Place de la Petite-Hollande

place de Nantes, en France

La place de la Petite-Hollande est une place de Nantes, en France.

Place de la Petite-Hollande
Image illustrative de l’article Place de la Petite-Hollande
La place de la Petite-Hollande, depuis la rue Gaston-Veil. À gauche, le square Jean-Baptiste-Daviais, et à droite, l'hôtel de La Villestreux.
Situation
Coordonnées 47° 12′ 44″ nord, 1° 33′ 26″ ouest
Pays Drapeau de la France France
Région Pays de la Loire
Ville Nantes
Quartier(s) Centre-ville
Morphologie
Type Place
Histoire
Anciens noms Place Scevola
Place de l'Éperon
Monuments Hôtel de La Villestreux
Hôtel Grou
Maison Charron
Géolocalisation sur la carte : Nantes
(Voir situation sur carte : Nantes)
Place de la Petite-Hollande
Géolocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Place de la Petite-Hollande

Situation et accès

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La place se trouve dans le centre-ville, à la pointe occidentale de l'île Feydeau et à l'extrémité ouest de la rue Kervégan, entre l'allée Duguay-Trouin (au nord) et le quai Turenne (au sud).

Origine du nom

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Pour Édouard Pied, son nom viendrait du fait que la plupart des péniches hollandaises qui apportaient leur cargaison de fromages accostaient à cet endroit.
Selon l'historien Alain Croix, ce sont les marchands hollandais installés dans la ville depuis 1630 qui s'y réunissaient pour fixer les cours et traiter leurs affaires, afin d'éviter de se rendre au Palais de la Bourse tout proche.

Historique

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L'emplacement, avant l'urbanisation de la grève de la Saulzaie, à l'Ouest l'île du même nom, n'est qu'un banc de sable. L'opération immobilière initiée au début du XVIIIe siècle entraîne la création progressive de l'îlot urbain de l'île Feydeau, dont la pointe Ouest et la place de la Petite-Hollande.

Par le passé, elle prit également le nom de « place Scevola » et « place de l’Éperon »[1] puis de « place de Hollande »[2]. Avant les travaux de comblement de la Loire dans les années 1920 et 1930, cette place permet de faire la transition entre le « pont de la Bourse », au Nord, et le « pont Maudit », au Sud.

Le « pont de la Bourse » succède au « pont Feydeau », mis en service en 1737, franchissait le « bras de la Bourse » pour rejoindre l'angle Sud-Ouest de la place du Commerce, au pied du palais de la Bourse[3].

Le « pont Maudit » franchissait le « bras de l'Hôpital » pour atteindre la « rue Haudaudine » (actuelle rue Gaston-Veil), dans la partie occidentale de l'île Gloriette. Le qualificatif de « maudit » viendrait du fait qu'il fut le seul ouvrage d'art de l'île que la municipalité n'avait à l'origine pas prévu de construire. De colère, les habitants maudirent le pont. Le fait également que les bateliers n'aimaient pas s'approcher de cet ouvrage fragile construit d'abord en bois est une autre explication sur l'origine de son nom[4],[5].

Après l'évacuation de l'ancien palais de la Bourse en 1767, Jean-Baptiste Ceineray, devenu architecte de la ville, répond à la demande des négociants de construire un bâtiment provisoire. C'est donc dans une « loge » en bois, située place de la Petite-Hollande, qu'ils sont installés. Ils quittent l'emplacement en 1792, y reviennent en 1799 puis en partent définitivement 1804[6].

Lors de la Terreur, Jean-Baptiste Carrier s'installe place de la Petite-Hollande, dans l'hôtel de La Villestreux.

 
Façade de l'hôtel de La Villestreux donnant sur la place.

En 1802, la place est également occupée à l'Ouest par un établissement de bains qui disparaît pour céder la place à un marché couvert, dit « marché de la Petite-Hollande ». Construit en 1867, sur les plans de l'ingénieur Médéric-Clément Lechalas, il abrite des échoppes dont le prix de location est calculé au mètre, et qui sont louées à la journée. Autour, un quai en hémicycle, donnant accès à une cale (rive en pente douce), permet les livraisons par voie d'eau. Le site, très actif, est détruit en 1932 pour cause d'insalubrité[7] pour être emplacé par un jardin public, le square Jean-Baptiste-Daviais.

Depuis lors, le « marché de la Petite-Hollande » se tient toujours non loin de là, tous les samedis, sur l'esplanade appelée aussi « terre-plein de la Petite-Hollande » (ou « terre-plein de l'île Gloriette ») qui est située à l'Ouest de l'île Feydeau et qui fut aménagée à la suite des travaux de comblement du point de confluence des bras « de la Bourse » et « de l'Hôpital ». Par abus de langage, beaucoup de Nantais ont fini par désigner également comme étant la « place de la Petite-Hollande » ce nouveau lieu de réunion du marché hebdomadaire.

Le peintre et graveur français Étienne Bouchaud (1898-1989) naît au no 3, le [8].

En 1960, le réalisateur Jacques Demy utilise la place comme décor extérieur pour son film Lola, sorti en 1961[9].

Lors des parades de la compagnie Royal de luxe, une partie du spectacle se tient sur la place[10].

Des travaux de transformation de la place sont en projet. Ces travaux devraient commencer en 2024[11],[12].

Bâtiments remarquables et lieux de mémoire

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Les trois immeubles de la place de la Petite-Hollande sont inscrits au titre des monuments historiques. Ils sont construits au moment de l'aménagement de l'île Feydeau, au XVIIIe siècle.

Au no 1 figure le moins célèbre, la maison Charron, datant de 1740, premier édifice achevé du programme de lotissement. Les façades et les toitures sont inscrites aux monuments historiques par arrêté du [13].

L'hôtel Grou, qui se situe au no 2, est bâti au profit du célèbre armateur et négrier Guillaume Grou. Puis racheté par l'armateur Mathurin Trottier. C'est dans cet immeuble qu'est décédé l'armateur Jean Peltier Dudoyer le [14]. Les façades (y compris les ferronneries) et la toiture de cet immeuble sont inscrites aux monuments historiques par arrêté du . La cage d'escalier intérieur est inscrite par arrêté du [15].

Enfin, l'imposant hôtel de La Villestreux, construit entre 1743 et 1754, a son entrée au no 3 de la place. Les façades (y compris les ferronneries) ainsi que la toiture et les deux grands escaliers sur la cour intérieure sont inscrits aux monuments historiques par arrêté du . Le porche d'entrée, donnant sur la place de la Petite-Hollande, est inscrit par arrêté du [16].

Références

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  1. Pied 1906, p. 148
  2. Pajot 2010, p. 168
  3. « Pont de la Bourse », sur maurice.racineux.free.fr
  4. « Pont Maudit », sur maurice.racineux.free.fr
  5. « Le pont Maudit ! », sur nantes44.com
  6. Bovar 1992, p. 7
  7. Sigot, Vadon-Le Bras et Queuille 1998, p. 45-49
  8. Éric Lhommeau et Karen Roberts, Les Artistes dans les cimetières nantais, Nantes, Le Veilleur de nuit, , 91 p. (ISBN 979-10-90603-03-5), p. 65.
  9. [PDF] « Laissez-vous conter Nantes, une balade avec Jacques Demy », sur nantes-tourisme.com, mairie de Nantes, (consulté le )
  10. « Parcours du Royal de Luxe », sur nantes.fr (consulté le )
  11. Stéphanie LAMBERT, « Nantes. Transformation de la Petite Hollande : où en est le projet », sur Ouest-France.fr, (consulté le )
  12. Nantes Métropole | Ville de Nantes, « Le visage de la future place-parc de la Petite-Hollande se précise », sur metropole.nantes.fr (consulté le )
  13. « Immeuble 1 place de la Petite-Hollande », notice no PA00108727, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture. Consulté le 24 avril 2012
  14. Acte de décès de Jean Peltier, A. M. de Nantes 1E307, 1ère Division. Enterrement à Sainte-Croix, BMS/Sainte-Croix : 1803.
  15. « Inscription de l'hôtel Grou », notice no PA00108723, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture. Consulté le 24 avril 2012
  16. « Inscription de l'hôtel de La Villestreux », notice no PA00108672, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture. Consulté le 11 février 2012

Voir aussi

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Bibliographie

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  • André Bovar, « Les avatars de la construction du palais de la Bourse », Les Annales de Nantes et du pays nantais, Nantes, Société académique de Nantes et de la Loire-Atlantique, no 246,‎ , p. 7-9 (ISSN 0991-7179, lire en ligne)
  • Édouard Pied, Notices sur les rues de Nantes, A. Dugas, , 331 p., p. 148
  • Jacques Sigot (dir.), Catherine Vadon-Le Bras et Jean-Paul Queuille (préf. Armel de Wismes), Les Poissonnières, Montreuil-Bellay, Éditions CMD, coll. « Mémoire d'une ville - Nantes » (no 11), , 101 p. (ISSN 1284-5949)
  • Stéphane Pajot, Nantes histoire de rues, Les Sables d'Olonne, d'Orbestier, , 215 p. (ISBN 978-2-84238-126-4)
  • Tugdual de Langlais, L'armateur préféré de Beaumarchais Jean Peltier Dudoyer, de Nantes à l'Isle de France, Éd. Coiffard, 2015, 340 p. (ISBN 9782919339280).

Articles connexes

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