Tilleul de Sully
Un tilleul de Sully est un tilleul remarquable et ancien dont l'origine remonterait à une décision de Sully, ministre d'Henri IV et grand voyer de France de faire planter des tilleuls ou des ormes[1] dans les villages de France, devant la porte de l'église ou sur la place principale. De nombreux tilleuls de Sully subsistent encore dans les villes et villages de France, sans qu'il soit toujours possible d'établir que la plantation en est à relier à cette initiative de Sully.
Présentation
modifierOn dit parfois « un sully » pour désigner un de ces arbres dont la tradition, le plus souvent orale, fait remonter l'origine à Sully[2], et qui a peut-être à voir avec la tradition des tilleuls de justice.
Ces arbres étaient destinés à abriter les assemblées des villageois tenues au sortir de la messe pour traiter des affaires de la paroisse.
Les tilleuls de Sully, fragilisés par leur vieillesse, sont souvent victimes des intempéries, comme le tilleul de Planay (Côte-d'Or) : en partie creux à l'intérieur, il a été très endommagé par la tornade du [3]. Le tilleul de Sainte-Colombe-des-Bois (Nièvre) a été fortement endommagé par un orage en 2007, celui de Montgibaud (Corrèze) par la tempête de . D'autres, de grande hauteur et isolés, ont été frappés par la foudre : à Saint-Romain (Côte-d'Or), le [4], à Blannay (Yonne)[5] ; celui de Journans (Ain), coupé en deux par la foudre, a été consolidé avec une maçonnerie en briques et un cerclage métallique. Le tilleul de Sully de Saint-Martin-le-Vinoux (Isère), de six mètres de circonférence, consolidé par un tuteur en béton datant de 1881, se trouvait dans le cimetière du village ; âgé de 400 ans, le tilleul était répertorié dans l'inventaire des « arbres remarquables de France » ; il a été coupé en 2002 ; il s'agissait de l'arbre le plus âgé du massif de la Chartreuse[6]. Quant aux ormes, ils sont victimes d'une maladie, la graphiose de l'orme.
Intérêt de Sully pour les arbres
modifierSully a manifesté son intérêt pour la plantation d'arbres dans d'autres contextes que celui de ces tilleuls et ormes villageois. Nommé grand voyer de France en 1599, il a veillé à la réfection et à la modernisation du réseau routier du royaume ; il a fait planter des ormes le long des routes pour les ombrager[Note 1]. Nommé grand maître de l'artillerie de France, il aménage l'Arsenal de Paris et ses alentours selon un plan grandiose dû à Philibert de L'Orme ; en 1603, sur la berge de la Seine, une grande allée est plantée de mûriers, qui furent par la suite remplacés par des ormes[7].
Notes et références
modifierNotes
modifier- Bernard Barbiche et Ségolène de Dainville-Barbiche, op. cit., écrivent cependant : « C'est à Sully également que font penser les ormes, sur les places de nos villages ou le long de nos routes ; et l'on perd alors généralement de vue que ce n'est pas lui qui, le premier, a prescrit ces plantations : il n'a fait que remettre en vigueur une mesure prise par Henri II, et fort impopulaire, en vue non pas de faire de l'ombre mais de fournir des matériaux pour la fabrication d'affûts de canon. »
Références
modifier- Pour les ormes : Cours complet d'agriculture d'économie rurale et de médecine vétérinaire, tome 14, p. 88 (en ligne). Plus rarement, l'arbre de Sully a pu appartenir à une autre espèce : ainsi, dans l'Ardèche, on cite un frêne à Cros-de-Géorand et un mûrier à Saint-Montan. Cf. Jacky Reyne, Arbres admirables de l'Ardèche, La Fontaine de Siloë, 1999, p. 140 (en ligne).
- Dictionnaire de Littré.
- Le sully de Planay.
- Mémoires de l'Académie des sciences, arts et belles lettres de Dijon, 1926.
- Le tilleul de Blannay.
- Histoire, tilleulsully.free.fr, accès le 29 mars 2015.
- Bernard Barbiche et Ségolène de Dainville-Barbiche, op. cit.
Voir aussi
modifierBibliographie
modifier- Bernard Barbiche et Ségolène de Dainville-Barbiche, Sully, l'homme et ses fidèles, Paris, Fayard, 1997.
- Abbé Joseph Courieu, « Ormes de Sully... Ormes de la Révolution », Folklore. Revue d'ethnographie méridionale, 28, 2, 1975, p. 21-23 (en ligne).