TIGRE PRIS À LA GLU
UN RADEAU PEU COMMUN
MONDE
LES MANGEURS D’HOMMES
ATTAQUE DU MANGEUR D’HOMMES
GRANDES LÈVRES
XVIII
L’AXIS ET LA PANTHÈRE
LE FLÉAU DES TROPIQUES
LE PORTE-MUSC
LE GLACIER
LE GLISSEMENT DU GLACIER
XXIII
D’UN PASSAGE
LA VALLÉE SOLITAIRE
LES VACHES GROGNANTES
LE YAK
XXVII
BOUCANAGE DE LA VIANDE
XXVIII
LA SOURCE D’EAU CHAUDE
DÉCOUVERTE ALARMANTE
PROJET D’ÉVASION
LA CREVASSE EST MESURÉE
XXXII
LA CABANE
XXXIII
LE CERF ABOYEUR
XXXIV
L’ARGUS
XXXVI
SUITE DE LA CHASSE DE GASPARD
XXXVII
XXXVIII
XXXIX
LE SÉROU
OSSARO ATTAQUÉ PAR LES CHIENS
SAUVAGES
VENGEANCE D’OSSARO
LA PASSERELLE
XLIII
PASSAGE DE LA CREVASSE
NOUVELLES ESPÉRANCES
XLVII
KARL SUR LE REBORD DU ROCHER
XLVIII
L’OURS DU THIBET
DESCENTE DE LA CORNICHE
UN MONSTRE MYSTÉRIEUX
LE BANG
LE FILET EST POSÉ
SUITE DE LA PÊCHE D’OSSARO
LA GRAISSE D’OURS
CHASSE À L’OURS
COMBAT
AU MILIEU DES TÉNÈBRES
LVIII
SÉJOUR DANS LA CAVERNE
EXPLORATION DE LA CAVERNE
CONSERVE DE VIANDE D’OURS
ESPÉRANCE
LXIII
CONCLUSION
Page de copyright
Captain Mayne Reid
LE CHASSEUR DE
PLANTES
1857
Traduction : Mme Henriette LOREAU
Table des matières
I UN CHASSEUR DE PLANTES..............................................6
II KARL LINDEN....................................................................11
III GASPARD, OSSARO ET FRITZ ....................................... 15
IV EST-CE DU SANG ? .......................................................... 19
V LES OISEAUX PÊCHEURS ...............................................26
VI LE TÉRAÏ .......................................................................... 31
VII MISE EN PERCE DU PALMIER .....................................36
VIII LE SAMBOUR ............................................................... 40
IX UN MARAUDEUR NOCTURNE ......................................44
X QUELQUES MOTS SUR LES TIGRES ..............................50
XI UN TIGRE PRIS À LA GLU ..............................................53
XII UN RADEAU PEU COMMUN ........................................59
XIII LA PLUS GRANDE HERBE QU’IL Y AIT AU MONDE 65
XIV LES MANGEURS D’HOMMES ......................................70
XV ATTAQUE DU MANGEUR D’HOMMES ........................ 73
XVI AVENTURE DE KARL AVEC UN OURS AUX
GRANDES LÈVRES............................................................... 80
XVII OSSARO DANS UNE POSITION CRITIQUE ..............85
XVIII L’AXIS ET LA PANTHÈRE ........................................ 88
XIX LE FLÉAU DES TROPIQUES ........................................95
XX LE PORTE-MUSC..........................................................100
XXI LE GLACIER.................................................................104
XXII LE GLISSEMENT DU GLACIER................................ 110
XXIII LES TROIS CHASSEURS À LA RECHERCHE D’UN
PASSAGE ...............................................................................114
XXIV LA VALLÉE SOLITAIRE ........................................... 118
XXV LES VACHES GROGNANTES .................................... 122
XXVI LE YAK ....................................................................... 128
XXVII BOUCANAGE DE LA VIANDE ................................ 132
XXVIII LA SOURCE D’EAU CHAUDE ............................... 136
XXIX DÉCOUVERTE ALARMANTE ..................................140
XXX PROJET D’ÉVASION .................................................. 144
XXXI LA CREVASSE EST MESURÉE ................................ 148
XXXII LA CABANE.............................................................. 153
XXXIII LE CERF ABOYEUR ............................................... 157
XXXIV L’ARGUS ................................................................. 163
XXXV TOUJOURS À LA RECHERCHE DES YAKS ........... 166
XXXVI SUITE DE LA CHASSE DE GASPARD................... 170
XXXVII FACE À FACE AVEC UN TAUREAU FURIEUX... 174
XXXVIII SUITE DE L’AVENTURE DE GASPARD............. 179
XXXIX LE SÉROU ...............................................................186
XL OSSARO ATTAQUÉ PAR LES CHIENS SAUVAGES.....191
XLI VENGEANCE D’OSSARO ............................................ 197
– 3 –
XLII LA PASSERELLE ....................................................... 202
XLIII PASSAGE DE LA CREVASSE....................................207
XLIV NOUVELLES ESPÉRANCES ..................................... 212
XLV NOUVELLE INSPECTION DE LA FALAISE .............. 218
XLVI SUITE DE L’EXPLORATION DE KARL....................222
XLVII KARL SUR LE REBORD DU ROCHER ...................227
XLVIII L’OURS DU THIBET.............................................. 230
XLIX DESCENTE DE LA CORNICHE ................................233
L UN MONSTRE MYSTÉRIEUX........................................ 238
LI LE BANG ......................................................................... 241
LII LE FILET EST POSÉ......................................................246
LIII SUITE DE LA PÊCHE D’OSSARO ...............................250
LIV GASPARD ÉPROUVE LE BESOIN D’AVOIR DE LA
GRAISSE D’OURS ................................................................254
LV CHASSE À L’OURS ........................................................259
LVI COMBAT .......................................................................266
LVII AU MILIEU DES TÉNÈBRES .................................... 268
LVIII SÉJOUR DANS LA CAVERNE ..................................272
LIX EXPLORATION DE LA CAVERNE.............................. 275
LX CONSERVE DE VIANDE D’OURS ................................279
LXI RÊVE............................................................................ 283
LXII ESPÉRANCE .............................................................. 286
LXIII LUMIÈRES AU MILIEU DES TÉNÈBRES .............. 290
– 4 –
LXIV CONCLUSION............................................................295
– 5 –
I
UN CHASSEUR DE PLANTES
« Qu’est-ce qu’un chasseur de plantes ? Nous avons bien
entendu parler des chasseurs de lions, d’ours, de renards, de
buffles, de chasseurs d’enfants, mais jamais d’un chasseur de
plantes.
– Attendez-donc ! j’y suis : les truffes sont des végétaux, on
emploie des chiens pour les trouver, et celui qui les recueille
prend le nom de chasseur de truffes ; c’est peut-être cela que
veut dire le capitaine.
– Non, cher enfant, vous n’y êtes pas ; mon chasseur de
plantes n’a rien de commun avec celui qui fouille la terre pour y
chercher des truffes. Sa mission est plus noble que celle de
contribuer simplement à flatter les caprices de la gourmandise.
Toutes les nations civilisées tiennent du chasseur de plantes des
richesses et des bienfaits sans nombre : vous-mêmes, enfants,
vous lui devez bien des jouissances, et il a droit aux élans de vo-
tre gratitude. C’est grâce à lui que vos jardins offrent un aspect
si brillant et si varié ; la pivoine éclatante, les dahlias aux vives
couleurs qui composent les massifs, l’élégant camélia, que vous
admirez dans la serre, les rhododendrons, les géraniums, les
kalmias, les jasmins, les azalées, et mille autres fleurs qui déco-
rent vos parterres, vous ont été données par le chasseur de plan-
tes. C’est grâce à son courage et à sa persévérance que la froide
et brumeuse Albion possède aujourd’hui plus d’espèces de fleurs
que les contrées les plus favorisées du globe, et que les plantes
de ses collections nombreuses surpassent en beauté celles qui
– 6 –
font la gloire de la vallée de Cachemire. Une grande partie des
arbres qui embellissent le paysage, la plupart des arbustes qui
forment nos bosquets, et que nous regardons avec tant de plai-
sir de la fenêtre de nos maisons de campagne, nous ont été rap-
portés par le chasseur de plantes. Sans lui nous n’aurions jamais
goûté à la plupart des fruits et des légumes dont nos tables sont
couvertes et qu’il a rapprochés de nos lèvres ; ayons donc pour
ses travaux toute la reconnaissance qu’ils méritent.
« Et, maintenant, je vais vous dire ce que j’entends par un
chasseur de plantes : c’est un homme dont la profession
consiste à recueillir des fleurs et des plantes rares ; en un mot,
un homme qui consacre à cette occupation tout son temps et
toute son intelligence. Ce n’est pas ce qu’on appelle un botaniste
pur et simple, bien qu’il soit indispensable qu’il connaisse la
botanique. Jusqu’à présent, on l’a désigné sous le nom de bota-
niste collecteur. Mais, en dépit du rang modeste qu’il occupe
aux yeux du monde scientifique, et malgré la supériorité
qu’affecte à son égard le savant de cabinet, j’ose affirmer que le
plus humble de ces collecteurs de plantes a rendu plus de servi-
ces au genre humain que le grand Linnée lui-même. Ce sont des
botanistes d’une véritable valeur, ceux-là qui non-seulement
nous ont fait connaître les richesses du monde végétal, mais
encore nous en ont apporté les échantillons les plus rares et
nous ont fait respirer des fleurs qui, sans eux, seraient restées
inconnues et verseraient inutilement leurs parfums au désert.
« Ne croyez pas, toutefois, que je veuille rabaisser le mérite
incontestable des hommes éminents qui s’occupent de théorie
botanique ; je suis bien loin d’en avoir l’intention ; mais je dé-
sire mettre en lumière des services que le monde, suivant moi,
n’a pas suffisamment appréciés ; services que lui a rendus et que
lui rend encore chaque jour le collecteur botaniste, que nous
appellerons chasseur de plantes.
– 7 –
« Il est possible, même, que vous n’ayez jamais su qu’il
existât une pareille profession ; et pourtant il s’est trouvé des
hommes qui l’ont suivie, dès l’enfance des sociétés humaines.
Dans le siècle de Pline, il y avait de ces collecteurs qui enrichis-
saient les jardins d’Herculanum et de Pompéi. Les mandarins
chinois, les sybarites de Delhi et de Cachemire avaient à leur
service des chasseurs de plantes à une époque où nos ancêtres,
encore à demi barbares, se contentaient des fleurs sauvages de
leurs forêts natales. En Angleterre même, la profession de col-
lecteur de plantes est bien loin d’être nouvelle ; son origine re-
monte à la découverte de l’Amérique, et les Tradescant, les Bar-
tram, les Catesby, qui furent de véritables chasseurs de plantes,
occupent un rang vénéré dans les annales de la botanique. C’est
à eux que nous devons les tulipiers, les magnolias, les érables,
les platanes, les acacias, et une foule d’autres arbres que nous
admirons dans nos futaies et qui se partagent maintenant, avec
nos espèces indigènes, le droit d’occuper notre territoire.
« Mais à aucune époque le nombre des chasseurs de plan-
tes n’a été aussi grand qu’aujourd’hui. Croiriez-vous qu’il y a des
centaines d’individus qui, à l’heure où nous sommes, parcourent
le monde afin de remplir les devoirs de cette noble et utile car-
rière ? Toutes les nations de l’Europe sont représentées parmi
eux : les Allemands s’y trouvent en plus grand nombre ; mais on
y compte des Suédois aussi bien que des Russes, des Français,
des Danois, des Anglais, des Espagnols, des Portugais, des Suis-
ses, des Italiens. On les rencontre s’acquittant de leur mission,
dans tous les coins de la terre : au fond des gorges les plus dé-
sertes des montagnes Rocheuses, au milieu des prairies sans
limites, dans les vallées profondes des Cordillères, au sein des
forêts inextricables de l’Amazone et de l’Orénoque, dans les
steppes de la Sibérie, les jungles du Bengale, au versant glacé de
l’Himalaya ; enfin dans tous les lieux sauvages ou l’inconnu les
attire et où la solitude leur promet de nouvelles richesses végé-
tales, Errant sans cesse, le regard attaché sur chaque feuille,
examinant chaque plante, gravissant les montagnes, parcourant
– 8 –
les vallées, escaladant les rocs, traversant les marécages, pas-
sant à gué les torrents, se frayant un chemin au milieu des four-
rés épineux, dormant en plein air, souffrant de la faim, de la
soif, le chasseur de plantes ne brave pas seulement l’ardeur du
soleil ou l’âpreté de la bise, il expose sa vie au milieu des bêtes
féroces et des hommes, parfois plus cruels que les bêtes.
« Figurez-vous maintenant les obstacles qu’il surmonte et
les épreuves qu’il subit.
« Mais quel motif, me direz-vous, peut déterminer ces
hommes à choisir une profession qui offre à la fois tant de misè-
res et de périls ?
« Cela dépend ; les motifs sont variés : quelques-uns sont
entraînés par l’amour de la science, les autres par la passion des
voyages ; il en est qui sont envoyés au loin par de nobles patrons
ou de savants florimanes. Un grand nombre est chargé de faire
de nouvelles découvertes pour les jardins publics et royaux ;
enfin, quelques autres, d’un nom plus obscur ou possédant des
ressources plus limitées, sont aux gages de certains pépiniéris-
tes, et n’en ont pas moins de zèle pour leur profession chérie.
« Vous seriez-vous imaginé que cet homme grossièrement
vêtu, qui demeure au bout de la ville, dans une maison bien
noire et chez qui vous achetez vos oignons de tulipes et de jacin-
thes, vos griffes de renoncules et vos graines de reines-
marguerites, avait à sa solde un état-major de botanistes, oc-
cupés sans cesse à fouiller le monde dans tous les sens, afin de
découvrir un arbre ou une fleur qui puissent charmer nos yeux
ou accroître nos richesses ?
« Ai-je besoin de vous répéter que la vie de ces botanistes
est remplie d’aventures périlleuses ? Vous en jugerez vous-
mêmes lorsque vous aurez lu quelques-uns des chapitres sui-
vants, où vous trouverez une partie des dangers qui assaillirent
– 9 –
un jeune chasseur de plantes nommé Karl Linden, pendant une
expédition qu’il fit dans la chaîne gigantesque des monts Hima-
laya. »
– 10 –
II
KARL LINDEN
Notre chasseur de plantes était bavarois. Né sur les confins
de la haute Bavière et du Tyrol, Karl était loin d’avoir une illus-
tre origine, car son père était simplement jardinier ; mais il
avait été bien élevé et possédait une instruction profonde, ce
qui, à l’époque où nous vivons, a plus de valeur que tous les ti-
tres de noblesse. Le fils d’un jardinier, un jardinier lui-même,
1
peut être un gentleman , car ce titre, qui est parfois si mal porté,
a plusieurs acceptions, et Karl Linden se montrait gentleman
dans le véritable sens du mot : il était bon, généreux, plein de
délicatesse et d’honneur ; il possédait, malgré son humble nais-
sance, une éducation parfaite ; son père, qui ne savait même pas
lire, avait l’esprit ambitieux, il connaissait par expérience com-
bien il est fâcheux de ne rien savoir, et il avait résolu d’épargner
à son fils le malheur d’être ignorant.
L’instruction est considérée, dans la plus grande partie de
l’Allemagne, comme un bienfait inappréciable : on y recherche
avec ardeur tous les moyens d’apprendre qui sont mis généreu-
sement à la portée de tout le monde, et les Allemands sont peut-
être les hommes les plus instruits de l’univers. Ils joignent à un
savoir étendu l’énergie patiente et laborieuse du travailleur, et
1
Gentleman, qui littéralement signifie gentilhomme, ne désigne
pas seulement en Angleterre l’individu qui possède un titre ; on le donne
à tous ceux dont l’éducation a développé l’intelligence, élevé les senti-
ments, adouci les manières ; et son véritable équivalent en français est la
qualification d’homme distingué, comme il faut, instruit et bien élevé.
(Note du traducteur.)
– 11 –
c’est à cela qu’ils doivent la place qu’ils ont acquise dans les arts
et dans les sciences. Je ne veux pas dire que la nation allemande
soit la plus intelligente de toutes les nations de l’Europe, mais
seulement l’une des plus instruites.
Arrivé à l’âge de dix-neuf ans, Karl Linden trouva que son
pays ne jouissait pas d’une liberté suffisante. Il se jeta dans une
de ces conspirations enthousiastes et mal combinées qu’ourdis-
sent de temps à autre les étudiants allemands.
Bientôt exilé à Londres, ou plutôt réfugié, comme on dit
aujourd’hui, Karl Linden se demanda ce qu’il allait devenir ; sa
famille n’était pas assez riche pour lui envoyer de l’argent ;
d’ailleurs, son père n’approuvait pas sa conduite et le traitait de
rebelle. Karl n’avait donc rien à espérer des siens, du moins jus-
qu’à l’époque où la mauvaise humeur de son père serait complè-
tement apaisée.
Mais d’ici là comment faire ? Notre exilé trouvait
l’hospitalité anglaise un peu froide ; il était libre, mais cela si-
gnifiait qu’il pouvait se promener dans les rues et y mendier son
pain.
Heureusement qu’il s’avisa d’une ressource à laquelle tout
d’abord il n’avait pas songé. Il lui était arrivé plusieurs fois de
travailler au jardin avec son père ; il savait bêcher, planter, se-
mer, ratisser ; il connaissait la taille des arbres et la manière de
propager les fleurs, il était au courant de tous les soins qu’il faut
donner à l’orangerie, à la serre chaude, et entendait à merveille
la confection des couches ; il possédait en outre des connaissan-
ces très-étendues sur les plantes, dont il savait le nom, les carac-
tères, les propriétés : il avait eu l’occasion de s’en instruire de
très-bonne heure chez un homme fort riche, dont son père
cultivait les jardins ; et depuis lors, ayant pris goût à cette étude
attrayante, il était devenu un savant botaniste.
– 12 –
Il pensa donc qu’il pourrait trouver de l’ouvrage comme
garçon jardinier ; cela vaudrait toujours mieux que de vagabon-
der par les rues et de mourir de faim, au milieu des richesses
dont il était environné.
Bien résolu de mettre ce projet à exécution, notre jeune ré-
fugié alla frapper à la grille de l’un de ces magnifiques jardins-
pépinières qui sont si nombreux à Londres : il raconta son his-
toire, et fut immédiatement employé.
L’intelligent propriétaire du jardin où travaillait Karl ne fut
pas longtemps sans découvrir les connaissances que possédait le
jeune Bavarois ; il avait besoin d’un botaniste plein de zèle et de
savoir, et Karl était précisément l’individu qu’il lui fallait. De
nombreux chasseurs de plantes parcouraient pour son compte
l’Amérique du Nord et celle du Sud, l’Afrique et l’Australie ;
mais il désirait se procurer des fleurs de l’Himalaya, dont on se
préoccupait beaucoup, en raison des admirables végétaux que
venaient de découvrir, dans ces montagnes, les voyageurs Royle
et Hooker.
Depuis quelque temps on avait décrit les pins magnifiques,
les arums, les différentes espèces de bambous, les magnoliers et
les rhododendrons qui croissent dans les vallées de l’Himalaya ;
un certain nombre étaient déjà même parvenus en Europe ; ces
plantes faisaient fureur, et notre pépiniériste cherchait un jeune
homme instruit et courageux qu’il pût envoyer dans les Indes.
Ce qui rendait encore ces arbres splendides plus précieux
et plus intéressants pour tout le monde, c’est qu’originaires
d’une contrée qui, par reflet de son élévation, possède une tem-
pérature analogue à celle du nord de l’Angleterre, ils pouvaient
supporter facilement les intempéries de notre climat.
Plus d’un chasseur de plantes fut donc, à cette époque,
chargé d’explorer la chaîne des Alpes indiennes, qui, par son
– 13 –
étendue, offre un champ sans limites aux plus vastes découver-
tes ; et parmi ces chasseurs de plantes se trouvait Karl Linden,
le héros de notre histoire.
– 14 –
III
GASPARD, OSSARO ET FRITZ
Un navire anglais transporta notre chasseur de plantes à
Calcutta, d’où ses bonnes jambes le conduisirent au pied de
l’Himalaya. Il aurait pu employer, pour s’y rendre, une foule
d’autres moyens ; car je ne crois pas qu’il y ait de pays au monde
où l’on ait autant de manières différentes de voyager que dans
l’Inde ; mais les fonds dont Karl Linden pouvait disposer
n’étaient pas ceux du trésor public : c’était l’argent d’un particu-
lier, et ses appointements étaient assez minimes. Toutefois ce
n’était pas une raison pour que ses découvertes en fussent
moins importantes. Plus d’une expédition pompeusement orga-
nisée est revenue sans avoir fait autre chose que de gaspiller à
tort et à travers les sommes considérables qui lui avaient été
allouées, tandis que les voyages les plus remarquables, en fait de
découvertes, ceux qui ont le plus contribué aux progrès des
sciences et de la géographie, ont été faits avec la plus grande
simplicité de moyens ; l’exploration des côtes septentrionales de
l’Amérique, par exemple, après avoir coûté des sommes énor-
mes et la vie de tant de braves marins, ne s’est exécutée que par
la compagnie de la baie d’Hudson, qui, pour obtenir ce résultat,
n’a eu besoin que de l’équipage d’une barque, et a dépensé
moins d’argent pendant toute la durée du trajet, que nos vais-
seaux qui l’avaient précédée dans cette voie n’en absorbaient en
huit jours.
Notre chasseur de plantes voyage donc de la façon la plus
modeste ; pas d’équipement dispendieux, pas d’escorte inutile,
d’animaux ni de valets. Il se dirige à pied vers les monts de
– 15 –
l’Himalaya et compte bien les gravir et traverser leurs vallées
rocailleuses, sans avoir recours à d’autres porteurs que ses jam-
bes infatigables.
Cependant il n’est pas seul : Karl est accompagné de son
frère Gaspard, l’être qu’il aime le mieux au monde, de Gaspard
qui a été le rejoindre en exil, et qui partage maintenant ses tra-
vaux et ses dangers.
Il y a peu de différence entre eux sous le rapport de la taille,
bien que Gaspard ait deux années de moins que son frère ; mais
l’étude n’a pas entravé sa croissance ; il arrive de ses montagnes,
et son corps vigoureux, son teint frais et vermeil, contrastent
vivement avec la pâleur et les formes grêles du botaniste.
Le costume des deux frères est en rapport avec leurs habi-
tudes et leur physionomie. Karl est vêtu des couleurs sombres et
de l’habit du savant, tandis que sa tête est couverte du chapeau
des patriotes. La toilette de Gaspard est beaucoup moins sé-
rieuse ; il porte un frac vert, une casquette de la même nuance,
un pantalon de velours marron se boutonnant sur le côté, et des
bottes à la Blücher.
Tous les deux sont armés d’un fusil et pourvus de divers
objets qui forment l’équipement du chasseur. Le fusil de Gas-
pard est une canardière à deux coups ; celui du botaniste, une
longue carabine qui porte le nom de yager ou chasseur suisse.
Gaspard a passé sa vie à chasser. À peine sorti de l’enfance,
il a fréquemment suivi le chamois sur les cimes vertigineuses
des Alpes tyroliennes. Il est peu lettré, car il n’est pas resté long-
temps à l’école ; mais il serait difficile de rencontrer un tireur
plus habile. Joyeux et brave, Gaspard a la vue perçante, l’oreille
fine, le coup d’œil juste, le pied ferme, la jambe infatigable, et
Karl n’eût pas trouvé, du nord au sud de l’Inde, un meilleur
auxiliaire.
– 16 –
Mais ce n’est pas tout, un autre personnage accompagne
encore le botaniste. Il faudrait un chapitre pour vous dépeindre
Ossaro, que nos deux frères ont engagé comme guide, et Ossaro
a bien assez de valeur pour qu’on fasse son portrait d’une façon
détaillée ; mais nous laisserons à ses actes le soin de le faire
connaître. Qu’il me suffise de vous dire qu’Ossaro est un Hin-
dou aux proportions admirables, au teint brun, aux grands yeux
noirs, à la chevelure épaisse, qui caractérisent les hommes de sa
nation. Il appartient à la classe des Shikarris, c’est-à-dire à celle
des chasseurs, et l’on ne trouverait pas, dans tout le Bengale, un
tueur de tigres plus courageux et surtout plus adroit. Sa re-
nommée s’étend au loin, car il possède un courage, une force et
une activité bien rares parmi ses indolents compatriotes : aussi
est-il vanté, glorifié par tout le monde ; c’est un véritable héros,
le Nemrod de sa province.
Son costume n’a rien de commun avec celui des deux frè-
res : il se compose d’une tunique de cotonnade blanche ; d’un
large pantalon serré à la taille par une écharpe écarlate, d’un
turban à carreaux et d’une paire de sandales. Quant à son équi-
pement de chasse, il ne diffère pas moins de celui de Gaspard
que son turban ne s’éloigne de la casquette du Bavarois. Le Shi-
karri tient une lance légère à la main, il porte sur le dos un arc
de bambou et un carquois rempli de flèches, un long couteau est
passé dans sa ceinture ; il a au côté un sac de cuir, et différents
objets, suspendus à son cou et retombant sur sa poitrine, com-
plètent son attirail.
Ossaro n’a jamais gravi les monts Himalaya ; il est né dans
la plaine, c’est un chasseur des jungles ; s’il a été engagé par no-
tre collecteur de plantes, ce n’est pas en qualité de guide pro-
prement dit, puisqu’il ne connaît pas la région qu’il s’agit d’ex-
plorer ; c’est comme ingénieux camarade, habitué à coucher en
plein air, connaissant mieux qu’un autre les difficultés et les
ressources de la vie errante au milieu des solitudes de l’Inde, et
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pouvant, par cela même, être d’un grand secours à nos deux
voyageurs et les assister d’une manière efficace dans leur péril-
leuse entreprise.
Et puis cette expédition comble les vœux du Shikarri ; de la
plaine éloignée qu’il parcourait chaque jour, il regardait depuis
longtemps cette chaîne de l’Himalaya qui renferme les monta-
gnes les plus élevées du globe ; il contemplait ces dômes cou-
verts de neige, ces pics étincelants qui s’élèvent au-dessus des
nuages, et il avait rêvé plus d’une fois au bonheur d’y aller faire
une de ces belles parties de chasse qui durent toute une année ;
mais l’occasion ne s’était jamais présentée pour lui de parcourir
ces montagnes imposantes, et ce fut avec une joie bien vive qu’il
accepta les offres du jeune botaniste et, qu’il se joignit aux deux
frères pour les accompagner dans leur expédition.
Enfin, un quatrième individu, également de la race des
chasseurs, complète notre petite caravane ; il a autant de pas-
sion pour la chasse qu’Ossaro ou Gaspard : c’est un beau chien
de la taille d’un grand dogue, mais dont les oreilles pendantes et
la robe noire marquée de taches fauves annoncent que, loin
d’être de la famille des mâtins, il fait partie de celle des limiers ;
ses mâchoires puissantes ont étranglé plus d’un cerf et ont eu
raison de maint sanglier des forêts bavaroises. C’est un chien
valeureux que le bel et bon Fritz ; il appartient à Gaspard, qui
connaît son mérite et qui ne le donnerait