Voir aussi : defier

Étymologie

modifier
De dé- et fier avec l’influence du latin diffidere (« ne pas se fier à »).

défier \de.fje\ transitif 1er groupe (voir la conjugaison) (pronominal : se défier)

  1. Provoquer à une lutte, au duel.
    • La Polonaise a écarté l’Américaine Sloane Stephens (6-3, 6-2) et défiera au prochain tour une autre Américaine, Lauren Davis. — (journal 20 minutes, édition Paris-IDF, 2 septembre 2022, page 16)
    • VadiusJe te défie en vers, prose, grec, et latin.
      TrissotinHé bien, nous nous verrons seul à seul chez Barbin.
      — (Molière, Les Femmes savantes, acte III, scène 3)
  2. (Sens figuré) Braver quelque chose de dangereux, s’y exposer hardiment, courageusement, lutter contre.
    • […] on voyait qu’elle ne défiait pas l’attaque mais qu’une fois commencée, elle était sérieusement résolue à la repousser. — (Walter Scott, Ivanhoé, traduit de l’anglais par Alexandre Dumas, 1820)
    • Quiconque mange bien peut défier le ciel. Ce sont les ascètes et les meurt-de-faim aux estomacs débilités qui ont inventé les dieux. — (Victor Méric, Les Compagnons de l’Escopette, Éditions de l’Épi, Paris, 1930, page 191)
    • Après plus d’un an, je rouvre ce cahier ; interrompu non faute de matière, Ô Dieu ! mais ce que j’ai vécu défiait tout commentaire et surtout tuait l’enfant en moi. — (François Mauriac, Un adolescent d’autrefois, Flammarion, 1969, page 49)
    • Je semble défier la mort et pourtant je ne peux protéger les corps meurtris. Les soldats vont encore être obligés de faire des sacrifices pour un résultat plus qu'incertain, probablement un échec. — (Jean-Louis Riguet, Aristide, la butte meurtrie (Vauquois 1914-1918), Éditions Dédicaces, 2014)
    • (Par extension) Un monument qui semble défier les siècles.
    • Sans compter qu'on chercherait à m'assassiner. Heureusement, je porte une cotte de mailles qui eût défié jusqu'au couteau de Jacques Clément et de Ravaillac. — (Michel Zévaco, Le Capitan, 1906, Arthème Fayard, collection « Le Livre populaire » no 31, 1907)
  3. Mettre en demeure quelqu’un de faire quelque chose en laissant entendre qu’on le croit incapable de réussir.
    • Les sabbats ont alors la forme grandiose et terrible de la Messe noire, de l’office à l’envers, où Jésus est défié, prié de foudroyer, s’il peut. — (Jules Michelet, La Sorcière, Hetzel - E. Dentu, 1862, page 143)
    • Vous me menacez de me faire un procès, je vous en défie.
    • Je le défie bien de se tirer de là.
    • Je vous défie de deviner.
  4. (Pronominal) Se mettre en garde contre quelqu’un ou quelque chose.
    • Il est aisé de me tromper ; je ne sais pas me défier d’une action que je ne voudrais pas faire moi-même. — (Alfred de Musset, Les Caprices de Marianne, 1833, acte I, scène 4)
    • Il se levait de bonne heure, descendait dans la cour, jetait un coup d’œil aux étables, aux écuries. Non qu’il se défiât – il ne se défiait jamais ! – du service de ses domestiques, […], mais ce lui était plaisir que de ne point manquer la sortie de l’étable fumante, […]. — (Alphonse de Châteaubriant, Monsieur des Lourdines, chapitre 1, 1910)
    • Cela semblait évident à Tchen, mais il se défiait de telles évidences, aujourd’hui. — (André Malraux, La condition humaine, 1946, réédition Folio Plus Classiques, 2019, page 63)
  5. (Pronominal) Prévoir ou soupçonner quelque chose de fâcheux.
    • Ceux qui se défiaient de l’empire, pressentant qu’il serait la guerre, avaient-ils tort ? — (Émile de Girardin, en préface de Le dossier de la Guerre de 1870, 23 septembre 1877)
  6. (Pronominal) Avoir peu de confiance.
    • Et c'est là un autre paradoxe de Max Jacob : il n'aimait pas Montmartre. Il se défiait de ses « petits maquereautins pâlots que les romances poétisent stupidement », de ses « petits faussaires » et de ses « petits brigands ». Il préférait l'humanité du Paris ouvrier et bourgeois. — (Dan Franck, Le temps des Bohèmes, éd. Grasset, 2015)

Dérivés

modifier

Proverbes et phrases toutes faites

modifier

Traductions

modifier

Prononciation

modifier

Homophones

modifier

Références

modifier