Sool: La méningite du singe
Par Olivier Ansidei
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À propos de ce livre électronique
À PROPOS DE L'AUTEUR
Olivier Ansidei a trouvé dans l’écriture une nouvelle voie après la naissance de son fils en 2001 et le décès de sa tante. La littérature devient alors pour lui un puissant moyen d’expression.
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Aperçu du livre
Sool - Olivier Ansidei
Prologue
Je ne voulais pas raconter moi-même ce qui suit, mais je n’ai plus le choix, c’est le seul moyen de vous transmettre la vérité sur mes travaux et le grand mensonge.
À ce qu’il y a de plus grand que nous, je demande de me préserver de faire le mal, au-delà de tout, de me pardonner !
En début de matinée du neuf juillet de l’année 23 « Après Révélation », j’entreprenais de tondre mon jardin.
J’aime grimper sur mon petit tracteur et le faire vrombir comme s’il était inarrêtable.
L’odeur de la coupe de l’herbe encore humide de la rosée du matin est enivrante.
Mon grand terrain m’offre un moment de loisir bien à moi, je joue du volant, je chante et je vise les herbes comme le ferait un enfant.
Je ne manque jamais d’être le plus précis possible lorsque je m’occupe du tour de la fontaine qui se trouve au centre de mon jardin.
Elle est encadrée de deux bancs sur lesquels je m’accorde un long moment de détente une fois mon travail terminé.
J’ai bâti cette cascade de mes mains et sur un socle en son centre une jeune femme est entourée de deux géants.
Elle reproduit fidèlement une œuvre que j’ai eu le bonheur d’admirer, j’adorerais l’avoir directement sortie de mon imagination, mais ce n’est pas le cas.
Tout à mon amusement, vous comprendrez que je déteste être dérangé lors de ces séances hors du temps.
Lorsque la lumière clignotante à l’arrière de la maison m’indiquait que l’on avait sonné, j’étais loin d’avoir terminé.
Voilà trois longues années que personne ne m’avait visité, au-delà de la contrariété de devoir cesser mon jeu, j’étais surtout étonné.
Il m’avait bien fallu stopper mon engin devant la terrasse, enlever mes bottes, enfiler mes chaussons et traverser toute la maison pour me rendre au visiophone tout en enlevant mes gants.
Devant la caméra du portail se tenaient deux jeunes femmes.
SOOL : Oui, c’est pourquoi ?
LA PLUS PETITE DES DEUX : Bonjour Monsieur, nous voudrions vous interviewer, s’il vous plaît, me dit-elle, semblant sautiller devant la caméra.
Sans même prendre la peine de lui répondre, je raccrochais l’interphone.
J’étais en train de me dire qu’elles avaient l’air particulièrement jolies et voilà qu’elles sonnaient à nouveau.
Un peu agacé, je décrochais pour les entendre me dire à l’unisson : « Monsieur, c’est pour les animaux. »
SOOL : Désolé, je ne m’en occupe plus ! Bonne journée, répondais-je.
Je raccrochais de nouveau prestement et essayais de retrouver mon état joyeux d’avant ce dérangement.
Mais non, les gens se sentent toujours obligés d’insister.
Alors me voilà en train de reprendre le combiné pour les éconduire et là, surprise, c’était un homme d’une trentaine d’années qui se tenait devant les filles qui, sans perdre de temps, me dit que c’était « Lyill » qui l’envoyait.
Je me suis figé quelques instants tout en frictionnant mon index gauche avec mon pouce comme je le fais lorsque je dois prendre une décision rapide.
C’était inattendu et j’ouvrais le portail.
Lyill, voilà bien un nom que je n’avais pas entendu depuis des années.
Un fantôme du passé qui venait de me sauter au visage.
Quelques instants plus tard, alors que je me tenais cette fois devant ma porte, une petite voiture rouge décapotable se garait devant les escaliers.
Elle avait plus l’allure d’une caisse à savon sur roues que d’un véhicule.
Les trois jeunes gens en descendaient rapidement, les deux jeunes femmes attrapaient chacune une valisette à l’arrière du véhicule tandis que l’homme montait les marches et me tendait sa main à serrer.
Je le regardais un peu froidement et commençais déjà à regretter d’avoir ouvert quand il se présentait comme Bétan, le fils de Lyill.
SOOL : Ah bon, je ne savais pas qu’il avait un enfant, m’exclamais-je alors.
BÉTAN : Lui non plus ! Euh… Du moins jusqu’à la révélation.
Je crois que c’est à peu près à ce moment-là, que vous avez pris de la distance, non ? me répondait-il.
Comme si j’avais pu garder des souvenirs parfaits de tous les évènements.
SOOL : Je ne suis pas tout à fait sûr, c’est un peu compliqué, la période était confuse, mais oui, peut-être.
Les filles avaient remonté les marches avec leurs étranges valisettes et Bétan me demandait si je voulais bien lui parler de son père et des animaux.
J’avais hésité un long moment avant d’acquiescer et de les laisser entrer.
Non pas que je ne voulusse lui parler de son père, mais je ne m’y attendais pas.
Je savais bien, au fond de moi, qu’un jour on viendrait me demander des comptes sur mon rôle dans les évènements et peut-être sur mes erreurs ou mes fautes.
Je les avais installés sur la terrasse, à l’arrière de la maison.
De cet endroit, on voit bien la fontaine et ils me complimentaient de sa beauté.
Je ne leur avais pas proposé à boire.
Les deux filles me regardaient en chien de faïence.
Il n’y avait que les yeux de Bétan qui pétillait d’impatience.
Je lui avais à peine demandé ce qu’il voulait savoir exactement que, volubile, il s’engouffrait dans la brèche.
BÉTAN : Tout ! J’aimerais tout savoir.
SOOL : Il va falloir vous calmer jeune homme, si vous voulez avoir une discussion avec moi elle doit être apaisée.
Et puis que font là ces jolies jeunes femmes ?
BÉTAN : Elles sont là pour enregistrer l’audio et la vidéo.
Pour être tout à fait sincère, j’espérais que vous seriez sensibles à leurs charmes.
J’ai un peu honte de vous dire ça, mais c’était une sorte de plan B.
Il s’est avéré inutile, mais je voulais mettre toutes les chances de mon côté, je suis désolé.
Je suis journaliste pour le « Côte d’aujourd’hui », selon mon père si je réussis à avoir votre histoire, je suis sûr d’être directement embauché par le « Râle Informations ».
Vous me comprenez n’est-ce pas ? Ce serait une immense opportunité pour ma carrière, il n’y a pas photo entre un régional et un national, hein ?
Son teint brunâtre et sa carrure me rappelaient son père.
Alors c’était peut-être le moment de raconter mon parcours et me libérer de tous ces secrets.
Si aujourd’hui je vous raconte son interview, c’est parce qu’il n’a jamais pu publier ce qu’il pensait être son sésame pour une vie meilleure.
Il avait été retrouvé sans vie, à son domicile quelques jours plus tard et les enregistrements s’étaient volatilisés.
C’est donc maintenant à moi de faire le travail qu’il m’avait convaincu de le laisser mettre au jour.
C’était un jeune homme prometteur et il avait raison.
Il faut que vous sachiez ! Que plus rien ne se perde ! Que plus rien ne se volatilise ! Ne plus vivre sous le sceau du secret et dévoiler le grand mensonge.
Chapitre 1
Se résumer
Je me nommais Sool, mais on m’avait souvent appelé So !
Je ne savais pas ce qui faisait la vie, pas plus que la mort d’ailleurs.
Mais peut-être y avait-il quelque chose d’évident à suivre.
Une logique à découvrir et, peut-être à la clef, une certitude.
Avec un peu de chance, au moins un itinéraire.
Je n’avais pas toujours été aussi obsédé.
Aujourd’hui, je peux dire, malgré mon manque d’instruction, que les travaux que j’ai menés pendant dix ans avaient été fructueux.
Le Chercheur, voilà comment on me surnommait à l’époque.
Ce n’était, d’ailleurs, pas forcément flatteur, car il caractérisait bien ma ténacité face à l’incompréhensible.
Désormais, j’ai un nom de famille et tout le monde me connaît.
S’il en est ainsi, c’est suite à la rencontre d’un inconnu, mais c’est quand même bel et bien un animal qui m’avait donné le cap.
J’ai grandi dans un univers plutôt rude où la vie et la mort ne sont rien de plus que des constantes d’ajustement.
La Nébiliane est un grand pays situé sur le pourtour Elluméen.
Elle représente plus de la moitié sud du continent Râle.
Au nord-est, La Salforie, et au nord-ouest, la Côte des Roses, moitié moins grandes que la Nébiliane.
Il se disait que la vie était agréable en Côte des Roses.
Zabahl, la capitale de la Nébiliane, était une ville à forte population.
Environ soixante millions de personnes se partageaient à peine cinq cents kilomètres carrés, autant dire qu’il était souvent difficile de se frayer un chemin parmi la foule.
C’était probablement dû à cette surpopulation que les gens ne se préoccupaient que d’eux-mêmes.
Il faut dire que la nourriture était un véritable problème.
Les camions de ravitaillement provenant des champs étaient régulièrement attaqués par des brigands.
Le port, quant à lui, était encombré d’épaves, laissées là à la suite de leur abordage par ceux qu’on surnommait « Les Harponneurs ».
Il fallait faire preuve de volonté, d’imagination et ne rien trouver ragoûtant, pour s’alimenter.
Dans cet endroit, peu d’enfants vivaient avec leurs parents.
Au-delà d’un certain âge, il fallait qu’ils servent d’une manière ou d’une autre ou ils étaient jetés, définitivement, à la rue.
C’était mon cas !
Je vivais dans cet univers vicié, seul, depuis mes huit ans.
Il m’avait fallu me débrouiller comme je pouvais.
Inutile de vous dire combien de choses malsaines j’avais dû affronter pour atteindre mes dix-sept ans.
Je ne me lavais jamais, et pour tout vêtement, je possédais un long morceau d’étoffe.
À mes quinze ans, deux hommes et une femme m’avaient arraché quelques dents, dont les deux de devant.
Les restantes, bien que gâtées par le manque de nourriture et l’absence d’hygiène, pouvaient tout à fait se vendre aussi.
Alors, par précaution, lorsque j’étais à l’extérieur, je mettais le morceau de tissus pour me couvrir le bas du visage.
Je me cachais dans un trou que je recouvrais d’un couvercle de bois dans l’ancienne chaussée au fond d’une impasse.
Elle était bordée sur deux côtés de bâtiments recouverts de grillages barbelés et se terminait d’un mur si haut et si épais que je ne pouvais voir de quoi il nous séparait.
Après plusieurs années, gagnant en force j’avais réussi à creuser un trou dans le mur du fond.
Avec le troc, j’avais pu améliorer le couvercle de bois jusqu’à pouvoir m’en servir de porte.
Mon univers ne s’étendait pas très loin, au bout de mon impasse, il y avait une grande rue transversale toujours inondée de monde.
Une centaine de mètres à droite et je ne dépassais jamais la zone du petit marché où de nombreuses personnes venaient vendre tout ce qu’elles avaient bien pu échanger ou escamoter.
Une centaine de mètres à gauche et je m’arrêtais à la boulangerie où, derrière un guichet fortifié, se vendaient ou s’échangeaient quelques pains.
Je n’avais absolument aucune idée de ce qui pouvait bien se trouver en dehors de ces quelques mètres.
Pour ma part, j’y échangeais mes réalisations, je ramassais tous les mégots que je trouvais.
À l’abri de mon trou, patiemment, je reconstituais une, deux, et quand j’avais beaucoup de chance, trois cigarettes qui me permettait de profiter d’un bout de pain.
Le monde semblait dirigé par l’industrie du tabac à laquelle je ne comprenais rien.
Les gens ne pouvaient ni s’habiller ni manger, mais ils fumaient, à se rompre les poumons, comme si c’était la seule chose qui n’avait, aucune valeur.
Je n’avais pas d’imagination, je dormais très peu et, pour ne pas être surpris par une intrusion, toujours à demi éveillé.
Néanmoins, il m’arrivait de faire des rêves.
Mais le manque d’instruction et d’échanges avec les autres ne permettait pas à ma conscience d’être au-delà du primaire, de l’instinct.
Ma nature terriblement sauvage m’empêchait, j’imagine, de penser ou imaginer autre chose que mon quotidien.
En face de l’impasse, il y avait un vieux, je ne saurais dire avec certitude son âge tant les gens vieillissaient vite.
Comme là-bas, les gens ne dépassaient que rarement la soixantaine, je suppose qu’il ne devait pas avoir les cent ans qu’il paraissait.
Des quelques guenilles qu’il portait, semblant encore plus fripé que lui, émergeait en permanence son sexe.
Ce n’était pas la vue de la nudité qui me gênait, ici les gens marchaient vêtus de ce qu’ils pouvaient et bien souvent ils préféraient protéger leur ventre que leurs attributs.
La pudeur n’était pas une chose que l’on connaissait vraiment dans cette ville, régulièrement on pouvait observer ceux qui font leurs petites affaires où bon leur semble à la vue de tous.
Non, ce qui était intrigant c’est qu’il n’était pas de la même couleur que lui.
C’était un homme à la peau blanche, très blanche, avec quelques résidus de chevelure roux et gris.
Cheveux qu’il avait sûrement vendus contre quelques nourritures.
Mais son sexe était noir ébène !
Dans cette rue où des milliers de personnes passaient tous les jours, offrant une diversité de couleurs incroyables, jamais je n’avais vu un sexe d’une autre couleur que son propriétaire, et ça me fascinait.
Jamais je ne lui avais adressé la parole, d’ailleurs je n’étais même pas sûr de réussir à m’exprimer en dehors de quelques mots et des gestes nécessaires à me faire comprendre pour un échange.
Mais voilà, il arrive, certaines fois, des choses curieuses et ce jour-là était un de ces moments, qui peuvent conditionner la suite d’une vie.
Chapitre 2
S’ouvrir
Ce matin-là, comme je le faisais chaque jour, afin de toujours faire peu de bruit, j’étais sorti de mon abri en soulevant puis poussant ma porte.
Ce n’est pas que l’on ne voyait pas ce gros morceau de bois, mais, machinalement, je faisais en sorte d’être le moins remarqué possible.
Je l’avais recouvert d’une pâte à base d’eau et de poussière que relâchait la chaussée qui s’effritait, ça lui donnait une couleur grisâtre qui se fondait mieux dans le décor.
Malgré tout, ça restait une grande plaque qui pouvait attirer l’œil lorsque je la manipulais.
Ce devait être une belle journée, au travers de la couche de brouillard qui surplombait la ville en permanence, on semblait distinguer le soleil et la rue paraissait plus lumineuse qu’à l’accoutumée.
Une petite bruine légèrement acide dégoulinait sur les murs et de la pointe des barbelés tombaient de grosses gouttes.
Celles qui finissaient à terre dans un petit claquement dégageaient soudain une légère odeur de ver de gris.
Il n’était pas utile de les laisser se perdre sur le sol, j’installais mes petits creusets sous les plus prometteuses.
Je fabriquais ces petits récipients avec le même amalgame dont j’avais recouvert ma porte, mais je les façonnais avant de les laisser sécher.
Ça me rendait bien des services, récolter l’eau, récupérer le tabac restant dans les mégots, etc.
En face, le vieux.
Ça devait bien faire une bonne centaine de jours qu’il s’était assis contre ce mur, je ne le voyais bouger que rarement, peut-être une ou deux fois par jour, mais jamais il ne s’absentait plus d’une trentaine de minutes.
Je n’avais jamais eu la curiosité d’épier ce qu’il pouvait faire lors de ses escapades, il était déjà assez difficile de se préoccuper de soi-même.
En tout cas,