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Chroniques noires à Thouars: Polar régional
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Chroniques noires à Thouars: Polar régional
Livre électronique429 pages3 heures

Chroniques noires à Thouars: Polar régional

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À propos de ce livre électronique

Découvrez cinq enquêtes politiques menées par Balthazar, un journaliste solitaire, à Touars !

Cet ouvrage regroupe cinq intrigues policières dans lesquelles on retrouve Balthazar, un journaliste solitaire, anarchiste et alcoolique. Ces histoires se déroulent à Thouars sur fond d’actualité politique. Partez à la rencontre d’un couple de « justes pendant la guerre », d’une personne accusée à tort d’un meurtre, d’un commissaire véreux, de sans-abris... Des personnages atypiques au cœur d’enquêtes originales. L’auteur nous entraîne dans la ville de Thouars grâce à ses chroniques teintées d’humour.

Ce roman policier régional, peuplé de personnages étonnants et imprévisibles, vous entraînera avec humour dans les méandres de la ville de Thouars !

EXTRAIT

Derrière mon verre, je t’observe lecteur inconnu. Et tu te dis : avec cette lamentable histoire de « signature », Balthazar ne fait pas dans la finesse quand même. C’est vrai, mais les faits sont les faits. Je n’y puis rien.
Je ne suis pas l’un des vandales et leurs mauvaises manières ne sont pas les miennes ; du moins je n’ai pas les leurs. Nuance !
Et puis, lecteur inconnu (et sobre, en plus, si ça se trouve) tu vas voir, au fil de cette aventure que, vraiment, l’espèce humaine est parfois bien plus répugnante, bien plus infecte que la belle nature. Et que ces fatales ténèbres illuminent les âmes plus perverses. Oui, je sais les ténèbres ne peuvent rien illuminer. Et bien si ! C’est même ainsi qu’on peut détecter les trous noirs. Justement parce qu’ils attirent la lumière. D’une certaine manière ils s’illuminent. Le monde est étrange, je l’avoue.
En attendant, Karantec restait inconsolable. Chaque soir, au café des Arts, Balthazar faisait exprès de perdre au tric trac. Mais ces victoires mal acquises laissaient Karantec indifférent. Signe d’une profonde mélancolie. La dépression s’installa quand on trouva dans le jardin public (qui n’avait ni pelouse ni parterres fleuris, mais seulement un immense boulodrome en terre battue) quand on trouva une dizaine de bouteilles vides provenant de la cave du Breton, et autant de canettes de soda également vides.
− « Putain, Balthazar, ils boivent mon vin avec du soda ! »
− « C’est dingue. Même à Bressuire ils n’oseraient pas. Procédons par élimination. Ce ne sont pas des musulmans. Ce ne sont pas des extraterrestres, vu qu’on n’en a jamais vu. Ce ne sont pas des gens de Parthenay parce qu’avec le brouillard qu’ils ont en ce moment on ne trouve même pas la sortie de ville. Peut-être des Niortais puisqu’ils sont incertains. Ah… Oui… Des Niortais : à moitié vin à moitié soda. »
− « Arrête tes conneries » dit Karantec qui avait quand même décroché un triste sourire.
C’est alors que, du fond de la rue Saint-Médard, s’éleva un cri :
− « Au secours ! Aux vandales ! »

CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE

Amis lecteurs, je ne peux que vous recommander cet ouvrage qui pour certains vous fera découvrir le nord des Deux Sèvres et pour d'autres regorge d'anecdotes plus croustillantes les unes que les autres sur le département 79. - doublepage, Babelio

À PROPOS DE L'AUTEUR

À Blois le journal local proposa à Philippe L’Excellent (alias Balthazar Forcalquier) un travail de journaliste. D’accord, beau métier ! Parthenay, Saumur, Thouars et quelques passages dans d’autres sous-préfectures ponctuent sa carrière à La Nouvelle République du Centre Ouest. Une ville est toujours une (petite) planète à explorer. Il vit à Thouars.
LangueFrançais
Date de sortie3 juil. 2019
ISBN9791035305482
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    Aperçu du livre

    Chroniques noires à Thouars - Balthazar Forcalquier

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    Chroniques noires à Thouars

    Collection dirigée par Thierry Lucas

    © 2014 – Geste éditions – 79260 La Crèche

    Tous droits réservés pour tous pays

    www.gesteditions.com

    Balthazar Forcalquier

    Chroniques noires à Thouars

    Geste éditions

    Avertissement

    Cette fiction est, par définition, œuvre d’imagination. Les personnages comme les situations n’ont aucune réalité. Cela va sans dire, cela va mieux en le disant.

    En revanche on peut croiser ici quelques lieux et quelques bouteilles authentiques.

    Un esprit libertaire souffle sur ces pages. Mais gare... l’haleine est chargée !

    Dédicace

    À mon Enclume,

    mon Adélon

    et ma Za.

    Deux bouteilles tordues comme le reste

    ÉPISODE 

    1

    Karantec Plouendec, dentiste installé rue de la Trémoille avait cloué au plafond de son cabinet un immense « Gwenn ha du » (drapeau breton). Balthazar ne voyait que cela, la tête renversée, les mains crispées sur les accoudoirs du siège, tendu comme un malade du tétanos en phase terminale. Karantec avait la réputation d’avoir la main douce, mais chacun sait que les réputations sont comme les promesses d’un député : volatiles. D’ailleurs, Karantec avait fait de la politique, il lui était arrivé d’être conseiller municipal. Et comme il n’était pas doux, il siégea, bien sûr, dans l’opposition. Balthazar avait un mal de chien et se disait que cet été il n’irait pas en vacances dans le Finistère. Il ne connaissait pas cette rieuse province, mais il en avait déjà un mauvais souvenir.

    − Voilââââ c’est fini, elle est venue cette molaire. Un conseil quand même, lave-toi les dents de temps en temps, et freine sur le chenin mon cher Balthazar. C’est une boisson acide qui, à haute dose, déchausse la dentition. Je sais bien que dans ton boulot ce n’est pas facile. Personne ne se confie autour d’un verre de lait. Même à Bressuire.

    Karantec pompait le sang avec une canule qui produisait un bruit de succion fort déplaisant. Balthazar apaisait son souffle et amollissait ses muscles. Voilà 15 ans qu’il travaillait dans cette bonne ville de Thouars, avec une carte de presse cornée en poche et un foie qui avait entamé sa prodigieuse croissance bien avant son arrivée ici.

    − His-Honc mon bon breton, ânonna-t-il. Hi est ta patiente hi poireaute dans ta salle h’attente ? (placer trois fois un mot qui exprime la durée dans une phrase aussi courte n’est pas chose aisée quand on a la bouche en sang)

    − La grosse ? C’est Josiane Birdat. Une commerçante en papier peint de la rue Saint-Médard. Pourquoi ?

    − Je l’ai entendu raconter à sa voisine une bien curieuse histoire. Je te raconterai plus tard, je file, on s’voit ce soir aux « Arts » pour un tric-trac comme d’hab

    ÉPISODE 

    2

    Résumé : Balthazar a donné rendez-vous à son ami dentiste Karantec Plouendec au café des Arts,

    ça ­commence bien !

    La nuit était tombée avec la lourdeur lasse de ceux qui ont passé une mauvaise journée. C’était en hiver et il avait plu sans cesse. Même le soleil en avait eu sa claque, il était parti plus tôt que d’habitude. Karantec avait déjà le nez dans son Duhomard (en vente partout dans la ville) quand Balthazar entra dans le café des « Arts », ainsi nommé parce qu’on y cultivait sa cirrhose avec un certain sens du drame. L’estaminet était un endroit douillet. Il n’avait pas changé depuis 1923. Pas de formica, pas de linoléum, même pas un juke-box. On y jouissait d’une paix royale. Le site incitait au murmure. La lumière était douce, la patronne aussi. Dans le café, quelques clients pensifs sirotaient leur Duhomard, c’était la boisson de Thouars ; une ville fantasque qui n’avait jamais jugé utile de se dessiner un drapeau, mais qui avait estimé nécessaire de s’inventer un apéro. D’emblée, Balthazar s’y était trouvé heureux comme une cerise dans son brandy. Cette cité un peu endormie était prompte à la vigueur, en période électorale, ou bien quand le club de foot parvenait en 8e de finale de France. La bourgade encline à la fantaisie était alors capable de toutes les folies. Mais, ce soir-là était ordinaire, comme d’habitude. Sur une table traînait le « Courrier de la République », le journal qui employait Balthazar. Un titre barrait la une sur 5 colonnes : « recrudescence des tags néonazis à Bressuire, le maire porte plainte ».

    − Sophie, un rince-cochon, s’il te plaît. En attendant son blanc-citron-sucre (*) servi dans un grand verre, Balthazar s’expliqua. Josiane Birdat qui attendait son tour avant que tu ne me charcutes la gencive racontait à sa voisine qu’elle venait d’être cambriolée pour la troisième fois en moins de six mois. Son logement a été mis sens dessus dessous par les voleurs. Or, dit-elle, on ne lui a toujours rien pris. C’est bizarre non ?

    (*) note de l’auteur : c’était aussi la boisson favorite de Blaise ­Cendrars lorsqu’il séjournait sur la Côte d’Azur. Boire bien frais.

    ÉPISODE 

    3

    Résumé : c’est pourtant vrai que cela commence bien, on a déjà bu l’apéro. Et cela dès le deuxième épisode. Y a pas à dire, on est à Thouars.

    Karantec qui, en bon Breton, n’était pas né de la dernière pluie, répliqua.

    − Tu es quand même bien placé. Un journaliste, ça fricote toujours avec les flics. Elle a bien dû porter plainte, Josiane. Je la connais, elle n’est pas du genre à faire un cadeau. Un jour je lui ai acheté 18 rouleaux de papier peint, tu sais celui de la salle d’attente, le beau, avec des Tarzan partout, eh ben il m’en est resté 2 sur les bras, elle n’a jamais voulu les reprendre au prétexte que Tarzan n’était plus à la mode, et que les gens voulaient du Batman.

    − C’est fou comme les Bretons vous avez le sens de l’anecdote pertinente. Ce que je veux te dire c’est que, justement j’en arrive du commissariat. Legrandu, l’inspecteur, m’a confirmé qu’aucune plainte n’avait été enregistrée. Rien non plus sur la main courante. Le flic a dit que si rien n’a été volé, y a pas motif à enquête, d’autant plus qu’il n’y a pas eu effraction. Remarque, je n’y suis pas allé pour rien à la maison Poulaga, ils venaient de serrer Kevin Crabier un petit fumeur d’herbe. Legrandu a même dit : « il est brave ce p’tit, c’est deux fois rien : 0,8 g de shit ; mais on doit faire du chiffre, sinon on ferme. Le commissariat c’est devenu comme une boutique de la rue Saint-Médard on serre les fesses et on saute sur tout ce qui bouge ».

    Balthazar commanda un autre verre et conclut subtilement :

    Demain, je vais voir Josiane Birdat, on verra bien… Bon on le fait ce tric-trac ? Je vais te foutre une peignée espèce de dentiste diplômé en boucherie.

    ÉPISODE

     4

    Résumé : on n’a guère avancé depuis l’épisode 2,

    mais on n’est pas resté le gosier sec.

    Balthazar était assis à son bureau : une rédaction hors d’âge pleine de vieux journaux penchés en piles, meublée de cinq fauteuils en skaï dont les accoudoirs déchirés bavaient une mousse jaunâtre. Comme d’habitude il venait de se fâcher avec son chef à Niort, une espèce de grosse méduse flasque et bouffie, bête à tartiner. Comme d’habitude ils s’étaient mutuellement raccrochés au nez. Balthazar avait trop bu la veille, comme d’habitude, mais ce n’était pas la raison. Le compte-rendu de son conseil municipal avait été amputé de 50 lignes (« pour mettre une pub » avait argumenté le chef). Comme par hasard, c’est le chapitre le plus impertinent qui avait été sacrifié par le « cul de plomb » de service. C’est ainsi que, dans le jargon de la presse, on appelle le secrétaire de rédaction ; une sorte d’humain livide qui passe sa vie attelé à son bureau, et qui taille dans les papiers pour les pousser ensuite dans la page. Il y en avait eu de lumineux et talentueux jadis, mais ils avaient quitté le journal depuis longtemps.

    Le maire n’avait aucune sympathie pour Balthazar. Il avait eu plusieurs fois l’occasion de se plaindre de lui à sa hiérarchie. Celle-ci « couvrait » comme on dit dans le métier, mais mollement, comme font les chefs toujours respectueux de l’autorité.

    Les journalistes n’avaient jamais eu la vie facile. Il se souvenait d’un confrère qui avait été convoqué par le préfet pour une engueulade, il est vrai que le surnom de ce journaliste, dans la rédaction, était Bakounine, ce qui n’incite pas les puissants à la tendresse. Au retour, le seul commentaire de Bakounine fut : « et il ne m’a même pas offert un coup à boire ce con. ». Il se rappelait aussi « Fredo le rouge », un journaliste sportif, méchant comme une teigne, qui te crucifiait un gars en deux phrases pointues comme les saints clous de la croix.

    C’était la belle époque.

    Balthazar avait une formule : « à journaliste compétent, élu mécontent ». Évidemment, cela ne plaisait pas à la majorité, et la minorité s’en foutait. Qui pouvait comprendre l’âme usée du localier (journaliste en poste avancé), humble soutier de toutes les causes ? Celui qui encaisse à longueur d’année le désolant spectacle des conducteurs de 18 ans broyés au petit matin dans l’auto empruntée au papa, qui tire le portrait radieux de la Catherinette, qui affronte l’arrogance des petits potentats locaux, qui s’infuse les expositions d’art contemporain ? À force de se frotter à cette rugosité quotidienne, le journaliste devient une sorte de soldat perdu. Il a forgé ses propres armes. Il use de ses propres codes. C’est un égorgeur de tranchée, ses chefs s’en méfient.

    ÉPISODE

     5

    Résumé des épisodes précédents

    pour ceux qui ont tendance à roupiller sur les pages.

    Un journaliste : Balthazar

    qui vient de s’engueuler avec son chef.

    Un dentiste : Breton Karantec

    qui a la fraise lourde.

    Une commerçante : Josiane Birdat

    dont l’appartement a été fouillé trois fois

    par des inconnus. Voilà, c’est tout pour l’instant.

    À part une biture la veille au café des Arts,

    et quelques considérations sur la presse

    quotidienne régionale, le lecteur qui s’est absenté

    n’a pas perdu grand-chose.

    Balthazar lisait l’article que le confrère de Bressuire avait bouclé la veille pour l’édition du matin : « Dégoût ! C’est le mot qui est venu à l’esprit de tous les Bressuirais en ouvrant leurs volets hier matin. La ville, si paisible d’ordinaire, était couverte d’inscriptions nazies, d’appels à la haine, d’injures racistes. Le maire exprime aussi son écœurement et porte plainte. Le curé le soutient. » Suivait un rappel plutôt bien torché sur les lois chéries de la démocratie.

    Gentiment, Martine, la secrétaire, irremplaçable et discrète comme une olive dans un Martini Dry, lui apporta le verre de blanc matinal. Balthazar l’avala d’un trait et poussant la porte de la rédaction dit à Martine : « si l’autre con de chefaillon à Niort me cherche, tu lui dis que je suis parti à la pêche. En vrai, je vais voir Josiane Birdat rue Saint-Médard. Son appartement a été fouillé trois fois de suite, cela m’intrigue. »

    ÉPISODE 6

    Résumé : à Bressuire, d’obscurs nazis taguent la ville. Balthazar décide d’aller voir Josiane Birdat.

    La rue Saint-Médard était en plein cœur de la ville, le cœur fatigué d’une cité qui s’était beaucoup dépensée jadis. Avec le temps, les façades avaient pris la teinte terne et marbrée des grands malades au seuil des soins palliatifs. Le pavage disjoint et taché avait été pimpant c’est sûr, mais quand ? Personne ne se souvenait vraiment. La vie quittait peu à peu cette artère qui s’épuisait et séchait par plaques. De grands espaces de vitrines aveugles ponctuaient la marche de Balthazar. Il poussa la porte du magasin à l’enseigne « Droguerie Générale ». Dans la pénombre, Josiane Birdat tricotait, enveloppée dans son peignoir. Elle économisait sur l’électricité et le fuel. Elle économisait sur tout, même sur la savonnette. L’avarice est la seule passion qui ne coûte rien. Elle l’accueillit avec chaleur (ce qui ne coûte rien).

    ÉPISODE 7

    Résumé : à Bressuire, d’obscurs nazis taguent la ville. Balthazar décide d’aller voir Josiane Birdat.

    C’est exactement le même résumé que celui

    de l’épisode 5, vu qu’il ne s’est rien passé depuis.

    Ah, tiens v’là not’ journaleux. Qu’est-ce que je peux faire pour vous ? Une ou deux bouteilles d’alcool à brûler peut-être ? proposa perfidement Josiane.

    − Quand j’en serai aux cocktails brutaux, ce sera avec plaisir Mme Birdat, mais pour l’instant je reste au blanc sec et au Duhomard (note de l’auteur c’est l’apéro de Thouars en vente partout dans la ville). Dites-moi, cette histoire de triple cambriolage chez vous me turlupine. Vous en parliez à votre voisine dans la salle d’attente de Plouendec.

    − Plouendec ! Quel tortionnaire celui-là ! Ben oui c’est à n’y rien comprendre. Ils viennent, retournent tout et repartent. Il me faut des jours pour tout ranger, mais jamais rien ne manque. Vous pouvez me faire confiance.

    − Pour ça je vous fais confiance.

    − Enfin quand j’dis rien, c’est presque rien. À la cave, parce qu’ils ont aussi fouillé la cave la dernière fois, deux vieilles bouteilles ont disparu.

    − Ah ? Des bouteilles vides ?

    − Deux bouteilles qui étaient là depuis des lustres. Sur une vieille étagère. Deux vieilles bouteilles en verre avec le goulot un peu tordu. J’m’en suis jamais occupé de ces deux vieilles saloperies.

    − Curieux choix. Qu’y avait-il donc dans ces deux bouteilles pour que des cambrioleurs s’y reprennent à trois reprises ?

    ÉPISODE

     8

    Résumé : en devisant avec Josiane Birdat,

    Balthazar apprend que deux bouteilles ont été volées chez la commerçante de la rue Saint-Médard.

    Deux bouteilles, forcément ça l’intéresse.

    − Vous me demandez ce qu’y avait dans ces bouteilles ? J’ai jamais su, et je m’en moque.

    Josiane Birdat tout en parlant était descendue du tabouret d’où elle surveillait toute sa boutique. Elle n’avait jamais eu besoin de ces caméras de surveillance que le maire voulait placer partout en ville. Balthazar avait écrit 50 lignes saignantes sur ce projet municipal absurde, mais elles avaient sauté au montage (voir épisode n° 4). Josiane s’était approchée de Balthazar et, avec cette manie curieuse qu’ont les gens à mauvaise haleine, elle lui parlait sous le nez. Le journaliste n’était pas délicat, mais il émanait de cette bouche que le dentiste Karantec Plouendec avait également maltraitée un remugle atroce : mélange de salive en croûte, d’eau croupie, de charogne de chat avec, derrière, une extravagante pointe de clou de girofle. Elle poursuivait :

    − Certainement une vieille gnôle d’avant-guerre vu que j’habite la maison de ma mère. Hé, hé, mais ce s’rait pas vous des fois mon voleur ? Deux bouteilles de gnôle c’est tentant, non ? poursuivait-elle en s’éclaffant. Ravie de sa trouvaille.

    − Vous êtes impayable, Mme Birdat. Mais j’ai encore les moyens de financer ma liqueur. Je vous laisse à vos affaires et je retourne aux miennes. On vous verra à l’assemblée générale des commerçants ce soir ?

    − Sûr ! J’ai des trucs à dire à ce bon à rien de maire qui nous laisse crever la bouche ouverte.

    − La bouche ouverte ? Ah c’est terrible ça, Mme Birdat. Mettez-vous bien devant pour qu’on vous voie bien sur la photo, et en plus le maire est dur d’oreille. Il est si gros que la graisse lui bouche les oreilles.

    − Devant ? D’accord !

    Elle refoule tellement du goulot que le maire va souffrir sa race, pensa Balthazar qui était déjà dehors ; et si cela avait été possible, l’air frais l’aurait enivré.

    Karantec qui promenait sa chienne arrivait justement à sa rencontre, l’exemplaire du Courrier de la République sous le bras.

    ÉPISODE 

    9

    Résumé : Josiane Birdat a mauvaise haleine,

    mais cela ne fait pas avancer l’enquête.

    Allez donc boire un Duhomard ça éclaircit les idées (note de l’auteur, c’est l’apéro de Thouars

    en vente partout dans la ville)

    La chienne de Karantec n’avait plus aucune dent. C’était une brave bête qui sentait mauvais et que son dentiste de maître avait ­baptisée « Gingivite ».

    − Balthazar, t’as vu ce souk à Bressuire ?

    − Oui quelle histoire ! Je me demande bien qui sont ces cons à croix gammée. Pourvu qu’ils n’étendent pas leur zone d’activité jusqu’ici. Comme tu vois, je sors de chez Josiane. J’sais pas comment tu peux mettre tes mains dans sa bouche ! Elle n’a rien remarqué sauf la disparition de deux vieilles bouteilles. J’ai perdu mon temps, je ne peux pas en tirer dix lignes. Bon je retourne au labeur. Mon chef, à Niort, a vendu 500 journaux à la municipalité et me demande d’écrire une page, je le cite : « bienveillante » sur le maire. En toute liberté bien sûr… mais comme le maire achète 500 numéros, il ne faut pas l’asticoter. Elle est belle la presse !

    − On a tous nos tourments. Tu dois tremper ta plume dans le miel, et moi je mets les doigts dans la fange. C’est notre destin.

    Cette cruelle, mais si véridique constatation abattit encore un peu plus Balthazar qui jugea indispensable de faire, sans tarder, un détour par le café des six fesses, ainsi appelé parce qu’il était tenu par trois vieilles filles.

    ÉPISODE 10

    Résumé : l’enquête piétine, on se demande

    bien où l’auteur veut en venir.

    Entre nous lui aussi…

    Comme tous les soirs, Balthazar alla pousser la porte du commissariat. Il faisait, ce qu’on appelle dans le jargon du métier, « la tournée ». Jadis elle était joyeuse cette tournée, le commissariat, la brigade de gendarmerie et les pompiers disposaient chacun de leur bar clandestin. Chacun avait un nom charmant : « la paillotte », « le parachute », « le repos du guerrier ». On terminait en général, allez savoir pourquoi, au « parachute », chez les gendarmes. Ils avaient tendu au plafond, non pas un drapeau breton (ce qui aurait été aussi de circonstance), mais un… parachute (ben oui, faut pas trop en ­demander, puisqu’on appelait cela le « parachute »). Balthazar qui, dans sa jeunesse avait été « tel le chat maigre » un appelé au 3e régiment de Parachutistes d’Infanterie de Marine à Carcassonne, était toujours très ému en vidant là quelques bouteilles ; et pas seulement parce qu’il venait déjà d’en écluser quelques autres chez les flics et ensuite chez les pompiers. L’alcoolique n’a pas seulement un gros foie, il a souvent un grand cœur. En tout cas, en l’occurrence,

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