Contes de la Becasse
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À propos de ce livre électronique
Guy de Maupassant
Guy de Maupassant was a nineteenth-century French author, remembered as a master of the short story form, who depicted human lives, destinies, and social forces in disillusioned and often pessimistic terms. He was a protégé of Gustave Flaubert, and his stories are characterized by economy of style and efficient, seemingly effortless dénouements. Born in 1850 at the late–sixteenth century Château de Miromesnil, de Maupassant was the first son of Laure Le Poittevin and Gustave de Maupassant, who both came from prosperous bourgeois families. Until the age of thirteen, de Maupassant lived with his mother at Étretat in Normandy. The Franco-Prussian War broke out soon after his graduation from college in 1870, and he enlisted as a volunteer. In his later years he developed a constant desire for solitude, an obsession for self-preservation, and a fear of death and paranoia of persecution. In 1892, de Maupassant attempted suicide. He was committed to the private asylum of Esprit Blanche at Passy, in Paris, where he died in 1893.
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Aperçu du livre
Contes de la Becasse - Guy de Maupassant
Contes de la Becasse
Pages de titre
LA BÉCASSE
CE COCHON DE MORIN
LA FOLLE
PIERROT
MENUET
LA PEUR
FARCE NORMANDE
LES SABOTS
LA REMPAILLEUSE
EN MER
UN NORMAND
LE TESTAMENT
AUX CHAMPS
UN COQ CHANTA
UN FILS
SAINT-ANTOINE
L’AVENTURE DE WALTER SCHNAFFS
Page de copyright
1
Contes de la Becasse
Guy de Maupassant
2
LA BÉCASSE
Le vieux baron des Ravots avait été pendant quarante ans le roi
des chasseurs de sa province. Mais, depuis cinq à six années, une
paralysie des jambes le clouait à son fauteuil, et il ne pouvait plus
que tirer des pigeons de la fenêtre de son salon ou du haut de son
grand perron.
Le reste du temps il lisait.
C’était un homme de commerce aimable chez qui était resté
beaucoup de l’esprit lettré du dernier siècle. Il adorait les contes, les
petits contes polissons, et aussi les histoires vraies arrivées dans son
entourage. Dès qu’un ami entrait chez lui, il demandait :
— Eh bien, quoi de nouveau ?
Et il savait interroger à la façon d’un juge d’instruction.
Par les jours de soleil il faisait rouler devant la porte son large
fauteuil pareil à un lit. Un domestique, derrière son dos, tenait les
fusils, les chargeait et les passait à son maître ; un autre valet, caché
dans un massif, lâchait un pigeon de temps en temps, à des
intervalles irréguliers, pour que le baron ne fût pas prévenu et
demeurât en éveil.
Et, du matin au soir, il tirait les oiseaux rapides, se désolant quand
il s’était laissé surprendre, et riant aux larmes quand la bête tombait
d’aplomb ou faisait quelque culbute inattendue et drôle. Il se tournait
alors vers le garçon qui chargeait les armes, et il demandait, en
suffoquant de gaieté :
— Y est-il, celui-là, Joseph ! As-tu vu comme il est descendu ?
Et Joseph répondait invariablement :
— Oh ! monsieur le baron ne les manque pas.
3
À l’automne, au moment des chasses, il invitait, comme à l’ancien
temps, ses amis, et il aimait entendre au loin les détonations. Il les
comptait, heureux quand elles se précipitaient. Et, le soir, il exigeait
de chacun le récit fidèle de sa journée.
Et on restait trois heures à table en racontant des coups de fusil.
C’étaient d’étranges et invraisemblables aventures, où se
complaisait l’humeur hâbleuse des chasseurs. Quelques-unes avaient
fait date et revenaient régulièrement. L’histoire d’un lapin que le petit
vicomte de Bourril avait manqué dans son vestibule les faisait se
tordre chaque année de la même façon. Toutes les cinq minutes un
nouvel orateur prononçait :
— J’entends : « Birr ! birr ! » et une compagnie magnifique me
part à dix pas. J’ajuste : pif ! paf ! j’en vois tomber une pluie, une
vraie pluie. Il y en avait sept !
Et tous, étonnés, mais réciproquement crédules, s’extasiaient.
Mais il existait dans la maison une vieille coutume, appelée le
« conte de la Bécasse ».
Au moment du passage de cette reine des gibiers, la même
cérémonie recommençait à chaque dîner.
Comme ils adoraient l’incomparable oiseau, on en mangeait tous
les soirs un par convive ; mais on avait soin de laisser dans un plat
toutes les têtes.
Alors le baron, officiant comme un évêque, se faisait apporter sur
une assiette un peu de graisse, oignait avec soin les têtes précieuses
en les tenant par le bout de la mince aiguille qui leur sert le bec. Une
chandelle allumée était posée près de lui, et tout le monde se taisait,
dans l’anxiété de l’attente.
Puis il saisissait un des crânes ainsi préparés, le fixait sur une
épingle, piquait l’épingle sur un bouchon, maintenait le tout en
équilibre au moyen de petits bâtons croisés comme des balanciers, et
plantait délicatement cet appareil sur un goulot de bouteille en
manière de tourniquet.
Tous les convives comptaient ensemble, d’une voix forte :
— Une, — deux, — trois.
Et le baron, d’un coup de doigt, faisait vivement pivoter ce joujou.
Celui des invités que désignait, en s’arrêtant, le long bec pointu
4
devenait maître de toutes les têtes, régal exquis qui faisait loucher ses
voisins.
Il les prenait une à une et les faisait griller sur la chandelle. La
graisse crépitait, la peau rissolée fumait, et l’élu du hasard croquait le
crâne suiffé en le tenant par le nez et en poussant des exclamations
de plaisir.
Et chaque fois les dîneurs, levant leurs verres, buvaient à sa santé.
Puis, quand il avait achevé le dernier, il devait, sur l’ordre du
baron, conter une histoire pour indemniser les déshérités.
Voici quelques-uns de ces récits :
5
CE COCHON DE MORIN
A M. Oudinot.
6
I
« Ça, mon ami, dis-je à Labarbe, tu viens encore de prononcer ces
quatre mots, « ce cochon de Morin ». Pourquoi, diable, n’ai-je jamais
entendu parler de Morin sans qu’on le traitât de « cochon » ?
Labarbe, aujourd’hui député, me regarda avec des yeux de chat-
huant. « Comment, tu ne sais pas l’histoire de Morin, et tu es de la
Rochelle ? »
J’avouai que je ne savais pas l’histoire de Morin. Alors Labarbe se
frotta les mains et commença son récit.
« Tu as connu Morin, n’est-ce pas, et tu te rappelles son grand
magasin de mercerie sur le quai de la Rochelle ?
— « Oui, parfaitement.
— « Eh bien, sache qu’en 1862 ou 63 Morin alla passer quinze
jours à Paris, pour son plaisir, ou ses plaisirs, mais sous prétexte de
renouveler ses approvisionnements. Tu sais ce que sont, pour un
commerçant de province, quinze jours de Paris. Cela vous met le feu
dans le sang. Tous les soirs des spectacles, des frôlements de
femmes, une continuelle excitation d’esprit. On devient fou. On ne
voit plus que danseuses en maillot, actrices décolletées, jambes
rondes, épaules grasses, tout cela presque à portée de la main, sans
qu’on ose ou qu’on puisse y toucher. C’est à peine si on goûte, une
fois ou deux, à quelques mets inférieurs. Et l’on s’en va, le cœur
encore tout secoué, l’âme émoustillée, avec une espèce de
démangeaison de baisers qui vous chatouillent les lèvres.
Morin se trouvait dans cet état, quand il prit son billet pour la
Rochelle par l’express de 8 h. 40 du soir. Et il se promenait plein de
regrets et de trouble dans la grande salle commune du chemin de fer
7
d’Orléans, quand il s’arrêta net devant une jeune femme qui
embrassait une vieille dame. Elle avait relevé sa voilette, et Morin,
ravi, murmura : « Bigre, la belle personne ! »
Quand elle eut fait ses adieux à la vieille, elle entra dans la salle
d’attente, et Morin la suivit ; puis elle passa sur le quai, et Morin la
suivit encore ; puis elle monta dans un wagon vide, et Morin la suivit
toujours.
Il y avait peu de voyageurs pour l’express. La locomotive siffla ;
le train partit. Ils étaient seuls.
Morin la dévorait des yeux. Elle semblait avoir dix-neuf à vingt
ans ; elle était blonde, grande, d’allure hardie. Elle roula autour de
ses jambes une couverture de voyage, et s’étendit sur les banquettes
pour dormir.
Morin se demandait : « Qui est-ce ? » Et mille suppositions, mille
projets lui traversaient l’esprit. Il se disait : « On raconte tant
d’aventures de chemin de fer. C’en est une peut-être qui se présente
pour moi. Qui sait ? une bonne fortune est si vite arrivée. Il me
suffirait peut-être d’être audacieux. N’est-ce pas Danton qui disait :
« De l’audace, de l’audace, et toujours de l’audace. » Si ce n’est pas
Danton, c’est Mirabeau.
Enfin, qu’importe. Oui, mais je manque d’audace, voilà le hic.
Oh ! Si on savait, si on pouvait lire dans les âmes ! Je parie qu’on
passe tous les jours, sans s’en douter, à côté d’occasions magnifiques.
Il lui suffirait d’un geste pourtant pour m’indiquer qu’elle ne
demande pas mieux… »
Alors, il supposa des combinaisons qui le conduisaient au
triomphe. Il imaginait une entrée en rapport chevaleresque, des petits
services qu’il lui rendait, une conversation vive, galante, finissait par
une déclaration qui finissait par… par ce que tu penses.
Mais ce qui lui manquait toujours, c’était le début, le prétexte. Et
il attendait une circonstance heureuse, le cœur ravagé, l’esprit sens
dessus dessous.
La nuit cependant s’écoulait et la belle enfant dormait toujours,
tandis que Morin méditait sa chute. Le jour parut, et bientôt le soleil
lança son premier rayon, un long rayon clair venu du bout de
l’horizon, sur le doux visage de la dormeuse.
8
Elle s’éveilla, s’assit, regarda la campagne, regarda Morin et
sourit. Elle sourit en femme heureuse, d’un air engageant et gai.
Morin tressaillit. Pas de doute, c’était pour lui ce sourire-là, c’était
bien une invitation discrète, le signal rêvé qu’il attendait. Il voulait
dire, ce sourire : « Êtes-vous bête, êtes-vous niais, êtes-vous jobard,
d’être resté là, comme un pieu, sur votre siège depuis hier soir.
« Voyons, regardez-moi, ne suis-je pas charmante ?
Et vous demeurez comme ça toute une nuit en tête à tête avec une
jolie femme sans rien oser, grand sot. »
Elle souriait toujours en le regardant ; elle commençait même à
rire ; et il perdait la tête, cherchant un mot de circonstance, un
compliment, quelque chose à dire enfin, n’importe quoi. Mais il ne
trouvait rien, rien. Alors, saisi d’une audace de poltron, il pensa :
« Tant pis, je risque tout » ; et brusquement, sans crier « gare », il
s’avança, les mains tendues, les lèvres gourmandes, et, la saisissant à
pleins bras, il l’embrassa.
D’un bond elle fut debout criant : « Au secours », hurlant
d’épouvante. Et elle ouvrit la portière, elle agita ses bras dehors, folle
de peur, essayant de sauter, tandis que Morin éperdu, persuadé
qu’elle allait se précipiter sur la voie, la retenait par sa jupe en
bégayant : « Madame… oh ! … madame. »
Le train ralentit sa marche, s’arrêta. Deux employés se
précipitèrent aux signaux désespérés de la jeune femme qui tomba
dans leurs bras en balbutiant : « Cet homme a voulu… a voulu…
me… me… » Et elle s’évanouit.
On était en gare de Mauzé. Le gendarme présent arrêta Morin.
Quand la victime de sa brutalité eut repris connaissance, elle fit sa
déclaration. L’autorité verbalisa. Et le pauvre mercier ne put regagner
son domicile que le soir, sous le coup d’une poursuite judiciaire pour
outrage aux bonnes mœurs dans un lieu public.
9
II
J’étais alors rédacteur en chef du Fanal des Charentes ; et je
voyais Morin, chaque soir, au Café du commerce.
Dès le lendemain de son aventure, il vint me