Jean-Paul Goude
Jean-Paul Goude, né le 8 décembre 1938 à Montreuil, en Seine-Saint-Denis (France)[1], est un graphiste, illustrateur, photographe, metteur en scène et réalisateur de films publicitaires français.
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Paulo Goude (d) |
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Biographie
modifierLes parents de Jean-Paul Goude se sont rencontrés vers 1930 à New York, où son père est parti travailler et sa mère est une danseuse américaine de music-hall[2],[3]à Broadway, qui a ensuite dirigé une école de ballet à Saint-Mandé[4].
Il a été en couple avec Toukie Smith, Radiah Frye[5], puis avec Grace Jones avec laquelle il a eu un fils, Paulo, né en 1979[3],[6] et Farida Khelfa de 1983 à 1990. Sa femme Karen Park Goude donne naissance à deux enfants[7].
Débuts
modifierAprès une enfance passée à Saint-Mandé[3], il entre à l'École nationale supérieure des arts décoratifs. Il devient ensuite illustrateur en 1964 pour les magasins du Printemps, lance Zouzou, puis, en 1970, directeur artistique du magazine Esquire à New York pendant une dizaine d'années[8]. « J'étais un illustrateur, illustrant les fantasmes des autres. Je suis devenu, naturellement, un auteur d'images » raconte-t-il.
Années 1980
modifierEn 1982, il conçoit, met en scène et réalise A One Man Show pour Grace Jones. Il publie son premier livre intitulé Jungle Fever puis réalise, en 1984, le film Le Flamenco autour du concept « Secouez-moi » et dessine le nouveau code visuel de la marque Kodak[9] : "Les kodakettes", des petits lutins s'échappant d'une diapositive.
Ses films sont proches de son univers personnel et illustrent son goût pour les corps, l'exotisme, la musique, la danse, les contes de fées. Étant dépourvus de dialogue, il les qualifie de ballets et de pantomimes[réf. souhaitée]. Ses conceptions et réalisations sont au service de prestigieuses marques comme Perrier (Grand prix à Cannes pour La Lionne), Citroën, Chanel.
Il met en image son ami, le couturier Azzedine Alaïa[10],[11]et forge l'image du couturier « génie miniature, adorateur, comme lui, de géantes sublimes »[12]. Il fait figurer le créateur au côté de sa future muse, Farida Khelfa qu'il rencontre au début des années 1980[13]. Une collaboration évoquée ainsi par le commissaire de la rétrospective du couturier en 2012[14] : « Sur une photo restée célèbre, une Farida gigantesque fait face au tout petit Alaïa. « L'association Goude-Alaïa incarne vraiment la seconde moitié des années 80, les années Mitterrand, ce moment où la mixité éclot, où l'on croit très fort à l'intégration », analyse Olivier Nicklaus. »
En juillet 1989, à l'occasion du défilé du bicentenaire de la Révolution française, Jean-Paul Goude se voit confier par le gouvernement la conception d'un défilé monumental sur les Champs-Élysées qui contribue à sa popularité. Le défilé se compose de tableaux célébrant « les tribus planétaires » : les Africains nus avec des tam-tams, les Anglais sous la pluie, etc.
Années 1990
modifierEn 1990, pour le parfum Égoïste de Chanel[15], il imagine un film qui commence en noir et blanc comme une tragédie et passe à la couleur comme par un coup de théâtre pour se terminer comme un ballet[16].
En 1991, sur demande de Jean-Luc Lagardère, il imagine le nouveau logo de la chaîne de télévision La Cinq.
Il conçoit l'année suivante le film et les photos de la nouvelle campagne Chanel pour le parfum Coco, avec Vanessa Paradis se balançant dans une cage comme un petit oiseau[17]. Plus tard, il métamorphose Carole Bouquet en Marilyn Monroe, et Estella Warren en sirène, pour le No 5 de Chanel. En 1998, il fait apparaitre Azzedine Alaïa aux côtés de Béatrice Dalle.
Années 2000
modifierDe 2001 à 2015, il est directeur artistique des campagnes publicitaires des Galeries Lafayette dont il dit « J'ai voulu aller à contre-courant de tout ce que l'on voyait en ce moment ». Il égrène les affiches pleines de gaieté, de fraîcheur, comme un feuilleton dont l'héroïne Laetitia Casta joue tous les rôles (mariée, père Noël ou dandy)[18]. Parallèlement, il conçoit et réalise les campagnes de Chanel Chance depuis 2001.
Années 2010
modifierEn novembre 2011, il scénographie sa première rétrospective à Paris, Goudemalion, au musée des Arts décoratifs[15],[19].
En 2012, il est élevé au grade de commandeur de l'ordre des Arts et des Lettres[20].
En 2014, la ville de Nice lui consacre l'exposition « Une Introspection » au Théâtre de la photographie et de l'image[21]. Il est également invité à participer à l'exposition Image-makers (faiseurs d'images)[15] aux côtés de David Lynch, Bob Wilson et Noritaka Tatehana à Tokyo au 21-21 Museum Design Sight[22]. Ses œuvres sont régulièrement exposées au Centre national d’art et de culture Georges-Pompidou depuis 2015. Il a été l’invité du festival Kyotographie 2018 avec une exposition intitulée So Far So Goude. Enfin, il présente In Goude We Trust au Chanel Nexus Hall à Tokyo (2018) et au Palazzo Giureconsulti à Milan (2019).
En , il se porte acquéreur de la villa Zilvelli à Paris, une maison moderniste des années 1930 qui tombe en ruine, afin de la restaurer[23]. Cependant, face à l’ampleur des travaux nécessaires à cette restauration, Jean-Paul Goude annonce en que le bâtiment sera démoli et reconstruit à l’identique[24].
Style
modifierS'exprimant à travers le dessin, l'affiche, la photo, le cinéma, la vidéo ou l'événement, Jean-Paul Goude a marqué l'imaginaire depuis quarante ans. Des minets des années 1960 au mythique Esquire de la décennie suivante, de la New York de Warhol et des cultures métissées à Grace Jones, dont il fut le Pygmalion, de l'éclatant défilé du bi-centenaire à la célébration du style Beur, des publicités pour Kodak ou Chanel aux variations sur Laetitia Casta, il a su capter l'esprit du temps et en donner une expression définitive.
À partir de 2005, une série de livres et d'expositions ont fait date : publication de Tout Goude, somme biographique et manifeste artistique, en France, en Italie, en Angleterre et aux États-Unis, suivie de Chronique d'une image en 2009 (retraçant le travail effectué pendant plus d'une décennie pour les Galeries Lafayette), de Jean Paul Goude, La Jungle des images « biopic » illustré de Thomas Cadenne et d'Alexandre Franc, et de Goudemalion en 2011. Ce dernier ouvrage accompagnait une exposition rétrospective au musée des Arts décoratifs de Paris. Citons d'autres manifestations au Théâtre de la photo et de l’image de Nice (2014) et l’exposition « Image Makers » au Museum Design Site de Tokyo en compagnie de David Lynch, Bob Wilson et Noritaka Tatehana (2016), qui a été présentée ensuite au P.A.C. de Milan (2017). Ses œuvres sont régulièrement exposées au Centre Pompidou depuis 2015. Il a été l’invité du festival Kyotographie 2018 avec une exposition intitulée So Far So Goude. Puis enfin, il présente In Goude We Trust au Chanel Nexus Hall à Tokyo (2018) et au Palazzo Giureconsulti à Milan (2019).
Anecdote
modifierÉvocation de Jean-Paul Goude dans la culture populaire
modifierDans le sketch des Inconnus La Révolution, interprété sur scène en 1989, Bernard Campan lance une réplique où il dit « Si vous l'adaptez à votre tour, qu'est-ce que ça deviendra ? N'importe quoi ! Du Jean-Paul Goude ! »
Production
modifierOuvrages
modifier- (en) Jean-Paul Goude, Jungle Fever, Farrar Straus & Giroux, 1982 (ISBN 978-0-9379-5001-2)
- (en) Jean-Paul Goude et Patrick Mauriès, So Far, So Goude, Thames & Hudson Ltd, 2005 (ISBN 978-0-5005-1240-1), 352 pages.
- Jean-Paul Goude et Patrick Mauriès, Tout Goude, Éditions de la Martinière, 2005 (ISBN 978-2-7324-3331-8)
- Jean-Paul Goude et Patrick Mauriès, Chronique d'une image : Jean-Paul Goude aux Galeries Lafayette, Éditions de La Martinière, 2009 (ISBN 978-2732439723)
- Jean-Paul Goude, avec Edgar Morin, Goudemalion : Jean-Paul Goude une rétrospective, La Martinière, 2011 (ISBN 978-2-7324-4737-7)
- (en) Jean-Paul Goude, Thames & Hudson Ltd, 2011 (ISBN 978-0-5005-1604-1)
- Jean-Paul Goude, t. 62, Paris/53-Laval, Reporters sans frontières (RSF) / édition illustrée, coll. « 100 photos pour la liberté de la presse », , 144 p. (ISBN 978-2362200601)[25].
- Goude croque Chanel, Goude : The Chanel Sketchbook , Thames & Hudson Ltd, 2020 (ISBN 978-0-500-98289-1)
Documentaire
modifier- Jean-Paul Goude, So Far, So Goude, 2006. Collection Empreinte France 5
Notes et références
modifier- voir acte de naissance.
- Documentaire Empreinte consacré à Jean-Paul Goude, diffusé en sur France 5
- « Love, Money, God: Jean-Paul Goude Interview », sur Show Studio
- Jean-Paul Goude, interviewé par Aurélie Raya, « Jean-Paul Goude, de la publicité au musée », Paris Match, semaine du 23 au 29 mars 2017, pages 7-9.
- Bon anniversaire Mia Frye : que devient la célèbre chorégraphe ?, Télé Loisirs, 12 février 2018
- (en) Miranda Sawyer, « State of Grace », The Guardian, (lire en ligne)
- « Dialogue de dandies », L'Officiel, no 910, , p. 108-111 (lire en ligne)
- Philippe-Jean Catinchi, « Mort d'Alain Le Saux », Le Monde, : « Mais en marge de cet engagement auprès des tenants d'une critique sociale qui reflète certains des engagements idéologiques les plus radicaux du moment, Le Saux travaille dans la presse. Pour le groupe Filipacchi notamment – il est longtemps le directeur artistique du magazine Lui. Avec ses complices Jean-Paul Goude, Jean Lagarrigue et Charles Matton, alias Gabriel Pasqualini, il forme un quatuor de mousquetaires qui, de Paris à New York (Goude est bientôt directeur artistique de la revue Esquire) font la loi dans le domaine de l'illustration. »
- Géraldine Dormoy, « Goude, magicien de mon enfance », sur L’Express,
- Xavier de Jarcy (Propos recueillis par) (photogr. Jean-Paul Goude (image non créditée)), « Azzedine Alaïa : « J'ai appris la mode avec les femmes » », Télérama, (consulté le )
- (en) Paul Rambali, « Fashion: Alaia: A life », The Independent, (voir archive)
- Charlotte Brunel, « La mode célèbre Azzedine Alaïa », L'Express Styles, (consulté le )
- « Qui est Farida Khelfa ? », Obssession, L'Obs, : « Elle rencontre Jean-Paul Goude et devient sa muse graphique. Ils se séparent en 1990, au lendemain du défilé du créateur pour le bicentenaire de la Révolution. »
- « Azzedine Alaïa, le couturier qui aimait les femmes », sur Les Inrocks, (consulté le )
- Céline Piettre, « Expo Jean-Paul Goude aux Arts Déco : et Goude créa la femme ? »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), Première, (consulté le )
- Elvire von Bardeleben, « «Egoïste», le flair du temps », sur Libération.fr, (consulté le )
- « 1992 – Pub Chanel : Vanessa Paradis dans « la cage aux oiseaux. » », sur Ipsos (consulté le )
- Élodie Lepage, « Goude à son meilleur », Le Nouvel Observateur, no 2453, , p. 142 à 143 (ISSN 0029-4713)
- « Goudemalion », grande rétrospective Jean-Paul Goude aux Arts décoratifs - Le Nouvel Observateur, 10 novembre 2011
- Prisma Média, « Jean-Paul Goude - La biographie de Jean-Paul Goude avec Gala.fr », sur Gala.fr (consulté le )
- Jean-Paul Goude « Une Introspection » - Ville de Nice (voir archive)
- (en) « 21-21 design sight museum », Site officiel
- Denis Cosnard, « À Paris, Jean-Paul Goude sauve le squat de « Vernon Subutex » », sur lemonde.fr, (consulté le )
- Denis Cosnard, « Le photographe Jean-Paul Goude doit démolir sa villa à Paris, achetée pour 2,2 millions d’euros », sur Le Monde, (consulté le ).
- Claire Beghin, « Jean-Paul Goude signe le nouvel album de Reporters Sans Frontières », sur Vogue France,
Voir aussi
modifierArticles connexes
modifierBibliographie
modifier- Patrick Bensard, Jean-Paul Goude : Lafayette nous voilà !, Assouline, 2001, 2004 (ISBN 978-2-8432-3358-6)
- d'art et de culture, no 24, hiver 2013. Couverture du magazine et interview exclusive : « That's all Goude! » [[ lire en ligne]] (extrait)
- Alexandre Franc et Thomas Cadène, Jean-Paul Goude : la jungle des images, Dupuis, 2011 (ISBN 2-8001-5279-6)
Liens externes
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