Grégoire Orlyk

officier et diplomate cosaque au service du roi de France (1702-1759)

Grégoire Orlyk, également Hryhor Orlyk (ukrainien : Григор Пилипович Орлик[1]) ou encore Pierre Grégoire d’Orlick de la Ziska, comte d’Orlick (5 novembre 1702, Baturyn – 14 novembre 1759, Minden), était un chef militaire français, diplomate et membre des services secrets de Louis XV. Grégoire Orlyk est né en Ukraine, fils de l'hetman ukrainien en exil Pylyp Orlyk et de Hanna Hertsyk . Il reçut une excellente éducation en Suède, servit en Pologne et en Saxe et participa aux efforts secrets de la France pour restaurer Stanisław Leszczyński sur le trône de Pologne. Il commanda plus tard le régiment du roi, le Royal Pologne . Pour son travail de renseignement et ses succès militaires, il fut nommé comte et promu au grade de maréchal de camp. Grégoire Orlyk fréquentait Voltaire et défendit la cause ukrainienne en France et dans d'autres pays.

Grégoire Orlyk
Fonction
Ambassadeur
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Formation
Activités
Père
Mère
Ганна Герцик (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
A travaillé pour
Blason

Jeunesse

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Hryhor Orlyk est né le 5 novembre 1702 à Baturyn, la capitale de l'Hetmanat cosaque, dans la famille du scribe général des cosaques Pylyp Orlyk . La famille était très proche de l'hetman de l'époque, Ivan Mazepa. Celui-ci devint le parrain de Grégoire. Après la défaite de Charles XII à Poltava en 1709, le roi de Suède et ses alliés, dont Mazepa et la famille Orlyk, rejoingnent Bendery (actuelle Moldavie) alors sous contrôle des sultans Ottomans. Orlyk et sa famille y vécurent pendant cinq ans. À la mort de Mazepa, Pylyp Orlyk fut proclamé hetman d'Ukraine en exil et, par accord entre le tsarat de Russie et l' Empire ottoman en 1714, Charles XII et ses alliés furent autorisés à se rendre en toute sécurité en Suède[2].

Au service de la Suède et de la Saxe

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En Suède, le jeune Orlyk fut enrôlé dans la garde royale suédoise jusqu'en 1716, date à laquelle il commença ses études à l'Université de Lund. Il y passa deux ans et reçut une excellente éducation : il étudia la musique (et devint un joueur de luth compétent), la philosophie et la métaphysique[3], et appris le latin et plusieurs autres langues européennes.

Après deux années supplémentaires au service du roi de Suède, son père partit en Allemagne en 1720 avec son fils. Là, toujours avec l'aide de son père, il reçut en 1721 un poste de lieutenant dans la cavalerie de la Garde saxonne. En 1726, la Russie demanda son extradition de la Saxe, et le jeune officier part d'abord en Autriche puis en Pologne, où il devint adjudant de l'hetman de la couronne[4],[5].

Au service secret du Roi de France

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A cette époque, Orlyk rejoint le parti pro-français de la cour polonaise qui tentait de rétablir Stanisław Leszczyński sur le trône de Pologne. Orlyk commença par servir d'agent de liaison secret entre Joseph Poniatowski et l'ambassadeur de France à Varsovie, le Comte de Monti[2].

En 1729, Orlyk se voit confier la mission de ramener de France en Pologne l'ancien roi exilé Stanislas Leszczyński après la mort du roi Auguste II . Pour cette mission, on lui délivra de faux documents de voyage et il se rendit à Paris, déguisé en officier suédois Gustav Bartel. À Fontainebleau, il rencontre Leszczyński et obtient de lui la promesse de rétablir son père Pylyp Orlyk comme hetman d'Ukraine en échange de ses services[2]. À Paris, il rencontre également le cardinal Fleury, premier ministre de Louis XV, avec qui il discute des perspectives de restauration de Stanislas Leszczynski en Pologne. En 1730, il entre au service diplomatique français et est envoyé en mission secrète à Istanbul pour mettre en place une coalition anti-russe avec les Turcs et les Tatars de Crimée. Deux ans plus tard, il fut de nouveau envoyé à Istanbul et de là auprès du khan de Crimée Qaplan I Giray, devant lequel il exhorta les Tatars à attaquer la Russie et à l'aider dans sa cause[6].

Après la mort du roi de Pologne Auguste II en 1733, conformément à son accord avec les Français, Stanisław Leszczyński fut amené de Paris à Varsovie avec un million de zloty nécessaires pour garantir l'élection de Leszczyński au moyen de pots-de-vin. À son retour à Paris, Louis XV récompensa Orlyk en lui offrant une bague en diamant, tandis que la reine Marie, fille de Stanisław Leszczyński, lui offrit son portrait orné de pierres précieuses. Cependant, en moins de 3 ans, Leszczyński perd le trône de Pologne et doit fuir à Königsberg, d'où Grégoire Orlyk le ramène en France. En 1734 et 1735, Orlyk fit de nouveaux voyages en Turquie et en Crimée, puis en Suède en 1737, favorisant une alliance antirusse qui ne se concrétisa pas, malgré ses efforts. Louis XV envisagea de le nommer ambassadeur de France en Turquie, mais sous la pression de Saint-Pétersbourg, il changea d'avis. Dans les années 1740, Grégoire Orlyk proposa au roi un plan ambitieux de réinstallation des Cosaques ukrainiens dans la région du Rhin sous protection française ; cependant, ce projet fut également abandonné en raison des objections de la Turquie. Plus tard, Orlyk appartint au service spécial de renseignements de Louis XV – le Secret du Roi – et participa à des missions clandestines dans de nombreux pays européens, pour lesquelles il reçut des éloges de nombreux côtés, y compris les plus hautes décorations de France, de Pologne et de Suède[7].

Chef militaire dans l'armée Française

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Ordonnance de Louis XV du 25 novembre 1747 portant creation du Royal Pologne sous le commandement du Colonel d'Orlyk

Promu birgadier en 1744[8], le 25 novembre 1747[9], il reçoit une commission de colonel propriétaire dans le Regiment allemand de Royal-Pologne. ll est promu au grade de maréchal de camp le 10 mai 1748. Il est promu au grade de lieutenant-général le 21 avril 1759. Le 14 novembre 1759, lors de la bataille de Minden, il est mortellement blessé à la poitrine et meurt le même jour[10],[11].

Mariage

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Le 3 décembre 1747, Grégoire Orlyk se marie à Versailles, avec Louise Hélène Le Brun de Dinteville[12]. Il resident notamment au chateau de Dinteville[13].

Héritage

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Grégoire Orlyk

La première biographie de Grégoire Orlyk est celle de l'historien Elie Borschak, qui publie Hryhor Orlyk, le général cosaque français en 1956 (en anglais Hryhor Orlyk, France's Cossack General) Cette biographie contient de nombreuses découvertes intéressantes et nouvelles sur Orlyk. Cependant, ce livre prétend à tort que la commune d'Orly, près de Paris, doit son nom à Grégoire Orlyk, qui possédait son domaine dans la région. Ceci est faux car le nom dérive d' Aureliacum et est utilisé au moins depuis le 8e siècle de notre ère[14].

Depuis, les archives du chateau de Dinteville, propriété en France de la famille de l'épouse d'Orlyk ont été analysées[15]et ont fait l'objet d'une thèse[16], d'une biographie[17] et de la publication de mémoires destinés à la Cour de France[18],[13].

Littérature

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  • (fr) Iryna Dmytrychyn. Grégoire Orlyk – Un Cosaque ukrainien au service de Louis XV . L'Harmattan, Paris 2006[17]
  • (fr) Oreste Subtelny. Ukraine. Une histoire . Presses de l'Université de Toronto. 1994[19]
  • (gb) Elie Bortschak E. Hryhor Orlyk, France's Cossack general, [prefance de S. O. Pidhainy.] Toronto, Burns and MacEachern, 1956[20].

Références

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  1. Parfois ortographié Hryhir Orlyk (ukrainien : Григір Пилипович Орлик).
  2. a b et c Zerkalo Nedeli, Volodymyr Kravtsevych-Rozhnetsky le fils Orlyk. № 43 (418) 9 — 15 November 2002 (Ukrainien) Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : le nom « DT » est défini plusieurs fois avec des contenus différents.
  3. Bertil Häggman: "Son til ukrainsk 1700-talsstatschef med skånsk anknytning studerade i Lund." Lundagenealogen 2008:1.
  4. (uk) Marusyk, « Григір Орлик », Ukraina Moloda (consulté le )
  5. (uk) « Орлик Пилип Іванович - публіцист, дипломат, генеральний писар, гетьман України в екзині », National University of Kyiv-Mohyla Academy (consulté le )
  6. Gilles Veinstein, « Les Tatars de Crimée et la seconde élection de Stanislas Leszczynski », Cahiers du Monde Russe, vol. 11, no 1,‎ , p. 24–92 (DOI 10.3406/cmr.1970.1793, lire en ligne, consulté le )
  7. Dniprova Khvylya, Borys Krupnytsky Hetman Pylyp Orlyk - His life and destiny. Munich, 1956 (Ukrainian)
  8. de Montandre-Lonchamps (1712-1775)., « État militaire de France, pour l'année 1760 », sur Gallica.bnf.fr (consulté le )
  9. Louis XV (1710-1774 ; roi de France), Ordonnance du roy, portant création d'un régiment d'infanterie allemande, sous le titre de Royal-Pologne, Paris, , 4 p. (lire en ligne)
  10. Modèle {{Lien web}} : paramètre « titre » manquant. [1], Odesa general newspaper (consulté le )
  11. Bertil Haggman L’hetman Pylyp Orlyk et son gouvernement en exil en Suède. retrieved 19 July 2008 (French)
  12. « Généalogie de Louise Hélène Le BRUN de DINTEVILLE », sur Geneanet (consulté le )
  13. a et b « Grégoire Orlyk à l'honneur au château de Dinteville », sur jhm.fr, (consulté le )
  14. Ernest Nègre, Toponymie générale de la France : étymologie de 35000 noms de lieux, volume I, p. 464, No. 6866, Genève, Droz, 1990.
  15. Ambasse d'Ukraine en France, « L'Ambassadeur d'Ukraine en France Vadym Omelchenko et l'Ambassadeur de France en Ukraine Étienne de Poncins ont visité le château de Dinteville », (consulté le )
  16. Irina Dmitrichina, « La carte ukrainienne dans le jeu diplomatique français sous Louis XV : les Orlyk et la "nation cosaque" », Thèse de Doctorat, Université Paris 1,‎ (lire en ligne, consulté le )
  17. a et b Iryna Dmytrychyn, Grégoire Orlyk: un cosaque ukrainien au service de Louis XV, l'Harmattan, coll. « Présence ukrainienne », (ISBN 978-2-296-00188-6)
  18. « Mémoires envoyés à la cour de France », sur www.editions-harmattan.fr (consulté le )
  19. Orest Subtelny, Ukraine: a history, Published by the University of Toronto Press in association with the Canadian Institute of Ukrainian Studies, (ISBN 978-0-8020-7191-0 et 978-0-8020-0591-5)
  20. S. O. Pidhainy, Hryhor Orlyk, France's Cossack general, by Elie Borschak. [Foreword by S. O. Pidhainy.], (lire en ligne)