Élections législatives tchèques de 2010

Les élections législatives tchèques de (en tchèque : Volby do Poslanecké sněmovny Parlamentu České republiky 2010) se tiennent les vendredi et samedi , afin d'élire les 200 députés de la 6e législature de la Chambre des députés pour un mandat de quatre ans.

Élections législatives tchèques de 2010
200 sièges de la Chambre des députés
(Majorité absolue : 101 sièges)
et
Type d’élection Élections législatives
Corps électoral et résultats
Inscrits 8 415 892
Votants 5 268 098
62,60 % en diminution 1,9
Votes exprimés 5 230 859
Blancs et nuls 37 239
ČSSD – Jiří Paroubek
Voix 1 155 267
22,08 %
en diminution 10,2
Sièges obtenus 56 en diminution 18
ODS – Petr Nečas
Voix 1 057 792
20,22 %
en diminution 15,2
Sièges obtenus 53 en diminution 28
TOP 09 – Karel Schwarzenberg
Voix 873 833
16,70 %
Sièges obtenus 41 en augmentation 41
KSČM – Vojtěch Filip (cs)
Voix 589 765
11,27 %
en diminution 1,5
Sièges obtenus 26 en stagnation
VV – Radek John
Voix 569 127
10,88 %
Sièges obtenus 24 en augmentation 24
Parti vainqueur par circonscription
Carte
  • Parti social-démocrate tchèque
  • Parti démocratique civique
  • TOP 09
Président du gouvernement
Sortant Élu
Jan Fischer
Ind.
Petr Nečas
ODS
(en) volby.cz

Le scrutin est organisé un an après le renversement du libéral-conservateur Mirek Topolánek au profit d'un gouvernement de technocrates soutenu par les deux grands partis. Les résultants montrent l'effondrement du Parti social-démocrate et du Parti démocratique civique, qui restent les deux principales forces politiques tchèques. Les partis de centre droit et de droite ayant remporté une forte majorité absolue, le libéral-conservateur Petr Nečas devient président du gouvernement un mois après les élections.

Contexte

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Formation gouvernementale compliquée

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Lors des élections législatives de 2006, le Parti démocratique civique (ODS) de Mirek Topolánek s'impose avec une majorité relative de 81 députés sur 200, contre 74 au Parti social-démocrate tchèque (ČSSD) du président du gouvernement Jiří Paroubek. L'accession de Topolánek au pouvoir est cependant compliquée par les résultats de ses alliés potentiels, puisque l'Union chrétienne démocrate - Parti populaire tchécoslovaque (KDU-ČSL) et le Parti vert (SZ) cumulent 19 sièges, ce qui donnerait à leur éventuelle alliance 100 élus sur 200, soit une voix de moins que la majorité absolue[1].

Chargé le de constituer le nouveau gouvernement tchèque par le président de la République Václav Klaus[2], Mirek Topolánek annonce la mise en place d'un gouvernement minoritaire composé de membres de l'ODS et d'indépendants trois mois plus tard[3], mais il échoue le à remporter le vote de confiance à la Chambre des députés[4].

Après s'être opposé à la formation d'une grande coalition ou au soutien sans participation du ČSSD[5], le chef de file de l'ODS forme le un second exécutif de coalition avec l'Union chrétienne démocrate et les Verts, qui reste toujours confronté à l'absence de majorité absolue en sa faveur[6]. Il remporte finalement le vote de confiance le , 233 jours après les élections législatives, grâce à l'absence au moment du vote de deux députés sociaux-démocrates dissidents[7].

Motion de censure de 2009

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Le , la Chambre des députés vote une motion de censure par 101 voix favorables, soit le minimum constitutionnel requis ; ne disposant plus que de 96 voix acquises contre 97 à l'opposition, Mirek Topolánek a été notamment lâché par quatre députés élus sous les couleurs des partis de sa coalition[8]. Après un accord entre les principaux partis, le directeur de l'Office des statistiques Jan Fischer est nommé président du gouvernement le avec pour mission de former un gouvernement de technocrates jusqu'à la tenue d'élections anticipées[9].

Le gouvernement Fischer est assermenté au château de Prague par le président de la République le , avec pour principal objectif de conclure la présidence tchèque du Conseil de l'Union européenne[10]. Bénéficiant du soutien du Parti démocratique civique, du Parti social-démocrate et du Parti vert, l'exécutif remporte la confiance de la Chambre des députés le par 156 voix favorables sur 194 élus présents[11].

Après que les députés ont adopté une loi prévoyant l'anticipation des élections législatives aux et , la Cour constitutionnelle l'annule le , entraînant de facto le report du scrutin d'au moins un mois, le temps que soit voté un amendement constitutionnel[12]. Cette décision pousse le Parti social-démocrate à revenir sur son soutien à une dissolution précoce de la Chambre, forçant la conclusion de la législature à son terme naturel[13].

Mode de scrutin

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La Chambre des députés (en tchèque : Poslanecká sněmovna) est la chambre basse du Parlement tchèque.

Elle se compose de 200 députés élus pour un mandat de quatre ans au scrutin proportionnel d'Hondt avec vote préférentiel dans 14 circonscriptions électorales qui correspondent aux 13 régions et à Prague[14].

Un seuil électoral est fixé à l'échelon national : 5 % des suffrages exprimés pour un parti, 10 % pour les coalitions de deux partis, 15 % pour les coalitions de trois partis et 20 % pour les coalitions de quatre partis et plus[14].

Lors du vote, en plus de celui pour la liste de parti de leur choix, les électeurs peuvent aussi indiquer leur préférence pour un maximum de quatre des candidats inscrits sur la liste. Les candidats recueillant plus de 5 % des suffrages préférentiels à l'échelon régional sont placés en haut de la liste de leur parti. Lorsque plusieurs candidats recueillent plus de 5 % des votes préférentiels, ils sont classés par ordre du nombre total de votes préférentiels qu'ils ont recueillis[14].

Le vote n'est pas obligatoire[14].

Campagne

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Principales forces politiques

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Nom Idéologie Chef de file Résultat en 2006
Parti démocratique civique
Občanská demokratická strana
Centre droit
Libéral-conservatisme, euroscepticisme
Petr Nečas 35,4 % des voix
81 députés
Parti social-démocrate tchèque
Česká strana sociálně demokratická
Centre gauche
Social-démocratie, keynésianisme
Jiří Paroubek 32,2 % des voix
74 députés
Parti communiste de Bohême et Moravie
Komunistická strana Čech a Moravy
Gauche à extrême gauche
Communisme, marxisme, euroscepticisme
Vojtěch Filip (cs) 12,8 % des voix
26 députés
Union chrétienne démocrate - Parti populaire tchécoslovaque
Křesťanská a demokratická unie - Československá strana lidová
Centre à centre droit
Démocratie chrétienne, conservatisme
Cyril Svoboda 7,2 % des voix
13 députés
Parti vert
Strana zelených
Centre
Écologie politique
Ondřej Liška 6,3 % des voix
6 députés
TOP 09 Centre droit
Libéral-conservatisme, démocratie chrétienne
Karel Schwarzenberg Pas créé
Affaires publiques
Věci veřejné
Centre droit
Libéral-conservatisme, démocratie directe, populisme
Radek John Pas créé
Parti des droits civiques
Strana Práv Občanů
Centre gauche
Social-démocratie, populisme de gauche
Miloš Zeman Pas créé

Résultats

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Voix et sièges

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Résultats des élections législatives tchèques de 2010[15]
 
Partis Voix % +/- Sièges +/-
Parti social-démocrate tchèque (ČSSD) 1 155 267 22,08   10,24 56   18
Parti démocratique civique (ODS) 1 057 792 20,22   15,16 53   28
TOP 09 873 833 16,70 Nv 41   41
Parti communiste de Bohême et Moravie (KSČM) 589 765 11,27   1,55 26  
Affaires publiques (VV) 569 127 10,88 Nv 24   24
Union chrétienne démocrate - Parti populaire tchécoslovaque (KDU-ČSL) 229 717 4,39   2,83 0   13
Parti des droits civiques (SPO) 226 527 4,33 Nv 0  
Souveraineté (cs) (Suverenita) 192 145 3,67   3,21 0  
Parti vert (SZ) 127 831 2,44   3,85 0   6
Parti ouvrier de la justice sociale (DSSS) 59 888 1,14   0,91 0  
Parti pirate tchèque (ČSP) 42 323 0,80 Nv 0  
Parti des citoyens libres (Svobodní) 38 894 0,74 Nv 0  
Bloc de droite (cs) (PB) 24 750 0,47   0,09 0  
Autres partis 43 000 0,87 - 0  
Suffrages exprimés 5 230 859 99,37
Votes blancs et invalides 32 963 0,63
Total 5 230 859 100 - 200  
Abstentions 3 185 033 37,40
Inscrits / participation 8 415 892 62,60

Analyse

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Parti vainqueur par district.

Le résultat du scrutin marque un vote sanction contre le Parti social-démocrate tchèque (ČSSD) et le Parti démocratique civique (ODS), qui alternent au pouvoir depuis 20 ans, les électeurs ayant totalement redessiné le paysage politique tchèque[16],[17].

Bien qu'il soit en tête, le Parti social-démocrate recueille moins de 23 % des suffrages, ce que l'ancien président du gouvernement Vladimír Špidla qualifie de « mauvais résultat ». Le scrutin voit en effet la percée de deux nouveaux partis, TOP 09 et Affaires publiques (VV), dont les excellents chiffres reposent essentiellement sur la popularité de leurs chefs de file respectifs, l'aristocrate Karel Schwarzenberg et l'ancien journaliste Radek John, VV n'ayant même pas de programme électoral précis[16].

Les scores définitifs empêchent ainsi le retour au pouvoir du ČSSD dans le cadre d'une éventuelle coalition avec le Parti communiste de Bohême et Moravie (KSČM) — dernier parti communiste non-réformé en Europe centrale et orientale — que le chef de file social-démocrate Jiří Paroubek aurait pu envisager, puisque dans leur ensemble les trois partis de centre droit totalisent une majorité absolue de 118 sièges sur 200[17].

Conséquences

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Le , le président par intérim de l'ODS Petr Nečas est chargé par le président de la République Václav Klaus de former le prochain gouvernement[18]. Il est formellement nommé président du gouvernement le suivant[19].

Environ deux semaines plus tard, le , le chef de l'exécutif présente son gouvernement, constitué d'une coalition entre le Parti démocratique civique, TOP 09 et Affaires publiques[20]. Cette équipe de 15 ministres remporte le le vote de confiance à la Chambre des députés par 118 voix favorables[21].

Notes et références

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  1. Stéphane Dupont, « République tchèque : la droite remporte les élections mais se cherche une majorité », Les Échos,‎ (lire en ligne, consulté le )
  2. « Topolanek officiellement investi pour former le gouvernement », Le Figaro,‎ (lire en ligne, consulté le )
  3. Martin Plichta, « Le président tchèque nomme un gouvernement minoritaire », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )
  4. « Le gouvernement tchèque va démissionner », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )
  5. « Mirek Topolanek ne veut pas de grande coalition avec les sociaux-démocrates », Radio Prague,‎ (lire en ligne, consulté le )
  6. « Nomination d'un deuxième gouvernement de coalition », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )
  7. « Mirek Topolanek repart à zéro, avec son gouvernement de centre-droit validé par les députés », Radio Prague,‎ (lire en ligne, consulté le )
  8. « Le gouvernement de Topolanek renversé par une motion de censure », France 24,‎ (lire en ligne, consulté le )
  9. « Jan Fischer nouveau Premier ministre tchèque », Le Parisien,‎ (lire en ligne, consulté le )
  10. « Investiture du nouveau gouvernement tchèque de Jan Fischer », Radio Prague,‎ (lire en ligne, consulté le )
  11. « Le gouvernement de Jan Fischer a obtenu la confiance des députés », Radio Prague,‎ (lire en ligne, consulté le )
  12. Martin Plichta, « Les élections législatives anticipées ne pourront avoir lieu, comme prévu, les 9 et 10 octobre. », Radio Prague,‎ (lire en ligne, consulté le )
  13. « Pas d’élections anticipées : prochain scrutin au printemps 2010 », Radio Prague,‎ (lire en ligne, consulté le )
  14. a b c et d « REPUBLIQUE TCHEQUE (Poslanecka Snemovna), Système électoral », sur www.ipu.org (consulté le ).
  15. (en) « Office tchèque des statistiques », sur volby.cz (consulté le ).
  16. a et b Christine Dupré, « Le centre-droit obtient la majorité au Parlement tchèque », Radio France internationale,‎ (lire en ligne, consulté le )
  17. a et b « République tchèque : le centre-droit obtient la majorité », L'Obs,‎ (lire en ligne, consulté le )
  18. « République tchèque: Petr Necas chargé de négocier la formation du gouvernement », Le Point,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  19. « Le président Vaclav Klaus désigne le chef d'un parti de droite à la tête du gouvernement », France 24,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  20. Martin Plichta, « Le nouveau gouvernement veut mettre les Tchèques à la diète », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  21. « Le gouvernement tchèque obtient la confiance du parlement », Reuters,‎ (lire en ligne, consulté le ).

Voir aussi

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Articles connexes

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