Crue de la Garonne en 1875
La crue de la Garonne de 1875 est une crue historique de la Garonne. Elle frappe Toulouse dans la nuit du 23 au . Elle cause 476 victimes dans les départements de la Haute-Garonne, du Tarn-et-Garonne et du Lot-et-Garonne, dont 209 dans la seule ville de Toulouse, où elle détruit environ 1 400 maisons et la totalité des ponts, à l'exception du Pont-Neuf.
Contexte
modifierLe mois de est exceptionnellement pluvieux et, cette année-là, les Pyrénées ont enregistré un fort enneigement. En raison de la fonte des neiges et du niveau de ses affluents, le niveau de la Garonne est très élevé dès le [1]. À Toulouse, la crue atteint son pic dans la nuit du 23 au , après plus de trois jours de très fortes pluies sur des sols gorgés d’eau.
C'est une crue exceptionnelle : non seulement elle est la plus forte observée depuis , mais en date de aucune autre crue ne l'a égalée. À l’échelle de mesure du Pont Neuf, le niveau d’eau atteint 8,32 m (le niveau habituel est de 0,80 m). À Toulouse, c'est essentiellement la rive gauche qui est frappée : le quartier de Saint-Cyprien est noyé sous plus de 3 mètres d’eau[1]. Sur la rive droite, le bas du quartier Saint-Michel et les Amidonniers sont également touchés.
Bilan humain et matériel
modifierSur la seule agglomération de Toulouse, on compte 209 victimes. Plus de 1 100[2] voire 1 400[1] habitations se sont effondrées et 25 000 personnes sont laissées sans logement. Le pont Saint-Michel et le pont Saint-Pierre sont détruits. Seul le pont le plus ancien, le Pont Neuf (inauguré en ) résiste.
Toute la région est affectée :
- dans le département de Haute-Garonne, on compte 330 décès et plus de 2 600 maisons sont détruites ; à Muret, le pont suspendu a été arraché ; les villages de Pinsaguel (en amont de Toulouse) et Ondes (en aval) sont les plus touchés, entièrement réduits en ruine.
- dans le Tarn-et-Garonne, on compte 116 décès et 8000 maisons détruites ; Castelsarrasin est le plus touché avec au moins 50 morts, puis Moissac, Golfech et Verdun-sur-Garonne.
- dans le Lot-et-Garonne, on compte 30 victimes. Agen subit de forts dégats, la Garonne y coulant 11,39 m au-dessus de l'étiage.
La crue ne touche pas que la Garonne, mais aussi ses affluents, particulièrement l'Ariège, la Save et le Tarn. Sur l'Ariège, Le Vernet est détruit ; à Auterive, le quartier de la Madeleine est dévasté et le pont rompu. Le pire est atteint au village de Verdun avec 81 morts et 50 maisons détruites sur 70, le [3].
Mesures prises
modifierÀ la suite de cette crue, il a été décidé que les autorisations de construction ou reconstruction ne seront délivrées qu'à condition de suivre les prescriptions suivantes[4]:
- les fondations sont descendues jusqu'à un terrain suffisamment ferme,
- les fondations sont faites en maçonnerie avec mortier de chaux,
- les murs sont construits en matériaux solides et mortier de chaux, sans brique verte et sans mortier de terre,
- les murs atteignent 3m50 au dessus du sol,
- les murs dépassent de deux mètres le plan d'eau du .
D'importantes digues ont depuis été construites à Toulouse.
« Que d'eau ! »
modifierLa légende rapporte que le président Mac Mahon, connu pour son manque d'éloquence, de visite à Toulouse pour constater les dégâts de l'inondation le 26 juin 1875, aurait seulement trouvé à dire : « Que d'eau, que d'eau ! »[5]. Le préfet lui aurait alors répondu : « Et encore, Monsieur le Président, vous n’en voyez que le dessus… ! »[6].
Galerie
modifierLes principaux dégâts de la crue ont été photographiés par Eugène Trutat :
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Piles du pont Saint-Michel.
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Ruines du pont suspendu Saint-Michel et de la passerelle de l'île du Ramier.
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Ruines au niveau de l'Avenue de Muret.
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Ruines du pont (ferroviaire) d'Empalot.
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Place du château d'eau.
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Lavoirs échoués sur la rive gauche de la Garonne.
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Cimetière de Rapas inondé.
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Maisons détruites dans le quartier Saint-Cyprien.
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Gravure illustrant la crue de 1875.
Voir aussi
modifierBibliographie
modifier- Théophile Astrié, Les drames de l'inondation à Toulouse, Toulouse, Librairie centrale, (BNF 30033720) lire en ligne sur Gallica
- Les inondations de 1875 dans le Sud-Ouest : Toulouse, Castelsarrasin, Moissac, Agen, etc., Toulouse, La Dépêche, (BNF 36462329) lire en ligne sur Gallica
Liens externes
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- Album photographique sur les inondations de juin 1875 à Toulouse et à Fenouillet. Lecture en ligne sur Tolosana.
Références
modifier- « Caractéristiques et historique des inondations », sur Prévention des inondations de l'agglomération toulousaine (consulté le )
- Jean-Noël Salomon, L'Homme face aux crues et aux inondations, Presses Univ de Bordeaux, , 140 p., p. 45
- Jean-Marc Antoine, Torrentialité en val d'Ariège : des catastrophes passées au risques présents, Toulouse, Revue géographique des Pyrénées et du Sud-Ouest, , pages 521 à 534
- gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5778575j/f331.image
- « Patrice de Mac-Mahon « Que d'eau, que d'eau ! » », sur ladepeche.fr (consulté le )
- « 📅 26 juin 1875 : mot célèbre de Mac Mahon après les inondations catastrophiques. », sur L’Histoire en citations, (consulté le )