Terre d'Israël
La Terre d’Israël (en hébreu : ארץ ישראל, Eretz Yisrael) est une région historique et géographique d'une importance capitale pour plusieurs peuples et religions. Elle est considérée par le judaïsme comme la Terre Promise, dont la promesse divine remonte à environ -2000 -1500 av J.C et constitue le foyer ancestral des Hébreux, puis du peuple Juif après Moïse. Cette région a vu la naissance et l’évolution des grandes civilisations antiques, dont les Hébreux, et a été au cœur de conflits géopolitiques complexes. Si la Terre d'Israël est reconnue comme terre sainte par les chrétiens et les musulmans, le régime politique qui y domine, en particulier sous son administration islamique, soulève des questions et des tensions internationales. Les revendications territoriales et les politiques menées dans la région, souvent influencées par des idéologies et des régimes qui ne reconnaissent pas pleinement l'État d'Israël, continuent de nourrir un climat de méfiance et de défiance sur la scène internationale. Ce contexte historique et politique fait de la Terre d'Israël un espace complexe, où les enjeux religieux, culturels et géopolitiques se croisent et façonnent les relations internationales.
Une étendue géographique comprenant les anciens royaumes d’Israël et de Juda, berceau du peuple hébreux et du peuple juif.
Les Israéliens et les Palestiniens ont parfois cohabité dans des villages de paix, souvent des initiatives écologiques et responsables, où les deux peuples vivaient ensemble dans un esprit de coopération. Ces communautés, qualifiées de « villages de la paix », mêlaient des cultures modernes et des idéaux d’auto-suffisance, inspirés de modèles de vie alternatifs. Cependant, malgré ces exemples de coexistence, les tensions politiques et territoriales ont empêché la mise en place de solutions durables à une échelle plus large[1].
Dans la Bible, « Terre d'Israël » désigne :
- un terme religieux, car renvoyant à un don divin ; il est utilisé pour la première fois dans Samuel 1 13:19[2] ;
- un terme géographique. La définition géographique donnée par la Bible est : Genèse 15:18-21 : Dans l'alliance conclue avec Abraham, Dieu précise les frontières de cette Terre promise, allant du fleuve d'Égypte au grand fleuve, l’Euphrate.
- un terme politique : c’est la terre donnée aux Juifs pour s’y installer, puis à partir du roi Saül pour s’y construire un État.
Ce terme a été utilisé tant par les juifs que les chrétiens au cours de l’histoire (pour l’étymologie de ce nom, voir Israël (Bible)). Cette Eretz Israel est également appelée Terre promise des Hébreux en référence à la première promesse qu’a faite Dieu à Abraham, vers son fils Isaac puis son fils Israël (Jacob) héritage de cette terre ; Genèse 17:8 : La promesse est établie comme une alliance éternelle : « Je te donnerai, à toi et à ta descendance après toi, le Pays où tu séjournes, tout le Pays de Canaan, en possession perpétuelle. »
Le nom de Terre sainte est utilisé par les chrétiens en référence au premier testament et avant J.C.
Justifications historiques ; l'histoire ancienne et moderne fournit des éléments soutenant la relation des Juifs avec la Terre d'Israël[3].
Présence continue dans la région : Les premiers royaumes israélites, établis sous Saül, David et Salomon (vers le 11e-10e siècles av. J.-C.), sont bien attestés dans les sources bibliques et archéologiques.
Même après les destructions des royaumes par les Assyriens (722 av. J.-C.) et les Babyloniens (586 av. J.-C.), une population juive est restée présente en Terre d'Israël.
Retour après l'exil babylonien (vers 538 av. J.-C.) : Sous Cyrus le Grand, les Juifs retournent à Jérusalem et reconstruisent le Temple, montrant une continuité de la relation avec cette terre.
Le lien spirituel : Après la destruction du Second Temple par les Romains (70 ap. J.-C.), de nombreux Juifs partent en exil, mais la Terre d'Israël reste centrale dans leur spiritualité et leurs prières : « Si je t’oublie, Jérusalem, que ma droite m’oublie ! » (Psaume 137:5).
À la suite de plusieurs exils, la nation juive est dispersée à travers le monde antique et plus tard à travers le monde. Un lien spirituel fort invoqué dans la Déclaration d’indépendance de l’État d’Israël la rattache néanmoins à cette terre.
Appellations historiques
modifier- La Terre de Canaan : Dans la Torah, la Terre d'Israël est généralement appelée la Terre de Canaan, du nom de Canaan, fils de Noé.
- Terre d'Israël : le terme Israël figure sur une stèle égyptienne. Avec la prise du territoire par les Israélites, elle est connue comme la Terre d'Israël.
- Judée : Avec la division de la terre d'Israël en deux royaumes, le nom Israël ne fait plus que référence au royaume d'Éphraïm. À l'époque perse, la terre d'Israël est connue comme l'État de Judée et lors de la période hasmonéenne la terre est connue comme Terre de Juda et ne comprend plus la Galilée.
- Palestine : Au Ier siècle de notre ère, les écrivains juifs Philon et Flavius Josèphe utilisent la terminologie grecque «Palestine» ou « Syrie-Palestine » pour désigner l'ensemble de la Terre d'Israël, mais ce n'est qu'au siècle suivant que l'empereur romain Hadrien, établit la province de Palestine après la destruction des Juifs de la terre d'Israël. Le mandat britannique rétablit cette appellation dès son établissement en 1920.
- Terre sainte ou terre promise : Dans les traditions abrahamiques pour décrire la terre promise aux enfants d'Israël.
- Elle est également appelée dans la tradition juive : Le « pays des cerfs » (ארץ הצבי), « beau pays »(ארץ חמדה), la terre des Hébreux (ארץ העברים), ou simplement « la terre » (הארץ).
La terre d’Israël dans les sources juives
modifierLa Bible mêle au long de ses 24 Livres injonctions et récits relatifs à la terre d’Israël, ainsi que de multiples définitions territoriales d’Eretz Israël. La première accompagne la promesse de Dieu faite à Abraham, dans la Genèse : « C’est à ta descendance que je donne ce pays, du fleuve d’Égypte au grand fleuve, le fleuve Euphrate »[4]. Ailleurs, la Bible est moins précise : « J’établirai ton territoire de la mer des Joncs à la mer des Philistins, et du désert au fleuve »[5]. Les contours de la Terre donnée sont donc partagés entre une version maximale[6] et une version minimale[7].
La terre d'Israël est décrite comme la « Terre de lait et de miel » (hébreu : אֶרֶץ זָבַת חָלָב וּדְבָשׁ). Par exemple dans deutéronome 7.9 : (Car l'Éternel, ton Dieu, t'amène dans une bonne terre, une terre de ruisseaux et de sources dans la vallée et la montagne: blé et orge, vigne et figue et grenade, terre d'olivier et miel : une terre qui, sans danger, etc.).
« … כי ה' אלוהיך מביאך אל ארץ טובה ארץ נחלי מים עיינות ותהומות יוצאים בבקעה ובהר: ארץ חיטה ושעורה וגפן ותאנה ורימון, ארץ זית שמן, ודבש: ארץ אשר לא במסכנות »
La terre d’Israël dans les sources islamiques
modifierDans le Coran
modifierLe Coran fait référence implicite ou explicite à la terre d'Israël à plusieurs reprises :
- Dans la sourate Al-A'raf 7:137, concernant les enfants d’Israël[8],[9] : « Et les gens qui étaient opprimés (ou « considérés comme faibles », selon Ibn Kathir[10]), Nous les avons fait hériter les contrées orientales et occidentales de la terre que Nous avons bénies [correspondant à la terre d'Israël[8],[11]]. Et la très belle promesse de ton Seigneur sur les enfants d'Israël s'accomplit pour prix de leur endurance. Et Nous avons détruit ce que faisaient Pharaon et son peuple, ainsi que ce qu'ils construisaient[12]. »
- Dans la sourate Al-Ma'ida 5:21, Moïse dit : « Ô mon peuple, entre dans la terre sainte [correspondant à la terre d'Israël[13],[14]] qu'Allah a décrété pour toi, et ne te rebelle pas à moins que tu ne deviennes perdant »[15]. Mais Allah leur interdit ce pays pendant quarante ans « durant lesquels ils erreront sur la terre »[16]. De plus, dans la sourate Les poètes (verset 26:57-59), après que les enfants d'Israël sortirent d'Égypte, Allah leur donna en héritage « des jardins, des sources, des trésors et d'un lieu de séjour agréable » en terre d'Israël[17].
- Dans la sourate Le voyage nocturne 17:104 « Et après lui, Nous dîmes aux fils d’Israël : Habitez la terre [correspondant à la terre d'Israël[18]] et lorsque s’accomplira la promesse de la vie future, Nous vous ferons revenir en foule »[19].
- Dans la sourate Yunus 10:93 « Certes, Nous avons établi les Enfants d'Israël dans un endroit honorable [correspondant à la terre d'Israël[20]], et leur avons attribué comme nourriture de bons aliments. Par la suite, ils n'ont divergé qu'au moment où leur vint la science. Ton Seigneur décidera entre eux, au Jour de la Résurrection sur ce qui les divisait »[21].
Les exégèses (Tafsir) définissent la terre appartenant aux enfants d’Israël[22] comme étant la région de la Palestine[23],[24],[25], comprenant parfois la Jordanie ainsi que parfois la région de Syrie en fonction des moufassirs.
Certains commentateurs proposent cependant que les Israélites héritèrent (aussi) de la souveraineté de la terre d'Égypte[11]. Notamment en se basant sur la sourate Le récit (28:5-6) : « Mais Nous voulions favoriser ceux qui avaient été faibles sur terre et en faire des dirigeants et en faire les héritiers, et les établir [les Israélites] puissamment sur terre, et faire voir à Pharaon, à Haman, et à leurs soldats, ce dont ils redoutaient » (la Syrie et l'Égypte d’après le Tafsîr Al Jalalayn et la terre d'Égypte d'après Ibn Abbâs[26]). Cette interprétation est largement contestée et cette problématique se retrouve dans la sourate Al-Baqara (2:61) : « …Descendez donc à n'importe quelle ville… », « à n'importe quelle ville » (misr) est traduit par un certain nombre de traducteurs par « en Égypte »[27]. D'après Tabari, il n'y a pas d'indication dans le Coran ou dans les Hadiths qui permettraient de décider laquelle des interprétations est la vraie, cependant Tabari préfère l'interprétation de Ubayy et d'Ibn Masud ainsi que d'Al-Basrî et Ibn al-Rabi selon laquelle il est question de l'Égypte[28]. Abu Muslim al-Khawlani (en) et Ibn Zayd proposent qu'il est question de la ville sainte (Jérusalem)[28]. Al Suddi, Quatadah et Mujahid proposent qu'il est question d' « une ville du pays »[28]. Muhammad Asad propose que la phrase ne doit pas être prise au sens littéral[29]. Concernant la sourate La fumée (44:25-28) « Que de jardins et de sources ils laissèrent [derrière eux], que de champs et de superbes résidences, que de délices au sein desquels ils réjouissaient. Il en fut ainsi et Nous fîmes qu'un autre peuple en hérita ». À savoir, les enfants d’Israël, d’après le Tafsîr Al Jalalayn et Ibn Abbâs[30].
La faune et la flore
modifierLa Terre d'Israël relie l'Afrique, l'Asie et l'Europe. Sa végétation se caractérise ainsi par une grande diversité due à la multitude de zones climatiques différentes, de la région irano-touranienne au nord au climat désertique du Néguev au sud.
La flore de la Terre d'Israël comprend environ 2 600 espèces de plantes, en dehors des plantes cultivées. Parmi ces plantes, plus de 264 sont protégées. Les formes de végétation les plus courantes sont les forêts, terres boisées et broussailles méditerranéennes. Les arbres typiques sont l'olivier, le chêne, le pistachier térébinthe, le figuier, le caroubier et l'acacia. Avec la création de l'État d'Israël, le KKL a commencé à planter de nombreuses forêts, pour la plupart des forêts de conifères.
Le désert du Néguev est peuplé par des espèces animales désertiques, les champs par de petits animaux et parmi les espèces sur le mont Hermon figurent la vipère. Il existe 33 espèces de chauves-souris, des s méditerranéens et des requins du golfe d'Eilat sont parfois observés dans les eaux qui détient également un récif corallien.
Israël est sur le chemin de la migration des oiseaux de beaucoup, y compris les grues, les cigognes, les pélicans et divers canards. Beaucoup d'entre eux s'arrêtent en Israël pour se reposer et se nourrir, en particulier dans la région des étangs de la vallée de la Houla. La terre d'Israël est devenue une importante destination mondiale pour l'observation des oiseaux.
De nombreuses espèces, comme les lions ou les ours ont disparu de la terre d'Israël.
Notes et références
modifier- (en-US) « Home », sur Alliance for Middle East Peace (consulté le )
- « Sefarim.fr : la Bible en hébreu, en français et en anglais dans la traduction… », sur sefarim.fr (consulté le ).
- « Jewish Virtual Library », sur www.jewishvirtuallibrary.org (consulté le )
- Genèse 15:18-21.
- Nombres 23:20-33.
- Genèse 15:18-21, Nombres 23:20-33, Deutéronome 1:7 11:24.
- Nombres 34:1-12, Ezéchiel 47:13-20.
- « Tafsir al-Jalalayn,7:137 ».
- « Ibn Abbas 7:137 ».
- « Ibn Kathir 7:137 ».
- Tafheem, « Tafheem 7:137 ».
- Coran, sourate 7:137.
- « Maarif 5:20 ».
- Ibn Kathir« Ibn Kathir 5:21 ».
- Coran, sourate 5:21.
- Sourate Al-Ma'ida 5:26.
- « Coran 26:57-9 ».
- « Maarif 17:101 ».
- Coran, sourate 17:104.
- Ibn Abbas, « Ibn Abbas 10:93 ».
- Coran, sourate 10:93.
- ;« Al-Shuara' 26, n. 45 ».
- « Surah Bani Israil, Ayat 1 ».
- « Surah Al-Anbiya, Ayats 71-81 ».
- « Surah Saba, Ayat 18 ».
- « Tafsir Al-Jalalayn 28:6 »(voir aussi Tafsîr Ibn ‘Abbâs).
- (Dr. Kamal Omar, Khalifa, Majid Fakhry, Abdel Haleem, Ali Bakhtiari Nejad, Safi Kaskas, Ahmed Raza Khan/Mohammed Aqib Qadari, Hassan Qaribullah/ Ahmed Darwish, Talal A. Itani (new translation), Aisha Bewley (Muhammad Mahmoud Ghali : "certains disent que c'est en Égypte"), Ali Ünal ( pas de choix), M. M. Pickthall (le pays), etc. « Liste de traductions du verset en Anglais ».
- Ayoub, The Qur’an and Its Interpreters, Volume 1, p. 108 [State University of New York Press, Albany, 1984] (Consultable sur Google books).
- « Note 47 Asad(Quran Ref: 2:61) ».
- « Tafsir al-Jalalayn 44:28 »(voir aussi le Tafsîr Ibn ‘Abbâs).