Le bol de Chine ou, divagations sur les beaux-arts
Par Pierre Mille
()
À propos de ce livre électronique
En savoir plus sur Pierre Mille
Caillou et Tili Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe Diable au Sahara Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLa biche écrasée Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationEn croupe de Bellone Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationTrois femmes Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationNasr'Eddine et son épouse Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationSur la vaste Terre Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLouise et Barnavaux Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationImages exotiques & françaises Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationMonsieur Barbe-Bleue... et Madame Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationL'ange du bizarre Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationBarnavaux et quelques femmes Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe monarque Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluation
Lié à Le bol de Chine ou, divagations sur les beaux-arts
Livres électroniques liés
Le peintre et son modèle: Roman Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationIntroduction à la méthode de Léonard de Vinci Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLes amitiés littéraires: Paris ou le Livre des cent-et-un Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationL'art de la description en littérature: Maîtrisez l'art de peindre avec les mots Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLes Contemporains, 2ème Série Etudes et Portraits Littéraires Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationBelgiques: Dans les griffes du Doudou Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationFrançois le Champi: Le roman-champêtre de George Sand Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe Portrait de Dorian Gray: Un roman d'Oscar Wilde Évaluation : 4 sur 5 étoiles4/5Qu’est-ce que l’art ? Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationMarcel Proust: Oeuvres complètes Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationUne maison de poupée Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationUn été dans le Sahara: Récit et carnet de voyages Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLes Plaisirs et les Jours Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe portrait de Dorian Gray Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluation100Sation Mystérieuse Tome 10 Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationÉcorché Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe Livre des masques: Portraits symbolistes, gloses et documents sur les écrivains d'hier et d'aujourd'hui Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluation100Sation Mystérieuse Tome 11 Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationŒuvres de Marcel Proust (L'Intégrale) Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe Désespéré Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationInsomnies: Recueil de Poésie Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationEaux printanières Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationValérie Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe Traité du Narcisse Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationOeuvres Complètes Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationTolstoï: La question de l'art Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationAu fil des ans et des pages: Journal Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationSouvenirs de la vie parisienne Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationDes émotions saccadées Aux Rêves inavoués D’un Poète de nos jours… Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluation
Arts visuels pour vous
Les Peintures de la Renaissance Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationDessiner avec l'oeil dominant: Vos yeux sont votre meilleur outil pour apprendre à dessiner Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationManuel de dessin et de peinture: L'essentiel à portée de main Évaluation : 3 sur 5 étoiles3/5Composition et perspective Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationPeindre à l'aquarelle: Esquisses au stylo, à l'encre et à l'aquarelle Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationL'Art nouveau Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationComment dessiner un personnage - Méthode de dessin avec l'anatomie du corps humain Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLa pratique et la science du dessin Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationJean-Auguste-Dominique Ingres Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLéonard de Vinci Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationVincent Van Gogh et œuvres d'art Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationL'omnibus du croquis au stylo Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe Cubisme Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationL'Art de la Renaissance Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5Le Surréalisme Évaluation : 4 sur 5 étoiles4/5Giorgione, un artiste plein de mystères: La première révolution de la couleur à Venise Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationDessiner grâce au cerveau droit: Le livre de référence pour vraiment apprendre à dessiner Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationPeintures numériques expréssives sur Procreate Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationIrezumi le Tatouage Japonais - Les Significations du Tatouage Japonais et Méthode de Dessin au Style Irezumi Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationL'Art baroque Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5Dessins érotiques 120 illustrations Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/51000 Monuments de Génie Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationUkiyo-e 120 illustrations Évaluation : 2 sur 5 étoiles2/51000 Aquarelles de Génie Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe Douanier Rousseau Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationBauhaus Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5Alphonse Mucha Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationDu dessin et de la couleur: Essai sur l'art Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationPablo Picasso et œuvres d'art Évaluation : 4 sur 5 étoiles4/5
Avis sur Le bol de Chine ou, divagations sur les beaux-arts
0 notation0 avis
Aperçu du livre
Le bol de Chine ou, divagations sur les beaux-arts - Pierre Mille
LE BOL DE CHINE
OU
DIVAGATIONS
SUR LES
BEAUX-ARTS
© 2023 Librorium Editions
ISBN : 9782385743253
LE BOL DE CHINE
LE BOL DE CHINE
LE CHEF-D’ŒUVRE
CELUI QUI RESSUSCITA
CELUI QUI NE RÉALISAIT PAS
HENRI ROUSSEAU, PEINTRE ET DOUANIER
A FIXIN
ISADORA DUNCAN
M. RAYMOND DUNCAN
ERREUR DANS LE VOCABULAIRE
LE BAS-RELIEF
POUR UNE NOUVELLE LIGUE
LES DEUX TRIBUS
JEAN-LOUIS, ENSEMBLIER
SIMULTANÉISTES
LA SINGULIÈRE HISTOIRE DU PORTRAIT
BARNAVAUX ET LES BEAUX-ARTS
L’IDÉAL
LE BOL DE CHINE
… Ce n’est rien qu’un bol, une simple écuelle à riz, que modela jadis un artisan de la vieille Chine, pour la jeter ensuite aux grands feux qui font la matière solide, cristalline, comme intérieurement gemmée, égalent enfin l’œuvre des hommes à ces minéraux cristallins qu’a recuits l’ardeur des volcans. Pas d’ornements, nul décor, rien qu’un émail épais, d’un vert cérulé ; galuchat ou peau de serpent. Mais prenez-le, maniez-le, touchez-le : quelle étrange, quelle nouvelle impression de beauté ! Et d’où vient-elle ?… Voici maintenant un buste de bronze. La sévérité même de sa teinte monotone fait que je n’en perçois que la silhouette générale et les traits principaux. Je clos mes paupières, j’abolis mon regard, je palpe, je tâte en aveugle ; et ce sont des muscles, une charpente, une pulpe vivante, des accents qui se révèlent. Oh ! la joie, le pouvoir, la « connaissance » qui se cachaient dans mes mains, et que j’ignorais ! Mais alors que j’ai des mots qui attribuent des causes aux voluptés de mes yeux, qui « nomment » des détails, définissent des caractères, motivent des sensations, ici je ne puis aller plus loin — je n’ai plus de langage parce que je n’ai plus d’idées : seules des impressions infiniment profondes, infiniment vagues, indéfinissables, obscures.
Que m’importent le son, la forme, la couleur,
La beauté qui me cache, en dansant, les abîmes !
Je ne perçois l’objet que dans sa pesanteur.
vient d’écrire Georges Chennevière dans des vers qui marquent une façon neuve de sentir. Toute neuve, oui ! Mais c’est pourquoi ce poète ne précise guère davantage, c’est pourquoi nul ne saurait préciser davantage : émotion mystique du toucher, en laquelle n’est pas encore descendue l’analyse.
Je suis né, nous sommes tous nés ne connaissant d’abord l’univers que par nos mains tremblantes, ardentes, indécises, toujours tendues : des combinaisons de poids, de volume, de toucher et de forme, puis le mariage de ces combinaisons avec des impressions de couleur et des calculs de distance, tels furent nos débuts dans la vie sensitive. De tous nos sens le tact fut celui qui s’éveilla le premier ; mais notre bouche n’exhalait encore que des vagissements inutiles, et quand nous sûmes parler, nos yeux seuls restèrent conscients, avec nos oreilles, notre goût, notre odorat : eux seuls apprirent à s’exprimer, alors que les sensations du toucher s’enfonçaient dans les profondeurs de notre inconscient : elles y demeurent larvaires, avortées, indéveloppées, parce qu’elles sont muettes et sourdes. Comptez le nombre des mots, des métaphores, des images qui dans notre langue et dans toutes les langues se rattachent au toucher : que la tribu vous en va sembler misérable ! On dirait même qu’elle est sur le point de disparaître, qu’elle s’appauvrit, dégénère. C’est que jamais nous n’enrichissons nos impressions de tact par elles-mêmes, en les analysant, en les creusant, en les définissant dans leurs qualités essentielles ou particulières, mais par des emprunts au vocabulaire des autres sens, par une mosaïque de cailloux volés dans d’autres carrières, et sous laquelle ces impressions restent écrasées. Dites-moi s’il est un amant, à moins qu’il ne soit aveugle — ou peut-être sculpteur, — qui, dans l’obscurité d’une nuit sans astres, puisse reconnaître, au seul savoir de ses mains, le visage de sa maîtresse ?
Et pourtant… pourtant ce sens négligé reste à la base, c’est lui qui supporte tous les autres, qui « cause » tous les autres ; sans lui tous les autres ressemblent à un homme sans squelette. Mais si c’était pour ce motif même qu’on le néglige, qu’on le tait, par une sorte d’involontaire pudeur, comme s’il portait en lui quelque chose de si solennel, intime, profond, qu’il en devient obscène, et qu’il paraisse qu’il faille n’en point parler ? Il est l’émanation la plus directe de nos corps, il est comme nos corps mêmes, il participe à leur nudité, il est nu — peut-être fait-il peur ! Et alors il est proscrit. Proscriptions dont n’osèrent point appeler les plus hardis poètes, les plus furieux contempteurs des plus antiques lois morales, ceux enfin qui se vantèrent de glorifier les sens, tous les sens, et d’évoquer les échos pour lesquels il s’assemblent, s’unissent et se complètent :
Les parfums, les odeurs et les sons se répondent.
Il n’est pas question du toucher ! Il est caractéristique même qu’à aucune autre époque de notre littérature le toucher n’ait été plus dédaigné qu’à celle du sensualisme romantique. A tous autres égards et dans tous les autres domaines, si le romantisme n’a point apporté beaucoup d’idées, il a du moins enrichi la langue des sensations — sauf pour le toucher, encore une fois ! Racine là-dessus en savait plus long, ou du moins cela paraissait tel parce que l’équilibre, dans son vocabulaire, s’était maintenu entre les cinq sens. Aujourd’hui notre vocabulaire n’est plus que d’orateur et de peintre, surtout de peintre, de peintre en surface : le volume, le poids, les richesses du tact en sont absents. Aussi, sans la littérature romantique, est-il possible que la peinture impressionniste ne fût jamais née : nous sommes un peuple d’écrivains, d’abord ; les autres arts emboîtent le pas, et comme c’est dans les autres arts que nous sommes le moins sérieux, parce qu’ils nous intéressent moins, c’est chez eux que les excès se font sentir davantage. On va jusqu’au bout de la théorie, et l’on soutient la théorie par de la littérature, encore ! Tandis que les écrivains qui ne sont qu’écrivains sont généralement retenus par le besoin qu’ils gardent toujours de la réalité concrète. Qu’on me pardonne le calembour : ce n’est plus qu’en littérature que les Français ont le sens du volume.
… Je me souviens d’un jeune impressionniste qui reproduisait patiemment, à coups de pastilles colorées, les traits d’un modèle féminin placé devant lui. Ces temps sont déjà périmés : on n’en était pas encore à ces effigies plates et déformées, imageries puériles qui n’ont même pas le mérite d’être innocentes et qui outragent la vérité du dessin par ignorance, pour commencer, ensuite par parti pris. Ce jeune impressionniste voulait modeler et n’y parvenait point, parce que sa technique même lui interdisait la profondeur. Un littérateur vint, qui mit le doigt sur sa toile : « Votre figure est à contre-jour, je le sais bien, dit-il, mais dans la réalité elle ne s’en arrondit pas moins ; cette joue, elle tourne, et je ne saurais l’oublier… Je voudrais que l’amant de cette femme conservât le désir de caresser son portrait : hélas ! il n’en sera rien. »
Toutes les légitimes revendications du toucher contre la vue, toutes les exigences de l’harmonie qui doit subsister entre le toucher et les yeux étaient dans cette seule phrase. Mais le peintre ne comprit point, et avait le droit de ne pas comprendre. Ni ce littérateur lui-même, ni personne au monde ne lui avait appris à sentir, à jouir des sensations du toucher. On ne sait plus…
O mon cher petit bol chinois, viens donc à mon secours ! Enseigne-moi ce qu’on n’enseigne plus. Je suis comme les autres, vois-tu, j’ignore tout, je ne suis qu’un débutant. Dis-moi lentement, doucement, tandis que je ferme les yeux, les causes intimes de ta voluptueuse et simple beauté, révèle-moi les mots par quoi s’exprimeront cette invisible et tactile beauté : car tout vient chez nous des mots…
LE CHEF-D’ŒUVRE
En 1927, l’illustre sculpteur Cailleterre était parvenu aux suprêmes limites de l’âge, mais aussi du génie. Il avait commencé, dès longtemps, à laisser voir sur les bronzes