Migne. Démonstrations Évangéliques. 1842. Volume 14.

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DEMONSTRATIONS

WANGLIQUES
TERTULLIEN, ORIGNE EUSBE S. AUGUSTIN, MONTAIGNE BACON, GROTIUS, DESCARTES, RICHELIEU, ARNAUD, DE CHOISEUL-DU-PLESSIS-PRASLIN, PASCAL. PLISSON, NICOLE, BOYLE, BOSSUET, BOURDALOUE, LOCKE, LAMI, BURNET, MALEBRANCHE, LESLEY, LEIBNITZ, LA BRUYRE, FENELON, HUET, CLARKE,
, ,
,

DUGUET, STANHOPE, BAYLE, LECLERC, DU-PIN, JACQUELOT, TILLOTSON, DE HALLER, SHERLOCK, LE MOINE, POPE, LELAND, RACINE, MASSILL0N,D1TT0N,DERHAM,D'AGUESSEAU, DE POLIGNAC,SAURIN, BUFFIER, WARBURTON, TOURNEMINE, BENTLEY, LITTLETON, FABRICIUS, ADDISON, DE BEHNIS, JEAN-JACQUES ROUSSEAU, PARA DU PHANJAS, STANISLAS I", TURGOT, STATLER, WEST, BEAUZE, BERGIER, GERDIL, THOMAS, BONNET, DE CRILLON EULER, DELAMABE,
,

CARACCIOLI, JENNINGS, DUHAMEL, LIGUORI, BUTLER, BULLET, VAUVEN ARGUES, GUNARD, BLAIB, DE POMPIGNAN,
DELUC, PORTEES, GRARD, DIESSBACH. JACQUES, LA-

MOURETTE, LAHARPE, LE COZ, DUVOISIN, DE LA LUZERNE, SCHMITT,POYNTER,MOORE, SILVIO PELLICO,


LINGARD, BRUNATI, MANZONI, PALEY, PEBRONE,

DORLANS CAMPIEN, PRENNS, WISEMAN, BUCKLAND MARCEL- DE- SERRES, KEITH CHALMERS, DUPIN AN, S. S. GREGOIRE XVI.
,

vabuitc*, pouv

la

plupart, be$
elle

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tcequcltes

avaient t ccvite$;

REPRODUITES

INTEGRALEMENT, non par extraits


M.
T..

ANNOTEES ET PUBLIEES PAR

MIGNE, EDITEUR DES COURS COMPLETS SUR CHAQUE RR ANCHE DE LA SCIENCE ECCLESIASTIQUE.
Il")

VOL. prix

96 FB.

OUVRAGE GALEMENT NECESSAIRE A CEUX QUI NE CROIENT PAS, A CEUX QUI DOUTENT ET A CEUX QUI CROIENT.

TOME QUATORZIEME,
CONTENANT LES DEMONSTRATIONS DE MOORE, SILVIO PELLICO LINGARD BRUNATI, MANZONI, PALEY, PERRONE, DORLANS, CAMPIEN, PRENNS
,
,

^^s^ PRTIT-MONTR OUGE,


CHEZ L'DITEUR,
Rit. s'ambOISK,

AXfc

imns

I.A

BAnmnE D'EKVEn

i>r

PAKIS

1843.

jgk

'^/ARYW^

dk

pat-

INDEX
DES AUTEURS ET DES OUVRAGES CONTENUS DANS CE VOLUME.

MOORE.
Voyages d'un Irlandais
la

recherche d'une religion

col.

SILVIO PELLICO.
Discours sur les devoirs des

hommes

289

LINGARD.
Dfense de
la

Tradition. Essai sur la

Vue comparative
,

de l'Eglise anglicane et

dt l'Eglise de Rome, du docteur Marsh

etc

339

Remarques sur
tions de

le

mandement de

l'vqne de

l'vquc de

Durham

sur

les

Durham. Rfutation des assercauses qui ont amen la rvolution

franaise, et sur la doctrine de l'Eglise catholique par rapport au culte et


l'invocation des saints, la prsence relle de Jsus-Christ dans l'Eucharistie, la

pnitence

et

aux indulgences,

et"

397

BRUNATI.
De
l'accord des anciens livres de l'Inde avec la Gense

445

Critique des anciennes lgislations paennes et dfense de la lgislation

mo457

saque

De

la

mdecine chez

les

Hbreux

et

des gurisons miraculeuses racontera par

les

saintes Ecritures, etc

479

MANZONI.
Observations sur
la

morale catholique

551

PALEY.
Tableau des preuves videntes du christianisme
075

PERRONE.
Rflexions sur la mthode introduite par Georges catholique, etc
Dissertation sur
le titre

Herms dans
les

la thologie

945

d'Eglise catholique

que s'attribuent

communions
1023 1049

spares de l'Eglise romaine

De l'immacule conception de Marie

DORLANS.
Mthode courte
et facile

nour discerner

la vritable religion

10G9

CAMPIEN.
Dix preuves del vrit de
d'Angleterre
la religion

chrtienne, proposes aux universits

1177

PRENNS.
De
l'observation du

Dimanche considre sous


,

les

rapports de l'hygine pu-

blique, de la morale

dos relations de famille et de cit

1215

IMPRIMERIE DE

M1C.ISE, A

MONTItOl CE.

VIE
MOOHE
vrage qui a

DE MOORE.
-->c!l2lS>l-

(Thomas), dont nous imprimons ici l'oufait peut-cire son auteur le plus de clbrit, est un des ailleurs contemporains les plus remarquables de l'Angleterre. Parmi les nombreux' enis qu'il a publis, nous citerons The Epkurean,
:

traduite de l'anglais par M. AmdePiclira, Paris, 1820. 2 vol. in-12; Letlers and Joumals of lord Byron
Willi notices

la traduction de cet oua Tule, Paris, 1827, in 12 vrage parut, la mme anne, en un volume in 12, L'Epicurien ou la Vierge de Memphis; sous ce titre Irish Mlodies complte : to ivhich are added National Mlodies, etc., Bruxelles (Pans, Galignani), 1822, fort vol. in-12; The saine, sacre Mlodies, nation d Sonqs and BulAirs, everrings in Greece, Cnnzonets lads, etc., Puis, 182<J, 2 vol. iu-52; M"" L. Sw. Belloc a donn une trad. de ces mlodies la Mile des Amours des anges, dont nous parlerons plus bas; Lalla Rookh, ou la princesse Mogole, histoire orientale,
: :

of his tife, Paris, 1830,4 vol. in-12; The Life and death of lord Edward Fitzgerald , Paris, 183-i, in-12; The Loves oflhe Angcls.a Poem,, m Paris, 1823, grand in-S et in-12 :lrad. parM " Louise Belloc, sous ce litre Les Amours des anges, et les Mlodies irlandaises depuis Henri II jusqu' l'Union, ou Mmoires du capitaine Rock, le fameux chef irlandais, etc., Paris, Galignani, 182i, in 12; Mmoires sur la lie prive, politique et littraire de Richard Brindeley Sheridan , Paris, Galignani, 1825, 2 vol. i;i12; etc. Les diverses oeuvres de Thomas Moore ont l runies sous le litre de : Complte prose and paetical Woiks (his), Paris, A. and W. Galignani, 1832,
: ,

;;>

vol. in-12.

^BpMnMI

gjg|

VOYAGEA
D'UN IRLANDAIS
A LA

RECHERCH D'UNE RELIGION.


CHAPITRE PREMIER.
Monologue au second
embrasser
videntiel.
e'I

ge.

le

protestantisme. Accident proCatchisme antipapiste. Bor-

Motifs pour

de d'e'pilhtcs.
C'tait le soir

Rsolution

dfinitive.

du 16 avril 1829, le jour mme o parvint Dublin la mmorable nouvelle que le roi avait donn son assentiment au bill d'mancipation des catholiques. A ce moment, j'tais assis seul dans ma chambre, au second tage, au collge de la Trinit et comme j'tais m;>i-mrne un de ces ternels
;

jamais beaucoup arrt considrer en quo la foi que je professais diffrait de celle des autres j'tais encore jeune, ne faisant quo d'entrer dans ma vingt et unime anne. Les rapports de ma croyance avec ce monde avaient l d'une nature trop agite pour me laisser beaucoup le temps de penser ceux qu'elle pouvait avoir avec l'autre vie, et je non tais pas encore venu l'tat de dgradation des Grecs dgnrs, qui s'arrtaient discuter sur la couleur prcise de la lumire du mont Thabor, lorsque c'tait celte lumire del vie, la libert, qu'il s'agissait de d;

sept millions

d'hommes qui

se trouvaient ainsi

fendre.

rendus la libert, aprs quelques moments de rverie, je me levai tout coup avec un tressaillement subit; puis faisant quelques tours dans ma chambre, d'un pas prcipit, comme pour faire l'essai d'une paire de jambes mancipes, je m'criai Dieu merci, je peux maintenant, si je le veux me faire
:

Aussi ne voyais-je gure dans

les

protes-

tants qu'une socit de bourgeois hrtiques;

protestant. Le lecteur jugera aisment, par ce peu de paroles, quelle fut toute la suite de mes ides ce moment d'exaltation. Je me trouvais affranchi non-seulement des peines attaches

assez pauvres en fait de croyances, mais en toute autre chose riches et opulents, qui gouvernaient l'Irlande suivant leur volont et leur bon plaisir, en vertu de certains xxxix articles, tels que je n'avais pu encore rassurer clairement si c'taient des articles de guerre ou des articles de religion. Quant aux catholiques romains, bien que
j'en fisse

moi-mme
les

partie, je

ne pouvais

me

dfendre de

au titre de catholique, mais encore du point d'honneur qui m'avait jusqu'alors mis dans

une sorte d'impossibilit d'tre chose. Ce n'est pas, toulefois, que DMONST. V4.NG. XIV.

rien
je

autre
fusse

me

race de religionnaires entts et passs de mode, qui on avait tout ravi hors leur croyance (qui tait peut tre la chose qui mritait lo moins d'tre conserve), e! qui justifiaient
(Une.)

regarder

comme une

Il

DEMONSTRATION VANGLQUE. MOQUE.


je

l|

?wen le reproche qu on leur faisait d'tre inrapables de libert, puisqu'ils s'taient si longtemps el si obstinment rsigns demeurer esclaves. En un mot, je sentais, comme; ont d le sentir avant moi beaucoup de jeunes papistes l'me noble et leve, que j'avais t non-seulement asservi, mais mme dgrad, en appartenant une telle secte: et quoique, si l'adversit et continu d'exercer ses rigueurs contre noire foi, j'y fusse demeur attach jusqu' la fin, dcid mouen combattant de rir les armes la main /non mieux pour la transsubstantiation cl le pape, je n'tais pas fch, cependant, de me voir chapp la gloire douteuse d'un pareil martyre; et si je me rjouissais beaucoup de voir mes compagnons de souffrance arrachs l'esclavage, je me rjouissais encore davantage en pensant que je pourrais maintenant me sparer d'eux. Tels taient les sentiments qui s'levaient dans mon esprit par rapport au ct politique de ma croyance, et je ne voyais pas de raison d'en lrc beaucoup mieux satisfait en la considrant sous le point de vue religieux. Les sombres peintures que j'avais vu si con,

me

rappelle, sonnait

huit heures

in-

stant o commena celte absorption de mes bleutes intellectuelles., et la mme cloche or-

thodoxe sonna dix heures, avant que


tion,
et
to.nt? ft

la

ques-

me ferais-je ouneme ferais-je pas'protes-

en voie d'tre dfinitivement rsolue; si le papisme, pour ce soir-l du moins, ne resta pas matre du terrain, on le doit en grande partie un accident que quelques bonnes gens appelleraient providentiel. Sur la tablette de la bibliothque auprs de laquelle jetais plac, se Irouvaient quelques brochures parses, vers lesquelles, au milieu de mes rflexions j'lendis la main presque s'en m'en apercevoir et saisissant la premire qui se prsenta, je vis que je tenais un petit trait, en forme de catchisme, contre le papisme, publi, il y avait prs d'un sicle, sous le litre de Rsolution d'un protestant qui expose les misons qui V empchent d'tre papiste etc. En feuilletant ce livre, les pre mires phrases qui frapprent ma vue furent

mme

celles-ci

stamment faire dans les pamphlets et les des croyances relisermons protestants gieuses du papisme, m'avaient singulirement humili et mortifi et quand j'entendais des
, ,
;

d'un savoir minent, et qui jouissaient dans le monde d'une grande estime. reprsenter la foi dont j'avais eu le malheur d'hriter de mes anctres, comme un systme damnable d'idoltrie, dont les doctrines n'avaient pas seulement de la tendance encourager l'imposture, le parjure, le meurtre il tous les autres crimes monstrueux, mais y conduisaient par une pente ncessaire, je me trouvais dj dispos d'avance, par l'opinion que je m'tais forme de mes frres papistes, me rendre l'cho trop complaisant de toules ces accusations portes contre eux et encore que comme par leurs ennemis homme et comme citoyen, je m'levasse avec, indignation contre toules ces imputations comme calbolique, cependant, je mourais de crainte qu'elles ne fussent que trop vraies.
;

hommes

question. Pourquoi les protestants se sont-ils spars de la religion romaine? rponse. C'est que c'tait une religion superstitieuse, idoltre, damnable, sanguinaire, traitre, aveugle et blasphmatoire. Une pareille borde d'pilhtes tait un jugement dcisif. Quel est l'homme, medisaisje en moi-mme, qui pt rester plus longtemps attach une foi laquelle on peut appliquer, avccquelque apparence de justice, des expressions aussi dures et aussi rvoltantes? Je me levai donc une seconde fois de mon sige incommode, et, agitant mon poing, comme pour braver l'abomination des sept collines, je m'criai en marchant de nouveau dans ma chambre, a\cc quelque chose de cet air de suffisance qui se faisait dj remarquer Je serai protestant.
:

CHAPITRE

II.

Sir Godefroy Kneller et saint Pierre. Diverses especis de protestantisme. Rsolution de choisir
le

meilleur.

Adieu aux

abominations papistes.
Je me trouvais alors peu prs dans la mme situation que Godefroy Kneller, dans
le rve trange qui lui est attribu, lorsque, se croyant arriv, ce qu'il s'imaginait, rentre du ciel il y trouva saint Pierre qui, en sa qualit de portier, demandait le nom et la religion des diffrents candidats qui se prsentaient pour tre admis dans le paradis, el, d'aprs la rponse de chacun d'eux, les dirigeait vers la place assigne leurs croyances respectives. Et vous, monsieur, dit le saint
,

je

dans cette disposition d'esprit que soupirais depuis si longtemps aprs la grande mesure de l'mancipation, comme le terme de celle querelle ancienne, amre et hrditaire, o la partie spirituelle de laqueslion avait l subordonne la temporelle et surtout comme une heureuse dlivrance, pour moi personnellement, de ce scrupuleux point d'honneur qui m'avait jusqu'alors, tort ou raison, retenu dans les bras du paC'tait
;

pisme.

Le lecteur saisit maintenant parfaitement lesens de celte exclamation subile qui, comme je l'ai dit, m'chappa dans ma chambre, au

sir Godefroy, lorsque son tour fut venu, de En vrit quelle religion tes-vous? monsieur, rpondit sir Godefroy, je ne suis

deuxime tage, au collge de la Trinit, le soir du .10 avril Dieu merci je peux main:

Oh! alors, monsieur, reprit saint Pierre, ayez la bont d'entrer et


d'aucune religion.
de prendre vous-mme la place qui vous agrera. C'tait peu prs dans ce mme tat d'indpendance en fait de croyance que je me trouvais dans cette conjoncture critique, aper-

tenant, si je le veux, me faire protestant. Ces mots nergiques ne se furent pas plutt chapps de mes lvres, que je me rassis sur ma chaise, et me plongeai de nouveau dans mes rveries. La cloche du collge, ce que

VOYAGES

A LA

uECHERCUE D'UNE RELIGION.

ecvanl devant moi le champ si testantisme, avec la facult de choisir mon gr 1g lieu o il me plairait de me fixer dans fa vaste enceinte qu'il offrait mes regards. Mais, quoique libre, et matre, comme le vent, de souffler o il me plairait ma position, en somme, n'tait pas, tant s'en faut, ce qu'on peut appeler confortable. Elle ressemblait celle o se trouverait une me dans le systmede la m'tempsychose, cet instant critique o il lui faudrait quitter un corps pour passer dans un autre; ou plutt c'tait comme un mot mal traduit, que, suivant la remarque d'un crivain spirituel on a fait sortir d'une langue sans le faire entrer dans une
, ,

vari du pro-

autre.

Quoique poque de
la religion

je fusse aussi ignorant,

celle

vie, en tout ce qui concerne le pouvait tre tout jeune homme lev dans une universit, se destint- il mme aux saints ordres, j'avais cepen,

ma

que

dant naturellement de trs-vifs sentiments de mon enfance, j'avais coutume de m'agenouiller tous les soirs pour faire ma prire, avec un degr de confiance en la misricorde et la grce du Seigneur dont un professeur des Cinq Points n'aurait pas manqu de n'tre pas peu scandalise. C'tait donc avec une entire bonne foi et
pit, et, depuis

sance suffisantt du grec et du latin pour oser entreprendre d'tudier les Pres dans leur propre langue; et en mme temps que j'avais, comme gradu, un libre accs la bibliothque de notre collge, j'avais aussi ma disposition les meilleures ditions de ces crivains sacrs. Jusqu'alors je n'avais eu qu'une connaissance fort mdiocre de l'Ecriture; mais le plan que j'adoptai en ce moment tait de faire marcher l'lude du volume sacr concurremment avec l'lude des ouvrages de ceux qui en furent les premiers interprtes, de sorte que le texte et le commentaire, en vertu de ce rapprochement, pussent s'clairer mutuellement. Me voil donc avec un zle dont la sincrit mritait au moins quelques succs, travaillant, le dictionnaire la main, l'uvre de ma propre conversion et le lger sentiment de mpris avec lequel je reportais mes regards sur mon ancienne croyance, tait dj un grand pas de fait vers l'adoption d'un nouveau symbole. Disant donc un joyeux e(, comme je l'esprais, un ternel adieu au long catalogue des abominations papistes,
, ;

une parfaite sincrit que je me mettais alors en uvre de choisir une nouvelle religion; et comme je me sentais dtermin faire tomber mon choix sur le protestantisme, j'avais rsolu de choisir l'espce de protestantisme la meilleure et la plus accrdite. Mais comment venir bout d'en faire le discernement? Il y avait, dans un sermon que j'avais autrefois entendu prcher par un des membres de notre universit, une ohscr\alion prsente avec force parle prdicateur, que je rappelai alors ma mmoire pour me guider dans la recherche que je disait le voulais entreprendre. De mme prdicateur, que les ruisseaux sont ton jours plus clairs en approchant de leur source, ainsi les premiers ges du christianisme sont ceux o il se trouve le plus pur. Prenant pour base ce principe vident, il s'ensui,

veux dire, la transsubstantiation, aux reliques, au jene, au purgatoire, l'invocation des saints, etc, j'ouvrais mon esprit, en dvou proslyte, ces vrits lumineuses qui allaient bientt luire sur moi d'une rgion plus pure des cieux.
je

CHAPITRE

111.

Je commence par le premier sicle. saint Clment. Saint Ignace. relle. Hrsie des doectes. Reliques des sainls.

Le pape Prsence Tradition.

l'Eglise catholique, cours des siles, est dchue de sa puret primitive, sont trs-diviss d'opinion par rapport l'poque o a d commencer cette apostasie. Quelques crivains se montrent disposs tendre l'ge d'or de l'Eglise une poque aussi rcente que le septime ou le huitime sicle (1), tandis que d'autres renferment son re virginale dans des bornes

Ceux qui pensent que


le

dans

beaucoup plus

troites (2).

Mon

grand objet

ncessaire, que je devais avoir recours l'enseignement et la pratique des sicles primitifs de l'Eglise, pour dcouvrir les vritables doctrines et les vritables pratiques du protestantisme; les changements survenus par la suite dans les croyances comme dans la discipline des chrtiens ayant amen, si l'on en croit ce prdicateur, ce systme corrompu de religion qui a t introduit dans le monde sous le nom odieux de papisme, remonter tout d'abord cette aurore de notre foi et me bien pntrer des ides et des croyances de ceux qui furent clairs les premiers de sa lumire tait, sans nul doute, le seul moyen efficace d'atteindre le grand objet que j'avais en vue, savoir, de me faire protestant, suivant le type le plus pur et le plus orthodoxe.
vait,
,

comme consquence

(I) An nombre de ceux qui donnent une si longue dure aux beaux jours de l'Eglise, comme il les appelle, on doil compter le clbre minisire huguenot Claude, clbre surtout parla sanglante dfaite qu'il a prouve de la part des savants auteurs de la Perptuit de la foi. Il sera curieux de savoir quelle tait l'opinion que s'tait forme de ce fameux champion du protestantisme, si prconis de nos jours, un homme qui vcut dans sa socii, et qui est bien connu pour n'avoir pas t ennemi de sa secte et de sa cause Cet homme- l, dit Longuerue, tait hou gouverner chez madame la marchale de Shomberg, o il rgnait souverainement; mais il n'tait point savant. Parlez-moi, pour le savoir, d'Aubertin, de [taill, de Blondel. s D'aprs le livre des Homlies, la religion chrMenue tait dans toute sa purel et dans son vrila hic ge d'or au temps de Constantin (en l'an de J.-C.
:

324).
(-1)

J'avais suivi avec une grande attention le cours des ludes classiques enseign dans notre universit; j'avais donc une connais-

Priestley, par exemple, pour arriver son bol, regarde tout le temps qui s'est coul jusqu' la nn.it d'Adrien ( an de J.-C. ! 58), comme renfermant l'dr.a pure et virginale de l'Eglise.

15

DEMONSTRATION EVANGELIQUE. MOORE.

1G

tant, autant que possible, integros accedcrc


fontes, de

remonter aux sources pures , je voyais que plus haut je ferais remonter mes recherches en me rapprochant autant que possible de la source mme, mieux ce serait; c'est pourquoi je commenai mon travail par consulter les crits des cinq saints docteurs qui ont t honors du titre de Pres apostoliques, comme ayant tous les cinq convers avec les aptres ou leurs disciples. Grande fut alors ma surprise, et il s'y mla, l'avoue, un lger sentiment de remords, f'c orsqu, dans la personne d'un de ces crivains apostoliques, si remarquables par leur simplicit, je vis que j'tais lomti sur un pape, un vrai pape, le troisime vque aprs saint Pierre, de cette Eglise mme de Rome que j'tais prsentement sur le point de dserter pour sa moderne rivale. Cet vque des temps primitifs, qui occupait ainsi le sige de Rome, tait saint Clment, un de ces compagnons des travaux de saint Paul, dont les noms sont crits dans le livre de vie ; et c'est par saint Pierre lui-mme, si nous en croyons Tertullien, qu'il avait t dsign pour tre son successeur. Cette preuve de l'antiquit et de l'origine apostolique de l'autorit papale, ne fit pas peu d'impression sur moi. Un papcl et c'est par saint Pierre lui-mme qu'il est dsign, m'criai-je en commenant lire le volume: Oui, par l'Eglise de saint Pierre et par saint Pierre aussi, cela m'tonne singulirement. Il restait encore cependant assez dans mon cur de celte vnration que j'avais eue autrefois pour le papisme, pour me faire parcourir avec un respect tout particulier les crits du pape .saint Clment; et je ne pus m'empcher de voir que, mme dans ces temps de simplicit trangers la polmique, o il tait si rarement besoin d'en exercer l'autorit, la juridiction du sige de Pierre tait pleinement
,

ver un pape ou un voque de Rome prsidant aux destines de tout le monde chrtien celte poque primitive, je fus infiniment plus surpris et slupf lit de ce qui s'offrit mes regards dans les pages crites patsaint Ignace, cet crivain, nourri, pour ainsi dire dans le berceau de noire loi, et qui tant un des premiers qui avaient suivi les pas du divin guide, tait de ceux dont j'avais moins le droit d'attendre une doctrine si essentiellement papiste, que j'avais toujours t port regarder comme une invention des ges de tnbres, et qui ne s'tait maintenue qu'en faisant insulte la raison et aux sens: je veux dire la doctrine de la prsence
relle

dans l'eucharistie

(1)

parlant des docles ou fantastiques, secte d'hrtiques qui prtendaient que le Christ n'avait l homme qu'e?i apparence,

En

qu'un pur fantme et qu'une ombre d'humanit, saint Ignace s'exprime ainsi: Ils
s'loignent de l'eucharistie et de la prire parce qu'ils ne veulent pas reconnatre que l'Eucharistie est la chair de notre Sauveur Jsus-Christ, cette chair qui a souffert pour nos pchs. Or, quand on considre que le point capital de la doctrine des doctes tait que le corps dont s'est revtu JsusChrist n'tait qu'apparent, on ne saurait douter que la croyance particulire des orthodoxes, auxquels ils taient opposs, n'tait autre chose que la persuasion o ils taient que la prsence du corps de JsusChrist dans l'eucharistie tait relle. Il est vident qu'une prsence figurative ou nonsubstantielle , comme le prtendent les protestants , n'aurait en aucune manire offens
,

leurs ides anticorporelles , mais elle se serait au contraire parfaitement concilie avec
celte

vue entirement spirituelle de

la

nature

du Christ, qui avait conduit ces hrtiques


nier la possibilit de son incarnation. Celle preuve gnante et irrsistible qui s'offrait moi, ds le dbut mme de mes recherches de l'existence d'une semblable

reconnue. Un schisme, ou plutt comme l'appelle saint Clment lui-mme, une sdition folle et m/;'e(l),s'lantlcv dans l'Eglise de Corinthe, on en appela l'Eglise de Rome pour rclamer son intervention etses conseils en cette
circonstance; et la lettre que ce saint pontife adressa en rponse aux Corinthiens, est incontestablement un des monuments les plus intressants qui nous soient parvenus de la
iltrature ecclsiastique. Celui de ces premiers disciples des aptres dont les crits attirrent ensuite mon allenion, fut saint Ignace, le successeur immdiat de l'aptre saint Pierre sur le sige d'nlioche. Ce saint homme fut appel par ses con-

croyance parmi
sicle,
relire

orthodoxes du premier dans un tat d'lonnement impossible dcrire. Je voulus


les

me

jeta,

je l'avoue,

temporains Thophore, ou port par Ditu, d'aprs une ide gnralement rpandue qu'il tait cet enfant dont parlent saint Matthieu
et saint Marc, que Notre-Seigneur prit dans ses bras et plaa au milieu de ses disciples. Aussi fut-ce avec un sentiment de respuctueuse curiosit quo je m'approchai du volume qui contient ses crits; et si , dans nion ignorance , j'avais t tonn de trou-

la phrase, je me frottai les yeux , et consultai de nouveau mon dictionnaire, mais je ne m'tais point tromp c'tait sans contredit du papisme le mieux caractris. J'avais dj trouv un langage semblable par rapport l'eucharistie, dans d'autres passages du mme Pre, dans sa lettre aux Philadelphiens et dans celle aux Romains; mais s'il n'y avait eu que ces passages, son opinion prcise sur celte matire et pu rester douteuse; et, comme dans une foulo d'autres cas o il est arriv aux Pres de s'exprimer d'une manire allgorique ou obscure, elle serait encore sujette discussion. Mais ce passage pris, ainsi que je l'ai dj dit dans un sens relatif aux doctes, comme l'expression de la croyance de ces hrtiques par rapport l'eucharistie, et
,

le

La lellre. do saint Ignace, quia t crite dans premier sicle, est adresse l'Eglise qui prside, irp'xv.O.yxt, dans le pays des Romains. >
(1)

!7

VOYAGES A LA RECHERCHE DUNE RELIGION,


(
,

18

ne pouvant nullement se concilier avec la croyance des orthodoxes 1) ce passage, dis-je, de la lettre aux fidles de Suiyrne ne peut admettre que celte seule interprtation, et on n'en peut tirer que celte seule conclusion, savoir, que les chrtiens orthodoxes de celte poque ne voyaient pas uniquement dans le pain et le vin consacrs un simple mmorial une simple reprsentation , un type ou un emblme, ou toute autre prsence figurative du corps de NotreSeigneur, mais sa propre et relle substance, corporellement prsente et mange par la bouche. Me retrouver ainsi de nouveau plong dans le sein du papisme, aprs m'tre flatt d'en tre dlivr pour jamais, ce n'tait pas, il faut en convenir, une petite preuve pour le zle d'un nophyte. Ce n'est pas tout: Je n'tais pas encore bien remis de la surprise et de l'embarras o m'avait jel cet exemple de doctrine papiste, lorsque, passant au rcit du martyre de ce mme Pre je tombai sur un autre spcimen non moins frappant des
,

des plus monstrueuses erreurs des papistes. Pour moi, ces dcouvertes taient merveilleuses, tout fait merveilleuses! Pape, reliques des saints, traditions apostoliques, prsence relle dans l'eucharistie, et tout cela dans le premier sicle de l'Eglise Qui
!

l'aurait

jamais pens?

CHAPITRE

IV.

Vision (Viermas. Jene hebdomadaire. Bonnes uvres. Le recteur de Ballymudragget. Le recteur n'est pas partisan du
jene.

Comparaison

entre ce recteur et

Hermas.
Aprs avoir parcouru les deux lettres qui nous restent de saint Barnabe et de saint Polycarpe et qui ne m'ont fourni l'une et l'autre que peu de lumires par rapport ce qui fait l'objet de mes recherches c'est avec une sorte de plaisir que j'ai ouvert les pages dictes par la pieuse imagination d'Hermas, el que je me suis oubli pour quelques heures au milieu de ses visions qui respirent toute la simplicit des temps apostoliques, comme on s'oublie en lisant une histoire de roman. Ce qu'il raconte d'un amour qu'il avait eu dans sa jeunesse qu'il avait vu les
, , ;

pratiques papistes. Saint Ignace, comme le savent tous ceux qui lisent le marlyrologe, fut condamn tre dvor par des lions dans l'amphithtre de Rome. Aprs que la victime eut t dchire en pices, les diacres fidles qui l'avaient accompagne dans son

cieux ouverts, un jour qu'il priait genoux

voyage, recueillirent, est-il dit, le peu d'ossements chapps la dent des btes froces, et, les ayant apports Antioche, ils les dposrent religieusement dans une chsse autour de laquelle, chaque anne, le jour de son martyre, les fidles s'assemblaient et veillaient auprs de ses reliques, en mmoire du sacrifice qu'il avait fait de lui-mme au Seigneur.

dans une prairie, et avait aperu la jeune personne qu'il avait aime, abaissant sur lui ses regards du sein des nues, et le saluant en ces termes: Bonjour, Hermas ; ce qu'il dit des diffrentes visions dans lesquelles l'Eglise de Dieu lui tait apparue tantt sous les traits d'une femme ge, occupe lire, et tantt sous la figure d'une jeune fille vtue de blanc, portant une mitre sur
,

sa (t,

sur laquelle on voyait flotter une,


:

d mentionner aussi, pour enchrir encore sur ce que j'ai dj dit, que, dans sa route au travers de l'Asie pour se rendre
J'aurais

longueel brillante chevelure c'taicnt-l autant d'imaginations innocentes el ( comme

sur le thtre de ses souffrances, cet illustre Pre, en exhortant les Eglises se tenir sur leurs gardes contre l'hrsie, leur recommandait avec une insistance toute particulire, de s'attacher fortement aux traditions des aptres, sanctionnant et confirmant par l celte double rgle de foi la parole non crite aussi bien que la parole crite, rgle de foi que tous les bons protestants rejettent comme une
,

on le pensait cette poque [inspires (1) au milieu desquelles je m'garais avec le bon Pre, dans une sorte de rverie lthar)
,

gique comme si ces visions eussent t mes propres songes. Ce ne fut que quand j'arrivai , dans le cours de ma lecture, celle partie de ses
,

crits qui a pour titre Prceptes et similitudes , et qui lui a t rvle, dit-il , par son

ange gardien, sous


(I)

la figure d'un berger,

(1) i II p irait Irs-probable qu'an temps de saint Ignace, ceux qui communiaient taient obligs de recounairc expressment que l'eucharistie tait le corps et le sang de Jsus-Chris! , tant en rpondant amen, au moment o on leur prsentait les espces sacramentelles, qu'en s'unissaut la prire par laquelle o'n demandait Dieu de changer ainsi au corps et au sans; de J.-C. la matire du sacriiiee; et c'est parce qu'ils ne pouvaient pas se. conformer cet usage, que les doctes s'absentaient des assembl s des chrtiens (Johnson). > Que les communiants fussent obliges reconnatre ainsi expressment la prsence relle, dans les premiers sicles de l'Eglise, c'est ce qu'attestent toutes les anciennes liturgies ; cl nous avons l'autorit de saint Augustin pour garant que tel tait le sens attach, de son temps, ce mot amen Habet magnam vocem Cliristi sanguis in lerra, cum, eoaccepto. ab omnibus genlibus re-pondelur amen (t'.ontio. Paint.)
:

Origne

cite le Pasteur

comme

ment

inspir, et Ruflin

l'appelle,

un livre divineen termes exprs,


in synib. apost.).

un livredu Nouveau Testament (Expos,

aussi, d'aprs sa disposition habituelle admettre tout d'abord tout ce qui va son but, regarde te Pasteur comme un livre spcial et inspir, qui vient

Winston

directement de notre Sauveur, comme l'Apocalypse mme. Saint Irne, en citant le Pasteur, l'appelle Ecriture; d'o quelques-uns ont conclu qu'il le re Ulud etiam gardait rellement comme canonique t non oniillendum quod Hernie Pasloremvelutcanonilaudel Irenams (illassuel.. Dissert. < cam scripluram i prasv. in Iren.). Cependant Lardner a prouv que saint Irne emploie ici le mot criture dans le sens seulement d'crit ou livre. Saint Clment d'Alexandrie, non moins qu'Orignc, semble avoir regard le Pasteur comme un livre ditm Ep/u* vinement inspir: tioc tgi'vuv i Swa/xif
:

*i

>

mt

Asoxi).ujttv ).'-j (Stroni.

lit'

IJ.

? ,

f)

DEMONSTUATIO.N EVANGEL1QUE. MOORE.


faire servir la

20

quo je me rveillai et me rappelai l'objet immdiat de mes recherches; mais je ne me rveillai, hlas! que pour me retrouver encore en compagnie d'un papiste. Ce Pre qu'on s'en souvienne bien, tait un de ces chrtiens distingus auxquels saint Paul
Romains; Or, parmi qu'il expose dans cet
l

envoie des salutations dans son ptre aux les prceptes moraux
crit

comme

lui

ayant
,

communiqus par son ange gardien on lit le suivant: La premire chose que nous ayons faire est d'observer les commandements de Dieu. Si ensuite quelqu'un dsire y ajouter quelque bonne uvre, telle que le jene, il recevra une plus grande rcompense. C'tait ! encore du papisme tout pur tant dans la doctrine que dans la pratique: satisfaction Dieu par les bonnes uvres et une des ces bonnes uvres est le jene J'avais entretenu depuis ma plus tendre enfance une aversion toute particulire pour cette dernire observance; aussi fut-ce avec peine non moins qu'avec surprise que je reconnus que les premiers chrtiens, en fait de jenes vigoureux, allaient bien au del de nos Romains mme les plus austres. Le jene qui servait de prparation la fte de Pques, et qui consistait dans une absti,
!

nence totale, tait continu par quelques pieuses personnes pendant le cours non interrompu de quarante heures successives. Ceux donc qui se moquent aujourd'hui des papistes, parce qu'ils font abstinence deux fois la semaine, auraient les mmes motifs de se moquer aussi des chrtiens des premiers sicles auxquels les canons apostoliques imposaient la mme obligation ; la seule diffrence qu'on y remarque, c'est que les jours fixs pour pratiquer l'abstinence taient alors le mercredi et le vendredi au lieu que c'est maintenant le vendredi et le samedi (1J. On sait que les deux derniers jours de la semaine qui prcdait la fte de Pques taient des jours o l'on observait un jene rigoureux, par la raison que c'est en ces jours que I 'poux a t enlev (2). Et voil le sicle qu'on m'a envoy consulter pour m'affranchir du
,

Ces anciens chrtiens s'efforaient aussi de bonne uvre du jene une autre pratique galement rpule au nombre des bonnes uvres, je veux dire l'aumne. Les mmes canons apostoliques nousapprennent en effet que toutes les pargnes faites par l'abstinence et le jene taient employes subvenir aux ncessits des pauvres (1). Assis alors, le coude appuy sur les pages du Pasteur, avec quelle vivacit je me rappelais les sentiments qui plus d'une fois S'taient levs au dedans de moi-mme, la pauvre table de mon pre, lorsqu'il arrivait que notre riche voisin le recteur de Billymudragget s'invitait de lui-mme dner avec nous un vendredi ou un autre jour d'abstinence: car. tandis que sa Rvrence se rgalait avec les viandes et les volailles qu'on avait eu soin de prparer pour le fter, je me voyais forc de me contenter de ce triste repas qui dansait cl criait dans le ventre du pauvre Tom (2), deux harengs blancs; et ce qu'il y avait de plus mortifiant encore c'tait d'avoir supporter le sourire de piti avec lequel le recteur regardait en consquence, ses superstitieux convives, bnissant, sans doute, son toile de ce que la glorieuse rforme avait mis toutes ces choses sur un pied plus civilis et plus digne d'un galant homme. Je ne savais point alors, pour ma consolation, qu'en me faisant ainsi mourir de faim je ne faisais que me conformer aux canons apostoliques ; faut-il donc s'tonner qu'en rflchissant sur toutes ces choses et comparant mon ami le recteur, plein d'embonpoint, avec le simple Hermas, il se soit lev dans mon esprit quelque doute, si, au moins pour ce qui regarde le monde venir, il ne serait pas plus sr de jener avec l'ami de saint Paul que de faire bonne chre avec le recteur de Ballymudragget
,

CHAPITRE

V.

papisme
(1)

Second sicle. Saint Justin martyr. Transsubstantiation. Saint Jrne. Suprmalii du pape. Sacrifice la Messe. Tradition orale. Le Vieillard de la mer.
rie

ces
<pii

Le savant voque Beveridge, qui prtend que canons furent rdigs pur les disciples des aptres vers la fin du second sicle, regarde les jenes
y sont
prescrits

comme

eccl., oie). ceux qui soutiennent qu'au temps des aptres, ou peu aprs, on pratiquait le jene le quatrime et le sixime jour de la semaine, ne sont pas, il faut le re connatre, dnus d'arguments spcieux en faveur de leur opinion. > Mais le temps viendra o l'poux leur sera (2) enlev, et alors ils jeneront ( nllli., IX, 15). > Saint Jrme, qui dit que le carme est d'institution apostolique tri imo la mme origine au jene du samedi. S;iini Amhroise tait un jeneur si austre, qu'on dit qu'il ne dnait jamais que les samedis, les dimanches et les jours des Cles des martyrs. Il est rapport que sainte Monique, mre de saint Augustin, fut grandement scandalise, en arrivant Milan, le trouver saint Ambioise dnant un samedi; ayant observ qu' Rome et en plusieurs autres endroits, ce jour-l tait un jour de jeune solennel, elle s'toniiail due ce lt un jour de fle Milan.

Codex can

d'institution apostolique Moslieim aussi avoue que

Jusque-l mes progrs dans le protestantisme n'avaient pas l rapides j'tais cependant bien dtermin ne pas abandonner lgrement mon entreprise. Ainsi, prenant cong des simples crivains de l're apostolique, je me lanai hardiment dans la littrature sacre du second sicle, esprant trouver sur ma route un peu plus de monuments en faveur des xxxix articles, et un peu moins en faveur du papisme. Je n'avais encore fait que quelques pas en descendant le courant, lorsque je vis mes voiles s'abattre devant le passage suivant de saint Justin, martyr, ce personnage qu'un ancien vque a dit tre aussi voisin des aptres par sa vertu que par le temps o il a vcu Nous ne recevons pas, dit-il, ces dons (l'cucha;

(1)

TjrJ

tEfwerEKy
lib.

tv,;

vii.-ii'a

kittiv

iiriyopriyri

(Apud Gonst.,
(2)

V).

Shaktpcar's Lear.

21
ristie)

VOYAGES

A LA

RECHERCHE l>TNE RELIGION.


la plus grande, la plus ancienne et plus illustre de toutes les Eglises, fondre parles glorieux aptres Pierre et Paul, ayant reu d'eux sa doctrine, qui est annonce lous les hommes, et qui, par la succession de ses vques, est parvenue jusqu' nous. C'est ainsi que nous confondons lous ceux gui, par de malicieux desseins, par vaine gloire ou par perversit, enseignent ce giuls ne devraient }>as enseigner; car c'est celte Egli.-e cause de son autorit suprieure, que toutes les autres Eglises, c'est--dire, les fidles de tous les pays du monde, doivent avoir recours et c'est en cette Eglise que s'est conserve la doctrine enseigne par les aptres. Adv. hres.lib. III.) I! faut avouer vraiment que saint Irne,
la
; (

comme

si

te n'lait qu'un pain ordi-

de Rome,

naire cl

un breuvage commun ; mais de mme que Jsus-Christ, notre Sauveur, s'est refait homme par le Verbe de Dieu
,

de chair et de sang pour oprer noire salut, de mme on nous a enseign pareil lemenl que V aliment qui a t consacr par la prire du Verbe divin, et qui nourrit notre chair et notre sang, par le change ment qu'il reoit en noire corps, est la chair et le sang de ce mme Jsus incarn. Le tmoignage formel rendu la prsence relle, par sainl Ignace, m'avail dj singulirement tonn mais ici il y a quel jue chose de plus fort encore on y voit la croyance au changement des lments, la transsubstantiation, clairement exprime, et cela de la part d'un saint aussi illustre que saint Justin! En vrit, ceux qui envoient un jeune chrtien apprendre la doctrine prolestante l'cole de pareils matres, ne peuvent chapper au reproche de vouloir grossirement le tromper, ou d'tre eux-mmes ('ans une profonde ignorauce. Nous avons dj vu, par rapport la suprmatie du sige de Rome, qu'elle fut reconnue au premier sicle de l'Eglise dans la seule et unique occasion qui se prsenta d'y recourir eh bien! je trouvais au second sicle ce mme droit pratiqu et universellement reconnu, tant dans les actes de l'Eglise, que dans les crits de ces premiers pasteurs. Combien je devais peu m'attend rc une pareille dcouverte! La grande prostitue, lanire des fornications et des abominations de la terre (expressions dont j'avais si souvent entendu le prdicateur de notre collge se servir, pour designer la papaut), lient dj, ds le premier ge du christianisme, le rang suprme, sans rival pour le lui disputer!
vf;tu
; :

malgr/son ducation

si

minemment apostodcordu
titre de<7-

lique, et quoiqu'il ait t

vinlrne(l) parPhotius,ne seseraitpas montr trs-dispos souscrire aux xxxix articles. Ecoutez seulement comment ce saint pontife parle du sacrifice de la messe (2) , celte fable blasphmatoire, comme l'appelle 11 a dclar le trente et unimedeecs articles de mme que la coupe tait son sang et il a enseign la nouvelle oblalion du Nouveau Testament, oblation que l'Eglise a reue desapIres et qu'elle offre Dieu sur toute la terre. C'est Et ailleurs pourquoi l'offrande de l'Eglise que le Seigneur a ordonne de faire par tout le monde, est regarde comme un sacrifice pur devant Dieu et agrable ses
:

>

yeux

(3).
foi

Consquemment sa

au

sacrifice de

l'eucharistie, ce Pre enseignait encore, avec saint Justin et saint Ignace, la prsence relle

du corps et du sang de Jsus-Christ dans ce sacrement (4), dclarant que c'est un miracle dont on ne peut supposer l'existence sans
(1)
(2)

Accoutum,
ucp.uis

il

est vrai,

comme

je l'tais

longtemps, regarder la juridiction papale comme une usurpation des ges de tnbres, les preuves claires cl manifestes que j'avais alors sous les yeux de la chane de succession par laquelle elle est perptue et immuablement fixe ce roc, sur lequel l'Eglise ellemme est btie, me convainquaient et me confondaient et moi, qui n'tais que comme un embryon non encore parvenu terme de protestantisme, je ne pouvais m'empcber d'prouver une vive sympathie pour tout ce que doit prouver un dvou zlateur de la foi catholique, en lisant le tmoignage si formel rendu la suprmatie du pape par
;

To

03-7r:;& E(/>v;(sO.

le sacrifice dn NouveauTestament, ou sacrifice catholique, us-'a x.a.Qoixr, (Chrys. sermo d cruce ellalrone). Le mot messe ne fut introduit que vers le temps de sainl Amhroisc. (3) Voyez aussi Justin., Dial. cum Triph. Les Centtirialeurs de Magdeborg qui, comme on le sait, ont dploy tant de zle et d'habilet dans In' dfense de la cause des protestants, ont i con que l'existence du trainls d'avouer, malgr eux sacrifice de Ia|loi nouvelle est constate dans les premiers monuments du christianisme; etparrapport au tmoignage de saint Irne que nous vet nous de citer, ils expriment leur aveu dans des termes remplis d'indignation, i (Combes, lissence de

Anciennement appel

>

saint Irne, cet crivain si voisin, comme on doit se le rappeler, des lemps apostoliques, qui avait eu pour l'instruire du chrisliauisrne, un disciple de saint Jean l'vanglisle. Voici ce passage
:

controverse religieuse.)
(i)
il

pas ncessaire de dire que toutes les crit, j'emploie les termes prsence relle, j'entends y comprendre aussi la transsubstantiation, qui est la consquence ncessaire de ce min'est
l'ois

<pie,

dans cet

racle.

vques qui ont t levs celte haute dignit par les aptres et par leurs successeurs jusqu'au temps o nous vivons; aucun d'eux n'a en

Nous pouvons compter

les

mme connu les tranges opinions de ces hrtiques.... Cependant comme il serait ennuyeux de donner la liste de tous ceux qui se sont ainsi succd sur les divers sig's piscopaux, je me bornerai au sige
seign ni

Une fois la prsence relle admise, le changement de substance des lments sacramentels en dcoule ncessairement. Eli bien cependant la lactique suivie par les protestants a toujours t, et cela pour des raisons qui saillent aux yeux de tout le monde, de diriger uniquement leurs attaques vers ce qu'il leur plait d'appeler le dogme absurde de la transsubstantiation, (l'est lit une manire de raisonner aussi qu'il le serait de combattre l'utile ci aussi illgitime le dogme de la Trinit, en ne n'appuyant que sur la uk difficult numrique qu'il entrane avec lui Dans
!
i

23

DEMONSTRATION EVANGEL1QUE. MOORE.


la divinit

?i

de celui qui en est l'auces hrtiques ceux qui nient que Jsus-Christ fut le Fils de Dieu peuvent-ils prouver que le pain sur lequel les paroles eucharistiques ont t prononces est le corps de leur Seigneur et la coupe son sang, puis qu'ils n'admettent pas qu'il soit le Fils, c'est--dire le Verbe du Crateur de

admettre
teur.

Comment,

dit-il,

l'univers? Pour combattre ces mmes hrtiques, qui, par suite de leurs ides sur la corruption de la matire, ne pouvaient se rsoudre admettre ladoctrinede la rsurrection descorps, bas de mme il fait usage d'un argument sur sa foi la ralit de la prsence de Jsus-Christ et la transsubstantiation des lments. Lorsque, dit-il, le calice ml et le pain rompu reoivent la parole de Dieu, ils deviennent l'eucharistie du corps et du sang de Jsus-Christ (1), qui nourrit et fortifie la substance de notre chair. Comment peuventest ils donc prtendre que celle chair qui nourrie par le corps et le sang du Seigneur, et est un de ses membres, ne saurait tre capable de la vie ternelle ? Au sujet de la tradition non crite, cette source conteste d'une si grande partie de la doctrine, des usages et de la puissance de Rome, le tmoignage de ce Pre est d'un double poids, en ce qu'il n'atteste pas seulement dans tous ses crits la haute autorit

toujours ce qu'il avait appris des aptres, c'est l ce qu'il enseignait l'Eglise, et c'est la seule doctrine vritable. Dans un fragment d'un autre de ses crits, on trouve un passage tout fait touchant et plein d'intrt sur le mme sujet. S'adressant un hrtique nomm Florin, qui avait adopt les erreurs des valentiniens, il s'exprime en ces termes Ces opinions, les prtres qui nous ont prcds et qui ont convers avec les aptres, ne vous les ont point transmises Je vous vis lorsque j'tais bien jeune encore, dans l'Asie Mineure avec Polycarpe.... Je me rappelle mieux les vnements de ce tempsl que ceux qui sont arrivs rcemment les choses que nous apprenons dans notre enfancecroissentenquelque sorteavecla raison et s'unissent avec elle, tellement que je pourrais dsigner la place o le bienheureux
: :

Polycarpe

ment

tait assis et enseignait, dire comentrait et sortait, sa manire de vivre, l'air de sa personne, la manire dont il parlait au peuple et racontait ses entretiens avec saint Jean et les autres qui avaient vu le Seigneur; comment il rptait leurs paroles et ce qu'il avait appris de leur bouche concernant le Seigneur, parlant de ses miracles et de sa doctrine, suivant ce qu'ils en
il

de la tradition, mais qu'il tait lui-mme un des premiers et des plus brillants anneaux de cette chane d'enseignement oral, qui est descendue l'Eglise de Rome des temps apostoliques. Parlant de son matre, saint Polycarpe, qui avait l le disciple de saint Jeanl'vangliste (2), il dit Polycarpe enseignait
:

les disputes qui s'levrent entre les catholiques et ;s les p _js protestants, sous I rgne d'Ldouard VI, ces derniers ne manqurent jamais de se placer sur ce ter-

rain, tandis que les catholiques s'efforaient, ma s en vain, de discuter la question de la prsence relle,

selon l'ordre naturel, avant d'eu venir la question de la transsubstantiation. Bossuet a parfaitement expos en ces termes les motifs et la fulilii de ce a Pour conserver dans le cur des peusubterfuge
:

haine du dogme catholique , tourner contre un autre objet que


pies
la

il

la

a fallu la prsence

relle.

grand crime

La transsubstantiation est maintenant le Ce n'est plus rien de mettre Jsus:

t i
a

Christ prsent; de mettre tout un corps dans chaque parcelle ; le grand crime est d'avoir U le pain ; ce qui regarde Jsus-Christ est peu de chose ; ce qui
'

regarde le pain est essentiel, t plus fort, en ce sens, (1) 11 y a un passage encore dans un des fragments attribus saint lrne, et publis en 1715 par le docteur Pfaff, qui les a trouvs dans les manuscrits de la bibliothque du roi de Sardaigne. Dans un endroit o sont dcrites les cimonies du sacrifice, il est dit que le Saint-Esprit est invoqu afin qu'il fusse du pain le corps de JsusChrist, et de la coupe le sang de Jsus-Christ. L'authenticit de ces fragments a cependant t fortement rvoque en doute, tant par Malei, qui s'leva contre ds le r apparition, que par les remarques du judicieux Lardner, une poque plus rcente.
l'ange de (2) Plusieurs ont pens aussi qu'il tait l'Lglise de Sinyrne, auquel la lettre dont il est parl

au second chapitre du
ire envoye

livre

de l'Apocalypse devait

avaient entendu de ceux qui avaient vu de leurs propres yeux le Verbe de vie, et tout ce que disait Polycarpe tait conforme aux Ecritures. Toutes choses que, par un effet de la misricorde de Dieu mon gard j'coutais alors avec une profonde attention et que j'ai conserves non sur le papier, mais dans mon cur, et, par la grce de Dieu, je m'en rappelle continuellement le souvenir. S'il nous tait possible d'voquer l'ombre de ce saint Pre de ce saint si bien nourri dans les paroles de la foi et de la bonne doctrine , de quel front, pense-t-on , un protestant, un nouveau parvenu de la rforme, oseraitil s'avancer pour contredire un esprit si orthodoxe, et soutenir que la tradition non crite de l'Eglise catholique n'est qu'un hritage d'imposture, la juridiction du sige de saint Pierre une autorit usurpe, et le sacrifice de la sainte messe une fable blasphmatoire ? S'il manquait encore quelque chose pour se faire une ide exacte des sentiments de ce Pre, au sujet du respect d l'autorit et aux traditions de l'Eglise, on en trouverait une preuve convaincante dans les passages suivants tirs de ses crits. Dans l'interprdit-il les clirvliens tation des Ecritures doivent s'en rapporter aux pasteurs de l'Egliqui par l'ordre de Dieu ont reu avec se l'hritage de la succession de leurs siges la vrit. Les langues des peuples varient mais la force de la tradition est une et partout la mme ; cl les Eglises de Germanie ne croient ni enseignent diffremment de celles d'Espagne, de Gaule, d'Orient, d'Egypte ou de Libye. En supposant (/un les aptres ne nous eussent pas laisse les Ecritur.es . n'aurions-nous pas d toujours suivre l'autorit de la tradition qu'ils ont transmise ceux auxquels ils ont confi les Eglises? Ce$t
,

25

VOYAGES A LA RECHERCHE DUNE RELIGION.


des
protestants
,

26

que suivent beaucoup de nations barbares.qui croient en JsusChrist, etpourlesquellesVusagede l'encre et des lettres est encore inconnu (Adv. Hres., I. IV). On n'aura pas de peine croire qu' la fin de celte longue journe d'tude je me sentis tout fait puis et dcourag dans nies recherches ; je voyais sanctionns par l'autorit des premiers dfenseurs de l'Eglise , dont quelques-uns entendaient encore retentir leurs oreilles la prdication des aptres six points de croyance et de pratique enticette autorit de la tradition
,

ne

s'effacera

mon

souvenir (1). Toutefois il que je n'tais pas le seul qui ft ainsi dispos parmi les catholiques au milieu desquels je vivais car j'ai observ que depuis que les deux religions se sont rapproches l'une de l'autre et ont cess d'tre aussi hostiles, celle pratique a t presque entirement abandonne, de sorle qu'il faut tre un catholique de premire ferveur pour oser , dans le temps qui court, se bnir (faire le signe de la croix) comme l'on dit , en bonne
: ,

jamais de me semble

rement papisles que ceux-ci 1


:

qui
;

n'taient rien

moins

socit.

la

reconnaissance d'un sou2 le respect

verain pontife

(1)

ques; 3 la satisfaction jene, les aumnes, etc.; 4" l'autorit de 5 la la tradition prsence relle dans
,

d aux relienvers Dieu par le

l'eucharistie;

6 enfin le sacrifice de la messe. Peut-on s'tonner qu'aprs cela j'aie dsespr de pouvoir me dbarrasser du papisme ? Je poussai un profond soupir en fermant mes normes in-folio; et, saisi d'une sorte d'oppression comme si le pape et pes de tout son poids sur mes paules, je gagnai mon lit prouvant peu prs ce qu'aurait prouv Sinbad le matelot, si aprs avoir cru s'tre dbarrass du fcheux petit vieillard de la mer, il avait encore senti les jambes de cet tre fantastique serres autour de son cou.
,
,

CHAPITRE VI
TertulUsage de faire le signe de la croix. Prire lien. Vnration des images. pour les morts. Dtermination de trou-

Ceci au moins me dis-je moi-mme de mauvaise humeur en ouvrant un norme volume de Tertullien cette supercherie monane saurait assurment trouver sa sanccale tion dans les chrtiens orthodoxes de la primitive Eglise. Ces paroles s'taient peine chappes de mes lvres qu'en parcourant ce que dit ce Pre des murs et des coutumes des chrtiens de son temps je lus, mon grand tonnement, ce qui suit Nous nous signons du signe de la croix au front toutes les fois que nous sortons de nos maisons ou que nous y rentrons quand nous prenons nos habits ou notre chaussure lorsque nous allons au bain ou que nous nous mettons table, que nous nous couchons ou que nous nous asseyons. Voil assez de signes de croix, Dieu le sait en voil assez, du temps de Tertullien, dans un seul jour, pour fournir la dpense de la vieille dame catholique, la plus prodigue en ce genre de toute l'Irlande, pendant une se,
,

maine
11

ver

le

protestantisme quelque part.


,

Le lendemain matin grce la vertu rparatrice du sommeil, je me levai un peu remis des mcomptes que j'avais prouvs depuis quelques jours et anim sur tous les points de sentiments aussi protestants qu'on
,

pouvait l'attendre. Au moins, ma rpugnance retourner au papisme tait aussi forte que jamais bien que tout espoir de devenir
,

un bon

prolestant, ou, pour mieux dire de dcouvrir ce que pouvait tre un bon prolestant, se ft presque entirement vanoui pour moi. Je me trouvais donc peu prs dans la position vraiment critique d'une qui secte d'hrtiques appels basilidiens se donnaient pour n'tre plus Juifs, sans lre cependant encore chrtiens. J'ai dj parl de la pratique si dsagrable bien qu'apostolique, du jene et de l'abstinence de chaque semaine mais il y avait un autre usage papiste contre lequel je me rvoltais avec encore plus d'indignation le regardant comme une superstition de vieille femme: c'tait l'habitude de faire le signe de la croix sur le front aprs les grces quand on avait pris son repas. Le sentiment de honte que j'prouvais dans ma jeunesse, toutes les fois qu'il fallait faire cet acte exlricur de papisme en prsence
, , ,
; ,

ne restait plus gure pour combler la mesure de ce qu'on appelle superstitions papistes que le culte des images el la prire pour les morts or je trouvai ces deux pratiques confirmes par le tmoignage de ce Pre si clbre. En parlant de la femme qui survit son mari il exprime le dsir qu'elle prie pour l'me de son poux, qu'elle s'efforce de lui obtenir du soulagement, et offre (pour lui le saint sacrifice) au jour anniversaire de sa mort. Ailleurs il lait remon;

ter

aux traditions apostoliques celte pratique qui dit-il n'est point commande par
, ,

les paroles

expresses del'Ecrilure, mais qui lui avait t transmise par ceux qui l'avaient prcd. Ainsi il ne se contente pas de confirmer la coutume papiste de prier pour les morts, mais il s'appuie mme sur une autorit qui drive d'une source galement papiste ,
la

tradition

Quant aux images dont


tiens faisaient

les

aussi driver

premiers chrl'usage de la

(1)
l

On

dans

les

voit par les reproches que l'on trouve a et Pres, sur ce sujet, que celle honte d'tre

vu

mme

(I)

Nous trouvons ce
ii

lilrc

tifie doiiihc

imposante

ipi

l'vque de incicnuG, par Tertullien

mme Rome pur

de souverain ponnue autorit aussi

signe de la croix n'tait pas inconnue parmi les anciens catholiques N'ayons pas houle, ne rougissons pas, dit saint Cyrille, de confesser celui qui a l crucifi; faisons hardiment de noire doigt, sur notre front, le signe de la croix, i Tant s'en faut que je rougisse de la croix, (ij/f ayi(). t s'crie saint Augustin, que je ne place pas la croix du Christ dans un lieu secret, mais je la porte sur moa
faisant le
:

front.

>*v

DMONSTRATION

YNGXlQlJE. MOOR.
Iicate,

93
les

les considrant comme propres rappeler de pieux souvenirs, un simple pas sage de Tertullien o il parle comme d'une chose tout ordinaire de la figure du Christ reprsente sur les vases qui servaient la

tradition,

je

me

hasarderai

communi-

quer au lecteur dans quelqu'un des chapitres suivants.

CHAPITRE
Grande

Vil.

(1), estime preuve suffisante que l'usage des images l'poque o il crivait, avait dj depuis longtemps prvalu. Nul doute que les yeux de nos rformes n'eussent t choqus de ces reprsentations idollriques non-seulement au second sicle du christianisme, mais trs-probablement mme ds les premiers temps (2); Saint Clment d'Alexandrie n'tait pas moins partisan de ces emblmes religieux nous le voyons, dans le mme sicle, recommander aux chrtiens de porter la figure d'un poisson grave sur leurs bagues ou anneaux: le poisson tant un symbole du nom du
,
,
:

communion

disette de protestantisme. On essaie les troisime et quatrime sicles.

Saint Cyprien. Origne. saint Pierre et du pape.

Liste

Saint Jrme. des abominations papistes.

Primaut' de

Quoique je me fusse assez bien convaincu que si, comme nous l'assurent les protestants,- l pure origine de leur symbole se trouve dans les premiers ges du christianisme, ce ne pouvait tre que sous une forme modeste et presque imperceptible,
reprsente la lune cache derrire un nuage, je ne me laissai pas aller cependant encore au dsespoir de russir;'jene dsesprai pas d'apercevoir aumoinsquelques rayons decet astrevoil. Je continuai donc mes recherches, et citant mon tribunal les Pres des deux sicles suien les presvants, je voulus m'ssurer si sant de questions captieuses je ne parviendrais point dcouvrir au moins un protestant parmi eux. Mais hlas non leur rponse tous tait la mme ils appartenaient tous la seule Eglise catholique cette Eglise qui comme le dit sai l Cyprien tant toute pntre de la lumire du Seigneur, envoie ses rayons sur toute la terre . El quand on demande ce Pre quel est le centre d'o partent ces rayons de lumire catholique, il montre Rome, la chaire de Pierre et l'Eglise principale
, , ! :
:

commeun certain auteur tragique nous

Christ
1!

(3).

fallut donc ajouter aux six plates papistes que j'avais dj comptes sur la face de l'Eglise, dans son ge virginal, et lorsqu'elle brillait de tout l'clat de sa jeunesse, les trois suivantes, savoir 7 la prire
:

me

pour

les

morts;

8" le culte des


!

images

et 9
,

!e signe de la croix, sans fin En vrit tout autre moins dtermin que moi trouver le protestantisme quelque part, et abandonn de dsespoir une pareille entreprise. Mais j'tais encore rsolu persvrer j'avais dit au papisme un trop solennel adieu pour pouvoir alors reculer de bonne grce de plus, il faut l'avouer, peut-tre mme aurais-je d le confesser un peu plus tt que, mire le dsir tout fait consciencieux que j'avais de changer ma religion pour en prendre une meilleure j'avais encore quelques autres motifs d'une "nature plus mondaine je pourrais dire plus tendre, qui n'avaient pis t de peu de poids dans ma dtermination de me faire protestant le plus lot possible. Quoique ces motifs soient d'une nature gnralement regarde comme sccrle et dc:

comme

il

le

dit

emphatiquement
,

l'unit sacerdotale a sa source. (Ep. 55.) Ainsi dsappoint je me rfugiai vers Origne, avec assez d'esprance que ce Pre,

(1)

Dans un ouvrage curieux sur

les

vases eucha-

ristiques des anciens chriiens, par Douglily, l'auteur a recueilli avec beaucoup d'haliilel (1rs renseigne-

ments sur les diverses madres lotit ces vases taient composs, depuis le bois jusqu'au cristal, les pierres prcieuses, etc.; et parmi les images qui s'y trouvaient, il cite eu particulier celle du Sauveur crucifi et celle du bon Pasteur portant son agneau sur ses
paules.

pourrait dont la saintet est en question bien tre un bon protestant; mais je n'eus pas plus de succs je le trouvai tout aussi ardent partisan de la primaut de saint Pierre et du pape que ses confrres, et par rapport au sut exclusif aussi catholique qu'il faut l'tre (1) Que personne, dit-il, ne
,
:

(2)En l'anne 8 14, lorsque Lon l'Armnien assembla plusieurs voques pour les engager briser les images, Eulhymius, mtropolitain de Sardes, lui adressa ces paroles: < Sachez, 'sire, que depuis huit cents ans et plus que le Christ es! venu sur la terre, il a cl peint et ador dans son image. Qui sera assez hardi pour abolir une si ancienne tradition?
(3) Clan. Alex, opra cura Polieri, elc. p. 288. L'usage de se servir du poisson comme emblme du nom du Cbrisl, vient de ce que le mol X Su ( (poisson) se compose des lettres initiales des mots Wo^X^to,; 6;-,D lioi liarqp. Dans les prtendus vers sibyllins/il ya quelques acrostiches qui commencent par ces lettres, Pour celte raison, et cause sans doute aussi de leur rit du baptme, les chrtiens eux-mmes taient appels poissons dans les premiers sicles. Sed nos piuiculi, dil Tertullien, secundun; i X Wl sccuniiiim Kosli'Nii) Jesuin Chrisluni in aqua nascimur. >
i

Tel est aussi, cependant, le langage de l'Eglise L'Eglise visible se compose de tons ceux qui, dans tout l'univers, professent la vritable religion, hors de laquelle il n'y a point de possibilit ordinaire d'arriver au salut. > (Confession de Wesrminster, ratifie, par le Parlement, en l'an 1640). i Le Christ, dil l'vque Pearson, n'a point indiqu deux chemins pour aller au ciel, il n'a pas non lus fond une Eglise pour en sauver quel pies-uits, et une autre pour le salut des autres hommes. Comme do io il n'y eut de sauvs des eaux du dluge que ceu\ qui taient renferms dans l'arche de N , ainsi ceux-l ne sauraient chapper la colre ternelle de Dieu, qui n'appartiennent pas l'Eglise de Dieu. (ExpoDans les cas d'ignorance invinsition du Symbole.) cible, ou d'invitable ncessit, l'Eglise catholique admet des exceptions celle terrible sentence. Ainsi dans la censure porte par la Sorbonne sur l'Emile de Rousseau, on lil ce qui suit: i Tout homme oui csl dans l'ignorance invincible des vrits de la fui, ne sera jamais puni de Dieu pour n'avoir pas cm ces vrits. Telle est la doctrine chrtienne cl catholique (Art. xxvi).. Quant aux communions spares de
(I)

protestante.

20
* se

VOYAGES A LA RECHER CllE DUNE RELIGION.


sion

50

trompe, que personne ne se fasse II u hors de celle maison, c'est--dire


i :

<

si vous me demandez Ictmoignagcritdes livres saints, je vous rpondrai qui! n'en

hors de l'Eglise, il n'y a point de salut {Hom, 3 in Jos.) Sainl Jrme, ainsi que nous l'avons dj vu ne se prononce pas avec moins d'nergie en laveur de ce monopole du ciel: Je sais, dit-i, que V Eglise est fon de sur Pierre, c'est--dire sur un roc. Qui conque mange l'Agneau hors de celte mai son est un profane. Quiconque n'est pas dans l'arche prira par les flots (Ep. 14 ad Dam.). Pour un homme comme moi, qui chancelais sur le bord de celle arche, si je n'en tais pas dj dehors , cette expression mtaphorique tait fort rassurante! Sur tous ces points de croyance et de dis,

existe point. Elles viennent de la tradition, la coutume les a confirmes et l'obissance


les

a ratifies (De
n'est

Corona

mililis,

c. 3,

4).

Ce
/'nul

donc point aux Ecritures

qu'il

La question est de en appeler savoir qui a t confie la doctrine qui nous a faits chrtiens. Car, l o l'on troul aussi vera celte doctrine et cette foi csl la vrit des Ecritures et leur vritable ainsi que de toutes les interprtation traditions chrtiennes. (De Prscript.
, ,

cipline papiste qui, comme je l'ai montr , taient sanctionns par les Pres des deux premiers sicles, je trouvai la doctrine de ceux des troisime et quatrime sicles parfaitement identique; seulement elle tait expose dans un plus grand dtail, et enrichie de tous les trsors du gnie et de la science. Pour reproduire tous les tmoignages qu'on

pour prouver, comme ils ne le prouvent en effet que trop, qu' celle poque christianisme et papisme taient deux termes entirement synonymes il faudrait transcrire la majeure partie des
pourrait
citer,
,

quatre premiers sicles depuis le simple Hermas jusqu'au savant et loquent saint Chrysostome. Je me contenterai donc d'ajouter ce que j'ai dj dit des temps primitifs de l'Eglise , quelques tmoignages propres faire voir quelle tait la doctrine enseigne par les principaux Pres du troisime et du quatrime sicle sur quelques uns des principaux points controverss entre l'glise de Rome et ses opposants.
crits des

cap 19.) Origne. Comme il y en a beaucoup qui pensent croire ce que Jsus-Christ a ensei gn, et que cependant il s'en trouve parmi eux qui diffrent des autres, il devient n cessairc que tous professent la doctrine qui nous est venue des aptres, et qui se per ptue dans l'Eglise. Car il n'y a de vrai que ce qui ne diffre enrien de la tradition eel siastique et apostolique(Prf.,tib.lde Prin cip.). Toutes les fois que les hrtiques produisent les Ecritures canoniques que tout chrtien croit et reconnat, ils semblent dire Avec nous est la parole de la vrit. Mais nous ne pouvons ajouter foi ce qu'ils (ces hrtiques) disent, ni nous carter de la tradition primitive et apostolique : nous ne pouvons croire que ce que les Eglises de Dieu ont enseign dans la suite des temps {Tract. 29 in Matth.). Laclancc. L'Eglise catholique seule con c'est l la source serve le vritable culte de la vrit, la demeure de la foi ( lnst.,

/.

IV,

c.

30).

AUTORITE DE L EGLISE.

*<

TRADITION.

Tcrtullien (1). Pour savoir ce que les aptres ont enseign, c'est--dire ce que il le Christ leur a rvl faut avoir recours aux Eglises qu'ils ont fondes, et qu'ils instruisaient par leur prdication et leurs Eptn's (De Prscript. 21). Quant ces pratiques certaines crmunies employes dans l'administration du baptme) et autres usages de ce genre
, ( 1

Saint Cyprien. 11 est ais aux mes religieuses et simples de fuir l'erreur et de dcouvrir la vrit car si nous nous portons vers la source del tradition divine, l'erreur cesse (1) {Ep. 63). quoique consignes Eusbe. Ces vrits dans les saintes Ecritures, sont encore plus amplement confirmes par les traditions de l'Eglise catholique, celte Eglise qui csl rpan'due par toute la terre. Cette tradition non crite confirme et scelle les tmoignages des saintes Ecritures [Dmonst. vang.,
: ,

1).

Saint Basile.
l'Eglise, les enfants cl les s:ni|
s qui

Parmi

les

dogmes de l'E-

vivent dans ces


><

communions
schisme,;
ils

ne participent ni l'hrsie, ni au en sont excuss par leur ignorance invincible de l'tat les choses. Il n'e>i pis du tout impossible ceux qui vivent dans des communions spares de l'Eglise catholique, de parvenir, autant qu'il est ncessaire pour leur salut, la connaissance de la rvlation chrtienne {Art. xxxu). > L'niinent prlat catholique, FrayssinouSj enseigne en ces termes celte mme doctrine, si conforme aux principes de la raison et aux sentiments de la char rite. L'ignorance involontaire de [la rvlation n'est pas une faute punissable... La rvlation chrtienne est une loi positive, et il e^l de la nature d'une loi le n'tre obligatoire que lorsqu'elle est publie et connue. (Confrences, etc.) (1) Ce Pre ayant embrass le christianisme, vers l'an 185, et tant mort en 210, on le regarde gnralement comme aooarlcnanl aux deuxime et troisime
sicles.

glise,ilen est qui sont contenus dans l'Ecrilure et d'autres qui viennent de la tradilion mais ils ont les uns et les autres la mme efficacit pour inspirer la pit (lie c. 27). Mon opinion est qu'il Spir. sancto est apostolique d'adhrer aux traditions non crites (lbid., c. 29). Le but commun detous les ennemis de la saine doctrine est d'bran1er la solidit de notre foi en Jsus-Christ en annulant la tradition apostolique... Ils ddaignent le tmoignage non crit des Pres
; ,

Saint Augustin remarque sur ce passage que que donne saint Cyprien de recourir l cl de la suivre ainsi en tradition des Aptres, descendant jusqu' nous, est excellent et doit videmment tre suivi. ( De bnpihmo contra domlist.
(I)

l'avis

I.

V,

c.

2C

DEMONSTRATION L\ ANGELIQUE. MOORE


xtnwie
Saint.

52

une chose de nulle valeur (Ibid.

c. 10).

aussi consulter la tradition, car on ne peut pas tout

Epiphane.

Nous devons

;<

apprendre dans les Ecritures. Saint Chrysostome. De l il est manifeste qu'ils (les aptres) n'ont pas tout enseign dans leurs Eptres ils ont transmis beaucoup de choses de vive voix. Ces deux ino;

des d'instruction ont les mmes titres notre croyance. C'est une tradition n'en demandez-pas davantage ( Hom. k in 11
,

Saint Ambroise. Que Jsus-Christ \oie nos larmes, afin qu'il puisse dire Bien heureux ceux qui pleurent parce qu'ils seront consols (Matlh., V, h). Aussi pardonna-t-il sur-le-champ Pierre, parce qu'il pleura amrement; si vous pleurez de mme, Jsus-Christ jetlera un regard sur vous et votre pch sera effac Qu'aucune considration donc ne vous em pche de faire pnitence. Imitez en cela les saints, et que leurs larmes soient la me sure des vtres (de Pnil., c. 10).
: , ,

Thse..) (1).

PRIRES POUR LES MORTS.


Saint Cyrille de Jrusalem. Alors (dans le sacrifice de la messe) nous prions pour nos pres dans la foi et pour les vques d funts, et, en un mot, pour tous ceux qui ont quitt cette vie dans notre communion ; car nous croyons que les mes de ceux pour lesquels on fait des prires reoivent un bien lorsque celle grand soulagement sainte et terrible victime repose sur l'autel (Catech. mystag. 5). Saint Ambroise dans son oraison funire pour les deux empereurs Valentinien
, ,
: <

PRIMAUT DES SUCCESSEURS DE SAINT PIERRE.


ques-uns
point.

mis sous les yeux du lecteur queltmoignages imposants de saint Irne, saint Cyprien, etc. , sur ce
J'ai dj

des

Saint Cyprien. Nanmoins, pour tablir clairement l'unit, il (Jsus-Christ) fonda un sige, et, par son autorit, il fixa l'ori gine de cette mme unit, en commenant par un seul. Les autres aptres furent donc,
saint Pierre, investis de la mme portion d'honneur et de puissance; mais le commencement est bti sur l'unit. La pri maut est donne Pierre, afin qu'on ne voie qu'une seule Eglise de Jsus-Christ et qu'un seul sige {de Unit. Eccles.). Saint Jrme, dans une lettre au pape Damase. Je n'en suis pas d'autre que Jsus Christ, me tenant uni de communion avec votre saintet c'est--dire avec la chaire de Pierre. Je sais que l'Eglise est fonde sur ce roc (Ep.lk ad Damas.). Je ne cesse de crier: celui-l est des miens, qui reste un fi la chaire de Pierre. Saint Chrysostome. Pourquoi Jsus-Christ a-t-il vers son sang ? Assurment pour gagner le troupeau dont il a confi le soin Pierre et ses successeurs.

comme

Vous
mes

<

serez bienheureux tous les deux si prires peuvent avoir quelque cfa-

cit.

Il ne se passera pas un jour dans lequel je ne fasse mention de vous avec honneur, ni de nuit dans laquelle vous n'ayez part mes prires dans tous mes sacrifices je me rappellerai voire souve:

nir.

<

<

<

<

Saint Epiphane. 77 n'est rien de plus propos, rien de plus digne d'admiration que te rit sacr qui ordonne de rappeler le nom des dfunts. Ils sont aids par la prire que quoiqu'elle ne puisse l'on offre pour eux pas effacer toutes leurs fautes. Nous faisons mmoire des justes et des pcheurs afin d'obtenir misricorde pour ces der,

<

SATISFACTION ENVERS DIEU PAR LES OEUVRES DE PNITENCE.

Le Seigneur doit tre in doit tre apais par notre salis faction (de Lapsis). Que l'me s'humilie de

ni ers (Ilres., 55).

Saint Cyprien.
;

voqu
vant

il

que notre douleur lui offre un satisfaction...... Apaisons, comme il nous en avertit lui-mme, son indignation par le jene, les larmes elles gmissements (lbid.). Purifiez-vous de vos pchs par des uvres de justice et par des aumnes qui puissent sauver votre me. Dieu peut pardonner, il peut dtourner ses jugements, il peut pardonner au pnitent qui implore sa clmence il peut accepter pour lui les prires des autres, ou plutt le pcheur doit lui-mme toucher le cur de Dieu par ses propres uvres de satisfaction et dsarmer ainsi sa colre; Le Seigneur rparera ses et par l il reprendra comme une forces nouvelle vigueur (2) (Ib.).
lui
:

Saint Chrysostome. Ce n'est pas en vain qu'on fait des oblalions et des prires et qu'on distribue des aumnes pour les d funts. Le Saint-Esprit l'a ainsi ordonn, afin que nous puissions nous assister mutuellement les uns les autres (Hom. 21).
<

aiut Cyprien, sur ce sujet, dans sa rponse M. Jua faut, dit-il (saint Cyprien), satisfaite Dieu pour ses pchs, mais il faut aussi que ta satisfaction

rieu:
soil

reue par Notre-Seianeur. Il faut croire que tout ce qu'on .l'ait n'a rien de parfait ni de suffisant en

ti

Sur ce passage de saint Paul: C'est pourquoi, mes frres, demeurez fermes, et gardez les traditions qui vous ont t transmises, soit de vive voix, soit
(1)

soi-mme; puisque aprs liit, quoique nous lassions, nous ne sommes que des serviteurs inutiles, et qu nous n'avons pas mme nous glorifier du peu que nous faisons, puisque, comme nous l'avons dj rappori, tout nous vient de Dieu par Jsus-Christ, en nous avons accs auprs du Pre (Aver_]ui seul 'issemenls aux protestants). > Tel est, sur ce point, la ioctrine catholique, si l rangement dfigure par ses ennemis. Le langage de saint Augustin sur celte doctrine est tout aussi papiste que celui de saint Cyprien < Ce n'est pas assez, dit-il, que le pcheur change les voies et renonce ses uvres d'iniquit; la pnitence, par d'humil faut que, par le regret de
:

par nos
(2)

lettres,

bles larmes, par le sacrifice d'un coeur contril et par des aumnes, // satisfasse a Dieu pour les l'au.cs <j'. il

Voyez comment Bossuet dfend

le

langage de

commises (Hom.

\, 8).

33

VOYAGES A LA RECHERCHE DUNE RELIGION.


31

Ce n'est pas sans raison qiil a t ordonne' par es aptres qu'en clbrant les saints mystres, on se souvnt des dfunts : car ils savaient quels avantages ils en reliraient (H omit. 3, in Epist. ad Philipp. (1).

INVOCATION DES SAINTS ET DE LA BIENHEUREUSE VIERGE MARIE.


Origne. Il nous est permis de dire de tous les justes qui ont quitt cette vie, et qui conservent toujours les mmes senti ments de charit pour ceux qu'ils ont lais ses ici-bas , qu'ils ont de la sollicitude pour leur salut, et qu'ils les assistent du secours de leurs prires et de leur mdiation au prs de Dieu. Car il est crit dans les livres C'est Jrmie, le prophte des Machabes de Dieu, qui prie toujours pour lepeuple(Ii&. Ul.inCant.Canlic). Je me prosterne rai genoux, et n'osant cause de mes pe chs, prsenter moi-mme ma prire Dieu, j'appellerai tous les saints mon secours. vous, saints du ciel, je vous en supplie avec une douleur mle de soupirs et de lar mes, tombez aux pieds du Dieu des misrimisrable pcheur (Lib. cordes pour moi II, de Job). Saint Cyprien. Souvenons-nous les uns ne soyons des autres dans nos prires cur et qu'une me en ce tons qu'un prions toujours inonde et en l'autre nous soulageant avec une mutuelle cha rite dans nos souffrances et nos afflictions. par la Et que la charit de celui qui grce de Dieu, partira le premier de ce monde, persvre toujours devant le Soi gneur; que sa prire pour nos frres et nos surs ne cesse pas un instant. [De hnbilu Virginum). Saint Alhanase. Ecoutez maintenant prtez l'oreille nos pri tille de David res nous poussons des cris vers vous de nous 6 Vierge trs Souvenez-vous
: ,

Saint Hilaire. D'aprs ce que Raphal dit Tobie, il y a des anges qui servent en la prsence du Seigneur et qui lui portent les prires de ceux qui l'invoquent, ce n'est pas la Divinit qui a besoin de cette intercession mais bien notre infirmit. Dieu n'ignore rien de ce que nous faisons mais la faiblesse de l'homme
, ,
;

te

pour demander

et obtenir, rclame le ministre d'une intercession spirituelle (In

Psalm., CXXIX). Saint Basile. Lors de la clbrai ion de la fte des quarante martyrs O vous gar diens communs de la race humaine nos cooprateurs dans nos prires, trs-puis sants messagers, astres du monde et Heurs des Eglises, permettez-nous de joindre

: !

nos prires aux vtres. (Ilomil. 19. j Saint Ephrem d'Edesse. Je vous en supplie, saints martyrs, qui avez tant souffert pour le Seigneur, intercdez pour nous auprs de lui afin qu'il rpande sa grce sur nous. [Encom. in SS. Mart.)Nous recourons votre protection, sainte Mre de Dieu protgez-nous gardez-nous sous les ailes de votre misricorde et de voire bont. Dieu trs-misricordieux, par
,

l'intercession

de

la

bienheureuse

vierge

Marie, de tous les anges et de tous ies saints, ayez piti de votre crature (Sermo de Laud. B. Maria? virginis). RELIQUES ET IMAGES.
Saint Hilaire. Le sang sacr des martyrs est partout reu, et leurs ossements vnrbles [rendent chaque jour tmoignage {Lib. contra Constant.).')) Saint Basile. Si quelqu'un souffre pour le no ii de Jsus-Christ, ses restes sont regards comme prcieux et si quelqu'un louche les ossements d'un martyr, il devient en quelque sorte participant de sa saintet cause de la grce qui rside en lui. En effet, la mort des saints est prcieuse aux yeux du Seigneur (Sermo in iJ 5/.CXV).)> Jereconnaislesaptres, les prophtes et les martyrs, je les conjure d'intercder pour moi afin que , par leur intercession Dieu me soit misricordieux et me pardonne mes pchs. C'est pour celte raison que je rvre et honore leurs images , surtout depuis que la tradilion des saints aptres nous a appris le faire; et bien loin qu'elles nous soient dfendues elles apparaissent dans nos Eglises {Epist. adJulian.) (1). Saint Ephrem. La grce du divin Esprit, qui opre par elles des miracles rside toujours dans les reliques des saints (Encom. in mart.).
; ,

ce

pour les faibles louanges que sainte rpandez sur nous nous vous donnons des grces abondantes, en nous ouvrant
,

et

grces , vous qui tes Marie pleine de grce. Je vous salue pleine de grce, le Seigneur est avec vous. intercdez Reine du ciel et Mre de Dieu pour nous. {Sermo in Annunt.).
les trsors de vos
, ,
,

(1)

dans
<|ui

prire pour les morts, on trouve intressant, parat avoir chapp l'attention de mon ami.
sujet

Au

de

la

saiiii

phrem, d'Edesse, un passage


intitul

son Testament, ce pieux Pre parle ainsi i Mes frres, venez moi, et prparez-moi mon dpart, car toutes mes forces sont puises. Souvenez-vous de moi dans vos psaumes et dans vos prires, et veuillez constamment offrir des sacrilices pour moi. Quand le trentime jour sera venu, souvenez-vous encore de moi, car les morts sont soulags par les offrandes des vivants. Maintenant, coulez avec patience ce que je vais vous rapporter des saintes Ecritures. Mose bnit Ruhen aprs la troisime gnration (Deut. XXXIII, G); mais si les morts ne peuvent tre secourus, pourquoi futQue s'iK snnt insensibles, coutez donc ce il bni? que dil l'Aptre: Si les morts ne doivent point ressusciter, pourquoi donc se purifier pour eux? t (I Cor.

Dans un ouvrage
:

(I)

En

citant cette

lettre

Julien,

comme

tant

sonie de la plume de saint Basile, mon jeune ami n'a pas montr son exactitude ordinaire. Le fragment dont le passage ci-dessus a t tir, quoiqu'il se trouve parmi les actes du second concile de Nice, est abandonn,, je crois, comme manquant d'authenticit, par les plus judicieux crivains .catholiques; et le zl Baronius lui-mme, tout en produisant ce fragment, avertit de ne pas s'appuyer dessus comme su:

XV,

29.)

une autorit certaine.

DEMONSTRATION KV ANGELIQUE. MOOI.


Suint Ambroise. J'honore donc dans le corps du martyr les blessures qu'il a rc eues au nom de Jsus-Christ ; j'honore la mmoire de celle vertu qui ne mourra jamais j'honore ces cendres que la con fession de la foi a consacres; j'honore en elles les semences de l'ternit; j'honore ce corps qui m'a appris aimer le Sei gneur, et ne point craindre de donner
;

j'ai

quelques-unes des abominations papistes q-ue trouves confirmes parles premires et les plus hautes autorits de l'Eglise chrtienne, il en est une comprise sous le titre Invocation des Saints, dont je ne me suis pas encore occup, savoir le culte ou
:

ma

vie

pour

lui

(Sermo

55).

Saint Chrysostome. Aprs la puissance de la parole les tombeaux des saints sont ce qu'il y a de plus propre , lorsque nous nous porter Les avons sous les yeux l'imitation de leurs vertus. On ne saurait s'en approcher sans se sentir saisi d'une forte impression la vue de la chsse frappe
, , ;

protestants l'appellent) l'idoltrie que les papisles rendent la bienheureuse Vierge Marie. On ne saurait douter que ce culte renferm dans les justes limites dans lesquelles tous les catholiques raisonnables l'ont toujours su renfermer, ne fit partie des pratiques de pil en usage parmi les chrtiens ds les premiers sicles de
les
,

(comme

l'Eglise.

Dans

le

second sicle

nous voyons

est mu comme si celui qui y repose tait prsent et adres sait lui-mme des prires pour nous aussi s'y trouve-t-on pntr d'une sainte joie el l'on s'en retourne pour ainsi dire chang en un autre homme. C'est pour cela que Dieu nous a laiss les restes des saints (Lib.

vivement

le

cur, on

saint Irne, la grande lumire de cette poque, attribuer tant de pouvoir l'intercession de la sainte Vierge auprs de Dieu , qu'il suppose qu'elle a t l'avocate, dans
le ciel,
si

de la mre du genre humain, Eve, malheureusement dchue de l'tat dans

contra Gent ,). Ce que ne sauraient l'aire les reliques des marl'or et les richesses tyrs l'oprent. Jamais l'or ne chassa les maladies et ne garantit contre la mort mais les ossements des martyrs ont pro duit ce double effet. Le premier de ces mi racles est arriv du temps de nos pres , le second s'est vu de nos jours ( Homil. G7, de S. Drosid., mari.). Saint Grgoire de Nysse. dans son discours sur la fle du martyr Thodore. Quand o on entre dans un lieu comme celui-ci l'on conserve la mmoire el les reliques l'esprit est d'abord frapp de ce juste la vue de ces constructions et des orne ments dont elles sont enrichies , et de celle magnificence qui y clate de toules parts. L'artiste y a dploy toute son habilet et la sculp dans les figures des animaux turc si parfaite de la pierre , tandis que la a main da peintre se fait surtout admirer dans la reprsentation des circonstances du martyre. On xj aperoit aussi ta figure du Christ gui contemple cette scne. Saint Nil. Dans le sanctuaire du temple qu'il n'y ait a le plus sacr, vers l'Orient Que le qu'une seule et unique croix. .'. saint temple soit tout rempli de p&intures bien excentres par les artistes les plus clibres reprsentant les vnements les plus remarquables de l'Ancien et du Nouveau Testament afin que les ignorants et ceux qui ne sont point capables de lire les sain tes Ecritures, puissent apprendre ainsi connatre par la vue de ces peintures les actions vertueuses de ceux qui ont servi le vrai Dieu, selon sa volont et ses commandements (Lib. IV, Ep. 61).

te
, ,

lequel elle avait t cre. L'Evangile de l'enfance de Jsus, qu'on assigne la mme poque, quoiqu'il ne soit videmment qu'une imposture (1), peut servir au moins comme d'cho pour nous faire connatre l'esprit qui dominait parmi les orthodoxes dansces tempsl. Ce livre, en rapportant les circonstances qui prcdrent la nativit de Noire-Seigneur, ne donne la Vierge que le simple nom de Marie; mais immdiatement aprs il l'appelle la divine Marie cet vnement el ajoute que l'on ddiait alors les glises e:i
,
,

son honneur

(2).

que je ne pus, je l'avoue, m'empcher d'prouver la dcouverte de cette nouvelle preuve de papisme dans les premiers ges de l'Eglise, je ressentis en moi-mme un secret dsir qu'il ft en mon pouvoir de retrouver aussi dans ces tempsl'tat d'irritation

Dans

ta

l les folies et les extravagances qu'on a vues depuis dans le culte de la Vierge et qui ont caus tant de tort la religion, qu'on en a rendue responsable, et d'aprs lesquelles seules la plupart des protestants jugent de la foi des catholiques sur ce sujet (3). Ce dont

tre,

(1) A cet vangile est ordinairement joint un anlivre apocryphe d'une aussi haute antiquit, c'est
la

<

<x

naissance de Marie, dans lebut de son mariage avec Joseph n'tait pas qu'il en ft son pouse, mais qu'il ft le gardien de sa virginit perptuelle, le grand-prtre Vous tes la personne choisie pour lui ayant dit prendre avec vous la vierge du Seigneur, el pour la
-dire L'vangile de

quel

il

est dit

que

le

CHAPITRE
Invocation de
la Vierge.

VIII.

Evangile de l'en fance, etc. Louis XI. Saint Bonaventure. Saint Ambroise, saint Basile
et le

conserver, t Le ministre Jurieu prtendait que la Vierge ne lut juge digne d'tre invoque et honore d'un culte religieux qu'aprs la dcision du concile d'plisc qui, par opposition Nestorius, dclara que Marie tait la Mre de Dieu. Mais Bossiiel a tort bien r pondu que l'glise mme dans laquelle a i tenu ce concile tait un tmoignage des honneurs dj rendus la Vierge, en ce qu'elle tait ddie sous son nom. Il rappelle aussi un fait rapport galement par saint Grgoire de Nazianze longtemps avant la tenue de ce concile; c'esl une martyre du troisime sicle qui pria la bienheureuse Marie de venir en aide une
lui

(2)

docteur Doyle.

vierge qui tait en pril.


1

Dans

la

liste

que

j'ai

trace plus haut de

Le luthrien Goelzius, supposant charitablement que de saintes femmes, telles que Marie, Anne,
(3)

VOYAGES A LA RECilERGiiE DUNE RELIGION.


ce ne sont pas tant des je veux ici grossires extravagances de ceux qui ont fait
parler,

de de

la

Vierge

comme une quatrime personne


des folles
superstitions

Mais, bien loin de rien dcouvrir dans les premiers sicles du christianisme qui puisse justifier de pareilles prtentions, je reconnus
bientt

la

Trinit, ou
celle de

que

si,

ds lors

mme,

il

s'tait gliss

comme
trat

Louis XI qui, par un conformel, transporta la mre de Dieu

tous droits et tous litres sur les fiefs cl les privilges du comt de Boulogne, ce n'est pas tant, dis-je, de ces absurdits impies que je veux parler que de ces excs d'un zle indiscret qui conduisirent saint Bonayenture(l) et d'autres catholiques distingus assigner la Vierge un rang beaucoup plus lev

dans Pchelle des tres suprieurs, que la raison et la vritable pit ne le sauraient admettre (2).
Catherine, Marguerite etc. (ainsi qu'il
les

numre),
les catholi-

forment

le

principal objet
foi

du culle chez
religion

ques, appelle leur

une

de femmes, Reli-

gio muliebris. (Voyez ses Meletemata Annbergensia.) un de ces (1) Le Psautier de S. Bonaventure est monuments d'un zle extravagant, qui, quoique tou-

jours condamn des catholiques eux-mmes, servira toujours de pilexte leurs ennemis pour diriger contre eux de nouvelles attaques. Feu M. Charles Butler, en rpondant aux attaques de M. Soulhey et du D. Philpoits, tant au sujet de ce psautier qu'au sujet de l'hymne catholique Impera Redemplori, parait n'avoir pas fait attention que Grotius avait eu parlant d'un la mme lche remplir avant lui. En livre compos par un nomm Jacques Laurence, ce grand homme, dans une lettre son frre, s'ex-

quelques abus dans ce culte, les pasteurs de l'Eglise, ceux qui avaient mission d'enseigner la vritable doctrine chrtienne, eurent soin de les repousser et de les dnoncer comme des actes d'idoltrie, et l'on ne saurait peuttre donner une exposition plus fidle de la croyance et des sentiments des catholiques de nos jours sur cette matire, que celle qui se trouve dans les remarques diriges parle grand ennemi des hrsies, saint Epiphane, contre quelques femmes hrtiques de son temps qui rendaient la Vierge plus d'honneur qu'il ne convient. Son corps, dit-i!, tait saint, je l'avoue, mais elle n'tait pas Dieu. Elle n'a pas cess d'tre vierge, mais elle n'est pas propose nos adorations; car elle adore elle-mme celui qui, tant descendu des cieux et du sein de son Pre, est n de sa chair.... Donc, quoiqu'elle ft un vase d'lection et qu'elle lut doue d'une saintet niinente, elle n'est cepen dant qu'une femme et participe notre commune nature; mais elle est digne toute Ibis des plus grands honneurs rendus aux saints de Dieu. Elle est au-dessus d'eux tous cause du mystre cleste accompli en elle. Mais nous n'adorons aucun des
'<

prime
pute
S.

ainsi

toute la

Au mpris de toute justice, il immass des catholiques le psautier de


ail

Bonaventure (quoiqu'il

condamn par

les

docteurs de la Sorbonne), et Fhymme la vierge Marie qui commence par les mots Impera Redemplori, ainsi que quelques autres passages extraits de Dans cette mme lettre, Grotius, avec leurs livres, t sa candeur ordinaire, et si bien claire, rend justice :iux vues des catholiques, sur d'autres points essen-

tiels

de leur loi. Il est galement possible, dit-il, pour ceux (pii vivent dans celle communion d'viter tome idoltrie, en n'honorant les saints seulement que comme serviteurs de Dieu, en n'usant des images (pic comme d'objets propres leur rappeler de cl en n'adorant dans le sacrepieux souvenirs ment (pie ce qui en l'ait la partie principale, puisque, d'aprs le Concile de Trente, l'adoration du sacrement n'est rien autre chose (pie d'adorer Jsus-Christ dans le sacrement. Pour avoir une ide exacte des efforts inutilement tents par Grotius pour inspirer aux partis qui taient de son temps aux prises une portion de son esprit si gnreux et si conciliant et le le lecteur fera bien de consulter VArminianisme Calvinisme compars de Nicole, ouvrage plein de rflexions cl de recherches du plus haut intrt.
,

comme ce culte suprme n'est point rendu aux anges, encore moins peut il tre rendu la fille d'Anne. Que Marie donc soit honore, mais que le Pre, le Fils et le Saint-Esprit seuls soient adors ; que personne n'adore Marie Adv. Colly ridianos (1) fir. 59 ). Telle est prcisment, je m'imagine, l'immense et essentielle diffrence que mettrait un thologien catholique de nos jours entre l'adoration et l'honneur; entre le culte d Dieu seul et cette pieuse vnration que nous devons, de concert avec toute l'antiquit chrtienne, rendre celle quia t proclame par une voix inspire, Bnie entre toutes les femmes, et la Mre du Seigneur. En un mot, lorsque je vins replier mes regards du point o j'tais alors arriv sur toute la suite elles rsultats de mes recherches parmi ces sicles primitifs, je me trouvai

saints; et

nis,

de celle foule de gens de lettres dont toute la somme de rputation qui leur est due, leur est, si je puis l'exprimer ainsi, escompte pendant leur vie), en lguant, sur son lit de mort, son plus beau manteau fourr la Vierge Marie, a attir sur sa mmoire , de la bouche des beaux-esprits des Pays-Bas, un torrent de ridicule, que la dfense de ce testament par son ami Wowerius ( Asscrtio Lipsiani Donuri ) n'tait
gure de nature dissiper. On peut recueillir grand nombre d'exemples curieux des excs ii sont tombs quelques pieux enthousiastes par rapport au culle d la sainte Vierge.
i

(2)

L'absurdit

commise par

le

savant Lipsius (un

plus absur le encore du jsuite Impossihile esse ut 15. Virginis cuitor in lcrnum damnelur, * Ce sont l, il est mais si l'on doit se vrai, de pitoyables extravagances l'aire les excs ou des erreurs en fait de croyance religieuse, un argument contre la croyance elle-mme, les points essentiels de la foi auront beaucoup plus souffrir tVuua pareille logique que le pouvoir d'inter

et

l'assertion

portugnais Mendoza

cession attribu la Vierge. (1) Ces hrtiques, qui taient pour la plupart des femmes, avaient coutume d'offrir la Vierge, une espce particulire de pain ou (de gteau, appele en grec collyris. Leur grande offrande cependant tait un pain qu'ils lui prsentaient, une poque dter-

On

peu" citer enli'aulres la thse suivante, produite les Rcollets de Lige, en 1076. Frequensconiessio cl cominiinio, Cl cultus B. Virginis, etiam in ils qui geuiiler vivunl, suut signuin pradesiinatio-

par

mine de l'anne, avec beaucoup de solennit, aprs quoi ils se partageaient entre eux l'oblation. Dans cette crmonie les femmes remplissaient l'office >.hi
prtre.

DEMONSTRATION EVANGEUQUE. MOORK.


que le papisme du djxneuvime sicle ne diffre en aucune manire du christianisme des troisime et quatrime sicles; que si saint Ambroisc, saint
forc de convenir
L'esprit de
il

ne

le

l'homme cherche quelque refuge, trouve que dans la pense que peut-

Basile et quelques autres encore de ces fleurs des Eglises pouvaient emprunter les bonnets de nuit magiques de leurs contemporains, les
sept

quelque chtiment temporaire, aprs (a mort, purifiera l'me de ses souillures morales et la rendra digne enfin d'tre agrable un Dieu infiniment pur. Parfaitement d'accord avec P.tley sur ce
tre

dormeurs, et qu' ce moment mme, aprs un somme d'environ quinze sicles, ils vinssent ouvrir les yeux dans la ville de Carlow, ils trouveraient dans la personne du docteur Doyle, le savant vque de Leighlin et de Ferns, non-seulement un Irlandais dont ils pourraient eux-mmes tre fiers de faire la connaissance, mais un catholique comme eux, dont le symbole leur paratrait de tout point conforme au leur.

point, c'tait avec un certain plaisir que je voyais alors que depuis saint Justin, marlj r, jusqu' saint Basile et saint Ambroise, tous les Pres des premiers sicles sont unanimes admettre l'existence de cet tat intermdiaire (1). Le plus grand nombre d'entre eux
Partageant le sentiment de Paley sur ee point, docteur Jonlison dit que i la plupart des hommes ne sont ni assez obstinment mchants pour ni rilerun chtiment ternel, ni assez bons cependant pour cire dignes d'tre admis dans la socit des c lestes esprits, et une Dieu a bien voulu tablir un tal intermdiaire o ils pussent tre purifis par < divers degrs de souffrances, i Ces tmoignages de Paley cl le Jonlison en laveur du dogme catholique du purgatoire nie donnent la pense de mettre sous les yeux du lecteur quelques autres aveux candides des protestants par rapport la vrit le nos croyances catholiques. Je les (lasserai ici sous leurs titres renvoyant le lecteur au chapitre respectifs, en "hht de cet ouvrage, o se trouveront cits d'autres exemples du mme genre.
(I)

le

CHAPITRE

IX.

Purgatoire. PPrires pour les morts. OriConfession. nitence canonique. Apostrophe gne. Saint Ambroisc.

V ombre du Pre O'H"".


Parmi les points de papisme que j'ai numrs comme appartenant dj au symbole de la primitive glise, il en est deux qui s'y trouvent plutt compris implicitement que mentionns d'une manire expresse, je veux dire la foi au purgatoire et la confession auriculaire, sur lesquels j'ai quelques courtes
rflexions prsenter. L'usage solennel de prier pour les morts ne peut tre fond que sur la croyance qu'il existe un tat intermdiaire de purification et de souffrance par lequel les mes passent aprs la mort, et dont les prires des fidles peuvent aider les dlivrer. L'antiquit donc de l'usage des prires pour les morts ( et nous en trouvons des traces dans les plus an-

TMOIGNAGES PROTESTANTS EN FAVEUR DES DOCTRLNES CATilOLiniES.


PIUMAUT DU
Voici

PAPE.

ciennes liturgies) nous prouve suffisamment combien est ancienne la croyance sur laquelle elies sont fondes. Le second livre des Machabes (en ne prenant mme ces livres,
ainsi que le font les protestants, que une histoire non canonique, quoique

en quels termes forts et nergiques Grbtius reconnat que la primaut du pape repose sur une base canonique, et qu'une pareille juridiction est ncessaire pour conserver l'unit Restitutionem ehistianorum in unum idemque corpus semper optatam a Grotio sciunt qui euiu noruni. Existima iucipi a proieslantium inter se vit autem aliquand < conjunciione.Posiea vidit id plane fieri nequire, quia prxierquani quod calvinisiorum ingnia ferme om< nium ah oinni pace sunt alienissima, protestantes
:
i

nullo inter se
ciantur. Quse

communi

caus sunt cur

ecclcsiastico rgi mine sofacile parles in mutin

comme
cepen-


i i

dant authentique) nous apprend que les anciens Juifs sur ce point avaient la mme foi

proteslanlium corpus colligi nequeant, imo et cur parles ali;c alque alise sunt exsurrectune. Quare nunc piano seaiit Grotius, et multi cuui ipso, non posse protestantes inier se jungi, nisi s mul junganlur cum eU qui sedi romaiu- cotisrent, sine

qua million sperari polesl


ijinicn.

in Ei clesia

commune

re-

que

C'est donc une sainte et salutaire pense de prier pour les morts, afin qu'ils soient dlivrs de leurs pchs. On ne doit point s'tonner que celte
les

catholiques

optai ni ea divulsio que evenil, et causas divulsionis lollanlur. Inter eus camus non est primatus episcopi romani, secundum canoiws, fa-

Ideo

croyance soit si ancienne; car assurment, il ne peut y en avoir de plus naturelle, comme aussi, d'un autre ct, il n'y a rien de moins conforme, soit la connaissance que nous avons de la nature humaine, soit aux ides que nous nous formons de la nature divine, que l'ahsence de toute gradation dans les rcompenses et les chtiments, comme il rsulterait ncessairement du dfaut d'un
tat intermdiaire entre le ciel et l'enfer.

Ce

qu!a

thologien protestant Paley, au sujet du purgatoire, me parat fond sur des sentiments qu'approuvent la fois la raison et la nature. Qui peut, demande-t-il, supporter la pense d'habiter dans des tourments ternels? Qui pourrait dire, cependant, qu'un Dieu ternellement juste ne les infligera pas?
dit le

Melanchtone, qui eum primalum eiinm necessarium putal ad relinendam unilatein. j [Dernire rplique Rivet. Apoloyel Disais. ) Grotius avait tenu peu prs le mme langage par rapport ce qu'il appelle la force de la primaut, .dans sa premire rplique Rivei. < Qu;e veroest causa cur qui opinionihus dissident inter catholi cos, nianeant eodein corpore, non rupta coinmu* nione; conlra, qui inter protestantes dissident, idem lacre nequeant, uicumquc limita de dilec tioue fraterna loquaniur? Hoc qui recte evpr'iident inven ient quanta sit vis primants ( Ad art. VII). lit leurs crits (des Pres) verra que Quiconque ceux du quatrime et du cinquime sicle acorj dent la primaut levquc de Rome, et affirment lui appartient le soin de toutes les Eglises. > t qu' Dumoulin, Vocation des pasteurs. ) Rome tait une Eglise consacre par la rsidence i de Saint Pierre, que l'antiquit a reconnu pour le < chef de l'Eglise apostolique, elle a pu aisment tre par le concile de Chalccduine coinmo considre
tente

*i

VOYAGES A LA RECHERCHE D'UNE RELIGION.


qui leur parat indiquer clairement et

4J

interprtent en ce sens un passage remarquable de saint Paul (I Cor., 111,13, 14,15),


sur la suprmatie ). i milieu de quelques observations sur le pouvoir pontilical el les avantages qu'il a produits pendant le
i

ex-

pressmentun lieu destin

purifier les

mes,

la tte le l'glise (Bloiidel,

Au


<t

un grand moyen ge, Daines Barrington avaniage pour l'Europe en gnral qu'il y et un auquel 0:1 pt recourir dans toui arbitre commun nationales et qui ne pt jamais les les querelles domaines, quoiqu'il t penser tendre ses propres et pu souvent faire un usage abusif de son poua Les anciens Il ajoute voir comme mdiateur. i paraissent avoir joui des mmes avantages en redil
:

Ce

fui

menant
l'oracle

toutes leurs

de Delphes

contestations l'arbitre de sur les anciens sla( Observ.

Notre confession doit tre entire et parfaite, et perfecla, et non demi. Nous devons confesser tous nos pchs, mortels et vniels, omnia venialiael omnia mortalia. Dieu seul efface les pchs c'est vrai, mais il est un auire confesseur qu'on ne doit pas ngliger. Celui qui veut tre sr du pardon doit aller trouver un prtre et lui faire son humble confession. Le ciel attend la sentence prononce ici-bas parle prtre, et le Seigneur confirme dans le ciel ce que le prtre a li ou dli sur la lerre ( Vvque Sparrow, sermon sur la confesintgra

sion).

luts).

Aprs avoir reconnu l'incertitude des Ecritures comme rgle de foi, u\\ crivain de nos jours, le Docteur Arnold, continue ainsi: Sachant bien que bien aussi tel est l'tat des choses, et comprenant i avec la sagesse qui la caractrise, le mal affreux que causent les divisions religieuses, l'Eglise ca1 iholiquc romaine a attribu, dans toute la suite des
1 1

sicles, au pouvoir souverain qui rgit la socit chrtienne un esprit infaillible de vrit qui pt d clarer et fixer d'une manire certaine et faisant 1 autorit, le sens vritable de tout passage contest de l'Ecriture; cl si l'Ecriture se lait, la voix vi vanle de l'glise prend sa place, et, guide comme elle l'est par le mme esprit qui a inspir les li vres saints elle prononce sur lous les nouveaux 1 points de controverse avec non moins d'autorit s ( Principes de l'glise rforme PENITENCE, CONFESSION, ETC. fatigantes pnitences mme qui 1 Les longues et ex taient anciennement imposes aux personnes comniunies n'taient qu'une nouvelle preuve de la sincre affection des pasteurs de la primitive Eglise
, ) .

Lorsque vous vous trouvez chargs el accabls , ayezreconrs votre mdecin spirituel, et dcouvrez lui franchement el ouvertement la nature et la ma lignite de votre maladie. N'allez pas lui seules nient comme si vous vous adressiez un homme savant et capable devons consoler, mais comme a j quelqu'un qui a reu de Dieu lui-mme le pouvoir de vous absoudre de vos pchs (Chillingwurlh). La confession est une excellente institution, un obstacle au vice. Elle es' admirablement calcule pour disposer au pardon les curs ulcrs par la haine , et pour engager ceux qui sont coupables d'injustices
restituer

Voltaire),

restitutions et de rparations la confession ne produit-elle pas parmi les catholiques (J-J.


!

Que de
)

Rousseau.

TRADITION.
lecteur trouvera tout ce qu'il peut y avoir de plus premploire et de plus convaincant eu faveur de la doctrine catholique sur la tradition dans un crit

Le

<
1

<

pour les mes qui leur taient conties. Les thologiens (protestants) modernes ont voulu prouver que le repentir n'implique qu'un pur acte de l'esprit, et i! est vrai, en effet, que le repentir qui dispose les adultes au baptme n'implique rien
de plus qu'un simple changement de rsolution...; mais le repentir qu'on exige des chrtiens qui sont dchus de l'tat de grce et se sont plongs dans des habitudes vicieuses, ou ont commis des pchs et les pasteurs trs-griefs, est d'une autre espce et les Pres des temps apostoliques ont cru qu'il impliquait des austrits extrieures, des jenes frquents et une longue carrire d'humiliations,
;

remarquable du Docteur Lingard, intitul lissai sur la Vue comparative de rvoque Marsh, etc. Les arguments par lesquels ce thologien distingu prouve que sans l'aide de la tradition l'inspiration mme de l'Ecriture ne saurait tre dicontre sont absolument
sans rplique. Comment, demande-t-il, les Ecritures peuvent-elles prouver leur propre inspiration? C'est sur leur inspiration que repose toute leur autorit doctrinale. 11 faut prouver qu'elles sont inspires avant que vous puissiez dduire de leur tmoignage aucun point de doctrine. Si, en cherchant dmontrer
l'inspiration d'un livre, vous la supposez pralablement, vous tombez dans une ptition de principe, vous prenez pour certain et dmontr ce que vous avez entrepris de prouver. Si vous n'en supposez pas pralablement l'inspiration, alors le tmoignage de ce livre sur le point en question n'a pas plus d'aulorii (pie le tmoignage de tout crivain ecclsiastique ou profane Mais, dira t-on peut-tre qu'il parat, par une suite de tmoignages, que les auteurs de ce livre taient les aprcs du Christ, qu'ils taient sous la direction de l'Esprit-Saint, qu'ils ne pouvaient enseigner une doctrine fausse, et que par consquent leurs crits doivent tre inspirs? Mais o avez-vous recueilli tous ces faits? Si c'est du tmoignage de la tradition, il est donc faux (pie l'inspiration de l'Ecriture puisse se prouver par l'Ecriture seule; si c'est, au contraire, de l'Ecriture, vous en devez donc prouver l'inspiration avant de pouvoir exiger du lecteur qu'il adopte volpe systme. D'o je conclus que vouloir dterminer le canon ou l'inspiration des Ecritures par l'Ecriture seule est une chose impraticable c'est la tradition qui doit nous instruire de ces deux choses. 11 est vident, d'aprs les Ecritures elles-mmes, que tout le christianisme fut transmis d'abord aux voques qui sucdrenl aux aptres , par tradition orale, el il leur fut aussi command de le conserver et de le transmettre de la mme manire leurs successeurs. On ne trouvcjiullc part dans l'Ecriture, aptres, qu'ils aient dans saint Paul ou les autres
:

< <

<

tant en public qu'en particulier, ainsi qu'ils l'ont suffisamment prouv par leur pratique constante... Nous avons raison de croire que quand saint Paul dit de quelques Corinthiens, qu'ils ne s'taient des iniquits qu'ils avaient commi pas repentis osteni ses, 1 il voulait dire qu'ils ne s'taient pas solennellement humilis pour leurs < siblenieut el les lidles assembls pchs en prsence de tous 4 (Johnson, Sacrifice non sanglant ). t Les chrtiens Le mme crivain continue ainsi ont perdu la vraie notion du repentir pour les pchs commis aprs le baptme, repentir que la primitive Eglise faisait consister avec raison dans une longue carrire djeunes, de prires, le pcheur confessant publiquemcnl ses pchs passs cl les dplorant amrement force de larmes et de gmissements C'tail l le < Repentir pour le salut, dont on n'avait pointa se repentir, > que les aptres el les premiers Pres exigeaient des chrtiens qui taient tombs dans des fautes scandaleuses. est reconnu que lous les prlres, mais les II remettre les 1 prtres seulement, ont le porfvoir de pchs, et que la confession auriculaire est d'un usage fort ancien dans l'Eglise ( Uvque Montagne, Cagger gagged ). >
:

DMONS^. EvANG. XIV.

IDeux.)

43

DEMONSTRATION VANGELIQUE. MOORE

44

o le feu prouvera toutes les uvres de et l'homme quelle qu'en soit la nature; ci o
, i

d'aprs l'explication donne par Origne de ce passage, chaque crime, en proportion de

i i

dessein de mettre par crit, isolmenton en commun, ce qu'ils avaient enseign com ne n essaiFe au salut, ou bien de former un canon complet de leur doctrine, de sorte qu'il n'y et de ncessaire au salut que ce qui serait renferm dans ces crits ( Docteur BreU-, Tradition

son!

jamais conu

le

<
4

endormis du sommeil de la mort avant nous, Cyprien parle du refus Je ces prires comme d'une censure porte sur quelques personnes par
et saint

ses prdcesseurs; Tertullien prsente celte prati-

que
et

comme gnralement rpandue

de son temps,

i
4
i

ncessaire

).

[ci

(II

Tltess.

VI)

il

est fait clairement

des traditions de saint Paul et traditions apostoliques, transmises par la parole aussi bien que par l'criture; et l'on y voit la condamnation de ceux qui ne portent pas un gal respect
l'une et l'antre
crite)
(

mention consqucminenl de

constitutions ordonnent aux prtres et au peuple de remplir ces devoirs de pit pour les mes de ceux qui sont morls dans la foi (Johnson , Sacrifice non sanglant), t docteur Whilby, dit le mme crivain, a Le
les

la

parole orale et la parole

Ibid.

traditions qui ont le Christ pour auteur, < Les dans des points de foi, ont une autorit divine, (ont comme la parole crite ; les traditions venues des aptres ont la mme autorit que leurs crits;
il

n'est

aucun protestant sens qui puisse nier que

Aptres aient enseign de vive voix plus qu'ils n'ont crit [Montagne, Gagger Gaggeg), t Le Docteur Waterlaml, aprs avoir fait observer, d'aprs le tmoignage d'irne, que Polycarpe avait force de converti un grand nombre d'infidles par la que c'tait l un argument i la tradition, ajoute plus frappant alors que n'et pu plus vident et toute espce de discussion, avec la lettre i l'tre de l'Ecriture (hnp. de la Doctrine de la t nue
les
t

Trinit).

MURES POUR LES MORTS ET PURGATOIRE.

Qu'on ne voie plus

les protestants rejeter

comme

abusive et illicite l'ancienne pratique de prier et d'offrir pour les morts. C'est une pratique reue dans toute l'Eglise du Chrisl. qui l'a toujours regarde comme pieuse et charitable. Uu grand nombre de Pres pensaient que des fautes lgres qui n'ont pas t remises pendant la vie, sont pardonnes aprs la mort par l'intercession de l'Eglise dans ses prires publiques, dans celles surtout qui se l'ont dans la clbration des redoutables mystres; et en effet pratique de il n'y a pas d'absurdit croire cela. La prier pour les morts vient des Aptres, si l'on en croit Clirysosloine ( Vvque Forbes, sur le purgatoire).
>

< i

saurait nier que saint Augustin n'enseigne clairement qu'il y a des mes qui souffrent des peines temporelles aprs la mort (Fulke R\utation du

On ne

dogme du Purgatoire), A |)res avoir mentionn

pleinement dmontr dans ses annotations la e 2 Ep. Tim. IV, 4, que les premiers Pres et 4 mme les aplres croyaient que les mes des Je 4 les ne seraient admises dans le ciel qu'au jour du jugement. On conclut de l, je pense, qu'ellessonl, 4 pendant cet intervalle, dans un tat d'attente, et 4 capables de recevoir un accroissement de lumire et 4 de rafrachissement. Puisqu'il n'tait dfendu nulle c part de prier pour elles tant qu'elles sont en cet tat, on en conclut que cela tait permis, et si cela besoin d'en dire davanil n'est pas c tait permis tage la nature fera le resie. Tout ce que je prc'est de prouver par l que les anciens tends l'Eucharistie est un sacrifice propi croyaient que 4 lialoire, et qu'en consquence ils adressaient Dieu pour leurs amis dfunts au moment le 4 ces prires plus solennel de l'office eucharistique, aprs que les symboles avaient reu leur dernire conscration. > 4 On doit ncessairement convenir qu'il y a dans passages qui semblent 4 les crits de Tertullien des 4 indiquer que dans l'intervalle qui spare la mort de la rsurrection gnrale, les mes de ceux qui sont 4 au bonheur ternel sont purifies des t destins 4 taches que les hommes mmes les plus vertueux contractent pendant leur vie (L'vque Kaye). Parmi les tmoignages protestants en faveur de cet antique usage des chrtiens de prier pour les morts, il ne faut pas omettre les deux pitaphes que Barrow, vquede Sainl-Asaph, et M. Tborndike, prbendaire de Westminster, oui eux mmes composes pour tre mises sur leur tombe. L'pi ta phe de l'vque est 4 vos transeuntes in domuin Domini, ainsi conue oralionis, orale pro conservo vestro ut 4 domuin vous, niisericordiam in die Domini. j i inveniat qui entrez dans la maison du Seigneur, dans la maison de prire, priez pour votre frre, afin qu'il trouve misricorde au jour du Seigneur. De mme Tborndike, dans son pitapbe, supplie le lecteur de prier pour le repos de son aine 4 Tu, leclor, requiem ei, 4 et beatani in Chiisto resurrectionem precare.
(
,

les diffrentes

opinions des
4

INVOCATION DES SAINTS.


j 4 4

Pres sur la carrire d'expiation que les. mes doivent traverser, Leibnitz en vient cette belle conclusion toute empreinte de l'esprit catholique Quidquid liujus sit, plerque ohines consenserunt in castiga lionem sive purgalionem posl banc vilain, qualis cumque e essel, quam ips anini ab excessu ex corpore illuminal et conspecla tune imprimis
:

praieiit.e vitse intperfectione

et peccati foedilalc

4
a

ima

Iristilia laclse, sibi

leuiquc aliter ad

culmen
i

accersunt libenicr, nolbeatitudinis pervenire

romaine veut dclarer qu'elle n'a point d'autre confiance dans les saints que celle qu'elle peut avoir dans les hommes vivants, et que, quels que soient les termes dans lesquels ses prires puissent tre exprimes, on doil les entendre d'une simple intercession seulement, c'est dire, sainte Marie, priez pour moi voire divin Fils; si, dis-je, les catholiques veulent seulement dclarer cela, ces prires n'offriront plus aucun danger (Rponse de Molanus Bossuct).
Si l'Eglise

(Sysiema
<

theolog.).

<

<
{

i <

peut tirer des sentiments de l'ancienne Eglise une preuve de la nature prolitialoire de l'eucharisque trop forte ; ce sont les lie qui ne paratra prires contenues dans les liturgies, et dont parlent si souvent les Pres, pour les mes des dfunts. 11 n'y a point, que je sache de liturgie qui n'en contienne, et les Pres en font souvent mention. Saint hrysostome en parle comme d'une institution qui remonte aux aptres; saint Augustin affirme que ce.-> sortes de prires profilent ceux qui ont men une vie assez vertueuse pour les mriter; saint Cyrille de Jrusalem parle d'une prire pour ceux qui se

On

Telle est et telle a toujours t la doctrine des cacomme il le paratra par l'expos suivant de leur foi sur ce point, tel qu'il cl consign dans un trait revtu d'une grande autorit, intitule Principes catholiques-romains, et cil dans l'important ouvrage Foi des catholiques. 4 Les caiholiqui a pour litre 4 ques sont persuads que les anges et les saints dans 4 le ciel , tant remplis de charit , prient pour nous i qui sommes les frres des saints sur la terre et les membres du mmo corps; qu'ils se rjouissent 4 lorsque nous nous convertissons; que, voyant Dieu, 4 ils voient et connaissent en lui loui ce qui pem convenir leur tal de bonheur ; et que Dieu prlq
tholiques,
:

45

VOYAGES A LA RECHERCHE D'UNE RELIGION.

4G

sa graril, recevra un juste degr de chtiSaint Ambroise s'exprime ainsi sur ment.

mme passage: De l on peut conclure que le mme homme est en partie sauv et
ce

i
<

oreille favorable aux prires qu'ils font pour nous, el nous accorde, leur considration, beaucoup de faveurs c'est pourquoi nous croyons qu'il est bon et ulilc d'implorer leur intercession. Ce genre d'invocation peut-il tre plus injurieux pour le Christ, noire mdiateur, qu'il ne l'est pour un chrtien de rclamer les prires d'un autre ici-bas sur la terre? Toutefois on enseigne aux catholiques de ne pas tellement se reposer sur les prires des autres, qu'ils ngligent leurs propres devoirs envers Dieu; on leur apprend implorer sa divine misricorde et son infinie bont en mortifiant les

une

Assurment
saints
,

< c
j

stanl

s'il m'tait donn d'approcher , des je dirais volontiers et sans balancer un inSaint Pierre, priez pour moi. Je courrais
,

bras tendus et, tombant genoux, je les conjurerais de prier pour moi. Je ne vois point qu'il soit absurde en soi, ou contraire l'Ecriture et encore moins impie de dire Saint Ange gardien'
les
:

eux

priez pour moi (Ibid.).


i

J'avoue qu'Anibroise, Augustin

el

Jrme croyaient

l'invocation des saints lgitime (Fulke, nouvelle rplique Bristow).


Il est reconnu que lous les pres tant de l'Eglise grecque que de l'Eglise laline, Basile. Grgoire de Nazianze, Ambroise, Jrme, Augustin Chrysoslome, Lon ci lous ceux qui les ont suivis, s'adressaient aux saints et imploraient leur assistance (Thorndnke, pilogue). > SACIUF1CE EUCHARISTIQUE. j Non-seulement le sacrifice de la cne est propiliaioire, el peut s'offrir pour la rmission de nos fautes journalires; mais il est encore impiratoire, et peut lgitimement s'offrir pour obtenir toutes sortes de biens. Quoique l'Ecriture ne nous dise point cela en termes exprs, nanmoins les saints pres d'un consentement unanime , ont ainsi iq,
,

uvres de

mprisant le monde, en aimant et servant Dieu et leur prochain, et niarchant sur les traces du Christ, notre Seigneur, qui
la

chair, en

la vrit et la vie. s point sur lequel les calholiques ont aussi constamment el avec aussi peu de succs repouss les ides grossires qui leur sont imputes , est leur vnration pour les saints tableaux el les

est la voie

Un

autre

saintes images, vnration qu'ils leur rendent, non t qu'ils croient, dit le concile de Trente, qu'il y ail
< t
c

dans ces tableaux ou images aucune divinit et aucune venu qui les doive faire honorer; ou qu'on doive leur demander quelque chose, ou mettre en eux quelque confiance, coin. ne le faisaient autrefois les gentils l'gard de leurs idoles; mais parce que l'honneur rendu aux images se rapporte aux

originaux qu'elles reprsentent. Dans le catchisme des catholiques romains on fait cette question < Les catholiques prient-ils les images ? Voici comme y rpond iNon, ils ne les prient point, > Qu'elles ne peuvent et l'on en apporte pour raison ni nous voir, ni nous entendre, ni nous secourir. Bien loin donc d'admettre l'adoration des images, les catholiques sont dans l'usage de rpter loules les semaines le ps. XCVU, dans lequel se trouvent ces Confundaniur omnes expressions nergiques qui adorant sculplilia et qui glorianlur in siniulacris suis; t et tous les dimanches, aux vpres, ils rptent le ps. CXV, qui reprsente galement les idoles comme une source de maldictions pour ceux Snniles ilfis ( idolis ) liant qui faqui les adorent i ciunt ea, el omnes qui conlidunt in eis. > Le grand Leibniiz explique et dfend ainsi philosopbiquemeut le respect rendu aux images par les Posito igiiur nullam aliam admilti catholiques < veiierationein imaginumquam qusesit veneratic pro loty pi corani imagine, non inagis in ea erit idololalria quam in veneratione que Deoet Chrislo exhibetur, i-anciissiinoejus nomine pronuniialo. Nain el nomina sunl nota: elquidcm iuiaginibns longe inferiores, rem enim tnulto minus reprsentant Corani imagine exlerna adorare non inagis reprehendendum esse i quam adorare corani imagine interna qu in plianlaf sia nostra depictaest nulius enim alias usus exlern < imaginis quam ut interna expressior lit (Sgst.
:
:

comme plusieurs l'ont devident pour tout le monde t (L'vque F orbes, de F Eucharistie) > Il vous parait lrange qu'un sujet d'une aussi hante importance que je semble vouloir vous reprsenter ce sacrifice trouve si peu de tmoignages en sa faveur dans la parole de Dieu et dans l'aniiquii, et ne repose que sur quelques conjectures. Qu.m't l'Ecriture, si vous voulez y chercher le nom de sacrifice, je vous dirai qu'on n'y trouve point non plus le nom de Sacrement ou d'Eucharistie, dans le sens que nous lui donnons, pas plus que le mol S^oo'to/; mais la chose n'y,e.-.l elle pas nanmoins? Quand vous dites qu'on trouve si peu de tmoignages dans l'antiterprl les
Ecritures,
esl
i

montr

et

qu'il

'.

quit, je

ne peux m'empcher de penser que cette assertion est beaucoup plus trange que mon opinion ne saurait vous le paratre. Car, qu'y al- il dans le christianisme qui soit appuy sur un plus grand nom-

bre de tmoignages de l'antiquit que ce dogme? Le Eusbe Allkircher a fait imprimer Newsiadt, dans le Palalinat en 158i et 1501 un livre intitul De myslico et incruento Ecclesi sciicalviniste
,
, :

fico,

a t t

theolo).).

<

<
t

L'archevque Wake, cil par Middlelon, dil Qu'il ne se faisait point de scrupule de dclarer que par rapport aux honneurs dus aux reliques authentiques des martyrs ou des aptres , aucun protestant ne saurait leur refuser le respect qui leur tait rendu
par les Eglises primitives. Je ne nie pas que les saints ne soient des mdia leurs de prire et d'intercession pour tous en gnral. Ils s'interposent auprs de Oieu par leurs intercessions et se portent pour mdiateurs par leurs prires (L'vque Montagne, Antidote), t < J'avoue, en vrit que cela ne fait aucun tort la mdiation du Christ ( Montagne De l'invocation
, ,

<

t
j

<

<

<
t

<

dos saints
t

Ce

n'est point
le

pistes

font

une impit de dire comme les paSainte Marie , priez pour moi.

il dit Ce fut loujours l'opinion constante commune et unanime de lous les anciens Pres de l'Eglise, que le mmorial de |la passion et de la mort du Christ, institu par lui dans la Cne, renfermait aussi en lui-mme l'institution d'un sacrifice (Mde, Lettre Twisse). t i Je suppose que lous les protestants voudront bien avouer que le sacrifice du Christ avait pour but l'expiation du pch; s'il en est ainsi, ils ne peuvent trouver lrange qu'il ait t offert avant qu'il lt mis mort; el cela par le prtre lui-mme, car il esl clair que c'tait l l'ordre prescrit ancienneuienl par Moyse. On montrera tout l'heure que le corps el le sang du Christ devaient lre un sacrilice de conscration aussi bien que d'expiation et que par consquent le temps propre de les offrir tait avant qu'il t rellement immol en sacrilice Et si le Christ s'est donn ou offert dans l'Eucharistie, je prsume que je n'ai pas besoin de prouver que les prtres doivent faire ce qu'il fit alors. Nous avons un commandement exprs de faire ou d'offrir ceci en mmoire de lui , el j'ai suffi sanunent dmontr que tel a t le sentiment consianl et unanime del primitive Eglise pendant les quatre premiers sicles aprs le Christ (Johnson, Sacrifice non sanglant). > trouve dans l'Ecriture , dans les parole^ On

dans lequel
,

fixe

DEMONSTRATION EVANGELIQUE. MOORE.


'jpn

48

partie

condamn.

Ailleurs

encore, dans

un commentaire sur cette Eplre de l'aptre, il remarque que l'aptre a dit: H sera sauv mais comme par le feu, afin qu'on entende
qu'il n'arrivera pas au salut sans peine. Il montre qu'il sera en effet sauv, mais qu'il endurera la peine du feu et sera ainsi purifi; non comme les incrdules et les mchants qui seront punis dans un feu ternel. (Comment, in I Ep. ad Corinth.) De la mme manire et d'aprs les mmes

la confession forme Une des parties les plus importantes, tait, comme nous l'apprend l'historien Socrate, mis en vigueur par les vques de Rome, ds les premiers temps du christianisme; et la pnitence publique de

dont

vues, saint Hilairc (et Origne parat avoir du mme sentiment) soutient qu'aprs le la bienheureuse jour du jugement, tous Vierge elle-mme, doivent galement passer par le feu pour tre purifis de leurs pchs. Le systme del pnitence canonique (1),
t
,

mme

de

l'institution,

une preuve encore pins viest fait d'offrir

dente du

commandement qui nous

vin, lorsque nous clbrons la sainte Eucharistie : Faites ceci en mmoire de moi. Le docteur Hickes , dans son Sacerdoce chrtien p. 58, etc. , prouve, par un grand nombre d'exeml'ion le pnin et le

ples, que le mot 7tote?v, faire, signifie aussi offrir, et se trouve souvent employ en ce sens par les

auteurs proranes et par*les traducteurs grecs de l'Ancien Tesiament. Il en est de mme du verbe

Je vais citer quelques-uns deces exemceux qui en dsirent un plus grand nombre peuvent consulter le livre du docteur Hickes. dit Sans un des I, cap. xxxn Hrodote, 1. mages, il ne leur est pas permis, moiv, d'offrir un sacrifice. Et dans la version des Septante de l'Ancien Testament , qui , comme le savent tous les
latin faccre.

ples, et

savants, est suivie par les crivains du

Nouveau

Testament,
<

mme

lorsqu'ils rapportent les paroles


il

et les discours

de notre Sauveur,

est

employ de
58
:

celte manire. Ainsi,

parexemple(:rod.W/V,
un veau
;

Vous

offrirez, TzoH.sut,

vers.

39, l ce que, noi%<szi(, vous offrirez sur l'autel ; nu-fans , vous offrirez un de ces agneaux le matin, 1 et l'autre, vous l'offrirez , -nov^ii , le soir. Ainsi 25. Le mot qui dans tous ces encore, Exode , , passages est traduit par offrir, et dans ce dernier par sacrifice , et qui, dans ces endroits , et dans beaucoup d'autres, ne saurait avoir un autre sens,

36): C'est

est prcisment le mot mme qui, dans l'institution de l'Eucharistie est traduit parfaites. Quedis-je? nos traducteurs anglais ne se sont-ils pas aussi

quelquefois servis du mot do , faites , en ce sens (celui de sacrifier). Ainsi entre autres, Lv. IV , 20. En cet endroit la version anglaise emploie le mot do, faire , pour dire sacrifier... Que les paroles de l'institution , toto vtizlre, doivent tre ainsi entendues dans le sens d'un sacrifice , c'est ce qui rsulte videmment du commandement qui regarde le calice; il est dit : Faites, foie/k , ceci, toutes les fois que vous le boirez, en mmoire de moi. Car, moins d'entendre ces paroles en ce sens , il n'y aurait l qu'une redite inutile; maisen les traduisant comme je viens de le dire , elles amont un sens raisonnable et signifieront offrez ceci, faites de ceci une oblalionou une libation, toutes les fois que vous le boirez, en mmoire de moi, ce sens est trs-bon. Un prtre est donc ncessaire et essentiel pour la lgitime administration de ce sacrement (D. Drett., de l'Eucliar.). (1) Comme en ce monde, l'abus de toutes les bon-

l'empereur Thodose, dans la grande glise de Milan, prouve avec quelle dfrence on continua se soumettre ces lois spirituelles lorsque le christianisme fut devenu la religion de l'empire. Et cependant combien n'taient pas diffrentes les ides qu'avaient les premiers chrtiens sur le repentir, de celles qui ont t enseignes depuis par les aptres de la rforme, qui, en abolissant la confession, le jene de la pnitence, etc., et s'affranchissant de toutes ces obligations pnibles et humiliantes de s'accuser soi-mme et de faire pnitence, que l'Eglise catholique a, dans tous les temps, imposes ses enfants gars et coupables semblent n'avoir eu d'autre pense que de complaire au pcheur et de lui rendre le chemin du salut court et facile. Il y a encore, dit Origne, un moyen plus pnible et plus difficile d'obtenir le pardon du pch, la pnitence, lorsque le pcheur arrose sa couche de ses larmes, et ne rougit pas de dcouvrir son pch au prtre du Seigneur et d'en demander le remde (1). C'est ainsi que s'accomplit ce que dit l'aptre Y a-t-il parmi vous quelqu'un de malade, qu'il fasse venir les prtres de l'Eglise (Jacq., V, 14). Il est dit de saint Ambroise, par son secrtaire et biographe, que toutes les fois que quelqu'un venaitlui confesser ses fautes avec des sentiments de pnitence, il pleurait si amrement qu'il arrachait des larmes au pcheur lui-mme, il semblait prendre part mais quant tous ses actes de repentir aux occasions et aux causes des crimes qu'ils confessaient, il ne les rvlait qu' Dieu, auprs duquel il leur servait d'intercesseur, laissant ce bon exemple ses successeurs dans le sacerdoce, aGn qu'ils se rendissent les intercesseurs des pnitents auprs de Dieu, et non leurs accusateurs devant les hommes. Paulin, invita Ambr. Les crits de cette poque abondent en rflexions touchantes sur le devoir sacr et d, : ;

jusqu' la fin des sicles par cette mme classe de catholiques. Voici comment saint Ambroise signale et condamne ces fausses ides de la Pnitence de son temps : Il en est qui demandent la Pnitence pour

prompiement rendus la communion. Us ne dsirent pas tant tre dlis que de lier le prtre; car ils ne dchargent pas leur conscience, et ils chargent la sienne... Ainsi vous verrez des gens qui se prsentent en babils blancs, qui devraient tre d:ins les
tre

nes choses en suit aussi nalurellemcnt l'usage, que l'ombre suit la lumire, on ne doit gure tre surpris de voir que kj sacrement de Pnitence ail t si trangement dtourn de son vritable but et de son vritable esprit par ls catholiques lchesdes temps passs, ainsi uu'il t'est encore maintenant et le sera toujours

larmes pour avoir souill celte couleur de grce et d'innocence.. Il en est d'autres qui, pourvu qu'ils s'abstiennent des sacrements, s'imaginent qu'ils font pnitence; d'autres encore se proposant de faire plus tard pnitence, en concluent qu'il leur est permis de se livrer au crime, ne faisant pas attention que la pnitence est le remde du pch, et non une excitalion au pch ( De Pnit., tib. Il, c. 9). > Notre Dieu, qui est (f) Saint Augustin dit aussi plein de misricorde, veut que nous nous confessions en ce monde, afin que nous ne soyons pas confondus, dans l'autre (llomil. XX).i
:

1%
licat

VOYAGES A LA RECHERCHE DUNE RELIGION.


que
folio,
si

50
plein de

le confesseur a remplir, et le consolant qu'il peut appliquer aux curs blesss et repentants. Montrez-moi des larmes amres, dit saint Grgoire de Nysse, afin que je puisse mler mes lar mes aux vtres. Faites part de vos peines au prtre, comme votre pre, il sera touch de compassion de votre misi'e. D couvrez-lui sans rougir ce qui est cach, rvlez-lui les secrets de votre me, com me si vous montriez au mdecin une mala die secrte, il aura soin la fois de votre honneur et de votre gurison. (Sermo de

baume

que ton cur, bont et t profondment afflig de voir celui qui, aux jours de son enfance, venait se prsenter si humblement ton confessionnal, et que tu as quelquefois condamn rciter, pour pnitence de ses pchs, les sept psaumes de la pnitence chaque jour; d,e le voir, dis-je, oubliant sitt la docilit de ces jours de foi humble et soumise, oser s'riger, Dieu ait piti de lui, en controversiste protestant
et.de.
!

douceur

CHAPITRE X.
L'Eucharistie.

Pnitent.).

en lisant ces passages, n'ai-je pas rappel mon souvenir les jours innocents de ma foi papiste, o, lorsque l'fois,

Combien de

Une lueur de protestantisme. Cette lueur Type, figure, signe, disparat de nouveau. Saint Cyrille de Jrusalem. Saint Cyprien. Saint Jrme. Saint Chrysostome. Tertullien.
etc.

poque rgulire des confessions tait arrive, j'avais coutume de partir de grand matin pour

me rendre

la chapelle de..., tremblant de frayeur la vue de la tche que j'avais remplir, mais fortement rsolu cependant de dclarer mes fautes, mme les plus humiliantes, sans le moindre dguisement? Oh! que je me rappelais vivement mme alors le moment o, prostern genoux auprs du confessionnal, et sentant mon cur battre plus vite l'instant o s' ouvrait la coulisse place au ct du confessionnal j'apercevais la douce et vnrable figure du bon pre O'H*'*, qui se penchait pour entendre le rcit de mes pchs que je lui dclarais voix basse! Le regard paternel du vnrable vieillard, la douceur de sa voix lors mme qu'il me rprimandait, l'espoir encourageant qu'il me donnait d'obtenir mon pardon, comme rcompense de la contrition et du changement de vie, tous ces souvenirs se reprsentaient alors mon esprit, dans toute leur fracheur, au moment o je lisais le touchant langage employ par quelques-uns des Pres sur ce sujet; langage dont voici un chantillon, tir des homlies d'Origne, composes lorsque le christianisme n'avait encore gure plus de deux cents ans d'existence, et qui peut s'appliquer tout aussi bien tant de confesseurs catholiques de nos jouis que s'il ne datait que
,

En passant en revue les doctrines papistes, qu'on rencontre dans le troisime et quatrime sicles, j'en ai rserv, comme on a pu le remarquer, une des plus importantes, celle
de l'Eucharistie, pour la traiter part. Le motif qui m'a fait ainsi agir n'est pas simplement la haute importance de la chose en ellemme, mais bien parce qu'il n'y avait que sur ce seul point que je croyais pouvoir me flatter d'avoir dcouvert quelques lgres lueurs de ce christianisme protestant dont j'tais en recherche. Pour les deux premiers sicles, je le voyais clairement, il fallait les abandonner comme dsesprs le langage employ sur ce sujet par saint Ignace, saint Justin, martyr, et saint Irne, m'avaient pleinement convaincu qu'en ces temps apostoliques l'interprtation papiste ou littrale de ces paroles Ceci est mon corps, tait la doctrine reue, et que les chrtiens de la primitive Eglise croyaient non-seulement la prsence relle et corpo: :

d'hier.

Que le pcheur examine seulement avec soin quel est celui qui il doit confesser son pch, quel est le caractre du mdecin si c'est un homme qui sache tre faible avec les faibles, qui pleure avec ceux
;

qui sont affligs, qui


de*s autres, afin natrez

comprenne
fois

la

manire

de sympathiser et de compatir

qu'une
et

aux peines que vous confait

son habitude

que vous aurez

l'exprience de sa tendre charit, vous puis siez suivre les avis qu'il vous donnera (II o mil. H in Ps. XXVII). Si nous d couvrons nos pchs, non-seulement Dieu, mais encore ceux qui peuvent ainsi appli quer des remdes nos plaies et nos ini quils, nos pchs seront effacs par celui qui a dit J'ai dissip vos iniquits comme un nuage, et vos pchs comme un brouil lard (H omit. XVII, in Lucam). Ombre de mon vnrable pasteur, ah si tu -avais pu abaisser un regard sur moi, au moment o j'tais ainsi au milieu de mes in,

mais encore au changement miraculeux de substance aprs la conscration. Cependant, dans l'tat o se trouvaient alors mes esprances, abattues et alors grandement refroidies, je me serais volontiers et avec joie content d'un seul trait de protestantisme, ftil mme de bien moins ancienne date. Aussi fut-ce avec une bien vive satisfaction que je trouvai, dans quelques-uns des crivains du troisime sicle, les mots type, antitype, figure, etc., employs en parlant de l'Eucharistie je croyais y voir un moyen d'chapper aux difficults de la prsence relle, pour m'attacher uniquement celle prsence vague et figurative, qui n'a plus rien de miraculeux et que les protestants ont adopte, d'aprs le principe qu'il faut rendre la foi
relle,
:

aise.

Toutefois la satisfaction que m'avait procure celle dcouverte ne fut pas de longue dure. D'abord je ne lardai pas m'apercevoir que l'emploi des mots type antitype , figure, n'est pas restreint ces quelques Pres, sur l'autorit desquels les protestants ont coutume de s'appuyer, mais que ces mmes termes ont t galement appliqus l'Eucharistie par plusieurs crivains dont les vritables opinions sur la nature de ce sacre,

ment sont

bien

connues pour tre aussi

DEMONSTRATION EVANGELIQUE. MOORE


52
dit saint

nettement prononces en faveur de la transsubstantiation qu'un eur papiste le peut saint dsirer. Ainsi le grand catchiste Cyrill'ede Jrusalem qui en exprimant ses sentiments au sujet de la prsence relle, va aussi loin que Rome soit jamais alle, n'en applique pas moins l'eucharistie le mot type, et de manire mme paratre justifier Popinion de ceux qui pensent que ce terme, tel qu'il est ici employ par les Pres, ne dsigne que les apparences extrieures; ou accidents, des lments eucharistiques. Sous le type du pain, dit saint Cyrille, on te donne le corps, et sous le type du vin on te donne le sang (1). De mme dans une des liturgies on trouve qui sont attribues saint Basile le pain et le vin offerts sous, le nom d'antitypes, tandis que dans la prire qui suit on invoque le Saint-Esprit le priant de bnir les dons et de faire (2) du pain le corps de Jsus-Christ, et du vin son sang. Si l'on peut croire l'authenticit d'un passage cit parBuliinger, et extrait par lui d'un manuscrit d'Origne, je ne vois point de raison de douter de la bonne foi de ce rformateur on cette circonstance: il paratrait qu'Origne prvoyait l'hrsie qui devait un jour s'lever sur ce point car il cherche prmunir les fidles contre cette hrsie, en se reportant aux propres expressions du Sauveur. I! n'a pas dit, observe Origne ceci est un symbole, mais ceci est mon corps voulant marquer par l que personne ne devait supposer que ce ne ft qu'un simple type (3). Un autre passage qui exprime la mme chose en des termes encore plus forts cit par ce mme savant est pareillement
, ,
,

Abraham

fut

dignement clbre,

Cyprien, elle dut tre prcde de la rprsenlation du sacrifice de Jsus-Christ dans l'of frande du pain et du vin. Noire-Seigneur tant venu raliser et accomplir celle figure, et s'est offert lui-mme dans le pain et le vin c'est ainsi que lui, qui est la plnitude a accompli la vrit figure dansl'image (Ep. 63, ad Ccilium). Envisageant aussi les pains de proposition qui s'offraient dans le temple des Juifs comme une figure de l'eu Il charistie, saint Jrme s'exprime ainsi y a autant de diffrence entre les pains offerts Dieu dans l'ancienne loi, et le corps de Jsus-Christ, qu'il y en a entre l'ombre et le corps entre l'image et la vrit ( Comment, in Ep. ad Titum ). Puis donc qu'il est vident quela croyance des chrtiens orthodoxes des premiers sicles tait que l'Eucharistie avait t figure dans les offrandes de l'ancienne loi (1) prtendre qu'ils ne voyaient qu'un type dans ce sacrement, ne serait-ce pas leur prter l'absurdit de n'en faire qu'un lype de type, une ombre d'ombre (2), rabaissant ainsi l'ide qu'ils avaient de l'importance de celle institution un degr d'estime moins lev encore et plus insignifiant que ne l'ont fait les sacramentaires et les arminiens de nos jours. Mais que tel ne fut pas sur ce point l'tat des choses, qu'il en fut mme tout autrement, c'est ce que je viens de montrer clairement; et nous verrons lout l'heure, en citant le langage toujours si brillant de saint Chrvsostome, sur ce sujet, combien leur tait pr
; ,
,

prolestant, Bullinger,

comme

extrait des
,

qui crits de Magnes, prtre de Jrusalem florissait dans le troisime sicle. L'Eucha ristie n'est point un type du corps et du sang, a comme I'ontfvoulu dire quelques hommes faibles d'intelligence, mais bien le corps et
le

d'Alexandrie, entre aunes dit (1) Saint Clment expressmeni que t Melchisilech distribua le pain elle vin, comme une nourriture consacre popr Tr,v fait/tetr* ZiloZ< tre un type de l'Eucharistie i
:

<

lr Tfpri-i e){ tutov zvya.pi7T /-i

S/l'Olfl.,

/.

IN

>

sang

(4).

Au

reste,

quoiqu'on puisse penser de l'auces

thenticil de

passages, je

vis,

mon

grand chagrin, que l'opinion catholique sur celte matire, n'avait pas besoin du secours de ces autorits douteuses. Car, bien loin de considrer l'Eucharistie comme purement typique ou symbolique, les premiers chrpensaient qu'elle tait tiens au contraire l'accomplissement ou la ralit de ce qui n'avait t que typique sous l'ancienne loi. Dans le le pain et le vin offerts par Melchisdech ils voyaient la prtre du Dieu Trs-Haut figure ou l'ombre du sacrifice qui (levai! tre institu, avec les mmes lments, dans l'Eucharistie; le type en un mol, du grand mystre dont l'Eucharistie est la ralit el la vrit. Afin que la bndiction donne h
,

en tant que cela n afrelle, fecte et n'altre en rien la loi en la prsence se rendre les catholiques peuvent trs-bien, et sans nullement inconsquents, appliquer l'Eucharistie sacrement, en les mois finure ou symbole, puisque tout doit tre un signe extrieur, et tant que sacrement sens par consquent une fiqureow symbole. C'est en ce sont ipie Pascal entend les ternies en question lorsqu'ds employs par les Pres; et, comme la manire dont un
(2)

Dans un certain sens,

et

si

grand homme a trait un point, de loi si vivement vais disput, ne peut manquer d'offrir de l'intrt, je rapporter ici ses propres paroles, qui portent un cala Nous croyons que ractre si marqu de clart substance du pain tant change en celle du corps i de Noire-Seigneur Jsus-Christ, il est prsent rcl:

liment au saint Sacrement. Voil une des vrits. figure L'autre est que ce sacrement est aussi une commmoration de la croix et de la gloire, et une
:

-n\. Yoil la foi

ique, qui

comprend ces

i
c

Lhrsie deux vrits qui semblent opposes. d'aujourd'hui ne concevant pas que ce sacrement contient tout ensemble et la prsence de JsusChrist
et sa figure, et qu'il soit sacrifice et

com-

(t) fcv txo) ykp ipTo 3i3ti 3V0 SiStsU 50 Xlf/tA,


("2j

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(3)
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ou

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T'jvto Itti
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sjti

o/KTtxf, ha,

voftiy t< tuttov e;v(.


TVlTOf

mmoralion de sacriiiee, croit qu'on nepeutadmelPar l'autre. tre une de ces vrits sans exclure ce sacelle raison, ils s'atlachent' ce point, que pas liecreinenl est figuratif, et en cela, ils ne sont celte vertiques. Ils pensent que nous excluons tant d'objections rite, et de l vient qu'ils nous l'ont

(4)

O* &TJV

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ToD W/JATO Kl TOU


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.

a.[/.a,TQt,

wsT-fi Tiv;

if.xy(/t'>;!7<t-j

rit

vouv,

(/.Zttov Si

miya

s.v.i

ou [A*. AUvei'S. 1 lieOSlCtiem.

Enfin, ils Pres sur les passages des'.11. _. qui le disent. r - .,1 ;i^- cn.il L. .i.ill nient la prsence relle, et en cela ils sont herti ques ( Pense, seconde partie ) >
.

63

VOYAGES A LA RECHERCHE D'UNE RELIGION.


,

cieuse l'assurance qu'ils avaient qu' la place des types et des ombres de l'ancienne loi, ils possdaient, dans le sacrifice de la loi nouvelle, la ralit et la substance (1). Aprs avoir dit que l'Eucharistie est l'accomplissement de la Pque figurative, il parle ainsi Combien ta saintet ne doit elle pas tre plus grande, chrtien , loi, qui as reu des symboles plus augustes que n'en contenait le saint des saints car ce n'est pas un chrubin, mais le Seigneur des chrubins, qui habile en vous; vous n'avez point l'urne, ni la manne, ni les tables de pierre, ni la verge d'Aaron, mais le corps et le sang de Notre-Seigneur (in
: :

Psal.
il

CXXXIII).

Ailleurs

(Hom. XLV1),

nire de s'exprimer sur ce mystre dont on n'avaitpointeud'exemple auparavant, eldont les protestants, en dsespoir de cause, ont voulu tirer avantage et s'en faire une ombre de plausibilit en faveur de leurs arguments contre la vritable doctrine catholique de l'Eucharistie. Le systme ou la discipline du secret que l'on peut regarder comme la cause de ces ambiguts on dirait presque de ces inconsquences dans ces saints Pres, forme un trait trop remarquable dans les annales de la primitive Eglise, et se trouve trop troitement li avec l'histoire tant de ce dogme que de plusieurs autres dogmes chrtiens pour ne pas lui donner un plus long dveloppement.
,

encore : Ce sang, mme en figure, effaait le pch. S'il avait tant de pouvoir dans le type mme (2), si la mort tait effraye ce point par l'ombre, dites combien ne doit-elle pas tre effraye davantage par la vrit elle-mme. Oui, les mystres de l'Eglise sont vraiment terribles; oui, nos autels sont vraiment terribles
dit
!

Discipline la doctrine Saint Paul. de la prsence relle. Saint Clment d'Alexandrie. Constitutions Quand la discipline du apostoljties. secret a-t-elle t le plus observe?

CHAPITRE XI. du secret. On cache

11

est vrai

que

les

mots

type,

figure, si-

Le systme dont

j'ai

parl la

fin

du cha-

gne, etc., ne se trouvent appliqus l'Eucharistie ni dans les Ecritures, ni dans aucun des crivains chrtiens orthodoxes des deux premiers sicles. Dans les Ecritures, les lments eucharistiques sont ordinaire-

pitre prcdent, en le signalant comme tant la cause principale de la restriction et de

ment dsigns par


et ce

les termes corps et sang ; langage, simple et sans quivoque, passe des aptres leurs successeurs immdiats dans l'Eglise chez eux, les expressions offrir, recevoir, manger et boire le corps et le sang de Jsus-Christ taient des phrases aussi familires que le sont chez nous celles de recevoir le sacrement, ou ad-

mme

L'ambigut qu'on remarque dans le langage de quelques-uns des Pres au sujet de l'eucharistie, est bien connu des savants sous le nom de discipline du secret; et plusieurs mme pensent qu'il est d'origine apostolique. Parmi ces imitations de la police religieuse des paens, si souvent allgues et galement reproches aux premiers chrtiens et aux

ministrer la communion.

commenc

avec Tertullien qu'a le langage public des Pres sur ce sujet, c'est de celte
c'est

On

peut dire que


ce

changement dans

une des plus frappantes, et qui s'apaux chrtiens de la primitive Eglise, est la distinction que l'on tablissait, alors entre les initis et les non initis, ou, en d'autres termes, entre les baptiss et ceux qui ne l'taient pas, et le soin religieux que
papistes,

plique

poque que datent ces priphrases,


quefois

et quel-

mme,

cette

ambigut dans leur ma-

de drober entirement ces derniers la connaissance de quelques dogmes de la foi plus cachs et plus augustes, dans lesquels, pour me servir du langage de l'aptre,
l'on prenait

il) Nous avons un autel, dit saint Paul, auquel n'ont pas droit de manger ceux qui servent au la bernacle ; et cependant , observe saint Thomas d'Aquin sur ce passage, ceux qui servaient au tabernacle avaient la ligure de Jsus-Christ dans leurs sacrifices. O serait donc alors l'avantage que la loi de grce prtend avoir sur la synagogue? Si la manne du dsert et l'Eucharistie ne sont galement que la figure de son corps, d'o vient que le Sauveur a marqu entre elles cette diffrence essentielle, que la

de Dieu renferme dans son cache. De mme aussi que, dans les initiations paennes, il y avait certains degrs par lesquels le candidat devait passer, non-seulement dans le but de se former la discipline et d'acqurir les connaissances qui lui taient
la

sagesse

mystre

est

premire n'tait qu'une nourriture miraculeusement forme dans l'air, qui ne donnait point la vie, tandis que la seconde est i le pain descendu du ciel, et que celui qui en mangera < vivra ternellement. (Saint Jean, VI) . Voyez les Confrences sur les mystres, loin. II, p. 279. (2) Eusbe dit dans le mme sens C'est avec raison que nous, qui clbrons chaque jour la mmoire du corps et du sang de Jsus-Christ et qui sommes honors d'une victime et d'un sacrifice bien plus excellents que ceux de l'ancien peuple, nous ne pensons pas qu'il soit sr de revenir aux anciens lments qui sont impuissants et ne contiennent que des symboles et des figures, et non la vrit. o* iari irUt Y,ywfJ.i9* K<tTiri7rrs7v tti Ta nrpiira. lu/.) acVr otoi:
.

ncessaires, mais encore pour exciter son ardeur et stimuler son zle, avant d'arriver au dernier terme de ses efforts comme de ses dsirs, de.mme, dans ces mystres de l'Eglise, ctabsolumenl pour les mmes raisons, il avait t tabli une srie de degrs que les catchumnes et les pnitents taient obligs de

/it-x

cufj.G(,).a.

zi

eikov*,

)X

t,x,

*irsv

&Xr,8itxi> irspiz-

xo'vra

(Dmenai. Evangl.)

parcourir pas lents, avant d'arriver ce terme suprme, o ils taient enfin jugs dignes d'tre initis la foi, et avanl que le grand mystre, l'eucharistie, comment leur tre communiqu. Jusqu' ce moment, non-seulement on empchait les catchumnes d'assister la clbration de cet auguste sacrement, mais mme on avait grand soin de ne leur donner aucune notion de sa nature, et on ne souffrait point qu'il en ft

58

DMONSTRATION VANGLlOUi:. MOORE.


briqu, c'tait une opinion universellemen rpandue que ces traditions et ces doctrine non crites, sur lesquelles l'Eglise abaissait le voile du silence, lui taient venues sous celle mme loi religieuse du secret des aptres eux-mmes. Nous recevons, dit sain 1 Basile, les dogmes qui nous ont t transmis par crit, et ceux qui nous sont venus des
aptres, sous le voile et le mystre de la tradition orale... Les aptres et les pres qui, ds le commencement prescrivirent l'Eglise certains Rites, surent conserver la dignit des mystres par le secret et le silence dont ils les envelopprent; car ce qui est livr aux yeux et aux oreilles n'est plus mystrieux. C'est pour cela que plusieurs
,

parl en leur prsence, si ce n'est en termes couverts. Le but principal de cette stricte rserve tait de garantir des railleries impies des infidles des doctrines que l'oreille de la foi seule tait digne d'entendre, et l'autorit sur laquelle on s'tait appuy pour adopter cette prcaution n'tait rien moins que l'ordre qui en avait t donn par Jsus-Christ lui-mme, Ne donnez pas les choses lorsqu'il dit saintes aux chiens, et ne jetez pas les perles devant les pourceaux. Que les aptres, en leur qualit de dispensateurs des mystres de Dieu, eussent observ la mme retenue et les mmes prcautions, telle tait l'opinion commune des Pres ; et ils se servent souvent des paroles de saint Paul (1 Cor., 111, 1 2) pour prouver que dj, de son temps, cette distinction entre Jes catchumnes et les fidles tait en usage. Pour moi, mes frres, dit-il l'endroit cit, je n'ai pu vous parler comme des hommes spirituels, mais seulement comme des personnes encore charnelles, comme des enfants en Jsus-Christ. Je vous ai nourris de lait et non de viande, car jusqu'alors vous n'tiez pas capables de les supporter, et vous ne l'tes pas mme encore maintenant. Si donc, dit saint Clment d'Alexandrie, en commentant ce passage , l'aptre a pu dire que le lait appartient aux enfants et les viandes ceux qui sont parfaits, le lait peut s'entendre du catchisme, qui est la premire nourriture de l'me, et les viandes, des doctrines caches. On voit aussi combien saint Jrme tait fortement convaincu que saint Paul agissait d'aprs ce principe, par sa rponse son ami Evagrius qu'il avait consult sur le sens d'un passage obscur de l'aptre, par rapport au sacrifice de Melchisdech Vous n'irez pas supposer, dit saint Jrme, que saint Paul n'aurait pu aisment s'expliquer plus clairement; mais le temps n'tait pas venu de s'expliquer ainsi. Il cherchait persuader les Juifs cl non les fidles, auxquels il aurait pu enseigner le mystre sans rserve. Si la curieuse collection connue sous le nom de Constitutions apostoliques avait quelque droit d'tre range au nombre des livres saints, comme Whislon s'efforce de l'tablir, l'origine apostolique de la discipline du secret ne serait plus un instant douteuse ; car ces constitutions ont t, ce qu'il parat, runies en une mme collection, sous l'empire de cette loi du silence, par un des collaborateurs de saint Paul, saint Clment, qu'on y fait parler en ces termes Les constitutions vous sont ddies vous, vques, par moi, Clment, en huit livres ; il ne serait point convenable de les mettre entre les mains de tous, cause des mystres qui y sont renferms.
: , :
:

choses nous ont t transmises sans le se-? cours de l'Ecriture, de crainte que le vulgaire, trop familiaris avec nos dogmes, ne vienne enfin passer de l'habitude au mpris
( De Spir. sanclo, c. 27). Quant au dbat qui, comme on le sait, s'est lev entre les savants pour fixer le moment prcis o la discipline du secret fut introduite

dans

l'Eglise, je n'ai point l'intention de m'y arrter. Quelques-uns, ainsi que nous l'avons vu, en font remonter l'origine une poque

aussi recule que le temps des aptres (1), tandis que d'autres prtendentqu'ellc n'a commenc tre mise en usage que vers la fin du second sicle d'autres mme contrairement toute autorit, ne la font dater que du quatrime sicle. Ce qu'il parat y avoir de vrai en cela, c'est que, ds le commencement de l'Eglise chrtienne, le principe de cette discipline tait dj mis en action.
; ,

Saint Paul et notre divin Sauveur lui-mme ont si fortement recommand une sainte rserve dans la promulgation des mystres de la foi, qu'il ne saurait y avoir de doute que ceux qui leur ont succd dans la charge d'enseigner l'Eglise n'aient suivi en cela, comme en toute autre chose, le prcepte de leur divin Matre. Mais quoique, comme principe, celle pr-

Mais quoique l'authenticit que Whiston de confrer ce livre avec un si grand luxe d'rudition soit maintenant gnralement rejete, cet ouvrage n'en fournit pas moins une preuve qu'au troisime ou quatrime sicle temps auquel il a t fas'est efforc
,

caution respectueuse par rapport aux mystres ail t, sans aucun doute, observe des elle ne la naissance mme du christianisme parat pas avoir t strictement prescrite, comme rgle de discipline, sinon vers la fin a peu prs du second sicle. La curiosit, et plus encore l'animosit amre qu'excita la propagation rapide d'une religion entirement mystres, fonde, ce qu'il semblait, sur des yeux inle progrs tait, pour des mais dont mystres, fidles, le plus grand de tous les rendirent ncessaire un surcrot de prcaualors le tions de la part de ses ministres ; et prcepte divin qui leur enjoignait de cacher aux infidles les choses saintes de la toi. commena vers ce temps-l tre suivi par eux avec une scrupuleuse exaclitude, proportionne au degr d'insolence et de vio,

de plus vive ardeur l'origine apostolique lenlzelius ,.i i.,.iic mi iVunniiire cle. Tenlzelius pline du secret, tandis que, d' commencement v ers la fut ci autres en rapportent le
la

(I)

Parmi

les

modernes, Schelstrale

dfendu avec
clisci-

la

du second

sicle.

57

VOYAGES A LA RECHERCHE D'UNE RELIGION.

'S

lence qui se manifestait autour d'eux pour percer le voile qui les couvrait.

CHAPITRE

XII.

Dogme del Trinit. Saint Justin. Saint Jrne. Htrodoxie apparente des Prs Elle s'explique par du troisime discipline du secret. Tcrtullicn. Origne. Lactance,
sicle.

la

etc.

Plusieurs savants crivains ont avanc que dogme de la Trinit n'tait pas compris au nombre des mystres auxquels s'tende cette discipline du dait la protection secret (1); mais une pareille assertiou est la fois inconciliable avec le but principal pour lequel cette loi avait t tablie et comme il sera facile de montrer, en opposition avec les faits. C'est en effet la pieuse horreur qu'on prouvait exposer aux. moqueries, et, ce qui tait pire encore, aux fausses interprtations des gentils, des mystres aussi augustes que celui de la Trinit, qui fut le principal motif qui dtermina les pasteurs adopter celte mesure de prcaution qui, sur quelques points, tels que les sept sacrements (2), les conduisit, ce que l'on pense, garder un silence absolu, mais qui, pour l'ordinaire, consistait simplement, lorsqu'il fallait parler de quelqu'un des mystres en prsence des infidles, se servir d'un langage tout la fois assez transparent pour laisser percer la vrit aux yeux des initis, et nanmoins assez obscur pour ne trahir devant les profanes, ni le matre ni sa doctrine. C'est avec cette, rserve et cette ambigut que Tertullien et quelques-uns des Pres qui sont venus aprs lui, parlent de l'eucharistie, et que, pour la mme raison, presque tous les Pres, jusqu'au milieu du quatrime sicle, se sont exprims plus obscurment encore sur la Trinit. C'est de ce dernier fait que je dsire plus particulirement convaincre le lecteur, car
le
, ,

produisit dans quelques-uns des premiers Pres cette ambigut de langage touchant l'eucharistie dont les protestants se sont prvalus pour soutenir leur schisme, produisit galement cette obscurit et cette inconsquence, plus grande encore, dans le langage des mmes Pres par rapport la Trinit , dont les Ariens se sont servis, avec non moins d'habilet en faveur de leur hrsie. J'ai dj remarqu que les crivains qui ont fleuri avant la fin du second sicle s'as-

treignirent beaucoup moins aux rgles svres de cette singulire discipline, que ne le fit aucun de ceux qui leur succdrent pendant les cent cinquante ans qui suivirent; et pour preuve de ce fait, je n'ai besoin que de rappeler ici que le mme illustre Pre, saint Juslin (1), qui, comme je l'ai dj dit, ne
craignit pas dans son mmoire adress aux chefs et aux princes de l'empire, de parler du dogme de la transsubstantiation, necraignit pas de parler aussi, dans le mme document public, du dogme mystrieux de la Trinit.

Je ne prtends pas vouloir dterminer jusqu' quel point la condition de ce Pre qui n'tait que simple laque, a pu contribuer le rendre un peu moins circonspect dans ses -crits publics mais il n'en est pas moins manifeste qu'il crut prudent lui-mme de dguiser, ou du moins d'adoucir certains points plus saillants du dogme de la Trinit et de ne les prsenter aux yeux des infidles que sous leur face la moins propre rvolter la raison. Comme il prvoyait bien qu'il ne pouvait manquer d'tre accus de polythisme par les Juifs et les gentils, il a bien soin, dans son Apologie de ne pas dire que le Fils est co-ternel au Pre; et mme dans quelques endroits, il semble dclarer expressment qu'il est d'une nature infrieure. Aussitt aprs Dieu, dit-il, nous adorons et nous aimons ce Verbe qui vient du Dieu ineffable et ternel. Et ailleurs, en parlant
, ; ,

du Logos ou Vcrbum

Nous ne connaissons

m'importe extrmement, dans la cause que je dfends, de montrer que le progrs de ces deux mystres, la Trinit et la prsence relle, a, dans tous les temps, subi peu prs la mme destine, et que la mme cause qui
il

pas, aprs Dieu le Pre, de matre plus royal et plus juste que lui. Le reproche d'htrodoxie qu'un pareil langage a attir sur saint Justin paratrait
n'tre pas sans fondement, si nous n'avions pas la discipline du secret pour le justifier pleinement, et s'il ne se trouvait dans le mme document d'autres passages o ce voile de rserve est cart et la vritable doctrine

(1) C'est mon avis, contre toute vidence, que Tenlzeliiis, Casaubon et autres, ont soutenu que ce

Trinit, ni aucun des autres dogmes de mais seulement les rites et crmonies des deux sacrements du Baptme et de l'Eucharistie qu'on voulait cacher aux non initis par l'observation de cette
n'tait ni la
la loi,

ouvertement enseigne

aux

initis.

Voici

discipline.
(2) C'est l'observation de la discipline du secret que les crivains catholiques attribuent le silence ab-

solu qu'ils reconnaissent avoir l gard au sujet des sept Sacrements dans tous les monuments authentiques qui nous restent de l'antiquit. Suivant Schelsirate,

disci(i) Pour Scbelslrate, qui prtendait que la pline du secret tait dans toute sa force et toute sa vigueur dans le second sicle, cet exemple de hardiesse de la part de saint Juslin manifester aux gentils le dogme de la transsubstantiation doit natu-

un de ceux qui expliquent


:

ainsi ce fait, ce n'est

qu'au septime sicle qu'on trouve quelque mention des sept Sacrements < Sipervolvamusmniaantiquilalis monument, si persci utemur cuncla anliquissimorum Palruin scripta, si investigemus ipsa synodoniiii dcrta, nulluin libruin, nulluffl decrelum reperiri, quod anle seculum septitnum egerit de septein sacramentis , eorumque ritus exposucrit (Sclielst. de Discipl. Arc.) t

..

rellement paratre une chose embarrassante, et propre le dconcerter. Cum enini. romaniim senalum genlilem lune fuisse, Antoniuum quoque cum ejus fioslendi dbet quoliis paanos exlilisse cerlum sit, modo salva disciplina arcani, lam clare de baptismi polucrit rilibus et eucharisti sacramentis Iractarc Justinus. La solution qu'il donne de cette difficult parler avec est que saint Justin se trouva amen . les tant de hardiesse, par la ncessit de venger
chrtiens des calomnies dont
ils

taient alors l'objet.

59

un de ces que la croyance pure et orthodoxe, celle qui reconnat que le Fils est engendr, mais non

DEMONSTRATION LVANGELIQUE. MOORE. passages qui montre clairement opinion sur ce qu'ils reprsentent

00

ce martyr

cr, et qu'il est avec le Pre de toute ternit, tait la doctrine transmise saint Juslin, et par lui enseigne aux baptiss. Mais son Fils, qui seul est proprement appel

son Fils,
turs.

le Verbe, qui tait avec qui est engendr de lui avant les

lui,

et

cra-

Un autre crivain de la mme poque, saint Irne, peut tre cit comme plus remarquable encore pour la manire hardie dont il a os lever le voile qui couvrait le sacrifice de l'eucharistie et plus encore le grand mystre
de l'ternelle gnration du Fils de Dieu. 11 a tellement surpass en hardiesse tous ceux qui l'ont suivi, par la manire dont il a dvoil les profondeurs qui cachaient ce dernier mystre, qu'il est le seul dans les crits duquel Whiston avoue qu'on trouve quelque trace de ces ides sublimes de la Trinit que ce mme Whiston ne veut point admettre ; mais qui, bien que dpouilles en apparence de leurs rayons, pour un temps, ont t dans tous les sicles, la doctrine invariable de l'Eglise. C'est pour n'avoir pas fait attention aux consquences de la discipline du secret que Whiston et d'autres sont tombs, par rapport la Trinit, dans la mme erreur exactement que sont tombs, par rapport la prsence relle, d'autres thologiens protestants.

parlant ouvertement del Trinit devant les empereurs Philippes encore infidles, prtendant que c'est l une violation de la loi du secret sur ce point, dont il n'est point probable qu'aucun chrtien, cette poque (1), et voulu se rendre coupable. Si nous n'avions pour former notre jugement que quelques passages dtachs de Tertullien, d'Origne et de Lactance, nous serions forcs de conclure avec Whiston que le dogme de la Trinit, tel qu'il est cru maintenant, n'est pas celui de la primitive Eglise, ou bien de supposer que la vrit de ce divin mystre, aprs avoir brill clairement et dans toute sa puret dans les crits de saint Justin et de saint Irne, ait t clipse et perdue pendant l'espace de cent cinquante ans. Pour ne citer ici qu'un exemple des inexactitudes de langage et d'expression touchant les rapports entre le Christ et Dieu, que les Pres du troisime sicle ont laiss glisser dans leurs crits, nous n'avons qu' rapporter le passage suivant de Tertullien sur ce sujet, justement regard comme oppos la vritable orthodoxie Dieu n'a n'a pas t toujours pre cl juge, puisqu'il ne pouvait tre pre avant d'avoir un fils, ni juge avant que le pch n'existt et il
:

fut

un temps o

le

pch

et le fils n'taient

pas.

y a vraiment une grande diffrence enlangage tenu par saint Justin et saint Irne sur ces deux dogmes, et celui dont se sont servis les Pres du sicle suivant, quand le systme du secret commena tre strictement observ et qu'au milieu des orages que les perscutions amoncelaient autour de leurs ttes, les ministres de la foi ne trouvrent plus de protection pour eux et pour leurs doctrines que dans ce saint et religieux silence. Rien assurment n'est plus propre montrer d'une manire plus frappante la diffrence qui sous ce rapport, distingue ces deux poques, qu'en mettant en parallle la conduite de saint Justin avec celle de saint Gyprien, dans des situations peu prs semblables. Le premier comme nous l'avons vu dans son Apologie du christianisme, adresse aux princes de l'empire, hsita si peu leur ouvrir le sanctuaire de la foi, qu'il
Il

tre le

crainte d'attirer sur eux, de la part des gentils, l'accusation de polythisme, parat avoir t un des principaux motifs qui ont inspir ces saints personnages cette rserv e eu parlant de la Trinit; et, pour se con-

La

vaincre combien non-seulement les paens mais quelques hrtiques mmes taient disposs faire tomber sur ce dogme celte ac,

cusation de polythisme, il suffit de savoir ce que dit Tertullien des sabelliens de son temps, que la premire chose qu'ils demandaient aux orthodoxes, en les abordant, tait celle Eh bien ci mes amis, croyez-vous en un
:
!

trois? C'tait videmment pour combattre cette impression fcheuse, que saint Cyprien, comme nous l'avons vu dans sa lettre au proconsul d'Afrique, se

seul Dieu

ou en

exposa devant eux ses deux grands secrets prsence relle; tandis que saint Cyprien, amen de mme prendre la plume pourla dfense desa religion, n'osa pas
,

la Trinit et la

s'avancer plus loin, dans la lettre qu'il publia cette occasion, que de parier du dogme de l'unit de Dieu, sans dre (ni seul mot de la Trinit el des sacrements mystiques de
l'Eglise.

d'y tablir seulement l'unit de qu'un autre savant pre, Lactance, un demi-sicle aprs, jugea prudent d'met Notre Sauveur tre la dclaration suivante nous a enseign qu'il n'y a qu'un Dieu, et qu'il ne faut adorer que lui seul mais il n'a pas dit une seule fois qu'il ft lui-mme Dieu; car il n'aurai! pas t fidle sa mission, si, tant envoy comme il l'tait pour dtruire le polythisme el tablir l'unit de Dieu il en avait introduit un

contente
;

Dieu

et

chrtiens du temps de saint Cyprien s'abstenaient si scrupuleusement dfaire mentiou de la Trinit devant ceux qui n'taient pas initis, que le savant Schelstrate, dans son examen des actes du martyr saint Pontius, qu'il regarde
sait,

On

en

effet,

que

les

comme

supposs, appuie principalement son

(1) On ironv aussi quelques exemptes de celle observation slricte el rigoureuse de la loi du secret dans le second sicle. Ainsi nous voyons le martyr Alexandre, en prchant aux prisonniers, ne faire aucune menlion du Saint-Esprit, ni du mystre de la Triniic; cl lorsque Marc-Auile lui ordonna d'expliquer lous les dogmes de sa foi, il rpondit que JsusChrist ne permettait pas de meure les choses sainie devant les chiens.

61

VOYAGES A LA RECHERCHE D'UNE RELIGION.


Ce n'et pas
t

63

autre, outre le seul Dieu.

;m d'une manire

orthodoxe

dans d'au-

alors prcher le dogme d'un seul Dieu, ni faire les affaires de celui qui lavait envoy, mais bien ses propres affaires (De vcra sa picnt.).

tres parties de ses crits, l'galit parfaite du Fils avec le Pre dans- la Trinit, qu'il a forc l'vque protestant Bull, le dfenseur

encore galement dans le but de dissiper les prjugs qu'on savait qu'avait
C'tait
fait natre contre le christianisme la fausse ide que, comme le paganisme, il autorisait le culle de plusieurs dieux, qu'Orignc, dans son Trait de la prire, va jusqu' nier qu'on puisse adresser Jsus-Christ des prires ou des actions de grces Mais si nous com prenons bien, dit ce Pre, ce qu'est la prire, nous devons prendre garde qu'au cun tre cr n'en soit l'objet, non aucun ,
:

mme le Christ mais seulement le Dieu et le Pre de. l'univers que notre Sauveur a pri lui-mme comme nous l'avons dj expliqu, et qu'il nous apprend lui-mme prier; car, lorsqu'on lui dit un jour Apprenez-nous prier il ne nous apprit pas le prier lui-mme mais son Pre, en disant Notre Pre, qui tes dans [es deux. C'est pour n'avoir fait attention qu' de semblables passages que non-seulement les calomniateurs des Pres tels que Daill et Jurieu mais mme des catholiques d'un talent distingu, tels que Ptau et Huet (1), ont

pas

par erreur accuser d'ariadocteurs de la primitive Eglise tandis qu'un peu plus de lionne foi dans quelques-uns des thologiens que nous venons de nommer, et un peu plus d'attention dans les autres, les aurait mis mme de citer des crits de ces mmes Pres, qui furent composs dans des circonstances qui les laissaient plus libres de dvelopper les mystres de leur foi des passages o le dogme de la Trinit se trouve exposdans toute la puret desa primitive orthodoxie et incomprhensible grandeur. Ainsi Tertullien, qui, comme nous l'avons vu, en s'adressant au stocien Hermognes, a pu s'carter tel point de l'exposition vritable de ce dogme qu'il dclare qu'il fut un temps o Dieu n'tait pas pre et n'avait pas de fils n'a pas laiss, dans sa Dfense de la Trinit contre Praxas, de donner des preuves convaincantes de sa foi en la coexistence ternelle du Verbe avec Dieu et d'exprimer, dans une seule phrase, l'union consubstantielle des trois personnes divines avec autant de prcision et d'exactitude
t conduits,
,

nisme

les

de VAnathme de Nice, de louer sa parfaite orthodoxie. L'action naturelle de cette sage discipline qui a rpandu dans les crits des Pres dont nous venons de parler ces inconsquences apparentes se manifeste clairement dans Io cours des ouvrages de saint Clment d'Alexandrie. Dans quelques-uns de ceux qu'il a composs les premiers il soutient expressment l'galit du Fils avec le Pr" (1) tandis que dans les suivants, scit par mesure de prudence, soit par une sorte d'admiration qu'il a si hautement professe (2) pour la sagesse occulte des Grecs, il renonce cette vue si hardie de la nature du Rdempteur, et ae le reprsente plus, en gnral, que comme un tre cr et subordonn. Que celte rserve et cette ambigut au sujet de la Trinit ait continu d'tre en usage jusqu'au milieu du quatrime sicle; c'est ce que prouve le passage suivant fort remarquable d'une des catchses de saint Cyrille de Jrusalem, et qui confirme en mme temps tout ce que j'ai dit sur ce sujet Nous ne dclarons pas aux paens tes mystres con cernant le Pre, le Fils et le Saint-Esprit ; nous ne parlons mme pas ouvertement de ces mystres aux catchumnes ; mais nous disons souvent beaucoup de choses en termes obscurs, de manire que les fidles qni en sont instruits puissent les compren dre et que ceux qui ne les peuvent com prendre n'en puissent tre choqus.
, ,

CHAPITRE
Dogme

XIII.

de l'Incarnation. Importance que Jsus-Christ lui-mme y a attache. Saint Jean. VI. Saint Ignace. Rapports entre l'Incarnation et la prsence relle. Cette dernire doctrine cache par les Pres. Preuves de ce fait.

Aprs avoir insist si longuement sur l'influence que cette mesure de police, appele discipline du secret, a si videmment exerce sur les crits des Pres touchant la Trinit
,

j'essaierai

que

dans la suite saint Athanasc propres paroles Una substantiel in tribus cohrcnlibus. De mme Origne, malgr les passages que j'ai cits plus haut qui font descendre si bas notre Sauveur dans l'chelle des tres, qu'il ne le place qu'au rang des tres crs et secondaires, a expril'a

fait

voici ses

maintenant de montrer que la mme influence a aussi agi, quoiqu'assurmentdans plusieurs cas avec beaucoup moins de force, sur les crits publics de ^cs mmes Pres louchant un dogme non moins vital et non moins mystrieux celui de l'Eucha,

ristie.

remarquer que c'taient principade leur foi sur lesquels ils se sentaient le plus exposs au reproche de les avoir emprunts la thologie paenne
Il

est

lement

les articles

(1)

Ses paroles sont,

.-i

je

me

les rappelle bien

en parlant des opinions hrtiques qui semblent exister dans les passages des Pres que j'ai cits, donie s'il doit les attribuer l'impit ou l'ignorance. Mais la rserve d ms laquelle ils taient forcs de se renfermer, l'poque o ils crivaient, nous donne la viv^leelcl' de toutes
(1)
,

Ce savant catholique

ces difficults.

les paroles de saint Paul Nous parsagesse de Dieu dans un mystre, et mmo un mystre cach, saint Clment remarque que le .saint aptre observe iei ce silence prpphlique et rellemenl ancien, o les philosophes de la Grcu avaient puis leurs excellentes doctrines.

(-2)

En citant
la

lons de

DEMONSTRATION EVANGELIQUE. MOORE.


prenaient un soin tout spcial de couvrir de la protection de ce silence
les chrt.ens

G4

que

sacr. De ce nombre tait ainsi que je l'ai dj montr, le mystre de la sainte Trinit; il Faut y joindre encore les grands mystres de la gnration du Verbe et de l'incarnation, cause du danger qu'il y avait craindre qu'ils ne fussent mal compris. Le premier de ces mystres tait reprsent par les philosophes paens comme issu des ides grossires qui avaient dict la gnalogie des dieux du paganisme tandis que l'Incarnation du Verbe ternel tait compare par Celse et autres railleurs de mme sorte aux mtamorphoses subies par Jupiter dans ses diverses aventures amoureuses. Aussi le premier des points essentiels de la foi louchant l'uvre de la rdemption que les chrtiens
, :
,

eux-mmes, en voulant prendre pour guide leur jugement prsomptueux, osrent mettre en question fut-il l'incarnation du rdempteur. Sous les yeux mmes de notre Sauveur s'leva, ainsi que nous l'avons vu, une secte d'hrtiques (1) qui, refusant de croire qu'un esprit si pur et pu se revtir d'une chair corrompue, aimrent mieux nier son humanit et par l mme anantir sa mission de rdempteur, en dtruisant le seul lien entre la nature divine et la nature humaine au moyen duquel pt s'effectuer une rdemption qui participt de l'une et de
,
, ,

l'autre.

Arrter

les suites

fcheuses decette hrsie

ne, pour ainsi dire, avec le christianisme, et confirmer la vrit de la manifestation ou apparition de Dieu dans la chair, dut
(

videmment un des soins les plus empresss tant de notre Sauveur lui-mme, que de ceux qui agissaient sous son autorit.
tre

erreur aussi dangereuse; et, de fait, non seulement le zle et la vigueur avec lesquels il analhmalisc cette hrsie dans son Eptr, mais encore le soin qu'il prend, comme vangliste de convaincre le monde de la vrit de la mort de Jsus-Christ, et de la ralit du sang et de l'eau qui sortirent de son ct entr'ouvert, rendent cette supposition relativement au but dans lequel il a compos ce rcit sacr, tout la fois naturelle et raisonnable. Or c'est dans le sixime chapitre de son Evangile, ce chapitre si remarquable, dont le gnie des thologiens protestants travaille si inutilement dtruire et repousser le tmoignage en faveur de la nature et des effets merveilleux de l'Eucharistie, qu'on trouve la plus forte preuve de l'importance vitale qu'on attache, dans le systme chrtien , tablir la vrit de la chair et du sang de Jsus-Christ. On ne saurait douter que, comme dans son l'objet principal de saint Jean Evangile, tait de rfuter et d'teindre cette pernicieuse hrsie, qui en niant la ralit de la chair de Jsus-Christ aurait ravi au genre humain le bienfait de son incarnation, de mme l'emphase avec laquelle il nous montre ici notre Sauveur insistant sur les prcieux fruits de bndiction et de vie que l'eucharistie ne cessera jamais de produire, n'a videmment point d'autre but que ce but si important et si essentiel. Il veut montrer de la manire la plus nergique que ce merveilleux sacrement tait en quelque sorte , une consquence du mystre de l'incarnation, et que les bienfaits et les grces puissantes que ce dernier mystre a procurs au genre humain, le premier devait les perptuer et en rappeler le souvenir dans toute la suite des sicles (1).
, , , ,
,

Quand nous n'aurions

d'autre preuve de l'existence de cette erreur touchant sa propre nature, le soin qu'il prit dans son entrevue avec ses aptres , aprs sa rsurrection , de
les

convaincre de

la ralit

de son corps, en

leur faisant loucher ses membres et en mangeant en leur prsence, suffirait pour prouver et qu'il s'tait lev des doutes par rapport son humanit et l'immense importance qu'il attachait aies dtruire. Touchez-moi, dit-il et voyez car un esprit n'a ni chair comme vous voyez que j'en ai ou ni os bien, comme on le fait parler dans un livre apocryphe (2), cit par Origne Je ne suis pas un esprit sans corps. Dans la premire Epitre de saint Jean , les hrtiques qui niaient la ralit du corps de Jsus-Christ sont dnoncs en ces termes Tout esprit qui confesse que Jsus-Christ est venu dans la chair est de Dieu et tout
,

les plus clairs et les plus produits soit pour prouver que le cliap. VI de sainl Jean s'applique l'Eucharistie, soil pour tablir la liaison qui existe entre l'Eucharislie mme et l'Incarnation, on peut compter ceux qui ont t apports par le fameux Brelschneider dans sou Trait sur l'Evangile et les Eptres de saint Jean. L'opinion de cet crivain n'en est pas moins digne d'attenlion parce qu'il tait personnellement tout fait dsintress da:is la dcision de celte question , au moins telle nu'elleexisleenlre Icsprotesiautsellesca(I) les

Parmi

arguments

forls qui ont cl

esprit qui ne confesse pas que Jsus-Christ soit venu dans la chair n'est pas de Dieu. C'est l cet esprit de l'antechrist dont on nous a prdit la venue; et dj maintenant

il est

dans

le

monde.
,

On pense que

le

but

principal que se proposa cet aptre, en cri-

vant son Evangile


(1) Le:

fut

de combattre une

Iholiques; Tobjetde son livre n'tant rien moins que de prouver que cet vangile n'tait pointdu tout l'ouvrage de sainl Jean, mais celui de quelque imposteur gnoslique d'une poque plus rcente. Je vais ajouter ici pour les lecteurs instruits, un passage de son Trait, o, comparant ce que dit saint Ignace des Docieset de la rpugnaneequ'prouvaientees hrtiques pour la docirine de la prsence relle, avec les promesses laites par Jsus dans le VP cliap. de saint Jean, Brelschneider montre que le langage de nuire divin Sauveur lait dirig contre leur hrsie, et n'avait point d'autre objet que d'tablir, en opposition leurs ides sur ce sujet, la ralit et la vrit de sa chair dans le sacrement. < Non vero omnibus eamdem fuisse senlentiam, et docelasnominalimnegasse in Euckarislia adesse Jesu carnem sive corpus , ex Ignalii Epislotis videmus, quai vcl maxime non siui genuin tamen huud dubie sweulo secundo dcbenlur. Hic vero, et quidem Episl. ad Smyrneos, c. VI, p. 57, edit. Cleii., legilur locus, miruni in modum cum noslro congruens. lgnalius enim de
,

(2)

La docirine de

sainl Pierre. Origcn. de Princip.

docetis, Ex*f>isrta., inquil, xat npocrujxi.t (irf est, /"'''cum in Eucliaristia faciendarum, puto tj{ frw*x>>;&>{

65

VOYAGES K

M RECHERCHE

D'UNE RELIGION.
,

6G

Que ce soit l le vritable jour sous lequel notre Sauveur a prsent lui-mme ce sacrement dans le mmorable discours qu'il fit entendre dans la synagogue, Capharnaiim, il n'est personne qui ose le nier, sinon ces esprits pervers qui cherchent plier la parole de Dieu leurs ides tmraires. Un des principaux motifs, dit un savant crivain protestant, qui portent les thologiens mo dernes nier que le chap. VI de saint Jean doive tre entendu de l'Eucharistie c'est que les effets et les consquences qui y sont attribus la rceplion de la chair et du sang de Jsus-Christ, et surtout la vie ter nellcet toutes les bndictions vangliques sont trop grands et qui y sont attaches trop prcieux, pour qu'on puisse les appli quer la communion (1). Rien assurment de plus juste et de plus naf .que celte remarque. De l en effet, tous les dtestables expdients auxquels ont recours les thologiens de l'Eglise d'Angleterre (2), pour ravir la doctrine catholique
, ,

l'appui que lui offre ce chapitre et fournir lux prolestants le moyen de rabaisser le caractre miraculeux de l'Eucharistie aux ides basses (1) qu'en ont conues les sociniens et les hoadleytes. Mais ils ont contre eux le sentiment unanime de tous les grands docteurs du christianisme, et, par-dessus tout, des premiers dfenseurs de la foi. Saint Ignace ,cet homme apostolique, qui avait t le disciple de celui-l mme qui a crit ces choses et qui avait sans doute appris de la bouche mme du saint vangliste le sens et le vritable esprit de ce chapitre, voyait videmment dans la promesse de la vie ternelle qui fut faite en cette occasion, non une leon vaguement allgorique de foi ou de Joctrine mais l'assurance claire et positive l'une rsurrection et d'une immortalit bienheureuse, qui doit tre le fruit de cette communion au corps de Jsus-Christ, dont on devient participant en mangeant sa chair et
,

lov mzy.d.rof
El^ttptTt'av

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S/Val

rrex^fii S ta to [x-t\ ftoloyzv tv,v TO Swn'jOo; yijW-V ]r,<s0V XfUTO,


XjOlTTOT^Tt
<ro

TV TTff

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JjUV ITetOuTa.V, Y,V T]

1t-

buvant son sang dans l'eucharistie. Aussi saint Ignace parle-t il de ce sacrement dans un langage qui ne peut tre justifi par aucun autre endroit de l'Ecriture que ce chapitre de saint Jean car en vertu des privilges et
:

Trf

r,yzip sve ol

ouv scvri XsyovTSs

ti iiiptv.

so
(

cvt)-

toDvt5 nFt9v*ioxotti auvefifev

Sj

*5ro?t

o-.yirrav

id est,

des effets qui y sont attachs il l'appelle la mdecine de l'immortalit et l'antidote contre
,

Agapen eelebrare) hx xai Amnartvi. Vide veto quam apla sinl ea qu Jesu in nosiro loco iribuuntur, ad refellendos ejusmodi Eucharisli contemplores
!

la

mort

(2).

1 Negant
<rpxa
tlvat

T;,v tixapio^iw
iaoy,
frv

1 Affirmant Jsus, v. 51
3

Toy

ynt'

pT; v lyw $wo"w ^ o"o


w<w

y.oy o-r-.v

u.ap-tiwv ^y-r

T:aOciyffav

qv l-(

yp
'.

ttj;

Toy xodu-oy
u.oij

SUT?.
--fftl

V.

00

ffo^

>.TJto;

Pcixn, xal
cocri;.

to a^a

|ioy V'jOaj

tffti

2 Appellalur e C/;n's(j
toy.

2 vieillir

a&tl, v. 51

58

$tlpta -coy

Apx;, tx toy O'ioavoy

x'/7cio-a;.
,

Dicuntur advenant Eucharisli et corporis Domini Tyr.TOVTt; ilto9v)eiv, j/rtC speimmortalitalis etse, cum contra si Eucharislia uterentur. efficeretur ivn ai msto-iv,
<

' 5

3 Doccf Jev.s

majores

Jndorum panem clestem

V.

Mosis quidem comcdis>.e, sed lumen mortuos esse, v 49,58. Negal. v. 53 v T*"r
.

tTjv

<rpxa toy yioy Toy vOinoy, xai

eton

ip.si, !<t

reliqui fide

mv-jTt

ayToy t ay.a

les,

resur grent ad vilam.

iv 6OUT0T5.

55

K&l ittvuv

Affirmai contra, O Tpywv [ioy xqv ffpxa, y-o to cay?., t)r tOTpi lw
tyj

oyx t^tte wiqv

vio\, xa\ y) vctffTfjffbi ay-v

a-

image figurative dont il se servait pour faire connatre aux Juifs qui l'entouraient le devoir et l'obligation qu'ils avaient de recevoir et de digrer dans leurs curs toute sa doctrine, comme tant la nourriture et la vie de leurs mes. > Le D. Waterland, qui n'approuvait ni l'interprtation du !). Wliitby, qui ne voit dans les paroles du Sauveur qu'un pur enseignement, ni celle de l'voque Hoadley, qui rduit le sacrement de l'Eucharistie une simple commmoration est d'avis que le chapitre en question peut s'appliquer l'Eucharistie, mais qu'on ne peut l'interprter e l'Eucharistie; puis il produit une iboriede sa faon louchant l'action de manger et de boire spirituellement, du mrite de laquelle on peut se faire nue ide quand on voit que ce docteur, qui dsapprouve le sentiment de Wliitby, qui veut l'aire manger des doctrines, interprte lui-mme un passage de saint Paul (Hcbr., XIII, i0) dans le sens de manger l'expiation ( llevew of the
,

Zatij

f|/.oa.

irfc'/K

promill. 50,

51,57. non sanglant. Wliitby, adoplanl srieusement ce mode d'interprtation allgorique et anagogique que saint Clment d'Alexandrie et Origne employaient pour difier la pit de leurs auditeurs, a eu le Iront de soutenir que par les expressions manger sa chair et boire son sang, en saint Jean ch. VI Jsus-Christ ne veut rien dire autre chose que croire en su doctrine. Sur cela Johnson remarque que a II faut avouer < cwie si noire Sauveur, par manger sa chair et boire dire autre chose qu'une 1 son S Hgi n'a voulu rien le recevoir, ebose aussi simple et aussi claire que < lui et sa doctrine, par la foiel l'obissance, il a enlangage le < vehqq) ses penses sous les voiles du moins naturel. Et Ailleurs encore On peut tout
(1) Johnson, Sacrifice
(2) Ainsi le
l).
,
, :

doctrine of the Euchnrhl., p. 145)! Afin de se dbarrasser aussi du tmoignage de saint Ignace en laveur du sens vritable du ch. VI de saint Jean , le docteur Waterland soutient que ce saint homme, lorsqu'il dit qu'il possdait le pain de vie ne

pensait aucunement l'Eucharistie, mais qu'tant sur le point de souffrir le martyre, il n'avait en vue que l'espoir de manger la chair de Jsus-Christ dans l'autre vie (p. 155)! Telles sont les folies o sont srs d'tre entrans ceux qui cherchent mettre en question ce qui ne saurait tre mis en question.
(1) Si quelqu'un pense que le rite insiitu par Noire-Seigneur lui-mme, dans une circonstance aussi grave et aussi remarquable est d'un caractre bas cl vil, etc., clc. (Evque Hoadley, Explication simple et claire de la nature et de la fin du sacrement de la cne
,

du Seigneur).
(2) Dans ses remarques sur la manire imparfaite et dfectueuse donl le docteur Wliitby s'efforce d'expliquer le sens des y 1G et 17 du ch. X de la premire Epine aux Corinthiens, Johnson dit Tout ce que peut faire le savant docteur Whilhy pour chapper la force de ces expressions est de dire On peut dire
. :
:

que nous mangeons et buvons la < Trinit en croyant en elle que de dire que nous 1 mangeons le corps du Cli/'fit par l seulement que nous croyons en lui. i Vint ensuite i'vqu Uoadlry, qui, rejetant toute application du chap. VI de saint Jean l'Eucharistie, prtent! que le discours de noire Sauveur dans la synagogue n'est qu'une sublime reprsentation ou

aussi bien

dire

que

le

pain

rompu

et distribu est

la

communion on
tant
la

participation

du corps du Christ,

comme

par

67

DEMONSTRATION EVkNGELIQUE. MOORE.


,

6*

La conduite tenue par les gnostiques est une preuve vidente qu'ils comprenaient parfaitement l'ide que les catholiques avaient de l'Eucharistie, savoir, qu'elle tait une partie et une extension du mystre de l'incarnation. C'tait pour celte raison que les doccomme nous l'avons vu s'absentaient les des assembles du culte public, non que la
, ,

mme point de vue, le regardant non-seulement comme une continuation mais encore comme une extension de l'incarnation (1).
tablit

dans sa manire d'interprter l'Eucharistie dans un sens fantastique et tout spirituel, levt aucun doute contre ce sacrement, mais parce qu'ils ne voulaient pas, en communiquant avec les orthodoxes, souscrire la foi, la ralit de la chair prsente, qui tait, on le savait bien, la croyance de ces derniers. On pourrait galement produire un grand nombre de passages des Pres en preuve qu'ils envisageaient ce sacrement sous le
secte, en gnral
,

licipatinn

et

du pain qui reprsentait son corps bris ; coupe, laquelle plusieurs boivent peut s'appeler la participation du sang du Christ, comme tant la participation du vin nui reprsentait son sang vers.
la

exemple, saint Grgoire de Nysse en ces termes une comparaison entre Le corps du Christ, dit ces deux mystres ce Pre, tait, par l'habitation du Verbe de Dieu, lev une dignit divine; et ainsi je 'rois maintenant que le pain sanctifi par la parole de Dieu est chang au corps du Verbe deDieu. Cepain, connue ledit l'aptre, est sanctifi par la parole de Dieu et pur tu prire non que, comme nourriture, il passedans le corps, mais en ce qu'il est instantanment chang au corps du Christ, conformment ce qu'il a dit Ceci est mon corps. Ainsi donc le Verbe divin se mle lui-mme la faible nature de l'homme, afin quen participant la divinit, notre humanit soit exalte (2). Nous voyons de mme saint Ambroise si-, gnaler la mme analogie entre la chair difie et le pain difi. Aprs avoir exprim
Ainsi, par
:
, :

Od

peut

dire, on peut

qui lait entendre que si sens trs-loign et trs impropre, uniquement en vue d'empcher que notre Sauveur et l'aptre ne
soient accuss d'absurdit- > Quant la tentative faite Wh'ubyde ranger le texte ceci est mon corps, dans Les trois branches sonl trois jours; la classe de ceux-ci les sepl vaches grasses sont sept annes (Gen., XI!, 1G) ; tes quatre grandes bles sont quatre rois ( Dan., VII,

appeler, dit le docteur; ce on parle ainsi, c'est dans un

par

(1) En appelant l'Eucharistie une extension de l'incarnation, ils entendaient par l que, tandis que dans ce dernier myslre, le Christ ne s'tait uni qu' une nature individuelle, sans s'unira aucune personne, dans le premier, il s'unil non-seulement toutes les natures individuelles, mais aussi toutes les personnes. Eam quam ideirco Patres incarnationis extettsionem appellarunt. In Ma enim uni individu natur

vous tes celte tte d'or Dan., il 5S ) Johnson s'exprime ainsi: < de sorte qu'il paratrait que le pain de l'Eucharistie, au jugement de ce docteur, ne se rail le corps du Christ, que de la mme manire seu lenient que la (ie d'or de la vision de Daniel tait Puis il ajoute: Notre Sauveur < Nabuchodosnr ayant positivement affirm, ceci est won corps, le t docteur Whilby, par un sentiment de dlicatesse, se croit oblig de ne pas contredire Jsus-Christ, et c'est ce qui le porte reconnatre qu'on peut dire,
17)
; ( ,

qu'on peut appeler, etc., absolument conmio il est dit, que les trois branches sont trois jours. Mais saint

Irue , saint Justin martyr, et saint Ignace ^n'ont pas ainsi rduit la vie cl l'efficacit du sacrement i de simples types morts cl vides. Le savant crivain que nous venons de citer rapporte le passage suivant, fort remarquable de saint Augustin, qui confirme la doctrine catholique sur la haute autorit de la tradition et sur la nature vitale de l'Eucharistie, telle qu'elle est prsente dans saint Jean, eh. G Les chrtiens carthaginois font bien de ne point donner an baptme d'autre nom que ce lui desalvalion ou salut, et pas d'autre que celui de vie au sacrifice du corps de Jsus-Christ. El d'o leur est venu cet usage, si ce n'esl d'une ancienne, i et j'aime le croire, apostolique tradition, qui leur < a appris que c'esl une croyance inne dans l'Eglise i chrtienne, que le royaume du ciel , o le salut ne i peut s'obtenir sans le baptme. Que croient donc i ceux qui donnent le nom de vie au sacrement de la table du Seigneur, sinon ce qu'il a dit lui-mme: Je suis le pain de vie; que si vous ne mangez pas ta cliuir du fils de l'homme el ne buvez pas son sang, i vous n'aurez point la vie en vous. C'est l, remarque Johnson, un tmoignage des plus convaincants que les Eglises d'Afrique croyaient que lech. G de suint Jean , s'applique au sacrement de l'Eucharistie; et il parat que celle manire de parler tait ds lors si ancienne que saint Augustin la regardait comme une tradition apostolique et une croyance aussi ancienne que Je christianisme. Qua Kccclesi Chnsti inslilutuin Uneunt.
i
:

person ; al in isla se singulis indiimo etiam personis adjunxil. (de Linijindes, Conduites le sanclissimo Eucharisties sacramenlo. ("2; < En parlant des hrtiques qui s'abstenaient de l'Eucharistie, S. Ignace les condamne en ces ternies: Il vaudrait mieux pour eux recevoir ce sacrement (l'eucharistie), afin que par elle ils pussent ressuscileruojour. i Or il n'y a point d'autre moyen de faire de la proprit attribue l'Eucharistie d'lre le moyen d'obtenir une rsurrection bienheureuse, une doctrine de l'Ecriture, que d'appliquer l'Eucharistie le ch. 6 de saint Jean. Aussi ce saint martyr, quand il rpte plusieurs reprises que c'esl l un des prcieux avantages que nous communique l'Eudoit ncessairement penser que noire charistie Sauveur parle dans ce chapitre de son corps et de son sang dans le sacrement. Je prtends, en outre, qu'on enseigna, ds lc^ premiers sicles du christianisme, plusieurs doctrines qui ne pourraient avoir d'autre appui, dans les Ecritures, que le chapitre 6 de saint Jean, entendu de l'Eucharistie, comme par exemple , qu'en s'abstenanl de la sainte Eucharistie les chrtiens encourent la peine de la damnasese adjunxil, nulli
viduis,
,

que le Saint-Esprit est particulirement prsent dans l'Lucharislie; que l'Eucharistion ternelle;
lie

communique
).

tous ceux qui

la

reoivent di-

gnement un germe
(

d'immortalit

bienheureuse

Johnson

Les anciens savaient, ajoute le mme crivain, que notre divin Sauveur y parle de l'Eucharistie, el ils ne croyaienl pas que ce fl par d'arides mtaphores ou catachrses que le Christ nourrit nos mes dans le saint sacrement. Quoi qu'ils ne prisseul pas les paroles du Christ dans le sens littral,
<t

<

ils ne pensaient pas nanChrist et voulu embarrasser ses auditeurs, et mme branler ses propres disciples par des nigmes eldes mtaphores forces. Ils croyaient qu'il parlait d'un mystre rel, et qu'il faisait alors connatre l'intention o il lait d'tablir le nsdivin sacrement de sa chair el de son sang et, pour exciter en eux de justes ides et de jusles conceptions de ce myslre cleste, il leur e\\ parle dans les termes les plus levs. >

comme

le*

Capharnaies,
le

moins que

9
le

VOYAGES

A LA

dogme de la transsubstantiation du sens cathol'tendue et toute la prcision maintenant Nous allons il ajoute ique par 1 exomlavril de ce mystre examiner l'incarnation. L'ordre de la pie mme de Jsus naquit d une fut-il suivi quand
: ,

RECHERCHE D'UNE RELIGION. drober aux yeux profanes dans toute

70

nature Pourquoi donc vierge? Evidemment non. On pourrai citer ordre? chercher ici cet P es ^parbeaucoup d'autres passages des
sens, lant tous dans le mme citations. de multiplier les trie

ma .il
L

est laide qu a-

tous ses autres grands dogmes, elle ne mettait pas moins de soin et d'application h cacher, ou du moins adoucir, sous les voiles d'un langage nigmatique, une doctrine aussi mystrieuse et aussi tonnante que celle de la prsence relle qui cerest, aprs la Trinit, la marque la plus de celte foi entire et parfaite sur lataine quelle, comme sur sa matresse ancre, repose toute l'conomie du salut dans le christianisme. Aussi, outre les tmoignages exprs
et formels

chrtiens du changement vient les premiers lments, nnraculeux des n considraient 1 Eu< hat issans rplique qu'ils mystre intimement lie a celui

f fj

ic

ol

un

de

admirable par lequel Jcsus-Ghr.st prsence correnouvelle perptuellement sa de nourrir ses porelle sur la terre, et continue laquelle il avec la mme chair par
tout
fait

l'h

carnation,

c'est--dire comme un moyen

que nous avons que ce dogme tait au nombre des dpts les plus cachs du sele langage employ par les quelques cret Pres, qui au troisime sicle, se hasardrent en dire quelque chose, montre avec
, ,

cratures les a rachetes

(1).

CHAPITRE XIV.
On
ves

Preucache la doctrine de l'Eucharistie. __ Calomnies contre les chrtiens. ce sacrement, Ide que les molestants ont de les n'est pas celle qu'en avaient qui

et

quelle prudente, et scrupuleuse rserve ils vitaient d'en rvler la vritable nature. Ainsi Origne parle vaguement et mystrieusement de manger les pains offerts, qui, par les prires sont faits un certain corps rapportant, saint. Saint Cypricn aussi, en avec un respect qui trahit sa foi relle, Je fait miraculeux d'une flamme sortie tout coup de la bote qui contenait le pain sacr, pour punir un profanateur de l'adorable sacrement, dsigne la bote ainsi signale en disant qu'elle contenait la chose sainte du
,
,

premiers chrtiens.

Seigneur.

Lorsque

telle

tait,

comme nous
1

vigilance de vu, la sollicitude et la


(I)

l'avons Eglise a

Rien ne saurait montrer d'une manire plus sensible de quelles religieuses prcautions on entourait ce grand mystre, et combien tait vive et pleine de sollicitude la crainte qu'on avait qu'il ne parvnt la connaissance des infidles, que le langage d'un autre pre de ce temps-l, Terlullien, qui, voulant reprsenter sa femme les consquences que devrait entraner son mariage avec un paen aprs qu'il serait mort, s'exprime ainsi En vous mariant un infille, vous vous rendriez coupable du crime de donner aux paens la connaissance de nos myslres. Votre mari ne voudra-t-i! pas savoir ce que vous prenez en secret, avant toute autre nourriture; et s'il aperoit du pain, ne s'imaginera-l-il pas que c'est ce dont on
:

wms/re de nJarnaCwn.-Les difficults, dit le rev. M. Ruiter, la transsubstantialeves par les protestants contre
TArnson
entre
l'Eucharistie
et le

ce'les nue ne sont pas plus grandes que contre Incarlever et lvent en effet les soenuens convaincre par le panation, comme on pourra s'en rallle suivant :
tion
1

peuvent

transsubstantiation, Les protestants rejettent la


n'est que Parce que les sens jugent que l'hostie du pain ; , 2 Parce qu'un corps se trouverait a la lois en plu1
.
,

sieurs endroits divers ; 3 Parce que le mme corps serait la fois momie mortel et imet immobile, visible cl invisible,
4

mortel, passible et impassible forme d u.ie Parce que le Christ serait alors sous la hostie;
.

corps de Jesus-Clmst serait sous une forme oppose la nature humaine 0 Parce que le corps du Christ serait mange par les
5 parce

que

le

pcheurs
7

*,

Comment
dans
le
le ciel ?

le

tabernacle, et

corps du Christ peut-il tre renferm lr< en mme temps dans

parle tant (Ad uxorem, lib. II, c. 5)? Dans saint Basile le sicle suivant, nous voyons mots couverts de l'Eucharistie. la parler dsignant sous le nom de communion de la bonne chose ; et saint Epiphane, oblig d'expliquer, devant des auditeurs qui n'taient pas encore initis l'institution de ce sacrement, glisse ainsi lgrement sur les particu,

larits

8 Parce qu'il parat absurde d'adorer le Christ dans


le sacrement. l'incarnat'.w, Les sociniens peuvent galement rejeter Christ n'est qu'un i' Parce que les sens jugent que le pur homme; Parce qu'il n'y aurait qu'une seule personne en

de ce merveilleux vnement Nous voyons que notre Sauveur prit une chose entre ses mains, comme nous le lisons dans
:

les choses, et Cela est il oit


:

l'Evangile, qu'il se leva de table, qu'il reprit qu'aprs avoir rendu grces,

mon quelque
est

cfiosc.

deux natures Parce que la mme personne


;

serait a la lois Dieu

saint Grgoire de Nysse, par qui mctasloicheiosis ou le ranci miracle de la

Et

mme

et

homme,

visible el invisible, mortelle et

immor-

transsubstantiation
7

exprime d'une ma-

telle,

passibleet impassible, etc.;

Parce qu'un Dieu immense serait alors sous la forme d'un simple homme; 5 Parce que Dieu serait alors sous une forme oppo4
(i

Comment
ciel
;

le

Christ

a-l-il

sein d'une vierge, et tre en

pu tre renferm dans mme temps dans

le
le

nature divine; Parce que Dieu aurait t cheurs;


se
la

crucifi par les p-

8 Parce, qu'il parait absurde d'adorer celui qm est n d'une- Femmn et qui a t ensuite micilit .tar
les

hommes.

71

DEMONSTRATION EVANGELIQUi". MOORE.

>

nire plus hardie et plus expresse que par aucun presque de ceux qui l'ont prcd, s'arrte cependant tout coup comme frapp de terreur, lorsque, dnns un de ses passages les plus explicites sur cette matire, et dans un crit aussi expressment adress aux initis, il en virnt au moment de prononcer le mot corps,
et laisse

ne purent leur arracher leur secret. S'ils n'avaient vu dans ce sacrement qu'un simple
type, qu'une pure commmoration, comme arminiens, et les sociniens, ils n'avaient qu' le dire, et alors non-seulement la perscution se ft vu ainsi ravir sa proie mais ce qui leur importait encore bien davantage, leur doctrine aurait trouv les esprits beaucoup mieux disposs la recevoir. Mais non le secret objet de leur culte tait bien plus dur entendre; et lorsque les paens leur demandaient frquemment, pourquoi cachez-vous ce que vous adorez ? ils auraient pu rpondre avec vrit Parce que nous l'adorons. Ils voyaient, comme le voient les catholiques de nos jours, quelle injurieuse profanation est expose cette doctrine entre les mains des incrdules et des infidles dans quel bourbier de railleries et de blasphmes leurs choses saintes auraient t tranes et par consquent, lors mme qu'on les menaait de leur arracher leur secret par la violence des tourments ils ne voyaient devant eux qu'un devoir remplir se taire et mourir. Quand mme l'antiquit chrtienne ne nous aurait point lgu par rapport l'eucharistie, d'autres preuves que ce silence solennel et significatif; quand nous n'aurions point les anciennes liturgies de l'Eglise et les catchses des Pres pour rendre un clatant tmoignage la doctrine catholique sur ce point, il y aurait encore dans ce mystrieux silence des preuves assez abondantes pour convaincre tout esprit capable de raisonner que l'ide que se sont faite les protestants de l'Eucharistie ne saurait tre celle qu'en avaient les premiers chrtiens. Que dis-je ? la simple histoire de la rception et des progrs de cette doctrine dans les premiers ges qu'elle a eus traverser, serait plus que suffisante pour atteindre ce but. En effet, soutenir qu'un mystre qui, au moment mme o rvolte les disciples de notre il est rvl, divin Sauveur eux-mmes un mystre que les gnostiques , hrtiques du premier sicle de l'Eglise, repoussent comme renfermant la doctrine de l'incarnation; que les paens, sur quelques lueurs confuses de sa vritable nature reprsentaient comme un repas sanguinaire et barbare, comme un festin de viandes abominables; un mystre dont les prtres eux-mmes qui l'administraient ne parlaient que comme d'un redoutable mystre (1) qu'il fallait drober aux yeux des affirmer infidles au prix mme de sa vie que l'objet terrible de tout ce secret, de tout ce culte, de cet tonnement , de cette sainte horreur, de ces adorations et de ces alarmes n'tait rien qu'un simple signe ou mmorial,
le font les
, :
:

l'esprit

de ses lecteurs le soin de

suppler L ce qui manque. Il (Jsus-Christ) nous donne ces choses par la vertu de sa bndiction, changeant la nature des choses vicela (1). sibles en 11 ne saurait peut-tre y avoir Je meilleure preuve du profond secret dans lequel on avait soind'ensevelir ce mystreque de savoir qu'Arnobe, qui n'tait eneore que catchumne lorsqu'il crivit sur le christianisme ,
ignorait si absolument l'usage que l'on fait du vin dans ce sacrement que, dans un passage o il reproche, si je me le rappelle bien, aux paens leurs libations leurs divinits, Qu'y a-t-il de il leur demande avec ironie
:

commun
il

entre Dieu elle vin (2) ? Malgr ce systme de silence et de rserve, avait nanmoins assez transpir de la doc-

trine catholique sur l'Eucharistie, pourveiller l'imagination et la malveillance des infidles. Des ides confuses de festins mystrieux
et criminels
,

disait-on

on servait aux
,

convis de la chair et du sang se trouvaient singulirement grossies par l'imagination des qui en faisaient de monsgens crdules trueuse fictions. On rpandait toutes sortes de fables , qu'une aveugle crdulit ne se montrait que trop prompte adopter, sur les rites horribles pratiqus par les chrtiens
,

dans leurs initiations. On disait qu'un enfant, couvert de pte, y tait plac devant le nouveau-venu; qu'on exigeait de lui qu'il portt cet enfant le premier coup du glaive meurtrier, pour ensuite se partageravec lesautres sa chair et son sang comme le gage commun du secret inviolable qu'ils devaient tous garder. Ainsi il n'est pas difficile de dcouvrir travers ces infmes calomnies la vritable doctrine dont les profanes n'avaient pu
,

saisir que ces faibles lueurs qu'ils avaient si trangement travesties. Ce fut par ces monstrueuses imputations que quelques-unes des plus cruelles perscutions furent provoques et justifies contre et cependant ni la cruaut des les chrtiens tourments ni les agonies mme de la mort
;
,

(1; < Saint Justin, en affirmant que les chrtiens eiaicni instruits, de son temps, que le pain et le vin taient la chair et le sang de Jsus-Christ, et que c'tait par la prire que cela s'oprait, devait ncessairement y voir autre chose que des types et des symboles sans ralit ; car il n'est besoin ni de la prire,
ni

d'une intervention divine pour

l'aire

d'une chose la

ligure et la ressemblance d'une autre chose, tontes les lois qu'oue jugera propos; et, je ne crains pas d'a-

arminiens et les sociniens avoueront ne faut rien de plus que l'action de rompre le pain et de verser ou rpandre le vin, pour faire de ces lments le corps et le sang du Sauveur, comme ils l'entendent, eux qui croient que ce n'est qu'un pur mmorial, qu'une pure commmoration (Johnson ). (2) Quid Dco cum vino csi ?

vancer que

les

sans peine

qu'il

la premire (1) Dans son homlie sur le ch. \ de Eptre aux Corinthiens, v. 16, 17, saint Clirysostome pour nous faire croire et < L'aptre parle ainsi dit trembler : car il affirme que ce qui est dans le calice est ce qui coula du cl de Jsus-Christ, et que nous eu sommes faits participants, i Johnson, au sujet de ce passage, demande pertinemment: Qu'y a-l-ildans un type qui puisse faire trembler un homme ? >
:

VOYAGES A LA RECHERCHE DUNE RELIGION.


qu'une pure reprsenta\ion du corps et du sang de notre divin Sauveur sous les symboles du pain et du vin une nourriture sacramentelle dans laquelle la prsence du Christ n'est que figurative et non relle , et qui, n'tant compos, comme il l'est que de pain et de vin, ne peut tre ador sans tomen vrit, prtendre ber dans l'idoltrie mme pour un moment, quifaire croire conque a tant soit peu tudi cette question, que c'tait l le sens attach parles premiers chrtiens, et rien de plus celte institution
, ,
; , ,

divine c'est l , il faut le dire, de la part des protestants, exiger des autres, de la manire la plus absurde et la plus grossire, celte foi
,

implicite dont ils savent si dplorablement se dispenser eux-mmes. Mais si, aprs avoir considr les grands et merveilleux vnements qui ont marqu la rception et l'observation de ce rit sacr dans tout l'univers nous reportons nos regards sur la circonstance grave et solennelle dans laquelle il a t institu; si nous nous rappelons les terribles menaces de l'aptre contre ceux qui par leur profanation de ce sacrement , se rendent coupables du corps et du sang du Seigneur; et que quelques Corinthiens pour n'avoir pas discern le corps du Seigneur, furent frapps de maladies et de la mort mme ( I Corinlh., XI, 30); nous ne pouvons que trembler la pense de la responsabilit que prennent sur eux ces chrtiens qui ne craignent pas de rejeter la foi ancienne sur un des points les plus capitaux de ses dogmes; qui, aprs avoir cherch d'abord luder par une sorte de raffinement criminel la dclaration expresse et solennelle de notre Sauveur sur ce sujet (1), traitent de mme le terrible commentaire de l'Aptre sur ce texte et qui enfin en dpit des pouvantables menaces qu'il fait entendre contre ceux qui ne discernent pas le corps du Seigneur dans ce sacrement se hasardent dlibrment nier que le corps du Seigneur y soit prsent
,

cdent du systme de silence et de rserve que les Pres du troisime et du quatrime sicles,ccux du troisime surtout, avaient jug ncessaire de s'imposer en parlant de l'eucharistie, on ne sera pas surpris qu'il se rencontre dans leurs crits et leurs discours publics des passages o, voulant positivement user d'un langage ambigu, ils ont pleinement atteint le but qu'ils se proposaient; et que ces passages, o l'on avait formellement en vue de voiler la vrit aux regards des infidles et des hrtiques, produisent encore aujourd'hui le mme effet l'gard de ceux qui se rendent volontairement aveugles. La seule chose vraiment surprenante c'est que, malgr toutes les circonstances que nous avons passes en revue, le nombre de passages qui prtent ainsi de fausses interprtations soit si peu considrable, et que, nonobstant toutes les svres prcautions dont les Pres s'entouraient sur ce point , on trouve encore dans leurs crits une masse aussi imposante de preuves explicites et formelles, preuves si abondantes la fois et si convaincantes, qu'aux yeux de tout esprit droit et exempt de prjugs, elles mettent tout fait hors de doute la vrit de la doctrine catholique de l'eucharistie. Ce fut dans le troisime sicle, lorsque les
chrtiens taient le plus svrement prouvs parle feu de la perscution, que la discipline du secret l'gard tant de ce mystre que de tous les autres, fut le plus strictement observ. La nature mme et la constitution de tous les mystres, dit Tertullien, demandent qu'ils soient fidlement cachs. A combien plus forle raison n'en doit-il pas tre ainsi des mystres qui, tant une fois dcouverts, ne sauraient chapper un chtiment immdiat de la main mme de l'homme? (Ad nation.,

CHAPITRE XV. On cache le dogme


de V eucharistie avec un soin plus particulier dans le troisime sicle. 5a rserve. C'est le saint Saint Cyprien. Preuves allgues favori des protestants. Thodoret. contre la transsubstantiation.

Glase. La doctrine catholique de l'euchapar Erasme Pascal, mas More, Fnelon, Leibnitz, etc.
D'aprs ce que
j'ai dit

ristie crue

sir

Tho-

dans

le

chapitre pr-

ger

(1) Le rformateur Zwingle s'lant permis de chanles paroles de Jsus-Christ, et lisant, Ceci signifie

mon
fait

corps, l'vque Hoadley, son exemple, se perqu'il croit

met de suppler un mot


dire,

manquer,

et lui

corps. 11 est assez remarquable, vraiment , que les protestants qui se targuent si fort d'en rfrer en tome occasion au

J'appelle ceci

mon

peut aisment concevoir avec force un pareil motif de garder le secret devait ncessairement agir sur des esprits naturellement timides, comme l'tait, par exemple, saint Cyprien, qui avait manifest en plus d'une occasion, en se soustrayant prudemment par la fuite, aux coups de ses ennemis, combien il se sentait peu dispos courir au martyre, quoiqu'il ait su l'affronter avec courage quond il fut devenu invitable. Aussi nous voyons que, par un effet de celte timidit de caractre il est, de tous ceux qui ont observ la discipline du secret, un de ceux qui ont us de plus de rserve et de circonspection. Il est vraiment curieux d'observer ici, non pas tant pour faire ressortir le caractre individuel d'un personnage, que pour donner une nouvelle preuve de celle conformit de destine qui a paru constamment s'attacher aux deux dogmes catholiques de la rini l et de la prsence relle, que ce mme saint Cyprien, toujours si rserv, qui, dans sa lettre
lib. I.
)

On

combien plus de

langage de l'Ecriture, prtendent cependant, dans ce cas si important, en contester une des propositions les plus simples et les plus formelles, proposition rpte presque dans les mmes ternies par trois des vangelisles cl par saint Paul, et explique exactement dans le mme sens par notre divin Sauveur lui-

le discours rapport par saint Jean. Unani perpeluo (dit un crivain obscur, mais spirituel), c Scripluram claniitaiil; sed ubi ventum est ad eam, auditis quomodolegant. Tarn aperta sunt verba in omnibus evangelistis sunt eadem. Omnia tainen perverlunl, omnia ad lucresim suam trabuut.
<
:

mme, dans

D3I0NST. EvANG, XIV.

(Trois.)

75

DEMONSTRATION EYANGuLIQUE MOORE.


qu'il

73

publique au proconsul d'Afrique, jugea prudent de passer entirement sous silence le dogme de la Trinit, est aussi celui de tous les Pres qui, par son langage vasif touchant l'eucharistie, a fourni aux adversaires de la prsence relle et corporelle presque toute celte apparence de plausibilit sur laquelle ils appuient leur hrsie (1). Il ne songea gure, ce bon saint, qu'un jour viendrait o sa prudence nubien sa timidit passeraient pour l'expression fidle de la doctrine orthodoxe, et que, tout ardent et courageux partisan qu'il tait de la suprmatie du sige pontifical de Rome, il aurait l'insigne honneur d'tre, comme il l'est, le saint de prdilection des protestants! Il serait amusant, si ce n'tait pas de foi aussi digne de respect qui ft

ret, tant parce offre des notions fort intressantes sur l'action exerce paF ia dis-

un point
ici

int-

ress, de considrer avec quelle complaisance et quel air de triomphe un conlroversiste protestant s'appesantit sur un de ces passages o les Pres ont, de dessein form, cach

du secret, que parce qu'il montre quels excs les adversaires de la doctrine catholique doivent se trouver ncessairement pousss lorsqu'ils cherchent se faire d'un pareil tmoignage un sujet de triomphe. Il est ncessaire de prvenir le lecteur que le passage que je vais reproduire est tir d'un ouvrage compos par Thodoret contre les culyrhiens. secte d'hrtiques nui niaient la nature humaine de Jsus-Christ (1); et que des deux personnages fictifs qui discutent ensemble la question, Vortliodoxe reprsente les catholiques, et Eraniste les eutychiens. Aprs avoir tabli dans un prcdent dialogue la prsence relle du Christ dans le sacrement, les interlocuteurs continuent ainsi Eraniste. Je suis enchant que vous ayiez parl des divins mystres dites-moi donc
cipline
:

comment, avant l'invocation du prtre, vous appelez le don offert? L'orthodoxe. Cela
ne peut se dire ouvertement car il pourrait se trouver ici prsentquelqu'un qui ne serait pas initi. Eraniste. Rpondez alors en termes couverts. L'orlh. Nous l'appelons un aliment fait de certains grains. Eran. Et comment appelez-vous l'autre symbole ? L'orth. Nous lui donnons un nom
:

leur pense sous des expressions quivoques, pour en faire clore un argument en laveur de son hrsie. Peu lui importe que l'crivain sacr duquel ce passage est extrait ait, en cent autres endroits clairs et positifs, rendu tmoignage de la croyance de son Eglise l'gard de cet insigne miracle, l'accomplit sment de la promesse formelle l'aile par Dieu lui-mme, "et qui trouve son accomplissement sous les voiles eucharistiques. Que lui importe? 11 reproduit sans cesse le passage unique qu'il croit lui tre favorable ce conlroversiste de profession doit encore reparatre dans la lice, bien que son armure soit fausse (2) ; et, quoique en pareils cas il ne soit pas toujours possible de se tromper soimme, on croit avoir tout gagn quand on a pu russir tromper les autres. J'ai dj rfut l'argument lire de ce que
;

qui dsigne un certain breuvage. Eran. Et aprs la conscration comment les appelle-t-on ? Uorth. Le corps de JsusChrist et le sang de Jsus-Christ. Eran. Et vous croyez que vous participez au corps et au sang de Jsus-Christ? h'orth. Oui, je le crois. Eran. De mme donc que les symboles du corps et du sang de Jsus-Christ taient diffrents avant la conscration du pitre, et qu'aprs celte conscration ils setrouvent changsetsont quelque de mme aussi, nous, eutyautre chose chiens, nous disons que le corps de JsusChrist, aprs son ascension, a t chang en la divine essence. L'orth. Vous voil pris dans votre propre pige : car, aprs la
,

les

trouvent or c'est parfois appliqus l'eucharistie dans cette classe qu'il faut ranger la plupart des passages cits comme favorables au ct protestant de la question. Un des documents qui parat offrir aux champions de la foi r-

mots type, signe,

figure, etc., se
:

forme un argument tout

fait

triomphant

contre la doctrine catholique, et qu'ils ont coutume de produire pour prouver que la transsubstantiation n'tait point un article de foi de la primitive Eglise, se trouve dans un ou deux passages de Thodore! et de Glase (crivains du cinquime sicle), o il est dit que la nature et la substance des lments
tion. Je vais citer ici le

les symboles mystiques ne conscration ils demeuperdent pas leur nature propre rent l'un et l'autre, sous la figure et les apparences de leur premire substance, suscepti,

sacramentels demeurent aprs la conscrapassage de Thodocependant des cas o saint Cyprien mme (i) Il vrirabl n'a pu s'empcher de laisser chapper la doctrine. Ainsi il dit que dans l'eucharistie nous touchons le corps du Christ et nous buvons son sang; i riant et dans une lettre au pape Corneille, il dit en p leurap< Comment des victimes de la perscution piendrous-nous verser leur sang pour Jsus-Christ, avant qu'ils marchent an combat , nous ne leur si
est
:

bles d'tre vus et sentis comme auparavant mais on comprend qu'ils sont ce quils ont t faits; on croit qu'ils le sont en effet, et, comme tels, on les adore. Nous trouvons ici dans cette confrence qui, comme on doit se le rappeler, est suppose avoir lieu en prsence de gens non
;

(1)11 n'est pas exact de dire qu'Entichs niait L'humanit de Jsus-Christ, son opinion tant qu'aprs l'Incarnation, il n'y eut plu* de distinction entre la nature divine et la nature humaine, mais que celle-ci avait t absorbe dans la premire, connue une goutte de miel, pour user de ses propres expressions,
serait absorbe en tombant dans la mer. Lecncile de Chalcdoine qui, en 451, condamna cette hrsie, tablit dans toute sa plnitude la doctrine orthodoxe de la Trinit. L'union deux natures distinctes ail

donnons pas sn sang ? le sens du mot (2) Sou bouclier est fauss, c'est que Drytlcn a cherch introduire de l'italien dans
notre langue.

Jsus-Christ, et

le

de

trois

personnes en Dieu

rapport de ce mystre avec celui y furent clairement d,

finis.

77

VO\AGES A LA RECHERCHE DUNE RELIGION.


78

encore initis, trois points importants claire1

derait, dit-il, qu'il y a de l'ambigut

ment noncs, qui ne sont rien moins que, un changement des symboles en quelque

autre chose, aprs la conscration (1); 2 la prsence relle du corps el du sang de JsusChrist; 3 l'adoration qui, en consquence, tait rendue au sacrement. La seule difficult que prsente ce passage est de savoir si, contrairement la doctrine catholique sur ce sujet, l'orthodoxe veut dire que la substance du pain et du vin subsiste encore aprs la conscration, ou si, comme le prle mot tendent les crivains catholiques
,

ce

ces expressions, ou que mme leurs voulaient leur donner un sens qui, selon nous, est htrodoxe, de combien peu de poids leur autorit ne doit-elle pas tre quand on vient la mettre dans la balan^ ce avec celle masse d'vidence que fournissent les crivains de la mme poque et des sicles prcdents ! Puisque les

dans leurs au-

substance, tel qu'il est ici employ, signifie simplement les qualits extrieures et sensibles des lments, et que, comme le dit Thodorct, on peut voir et sentir comme aupara-

anciens, dit Erasme, auxquels l'Eglise, non sans raison, accorde tant d'autorit, sont unanimes reconnatre que la vritable substance du corps et du sang de JsusChrist est dans l'eucharistie; puisqu' cet ce

c<

imposant tmoignagevient encore se join-

qui Les mots premire substance paraissent indiquer qu'une nouvelle substance a pris la place de la premire, sont cerlainement bien suffisants pour nous convaincre que toutle passage ne renferme rien que de trs-orthodoxe ; mais la meilleure et la plus juste conclusion qu'on en puisse tirer, peut-tre, et les catholiques peuvent sans crainte s'expliquer ouvertement sur ce point, c'est que Thodoret aurait pu, comme la suite Luther, avoir il est arriv dans adopt quelque notion vague, contraire au sentiment de toute l'antiquit chrtienne sur la prsence de la substance du corps et du sang de Jsus-Christ dans le sacrement, conjointement avec la substance du pain et du vio. Et en effet, ayant consult le volume des uvres de ce Pre, publies par Garnier, j'ai reconnu que ce savant jsuite, aprs des recherches pleines d'impartialit pour s'assurer exactement de l'ide que s'tait faite cet auteur de l'a manire dont Jsus-Christ est prsent dans l'eucharistie, est port croire que Thodoret penchait, en gnra!, du ct de l'hrsie de la consubslantiavant.
,

lion.

Voil donc, au pis aller, quoi se rduit toute celte dfection de la vritable orthodoxie dans laquelle on puisse dire que sont tombs tout au plus deux des Pres qui ont

compos celte nombreuse phalange sacre des cinq premiers sicles, puisqu'on s'explique aisment, ainsi que nous l'avons dmondes autres. tr, les. dviations apparentes Voil donc par consquent, quoi se rduit pour la quantit comme po;?r la qualit, ce faisceau de preuves contre la doctrine de l'ancienne Eglise catholique qui sont sans cesse reproduites par chaque nouveau champion de la cause du protestantisme, qui triomphe son tour la dcouverte de ce Paradis us des fous. On verra par les rflexions suivantes que ce sujet a fournies l'diteur de l'estimable compilai ion intitule La Foi des catholiques cequ'il faut penser deecs exemples isols d'htrodoxie. Quand on accor, ,

(1) Le mme crivain d'il, dans un nuire endroit, que la volont du Christ est que nous croyions un changement opr par la grce > dans les symbo-

dre l'autorit constante des conciles et un accord si parfait de tout le monde chrlien , unissons-nous aussi eux dans la ce foi de ce mystre cleste, et recevons iciee bas le pain et le calice du Seigneur sous le e< voile des espces, jusqu' ce que nous le mangions et le buvions sans voile dans le royaume de Dieu. A ce passage cit d'Erasme j'en ajouterai un autre, emprunt un crivain digne d'tre nomm avec ce grand homme, le pieux et loquent Pascal, par qui les notions qui ont t prsentes sur l'eucharistie dans tout ce qui prcde, se trouvent ainsi plus amplement dveloppes, L'tat des chrtiens, comme le remarque le cardinal du Perron, d'accord en cela avec les Pres, lient le milieu entre l'tat des bienheureux et celui des Juifs. Les bienheureux possdent Jsus-Christ rellement , sans figure et sans voile ; les Juifs ne possdaient du Christ que les figures et les voiles, tels ce que la manne et l'agneau pascal ; et les chrtiens possdent Jsus-Chrisl dans l'eucharistie vritablement et rellement , mais couvert encore d'un voile Ainsi l'eucharistie est parfaitement approprie l'tat de foi dans lequel nous sommes placs, puisqu'elle contient onelleleChrist rellement, mais le Christ encore voil si bien que cet tat serait dtruit si leChrist n'tait pas rellement prsentsous lesespces du pain elduvin, comme le prtendent les hrtiques; et il serait galement dtruit, si nous le recevions sans voile, comme on le reoit dans le ciel ; puisque, dans le premier cas ce serait confondre notre tat avec celui du judasme, et, dans le second, avec celui de la gloire. Le lecteur, qui m'a accompagn depuis le commencement de mes recherches jusqu'ici, et qui sait que je les avais commences avec la rsolution bien dtermine de me faire protestant est peut-tre inejuiet de savoir si, au point o nous voil maintenant arrivs, je conserve encore quelques traces de ma premire rsolution ou si avec les preuves aussi claires que le jour que j'ai devant les yeux, de la vritable saintet de mon premier amour, il reste encore dans mou
ce
ce ce ce ce <c , : ,
, ,

las

cur quelque les aveux


!

dsir cach d'apostasie.


et
si

H-

les explications qu'il

me

les

iSWXifltj.,..

TttTTsiciv

r<i

in.

T*,t -/_kpno(

feytvrifjtliYi

faudrait
celte

faire,

question

rpondre sont d'une nature si burni-

j'essayais de

79

DEMONSTRATION EVANGELIQUE. MOOKE.


peu peu
la doctrine

80

liante que je les rserverai volontiers pour une autre occasion." Tout ce que je peux dire prsentement c'est que s'il restait encore au fond de mon cur quelques dsirs

mondains, ce n'tait pas que mes yeux fussent ferms la lumire, ni que les vrits qui avaient brill mes regards ne m'eussent profondment convaincu; il y eut mme des moments, ainsi que je l'ai prouv en lisant les passages cits il n'y a pas

o l'indigne esprit du monde longtemps semblait expirer entirement au-dedars de moi des moments o un dluge de sentiments religieux venait inonder mon cur, au point de n'y laisser plus vivre aucune pense terrestre et charnelle et o j'tais tout fait catholique d'esprit et de cur, sans ombre de retour. C'est en cet tat, qu'aprs avoir lu les paroles des deux grands hommes que je viens de citer j'allai me mettre sur mon oreiller en repassant dans ma mmoire la longue liste des illustres sages tels que les Erasme, les Pascal, les Fnelon les Leibnilz les Thomas Morus, courb la tte qui tous ont tour tour dans les sentiments d'une foi docile et parfaite, devant le miracle de l'eucharistie, jusqu' ce que, m'levant au-dessus du sentiment intrieur de mon propre nant, en contemplant de tels gnies, je m'criai d'un ton plein de ferveur, au moment o je posais la
,

del Trinit percer le voile qui la couvrait. L'dit de tolrance qui fut rendu vers ce temps-l par Constantin donnait aux chrtiens la facult de propager leurs opinions en pleine scurit, tandis que l'hrsie d'Arius en mettant en question la divinit du Sauveur, non-seulement rendit ncessaire une dfinition de l'Eglise sur ce * point, mais de plus conduisit tout naturellement, par suite des discussions subtiles auxquelles elle donna lieu dterminer d'une manire plus prcise qu'on ne l'avaitfaitjusqu'alors, les limites de la foi orthodoxe sur le mystre del Trinit. Toutefois ce ne fut encore que lentement et avec prcaution qu'on se hasarda dvelopper cedogmedans toute son tendue et tel que nous le connaissons aujourd'hui. J'ai cil prcdemment un passage d'un Pre de cette poque, o il dit Nous ne parlons pas clairement et ou vertement des mystres qui concernent le Pre, le Fils et le Saint-Esprit devant les catchumnes; et d'aprs le savant Huet, catholique lui-mme, il est certain que les catholiques n'osrent avouer ouvertement la divinit du Saint-Esprit qu'au temps de
, ,
:

saint Basile.

tl sur

mon

oreiller:
!

Que mon me

soit

avec

les leurs

CHAPITRE XVI.
Relchement dans
le

la discipline

La doctrine de la Trinit. la prsence relle continue d'tre cache.


dogme de
,

du

secret sur

prsence de destine avec celui de la Trinit, dont il avait jusque l partag le sort on continua comme d'usage, de n'en parler que dans le plus profond secret aux nophytes, tandis que, comme nousl'apprend saint Grgoire deNysse, l'ternelle gnration du Verbe tait devenue un sujet de dispute parmi les derniers manufut alors
le la

Ce

que

dogme de
plus tre

relle

commena ne

li

totijrites.

L'eucharistie des hrtiques. Les Ar Les JJydropar asiates Augustin svre observateur du seSaint la Trinicret. La transsubstantiation
etc.
et

vres. S'il se ft lev dans l'Eglise quelquehrsie contre l'eucharistie, la ncessit de dfen-

t suivent la

mme

destine.

Vers le commencement du quatrime sion se relcha considrablement, dans l'observation de la discipline du secret, sur plusieurs points importants et quoique l'on continut observer une assez stricte rserve par rapport l'eucharistie (1), on laissa
cle,
;

del svrit (1) On trouve un tmoignage curieux avec laquelle la discipline du secret continua d'tre observe , touchant l'eucharistie pendant le quatrime sicle mme, dans les arguments produits par Deylingius contre Peiresc au sujet d'une mdaille de Constantin le Grand, dcouverte par ce dernier, ei sur laquelle il avait cru reconnatre la figure d'un autel qui portait un pain eucharistique ou une hostie. Deylingins , fougueux adversaire du sacrifice de [la messe, et intress par consquent coniester Joules 'les preuves de son antiquit, soutint, et avec raison, mon avis (quant ce qui regardait celte mdaille), que la ligure ronde que Peiresc avait prise pour une hostie, n'tait que l'emblme ordinaire du i/lobe terrestre; qu' l'poque o cette mdaille avait i frappe, Constantin n'avait pas encore l baptis, et ne pouvait par consquent rien savoir de l'eucharistie ; et que, quand mme il en aurait t instruit , les rgles de la discipline du secret l'auraient empch do rvler aux paens rien de ce qui pouvait avoir rapport ce mystre.

dre la saine doctrine aurait indubitablement mis les pasteurs de l'Eglise dans l'obligation de la divulguer, comme il tait arriv par rapport la Trinit. Mais il ne s'tait point lev d'hrsie de ce genre. Parmi les diverses sectes de gnostiques , ceux qui recevaient l'eucharistie , quoique niant la ralit du corps de Jsus-Christ ne rvoquaient point en doute sa prsence dans le sacrement; il y en avait mme qui croyaient, comme les orthodoxes un changement des lments opr parla vertu de l'EspritSaint. Les choses, dit l'hrtique Thodote, ne sont pas ce qu'elles paraissent tre, ou ce que les sens nous disent qu'elles sont ; mais par le pouvoir (de l'Esprit) elles sont changes en un pouvoir spirituel (1). Et mme une de ces sectes en vint ce point de rivalit par rapport l'eucharistie catholique, que, pour faire paratre du sang coulant dans le calice aprs les paroles de la conscration, elle s'imagina avoir recours
, ,

un procd mcanique
(1)
et;

(2),

croyant par
t&D irvzvpd-TOf ou
tyi

aprs -/(avrt t

Svva.ij.zi

t<*

aura vtk xaT* t


(2)
i

yeuv6//.vov 0i tl/pO/j, a)./.


/j.zd.&z'j.-i-i.i.

Suviyizi

Svva/uy 7rvu//.KT(zyv
II

(Marc) [avait deux vases,


il

un plus grand
vin

et
la

un

plus petit ; clbration du

niellait

le
la

destin

le la

sacrifice

de
:

messe dans

petit

vase

et faisait

une prire

un instant aprs,

81

VOYAGES A LA RECHERCHE D'UNE RELIGION.


82

remporter sur les orthodoxes, en prsentant au moins aux yeux l'apparence extrieure du miracle. En contrefaisant ainsi, au moyen d'un liquide rel, le sang dont cependant ils niaient la ralit, ces hrtiques taient incontestablement aussi absurdes qu'imposteurs

rougit point de la croix de Jsus-Christ, mais au contraire il la porte sur son front.

Si

mais le tmoignage que leur coupable artifice rend l'antiquit de la doctrine catholique n'en est pas moins valable. Quand on n'aurait pas des preuves suffisantes pour se pleinement convaincre qu' celte poque on croyait la transsubstantiation du vin au sang de Jsus-Christ, ces efforts des marcioniles pour surpasser, si je puis parler ainsi, les merveilles de l'autel catholique, en four;

vous lui demandez cependant Mangezvous la chair et buvez-vous le sang du Fils de l'Homme ? il ne saura pas ce que vous voulez lui dire, car Jsus-Christ ne s'est point livr lui. Les catchumnes ne savent point ce que les chrtiens reoi:

vent(l). Saint Augustin lui-mme, raison des circonstances particulires dans lesquelles il se trouvait plac, se vit quelquefois oblig d'employer sur ce point une rserve et une

niraient abondamment. 11 y eut encore d'autres sectes, outre les gnos'tiques, qui avaient adopt sur ce sacrement des ides qui leur taient propres. Ainsi, par exemple, les artotyrites, branche des montanistes, offraient dans leurs rites reli-

gieux du pain et du Iromage. Les hydroparastates, par principe de sobrit, ne se servaient que d'eau dans le sacrifice eucharistique. Parmi les ophites, qui honoraient le serpent qui tenta Eve, le sacrement consistait en un pain autour duquel ils avaient laiss ramper et s'entrelacer un serpent qu'ils gardaient religieusement dans une cage et il tait une secte de manichens qui, regardant le pain comme une des productions du mauvais principe, ptrissaient la pte dont ils composaient leur eucharistie, d'une manire trop abominable pour cire rapporte. Quoique ces hrsies portassent sur un
;

ambigut de langage qu'on ne rencontre point au mme degr dans aucun des crivains de la mme poque. Comme il vivait en Afrique, dont la population tait encore en grande partie paenne, il jugea apparemment qu'il tait prudent de s'en tenir l'ancien usage de l'Eglise et de ne parler qu'avec prcaution de ce mystre en prsence d'autres que des fidles. De l vient que, quoique dans aucun autre des Pres on ne trouve point de passages qui offrent des t*

moignages plus forts et plus positifs en faveur de l'ancienne foi catholique (2), sur ce point, il a cependant, en certains cas, employ un langage dont les sacrarnentaires ont su mettre profit, comme d'usage, le vague et l'ambigut pour soutenir leur cause dsespre (3). Mais on pourra juger, parles extraits que nous allons citer de ses crits, quel front il faut avoir pour oser faire de saint Augustin une autorit prolestante en cette
matire

point de doctrine aussi vital, l'Eglise cependant ne jugea pas propos de rompre le silence qu'elle s'tait impos sur ce mystre, tant parce qu'elles avaient pris naissance hors de son sein (1), que parce que toutes, l'exception de celle des fantastiques, taient demeures obscures et renfermes dans d'troites limites. L? doctrine de la prsence reile tant, donc ainsi reste l'abri des discussions et des controverses, fut laisse, soit par politique, soit par un effet de l'habitude, ensevelie dans toutes ses formes mystrieuses pendant tout le cours du quatrime sicle; et l'on peut voir, par le passage remarquable qui va suivre, avec quelle fidlit le secret tait encore gard devant les catchumnes, au tempsdesaint Augustin Jsus Christ ne s'est point livr lui-mme aux ca:

s'appuyer ainsi de son suffrage. livrant son corps il dit : Ceci est mon corps, Jsus -Christ se te nait dans ses propres mains ; il portait ce corps dans ses mains (E narrt. 1 in psal. XXXIII). Ailleurs dans un autre sermon sur ce mme Psaume, voici comment il s'exprime dans le langage mystique du secret: Comment tait-il port dans ses mains? c'est que quand il nous donna son corps et son sang, il prit entre ses mains ce que les
et

Quand en nous

(I)

Interrogemus
et.

ms

cl bibis

eum : Manducascarnem Filii homisanguinem? Nescit quid dicimus, quia Jsus


Nesciunl catechumeni quid accipiant

non se credidit

chrisliani (Tractai, in

Jounnem.).

(2) Alger, qui a dfendu le dogme del transsubstantiation contre Brenger, se sert principalement, pour le rfuter, de passages tirs de saint Au-

tchumnes. Demandez un catchumne: Croyez-vous? Il rpond Oui, je crois, et il se marque du signe de la croix; il ne
:

gustin.
(3)

Et

mme

Zwingle ne

dit

pas cependant que

saint Augustin ft contre la transsubstantiation, mais seulement qu'il aurait t contre s'il eut os expri-

mer librement son


liqueur bouillonnait dans le grand vase, et l'on y voyait du sang au lieu du vin. Ce vase n'tait apparemment que ce que l'on appelle communment la fontaine des noces de Cana ; c'est un vase dans lequel on verse de l'eau; l'eau verse fait monter du vili que l'on a mis auparavant dans ce vase et dont il se remplit, i (Mmoires pour servir l'Histoire des gaforc de
trs
Ici
la

opinion, c II tait en quelque sorte cacher, dit Zwingle, parce que Incroyance la prsence relle et charnelle laii, celle poque,

rements de l'esprit humain, etc., etc.) (1 ) Saint Cyprien tant consult sur la nature des eneurs de Novatien, rpond en ces termes Il n'est pas besoin de rechercher avec beaucoup de soin quelles erreurs il enseigne, puisqu'il enseigne hors de
:

gnralement rpandue (D&veraet falsa Relig.).* on nous permettra de demander Comment celle assertion de Zwingle, que la croyance la prsence relle tait gnralement rpandue au temps de saint Augustin, peut-elle se, concilier avec celte autre thorie favorite des protestants qui suppose que la doctrine de la transsubstantiation a t d'abord inlro duitc par le moine Paschase dans le neuvime si cle? Mais il est inutile de faire de pareilles questions, par la raison que les inconsquences et les contra:

rkglite.

dictions des protestants sur ce point sont sans

nombre

83

DEMONSTRATION VANGLIQUE. MQORE.


fidles
:

84

savent (1) ; et il se portait lui-mme Ceci d'uae certaine manire lorsqu'il dit Dans son exposition du est mon corps. psaume XGVII, il dit Jsus-Christ prit que la chair est de la terre , parce de la terre, et que cette chair, il l'a prise et parce que ici-bas & de la chair de Marie il a convers avec nous dans cette chair, il nous a mme donn cette chair manger pour notre salut ; mais personne ne mange celle chair sans avoir premirement adore; et nuh-seulement nous ne pchons point en l'adorant, mais nous pcherions au con traire si nous ne l'adorions pas. j'avais eu l'intention d'abord, comme le lecteur peut se le rappeler, de ne point comprendre dans le cercle de mes recherches les Pres du cinquime sicle, poque laquelle saint Augustin appartient plus particulirement mais j'ai pens qu'une exception en faveur d'une autorit aussi importante serait admise sans difficult. De plus, le court abrg que j'ai essay de donner de l'histoire de l'eucharistie pondant les sicles d'or de l'Eglise serait demeur imparfait sans le tmoignage que nous fournit le passage qui vient d'tre cit, tmoignage d'autant plus prcieux qu'il atteste la croyance gnrale de la prsence relle dans ce sacrement par la meilleure des preuves, par cette preuve pratique, savoir, l'adoration qui lui tait rendue; la croyance et la pratique tant ncessairement corrlatives et la consquence l'une de l'autre. J'ai dj avanc que la plupart des crivains contemporains de saint Augustin, ou qui l'ont immdiatement prcd, ont, comparativement lui, parl ouvertement de l'eucharistie. Il n'tait pas possible en effet que la libert avec laquelle on commena vers ce temps-l dvelopper une doctrine aussi profondment ensevelie dans l'obscurit que l'avait t jusque-l le dogme de la Trinit, n'encouraget pas peu peu user d'une hardiesse de langage et de penses qui devait aussi se manifester dans renonciation des autres grands mystres. Aussi trouvonsnous, non-seulement dans les catchses de celte poque, mais mme dans les crits plus particulirement destins tre mis sous

temps de saint Justin et de saiat lrIl est digne aussi de remarque, comme un nouvel exemple ajout lous ceux que j'ai dj rapports, de cette ressemblance de
puis ne.
le

destine qu'ont offerte en plusieurs cas ces

deux grands mystres, la transsubstantiation et la Trinit, que les mmes illustres crivains qui, au quatrime sicle, portrent ce dernier dogme ce haut point d'orthodoxie o il se trouve maintenant Qx, furent aussi ceux qui exposrent de la manire la plus hardie toute la doctrine catholique de l'eucharistie. C'est ainsi que saint Grgoire de Nysse, qui avait dit que le pain sanclifl' par la parole de Dieu tait chang au corps du Verbe de Dieu, s'est montr aussi un courageux dfenseur de la doctrine que le Fils est tout entier dans le Pre, el le Pre tout entier dans le Fils; et que saint Grgoire de Nazianze, qui priait ses auditeurs de ne pas chanceler dans leurs mes, mais de manger le corps et de boire le sang (de Jsus-Christ) sans rougir comme sans douter, leur dclare aus^i que qui conque prtend que. quelqu'une des trois personnes est infrieure aux autres, rente verse toute la Trinit.
:

;<

CHAPITRE

XVII.

Pres du quatrime sicle. Preuves de leur doctrine sur l'eucharistie. Anciennes

liturgies.

Aprs avoir ainsi expos aux yeux du lecteur toute celte suite de rflexions et de recherches qui ont dissip en fume le fantme de protestantisme que j'avais cru apercevoir dans les pages de saint Clment et de saint Cyprien, je vais maintenant choisir quelquesuns des innombrables passages qui abondent partout dans les crits du quatrime sicle, et qui attestent d'une manire entirement irrfragable la vraie nature tant de l'eucharistie elle-mme que de tous les rites et de toutes les croyances qui se rattachent
ce grand mystre
crifice
:

l'autel, l'oblalion, le

sa-

non sanglant, la prsence relle de la victime, le changement de substance, et, comme consquence naturelle de tout ce qui
prcde, l'adoration. Saint Jacques de Nisibe (1). Notre-Sei gneur, avantd'tre crucifi (2), donna de ses

les

yeux du public, un tmoignage beaucoup

plus explicite en faveur de la doctrine de la prsence relle et du changement de substance, qu'on n'avait os se le permettre dfidles . Ces mois, ou bien, grec tV*<nv ol ju'fjtytiulini, formaient ce qu'on petit appeler le mol d'ordre du secret, el sa rencontrent chaque pas dans les Pres. Ainsi, par exemple, saint Chrysosionie dans les crits duquel Casanbqn a remarqu que celle phrase se retrouve au moins cinquante fois, saint Chrysosionie, parlant de la langue, dit [Comment, in psalm. CXLlIi) i\flhis,sez que c'est le membre avec lequel nous recevons le redoutable sacrifice les fidles savent de quoi je veux parler. > La mme phrase ne revient pas moins souvent dans les crits de saint Augustin, qui rarement se hasarde dsigner l'eucharistie par d'autres termes que ceux-ci < Quod norunt fid-

fi)

Qnod norunt
dit le

comme

le

(1) vque distingu qui assista au Concile de Nice, en 3-25 , el qui tait, comme le dit Cave, docliin ovlhoda.r v'mdcx primarius. Ce l're mrite juslellilre d'tre mis au nombre de ceux dont il est parl dans le chapitre prcdent, comme s'lant exprims de la manire la plus orthodoxe sur les deux grands mystres du christianisme, la Trinit et la

prsence
(2)
<

relle.
s'offrit

Jsus-Christ

lui-mme

comme

prtre,

le,

Voyez Johnson, Sacrifice non sanglant.) Ce savant prolestant qui, comme Grabe, Chillngworlh, et autres gloires de la mme Eglise, avait assez ouvert les yeux la lumire de la vrit pour s'attacher l'ancienne doctrine de l'Eglise sur le sacrifice eucharistique, s'exprime ainsi sur ce sui Je suppose jet dans une autre partie de ses crits que tous les protestants voudront bien convenir que
avant, d'tre crucifi.
:

S5

VOYAGES A LA RECHERCHE D'UNE RELIGION.

8G

propres mains son corps en nourriture, et son Abstesang en breuvage (Sermo ik). nez-vous de toute souillure, et recevez ensuite le corps et le sang de Jsus-Christ. Gardez soigneusement voire bouche par laquelle le Seignnir est entre et qu'elle ne donne plus passage des paroles impures (Sermo 3). Saint Ephrem d'Edesse. Considrez mes bien-aims, de quel sentiment de crainte sont pntrs ceux qui entourent le trne d'un roi mortel : combien n'est-il pas plus convenable que nous ne paraissions devant le roi du ciel qu'avec crainte et tremblement et une respectueuse gravite. Ainsi il ne convient pas que nous jetions hardiment nos regards sur les mystres du corps et du sang de NotreSeigneur, qui sont prsents sous nos yeux

vin qui, avant l'invocation de l'adorable Trinit, n'taient que du pain et du vin, deviennent, aprs cette invocation, le corps et le sang de Jsus-Christ (Catech. myslag. 1). Le pain eucharistique, aprs l'invocation
le

Lil de la foi voit manifestement le Seigneur, en mangeant sa chair et buvant son sang, et ne se permet point de recherches curieuses (1). Vous croyez que JsusChrist, le Fils de Dieu est n pour vous dans la chair; pourquoi donc voulez-vous sonder ce qui est impntrable? En agissant ainsi, vous faites preuve de curiosit et non de foi. Croyez donc et avec une foi ferme, recevez le corps et le sang de Notre-Seigneur (De na titra
(

Pnrn.

19).

Dei).

Saint Cyrille de Jrusalem (2). Le pain et


le sacrifice
;

de Jsus-Christ

tait

destin a expier les

pchs et, s'il en est ainsi, il ne doit pas leur sembler trange qu'il ait ; offert avant qu'il ft mis mort, et efela par le prtre lui- mme car il esi clair que c'tait l l'usage prescrit par Mose. > El ailleurs encore Nous pouvons srement conclure qu'ils s'offrit lui-mme laut encore en vie, surtout parce que, dans l'ancienne loi les sacrifies d'expiation et il conscration taient ainsi offerts par le pr tic a va ni que la victime fui mise mort. (1) Le conseil ici donn de ne point chercher sonder curieusement les mystres de la loi est souvent inculqu dans les crits des Pres. Ainsi saint Anibroi-e dit c Minium ori admove, scrutrl non licet superria riiysleri (De brah. patr.).t Saint Cyrille d'Alexandrie dclar aussi avec li mme Folcnn'ii qu'on doit s'abstenir de toute curiosit dans les ma:

de TEsprit-Saint, n'est plus un pain commun et ordinaire, mais le corps de Jsus-Christ (Catech. 3). Puisque Jsus-Christ, en parlant du pain, a dit et dclar, Ceci est mon corps, qui osera en douter ?Etpuisqu'en parlant du vin il a dit etassur positivement, Ceci est mon sang qui osera en douter et dire que ce n'est pas son sang (Catech. mystag. k) ? Js us-Christ Cana en Galile, changea une \fois Veau en vin par sa seule volont ; le croirons-nous moins digne de foi lorsqu'il change le vin en son sang (Ibid.) ? C'est pourquoi, je vous en conjure, mes frres, ne les regardez plus comme du pain et du vin ordinaires, puisque, d'aprs ses propres paroles, ils sont le corps et le sang de Jsus-Chrisl et quoique vos sens vous disent le contraire, que votre foi vous serve d'appui. JYe jugez pas de la chose par le got, mais soyez certains par la foi, sans le moindre doute , que vous tes honors du corps et du sang de JsusChrist ; tant bien instruits et bien convaincus que ce qui parat du pain n'est pas du pain quoique le got le prenne pour du pain, mais le corps de Jsus-Christ, et que ce qui parat tre du vin n'est pas du vin, quoique le got le juge comme tel, mais le sang de Jsus-

Christ (1)

Ibid.).
ipa.'pttXro
>

onv'

wvreo ykp eu tM
Ktr.i

YtytvTKt

(uefdi^/Ttft.

ri

Kyio-j it-sev/jut, t'.to

Nous prions

Dieu

qui aime les mes, d'envoyer son Saint-Esprit sur les dons qui sont exposs nos regards, afin qu'il fasse du pain le corps de Jsus-Christ, et du vin l sang de

til'CSde loi
xpi,.

Tcnrtarei'Trd.pct.ixrov iro'i \)-px-/jj.<ii-f,<TM -JCit

eux-mmes eussent un peu plus rserve, ils auraient heureusement vit ces vaines spculations dans lesquelles ils sont entrs sur la manire dont le Corps de Jsus-Christ s'unit au corps de ceux qui le reoivent. Saint Cyrille
Si les Pres

observ

cette

compare

l'union qui s'opre alors celle du plomb avec l'argent, tandis qu'un autre Pre y voit de la ressemblance avec le mlange du levain et de la pte. Un troisime dit que c'est comme deux morceaux de cire qu'on mle ensemble, tandis que quelques-uns vont chercher une explication de ce mystre dans la maiiicic d ni une mdecine passe dans les entrailles. De tel< efforts pour expliquer ce qui est inexplicable ne font qiie fournir une matire de triomphe aux incVdirlcat aux hrtiques; aussi dans l controvers qui donna lieu au clbre ouvrage De ta Perptuit de /a Foi, entendons-nous les ministres de la rform reprocher insolemment aux catholiques de croire que le corps de Jsus-Christ est reu comme on mange des

Jsus-Christ. Car tout ce que touche le Saint-Esprit est consacr el chang. (I) Les discours de saint Cyrille, d'o ces passages sont tirs, taient adresss aux chrtiens nouvellement baptiss, et qui, par consquent, n'taient admis que depuis peu la connaissance des mystres. Le savant auteur protestant d'un ouvrage fort utile , dernirement publi (Clarke, Succession de la littrature ecclsiastique), manifeste des doutes graves sur L'authenticit de ces discours de saint Cyrille, sans toutefois exprimer aucunes des raisons nul le font douter. .Mais nous avons contre lui de grandes autorits protestantes. Il est, dit Cave, insens et futile de douter; comme quelques uns l'ont fait , si ces discours sont de saint Cyrille, lorsqu'on les voit non-

seulement

cits

par

Damascne, mais encore men-

tionns d'une, manire expresse par saint Jrme, et cits par Thodore!, dont l'un tait son contemporain, el les autres florissaient peu d'annes aprs lui. > L'vquc Bull, thologien distingu; s'lve aussi fortement contre ceux qui voudraient contester l'an-,

pilules.

l l'on peut citer encore opinions d Vossius, Whila. ker et d'autres savants protestants. Saint Cyrille d'Alexandrie* qui vivait dans le sicle suivant, parle, la prsence relle et'idrporlle s'il est possible, de d'une manire encore plus expresse et emphatique que son homonyme de Jrusalem. Ainsi, dans son homlie sur la Cne du Seigneur, il dit que Jsus-

theniicit de ces catchises

dans

le

mme. sens

les

(2) Dans la liturgie dont se servait saint Cyrille de Jrusalem, nous trouvons exprime sa croyance et de SOII Eglise CC'llC UdLpy./c.lciy.s-J tv p;).v9p&irov
:

Chiist

-tait la fois

prtre et victime, celui qui of-

De mme dans son qui tait offert. commentaire sur saint Jean, on trouve les passages
frait et celui

vv

-ri tyt'ov

itJE/jty.

Iv/KirrtiMi
Q'tJ.lL

irci

r,

icooxst/jvof

suivants

TlQlip-Q TOV [Xi) V.pti-)

XpUT

T TI OtVOV ClUV. \pi.~

dcrie mystique

El quelle es) laf signification ci relhcacit eucharistie? n'esi-ce pas que Je-

DEMONSTRATION EVANGELIQUE. MOORE.

*8

Saint Basile. Lorsque Dieu a parl, il ne doit plus y avoir d'hsitation ni de doute, mais on doit avoir -une ferme persuasion que tout ce qu'il a dit est vrai et possible, quoique la nature s'y oppose (1). L est tout le combat de la foi Rgula 8 moral.). Les paroles du Seigneur, Ceci est mon corps qui sera livr pour vous, oprent une ferme conviction ( Ibid. in Reg. brev. ). Saint Grgoire de Nysse. Quel est ce remde? rien moins que ce corps qui s'est montr plus puissant que la mort, et qui fut le principe de notre vie, et qui ne pouvait entrer dans nos corps qu'en mangeant et en buvant. Maintenant, il nous faut considrer comment il se peut faire qu'un corps qui est si con(

corps de Jsus-Christ lorsque je vois tout autre chose? Nous avons donc ce point

distribu, dans tout l'univers, tant de milliers de fidles, soit tout entier

stamment

dans chacun de ceux qui le reoivent, et reste lui-mme tout entier (2). Ce pain, comme ledit l'Aptre, est sanctifi par la parole de Dieu et par la prire; non point qu'en tant que nourriture, il passe dans le corps, mais parce qu'il est instantanment changeait corps de Jsus-Christ, conformment ce qu'il a
,

dmontrer. Combien d'exemples ne pourrions-nous pas vous produire pour vous prouver que cela n'est pas ce que la nature l'a fait, fnais ce que la bndiction l'a consacr, et que la bndiction a plus de force que la nature, puisque par l bndiction la nature elle-mme est change. Mose jeta sa verge par terre et elle devint un serpent, il saisit le serpent par la queue, et il reprit la nature d'une verge... Vous avez lu le rcit de la cralion du monde; si Jsus-Christ par sa parole tait capable de faire quelque chose de rien, ne le croira-t-on pas capable de changer unechose en une autre (1) (De Mtjsterus) ? Saint Jrme. Mose ne nous a point donn le vrai pain, c'est Notrc-Seigneur Jsus qui nous l'a donn. Il nous invite au festin et il est lui-mme notre aliment ;
,
,

dit

lui-mme
).

Ceci est

mon

corps

(3).

Orat.

catech.

Saint Grgoire de Nazianze. La loi vous met un bton a la main afin que vous ne chanceliez point dans votre esprit lorsque vous entendez parler du sang, de la passion et de la mort d'un Dieu mais plutt, sans rougir et sans douter, mangez le corps et buvez le sang si vous dsirez avoir la vie, ne doutant jamais de ce que vous entendez dire touchant sa chair, et ne vous scandalisant pas de sa passion (Orat. 42). Saint Ambroise. Peut-tre direz-vous: Pourquoi m? dites-vous que je reois le
, ; ,

et nous le mangeons lui-mme (Episl. 101 ad Hcdib.).y> Saint Gaudence de Bresce. Dans les ombres et les figures de l'ancienne pque, on n'immolait pas un seul agneau, mais plusieurs, parce que chaque maison avait son sacrifice une seule victime ne pouvait suffire pour tout le peuple; mais aussi parce que ce mystre n'tait qu'une figure, et non la ralit de la passion du Seigneur. Car la figure d'une chose n'en est point la ralit, mais seulement l'image et la reprsentation de la chose signifie. Mais maintenant que la figure a cess, celui qui seul est mort pour tous, immol dans le mystre du pain et du vin, donne la vie dans toutes les Eglises (2),
il

mange avec nous,

Sus-Christ habile eorporellenienl en nous par la participation de la communion de sa chair sacre? Ainsi

donc, par la mdiation de Jsus-Christ, nous entrons en union avec Dieu le Pre , recevant au-dedans de
et spirituellement celui qui est vritablement son Fils pur nature et lui est consubstantiel. Un autre saint Pre, saint Isidore de Pluse, qui vivait au commencement du mme sicle et avait t un des disciples de saint Chrysosiome en crivant contre Macdonius qui niait la divinit du SaintEsprit, apporte en preuve de la divine nature du SaintEsprit, le miracle de la transsubstantiation Puisque c'est lui qui, sur la table mystrieuse, fait du pain ordinaire le vrai corps de Jsus-Christ.* (Ep. ad Ma-

nous corporellemenl

(1) L'crivain cit dans la noie prcdente s'exprime ainsi sur ce discours de saint Ambroise Si on crivait maintenant un livre sur les crmonies et sur la doctrine catholiques-romaines du baptme et de la cne du Seigneur, il ne saurait exprimer plus pleinement la croyance papiste sur ces points que ne le
:

fait

ce discours
i

Clarke

Succession de
,

la littrature

rathon. Monach.)
({) Ilv
pi,fj.A

Qzod Xn|9{ elvat x*i Jvaroy,

.&/

piin;

(2)^ Saint Bonavenlure veut expliquer ce miracle par l'exemple d'un miroir qui tant bris, rple dans chacun de ses fragments cl dans tout son en,

l'image qu'il refltait lorsqu'il iail intact. ("0 Le trenle-septime chapitre du grand cours des catchses de saint Grgoire de Nysse traite
tier,

de et la doctrine de la prsence relle s'y trouve clairement et pleinement enseigne. K>a s ov


l'eucharistie
xi
,

vD^wv tw
etc.).

).iyu

T e0 Qzov <fyc/Asvov pr
t{i<r(}.i.

SucGrabe reconnat galement que saint Grgoire de Nysse et saint Cyrille de Jrusalem enseignent dans leurs crits que la substance du pain dans l'eucharistie est change en la substance de la chair que Jsus-; Christ a pne de la Vierge.
7rHrreo/t(
(

roBsou Aiyov
cession,

ei e <r/Mt

fj.n<Lt<1

larke.

Le savant docteur

protestant

Aprs un pareil aveu dont aucun protestant instruit et de bonne loi ne saurait contester la vrit que devient, je le demande, ce conte absurde sur lequel s'appuient encore quelquefois certains controverses uss, qui nous reprsentent' la transsubstantiation connue une invention du neuvime sicle? Dans le Trait des Sacrements attribu saint Ambroise , on trouve galement des preuves claires et convaincantes de la loi de ce Pre au dogme de la transsubstantiation. Ainsi, par exemple: < Quoi m'ils aient l'apparence du pain et du vin , on doit croire cependant qu'aprs la conscration ils sont la chair En parlant des et le sang, et rien autre chose. doutes qui se sont levs l'gard de l'authenticit de ce trait particulier, M. Clarke observe que: Les arguments allgus contre paraissent avoir de h force; > mais, quoiqu'il en soit, il est clair, en juger d'aprs les productions bien authentiques de ce Pre, que les docltines qui y sont contenues s'accordent parfaitement avec ses opinions; et la prsence relle, les formes cl les crmonies, etc., du baptme, y sont prsentes telles que saint Ambroise aurait il les
sacre),
,

prsenter.
(2) Les passages de ce genre , qui abondent dans les crivains du quatrime sicle , et qui tous attribuent la participation l'eucharistie la proprit

89

VOYAGES A LA RECHERCHE DUNE RELIGION.


,

90

et tant consacr, sanctifie ceux qui Celui qui est le crateur consacrent et le Seigneur de toute la nature, qui produit le pain de la terre, fait du pain (car il en est capable son propre corps et il a promis de re faire); et celui qui de l'eau a fait du vin, du vin fait son sang (Tract. 2 de Pascha). Saint Jean Chrysostome. Croyons Dieu en toutes choses, et ne le contredisons point, lors mme que ce qu'il dit pourrait
paratre contraire

croyons que nous embrassons son corps comme il est crit, et que nous devenons
chair de sa chair, et l'os de ses os Car Jsus-Christ ne Va pas appel la figure mais il a ou V apparence de son corps ceci dit : Ceci est mon corps, est mon
la
,

sang

(1).

noire raison

et

notre

ce tmoignage dcisif de tous les Pres sur ce sujet vient s'ajouter encore un autre genre de tmoignage plus ancien et plus prcieux encore: ce sont les liturgies des premires Eglises grecque, latine, arabe,

l'un et l'autre cdent sa pti rle. C'est ainsi que nous en devons user nous ne devons l'gard des mystres

vue

(1).

Que

syriaque, etc., qui, comme le symbole des aptres, et pour les mmes raisons, se
(1) A ces extraits des livres des Pres sur Poucharisiie, je nie permeilrai d'en ajouter quelques autres

pas seulement considrer les choses qui sont devant nous, mais nous attacher fortetnent ses paroles ; car sa parole ne peut tromper, tandis que nos sens se trompent aisment. Puis donc que sa parole dit: Ceci est mon corps, soumeltons-nous et croyons, et voyons-le des yeux de notre
esprit [flomil. 82 in Matth.)

qui paraissent avoir

chapp

l'attention

de

mon

ami, et dont je suis redevable l'ouvrage inapprciable du rvrend M. Brington, intitul La foi des
catholiques.

Quel

Origne. Dans les temps anciens obscurment reprsent par la nue mais aujourd'hui la rgnration se

le

et

baptme fut par la mer;

que
ce

soit le

nombre de ceux qui participent corps quel que soit le nombre de


,

ceux qui gotent de ce sang, ne croyez


pas quil diffre en rien de celui qui est au ciel , cl que les anqes adorent (Uomil. O prodige! la 3 in c. I ad Ephes.) table est couverte de mystres, l'agneau de Dieu est immol pour toi, et le sang spirituel coule de la table sacre. Le feu spirituel descend des deux; le sang qui est dans le calice est tir du ct sans tache pour te purifier. Penses-tu voir du pain? Penses-tu voir du vin? Penses-tu quil en soit de ces choses comme des autres espces de nourriture? Loin de toi une pareille pense. Mais de mme que la cire approche du feu perd sa premire sub-

fait en ralit par l'eau et par l'Espril-Saini. Alors aussi la manne fut une nourriture figurative, mais aujourd'hui la chair du Verbe de Dieu est en ralit la vritable nour-

riture: car

il a dit lui-mme < Ma chair est vritablement une nourriture et mon sang est vritablement un breuvage ( Ilom. VII, in Num. ). >
:

Saint Ambroise. Si les hrtiques nient qu'on doive adorer les mystres de l'incarnation de JsusChrist, ils peuvent lire dans l'Ecriture que les apaprs sa rsurrection glotres l'adorrent aussi Puis ensuite il parle de la vritable chair rieuse. de Jsus-Christ que nous adorons encore aujourd'hui dans nos sacrs mystres ( Quant hodic tfuoque in my-

sleriis

adoramus)

stance et disparat entirement,

crois aussi

pain et le vin) sont consums par la substance du corps (llomil. 9 de pascha). Y a-t-ildonc plusieurs Christs, puisqu'on offre en plusieurs lieux?
les

que

mystres

(le

Saint Gaudence. Croyez ce qui vous est annonc, parce (pie ce que vous recevez est le corps de ce pain cle-te et le sang de cetie vigne sacre: car lorsqu'il livra ses disciples le pain et le vin consacrs, il dit: Ceci est mon corps, ceci est mon sang. Croyons-le donc, lui dont nous professons la foi; car la vrit ne peut mentir ( Tract. 2, de Pasch.). > Saint Grgoire de Nysse. C'est par la venu de la bndiction que la nature des espces visibles est change en sou corps. Le pain aussi n'lait d'abord

Non, du

ici

tout: c'est le mme Christ partout; entier, et l entier, un seul corps. Comme donc, quoique offert en plusieurs lieux, il n'y a qu'un seul corps, et non plusieurs corps, ainsi il n'y a qu'un seul sacrifice 17 in cap. IX ad ( IJo.mil. Hebr.). Saint Maruthas. Toutes les fois que nous

qu'un pain

commun
il j

et ordinaire

niais

une
effet

fois qu'il
le

a l sanctifi,

est appel et est en


Tf,
t.

corps

de Jsus-Christ,
Christi).

eXo^fac 5uv*/*et

/j.eTU.Troiy_z(o>TV. t."v

eKtyojulvuv ttv iriv

npis l/.ci/o (Orat. in lia pi.

approchons nos mains


la

et
le

que nous
corps
et

le

recevons dans sang, nous

prouvent de la manire la pins sixime chapitre de saint Jean tait alors inierprt dans le sens de l'eucharistie. En ce sens, Jiilius En miens, crivain du quatrime sicle, appelle le calice eucharistique poculum immortale, et ajoute qu'il procure aux mourants le don de la vie ternelle. < El (pie croient donc dit saint Augustin, ceux qui donnent le nom de vie au sacrement de la table du Seigneur, sinon ce qui a t dit Je suis le pain de vie , et Si vous ne nie mangez point vous
vie
,

de donner

claire cpie

le

sont leves contre prsence relle eussent mis les Pres de l'Eglise dans la ncessit d'employer un terme qui exprimt clairement l'ide de substance, lorsqu'ils parlaient de ces mystres, ils se servaient de diverses expressions pour dsigner le changement qui s'opre dans l'eucharistie. Mt3tix<'wti; est , comme nous venons de le voir, le terme employ par saint Grgoire de Nysse, dans le passage qui vient d'tre ciic. Dans Thophylacte nous trouvons le mol MerKiroir.rit employ dans le mme sens, et les mois Mei-aSo}*,
les hrsies qui se
la

Avant que
Trinit et

la

'^l;r:/axr,ijd.Ti'S/x(, M.'T<xpp'i /itiif

I\lET*sua3 uo{, ont Cl


i

n'aurez point la vie en vous.


(1)

>

tre:

Le mme Pre donne celle dfinition du mysQuand nous voyons une chose, et que nous

croyons que c'en est une autre,

-rsp*

p^tv,

c T <p

Pre ou par un autre pour exprimer le changement miraculeux des lments eucharistiques. Quand les phanlastiques cependant eurent commenc spiriiualiser la prsence relle, et que les ennemis de la Trinit voulurent rduire un simple accord et une pure conformit de volont l'unit mystrieuse du Pre cl du Eils, les orthodoxes se virent alors forcs d'affirmer la substantialil dans ces deux mystres et de l l'introduction de ces {\c-wx termes qui ne se trouvent point dans les saintes
tour tour employs
i

ar un

Ecriturai! cinubMantiel p\tratMUbttan<intiott.

9i

DEMONSTRATION EVANGELQUE. MOORE.

transmettaient, non par rrit, mais de vive voix (1) et se sont conserves d'ge en ge dans la mmoire des fidles. Ce ne fut que quand le christianisme trouva un asile dans les palais des rois, que ce dpt sacr de nies, de prires et de dogmes l'ut livr au monde; el quelles que soient les interpolations que quelques parties de ce prcieux dpt aient pu subir dans la suite des sicles, les savants s'accordent reconnatre que partout o l'on trouve entre elles une conformit parfaite on peut les regarder comme des monuments authentiques des temps apostoliques, et leur donner la mme confiance (2). Or leur parfaite conformit par rapport au sens attach aux prires dont on se servait dans la conscration des lments eucharistiques (3), est une preuve plus frappante, peut-tre, qu'aucune de celles qui ont t allgues de l'origine apostolique de la doctrine catholique sur ce point. Des extraits de quelques-unes des plus anciennes de ces liturgias termineront ce long chapitre. Liturgie de Jrusalem, appele aussi liturgie de saint Jacques. Ayez piti de nous, Dieu, le Pre toul-puissant, et envoyez votre Saint-Esprit, le seigneur et le matre de la vie, gal en puissance vous et votre Fils, (lui est descendu sous la forme d'une colombe sur Notre-Scigncur JsusChrist qui est descendu sur les saints aptres sous la forme de langues de feu, afin qu'en venant, il fasse de ce pain le corps qui donne la vie, le corps qui est le principedu salut, le corps cleste, le corps qui donne la sant aux mes et aux corps, ic corps de Notre-Scigneur Dieu et Sauveur Jsus pour la rmission des pchs et la vie ternelle ceux qui le reoi-, en t.,Amen... C'est pourquoi, nous vous offrons, Seigneur, ce redoutable sacrifice non sanglant, en ces lieux saints que vous avez vous, , ce ,

mme

clairs

par

la

manifestation

du

Christ votre Fiis, etc. Liturgie d'Alexandrie , appele aussi liturgie de saint Marc. Faites descendre sur nous, sur ce pain et sur ce calice votre Saint-Esprit, afin qu'il les sanctifie et les consacre, comme Dieu tout puissant, et qu'il fasse du pain le corps et du calice le sang (1) du nouveau testament du Seigneur Dieu et Sauveur, et de notre souverain roi Jsus-Christ, etc. Liturgie romaine, appele aussi liturgie, de saint Pierre. Nous vous supplions, Dieu, de faire que celte oblation soit en toutes choses bnie, admise, ratifie, raisonnable et digne d'tre reue, afin qu'elle devienne pour nous le corps et le sana de votre Fils bien-aim, Notre-Seign* w Jsus-Christ. A la communion, le prtre, s'inclinant dans des entiments d'adoration el d'humilit profonde, et s'adressant Jesus-Ch isl lui-mme, prsent alors entre ses mains, dit trois fois
:

Seigneur, je ne suis pas digue que vous entriez dans ma maison, mais dites seulece ment, une parole, et mon me sera gurie. Liturgie de Constahlinople. Bnissez, Seigneur, le pain sacr; faites de ce pain le prcieux corps de votre Christ. Bnissez, Seigneur, le saint calice, el ce qui est dans ce calice, le prcieux sang de voire Christ, changeant par le Saint-Esprit.... Ensuite, au moment o il divise le pain consacr en L'Agneau de quatre parties, le prlre dit Dieu est bris et divis, le Fils du Pre est bris, mais non diminu; il est toujours mang, mais il n'est pas consum, el il sanctifie tous ceux qui y participent (qui

<(

le reoivent).

CHAPITRE

XVIII.

AntiVisite A la chapelle de la rue T...d. quit des crmonies de la messe. Cierges, Usage de se frapencens, eau bnite, etc.

per
(1) On croit que le symbole des artres tait uri des signes du secret au moyen du juei les iiinies , ou ceux qui avaient reu le bapim se reonpaissaien'l les uns les antres, el que c'est, de l que lui est Venu le nom de symbole ( Voyez riustoire du symbole ds

la poitrine.

la poitrine.
la

Imitation du paganisme dans primitive Eglise.

Quint Augustin se frappe

aptres).
(2) < On ne saurait gure douier, dit l'archevque YVake, que les prires qui dans toutes les liturgies se trouvent les mmes, au moins pour le sens, si non pour les mots, n'aient t d'abord prescrites dans les mmes termes ou aunes semblables, par les aptres et les vanglistes dont ces liturgies portent les noms ( Pres postol. ).

< i <

Ce fut, je me le rappelle, assez tard dans la nuit du samedi que j'achevai la tche que je m'tais impose de recueillir les extraits cits dans le chapitre prcdent ; et je me sentis alors, je l'avoue, si fortement press de retourner l'ancienne Eglise dans laquelle j'tais n, la vue de tant de preuves irrsistibles qui attestent qu'elle est la vritable Eglise de Jsus-Christ dans toute sa puret,

que

le

lendemain malin, poui


j'tais

la

premire

fois

ce qui a dj ( observ, le consentement de toutes les Eglises chrtiennes du monde, quoique distantes les unes des autres, par apport la sainte eucharistie ou sacrement de l
(3)

J'ajoute

depuis que
assister la

sorti de l'enfance,

j'allai

T. ..d. C'tait
sorte les
c

messe dans la chapelle de la rue comme pour apaiser en quelque


et

cne du Seigneur
trouve
la

ment merveilleux. Dans

mme
,

ce consentement est vritabletoutes les liturgies on reforme de prires, presque les


:

mnes de mon ancien

vnrable

mmes mois mme ordre el

et exactement
la

le

mme

sens,

le

mthode; On ne saurait les considrer attentivement sans demeurer convaincu que cet ordre de prires a l prescrit aux diverses Eglises, au temps mme de leur institution et de leur formation ( L'vque Bull, sert /, sermons sur lu prire
i

mme

commune),

Je trouve, dit le protestant Grotus, dans (1) toutes les liturgies grecque, latine, arabe, syriaque et autres, des prires adresses Dieu, afin qu'il veuille consacrer, par son Saint-Esprit, les d .us r Offerts, et en faire le corps el te s:mg de sou l ils. J'avais doue raison ddire qu'une coutume si ancienne qu'on doit la regarder comme venue ci si universell des premier- temps, n'aurait pas d tre change eVotum pro puce ) i
.

93

VOYAGES A LA RECHERCHE D'UNE RELIGION.

94

confesseur, le pre O'H...., que je choisis ainsi la chapelle laquelle il avait appartenu, pour tre le thtre du retour de reniant prodigue; et, comme ces matelots des temps anciens qui, aprs tre chapps du naufrage, avaient coutume de suspendre dans le temple les tableaux qu'ils avaient fait vu d'offrir, j'allai aussi dposer au pied de l'autel une courte prire, mon retour, sain et sauf, de cette course longue et aventureuse la poursuite de ce fantme de protestantisme primitif. Mais, quoique je revinsse ainsi la demeure de colle qui m'avait nourri, tais-je encore vraiment digne d'tre appel son fiis? Quoique ma raison ft si pleinement, si abondamment convaincue, la principale l'aveuglement du source de l'erreur, cur, tait-il dj dissip? Mes lecteurs ne sauront que trop comment rpondre celte question, lorsijue je leur aurai fait l'aveu que j'prouvais tant de honte de ma rsolution de

des cierges (1); tandis que, d'un autre ct, la fume de l'encens, dont l'usage tait d'ailleurs familier et ordinaire aux peuples au milieu desquels le christianisme avait pris naissance, tait un remde auquel il fallait recourir pourdissiper les manations malfaisantes qui s'exhalaient de ces lieux insalubres. En m'aspergeant le front avec de l'eau bnite, je me rappelais l'poque laquelle on commena mler du sel avec l'eau bnite c'tait vers le commencement du second sicle, en mmoire de la mort de Jsus-Christ (2), ou bien, ainsi que d'autres le prtendent, comme un type mystique de l'union hypostatique des
:

deuxnaluresdansla personneduRdempleur. Au moment de la messe o commence le mystrieux sacrifice, je me rappelai ces paroles Foris calechumeni, par lesquelles on ne manquait jamais, tant que la discipline du
:

retournera mon ancienne foi, que trahissait cette visite la chapelle, que j'eus bien soin de me placer dans l'endroit o je courais le moins de risque de rencontrer des personnes qui me connussent et l mme je me blottis daas, mon coin de manire, me drober aux
;

secret continua d'tre en vigueur, de congdier les catchumnes ou ceux qui n'taient pas encore baptiss , et les faire sortir de l'glise, avant la clbration de ces mystres, auxquels il n'tait permis qu'aux initis seuls

regards
11

le

plus qu'il m'tait possible.

que si mes sentiments de religion n'avaient que peu gagn au cours d'tudes sacres que je venais de faire, mes connaissances en cette matire n'avaient pu faire autrement que de s'y accrotre d'une manire notable. En effet les penses qu'excitait alors en moi la vue des crmonies qui se faisaient l'autel taient
est certain toutefois

bien diffrentes de celles qu'elles y avaient autrefois veilles aux jours de mon enfance. Alors je rvrais aveuglment tout cet appareil extrieur sans en connatre la signification ; maintenant l'tude des livres m'en avait rvl le vritable sens, mais le sentiment, o tait-il? C'tait plus, je l'avoue ma honte, avec le zle d'un antiquaire que d'un catholique ou d'un chrtien que, du coin o je m'tais retir, je considrais avidement toutes les crmonies , et prenais plaisir reconnatre dans chacune des parlies du service divin, quelque doctrine ou quelque pratique des temps primitifs, admirant la fidlit vigilante avec laquelle la tradition nous a transmis les plus petites crmonies qui se rattachaient celle premire aurore de notre foi. Dans l'usage des lumires et de l'encens, dont les protestants se moquent comme d'une pratique toute paenne, je ne faisais que lire la touchante histoire de la primitive Eglise, lorsque les enfants, poursuivis par le glaive des perscuteurs, ne tenaient leurs assembles religieuses que pendant les tnbres de la nuit ou dans de profonds souterrains (1), dont l'obscurit rendait ncessaire la lumire
Ciampini, dans son curieux ouvrage sur les resblimems et de-, mosaques, nie que les premiers chrtiens clbrassent les crmonies de leur culte dans les cryptes, et soudent qu'ils tenaient leurs assembles dans des maisons leves au-dessus

Ces mots, per quemhc omnia, Dorappelrent dans mon esprit le souvenir de la simplicit des premiers temps, lorsqu'on avait coutume de porter sur l'autel les fruits nouveaux de la saison, que le prtre bnissait en ces termes avant la communion. De mme en entendant le prtre dire: Elevez vos curs, et le peuple rpondre Nous les tenons levs vers le Seigneur, pouvais-je ne pas me rappeler avec respect que c'tait en ces mmes termes que saint Cyprien et son peuple s'exprimaient en la prsence de leur Dieu (4-), pas moins de quinze cents ans auparavant, c'est--dire douze sicles entiers avant qu'il existt un seul des protestants qui ont aboli le sacrifice del messe A cet instant sacr et solennel j'aperus une autre preuve de la haute antiquit des crmonies religieuses observes par les catholiques, qui me frappa d'autant plus vivement qu'elle se rattache une de leurs pratiques dont on s'est le plus moqu, celle de se frapper la poitrine avec la main ferme, au ConfUeor et antres points de l'office pratique qui, en Irlande, a valu aux papistes le surnom injurieux de craic-thumpers. Cependant, lorsque, portant mes regards sur ces humbles chrtiens, si injurieusement dsid'assister.

mine

(3),

ou auprs des cimetires. Ce laborieux antiquaire ne compte pas moins de quatre-vingts glises bties par les chrtiens depuis l'an 53 ju>qu'cti
_

Kiio

275.
il

(1) Aiosi die dominka


(jaii,

est dit dans des noies sur Eusbe ( de quod climliuni mane qiiomlam congrecelebrurint,

Synaxes mas adlmina accensa

qu

deineeps elium hiierdiu retenta sunl. de l'eau bnite (2) Suivant Tertullien, l'aspersion
se faisait in memoriam dedicalionis Chrisii. de faire, do (5) Calvin, liasnage, eic, ont essay celle formule de l'ancienne messe un argument contre la doctrine de la prsence relle, mais l'explication donne, ei-dessus est une rponse satisfaisante
leurs s.ubiiliis. (4) De ornlione dont.

(H

tes les anciens

Saint Cvrille de Jrusa-

lem
myst.

fait

aussi

mention de celte

formule

Lutctlt.

b).

95

DfcMO.NSTR \TION
,

IVANGELIQUE. MOORE.
faisaient les

9C

gns
saint_

je

me rappelai que

le

pieux

et

savant

Augustin avait t lui-mme un crawihumper, je sentis que errer avec lui c'tait au moins errer en bonne compagnie, et je m'empressai de m'unir de toutes mes forces
,

ceux qui se frappaientla poitrine, tundenles pectora, comme les appelle ce grand saint (1). L'accusation intente contre les catholiques de n'tre que des copistes des paens , se re-

nouvelle constamment par chaque ministre voyageur qui, son retour de Rome ou de
Naples, raconte l'horreur dont il a t saisi etc. ..Mais, loin de nier la vue des images qu'ils eussent adopt quelques-uns des usages des paens, les premiers chrtiens ne font pas difficult d'avouer et de justifier leur concomme tant un moyen duite cet gard propre faire disparatre celle apparence de nouveaut dans leur foi qui formait un des plus grands obstacles ce qu'elle ft reue par les paens, et cherchent ainsi en empruntant quelques-unes des formes de l'erreur, gagner leurs auditeurs la vrit (2). Je ne pourrais, sans dpasser de beaucoup les limites que je me suis proposes, numrer ici les nombreux vestiges de paganisme qui, soit pour les raisonsqui viennent soit par la force de l'habid'tre assignes tude et de l'imitation, furent conservs dans le langage el les crmonies de la les rites primitive Eglise. Sans nous arrtera l'adoption des mots mystre et sacrement (3) emprunts au langage religieux des Romains et des Grecs ; ni la formule dont on se servait pour faire sortir les catchumnes de
, ,
,

ftes de avaient t prcdemment consacrs -par les paens quelque solennit superstitieuse (2) sans nous arrter, dis-je, ces traits frappants de ressemblance et tant d'autres qu'il serait facile de recueillir, nous pouvons reconnatre et signaler mme dans l'office liturgique de la primitive Eglise, les formes et le langage du culte paen et idol;

chrtiens (1), pour clbrer les leur Eglise, les jours mmes qui

trique.

Ainsi, celle espce de psalmodie appele antiphonie, qui fut introduite dans l'Eglise par saint Ignace, et qui consistait en ce que la mme pice de chant tait rpte alter-

nativement par deux churs, tait la manire de chanter en usage, si l'on en croit Casaubon dans les temples des gentils et les rponses du peuple aux prtres ont un prcdent dans quelques-uns des anciens rites bachiques: Louez Dieu, disait le Daduchus ou grand-prtre, et le peuple rpondait Ofils de Sml qui donnez les richesses. Aussi les mots Kyrie eleison, Seigneur, ayez piti de nous, qui se sont conservs jusqu' ce jour dans toutes les litanies, taient, d'aprs Arien, qui crivait dansle second sicle, la forme ordinaire des prires adresses la Divinit chez les paens.
,

Nous prions Dieu,


(3).

mme

dit Arien, qui tait luipaen, en nous servant des mots Ky,

rie eleison

l'glise

au moment o le sacrifice allait commencer, Retirez-vous, vous qui n'tes pas initis , dans laquelle on reconnat le Pro-

Loin donc de nier la source o ils ont puis ces formules de prires, les catholiques , je le rpte, sont les premiers la reconnatre (4) sachant bien, malgr tout ce que
,

cul estote, profani, des mystres paens; ni la confession des pchs et l'abstinence de certaines viandes qui taient imposes ceux qui se prsentaient pour tre initis dans l'un comme dans l'autre de ces deux cultes (k); ni aux divers degrs par lesquels ils devaient successivement passer avant d'y parvenir (5); ni enfin au choix spcial que

peuvent faire les protestants pour repousser cette conclusion que ces ressemblances accidentelles avec les formes du paganisme
,

Rucherus et (1) ( ou voit par le calendrier de par d'autres que les Romains avaient le 25 dcembre une fte marque, diesindicti, en l'honneur du retour du soleil. Elle se taisait avec de grandes rjouissances. Ce l'ut apparemment pour s'opposer la licence
fte que l'Eglise romaine pina en ce mme naissance de Jsus-Christ. De mme qu'on institua la procession du jour de Saint Marc, pour l'opposer celle que faisaient les paens ce mme jour, 25 avril, en l'honneur du dieu Rubigo, et les luminaires de la fle de la purification tout de

de celle
la

jour,

et tundenles pecnon liabemus peccata dicimus : Dimitle nobis peccata noslra , etc. (Serm. 55). (2) L'avantage de cette mnnire d'agir est ndroiiePertinaci ineni exprim dons ces paroles de Bde paqanismo mutalione subvention est, cum rei in lotion
(1) Si
,

tora

mme

Lonquerue).

su'blniio potins irritasse!.


(7>)

LedorleurWaterlandfait remonter l'usage d'ap-

pliquer l'eucharistie le mot sacrement, jusqu' la date de la lettre de Pline, au sujet des chrtiens, o Seque sacramcnlo non in scelus aliqnod obslrinil dit gere, *ed ne furta, elc. ; mais il est vident que Pline emploie ici ce mot dans le sens latin de serment; et je ne crois pas qu'on puisse citer aucun exemple de son application l'cucharisliejavantle temps de Tenullien. (4) Aprs qu'ils avaient confess leurs pchs, on demandait aux candidats paens : < Avez-vous mang des viandes permises et vous les-vous abstenus des Viandes dfendues? To stTs y.Ki t [a'h crro yiioi. (5) Le dernier cl le plus haut degr d'initiation iait appel , par les mystagogues paens, leleies ou consommation. De mme, l'admission des nophytes chrtiens la communion est souvent appele par les
:

nombreuse donne par mon ami, de-, choses que les premiers chrtiens oui empruntes au paganisme avec la fameuse lettre de Middleton , qui entreprend la mme lclie que lui quoique dans un but tout diffrent, le lecteur reconnatra combien les recherches de Middleton sur ce sujet sont restreintes el incompltes. a mis ses (2) Noire-Seigneur, dit Thodorel, morts, c'est--dire les martyrs, la place de vos dieux, qu'il a renvoys dans le lieu qui leur convient; et a transfr ses martyrs les honneurs qu'on leur rendait. Ainsi, au lieu des ftes de Jupiter et de Bacchus, on clbre maintenant les ftes de saiul Pierre el de ?aint Paul elc.
la liste
, , ,
,

En comparant

(3)

Ti'J

-V

ixixa.J.OX>ygVOt

OiiutOcL

otTo

Kvct

l).ir,ia> (

Dissertt.

Epiclel.

(4)

Le savant Rrisson, une

des victimes

de

la

expressment des mots Kyrie eleison, dans son ouvrage sur les formes de riiqlise catholique : fontem liujus precalionis esse a paqanorum cotisuetuligue, dit
dine.

Pres

iOii/ ixl fd ti7v.

97

VOYAGES A LA RECHERCHE D'INE RELIGION.


leur Eglise est

dans les crmonies de des preuves les plus incontestables qu'elle puisse donner de sa haute antiquit. C'est ainsi que les formes extrieures de son culte remontent cette premire aurore du christianisme, o la vrit prvalait peu peu sur l'erreur, comme la lumire sur les tnbres, et que ce qui pouvait encore rester des tnbres de la nuit, ne devait servir qu' rehausser davantage encore la brillante clart du jour.

une

esprit plus papiste encore, saint Optt, vque de Milve, au quatrime sicle, s'exprime ainsi : Vous ne pouvez nier que saint Pierre, le chef des aptres, n'ait tabli une chaire pontificale Rome. Cette chaire est une, afin que tous puissent con~ server l'unit par l'union qu'ils auraient avec elle; de sorte que quiconque lve une chaire contre elle devient par l mme un schismatique et un rebelle (De schism. Do.

Dans un

nat.).

CHAPITRE XIX.

Reflexions. Histoire de la chaire de saint Pierre. Saint IrMoyens de conserver l'unit. Indfeclibilil de la ne. Saint Hilaire. seule Eglise.

Unit de

F Eglise catholique.

Assurment me disais-je en ruminant en moi-mme, lorsque je revenais tranquillement de la chapelle la maison, quand il n'y
,

L'histoire de cette chaire unique prsente en elle-mme un phnomne et une merveille dont aucune autre forme de pouvoir humain, aucune poque du monde, n'a offert d'exemple. Pendant le cours de dix-huit sicles, au milieu du flux et reflux perptuel des destines des nations, tandis que toutes les autres parties de l'Europe ont vu tour tour dtruire et relever leurs institutions, que de nouvelles races de rois ont paru et disparu
.sur un thtre, et que l'Angleterre elle-mme a pass successivement sous le joug de cinq nations diffrentes, le sige apostolique, la chaire de saint Pierre, seule, a dfi les vicissitudes du temps; elle est reste, comme une cit btie sur une montagne, un point de ralliement pour l'Eglise de Dieu dans tous les temps, et compte une succession non interrompue de pontifes (1),

aurait point d'autres preuves en faveur de la lgitimit des prrogatives que s'attribue l'Eglise catholique, cette fidlit inviolable avec laquelle elle est demeure attache, au milieu de toutes les variations des temps et des circonstances, tous les plus petits points de discipline ou de culte extrieur,

comme

qui taient marqus du sceau de ses premiers docteurs de la foi, serait par elle-mme et indpendamment de tout autre tmoignage,

une assurance suffisante qu'elle a galement veill avec un soin aussi scrupuleux sur les
grandes doctrines qui lui ont t lgues et transmises d'ge en ge, jusqu'au temps o nous vivons, telles qu'elles lurent enseignes

par les saints. Quoique, pour expliquer ce grand miracle,


ce miracle toujours subsistant d'une Eglise qui, pendant le cours de dix-huit sicles, se conserve toujours la mme, sans aucun changement, et en quelque sorte immuable, il ne faille recourir rien moins qu' l'assistance

depuis saint Pierre, qui l'occupa le premier, jusqu'au temps o nous vivons. Mais pour en revenir aux moyens plus exclusivement humains par lesquels l'Eglise catholique a si admirablement conserv sa stabilit, nous avouons que dans tous les temps les efforts de ses pasteurs les plus distingus ont toujours tendu conserver parmi ses
enfants cette entire et immuable unit; et comme ce systme ou mode d'union tait, de fait, indispensable tant la paix qu' la dure de leur Eglise, il importe d'examiner par quels moyens ils ont si bien russi atteindre leur but. Etait-ce en ouvrant les saintes Ecritures la multitude? Etait-ce, comme les rformateurs modernes, en donnant pleine libert au jugement priv, et en laissant chacun le droit d'interprter sa guise le volume sacr? Bien loin de l ils furent aussi peu protestants sur ce point que sur tous les autres. Ils demandaient avec saint Paul Tous sont-ils prophtes ? Tous sontils docteurs? Ils savaient, comme saint Pierre, qu'il y a dans les saintes Ecritures des choses difficiles comprendre dont les ignorants et les esprits lgers abu sent pour leur perle. Ils voyaient dans les garements et l'inconstance aveugle des hrtiques de leur temps, les consquences des pas faits dans le sebisme; et le langage employ par eux en parlant de ces seetair.es errants et gars tait,, par avance, celui que
:
:

d'une providence divine, il est permis nanmoins de rechercher jusqu' quel point la prudence humaine, comme agent ou instrument secondaire, a pu contribuer produire nul doute que la vicet admirable rsultat gilante sollicitude qu'ont mise les pasteurs de l'Eglise observer eux-mmes et faire observer leurs peuples ce prcepte de saint Paul, N'ayez qu'un seul et mme esprit, n'ait t de tous les moyens humains employs pour conserver intact le solide difice de leur foi le plus sage et le plus efficace. Pour juger de l'importance que tous les Pres attachaient l'unit, et de l'horreur qu'ils avaient du schisme, il ne faut que considrer le langage nergique qu'ils tiennent sur ce sujet. On ne peut rompre l'unit, dit .saint Cyprien, ni dchirer un corps par morceaux. Tout ce qui est spar du lro*nc ne -saurait vivre ni respirer isolment; il perd par l mme le principe de vie (De unilatEccl.). L'ancienne Eglise calholi que seule, dit saint Clment d'Alexandrie, est une dans son essence, dans ses opi nions, dans son origine, dans son excel(Strom. I. Ml). loncc, une dans sa foi
:

anneaux de celle (1) En parlant des premiers chane, depuis saint Piecre jusqu'au pape Eleullire,
douzime vquede Rome, saint lrcne.dit C'est dans eet ordre el dans eelte succession que lu tradition qui est dans l'Eglise, et la prdication de la viilc, nous (ont venues des aptres. >
le
:

99

DEMONSTRATION EVANGELIQUE. MOOKE.

ioo

les catholiques des temps futurs ont eu adresser aux protestants. Ainsi, saint Irne, qui, si je puis m'exprimer ainsi, vivait la fin du sicle apostolique et lorsque ce beau jour dont la clart encore toute frache l'environnait de ses rayons, ne faisait que de se fermer, saint Irn, aprs /oir signal les innombrables variations de doctrine que l'hrsie avait dj enfantes, ajoute : Quand donc ils s'accorderont entre eux sur les v-

ritsqu'ilseroienttrouver dans l'Ecrilure,le temps sera venu pour nous de les rfuter: jusque-l, par l'garement de leurs pen ses, et le dsaccord qui rgne entre eux sur le sens donner aux mmes termes,

ils

se convainquent rciproquement d'erreur. Mais nous qui avons pour matre le seul vrai Dieu, et qui prenons sa parole pour rgle de vrit, nous parlons toujours
,

mme manire sur les mmes choses (Adv.hr.l.lV){i). Deux sicles aprs, nous trouvons le grand dfenseur de la Trinit, saint Hilaire, s'exprimer sur le compte des ariens, qui furent les fabricaleurs de symboles de foi de son temps, dans un langage qui ne s'applique pas moins bien aux Luther, aux Zwingle et

de la

les premiers pasteurs de l'Eglise se sont constamment appliqus obliger tous ceux qui taient dans le berai! ne suivre que le seul pasteur: et si quelqu'un rsistait sa voix ou se sparait de lui, ils le retranchaient du troupeau. Celte exclusion n'emportait rien moins que la peine terrible de la rprobation ternelle (1); et quelque svre et redoutable que pui-se paratre une pareille sentence, ceux qui avaient appris qu'il n'y a qu'wn seul Seigneur, qu'une seule foi, qu'un seul baptme, et qui, par consquent, faisaient profession decroirequelous ceux qui n'taient pas dans l'arche devaient prir par le dluge, ne pouvaient en conscience porter un jugement plus doux. A l'aide de ces gardiens et de ces appuis divins et humains l'Eglise catholique a pu continuer sa course sans jamais dvier, et fournir un exemple de dure permanente d'indfectibilil et d'unit qui n'a point de pareil dans loute l'histoire des institutions
,

aux Calvin de
celle

la

rforme, ainsi qu' toute

abondante moisson de symboles qui se sont succd dans le champ cultiv par leurs soins. Quand une fois ils (les ariens) com mencrent faire de nouvelles confessions de fui. la foi fut moins l'enseignement de l'Evangile que la croyance de l'poque. Chaque anne on faisait de nouveaux sym holes, et on ne retenait plus celle simplicit de foi dont on avait fait profession son baptme. Mais de l que de malheurs! car il y eut bienltautant de symboles qu'il plut chaque parti d'en avoir, et depuis le Concile de Nice, on ne s'est plus tudi Cha qu' fabriquer ainsi des symboles. que anne, chaque mois, il a paru de nou veaux symboles; ils ont t changs, anaet ainsi, en vou Ihmatiss, puis rtablis

elle s'est ainsi soutenue elle-mme sans tache et sans rupture, sauf le schisme partiel de l'Eglise d'Orient, travers un laps de temps qui date de l'existence du christianisme, et au milieu de tous les -en ingcmenls, des clipses et des naufrages ju'onl subis toutes les autres institutions, transm liant des pres aux enfants les mmes doctrines, dans tous les ges: tandis que de lotis les chefs de sectes, depuis Simon le Magicien jusqu' Luther, il ne s'en est pas trouv un

humaines;

seul qui ait russi donnera ses sectateurs un symbole dont les articles soieu! rests sans

changement au del du temps

qu'il a vcu.

CHAPITRE

XX

Scne, poque d'une Eglise catholiRve. Ange d'Hcrmas. que, le troisime sicle. Grand' Messe. La scne se transporte Sermon du recteur. Ballymudragget. Chorus d'amen.

it

lant sonder trop avant dans (a foi, il plus rest de foi. Rappelez-vous aussi qu'tZ n'est aucun de ces hrtiques qui n'et Virapudence de soutenir que tous ses blasphmes taient puiss dans les saintes Ecritures [Ad

n'est

Constant,

l.

II).

Celte suite de penses dans lesquelles les crmonies du matin m'avaient entran et qui avaient continu plus ou moins de moicuper le reste du jour, fut sans doute la cause d'un rve trange que j'ai eu celte nuit, et que je vais rapporter ici pour le plaisir de ceux qui ont quelque attrailpour ces enfants

Avertis par celte longue suite d'exemples qui datait des premiers sicles du christianisme, et inviolablement attachs ce prin-

cipe d'unie,

recommand par Jsus-Christ,


attire

d'un cerveau creux. Je me trouvai assis, ce qu'il me semblait, au milieu d'une grande glise sur une terre lrangre, m'imaginnt tre dans le Iroisi ie

(I)

On peut encore citer dans le mme sens un

ou quatrime sicle. Les cierges que j'aperce vais au lourde moi, el


die qui retentissait

el l'encens
la

<lil:

passage remarquable d,n mme Pre... Saint Paul a Nous parlons del sagesse parmi les parfaits, le ce monde. Chac < mais ce n'est pas la sagesse de affirme que celle sa ces hommes (les hrtiques) K'-soest en lui-mme, qu'il la trouve en lui-mme,
i

psalmoLissrent pas un instant douter que je ne fusse dans l'enceinte d'un temple ddi au culte catholique ; et pour comble de merveille, je

mes

oreilles

ne

me

<

a invente. qu'elle n'est autre .pie la liclion qu'il la vrit se trouve tantt Ainsi, les en croire, dans Valenlin , tantt dans Marcion, tantt dans Mais lersCertaine, et, aprs cela, dans Basilides. nous venons de nouveau en appeler celle tradi-

que

ei qui s'esi conserve lion, qui est venue des aptres, des pasteurs, alors ils dans l'Eglise par la succession <;se tournent contre la traduion.

concile le Zerta, rtlige (1) La lettre synodale du Quipar saint Augustin, parle ainsi aux doiiniistes conque est spar de celle Eglise catholique, dans < quelque innocence qu'il se flatte de vivre n'aura spare point la vie ternelle, par cela seul qu'il est colre de Dieu demeure i de l'unit du Christ, el la
:

<

sur

lui.

>

401

VOYAGES A L\
,

Rl^CilEIlCIiE

D'UNE RELIGION.

los

me croyais moi-mme redevenu un bon ea-7 s'ils me tholique orthodoxe. Cependant en promena ut uses regards sur la multitude de fidles qui m'environnaient, j'tais trangement surpris de la vuiit de couleur et de costume qui s'y faisait remarquer: Romains, Carthaginois, Gaulois, les citoyens d'Athnes et les de Corinthe et d'Ephse le Jrusalem Alexandrins et les Espagnols, ele etc., tous taient assis eu cercle, revtus des divers costumes de leurs contres respectives, attendant, dans un profond silence, le commencement de la messe. J'aperus alors pour la premire fois mes cts an jeune homme d'un aspect tout divin, qui me regardait avec un sourire de bienveillance qui pntra comme un rayon de lumire dans mon cur. Il tait vtu la manire d'un berger des anciens temps de la vie pastorale, et, en considrant plus attentivement ses traits, je reconnus en lui le mme ange ami qui, sous l'extrieur d'un berger, avait conduit Hermas a travers cette srie de visions dont il fut favoris (1). Aprs avoir chang ensemble on salut, j'tais sur le point de m'informer de lui comment son ancien protg se portait au ciel, lorsqu'il posa son index sur ses lvres comme pour m'avertir qu'il fallait garder le silence, elpr squ'aumme moment les premiers mois de l'office divin vinrent frapper mes oreilles. Le prtre vnrable qui officiait paraissait mon imagination comme une sorte, d'tre compos, runissant les traits sous lesquels on a peint quelques-uns des illustres Pres de l'Eglise. chauve et semblable celle Il avait la tte du prophte Elise, de saint Chryostome, les sourcils levs de saint Cyrille, et la barbe prolixe, comme l'appelle le docteur Cave, de saint Basile. Quelquefois aussi, lorsque mon rve se dissipait comme les brouillards du matin, il me semblait que le saint personnage
,

n'eussent eu tous qu'une voix et qu'une

(1). C'tait comme une mlodie douce longtemps prolonge, un concert de sons qu'aucune discordance ne venait troubler,

et

et qui, s'levant de

toutes les parties de la parcourt runissait tous les hommes dans la foi d'un Dieu incarn, qui a rachet par sa chair les cratures, et les nourrit encore de sa chair. L'impression que produisit sur moi cette touchante harmonie fut si puissante que je m'veillai presque d'motion, mais l'interruption ne fut que momentane. Quoique le tissu de mon rve et t bris, le fil n'en tait pas entirement perdu, et aprs un court intervalle d'embarras, je me retrouvai en la compagnie du berger anglique et je lui proposai qu'en retour de la bont si bienveillante qu'il avait eue de m'introduire dans une glise du troisime sicle, il voult bien me faire l'honneur de le conduire son tour dans une de nos glises ou convenliculeslesplus la mode
terre

que

le vent

du dix-neuvime

sicle,

pour

le faire jouir

d'un spectacle analogue. A peine ces paroles s'taient-elles chappes de mes lvres, que, par un changement subit de scne, nous nous trouvmes tout coup transports dans l'giise paroissiale de Ballymudragget, au moment mme o le recteur du lieu, remarquable par son opulence et son teint vermeil, montait en chaire pour y lire son auditoire demi endormi le dernier

sermon tout

fait

qu'il avait achet. L'glise

me

qui clbrait, l'autel n'tait pas autre que mon bon vieux confesseur, le PreO'H... lui-

mme.
La partie publique del messe tant acheve, le moment tait arriv o, par ces paroles prononces d'un ton solennel, Partez en paix, on avertit ceux qui n'taient pas encore initis par le baptme de se retirer, afin qu'il ne restt que les fidles seuls pour
accomplir parmi eux le redoutable sacrifice. Mais qui pourrait dignemenldcrire les crmonies qui suivirent? Je n'oublierai jamais l'impression toujours aussi vive dans mon imagination qu'elle y tait alors , du silence calme et absolu (2) de cette immense multitude de chrtiens, jusqu'ce qu'au moment solennel de la communion, lorsque le prtre,
levant la sainte hostie, dclara que c'tait le corps de Jsus-Christ, toute l'assemble se prosterna devant elle pour l'adorer, le mot

parut avoir t merveilleusement agrandie pour la circonstance, et elle tait remplie d'une fouie nombreuse de personnes qui, comme je le sus par celle connaissance intuitive qui n'est donnequ'aux rveurs, se composait de toutes les diffrentes sectes et socits dans lesquelles, avec une vitalit aussi divisible l'infini que celle du polype lui mme, le protestantisme an^tlais s'est subdivis; et comme dans la premire partie de mon rve nous avions assist au spectacle d'une grande varil de nations avec une seule religion, nous avions alors devant les yeux, grce la rforme la mode, une seule nation avec une grande varit de religions. L, en effet, se trouvaient runis, pour ne parler que de quelques-unes seulement des diverses communions qui se prsentaient calvinistes, arminiens, anli nos regards nomiens, indpendants, anabaptistes, anabaptistes particuliers, mthodistes, kilhamites, gossites , haldanites , brens , quakers, trembleurs, crieurs et sauteurs. On a dit du grand saint Ambroise qu'il
:

avait tin

talent tout particulier


les

pour semir
(2)
;

o reposaient
(1)

restes des martyrs

Amen
(2)
i

retentit

dans toutes
-i

les

bouches

comme

M) Voyez chap.
Lorsque
le

de cet ouvrage.

c Dans le rit mme de la communion, toute primitive Eglise; faisait une profession publique et solennelle de la vrit lu corps de Jsus-Christ d;ms ce sacrement. Le prtre en le donnant prononait ces mots Corpus Chritti, c'est--dire le corps de J-

la

prtre, dit sain Chrysoslomc, est devant l'autel, tendant ses mains vers le ciel, ci iii-

sus-Christ,

et

le

communiant rpondait
(

Amen, qui
t

veu.1 dire cela est vrai

Riiller, sur l'Eucharistie),

vo(|nanirEsprit-Saint, afin
lc->

qu'il
le

daigne descendre sur

dons

offerts, tout esi

dans

calme

et le silence..

d'un ton railleur, en parlant de la dcouverte faite par le grand voque de Milan, des reliques de saint Gervais et de saint
(2)
i

Idem prsuh

(dit Daill,

105

DMONSTRATION VANGL1QUE. MOORE.


cleste

14
;

l'ange qui m'accompagnait ne paraissait pas avoir an odorat moins bien exercpourreconnatre les hrtiques vivants. Car, saisissant tout coup la diffrence qui existait entre

en lui-mme quement vers moi,


>.

puis se tournant bruss'cria


:

il

Lulher

qui

est-il ?

anciens chrtiens si inviolablement attachs leurs rgles, auxquels il tait habitu, il me pria tout bas l'oreille de lui expliquer en peu de mots l'espce particulire d'hrsie laquelle ils appartenaient. La tche tait embarrassante il et t aussi raisonnable de me demander quelle est la forme et la couleur particulire des atomes qui se meuvent dans un rayon du soleil. Cependant, pour ne point paratre me refuser lui accorder l'objet de sa demande, j'inventai sur-le-champ un nom gnrique propre dsigner toute rassemble, et je lui dis que le peuple dont nous tions environns tait des suistes (l) ainsi appeies parce qu'en fait de religion ils suivent chacun ses propres ides, et n'ont d'autre soin, en formant leur symbole particulier, que de faire en sorte qu'il ressemble le moins possible celui de leurs voisins.
ces chrtiens
et les
; ,

modernes

Un peu surpris de voir que l'illustre auteur du protestantisme tau si entirement inconnu de mon cleste ami, je m'empressai de lui faire le rcit du petit nombre de. dtails que je possdais alors sur la vie du grand rformateur, savoir que c'tait un religieux de l'ordre des Augustins qui, vers l'an 1520, entreprit de ramener la puret primitive de l'Evangile; qu'un des premiers pas qu'il fit vers ce but fut de renoncer son vu de chastet, et d'pouser une religieuse chappe de son clotre, dont les ides de rforme, ce qu'il parat, taient conformes aux siennes que, en avanant de plus en plus dans l'excution de ce pieux dessein, il forma, comme il nous l'apprend lui-mme, une liaison trs-intime avec le diable (1), d'aprs l'avis amical duquel il dclara que l'ancien
:

et

sacrifice de la messe tait une erreur nuisible, l'abolit par consquent (2); que.... Je

Malheureusement pour

la dfinition

que

je

viens de donner, il arriva que le discours du rvrend recteurroulait par hasard sur l'unique point sur lequel ses auditeurs se trouvaient entirement unanimes, savoir, le mpris et la haine qu'ils professent pour l'ancienne Eglise catholique, pour ses doctrines, ses crmonies, ses traditions et sespasteurs. Vous peindre l'tonnementde l'ange la vue de cet chantillon de christianisme que lui prsentait Ballymudragget, serait une tche au-dessus de mes forces. Lorsqu'il vit les saintes et solennelles paroles de Notre-Seigneur dans l'institution de l'eucharistie, Hoc est corpus meum, sacrilgement travesties en
Hocuspocus (2); lorsqu'il entendit le prdicateur affirmer gravement que vouloir soutenir la prsence relle de Jsus-Christ dans

continuais exciter ainsi de plus en plus l'tonnement et l'horreur de mon compagnon lorsque nous nous apermes l'un et l'autre que le majestueux prdicateur avait termin son discours, et la scne qui suivit mit fin notre entretien. Aussitt aprs le sermon du rvrend recteur, un chur d'Amen, qui semblait profr en opposition directe la touchante symphonie que nous avions entendue quinze sicles auparavant, s'leva du sein de la multitude qui nous entourait et qui se composait de toutes les sectes diverses de pro,

de

le

sacrement, est unechoseaussi absurde que

de dire
balle

qu'un uf est un lphant, ou une mousquet une pique (3), je vis son fronteleste se rembrunir tout coup en prenant une expression de chagrin et de ddain et il ne fut arrach aux sombres penses o l'avaient plong de pareils blasphmes, qu'en entendant le prdicateur proclamer Luther comme l'aptre du nouvel vangile qu'il leur
;

la foi la prsence relle , part le mode, tait parfaitement orthodoxe. (t) Voici le grave et imposant langage dans lequel Luther rend compte de sa controverse thologique avec le diable Contigitme semel sub mediam noctem subito expergejieri. lbi Satan viecum capit eju&~ modi disputatioiian : Audi, inquit, Luthere, doclor prdocte. Nescis etiain te quindecim annis clbrasse laissas privatas pne quotidie ? Quid si taies miss privtes horrenda esset idotolalria? Cui rtspondi : S uni unetnt sa:

cerdos...

Hc
hc

oinnia feci

exmandalo
tolum

et

obedienlia

ma~

jorum

nosti.

Hoc,

inquit,

Turc

et

genles etiam

faciunt

sed oinnia in suis templis


est
;

verum

expliquait

(4).

Lulher

murmura

l'esprit

Protais), quo nemo fuit in odorandis ne cernendis sagacior et acu< sub terra quantumvis alla reliquiis

tior.t

(1) Ne pouvant trouver d'autre nom gnrique pour dsigner en masse tous nos sectaires, que celui de sais/es, c'esl--iiire qui ne veut suivre que ses propres rves on sa propre imagination dans le choix

ex obedienlia. In his angusliis, in hoc agone contra diabolum volebam relundere hostem annis quibusassuetus sumsub papalu, elc. Verum Sutan e contra fortius et vehementius instant : Age, inquit, prome ubi scriviuni est quod homo impius possil consecrare, etc. Hc [re erat dispulationis summa. (Deunct. elmiss.priv.). Clnllingworlh pense que l'intention deSatan, en argumentant contre la messe, luil d'engager son antagoniste a continuer la dire ( lielig. des protest.).
la

et l'interprtation des Ecritures, i ( Docteur Carrier, Motifs de se convertir la religion catholique, 1649.)

Voyez le rcit qu'a l'ait Lulher lui mme de fameuse confrence qu'il croyait certainement avoir eue avec le diable, au sujet des messes prives, et le rsultat qui s'ensuivit (c'est ce qui est racont dans
(2)

Tillolson lui-mme, dans un de ses crits, a pas craint de descendre cet excs d'iudlica
(z)

tesse.

(3)
i

H pourrait
un
livre

c crivt

un lphant, et une pique ( Tillolson, sur


(4)

paratre trange qu'un homme pour prouver qu'un uf n'est pas qu'une balle mousquet n'est pas
la transsubstantiation).*

prdicateur s'est montr cependant injuste envers Lui lier, qui, dans toule l'tendue

Le rvrend

la noie prcdente). De abrog. miss. priv. Si le rformateur ne nous ei pas fait lui-mme le rcit de celle trange illusion, en dcrivant dans les plus petits dtails le ton de voix du diable, sa manire d'argumenter, etc., une pare. Ile aberration d'esprit dans un homme qui se donnait comme envoy p*>ur rlormer l'esprit humain, paratrait vraiment inconcevable. Il nous dit encore (pie ces sortes de scnes avec le diable lui taient frquentes. Multas nocles tnihi

salis

amurulcntas

et

acerbas reddere

ille novit.

iOS

VOYAGES A LA RECHERCHE DUNE RELIGION.

testantisme. Cieux! quel horrible fracas! Le fameux instrument (c'taient des cochons) qu'on inventa pour l'amusement spcial de Louis XV, avec son chelle de grognements et de cris perants, multiplis un million de fois (1), n'tait point, en aucune manier, mettre en comparaison avec la varit de sons

discordants qui nous dchirrent les oreilles

pendant qu'on

faisait retentir cet

Amen

gnral cl prolong. Le sombre et dsesprant grognement du calviniste et le cri exclusif de l'anabaptiste particulier, aigre et perant comme celui (les oiseaux de mer dans la tempte, formaient le dessus et la basse de cette chelle discordante. A chaque instant aussi, quelque nouvelle subdivision de dissonance venait s'ajouter la premire masse de voix, jusqu' ce qu'enfin le charivari devint si bruyant et si tumultueux que l'envie la plus forcene de dormir ne pouvait y rsister. Eu un clin d'oeil, tout ce visionnaire assemblage disparut, et, mon rveil, je me trouvai couch avec un des volumes de controverse du Rv. G. S. Faber, recteur de

voir que j'y avais perdu tant de temps, je pris le parti sur le champ mme de renoncer pendant quelques semaines toute pense de conversion, et retombai aussi avant que jamais dans ce que l'abb de la Mennais appel le indiffrence sur ce sujet. Il arriva cependant alors mme que quelques circonstances, qui avaient une liaison intime avec le secret domestique auquel j'ai si souvent fait allusion, mais que je dois laisser encore

quelque temps cach sous le voile du mystre, vinrent m'arrachera la profonde apathie dans laquelle j'tais tomb, et me firent sentir que, quels que fussent mes scrupules ou mes convictions, il fallait de suite me dcider pour le protestantisme, n'importe l'espce particulire de secte. On juge bien qu'il n'tait plus question maintenant de penser trouver chez les fidles de la primitive Eglise d'autres croyances que les croyances actuelles du papisme. Je conservais cependant encore un penchant violent pour ces premiers ges; et sachant combien l'antiquit est propre donner du crdit l'erreur, je pensai que si, parmi les hrtiques mmes de celte poque vnrable, je pouvais dcouvrir quelque lgre trace de ce protestantisme primitif, la recherche duquel je travaillais, ce ne srail plus, du moins, une hrsie qui ne compte encore que deux on trois sicles de dure, mais il aurait alors une aurole d'antique htrodoxie qui donnerait ma conduite un certain air de dignit, si ma conscience devait enfin cder au penchant qui m'entrane vers la religion rforme. Je n'avais pas beaucoup craindre d'tre dsappoint dans ce modeste dsir de mon ambition abattue, car voici comme je raisonnais Si l'Eglise catholique, comme il ne l'a t que trop clairement dmontr, a, ds ces premiers ges, profess les mmes doctrines qu'elle professe prsentement, ceux qui, cette poque, faisaient schisme avec elle ou protestaient contre ses doctrines, doivent avoir t, sous ce rapport, des protestants et quoiqu'il ne soit pas toujours d'une consquence ncessaire et rigoureuse que deux choses qui diffrent d'une troisime s'accordent l'une avec l'autre, il tait toutefois tout naturel d'esprer que parmi les prtextes et les raisons sur lesquelles les anticatholiques de ces temps-l btissaient leurs hrsies, il pourrait se trouver quelquesuns des motifs qui ont depuis servi de base au protestantisme. Cette lueur d'esprance ranima mes forces pour me livrer de nou-., velles recherches, el comme un basset qui a retrouv la piste qu'il avait perdue, je me lanai de nouveau, avec plus d'ardeur que jamais, la poursuite de ma proie. J'ai dj remarqu que l'immuable unit de foi que l'Eglise catholique, en excution du commandement divin qui lui en a t fait, a conserve dans tous les ges, n'a pu se maintenir par aucun autre des moyens que la politique humaine est capable d'inventer, que celui qui fut toujours adopt et employ par le sige de Rome, en qualit de chef visible de tout le monde chrtien, savoir, la r.i
:

Long-Newton, pesamment appuy sur


poitrine.
J'tais

ma

lorsque le son influence et

occup lire ce volume, sommeil s'tait empar de moi, et


la

fatigue qui m'accablait

pour expliquer le profond assoupissement dans lequel j'tais plong, et l'espce de cauchemar protestant au milieu duquel je m'veillai.
sont plus que suffisantes
et

long

CHAPITRE XXI.
Les rechercnes la suite du protestantisme sont suspendues. Dsespoir de le trouver chez les orthodoxes. Rsolution d'es-

sai/er des

science.

Balance
et

hrtiques.

entre les Pres

Morte de la de plaisir et d'agrment les hrtiques.

Mer

trouvais alors, comme mes lecteurs aisment, assez malade et fatigu de mes recherches aprs le protestantisme, recherches sans espoir et aussi inutiles, mon avis, que celles de ce brame, dont il est parl dans les contes orientaux, que sa femme avait envoy parcourir le monde, dans un but tout fait insens, celui de chercher le cinquime volumedes Ecritures hindoues (2), dont il n'y a jamais eu que quatre volumes. Las de mes savantes tudes, et mortifi de

Je

me

le croiront

(!) C'tait une sorte d'instrument qui avait un clavier comme un clavecin ou un orgue , invent, dit-on, par un abli pour l'amusement "de Louis XV.

Des cochons de
frent,

diffrents ges et d'un tonde voix difdepuis le plus jeune jusqu'au plus vieux, y taient disposs de manire y former le dessus et la liasse de l'chelle musicale. Lorsque l'inventeur louchai le clavier, une pointe place au bout de chique louche produisait les tons dsirs, tandis qu'une muselire place dessein venait saisir le groin de
,

chaque cochon aussitt qu'il avait fait entendre sa note. Le tout lan couvert et arrang de manire prsenter l'apparence d'un instrument de musique,
et l'aub, dil-on,
(-2)

en joua en prsence de

la

cour.

Le Tirrea Hede, ou cinquime Veda. Voyez pour cette amusante histoire, qui ressemble en par
lie
te

an janvier et mai de Chauccr, Bahardanush.

la

collection appel

Dkmonst. Evang. XIV.

[Quatre.)

107

DEMONSTRATION EV ANGELIQUE. MOORE

108

ue pression de toute interprtation prive de pression ue l'Ecriture, et 'e soin qu'il a eu de s'attribuer lui seul le droit d'tre dans tous les temps et sur tous les points de la foi, le guide de la vrit, l'interprte des Ecritures et le juge des controverses. Vraiment, dit saint Grgoire de Nazianze, en parlant des inconvnients qui rsultent de l'exercice du ju gement individuel, il a d y avoir parmi nous une loi. en vertu de laquelle, comme chez les Juifs, o il n'tait pas permis aux jeunes gens de lire certains livres de l'E rjjture, il ne lt pas permis non p'us toute espce de personnes et dans tous les temps, mais seulement certaines pe.r sonnes, et en certaines occasions, dediseupoints de foi (Oralio XXVI). ter les Saint Jrme aussi, dans un passage o se trouve un sarcasme qui ne tombe pas avec moins d'-propos sur quelques-uns de ceux qui se mlent, d'interprter la Bible de nos jours, que s'il et t fait leur adresse, s'exprime ainsi Dans tous les arts dom.es

connaissance que l'aile de l'imagination ait jamais plan sans succomber de r i(igue.. Il est vrai que dans le genre d'tude auquel je

me

livrais alors je suivais une ligne bien plus varie que la roule par laquelle j'avais
,

march auparavant. Jusque-l


,

tiques,
;

il

l'art d'interprter les Ecritures autres est seul livr la merci de toute espce de lecteurs! Ici, savants ou ignorants, nous pouvons tous galement interprter. La vieille femme qui radote, le vieillard qui draisonne, le sophiste verbeux, tousse de la capacit ncessaire croient dous ils morcellent les textes et ont pour cela le front de devenir matres avant d'avoir ,-r .ris (Ep. L. t. IV. pari. 11). Chercher le protestantisme, dont la pierre angulaire est le droit de s'en rapporter au jugement individuel, dans une Eglise qui a de ds les premiers temps fait profession ne pas reconnatre un droit pareil tait, je une grosse erreur dans le voyais alors laquelle je n'avais pu tre entran que par mon ignorance complte de la rgle de foi prescrite aux premiers chrtiens. Car c'est en cela en dernire analyse c'est dans la latitude donne l'exercice du jugement individuel que consiste la diffrence essentielle et capitale qui distingua toujours l'Eglise catholique de ses ennemis, sous quelque forme et quelque poque qu'ils aient paru. C'est l la vritable pierre de touche a laquelle im peut soumettre les parties
;
, ,

faut

quelqu'un pour instruire

les

dans mes , recherches je m'tais principalement attach ce que les Pres appellent la voie royale de l'orthodoxie, tandis que j'allais traquer l'hrsie dans ses voies tortueuses et dtournes pour explorer, en quelque sorte les repaires de l'htrodoxie, et m'assurer jusqu' quel point le protestantisme s'y tait cach. En fait d'amusement mes lecteurs , j'ai tout lieu de l'esprer, n'auront qu' gagner ce changement de route. La bonne compagnie, dit un rou franais, est une bonne chose, mais la mauvaise est quelque chose de meilleur encore; et c'est l tout justement ce que me parut tre la balance de plaisir et d'agrment entre im's Pres et ir.es hrtiques. En effet, du ct des premiers, on trouve, sans contredit, tout ce qui peut inspirer le respect, tandis que du ct des seconds s'offre une ample matire d'amusement et de plaisir car on ne saurait imaginer d'garements et de folies en fait d'opinion, o le jugement individuel n'ait entran ses faibles partisans dans les premiers ges de l'Eglise dont je vais parler tout l'heure.
,
,

CHAPITRE XXII.
Les Capharna'ites , premiers protestants. Discours de notre Sauveur Capharnaum.

Sa vraie signification. // tablit la doctrine catholique de l'Eucharistie.


est triste de penser combien l'hrsie prompte s'introduire dans le sein du christianisme. De mme que le bienheureux
Il

fut

sjour de nos premiers parents avait peine

commenc

d'exister,

que

l'esprit

du mal

opposantes, c'est--dire l'Eglise et ses ennemis, dans le premier comme dans le dix-neuvime sicle; et toutes les poques, quelque recules qu'elles puissent lrc o nous trouvons des chrtiens qui mettent en question ou qui rejettent l'autorit de l'Eglise, basant leur opposition ses rites ou ses sur les Ecritures interprtes doctrines
,

chercha y pntrer et vint y rpandre les tnbres du doute; ainsi le christianisme avait peine ouvert son nouvel Eden au genre humain, que le mme esprit, avec celte mme langue raisonnable et ce cur fourbe el trompeur, y vint mettre en question ses mystres et obscurcir ses bienfaits. Un des premiers exemples, et le plus frappant de tous les exemples qu'offre l'histoire du christianisme, de cette espce d'esprit questionneur, de celle insurrection du juge-

ment contre

la foi , laquelle toutes les hrsies et tous les schismes qui se sont levs dans la suite doivent leur origine, se trouve dans la mmorable parole que se dirent entre eux les Juifs de Capharnaum , lorsque Notre-

l'entendent, nous devons tenir pour certain que l, dj l'esprit du protestantisme est l'uvre. Une fois arriv celte conclusion je me
ils
,

comme

Seigneur leur annona pour la premire fois grand mystre de l'eucharistie: Comment cet homme peut-il nous donner sa chair manger? C'est l, je le rple la premire
le
,

remisa mes in-folio, me replongeant encore dans cette mer Morte de la science qui convenait si peu un plongeur d'aussi peu de poids que moi (1), et sur laquelle on n'a pas
(1)

protestation connue du jugement individuel contre les mystres de l'Eglise de Jsus-Christ.


ami,
la
il

faut dire ici

que

la diliicnll

mer Morte

lait signale ds le

de plonger dans temps de Strabon

Pour expliquer ces mtaphores de

mon

jeune

que l'eifet attribu ses exhalaisons, par rapport aux oiseaux qui volent sur celle mer, est une opinion commune, quoique sans fondement, mon avis.
et

109

VOYAGES A LA RECHERCHE D'UNE RELIGION.

HO

Il est donc important de nous arrter un inst-nt examiner les diverses circonstances du grand vnement auquel elle se rattache. et nous demeurerons convaincus, je pense, que quand les divers textes de l'Ecriture qui condamnent la sagesse de ce monde nous laisseraient quelque lieu de douter du peu de poids qu'ont aux yeux de Dieu la raison humaine et ses conclusions, le peu de cas que fit Jsus-Christ, en cette occasion du raisonnement de ses auditeurs, serait lui seul une preuve suffisante de cette humiliante vrit, et nous enseignerait assez avec quel
,

aims, il ne saurait jamais entrer dans 'esprit d'aucun de nous que cet homme veuille
littralement

mains,

et se
(1).

mains
et

se tenir lui-mme dans ses donner lui-mme de ses propres Avec combien plus de fondement

de raison les capharnates n'anraient-ils pas pu lever une pareille objection, puisqu'ils entendirent dans un sens charnel la promesse de couper le corps du Seigneur; tel point, dit saint Augustin, qu'ils s'imaginaient qu'il voulait couper sa propre chair par morceaux et la distribuer ceux qui croiraient en lui (2). Le Rdempteur voyait ce qui se passait dans leur esprit, aussi bien que dans celui de ses disciples (3). Ces derniers , qui pou(1) Voyez Tillolson sur la transsubstantiation. Ses paroles sont ici rapportes mol pour mot. 11 est asse curieux que la manire dont Tillolson reprsente ce miracle pour le rendre ridicule est absolument la mme que les Pres n'ont pas hsit adopter pour

de

soin on doit veiller dfendre le sanctuaire contre l'invasion du prsomptueux la foi


,

du jugement individuel. Notre divin Sauveur leur avait dit Le pain que je vous donnerai est ma chair, que je donnerai pour la vie du monde (l).Si ceux qui entendirent ces paroles avaient pens qu'elles fussent employes dans un sens mtaphorique par celui qui les avait prononces, il n'aurait pu en rsulter d'tonnement ni de scandale mais il est vident que toute l'assemble prit le langage de Jsus-Christ dans le sens littral et tandis
esprit
:
;

montrer

et mieux faire ressortir ce qu'il renferme de merveilleux. Ainsi saint Augustin, dans un passage dj cit, s'exprime ainsi Quand en nous livrant
:

aptres gardaient le silence et croyaient d'une foi implicite celui que Dieu avait envoy, les Juifs, et plusieurs mme de ses disciples murmurrent en entendant une doctrine si dure. Nous pouvons nous figurer, ce moment, quelque thologien capharnate, quelque Tillolson de la synagogue auditeurs en s'; dressant ses ces termes Assurment, mes frres bienles
, :

que

son corps, il dit: ceci est mon corps, le Christ se portait dans ses propres mains, i Noire-Seigneur, dit saint Jacques de Nisibe, nous donna, de ses propres mains, son corps pour nourriture, > (2) Beaucoup de ceux qui taient prsents, ne comprenant pas ce qu'il disait, en furent scandaliss; car, en l'entendant, ils ne pensaient qu' leur pro pre chair. C'e>t pourquoi il leur dit La chair ne sert de rien, c'est--dire comme ils l'entendaient, s'imagir.rtt qu'il voulait parler de la chair telle qu'elle est dans mi corps mort, ou qu'elle se vend au march-, et non d'une chair anime et vivante

(1)

Ne soyons

pas surpris que


,

le

Christ ait exig

quelque chose de plus que la prceptes moi aux de la loi

loi et la

soumission aux

ncessaire pour le salul ternel. Dans le paradis terrestre mme-, H fui donn l'homme, outre les lois de la nature et de la raison, une loi positive, savoir, la dfense de manger du fruit de l'arbre de la science du bien et du mal- Lors mme qu'il aurait llidle ri obissante d poini il n'aurait pu arriver au bonheur ternel sans
,

comme

(August., Tract. XXVII). D'autres thologiens pensent que ces mots, la chair ne sert de rien, c'est l'esprit qui vivifie , se rapportent plutt l'action du Saint-Esprit qui, en descendant
t

sur les lments,


la

les transforme, ainsi que le croyait primitive Eglise, au corps de Jsus-Christ, el leur communique une vertu viviliante.

(3) Sur cette exclamation des Juifs : < Comment cet homme peut-il nous donner sa chair manger? > saint Cyrille d'Alexandrie dit t Ils ne rflchissaient
:

que la vie ternelle cl une obissance parfaite sont deux choses qui n'ont pas une dpendance iiee >saire l'une de l'autre, l'ourla mme raison il n'a pas seulement impos aux chrtiens l'obligation de ri "ire et d'obir dans tout le reste; mais il nous oblige, en outre, pour mriter une rsurrection bienheureuse, de nous nourrir du pain dvie, la sainte eucharistie. Car, en nous faisant de cela une condition ncessaire, sans laquelle nous ne pouvons arriver au bonheur ternel, il nous montre; bien clairement que la vie ternelle est un don de Dieu, et non pas seulement la rcompense et le salaire de noire fidlit et de notre obissance. Lors donc que notre Sauveur dit: a Celui qui croit en moi a la vie ternelle, le sens de ces paroles n'est pas que la foi seule suffit pour le salul, mais qu'un vrai
l'arbre
le

manger de

vie,

pour

faire voir

<

pas que rien n'est impossible Dieu. Mais encore, Juif, insister sur ce comment, je

si

tu

veux

le

deniau-

i>

croyant, par l mme qu'il est membre de l'Eglise (hi Christel qu'il jouit, du bienfait de l'Eucharistie, possde les moyens d'arriver la vie temelle qui lui sent fournis par Jsus- Christ-, comme on pouvait dire d'Adam, vivant dans le paradis terrealre, cl ayant sa disposition le fruit de l'arbre de vie qu'il avait la vio ternelle. 11 est en effet digne de remarque combien les anciens crivains de l'Eglise sont unanimes reconnatre, non-seulemenl que ce sacrement est ncessaire au salut, mais encore que c'esl lui qui commimique nos corps le principe ou germe d'une rUurreciiun bienheureuse (./u/wmj.
,
j '

derai:Cui)u)!t')(( la baguette de Mose lut elle change en serpent? comment les eaux tuivnl-iiles changes en sang?.... Pour noire part, tirons de grandes ins tr'uiiohs de l'iniquit de autres; et, pleins d'une foi ferme en ces mystres, ne nous permettons ja mais, sur un point aussi sublime, d'exprimer en paroles ou d'entretenir dans noire pense ce comment (Comment, in Jvaun.). t La dclaration suivante rdige par sainl Cyrille et approuve parle troisime concile gnral, peut tre regarde comme l'expression fidle de la croyance de l'Eglise eilholiqiie sur ce sujet Nous ne la recevnns pas ( l'Eucharistie) comme une chair comt inuiic: loin de nous une pareille pense; ni comme la chair d'un homme sanctifi et uni au Verbe par une galit d'honneur, ou parce que l'Esprit de Dieu habiterait en lui; mais nous la recevons comme lu i t chair vraiment vivifiante el la propre chair du Verbe t fait homme. Car. comme le Verbe, en tant que Dieu, esl essentiellement vie, du moment qu'il s'unit la chair, il communique celle chair une vertu vivi< liante. Ainsi donc, quoique le Christ ait dit: Si vous ne mangez la chair du l'ils de l'Homme, et si vous ne buvez sou sang, vous n'aurez point la vie en c i vous (S. Jean, VI, 54), il ne faut pas s'imaginer qua < cesoil la chair d'un homme comme nous, mais vrai
i
i

111

DEMONSTRATION KVANGEL1QUE. MOORE.

114

et vaient avoir des ides moins grossires moins charnelles sur ce mystre, n'en murmuraient pas moins de son incomprehenstcette et mditaient en consquence bilil
,
,

mande, qu'en a a(/iNotre-Seigneur? Laissons le texte sacr rpondre lui-mme celte question. Loin de donner aucune explication de ce genre, dont une seule et suffi pour dissiper toutes les difficults de sa doctrine et la rendre aise et acceptable au jugement opinitre et rebelle de ses auditeurs, le divin

sparation de leur Matre dont ils se rendile rent depuis coupables (1). C'tait donc l important, important pour l'termoment se nit, o, le divin Matre et ses disciples trouvant en face les uns des autres laquesentre le jugelion entre la raison et la foi ment individuel et l'autorit, devait, pour servir de rgle aux sicles futurs, recevoir
, ,

Malre,

comme pour montrer combien il lui est facile de rduire rien la prudence des sages, ne daigna point faire d'autre rponse leurs objections et leurs murmures que de rpter, d'une manire plus emphatique et plus affirmative encore, la dclaration En vrit, en qui les avait si fort tonns vrit (1), je vous le dis, si vous ne mangez la chair du Fils de l'homme, et si vous ne buvez son sang, vous n'aurez pas la vie en
:

une solution solennelle


l
le

et

dfinitive. C'tait

moment, sans

contredit,

o Jsus-

Christ, s'il n'avait pas rellement voulu dire ce que ses paroles exprimaient naturellement ; s'il y avait quelque figure de langage ou quelque allgorie dans ses paroles, de la fidle interprtation desquelles ne dpendait rien moins que la vie ternelle du genre humain avait je ne dis pas seulement une occasion favorable de dissiper toute espce d'ambigut aussi dangereuse, mais tait mme, j'ose le dire, rigoureusement tenu de le faire raison de sa haute qui ne lui permettait et sublime mission pas de laisser un sacrement de sa nature dj si mystrieux, enseveli en outre dans l'inutile ooscuril d'un langage mtaphorique. Si, en un mot, il ft entr le moins du monde dans ses ides de se concilier la raison humaine, en adoucissant des difficults qui devaient, il le savait bien, jusqu' la fin des temps, rebuter et lui aliner les faibles dans la foi si, dis-je, il ft entr dans
,

vous.

que toute la conduite et le langage de notre Sauveur dans toute cette scne si mmorable, s'lve comme une ternelle rprobation contre la prsomption del raison humaine, dans ses vains efforts pour sonder ces choses divines tandis que l'annonce si inconcevable qu'il fit alors du festin miraculeux qu'il se proposait d'instituer (2),
voit par l
;

On

(1)

Quelques-uns pensent

que

le

mot amen,

ici

rpt, est un serment positif, et Oasnage est, si je nie le rappelle bien, un de ceux qui soutiennent qu'il tait employ en ce sens par les Juifs Quoi qu'il en soit, ce
l'ide d'une trs-forte supposer (comme le lemarque Johnson ), que Noire-Seigneur ne s'en est servi que pour justifier une expression trs-mtaphorique, c'est supposer qu'un matre sage et humble tait si jaloux d'une ligure, que, pour ne pas la sacrilier, il donna ses auditeurs l'occasion de l'abandonner, i Dans la curieuse confrence qui eut lieu, dit-on, Ragland, entre Charles l"et le marquis de Worcester, ce dernier en parlant de l'opinion de ceux qui prtendent que Jsus Christ usa , en celte occasion , d'un langage ligure, dit avec raison t 11 n'y aurait pas eu tant de difficult dans la foi, s'il n'y en eut pas eu davantage dans le mystre : on ne se serait pas tant offens d'un mmorial, ni tellement rebut d'une sim-

mot emporte ncessairement

affirmation, et

ses desseins de montrer

rence

aux doutes
,

et
,

hommes

c'tait l

je

une pareille dfaux jugements des le rpte le vrai mo,

dfrence et de sanctionner tout jamais, par cette conduite, la juridiction de la raison sur la foi. Mais Noire-Seigneur en agit-il ainsi? Montra-t-il en effet tant d'gards pour le jugement de ses auditeurs? essaya-l-il le moins du monde d'expliquer ou d'adoucir l'trange doctrine qu'il venait d'annoncer? Dclara-t-il,

ment de tmoigner

celte

ple figure(2)

>

l'a fait pour lui dans les temps modernes, que, dans une circonstance aussi solennelle, il s'tait servi d'une mtaphore tout fait force et nullement naturelle et que par manger sa chair et boire son sang il voulait dire tout simplement croire sa doctrine? Le grand rvlateur de ce miracle chercha-t-il le dgager de tout ce qu'il avait de merveilleux, et le rduire au niveau de la foi de ses auditeurs, en affirmant avec les sacramentaires que le pain et le vin n'taient que les signes ou symboles de son corps; ou bien en leur assurant, avec les calvinistes, que ce n'tait que par un simple acte de foi qu'ils devaient participer sa chair, qui, ce moment mme, serait aussi loigne d'eu.x que

comme on

le ciel l'est de l'autel? Est-ce ainsi, je le de-

Les anciens chrtiens taient si loin de supposer que Noue-Seigneur et institu un rite si important et si mystrieux, sans l'avoir annonc, sans avoir aucunement prpar l'esprit de ses disciples un pareil vnement, qu'ils expliquaient tout naturellement le calme avec lequel les aptres entendirent les redoutables paroles de l'institution, par la connaissance que le Christ leur avait donne prcdemment, dans le discours rapport en saint Jean, VI, de la nature de ce sacrement. Ainsi saint Chrysoslome dit Il < les ht passer un autre banquet, un banquet lerPrenez et mangez, ceci est mon < rible, en disant corps, d'o vient qu'ils ne furent pas saisis le lerc reuren entendant ces paroles? De ce qu'il les avait dj entretenus longuement sur ce sujet ( llomil. < LXXX11 in Mutih.). s Mais ce sacrement aurait t une institution tout l'ait nouvelle et absolument inoue jusqu'alors, quand Notre-Seigneur l'administra pour la premire fois. Dans l'opinion de ceux qui nient que le chap. Yl de saint Jean ail rapport celte ma lire, il faudrait supposer alors que notre Sauveur ius lima loui coup ce sacrement et obligea les aptres
:
:

ment

nous a cl

<

pour appel le Fils de l'Homme. (1) A partir de ce moment plusieurs de ses discipics se retirrent et cessrent d'aller avec lui (S. Jean, VI, 6G). i
la chair de celui (ttev h.6ut yejophrf) qui
l'ail

et

le recevoir, sans leur avoir rien dit prcdemment qui pt les y prparer : car si on ne veut pas reconnatre qu'il leur en ail dit quelque chose dans le chapitre en question, il n'y a pas le moindre indice qu'il
l'ail

fait

dans aucun autre endroit des saints evatige

115

VOYAGES A LA RECHERCHE D'UNE RELIGION.

111

et qui a reu son accomplissement dans la nuit solennelle de l'institution par ces paro Ceci est mon les simples et irrfragables corps (1), est le fondement de celte foi pleine et entire, de celle foi catholique que l'Eglise de Jsus-Christ a professe dans tous les temps, et qui, malgr les railleries que pourront encore se permettre ce sujet les capharnates, et tous les murmures auxquels pourront encore se porter les disciples infidles ne cessera pas d'exister, tant qu'exis:

tera l'Eglise catholique, seule vritable Eglise

de Jsus-Christ.

CHAPITRE XXIII.
Les doctes,
premiers hrtiques. NgaSimon le Mation de la prsence relle.
les

C'est ainsi que les erreurs, comme les comtes, vont et viennent, tandis que la vrit demeure toujours immobile comme le soleil. Quoique les motifs sur lesquels s'appuyaient ces hrliques pour nier la prsence relle, fussent diffrents, comme cela devait tre, de ceux qui ont port les protestants la rejeter quinze sicles plus tard, le rsultat tait toujours le mme; tel point que si quelqu'un de ces chrtiens gnosliques pouvait maintenant paratre sur la terre , il ne trouverait rien dans la prsence figurative et non relle, admise par les thologiens de l'Egli g anglicane, qui pt le moins du monde con-

Simon protestant. gicien et sa matresse. Les bionites. Joie de cette dcouverte.

Les

tredire ses ides anti-corporelles , et l'empcher de participer leur sacrement, en toute sret de conscience.

elcsaites.

Jusque-l j'avais aussi bien russi que jepouvais le dsirer dans le nouveau genre de recherches que j'avais entrepris j'avais trouv le grand et fondamental principe du protestantisme , le droit de s'en rapporter au jugement
:

Enfin donc j'avais le plaisir de me trouver avec des gens qui me paraissaient des protestants de bonne compagnie, et sachant que c'est l'hrtique Simon le magicien qu'est attribu l'insigne honneur d'tre le chef de
toute la famille des chrtiens gnosliques, je voulus m'instruire de toutes les particularits connues de la vie du pre d'une si digne progniture. Assurment, partout o il est question de la prsomption du jugement humain, ce coryphe de tous les hrtiques a le droit de rclamer la premire place, puisqu'il prtendait entendre le christianisme mieux que le Christ lui-mme. II y a certains rapports entre sa vie et celle du coryphe de la rforme protestante, auxquels je ne peux me dfendre de ne pas m'arrler, au risque mme de paratre peu gnreux. Ainsi, par exemple, un des premiers pas qu'il fit en s'levant contre le Christ, fut de s'attacher uns jeune compagne pour gayer son ministre, dclarant, avec une hardiesse qui surpasse celle de Luther, qu'il tait lui-mme le pouvoir incarne et sa matresse la sagesse de Dieu incarne (1). Un autre point sur lequel on peut dire que ces deux rformateurs s'accordent, c'est l'alliance forme par l'un et l'autre avec l'empire infernal. On sait en effet que Simon

individuel; je l'avais vu se produireaudehors, pour ainsi dire, l'instant mme o notre foi commenait natre, et faisant le premier
essai de sa force contre les paroles de vie de noire divin Sauveur lui-mme. Nous avons maintenant et avant tout considrer l'action de ce principe opinitre dans les diverses hrsies qui seont leves contre l'Eglise, et il est assez remarquable que la premire secte d'hrtiques que nous rencontrons, le premier exemple de la scission avec le catholicisme dont il soit fait mention roule absolument sur le mme point dlicat de doctrine qui avait fait dj natre le comment des capharnates ce point qui, ayant t ds le principe une pierre d'achoppement pour les faibles dans la foi, continuera d'tre , je n'en doute pas, jusqu' la fin, le caractre distinctif de ceux qui croient fidlement aux paroles de Jsus-Christ. La secle qui donna naissance cette hcrsic-mcYc fut celle des doctes, dont il a t dj parl c'tait une branche des chrtiens gnosliques, presque aussi anciens que le christianisme mme, et qui allguaient pour raison de leur refus de se joindre aux orthodoxes dans la clbration des saints mystres Qu'ils ne pouvaient reconnatre la prsence corporelle de Jsus-Christ dans l'Eucharistie (2).
,
-,

nombre

d'entre eux la clbrait, mais seulement la

faon des protestants, comme un simple type ou emblme. Professant tous le doclisme, les gnosliques, qui conservaient la cne, n'enseignrent jamais l'union relle de l'homme avec la chair ou le sang du Sauveur; cet acte, qu'ils clbraient en prsence de leurs catchumnes, et qu'ils rangeaient dans la catgorie des choses exotriques, n'tait pour eux que l'emblme de leur union mystique avec un tre appartenant au

plrome (Hisl. du gnoslicism). s Quant aux marcionites du sicle suivant, qui avaient
aussi leur Eucharistie, quoiqu'ils crussent comme les doctes, que le corps du Christ n'tait qu'apparent, saint Iine elTertullicn leur reprochent, et se servent dcela comme d'un argument pour les combattre, qu'en admettant le sacrement du crps et du sang ils rfutaient leur propre opinion. Voudra-t-on encore, aprs tout cela, soutenir que les premiers chrtiens na croyaient pas la prsence relle? (1) Le nom de cette dame tait Hlne, et parmi les diffrents degrs de celte chelle de transmigrations par lesquelles on la faisait passer, avant d'tre devenue la concubine de Simon, elle avait eu l'honneur, disait-on, de n'tre rien moins, dans son temps, que celte fameuse Hlne dont la beaut occasionna la guerre de Troie.

Afin donc de venger Noire-Seigneur d'une pareille il faut ncessairement reconnatre qu'il l'a fa a , t. que saint Jean voyant que les autres vangiistes avaient omis ce discours, crut ncessaire de l'insrer dans son Evangile, au lieu que l'histoire de l'institution ayant i raconte par les trois autres vangiistes, il n'avail aucun motif de la rples.

imputation :
;
,t,

ter
(

de nouveau.
I)

Ne

brisons pas, dit Gaudence, cet os

si

solide

corps ceci est mon sang; mais s'd reste l quelque chose que nous ne comprenions pas, que cela soit consum parle l'eu ardent de la loi (Tract. II de Patch.). (2) Il n'y avait que quelques branches des doctes
Ceci est
,

mon

qui rejetaient l'Eucharistie;

il

parait

que

le

plus grand

115
le

DEMONSTRATION VANGLIQUE. MOORE.


sir

116

magicien avait des dmons familiers (1); fameuse confrence entre Luther et son diable, au sujet de la messe, est, comme on le sait, un des plus mmorables vnements de la vie de ce grand rformateur (2). Aprs m'tre ainsi satisfait, touchant la morale de Simon je me mis sans perdre de temps, rechercher quelle tait la nature de sa doctrine; et l'on peut s'imaginer quelle fut ma joie, lorsque, en ouvrant in\ volume de l'historien Thodoret, je dcouvris le pasIl (Simon le magicien) orsage suivant donnait ceux qui croyaient en lui de ne point faire attention aux prophtes et de ne point craindre les menaces de la loi, mais de
et !a
, ,

de trouver, et aprs laquelle j'ai tant soupir. Nous n'avons plus besoin de nous donner la peine de te chercher; Simon le magicien. nous te trouvons enfin dans

paux
le

On souponnera peut-tre qu'un des princimotifs de ma joie cette dcouverte fut

malin plaisir que, par suite de certains sentiments papistes qui vivaient encore en moi, j'prouvai de me voir ainsi en droit de faire remonter un homme, tel que Simon le magicien deux des doctrines les plus vitales et les plus fondamentales du protestantisme;
,

j'avais, je l'avoue,

quelque soupon
ce levain

qu'il

ne

se mlt

un peu de

ma

joie.

R-

comme hommes libres, tout ce qu'ils dsireraient, parce que ce ri tait pas par les bonnes uvres, mais par la grce qu'ils obtiendraient le salut (3). C'tait l enfin du protestantisme dans t )ute la perfection, c'tait l effectivement le principe mme sur lequel les auteurs de la rforme s'appuyrent d'abord,
faire,

solu cependant de me montrer gnreux, je rprimai aussitt l'lan de cet indigne triomphe, et pensant qu'il vaudrait beaucoup mieux se passer entirement de protestantisme que de ne le puiser qu' une source aussi suspecte et infamante, je chassai entirement de mon esprit Simon le magicien, et me htai de chercher quelque docteur plus
respectable.

quoique leurs disciples, et quelques-uns mme, d'entre eux, aient vu des raisons d'en rejeter les consquences dans la suite; c'tait l le mme esprit antinomien qui dicta la dclaration dei luthriens en 1557, que les bonnes uvres ne sont pas ncessaires au salut (4.); c'tait l aussi le fondement de cette inamissible grce qui fait que les uvres ne sont point les plus mauvaises mme
,

obstacle l'ternelle flicit des lus. J'prouvai tant de joie de rencontrer enfin un chantillon de vrai protestantisme la mme source d'o tait parti le premier refus de croire la prsence relle de Jsus-Christ

un

une 11 ne s'est jamais lev en ce monde doctrine extravagante qu'il ne se soit bientt lev aussi dans le mme temps une doctrine oppose, galement extravagante. Ainsi l'hrsie des doctes qui prtendaient qu'il n'y avait rien que de divin en Jsus-Christ, vint s'opposer l'hrsie des bionites qui prtendaient, avec les unitaires protestants, qu il n'tait qu'un simple homme. C'tait, en se divisant entre eux la double nature de notre Sauveur, que ces deux sectes cherchaient les doctes enseignant tablir leur hrsie
:

qu'il tait

dans l'eucharistie

que je ne pus m'emp(5) cher de m'crier comme Ulysse, quandenfin, aprs tous ses longs voyages, il se trouve en vue d'Ithaque
, :

Dieu et non homme (1), et les bioDieu. nites soutenant qu'iltailhommeetnon reles bionites (2) et ne voulant Aprs connatre comme eux que la simple humasecte nit du Sauveur, venaient les elesales,
,

Xaf' taxi\,
ffxaffiw

\tit'

05.O, n'

M**

1tut

P"

d'hrtiques, moiti juifs, moiti chrtiens, de vritables et, si on ne les a pas calomnis,

Tev ovSa

txvoucu.

maniaques.
:

Comme

pour ddommager
ils le

le

ou

comme dans mon transport je traduisis cet instant ce passage du pote grec
,

Christ de sa divinit, dont


ils lui

dpouillaient,

attribuaient

une forme humaine longue

Salut,

foi

prolestante!

toi

que

j'ai

si

longtemps d-

remonter Simon, comme en tant (1) De l, on fait noire. l'inventeur, la magie dmoniaque, dite magie (pie quelques savants 11 est bon de dire cependant ont dout si le Simon dont il est fait mention dans les Actes des aptres.tail le mme que l'auteur des sectes gnostiques. Les savants Frieslanderet'Vilrir.ga, entre personnages ddlautres, pensent que c'taient deux
rents
est plaisant d'observer l'irritation que toule allusion ce fameux colloque est sre d'exciter clans
(2) 11

de de quatre-vingt-seize milles, et large viiW-quatre, et se croyaient autoriss a lui donner celte taille dmesure parles paroles lesquelles de saint Paul {Ephes., 111, 18), par se rendre cet aptre exhorte les chrtiens avec tous les capables de comprendre , la longueur, saints, quelle est la largeur, profondeur et la hauteur de Jesus la

Christ. Ils supposaient

que l'Espril-Saint tait

le

plupart des conlroversisles prolestants. Ne pouvant chapper au tmoignage rendu par Luihcr lui-mme sur ce sujet, tout ce qu'ils peuvent faire,

cur de

Dominum (dit le on fantastiques Quoniam Christian assumpsisse, Grand au mot Simon) non veram camem esse pro/itebatur ejnsdem nec ejusdem cum noslra nalur
:

c'est

ail eu par rapport a la la moindre influence sur ses opinions messe. Claude et d'autres nous assurent gravement que Luther avait crit et parl contre le sacrifice de messe, deux ans avant d'avoir reu aucune de ces

de nier hautement que celle confrence

,wlebat. in euchavislia puesentiamconfaei apud Theodorcl. Diul. V).


. .

{lgnaluis
.

Quelques-uns de ces gnosnques qui prtendaient d'un homme, nue le Christ n'avait que l'apparence du crucifiement s'imaginaient chapper aux difficults
(11
, en disant oiue sur le chemin Cyrneen, qui porta chance de forme avec Simon le Simon qui [lut rellement crula croix et que ce fut le Christ taii la prsent cifi par les Juifs, taudis que leur mprise. d'une manire invisible, se riant de croyaient que Dieu avait donn (2) Les Ebionites personnes, au Chrisi et l'empire de l'univers deux plein pouvoir sut 1 diable; que le diable avait au

la

suggestions du dmon. .ya.6i>->, X). Si* (3) O Six fiewv


t,{

du Calvaire

il

avait

ypws

zevsQa.i

Hr. Fub. confrence tenue Worms, par ordre de Charles-Quint, on sait que Amsdorf, chaud disciple bonnes de Luther, alla mme jusqu' soutenir que les wuvres taient un obstacle au salul. (f>) C'est d Simon qu'est ne la secte des docetes
suTY,pUn(i)

la

M7
une femme, de

VOYAGES A LA

HECllEliCIlE D'UNE RELIGION.


,

118

la mme taille peu prs que Jsus-Christ; et la savante raison qu'ils donnaient de cette ide trange, que le Saint-Esprit tait du sexe fminin, c'est que Raouah,

tiques chaque nouveau systme n'offrant qu'une modification diffrente de la mme thorie magicienne des deux principes anta-

gonistes
poses.

(1)

terme employ en hbreu pour dire l'EspritSaint, est du genre fminin; en outre, ajoupar cette taient ces chrtiens raisonneurs interprtation on vite l'inconvnient d'avoir deux pres pour Jsus-Christ. Nonobstant ces absurdits blasphmatoires, les descendants de l'homme qui avait donn son nom la secte continurent, pendant un long espace de temps, tre honors comme la race bnite; et sous le rgne mme de Valens il est encore parl de deux surs issues de celte sainte famille, que le peuple entourait d'une vnration si extravagante que la foule ramassait avec enthousiasme et conservait dans des botes, comme un charme contre tous les maux, non-seulement la poussire de leurs pieds, mais mme les crachats qui sortaient de leur bouche.
le
,

de beaucoup

serait une lche qui excderait les limites que je me suis protait le

CHAPITRE XXIV.
Connaissance que les gnosliques avaient de Leurs thories. Expos du V Ecriture. systme des Valentiniens. Cleste famille. Sophia. Sa fille. Naissance du Dmiourgue. Bardesanes.

grand problme de but vers lequel tendaient toutes ces inventions si tudies et quelquefois mme potiques; et dans la plupart, la thorie d'un bon et d'un mauvais principe se trouve combine avec la notion, galement orientale, de certains tres spirituels ou Eons qu'on supposait venir par manation de la source suprme de l'Etre (2). Dans le systme de Valentin, cependant, sur lequel je vais entrer dans quelques dtails , ce mode de procder par manation tait , sous la sanction du dogme de la filiation du Christ, chang en celui de procder par gnration ; et l'on verra par l'esquisse que je vais tracer de son systme, d'aprs ce qu'en ont dit saint Irne et d'autres crivains qui ont trait des anciennes hrsies combien cet hrsiarque se montra prodigue dans l'usage qu'il fit de ce principe orthodoxe. Il supposait que le Pre inconnu et inaccessible avail habit de toute ternit dans
solution du
l'origine

La

du mal

bilit, toutes les

Ceux qui ont observ avec quelle invariapoques de l'histoire du

christianisme les hrsies, les schismes et les innovations dans la foi se sont multiplis proportion que les Ecritures se sont plus rpandues dans le peuple ne seront pas tonns d'apprendre que les hrtiques gnosliques, qui ont vomi ce dloge d'erreurs fantastiques qu'on a vu paratre dans les premiers ges de l'Eglise, taient de tous les chrtiens de cette poque les plus verss dans l'Ecriture et les plus appliqus chercher des textes pour appuyer leurs mchantes conceptions (1). Ils passent en effet pour avoir montr tant de sagacit dans ce genre de recherches que malgr les blasphmes et les extravagances qui abondent dans leurs crits, Erasme dplore en savant bibliste la perte de leurs ouvrages cause des riches trsors de science biblique dont ils taient remplis. Quant ceux qui prtendent, en opposition directe avec les catholiques , que le volume sacr ne saurait jamais tre trop rpandu, et qui rclament sans cesse la Bible toute la Bible, et rien que la Bible, pour toute espce de lecteurs, il sera bon, pour leur instruction de produire quelques exemples de l'usage qu'on a fait alors de ce privilge , et surtout de leur montrer quels taient les mystres et les vrits caches que ces savants lecteurs du livre sacr, les gnostiques, s'imaginaient trouver dans ses pages. Vouloir entreprendre d'exposer en dtail les divers systmes qu'ont enfants ces frre,

ac.rompagn seulement d'une certaine puissance ou intelligence qui lui servait de compagne, et par laquelle il produisit, dans la plnitude des temps, un fils et une fille qui portaient les noms de Nous (Nof, esprit) eiAithia (AhAstd.., vrit). Ce couple, son tour donna naissance un autre couple nomm Logos, (A6yt, verbe, parole) et Zo. (-Z*, la vie), qui aussi en produisit un quatrime appel Anthropos
le silence et le repos,
(to6 pairo s ,
r

l'homme)

glise).

Il

et Ecclesia (/.xh"U, l'Eprtendait trouver ces huit Eons


le

expressment nomms dans

premier ver-

set de l'Evangile de saint Jean. Celte procration spirituelle

ayant ainsi procd couple par couple pendant quinze

le nombre de trente lres spiriou Eons fut enfin complt, formant ensemble ce plrome ou plnitude de l'exis-

gnrations,
tuels

tence spirituelle auquel saint Paul, disaient ces hrtiques, fait clairement allusion dans l'Eptre aux Colossiens 1 19 Car il a plu au Pre qu'en lui toute la plnitude habitt. Le nombre exact de trente Eons est aussi, disaient-ils encore, manifestement figur par les trente annes de sa vie pendant lesquelles le Christ demeura cach aux yeux du monde. Or il arriva que la femme du dernier n des quinze couples qui composaient cette cleste famille et qui tait appele Sophia, ou la Sagesse, s'chappa, on ne sait comment, du plrome dans l'infinit de l'espace ; l, seule et gare, elle se serait, dit-on, infailliblement perdue si Horus qui parat avoir t comme la sentinelle du plrome, ne se ft
, ,

(l)

Ils

appelaient ces principes les


c/Soc,

Ao

rrovypav x&i

.ya.0 rjt -

deux racines (Dialog. de recta

'

monde prsent,
(1)
il

et le Christ

sur le

monde

venir

fide).

[Fleury, hisl. eccls.)

(i) Cei

Eon

parfait,qui, existant avant toutes choses,

gure (l'opinion dans leurs riches thories qu'ils n'aient lch d'appuyer de quelques pastages des Ecritures (Histoire du gnoslicisme).
n'est

tait reprsent par

eux

comme

habitant sur

des

hauteurs invisibles

et inabordables.

9;t/c *i

t8/**'to/{ tyy.*ai (Irenosus).

HO
mis la recherche de
l'et

DEMONSTRATION EVANGELIQUE. MOORE

120

l'esprit gar, et ne sain et sauf. Elle avait nanmoins, pendant sa courte absence, donn naissance une fille, qui, quoique d'une nature spirituelle connue sa mre, tait cependant raison des circonstances particulires dans lesquelles elle tait ne, et de son exclusion de la brillante rgion du plroma informe et dgnre. La chute de ce douzime Eon (Sophie) est, disaient-ils, marque

ramen

la chute de Judas, le douzime aplre , aussi bien que par la maladie de cette femme dont il est parl en saint Matthieu (IX, 20), qui durait depuis douze ans et que le pouvoir du Christ, comme celui d'Horus, avait su arrter et gurir. Cependant Nous, par une providence toute particulire du Pre, qui voulait pourvoir ce que la famille des Eons n'prouvt point de diminution en cas qu'il arrivt un nouvel accident pareil celui arriv Sophie, Nous, dis-je, augmenta cette famille d'un nouveau couple d'tres, mle et femelle, qui sont le Christ et le Saint-Esprit, et qui devaient tre un gage de scurit pour le plrome, et d'union parfaite entre tous les membres clestes qui le composaient. Le Christ leur apprit tous connatre le Pre, ou plutt se contenter de savoir qu'il est incomprhensible , tandis que le Saint-Esprit leur enseigna louer ce grand Etre et vivre ensemble dans un parfait repos et une parfaite unit. En tmoignage de leur gratitude pour cet les Eons s'entendirent entre tal de flicit eux, avec le plein et entier consentement du pour produire entre eux tous el par Pre une commune contribution, Jsus on le Sauveur. Chacun d'eux, dut fournir pour la production de ce nouvel tre, tout ce qu'il avait de plus excellent dans, sa propre nature, de manire en faire la fleur de tout le plrome, et de l vient disaient les valentiniens, que saint Paul dclare en parlant de Jsus , le Sauveur, qu'eu lui habite toute la plnitude de la Divinit. Tandis que toute celle joie rgnait dans le plrome, la pauvre fille de Sophie, laquelle on avait donn le nom de Sophie Achamplh, dlaisse dans la triste rgion qui environnait c plrome, tail condamne errer dans le vide, comme un avorton informe. Le Christ , un jour ayant piti de sa dtresse , tendit sa croix vers elle pour la secourir; mais quoique son divin attachement lui renil ne lui donna pas la dt la forme et la vie par consquent, elle demeura science, et toujours une pauvre exile abandonne son sort, prouvant tous les tourments du dsir sans pouvoir rien connatre et laisse en proie la tristesse, la crainte, aux angoisses en un mol toutes 1rs passions qui sont depuis devenues le partage de l'humanit, dont elle fut la mre. Dans cet tal de souffrance, elle se tourna enfin vers celui qui lui avait donn la vie, et ce seul mouvement de conversion vers lui

par

dlivrant du joug des passions , sans cependant les teindre entirement, il rpandit enfin sur elle le don de la science depuis si longtemps dsir. La joie qui brilla dans son regard cet heureux moment de sa dlivrance, se fit, dit-on, sentir dans tout le chaos, et c'est de ce premier sourire'de Sophie Achamoth que date l'origine de la lumire. C'est ce moment aussi que commena cette srie d'opralions cratrices et productrices d'o procde ce monde et lout ce qu'il contient. Il n'est pas facile de dcrire et encore moins de comprendre les diverses es,

pces d'lres spirituels, physiques et matriels auxquels Sophie et ses nouveaux amis les anges donnrent naissance. Qu'il suffise de dire que de ce commerce naquit ce Dieu infrieur ou dmiourgue (1) par lequel, si l'on en croit toutes les sectes de gnostiques,
ce

monde

visible fut cr.

Tel eslle rcit imaginaire donn par Valentin des vnements arrivs, ce qu'il supposait, dans le monde du Pre inconnu avant la cration de celui-ci (le dmieurgue); tel est le tissu trange de fictions que son inventeur se vantait d'avoir puis dans les secrtes communications du Christ avec ses aptres, et qui, chose inconcevable fut adopt par
!

une grande
dans cond
les

partie du mondechrtien, jusque

et l'Espagne, pendant le setroisime sicles (2). Si nous n'avions pour nous faire juger du mrite des gnostiques (3) en fait d'interprtation des saintes Ecritures, que les applications vagues et forces du texte sacr, auxquelles les valentiniens ont recours pour appuyer cette thologie fantastique, l'opinion que nous concevrions de leur habilet en ce point resterait bien loin de leur rputation. 11 nous est parvenu cependant assez de spculations de quelques-unes de leurs autres sectes, particulirement des marcionites, sur l'Ancien Testament, pour nous convaincre qu'en appliquant l'Ecriture leurs tranges thories, ils taient au moins assez habiles pour tre nuisibles, el surtout pour prouver comment ds les premiers ges de l'Eglise, on ouvrit la porte l'infidlit par l'adoption de cet orgueilleux principe protestant, le droit du jugement individuel el l'abandon par consquent de ces seuls vritables et srs guides, les traditions apostoliques et l'autorit de l'Eglise. Ce mme systme des Eons avait aussi prvalu chez toutes les autres sectes des gno-

Gaules

el le

Du grec A^iou^yic, ouvrier. Ce ne fut que vers le commencement du cinquime sicle qu'on peut dire que les v:ilenliniens disparurent. Saint Grgoire de Nazianze, qui mourut
(\)
(2)
In (in du quatrime, 1'S reprsente comme tant ds lors nu nomliie des sectes presque teintes.

vers

(3) ("es allgories et ces personnifications se coin

changea entirement son sort. Gracieusement envoy par le Christ son aide le Sauveur
,

vint

"

elle,

accompagn de

ses anges, et, la

prenaient enrore parfaitement au second sicle de cependant, ds que les docteurs orlliodo:;cs noire re se furent spars distinctement des parti-ans de la gnose, ils leur en firent des olijets de reproche, et saint Ephrem ne rapporte qu'on tremblant le blasphme de Bardesanes, qui osait donner deux Mlles au Saint-Esprit (Histoire du gnosticisme). >
:

121
;

VOYAGES A LA RECHERCHE D'UNE RELIGION.


les points

122

de diffrence entre leurs sliqucs thories tant moins dans le principe que dans les dtails. Ainsi Bardesanes, quoique adoptant les mmes ides par rapport la succession des Eons par syzygies ou couples, changea cependant tellement l'ordre de gnalogie, qu'il lit du Christ le Fils immdiat du Pre, qui l'avait engendr de cette compagne qu'il s'tait cre dans le silence de sa solitude. Immdiatement aprs le Christ, dans l'ordre des tres, venait la sur el l'pouse
,

du Christ, le Saint-Esprit et une union s'tant forme entre ces personnages spirituels, deux filles, nommes Maio et Sabscho en fu;

rent, dit-on,

le rsultat.

CHAPITRE XXV.
Les gnostigues croient en deux dieux. Le Leurs accuCrateur et le Pre inconnu. Marsations contre le Jhovah des Juifs. Apelles. Foi cion. Ses antithses. Haine du code des deux Sauveurs. Mariage de Jsus avec Ophiles. Juifs. Sophie Achamoth.

nse, AT, 6, 7). Le conseil qu'il donna son peuple choisi, au moment de leur sortie de l'Egypte, de dpouiller les Egyptiens de ce qu'ils avaient de plus prcieux, sous prtexte de le leur emprunter, servit de base une autre de ces accusations hardies et tmraires contre le Dieu des Juifs , dans lesquelles ces hrtiques Dfirent qu'anticiper les plaisanteries impies de Voltaire et de ses disciples. Par une ridicule consquence du nom de KtBxf] ou puritains que s'taient attribu quelques-unes de ces sectes, comme l'ont fait quelques protesttes modernes, une des moindres fautes qu'ils reprochaient Jhovah tait son habitude de jurer, et , ce qui parat avoir t i> leurs yeux une circonstance aggravante, de jurer par lui-mme. Le seul mrite qu'ils semblaient disposs reconnatre cet Etre, c'tait celui de la franchise par rapport aux fautes qu'il avail commises,
,

Quelque diffrents qu'ils fussent les uns des autres dans la manire de composer leurs diverses thories, il y avait un principe fondamental sur lequel tous ces hrtiques, valenliniens, marcionites, basilidiens, etc., btissaient leurs systmes, savoir, que le Dieu de l'Ancien Testament, qu'ils regardaient comme le crateur de ce monde tait bien diffrent du Dieu du Nouveau Testament ce dernier tant, suivant eux, le Pre, inconnu et inabordable, dont le Christ tait le fils, et qui, par un effet de sa bont et de sa misricorde, avait envoy le Christ sur la terre ,
, ;

ayant avou lui-mme, disaient-ils, par un de ses organes [haie, XLV, 7), que les tnbres et le mal sont l'ouvrage de ses mains. Ce fut soutenir cette apprciation particulire des deux Testaments que le chef des gnosliques, Mar ion, exera plus particulirement son zle et toutes les ressources de son esprit. Pour montrer combien il y avail d'opposition entre le caractre du Dieu des Juifs et celui du Dieu des chrtiens (1), et combien l'esprit de la loi est diffrent de celui de l'Evangile, cet hrtique rdigea par crit
ce qu'il appelait des antithses (2),

il

met
pr-

en parallle

les

uns avec

les ;:ulres

les

pour rparer les maux que le Crateur ou dmiourgiie avait causs. A l'appui de celle audacieuse thorie, ils allguaient la diffrence si frappante qu'ils croyaient apercevoir entre l'esprit et les prceptes de l'ancienne loi et ceux de l'Evangile, et soutenaient qu'il est impossible de croire que ces deux lois soient venues de la mme source. Tandis que l'Etre rvl par le Sauveur, disaient-ils est un Dieu de misricorde et d'amour, le Jhovah, ou dmionrgue, tait un dieu ignorant, injuste, vindicatif et inconsquent. Une des raisons qu'ils donnaient comme preuve de l'ignorance de Jhovah, c'est qu'il ne savait o tait Adam lorsqu'il le chercha dans le jardin ni s'il avait dj mang du fruit dfendu. Et le Seigneur Dieu appela Adam et lui dit: O es-tu?... As-tu mang du fruit de l'arbre ?... Quoique la plupart des choses qu'ils reprochent au Crateur soient galement frivoles et imaginaires, il est cependant de ces reproches qui ont paru assez ingnieux et assez importants pour que les incrdules modernes aient jug propos de les faire revivre. Ainsi, par exemple, son incapacit comme crateur est, disent-ils, videmment dmontre par cela seul qu'il s'tait si mal acquitt de l'uvre de la cration de l'homme, q.u'il se trouve forc de se repentir de son ouvrage et de prendre le parti de dtruire tous les tres vivants [Ge, ,

ceptes des deux codes. Observez, disait-il, Le Crateur inculque la loi la diffrence dure du talion, OEil pour il et dent pour dent (Exod., XXI, 24), tandis que le Sauveur nous dfend de nous venger mme d'une VI, 29). Jsus gurissait les insulte (Luc aveugles (Jean, IX); David au contraire les hassait et les maltraitait (II Sam., V 8). L'envoy du Dieu suprme laissait venir lui les petits enfants et les bnissait (Marc , X, 14, 16); l'envoy du Crateur les maudissait et les faisait dvorer par les ours (Il Rois,
: ,

11,24).
Il

citait

aussi, avec

une certaine adresse


le style

de l'An(1) La diffrence qui existe enire celui du Nouveau, est vraiment cien Testament et qu'une dos principales sedes des si remarquable, sicles en (il la base de son hrsie de premiers t deux Dieux, l'un mchant, farouche et cruel, qu'ils appelaient le Dieu de l'Ancien Testament; et l'autre hou. bienfaisant el misricordieux, qu'ils appelaient le Dieu du Nouveau Testament. Tant est, diffrente, t en effet, la manire dont Dieu nous est reprsent dans les livres de la religion judaque et ceux de < i la religion chrtienne, qu'elle semble donner au moins quelque couleur el quelque prtexte l'ide imaginaire de deux Dieux (Tillotson).t quecelte sorte de comparaison rr.(2) Il paratrait lilhlique tait l'arme favorite des hrtiques, ds le temps mme de saint Paul, qui avertit Tiinolhe dviter les mOivei; T/.c j&euSwif/Kou 'pacotf, les antithses faussement nommes gnose ou gnoslicisme car telle devrait lre, mon avis, la traduction de eeite phrase, et non comme on la traduit maintenant, les oppositions d'une science faussement appele
:

;misi.

1-23

DEMONSTRATION EVANGEL1QUE. MOORE.


,

124
les plus instructives

le verset en confirmation de sa doctrine suivant de la seconde Eptre de saint Paul aux Corinthiens : En qui le Dieu de es monde a aveugl l'espritdeeeux qui ne croient pas, de peur que la lumire du glorieux Evan gile de Jsus-Christ, qui est l'image de Dieu, ne brillt sur eux. Par le Dieu de ce monde il faut entendre, disait Marcion, le dmiourgue ou Crateur, en opposition avec le Dieu bon, ou le Pre de Jsus-Christ, qui est le Dieu des chrtiens. Ce passage paraissait si spcieux en faveur de cet hrtique, que Tcrtullien et saint Irne, pour en luder la force, s'avisrent de placer une virgule aprs le mot Dieu, de manire le sparer des mots de ce monde, donnant ainsi la phrase, par cette construction, la signification suivante En qui Dieu a aveu gl l'esprit de ceux de ce monde qui ne
:

Une des leons


tre
les

peut-

que nous fournisse

mmes

l'histoire, c'est que principes, toutes les fois qu'ils sont

mis en action, conduisent presque invariablement aux mmes consquences. Aussi les rsultats amens, comme nous venons de le voir, par la prsomption du jugement individuel et le mpris de l'autorit, se sont reproduits lorsqu'on a de nouveau entirement lch la bride ces mmes principes de rvolte, l'poque, de la rforme. Dans les deux cas, l'hrsie n'a fait que frayer la voie l'incrdulit, et les triomphes imaginaires de la rai sen sont

venus aboutir enfin

la

mort

de toute

foi.

croient pas.

Que Jsus-Christ lui-mme


blir

une opposition entre l'ancien

ordre de choses, c'est, ce qui rsulte videmment tant des discours qu'il a tenus contre la loi et les prophtes que des allusions qu'il a faites l'incompatibilit des deux Testaments, et qui se trouvent exprimes dans ces paroles On ne met pas du vin nouveau dans les vieilles outres, et Personne ne peut servir deux matres. Il prtendait trouver une allusion du mme genre dans ces paroles de l'Aptre La lettre tue, mais l'esprit vivifie, ce qui, d'aprs lui, signifie clairement que la loi de Mose laissait l'homme dans la mort l'ignorance et le vice, tandis que la sublime rvlation du Christ donne le pneuma ou souffle de la vie divine. Il croyait aussi trouver une preuve l'appui de sa thorie des antithses dans le langage tenu par saint Paul aux chrtiens judasanls, et dans le parallle tabli par cet aptre entre la loi judaque et la loi chrtienne, o il reprsente la premire comme
,
: :
:

voulu tanouvel disait cet hrtique


ait

et le

Aprs s'tre forg deux dieux, ces hrtiques gnostiques ne pouvaient larder longtemps s'apercevoir que leur systme serait incomplet et sans liaison, s'ils n'avaient pas aussi deux sauveurs; les attributs du messie promis aux Juifs tant, suivant leur manire de voir, toul--fait diffrents de ceux qui caractrisaient le fils et l'envoy du Pre suprme. Le premier avait t annonc comme un conqurant et comme le restaurateur de l'empire judaque, tandis que le second est venu apporter la paix et le salut tous les peuples (1). Le sauveur du dmiourgue devait, d'aprs le prophte du Crateur, Isae,
tre appel
saienl-ils, le

Emmanuel, qui

n'lait pas, diet tandis

une

figure, et la

seconde

comme

la ralit,

l'une comme transitoire et particulire, et l'autre comme universelle et permanente.

En religion, quand une fois onacommenc s'carter de la voie droite, on ne peut que s'en loigner davantage chaque pas que l'on fait. Celle remarque est pleinement justifie par ce qui est arriv tous les successeurs de ces anciens hrsiarques. Apelles, un des disciples de Marcion, enchrit encore sur l'audacieux crilicisme de son matre; et dans un ouvrage semblable aux antithses, et auquel il donna le titre de Syllogismes, il ne se contente pas de reproduire toutes les contradictions allgues entre l'Ancien et le Nouveau Testament, mais il s'applique signaler des inconsquences ei des contrarits telles entre les diverses parties des Ecritures hbraques elles-mmes, que, si elles eussent t prouves, elles en auraient ncessairement considrablement affaibli, sinon entirement
dtruit l'autorit (1).
(!)

que le premier avait t annonc comme fils de David, le second dclinait tout lien de parent avec lui. La solution qu'ils donnaient toutes ces difficults, c'est que le vritable Sauveur, n'ayanl t ni connu ni prdit au monde, avait su profiter de l'esprance d'un messie, que les prophtes du Crateur avaient rpandue dans tout le genre humain, afin que, se faisant passer pour le librateur si longtemps attendu, il en pl d'autant plus efficacement accomplir la grande mission qui iui tait confie, et affranchir ce monde du joug du dmiourgue. Quittant donc les cieux suprmes de son Pre, et traversant ceux du Crateur, il prit, en approchant de la terre, l'apparence extrieure d'un homme ( sans avoir recours, disaient-ils, l'indigne expdient d'une parent humaine et d'une incarnation), et fit sa premire apparition parmi les hommes dans la synagogue de Capharnaiim, la quinzime anne du rgne de Tibre. Avec des ides aussi sombres et aussi dfavorables du dieu des Isralites et de sa loi, ces hrtiques ne pouvaient ne pas avoir la plus profonde horreur pour tout ce qui teChrist
;

nom du

nait la religion juive.


Diclionn. pliiks.).

Ils

portaient

si

loin

de VHisloin les codes et les institutions judaques plus d'accusations', ou, s' l'on veut, plus de blasphmes, qu'il n'en est sorti tk la bouche dos libres penseurs ou des esprits fort* du dix-huitime sicle. (I) Les rabbins supposaient de mme qu'il y aurai! doux Messies l'un pauvre, misrable et dvou la mort, l'autre qui devait rtablir l'empire juif. Ou a
effei, dit l'auteur

En

du gnoslichme, Marcion articula contre

Voltaire a
1

suivi absolument
:

le

mme

feyslme

aussi attribu Josphe l'absurde folie de croire que le Christ tait un de ces messies, et l'empereur Vet

contre ^Ancien Testament (Voyet

pasien l'autre.

425

VOYAGES A LA RECHERCHE DUNE RELIGION.

coite antipathie que les marcionites, qui s'taient fait une loi de jener le samedi, se glorifiaient d'en agir ainsi par un sentiment de

mpris pour le Crateur, qui avait command aux Juifs de fter ce jour-l; et une branche de gnostiques, appels antitactes, ne balanaient pas reconnatre qu'ils violaient les commandements du Dieu des Juifs, parla seule raison qu'il en tait l'auteur. Mais la secte qui suivit le plus systmatiquement ce plan d'ides et de vues par rapport l'Ancien Testament, et se montra la plus consquente avec le principe qui lui
servait de base, fut celle des ophites ou serponiniens, par qui tous ceux qui, depuis la cration du monde, taient connus pour avoir souffert cause de leur opposition la volont du Crateur, taient entours de marques d'affection et de respect, comme les victimes d'un Dieu injuste, et des martyrs im-

mols l'esprance d'un meilleur ordre de choses, sous le rgne de l'Etre.suprme et de son Fils. Ainsi Can, par exemple, tait pour eux l'objet d'une vnration toute particuIrs-rcligicusemcnt ils pleuraient ruines de Sodome et de Gomorrhe. Mais le grand objet de leur culte, celui d'o leur venait leur nom, n'tait autre que l'antique serpent qui, bien loin d'avoir t, comme le monde se l'imagine, un tentateur et un sducteur, tait, au contraire, d'aprs leurs rveries, le premier el le plus grand bienfaiteur du genre humain. La dfense faite nos premiers parents de manger du fruit de l'arbre de la science du bien et du mal, n'tait, disaient-ils, qu'un artifice invent par le jaloux Jhovah pour dtacher l'homme de sa protectrice, la divine Sophie, et le laisser dans une ignorance complte des choses clestes. Ce bon Eon (1), cependant, toujours plein de zle pour s'acquitter de sa charge, rsolut de djouer les desseins du Crateur, el envoya dans le paradis Ophis, un de ses gnies, sous la forme d'un serpent, on lui ordonnant de persuader Adam d'enfreindre celle loi arbitraire et de manger du fruit qui devait l'initier tous les secrets de la science divine. Suivant quelques-uns de ces ophites, ce serpent n'tait autre que le Sauveur lui-mme, comme il est vident, disaient-ils, parles effets vivifiants attribus au serpent d'airain dans les Nombres (XXI, 9, et l'application de celle figure Jsus, en saint Jean, ch. III, 14. D'aprs le mme principe, et avec non moins d'absurdil, une branche de cette secte d'hrtiques, distinguait Judas dos autres aptres de Noire-Seigneur, en le signalant comme le seul qui et pntr assez avant dans les conseils du ciel pour compreulire, et

sur

les

dre de quelle importance infinie il tait que le Christ ft sacrifi par les Juifs. Instruit secrtement, disaient-ils, par la cleste Sophia, que la consquence de sa mort serait la chute pour toujours du Sabaolh, ou dieu des Juifs, il se crut oblig d'acclrer un si heureux rsultat, el c'est ainsi qu'en trahissant son matre, il aida sauver le genre humain (1). Ils croyaient devoir la connaissance qu'ils prtendaient avoir de la vritable nature de ce fait un vangile crit par Judas, qui avait t transmis leur secte, et qui, dans leur opinion, tait le seul digne de confiance (2). Quant au rsultat dfinitif qu'on devait attendre de cette foule complique d'agenls que les gnostiques supposaient l'uvre dans le monde suprieur, et la consommation que les valctitinicns attendaient comme devant tre le couronnement de tout cet amas d'absurdits, c'est que finalement toutes les cratures spirituelles seraient rendues leur nature primitive, et qu'arrives enfin la pleine maturit de la perfection, elles monteraient toutes ensemble dans le plromc, pour y habiter avec les compagnes spirituelles qui leur seraient chues, suivant, cet gard, l'exemple de l'Eon, Jsus lui-mme, qui reprendra alors le rang lev qui lui appartient dans le cleste sjour, uni jamais avec son pouse bienheureuse, Sophie Achamolh (3).

CHAPITRE XXVI.
Les marcosiens, les Catalogue d'hrsies. melchisd chiens, les monlanisles, etc., etc. Saint Pourquoi en faire mention. Clment a" Alexandrie penchait vers le gnosSaint Tertullien montaniste. licisme. Augustin manichen. Aprs m'tre arrt si longtemps sur quelques-unes des branches issues du tronc si fcond du gnosticisme , je ne suis gure en droit de mettre de nouvelles preuves la patience du lecteur, et c'est peine si je puis jeter seulement un coup d'oeil rapide sur quelques autres formes de celte hrsie et de celles qui ont avec elle des liens d'affinit La voie la plus courte sera peut-tre de faire ici en abrg un catalogue raisonn de quelques-unes des plus remarquables de ces sectes qui se prsentent mon souvenir (k).

des cauiles

Telles taient aussi, entre autres, les opinions ou vnrateurs de Gain, qui parlaient exactement du mme principe et s'accordaient sur presque tous les poiuls avec les ophites. Gomma tou(1)
,

tes ces sectes prtendaient puiser leurs connaissances quelque source particulire, les caintes disaient que leurs dogmes taient fonds sur certaines rvlations qui leur avaient t faites des chose* ineffables que saint Paul avait vues dans son vol ou ravisseries ophiics continua d'exis. el la peine qu'a pTise sixime sicle saint Ephrem de Syrie de les dnoncer et de les maudire, est une preuve li -probable qu'ils taient nom. breux et florissants de son temps. Actes de l'aptre saint Thomas (un des (3) Dans les livres apocryphes des encrantes etautres Hrtiques, ou trouve uueode qui se rappone expressment ce !', -ic mariage. (4) Je recommande ceux qui sont curieux d'lu-

ment au troisime ciel. (2) On dit que la secte


ter jusqu'au

valenliniens leur Sopliia, tait relui de VLptos ou Seigneur, et Terlus le lgret peui-lr lullien Us plaisante avec qu'il ne envient un grand Pre de l'Eglise, sur lsion de sexe ou ils sont tombs, en ce Cas celle lia, dit-il, omet en d'autres, par rapport elle f/i honorem conluterunl finin, puio et barbant, 'Ktera (Adv, Vatendn.),
(I) les liires les
|

Parmi

donns par

<

127

DMONSTRATION EVANGLIQUE. MOORE

128

Les marcosiens,
le

comme pour

enchrir sur
,

dogme de laTrinit, tablissaient une sorte de quaternil dans le Pre suprme et soutenaient que ta plnitude del vrit se trouvait dans l'alphabet grec (1), appuyant cette imagination sur ces paroles du livre de l'Apocalypse: Je suis V alpha et l'omga. Marc, leur fondateur affirmait non-seulement que Dieu avait eu plusieurs enfants, mais il parlait mme de ces enfants avec autant d'assurance, dit saint Irne que s'il et assist leur naissance. Les melchisdchiens comme leur nom l'indique, avaient choisi Melchisdech pour l'objet de leur culte, le regardant comme une dynamis , ou puissance divine, suprieure Jsus-Christ; en ce qu'elle tait mdiatrice entre Dieu et les anges, tandis que le Christ n'tait mdiateur qu'entre Dieu et
,

ou consolateur, promis par le Rdempteur pour perfectionner la loi nouvelle ou vanglique qu'il avait donne aux hommes. Ces hrtiques, dont on ne doit pas faire une branche des gnosliques, prtendaient que Dieu avait dj tent deux fois inutilement de sauver le genre humain, premirement par le ministre de Mose et des prophraclet

l'homme. Les messaliens ayant lu dans l'Ecriture que le dmon tourne autour de nous comme un lion rugissant, cherchai!' qui il pourra d vorer, ne se contentrent pas d'un seul brigand de celte espce, mais s'imaginrent que toute l'atmosphre en tait remplie et qu'on les humait avec l'air vital. En consquence de cette ide, tout leur temps se passait cracher et se moucher, se figurant que dans les intervalles de ce dernier exercice, ils saisissaient quelques lueurs de la Tri,

ensuite par sa propre manifestation chair. Ces deux plans n'ayant russi ni l'un ni l'autre, il avait t oblig enfin de descendre par le Saint-Esprit et de se partager par une sorte de triple inspiration entre Montan et deux dames de qualit d'une rputation assez quivoque qui vivaient avec lui (1). Une branche particulire de cette secle, les ascites, avaient coutume de placer auprs de leur autel une espce de vessie , bien gonfle, et de danser autour regardant cette vessie comme un emblme de cette inspiration cleste, dont ils avaient t favoriss par l'Espril-Saint. Une autre branche, les tasiodrugiles ou pattalorinchites se faisaient un point de dvotion de mettre les doigts sur le nez ou dans la bouche pendant la prire, voulant par l, dit saint Augustin, imiter David: Mettez, Seigneur, une garde devant ma bouche, et gardez la porte de mes l vres (2) {Psalm., c. CXLI, 3).
tes, et

dans

la

nit.

moyens

avec une prodigalit de , divins qui n'taient pas trs-philosophiques, tablissaient dans leur systme trois Pres, trois Eils et trois Esprits saints. On pense que c'est contre ces sectaires que les

Les prens

athanasiens modernes

quand

ils

disent

qu'il

entendent protester n'y a qu'un seul

Les manichens. On dirait que l'esprit du gnosticisme, en quittant la terre, a laiss tomber son sombre manteau sur l'hrsie de Mans, qui commena fleurir vers la fin du troisime sicle. A l'imitation du Christ , le fondateur des manichens disait tre n d'une vierge et s'attacha aussi douze aptres, l'un desquels fabriqua de faux actes qui furent attribus aux aptres de Notre-Seigneur.

Pre, et non trois Pres, un seul Fils, et non trois Fils, un seul Saint-Esprit, et non trois Saints-Esprits. Les montanistes, secte trs-nombreuse et longtemps florissante, crurent, sur la parole de leur fondateur, qu'il tait le vritable padier les anciennes hrsies un ouvrage qui, quoique compil par un homme" d'un jugement peu solide , quant ses propres opinions, esi riche nanmoins

Quelques-uns pourront croire que c'est perdre le temps (;ue de ramasser ici ces absurdes blasphmes mais en tant que propres montrer la licence effrne laquelle s'est livr tant de fois le jugement individuel
;

dans l'interprtation des saintes Ecritures,


et

la face

en renseignements el en dtails sur les hrtiques, VEIenchus kcereticorum omnium, de Praleolus. domine prcis plus abrg des diverses sries, on peut consulter Vllisloriti hresiarcharum de le Grand et (eux qui prfrent voir ce sujft Irail dans un sens protestant, le trouveront habilement Irail par le savant
;

ruses fantastiques qu'il a ainsi joues du ciel ces traits historiques ne sauraient tre jugs compltement inutiles. On doit se rappeler aussi que des folies, quelque grossires qu'elles puissent tre, acqui'.es
,

Ittigius, de Hresiarchis vi nposiolici

etc.

que l'imagination du fondateur des marcosiens tait gare par une fausse notion du Logos ou Verbe. Il supposait que le> manations de la Divinit, qui composaient le cleste plrome, taient sorties primitivement de lui comme des mots composs chacun d'un certain nombre mystrieux de lettres. Ainsi le premier mol que pronona l'Etre suprme fut une syllabe de quatre lettres, chacune desquelles devint un tre distinct et composa ce (pie Marc appelait la premire Ttrade. Le second mot tait aussi de quatre lettres cl l"rma la seconde Ttrade, compltant le nombre d'entits spirituelles auquel les valenliniens donnaient le nom deVOgdoade. Le troisime mot tait de dix lettres ; et ainsi de suite dans une srie inlitiie
(I)
Il

est croire

rent une grande importance, quand elles viennent tre adoptes par une portion considrable du genre humain. Or il n'est pas un peut-tre des systmes si videmment absurdes que je viens d'numrer, qui n'ait occup pendant l'espace de plusieurs sicles,
soit

pour

le

dfendre, soit pour

le rfuter,

Montan se vantail qu' lui (1) Prisca et Maximilla. plniet ces deux prophtesses avait t donne la tude de l'Esprit de Dieu, tandis qu'il n'avait t communiqu qu'imparfaitement saint Paul; cel aptre ayant dclar lui-mme (I Corintli., XIII , 9) qu'il ne
connaissait qu'en partie, et ne prophtisait qu'en partie.

les discalceatt, (-2) Une autre secte galement sage , pour prouver l'exactitude de leur science spirituelle, ayant dit a allaient toujours sans chaussure, Dieu Olez votre chaussure de vo$ Mose (Exod., III 5)
, :

d'absurdits arithmtiques et inconcevables.

pieds.

>

129
cette raison

VOYAGE A LA RECHERCHE DUNE RELIGION.


humaine dont on
se glorifie tant.
n'est

\ZQ

Les sectes gnosliques avaient chacune son Evangile particulier, ou forg plaisir, ou n'tant qu'une altration de ceux des vrais vanglistes (1); chacune aussi avait adopt

que trop troitement lie celle de l'esprit humain lui-mme, et montre quels garements les inlelligences mme les plus
fortes sont exposes par ces exlravasalions du sang vital de la foi hors des canaux rguliers dans lesquels Dieu a voulu qu'il coult constamment pour assurer une sant parfaite.

un canon particulier des Ecritures,

rejetant,

depuis Luther par rapport l'Eptre de saint Jacques, tout ce qui n'en vues. Les marcionites trait pas dans ses aussi, qui, comme j'en ai dj dit quelque chose, avaient form un si trange systme de christianisme, pouvaient se vanter d'avoir non-seulement des martyrs, mais mme une longue succession d'vques. Nous ne devons donc pas tre surpris que des esprits lgers etordinaires se soient laiss entraner par ce vaste et imptueux torrent puisque quelques-uns mme des hrsies des Pres les plus distingus de l'Eglise ont t emports par le tourbillon. Dans les Homlies de saint Clment, ouvrage qui, quoique n'tant pas d'une aussi haute origine que l'annonce le nom qu'il porte, passe nanmoins pour tre sorti des mains de quelque chrtien illustre du second sicle, il est dit de la Sophie des gnostiques, que Dieu lui-mme se rjouit de son alliance. La manire dont saint Clment d'Alexandrie parle de la gnose respire tout fait l'esprit de cette sccle (2) et encore au commencement du cinquime sicle on trouve dans les odes del'vque Synsius un si grand nombred'ides et d'expressions gnostiijues, qu'on serait beaucoup plus tent de les regarder comme l'ouvrage d'un valen'inien ou d'un marcosien que d'un pasteur ou vque catholique. Nous avons des exemples plus frappants encore de l'influence contagieuse de quelques autres des grandes hrsies. Lesavant Tertullien se laissa persuader que Montan tait le paraclet promis par Jsus-Christ, et courba pour un temps son puissant gnie sous les grossires illusions de cet imposteur elde ses deux femmes de qualit inspires. Saint Augustin resta attach la secte des manichens jusqu' sa trentime anne, et aprs lui la noire infection de cette hrsie s'est transmise aux ges suivants, avec toute sa laideur, jusqu'au sein mme des peuples rgnrs parles eaux sacres du baptme. En effet, l'histoire des erreurs et des extravagances de l'hrsie (3)
l'a

comme

fait

CHAPITRE XXVII.
Dcouverte enfin du protestantisme chez les gnostiques. Simon lemagicien, auteur du calvinisme. Doctrines calvinistes professes par les valenliniens , les basilidiens, les manichens, etc.

Quoique

j'aie

pu me

laisser tenter,

dans

les

chapitres prcdents, par la nature curieuse de mon sujet, d'entrer dans de plus longs d-

sur les sectes gnosliques que ne le demandait l'objet immdiat de cet ouvrage, on a d observer aussi, je pense, que dans ces excursions, qui ont une certaine apparence de hors-d'uvre j'ai rarement oubli si mme je l'ai oubli pour un seul instant, le but principal de mes recherches. Assurment, jusqu'ici, je n'ai eu aucune raison de me plaindre de n'avoir obtenu aucun succs dans mes travaux, puisque si je n'eusse voulu que trouver un prcdent qui autorist l'exercice du grand privilge protestant qui investit un chacun du droit d'interprter les Ecritures selon son propre jugement et sa fantaisie, les fidles disciples de Sophie Achamolh se sont levs en ce genre au plus haut degr de perfeciion que mes gots les plus prononcs d'indpendance puissent dsirer. Ce n'tait l cependant, en juger d'aprs les apparences que les premiers traits des dcouvertes que je nie promettais de faire chez ces hrtiques. En portant dans l'intertails
,

prtation de l'Ecriture cet esprit d'indpen-

dance

que par rapport au but que je me propoexemple ne s'arrtait pas l en un mot je reconnus, ma grande joie, que dans quelques-unes de leurs principales doctrines
tt
sais, leur
,

et d'individualit, ils ne faisaient que partir d'un principe commun toutes les espces d'hrsies; niais je m'aperus bien-

les

gnostiques taient essentiellement calement protestants (lj.

et

radi-

(1) Ainsi les hionites se servaient de l'Evangile hbreu de saint Matthieu, dont ils retranchaient cependant les trois premiers chapitres, connue contraires leur croyance la simple liumanildu Christ. Marcion se composa lui-mme un Evangile en mutilant et altrant celui de saint Luc et les rationalistes d'Allemagne ont longtemps agit entre eux la question de savoir lequel est le plus authentique de l'Evangile de Marcion ou de celui de saint Luc. L'Iirliq ue Taiien, au lieu de choisir, comme les autres, un des quatre vanglistes, ou quelque histoire apocryphe, composa avec les quatre vangiles un code qu'il
;

appela l'Harmonie des Evangiles. t\ i '.,., a ru:.., .: /.. (2) L'auteur de l' Histoire du gnoslicisme va jusqu' dire que plus on examine les opinions des premiers sicles, plus la guosis y apparat comme philosophie dominante. (3) Les savantes recherches sur l'histoire du gnosUcistne doni le docteur Burton a enrichi le monde sa..

vant dans son discours de Bamplon, monrent combien une lude de ce genre peut servir, sinon toujours utilement, du moins d'une manire fort curieuse, 1 claircissement du texte sacr lui-mme. En parcourant ce savant travail, j'y ai trouv la continuation d'une remarque que j'ai faite quelques pages plus lia ui louchant l'allusion au gnoslicisme contenue dans la premire Eptre TimotlieV, III, 20. (I) Je peux rpondre avec assurance, au nom do mon jeune ami, qu'au moment o il lit celle dcoti. verte, il ne savait pas le moins du monde que l'v* qucTomline nvait cit ce fait si curieux dans sa rfutation du calvinisme. Un des chapitres de l'ouvrage de cet vque csi intitul Opinions des premiers h* reliques qui ressemblent au calvinisme. Ce l'aii, que le calvinisme n'esl qu'une reproduction du gnoslicisme et des autres hrsies, est trop paient pour n'avoir pas trappe de savants obsn valeurs, longtemps avant 'vque Tomline. Le l'amou*
:
l

151

DEMONSTRATION EYANGELIQLE. MOORE.

152

lecteurs se rappelleront sans doute la surprise et la joie excessive que j'prouvai

Mes

lorsqu' la fin de mes longues recherches aprs le proleslantisine dans les premiers sicles, je tombai enfin sur un franc et sincre calviniste dans la personne de Simon le magicien Ce n'est point par des actions ver tueuses, disait cet hrtique, mois par la grce qu'on parvient au salut. On se rappellera aussi, peut-tre que certains scrupules gnreux me firent alors hsiter me prvaloir d'une autorit aussi peu respectable, et que, quoique je prvisse bien depuis longtemps quemon protestantisme ne pouvait descendre que d'une source hrtique, je dpour l'honneur de tous les sirais cependant partis, de lui trouver une meilleure origine. A dire le vrai je n'tais pas certain que cette lueur de pur calvinisme ne lt pas seulement, aprs tout, une tincelle chappe au hasard, et que je ne dusse pas y attacher d'autre importance. Cependant, en passant du coryphe des hrtiques aux nombreuses sectes qui sont issues de lui je trouvai ce trait de parent fidlement reproduit dans tous les membres de la grande famille dont il tait le pre je vis que tous, dans un point ou dans un autre, avaient t clairs d'avance des lumires rformes de Genve et de Wiftemberg et que si j'avais ouvertement dsign Simon le magicien, comme le principe et la source de quelques-unes des doctrines protestantes les plus vantes je n'avais rien
:

des mains de chrtiens qui croyaient en deux Dieux, en deux Sauveurs, et la maternit du Saint-Esprit, j'aurais pu me pourvoir ces sources vangliques de tout ce que mon

cur

dsirait.

Ainsi, par exemple, dans chacune des sectes gnosliques il y avait une classe distincte de personnes qui taient seules juges

avanc
en mon ment.

qu'il

ne ft maintenant pleinement pouvoir de prouver incontestable-

L'entire corruption del nature humaine, ou plutt la complte inutilit des bonnes uvres pour le salut, l'impuissance absolue de la volont humaine, les de la rprobation et doctrines de l'lection de la persvrance finale, tels sont les principaux articles de ce qu'on appelle aujourd'hui le christianisme vital, dans lesquels je \is que l'esprit de- la reforme rgnait dj parmi toutes ces sectes et si j'avais pu me contenter de recevoir mon protestantisme
l'insuffisance,
, ;

suffisamment spirituelles pour tre cerlaines de leur salut, tandis que d'autres taient regardes comme rprouves et incapables de se sauver. Ce petit nombre choisi tait appel par les valentiniens la semence lue: ils prtendaient que leur foi n'tait pas un effet de l'instruction mais un bienfait de la nature etde l'lection Ils affirment, dit saint Irne, qu'ils seront eux-mmes enlire ment et compltement sauvs, non en vue de leur propre conduite, mais parce qu'ils sont spirituels par nature (1). Basilides soutenait aussi cette mme doctrine d'lection, conjointement avec cette autre doctrine calviniste qui en rsulte ncessairement c'est--dire l'esclavage de la volont humaine Il enseigne dit saint Clment d'Alexandrie, que la foi n'est pas le consentement raisonnable d'un esprit dou d'une volont libre. Les prceptes de l'An cien et du Nouveau Testament sont donc inutiles, si chacun est sauv par nature, comme Valenlin le soutient, et si chacun est fidle et lu par nature, comme le pense Basilides. Un autre de ces hrsiarques, Bardesanes, affirmait galement que l'homme ne peut rien faire de lui-mme, que c'< st une crature entirement prive de libert et entrane par d'irrsistibles dcrets (-2). Les deux grands dogmes calvinistes de l'inamissibilil de la grce et de la persvrance des lus taient professs par les valentiniens d'une manire aussi formelle qu'ils l'ont t depuis par le synode de Dordrecht lui-mme (3): L'or, disaient-ils, quoique tomb dans la fange, n'en est pas moins de l'or et ne perd rien de son clat, ni de sa nature primitive. Ainsi en est-il par rapport aux lus quelle que puisse
, :

thologien hollandais Lindanus, dans ses dialogues sur la renaissance des anciennes hrsies, prouve ce point d'une manire aussi habile qu'irrfragable; et il n'est pas moins solidement labli par le savant P. Plau, dans la prface qu'il a mise en tte dsuvrs de saint Eptpliane. L'auteur de l'Histoire du gnosticisme s'exprime ainsi au sujet des carpocraliens, autre branche de ces gnosliques c C'est la gnosis, c'est la science des carpocraliens qui donne celle science. Ce n'est pourtant ni une. science nouvelle, ni une science < exclusive : elle a t donne tons les peuples, ou plutt les grands hommes de tous les peuples ont pu s'lever jusqu' elle. Paens ou Juifs, Pyihagore, Platon, Arislole, Mose et Jsus-Christ ont < possd celle gnosis, la vrit. Celle gnosis all'ran chit des lois du monde (ti hfieia lls\>Bspi>e*i h/M); elle fait plus, elle affranchit de tout ce que le vul< gaire appelle religion, i Dans une note, cet auteur ajoute Voil une cole mprisable qui proclame, il y a seize sicles, l'universalisine le plus philosp phique et le plus religieux que connaisse noire < temps.
: :

(1) ATO'jf Se
{

[/.?

5c xp-w,

'iX'/ 6

ici

xvti n-vsu-

fj<trix',\j( siva.1

Ttivr/; r=

xi

TtvTOJf

5oy*T.'ou;'J

ru-

0v.<r3-0*i

(S. Irne).

y avoir quelque contradiction chnscc rapporte des opinions de cet hrtique. Quoiqu'il ft l'auteur (comme nous l'apprend Eusbe) d'un ouvrage contre la destine, on le reprsente cependant comme un dfenseur de la laialit. Ce qu'il y a de vrai, je crois, c'est qu'il considrait les mes comme affranchies des lois de la destine, tandis qu'il regardait comme assujetti l'influenc du destin et des astres tout ce qui esi li avec les corps. (5) Ceux qui ont une fois reu celle grce par la roi ne peuvent jamais la perdre entirement et to lalement, quelque normes que soient les crimes qu'ils puissent commettre (Synode de bontreckl, i an. V). C'est de celte source, videmment, que drive mme jusqu' la phrasologie affecte de nos saints modernes. Ainsi, saint Jusiin nous parle de certains lus de cette espce qui disaient d'eux-mmes que quoiqu'ils lussent pcheurs, si cependant ils connaissaient Dieu, le beigneur ne leur iniputerail pas leur pch. > t
(2)
Il

semble

que

l'on

133
tre
,

VOYAGES A LA RECHERCHE D'UNE RELIGION.


l'tais

m
me
con-

leur conduite ils ne peuvent jamais perdre le sublime privilge qui les dis lingue (saint Irne). Les consquences naturelles de celte dangereuse doctrine se manifestrent ds lors, comme elles l'ont fait lorsqu'elle s'est renouvele au temps de la

par d'aussi pressants motifs

brusquement la rsolution de me soumettre tout ce que ma destine


vertir, je pris

rforme
te

C'est pourquoi, dit le

mme

cri-

pourrait me rserver de plus fcheux, pluque d'changer la brillante armure d'or des antiques saints du catholicisme contre cet airain hrtique, verniss par des mains
tt

vain, les plus parfaits d'entre eux font sans Je crainte tout ce qui est dfendu. parle dit saint Clment d'Alexandrie, des sectateurs de Basilides, qui mnent une vie drgle, comme se croyant autoriss pcher cause de leur perfection (1), ou qui seront certainement sauvs par na-

modernes.

CHAPITRE XXV111.
Autre recherche du protestantisme parmi les orthodoxes aussi peu couronne de fuccs que la premire. Les Pres sont juste l'in-

pcheraient mainte nant, cause d'une lection fonde sur la nature. Les manichens qui ont transmis plus directement nos hrtiques la sombre doctrine de l'absolue corruption de l'homme, professaient aussi plusieurs des aulresprcieuses doctrines qui nous sont parvenues avec ce
turc,
ils

quand mme

verse des calvinistes. Preuves. Saint Ignace, saint Justin, etc. Les protestants mmes le reconnaissent.

En reprenant le cours des penses qui m'avaient ainsi occup, et en rflchissant combien j'aurais t heureux si j'avais pu dcouvrir

parmi

les

Eglise quelques

orthodoxes de la primitive traces de protestantisme,

legs.

Les manichens affirment,

dit saint

Jrme, que leurs lus sont exempts de tout pch, et que, quand mme ils le vo(Iraient, ils ne pourraient pcher. Le mme l're dit encore Rpondons brive ment ces calomniateurs qui nous atta quent en disant qu'au manichen ilappar lient de condamner la nature de l'homme et de nier le libre arbitre. Me voici donc enfin parvenu dcouvrir non plus une simple secte, mais des tribus
te

comme celles que me fournissaient alors les gnostiqncs, je ne pus ni'empcher de me demander avec une sorte d'anxil, si j'tais, aprs tout, bien sr qu'il ne pt s'y en
lr Hiver aucune? Avais-je, en effet, assez examin les dogmes de la primitive Eglise, pour tre pleinement convaincu qu'aucune des opinions que j'ai exposes ne s'y mlait? Ou bien encore, se peut-il que les doctrines

des gnrations entires de protestants, dcouverte aussi inattendue et assurment beaucoup plus authentique que celle de ce nid si bien cach de presbytriens que Ledwich crut trouver au sein des dserts deTipperary, au milieu du sixime sicle ( les Culdes). Si j'avais pu dcouvrir seulement la millime partie de ce parfait protestantisme parmi les orthodoxes des premiers sicles, que mon cur en et t rjoui Que cette dcouverte et admirablement calm ma conscience Une parcelle, une simple goutte de cette vritable doctrine de Genve, et je je serais all, la joie dans le cur, prendre mon repos! Mais non, laressource laquelle rduit tait, n vrit, bien je me voyais pauvre, et par consquent, pouss comme je
et
!

<

(1) Quelques-unes de ces sentes, qui taient dignes de prcder les anabaptistes, disaient que la communaut des biens ei des femmes tait le vrai i <na.w> otc'wv x et parfait bonheur de leurs lus
:

yuvKxuv

itr,y}\

rit 6'fa iaii


le

5ix*(03v/j,-.

Tels

SOtlt

les

mots qui forment

ces eurieuses inscriptions qui liassent pour avoir t trouves prs de Cyrne, et qui ont l publies parle savant rationaliste Gsnius. Le savant historien du nosticisme dit, en parlant des earpocraliens : Tout ce que les docteurs orthodoxes appelaient les bonnes uvres, ils le traitaient de choses cxli rieures , indiffrentes... C'est par la foi et sans

commencement d'une de

de l'lection et de la rprobation, de l'inefficacit des bonnes uvres pour le salut, de l'esclavage de la volont humaine, de l'absolue impossibilit o est l'homme d'accomplir la volont de Dieu, toutes ces doctrines, en un mot, qu'on honore maintenant du titre de christianisme vital, loin d'tre sanctionnes par l'autorit des lumires de la primitive Eglise (1), ne se trouvent que dans les absurdes rveries deces sectes hrtiques contre lesquelles l'Eglise a eu combattre ds les premires annes de son existence? Telles furent les questions que je me fis alorsjet, chose trange malgr le peu de succs jusqu'ici de mes voyages et de mes recherches dans la rgion de l'orthodoxie, je voyais encore une faible lueur d'esprance que peut-tre dans une petite nouvelle recherche je dcouvrirais que les hrtiques gnostiques n'avaient pas conserve pour eux seuls lout le calvinisme, et que quelquesuns des Pres avaient got aussi de ce fruit amer. Rarement, je dois me rendre celle justice, rarement on a vu, en aucun cas, poursuivre une entreprise avec une ardeur aussi imperturbable, travers lant de revers mais hlas celle nouvelle esprance tait aussi trompeuse que loutes celles qui l'avaient prcde. Au lieu de trouver dans les ouvrages des Pres la moindre apparence de tmoignage en faveur de celle horrible ide (2),
!

les

uvres que

les

orthodoxes se recommandaient
fanati <

(1)

ct d'elles.

La ressemblance entre ces

Que nous importe cela, dilOiigne, nous qui sommes de l'Eglise qui condamne ceux qui sou-

ques et

les rveurs de la rforme n'a pas chapp aux observations de cet crivain. < [tien, dii-il, ne i nous parat plus propre faire juger les carpocra tiens de la Cyrnaquc que les anabaptistes de
<

tiennent qu'il y a des personnes formes par naturc pour cire sauves, et d'autres formes par nature peur prir (Adv. Gels.) ?
(2)

C'est l'piiliete
la

mme donne
:

par Calvin sa
Iwiribile
la.

Munster.

doctrine de

rprobation

Decrelum

135

DEMONSTRATION EVANGELIQUE MOORE.


Ainsi,

13d

galement adopte par les gnostiques et les calvinistes, qu'une portion dtermine du genre humain tait choisie pour ire sauve, tandis que tout le reste de l'espce humaine n'avait t cr que pour la damnation, je lus dans ces interprtes avous de notre foi absolument tout le contraire de cela. Je trouvai dans l'excellent saint Juslin l'assurance bien diffrente que la semence de la divine parole est galement rpandue dans tous les hommes, et que tous ceux qui veulent obtenir grce auprs de Dieu en ont la facult. Je lus dans saint Ignace, encore plus ancien, puisqu'illait contemporain desaplres, que si quoiqu'un est pieux, il est un mais s'il est impie, c'est homme de Dieu un homme du diable, tant devenu tel, non par nature, mais par sa propre volont. Au lieu du tableau de la nature humaine trac par Bardesanes et Calvin, qui reprsentent l'homme comme un esclave enchan du destin, sans pouvoir et sans libre arbitre, je le voyais reprsent dans les crits de ces mmes Pres, comme un agent libre et responsable, dou du pouvoir de se dterminer par lui-mme au bien ou au mal (1) et ayant choisir entre un bonheur ou un malheur ternel. Je trouve que l'homme, dit Tertul lien, a t cr par Dieu avec une volont soi libre, et pouvant se commander mme; et c'est en cela surtout qu'il me parat fait l'image ou ressemblance de Dieu.... La loi elle-mme qui fut alors im pose par Dieu prouve aussi que telle tait la condition de l'homme: car il n'aurait pu s'il n'avait pas eu lui tre impos de loi en lui le pouvoir d'y obir comme il le de; rc
ce

au

Simon

le

lieu de dprcier, comme l'a fait magicien, et aprs lui Luther et

Calvin, l'efficacit des bonnes uvres, voici en quels termes cet crivain contemporain des aptres en exalte triomphalement la haute valeur: Empressons-nous de faire toutes sortes de bonnes uvres avec joie et allgresse.... Remarquons que tous les justes ont t enrichis de bonnes uvres. LeSeice ce ce ee ce

ce

ce

gneur lui-mme ne se rjouit-il pas aprs s'tre enrichi de bonnes uvres? Instruits par son exemple, accomplissons sa voonl appliquons-nous de toutes nos forces faire des uvres de justice. Nous devons
;

vait; et la
rail
si

transgression de cette

loi

n'au--

cc

ce

pu tre menace de la peine de mort, le mpris n'en pouvait tre attribu sa

libre volont.
teor.
<

pus surprenant, dit I evque ose attribuer au Dieu de toute misricorde un dcret qu'on trouve soi-mme horQue tes armes dont se servent les plus rible ? i modernes hrsies ne soient que celles des anciennes hrsies reforges, c'est une remarque qu'on a
>

N'esi-il

<

Tomline, qu'on

dj faite plusieurs fois dans cet ouvrage ; et pour en avuir une nouvelle preuve, il suffit d'observer que les textes sur lesquels s'appuient aujourd'hui les calvinistes pour tablir leurs doctrines favorites de l'lection et de la rprobation, sont ceux-l mme auxquels leurs prdcesseurs les gnostiques eu appelaient pour la mme fin, il n'y a pas moins de seize ou dix-sept sicles. Apis avoir cit plusieurs de ces textes (!/., I, 15. iG; Rom., 1, 1 :Jerem., I, 5; Ps.,

toujours tre prts bien faire: car de l viennent toutes choses (Saint Clment.) i' Il n'est point ncessaire de produire un plus grand nombre des passages que j'ai recueillis en si grande quantit pour prouver que dans aucun des Pres de l'Eglise qui ont prcd saint Augustin, on ne trouve la moindre trace des doctrines protestantes, appeles aujourd'hui vangiiques (1) ; mais qu'au contraire, tandis que Simon le magicien et ses sectateurs enfantaient cette foule de sombres rveries que devaient ressusciter plus tard Calvin et Luther, l'Eglise catholique proclamait loquemment par la bouche de ses grands orateurs et de ses illustres docteurs, l'universalit de la rdemption du Christ, la libert de la volont humaine (2), la prcieuse efficacit des bonnes uvres et de la pnitence, et la possibilit donne tout chrtien d'oprer son salut. Il n'est point ncessaire, je le rpte, de prendre la peine de prouver ce fait, qui est dj reconnu par une foule de thologiens protestants, appartenant aux diverses coles de thologie. Le luthrien Flacius par exemple, accuse les Pres qui ont crit peu aprs les aptres, d'ignorer totalement la corruption naturelle de l'homme, et d'autres mystres de ce genre, qui ont t depuis dcouverts dans l'Evangile; (3) tandis que le calviniste Milner, qui prtend trouver ds le premier sicle quelques lueurs de ces doctrines, avoue qu'aprs celte poque ces vrits vangiiques s'obscurcirent et furent nies ou mises en oubli par presque tous les Pres dos sicles suivants, il dit en parlant de saint Irne et de saint Justin, qui criIls se taisent virent dans le second sicle ou peu prs sur l'lection de grce, et soutiennent la notion arminienne sur le

,
:

ee

L, 5; XXII, 10;LXUI, 5), saint Jrme dit: a Les hrtiques qui prt iidenl qu'il y a diffrentes natures, el que les unes sont sauves tandis que les autres prissent, soutiennent, d'aprs ces passages, que personne ne peut tre cens juste avant d'avoir fait quelque bien, ni ha, comme pcheur, avant d'avoir commis quelque crime, s'il n'y a pas de diffrence entre la nature de ceux qui prissent et celle de ceux qui sont sauvs. > (1) Il (saini Justin) parle d'un pouvoir donn l'homme de se dterminer par lui-mme(aTjo te.v), et emploie le mme genre de raisonnement sur l'obscur sujet du libre arbitre, devenu pour plusieurs, une chose toute de mode depuis les jouis d'Armi nius (Militer, Histoire di l'Eglise). >
,

(1) D'aprs

un passage des

Institutions

(lib.

Il, c.

V., seel. 15), il est vident pie Calvin lui-mme regardait saint Augustin comme le seul des anciens Pres qui pt tre cit en laveur de sa doctrine.
t

libre, dit Ori(2) L'me est doue d'une volont gne, et est libre d'incliner d'un ct ou ele l'auire.
>

Pour prouver que


XXX,
:

>

l'homme
saint

est libre ele


cite le

croire ou de ne pas croire,

Cypien

Deuironome,
<

<
<

19 J'ai mis devant vous la vie el la mort, In bndiction et la maldiction: choisissez donc la vie, afin que vous viviez, vous
cl

voire race.

>

(5) liasnage se ses rformes)

plaint de
les

mme

(Histoire des

EgH~

que

anciens chrtiens s'exprimaient

maigrement sur ces matires.

137

VOYAGES A LA RECHERCHE D'UNE RELIGION.


fallait

138

libre arbitre. Aprs avoir tax Saint-Clment d'Alexandrie d'tre pareillement tranger au christianisme vital, il congdie cavalirement ce savant Pre, avec l'arrogance qui est si bien le trait caractristique

bien que ces dernires connaissances fussent aussi amusantes que mes vieux amis calvinistes, les adeptes de Sophie Achaet quelque indulgence que je me fusse senti port accorder l'humeur capricieuse du jugement individuel, il mt, sembla alors qu'tre la fois triste et htrodoxe, c'tait une sorte de subrogation qui n'est plus tolrable. Je me contenterai donc de choisir parmi les hrsies de cette

molh;

hrditaire d'une secte dont Simon le Magicien, qui avait os se constituer le rival du Christ, tait le pre. Aprs tout, dit-il, ce savant crivain, tout laborieux et plein de gnie qu'il tait, parat tre

demeur bien au-dessous d'un grand nombre de personnes obscures et illettres


de notre temps dans la vraie science des Ecritures et l'exprience des choses divines.

poque quelques-unes de

Le judicieux Lardner, aprs avoir

cit

celles qui , par le caractre particulier de leurs doctrines anti-catholiques , peuvent tre regardes comme les principaux canaux par lesquels les lments du protestantisme ont t transmis dans toute leur perfection gnostique

quelques exemples semblables de cette manire prsomptueuse djuger les Pres, a bien raison de s'crier avec une piquante Pauvres ignorants chrtiens de la ironie primitive Eglise je m'tonne qu'ils aient pu trouver le chemin du ciel. Ils vivaient dans les temps voisins de Jsus-Christ et ils estimaient un haut des aptres prix et lisaient avec soin les saintes Ecri tures quelques-uns mme d'entre eux il parat en ont fait des commentaires cependant qu'ils ne connaissaient que peu, ou mme point du tout, leur reli gion, quoiqu'ils l'embrassassent et la professassent au risque certain de per: !

aux temps modernes. Et d'abord pour commencer par

les

no-

dre tous leurs biens terrestres ; et plusieurs ont donn leur vie plutt que d'y renoncer. Pour nous au temps o nous vivons, nous sommes vraiment heureux dans notre orthodoxie; mais je dsire que nous excellions davantage dans la pralique des vertus que les saintes Ecritures
,

vatiens, ces sectaires qui florissaient vers le milieu du troisime sicle, et dont le fondateur est reprsent par Saint Cyprien comme un dserteur de l'Eglise, un matre d'or gueil et un corrupteur de la vrit, n'en taient pas moins, leur manire d'aussi bons protestants qu'on doit l'tre, puisqu'ils niaient opinitrement que l'Eglise et le pouvoir d'absoudre les pcheurs pnitents , qu'ils refusaient absolument de reconnatre son autorit et ses tradi^ tions, et en appelaient, ainsi que l'ont toujours fait les hrtiques, avant comme depuis , au tribunal de la raison. Le langage de Saint Pacien (1) s'adressant un de ces sectaires , peut trs-bien tre ap,

et

eux

je

pense

nous recommandent
dislinctive d'un chr-

comme

la

marque

tien.

CHAPITRE XXIX.
Le protestantisme se Retour aux hrtiques. Novatiens. montre en abondance. Arius preDonatisles etc. Agnoles. Accusations d'idolmier presbytrien. intentes par trie contre les catholiques par les \i les paens, comme aujourd'hui

protestants.

Cette dernire excursion la recherche du protestantisme dans le monde orthodoxe devait tre dcidment la dernire de toutes.

pliqu, avec le mme -propos, par un catholique de nos jours aux protestants; il n'y aurait changer que les mots placs entre parenthses. Quel est celui, demande-t-il , qui a propos cette doctrine? Est-ce Mose, ou Saint Paul, ou Jsus-Christ? Non, c'est Novatien (Luther). Et qu'tait-il? Etaitce un homme pur et irrprochable qui avait t lgitimement ordonn vque?.... A quoi bon tout cela me direz-vous il suffit qu'il ait enseign cette doctrine. Mais quand l'a-t-il enseigne? Fut-ce immdiatement aprs la passion du Christ? Non, ce fut environ trois cents (seize cents ) ans aprs cet vnement. Cet homme a-t-il suivi les prophtes? Etaitil prophte? A-t-il ressuscit des morts? A-t-il opr des miracles? Parlait-il plusieurs langues? Car, pour tablir un nou,

Fatigu,

comme je l'tais , d'une chasse si inutile et si vaine , c'est avec un profond rigot que je me renr.s tudier mes hr,

dont je commenais alors tre tiques aussi honteux que Falstff l'tait de son rgiment. Comme cependant je m'tais impos la lche de suivre l'hrsie dans les quatre premiers sicles de l'Eglise, je me dterminai continuer mon uvre et le mme bonheur de trouver des protestants, si toutefois c'tait un bonheur d'en trouver la o je n'en avais que faire; le bonheur, dis-je, de trouver des protestants parmi contiles htrodoxes et les schismatiques nua de me favoriser. Nanmoins il s'en
; ,

,'

'

parlant de cet crivain, qui florissait dans sicle, M. Clarke (Succession de la liairut, eccls.) dit : Qu'il n'lait pas moins pieux qu'un plus loquent ; puis il ajoute qu'< il se trouve grand nombre des erreurs de l'Eglise romaine en seignes avec plus de hardiesse et plus ouverte ment dans ce Pre, que dans aucun peut-tre des < autres, qui, cependant, ont moiti plus crit. Malces houleuses erreurs, ainsi entasses < gr toutes ses ouvrages, comment se fait-il, je le de dans
(\)

En

le

quatrime

<

mande,

que saint Pacien

n'ait

pas l regard

novateur par ses contemporains, mais < qu'il ait eu, au contraire, la rputation d'lre un des plus habiles et des plus orthodoxes thologiens [i de son poque? La solution n'est pas difficile. >

comme un

DMONST. EVANG. XIV.

(Cinq.)

139

DEMONSTRATION EVANGELIQUE. MOORE.

140

vel Evangile, il et d faire quelques-unes de ces choses. Ce saint crivain expose ensuite en termes exprs le principe protestant, qui servait de base ces hrtiques. Vous dites: Nous ne nous soumettons nous faisons usage de point l'autorit la raison ; puis il ajoute: Pour moi, qui jusqu'ici me suis trouv satisfait de l'autorit et de la tradition de l'Eglise, je ne m'en carterai point maintenant. Le second exemple de bon protestantisme que nous avons produire se trouve chez les eunomiens , qui taient une branche de l'hrsie arienne, infecte de gnoslicisme, comme l'tait Arius lui-mme. Le fondateur de cette secte enseignait aussi, avec Valentin, Basilides, etc., la doctrine commode del persvrance des lus soutenant que tous ceux qui embrassaient la vrit (et par l il entendait ses opinions ) ne pouvaient jamais dchoir de l'tat de grce. La principale de ces opinions qui assuraient tait que le Christ n'est pas le salut, consubstantiel au Pre (1). Cet excellent protestant s'opposait aussi l'ancienne pratique catholique de vnrer les reliques et de rclamer l'intercession des saints ; appelant, nous dit Saint Jrme, du nom factieux A'antiqxiaires tous ceux qui attachaient quelque prix aux ossements et aux reliques des martyrs. Ls agnotes ou ignorants (nom que donner l'opinion partiavait fait leur culire qu'ils professaient) nous prsentent un autre exemple de cet hritage d'erreurs que les hrtiques transmettent leurs successeurs d'ge en ge. L'ignorance o Notre-Seigneur dit tre du jour du jugement (Marc, XIII, 32), sur laquelle ces hrtiques fondaient leurs attaques et leurs railleries contre sa divinit (2), a fourni aussi cette classe fort nombreuse de protestants qu'on appelle unitaires, un de plus spcieux arguments l'appui de leur incrdulit qui s'tend bien plus loin encore. Tel est, en semblent effet, le cercle que les erreurs

toujours destines parcourir: elles s'vanouissent de temps en temps, puis reparaissent ensuite enveloppes de tnbres. Ainsi les armes avec lesquelles les ennemis de la divinit de Jsus-Christ attaqurent la doctrine catholique d'autres poques, ne font qu'tre aiguises de nouveau par les Priestley etles Belsham contre les tholologiens trinitaires de la ntre. La secte desdonalistes, qu'on peut regarder comme un schisme plutt que comme une hrsie, et qui rclamait l'orthodoxie exclusivement pour les Eglises donatistes, en disant que Dieu tait en Afrique, et pas ailleurs, a d'autant plus de droit.d'lrc honorablement mentionne dans les annales protestantes, que ces schismatiques furent, je crois, les premiers chrtiens qui ont confr l'Eglise catholique le titre poli de prosti tue de Babjione. Nous voici maintenant arrivs au digne prcurseur des presbytriens Arius, qui, ayant cherch en vain se faire nommer vque, dclara, pour s'en venger, la guerre tous les vques (1); enseignant qu'ils n'avaient droit aucune supriorit, ni aucune juridiction sur les prtres. Ce premier champion de l'Eglise presbytrienne s'leva aussi contre la coutume ca f hoIique de prier pour les morts, "et refusa l'Eglise le pouvoir de prescrire des jenes, disant qu'un chacun a le droit de choisir ses propres jours de jene. La raison allgue par lui pour appuyer cette dernire prtention l'indpendance, savoir,
,

qu'il fallait montrer par l que nous ne vivons plus sous la loi mais sous la grce, nous rvle l'action de celte antipathie contre la loi et ses prceptes qui s'est transmise, par
,

une succession rgulire d'hrtiques des chrtiens gnostiques nos modernes antinomiens. Le principal motif, cependant, qui m'a
,

(1)

L'argument

subtil,

comme

l'appelle

Cave, dont

servait pour tablir celle proposition, tait celui-ci : Une essence simple, tel qu'est l'Elre divin, ne peut contenir en elle-mme deux princi-

Eunomius se

pes, dont l'un est engendrant et l'autre engendr; ou bien (pour exprimer la mme ide en termes plus clairs), un tre simple, comme Dieu, ne peut la fois engendrer et tre engendr. (2) Parmi les textes dont la dangereuse habilet du jugement individuel a essay de composer un argument preniptoire contre la divinit du Sauveur, celui qu'allguaient les agnotes a paru aux Pres le plus difficile expliquer. Quelques uns rpondaient que le Fils de Dieu voulait dire seulement

port faire mention de la secte des ariens, c'est le tmoignage prcieux que fournit leur hrsie en faveur de l'antiquit de l'usage solennel de prier pour les morts car leur dissentiment cet gard, au milieu du quatrime sicle, n'aurait pu leur attirer, d'une manire aussi expresse et aussi gnrale, les anathmes qui frappent les hrsies, si cet usage ne ft pas arriv cette poque consacre par d'antiques souvenirs, et con6rme parles traditions de la primitive Eglise. La mme remarque peut galement s'appliquer quelques-unes des doctrines de Vigilance qui, quoique appartenant, proprement parler, au commencement du cin:

pas une connaissance exprimentale de Saint Augustin cherche se dbarrasser de la difficult par celle explication si videmment force, que ne connat pas veut dire, en cet endroit, ne fait pas connatre d'autres. Quelques thologiens modernes se sont contents de cette solution si simple, que quand Jsus-Christ dit ses aptres qu'il ne savait pas prcisment le jour o se ferait le jugement dernier, il est trs possible qu'il n'et pas du tout en vue cet vnement. (Foi bes, Insiit.theol., l'b. 111, c. 21.)
qu'il n'avait
la

chose.

distinction des deux natures, dfinie par le conde Chalcdoine.oire la seule vritable solution, tant de cette difficult que de toutes celles qui lui ressemblent. Entant que Dieu Jsus-Christ connaissait toutes choses, mais il en est beaucoup qu'on peut supposer qu'il ne connaissait pas en tant qu'homme. ( pour l'ordinaire, ) Une ambition dsappointe a t la cause de tous les mouvements dont les esprits inquiets et remuants ont agile le monde. Ainsi Marcion devint hrtique parce qu'on lui refusa une dignit dans l'Eglise , et c'est pour le mme motif que Vanini crivit au pape que si Sa Saintet ne lui doni naii pa un bnfice, il bouleverserait lou' le christianisme dans un an, partir de ce moment.
cile
I

La

m
quime

VOYAGES A L RECHERCHE D'UNE RELIGION.


ici

142

une sicle, mrite bien de faire exception la rgle que je me suis impose de ne pas tendre ces recherches au del des limites du quatrime sicle. Cet hrtique, qui tient un haut rang parmi les premiers modles de protestantisme, tait un crivain qui s'occupait publier ce qu'on appellerait aujourd'hui de spirituels pamphlets anlipapistes, se moquant, avec un certain ton de
belle

de toutes les circonstances de son martyre. On publiait, y est-il dit, que nous allions dserter notre matre crucifi pour nous mettre adorer Polycarpe. Insenss qui ne savaient pas que nous ne pouvons abandonner jamais le Christ, qui est mort pour le salut de tous les hommes, ni en
fidles

le Fils

humeur, du respect rendu aux reliques

adorerunautre.Lui, nous l'adorons comme de Dieu et nous tmoignons aux martyrs le respect qui leur est du, comme
,

les catholiques, et des prires qu'ils adressent leurs saints en les invoquant. Ils allument, dit-il, de gros cierges au mi lieu du jour, et vont baiser et adorer une petite poigne de cendres. C'est , il n'en faut pas douter, rendre un trs-grand ser vice aux martyrs, que d'allumer quelques mauvaises chandelles pour eux que l'A gneau, assis sur son trne, claire de toute la splendeur de sa majest (1). On voit par l que ce n'est pas d'hier que date le procd inique et plein de mauvaise foi d'accuser les catholiques 'adorer les reliques et les images, malgr toutes leurs rclamations journalires contre une pareille idoltrie. Le dmenti formel donn par saint Jrme aux grossires accusations de Vigilance, ne fut pas mieux cout, probablement, par les sectateurs de cet hrtique, que ne le sont les dclarations semblables des catholiques de nos jours par les aveugles lecteurs des lucubrations des rv. G. S. Faber et Co. Nous n'adorons, dit le saint, nous n'hono rons d'un culte souverain ni les reliques des martyrs, ni les anges, ni les chrubins, ni les sraphins ; car ce serait servir la cra ture plutt que le Crateur, qui est bni jamais. Mais nous honorons les reliques des martyrs, afin d'lever nos curs vers celui dont ils sont les martyrs. Nous les ho norons, afin que cet honneur soit rapport celui qui dit Celui qui vous reoit me reoit (Matin., X, 40) puis il s'crie avec un sentiment d'indignation Insens! quia jamais ador les martyrs? Qui a jamais imagin qu'un mortel ft un Dieu ? Mais cette politique injuste des ennemis des catholiques date d'une poque plus ancienne encore que celle de saint Jrme, et comme presque tous les autres points de la position relative des deux partis, on peut la suivre en remontant jusqu'au temps des aptres. Dj mme alors cet esprit d'imposture et de mauvaise foi tait vivant; ds lors les hommages rendus aux reliques enchsses d'un saint Ignace ou d'un saint Polycarpe taient dnoncs par ceux qui se raillaient de la foi, comme un transport idoltrique lait la crature du culte qui n'appartient qu'au seul Crateur. Qu'il en ait t ainsi par rapport saint Polycarpe, c'est ce que prouve manifestement une lettrede l'Eglise de Smy rne dont il tait vque , qui rend compte aux

par

ses disciples et ses fidles serviteurs. Le centurion fit donc brler le corps du saint martyr. Alors nous recueillmes ses osse ments, plus prcieux que des perles et plus prouvs que l'or, et nous les ensevelmes. C'est dans ce lieu mme que, si telle est la volont de Dieu, nous nous runirons, et clbrerons avec joie et allgresse la nais sance de son martyr, tant en mmoire de ceux qui ont t couronns avant lui, que pour prparer et fortifier les autres au com bat par son exemple (Eusbe, hist. Eccls. 1. IV, c. 15). C'est ainsi , comme je l'ai dj fait observer, que la position des deux partis l'Eglise catholique d'un ct, et de l'autre ceux qui protestent contre sa doctrine, s'est trouve, ds le commencement et dans tous les ges, virtuellement la mme. Les anciennes vrits sont demeures entirement immuables, tandis que les anciennes erreurs, comme des coupables souvent dcouverts se sont de temps en temps rencontres sous des noms diffrents; de sorte qu'en ralit le calvinisme, l'antinomianisme, etc., des temps modernes ne sont gure que des rapparitions du gnoslicisme et du manichisme des temps
, ,

passs. On pourrait mettre ce fait remarquable dans une plus grande vidence encore, en fouillant plus avant dans l'histoire des anciennes hrsies ; mais dj j'ai mis la patience de mes lecteurs une assez rude preuve sur ce point. J'en ai dit assez aussi pour faire connatre les gambades fantastiques que l'engeance toujours varie et toujours fconde des hrsies n'a cess de faire autour de l'ar-

che vnrable de l'Eglise dans sa majestueuse navigation travers le vaste ocan des sicles ; tandis que ces monstres sans cesse renaissants aprs avoir fait de vains efforts pour contrarier et embarrasser sa marche, sont tombs les uns aprs les autres dans les tnbres, laissant le brillant et unique refuge des fidles poursuivre sans naufrage jusqu' la fin des temps sa route salutaire.
,

CHAPITRE XXX.
Courte rcapitulation. Secret enfin dcouvert. Affaire d'amour. Promenades sur le bord de la rivire. Connatre le

Seigneur.

Cupidon

et

Calvin.

M) Dans sa rponse Vigilance, saint Jrme dit c Lvquc de Rome a donc tort d'offrir le sacrifice Dieu sur les ossements vnrables de ces hommes

morts, Pierre et Paul ( qui ne sont plus, selon vous qu'une vile poussire), et de regarder comme des autels les lombes de ces grun ils saints.

la poursuite du protestantisme dans les premiers sicles sont enfin termines, et il m'est facile de rcapituler en peu de lignes la suite de ces recherches et les rsultats oblenus. Comme les protestants se vantent d'avoir ramen le hnslianisme sa puret primitive, il tait tout
(

Mes vaines recherches

lus
|nature de penser que

DEMONSTRATION VANGLIQUE. MOORE.


c'tait

Ui
comme
en

parmi

les

pre-

successivement levs et rangs"

i '

miers chrtiens queje trouverais les meilleurs protestants; en consquence, j'ai, comme on l'a vu, dirig mon attention vers 1re apostoliquc de l'Eglise, et continu mes recherches successivement dans les quatre premiers sicomme les degrs de l'chelle de cls qui acob les plus rapprochs du ciel devaient J avoir t plus directement et plus vivement clairs des rayons de la lumire divine. Eh 'bien quels ont t en dfinitive les rsultats de cette tude si active et si consciencieuse? O ai- je, je le demande, trouv un seul protestant dans toute cette priode si pure? Y iai-je mme dcouvert le moindre germe d'une doctrine anticatholique ? Serait-ce dans les bonnes uvres et dans le jene hebdomadaire de saint Barnabe et d'Hermas ou dans la prsence relle et le changement des lments soutenus par saint Ignace et saint Justin? Serait-ce dans le respect que professe le pre,
, 1 ,

ligne debataille contre l'Eglise, se runissent et apportent ici chacun son contingent d'er-

reur dans cette guerre incessante , et je puis vous rpondre qu'on en pourra composer un corps de doctrine prolestante si complet, qu'il aurait pu pargner aux rformateurs de Wittemberg et de Genve toutes les peines et les difficults de leur mission.
Telle tant donc l'opinion que je m'tais forme sur cette matire si importante et que je n'avais dfinitivement adopte qu'aprs beaucoup de rflexion et une srieuse
,

les traditions orales de l'Eglise, la vnration dont ses cendres et celles de saint Polycarpe ont t l'objet de la part des chrtiens de l'poque qui les suivit immdiatement? Saint Irne parlait-il dans le sens du protestantisme lorsqu'il revendi-

mier pour

ou dans

quait pour le sige de Rome la primaut et la supriorit sur toutes les autres Eglises, ou quand il dclarait positivement que l'oblation du corps et du sang sur l'autel est le sacrifies de la loi nouvelle ? Mais il est inutile de parcourir de nouveau, mme rapidement, les divers degrs qui nous ont conduits cette conclusion pleine d'vidence et qui doit convaincre,

il est tout naturel d'en conclure que, quelque imprieux que fussent les motifs qui me poussaient me faire protestant j'avais enfin abjur toute pense de me soumettre une mtamorphose aussi rtrograde, Quelque surprenant que cela puisse paratre, il n'en tait pourtant pas ainsi ; au contraire, je me sentais toujours entran comme par la main du destin, et saisi d'une sorte de vertige semblable ce qu'prouvent les personnes qui se trouvent sur le bord d'un prcipice; j'avais si longtemps plong mes regards dans le gouffre tnbreux du protestantisme, qu'il me paraissait bien difficile de me garantir d'y tomber. Ce que je viens de dire me conduit enfin m'expliquer comme je l'ai promis depuis si

rsistance

longtemps

mes

lecteurs, sur les motifs qui,

indpendamment de ceux dont j'ai parl au commencement de cet ouvrage me pous,

mon

avis, les lecteurs

mme

les

moins sincres qu'il n'y a pas une seule des doctrines! ou des pratiques rejetes maintenant par les protestants comme papistes, qui
n'ait t professe et observe sur la double autorit des Ecritures et de la tradition, par toute l'Eglise de Jsus-Christ, dans les quatre

premiers sicles. Tandis que je trouvais ainsi le catholile papisme, cisme ou, si vous le voulez parmi les orthodoxes de ces temps-l quel est celui chez lequel seul j'ai dcouvert les doctrines du protestantisme ? Que l'ombre de Simon le Magicien, ce vritable pre du calvinisme, apparaisse et rponde; interrogez et coutez le langage prles capharnates somptueux qu'ils tinrent en se demandant les uns aux autres comment Notre-Seigneur pouvait-il nous donner sa chair manger; que les gnostiques, qui croyaient au mariage et produisent la progniture du Saint-Esprit leurs doctrines de l'lection de la persvrance, des dcrets immuables, etc., etc.; que les manichens viennent et proclament l'entire corruption de la nature humaine et la perte totale du libre arbitre; dites auxdoctes et aux marcionites de produire ici leur eucharistie sans corps et sans sang appelez Novatien, Arius, Vigilance et consorts pour
, ,

saient touffer, autant qu'il tait en mon pouvoir, tous les scrupules religieux , et me rsoudre embrasser le protestantisme dans les tnbres, dans le cas o ses traits ne me paratraient pas en tat de supporter la lumire du jour. Quoique je prvisse bien que mon changement de foi dt me mettre dans un tat infiniment pire, sous le rapport spirituel je n'en cherchais pas moins me persuader qu'il tait bien juste, en dfinitive, qu'aprs avoir tant souffert au service d'une bonne religion, j'essayasse de me ddommager en participant un peu la prosprit que je voyais attache la profession d'une mau,

vaise.

En un mot le but comme de celui de Jason


,

de
,
,

mon

voyage

tait

(Vor, et je ne manquais pas verra par ce que je vais dire, d'une belle Me de pour m'aider dans cette entreprise et la

une toison comme on le

conduire bonne
,

fin.
,

La maison qu'habitait mon pre dans sa petite proprit dans le comt de ***, tait situe dans le voisinage d'une partie des domaines de lord "*, un de nos plus considrables absents, dont l'homme d'affaires, sorte d'autre lui-mme, restait l pour administrer tout ce qui composait ces immenses possessi elles eussent t les siennes rsidence de cet homme d'affaires tait deux milles environ de la maison que nous occupons et il existait depuis longtemps une troite intimit entre les deux familles. Celle de l'homme d'affaires ne se composait que de lui-mme et de sa sur, demoiselle dj un peu ge dont le sort tait , ainsi qu'on le verra , d'exercer une

sions,

comme
La

propres.

protester contre la tradition, les prires pour les morts, l'invocation des saints, et la vnration rendue aux reliques; en un mot que toute Va multitude d'hrtiques et de schismatiques qui, pendant tout ce temps, se Sont

-'

145

VOYAGES A LA RECHERCHE D'UNE RELIGION.


la

146

grande influence sur mes destines tant spirituelles que temporelles. Cette dame et son frre taient protestants , cela va sans dire le noble propritaire de ces domaines tant
de cette classe de personnes orthodoxes qui pensent qu'il ne serait pas sr de mettre en contact avec leur or et leur argent une autre religion que le protestantisme. Miss *** se vantait souvent que, depuis le temps de la rforme, sa famille avait toujours profess la foi dominante, bien que quelquesuns des voisins les plus gs donnassent s'il tait entendre que son protestantisme hrditaire , tait demeur leur connaissance , pendant plusieurs gnrations tout au plus dans un tat latent; mais tout le monde convenait cependant qu'il avait reparu dans miss ***, sous la forme la plus tranche, puisqu'elle faisait profession d'appartenir la secte qu'on appelle vanglique
, ,
,

papiste serait de sa part se dgrader d'une manire si infme et si rvoltante, que c'tait capable de rveiller ses anctres protestants dans leurs tombeaux et de les en faire sortir avec indignation quoi il faut ajouter que n'ayant , comme on le croyait gnralement, d'autre fortune que ce qu'elle pouvait attendre de la bont de son frre il paraissait bien improbable qu'elle voult s'exposer au danger d'encourir sa disgrce en formant une alliance , si peu judicieuse sous d'autres rapports, avec un homme aussi peu favoris que moi des biens de ce
;
,

femme d'un

monde.

CHAPITRE XXXI.
Recteur de Ballymudragget. Nouvelle forme de chapeau. Scne tendre dans le bosquet. Arrive du Bill Moment d'embarras. d 'mancipation pour les catholiques. Correspondance avec miss ***.

ou

vitale.

Cette demoiselle avait, ds le principe, maun vif intrt pour mon salut; et, possde, comme toutes les personnes de son cole, d'un zle ardent pour le proslytisme,
nifest

Telles taient

mes

ides sur ce sujet

lors-

m'avait souvent propos une promenade long des bords de la rivire dans le but charitable de s'entretenir avec moi sur des sujets religieux et de m'apprendre, suivant ses propres expressions, connatre le Seigneur aussi intimement qu'elle le connaissait elle-mme. Cette manire de s'exprimer et l'orgueil excessif avec lequel elle parlait toujours du noble patron de son frre, faisaient que le mot de seigneur qui, sous une forme ou sous une autre sortait chaque instant de sa bouche, produisait par fois des quivoques assurment trs-amusantes entre qu'on ne pourle spirituel et le. temporel rait, sans manquer d'gards rapporter ici. Cette demoiselle, en faisant ainsi tant d'efforts pour me convertir , avait-elle dans le principe d'autres vues ultrieures que de satisfaire cet amour de protection qui est si actif dans les saints, c'est ce que je ne prtends pas dcider; mais je ne tardai pas m'apercevoir que des sentiments d'un autre genre se mlaient pour beaucoup sa sollicitude pour mon bien spirituel et je ne pouvais ne pas observer qu' proportion que j'approchais davantage de l'ge nubile, et qu'elle au contraire s'en loignait de plus en plus un certain air d'intrt plus tendre se rpandait dans toutes ses manires ; elle nous mnageait des promenades plus frquentes et
elle le
, ,
,

de quelques jours ma famille , il arriva un vnement qui dissipa tous mes doutes par rapport l'objet qu'avait en vue notre belle voisine; et, entr'ouvrant l'avenir mes yeux, m'y fit apercevoir des esprances qui , en mme temps , m'blouirent et m'embarrassrent. J'ai dj fait connatre prcdemment mes lecteurs un autre des voisins de mon pre , le riche recteur de Ballymudragget. La figure de ce majestueux personnage tait, depuis ma plus tendre enfance , si intimement lie toutes mes ides en fait de religion , que quand mme je viendrais maintenant tre favoris de visions aussi batifiques que celles de sainte Thrse , l'ombre corpulente de ce recteur ne manquerait pas de venir obscurcir la lumire de mes rves. Sa grande importance dans notre voisinage, ses ternelles dmes, que je ne considrais, dans mon enfance, que comme une espce particulire de friandise dont vivaient les recteurs; son vnrable chapeau, qu'on tait habitu voir le long de nos routes se mouvoir comme un mtore effrayant les pauvres et exigeant les hommages des riches ;
,

que

pendant une

visite

plus longues, et mme ses discours religieux devinrent tellement parfums de sentiment que jamais auparavant il n'avait t aussi difficile de distinguer Cupidon et Calvin l'un de l'autre. Quoiqu'il ft impossible ainsi que je l'ai dj dit , de ne pas deviner ce que signifiait tout cela , il y avait indpendamment de l'avantage que cette demoiselle avait sur moi par rapport au nombre des annes, d'autres circonstances qui m'empchaient de croire qu'elle songet le moins du monde une union matrimoniale entre elle et moi. Je lui avais souvent entendu dclarer que devenir
, ,

choisi d'auditeurs auxquels en forme de soliloque, ses discours, chaque dimanche ; en un mot, tout ce qui se rattachait sa personne contribuait me donner une ide trange et confuse de la religion dont il tait le ministre, et me le faisait considrer comme une sorte de
le petit
il

nombre

dbitait,

comme

grand lama, enchss Ballymudragget, et, en avanant en ge, je commenai, comme cela devait tre, connatre plus clairement
ce qui en tait, et je sus que, sous le titre ironique de ministre de l'Evangile le vieux recteur n'tait rien moins que le riche possesseur d'une bonne sincure de deux mille livres sterling (cinquante mille francs) par an, qui lui avait t confre par le pre du lord actuel il y avait peu prs vingt ans. A l'poque de ma visite, dont je viens de parler, le rvrend gentleman se trouvait assez dangereusement malade, et tout l'int, ,

147
rt qu'excitait cette

DEMONSTRATION EVANGELIQUE. MOORE.


maladie dans
le voisi-

148

nage, se rduisait peu prs fournir au commrage un sujet de conversation. Un

changement de chapeau, voil en vrit tout ce que la plupart des gens pouvaient attendre de sa mort, et il tait gnralement reconnu que, comme varit, une nouvelle forme de coiffure serait bien accueillie. Cependant, s'il fallait s'en rapporter au bruit public, notre heureux voisin, l'homme d'affaires, avait un intrt beaucoup plus substantiel la mort de son recteur, le lord actuel ayant fait la promesse, en succdant son pre que la premire prsentation au bnfice serait la disposition de son intendant. Jusqu' quel point ce bruit tait-il fond, c'est ce dont je ne me suis jamais donn la peine de m'assurer ; mais un malin, jamais mmorable, le bruit s'tant rpandu, ce qu'il parat, que le vieux recteur tait tellement mal que les mdecins en dsespraient, miss *** me proposa une promenade au presbytre pour en avoir des nouvelles certaines. A notre arrive la porte , nous fmes introduits, et, tandis que le domestique allait porter notre message, ma compagne et moi
,

dot offrir celui qu'elle trouverait dispos la partager avec elle , et qu'elle en jugerait digne; que ma malheureuse religion tait le seul et unique obstacle qui pt l'empcher de jeter les yeux sur moi

comme une

pour me rendre l'heureux possesseur de cette double fortune, et qu'il ne dpendait que de moi, si demain il arrivait mal au recteur, de m'unir tout la fois au protestantisme, elle et Ballymudragget. Quoique bloui d'abord par cette brillante perspective, je n'eus besoin, je dois le dire, que d'un moment de rflexion pour rtablir mon esprit dans la mme indiffrence o il tait habituellement en fait d'avantages temporels perdre ou
gagner.

Indpendamment du ct religieux de la question je vis sur-le-champ mme quelle tache dshonorante s'attacherait pour toujours mon nom, si dans un moment o les esprances des catholiques paraissaient entirement perdues, je dsertais la foi opprime de mes pres pour une si brillante
, ,

rcompense.

Le prompt rtablissement du vieux recteur


la peine d'entrer dans toutes ces explications avec cette demoiselle; mais la malheureuse scne qui venait de se passer dans le bosquet du presbytre avait donn nos rapports un caractre tout nouveau. Elle interprtait dans le sens le plus favorable ses dsirs l'embarras o elle s'tait les paroles si expressives qu'elle m'avait adresses. Sans revenir positivement au sujet en question, toujours, depuis ce moment, il y eut de sa part, dans tous nos rapports, une impression de tendresse qui marquait que nous nous tions entendus et, soit par un effet de la disposition habituelle ojtais de ne vouloir causer de peine personne, soit peut-tre par un peu de vanit d'avoir fait cette premire conqute, je ne fis aucun effort pour dtruire cette impression. Environ deux ou trois mois aprs cette aventure, arriva le bill d'mancipation, et le lecteur connat dj quelques-uns des effets que produisit sur moi ce grand vnemeni. Pendant le temps que j'employai poursuivre le cours de mes tudes sacres , je me vis dans l'impossibilit de trouver l'occasion d'aller visiter ma famille; ce qui fit que mes rapports avec ma belle conqute durent malheureusement pour moi, se borner des lettres. Je dis malheureusement pour moi, en parlant de ce mode de communication, parce que l'objet auquel je m'adressais tant loign et cach mes regards, mon imagination avait toute la libert de le revtir de toutes sortes de qualits agrables , sans avoir craindre que les peintures fussent confrontes avec l'original, ou que le charme dont elle le revtait lt diminu peut-tre mme effac , par la voix et ta prsence de l'idole. 11 rsulta de l que ma belle correspondante brilla de plus en plus mon imagination, proportion que se prolongeait le temps o elle tait soustraite mes regards;
; ,

vinlm'pargner

nous nous promenmes dans le berceau en qui conduisait du cabinet d tude bien meubl du recteur aux prairies et aux bosquets dont sa maison tait environne. Comme je n'avais jamais vu ces lieux pendant le jour, il m'arriva, pendant que nous nous promenions, de m'crier tout haut Quel luxel quelles dlices! et alors ma belle compagne, comme ne pouvant contetreiilis
:

aperue que m'avaient jet

nir plus longtemps ses sentiments, jeta sur

moi un regard de
dresse, et,

la plus languissante tenplaant doucement sa main sur mon bras, elle mdit Aimeriez-vous bien tre le matre d'une pareille rsidence ? Il tait impossible de s'y mprendre; le regard, le ton de la voix, la question ellemme disaient des volumes. Je vis dans ses yeux que la prsentation tait en son pouvoir je sentis dans sa main une douce invitation, et dj, dans les rves prophtiques de mon imagination, j'tais son mari et recteur L'abme que, quelques secondes encore auparavant, je croyais voir ouvert entre le papisme et les trente-neuf articles, se trouva tout coup franchi sans difficult par un lan subtil de mon imagination; et si un incident providentiel ne ft pas venu interrompre notre conversation, j'tais prt, je le crains bien, contracter un engagement dont j'aurais eu plus tard me repentir
:
; !

comme homme

et

comme

chrtien.

Ce n'est pas en me contentant de rpter simplement le peu de mots qu'elle laissa chapper dans ce court intervalle que je pourrais en faire sentir le sens et toute la
porte.

Dans leur excessive

brivet, ces

phrases

donnaient entendre d'une manire vague et gnrale que son frre, chose vraiment importante savoir, la recommandation duquel le nouveau recteur devait tre nomm, avait mis sa libre et Gnlire disposition le bnfice en question

me

et,

mesure que j'oubliais ce qu'elle

tait

en

U9
ralil, je

VOYAGES A LA RECHERCHE D'UNE RELIGION.


ne
faisais

150

que m'en attacher plus :_~: :^ '

paiement pour objet des ouvrages aussi prop rcs rpandre dans les esprits de ceux qui

pu
tenir ce rve de sentiment. Je ne saurais nier entirement que la ralit d'un pareil rectorat n'ait aid donner de la consistance ces visions mais dans mon imagination.le rsultat n'en tait ni moins tendre ni moins sentimental ; et, si j'avais pu acqurir une pleine certitude de ne plus voir jamais la demoiselle qui possdait ainsi mes affections, et de ne plus lui parler jamais, je ne saurais dire la dure extraordinaire et l'ardeur in;

Way

croyable
teindre.

que ma

passion aurait

pu at-

CHAPITRE XXXII.
*'* des Pres de Connaissance qu'avait miss Traduction de quelques passages V Eglise. de de saint Basile, de saint Chrysoslome saint Grgoire et de saint Jrme, destins figurer sur son album. Posies tendres

, _

de saint Basile.
fusse pas encore senti le *'* le rsultat courage de communiquera miss mes recherches la poursuite du protestande tisme, elle connaissait, et, comme on n'en saurait douter, elle apprciait parfaitement les

(3), ne pouvaient manquer de marcher d'un pas triomphal avant tous les saint Justin et tous les saint Ambroise de l'antiquit. Elle avait cependant assez de courtoisie pour convenir avec moi que j'avais adopt le moyen le plus efficace de me protestantiser, et elle se contentait de me dire de temps en temps qu'elle pensait que je mettais bien du temps le faire, Afin de l'entretenir en belle humeur avec les Pres et avec moi, je lui traduisais quelquefois en vers quelques-uns des passages les plus fleuris qu'on rencontre dans ces crivains sacrs, que je dposais ses pieds comme un double hommage de posie et de pit. Ces vers, mi-tendres, mi-religieux, causaient cette demoiselle, on n'en saurait douter, un plaisir inexprimable. Elle employait pour les copier ses plumes les plus dlicates, et, je ne craindrais pas de le jurer,

c'tait

pour

la

premire

fois,

dans

les

an-

Quoique

je

ne

me

que je faisais pour me rendre digne de sa main. Non qu'en fait de science, cette demoiselle vanglique fut assez arrire pour avoir la moindre ide de l'existence des illus
efforts

trs

nom

personnages auxquels nous donnons le de Pres ses lectures ayant eu princi;

nales de la galanterie, que les noms de saint Basile, de saint Grgoire et de saint Jrme, se trouvaient inscrits sur les pages d'un album couvert en maroquin. La remontrance si pathtique adresse par saint Basile une vierge qui avait eu le malheur de succomber, et dont Fnelon dit que on ne peut rien voir de plus loquent, est plein de passages qui, quoique en prose, ne sont que faiblement reproduits par les vers que voici
:

SAINT BASILE A UNE VIERGE SEDUIRE.


Remember now
that virgin choir (1) loved thee, lost one, as thou art, Beibre the world's profane dsire Had warm'd thine eye and chill'd Ihy hearl.

Who

Dans le triste tat o ta chute t'a rduite, souviens-toi de ce chur de vierges qui t'aimaient avant que les profanes dsirs du monde eussent enflamm tes yeux et refroidi
ton

cur ;

Recal their looks so brighily calm, Around ihe lighted stnine at even Whcn, mingling in Ihe vesper psalm, Thy spirit seem'd sigh l'or heaven.

{'2),

Rappelle-toi leurs regards si anims et si calmes la fois autour de l'autel tout clalant de lumires, lorsque, mlant ta voix la leur, en chantant les psaumes du soir, ton me semblait soupirer vers le ciel.

(1) Dans une note sur ces mois : ad Clirisli coii' tendit aliaria, > dans le trait de Mysteriis de saint broise , on trouve une description faite par l'diteur

car

il

est parl

Am-

92) de

dans les lettres de saint Jrme (Lelt. tentatives failes pour arracher une religieuse

de son couvent.
(2) Saint Basile reprsente les vierges sacres dansant autour de l'autel. Mn>;fl^Tt TaTtov ui xyyeXiKfjf ireft vit Qiii per ii<.vw/spU*.(. s Ces danses sacres, l'imitation de celles des Hbreux, taient permises dans les grandes solennits , chez les premiers chrtiens et les vques avec les dignitaires du clerg (comme nous l'apprend Scaliger) avaient coutume d'y prendre part.
; ,

bndictin de quelques-unes des formes usites, l'poque de ce Pre , dans l'admission des jeunes nophytes dans le sanctuaire pour y recevoir le sacrement. En dcrivant leur marche processionnelle du baptistre l'autel , portant chacun la main un cierge allum, comme l'usage s'en est conserv dans l'Eglise catholique jusqu' ce jour; il parle aussi des jeunes personnes qui venaient de faire profession, cl qui faisaient aussi partie de celte troupe innocente < \Si qu puelt virginilatem in paschali feslo estent professa; , ips eliam inter hos innocentes grges dedu:

L'honneur dont ce pieux personnage jouit, depuis quelque temps, de n'tre regard comme rien
(5)

cebitnlur.

Ceux qui ont appris ne voir dans les religieuses qu'une cration du papisme moderne, verront par l que celte sorte de conscration de jeunes vierges Dieu tait en usage ds les premiers sicles de l'Eglise chrtienne. El mme la religieuse chappe de son clotre qu'pousa Luther, aurait pu trouver un pareil exemple d'escapade dans ces bons vieux temps;

inoins qu'Elie inconnu fui aussi dfr, ee (pie je vois, par quelques sectaires du dernier sicle, un pieux capitaine de dragons qu'ils avaient, je ne sais
,

pourquoi
rieuse.

, favoris de celle mme distinction mystC'est ainsi pareillement que les chercheurs

qui attendent le retour de l'aptre saint Jean sur la terre, publirent, il y a quelque temps , qu'il est actuellement arriv et vil relire dans le comt de Suffolk

(Voyez Ilonori

lieggi, de Statu bcclesice Driumnice.

151

DEMONSTRATION EVANGELIQUE. MOORE.


Reniember,
too, llie Iranqnil sleep hat, o'er thy lonely pillow slole,

152

While. ihou hast pray'd tha God would keep From every harm thy virgin sol.
that innocent novv lime, where is it gone? Those ligih repast, where young content And temprance stood smiling on ;
is it

Rappelle-toi aussi le sommeil paisible qui se glissait suf ton chevet solitaire, aprs que tu avais pri Dieu de prserver de tout mal ton cur virginal.

Where

O
o
la

And happy

maintenant ce temps d'innocence et de bonheur, enfui? Ces lgers repas o le contentement et temprance t'accompagnaient de leur doux sourire ;
est
s'est-il

The maiden

step, the

seemly dress,

In which thon wenl'st along, so meek; The blush lhat, al a look, or less, Came o'er the paleness of thy cheek ;

Celle dmarche modeste, cette dcence des habits qui se faisait remarquer en loi partout o tu dirigeais tes pas; cet air si humble, celte pudique rougeur qu'un regard, ou moins encore, faisait natre sur tes joues ples et timides ;

Alas! Alas! that paleness too

(1),

That bloodless purity of brow,

More louching

that the rosicst

On

beauly's cheek

hue where is it now

Hlas! hlas cette pleur virginale aussi, celte puret sans tache de ton front, plus touchante que le plus beau teint de rose sur les joues d'une beaut, o sont-ils main!

(3) V

tenant?

Une des homlies de saint Chrysostome, qui, comme on le sait, s'est particulirement distingu par la svrit avec laquelle il s'est lev contre le luxe licencieux des daWhy come ye lo the place of prayer, Wlh.pwels in your braided hair? And wherefore is the house of God
By glittering feet profanely Irod, As if, vain things ye came lo keep Samc festival, and not lo weep. Oh proslrate weep before that lord
!

mes de Constantinople dans


nous fournira vant comme un modle de
se vtir (8),

le

leur manire de morceau sui-

style par lui employ dans ces sortes de circonstances.


Pourquoi venez-vous au lieu de la prire les cheveux orns de riches pierreries? Pourquoi foulezvous ainsi d'un pied profane et avec un luxe tout mondain le pav de la maison de Dieu? Comme si, prodige de vanit, vous y veniez pour vous y livrer au plaisir elnon pour pleurer! Ah rpandez des pleurs en la prsence du Matre de la terre el des ieux, de la vie et de la mort,
tresss et
!

Of carth and heaven, of life and death,

qui d'un
souille

mot

ternit les
la plus

Who
>
'

blights the fairest with a word,


blatts the mighliest with a breath

renverse

plus clatantes beauts, redoutable puissance.

et d'un

And

not Unis in proud array dare to pray (3), Vainly to anger'd heaven ye raise Luxurious hands where diamonds blaze ; And she, who cornes in broider'd veil

Go 'tis

Quoi!
ces

Such

sinfid sols should

se peut-il que dans cet orgueilleux appareil mes coupables osent adresser Dieu leurs prires ?

To weep her

frailly, still is frail (4).

lin vain levez-vous vers le ciel irrit des mains o le luxe tale toutes ses vanits et o brille l'clat des diamants! Et celle qui vient avec un voile enrichi de superbes broderies pleurer sa fragilit, est encore fragile.

mme homlie, un autre passage fort curieux qui montre combien taient justes les ides qu'avait ce Pre sur
Voici, dans la
Behold, thou say'est,

la beaut des femmes, et combien tait ses yeux son empire naturel, sans

grand
l'aide

que

les

ornements peuvent

lui fournir.

my gownis

plain,
:

Mv

saudals are of texture rude

Isthis like one whoseheart is vain? * ike one who dresses to be woo'd? Decfclve not Unis, young maid, thy heart (5)

Voyez, dites-vous, ma robe est toute simple, ma chaussure est des plus communes ; est-ce ainsi que se conduit une personne dont le cour est vain, une personne qui se pare dans le but de se gagner des curs! Ne t'abuse pas
;

ainsi,

jeune

fille.

For far more ofi in simple gown Doth beauly play the temper's part,

Than

in

brocades

t rich

renown

Car c'est beaucoup plus souvent dans une robe simple que la beaut iale ses charmes sducteurs que dans les brocarls d'une riche valeur
;

Aud homeliesl garb hath oftbeen found, When typed and moulded to the shape To deal such shafts of mischief round As wisert men can scarce escape (7).
(1) Ln traduction de le dire, bien au-dessous
i

(6),

Et souvent on a vu le vtement le plus commun, lorsqu'il dessine et prend si bien les formes du corps, lancer de tous cts des traits meurtriers, dont les hommes mme les plus sages avaient peine se garantir.

mon
de

jeune ami reste, il faut la beaut de l'original


:

num ad pompam?
nifica

lllic aurea, illic vestimenta adliiberi soient.

lorti crines, illic

mag-

Nunc autem

iis niliit

Qu'avril; xii

-jriij tlxpofcnf -/.piis-rzpo> iiTi\i./j.irou7.

>

opus

passage de saint Basile que Revoca libi in memoriam societalent venerandam el sacrum virginum chorum , ac ctum Domini et Ecclesiam sanctorum... Ihrum recordare el angelic una cum eis circa Demn clwre... Recordare dierum tranquillorum , el noclium illuminatarum et canlilenarum spiritualium , el psalmodia; sonor, precum sanctarum, lliori casl atque intaminali, virginei progressus, mensce sobri, el prclare precanlis incorrupla libi virginitas servarclur. Vbi tua illa gravis species et lionesli mores, veslis vilis virginum decens, pnlclier ex pudore rubor, el decorus ex abstinenlia ac
Voici en latin notre pole a imit :
(2)
le
, ,

el precandum, suppticalura pro peccolis et pro offensis iuis,rogalura,Dominum ut propilium illum libi reddas : cur leipsam ornas ? Non sunl h vestes supplicanlis. Quomodo potes ingemisest.

Venisli

ad orandum

Quomodo lacrymari ? Quomodo intente orare ornala vestimenlo ? Si lacrymaris, risu diyn videbunlur lacrym non enim aurum geslare oporlct lacrymantein : illud quippe ad scenam el histrionicam perlinel (Hom. 7, in l Ep. ad Tim., M.).
cere ?
luli
:

(5)

y.

(wr<*T o-auTYv

jvutiv, citp

vrv,

Si roxno))

vigiliis efflorescens

pnllor,
(

decentiits

elucescens
xou/*e?{

tom.

alque omni pulcliro colore III, epist. 46, Edit. beUeteiioij'/c

ned., M.).
(5)

1(
I

fturr.v;

o IVriv tc.tk

axi,iJ<LTB..-.

o ykp ypvaopopv tyv (Saxpvovauv e? (Ilomil.

8, in

Epist. ad Tim.).

(i) Voici

en

latin
:

le
<

passage de saint Chrysostome


dicis ?

imite par
cedis
,

le

pole

Quid

Deum

precalura ac-

(6) pS3-X/tl.J/J.i:0]- T CfcLTl X*( ixTTU7lW/xlv6iV. 11 n'y a point de termes qui puissent exprimer d'une manire plus habile les qualits d'une robe bien faite. Ne dixeris : Y (7) Voici en latin le passage imit mini, detritam vestem fera, viles calceos, velamen nu!tius pretii : qualis hic ornants est ? Ne te ipsam despicias. Licet, ul dixi, per hc metius ornari quant per illa; magis per detritas vestes , quam per iltas aecnraie concinnatas et ad corpus ornandum paratas, impud, .;liam pr se ferenles el splendidas (Hom. .8 , in I Ep ad
:

',

ornamenla aurea circumfers ? Nutn ad clwreus agendas venisli ? Num ad nuptias ekbrmdas ,
et

Tim

M.).

(8)

Une des

perscutions qui s'levrent couiie

f53

VOYAGES A LA RECHERCHE DUNE RELIGION.


,

154

Quelque potique que ft en gnral le gtyle de la plupart des Pres quoiqu'ils n'crivissent qu'en prose, saint Grgoire de Nazianze est le seul, je crois, entre ceux des quatre premiers sicles, qui ait compos des pomes en vers. J'en ai extrait et traduit plusieurs morceaux pour l'album de ma belle
Let not those eyes, whose
light forbids

amie. Toutefois le morceau suivant (4) dans lequel le saint pote exige sans qu'on en voie bien la raison, que les yeux et les lvres de ses jeunes vierges restent constamment immobiles, est le seul extrait de ses ouvrages que je prsenterai ainsi au lecteur.

Ail love unlioly, wer learn to slray, But sat'e wilhin thy snowy lids Like timid virgins in llieir chambers, stay (1), Keeping tlieir brigtness to ihemselves ail day.

Ne laissez point s'garer c'a et l ces yeux, auxquels est interdit tout amour profane ; qu'ils restent renferms dans tes blanches paupires, comme des vierges timides dans leurs chambres, gardant pour elles-mmes leur clatante beaut.

by man be won To brealhe a luought that warms thy guileless breast, But like May-buds, lhadfear the sun, Sliut up in rosy silence, ever rest, Silence that speakslhe raaiden's swe ettlioughtsbert(2).

Let not those

lips

Qu'aucun homme ne russisse jamais faire mettre sur ces lvres des penses qui enflamment ton cur innocent et sans dfiance, mais que, comme ces fleurs dlicates qui craignent le soleil , elles restent perptuellement fermes dans un silence de rose, silence qui exprime mieux qu'aucun terme ne pourrait le faire les douces penses d'une vierge.

La pice qui va suivre est la paraphras d'un passage tir d'une lettre de saint Je rme, la louange d'une jeune veuve, nomme Blsilla, un de ces modles desaintel f
She sleeps among the pure and blest, But hre, upon her lomb, I swear,
That, wliile a spivit
thrills this

minine, une de ces perles de saintet qui formaient, comme le dit Prudence, le collier de l'Eglise .
Elle repose avec les mes pures el bienheureuses; mais sur sa tombe, je jure que tant qu'un souffle de vie animera mon cur, je ne cesserai de publier ses louanges et ses vertus.
ici,

breast

Her worth

shall

be remeniber'd there.

My longue

My

shall never hope to charm, Unless itbrcathesBlesilla's name; t'ancy ne'er shall shine so warm As wlien it lights Blesilla's fam.

Ma langue n'esprera jamais avoir des charmes qu'en soupirant le nom de Blsilla, mon imagination ne sera jamais enflamme d'un si beau feu que quand elle chantera
les vertus

de

Blsilla.

On her, where'er my pages fly, My pages shall life confer, And every wise and brilliant eye That studies me shall weep tor
For her the widow's tearsschall lu sympalhy of wedded love And lier shall lioly maidens call

Oui, elle vivra partout dans

mes

crits, partout

o mes

crits iront, ils la rendront la vie, et tous les yeux sages et brillants qui liront mes ouvrages pleureront sur elle.

her.
fall,

Sur elle la veuve versera des pleurs par sympathie, au souvenir d'un mutuel amour, et les vierges innocentes l'appelleront la plus belle des saintes qu'elles ont dans le
ciel.

The

brightest 6f their saints above.


ail

Throughout

lime, the priest, ihe sage, The cloister'd non, the hennit hoary, Shall read, and reading bless the page. That wafts Blesilla's name to glory (3).

Dans tous les temps, le prtre, le sage, la religieuse c.oltre, l'ermite blanchi par les annes, liront les crits composs la gloire de Blsilla, et bniront en lisant la

pagequi clbre son nom.


vivacit et de chaleur, qu'une bien ple imitation de l'original. La bonne foi et la sincrit me font un devoir de dclarer pralablement que l'authenticit de l'ouvrage dont ce morceau est extrait est conteste, et que le savant biographe de ce saint, le P. Hermant, enlre autres, la regarde comme trs-douteuse.

Encore un passage d'un trait de saint Basile, traduit en vers, cl j'en ai fini avec le pieux album de miss " '**. Un tribut de sentiments
si vifs et si tendres, offert de la part d'une plwme aussi grave que celle de l'loquent vque de Csare, aux charmes et aux attraits d'une femme, parat quelque chose de vraiment extraordinaire, eteependant la traduction, je dois le dire, n'est, en fait de

lui
<
i

<

fut dit-on , excute par trois veuves qui ne pouvaient se rsoudre, dit Gibbon, pardonner un prdicateur qui leur reprochait leur affection cacher par le luxe des ornements leur ge et leur
,

Lascivis stimulent vesano pectus amore. Ulque latet rosa vema suo pulamine clausa,

Iuclicatque suis

Sic os vincla ferat, validisque arctelur habenis, pvolixa silentia labris. M.

laideur

nue allusion plutt implique qu'ex passage suivant de saint Chrysoslome donnera l'explication Kopvj Tj-foso^opet-ai 6 b?Q\ub, ha. w ix.etvvi hnt ai Jsoipwv &t t> rm Kouoimlsla iiro/5/().cjrt, outw x<t) ri napOlvot SiKf/avt) (II om. 72, ie Pnit.). L'il est appel Kfti, c'est--dire jeune
(1) Il y a prime, dont
ici

(5) Ce passage a , dans l'original , une vigueur et une loquence si fort au-dessus de la traduction qui en est ici donne que je dois en justice, le repro,

le

duire tout entier.

fille,

alin

que,

comme

l'il

est envelopp

de deux
,

Dum spiritus noslros reget artus, dum v'uoc hujus fruimur commeatu spondeo, promitto, polliceor, illam mea resonabit lingua , illi mei dedicabuntur labores , illi sudabit ingenium. Nulla erit pagina, qux non blesilam resonet ; quoeumque
,

paupires comme de rideaux dans une chambre les jeunes personnes se tiennent ainsi caches aux regards des hommes. > (2) Voici la traduction du passage de saint Grgoire de Nazianze en vers latins

thalamo tua luinina claude Involueris devincta suis ne niollibus iUa


:

Q'uin etiam teint in

sermonis noslri monumenta pervenerint , illa cum meis opusculis peregrinabilur. Hanc mea mente defixam legent virgincs , viduse, monachi, sacerdoles et brve vitae spalium aMerna memoria compensabit... Nunquam in meis morilura est libris. (i) il est lire de ses no^xa/ ttctpdini^ou Avis aux,

vieioes.

135

DMONSTRATION VANGLIQUE. MOORE.


L
brille est

156

There shines an all-pervading grce, A charm diffsed through every part Of perfect woman's form and lace, That steals, like Iigth, intsan's heart.

charme

la figure

une grce dont les traits sont irrsistibles ; un rpandu dans toutes les parties du corps et de d'une femme parfaite, qui se glisse, comme ua rayon de lumire dans le cur de l'homme.

Her look
01'

is to his eyes a beam loveliness that neversets; Hsr voice is to his ear a dream Of melody it ne'er forgets
:

Son regard est pour ses yeux un rayon plein niants attraits qui ne s'clipse jamais, sa voix est
oreille

de char pour son

un rve d'harmonie

qu'il n'oublie jamais.

Alike in motion or repose Awake or slumbering, sure to win : Herform, a vase transparent, shows, The spiril's light ensuriued within.

veille, soit qu'elle

le repos, soit qu'elle elle est sre de gagner les curs; vase transparent, laisse paratre la beaut de l'me qui y est enchsse.

Dans

le

mouvement comme dans


dorme,

son corps,

comme un

Nor charraing only when she

talks (1)

silence speaks and shines , Lovegilds her palhway when she walks, And lights her couch when she reclines.

Her very

Ce n'est pas seulement lorsqu'elle parle qu'elle a des charmes, son silence mme a de la voix et de l'clat, l'amour embellit ses pas quand elle marche, et illumine sa couche lorsqu'elle repose.

Let her, in short, do what she will, "fis somelhingfor which man must wooher; So powerful is that magnet stiil Which draws ail sols aud senss to lier (2).

En un mot, quoi qu'elle fasse, ce qu'elle fera lui devra gagner toujours le cur de l'homme tant est puissant ce doux aimant qui lui attire tous les curs et tous les sens!
;

CHAPITRE XXXIII.
ProDifficults de ma position prsente. Chrtiens de testants de lord Farnham.
Pieuse lettre de miss Ballinasloe. engage aller en Allemagne. Elle solution de suivre son avis.

illusion. Tandis que s'oprait ce rapprochement idal entre cette demoiselle et moi ce malheureux protestantisme, qui devait tre la
,

tk

*.

R-

La position dans laquelle je me trouvais alors n'tait pas peu embarrassante. Par cette mallieureuse correspondance dans laquelle
Vtais engag depuis quelques mois, et qui, n'tant de mon ct qu'un pur jeu d'imagination , au moins de frais possible de ralit et de sentiment, pouvait se prolonger indfin'nnent, grce l'influence de l'absence qui en nous sparant, contribuait si puissamment la maintenir, j'avais tromp mon amie, miss **\ qui tait, comme on le sait, dans la maturit de l'ge, et lui avais fait croire que
j'avais de l'affection pour elle ; et mme, force de belles phrases qui , comme les roues

(d'Ezchiel) s'enflammaient mesure gu'elles avanaient , je commenais partager jusqu' un certain point la mme

du chariot

(1) liai o Iv.loZru. '/uvr- juvov /.<ti iptrx, U* x<tl xtf 6iu-.m 7TW{ K<t( jSo.govo-it t tV joutrav x*T toD cLope.vo ar ouo-otyjvi uva.Tc'av, w <j^>jpov, fi pi, Toppwev
/t/ofyv/,T(,

to6tW

icpf

aUTr,v ^tttyj,*veei.
,

Clinique

non

solum

sedens ac ambulans, ob insitam in marem Mi naluralem potestalem, eum ad se ul fermm eminus magnes allrahal ( De vera
loqiiens millier el aspiciens

std

et

base indispensable de notre union, semblait s'loigner de moi plus que jamais et si le rectorat de Ballymudragget ft devenu vacant celle poque, je me serais tellement trouv pris l'improviste, par rapport l'important article de la religion que ma perplexit et t exlrme. Outre la rpugnance que je ne pouvais ne pas prouver embrasser une nouvelle croyance, en voyant qu' chaque pas que je faisais dans mes recherches sur ce sujet j'acqurais une plus ample conviction que dans l'Eglise catholique seule se trouve le vritable christianisme; toutes les conversions au protestantisme taient alors, par suite de la triste On d'une sainte farce, appeles la seconde rforme irlandaise, qu'on venait de tenter tout rcemment et qui avait compltement chou toutes les conversions au protestantisme taient, dis-je, alors sous le coup d'un ridicule amer, auquel je n'aurais jamais eu, pour quoi que ce ft, le couragede m'exposer. La pitoyable absurdit de ce dernier effort de l'ascendant protestant, les vaines dmonstrations auxquelles on se livrait au sujet de quelques pauvres papistes mourant de faim, qui consentaient se faire protestants aux mmes conditions auxquelles Mungo consent dire la vrit Que me
; , ;
:

virqinitate).

t
c
i

(2) Voici le bel... eliam

t
!

Virgo depassage de saint Basile naturalem cnrporis pulchritudinem, quantum fieri potest, eliam data opra obumbrare. Nam eum... fomenlum voluptatis sit mari feinina, el oculo molliori quam masculus ad oblectamenium visus eflicta, ac canora voce ad pellicendas aines

donnerez-vous, Massa ? et enn la promptitude avec laquelle tous ces chrtiens de Ballinasloe se sont hts, avec si peu de crmonie (1) de retourner au papisme et

<

ac uno verbo toia corporis specie ac niotu ad decipulani voluptatis formata ; clinique non solum loquens rnulier et aspiciens, sed et sedens ac ambulans, ob insitam in marem illi naturalem potestalem , eum ad se ut ferrum eininus magnes altrahat; propierea
instrucla,

niembrorum apparent!

niollitie

(1) Ceux qui s'amusent de pareilles folies n'ont rien de mieux faire que de recourir aux numros du Britisk Critie de l'poque (vers la fin de 1827),

ils

pourront voir toute

la

plaisante histoire de

cette

i c

oportel ut virgo, nullo modo voluptaiis relibus implicelur providens et cavens, masculum aspectum el firmam efficiat vocem.ac incessu et omni prorsus corporis motu illecebras corporis coerceat (de vera
'Virginitate).

la premire annonce triomphante du progrs de la rforme d'ans les icnbreuses rgions de Ballinasloe, Loughrea et Ahascrah, jusqu' ce que, c se trouvant mise en con-

momerie de nouvelle espce, depuis

tact)

de

M.

disent ces messieurs i avec les tnbres Sligo , la lumire vanglique qui l'clairait commena plir peu peu, et- finit pai s'teindre entirement dans le district si bien nommti
le
la

comme

terre de

157

VOYAGES A LA RECHERCHE D'UNE RELIGION.

158

secret de leur msaventure ; toute cette grave farce restera longtemps grave dans les esprits, tant pour
l'idoltrie, riant eux-mmes en

signaler la sagesse de lord Farnham que pour l'honneur et la gloire du rvrend mais sot crivain du British critic, qui a fait sonner la trompette du triomphe aux oreilles

de sa pieuse seigneurie.

La crainte d'tre pris, par hasard, pour un des protestants de lord Farnham tait d'autant plus vive en moi que je n'tais, hlas I que trop bien fond croire qu'enlre les pauvres malheureux qui avaient vendu leur vendredi et foi pour le morceau de lard du moi, qui tais sur le point de la changer contre le riche rectorat de Ballymudragget toute la diffrence consistait dans la valeur du prix obtenir. Sentant cependant que la politesse me faisait un devoir de laisser un peu entrevoir ma belle correspondante l'tat rel de mon esprit sur ce point, je me hasardai lui dclarer dans une de mes lettres que l'impression produite dans mon esprit par la lecture des Pres, n'tait pas, j'tais fch de l'avouer, tout aussi favorable la cause du protestantisme que son zle pour ma prompte conversion pouvait le lui faire dsirer, et qu'il tait encore besoin de plus de temps et d'tude pour que les scrupules que faisait natre en moi l'adoption d'une nouvelle foi fussent entirement dissips.
.

reus tait dans ce style charg de textes qui tait ordinaire cette demoiselle. Aprs avoir dclar d'un ton pathtique qu'elle avait , comme je devais bien m'y attendre, fatigu le Seigneur de ses paroles (Malach., H, 17) en ma faveur et m'avoir assur que telle tait sa vive sollicitude pour moi qu'elle ne cessait jour et nuit de chercher retirer du feu ce cher tison, (c'est ainsi que dans sa tendresse, et conformment aux paroles de l'Ecriture, elle appelait mon me) elle continuait en disant que ds le principe elle avait craint srieusement qu'en cherchant la parole du seul Saint (/*., V, 24) dans les Pres, je ne fisse que vouloir cueillir des raisins sur des pines, et des Ggues sur des chardons (Mat th., VII, 16). La seule connaissance qu'elle et desP. res, se rduisait, me disait-elle, ce qu'elle en avait entendu dire table dans ma famille, o elle avait eu l'avantage plusieurs fois d'y rencontrer les rvrends pres O'Toole et M'Loughlin ; et moins son avis on y parlait de ces Pres de l'Eglise, mieux cela valait. Aprs quelques autres tmoignages de sa connaissance des Pres, miss " * poursuivait en disant que s'il lui tait permis d'exprimer son dsir sur ce sujet, il et t que je me fusse pour un temps spar de cette corruption des paens (sd., VI, 21) , dans laquelle mes relations avec ma famille ne manqueraient pas de me plonger, tant que je demeurerais en ce pays que malgr toute l'affliction qu'elle ressentirait de se voir pri-

La rponse que je

ve de ma prsence, mme pour peu de temps, telle tait cependant son vif dsir que l'me de sa tourterelle (c'est moi qu'elle dsignait ainsi) ne ft pas livre aux mchants (Ps., LXXVI, 19) telle tait la tendre sollicitude qui la pressait d'loigner de moi mon iniquit, et de me revtir d'un nouveau v tement (Zach., III, 4) ; que jusqu' la venue de l'heureux jour o nous devions nous unir l'un l'autre (Daniel, H, 43), elle me conseillait fortement de me retirer dans quelque terre de justice (Ps., CXLI1I, 10), et mme dans la terre de Luther ou de l'immortel Calvin; l, hors des atteintes de la mre des fornications (Apoc. XVII, 5), je pourrais continuer me nourrir des paroles de la foi et de la bonne doctrine (I Tim., IV, 6), et me rendre digne enfin de celte grasse portion (Hab., I, 16) qui m'tait rserve et qui devait tre rendue double pour moi comme pour les prisonniers de l'esprance (Zach., X , 12). Ce prcieux hritage n'tait autre que la main de cette demoiselle et le rectorat de Ballymudragget. Dans un post-scriptum qui suivait cette lettre toute compose de textes de l'Ecriture, ma belle correspondante ajoutait que dans le cas o je passerais en pays tranger, elle avait l'intention de me charger de lui procurer un exemplaire du livre difiant intitul, Propos de table de Luther (1). Elle me recommandait , en mme temps pour ma propre dification un pieux ouvrage tranger, ayant pour litre, Pastor Fido (2), compos par un nomm Guarini, et reconnu, a ce qu'il lui paraissait, pour un des meilleurs manuels qu'on pt mettre aux mains des jeunes thologiens protestants pour les instruire des devoirs qu'en qualit de pasteurs fidles ils auraient remplir envers leur troupeau. Quoi qu'on puisse penser de ce dernier savant conseil , l'ide qui m'tait suggre par une personne anime d'un si beau zle pour ma conversion, de visiter la terre de Lulher, le berceau de la rforme, la source si vante des mille et un ruisseaux du protestantisme , blouit mon imagination comme
; , , , , ,

(1)

Ce

livre difiant

de Lulher renferme

les

conver-

sations leuues table par le jovial rformateur, lelles qu'elles ont l rapportes par Rebensiok, un de ses disciples les plus dvous, et publies aprs sa mort, par un effet cruel de l'affection de ses amis.

Aussi a-t-on fait de grands efforts pour prouver que cet ouvrage n'est point authentique , mais sans succs. Le zl thologien hollandais Voet en reconnat l'aUlhenticit, et

mme

l'historien

si

partial

du

rformateur, Seckendorf, ne peut que dplorer l'imprudence de ses amis qui l'ont publi. En effet les obscnits dont ce livre abondait lors de ta premire publication, taient bien propres veiller dans ceux qui prenaient intrt la rputation du rformateur, un profond regret de le voir mis au
jour.

de Kilmummery
rie).

([do

k\ll,

tuer,

mummery, mome-

mprise par rapport au Pastor Fido n pas particulire cette demoiselle, car dj une erreur de ce genre avait lait placer le pote Guarini au nombre des crivains ecclsiastiques par Aubert
(2) Cette
tait

le Mire

Voyez Querelles

littraires,

tome

).

459

DMONSTRATION VANGELIQUE. MOORE.

160

un rayon de nouvelle lumire. En Allemagne! oui, assurment, j'irai en Allema gne, m'criai-je en parcourant de nouveau
la faon protestante, ma et tout tonn qu'un moyen si court, d'atteindre mon but ne se ft pas plus tt prsente mon esprit. Violemment excit par ce vague espoir qui brillait en ce moment devant moi, joint la joyeuse perspective d'un voyage en pays tranger et d'aventures lointaines je perdis tout coup de vue toute la suite de mes dernires tudes et je l'oubliai totalement. Pres,
grands pas,

chambre du second tage,

gnes par les catholiques des premiers sicles, taient absolument les mmes qui sont professes et pratiques par ceux de nos jours. Or les recherches que j'ai faites m'ont appris que depuis longtemps tous les savants qui, mme parmi les protestants, ont tudi cette matire sans prjugs, en ont rconnu, au moins implicitement et quelquefois mme expressment, la vrit. Et si cet important aveu m'avait t connu plus tt, j'aurais pu m'pargner, ainsi qu' mes lecteurs, le travail de certaines tudes pnibles et fatigantes.
Il

conciles, primitive Eglise, tout cela s'enfuit loin de moi ; et dj tout rempli de l'orgueil d'un esprit rform, je commenai me persuader que tout ce qui s'tait pass pendant
les

est vrai qu' l'poque de la rforme, et

quinze premiers sicles du christianisme qu'un vain rve, et que ce ne fut qu'en l'an de Notre-Seigneur 1530 (1), que l'Evangile de Notre-Seigneur commena tre purement et vangliquement mis en pratique.
n'tait

CHAPITRE XXXIV.
Antiquit apostolique de la doctrine catholique avoue par les protestants eux-mmes.

quelque temps aprs, comme il tait tout naturel que ceux qui voulaient introduire des changements aussi violents les revtissent, autant qu'il leur tait possible, de quelque apparence d'autorit, le gnie et l'effront^ rie des novateurs s'exercrent de concert faire passer la sanction des Pres au service de leur nouvelle entreprise mais les aveux de quelques-uns des plus minents d'entre les rformateurs, montrrent combien ils taient convaincus du peu de fondement de
;

Preuves

tires des crits des rformateurs Luther, Mlanhton, etc., etc., et des

leurs prtentions

une

pareille autorit.

Le

protestants plus modernes, Casaubon, Scaliger, etc., etc., et enfin de Socin et de Gibbon.

Dans l'accs de dlire dont j'ai parl la fin du chapitre prcdent, je ne faisais que tirer la conclusiun que doivent ncessairement embrasser tous les protestants rflchis qui examinent de bonne foi l'histoire du christianisme primitif, et demeurent nanmoins satisfaits de leur propre religion. Leur manuel, le livre des Homlies, leur enseigne que depuis plus de huit cents ans avant la rforme, tout le christianisme tait plong dans toutes les tnbres du papisme et une tude impartiale des crivains de la primitive Eglise, doit les convaincre que la mme religion qui exista pendant les huit cents ans mentionns dans les Homlies, avait fleuri galement dans tous les sicles prcdents, en remontant jusqu' l'heure mme de la naissance de l'Eglise. Il ne leur reste donc point d'autre alternative que la conclusion laquelle j'arrivai dans mon dlire, savoir, que jusqu'en l'anne 1530, l'Evangile de Notre-Seigneur n'avait point encore t vritablement promulgu, et que, par consquent, son Eglise, cette seule Eglise visible du Christ sur la terre, laquelle Dieu a lui-mme si solennellement dclar Voil que je suis avec vous jusqu' la consommation des sicles, il l'a cependant laisse pendant l'espace de plus de quinze cents ans plonge, comme nous le dit le livre des Homlies, dans une le vice le plus d abominable idoltrie test de Dieu et le plus damnablc pour
;
:

profond chagrin qu'prouvait le savant et consciencieux Mlanhton en voyant chaque pas qu'on faisait successivement en s'loignant de l'ancien tendard de la foi, se trouve souvent et trs-nergiquement exprim dans quelques-unes de ses lettres. Ainsi, dans la Il n'est lettre cite par Hospinien, il dit pas sr de s'loigner de l'opinion gnrale de l'ancienne Eglise (1). Et ailleurs C'est, mon avis, une grande tmrit de rpandre ainsi des doctrines sans consul: :

ter la

primitive Eglise

(2j.

Les propres aveux de Luther ont assez fait connatre combien longtemps et avec quelle anxit il travailla se dbarrasser des tmoignages en faveur de la prsence relle qu'il trouvait la fois dans le texte des Ecritures et dans les crits des Pres, et avec quelle excessive rpugnance il se vit forc de conserver un dogme que l'intrt de sa cause, comme il le sentait bien lui-mme, le pressait si imprieusement de rpudier. Dans

une lettre adresse ses partisans de Strasbourg il leur tmoigne combien ils lui causeraient de satisfaction s'ils nir quelque bonne raison relle, rien ne pouvant grand service dans ses

pouvaient lui fourde nier la prsence lui tre d'un plus desseins contre la

papaut
C'est

(3).

un

fait si

bien admis que cette lutte


,

l'homme La proposition que je me suis particulirement attach tablir dans cet ouvrage, c'est quo les doctrines et les observances ensei(1) C'est l'anne mme o U. Confession d'Augs
1

de Luther contre sa propre conscience au que Bayle en dduit sujet de l'eucharistie un argument fort ingnieux en faveur de la tolrance voulant tablir sur cette base que les opinions les plus errones peuvent tre, comme dans le cas en question, le rsultat des recherches les plus sincres et les plus
;

(1) Neque vero tutum est a communi sentenlia veleris Eeclesiae discedere. ) > (2) Meo qu'idem judicio magna est lemenias

bourg

fut rdige par

Mlanhton.

dogmata serere inconsulta Ecclesia (5) Epist. ad Argentin.

veteri.

VOYAGES A LA RECHERCHE D'UNE RELIGION.


ou plutt

162

zles pour dcouvrir la vrit. Qui ne sait, dil Bayie, que Luther dsirait passionnment

il se vantait que son systme de l'lection et de la grce tait entirement in-

ne pas croire la prsence relle, persuad que tant qu'il continuerait y croire il serait par l priv d'un grand avantage pour atteindre te but qu'il avait en vue, c'est--dire de dtruire le papisme? Ses dsirs, cependant, quoique fonds sur ce qu'il croyait tre si fortement de son intrt, furent sans effet. H ne put, malgr tous ses efforts, dcouvrir
le sens figuratif, pour nous si visible, dans les paroles du Christ, Ceci est mon corps (1). Ce ne fut pas sans des peines de conscience

connu de tous
sicles

les

Pres des quatre premiers

(1); et Mlanchton, malgr tout le respect qu'il professait pour l'autorit de la

presque aussi violentes qu'un autre rformateur jEcolampade, russit surmonter les tmoignages des anciens Pres sur le mme point ce ne fut qu'aprs s'tre dtermin renoncer entirement leur autorit,
, :

semota hominum auctoritate (2), qu'il put se dcider adopter la doctrine des sacramentaires.

primitive Eglise; se laissant entraner comme tous les autres par un factieux esprit de rforme, consent adopter les dogmes de nouvelle fabrique, tels que celui de la justice impute, doctrine entirement inconnue, comme il l'avoue lui-mme, des anciens chrtiens (2). Luther conserva l'usage des images et du signe de la croix (3), aussi bien que la confession et le sacrement de l'absolution, tandis que Mlanchton, Bucer et autres premires autorits de la rforme reconnaissaient l-'antiquit et l'importance de la suprmatie du sige de Rome. Les preuves de cette dernire concession sont nombreuses. Ainsi Mlanchton dit On ne conteste point la suprio rite du pape et l'autorit des vques le
:

nous entreprenions de runir ici les diffrents dogmes catholiques dont les rformateurs ont eux-mmes, les uns ou les autres, reconnu l'antiquit, nous verrions presque tout leur nouveau systme de croyance ainsi ruin et dtruit par eux-mmes en dtail. C'est ainsi que Luther soutenait l'antiquit du dogme de la prsence relle contre Calvin et Zwingle (3), et que Mlanchton s'exprimait sur ce mystre Dans les mmes termes absolument (dit le commentateur, de Mosheim) dont les catholiques romains se servent pour exprimer le dogme monsde la transsubstantiation, adop trueux tant ces paroles remarquables de Tho phylacte Le pain n'tait pas seulement une
Si
:

vques peuvent conserver celte autorit. Et ailleurs La monarchie du pape contribue aussi beaucoup conserver l'unit de doctrine parmi les diffrentes nations s'il tait possible de s'accorder sur les autres points, nous serions bientt d'accord sur la suprmatie du pape (4). De mme

pape

et les

(1) lnstit. lib. Il, c. 2.

Gomarus

et

disciples de Calvin trines de leur matre

admettent
,

mme que

telles qu'ils les

quelques autres les docexpliquent, ne

se trouvent point dans l'Evangile.


(2) Voyez une de ses lettres (lib. '6. ep. 126), o reconnat qu'il ne trouve rien dans les Pres qui ressemble sa doctrine. (3) Le pre de la rforme, Luther, dit le baron de Starck, crivit qu'on et soin, en sortant du lit le matin, de faire le signe de la croix. > Un savant et fameux luthrien, Gerhard, s'est tellement mis l'esprit la torture pour dfendre ce signe , qu'il a produit en sa faveur une autorit aussi videmment force que celle-ci : < Le patriarche Jacob, en tendant ses mains sur ses petits-fils Ephram et Manass , forma une espce de croix , et leur annona ainsi d'avance la croix du Christ (loci. theol. t. IV, de baptism. ). t Voici comment l'illustre Gro(4) Resp. ad Bel. tius , qui l'ut lui-mme un ardent champion de la priil

figure,

mais

il

fut rellement chang en la

chair.

Les centuriateurs de Magdebourg admetquoique avec rpugnance et dpit, l'antiquit du sacrifice de la messe. Calvin avoue que les prires pour les morts sont un ancien et pieux usage (4) et les luthriens, dans la dfense de la Confession d'Augsbourg, non contents d'accorder ce point, ont expressment dclar, dans ce mme document, qu'ils
tent,
;

n'adoptaient point l'opinion de l'hrtique Arius qui soutenait, au quatrime sicle, que les prires pour les morts taient inutiles.

maut du sige de Rome, comme tant


de conserver
t

le

seul

moyen

dans l'Eglise gnrale du Christ, c s'appuie sur celte opinion de Mlanchton Ideo
l'unit
:

Tandis que Calvin rejetait cet usage, tout en reconnaissant qu'il remontait la plus haue antiquit, il avouait d'un autre ct,
Supplment
II.

(1)

du

Commentaire

philosophique,

uvres, lome
(2)

Lavater.

(5) Ce fait n'a pas chapp l'observation de quelques-uns mme de leurs partisans. Dudith, par exemple, qui, dit on, a liisi par faire cause commune avec les sociniens, demande Dze, dans une des Sur quel dogme ceux lettres qu'il lui a adresses qui ont dclar la guerre au pape s'accordent-ils entre eux? Si vous prenez la peine de parcourir tous les articles, depuis le premier jusqu'au dernier, vous n'en trouverez pas un seul qui ne soit admis par les uns et condamn par les autres.
:

ea divulsio quae evenit , et divulsionis tollanlur. Inter eas causas non episcopi romani secundum canoncs est primatus < latente Melanchtoiic, qui eum primatum eiiant t necessarium putat ad retinendam unilalem. > Au tmoignage de Grotius ou peut ajouter comme une autorit nouvelle en faveur de la primaut de Rome, le nom non moins illustre du philosophe Leibnilz. (Voyez son Systema iheologicum. ) Voici en quels termes nergiques un crivain protestant, d'une date plus rcente que lous ceux
optt causas
( )

Grolius

ut

(4) Vetustis licclesia scriploribus pium esse visurn suuraeari oro iuorluis.

le baron Senkennous avons cits jusqu'ici berg, professeur de droit dans les universits de Gottingen cl de Giesen, et conseiller aulique, etc., sous l'empereur Franois I", formule son opinion sur ce sujet: Il est juste que parmi les chrtiens il y ail un systme de gouvernement, et il est juste qu'il y ait un chef pour y prsider. Or, personne n'est plus propre remplir cet oflice que le vicaire de Jsus Christ, celui qui, par une succession non-inlerrompue, reprsente saint Pierre (Slelhod. Jurispr. 4,! de libert.Eccles. German.).

que

1C3

DEMONSTRATION EVANGELIQUE. MOORE.

m
,

Bucer, qui fut appel en Angleterre par Cranmer, pour lui aider former l'Eglise anglicane, s'exprime en ces termes nergiques
Nous confessons que, point dans l'opinion des anciens Pres, l'Eglise ro-

vrais transsubstantiationistes; et Soein luidclare que si l'on prend les Pres pour arbitres entre les parties en litige l'E-

mme

sur

le

mme

glise de

Rome

ne peut manquer de remporter

un triomphe
qui ne

facile.

maine

tenait le

possdait la

premier rang, parce qu'elle chaire de Pierre, et que ses v-

ques taient regards comme les successeurs du prince des aptres (1). Mais le tmoignage le plus frappant sur ce point, parce qu'il est arrach son auteur par la confusion qu'il voyait rgner autour de lui est celui du rformateur Capito. L'autorit du clerg, dit-il dans une lettre Farel, est entirement abolie tout est perdu, tout tombe en ruines... Dieu me fait maintenant sentir ce que c'est que d'tre pasteur, et tout le mal que nous avons fait l'Eglise par la dcision tmraire et la vhmence inconsidre avec lesquelles nous avons rejet le pape (2). A une poque plus rapproche de nous, nous voyons le savant protestant Casaubon
, ;

pour juges ceux sont en communion avec l'une ni avec l'autre dos parties opposes qu'il y a le plus de chances de voir la question qui les divise dcide avec une entire impartialit et un parfait dsintressement. D'aprs cette rgle, le tmoignage de Gibbon peut tre mis sur la mme ligne que celui de Socin. Or, cet incrdule, non moins que l'hrsiarque que nous venons de citer, avoue expressment qu'il lui est impossible de rsister la force de l'vidence historique qui ne permet pas de douter que ds les quatre ou cinq premiers sicles du christianisme, la plupart des doctrines principales du papisme ne fussent dj introduites, en thorie comme en prati-

C'est en effet en appelant

que

(1).

dplorer celte dviation de la

dans laquelle il de la rforme entranait ses partisans. Dans une lettre son ami Vittembogardt, qui, dans une confrence qu'ils avaient eue ensemble, avait essay de dissiper les craintes dont son
il parle en ces termes Pourquoi vous dissimuler qu'un si grand loignement de la foi de l'ancienne Eglise ne m'inquite pas peu (3) ? Dans celte mme lettre encore, aprs avoir fait remarquer que sur l'articie des sacrements Luther diffrait des anciens, Zwingle de Luther, Calvin de ces deux premiers, et les autres de

ancienne, remarquait que la violence


foi

CHAPITRE XXXV.
Calvinistes franais. Les Pres sont me'priss par les calvinistes anglais. Politique des thologiens deV Eglise anglicane. L'-

vque Jewel.

Le

docteur Watetland.

esprit tait agit ce sujet,


:

que le calviniste franais Claude a plus grands efforts pour'prouver que sur l'article de l'eucharistie la doctrine des
sait
fait les

On

Si telle est la marche que il ajoute nous suivons quel sera enfin le terme o nous irons aboutir (4)? Scalger aussi, autre savant distingu, qui s'tait converti au

Calvin,

Pres des premiers sicles tait un accord parfait avec celle de l'Eglise rforme (2). La grande majorit, cependant, des calvinistes, tant de France que d'Angleterre, professrent le plus souverain mpris pour l'autorit de ces vnrables docteurs (3). S'appuyant, dit le protestant Casaubon sur l'autorit et la rputation d'un seul homme (Calvin), qui
,

protestantisme dans la maturit de l'ge, adrestriction que, sur l'important article de la cne du Seigneur, on s'efforcerait en vain de prouver la doctrine des rforms parles Pres (5) (Voyez ci-devant, chap. IX,

vraiment

fut

un grand homme, quoique non

met sans

parfaitement exempt de tomber dans l'erreur, ces gens-l ne peuvent souffrir qu'on cite mme les noms de ces saints Pres, dont le

note

1.)

M) Mmoires
et

posthumes.

Aprs ces aveux

ceux de grand nombre

d'autres savants protestants qui tous ont ainsi franchement reconnu une vrit qu'il n'est donn qu' l'esprit de parti , qui est propre aux sectaires, de nier, savoir, que l'autorit de l'ancienne Eglise est toute en faveur de l'Eglise de Rome, les sociniens qui, faisant profession de ne reconnatre aucune autorit de ce genre, n'en doivent tre que plus impartiaux sur celte question se trouvent gnralement d'accord admettre ce fait important. Dans la fameuse controverse sur l'eucharistie entre Smalcius et
,

(2) La faute immense que commit, malgr son savoir et ses talents, le controversiste franais Claude,

particulirement dans son malencontreux appel aux Eglises d'Orient contre la transsubstantiation , ouvrit un beau champ, sur cette matire, M. Arnauld et
ses collaborateurs.
qu'affectait Calvin Pres venait, peut-tre, de ce qu'il ne les connaissait pas. Calvin, dit Longuerue, avait lu saint Augustin et saint Tbomas mais il n'avait pas Dans une satire contre les lu les autres Pres. calvinistes, par l'vque Woinack, appele YExamen de Tilenus, voici de quelle manire un des examinateurs se moque de l'acbarnement que mettait celte c Cet homme secte dprcier les Pres possde une portion suffisante de celte science profane qui vous est ordinaire; mais il vous est facile de voir qu'il a tudi les anciens Pres plus que n'a fait aucun de nos thologiens modernes tels que M. Calvin et M. Peikins. Hlas! ils (les anciens Pres) renoncrent toutes les jouissances, et quelques-uns mmo leur propre vie, pour ce qu'ils ne connaissaient pas. Ils ne comprenaient que peu de chose ou rien mme aux dcrets divins, au pouvoir de la grce , et la vritable pit: cette grande lumire tait r serve pour la gloire des sicles suivants. >
(3)

Une des causes du mpris

pour

les

Franzius, le pasteur racovien abandonna volontiers son antagoniste luthrien tous les Pres du quatrime sicle comme tant de
,

(1)

Prop. ad conc.

(2) Epist.

ad Farci,

inter epist. Calv.

(3) sits a

quid dissimulent, ha>c tanta diverfidevelens clesi non parum lurbat? > (i) Si sic perginuis qus tandem erit exitns. (5) i Non est qiod conenini ex Patnbus hune aiiculuia demonstrare de cna IScaliaer).

Men,

166

VOYAGES A LA RECHERCHE D'UNE RELIGION.


efforts

1G 6
l'antiquit sous les
;

Dieu immortel s'est plu autrefois employer les utiles travaux..., tandis qu'eux, au contraire, veulent nous reprsenter ces illustres crivains' comme des demi-paens, sans aucune science des Ecritures, imbciles, fous,
stupides et impies. C'est ce qui fait qu'ils attaquent les erreurs des papistes de telle manire que trs-souvent, en voulant les combattre, ils portent des coups mortels l'ancienne Eglise (1). Le mme mpris des Pres de la primitive Eglise, comme autorits en fait de doctrine, prvalut la mme poque en Angleterre dans le haut parti calviniste, et l'on peut voir par le passage suivant d'un ouvrage du fameux archevque Bancroft (son examen de

pour enrler toute

tendards de leur schisme et nous les voyons en toute occasion invoquer avec le plus profond respect l'autorit des Pres, quoiqu'ils eussent dans ce temps-l mme devant les yeux l'aveu du franc et toujours sincre Chillingworth, qui proclamait hautement que c'tait l'opposition qu'il avait remarque entre les doctrines des Pres et celles du protestantisme qui avait t un des principaux motifs qui l'avaient dtermin embrasser la foi de l'Eglise de Rome; ou bien, comme il s'en explique lui-mme, Parce que la doc trine de l'Eglise de Rome est conforme, et que la doctrine des protestants est contraire la doctrine des Pres, de l'aveu mme des
protestants.

'

laprtendue sainte discipline), jusqu'o tait port ce sentiment de ddain pour les anciens Pres de l'Eglise. Dans un collge de Cambridge, lorsqu'il arrive que, dans les controverses, on allgue l'autorit de saint Augustin, de saint Ambroise, de saint Jrme ou de quelque autre des anciens Pres, ou mme leur consentement unanime, on les rejette avec beaucoup de ddain. Que meparlez-vous dit-on, de saint Augustin, de saint Ambroise et des autres? J'en fais moins de cas que d'un fu? Tandis que les calvinistes d'Angleterre, dans le vritable esprit de leur matre, faisaient si peu de cas de l'autorit des Pres ou la ddaignaient entirement, les thologiens de la haute-Eglise suivaient une politique bien diffrente. Car non-seulement ils professaient les plus vifs sentiments de respect
,

pour ces illustres crivains, mais ils s'efforaient mme, de tout leur pouvoir, de tirer de leurs ouvrages des tmoignages l'appui de leurs doctrines protestantes. Avec cette sorte de tmrit fantasque qu'on devait attendre de l'esprit inconsidr qu'il avait dj montr, l'vque Jewel en alla jusqu' dlier publiquement tous les catholiques du monde de produire un seul tmoignage clair des Pres l'appui d'aucun des dogmes sur lesquels les protestants diffraient d'avec eux (2). Mais le seul et unique effet de celte absurde jactance fut, ainsi que l'avoue Humphrey, le biographe de cet vque, de donner beau champ aux papistes et de nuire la cause qu'il voulait servir. Longtemps cependant les thologiens de l'Eglise d'Angleterre continurent avec plus ou moins de zle faire ainsi les plus grands
(1) Lettre Daniel llensius, 1G10. (2) Le passage du sermon dans lequel se trouve ce dfi peut tre regard comme tant de quelque poids

Quelques-uns ont pens que celte dfrence professe par les thologiens de cette poque pour l'autorit d'crivains dont chaque page respire la condamnation du protestantisme, peut tre attribue une cer taine disposition retourner au catholicisme qui se fit clairement remarquer sous le rgne des deux premiers Stuarls. Il n'y a pas de doute, en effet, que cette circonstance, jointe au secours que leur fournissait le tmoignage des Pres dans les disputes sur le gouvernement de l'Eglise o ils se trouvaient engags avec les puritains, n'ait puissamment contribu porter les thologiens de la haute-Eglise cette espce de coalition qui tait d'ailleurs une complte anomalie. Il est cependant encore- une autre cause au moins aussi importante, laquelle on peut assigner ce trait de la politique de l'Eglise
d'Angleterre. J'ai remarqu prcdemment que les Pres qui ont soutenu avec le plus d'nergie le dogme de la transsubstantiation ( ainsi que tous les autres dogmes qui ont t classs par les protestants sous le titre d'erreurs papistes ) furent aussi ceux qui se distingurent le plus par leur zle pour la dfense du dogme de la Trinit dans sa forme la plus pure, la plus amplement dveloppe, et de la manire la plus claire et la plus complte. Afin donc de s'assurer, dans un moment o le schisme des antitrinitaires se rpandait de toutes parts, l'aide d'un si important tmoignage pour la dfense d'un mystre que la rforme avait pargn, mais qui paraissait en danger de succomber devant quelques-uns des enfants qui taient ns de son sein, on pensa que celte acquisition valait bien la peine qu'on
sacrifit

un peu pour

elle la

bonne

foi

et

sous un certain rapport, C'est--dire en tant qu'on y voit reconnue de la manire la plus expresse l'autorit de celte rgle de loi qui est la fois le complment et l'explication de la parole de Dieu crite, rgle que les catholiques drivent de leurs anciens docteurs et conciles, et aussi des traditions et des exemples des premiers ges de leur Eglise. Voici en quels termes commence le dli de l'vque: Si quelque homme vivant est capable de prouver quelqu'un de ces articles par une seule clause ou phrase claire et positive soit des Ecritures, soit des anciens docteurs, soit de quelque ancien concile gnral , ou par quelque exemple de la primitive Eglise, etc., etc., etc.

voil comme pour s'appuyer du tmoignage des Pres en faveur de quelques points de doctrine communs aux deux partis, les tho-

logiens protestants ou fermrent volontairement les yeux aux immenses diffrences qui les divisaient sur les autres points, ou bien essayrent d'effacer ces diffrences au moyen de gloses et d'explications dont la futilit extrme et le peu de solidit ne pouvaient en aucune manire leur chapper entire-

ment. Les travaux du docteur Waterland, un des plus clbres de ces thologiens, nous of-.

167

DEMONSTRATION EVANGELIQUE MOORE.


reprsente

168

frent un exemple bien frappant de cette ligne de politique dont les preuves sont si visibles. C'est l ce qui, dans son zle outr pour le triomphe du dogme de la Trinit, le porta exalter si hautement l'autorit des Pres, appelant les trois premiers sicles l'ge d'or

de l'Eglise, et paraissant mme dispos pour l'honneur et la gloire de saint Athanase , dont il faisait son idole, tendre cette distinction glorieuse jusqu'au quatrime sicle (1). Voil pourquoi, aussi, afin d'chapper aux consquences fcheuses qu'et ncessairement entranes pour la cause qu'il dfendait l'aveu impolitique que des allis si utiles la cause de l'orthodoxie, sur un des grands dogmes du christianisme, ne valaient pas mieux, sur tous les autres, que des papistes non rforms, il se crut oblig d'essayer de prouver que sur le dogme galement vital de l'eucharistie les opinions professes par ces anciens docteurs n'taient pas moins conformes celles que soutenaient les thologiens de l'Eglise tablie. J'ai dj eu l'occasion de parler de l'ouvrage o le savant docteur a travaill accomplir cette tche difficile; je me contenterai d'ajouter ici qu'en fait d'interprtations de luttes infructueuses vagues et forces contre le torrent des tmoignages, et de signes vidents d'une faiblesse bien sentie sous des apparences trompeuses de force, ce livre, eu gard aux talents et l'rudition bien connus de son auteur, est peut-tre sans exemple dans toutes les annales de la controverse thologique.
,

Vavant-coureur des nombreux et remarquables efforts qu'on fit dans la suite pour dlivrer des entraves de l'autorit humaine l'exercice au jugement individuel, on voit le tmoignage des Pres sur les points de foi rejet et mis de ct avec un degr de libert sans crmonie, que
l'avocat mme du jugement individuel que nous venons de citer reconnat tre contraire la prudence et plein de dan,
,

comme

gers." Mais cette attaque de Whitby, quelque tmraire qu'elle ft, n'tait que le prlude de violences plus tmraires encore La mme Eglise qui avait produit un Jewel et un Waterland devait ncessairemenl. suivant le cours naturel des ractions, produire aussi un Middleton. Impatient de ces prtentions mal fondes la sanction de l'antiquit, et s'inquitant peu, dans ses attaques contre ce qu'il jugeait tre del superstition, des graves dangers auxquels la religion elle-mme se trouverait expose par suite de cette uvre de destruction, ce thologien brisa hardiment cette ombre d'un faux respect dont ses confrres avaient environn la mmoire
.

CHAPITRE XXXVI.
Le prtendu respect des thologiens anglais Attaques du pour les Pres est dmasqu. docteur Whitby contre les Pres ; il est suivi Middleton veut prouver par Middleton. que les premiers chrtiens taient papisDpart pour HamRflexions. tes. bourg.

des Pres, et dnona sans mnagement ces anciens doeteurs non-seulement comme papistes en fait de doctrine, mais encore ( son but principal tant de dcrditer et d'avilir, tout prix, le catholicisme romain (1) ) comme papistes de l'espce la plus superstitieuse et la plus niaise. Sans nullement s'inquiter des consquences qu'on pourrait dduire d'un pareil systme, Middleton n'hsita pas envisager ce sujet sous un point de vue tout oppos celui sous lequel on avait coutume de l'envisager; il avana que les premiers sicles de l'Eglise furent les moins purs, posant ainsi, sans faire attention toutes les consquences qui en devaient rsulter (2) un
,

Il

n'tait pas possible

que le systme d'va-

sion et de faux-fuyant dont j'ai parl dans le chapitre prcdent ft d'une longue dure;
la premire brche considrable qui y fut d'honneur, faite est due un crivain,

tel est, je l'avoue ma honte , le ; et trouve. Car, lorsque j'crivis mes Commentaires sur le Nouveau Testament , je suivis trop prompteiiicnt, je l'avoue, la route commune et battue des autres thologiens orthodoxes, m'imaginait! que

qu'une erreur
cas o je

me

homme

quoique dans l'erreur le docteur Whitby dans son livre De l'interprtation de l'Ecriture d'aprs la manire des Pres. Dans cette dissertation, que le traducteur de Mosheim (2)
,

(1) D'un autre rle. Wliiston, qui ?e trouvait entran dans une direction tout oppose par l'intrt mme de ses controverses, fait arrter saint Aiha-

nase le pouvoir d'oprer des miracles et il donne pour raison que les inventions d'Alhanase ayant prvalu dans l'Eglise, furent cause que Dieu lui relira le pouvoir qu'il lui avait confi d'oprer des mi,

Pre, le Fils et le Saint-Esprit, conus dans une ide complexe, taient un seul et mme Dieu, en vertu de la mme essence individuelle, communique par le Pre. Celte ide confuse, j'en suis maintenant pleinement convaincu par les arguments produits ici et dans la seconde partie de ma Rponse au docteur Waterland, est une chose impossible et pleine d'absurdits grossires et de contradictions, i (1) Il ne se fait nul scrupule d'avouer ce but : Chose certaine, dit-il, le christianisme papiste qui possde la plus large part du monde chrtien , serait dtruit tout d'un coup, si l'autorit des premiers Pres et les miracles des r.remiers sicles taient rejet* d'un
le

commun
sur

accord par tous

les

chrtiens

Remarques

racles.

>

les observ., etc., vol. II).

(2> Wliilhy fut lui-mme un exemple frappant des consquences o conduisent d'ordinaire ces audacieuses thories. Dans un ouvrage posthume , intitul: Les Dernires penses du docteurWhitby,\o\ en quels termes il s'exprime au sujet de la Trinit Un examcB rigoureux des choses nous convainc souvent que ce que nous avions cru juste, ne nous parat plus, aprs une recherche plus approfondie de la vrit
:

(2) Voici comment un de ses adversaires fait ressortir quelques-unes de ces consquences : L'auteur < doit renoncer ou ses arguments ou l'Evangile.

< <

Ceux qui pensent que

les

Pres du second

et

du

troisime sicle taient plus crdules que ceux du quatrime, doivent penser que les aptres .taient les plus crdules de tous. Si le monde tait si erdule "immdiatement aprs les aptres , on ne cojn

160

VOYAGES A LA RECHERCHE D'UNE RELIGION.

170
;

principe d'o

il suivait ncessairement, au grand tonnement de tout le monde, que c'tait sa source que la fontaine de la foi chrtienne tait le plus corrompue. Ce tmraire paradoxe n'en tait pas moins cependant un hommage involontaire rendu

sanctuaire (1) a pu occasionner, en donnan en quelque sorte, du point le plus lev A l'Eglise, le signal d'un assaut gnral au\
sceptiques et aux incrdules contre les premiers tmoins de la foi chrtienne, il n'en est pas moins vrai, sous un autre rapport, qu'elle produisit aussi de bons rsultats, en mettant au grand jour tout le ridicule de cette prtendue dfrence pour les Pres, que la politique avait fait si long temps adopter etprotesseraux thologiens de l'Eglise d'Angletere. Leur intention manifeste en suivant cette ligne de conduite tait de persuader ceux qui n'en savaient pas plus long, que ces anciens docteurs du christianisme donnaient leur sanction aux doctrines de la rforme. Mais l'imprudence de Middleton rendit cet instrument de dception tout fait impuissant dans leurs mains (2): car, quelque fausses et calomnieuses que ft, presque de tout point, la peinture qu'il fit des Pres, il russit du moins parfaitement montrer qu'en foi et en pratique, ils n'taient rien moins que protestants et qu'invoquer leur autorit l'appui des doctrines protestantes n'tait qu'une dception qui, une fois dcouverte, ne devait probablement plus se rpter souvent ou du moins avec avantage. Aussi avons-nous vu que, depuis cette poque, l'exception d'un Daubeny ou d'un aber qui ont encore de temps autre recours cette vieille armure use pour combattre leurs adversaires, les thologiens de l'Eglise anglicane ont, avec la plus prudente rserve, cess d'appeler les Pres leur secours, et les ont laisss dormir en paix sur les planches de leurs bibliothques et si quelquefois
,
,

l'antiquit de l'Eglise catholique, puisqu'en identifiant ainsi , comme le faisait cet cri-

toute superstition et toute erreur avec le papisme, et prononant que les premiers sicles du christianisme ont t les moins purs il est clair qu'il ne voulait rien dire autre chose sinon qu'ils furent les plus

vain

papistes.

Pour se faire une ide du peu de rserve avec lequel le docteur Middleton dvoila dans toute son lenaue un fait si accablant pour le protestantisme, et que la politique des thologiens de sa communion avait pris tant de soin de laisser dans la plus profonde obscurit, savoir, que le christianisme primitif n'tait ni plus ni moins que le papisme moderne, il ne faut que lire ses. propres remarques sur un catchisme dont l'auteur se donnait pour protestant et pr,

tendait exposer les principaux articles de foi del primitive Eglise. Maintenant, dit-il nous pouvons voir, d'aprs une conclusion vidente tire des faits et des circonstances ,

sont rapports dans cet ouvrage, combien l'autorit des Pres de la primitive Eglise tend nous conduire directement l'Eglise de Rome; nous les voyons attribuer l'Eglise un pouvoir souverain et indpendant, enseigner les sacrements papistes, le sacrifice propitiatoire du corps et du sang du Christ pour les vivants et les morts, les prires pour les dfunts afin de leur procurer du soulagement et de les faire sortir de les l'tat intermdiaire o ils sont dtenus exorcismes les onctions, les saintes huiles, le signe de la croix, les pnitences, la conl'absolution le culte fession un prtre
tels qu'ils
,

(1) i risien,

Le docteur Middleton, dit le professeur NorHey, parat ne pas s'carter beaucoup de


sur les miracles.

M.

Hume
(2)

des reliques des Saints, etc., etc. Quels que soient les maux que cette partie du sein mme du sortie tmraire
,

< c c

prendra pas aisment comment

il

l'aurait t

beau-

coup moins du temps des Aptres. Il est bien vrai que ce reproche de crdulit, formul par rauleur, s'arrte aux Pres; mais ses arguments ne s'arrcar si l'on peut prouver que les Pres tent pas l ont l'orge des mensonges, on peut en pousser bien
:

passage suivant des discours du docteur Hey, les motifs qui ont dirig les deux partis dans l'opinion oppose qu'ils ont soutetenue sur le compte des Pres, assez nettement exposs Ceux qui dfendent les intrts des Prs le font dans la crainte que, s'ils paraissaient insoutenables, la cause du christianisme aurait souffrir de la condamnation de ces premiers propagateurs. Ceux qui accusent les Pres de superstition, de faiblesse ou de mensonge, ne considrent que le discrdit irrvocable qu'ils jettent sur le papisme, en montrant l'impuret de la source d'o drivent toutes ses principales
le
:

Nous trouvons dans

loin les

consquences,
et

doctrines.

>

correspondant de Middleton, l'archidiacre de Carliste, parait avoir aussi peu prvu ou redout les consquences qui devaient tout naturellement rsulter de ce mpris des Pres , que l'a l'ait J\liddleton lui-mme. Le christianisme, dit ce sage thologien, tait dans son berceau, ou tout au plus dans son enfance, lorsque ces hommes crivirent; il n'est donc pas surprenant qu'ils aient parl comme des entants, qu'ils aient compris comme des entants, qu'ils aient pens comme des enfants, i Dans un autre endroit, l'archidiacre, sous l'impression bien marque d'une sorte d'impatience au sujet du tmoignage rendu par les Pres la vrit de ce qu'on appelle < Qu'on ne me blme les doctrines papistes, s'crie pas, si je prends la hardiesse de dire que nous entendrions beaucoup mieux les Ecritures, si nous n'avions pas les crits des Pres
: !
>

Un ami

Quant aux accusations ici rapportes de superstition, de faiblesse, etc., contre les Pres, elles sont absolument les mmes qui depuis plusieurs sicles ne
cessent d'lre.reproduiles contre la religion qui se fait gloire de suivre leurs enseignements; et la meilleure rponse toutes ces attaques contre les premiers docteurs du christianisme, se trouve dans ce spirituel sarcasme de Lardner, que j'ai dj cit une lois: i Pauvres ignorants chrtiens primitifs Je m'tonne qu'ils aient pu trouver le chemin du ciel. Ils vivaient prs du temps du Christ et de ses aptres; ils avaient une liante,
!

estima oour les saintes Ecritures, et les lisaient avec soin ; quelques -uns mme d'entre eux ont compos des commentaires pour les expliquer ; et cependant il parat qu'ils ne connaissaient que peu ou point du tout leur
religion!...

Lu vrit, nous, qui vivons aujourd'hui,, nous sommes trs-heureux dans notre orthodoxie, i
{Six.)
>

DMONS,!. EVANG. XIV.

172
foi et

71

DEMONSTRATION EVANGELIQUE. MOORE.


lit,

de s'carter de c! ils ont encore t tents (1) sage rserve, ce qui n'a eu heu que cette trs-rarement, cela n'a servi qu' les concode vaincre de plus en plus de la sagesse de Ainsi, lorsque l'vque Tomline voulut r>l. appeler les Pres son secours contre les calmontrer vinistes, cette dmarche ne fit que dans une pareille cause leur alcombien de danliance tait malencontreuse et pleine progers , en ce que les tmoignages qu'il pour combattre les croyances des calduisit moins vinistes modernes ne portent pas avec de force contre les doctrines des premiers rformateurs aussi bien que contre l'esprit dominant des articles de sa propre Eglise (2). Maintenant donc, aprs m'tre beaucoup plus teudu sur ce sujet que. je ne me l'tais propos au point de dpart, je crois avoir tout a assez bien russi tablir le principe
, , ,

fait

important que j'ai pos, savoir: que l'anque revendiquent les catholiques en faveur des doctrines de leur Eglise, ou, en d'autres termes, l'identit qu'ils prtendent exister entre leur systme de croyance, ou
tiquit

chrcUciis primitifs, je ne sais si le sentiment qui dominait eu moi tait celui du triomphe ou de la mystification. Car, d'abord si ces importantes concessions m'eussent t plus tt connues j'aurais pu m'pa.r-gner toutes ces douleurs de l'enfantement que m'a inutilement cot la premire partie de cet ouvrage. Ma situation ressemblait assez alors celle du fameux cardinal Slbndrali propos de son livre, sur la prdestination, dont on disait que s'il avait commenc son ouvrage par la seconde partie, il se serait pargn la peine de composer la premire: En second lieu, je m'tais flatt, je l'avoue comme le fait chaque pas dans le cours de ses tudes celui qui s'instruit sans le secours d'aucun matre, que les rsultats auxquels j'tais ainsi parvenu taient ma propre, mon exclusive dcouverte. Aussi lorsque je reconnus que tant d'autres taient arrivs avant moi exactement au mme point, mon travail ne me prsenta plus qu'un caractre de trivialit
; ,

toute la

la foi seule des

auquel

je n'tais

nullement prpar,

et la

qui fut promulgu par les premiers docteurs du christianisme, t longtemps reconnue par les protes-

symbole de

foi

et celui

gloire de mes recherches et de mon rudition perdit un peu de son clat mes

yeux.
Enfin pour rsumer tout ce que j'ai dit jusqu'ici, l'effet que produisirent sur mon esprit toutes ces recherches fut de m'exciler plus vivement encore poursuivre la tche que j'avais entreprise; j'tais fortement persuad qu'il devait y avoir, aprs tout, quelque chose dans la nature de l'Eglise protestante qui me restait encore connatre, et qui m'expliquerait comment elle avait pu se soutenir si longtemps et former une portion considrable du monde chrtien aprs avoir ainsi abandonn, comme nous l'avons dmontr, la pupart des doctrines de la primitiveEglisc et renonc la marque que le pre des hrsies avait , ainsi que nous l'avons vu, imprime sur son front. En Allemagne, m'criai-je c'est en Allemagne, ou nulle part, que je suis sr de le trouver dans sa forme primitive et naturelle, avec
, , ,

tants

mme, malgr eus,

il

est vrai,

mais

leur aveu n'en est que plus (ori.

En voyant ainsi puissamment et remarquablement confirme la conclusion laquelle que ce que j'tais moi-mme arriv, savoir, est, en ral'on appelle maintenant papisme
doivent gure Kiiye sur suint Jusliu et Tertullien, ue. au systme potre compts comme des exceptions ce savant acconipl: litique dont il est ici quesiion : car citante qun aborde son sujet beaucoup plus fen dit
thologien, et servir leurs classiques d'un ge barbare, en ne faisant ouvrages qu' jeter du jour sur les coutumes et les verra par opinions particulires leur poque. On l'exemple que je vais citer avec quelle froide indifmatires d'opifrence sa seigneurie traite certaines
traite
les

(1)

Les deux ouvrages

si

intressants de l'vque

Pres

comme

d eJ

lait les

chevaleresque nion et mme de foi qui, an temps leurs plant des controverses, auraient fait saute de ches mille in-folio. En rapportant le sentiment de que ce l're Tertullien sur l'eucharistie; l'vque dit graisse du corps du Sei parle de se nourrir de la gneur, c'est--dire de l'eucharistie >, et dit que ntre chair se nourrit du sang du Christ, afin que notre me
,

il faut l'avouer, ajoute, soit engraisse de Dieu. i Voil, Bien fortes, l'vque, de fortes expressions! > comme sa assuii.ent! et cependant elles ne sont, l'ignorer, qu'une de cette seig) curie ne devait pas

nous avons multitude innombrable de preuves que que la doctrine qu'enseignait Terlullien, la manducorps du Seigneur. ation relle et Substantielle du la primitive Eglise. laii la croyance universelle de vanglique, dit le savant adversaire (2) Le clerg defvque, M. Scott, ne prtend pas que nos artis'accordent parfaitement cles, notre liturgie, etc., de Calvin; sur tous les points avec les sentiments lui me seulement qu'ils contiennent, sous une
regardent tomme essenm'oins exclusive, 'oui ce qils docteur Madame, traduc Le tiel dans sa doctrine. parlant des procdes teur de Mosheim, dit aussi, en Ses decido sy"node ultra-calviniste de Dordrecht : en lait de doctrine, paraissent paisieur
cisioiis.

tous les perfectionnements que l'antiquit dont il lui est permis de se glorifier, jointe aux influences du yenius loci, est capable de produire autour de son berceau. Ayant donc pris cong de ma belle amie calviniste, par une lettre singulirement affectueuse, dans laquelle je lui promettais de acquitter fidlement del commission dont elle m'avait charg relativement aux Propos de table de Luther, et au Pastor Fido, je partis de Dublin le 20 aot, et aprs une relche de quelques jours seulement Londres, dans le cours du voyage, j'arrivai Hambourg vers la fin du mme mois.

niais

CHAPITRE XXXVII.
Meta, llambourg. Ilagedorn.Klopstock sa femme. Miss Anna-Mafia Schurman, son amant Labadie. Notice'sur ces deux
et
et

personnages pour

livre des non sans raison, conformes i la teneur dl l'Eglise d'Anglearticles tablis par Ki loi dans

Envoye par

la socit des Traits. l'entremise de miss"

Le lecteur ne saurait attendre d un voya-

terre.

\n
i

VOYAGES A LA RECHERCHE D'UNE RELIGION.

!7i

geur qui se met en route dans le but si exclusivement thologique, cette varit d'observations qui fait gnralement le charme principal des rcits de voyages. Je trouvai dans les environs de Hambourg quelques noms et quelques souvenirs identifis avec ces lieux, qui ne pouvaient manquer de m'intresser comme amateur de posie et de littrature en gnral. Dire jusqu' quel point
cette cit avait droit de s'enorgueillir d'avoir donn naissance Hagedorn, c'est ce que complte ignorance des crits de ce nouvel Anacron ne me permit pas de faire ; mais

ma

les diverses traductions qui ont t publies de ses ouvrages m'avaient mis mme de me former quelque ide de son mrite; et, en consquence, je visitai le tombeau de ce pote fameux, avec tout le respect que je lui devais, moins, cependant, je ne l'avoue qu' ma honte, cause de son pome si renomm La Messiade, qu'en mmoire de Meta (1), son pouse dvoue et in-

pourKlopslock,

tressante.

disposition d'esprit o m'avaient dernires tudes, ni les potes, ni leurs belles idoles n'avaient beaucoup de chances de captiver longtemps mon attention; elle seul roman qu'il me fut possible de me procurer pour me donner une description exacte des environs de Hambourg, avait pour hrone la savante et autrefois fameuse AnnA-Maria Schurman qui fut clbre par la plume de Vossius, de Beverovicius et autres savants hollandais, mais dont le nom et la rputation venaient alors pour la premire fois frapper mes oreilles. L'histoire de celte belle savante, partir

Dans

la

jet

mes

du moment o elle entreprit, ainsi que s'en exprime un de ses biographes, d'tre, l'exemple de Luther et de Calvin, l'architecte de sa propre foi, jusqu' celui o elle devint le disciple, et, dit-on, la femme du clbre Labadie, nous fournira, en peu de mots, un tableau aussi difiant qu'on peut le
dsirer des effets de la rforme. Labadie, son amant, qui finit par s'lever la honteuse dignit de chef d'une secte de protestants fanatiques, fut un de ces prdicateurs de pit
les excs de la dbauche, qui savaient si bien et avec tant d'adresse exploiter l'imagination exalte des rformatrices de cette poque. Une des prcieuses doctrines qu'il passe pour avoir enseigne est que Dieu pouvait et voulait tromper, et qu'il avait effectivement agi de cette sorte plus d'une foisl Membre de l'Eglise catholique jusqu' l'ge de quarante ans, Labadie vil quel

de la rforme vaste champ l'ruption ouvrait tant la licence des passions qu' tout le dvergondage des opinions. Aprs s'tre distingu d'abord dans sa propre Eglise par les efforts qu'il fit pour corrompre tout un couvent de religieuses, il abandonna la foi catholique et devint ministre calviniste. La popularit qu'il parvint obtenir dans cette nouvelle position (1) comme prdicateur, fut presque sans exemple, et le contraste que l'on savait exister entre les doctrines spirituelles qu'il enseignait et la conduite rien moins que spirituelle qu'il menait, ne fut pas sans attrait pour quelques-unes de ses belles disciplesNo us trouvons dans Bayle un exemple de la manire dont il instruisait les femmes qui coutaient ses leons cet exemple est donn dans une anecdote un peu plaisante, qu'un philosophe comme Bayle pouvait seul se permettre de raconter. Enfin, aprs une carrire assez semblable ecle de quelques anciens hrtiques gnostiques, ce digne rejeton de la rforme mourut Alloua, dans les bras de son dernier amour, la pieuse et savante Anna-Maria Schurman, en l'an 1674. Malgr toutes les difficults que je voyais toucher quelques-uns des dtails particuliers des faits que je viens de rapporter, j essayai, pendant mes moments de loisir Hambourg, d'en composer une petite histoire religieuse, plausible et mme dcente, que j'envoyai miss", comme les prmices de mes recherches sur le proteslanisme en pays tranger, la priant de la prsenter la socit des Traites religieux, dont je savais qu'elle tait un des membres les plus dis, ;

tingus.

adonns tous

Le rcit fait par miss Schurman elle-mme des premires annes de sa vie dans un ouvrage publi Allona, me fournit heureusement plusieurs anecdotes sur les jours de son enfance qui ne pouvaient qu'intresser le monde evanglique. 11 y est fait mention, par exemple, des premires tincelles d celte jeune pit qui brilla, dans la suite, d'un si vif clat, sous les auspices de Jean de Jsus, car c'est l le nom que se donnait lui-mme son amant Jean Labadie; il y est parl, entre autres choses, de l'effet que produisirent sur elle lorsqu'elle n'tait encore qu'une petite fille, peine ge de quatre ans, la premire question et la premire rponse du catchisme de Heidelbourg, qui la remplit, ce qu'elle nous assure, d*un d'amour pour Jsussi profond sentiment Christ', que toutes les annes qui se sont coules depuis ce moment n'en ont pu en(I) Il est assez remarquable, dit le commentateur de Moshciin, que presque tous les sectaires enthousiastes dsirrent entrer en communion avec, Labadie. Les brownistes lui offrirent leur glise de Middlebourg, lorsqu'il fut suspendu de ses fondions piscopalespar le synode franais. Les quakers lui dputrent leurs deux principaux membres Robert Barclay et Georges lveith, Amsterdam, pendant son sjouj en celte ville pour examiner sa doctrine (vol. V.)

existe entre la senside gnie cl la gnrosit ardente, dvoue et irrflchie d'une femme naturellement sensible, se dessine de la manire la plus caractristique dans le caractre respectif de Klopslock cl de sa femme, tels qu'ils sont peints dans leurs Mmoires. Le tombeau de ce pote est Ouenson, petit vil-~ lage situ prs de Hambourg, o il esi enterr., dans magnifique tilleul, l'ombre le cimetire, sous un duquel il avait l'habitude de s'asseoir
(!)
bilit calcule

La grande diffrence qui


d'un

homme

DEMONSTRATION VAiSGLIQUE. MOORE.


corc effacer le vif souvenir. Elle nous fait connatre ensuite (1) le got qu'elle avait ilans son enfance pour faire des poupes de cire, aussi bien que le singulier penchant qu'elle eut toute sa vie manger des araignes. Aprs avoir parcouru cette partie intressante de son histoire, je pus la suivre jusqu'au plein midi de sa rputation, lorsque, jpossdantla connaissance de douze langues et pouvant crire couramment dans quatre,
;

!76

'sans compter ses talents pour la musique, lia peinture, la sculpture et la gravure, elle ieut ses pieds les Spanhein, les Heinsius ,
les Vossius, et compos de savantes 'rponses aux questions pistolaires du docteur Hollandais Beverovicius (2). $ On pourrait assurment insrer dans les mmoires littraires de celte femme quelques-

qui ont pris part, tant d'un ct que de l'autre, dans les disputes qu'excitrent les doctrines du fameux synode de Dordrecht. Ainsi elle entretint avec Rivet, le plus violent adversaire de Grotius, une longue correspondance qui avait pour objet de discuter la question si souvent agite, savoir S'il tait convenable d'instruire une femme chrtienne dans les belles-lettres ? On aperoit aisment, travers toute la politesse de son correspondant calviniste que ce champion des d'crets immuables, n'et pas souffert, s'il et t matre de suivre sa volont, qu'une seule des personnes du sexe s'levt d'un pouce audessus des travaux ordinaires de sa conles plus clbres
:

uns des noms

mais qu'elle jugea ensuite elle-mme pleine de vaine gloire (1) cette autre priode de son existence o la religion et Labadie prirent pleine possession de son me ouvrait l'loquence de la socit des Traits un vaste champ, dont on peut hien supposer que je ne manquai pas l'occasion de me prvaloir. C'tait ce saint temps o, au lieu de plir sur les pages profanes d'Horace ou de Virgile, elle n'avait plus d'yeux et de penses que pour des crits vangliques tels que le Hraut du roi Jsus ou, le Chant royal de Jsus et autres pareilles lucubrations de son amant spirituel. C'tait alors encore que regardant avec une sorte de honte les louanges que le monde avait entasses sur sa tte elle renona solennellement et en prsence du soleil ," comme elle le dit elle-mme tous ces objets de sa premire vanit et les repoussa loin d'elle (2). Ce fut dans ces pieux sentiments d'humilit que miss Schurman passa le reste de ces jours elle fut cependant abondamment dvie
,

dommage du

sacrifice qu'elle avait fait des Beverovicius et des Rivet par les lumires intrieures de l'esprit et les communications familires avec Dieu dont elle se croyait favorise et aprs avoir reu , comme nous l'avons dj dit, le dernier soupir de son aptre Labadie , Altona , elle quitta aussi la vie, peu d'annes aprs lui, en l'an 1678.
;

CHAPITRE

XXX VIII.
,

dition.

Tandis quece calviniste

un
tait

tel

hommage

si distingu payait sa rputation, elle comp-

aussi de

chauds admirateurs dans

le

Doctrine blasphmatoire de Labadie.... enseigne aussi par Luther Bze, etc. liflexions. Choix d'une universit. Gottingen. Je suis prsent au professeur Scratchenbach.Qui commence un cours de leons sur le protestantisme.

parti arminien. De ce nombre tait Gaspard Barle, ce clbre pote latin que les gomaristes chassrent de tous les postes qu'ils occupait dans l'Eglise , pour cela seul qu'il refusait de croire, avec le synode de Dor-

Quoique
entre

le sort

mme

dans

et ainsi voulu qu' mon ma nouvelle carrire de

que Dieu et cr la plus grande partie du genre humain dans l'unique but de la damner. On trouve parmi les uvres de
drecht
,

vers un peu trop lgers, il sera bien permis quelqu'un qui n'est ni ministre ^ni rform , de les para-

phraser ainsi

ce pote arminien quelques vers adresss nous citerons les notre savante hrone derniers comme spcimen'du style licencieux et dissolu dans lequel les savants messieurs parlaient aux dames savantes cette poque
;
:

Now, perhaps, baving taxed my poetical art, To indite you Ibis erudite letter, You' ve enough ot'tbe sex, aller ail, in jour heart, To like a few kisses much better And in sootb, my dear Anne, if you're prelty as w isc,
I

niigtb ofler the gifls you prter,


in lier eyes,

But that Barbara tells me, witb love I must keep ail my kisses for her.

Scribimus hc loquimurque

tibi

Sin minus illa placent, et si inagis oscula vesler Sexus amat, nos illa domi debere putabis (3).

Le passage de

cette

poque

brillante de sa

(1) Pectus meuni tam magno gaudio alque intimo amoris Christi sensu fuisse perl'usum , ut omnes subsquentes anni istius momenti vivam memoriam delere poluerint nunquam. Eviyni, ou Choix de la

meilleure part.

On doit dire, pour faire mieux comprendre le sens de ces vers, que Barle [n'avait jamais vu sa belle correspondante, et que Barbe, doni il cite ici le nom, tait sa femme. La fin de ce pauvre pole fut bien trisie, soit par suite du triomqbe des gomarisles ou de la perle de toutes les places qu'il occupait dans l'Eglise, son esprit se drangea tellement qu'il s'imaginait tre fait de beurre, et vivait dans une crainte continuelle d'approcher du feu. (i) Il existe une dition de ses ouvrages en hbreu latin , grec et franais. (Leyde , Elz,

phlol. qusl. lioterod. 16W. On trouve aussi parmi les Besponsa doctornm, publies par le mme auteur en 4659, une rponse de miss Schurman. Il faut ajouter la glorieuse liste de ses illustres correspondants les noms de Salmasius cl de Huygens. Puisqu'un ministre de la rforme n'a (5) Heroic. pas cru manquer aux convenances en crivant ces
(2)

vir,l(U8.)

<

quse ejusmodi (2) Eoquc omnia mea scripla lurpem animi mei laxitatem, vel mundanum , et vanum istiim genium redolent, hoc loco, coraru sole (ad exempluin eandidissimi patrum Auguslini) retracto; nec amplius pro meis agnosco simulque omnia aliorum scripla, et polissimum carmin a pa, ;

\77
,

VOYAGES

LA RECHERCHE D'UNE RELIGION.


bien
,

178

recherches je rencontrasse un exemple si frappant des effets du protestantisme germanique je prie le lecteur de rester bien persuad que je n'avais nullement !e dessein d'attacher de pareils exemples isols de fanatisme et d'absurdit une importance qu'ils ne mritaient pas sachant bien qu'il n'y eut jamais de systme de doctrine si pur, o l'on ne puisse trouver parmi ceux qui la professent des exemples scandaleux de cette espce. Le seul point qu'il soit propos de considrer , c'est de savoir si les principes de la rforme ne renferment pas en eux-mmes les germes de toutes les extravagances dont nous venons de parler ; et si le licencieux apostolat de Labadie qui n'eut que trop de succs et la folle dvotion de son lve Anna-Maria n'taient pas le rsultat naturel et ncessaire de la libert illimite qu'on accorda au jugement individuel, l'poque de la rforme, de mme que les excs tout semblables des premiers hrtiques avaient t les fruits de ce mme principe dont eux aussi se prvalurent et qu'ils mirent en pra, ,
,

l'explique Rze, Dieu cache parfois quelque chose qui est contraire ce qu'il manifeste par sa parole (1) Mais c'est par Luther lui-mme que ce grossier blasphme a t enseign dans ce qu'il peut avoir de plus saillant et de plus rvoltant. Voici en quels termes Luther en expliquant le'chapitre XXII de la Gense , s'exprime au sujet de la conduite qu'il y est
!

comme

dit

ple est

que Dieu tint envers Abraham. Cet exemun des faits allgus en preuve de celte
la

prtendue opposition entre


le et la volont secrte

volont rv:

du Tout-Puissant Une espce de mensonge comme celui-ci nous est salutaire que nous serons heureux en effet d'apprendre cet art de Dieu mmeJ.
;

11 essaie et propose l'uvre d'un autre afin de pouvoir accomplir la sienne il cherche dans notre affection sa joie et notre salut
,

ainsi

il

dit

Abraham, Immole

Comment

tique.
Ici je dois rclamer une attention toute spciale pour un fait qui, je n'en doute pas , paratra au: plus grand nombre des lecteurs aussi surprenant et presque incroyable qu'il me parut moi-mme, lorsque, dans le cours de mes tudes, il se rvla moi pour la premire fois. La doctrine blasphmatoire ensei-

? Il ne fait que simuler et se jouer (2). De mme il feint quelquefois de vouloir s'loigner bien loin de nous et nous perdre. Qui de nous croirait que tout cela n'est qinn jeu ? Ce n'est que cela cependant dans l'intention de Dieu, et, s'il nous est permis de parler ainsi , qu'un

ton fils, etc. plaisanter, que dis-

mensonge (3). C'est une mort relle que nous avons tous subir mais Dieu n'agit pas srieusement et d'une manire conforme ce qu'il nous en dit ou fait paratre au dehors
;

gne par Labadie, que Dieu pouvait et voutromper le genre humain, et qu'effectivement il l'a fait quelquefois est une de ces ides qu'on ne saurait que difficilement croire capables d'entrer, mme pour un instant, dans l'esprit d'un homme qui n'a pas perdu la raison. Mais ce blasphme une fois admis,
lait
,

et il n'a d'autre de la dissimulation dessein que de s'assurer si nous sommes disposs sacrifier pour lui les choses prsentes et la vie mme. On pourrait demander si parmi tous les blasphmes qui ont jamais t crits ou proc'est
,

n'est point d'excs de dmoralisation et de corruption qu'on ne puisse justifier et autoriser ainsi par l'exemple de Dieu mme. Que diront donc ceux qui apprendront ici , ce qu'iis ignoraient encore que telle tait la doctrine impie enseigne par la plupart des chefs de la rforme, et qu'elle est entre autres, enseigne en termes exprs par Luther ? Afin de se dbarrasser de quelques-unes des difficults qui assigent la doctrine de l'lection et de la rprobation et concilier les passages de l'Ecriture dans lesquels les mchants sont invits la pnitence avec les dcrets de prdestination par lesquels Dieu avait dj fix et scell leur rprobation ternelle les rformateurs se virent obligs d'adopter la monstrueuse hypothse que , dans ces invitations adresses aux rprouvs, le Trs-Haut ne parle pas srieusement et qu'en les exhortant ainsi faire pnitence et se corriger il ne pense rellement pas comme il parle Il s'exprime ainsi, disentils selon sa volont rvle mais selon sa volont secrte , il veut le contraire , ou
il
,

noncs, il est jamais tomb de la bouche ou de la plume d'un homme des impits plus rvoltantes que celles que nous venons de rapporter.
Si,

au moment o

je quittai

Hambourg,

j'a-

vais connu seulementquelques-unes des propositions scandaleuses que je viens de citer, cela m'et pargn, je crois, toutes les peines

(l)

Celari inlerdum a
patel'acil

Deo
(

aliquid

ci

quod

in

Resp. ad Acl. colloq. t Mompul. ). Le calviniste Piseator attribue galement Dieu celle fourberie. Deum inlerdum verbo significare velle, quod rvera non vull,aut n:>lle quod rvera vull ( Disp. contra Schafm. ). t

verbo

repugnans

("2)
<

Deus
>

dixit

(ilium, etc.

Quomodo

Oceide ad Abrahamum Lndentlo, simulando, ri:

dendo.
(3)

negyrica qua vanne glorire atquc isto impietalis characiere noiaia snni, lanquam a mea conditione ac professions alina procnl a nie removeo ac
,

Alque apud Deum est lusus, el, si licerct ils < t'icere, mendacium est. > C'est ainsi que la conduite de Dieu envers Isaac a i envisage par un crivain rationaliste, ou plutt incrdule du dix-septime sicle, qui en fait la base d'un systme pour la solution des doctrines mystrieuses, telles que le pch originel, la justice impute, etc. Tous ces mystres, si on l'en croit, ne sont qu'une sorte de /ictiuim lgales, que Dieu, qui prlre ces chemins tortueux et mystiques la manire directe et naturelle dans ses rapemploie pour l'accomports avec le genre humain plissement de ses desseins. Noluit Deus opus hoc perficere direcio illo et nalurali online quo pleraeque res geruntur apud domines, sed per sinuosos ^ mysicioi mu anfraclus etc. Pradamil sive
, , , ,

rejicio.

>

Exercilalio, etc.

179
et

M
;

MONSTRAT10N KVANGELIQUE. MOORK.


(

180

que m'a causs mon voyage elles auraient suffi seules pomme convaincre, quand mme je n'aurais su
tous les dsappointements

du dann nicht rechuj bleiben ? Ne veux-tu donc pas rester tranquille?) il lana son norme critoire contre le prince des tnbres
(1).

rien davantage des doctrines de ce rformateur, qu'il ne pouvait rien sortir de l'esprit d'un homme capable de se former de pareilles ides de l'Etre divin qui ft digne de remplacer un seul des articles de l'ancienne foi. Je n'tais encore alors cependant , que peu vers dans la partie Ihologique de l'his,
,

le thtre de ces

del rforme; ne regardant, par consquent, la doctrine de Labadie que, commedes blasphmes qui lui appartenaient exclusivement et pensant que de pareilles
toire
sottises
et impits n'avaient

aucune sanc-

tion de la part des principaux chefs de la secte , j'loignai de ma pense toutes] ces choses, et, plein d'un nouveau zle pourje me prparai gaavec une sorte d'enthousiasme continuer le voyage que j'avais projet. Aprs avoir un instant dlibr en moimme sur l'universit particulire qu'il me serait le plus avantageux de choisir pour tre le premier thtre de mes tudes, je me dcidai enfin pour cette cole mmorable dans les annales thologiques qui a produit un Mosheim, un Michalis, un Ammon, un Eihorn, et me dirigeai directement, sans m'arrter nulle part dans ma roule, vers Gotiin-

suivre

mes recherches

menl

et

mme

gen. J'aurais bien voulu et j'en avais fait la promesse miss *", prparer mon esprit par une sorte d'apprentissage recevoir l'vangile de Luther en faisant un plerinage quelques-uns des lieux qui sont jamais lis la gloire de son nom. Ainsi par exemple, la cellule d'Erfurlh, o l'humble moine augustinien, que le Vatican devait bientt voir repousser par d'autres foudresquecelles qu'il lancerait contre lui, avait coutume de consoler, eu jouant de la flte, les intervalles solitaires de ses exercices de pit; les ruines pittoresques de Warlbourg, l'abri desquelles il se cachait aux poursuites de ses ennemis, et auxquelles, en se comparant, dans la modestie de son cur, saint Jean l'vangliste, il donnait le nom de son Palmos ; la visite de ces lieux romantiques et de quelques autres du mme genre m'aurait lev, ce qu'il me semble la vritable hauteur de l'esprit luthrien, et fourni, en outre, la matire d'une lettre miss *", qui n'et pas manque de merveilleusement charmer la future recloresse de Ballymudragget.
, ,

de tous les lieux qui avaient t scnes caractristiques aurait t, je le sentais bien, le genre de prparalion le plus difiant que je pusse adopter pour me mettre en tat d'entrer, comme j'tais sur le point de le faire, dans une connaissance plus intime des doctrines de celui qui en avait t le principal acteur. Quoi qu'il en soit, nanmoins, le seul rgime initiatoire auquel je voulus bien me soumettre fut d'ayr. 1er une tasse de cette fameuse bire d'Eimbeck qui tait compte pour une boisson si orthodoxe parmi les rformateurs allemands, et aprs de copieuses libations de laquelle furent rgls pour la plupart les articles de leur nouveau systme de christianisme. Q ue le grand Lu,ther Lui-mme ne ft pas ennemi de ce breuvage (2), c'est ce que prouve un fait dont l'histoire fait mention , savoir, que les bons habitants d'hambecl lui envoyrent, en tmoignage de leur admiration un prsent de quelques bouteilles de leur meilleure bire; et comme il ne pouvait pas (dit l'auteur auquel j'emprunte ce fait) aller luimme Eimbeck pour leur donner les paroles du salut en retour de la liqueur de la vie terrestre , on dit qu'il y envoya deux de ses disciples les plus fidles et les plus altvisite
,

La

rs (3). Il ne faut pas conclure

du ton plaisant et railleur dont je parle maintenantde la disposition dmon esprit au moment o je partis de Hambourg, que la tournure de mes ides, en celte conjoncture, se ressentt le moins du monde de ce caractre moqueur. Il nous arrive souvent en rapportant des scnes ou des impressions qui sont passes, de les revtir de couleurs
(1)

U Allemagne par

Russell.

(2) C'est celle bire , n'en pas ilouler', qu'il faisait ajiision dans son laineux sermon de Wiuen-

Ce
dans

fut
les

pendant

qu'il tait

Wartbourg
,

et

environs, occup de sa fameuse tra-

duction du Nouveau Testament que Luther fut, ce qu'il lui semblait, frquemment visit par le diable, sous la figure d'un grand barbeau. Ce clbre visiteur ne put toutefois russira interrompre longtemps ses travaux bibliques parce que Luther qui pour me servir des paroles d'un voyageur intelligent, connaissait Satan sous tous ses dguisements, le repoussait courageusement, et qu' ia fin nrtfi, perdant patience en voyant que ce diable ;;. cli ne cessait pas de bourdonner autour de sa plume, il se leva, el s'criant Wufet
,
, :

bourg, lorsque voulant bien persuader ses auditeurs que ce n'tait pas par la force des mains que la rforme des abus devait s'oprer, il leur d'il que la parole avait jusque-l loin lait pour eux. C'est la pa nde, dit-il, qui, tandis que je dormais tranquille ment, ou que, peut-tre, je buvais ma bire avec nies cliers Mlanchloii el Amsdorf, la parole, dis-je, qui pendant ce temps-l branlai! la papaut, comme i ne l'aurait jamais pu faire aucun prince ou empe reiir. Ce l'ut dans ce mme sermon qu'il foula aux pieds tout respect pour sa cause et pour ses partisans, au point de menacer, si l'on ne suivait pas ses avis, de rtracter toulcequ'il avait fait, de dsavouer tout ce qu'il avait crit ou enseign, et de les abandonner eux-mmes, ajoutant avec un air de railpour toutes. i i Non Je vous le dis une fois leiie

fuiieni re.duc.ere, et omnium quae aut scripsial docii.i paliiioil.iam cancre, el a vobis deshoc vbis diclin esto. t (Sermo ducats ubuciscre sus non mauibus, etc.)
i

duliiialio

(5) Le voyageur ( Williams), auquel j'ai emprunt ce passage, aprs avoir dit qu'un baril de retlt tire tait au quinzime sicle un prsent digne d"t e deu t'erl nu prince, ajoute que si elle ressemblait deloui celle qu'on a maintenant , les princes vaient avoir des gots excrables et de forts esto-

macs.

<Nl
riu'elles

VOYAGES A

l-A

RECHERCHE D'UNE RELIGION.


un sens oppos, ne pouvait
rables.
s'offrir

I,

n'avaient pas originairement, mais

dans des

qui son! comme rflchies sur elles par l'exprience que nous avons acquise depuis. Il est vrai qu'avec la connaissance que j'ai prsentement de la vie et des doclriues de Luther, il me serait presque aussi difficile de parler srieusement de sa prtendue rforme, que de discuter gravement les prtentions de Montan ou de Mans l'apostolat mais c'tait sous un aspect bien diffrent que je considrais le sujet en question, l'poque dont je parle. N'ayant qu'une connaissance bien limit: des dtails de cette trange confusion de croyances qui a donn naissance au monstre multiforme appel protestantisme, j'ignorais presque compltement le systme de foi que je me disposais embrasser; tandis que le v lolent dsir qui me tourmentait d'y dcouvrir quelques points seulement qui pussent en
;
1

circonstances plus heureuses et plus favo-

Mon

nouvel ami,

le

professeur

usa de

quelque manire

justifier l'apostasie que je mditais,, me rendait en quelque sorte aveugle tout ce qui tait dans le sens oppos, et

endormait mme, pour un temps, mon penchant naturel la raillerie. En arrivant Gottingen, je ne diffrai pas un moment mettre profit quelques lettres de recommandation qui m'avaient t donnes parle prcepteur d'un jeune homme de mes amis, qui avait pass quelques mois l'universit de celte ville. Ce fut au moyen du ne de ces lettres que je fis la connaissance du principal professeur de thologie, M. Scratrhenbach,el il m'tait impossible de faire une rencontre plus heureuse par rapport au but direct et immdiat de mon voyage. Outre la supriorit bien reconnue de ce savant professeur dans le genre d'tudes qui faisait alors l'objet de mes recherches, des circonstances particulires qui se rattachaient l'tal actuel de la religion en Allemagne le portaient regarder avec un intrt plus qu'ordinaire l'objet spcialque j'avais cur en m'adressanl lui. Car je ne lui faisais, ni
,

toute la diligence possible, et se mit en devoir de in'instruire fond, non-seulement de l'tat prsent et des esprances du protestantisme en Allemagne, mais aussi de celte suite d'preuves par lesquelles, me disail-il tout le systme du christianisme avait pass dans le cours de la moiti du dernier sicle, et s'tait purifi de plus en plus de son ancien aloi, jusqu' prendre enfin cette forme plus pure et plus rationnelle sous laquelle il est adopt prsentement par les protestants les plus clairs de l'Allemagne, Comme j'tais dispos prter une oreille humble et attentive sans la moindre rplique, mon cours d'instruction ressembla p<us une leon qu' une conversation et m 'tant impos la rgle de noter, aprs chacune de nos sances, tout ce qu'il serait rest dans ma mmoire des discours du professeur, j 'tais mme d'en conserver ainsi la substance avec assez d'exactitude, sauf toutefois les erreurs, bien lgres, je l'espre, qui auraient pu se glisser par hasard dans ma rdaction, par la raison que jusqu'alors j'tais rest entirement tranger au sujet qui nous occupait.
;

CHAPITRE XXXIX.
premire leon du professeur Scratchenach. Rationalisme parPhilosophes paens. Marcion, Arius, Nesmi les hrtiques. ges de turius, etc. tous rationalistes. Renaissance de tnbres ou d'ignorance.

la science.

Luther.

Ce Fut je m'en souviens, le 18 septembre que commena mon cours de leons sous le sa,

lui, ni tout autre,

un secret de ma dtermination de me faire membre de l'Eglise protestante, dans le cas o, aprs avoir examin
les doctrines
telles
tre.

que

je

de cette Eglise, je les trouverais pusse en conscience les admet-

Par suite d'un long enchanement de cauque j'essaierai de retracer brivement dans le cours de cet ouvrage il y avait eu depuis quelques temps un grand nombre de dferlions tant du cot d.s luthriens pie des autres branches rformes de l'Eglise protestante d'Allemagne, pour embrasser la foi catholique romaine, (les dsertions, qui semblaient (pielques personnes n'tre que le commencement d'un retour gnral au papisme, avaient en grande partie bris ce charme (Viiulill'c'rciiliiiic o depuis quelques temps les thologiens de l'universit taient piopses
,

vant professeur Scratchenbach. Comme je me trouvais ce momenl-lun peu indispos, sans doute cause de la bire luthrienne dont j'avais voulu essayer ,1e professeur m'offrit, av-c la plus extrme complaisance, de venir me donner ma leon chez moi dans un petit appartement qui avait vue sur le canal. C'est l que, au jour ci-dessus indiqu, mon professeur, gravement assis en face de moi
,

commena

ainsi

ou, en Entre le prtre et le philosophe d'autres termes entre le champion de l'au, ,

torit de la foi et le dfenseur du libre exercice de la raison, il doit y avoir dans tous
les

Comme ils n'avaient d'autre crainte que des excs en matire de foi la plus faible apparence d'un retour, celte foi, dont leurs anctres avaient pris tant de peine se dpouiller, mme jusqu' la nudit, jeta l'alarme dans leurs rangs; et l'exemple que je promettais de donner d'une conversion dans
gs.
,

temps et sous tous les systmes de croyance un principe de division qui ne peul manquer d'en venir une lutte ouverte et violente, moins que l'Etat ne fasse intervenir la force de son bras en faveur de l'un des deux partis, ou que les deux partis ne s'accordent ou ne s'unissent entre eux par des conventions mutuelles. Or, de ces deux moyens d'tablir la paix religieuse, le premier, c'est--dire l'alliance de l'Eglise et de l'Etat a toujours paru le plus efficace. Le plan suivi parla politique des sages de la Grceet de Home fut de composer avec les superstitions tablies et de les favoriser, et il tait rserv

, ,

183

DEMONSTRATION V ANGELIQUE. MOORE.

l'tat actuel du protestantisme en Allemagne de montrer qu'une coalition entre la

thologie
sible.

et la

philosophie est chose pos-

Les grands philosophes de l'antiquit on soutenu il faut l'avouer avec autant de force qu'il ait pu tre fait, quelque poque que ce soit, et mme par les papistes, que la raison ne devait nullement intervenir dans les affaires de religion. En effet, une soumission aveugle et sans raisonner aux rites religieux qui leur avaient t transmis par leurs pres tait, leurs yeux, un des plus importants et des plus essentiels devoirs de tout bon citoyen. Quand il est question de religion dit Cicron, je ne considre point
,

Celse et Lucien assaillirent, chacun sa manire, la foi chrtienne, que ces philosophes n'taient pas beaucoup prs aussi tolrants l'gard de ce qu'ils regardaient comme une superstiiion nouvelle et jusqu'alors inIls partageaient sans doute sur ce point l'opinion de votre thologien anglais Warburton qui pense que, absurdit pour absurdit, la plusanciennedoit prvaloir comme tant dj en possession. C'tait, toutefois, beaucoup moins de l'hostilit de la philosophie que de son amiti et de son alliance, que l'Eglise chrtienne put avoir se plaindre cette poque , attendu que les efforts faits par quelques-uns des plus savants d'entre les Pres pour enter

connue.

quelle est la doctrine de Zenon , de Clanthe, de Chrysippe, mais ce qu'enseignent sur ce sujet les souverains pontifes Coroncanus, Scipion et Scvola... Pour vous, qui tes philosophe, je consens volontiers apprendre de votre bouche les motifs de ma foi, mais pour nos pres, je les crois aveuglment sans exiger d'eux qu'ils me rendent aucune raison (1).
,

les

croyances du paganisme sur le christianisme avaient contribu plus qu'aucune au-

tre chose altrer la simplicit des vrits de la foi, et envelopper de tnbres plus impntrables encore ce qu'il y avait de mystrieux dans ses dogmes.

En

effet,

offre

celte

les seuls exemples que nous poque d'examen libre et sans

un

s'en faut en effet, que Cicron ft rationaliste, tel que nous l'entendons en
,

Tant

Allemagne, que, tout en reconnaissant que la science des augures n'tait qu'une fiction et une imposture, on le voit nanmoins dnoncer comme dignes des plus svres chtiments tous ceux qui se permettaient de contrarier ou de troubler la foi qu'avaient les
peuples ce

crainte de la crdibilit et de l'vidence historique des preuves de la rvlation se trouvent, comme on devait bien s'j attendre chez les crivains gnostiques, et particulirement, autant qu'on en peut juger d'aprs ce qui nous reste de leurs uvres, et qui n'est que de simples extraits, dans les crits des marcioniles. Les recherches minutieuses faites par ces hrtiques, tant dans l'Ancien

rite (2).

que dans

le

Nouveau Testament, dans

le

mme avec plus de force encore, o un Epicure assistait aux prires (3) par motif de convenance les prtres grecs ou latins n'avaient pas beaucoup craindre de la part des philosophes; aussi les superstitions les plus draisonnables continurent- elles fleurir chacune dans son temps, l'ombre mme du Lyce et de l'Acadmie. Mais malgr toute cette tolrance pour les absurdits qu'ils avaient trouves tablies et que le temps avait consacres, on peut voir par le zle avec lequel Porphyre,
,

tat de choses vait parler de la sorte , ou

Dans un

o Cicron pou-

(1) Cum de religione agitur, T. Coruncanum, P. Scipionem, P. Scaivolam, pontifices maximos, non i Zenonem aut Cleanthcm, aul Ciirysippum se quor.... A (e, philosophe, ralionem accipere debeo rcligionis majorions autem noslris, eiiam nnlla f ralione reddita, credere ( Cic, lib. 111 de Nat. t Deor. ). i IJn antre philosophe paen s'exprime ainsi dans le mme sens Puisque tout est si incertain dans la nature, combien n'est-il pas meilleur et plus convenable de s'attacher la toi de nos anctres, comme au dpt mme de la vrit, de professer les religions que la tradition nous a transmises, et de craindre les dieux que nos pres et mres nous ont appris craindre, QuanlO venerabilius ac melius antisti lem verilatis majorum exciperc disciplinant,

, ; :

dessein de signaler les nombreuses contradictions qu'ils prtendaient y dcouvrir, fournissent peut - tre le premier exemple remarquable dans les annales du christianisme de celte espce d'appel la raison comme arbitre de la foi, qui est le principe fondamental tant du protestantisme, tel qu'il a t introduit au temp.; de la rforme que de ce systme plus vaste et plus tendu appel rationalisme, qui est venu le remplacer. On voit par ce qu'il dit dans son commentaire sur l'histoire de la chute de l'homme, que Dieu a du manquer ou de bont s'il a voulu cette chute, ou de prescience s'il ne l'a pas prvue, ou de puissance s'il, ne l'a pas empche, avec quelle sagacit Alarcion sut apercevoir l'incompatibilit absolue de cet vnement avec tous et chacun des attributs que la vritable pit se plat reconnatre en Dieu. mles Ces lueurs de rationalisme
, , ,

neligiones traditas colre, etc. Fel. ).


(2)

Ccil.

apud Min.

< Nec vero non omni supplicio digni P. Clodius et L. Junius, qui contra auspicia navigaverunt; pa rendu m enim fuit religioni, nec palrius mos repudiandus. ( de Div. ). > '3) Vie d'Epicure par de Romh

imaginasecte de gnostiques n'tait exempte, ne rpandirent que peu de lumires dans l'esprit de ceux qui les avaient conues, et restrent absolument sans effet, comme on le pense bien, pour les orlhodoxes de l'poque, qui se trouvaient pleinement satisfaits de leur propre croyance. A l'exemple de tous les autres hrsiaques, Marcion fut suivi dans ce que son systme renfermait d'absurde, et non dans ce qu'il y avait de bon et de raisonnable et ce fut, d'aprs ce qui arrive ordinairement que c'est l'erreur qui triomphe, ce fut la partie
elles

comme

l'taient,

aux

folles

tions et

aux absurdits dont aucune

185

VOYAGES A LA RECHERCHE D'UNE RELIGION.


,

186

la moins admissible de ses conceptions qui prvalut. L'Eglise aussi fortement retranche dans le cercle de son unit, et s'tant fait une ligne de dfense de presque toutes les lumires et les talents du christianisme,

rangs autour d'elle comme en ordre de bataille, put dfier sans crainte tous les assauts mme de la philosophie, lorsqu'elle vint l'assaillir sous la forme et le nom odieux de l'hrsie.
Ainsi protg contre l'examen de la raila premire priode de son existence, qui fut un temps d'preuves, le christianisme vint enfin tre adopt comme la religion de l'empire, et reut ce titre l'aide et l'appui du bras sculier. Mais en acqurant

son pendant

cision ainsi adopte prit place dans le code de l'orthodoxie chrtienne, et l'on avait toujours une rponse prte pour toutes les objections qu'on y pouvait faire. Par exemple, si le Pre et le Fils, disaient les rationalistes, doivent tre regards comme identiques ou ne faisant qu'un, on peut donc dire qu'un de (a Trinit a t crucifi , qu'un de la Trinit est mort. Point du tout, rpondaient les orthodoxes, quoique le Pre et le Fils ne soient qu'une seule et mme essence dans une identit parfaite, le Fils cependant a pu mourir sans

que

le

Pre mourt!

cette alliance, il ne put que perdre beaucoup de cette union intrieure que le glaive de la perscution, qui frappe du dehors, ne peut manquer de donner aux religions proscrites. De l le schisme , plus dangereux que l'hrsie, parce qu'il sort du sein mme de la religion, et n'en est par cela mme que plus propre lui porter des coups plus terribles. C'est alors seulement qu'il commena se montrer et faire des progrs formidables, lorsque l'Eglise, ayant les rois pour ses pres nourriciers et les reines pour ses nourrices , est monte sur le trne, la mitre sur la tte, comme l'pouse choisie de l'Etat. On vit donc alors surgir dans son sein ces controverses, ces disputes qui, quoiqu'elles eussent rapport aux mystres les plus profonds d'un autre monde, furent dcides par des dbats et des majorits comme les affaires civiles les plus ordinaires de cette vie, et ainsi les discussions d'un concile tumultueux et les votes dune troupe d'vques factieux furent jugs suffisants pour rsoudre des questions telles que celle de savoir si la Trinit devait tre abolie ou conserve, si le Saint-Esprit est une personne ou un simple accident, etc.. Pendant toutes ces luttes, l'Eglise, grce surtout, il faut l'avouer, l'influence des vques de Rome, triompha d'une manire clatante de tous ses ennemis ; et les efforts des schismatiques pour simplifier et rduire une forme rationnelle les articles de foi les plus populaires chourent compltemenl. En vain Arius essaya-t-il de jeter les fondements d'un pur systme de monothisme, en soutenant que le Christ n'tait qu'une simple crature, forme comme toutes les autres par le Dieu crateur de toutes choses. 11 fut dcid contre lui (1) par la grande majorit des vques, dont plusieurs, nous dit-on ne demandrent quelle tait la signification du mot consubstantiel qu'aprs
, ,

vain Nestorius, qui, pour viter le blasphme qu'il lui semblait y avoir appeler Marie la Mre de Dieu, enseigna qu'il y avait deux personnes en Jsus-Christ la personne divine et la personne humaine, se
,

En

permit d'noncer celle proposition si simple qu'tm enfant de deux mois ne pouvait tre un Dieu. On recourut aussi contre lui, comme d'usage, ce mode expdilif de dcision (1), et l'union des deux natures en une seule personne fut ainsi expose sans tre explique Comme en Dieu le Pre, le Fils et le Saint-Esprit sont trois per~ sonnes el ne font qu'un seul Dieu, de mme en Jsus-Christ, la divinit et l'humanit, quoique formant deux natures diffrentes ne sont cependant pas deux personnes , niais bien une seule et unique personne.
et si naturelle
: :

Ce fut avec aussi peu de succs que Macdonius, autre rationaliste, essaya de dcharger le symbole de la foi chrtienne de la divinit personnelle du Saint-Esprit, en soutenan! que les Ecritures n'offraient aucun texte qui pt servir autoriser une pareille opinion. 11 lui fut rpondu que le manque o l'on se trouvait de tmoignages exprs et formels pour appuyer cette doctrine, venait de ce que le Saint-Esprit, qui avait dict les livres sacrs, n'avait pas voulu rvler la part qu'il avait prise lui-mme aux opralions divines dont elles retracent l'histoire,(2).

la plupart des lecteurs, et entra par rapport ces assembles dans des dtails que le lecteur ne peut trouver qu'inutiles et ennuyeux. L'autorit qu'il invoque l'appui de ce qu'il raconte ici des vques de ce concile est l'historien ecclsiastique Socrate, qui ajoute, ce qu'il parait, que dans une explication qui eut lieu aprs la clture du concile, il se passa parmi ceux qui avaient ainsi unanimement vol le dogme de la (onsubs'anlialil une scne de dsordre, telle que l'historien ne peut la comparer qu' un combat dans les tnbres. Le (1) Par un concile tenu Epbse en 431. docteur Prieslley, dont les vues sur ces grands con-

ser

que toute
n'tait

l'affaire eut t juge, que le Fils pas une crature, mais un tre consubstantiel et coternel au Pre (2). La dconcile de Nice, assembl par on 525. (2) Ici j'ai abrg de beaucoup le discours du savaut professeur qui, dans la licence sans frein de sor. rationalisme, se permit de parler de ces anciens conciles sur un ion de lgret qui ne pourrait qu'oflenfi)

ciles assembls pour dfendre le dogme de la Trinit, s'accordaient, comme on le pense bien, avec celles de notre professeur protestant, aprs avoir expos la marche suivie par le concile d'Ephse, dit c C'est
:

Au famaux
,

que le grand dogme de l'union hypostalique des deux natures dans le Christ, ce qui a toujours t depuis la doctrine de ce qu'on de celle manire
factieuse

Constantin
'*

rt

appelle l'Eglise catholique, fut institu. > (2) Telle est la raison donne par saint Epiphane de l'omission du Saint-Esprit dans ce texte de saint Paul ( I Cor.. VIII, (!) U n'y a qu'un Dieu, le Pre, de qui sol toutes choses, cl un seul Seigneur, Jsus-Christ, par qui sont toutes choses. > Onus Deus

*87

DEMONSTRATION LVANGELIQUE. MOORR

188

fioh
tilit

la coutume, un concile fut assembl pour dcider cette question ; et comme l'inu-

aux paroles de

de tous ces appels la raison, qui chouaient toujours ne devait infailliblement servir qu' porter les rationalistes faire de nouvelles questions sur les articles de la foi cette attaque porte contre la divinit du Saint-Esprit n'aboutit comme on devait bien s'y attendre, qu' une dfinition expresse et formelle, du ct des orthodoxes, de sa consubstantialil et de sa divinit. La majorit des vques prsents ce concile tumultueux (1) (le nombre de ceux qui votrent dans le sens de la minorit n'tant que trente-six), convinrent de la dcision maintenant incorpore dans le symbole orthodoxe, que le Saint-Esprit est Seigneur et vivifiant ; qu'il procde du Pre et du Fils, et doit tre ador et glorifi avec le Pre et le Fils, et qu'il a parl par les prophtes. Il y avait longtemps dj, cependant, qu'on avait dcouvert que ie Saint-Esprit procdait du Fils aussi bien que du Pre, mais sans prjudice, disaient ces croyants nigmatiques soit du droit qu'a le Pre d'tre considr comme Pre unique, ou de celui qu'a le Fils d'tre considr comme Fils unique; et voici en quels termes furent enfin formuls la nature et le mode de ce nouveau systme de procession Le SaintEsprit est produit ternellement par le Pre et le Fils, et procde ternellement de l'un et de l'autre, comme d'un principe unique et par une seule procession.
,
, ,

la divine sagesse, et o l'ignorance passait pour une qualit essentielle tout bon chrtien (1). Cependant, au milieu de ces tnbres, il apparaissait de temps en temps quelques lueurs crpusculaires qui annonaient rapproche, quoique tardive, d'une re plus intellectuelle. Enfin, dans le quatorzime sicle, la nuit des ges commena peu peu se dissiper, et, avec la renaissance des lettres, on vit apparatre comme l'aurore de la raison; la pense et la science commencrent prendre du dveloppement et il fut facile de prvoir que la superstition ne soutiendrait pas longtemps l'clat des lumires qu'elles
,

allaient rpandre.
En effet, l'important changement qui ne tarda pas se manifester dans le ton du sentiment religieux en Europe, montra suffisamment combien l'esprit du christianisme peut tre altr ou modifi par l'tat plus ou moins clair des esprits qui le reoivent. L'hostilit que firent ouvertement paratre le Dante et Ptrarque contre le sige de Rome n'tait qu'un avant-coureur de ce que devait produire en se dveloppant da,

Durant les sicles de tnbres et d'ignorance qui suivirent l'poque dont je viens de parler, l'Eglise fut assez heureuse pour se conserver en paisible possession de tout le monde chrtien. Le petit nombre de prtendants la science, qui, de temps en temps, usurprent le nom de philosophes, taient presque tous de l'ordre ecclsiastique c'est pourquoi ils se faisaient un devoir de consacrer toutes les ressources de leur esprit chicaneur et de leur misrable science la dfense d'une superstition qui les faisait vivre et prosprer, et dont leur science tette
; ,

vantage la soif de savoir. Dans l'enceinte mme de l'Eglise, l'esprit d'examen commena faire du bruit et s'agiter, et nous voyons, entre autres exemples, un moine de l'ordre des dominicains, Savonarola, devancer si fort l're glorieuse qui tait sur le point de commencer, qu'il ose accoupler ensemble les mots de rforme et d'Eglise (2), et soutenir, contre les prdicateurs des mystres, la ralionabilit

qu'elle

la fois la mre et la nourrice. La religion avait donc bien peu craindre des lumires de la raison, dans ces
tait,

tait

du christianisme. Malgr ces lueurs d'une re plus pure de la thologie, lueurs qui furent rcompenses, comme cela arriva pour Savonarola ceux par le supplice de la corde et du feu qui, cette poque, s'aventurrent attaquer le pape, taient, il faut l'avouer, plutt des fanatiques que des rformateurs; et ce ne fut qu' l'insurrection si mmorable de Luther qu'il fut mis en principe pour la premire fois, dans toute l'histoire des symboles, que la religion doit tre soumise la juridiction de la raison, et que le jugement indi,
,

temps o la grammaire mme tait regarde comme imposant des entraves trop profanes
Pater ex quo omnia et nos in illiim; et iinus Dominus, Jsus Chrislus, per queni omnia, et nos per ipsum.
(1) Dans le concile assembl p.ir Thodose Cnslaniinople, en 581. Ici encore je nie suis permis de

viduel doit tre le seul juge et le seul guide de la foi. A partir de ce moment, le triomphe quoique de la raison sur la superstition encore loign, tait certain. L'introduction mme de ce principe dans la thologie chrtienne ouvrit tout d'abord le sanctuaire l'il scrutateur de la philosophie, et conduisit par une marche naturelle et invitable , qu'il entrera dans mon plan de suivre dans
,

supprimer une partie considrable du discours du professeur. Parmi les autorits qu'il cite l'appui du
caractre qu'il attribu celle assemble,
saint Grgoire de Nazianze qui,

se

trouve

dans un de ses pomes, dit que le grand objet qu'avaient en vue les nieinbies de celte assemble tait de se procurer des
vchs.
Ils se eombalirent, dit le saint, se jetrent dans lesebisine, et divisrent tout l'univers, pour avoir des Iiik s. i Saint Grgoire ajoute en outre que la rinii n'tait qu'un prtexte pour autoriser leurs discussions, la vritable cause n''/i autre qu'un incroyable esprit de haine. Ki jv,<c.f<*s ( Tfwtj SVxt t

prochaines, cet tat clair et philosophique de croyance religieuse qui, comme vous le verrez, rgne prsentement chez la plupart des protestants clairs de l'Allemagne moderne.
les leons

(t)II

tait pass

Quanio
t

en proverbe celte poque que melior grammalicus, tanto pejor tbeotrait


<

loaus.
(2)

Savonarola crivit un
>

Dlia

riforma-

zione dlia Cbiesa.

De

la

rforme de

l'Eglise.

?'r/>ex 'x*'f t!0-rv.

iS l

V0Y.1CES A LA RECHERCHE D'UNE RELIGION.

100

CHAPITRE XL
Rflexions sur la leon du professeur. // commence une seconde leon. Luther. Son aptitude l'office de rformateur.

Il serait difficile de peindre l'tat d'tonneinent et, en mme temps, de consternation profonde dans lequel me jetrent l'enchanement et la tendance de ce singulier discours, malgr la ncessit o me mettait le sentiment des convenances et de la bonne duca-

comprimer l'essor de ma pense. Ce discours, qu'on s'en souvienne bien, m'tait adress par un homme qui n'tait pas seulement un professeur de thologie protestante, mais de plus un ministre, comme je viens de rapprendre, de l'Eglise de Hanovre; La disposition naturelle de mon esprit tait, ainsi que je l'ai dj dit, sincrement et profondment religieuse, et jusqu' ce moment, malgr l'a tirait particulier que j'avais pour l'lude de ces sorlcs de questions, je n'tais que peu familiaris avec les ouvrages des crivains incrdules car dans le peu d'occasions que j'avais eues de puiser la source glace du scepticisme, je m'tais plutt senti repouss qu'attir y puiser plus avant. Le ton de mpris avec lequel je savais que la plupart des protestants de tous les pays et de toutes les sectes se croient en droit de parler de celle illustre chane de Pres et de conciles, qui dans le cours des premiers sicles, s'levrent comme autant de forteresses sur les bords du christianisme, mesure que ce fleuve divin commenait se rpandre de plus en plus dans le monde m'expliquait assez pourquoi le professeur traitait de cette sorte la sagesse divinement inspire de ces premires lumires de la vrit. Ce ne fut qu'au moment o je l'entendis lever des doutes, et mme plus que des doutes, sur l'action immdiate de Dieu dans la promulgation de l'Evangile (1), et chercher
tion, de
!

rabaisser celte mission spciale du Sauveur au niveau de ces manifestations journalires de misricordeet de bonl qui toutes partent galement quoique mdialement de ses divines mains, ce ne fut dis-je, qu' ce moment de surprise et d'tonnement dont je fus frapp en le voyant parvenu un degr si avanc de scepticisme, que je connus enfin dans quelle direction mon guide protestant voulait me mener, et que je m'aperus que nous tions dj sur la voie large qui conduit au dsert aride de l'incrdulit. J'eus cependant peu de temps pour rflchir sur ce que je venais d'entendre, car l'infatigable Scratchcnbach poursuivant avec ardeur l'uvre qu'il avait entreprise se prsenta chez moi le lendemain de grand matin pour me donner une seconde leon. Reprenant donc son sujet au point o nous l'avions interrompu, il continua ainsi On peut dire que Luther tait sous beaucoup de rapports, minemment propre la grande uvre de destruction qu'O se sentait appel accomplir. Intrpide vain entt et vhment, dliant sans crainte toutes les attaques de ses ennemis, cl facilement exalt par les acclamations de ses amis; avec des passions toujours promptes lui suggrer des rsolutions hardies, et une persvrance toute preuve pour les excuter, la faiblesse mme et les excs de son caractre contriburent autant ses succs que

, , ;

(I)
il

Le

passage de

la

leon du

professeur auquel

allusion se trouve dans la partir de son discours <|ue les raisons dj met. lionne s m'ont fait omettre. En parlant des Ages de tnbres, il avait
est
Ici fait

les meilleures qualits. La licence effrne de ses discours donnait, aux yeux du vulgaire, une force et une vigueur son action publique, en comparaison de laquelle lout paraissait faible et contre laquelle tout homme qui tait retenu, le moins du monde, par le sentiment des convenances, ne pouvait esprer de lutler avec tant soit peu d'avantage. De mme, si la nature de son tempramment n'avait t, par rapporta l'autre sexe, telle qu'il le dit lui-mme avec si peu de rserve (1), il lui aurait manqu entre autres une de ces impulsions fortes et irrsistibles qui, en dpit de toute dcence, le
,

bien difficile pour ceux qui regardant le christianisme comme une religion venue, directement du ciel d'expliquer pourquoi celle science rvle a-t-elle, l'pique dont il s'agit, partag la desii e de toutes les sciences ordinaires et profanes; pourquoi, ainsi (pie la philosophie, l posie, et, en lin moi, toutes les sciences humaines, a-l-elle subi
dit
:

II

serait

une clipse aussi terrestre ei aussi tnbreuse qu'aucune de celle- qui; l'ignorance et la superstition aient jamais conspire faire subir au genre lu in? Qu'une lumire qui venait de Dieu d'une manire si immdiate ail, quelques sicles seulement aprs son introducliun dan le inonde, non-seolemcnl. manqu prvenu les tnbres qui ds lors dtourner ci tombrent sur tous les autres genres de sciences niais qu'elle se soil change elle-mme par la fraude et l crdulit; nde tnbres aussi paisses que relaient celles o tait plonge la dernire et la plus obscure des sunertiliohs qui l'avaient prcde,, c'est l une supposition trop monstrueuse, trop inconciliable ace toutes les ides que nous avons del puissance divine, pour entier dans l'esprit de tout hoihine qui ne se rend pas volontairement aveugle. t Un systme de fui, quelque] moral et excellent
'
,

prcipitrent dans sa carrire. En effet, aucun des hommes clbres que cette crise suscita n'aurait pu accomplir ce que l'on peut appeler l'uvre rude de la rforme, la partie rvolutionnaire de ce grand changement, avec autant d'habilet, de persvrance et de succs. Mlanchton aurait paru aux audacieux beaucoup trop indcis

qu'il soil le

en cours de

lui
la

mmo, mais qui suit si naturellement faiblesse et de l'inconstance humaine


;

qui,

une poque d'ignorance, prend la couleur obscure el grossire du temps, et dans un sicle do progrs et de civilisation suit la marche des vneinrnis et prend aussi sa part de lumires, ne peut assurment avoir aucun droit de prtendre ces marques d'origine cleste, cette immuable et constante perfection, cette entire conformit, de dossein et
(

d'excution qui caractrise ibut ce qui porte l'impression immdiate de la main de Dieu. > virions situm ut vir nui (1) II non est in mois tain non est moi juris ut ali-que niuliore Sun siiii, (Coloj'. mena.). Voirez tis'si son urniion sur le hi.
rn'iji.


491
et

DEMONSTRATION EVANGELUJUE. MOORE.


;

192

consciencieux
;

Carlosladt tait d'un ca-

'

beaucoup trop niveleur et fanatique pour les timides tandis que Zwingle aurait suivi un plan de rforme trop philosophique et trop port simplifier pour le plus grand nombre. Enfin, le respect mme avec lequel Luther eut soin de conserver plusieurs des
ractre

erreurs de l'ancienne
faible qu'il tait, servit
liter

foi,

ce

moyen

tout
faci-

puissamment

son bui gnral; parce qu'alors la tranaux nouvelles dt paratre moins violente et en mme temps que l'on accordait beaucoup aux amateurs de la nouveaut pour satisfaire leur soif de progrs, on conservait aussi beaucoup de choses sur lesquelles les partisans de l'antiquit pussent reporter leurs regards. II ne serait pas juste de ne point faire entrer dans rnumration des diverses qualits qu'il possdait pour une semblable mission, son caractre priv comme compagnon de table, qui ne fut certainement pas la moindre populaire des qualits qui lui donnrent tant d'influence. Les habitudes raffines et solitaires d'un chef tel que Mlanchton n'auraient prsent rien d'assez saillant l'enthousiasme public, tandis que la svrit pre et arbitraire de Calvin , comme hrsiarque, el rpandu autour de la rforme naissante un air de rigueur qui n'a'urait pas t propre attirer beaucoup de partisans auprs de son berceau. Au contraire, les habitudes sociales de Luther sa jovialil, son amour pour la musique, les anecdotes qu'il savait si bien rpandre flots autour de sa coupe de deux pintes (1) , ses bons mots, ses parodies, etc. (2), tout tendait la fois divertir et intresser le public, et, en le rabaissant au niveau de la vie journalire d'un chacun, tablissait une sorte de fraternit entre lui et les derniers de ses parsition des anciennes doctrines
; ,

tisans.

Teltail, incontestablement, l'assemblage des qualits la fois convenables et puissantes que Luther apporta l'uvre d'attaque et de dmolition qui forme ordinairement le premier degr de toute rforme radicale, soit dans la foi, soit en philosophie ou en politique. Maintenant il nous faut considrer son caractre sous un point de vue beaucoup plus relev et plus dlicat; et, aprs lui avoir accord tous les loges qu'il mrite comme attaquant un vieux systme de foi, examinons quels titres il peut avoir aux mmes loges comme l'aptre et le fondateur d'un nouveau systme. Ici, dans mon opinion, doit cesser tout loge du caractre de Luther comme rformateur. Il est impossible d'exprimer trop fortement la reconnaissance que lui doivent tous les partisans de la libert religieuse pour avoir trouv le premier le moyen d'introduire dans la thologie le grand principe qui est la base de la rforme, savoir, la sanction du droit qu'a chaque individu d'interprter les Ecritures selon son propre jugement. Ceux aussi qui cherchent ce qu'il y a de rationnel en toutes choses, dans la foi comme dans tout le resle, ne peuvent se montrer assez reconnaissants envers Luther et ses associs, du service quil a rendu la religion elle-mme, en lui donnant la raison pour fondement. Mais c'est l, l'introduction de ce grand et fcond principe, principequi porte en lui-mme le germe des consquences qui en devaient rsulter pour le christianisme, et que ses premiers propagateurs n'avaient point prvues, que se bornent tous les services rendus par Luther la cause de la vrit et du rationalisme. Sa propre conduite, ses ides de tolrance, son penchant pour les controverses, en un mot toute la tendance de sa croyance et de ses actions, prirent, comme nous le verrons, une direction diamtralement oppose.

Aujourd'hui mme, sa rputation


plaisir et de

comme

amateur de

bonne chre, qui a

CHAPITRE XLI.
Suite de la leon. Doctrine de Luther. Consuhstanliation. Justification par la foi seule. Asservissement de la volont. Ubiquit du corps de Jsus-Christ.

survcu, chose trange, presque tous ses enseignements thologiques, continue encore assaisonner quelques-unes de nos chansons de tables les plus populaires. Ainsi par exemple :
D'riim stosset an singel dann, V/as Martin Luther s|>richt : [chur) Wer nicht lient wein, weib und gesang Der bleibt ein narr sein lebenlang, Und narren sind wir nicht.

Und

mon opinion sur la poLuther conserver quelques-unes des absurdits les moins grossires du papisme (1), comme moyen d'adoucir ce qu'il y avait de trop abrupt dans un change

J'ai

dj dclar

litique qui a port

Buvons et chantons ce que disait Martin T.ulher Celui qui n'aime pas le vin, les femmes et la musique, resle fou toute sa vie, et nous ne sommes pas des fous.
:

ment aussi radical si toutefois noire rformateur se ft born cette lgre transaction avec les prjugs, on pourrait encore le jus;

Le fameux gobelet que cet aptre du proleslanisme appelait sa coupe calchislique , s cl qu'il se vantail de pouvoir avaler d'un seul trait. Voyez
(1)
les Colloq.

gnages
suffirait

mens. S'il tait besoin d'au 1res tmoipour prouver l'authenticit <le ce livre, il de dire que Jort'm, dans sa Vie d'Erasme,

raison bien valable de la ncessit il a nous rendre compte d'un hommage bien plus grossier et en mme temps bien plus gratuit rendu par lui l'absurdit. Car, malgr le libre exercice de cette
tifier

par

la

du moment; mais

le cite toujours

comme authentique.

des parodies du rformateur d'un ordre plus relev, il en trouvera un exemple dans l'appendix la Vie de Luther par Bower; mais ^js exploits les plus laineux en ce genre se irou vent dans les Propos de table, dans Dayle, etc.

(2) Si le lecteur dsire connatre

Leprofesseur fait ici allusion diverses prapar Luther telles que les exorcismes dans le baplme, la confession auriculaire, avant de s'approcher de la table du Seigneur le signe de la croix la dcoration des glises avec t'es nuages et autres observances papistes du mac genre qu'on laissa subsister dans le luthranisme.
(I)

tiques conserves

193

VOYAGES A LA RECHERCHE D'UNE RELIGION.

iU

draison dont il se montrait un si ardent toute fenseur, non-seulement il adopta, dans la son tendue, la vieille croyance papiste de

enprsence relle dans l'eucharistie, mais manire core, en prtendant expliquer d'une il plus orthodoxe le mode de cette prsence, nigme introduisit de son propre chef une nouvelle et encore plus monstrueuse pour trouve tre suhslilue au mystre qu'il avait substitout prt tabli voulant ainsi, par la
, ;

par bonheur, il eut aussi peu connu les Pres que les connaissaient, au bout de tout, ses collgues Zwinglc (1) et Calvin, on aurait peut-tre pargn au monde l'exemple humiliant des usages auxquels un si vigoureux champion des droits de la raison pouvait appliquer cette facult, une fois laisse son
libre exercice.
Le vritable secret de la conduite de Lulher dans sa manire d'envisager ce dogme mystrieux parat tre que, ne pouvant, mal-

tution

d'une

velle vie et

particule, donner une nouune nouvelle forme cette vn-

fleuri rable absurdit qui avait si longtemps du monosyllabe tram. sous les auspices

Qu'il

lt

de bonne

foi

en adoptant

la

doctrine de la prsence relle, c'est ce que prouve le rcit qu'il a fait lui-mme des comIl bats qu'il a eu essuyer sur ce sujet (1). alors, nous le savons, que de terne Taisait miner son tude des Pres de la primitive
Eglise, et,

gr tous ses efforts, se dbarrasser d'une doctrine de la primitive Eglise si fortement appuye sur des tmoignages irrcusables, il voulut du moins, tout en conservant ce mystre, avoir l'honneur de le proposer sous une forme nouvelle, de manire distinguer, par quelque modification son dogme de celui des papistes, et entretenir ainsi entre les deux religions l'esprit de schisme toujours
vivant. L'est pourquoi, tout en s cartant, comme il le devait bien savoir, de la doctrine des Pres qui, toutes les fois qu'ils veulent parler clairement sur ce sujet, s'expriment toujours de manire faire entendre que la substance primitive des lments est change en celle du corps de Jsus-Christ, il eut le front d'introduire dans son Eglise cette hybride conception de son cerveau, demi pa laquelle il et demi luthrienne donna le nom de consubstanlialion ; doctrine invente, videmment, non pas tant pour et qui, tre crue que pour tre discute
piste
, ,

considrer leur autorit comme suprieure a forte et vicelle mme des sens, la preuve

accoutum, comme

il

l'tait,

dente qu'il ne pouvait manquer de trouver excepter d'ans leurs crits que tous, sans en un seul, ils croyaient ce miracle, tait son esprit encore subjugu, une dmonstration suffisante de la vrit de ce mvstre (2). Si
(I)

La sincrit de
:

relle est fortement

ration Rucer eucharistie causa , dis sur l'important sujet le l'eucharistie , je le dis du fond du cur. Il a aussi dclar qu'il aimerait mieux retenir avec les Romains le corps elle sang seulement

de Luther In prsence sa propre dclai Quicquid dico in liac summa ex corde dico. t Tout ce iju je
la

foi

marque dans

que d'adopter avec


le

les Suisses le pain et le vin sans corps ci le sang de Jsus-Christ rellement prsents. Malle cum Romanis lanlum corpus cl san-

guinem relincre,
'

quam cum
,

llelvetiis

panem

et
j

aprs avoir, pendant un temps, abondamment servi ce dessein, est maintenant tombe dans l'oubli, laissant le mystre qu'elle tait appele supplanter, en pleine possession de la place qu'elle voulait lui ravir (2).
la

vin uni sine (physico) corpore et sanguine Chrisii.

Nous avons en effet de la plume mme de Lulher, dans son sermon quod verba slent un expos trscxacl tant de la vrit de l'ancienne doctrine de la prsence relle que de la futilit des ohjeclions que les autres rformateurs ses confrres levaient contre ce mystre. Il soutient que t'es paroles de noire Sauveur doivent ire prises simplement et littralement; et, comme pour prvenir les funestes consquences qui oui dcoul de l'abus fait par les sociniens de l'inil signale le grand danger qu'il terprtation ligure y a admettre ce moded'inlerprtalion de l'Ecriture, et souffrir pie les mystres de notre salut se trou,

volont humaine
la

il

ne se

faisait point

de scrupule
'

de

rejeter

Voyez sa rponse Erasme , de Serv.


(

Arb.

t. II).

Lorsqu'on invoquait le tmoignage des Pres contre quelques-unes de ses opinions hrtiques , Zwingle avouait qu'il n'avait point le loisir de con(I)

sulter ces crivains; et comme le fameux maillet des hrtiques , Faber le pressait vivement en se servant

contre Alqui
cebit
,

lui

de

l'autorit

des Pres,

il

lui

rpondit

vel

annum lolum dispulando consumer e

li-

vent ainsi changs en de simples ligures. Il veut que nous recevions ce mystre avec la mme soumission que nous apportons la rception des auires mystres de la foi , sans nous meure en peine des ohjeclions qu'on peut tirer de la raison ou de la nature, mais en bornant simplement nos penses JsusChrist et sa parole. Quant ce qu'on objecte , comment un corps peut-il tre en tant de lieux la fois; comment un corps humain tout entier peut il tre contenu dans un si petit espace; il oppose ces
difliculis ces questions

non moins

difficiles

Com-

ment Dieu
i

peut-il conserver son unit dans une tride personnes? Comment a-t-il pu revtir son Fils de chair humaine? Comment a-t-il pu le faire natre d'une vierge ? C'est absolument de celte mme manire <|ue raisonnaient les Pres; el des gens qui croient la Trinit auraient bien mauvaise grce nier la force d'un raisonnement si conforme au leur. Cependant lorsque l'autorit de ces saints (-2) personnages ne s'accordait pas avec ses ides cumnic dans sa doctrine favorite de la servitude de
ni t
,

priusqvam vel unicus fidei articulus conciliuri Tant ces novateurs taient presss de changer et tant ils souftoute l'conomie du christianisme fraient avec peine qu'on les rappelt ses premiers ses plus purs docteurs cl , par consquent (2) C'est un hommage clatant rendu la vrit que les de la doctrine catholique de l'eucharistie en s'en cartant , trois classes de rformateurs qui ne s'accordent pas entre elles , ne fassent dans toutes les objections et les arguments qu'elles apportent les unes contre les autres , que fournir et mettre entre les mains des catholiques des armes contre elles. Ainsi Luther tait accus par Calvin de faire violence aux paroles de notre Sauveur qui ne dit Mon corps est dans ou avec ce pain; mais bien pas Ceci est mon corps, s Vous devez dtyic , disait Cal vin , n'admettre avec moi aucune espce de prsence relle , on bien admettre avec les papistes le do^me del transubstantialion. D'un autre ct , les In th riens accusaient avec autant de vrit Calvin et Zwinglc de donner un sens forc aux paroles de notre Sauveur qui no dii point Ceci est la figurp. ou I<3 signe de mon corps; niais bien: Ceci est mon corps.
possit.
, , !
,

195

DMONSTRATION KVANGELIQUE. MOQUE.


Quoique trs-propre, raison du carac-

196

tre particulier de son esprit et de son temprament , remplir la mission de dissiper,

sans misricorde, les erreurs et les prjugs


accrdits, on ne saurait avoir une preuve plus vidente de son incapacit fonder un systme original et de sa propre invention, que ce fait public et incontestable, savoir, que de tous les points de doctrine qu'il a introduits, en qualit de rformateur, il n'en est pas un seul qui ait survcu jusqu' ce jour parmi les protestants dont la secte porte son nom. Sous ce rapport , comme sous beaucoup d'autres, il n'a fait que partager le sort de tous ces premiers hrsiarques dont les divers systmes, parce qu'ils furent prives de cette autorit et de cet appui que l'Eglise

de ses disciples, Agrippa, rejetait entirement les obligations de la loi divine, et considrait le prcepte de faire des bonnes uvres comme un commandement judaque et non chrtien. Cette doctrine je ne crois pas avoir besoin de vous le rappeler, fut ressuscile en Angleterre (1) par quelques fanatiques du dix-septime sicle et se vante ce qu'il parat de compter encore, aujourd hui mme, un grand nombre de partisans dans de sorte que c'est en effet ce pays (2) dans les dangereuses extravagances de l'an, , , ,
;

tinomianisme (3) et du solifi.lianisme qu'il maintenant chercher les seuls vesnous restent de ce dogme si prconis, qui servait de fondement l'diflce religieux du rformateur saxon (k).
faut aller tiges qui
ncessaires au salul devint , aprs la mort de Luther un de ces points de conlrover.-e qui furent agites parmi ses disciples avec tant d'acharnement et d'intolrance. Pour avoir simplement soutenu l'affinnaiive dans cette dispule le luthrien Horneius lut daonc comme papisie majorisie , anabaptiste, etc., etc., et svrement condamn par les trois universits de Wiliemberg de lna et de Leipsick. ces ah(1) Comme chantillon des opinions de liuouiiens anglais je n'ai besoin que de ciler les paroles mmes de leur grand champion le docteur Tobie Crisp, mort en lGi2 Souffrez que .je vous parle librement et que je vous dise que le Seigneur un rien reprocher davantage un lu, quand mme
taient
, ,
,

de

Rome

seule fut toujours en tat de prter

une doctrine, ne survcurent que peu de temps ieurs auteurs, ne laissant gure leurs disciples que le nom de chacun de leurs
inventeurs.

Que
posa

dis-je? la doctrine
le

comme

mme que Luther fondement de sa rforme reli-

gieuse, la doctrine de la justification par la foi sans les uvres, et qui n'tait, au fond, qu'une vieille imagination des gnostiques depuis longtemps anantie, qu'il avait voulu ressusciter, tomba dans le discrdit, mme de son vivant, cause des dangereuses consquences que ses disciples en dduisirent (1)
, ;

et

en en combattant, comme il fut quelquefois contraint de le faire, les consquences les plus videntes , il ne faisait que passer condamnation sur son principe si vant. Ainsi, par exemple, s'lant avanc jusqu'
profrer l'extravagant paradoxe que les uvres de l'homme, quoique bonnes en apparence, et mme probablement bonnes, n'en taient pas moins des pchs mortels, (2) Amsdorf (3) se crut son disciple favori autoris faire un pas de plus, et soutenir que les bonnes uvres taient mme un obstacle au salut (h); tandis qu'un autre
, ,

il

serait plong

dans toutes

les

profondeurs de

l'ini-

quii el dans tes dentiers excs de la dbuuche, et qu'il commettrait toutes les abominations qui peuvent se

Alors Zwingle, son tour, taxait les luthriens d'jm prudence d'accorder ique le met (conserve sa signifiraiion naturelle parce que s'il eu est ainsi disait Zwingle, les partisans du pape ont raison, et la croyance que le pain est chang au corps de JsusChrist en est une consquence ncessaire. Fiai acquit quin pnms substantiel in idipsam carnis subslanlium convertatur. > (de Cna). Yoyex aussi sa rponse liellicanus. (I) Les consquences immdiates. et pratiques de celle doctrine sont ainsi traces par un des propres Martin Bucer disciples de Luther La majeure partie du peuple ne semble avoir embrass l'vangile que pour secouer le joug de la disciplin et l'obliqui etc. gation du jene; de la p.iitence etc. pesait sur elle au temps du papisme , et pour vivre bon plaisir, en se livrant sans contrle ses s m passions et ses apptits drgls. C'est pour cela qu'ils prtent une oreille attentive la doctrine de la justification par la foi seule et non par les lionnes uvres; pour lesquelles ils n'ont point de got (De
; , , ,
,

regii. Clir. ).

>2) Prop. Ueidls. an. 1518. Luther prit (5) Quoiqu'il ne fui que simple prtre sur bu , dans la licence effrne de son libre arbitre, de faire cet Amsdorf evque. (4) La question de savoir si les bonnes uvres
,

commettre. Je dis de plus que, lors mme qu'un lu mnerait une pareille conduite , le Seigneur n'aurail rien de plus lui reprocher , qu'il n'a re piochera celui qui a la foi oui, Dieu na rien de plus reprocher un tel homme qu'il n'a reproi cher un saint triomphant dans la gloire. > (2) 11 est dit dans les sermons publis par les excuteurs testamentaires du docteur Crisp, qui fut un des fondateurs de ranliiiomianisine en Angleterre , que le Christ tait rellement le pch mme. Celle doctrine est appuye sur ce texte de saint Paul t Emu.... pro indus peccatum feeit. (5) La plupart des secies fanatiques d'Angleterre ont, diverses poques de leur carrire, adopt ceue doctrine de Luther. Ainsi c'tait un des dogmes favoris de Whitlield que < nous sommes justifies par un simple acte de foi . sans aucun gard pour les uvres passes, prsentes ou venir, t On voit jusqu' quels excs les mthodistes Wesleyens ont pouss cette doctrine commode , par ce qu'en rapporte Flelchcrr, digne disciple de Wesley Je les ai, dit-il, entendus crier contre la lgalit de leurs curs corrompus qui, disaient-ils , leur suggraient encore de faire quelque chose pour leur salut. > Le mme crivain reprsente quelques-uns de ces fanatiques comme faisant profession de croire que l'adultre mme et le meurtre ne peuvent nuire aux enfants chris de Dieu (les lus) , qu'ils ne peuvent , au contraire, que servir leur bien. Dieu ne voit pas de pch dans ceux qui oui la foi quela que soient les pchs qu'ils aient pu commettre. Mes |)chs peuvent dplaire Dieu , imiis ma personne agrable. Quand mme j'aurais dlui est toujours pass le nombre des crimes de Mail .sss, je n'en serais pas moins un enfant agrable Dieu , parce, que Dieu me voit toujours en Jsus-Christ (Fletcher ,'i
: : : ,

attaques contre l'anlmont.).


(4)

>

La seeie des luthriens qui parat avoir suivi plus fidlement et plus constamment la doctrine de
son chef sur ce point est celle des premiers

hem-

197
11

VOYAGES A
ne faut pas omettre
ici
,

LA.

RECHERCHE DUNE RELIGION.

I!)S

par rapport

cette doctrine, de signaler

comme une preuve

sans rplique de l'incapacit absolue o tait Luther d'tre le fondateur d'un systme de morale ou de religion, son audacieuse interpolation du mot seule dans un verset de l'Epi tre de saint Paul aux Romains (111, 28), dans le hutde se procurer, par celte fraude, quelque sanction sa doctrine de la justification en faisant dire saint Paul que:
,

il fut forc, sur ce point encore de cder aux conseils plus sages de ses amis, et consentit, lors de la rdaction de la Confession d'Augsbourg, y insrer un article dans lequel la libert de la volont humaine est admise un si haut degr que plusieurs ont pens qu'il bordait de prs le smi-plagianisme.
,

L'homme est justifi par la foi seule (1). Un autre article de son symbole rform,
dont Luther ne s'enorgueillissait pas avec moins d'ostentation, quoiqu'il l'et encore puis dans le gnosticisme, cette source principale de la plupart de ses dogmes , c'tait la servitude absolue et la nullit de la volont ses humaine doctrine si bien fonde propres yeux, sur la vrit chrtienne, qu'il se montrait prt la dfendre contre toutes les Eglises et contre tous les Pres. Malgr cette fanfaronnade, cependant, etl'audacieux excs auquel il osa pousser son paradoxe, mme jusqu'au blasphme , en faisant la divinit auteur du pch de l'homme (2),
; ,

Dans celle doctrine sur la volont humaine comme dans toutes les autres dont il fut l'auteur, les disciples nominaux de Luther suivirent une marche tout faitdiff,

hullenrs , ou moraves , dont le fondalem , le comte de Z nzendorf soutenait , errtre autres maximes , n'est rien requis de plus pour le salut et pour Qu'il devenir jamais une me favorite de notre Sauveur, que de croire qu'un autre a pay pour nous, qu'il a travaill, suc et a i tortur pour nous ( Maximes du eomte de Zinzendorf, ouvrage revu et corrig par
,

le

comte lui-mme
(1)

).

Staphylers, Euiser et autres relevrent encore plusieurs autres altrations (ailes par lui au texie du Nouveau Testament, et dans le mme luit. dans le 'sixime verset de l'Eplre de saint Ainsi il omit le mot uvre aprs l'piPaul Philmon quoique ce mol se trouvai, ainsi que thle tonne dans la laineuse dition de l'affirment ces critiques Complote ainsi que dans les anciennes ditions latines de Robert Etienne. livre de servo arbitrio Luther d(2) Dans son clare expressment que Dieu fait le mal en nous que la perfection de la foicon tout comme le bien < sisle croire que Dieu est ju^te quoique par sa propre volont il nous rende ncessairement dignes de la damnation le manire paratre se compi. nie dans les tourments des malheureux. Nous avons dj montr dans les chapitres prcdents, qu'une ds-grande partie des doctrines du emprunte aux coles protestantisme avaient t monstrueuses de Simon h; Magie-ien et des gnosiic'est galement de celle source respectable ques que vient aussi celte doctrine commune Luther et Calvin , qui lait Dieu auteur du pcli cl de la ruine de homme, qu'il aurait positivement voulue. i Simon le Magicien, croyait, dit Vincent de Lrins, que Dieu lan la cause de tout pch et de toute mchancet, parce qu'il avait de ses propres mains cr l'homme avec une nature telle que de son propre mouvement el par l'impulsion d'une volont esclave de la ncessit, il n'est capable que de pcher et ne veut faire autre chose que le pch {comment. c. 34). Comparez celte doctrine celle de Calvin
,

rente de celle de leur matre, tellement que,, du temps de Bayle, comme nous l'apprend cet crivain les luthriens taient depuis longtemps dj sur les bords du melinisme. Bayle ajoute encore, dans une sorte d'esprit prophtique, les paroles suivantes qui sont fort remarquables Si les luthriens continuent par la suite s'loigner ainsi des dogmes de leurs anctres (1) il viendra un temps o ils chercheront vainement leurs doctrines dans la confession d'Augsbourg; et alors ils feront peut-tre ce qu'ont fait les moines par rapport la rgle qu'ils ont reue de leurs fondateurs je veux dire qu'ils remettront toutes choses sur leur ancien pied (2). Il faut avouer que l'tat actuel du protestantisme en Allemagne joint aux dsertions qui chaque jour diminuent ses rangs pour grossir ceux du catholicisme, ne confirme que trop fortement^ la sagacit des prvisions de cet habile philosophe. Le mme sort, peu prs, qui tait destin aux autres doctrines de Luther, tait galement rserve son dogme trange do l'ubiquit du corps de Jsus-Christ. Partant de ce principe, que la nature divine du Christ tant partout prsente, il en doit tre galement de mme de la nature humaine qui lui est hypostatiquement unie, il en dduit celte conclusion monstrueuse, que le corps de Jsus-Christ est partout; et c'est ainsi qu'il cherche expliquer sa prsence relle dans l'eucharistie en rponse Zwingle qui prtendait que Dieu lui-mme ne pouvait faire que le corps de Jsus-Christ ft en plusieurs lieux la fois.
,
: ,

Quoique Adam se soil lui-mme perdu que voici nous devons cependant atavec toute sa postrit tribuer la corruption et le pch un secret jugement de Dieu (Calvin., llespons. adcalumn. Nebul. ad art. I).i Voici un autre exemple tir un calviniste du dixseptime sicle, S/.y<' ovms. t Je reconnais moimme que, d'aprs la nanire ordinaire de penser , < Dieu peut commander le il semble trop dur ddire
: , (

parjure; le blasphme, le mensonge, etc., etc., > et qu'il peut aussi commander qu'on ne l'adore pas qu'on ne l'aime pas qu'on ne l'honore pas, etc., etc. Tout cela cependant est trs-vrai en soi. (Vindici quasi. aliq.,e\c). Un des thologiens de Dordreeht, Maeovius,prolesseurde thologie Franeker, soutint, en termes plus exprs encore, que i Dieu ne veut nullement le salut de ions les hommes, qu'il veut le pch, et qu'il destine les hommes au pch, en tant que pch. (1) Non seulement ils abandonnrent la doctrine de leur Ion da leur sur ce point, mais ils portrent encore avec eux dans la dernire phase qu'ils firent subir leur opinion le mme es prit d' in tolra ne qu'ils avaient manifest dans leur premier systme. < Depuis lois, dit Gilbert les luthriens se sonl jets si loi. dnient et si imptueusement dans le semi-plagianisme, qu'ils ne veulent plus ni tolrer ceux qui ne pensent pas comme eux, ni mme demeurer en communion avec eux (Exposition des XXXIX articles), t (2) Nouvelles lettres criUtjues sur Cliisloirc du cal*.
, ,
:

vinisme.

J99

DMONSTRATION VANGLIQtJE. MOORE

200

Mais te rformateur se vit encore oblig d'abandonner cette doctrine par les consquences que l'esprit raisonneur, qu'il avait lui-mme veill ne manqua pas d'en dduire. Si le corps du Christ est partout, disait il s'ensuit donc qu'il est prsent Brentius dans un verre de bire, dans un sac de bl, et dans la corde avec laquelle on pend un criminel! Soit que l'on considre la doctrine en elle-mme ou les consquences qui en dcoulent, il faut avouer que le matre et ses disciples taient dignes les uns des autres en abrg l'histoire de ces Telle est dogmes mal conus et de courte dure que ce rformateur eut l'audace de prsenter
,
,
!

ristique et l'tendard commun de la majorit des Eglises protestantes (1 ). Bien plus, la forme simple et sans mystre laquelle Zwingle a rduit le rit du baptme, en le dgageant de tous ces effels merveilleux que lui avait al-, tribus la superstition, a t adopte non-seu-^ lement par les sociniens , les unitaires, etc. ; mais, partageant la bonne fortune qui a favoris sa vue philosophique de l'eucharistie, elle a reu aussi la sanction de quelques-uns de vos thologiens anglais les plus distingus (2). Tant il est vrai que les doctrines de Zwingle et mme de Calvin ont eu un sort bien diffrent de celui qui est chu si juste

ment aux dogmes informes


et avorts

mal combins

l'univers comme la production lgitime de la religion, allie sa nouvelle compagne la raison, tant son esprit tait dpourvu de celte puissance qui n'appartient qu'aux grandes mes, d'imprimer leurs conceptions le cachet de la dure, et de faire jaillir de leurs

de Luther! Tandis que, pour sa part , ce rformateur maladroit et tmraire contribuait si peu consolider ou orner l'difice de la foi nouvelle, son intolrance le poussait s'opposer

violemment tous
les autres

les efforts

que
;

faisaient

rflexions

des

vrits

durables

quoique

abondamment dou de celte sauvage nergie qui sait attaquer et dmolir, tant il est vrai qu'il manquait de cet esprit prvoyant de rforme qui ne change que pour perfectionner, et ne refond que pour rgnrer, qui peut to-ansporter ses regards au del de l'cblouissement passager produit par le changement du moment, et qui en dissipant les nuages du pass, sait faire briller une lumire fixe et
,

dans la voie du progrs et l'on vit bientt que ce brave dfenseur des droits du jugement individuel en et voulu, si la chose avait dpendu de lui restreindre lui seul l'exercice (3). Sa haine violente etamre
,

Les ides de Zwingle au sujet 'du Sacrement cne ont l, dit Bower, adoptes non-seulement par les Eglises del Grande-Bretagne, mais encore par plusieurs dcolles du continent. (Vie de
(1)
la

de

durable dans l'avenir!

Luther, appendix.)
(2) Quoique l'ide que Zwingle, ou, comme on a tout autant de raison de le dire, que Soein avait conue de ce sacrement (le baptme) et pntr dans
c'est

De l vint, comme je l'ai dj fait remarquer, que de toutes les doctrines qui lui ap

partenaient en propre, toutes les doctrines, en un mot, dont se composait son systme, qui n'tait pas une seconde dition du papisme , la plupart moururent de leur belle mort, mme de son vivant, tandis que pour n'en les autres, ce qui en reste maintenant
articles et est plus que l'ombre, comme les ou que les homlies de l'Eglise d'Angleterre ;

longtemps avant Hoadly et Balguy, par ces deux thologiens, nanmoins, qu'il ne innovation si hardie et si htrodoxe dans les doctrines de l'Eglise d'Angleterre, telles qu'elles sont exposes
l'Eglise d'Angleterre
le

;'abus,

comme

les doctrines des

anlinomiens

oies solitidiens.

CHAPITRE
Suite de la leon.

XL1I.

'

et de de Lut lier. Intolrance de Luther; juqu quel point Esquisse de rationaliste. il mrite le nom sommaire de son caractre comme rforma-

Doctrines de Calvin
celles

calhchisme et les articles de cette mme <H ouvertement enseigne. Le Rit du baptme, dit le docteur Balguy, n'est rien autre chose qu'une reprsentation de notre entre dans l'Eglise du Il s'explique Christ. (Mandement, des Sacrements.) plus clairement encore eu ajoutant que c le signe d'un Sacrement est detaraloire cl non efficient , dtruisant ainsi cette aciion relle et invisible de la grce qui, suivant les articles et le catchisme, est confre pur le moyen des sacrements. C'est encore dans ce

dans

Eglise,

Zwingle compares avec

mme
nous

teur.

que ce thologien protestant de la cne du Seigneur ne sont pas prsents, mais futurs; le sacrement n'est qu'un signe ou un gage qui nous les assure . La cne du Seigneur tait galement dpourvue de toute cllicacit et vide de tout mysire, aux yeux de l'vque lloadly, qui s'accordait avec Zwingle et Sociu ne la regarder simplement que comme un Rit commmoralif ou bien selon les termes mme de son
esprit socinien
dit

que

<

les effets

systmetre places doivent, comme rformateurs, chef car la plupart bien au-dessus de leur
:

calvinisme sont endes doctrines du pre du sa secte a peu core professes par ceux de elles sous la mme forme dans laquelle prs promulgues par leur auteur et profurent par ceux qui les adoptrent. Il en est
fesses

habile adversaire protestant, le rvrend W. Law, qui exprime assez nettement la doctrine de cet vque, comme cet auteur dpouille ce Voil en disant sacrement de tout mystre par rapport notre salut, quoique les paroles du Christ montrent qu'il en renferme, et que tout chrtien qui a quelque loi vrilable, ne ft-elle que comme un grain de snev, st\\
:

toute rationnelle de mme de l'interprtation Zwingle au sacrement de la cne donne par que igneur Seigneur, ne l'envisageant plus

du

1 sr d'y en trouver . Lon X, signale avec (5) L'auteur de l'Histoire de une juste rprobation la svrit avec .laquelle Luther traitait eux qui avaient le malheur de croira trop d'un ct, ou trop peu de l'autre, et ne pouvaient

comme une
:

simple commmoration de la pain et mort du Christ, sous les symboles du caraclcdu vin elle est devenue la croyance

marcher d'un pas assur dans


leur avait trace
.

que

la ligne troite qu'il crivain l'ait observe! tant que Luther fut engag dans sa lutte cunliq

Le mme

201

VOYAGES A L\ RECHERCHE D'UNE RELIGION.


pour
cela seul

202

contre Carlostadt et Zwingle , qu'ils suivaient leurs propres ides

rapport
si

la vrit

en

fait

de

( '

doctrine plutt que les siennes , montra quelle immense diffrence il y avait entre ses thories sur la tolrance , et sa pratique cet gard, Ce sont, disait-il en parlant des zwingliens, ce sont des hommes thmncs qui entranent les autres dans l'enfer; et les Eglises ne peuvent plus avoir dsormais de communion avec eux, ni supporter leurs blasphmes (1). Ailleurs encore il s'exprime ainsi par rapport ces rformateurs qui ne faisaient que marcher sa suite qu'il Satan rgne tellement parmi eux n'est plus en leur pouvoir de dire autre
,
:

prcipites et brassait, nous le

ou la fausset des ides si peu rflchies qu'il emvoyons dclarer que si un

concile ordonnait de recevoir la communion! sous les deux espces, lui et les siens ne la; recevraient que sous une seule, ou sous au-l cune, et que, de plus, il maudirait tous c J qui, conformment aux dcrets de ce concile,] communieraient sous les deux espces (1).

chose que des mensonges (2). S'arrogeant aussi une infaillibilit fort dplace en pareille circonstance, il signalait la plus lgre dviation de cette ligne prcise de croyance qu'il avait jug propos de tracer lui-mme, comme une transgression nonmais mme contre seulement contre lui Dieu. La dfaite des zwingliens Cappel , et si on la mort de leur digne pasteur furent l'en croit, un jugement de Dieu sur eux tous pour les punir d'avoir embrass un sentiment diffrent du sien touchant l'eucharistie. Ce fut encore ce mme attachement fanatique ses propres ides qui le porta refuser de comprendre dans la confdration de Smalcalde les zwingliens et les tats et villes d'Allemagne qui avaient adopt les opinions et les confessions de foi de Bucer. En effet, la mme impatience de tout contrle , qu'il avait fait si utilement paratre dans sa lutte avec le pape, continuait encore le rendre intraitable entre les mains de ses corformateurs; et il se laissait influencer et dominer par ce mme principe d'arbitraire et d'obstination dans les affaires les plus importantes. J'ai aboli, disait-il, l'lvation de l'hostie pour braver le pape, et je l'ai con serve si longtemps en dpit de Carlos tadt (3). Toujours emport par cet orgueil

, ,

complet de sub-! jection il tenait le sage mais trop bon Mlanchton qui avoue lui-mme que sa patience allait jusqu' endurer des coups de sa part (2). Quand on n'aurait pas d'autres preuves de ce fait, il serait suffisamment confirm par le rang lev et l'autorit que prit ce disciple, jusqu'alors esclave de Luther, aussitt aprs la mort de son matre, dans tous les conseils du parti. Mais il lait dj trop tard pour que le caractre doux de Mlanchton pt avoir quelque influence. L'esprit d'intolrance du fondateur s'tait profondment insinu dans son Eglise, sans qu'il ft jamais possible de l'en draciner; et de mme qu'il avait coutume de se vanter en plaisantant qu'il tait un second pape (3), ses disciples ne firent qu'changer l'infaillisait

On

dans quel

tat

'

impudent qui

lui faisait tout braver, et affectant l'indiffrence la plus rvoltante par

de Rome, il dfendit le privilge du jugement individuel avec la confiance et le courage d'un martyr; mais il n'eut pas plutt affranchi ses disciples des chanes de la domination papale, qu'il en forgea lui-mme d'autres qui , sous beaucoup de rapports,
l'Eglise

bilit des bulles et des conciles contre les prtentions ambitieuses la mme autorit, que s'arrogeaient les confessions et les autres formulaires de foi. Voil pourquoi le luthranisme qui n'est plus maintenant grce au progrs des lumires et de la raison, qu'une simple dnomination ainsi que beaucoup d'autres distinctions entre les protestants, a signal sa marche, pendant prs de deux sicles aprs la mort de son fondateur, par l'amertume de sa polmique et une froide pdanterie de doctrine, jointe une intolrance fougueuse dans la pratique (k), et telle qu'on n'en vit jamais conspirer rendre une religion dtestable depuis qu'il a commenc paratre dans le monde des systmes de foi sortis de la main des hommes. Il m'est impossible de dcouvrir sur quel titre Wegschneider a jug convenable de dcerner ce rformateur le nom de rationa,
,

moins intolrables; et il employa les dernires annes de sa vie contrarier les heureux
n'taient pas
effets produits

par ses premiers travaux.

miss. ipso colapbos acceperim. Episl. ad Theodorum. La vie malheureuse que lui faisait mener son matre tyrannique, est dcrite d'une manire touchante dans quelques-unes des lettres confidentielles
(1)
("2)
<

Form.

Ah

du caractre de Lutlier est depuis longtemps avou par Ions les protestants sincres. Le rvrend docteur Siurges, dans ses Rflexions sur le papisme, reconnat que Luther tait c dans ses manires et dans ses crits, grossier, prsomptueux et emport, et l'vque Warburton, dont l'autorit est d'un bien plus grand poids, dit, eu parlant d'Erasme, que les autres rformateurs, tels que Luther, Calvin et leurs disciples, comprenaient si peu en quoi consiste le vritable christianisme, qu'ils portrent avec eux dans les Eglises rformes cet esprit de perscution qui les avait fait sortir de l'Eglise de Rome. (Moles sur l'essai de Pope sur te criliasme. )

Ce

irait

de Mlanchlon. Je suis, crivait-il son ami Catnrarius dans un tat de servitude, connue si 'j'tais dans l'antre des Cyclopes, et je songe souvent m'chapper. (5) Lorsque Luther, allant visiter le nonce du pape en 1535, montait en voilure avec Pomranus qui
, ,

devait l'introduire,

il

dit

en riant

Ici

sont assis le

(1)

Ap. llospin. ad 'Sac, Prep. Bremens. ap. llospin. (3) Confess. Parv.
Episl.

et le cardinal Pomranus. Cette intolrance des luthriens a t remarque, mme une poque trs-iapproche de nous, par les voyageurs qui ont visit l'Allemagne. Ainsi le baron de Riesbeck dit en parlant de Frauclort : La seule, chose qui nuise la libert de penser, l'humanisation des murs et aux progrs du commerce et de l'industrie , c'est l'inquisition qu'exerce le clerg luthrien, qui forme ici la principale Eglise. >

pape d'Allemagne
(4)

DMONST. EvANG. XIV.

(Sept.)
t

m
liste,

DEMONSTRATION EVANGLIQUE. MOORE.


long rgne de
la

20 i

moins que ce ne soit pour l'unique, mois grand et signal service qu'on lui doit, d'avoir substitu le tribunal du jugement individuel l'autorit de l'Eglise (1). Outre les exemples que j'ai dj produits-, exemples lires de ses propres doctrines et qui trahissent

d'irralionalisme qui passe privilge qu'a tout sectaire de dbiter de pareilles absqrdils sa thse favorite, sur laquelle mme les docteurs de Sorbonne lui taient opposs, savoir, qu'il y a des choses fausses en philosophie qui sont vraies

un degr
le

mme

superstition avait inspire d'honneur la thologie tmraire de Luther que de faire remonter ses attaques factieuses contre l'Eptre de saint Jacques cl l'Eeclsi;tste , mme le germe de celle cole hardie de criticisme biblique, dont nous sommes si justement redevables aux rationalistes cole qui, de nos jours, a produit un Gsnius pour

pour

le

tout, ce serait faire trop

en thologie, cette proposition, on peut le dire, renferme en soi 1 essence mme du principe antirationnel. Aussi voyons-nous que, ds son apparition, le parti appel rationaux, est souvent aux prises avec les orthodoxes au sujet de ce principe (2). Il est vrai que Luther donna le premier l'exemple, mais assurment sans en prvoir clairement les consquences, de celte manire peu crmonieuse d'en agir avec le canon universellement reu des Ecritures, qui dans les temps modernes a t adopte avec le mme esprit d'investigation et le mme succs par des hommes beaucoup plus exercs dans l'art d'examiner l'authenticit des livres sacrs. En rejetant l'Eptre de saint Jacques comme apocryphe l'appelant une production de paille, indigne d'un aptre (3), Luther, nous le savons n'tait gure mu que par un sentiment d'impatience cl de chagrin cause de l'autorit que celle Epitre oppose sa propre doctrine de la justification, et aussi peut-tre cause de la sanction qu'elle donne au sacrement catholique de l'extrme -onction. De mme ses attaques inconsidres contre l'Ect lsiasle et plusieurs autres livres des saintes Ecritures, ne doivent tre comptes que parmi ses effusions de bonne humeur aprs dner, dont on ne doit point le rendre responsable dans les moments plus sobres o la thologie occupait son attention. Cependant, quoique de la part d'une pal'exemple d'un semblable reille autorit manque de respect pour quelque partie du canon des Ecritures, ait pu tendre affaiblir dans certains esprits la vnration que le
,
,
,

mettre en question l'autorit d'Isae, et un Bretschneider pour contester celle de l'Evangile et des Eplres de saint Jean. En un mot, quand on vient considrer les traits prdominants du caractre de Luther, son intolrance son humeur intraitable (1), sa vaine superstition de vieille femme (2)., la folle absurdit des points de sa
,

(1) Il est impossible, dit Calvin, dans une lettre jJnlliiiger, de supporter plus longtemps les violences de Luther, qui son amour-propre ne lais-e pas voir ses propres dfauts, et lui rend lottle contradiction insupportable. En vrit, ceux qui veulent avoir des portraits flatteurs des chefs de la retenue, doivent aller les clten her ailleurs que dans les peintures qu'ils ouf traces les uns des autres. Eu retour

(1) Peut-tre Wegschneider ne veut-il pas dire autre chose que ce qu'avancent plusieurs antres rationalistes allemande, ainsi (|tie nous l'apprend M. Pusey,

savoir

i
!

que leur projet est de perfectionner celte rforme que Luther a laisse incomplte. (2) Un des premiers rationalistes, Meyer, dans son
:

livre intitul

Philvsophit Scrifiturt iiderpres-,

publi

de nouveau p:>r Sentier, combat fortement ce. principe de Luther, qu'il y a beaucoup de choses, qu
su.nl uc.ra ilieuloyicc,

ac philosophice faim.

j
\

Luther exprimait aussi librement son opinion sur le "mrite relatif des autres livres de. l'Ecriture. H appelait l'Evangile de saint Je.m le principal Evangile, et le prfrait de beaucoup aux trois autres. Ainsi encore il me. tait les Epiires de saint Pierre et de saint Paul fort au-dessus des trois Evangiles de saint Matthieu, de saint Marc et do saint Lue, tel point que, si on l'en croit, ces Eplres avec l'Evangile et la premire Eplre de saint Jean contiennent loin ce qu'il est ncessaire un chrtien de connatre ( Voyez sa
(5)

prface au Nouveau Testament

1524).

des noms polis que Luther prodiguait ses confrres protestants, les appelani blaspJimaleurs, hriques, diable, ete., etc., ceux-ci lui dcernaient aus-i librement les lilies de nouveau pape, de nouvel anteelirist, et disaient que ceux qui pouvaient supporter ses violences devaient tre aussi fous (pie lui-mme. > La mme candeur rciproque parait avoir rgn dans toute la race des rformateurs, et tandis que Mianclilon nous du (Testim. Prwf. od Eiid. Myion.) que Carlosiadi n'tait qu'un brutal e.t un Lnoranl, plus juil que chrtien, nous apprenons de Calvin [p. Culc.) que Beer tait tortueux dans ses voies et dissimul, et que Osiaudre, dont les pl.iianteiies causaient tant de pliisir Luther, tak un homme dont la conversation tait des plus profanes et la morale infme [Met-, Ep. ad Cumer.;i:<dv. Ep. ad Met.) (2) Oaire les imaginations, dj ci-dessus mentionnes, d Luther sur ses entrevues et ses dialogues avec le diable, il attribua aussi a cet ami familier la grave maladie dont il manqua de mourir en 1552. De mme encore, un mtore remarquante qui apparut l'anne suivante fut attribu par Luther une intervetitioo diabolique, comme nous l'apprenons de Secketidbrf; cet historien nous a conserv une lettre du rformateur une servante que l'on croyait possde du dmon on ne peut voir rien de plus mais et de plus ressemblant aux rveries d'une vieille femme, que ce <itu est contenu dan celle lettre. A l'exception de tout ce qui se rapporte aux oprations du diable, article sur lequel la crdoiil de Ltilber brillait sans rival Siui ami .Manchlou tait encore pins groj>s.ieuiciii superstitieux que lu i-miue. On von par ses lettres que, lorsqu'il ail occup de la Confession d'Augshourg, il e ulail avec anxit Inities !es tiisloires de prodiges (pie pu:. bail renomme, espianl en tirer des pi-ages pour le succs de sa cause. Un dbordement extraordinaire du Tibre, une uesse qui mil bas un uoii dont un des pieds ressemblait celui d'une grue, lui parais uni des signes avani-i oureurs de quel ,ues grands \ene ment dont l'accomplissement tait proche, tandis que la naissance d'un veau deux (tes dans le territoire mme o'Augsbnuig t.dl, selon lui, le prsage de la destruction prochaine de Home par le schisme. H communique trs -srieusement ce prodige Lutbei dans une lettre par laquelle il lin fait eu mme temps savoir que ce mme jour la Confession d'Augshourg devait tre prsente l'empereur! yu'ui esprit capable de croira dpareilles absurdits ail pu croire aussi aux me: ; 1
1

!05

VOYAGES

LA RECHERCHE DUNE RELIGION.


On peut dire , en empruntant une comparaison d'un de vos crivains anglais que les dogmes de si courte dure de Luther s'levrent comme la fuse volante et tombrent comme la baguette de cette fuse tandis que pas une seule des doctrines introduites ou adoptes par Zwingle n'a t retranche du symbole de la foi proteslanle, tant est grande la vitalit que le bon sens communique tout ce qu'il louche! En effet, tandis que son systme rationnel de l'eucharistie supplanta de bonne heure le monstrueux mystre de Luther et l'vasive absence (1) relle de Calvin sa doctrine simple et sans myslre du baptme a depuis longtemps t adopte par la plupart des Eglises
,

doctrine qu'il a parodis du papisme, et l'absence totale de principes dans ceux qu'il l'impossibilit a voulu inventer lui-mme o il a cl de lguer ses disciples un seul dogme durable, tandis qu'il a parfaitement russi leur transmettre la plus violente amertume de l'esprit dogmatique la vue , dis-je, de tous ces traits caractristiques de toute sa carrire comme homme et comme
, ;

rformateur, il faut, avouons-le, rassembler tous les sentiments de reconnaissance que nous lui devons cause du service immense qu'il a rendu au genre humain en ouvrant les documents del foi aux investigations de la raison, pour conserver dans nos curs quelque juste apparence de respect pour sa mmoire, ou mme pour nous mettre en tat d'couter, sans impatience, les loges qui sont quelquefois prodigus son nom.

CHAPITRE
Suite de
la leon.

XL1II.
les

trine sur la cne


est
le

Suprieur baptme. du Seigneur Il pre du rationalisme, et a t


et le

Le rformateur Zwingle. tous autres. 5a doc-

suivi par Socin.

Analogie entre la transTrinit*

substantiation

et la

De tous les hommes clbres que la grandie crise de la rforme produisit au grand jour, le plus clairvoyant, le plus consquent et le plus clair, fui sans contredit Zwingle.

encore un nouvel exemple de celle vrit tant de fois dj confirme par l'exprience que dans toutes ces sortes de rvolutions, les hommes penseurs prcdent les hommes d'action , car l'esprit de Zwingle tait dj avanc sur la roule de la libert religieuse, lorsque Luther ne faisait encore que se traner dans le sombre esclavage du papisme. On ne peut nier que ce ne soit ce

Nous avons

ici

protestantes et s'est mme introduite malgr le catchisme et les articles, dans le sein de l'Eglise signataire des thologiens anglicans. Ce ne fut pas tant par l'exemple qu'il donna de faire disparatre les prtendus mystres du christianisme , que par le modo d'interprtation du texte de l'Ecriture qu'il adopta ce dessein que Zwingle s'acquit des titres la reconnaissance de tous ceux qui aiment ce qui est raisonnable et intelligible. La rgle trace par lui pour atteindre ce but si important et qu'il a si largement applique dans sa manire d'interprter l'eucharistie est simplement ceci Que le sens purement littral d'un passage de l'Kcrilure ne doit jamais tre en contradiction avec son interprtation rationnelle ; mais toutes les fois que les termes pris la lettre impliquent quelque chose d'inconciliable avec la raison , il faut rsoudre la difficult en ayant recours au sens mtaphorique. Ainsi par exemple, lorsque le Christ
, , , , ,
:

en instituant

l'eucharistie

prit

du pain

eut lev l'tendard, que ne soit en grande partie due la gloire de l'entreprise et les succs qui en furent la rcompense. Mais la supriorit d'intelligence que Zwingle avait eue sur Luther ds il la conserva toujours le point de dport
dernier,
fois qu'il
,

une

dans

la suite

non-seulement dans

les efforts

runis de leur carrire mortelle, mais encore dans les- importants effets qui leur ont survcu jusqu' ce jour.
de l'astrologie, on ne doit point s'en tonner; aussi voyons- nous que ce noble jouet de la sup -iMiion avait coniiniielie. ne.it prsentes devant les yeux les horreurs de son propre horoscope, ijui, entre autres manieurs dont il le menaait, lui avait prdit qu'il 1er ait naufrage dans la Baltique. Ce n'tait pas -culemeniMclanehlou, c'tait, comme on le voit par ses lettres, le plus grand nombre le ses correspondants, qui taient imbusde cette absurde croyance l'astrologie il ne parat pas cependant, autant (pie je peux le savoir, qu'aucun d'eux connt l'Ilorosc 'pe de Luther luimme, que les calculs astrologiques de Laudin avaient dcouvert dans le Dante, lnfern. cani. t. (Voyez les remarques de M. Taafe sur ce passage, dans son ingnieux comment, sur le Dante. Miirruy. 1822.) Pour achever de prouver ipie le pole n'avait pu avoir en vue que Luther dans son lvrier, M. Koselti a dcouvert, ce qu'il parat, que le mot vellro, qui en italien signifie lvrier, n'est qu'un anagramme du nom du grand rformateur?
iliclions
i
,

(I) Un savant protestant expose en ces termes la croyance des calvinistes par rapport l'eucharistie : Calvin et Bze ne veulent mni pas avouer (pie le pain el le vin soient les vhicules du corps et du i sang; ils en font au contraire dis choses nri-seudistinctes, mais mmo irs-ihfl'ienies les lenienl unes des antres, l's prtendent qu'on ne re/ V. du clbrant que de pur.- linenis, et que si les honii mes reoivent en outre le corps el le sang du < Christ, il ne faut l'attribuer qu' leur propre foi par

<

laquelle

ils

s'imaginent qu'ils pourraient o.miuu-

nier au corps et au sang en tout autre lieu et en ton e autre action de religion, qu' la laMe du Seigneur et dans le sacrement (Johnson, sacrifice non sanglant). Ce mme crivain, qui a fait des recherches si savantes, et si

ingnieuses sur l'antiquit cluiienne,

dit,

en parlant de l'ide qu'on attache gnralement ce sacrement dans l'Eglise anglicane Mais ce que les i chrtiens de tous les sicles \ aient jusque-l pig i irop vil et trop lias pour tre toute la nourriture aux mes lieuses la table du Seigneur, donne i c'est--dire le pain cl le vin seuls, sans que le corps el le >ang naturel ou spirituel y fussent Joint s ou les < accompagnassent; sans qu'aucune grce ou bndiction divine y lt rpandue par le Saint-Esprit voil les linenis faibles el vides, simplement nus part pour un usage pieux que nos arminiens el nos < six -miens ont substitus la mdecine deCimmortn* mme temps cleste el terrestre lue, la chose en
:

['aliment spirituel, la substance divine et au doutable mystre des anciens


!

te.

w
,

DMONSTRATION LVANGLIQUE. MOORE.

2S

entre ses mains, et dit: Ceci est mon corps, ces paroles, ainsi prononces d'un ton solennel, furent prises indubitablement par dans leur sens proles premiers chrtiens pre el littral (1) , comme le Christ les avait lui-mme prononces , et le miracle qu'il annonait alors comme devant se perptuer dans toute la suite des temps dans son Eglise , prit place dans le symbole de foi de tout le monde chrtien, pendant un espace de temps qui n'a pas dur moins de quinze
,

sicles.
Justement convaincu que l'antiquit quelque vnrable qu'elle puisse tre n'a aucun droit d'tablir une prescription en fa\eur de la fiction et de l'erreur, l'esprit philosophique de Zwingle aperut tout coup
,

la fausse interprtation qui avait voil aux aptres eux-mmes la signification de ces paroles et par l'application de la rgle que je viens de citer, pour dcouvrir le sens vrai
;

formateur suisse n'ouvrit pas seulement une entre aux rayons de la lumire sur ce point particulier, dont comme le disait Milton de la ccit laquelle il tait rduit, les abords mmes taient entirement interdits la sagesse mais encore par le principe qu'il appliqua comme pierre de touche ce miracle dont la dure avait t si longue il prpara la voie la ruine prochaine du mystre qui en tait comme le frre jumeau le dogme de la Trinit. On le souponna en effet d'tre galement rationaliste sur ce second point comme sur le premier, tellement que Luther, qui avait trop de sagacit pour ne pas s'apercevoir que tous ces mystres faisaient cause commune le somma publiquement de s'expliquer et de rendre tmoignage de son orthodoxie sur ce sujet. Il n'tait gure possible, en effet, que ces hommes fussent compltement aveugls sur les consquences certaines et naturelles du
,

il montra clairement que le de l'Ecriture Christ en disant du pain:Ceci est mon corps, voulait dire seulement Ceci signifie mon corps, ou est le signe de mon corps. u C'est, je le rpte, dans l'adoption et l'application hardie de ce mode si simple d'in,
:

principe rvolutionnaire qu'ils introduisaient

dans la religion; et, pour se convaincre avec quelle clart. Mlanchton du moins prvit que le mystre de la Trinit tel que
,

l'avait dfini le concile de

terprtation , que consiste le principal et inapprciable service rendu par Zwingle la cause du rationalisme car, quoiqu'il n'ait lui-mme tendu ce principe qu' l'eucharistie et au baptme, ceux qui l'ont suivi depuis dans cette voie, et qui ont voulu comme lui tout expliquer par la raison l'ont appliqu aussi aux autres mystres qui ne leur paraissaient pas moins inadmissibles que les premiers. C'est donc l'exemple donn d'abord par ce rformateur, de rejeter tout ce qu'il y avait de miraculeux dans les sacrements que nous devons ce procd de simplification auquel tout le systme du christianisme a depuis t soumis, jusqu' ce que, se trouvant peu peu purifi en passant par lecreuseldel'arminianismcdu socinianisme et del'unitairianisme, il est enfin arriv cet tat clair, et si je puis parler ainsi filtr de croyance, o il n'y a plus de mystres pour l'obscurcir ni de controverses pour l'envenimer, sous lequel il s'offre aujourd'hui dans le symbole rationalis de nos Egli; , , , , ,

Nice serait aussi son tour cit la barre de la raison , proclame le juge souverain de toute doctrine, on n'a qu' lire ce passage d'une de ses lettres o, parlant de Servet il dit Vous savez que j'ai toujours craint qu'on en vnt enfin cet clat, par rapport la Trinit. Bon Dieu quelles tragdies ces questions: Le Verbe est-il une personne ? le Saint-Esprit esl-il une personne ne susciterontelles pas parmi nos descendants (1) ? Zwingle lui-mme sentait si bien le prix
, ,
,

incalculable du service qu'il avait rendu en dcouvrant un mode d'interprtation de l'Ecriture, qui devait en rduire tous les mystres au niveau de la raison humaine qu'il
,

a "ait coutume d'appeler l'application qu'il taisait de ce principe aux paroles du Christ,

ses protestantes.
Le mystrieux et le surnaturel ont toujours t le boulevard de l'influence sacerdotale , et les deux grandes et intarissables sources de cette influence dans le symbole qui prcda ceux de la rforme, furent la

son heureuse perle felix avec une sorte de joyeuse anticipation il considrait d'avance les nouveaux triomphes que les futurs champions de la raison devaient, avec celle arme si simple, remporter sur l'erreur (2) Bientt, en effet, parut un homme propre manier cette arme avec un degr de courage et de succs qui devaient faire tout jamais de son nom un sifflement dchirant aux oreilles de tous les prtres, le savant et
,

sa margarita
si
, ,

comme

prsence relle et la Trinit. En se dbarrassant du premier de ces mystres le r,

fore ut

TpfaSoc scis me seniper veritum esse aliqu.indo erumperent. Boue Deus ! quales tragdias excitai! hac quacslio ad posteros, Ei iflv vizo?-ri.Ti{ o Ao^oc, Ei Istiv {nroariji; ri n:ua ;

(\)Uepi

ri.t

lue

en quels termes l'immortel Leibitz atque cette croyance tait celle de l'ancienne < Aiunt Eglise enim ( Impanatores ) corpus Ctiristi itaque cum Chrislus i exhiberi in, cum et sub pane Hoc est corpus meuin , inlelligunl quemad< dixit
(1) Voici

teste

<

si quis sacco ostenso diceret: Hc est pccuuia. Sed pia auiiquilas aperie salis declaratit pac m nuuyuui,;, iwmsd, ncm mniari nent mutari in corpus Christi, vinum in sanguinem, -_! l.: ..AlnHAn nA nA..llll . passinique liic veteres agnoscunt nietasioieheisin quain Laiini transsubsiunliaiionem recto verterunt

modum

t i

I 1

'

I l

>. *.

(Lib. IV, Ep. 140.) (2) Dois ce mode d'interprtation, comme en toute autre chose, les anciens hitiques ont prcd les modernes. Ainsi Tertullien dit (De Resurreclione camis), que ceux qui combattaient, de snn temps, le dogme de la rsurrection de la chair, allgu.iient pour preuve (pie le langage de l'Ecriture est souligure, et qu'on doit le regarder comme tel vent c dans le cas prsent; la rsurrection dont il est parl n'tant qu'une rsurrection morale ou iii i
i

Syslema (heolog.

).

spirituelle.

209

VOYAGES A LA RECHERCHE D'UNE RELIGION.

210

excellent Socin. Les mmes principes d'interprtation qui avaient fourni Zwngle le moyen de dcharger le christianisme du dogme monstrueux de la prsence relle servirent galement Sorin renverser la divinit du Christ, et tout l'immense chafaudage de mystres qui se rattachaient ce point

C'est peut-tre dans cette partie de l'histoire de la rforme qui a rapport la naissance et au progrs des doctrines antitrinitaires qu'il nous serait facile, plus qu'en

aucune autre circonstance, de suivre pas pas l'action naturelle du principe introduit
par
la

rvolution qui s'est faite en faveur de

de croyance (1). Dans un de ses ouvrages, qui traite ce dernier sujet, nous voyons l'illustre pre du socinianisme signalera la fois l'analogie qui existe entre la transsubstantiation et la Trinit, et exposer la suite de raisonnements faire pour les rejeter l'une et l'autre (2). Voici en quels termes il rsume son parallle. Mais de mme que la notion monstrueuse et sophistique de l'eucharistie a t, par l'aide de Dieu, si clairement expose que les enfants mme s'en rient et la rejettent avec raison, et qu'il est maintenant vident que ce qui avait t regard comme le mystre le plus divin de la religion chrtienne est la plus grossire idoltrie; ainsi nous esprons que les fictions absurdes et choquantes sur notre Dieu et son Christ, qu'on suppose prsentement sacres et dignes de la plus profonde vnration, et dans lesquelles on fait consister les principaux mystres de notre religion seront, avec la permission de Dieu, si bien dvoiles et traites avec tant de mpris, qu'il n'y aura personne qui ne rougisse de les embrasser, ou mme d'y prter la moindre
,

la raison contre l'autorit. L'impossibilit

de
,

fixer

une
fois

limite devant laquelle la raison

lance dans sa carrire de recherches , consente s'arrter dans sa course imptueuse , ne s'est jamais plus vivement manifeste que dans ces phases successives de la rforme par lesquelles la dignit de la nature du Christ a t graduellement abaisse des hauteurs del divinit, perdant chaque phase quelqu'un des attributs de gloire qui lui appartenaient: c'est ainsi qu'elle est d'abord descendue au rang secondaire , mais cleste cependant encore, que lui assignaient les ariens; puis, par une nouvelle chute, la rgion moiti cleste, moiti terrestre du socinianisme, jusqu' ce qu'enfin, par une descente rapide, on soit arriv rsoudre ce mystre d'une manire toute humaine et toute rationnelle dans le symbole des unitaires.

une

CHAPITRE XL1V.
Doctrines antitrinitaires Suite de la leon. parmi les rformateurs. Valentinus Genlilis. Socinianisme. Ses cts faibles. Progrs de Vantitrinitairianisme. Le Saint-Esprit n'est point une personne, mais un simple attribut.

attention (Socin., op.


(1) Voici, par

t. I).

exemple, comment Socin


la

sait se

d Parmi les hardis spculateurs qui se hasardrent, ds les premiers progrs de la rforme, exprimer ouvertement leur manire de penser toute diffrente de la doctrine gnralement reue sur la Trinit, le seul dont les opinions sur cet article paraissent avoir

barrasser du

< < <

dogme de
je

satisfaction

du Christ

Quand mme

trouverais celle doctrine crite,

<
<
<

non pas seulement une l'ois, mais souvent mme dans les saintes Ecritures, je ne la croirais pas encore dans le sens que vous y attachez. Car, comme cela est absolument impossible, j'interprterais tous ces passages en consquence, ei je leur donnerais le sens qui est conforme mes ides en celle matire, ainsi que je l'ai fait par rapport beaucoup d'autres passages des Ecritures ( Socin.,
lib. III

t clairement tablies, soit par lui-mme, soit par d'autres, est Valentinus Genlilis. Ce rformateur italien, un des hommes sortis

<

de Servalore

).

Pour donner encore d'autres exemples de sa manire d'appliquer cette-rgle d'interprtation il suffit de dire que dans son Explication du premier chapitre de l'Evangile de saint Jean, il trancha la difficult qu'il rencontre ds le premier pas, in limine, en soutenant que saint Jean, lorsqu'il appelle Jsus le
,

Verbe de Dieu, emploie tout la fois une mtaphore une mtonymie; il lude le passage ( v. 14) o il est dit que le Verbe s'est f.iit chair, en cherchant qui est ici traduit par montrer que le verbe lylvero s'est frit, signifie quelquefois simplement tait. Donc, < ajoute-l-il, on ne doit pas, dans ce passage, traduire < s'est fait chair, niais bien tait chair. Car il a t dj suffisamment prouv que par le terme te Verbe, i ou doit entendre l'homme n de la vierge Marie, qui ne pouvait tre (ait chair, mais qui tait chair, i C'tait l, il faut l'avouer, un digne disciple de celui qui le premier avait montr que les paroles, ceci est
et
,

mon

corps, signifient, ceci est le sic/ne de

mon

corps

Le biographe de Socin, Touhnin, en dfendant celle manire d'avoir recours au sens ligure et plus t large dans tous les passages qui autrement diraient
(2)

des choses contraires aux


t

ajoute
i

perfections divines, d'autre moyen d'luder la force de l'argument que les papistes tirent dos ptiroles expresses de l'institution en faveur de la tmnssubqu'il

de cette ppinire d'antitrinilairianisme qui fut tablie Vicence en 15i6, tout en dpouillant le Sauveur de sa divinit, le reconnaissait encore pour un esprit suprieur la nature anglique, n avant tous les mondes, qui s'incarna dans le corps humain do Jsus, dans le dessein d'oprer le salut de l'homme. Le premier pas en suivant dans celte marche descendante fut la doctrine de Socin qui, rejetant comme une notion non confirme par le tmoignage de l'Ecriture , toute croyance la prexistence et la nature suprieure du Christ, soutenait qu'il tait homme par nature, quoique sa naissance ft miraculeuse, ayant t conu du Saint-Esprit et tant n d'une vierge sans l'intervention d'aucun tre humain. Etant donc ainsi proprement le fils de Dieu , disait Socin, dou d'une sagesse et d'une puissance divine, le Christ fut envoy avec une autorit suprme en ambassade vers le genre humain; et aprs
sa
tel

ny

a point

mort

et sa rsurrection,

devenant Immor;

shmiialion.

reut du Pre tout pouvoir dans le ciel et sur l'a terre et toutes choses, except Dieu seul, furent places
il

comme un

Dieu,

211

DEMONSTRATION EVANGELIQUE. MOORE.


Il

2U

sous ses pieds. Un tre ainsi investi de cette souverainet divine paraissait, par une consquence toute naturelle avoir des droits un culte divin aussi Focin, en lui accordant ce culte, fut beaucoup plus consquent avec lui-mme que ne le furent un grand nombre de ses disciples (1), qui, sans hsiter croire qu'une crature humaine et pu tre leve ce rang tout divin, refusaient cependant par une rserve qu'il n'est pas facile de comprendre, d'invoquer dans leurs prires un souverain si puissant. 11 ne fallait, en vrit, que faire avancer quelques pas de [dus dans sa marche le principe rationaliste pour remplacer par quelque thorie plus plausible le systme bien intentionn, mais tout fait insoutenable de Socin qui, en transfrant en des mains secondaires tout pouvoir dans le ciel et sur la terre, faisait du Christ une sorte de maire du palais et dgradait le Tou'-Puissant en le ravalant au rle de roi fainant. Un de ses disciples Palologue, avait, videmment comme moyen d'chapper la grande absurdit de leur systme, suggr a son matre d'enseigner que quoiqu une telle puissanre et t confie au Christ pendant le temps qu'il est demeur sur la terre, et avant la chute de Jrusalem, il avait, depuis sa mort, rsign tout entre les mains du Pre, et avait cess de diriger lui-mme les affaires de son royaume. Ce moyen facile d'chapper une absurdit qui n'tait pas moins grossire que celle o tombaient ceux qui croyaient au Dieuhomme (2). fut cependant rejet avec indignation par Socin qui avec l'obstination qui caractrise tous les fabricateurs de systmes, demeura encore attach ses propres conceptions; et l'extrait suivant de sa rponse a Palologue dans lequel, comme on le verra il dispose tous les arrangements du gouvernement divin avec autant de familiarit qu'il traiterait des questions d'un intrt purement temporel, montrera en mme temps
,

avec son disciple . Si le Christ n'est pas relgu dans quelque lieu loign d'o il ne puisse gouverner luimme son royaume; s'il n'est pas emj ch par d'autres occupations si enfin, il vil ternellement et n'est pas tomb dans un sommeil inai lif, on ne saurait allguer rien de plus faible que de supposer qu'il ait rsign son royaume son Pre, d'autant plus que l'Ecriture n'en dit pas un mot. Si vous accordez que le Christ gouvernait son royaume avant la ruine de Jrusalem comme cela est vident, pourquoi nier qu'il ait continu le faire aprs, et avancer qu'il a rsign son empire son Pre ? Serait-ce peut-tre que le Christ aurait t relgu depuis dans quelque lieu loign d'o il ne lui serait plus possible de gouverner son royaume ou bien qu'il ft tellement occup d'autres affaires qu'il ne lui resterait plus le temps de remplir les devoirs de sa dignit? Ou bien encore, dort-il pendant cet intervalle? Car je ne puis imaginer qne vous soyez assez fou pour dire qu'il est mort une seconde
ainsi
:

argumente

fois (1)

(Socin.. opra, t. II). il faut l'avouer, pour un homme qui dressait des autels au pouvoir del raison, qu'une bien triste off. ande dposer ses pieds; mais les fautes mme o sont lombes ces h rdis aventuriers dans la cause de la vrit ont eu leur utilit; les

Ce

n'tait l,

dbris

mmes de leur naufrage sont devenus comme des fanaux propres guider les pas

les difficults

du systme

qu'il voulait substi-

tuer au

dogme de la Trinit, et l'hypothse grossirement humaine par laquelle il s'efforait de les rsoudre.
(I) Le mme esprit de variation el de discorde qui marqu les pas de toutes les antres branches du

de ceux qui veulent les suivre. L'opinion (2) que le Christ ne devait tre ni ador ni invoqu n'tait que le prlude des retranchements que la suite toute naturelle de ces recherches et de ces investigations svres devait bientt faire subira sa digni'. On a trouv alors que sa conception miraculeuse n'tait appuye sur aucun texte de l'Ecriture, siion sur ie< premiers chapitres des Evangiles de saint Matthieu et de saint Luc or ces deux documents ont t dclars apocryphes ou supposs par cet esprit de critique hardi et sans scrupule qui s'est de nos jours engag au service du rationalisme (H).
:

protestantisme, se retrouve encore parmi les.Sofiiniens. A l'arrive de Socin en Pologne, les unitaires y formaient trente-deux sectes distinctes, qui n'avaient, nous dil-on. d'autre principe commun que Celui-ci, savoir, que Jsus-Christ n'tait pas le vrai

Dieu

Dictionnaire

(tes

hrsies

).

(i ) Qui pourrait croie que c'tait d'un homme capable de profrer de pareils hasplinies qu'on a l'ait i Quelque lev, quelque glorieux l'loge que voici que soit le rang qu'occupent si juste titre les < grands rformateurs Luther, Zvviugle et Calvin dans le livre de la renomme, Fausle Socin ne doii pas u en occuper un moins Cieve dans le livre de ne, ce qui est bien plus important ( Recueil llioloij. vol.
:

qui prennent intri l'histoire des doctrines unitaires, trouveront abondamment de quoi satisfaire leur curiosit dans l'Essai insiruclif sur les progrs

Ceux

du sniniaiiism que le docteur lies a mis la tte de son dition du Catchisme racovien. ("2) Voici comment un confi' c incrdule se moque de l'alisurdil du systme de Socin Et quoique les so< iuii ns dsavouent celte pratique ( celle d'ad:

Si on peut ajouter foi Socin, son perscuteur ( car, quelque trange que cela pnLsse paratre, ces aptres de la lilieri de penser ont presque tous t perscuteurs), David alla jusque affirmer que

(2)

<

<

je

contradiriions apparentes en religion ), " fort si eux ou les ariens peuvent ta re paratre leurs notions d'une crature diqmjie el d'une crature-Oieu, digne d'un culte divin, plus raisonnables que les extravagants des autres sectes sur l'article de la Trinit {Tolatul, chrhtianhme tans mystres), t
les

meure

me trompe

invoquer Jsus-Christ, c'tuil la mme chose que de plier la vierge Marie el les autres saints morts i (Socin. Opra, t. II). > unitaires anglais, se conten() Quelques uns des tant de rejeter seulement les deux premiers chapitres de saint Matthieu, conservent ceux de saint Luc. dont a t le passage relatif la conception miraculeuse expliqu par un de leurs plus savants crivains qui prtend n'y rieu apercevoir qui suppose ncessairement qu'il y ail eu quelque chose de surnaturel dans
<
<
,

213

VOYAGES A LA RECHERC1IL D'UNE RELIGION.


La simple humanit de
la
le

21

nature du Christ se trouvant ainsi clairement tablie, toute cette confusion entre la nature cleste et la nature terrestre, qui avait si longtemps

embarrass

et

choqu tous

les

chrtiens r-

flchis, fut enfin, la

grande satisfaction du

sens commun, efficacement dtruite, tandis qu'en mme temps et par un verdict semblable, ou plutt par une suite de verdicts on disposa de la troisime personne de la Trinit d'une minire aussi rationnelle et aussi satisfaisante. En suivant une chelle de rduction plus courte encore et plus rapide, le Saint-Esprit fut abaiss de la mme manire, jusqu' ce que du rang lev de vrage (ch. XL et XLII ). Le premier, qui part de la sa consuDslanlialit, comme personne conmain sre et lidle de ce rformateur, m'a l rapstituante de la Divinit, il en vint ire pel par la remarque qui vient d'tre faite par le professeur. Dans une prlace ses uvres, crite dpouilie enfin de tous ses titres tre conpeu de temps avanl sa mort, Luther dit Lorsque je m'eiisidr mme comme une personne. 'Car la gageai dans la cause de la rforme, j'tais un papisle conclusion laquelle sont arrivs sur ce i des plus fous, tellement imbu ei e .ivre des dogmes point les rformateurs socitiiens est que le i du pape, que j'tais loin, prt un lire mort, si Saint-Esprit n'esl autre chose que le pouc j'avais pu le l'aire, ou, du moins, aider ceux qui voir et la force de Dieu, et n'est pas, par auraient voulu meure mort quiconque aurait reconsquent, d'aprs le tmoignage de l'Ecrit fus obissance au pape sur un seul article. Qu'il ture, une personne, mais un attribut (1). ait port avec lui ce caractre aiuiable dans l'exii Dans celte lgre esquisse de l'histoire mii oppose o il s'tait jet, c'est de quoi on ne peut douter; ei je n'ajouterai rien au're chose aux de l'une des grandes branches de la rforme, exemples dj ciis de son esprit de tolrance que le on peut suivre pas pas l'action de ce printableau que Seckcndorf, l'habile apologiste du luthcipe naturalisant qui a plus ou moins opr ranisme et de son auteur, nous a laiss des disposidans les progrs de toutes les sectes, et doit, tions de son hros l'gard des Juifs. L'opinion de tt ou tard, les amener toutes la mme Luther tait, dit Seekendoif, que leurs synagogues simplicit de rsultat. Or ces heureux effets, fussent rases, leurs maisons cl tuiles, qu'on leur et ceux plus heureux encore qu'amneront enlevt leurs livres de prires, le Talniud de l'Anles consquences qui en doivent dcouler, cien Testament; qu'on dfendt leurs rabbins d'enseigner, et qu'on les fort gagner leur pain par de nous les devons premirement, cela va sans rudes travaux, e'.c, etc. Severam deinde sendire, au grand principe de la rforme qui adversus eos promit, censelque synagogas tcniiam soumet les matires de foi la juridiction de fmdilus desrrunds, dnnios q uoque di illormn la raison et en second lieu, et par-dessus ruciulas, libre* precationum et Talmudicos omtes... tout, celui qui a dvelopp ce principe t iino et rpsds sacros codics Veleris Testamenii dans toute son tendue, c'est--dire Zwingle, quia tllis tain maie ut iiitur, aul'ereiidos. etc. Secdont l'esprit hardi et vraiment philosophique i kpndorf. Comment, de Luth., tib. III, sec 27). > tait seul capable d'un si glorieux succs. Telle tait la tolrance de ce champion du jugement En effet, aucun de ceux qui furent ses individuel Seckendorf lui mme >e croit oblig de fltrir d'une marque de dsapprobation cooprateurs dans cette grande uvre ne de pareils sentiments. Acria ha2e sunt, et quue approbatiouein sut conserver et dfendre l'esprit de leur noc non inveuiunl. > ble cause avec moiti autant de constance (1) Le professeur fait sans doute allusion aux opipendant sa vie, ou le transmettre la posnion,' de Mlanchton en faveur de la primaut du trit avec moiti autant de succs. Quant pape, ainsi qu' son langage dcidment catholique Luther, nous avons dj fait voir qi la au sujet de l'eucb .risiie, dans l'apologie de la contrempe de son caractre et sa superstition (2) fession d'Augshourg. Il esi assez trange que le mme
,
:

nom; tandis que Mlanchton, quoique pouss en avant par l'ardeur cumante de son matre, soupirait encore aprs le sr amarrage de l'Eglise et tait, dans le fond et de cur, moili papisle (1). Calvin n'tait pas moins incapable, quoique sous un point de vue bien diffrent, de rconcilier la foi avec la raison et d'tablir une religion que les hommes de sens pussent adopter. Aprs avoir rejet, ou plutt escamot (2) les plus anciens mystres du chri-

rendaient incapable de laisser, aprs lui, aucun autre monument durable que sou

Doctrine de conception de Jsus ( Unilairianisme rivungite, pur le docteur Curpenlir ). (t) Aprs voir ci de nombreux tmoignages sur ce p. mu, un des diteurs du catchisme racOvieji, Wissowatius, conclut en ces termes Il esldonclrs sr de s'attacher au sens propi e du mol, et le croire que le Saiiu-Lspru e>i la puissance et la force de i Dieu, et, couse pieutinenl, un don du Dieu, comme clairement rvl dans les saintes i cela nous est < Ecritures tant de l'Ancien que du Nouveau Testu< ment. > Il y avait cependant sur ce point quelque diffrence d'opmio.i pjrini ces sectaires, et le pre des unitaires anglais, John Bulle, fut un de ceux qui, nous dit-on, prenaient le Saint-Esprit pour une i personne, chef des esprits clestes, premier inii.is* Ire de Oieu et du Christ, et app l, pour celle raf son, l'Mjspfil par excellence ( Histoire ubrije des
la
,
:

pa-sage de l'ancien canon de la messe, impliquant expressment mi changement de substance dans les lments aprs la conscration eldoni l'admissio dan. l'apologie de Mlanchton causa tant de scandai,;, ait l iu-i ensuite dans la liturgie (pie Charles 1 er essaya d'imposer au peuple d'Ecosse. (2) Le prdfesseur ne pouvait se servir d'un terme plus propre que celui d'escamoter pour dcrire l'espce de procd magique au moyen duquel liai. m, dans la vraie parodie qu'il l'ait de ce saciemeni, nous montre d'abord la propre substance, comme il le proclame, du corps dn Christ, nous assurant qu'il .si aussi rellement pisent au communiant que l'tait le Saiut-ESprit sous la loi tue d'une colombe; e> puis, tout Coup, par un coup de hagueile aussi proiupi que l'clair, il convertit celle pisence relle en um absence relle, et montre que la clio reue cl eelu qui la re ol sont aussi lmg , Vn de f autre (pie lu 108. ).i ciel l'Csl de la lerte i unitaires, C'est la toutefois une picuvti bien happante de la lorce ds paroles de notre SaU' (2) Je ne puis in'enipchcr d'ajouter encore deux Lrails au portrait de Luther dj trac dans cet ou- -4 veur dans l'iiutiiuliou de l'eucharistie. Car, tandis
t

.,

G
,

215

DEMONSTRATION EV ANGELIQUE. MOORE.


il

21

stianisme,

voulut leur en substituer d'au-

tres enlircment inconnus L'antiquit; et tandis que ce qu'il rejetait ne pouvait tre accus que de choquer la raison humaine,

inapprciables que l'application de cette rgle d'or a depuis produits


effet les rsultats

parmi nous
C'est,

je le rpte,

l'action lente,

mais

ce qu'il adopta n'allait rien moins qu attaquer la nature et les attributs de Dieu luimme. Car que peut-on dire de moins de son mystre de l'lection et de la rprobation, mystre dont on ne peut sonder les sombres profondeurs sans frissonner, et qui ferait du Tout-Puissant un tre tel que ses lus mme ne pourraient l'aimer (1)? Zwingle seul, en un mot, de tous les membres de cette ligue mmorable, runissait toutes les qualits ncessaires pour constituer un grand rformateur. Entreprenant, mais modr, tenant toujours la spculation subordonne la pratique, sachant, en mme temps qu'il dployait toute son nergie dans le prsent, jeter un regard sur les intrts de
'avenir, ferme dans ses vues et dans ses desseins, quoique tolrant pour les opinions opposes des autres, ce grand homme ne se montra pas seulement pendant sa vie digne de la cause de la libert pour laquelle il

mourut, mais en mourant mme il lgua son esprit au genre humain, en lui transmettant
ce mode rationnel d'interprtation des Ecritures qu'il avait enseign, et l'avantage immense d'tre par l mme dlivr des mystres et par consquent des fraudes pieuses qui en taient la suite ncessaire: voil en
,

sre de ce principe si simple que nous de vons l'tat actuel du monde chrtien. De l ce calme philosophique, ou, comme il plat aux fanatiques de l'appeler, cette indiffrence qui a succd aux amres et vhmentes controverses qui ont autrefois boulevers toute l'Europe. De l vient encore que ceux qui nient la divinit du Christ et qui, dans les sicles passs, n'auraient point eu d'autre partage que la prison ou la potence, peuvent maintenant, je ne dis pas seulement la nier impunment, mais mme passer malgr cela pour chrtiens, et se placer, sans tre inquits, l'arrire-garde de la foi (1). Dans les pays mmes qu'on pouvait supposer les moins accessibles cette lumire, la subtile influence de ce principe a su se frayer une route directe. Jetez en effet les yeux sur votre Eglise anglicane si vante, qui et pu jamais prvoir, au temps d'un Abbot ou d'un Laud, qu'un phnomne semblable celui d'un Hoadly et d'un Clayton
serait mme possible parmi ses vques (2)? Quel prophte aurait os prdire qu'un jour viendrait o l'on verrait le masque d'Arius

qu'elles foraient Luihcr croire, malgr lui, la prsence relle, elles contraignaient Calvin de s'efforcer avec non moins de rpugnance de paratre y croire; quoique, aprs tout, la vritable explication de la doctrine de Calvin, snr ce point, se trouve dans le jeu de mots impie de son disciple Bze, qui disait que le corps de Jsus-Christ, < non mayis esse in cna auaai in cno, n'tait pas plus dans la cne que dans
la boue.

de l'tablissement serait permis au socinianisme de loucher de sa baguette dsenchanteresse l'orthodoxie si longtemps vante des sacrements de l'Eglise anglicane (3) ?
il

percer

sous les mitres (l'Eglise tablie), et o

(1)

La

position de l'Unilairianismc dans

'chelle

des symboles chrtiens est tis-hien dcrite par r-

L'expose succinct et exact que nous allons donde l'effrayante hypothse du calvinisme est tir du trail clairement raisonn de Pvque Coplcston sur cette matire. Nous ne pouvons concevoir, en vrit, comment un Etre qui connat toutes les choses qui doivent arriver puisse; mettre kVpreuve i un autre tre de sa cration; qu'il expose cet tre tentation, sachant quelle en sera l'issue, et i la
(1)

ner

ici

vque llber qui l'appelle un sysime qui penche sur le bord le plus extrme du christianisme, l qui en tant de circonstances, a servi de degr a-u simple disme. Le digne vque eut : choqu, sans doute, si on lui avait dit, ce qui n'est pourtant que trop vrai, que sa propre religion n'tait que le premier degr franchir dans celle voie. (~1) Voici en quels tenues le zle de Wbitaker s'exprime au sujet de l'Essai sur l'esprit, que le prlat distingu de l'Eglise d'Irlande publia sous son propre
,

nom, en 1751

Celle folie, l'arianisme, a t der-

<

nanmoins
s'il

lui

parle avant et

le

traite

aprs connue

ne !e savait pas. s J'ai dj montr ( chap. 58), dans quels horribles blasphmes les consquences naturelles de celle doctrine entranrent Luther et ses autres dfenseurs. Un certain landgrave de Turinge, puissant patron des doctrines de la rforme, sut exprimer avec une gale concision une autre cotis |uence ncessaire du calvinisme,, lorsque ses amis lui reprochant la con Si pra> duite, dissolue qu'il menait, il leur rpondit

nulla peccata polerunt mihi regnum ceftloruni auferre; si prsciius, nulla opra mihi illud valebunt conferre. > Si je suis prdestin, il

destinants

sum,

n'esi point

royaume des

de pchs qui puissent me faire perdre le cieu*. si je suis rprouv, il n'est point
,

de bonnes uvres qui me le puissent procurer. Objection, ajoute le docteur Heylin , qui raconte ce fait, aussi commune qu'elle est ancienne, mais laquelle, il me faut l'avouer, je n'ai pu trouver de rponse satisfaisante sortie de la plume soit des supralapsaires, soit des sublaps;iires, dans le cadre troit de mes lectures, c'est dire dans le peu que j'en ai lu (Hisjoire
des cinq articles).
>

nirement ressuscile par ce qui semble un inons tre* d'absurdit dans ces temps modernes , par un vque de l'Eglise arienne l'vque Clayton l'a resi suscite dans son Essai snr l'Esprit, s On a dit que Clayton n'tait coupable que d'imprudence, pour avoir prt son nom cet ouvrage qui tait, en ralit, la production d'un jeune ecclsiastique le son dio se.Mais l'hostilit de cet vque nonseulement contre !e symbole de saint Alhanase, mais encore contre celui de Nice.et l'effort hardi qu'il lit en s'adressant la chambre des lords ce sujet pour qu'elle fil retrancher ces deux symboles de la liturgie de l'Lglise d'Irlande, montrent que, s'il n'tait peut tre pas l'auteur de l'Essai en question, il en partageait assez les princi| es pour tre rendu responsable de toute son htrodoxie. (5) En accusant de socinianisme lesystme delloadley sur ce sacrement, le professeur n'est que l'cho de l'un des vques peu nombreux de l'Eglise anglicane qui ont cru devoir prolester contre cette opinion qui a prvalu maintenant parmi les membres de l'Etablissement. Dans un sermon prch devant l'universit d'Oxford, le dernier vque Cleaver, aprs avoir fait
;

sentir

ses

auditeurs la liaison intime oui exista

217

VOYAGES A LA RECHERCHE D'UNE RELIGION.

21*

CHAPITRE XLV.
Effets du mode rationaSuite de la leon. Conliste d'interprtation en Allemagne. traste entre l'tat pass et l'tat prsent du inspiration des Ecriprotestantisme. Authenticit des livres de tures rejele. V Ancien et du Nouveau Testament mise en question, etc., etc., etc.

braques

et les accents
;

de l'Ancien Testa-


ce

Nous avons vu que dans


un gage

l'enceinte

mme
quoi-

si bien dfendue de l'Eglise anglicane, que l'orthodoxie trouvt un puissant


et
i

taient inspirs et, ce qui est bien plus encore, que ces formulaires et ces confessions de foi dont chaque ligne offrait d'abondants sujets de dispute, taient tous et chacun dicts par le mme Esprit divin. Oui. tel est, parmi ce peuple, le changement opr par le principe rationaliste (1), qu'il rejette maintenant toute ide d'inspiration quelconque, et regarde toutes les Ecritures, depuis le commencement jus-

ment

rem-

part et

certain de scurit dans les

les

un puissant attrait dans avantages prcieux qui en sontlarcompense, les consquences naturelles du principe fondamental du protestantisme se sont nanmoins l'ait jour dans beaucoup d'occasions, et s'y seraient encore plus pleinement montres, ou, pour mieux dire, plus ouvertementdveloppessous un systme de gouvernement ecclsiastique qui et t moins appuy par de fortes considrations httmaines. Mais, pour ramener tout d'un coup sur le thtre de ses rsultats les plus tendus et les plus signals ce principe inhrent et toujours agissant de la rforme, ai je besoin d'aller chercher ailleurs que dans mon propre pays des marques frappantes de sa force et de son activit? Pouvons-nous demander une preuve plus convaincante de l'elficacit de cette simple doctrine, qui enseignait que les Ecritures doivent tre interprles selon les lumires de la raison,
articles, et surtout

qu' la fin, comme une srie de documents vnrables, sans doute, mais seulement humains, et, par consquent sujets l'erreur. Dans ce mme pays, dont les thologiens autrefois estimaient l'Ancien Testament un dpt tout aussi prcieux de la foi chrtienne que le Nouveau, dcouvrant ainsi, sous le voile de ses types, la substance de l'Evangile, et dans ses prophties une his-

que

celle

que nous

offre

le

changement

saniuient branler en Allemagne la croyance des tout semblait dpendre de ce systme Ihologique vicieux. C'esi un expdient qu'on avait imagin pour dfendre contre les Romains la principale position des prolestants, et telle est la vritable origine de ce systme parmi eux. Leurs descendants ont regretter profondment celte politique imprvoyante. C'est ainsi que l'esprit de parti se trouvait au fond ci toutes les questions dans les premiers dbuts du protestantisme. Comme ils avaient, en opposition aux catholiques, fait de la Bible leur seul el unique guide, soutenir son eniire inspiration dans chaque mot et dans chaque syllabe devint moins un point de religion qu'un point d'honneur pour le parti, et il en est rsult, comme il arrive ordinairement toutes les fois

dogmes eux-mmes, puisque

profond, radical et universel qu'elle a opr dans tout le systme de la foi religieuse en Allemagne (1). Tel est en effet le changement opr par

le principe

rationaliste parmi ce peuple, qui autrefois, dans son zle pour l'infailli bilit de l'Ecriture, soutenait qu'elle avait t dicte tout entire mot mot par le Saint-Esprit (2), que mme les points h-

enlre l'importance de In cne du Seigneur et la dignit de la nature de Jsus-Christ, et qui e^ telle qu'on ne saurait le moins du monde dprcier les immenses bienfaits attachs la premire, sans nier positivement la divinit de la seconde, ajoute que la rputation dont jouissait en certains lieux l'expos simple du sacrement par l'vque lloadley ne venait que de sa connexion avec les ides sociniennes. (1) i il n'tait pas besoin d'ajouter, dit le rvrend M. Rose, avocat chrtien l'universit de Cam bridge, que l'Eglise protestante d'Allemagne n'est que i l'ombre d'un nom. Car celle abdication du cliristiai nisme ne se bornait pas seulement la communion luthrienne ou calviniste , elle tendait avec une gale force sur chacune des sectes, sa luucste el fl trissaute influence (Sermons). C'est aussi ce que nous apprend un crivain allemand, le baron Statke: ; Le protestantisme, dit-il ( est tellement dgnr qu'il n'en reste, pour ainsi < dire, aujourd'hui que le nom. Dans tous les cas, il < faut avouer qu'il a subi tant de changements que si Luther et Melanchton revenaient la vie, ils ne re connatraient plus l'Eglise qui a t l'uvre de leur gnie (Entret. philos.), i (2) Un systme d'inspiration tellement exagr, dit M. i'usey, a d infailliblement contribuer puis-

qu'on se jelle dans les extrmes, que les descendants de ces hommes qui proclamaient haute voix que la Bible tait tout, ont russi, comme nous le voyous, dgrader la Bible au puinl de la rduire rien. (1) L'extrait suivant des sermons de M. Rose, qui nous devons nos premires notions compltes sur l'tal du protestantisme en Allemagne, contient en peu de mots une vue gnrale du sujet si exacte que je n'aurai pas besoin de me donner la peine de recourir son autorit pour les dtails Ils ( les tholo giens ration listes d'Allemagne) ne soni retenus par aucune autre loi que leur propre imagination; les i uns sont plus extravagants, les autres moins; et je ne leur fais point d'injustice, lorsqu'aprs cette d< claralion, je disque la tendance et la marche gn raie de leurs opinions, plus ou moins rigoureuse:

ment

suivies, se rduit ceci

Que dans

le

NouveauChrist
ils vi-

Testament nous ne voyons que


el des aplres, adaptes

les opinions du

au sicle dans lequel

vaient, cl non des vrits ternelles ; (pie le Christ lui mme n'avait ni le dessein ni le pouvoir d'enseigner un systme de religion qui put durer; que lorsqu'il enseignait quelque vrit durable, ainsi qu'il l'a lait quelquefois , c'tait sans en connatre la nature; pie le> aplres comprenaient moins bien encore la vritable religion; que la doctrine du Christ, el de ses aptres ne s'adressant qu'aux Juifs, il s'ensuit qu'elle n'a point t en eflet puise d'autres sources que la philosophie juive; que le Christ s'est tromp, que ses erreurs ont t propages par les apires, el que, par consquent, on ne doit recevoir aucune de ses doctrines sur leur auto-

mais que, sans aucun gard l'autorit des de l'Ecriture et leur prtendue divine origine, chaque doctrine doit tre examine d'aprs les principes de la droite raison, avant d'tre reconnue pour divine,
rit;
livres

219

DMONSTRATION VANGUQUE. MORE.

220

renverse de la mission du Christ (1); dans ce pays, dis jo, une thologie plus investigatrice et plus intelligente a rompu, de dos jours, toute connexion de ce genre entre les deux codes. Au lieu de trouver le Christ partout dans les pages de l'Ancien Testament, ces thologiens, ainsi qu'on l'objectait autrefois Grotius (2), ne le trouvent plus nulle part ; suivant eux, les prophties qui, jusque-l avaient t regardes comme se rapportant au Sauveur, ne doivent tre rellement entendues que de l'tat fulur des Juifs, et n'ont, par consquent, d'autre rapport au Christ qu'autant qu'il les ait appliques lui-mme sa mission, ou que d'autres les y ont appliques dans un but purement aceommodaloi re

core de la constante puret de son langage dans toutes les parties qui le composent, n'a pu tenir davantage devant les progrs d'un esorit de critique qui prend chaque jour un nouveau dveloppement; aussi nos thologiens, imitant plutt la hardiesse de Luther que l'hommage aveugle-rendu par son Eglise chaque syllabe de l'Ecriture, en ont-ils agi avec aussi peu de crmonie l'gard de la plus grande partie du Nou


te

veau Testament que l'avait fait le grand rformateur lui-mme l'gard de l'Epitre de saint Jacques. Ils ont montr que
la plupart des Eptres sont remplies d'erreurs grossires et d'interpolations qui pmissent y avoir t introduites principalement vers le commencement du second sicle tandis que de son ct Bretschneider
;

Les nombreux exemp'es miraculeux que nous fournissent les Ecritures hbraques de l'intervention directe de Dieu dans ce monde ne sont plus considrs que comme des rves et des figures judaques
tif.
;

voulu prouver que non-seulement les Eptres, mais mme l'Evangile attribu saint Jean, n'taient que des productions de quelques gnostiques del mme poa

historiques, la vrit et mme l'exactitude verbale desquels on donnait pour appui l'Es prit-Saint lui-mme qui les avait dicts, sont maintenant interprts dans un sens allgorique, ou rejets comme des fictions forges plaisir; et mme le fait I' plus important de tous, celui sur la vrit duquel repose en grande partie le christianisme, je veux dire l'histoire mosaqude la cration et de la chute de l'homme, on a voulu montrer qu'il porte visiblement gravs sur son front tous les
les rcits

que (1). Ce n'est pas. tout encore car les litres mmes que peuvent avoir notre confiance
<( :

d'une fiction mythologique (3). Tandis que nos ides par rapport YAntien Testament ont subi un pareil ehangement, quelques-unes de nos illusions rolativement au Nouveau, ont t aussi compltement dissipes. La croy ance si chre nos anctres, non-seu'ement de l'inspiration de tout le volume sacr, mais entraits

autres Evangiles ont t srieuse l'occasion d'une dcouverte de la plus haute importance, que nous devons en premier lieu la sa gacit de notre savant Micha'lis, mais que d'attirs, aprs lui, ont mise plus pie in e ment encore en lumire. C'est un fait, ce qu'il parat, clairement dmontr par ces critiques, en s'appuyant sur l'vidence in Irinsque, que les trois premiers Evangi les ne sont pas, en ralit, l'ouvrage des crivains dont ils portent les noms, mais tout simplement des copies ou des traduc tions de documents antrieurs (2). Les or thodoxes n'ont point encore donn de rles trois

ment mis en question

justifie le but
(1) Ils soutenaient , dit M- Pusey en parlant de ces anciens thologiens allemands , que toutes les i doctrines les plus essentielles du christianisme i taient aussi bien rvles aux Juifs dans l'Ancien Testament qu'elles le sont dans le Nouveau, et que < la connaissance de ces dogmes leur tait aussi n cessaire pour le salut qu'elle l'est pour nous. Il ajoute ensuite une aucune erreur ne parat avoir au faut contribu la raction subsquente qui rejeta < toute yrophiv, et regarda toute doctrine connue pr caire (Recherches historique). Ces ides lurent pousses si loin celte noque (vers IIHO). que le clbre luthrien Calixte fut accus d'ariaujstne et de judasme, parce qu'il pensait que le dogme de la Trinit n'tait pa^ rv avec autant de clart dans l'Ancien que dans le Nouveau Testament et que sous l'ancienne loi il n'tait pas aussi ncessaire pour le salut. (2) On disait, par alluion leurs diffrents modes d'interprtation, q;;e : Cocceius trouvait le Christ partout dans l'Ancien Testament , et que Grotius ne le

prface de son ouvrage Bretschneider dans lequel il l'a crit, tant par l'exemple de Luther (pie par les principes de l'Eglise vanglique. Eam enim judicii liberialem non s'olnm
(t)
la

Dans

auiiquissima sihi vimlicavii Ecclesia, sed ea quoque n*us est Lmherus, eademque denique prinripiis < Ecclesia! evangelica: est quant convenientissima. > Plusieurs autres thologiens allemands, outre Bretschneider, et entre autres Cludius, surintendant de l'Eglise luthrienne liildesheim, ont embrass le mme sentiment et prtendu galement que les crits attribu saint Jean taient supposs. l'un de ces critiques qui affirment (2) Berlliold l'existence d'un document commun pi tend que cet original des trois premiers Evangiles tait crit en aratua'iuc. ill avance de mme que les Eptres de saint Paul, comme toutes les autres Eptres, ne s. ut que de simples traductions de l'aramaque, de sorte que, comme l'a remarqu sur ce sujet un habile crivain dans \c.Briiish critie, i au eu de penser, comme
i
, , l
;

trouvait nulle part. (5) Sur ce point les thologiens allemands n'ont pus eu tout le rationalisme pour eux seuls, puisque le

rvrend auteur du Libre examen s'tait permis, avant mme ces critiques, de tourner en ridicule l'ide de c un serpent parlant et raisonnant. > (Voyez Vlissai de Middleton sur ce sujet, et aussi sa Lettre au docUr Walerland).

<
t

on l'avait bonnement l'ait jusqu'alors, que le Nouveau Testament est. une collection d'ouvrages composs par les auteurs dont ils portent les noms, et qui ciivident sous l'inspiration de l'Esprit Saint, nous devous croire maintenant que l'auteur original de l'histoire vanglique es.! un personnage inconnu et que le> Evangiles et les Eptres que nous lisons en grec, ne sont que de simples traductions faites par
,

i i

des personnes dont les noms sont perdus, et qui se trahissent elles-mmes par plusieurs bvues dans l'uvre qu'elles ont entreprise (Juillet 1828).

2-21

VOYAGES A LA RECHERCHE D'UNE RELIGION.

222

ponse satisfaisante aux preuves allgues par nos rationalistes l'appui de ce fait; et ainsi l'esprit de tous les chrtiens qui rflchissent se trouve livr des doules pnihles,

ne sachant

p;<s si les

mmes mains

qui ont copi n'ont point aussi pu inlerpo 1er, etsi les protestants n'ont point lieu de craindre que leur seul et unique guide dans la foi ne soit, aprs tout, qu'une autorit n'ayant point, pour douteuse et faillible, les diriger, ces lumires de la tradition que l'Eglise catholique a, dans tous les temps, fait servir, conjointement avec les Ecrilu res, diriger sa marche. Nous savons, n'en point douter, que, vers la fin du se cond sicle, on se permit dans tout le monde chrtien de forger de nouveaux Evangiles et d'altrer les anciens; on alla a mme, sur ce point, jusqu'aux plus grands excs et cette dernire espce de fraude, si on peut ajouter foi leurs accusations rciproques, fut pratique au mme degr par les hrtiques et par les orthodoxes. Ego Marcionis adfirmo adulleralum (dit Tertullien) Marcion meam. Mais de quelque manire qu'on puisse, en dfinitive, dcider la grande question de l'authenticit de ces documents, le mode rationnel, d'aprs lequel nous en interpr tons maintenant les faiis et les doctrines, les purge entirement de tout ce fanatisme et de tout ce mystrieux dont la supersti lion avait fait jusqu'alors son principal aliment ; et notre mthode pour rsoudre toutes les absurdits et les inconsquences qui en dshonoraient la doctrine, est simple comme le sont toutes les mthodes qui se montrent efficaces dans leur opration. Une fois admis et pos en principe que sur certains points, et entre autres, par exem pie, le sur les possessions du dmon Christ s'accommodait aux prjugs et la superstition de ses auditeurs, nous nous croyons en droit toutes les fois que les prceptes semblent tre en contradiction avec la saine raison, de chercher dans celte mme politique ou conduite accom modante, la solution de ces sortes de dilfi; ,

arriva du temps de la grande clbrit de Mesmer, ils attribuent aux effets du magnlisme animal les gnrisons miraculeuses opres par le Christ (1). En un mot, ils ont trouv moyen, par une explication ou par une autre, de dissiper enlirenient tout ce qu'il peut y avoir de miraculeux dans l'histoire du Nouveau Tcslament, ne laissant plus apercevoir derrire

eux que

les ralits

purement humaines.

de tout cet imposant appareil de miracles qu'on avait d'abord rassembls comme un cortge ncessaire la divinit du Christ, et qu'on doit maintenant laisser passer et s'enfuir avec sa divinit ellcmme, le seul miracle qui conserve encore des litres noire foi, est le grand miracle de la rsurrection, auquel la nature humaine, en dpit de tous les raisonnements, reste toujours attache, et que, par consquenl, peu encore de nos thologiens se sont jusqu'ici hasards mettre en quesAinsi,
lion (2).

que nous devons un professeur de thologie, Pau lus les mots E^i rrv aWjav OT^trtKTvr* doivent se traduire marchant sur le bord de la mer, au lieu de t mai chant sur la mer. ^ L'explication qu'il donne du miracle de la pice d" monnaie pour payer le irihui et du poisson, est galement digne d'un professeur
, .

cultes.
La partie doctrinale du Nouveau Testament se Irouvant ainsi purge de son irra-

><

ne restait plus qu' rconcide la raison et de la nature les dviations au cours de ces deux sortes de lois que prsentent les miracles qui y sont rapports c'tait l un service plein de difficults que nos thologiens ont entrepris de rendre au monde et leurs efforts ont t couronns d'un succs diffrenl selon les divers moyens adopts par eux pOlif atteindre ce hut. Quelquefois ils rduisent tout le miracle une simple exagralion d'un phnomne naturel; quelquefois iis l'ont voir, comme dans l'exempie o Jsus nous csl reprsent marchant sur la mer, que tout le miracle ne doit son origine qu' une prposition mal traduile (t); et quelquefois mme, comme il
il

tionulme,
lier

protestant: Quelle espce de miracle, demande Panlus, croit-on communment trouver ici ? .le ne di rai pas que c'est un miracle d'environ 16 ou 20 groscli.-n (5 l'r. 10). car la grandeur de la somme ne < t fait pas la grandeur du miracle. Mais on peut oli server d'abord que, comme J-us tait, en gnral, assist par plusieurs personnes (Judas gardait la t bourse, S. Jean, XII. I(i) de la mme manire que les rabbin* vivaient aus-i d'offrandes de ce genre i comme en second lieu un grand nombre de pieuses < femmes avaient soin de pourvoir aux besoins de c Jsus; et comme, enfin., ce n'est pas dans un lieu cart, que le tribut est rclam, mais Cipharc nain mme, o le Christ avait des amis, un mira clc pour un dollar environ, c'est -dire pour 5 fr. < 10 c. et i certainement supeiflu. s Pour avoir desdiails plus nombreux sur ce prcieux thologien, voyez Rose (Etat du protestantisme en Allemagne). (t) En parlant des enthousiastes du magntisme animal, qui suni alls jusqu' lui attribuer l'vocation de l'ombre de Samuel par la pyihonisse, l'abb Grgoire dit: Comme les nologues protestants, ils appliquent d'autres faits surnaturels raeonls dans la Bible, celle iliaumaluigie mdicale qui ten drail dmolir tout le plan de la rvlation.
;

avec

les lois

(2) Parmi eux se trouve Paulus qui, dans son commentaire, affirme que le Christ ne mourut pas rellement, m. iis qu'il tomba seulement en lthargie Un des pres du rationalisme, Scmler, prtendit que la rsurrection n'tait qu'une sorte de mythe potique qu'il fallait prendre dans un se s moral on allgorique ; et Wegschneider dil que, ((unique le Christ part aux assistants rendre le dernier soupir, il n'en est pas moins vrai qu'ayant t confi aux soin-, empresses de ses amis, quelques heures seulement aprs, il revint la vie le troisime jour.
.

M. Puscy se flicite de ce que le dogme de !a r-ut reclion a repris sa place dans le symbole des protestants d'Allemagne ; il y voit nu de ces symptmes d'un retour de respect pour le christianisme, qu'il
est as ez hardi

pouf apercevoir dan-

l'tat aciiiel

des

esprits en Allemagne. On m'a parl, dn-il, de beaucoup de personnes, cl j'en ai vu moi-mme d'autres

(1) D'api es celle explication

du miracle en question,

en Allemagne | qui avaient t prcdemment du

DEMONSTRATION EVANGLIQUE. MOORE.


m
sicle
,

Je n'ai pas 1 intention d'entrer ici dans le dtail des diverses doctrines rputes jusqu'alors appartenir l'essence mme du qui sont dj tombes dechristianisme vant la marche partout victorieuse du rationalisrne. Qu'il me suffisededire que, dans ce pays (y compris la Suisse (lj mme, que dans le pays dis-je, qui a vu la naissance les triomphes et les excs de la rcforme ; ce pays o l'intolrance se porte aux dernires violences contre ses vicli
, , ,

.,

prsente avec l'Allemagne du seizime et du dixseptime, je n'ai besoin que de signaler la coalition extraordinaire qui depuis quelques annes s'est forme entre les
,

magne du dix-neuvime

deux principales

sectes

qui divisrent la

mes

o Pestelius

fut

condamn

mort par

magistrats de Wittemberg, sans autre que parce qu'il diflrait d'avec eux au sujet de l'eucharistie o Calvin mit Servet la torture, et o les rformateurs de Berne dcapitrent Gentilis pour avoir soutenu des opinions qui n'taient gure plus htrodoxes que celles de Whiston et que dans tout du docteur Samuel Clarke ce pays, non-seulement la Trinit, mais encore tous les dogmes qui s'y rattachent, la nature suprieure du Christ, la person les

raison

rforme ds ses premiers progrs. De tou tes les Eglises qui ont jamais exist, la plus violemment intolrante peut-tre a cl la luthrienne (1), non-seulement en ce qu'elle perscutait emprisonnait et mme excluait du salut comme hrti ques (2) les membres de l'Eglise sa sur, l'Eglise rforme ou calviniste mais en core en ce qu'elle nourrissait dans son sein un principe de discorde (3) tel que la haine thologique n'en engendra jamais de semblable; les ultra-luthriens et les mlanchtoniens se refusant les uns aux

,
,

nalit

du Saint-Esprit, l'incarnation (-2) la rdemption avec tous les mystres qui l'accompagnent ont tous t rejets de leur symbole par la grande masse des protestants de toutes les sectes, comme autant de
, ,

le rite de la communion et les honneurs de la spulture; les flaiianistes (4) tant en guerre contre les straigeliens et les osiandriens contre les stancariens (5) ; chacun de ces diffrents partis hassant son adversaire d'une haine aussi invtqu'ils s'accordaient tous ensemble re

autres

fictions et
,

d'absurdits.

Enfin pour terminer et couronner cette srie de contrastes frappants que l'Alle-

dtester leur ennemi commun, les calvinis tes. Cette glise , cependant , ne comme elle l'tait, et leve dans la discorde , au point que la guerre paraissait tre l'l ment et le principe mme de son existence,

en est venue

depuis quelques annes

froids rationalistes, mais qui, celle heure, se rapprochent a diflrenls degrs de la plnitude du christianisme. Du moment o le grand miracle de la r-

(1) De toutes les sectes du christianisme, Rousseau, avec une juste svrit, la luthrienne

dit

surrection de noire Sauveur a l regard comme la base de la rvlation chrtienne partir, dis-je, de ce moment , il y a progrs ( Recherches historiques), t (1) Les ministres de Genve, dit Grenus, crivain protestant, ont dj franchi l'immuable barrire; ils ont donn la main en signe d'alliance aux distes et aux ennemis de la religion; ils rougissent mme de faire mention, dans leur catchisme, du pch originel, sans lequel l'incarnation du Verbe ternel n'est plus ncessaire. Rousseau, dans ses Lettres de la Montagne, peint peu prs sous les mmes couleurs les Genevois de son temps. Quand on leur demande, dit-il, si JsusQuand on Christ est Dieu, ils n'osent rpondre. leur demande quels mystres ils admettent, ils n'oUn philosophe jette sur sent encore rpondre. eux un regard rapide et les pnlre l'instant : il voit qu'ils sont ariens, sociniens. Les ministres de Genve, dans leur dclaration en rponse l'article Genve de d'Aleniberl, dans l'Encyclopdie, disent qu'ils ont pour Jsus-Christ plus que
;

parat la plus inconsquente. Elle a runi plaisir, contre elle seule, toutes les objections qu'elles se font l'une l'autre. Elle est en particulier intol-

me comme

rante

comme

l'Eglise

romaine, mais

le

grand argusans

ment de

celle-ci lui

manque;

elle est intolrante

savoir pourquoi (Lettres de la Montagne ). (2) Ainsi un savant professeur, Fechl, dans un ouvrage De bealitudine mortuorum in Domino, exprime son opinion en disant que Tous les hommes, l'exception des luthriens , et certainement de tons salut; mais, quant < les rforms, sont exclus du aux luthriens, il affirme que l'expression der selige morts dans le Seigneur , doit leur tre appli ou c que dans tous les cas , lors mme qu'ils auraient,
< c (

de notorit publique, men une vie impie et dbauche, cl que sur leur lit de mort ils n'auraient pas donn le moindre signe de repentir ( Voyez

M. l'usey, Recherches historiques).* (5) Parmi ions les exemple-, (pie nous avons de luthriens perscuts par des luthriens, je ne citerai

du

respect.

(2) Un thologien allemand l'ait bon march de tous ces mystres ; c'est Cannabich, qui, dans une Revue des anciens et des nouveaux dogmes de la foi

que Strigel qui a subi un emprisonnement de trois ans pour avoir soutenu que l'homme n'est pas purement passil dans l'oeuvre de sa conversion llardenberg, dpos et banni de Saxe, pour avoir seulement
,

chrtienne,
originel,
la

Trinit, le pch justification, la satisfaction du Christ, le


rejeile

froidement

la

cne du Seigneur, tels qu'ils sont enseignes dans son Eglise. Ce luthrien niveleur, qui a occup une des plus hautes dignits dans l'Eglise luthrienne, s'exprime ainsi au sujet de la Trinit On peut sans scrupule carter de l'instruction religieuse le dogme de la Trinit, comme tant une doctrine nouvelle, sans fondement, et contraire la rai4M ; mais en ne doit le faire qu'avec une grande circonspection, de crainte que les chrtiens faibles ne s'en scandalisent ou ne s'en fassent un prtexte pour rejeter toute religion !>

baptme

et la

approch des doctrines rformes sur la communion; Peucer, gendre de Mlanchton, emprisonn pendant dix ans, pour avoir pous la cause d'un disciple de son beau-pre et Cracau, misa la question pour la mme
;

offense anlilulhrienne.
(i) Celle controverse avait eu pour principe celte assertion extravagante de Flacius que, i le pch

nature humaine. notre jusiilicaliou par Jsus-Christ drivait uniquement de sa nature divine, tandis que Slancarus attribuait l'uvre de la justification sa nature humaine seule. C'est ainsi que ces disgracieux bigots combattaient toujours dans les
originel tait la substance de
(o)
la

Osiandre

prtendait que

ex renies et toujours dans


t

les

tnbres.

VOYAGES

A LA

RECHERCHE D'UNE RELIGION.

226

grce la vertu calmante du rationalisme. former une alliance paisible avec son ancienne ennemie et partage aujourd'hui amicalement avec elle les mmes temples, les mmes ministres et les mmes sacre,

la pierre de touche du sens commun au mystre de l'eucharistie, a t, je le r pte la principale cause des effets admi~ rbles que je viens de dcrire que nous devons d'autres lumires hardies dans
,
,

ments

cette (1)
1

l'ternelle gloire de la raison, le monde maintenant sous les yeux l'difiant spec-

ressortir

tacle

<(

de deux religions autrefois si mutuellement hostiles que chacune d'elles aurait volontiers reconnu la possibilit de salut partout ailleurs que dans l'enceinte dteste de l'autre, et cependant aujourd'hui paisiblement runies dans la profession de Leurs symbole-, il est la mme croyance
1

vrai

ont t simplifis de part et d'autre , de la et si bien appropris aux lumires qu'il leur reste peu de dogmes raison sur lesquels il leur soit possible de disputer, quelque disposes qu'elles pourraient tre et de plus elles possdent, le faire (2) dans l'avantage qu'elles ont d'tre dlivres de toute espce de mystres tnbreux et contraires la charit, le meilleur et peuttre le seul prservatif contre les dissen, , ;

sions et la fraude.
et
(1)

C'est

Zwingle

par

la rgle qu'il

qui , par son exemple a pose en appliquant


servi former
:

L'un des

compromis qui ont

Les lucelte trange union n'est pas peu curieux tlirieiis taient dans l'usage de se servir, comme les catholiques, d'une petite Itoslie entire; les calvinistes se servaient d'un pain qu'ils rompaient. Eli bien ! maintenant ils se servent en commun d'une grande ho>lie luthrienne qui est rompue comme l'tait le pain calviniste. Nous avons ! un type, si je puis parler ainsi , de la destine du protestantisme allemand. C'tait par rapporta h substance du l'eucharistie que ces Eglises s'taient d'abord divises, et, aujourd'hui, un simple compromis relativement au pain qui en

rconcilier ensemble! fait la matire a suffi pour les L'abb de Lamennais n'avait il donc pas bien raison protestantisme fatigu s'est endormi Le de dire sur des ruines ? > de tout ce qui est ici avanc (2) En confirmation par le professeur, je vais citer le passage suivant, tir de M. Jacob, voyageur anglais, qui, en parlant de la Celte rconciliation en question, s'expr.me ainsi union n'a lait, dit-nn , que rpandre davantage encore l'esprit d'indiffrence en matire religieuse. Le dogme dislinctif des luthriens et qui est contenu dans leurs livres de doctrine auxquels le clerg fait profession d'adhrer, est le dogme de la prsence relle du corps et du sang du Christ dans le pain et le vin, dans la cne du Seigneur. Ce dogme, quoique l'Eglise luthrienne ail toujours fait profession de l'admettre, a depuis longtemps i abandonn par la majeure partie de ses ministres. Les ministres rforms ou calvinistes, avaient, comme leurs frres du parti luthrien, peu de chose abandonner. Leurs doctrines favorites et distinctives de la prdestination de l'lection, de la persvrance, del grce existante, avaient dj disparu de leurs oflie.es publics, comme des dogmes vieillis qu'on ne pouvait plus admetIre; et l'on savait gnralement que depuis un sicle elles taient peine maintenues par une portion notable du clerg. Ainsi loue l'union qui s'est forme ne puait pas avoir eu d'autre clfet pratique que de faire penser au vulgaire que le culte religieux, sous quelque forme que ce soit, est une chose aussi indiffrente ipiecelle union, si aisment effectue, montre me leurs matres diffrent entre eux en lait d'opi:
:

course aventureuse propres faire plus pleinement encore les effets prodigieux du principe dont il est le pre, mais auxquelles la longueur qu'a dj at teinte cette leon me permet seulement de faire allusion. Le sombre dogme du pch qui n'est videmment qu'un em originel prunt fait au manichisme, est au nom bre des doctrines limines par ce rforqui en rejetant l'ide mateur clair (i) que le baptme efface le pch, nia qu'il y et un pch originel effacer. Comme c'est aussi de l'existence de cette corruporiginelle que dcoule la ncessit tion d'une rdemption nous ne pouvons lre que peu surpris de le voir adopler un sys tme de salut si vaste que, dans ses ides, les grands hros et les sages du paganisme ne sont pas moins dignes d'entrer dans la gloire du ciel que saint Paul lui-mme. Dans sa confession de foi, adresse, peu de temps seulement avant sa mort Franois I", il ne se contente pas d'assurer ce monarque qu'il pouvait bien s'attendre rencontrer, dans l'assemble des bienheu reux quelques-uns des personnages illus trs de l'antiquit tels que Socrafe SciCaton , groups cte cte avec pion Mose Isae et la vierge Marie ; mais il annonce encore comme devant tre de la compagnie, les demi-dieux Hercule et Th se et la tte de tous il plaa Adam et Jsus-Christ lui-mme. J'ai dj donn entendre que, de son vivant il plana sur Zwingle quelques soupons d'tre moins orthodoxe sur Tarlicle de la Trinit que ne l'taient la plu part des rformateurs ses confrres (2) ; et
, , , , , , ce , , ,
,

te

nions.

(1) Il pensait que c'tait un malheur, une maladie de la nature humaine, ci non un pch, et ne mritait pas la peine de la damnation. Colligimus ergo peccatum originale morbum quidem esse, qui tamen per se non culpabilis esl nec damnalioni pnam inferre potest (Tractai, de Baplism. ). (2) Calvin aussi fut accus d'htrodoxie sur ce point par les luthriens; et Hurler, un de leurs plus violents thologiens , publia un livre pour prouver que Calvin avait corrompu, d'une manire dtestable, les passages et les tmoignages les plus clairs des saintes Ecritures qui avaient trait la trs-auguste Trinit, la divinit du Christ et au Saint-Esprit. Les motifs sur lesquels tait fonde celle accusation contre Calvin sont tirs de la manire dont ce rformateur se permettait d'expliquer quelques-uns des types et des prophties des Ecritures hbraques, qui sont regards par la plupart de-> chrtiens connue se rapportant au Christ: mais que Calvin, prvenant le systme des rationalistes, n'appliquait qu' la condition et aux esprances temporelles des Juifs. En signalant ce mode d'interprtation ( que le professeur Scr.ilchenbaeb aurait pu citer au nombre des exemples qu'il produit de l'esprit rationalisant du protestantisme), Mosheim s'exprime en ces termes SI faut cependant observer que quelques-uns de ces Ici prles, el surtout Calvin, ont l svrement censurs pour avoir appliqu l'tat el l'histoire tau,
: i
.

DEMONSTRATION EVANGELIQUE. MOORE.

228
je n'avais pas

"


.<

quoiqu'il ait russi, nous dit-on, se justfit>r sur ce point devant Luther, je suis voyant le peu de c[loi l croire, en rmonie avec lequel dans un document si indistinctement le Sauil classe solennel veur avec celle troupe bigarre de saints et que le soupon d'hlrode demi-dieux doxiequi pesa sur lui par rapporta la divinil du Christ, n'tait pas sans Fondement. En effet il ne pouvait manquer de paratre vident un esprit mme beaucoup moins pntrant que celui de Zwingle, que
, , ,
,

duel, c'est ce que aussi clairement prvu,

assurment quoique pourtant elle en soit une consquence aussi naturelle, et je ne pus m'empcher alors de me rappeler la

tant,

remarque d'un clbre crivain protesremarque qui, la premire fois que je

la rencontrai,

motif aussi bien que le principe qui l'avalent fait agir en rejetant la transsubslan lialion, savoir qu'on doit regarder comme incroyable tout ce qui est inintelligible, avec la mme cerli devaient conduire, lude rejeter pareillement l'nigme non moins inexplicable de la Trinit. C'est sur ce fondement que ce dernier dogme fut at taqu dans la suite avec tant de succs par Socin et les deux forteresses des mystres tant ainsi tombes devant les sommations de la raison, toutes ces autres invasions sur l'ancien territoire de la foi, qu'il entrait dans mon plan de vous signaler, en ont d tre les consquences et la suite nces le
: ,

saire.

CHAP1TL XL VI.

MariaRi flexions. Lettre de miss ges des rformateurs. QEcolampade. son Ldeletta. Luther Sucer. Calvin sa Catherine de Bore. Leur souper de noces. Hypocrisie des rformateurs. rOurs-Noir. La guerre du sacreDfi
***. et et

ment.
lecteurs qui taient rests jusqu'alors trangers au sujet, et sur l'esprit desquels le tableau qui vient d'tre trac

Ceux de mes

me parut n'tre pas loin d'tre extravagante, mais la vrit de laquelle cependant le sort qu'a subi le christianisme dans la patrie mme de la rforme ne rend qu'un trop effrayant tmoignage, savoir, que le premier pas fait en se sparant de i Eglise de Rome tait le premier pas vers l'incr d alit (i). Toutefois, quelques-uns des dtails de ce nouveau code ngatif (2) de christianisme me parurent si incroyables que je rsolus de m'clairer l-dessus en recourant directement quelques-unes des autorits cites par le professeur, et do m'assure; quel fond on pouvait faire sur les assertions tranges qu'il avait mises. Dans cette vue, renonant pour un temps l'honneur d'entendre encore ses leons, je m'appliquai soigneusement l'tude des crivains rationalistes que je croyais propres m'aider former mon jugement sur la nature de leur systme. Je fus cependant bientt interrompu dans celle uvre par une lettre de miss **', o , mlant, comme son ordinaire, le sentiment la thologie, elle me demandait, comme une faveur loute spciale, de recueillir, pour en enrichir son aibum les particularits qu'on racontait sur ces femmes favorises du ciel, qui, la premire aurore de la rforme, avaient joui de la gloire si digne d'envie d'el ainsi de tre les pouse; des rformateurs partager l'affection et d'adoucir les travaux de ces premiers ouvriers dans celte grande
,

et

si

belle vigne.

de l'tat actuel du protestantisme en Allemagne, a d pour cette raison produire la vive

Quoique mon enthousiasme sur ce point


fut considrablement tomb, je ne perdis pas de temps m'acquitter de mon mieux de celte commission de ma belle amie dont le zle excessif dans toutes les matires thologiques (quelle que pt tre la connaissance qu'elle en avait) lui mritait pleinement l'loge donn par Bossuet une religieuse de son temps Il y a bien de la thologie sous la robe de celte femme.
, :

impression que produit ordinairement la nouveaut, ainsi que je l'prouvai moi-mme alors, je l'avoue, peuvent seuls se former une ide juste de l'lonncmenl, de l'incrdulit mme avec laquelle j'coutai le rsum du symbole d'incrdulit (on peut en effet l'appeler ainsi sans crainte de blesser la vrit), des protestants, que j'ai rapport fidlement tel qu'il est tomb ds lvres de mon professeur, dans la dernire partie de sa leon. Je me trouvais , il est vrai, suffisamment prpar par la connaissance que j'avais des premires hrsies ces branches anes de la sombre famille de Simon le magicien, les
,

Le

amateur de littrature. (1) Extraits du Journal d'un spirituel auteur de cet ouvrage, M. Green , entre
les plus

valenliniens, les inarcionites etc., etc., attendre toutes les extravagances possibles, en fait de croyance, de la libert sans frein el sans contrle* accorde la raison par rapporta 1'inlerprlalion des saint, s Ecritures; mais voir l'incrdulit rsulter un tel point
,

intimes avec quelques-uns des mirtents de la seconde moiti du dernier sicle. C'esi en parlaut du p> me de Dryden, intitul La biche et la l'antare, qu'il du : La bjche dmontre ce que j'ai souvent pens, mais ue je n'exprime qu'en tremblant : que le premier pas fait pour le premier pas se sparer df l'Kglise de Rome tait
tenait des rapports

hommes

vers l'incrdulit.*

le

celle

mme

licence du jugement

indivi-

porelle des Juifs plusieurs proplies Messie et l'conomie de la religion la manire la plus vidente, cartant uns des arguments les plus frappants divinit de l Evangile.*

qui onl trait nu

chrtienne, de ainsi quelquesen faveur de la

unit "ni existe enlre les pro(-2) i La principale pas Gloire; tesi.nl- ne consiste pas croire, mais ne savoir plml qu'ils >oni contre, qu' savoir qu'ils vousoin pour; n n pas 'tant a connatre ce qu'ils draient avoir, qu' conn lire ce qu'ils ne voudraient pas avoir. Mai- que ces religions ngatives prennent bien garde de ne trouver qu'un salut negatil (Papiens marquis de Worcester, dans sa confrence avec

du

Charles l", Ragland).

5-2<)

VOYAGES A LA RECHERCHE DUNE RELIGION.


l'an,

2~<

Commenant donc par OEcolampade,

cien ami d'Erasme (1), et le premier prtre qui profila de cette re de libert pour se procurer le luxe sculier d'une belle et jeune
je parcourus rgulirement la liste de tous ceux qui se sentirent entrans suivre une roule si engageante. OEcolampe, dit Erasme dans l'une de ses lettres, a pris une femme, une jeune et jolie fille, il veut

religieux de Sainte- Brigitte; le troisime, Wolfgang Capilo un des plus actifs d'enr<i

femme,

apparemment
appellent
le

se mortifier.

Quelques-uns
tragdie,

luthranisme une
est

mais moi
le

je l'appelle

dnouement

une comdie dont gnralement un ina-

riage.

Calvin lui-mme, l'austre Calvin, ne fut pas l'preuve contre ce. charme sducteur, car, la mort d'un M. de Bure, anabaptiste, qu'il avait converti, il lui continua charitablement ses services spirituels en pousant

veuve (2). Martin Bucer, qui avait t primitivement un religieux dominicain , n'eut pas plutt jet le froc qu'il songea se marier comme et mme plus que les autres, les autres dit Bossuet, puisque ce moine eut le bonheur de devenir l'poux de pas moins de trois lemmes la suite les unes des autres, l'une desquelles (pour relever encore "l'ignominie) avait t religieuse (3). Cet empressement
sa
,

rformateurs ; el le quatrime, le religieux dominicain et l'aptre envoy au secours de la rforme d'Angleterre , l'illustre Martin Bucer. Comme je savais bien que la carrire de ce zl propagateur du protestantisme intresserait coup sr au plus haut degr mon amie mis9 *", je pris soin de la lui raconter avec tous les dtails que me fournissaient mes malriaux, ayant soin de lui signaler d'une manire loule particulire l'incident sentimental par lequel la veuve d'OEcolampade tait devenue successivement la veuve aussi de deux de ses collgues les plus estims, Capitoet Bucer. La libralit de ces rformateurs par rapport au mariage ne se bornait pas leur propre compte particulier elle s'tendait avec plus d'indulgence encore aux dispositions matrimoniales des autres et tandis que Bucer pensait que trois femmes conscutives
les
, ;

excessif se marier, surtout de la part des tait considr comme une ecclsiastiques pieuved'allarhement sincre la cause de la rforme, tandis qu'au contraire toute espce de vieux scrupule la pense de violer les vux les plus solennels faisait natre des
,

soupons, comme un symptme de persvrance secrte dans le papisme (4). Celle marque vidente de bon patriolisme, ne manquait pas Bucer nous venons de voir qu'il en tait abondamment pourvu, et mme une de ses femmes se maria un plus grand nombre de fois encore que lui. Par un singulier effet du hasard, il est arriv que tous les mariages de celle dame ont t conson tracts dans la ligne des rformateurs premier mari ayant t Louis Cellarius le second, le fameux OEcolampade qui avaitt
: ; ;

un privilge suffisant pourlui-mme, accordait au landgrave de Hesse, en considration des grands services qu'il avait rendus au protestantisme, le droit un peu moins usit parmi les chrtiens d'avoir deux femmes la fois. Le mmoire adress par ce prince aux rformateurs pour leur exposer les raisons qu'il avait de rclamer un Ici luxe, el la dispense signe par Luther. Mlanchton et Bucer (1) qui lui fut accorde en consquence, et dans laquelle ils accordent ce grand protecteur de leur foi la nouvelle femme qu'il rclamait, forment ensemble un spcimen aussi curieux de la moralit d'une
taient
il

(I) Lis luthriens tmoignrent leur gratitude Erasme, pour la part qu'on supposait qu'ilavail eue prparer les voies la rforme; pour ce a ils firent peindre un tableau dans lequel Lin lier et lluiten

grand-pre du clbre Mardis Zueun de ceux qui abandonnrent l'Eglise pour une Femme, an temps de la rforme. j Lorsqu'il fui question dit ladlet. de prendre une femme la place de son btviaire, el de se rendre homme de qualit, il se du de la ma son de Boxhoi ns noblesse connue dans le Brahani (mi'Cuyrlcius).t (I) Il les as-uiait qu'une seconde femme tait tout l'ait ncessaire sa consci nce, ei qu'il serait par l mis mne do vivre et de mourir plus gaiement pour ht ci se de l'Evangile'! Le lecteur trouvera dans Bossuet (llist. des Var., e. 0) et dans Bayle [ml. Lutheu), toutes les particularits de cette honteuse iransaciioa, qui, grce au profond secret avec lequel elle awiii l ngocie par les pai lies resta longtemps ineonhue, jusqu' ce
Boxliorniiis
, ,

rius

fut aussi

:'i

taient reprsents pariant l'arche le Qieu.ei Erasme dansant dev ml. eux oV louies ses forces ( Critique de l'Apatoqie (T Erasme, cite par .1 ort in).
\*1)

qu'enfin

() fanls.

donna treize enC'ei > dommage d.i Biyle, qu'une lilie si propre multiplier lui resie dans le couwn {i (; que M. do Meaux olise ve, qu'en ce temps le mariage iait une recommandation dans le paili,
celle religieuse lui
,

L nom de Ou du ipie

ce;ie

dame

c>ait Ideletla.

n'est pas entirement faux; car il csi certain qu'un ecclsiastique qui ne se serait point mari et fait nai ire des soupons qu'il n'avait pas rei onr au

dogme de

la loi du clibat. Je crois que Bucer insinua Celle raison Calvin lorsqu'il le pressa de se ni. .fier Il est si vrai que Ici tait l'esprit de l'( Bayle ).

publication la te par l'lecteur palatin Charles-Louis, des mieux documents qui s'j rattachaient, rvla an monde loute celle affaire. Les mollis qui dterminrent les (rois principaux h.-is del tonne tare celle concession inlme et immorale, sont ainsi spirituellement indiq es par Bayle, qui, aprs avoir produit quelques extraits du mmoire ou de l'instruction du landgrave ajoute: Il joignit tout cela je ne sai^ quelles menaces el quelles promisses qui donnrent uensev ses ea saisies: car il y a beaucoup d'apparence que si un i simple gentilhomme les eu; consul es sur un pareil (un, il n\t rien obtenu d'eux. On peut doue s'i inaginer raisonnablement qu'ils furent de pente
la
i
i i

t
i

poque, que les visiteurs nomms sous le rgne d'Edouard NI exhortaient ions les ecclsiastiques se marier, comme tant un signe certain de leur abjuration du papisme,

<

foi: ils n'eurent pas la confiance qu'ils devaient avoir aux piomessei de Jsus-Christ ; ils craignirenl que si la rforma lion d'Allemagne n'iau soutenue par les princes qui en faisaient profession
elle

ne

lut touffe.


251

DEMONSTRATION VANGELIQUE. MOORE.


Sur
ple,

239.

religion de raison , que le peut dsirer un homme qui se livre des recherches sur l'histoire de pareils systmes de croyance. Mais le grand hros et la grande hrone de mes Amours des rformateurs, c'est le puissant Marthin Luther lui-mme et sa belle Catherine de Bore. A partir du mmorable vendredi saint o cette dame s'chappa de son couvent, avec huit autres religieuses, sous fis la conduite de Lonard Koppen (1), je voir avec quel empressement Luther se hta de lui manifester le vif intrt qu'il prenait sa position et qui amena enfin leur union par le mariage. Car non-seulement il prit la dfense de Koppen qui avait amen ces neuf religieuses mais il le compara mme Jsus-Christ (2) emmenant avec lui au ciel les saints captifs de Satan. En racontant l'histoire de la femme destine Luther pendant l'intervalle qui s'coula entre cette vasion et son mariage
, ,

cette dclaration, le

grand rforma/
I
'.

rapidit sans exemqui avaient pour but de les tenir jamais spars l'un de l'autre n'avaient fait que les rendre plus impatients

teur parla, et avec

une

comme

si les

vux

de s'unir ensemble. Mademoiselle Catherine de Bore devint, presque l'instant mme, madame Luther. Sans dire un seul mot de l'affaire aucun de ses amis, il invita souper un parti compos de la future, d'un prtre, d'un homme de loi et d'un peintre; ce dernier , qui tait venu aussi bien que les autres pour exercer sa profession avait t appel pour faire le portrait de la belle Catherine (1). C'est de celte manire apostolique
,

S
.

que

fut

clbr

un mariage

qui,
les

pour un
rangs du

temps, jeta l'pouvante dans


protestantisme.

Le profond chagrin que ressentit son ami Melanchton la nouvelle de ce malencontreux vnement, sa propre conscience qui
lui faisait sentir toute la

j'eus soin d'viter mme toute allusion aux bruits scandaleux et faux, ce qu'il para-

miliation qu'il avait encourue

honte et toute l'hupar une d-

qui sont rapports par Maimbourg, , Varillas et autres , au sujet de sa conduite parmi les jeunes tudiants de Wittemberg. Quant aux circonstances curieuses qui contrait

marche qui
ferait
,

comme

il

le disait

amrement,
anges
et

ce qu'il esprait.

rire les

duisirent immdiatement au mariage, j'tais mme de les donner d'une manire authentelles qu'elles sont exprimes dans tique
,

les

manuscrits laisss par Amsdorf, ami de Luther, et que Seckendorf avait pu consulter. 11 parat, d'aprs ces documents, que mademoiselle Catherine s'tait plainte, dans une conversation avec Amsdorf, de ce que Luther avait l'intention de la marier, contre son gr, au docteur Glacius. Connaissant donc dans quelle intimit Amsdorf vivait avec Luther, elle le pria de lcher de dterminer son ami lui choisir un autre poux, ajoutant qu'elle tait prte se marier, l'instant mme, Amsdorf ou Luther lui-mme, mais nullement au docteur Glacius (3).
fut suivi par une (t) L'exemple de ces religieuses qui, autre bande, compose d'un nombre double , bientt aprs, s'chappa du monastre de Wederste-

pleurer les dmons (2) , la raction qui suivit de si prs ce sentiment de dgradation, et le violent effort par lequel regagnant sa propre estime, il russit bientt se persuader qu'aprs tout le doigt de la Providence se montrait videmment dans cette affaire et que c'tait Dieu lui-mme qui lui avait suggr d'pouser cette religieuse, Catherine de Bore (3); tous ces combats divers entre la conscience et la passion me fournirent le moyen de mler dans mon rcit des alternatives de lumire et d'ombre qui, dans un mmoire sur le mariage d'un moine et d'une religieuse, ne pouvaient manquer de rendre la narration piquante. Pour donner un intrt domestique cette histoire, j'eus soin pareillement d'y mler un certain nombre de particularits conjugales qui faisaient voir avec quel bonheur
,

ten.
(2)
11

rapporte ce est juste de dire que celui qui est CochUeus, que sa violence excessive un tmoin contre Luther doit faire regarder comme cet un peu sui-pect. Voici en quels termes s'exprime raptor auteur: b'elicem raplorem, sicut Cluisius suam..... et erat in mtmdo quando per morlem

blasphme

rumeurs qu'il fait lui-mme allusion t Os obstruxi dans une de ses lettres infamantibus me cum Calbarina Borana, > El son zl dfenseur, Seckendorf, dclare sans aucune rserve: qu'il aimait excessivement celle fille, et
C'est

ces

quand

il

dit

qu'il
t

avait
solebai.

coutume de
t

l'appeler

sa

Catherine.

Optime enim cupiebal


(1)

virgini, et

suam vocare Cathari-

nam

Pascha quo qu'idem opporlunissimo lempore in duxit capliviChialus suorum quoque captivam

talem. j nad Nicolaum Anisdorllium , (3) Vcnit Calbarina consilio Luiheii D. Glacio conqueriturque se de locandam ; sene se contra voluntalem suam nuptiis itaque Lutbeium familiarissime uli Amsdorfiiu; Lutherum Vocel. logare ad quajvis alia consiha Lutherus, vellet Amsdorlfius, se paiaiam
V.llet ciiiii alieruiro

.,..

ce peintre lait Carnachius, et une gravure du meilleur de ses portraits de Catherine a t place par M. Meyer en lle de mi disse! talion De Catharina, Lutlieri conjuge, dans le de-sein formel de disculper Luilier du reproche d'avoir pous une
jolie

Le nom de

femme.

<

honestum
nullo
).
>

illire

malrimonium
.
1

<

Sic me vilem et coniemptum bis nupiiis feci, ut angelos idere, et omnes dxmones flei e sperem Spulat. ). ( Episl. urf () t Dominus me subito (iliaque cogitanttm conjecil mire in coujugium cum Catharina Borensi, nio-

(2)

cum

U. Glacio

modo

(Seckendorf. comment.
esprit

ae lutliemnhmo

Tout ce plan pas commademoiselle Catherine, qui dj n'ignorait tmoignages bien Luther l'admirait. En effet, les avait donnes clatants et publics d'affection que lui des rumeurs ce rformateur, avaient lait natre l'un et autre. qui n'taient pas (rs-lionorablcs pour
lait
1

beaucoup d'honneur a

de

Linc ). > Mlancluon ou du moins due qu'il lait possible qu'il y et: quelque chose de cache lsio enim sub neet de divin t sous ce mariage. goiio forlasse aliquid occulii et quidquam divinius (Episl. ad Lamerar.). i L'infatiialiou ou l'hysubest pocrisie, car il faut ncessairement que ce soil
<

nali

illa

Episl.

ad

vinces.

mme

alla jusqu' penser,

l'une eu l'autre, peuvent-elles aller dIiis loin?

835
ce baint

VOYAGES A LA RECHERCHE D'UNE RELIGION.


mnage traversa
,

234

toute la guerre des

grand rformateur demeura fidlement attach jusqu' la fin


symboles
fille,

et

combien

le

il se plaisait l'appeler (t). en effet se trouvait toujours associ dans son esprit tout ce qu'il y avait ses yeux de plus prcieux et de plus sacr et il ne pouvait s'exprimer lui-mme d'une manire plus satisfaisante son ardente admiration pour l'Eptre de saint Paul auxGalates, qui tait sa portion favorite des Ecritures, qu'en disant, qu'il avait pous cette Epltre, et qu'elle tait sa Catherine de

sa

comme

Avec

elle

Bore

(2).

lecteur me connat trop bien mainteje l'espre, pour penser que , malgr le ton ,de lgret avec lequel j'ai rapport ces dtails, je n'en sentisse pas la vritable nature et toute la grossiret, ou que je pusse prouver d'autres sentiments que celui d'un dgot profond la vue des scnes de licence vulgaire et d'hypocrisie nausa-

Le

nant

bonde que tout ce drame droule aux yeux de quiconque veut observer de prs les acen effet teurs qui y figurent. Ce n'tait pas sans quelque difficult que j'essayai de ca,

cher sous le voile lger de la plaisanterie, de sorte , toutefois que tous les yeux , expuscept ceux de ma savante institutrice sent en pntrer le mystre, le sentiment de dgot avec lequel je suivais ces faux vanglisles dans tout le cours de leur carrire, dans l'intrieur de leurs maisons, leurs propos de table , et au milieu de leurs femmes trois fois transmises de l'un l'autre , foulant aux pieds comme des chiens et des pourceaux, les choses saintes et les perles de
, , ,

plus grossiers hypocrites (1), des hommes qui , tout en faisant profession dans leurs crits de la plus sublime saintet, taient dans leur conduite brutaux , remplis d'amour-propre et sans retenue; des hommes qui, tout en prtendant en matire de foi prendre la raison pour guide , taient, dans tout le reste, les esclaves de la plus triviale superstition; et qui enfin, avec le privilge si vant du jugement individuel toujours sur leurs lvres, passrent leur vie dans une suite non interrompue d'accusations et de perscutions rciproques, et transmirent cet esprit de discorde comme un hritage leurs descendants. Cependant ce sont l tes dieux , protestantisme Ce sont l les idoles grossires que l'hrsie a places dans les nichesdes saints et des Pres d'autrefois, et dont les noms, comme ceux de toutes les anciennes idoles de ce genre (2), ont t gravs comme une honteuse fltrissure, sur le front de leurs adorateurs. Comment se peut-il faire qu'un protestant qui a examin, quand ce ne serait que trssuperficiellement, la honteuse histoire de cette longue srie de disputes d'quivoques et de fraudes que le dsir de s'entendre ou plutt de se mystifier les uns les autres, ne parler ici que de l'eucharistie, a fait natre parmi les rformateurs se trouve satisfait d'avoir reu la foi des mains de novateurs la fois si pleins de duplicit et si
1 , ,

maladroits?
fable.

c'est pour moi un mystre inefLe commencement de cette guerre sacramentaire ressemblait beaucoup plus aux prliminaires d'une course de chevaux qu'

la foi.

L'historien Hume a bien caractris les premiers rformateurs en les appelant des fananiais il aurait pu et des bigots; ajouter avec autant de justice que, l'exception peut-tre d'un seul (3), ils taient les

tiques

prparation qui devait prcder une controverse destine influencer la foi de tant de milliers d'hommes encore natre. Je vous dfie , dit firement Luther Carlosladt, d'crire contre moi sur la prce sence relle , et je vous donne mme ce florin d'or, si vous voulez entreprendre de le faire. En disant ces mots, Luther tila solennelle
nibles , et ce n'est qu'avec trop de justice qu'il pouvait se comparer Daniel dans la fosse aux lions ; car jamais un esprit naturellement bon et doux ne

parti , qui (1) En se vantant que les sages de son avaient paru si mcontents de son mariage , avaient t forcs eux-mmes de reconnatre le doigt de Dieu dans cet vnement, il s'exprime ainsi : Vlie< memer irrUanlur sapientes inter noslros ; rem t eoguntur Dei fateri, sed persona; larva tain mea
<
t

quant

puelke

illos

dementat

(Lutheri

epist.

ad

Seckend.). > Galatas est mea epistola cui me (2) Lpistola ad despondi, est mea CalharinadeBora. > (5) La seule excepiion ici admise par mon ami, ne peut assurment porter que sur Mlauclilon ; il serait

se trouva environn de compagnons d'un caractre aussi diffrent. Mais l'approbation qu'il donna au crime atroce dont on se rendit coupable en brlant Servet, comment la pallier? Il tait tout naturel

des

que

considre la conduite de cet homme aimable, mais excessivement irrsolu , de le disculper, entirement au moin, de duplicit, en dguisant ses vritables opinions et en appuyant de ion autorit des mesures qu'il dsapprouvait. Ce seul lait, je "veux dire le zle qu'il met dfendre en public , comme tant des documents de foi exacts et orthodoxes, la Confession d'Augsbourg et l'apologie cette confession, o, cependant, comme il le le dplore amrement dans ses lettres particulires, il se trouve des erreurs et des obscurits qu'il tait tout fait essentiel de corriger ; ce seul fait est en lui-mme un sacrifice si coupable fait l'esprit de
diflicile,

cependant,

si

l'on

que Bucer et Fard de demander de la Trinit, et < les enarraches et mourt de dix mille trailles mais Mlanchton morts (1) Pour ce qui est de celle accusation, Bucer lui-mme le plus hypocrite de toute la bande en reconnat la vrit. Dans une lettre crite Calvin, au temps des plus grands triomphes de CharlesQuint, il dit < Dieu nous a punis cause de l'injure
tels
,

hommes
celui

qui

doutait
,

que nous avons


(2)

{aile

son
i

nom

var notre longue

et

<

trs-funeste hypocrisie,

Ds
,

le

l'usage de prendre ainsi des

commencement de l'Eglise chrtienne, noms emprunts des


que
:

hommes
la

tels

marcionites, ariens
a

donatisles

luthriens,

marque

calvinistes, etc., de l'hrsie et du

cl invariablement
,

schisme

quelques-uns

parti
qu'il

toujours violent et emport , que les remords , tu ressentit peuvent seuls pallier ou expier sa laule. Il est vrui que sa position iait des plus p-

disant qu'ils appartenaient Paul, d'autres Apollo, d'autres Ccphas. i Les aptres, dit saint Ephrem d'Edesse , ne donnaient poini de noms , et eu en donnant on s'carle de leur rgle. >

Dmonst. Evang. XIV.

{Huit.)

235

DEMONSTRATION EVANC.ELIQUE. MOORE.

23

ra de sa poche un florin que Carlostadt accepta et mit dans la sienne. Puis ils se donnrent une poigne de main pour ratifier ce dfi et aprs avoir bu une rasade la sant
,

l'un de l'autre , la guerre du sacrement fut ainsi dclare en vrai style germanique (1). La scne de cette mmorable entrevue se passa l'Ours-Noir o logeait Luther, et ce
fut ainsi

que cetineffable
les saints

devant lequel
che
,

se prosternaient

comme
,

et adorable mystre, d'une autre poque devant la manne ca-

du salut et la sagesse de Dieu en mystre, fut pour ainsi dire jet ou lanc en avant comme une pice de gibier livre aux poursuites des chasseurs, par ces deux hardis champions, l'Ours-Noir (2). En voil assez sur la dcence de ces nouveaux aptres du christianisme ; quant leur logique, leur tolrance, leur bonne
leur sagesse, laissons parler toute l'histoire de celte dplorable controverse. Au
foi et

premier essai que firent les luthriens pour rdiger une confession de foi rgulire, on vit se suivre presque immdiatement pas moins de six explications diffrentes de leur doctrine de l'eucharistie, dont chacune tait aussi positivement annonce comme devant
tre la dernire , tandisque des contre-explications parties des rangs des sacramentaires paraissaient peu prs en aussi grand

nombre.
Vint alors se prsenter comme mdiateur entre les deux partis le rusel tortueux Bucer: mdiateur en affectant d'tre d'accord avec les
Avec, quelle justesse les paroles suivantes de Saint Augustin aux donalistes ne peuvent-elles pas tre appliques par un catholique de nos jours cet essaim de calvinistes, d'arminiens, de sociniens, etc. Je suis appel catholique; qui lui sont opposs * Ego catliolicus dicor, vous, vous tes avec Dout.* et vos de Donati parle ( psalm, contra part. Donati ). Cadix. Julie, n. 49. (1) Luther, t. H, len. 447. Mospin. 9 par. ad. ann. 1524 ( Voyez la note sui:

deux champions, rconciliateur en les trompant l'un et l'autre sur les vritables opinions de chacun d'eux ; tantt voulant persuader Luther que Calvin croyait comme lui la prsence relle du corps de JsusChrist, tandis que Calvin n'admettait qu'une aux yeux de la sorte de prsence vague et tantt voulant faire foi et dans le ciel croire Calvin que Luther pensait que la substance prsente n'tait que spirituelle, tandis qu'au contraire, Luther soutenait, comme le font les catholiques, que la prsence miraculeuse dans le sacrement n'est spirituelle que quant la manire, mais qu'elle est corporelle quant la substance. Par ces ruses et ces faux-fuyants Bucer et il est pnible de l'ajouter, Mlanchton russirent entretenir une trve fausse et fbrile entre les deux partis mais des artifices si grossiers ne pouvaient continuer longtemps tromper; tout compromis se trouva vain et sans espoir; et la un , les trois grandes factions eucharistiques, la luthrienne, la calvinientie et la zwinglienne, brisrent tous les liens qui les retenaient, et suivirent la direction particulire chacune de son hrsie , et chaque branche se subdivisa ensuite en de nouvelles factions distinctes sous les noms innombrables d'impanateurs, d'accidentaires , de corporaires, d'harrabonaires.de tropisles, de mlamorphistes d'iscariotisles, de schwenkenseldiens, etc., etc., etc., au point que le caprice du jugement individuel multiplia tellement ses conceptions bizarres sur ce sujet grave et solennel, qu'un auteur qui crivait du temps de Bellarmin, comme nous l'apprend ce grand gnie, ne comptait pas moins de deux cents opinions diffrentes sur le sens des paroles :
, ; ,
,

Ceci

est

mon

corps.
l'histoire de cette

Mais toute

poque abonde

S-

vante).
(2) Comme la grossiret presque incroyable de cette scne de l'Ours-Noir pourrait faire natre quel-

ques doutes sur la fidlit de mon ami, en la rapportant ici je crois propos de citer en entier le passage de Hospinien o il a puis ce qu'il en dit. Tandem liinc inde multis inter ipsos permutalis sermonibns xacerbato utrinque animo, Lutlierus Carlosladum ut contra se publie scribat invitt. Simul ex concitato isto animi fervore aureum ipsi offeit, inquiens: t minimum xtractum ex pera Eu accipe, et quantum potes, animose contra me < dimica. Age vero, vergas in me alacriter. Quod etsi reensaret primum Carlosiadius, et rem cognipermiltendam monerel ac peieret, lioni pra minimum < tandem, cum urgerelur, hune aureum acceplurum serespondit, eumque omnibus a^tanf tibns oslendens, dixit: En, ebari fralres, istud est t signumetarrhaboquod poteslalcmueceperim contra t doclorem Lblheruin scribendi. Rogoilaque vos, ut i ejus rei lestes esse velitis. Cumquo aureum numc mum marsnpio sue recondidisset, Luthero nianum susceptae contenlionis in sponsionem pact et porrexil, pro cujus confirmalione Lutlierus ipsi vicissim baustum vini propiuavit, adhortans eum ne sibi parcerel sed quanto vehemeuiius et anii mosius coulra se agerel, lanto illum sibi carioi rem luturiun ( Mut. sacrant, pars alltra de prima
,

en leons pleines de tristes et mlancoliques avertissements et rien ne saurait nous faire sentir d'une manire plus frappante l'infatuation ou l'ignorance de ces personnes qui ont sans cesse la bouche ces paroles La
;
:

Bible, toute la Bible, et rien

que

la Biblel

ainsi que les hommes mmes qui premiers firentrelentii\cecri,etqui prtendaient que la Bible suffisait seule pour dcouvrir la vrit divine, aient pu nanmoins tomber dans toutes ces violentes et interminables disputes sur la signification d'un texte qni ne se compose que de quatre simples mots.

que de voir
les

CHAPITRE XLV1I.
Source de l'inBlasphmes des rationalistes. Absurdit de quelcrdulit en Allemagne.

Imques-unes des doctrines luthriennes. Mpris pour pit de celles de Calvin. Le docteur Damman. l'autorit des Pres. Dclin du calvinisme.

Il

ne

me

fallait

point

une tude longue

et

i
i

Hospinien ajoute : t Hcce , chrisliane lector, fuerunl iiillicissimi istius ceriaminis, quod ex pacto ei sponsione susceplum, lot jam annis Ecclesium
gravissinic cxercuil, infausta auspicia.
>

&riyi):<>

ceriaminis sacramentarii).

>

VOYAGES A LA RECHERCHE D'UNE RELIGION.

238

approfondie des principaux oracles du rationalisme pour me convaincre pleinement que le professeur, dans le tableau qu'il avait trac de l'tat effrayant du protestantisme en Allemagne de nos jours, n'avait aucunement exagr ou surcharg ses couleurs. Je trouvais au contraire que son langage, quelque incroyable qu'il et pu paratre au premier abord, n'tait qu'une faible et ple reprsentation de la vrit et que tandis que, dans la crainte peut-tre d'alarmer un nophyte si rcemment entr l'cole du rationalisme, il m'avait cach plus de la moiti du systme, il avait eu soin aussi, pour l'honneur de son auguste souveraine, la raison d'en voiler
, ,

sa mort. Les Psaumes sont une sorte d'anthologie laquelle David et d'autres crivains

toute la faiblesse et toute la folie.


S'il m'et manququclque chose pour achever de me convaincre combien le raisonnement est dplac dans un sujet o, sans la vie qu'y rpand le sentiment et la foi, tout le reste

venant de la terre est terrestre, je l'aurais trouv dans le pitoyable spectacle qu'offrent nos regards les efforts tents par ces hommes, d'ailleurs si pleins de sagacit et de science, pour abaisser les grands et augustes mystres du christianisme au niveau de leur raison borne et rampante dans ses conceptions; et, entre l'exemple qu'ils nous fournissent d'une hardiesse insolente en cette maet de la soumission la plus stupide et tire la plus superstitieuse en fait de croyance , il n'y a pas beaucoup plus choisir qu'entre l'ne des Egyptiens lorsqu'il porte gravement les mystres, et le mme ne, lorsque, dans un accs de gat, il les foule sans respect
,

ont concouru; et voici en quels termes un grave thologien, Augusti critique les productions de celui qui y a contribu pour la plus large part La muse de David ne prend pas un vol bien lev mais il russit mieux dans les cantiques et les lgies. Les critiques de la mme cole affirment qu'Esther n'est qu'un roman historique, tandis que Ruth, disent-ils, n'a t crit que dans le but de prouver que David tait issu d'une bonne famille et l'histoire de Jonas n'est qu'une rptition de la fable d'Hercule aval par un monstre marin. Quant aux prophtes, le savant Eichorn leur fait l'honneur de reconnatre que c'taient des hommes dous de talent et de perspicacit, qui ont vu plus loin dans l'avenir que leurs contemporains; tandis que d'autres, leur assignant un caractre dcidment politique en font, dit M. Rose, des dmagogues et des rformateurs ra, : ,

sous ses pieds.

Les traits les plus saillants de ce pur fantme de christianisme qui porte encore en Allemagne le faux nom de proteslantisme sont dj devenus familiers au lecteur par l'esquisse que M. Scratchenbach a donne de son
origine et de ses progrs. Entrer dans le dtail des excs impics auxquels ce systme a t port ne serait pour moi, quand mme j'aurais assez de temps pour le faire, une lche ni agrable ni utile. Cependant, pour donner une ide des forces que l'imagination, sous le masque grave et rserv de la raison, est capable de jouer, en fait de thologie et d'exgse, je rassemblerai ici au hasard quelquesuns des rsultats auxquels sont arrivs ces raisonneurs qui ne veulent que la Bible , toute la Bible, et rien que la Bible. Dans l'Ancien Testament, l'histoire de la cration du paradis terrestre d'Adam et d'Eve, n'est rien autre chose que des allgories ou des mythes. Le Pentateuque, qu'on peut regarder comme une sorte d'pope thocratique, n'a pas t crit par Mose ce n'est
, , ;

dicaux. La prophtie d'Isae sur la chute de B:ibylone a t crite videmment par quelqu'un qui tait prsent au sige, et les prdictions que l'on croit se rapporter au Christ dans ces mmes rapsodies, ne se rapportent qu' la fortune et la destine dernire de la race des prophtes en gnral (1). Dans le Nouveau Testament, la naissance miraculeuse du Christ doit tre range dans la classe des fictions mythologiques avec les histoires des incarnations des divinits indiennes et plus particulirement avec la fable de la gnration de Buddha, n d'une vierge qui l'avait conu d'un arc-en-ciel. Le motif qui a port le Christ se faire passer pour prophte lait de se donner par l plus d'importance comme prdicateur de morale, de mme que ce qui l'engagea dans la suite jouer le personnage de Messie (2) fut la persuasion o taient ses auditeurs qu'il tait en effet ce personnage promis. D'aprs Wieland, Jsus-Christ tait un noble magicien juif (3) qui, de lui-mme, ne conut jamais l'ide de se faire le fondateur d'une religion, et dont les institutions n'ont reu que du temps la forme d'une religion. L'obscurit dont les doctrines du Nouveau Testament sont, dit-on, enveloppes vient en grande partie de la stupidit et de la superstition des aptres, qui, dans beaucoup de cas, entendirent mal le
,

(1) 11 existe un livrecompos par Sclierer, ecclsiastique de Darmstadt, en Hesse, dans lequel il re-

qu'une compilation faite une poque beaucoup plus rcente: et Jhovah n'tait que le dieu domestique ou le ftiche de la famille d'Abraham que David, Salomon et les prophtes ontdans la suite lev au rangdeCrateur de toutes choses. Il est clair que le Deulronome ne saurait tre l'ouvrage de Mose, ni l'Ecclsiastc celui de Salomon, puisque dans l'un et dans l'autre cas il faudrait supposer que l'auteur aurait racont lui-mme
,

prsente les prophtes de l'Ancien Testament comme autant de jongleurs indiens, qui se servaient de la prtendue inspiration de Mose et des rvlations des prophtes pour tromper le peuple (Rose, tal du protestantisme en Allemagne), i Ci) Jesuii) pcrsonain Messisesuscepissc.(Z) Welle). (5) Un rationaliste prussien a renchri encore, dans un sens rtrograde, sur cette ide de Wieland. < Il i existe, dit Stapfer, un livre publi en i'russe, dans f des intentions pieuses, et dont le titre dit plus qua < les longs dveloppements historiques en pourraient qui aiment douter encore da i apprendre ceux { l'empire des opinions rationalistes en Allemagne ; Jsus-Clirisl fut-il autre chose qu'un ant> i le voici i pie rabbin de campagne juif (Archives du Clnistia< nisme) ? i

S5:i

DEMONSTRATION LVANGLL1QUE. MOORE.


(1], et qui

240

langage de leur Matre

par

les ides

fausses et grossires qu ils attachaient ses promesses d'un royaume futur, l'embarrassrent dans des difficults si grandes avec ses disciples, qu'il ne vit d'autre moyen d'v chapper honorablement que par la mort (2). II est pnible de rpter ainsi, mme pour les dnoncer et les fltrir, des impits et des blasphmes la fois si hardis et si frivoles; mais un rvrend ministre protestant n'a pas recul devant l'ide de les rappeler dans ses crits, et un catholique a, du moins, une raison de moins d'en rougir. La premire source de ce torrent d'irrligion qui a emport dans son cours le protestantisme d'Allemagne et par lequel le christianisme lui-mme a vu ses fondements submergs se trouve clairement et irrfragablcment indique dans la leon de mon professeur allemand, dont le tmoignage, par rapport la vritable source du mal n'en a pas moins de poids, quoique par un renversement du sens moral, il le regarde comme un bien et que, dans le faux orgueil de ce prtendu progrs des lumires il se glorifie mme des rsultats que doit dplorer tout chrtien qui rflchit, quelle que soit la secte dont il fait partie. Il n'y a qu'un seul rapport sous lequel la manire dont le professeur envisage les causes de cette grande rvolution religieuse puisse paratre partielle ou incomplte. Dans le dsir de revendiquer pour son favori Zwingle tout l'honneur, ainsi qu'il le juge, d'avoir, au moyen du principe par lui appli2u pour la premire fois l'interprtation e l'Ecriture, fray la voie ce systme des, ,

trempe anti mystrieuse et naturaliste de ses doctrines il n'a pas suffisamment indiqu comment ses confrres de Genve et de Wiltemberg conduisaient exactement au mme
,

but par l'absurdit des leurs. Nous avons dj vu combien taient rvoltantes quelques-unes de ces notions qui furent adoptes par Luther, telles qu'elles taient, dans tout le libertinage d'une volont livre elle-mme, et qu'il transmit ensuite son Eglise, sous le nom abusif de doctrines. Il en est une, l'ubiquit de la nature humaine du Christ (extravagance qui n'a pas d'gale dans les absurdits mmes du gnosticisme), dont l'auteur, sur la fin de sa vie, se vit oblig de rougir; et le mme caprice qui lui faisait prescrire ou contre-mander des doctrines, le fit totalement renoncer celte ide dans quelques-uns de ses derniers crits. Mais dj son nom avait consacr cette absurdit aux yeuxde ses partisans, l'ubiquittaitdevenue un des dogmes du luthranisme; et, comme telle, il fallut la soutenir etla dfendre comme
le reste.

Ce n'tait pas en effet parce qu'on les considrait comme des articles de foi, mais bien comme des signes de parti, qu'on s 'attachai* avec tant d'opinitret ces sortes d'extravagances. L'Eglise luthrienne tant dchire elle l'tait en une multitude de schismes, chaque parole de ce genre, sortie de la bouche de leur fondateur, devint le shibboeth d'une faction, et elle tait dfendue avec une fidlit d'autant plus dsespre qu'elle tait d'une nature plus inconccvablement absurde. Qu'il n'y ait rien d'inexact ou de forc dans cette peinture de l'Eglise luthrienne, c'estee que n'attestent que trop bien les pages de M. Pusey, l'historien, on peut le dire, du dclin et de la chute du protestantisme en Allemagne. Il n'y a en cela qu'une seule chose qui doive surprendre, c'est que la raction en faveur de la raison insulte, laquelle a donn lieu enfin cette guerre de sectaires se disputant pour des mots, ne se soit pas opre plus tt et il est grandement dplorer que ceux qui, dgots de cette indigne profanation du nom de religion, ont rejet ce symbole compos de tant d'lments divers, qui avait t la source de lant de discordes, n'aient pas t directement chercher un refuge dans le havre sr de l'antique Eglise du Christ, dont la paix est semblable un fleuve; au lieu d'aller se jeter, on n'a que trop lieu de le craindre, sans retour dans le vide immense de l'incrdulit, celte mer sans rivages La secte protestante calviniste en Allemagne eut un sort diffrent, sous plusieurs rapports, de celui de la secte luthrienne. Comme elle tait reste plus longtemps affranchie de tout formulaire de foi prcis et dtermin, la communion, dans l'Eglise calviniste, s'tendait sur un plan beaucoup plus vaste que dans celle des luthriens et par l mme qu'elle avait moins dans sa thologie de cet esprit exclusif que renferment toujours les formulaires de foi, elle tait proportionnellement plus tolrante. Les calvinistes avaient sans relche sous les yeux le spectacle de la.

comme

tructeur de tout ce qu'il y a de sacr et de chrtien, il a manqu de rendre justice la part qu'ont eue Luther et Calvin chacun en sa manire, ce rsultat dplorable de mme qu'en montrant comment Zwingle a donn l'exemple de miner le christianisme par la
, ;

(\) t Etsi enim aposiolorum innocetitiam, imegrilaiem, pielalem, lervorem el 'ou-t*j,u6v, qui p.ir f est, veneralione agnoscimus, dissimuLare lamennon < possumus fuisse cos non solumvariis super? titionibus c et fal>is opinionibus imbntos, [sed lamen indociles quoque et tardos, ut si Jsus paulo bbscuriore loc quendi geucre uierelur, eairi prorsus non inlelliget renl (De Welle., de merle Jesu Chrisii expiuloria). t Jsus, veicrum propbetnrum more, (2) i Voluil sua doctriuse veritalem proiiteri, sperans < morte se vivo pressuin vit fore ut diflicultalibus quibus dbat, morte sua superatis, vicirix illa lamen eva deret, el vauis Messise opinionibus destructis, in < hominum aninios vim suam salutarem exscreret (De Welle). En considrant quelle tait la leon particulire adopte par le Christ d'un passage de Daniel qu'il s'appropriait lui-mme, cet crivain discute froidement les qualits de Noire-Seigneur pour interprter l'Ancien Testament, disant que, quoiqu'il ne pt t videmment connatre le nouveau mode grammat tico-liistorique d'interprtation, il ne se pouvait pas t cependant qu'il lt assez peu soucieux du sens v ila'ble de ce passage pour l'entendre de l;i ma< nire qu'on lui attribue. < 1s enim in lectione Vet. Testamenli, licet nostr exegeos grammalico-bislo< ricae rudis, contextus tamen non adeo negligens

es?

potuit, utlecum,

>

etc.

241

VOYAGES A LA RECHERCHE D'UNE RELIGION.

?M

rancune violente et amre que conservait contre eux leur Eglise-sur qui, malgr ses insultes et ses provocations, russit beaucoup plus, la plupart du temps par ses impertinentes absurdits, leur inspirer du dgot que le dsir de lui rendre la pareille. Le sentiment de famille qui et d exister entre ces deux hrsies, avait pris une si aimable direction, que les prdicateurs luthriens transfraient le titre d'Antchrist du pape Calvin, et qu'une des prires de la liturgie luthrienne Rprimez les Turcs, les ptait celle-ci
:

rieure et malveillante, sur laquelle ils faisaient retomber toute la responsabilit de cette mas-e de mal moral, que les calvinistes plus impies attribuent au seul Dieu vritable
1

te

pistes et les calvinistes (1).

n'est pas seulement la tmraire impit de cette doctrine qui la rendit nuisible la cause du christianisme, ce fut aussi le mpris pour les premiers docteurs de la religion, qui tait une consquence ncessaire de l'adoption qu'en avait faite Calvin il avouait luimme que sur ce point les Pres des trois premiers sicles lui taient opposs, et ses
:

Ce

Mais quoiqu'on puisse affirmer que l'Ecompare la luthrienne, suivit une conduite plus digne d'une communion chrtienne, il y avait cependant, d'un autre ct, dans son esprit et dans ses principes, un mal bien plus profondment enracin, et une source plus infaillible encore de ces consquences dmoralisatrices et antichrtiennes que nous offre l'tat actuel du protestantisme sur le continent. Sans insister davantage sur cette rgle d'interprtation des Ecritures, si propre se plier tous les caprices qu'adoptrent galement Calvin, Zuinglise rforme,

gle et Socin, et qui livre le sens de la parole de Dieu la merci de la raison de l'homme, la base mme du symbole du calvinisme suppose des notions de l'Etre suprme capables, au plus haut degr, d'inquiter, sinon de dtruire entirement, toute vraie pit. Si, comme le dclare Hooker, la semence de toute vertu parfaite, qui crot en nous, se trouve dans une opinion juste et vraie des choses divines; malheur donc la vertu ou la charit de ceux qui cherchent pour eux le modle des choses divines dans le Dieu des calvinistes, ce Dieu qui a dlibrment ordonn d'a\ance le pch et la ruine du genre humain, et qui est la fois l'auteur de l'existence, de la tentation et de la chute de
l'origine du mal, le plus ancien et le plus mlancolique de tous les mystres, doit continuer occuper, quoique inutilement, l'esprit de l'homme, tant qu'il souffrira et pensera mais vouloir faire sortir une doctrine de ces paisses tnbres, pntrer les dcrets cachs de Dieu, et chercher de la lumire l o il a voulu lui-mme qu'il n'y en et pas, c'est une tche aussi prsomptueuse qu'elle est insense, aussi vaine qu'elle est hardie, et qui, en mlant la religion les spculations de la philosophie, y introduit un lment qui ne peut manquer de faire explosion et de lui tre fatal. Les gnostiques, au milieu de toutes leurs rveries, sentaient si bien tout le danger qu'il y avait de faire du Dieu suprme l'auteur du mal, qu'ils avaient recours l'hypothse d'une divinit inf;

plus violents disciples, Gomarus et autres, reconnaissaient mme que cette croyance n'tait point appuye sur l'Ecriture. Toute l'histoire, en effet, de la doctrine des prdestinations, partir du moment o elle fut mise au jour par saint Augustin, est un sujet digne d'tre tudi, en ce qu'elle nous met mme de suivre la marche d'une erreur aussi tnbreuse, travers toutes les phases de ses progrs; devenant de jour en jour plus hardie et plus violente mesure qu'elle avanait, jusqu' ce qu'enfin, prissant de son propre venin, elle s'teignit peu peu. Telle a t, peu de chose prs, la marche et la destine de la sombre doctrine du calvinisme. Celte doctrine, qui parut d'abord sous une forme infiniment plus douce, date de saint Augustin mme, qui lui donna naissance en dfendant des opinions bien diffrentes, et ne posa ainsi les fondements du calvinisme (1) qu'en se laissant entraner par la chaleur de la discussion ; mais elle prit dans le systme du rformateur genevois une forme plus rigide et plus exclusive, reut de

ses disciples, Bze et Zanchius (2), des couleurs plus sombres, et continua ensuite

l'homme! Le mystre de

Non que saint Augustin ait rellement enseign calvinisme, mais en ce sens seulement qu'il lui est chapp dans la chaleur de la discussion certaines expressions qui, prises isolment, peuvent tre interprtes dans un sens calviniste, et c'est ce qui est en effet arriv. Saint Augustin, en combattant les manichens, qui soutenaient, comme les calvinistes, qu'il y a des mes qui sont ncessites au mal, avana des opinions tout fait diffrentes de celles qu'il mit plus tard en combattant Pelage. Or, ce sont ces dernires opinions que l'hrsie recueillies comme un legs transmis aux sicles venir par ce grand docteur, qui aurait ainsi fait au christianisme un lorl inlininient plus grand que tous ses travaux ne lui ont rendu deservices! Ainsi l'Eglise catholique elle-mme n'autoutefois rait pas entirement chapp l'infection
(1)
le
;

(1) Dans la Pomrauie sudoise, oh il n'y avait pas de rforms (calvinistes), un ordre des autorits locales qui dfendait de se livrer des dclamations contre eux, et qui effaait de la liturgie la prire , Rprimez les Turcs, les papistes et les calvinistes, fut annullo par un appel Stockholm, et tout mariage entre les luthriens et les calvinistes dclar inadmissible (Pusey, Recherches historiques).

avouer que l'Eglise de Rome, en rejetant de sa communion le jansnisme , qui n'tait que ce virus transmis par inoculation, s'est purifie de la seule cl lgre tache d'hrsie que lu biche blanche comme le Uni aurait connue dans tout le cours de sa dure immortelle et immuable ides de Zanchius sur (2) Voici un chantillon des ce point : Nous disons qu'en consquence de cet prouvs sont placs ordre tabli par Dieu, les i dans la ncessit de pcher et par l mme de se qu'ils ne perdre, et que celte ncessit est telle iDamus peuvent enter de pcher et dese perdre. necessitate pectandi eoque et pereuudi reprobos ex bac Dei ordinalione coiislringi, atque ila con stringi, ut neque aut non peccare et perire pos sinu
faudrait-il
!

2i'3

DMONSTRATION VANGLIQUE. MOORE.


mains des farouches thologiens de Frane-

2i4

s'asrsombrir encore davantage on passant par


le"s

ker , et atteignit enfin la pleine consommation de ses blasphmes et de son absurdit,


sous
les

auspices
,

nomm Damman
l'homme)

du docteur si justement dam damner, et man au mmorable synode de Dor(i) (de

drecht. On peut dire qu' ce moment la gloire du calvinisme tait arrive son plein midi, et

son triomphe complet ne fut premier pas vers son dclin. Les Hollandais eux-mmes dont les thologiens avaient principalement contribu cette victoire remporte sur le sens commun, refusrent dans un grand nombre de cas de se soumettre au joug de leurs vainqueurs et avec cette agilit qui caractrisa toujours le
le

moment de
le

que

protestantisme, vritable Prote, on les vit chapper en se glissant des liens de l'orthodoxie et prendre les formes diverses d'universalistes, de semi-universalistes, de supralapsaires, de sublapsaires, comme ce vritable, modle de l'esprit de rforme auquel je viens de faire allusion:
Necte decipiat cenlum menlila figuras, Sed preme quidquiderit, dura quod fuit ante reformet.

vers leur Eglise-mre (1), et o, par consquent, l'autorit des Pres, essentiellement lie au catholicisme, tait encore traite avec respect, un systme de doctrine si videmment oppos que l'tait celui de Dordrecht ces premiers oracles de la foi, ne pouvait esprer une rception favorable. Depuis ce moment, en effet, on peut dire que FEglise d'Angleterre, pour me servir des paroles du clbre Haies (2), cet homme jamais mmorable, a souhaita le bon soir Jean Calvin et quoique mon professeur allemand, en faisant le parallle de Calvin et de Luther, ait avanc que les sectaires qui portent encore le nom du premier de ces hrsiarques ont aussi conserv ses doctrines, on verra que le calvinisme, sans tre encore sur le point de s'teindre, comme l'est dj son hrsie-sur, le luthranisme, est depuis longtemps dpouill de ses plus tristes rayons, tellement que, pour un seul adhrent rigide la partie rprobatoire du symbole de Genve, il y a maintenant un nombre infini de calvinistes avous qui bornent leur croyance la seule doctrine de l'lection (3), rejetant avec plus de charit, je dois le dire, que de logique, le dogme de la rprobation, qui en est le corol;

berceau de toutes ces doctrines monstrueuses qui venaient d'tre dclares par les Maccovius et les Damle vritable

A Genve,
(2) la

laire et la

consquence ncessaire.

man

chrtienne et protestante, cette raction qui s'est dveloppe depuis avec tant d'clat; et le n.me loignement du fanatisme et de l'absurdit qui l'avait rendue alors presque arminienne, l'a depuis, par un nouvel effet de son influence naturelle, rendue rien moins
vraie
foi

commenait dj poindre

qu'infidle

ou incrdule.

Voil en peu de mots quelle a t la marche et la destine des deux principales branches de la socit protestante son origine: ces deux grandes sectes se sont vanouies et ne sont plus aujourd'hui que des ombres dans le pays mme qui les a vues natre, ou plutt elles ont t remplaces par un systme qui ne saurait gure prtendre au titre de chrtien, tandis que la seule qui existe encore autrement que de nom a abandonn tout ce qui constituait primitivement son essence, et doit

Mais, en Angleterre, o, cette poque, la cour et le peuple jetaient un regard tendre


(1) Le docteur Damman fut un des secriaires du synode et par consquent un dfenseur de la haute doctrine enseigne Dordrecht, que aucun des vrais fidles ne peut dchoir de la grce de Dieu p;ir au cun espce de pch, i Nulli vere fidles per

pour leur bien, leur bnfice et leur avantage, , ou conformment la vritable teneur du contrat et des diffrentes promesses qu'il renferme. Ils ont un intrt et un droit prsent au salut; el, par consquent, dans le cas o ils vien^ iraient mourir avant d'avoir perdu leur intrt et
attributs

selon la vritable teneur

leur droit,

ils

seraient

infailliblement sauvs

(Whis-

peceala possunt ex gratia Dei excidere (l)am man, in Concnrdia). (2) J'ai dj donn quelques exemples des opinions effrayantes de Maccovius et d'autres thologiens de Dordrecht. Une des mmorables dcisions de ce synode est que .les enfants des non-croyants qui meurent dans leur enfance sont rprouvs aussi < bien que leurs parents. > Infantes inlideliummo rienles in in fa ni ja reprobatos esse staluimus (Act. Synod. Dordt.). Ce dcret humain n'est qu'une consquence de ce mme principe sur lequel se fondaient les prdestinations pour croire que les enfants des personnes pieuses sont dans le contrat de grce avec leurs parents, et y ont un intrt de convention. > Voici la manire impie et familire dont un des thologiens de celle secie exprime les termes de la convention, si on peut l'appeler ainsi, au moyen de laquelle a t form ce prtendu contrat entre l)ieu et la postrit des croyants lis (les enfants) ont un vritable, un rel et propre intrt, une vrita ble et relle proprit sur Dieu. Connue ils sont
ulla

des enfants, eic.). (1) Je reconnais (dit Jacques I, dans un discours public son parlement, 1603) que l'Eglise
ton, Doct., prim.

Du Baptme

<

de
(2)

Rome est notre Eglise-mre. > Cet homme simple et d'un esprit

franc et sin>

cre vint calviniste Dordrecht; mais Episcopius lo" pressant fortement, comme il le dit lui-mme, sur le texte de saint Jean, 111,10, Alors, dit-il je sou haitai le bon soir Jean Calvin. > (3) Je sais, dit l'vque Tomline, que des per sonnes actuellement vivantes, qui semblent se etode calvinistes, soutiennent la doc rilier du nom irine de l'lection et rejettent celle de la rproba,

<

lion. Que (e ne ft pas l le vritable systme de Calvin, c'esi ce dont on peut se convaincre pleinement en lisant ses ouvrages: que ce ne ft pas l non plus le systme des calvini-tes sur la fin du cogne d'Elisabeth, c'est ce que prouve videmment le premier des articles de Lambeih (Rfutation du

calvinisme).

< Lui, ainsi

y a de part ei d'autre une proprit et un intrt mutuel. Ils tiennent Dieu sous une obligation relle, celle qu'il s'est impose par promesse, de faire servir et d'employer tous ses
il

est eux:

il

calvinistes, dans leur pays et l'tranger, y compris les principaux thologiens d'A-

Beaucoup de

<

mrique, rejettent le second article fondamental du symbole calviniste et croient la rdemption uaiverselle (Adam, le Monde relig., etc.).

2i5

rOYAGES A LA RECHERCHE D'UNE RELIGION.

VA

principalement l'esprit de parti, que ne peut manquer d'engendrer une Eglise toute dfendue par des formulaires humains, le caractre distinctif qu elle conserve encore en Angleterre.

CHAPITRE XLV1II.
Naissance des opinions incrdules en Europe aussitt aprs le synode de Dordrecht. Lord Herbert, Hobbes, Spinosa. Com-

velle preuve de ce que j'ai dj avanc par rapport la part qu'a eue le calvinisme dans c'est que la la production de ces rsultats prdestination fut la premire doctrine sur laquelle ces sociniens dguiss ouvrirent le feu de leurs batteries. Comme on devait bien
:

s'y attendre, ce fut aussi

parmi

les calvinistes

mencement du rationalisme parmi les calvinistes Bekker, Peyrre, Meyer. L'Eglise luthrienne se prserve beaucoup plus longtemps de l'incrdulit que la calviniste.
;

que commena la raction contre leur propre symbole; et ainsi cette mme secte, par une destine commune toutes les hrsies, donna naissance aux deux extrmes opposs, c'est-dire au fanatisme, qui enta le premier de pareilles erreurs sur le christianisme, et
l'incrdulit, qui la greffe.

arracha

la fois l'arbre et

Le principal objet que j'avais en vue dans l'expos historique que j'ai trac dans le chapitre prcdent, tait de montrer dans la raction produite parmi les protestants euxmmes, autant par les consquences impics et draisonnables de leurs doctrines que par l'intolrance anti-rhrlienne avec laquelle on les a imposes aux peuples, une des principales sources de cette incrdulit qui a dans la suite dvast leurs Eglises. Ce qui confirme encore cette remarque, c'est que, comme nous le verrons, ce fut peu de temps seulement aprs les monstrueuses dcisions du synode de Dordrecht (1) que le scepticisme commena se dvelopper ouvertement parmi les protestants dans les diffrents pays de l'Europe ; ce fut alors, l'aurore de l're du rationalisme, que lord Herbert de Cherbury enseigna que la religion naturelle tait suffisante et parfaite; que Hobbes prvint les thologiens allemands de notre poque en mettant en question l'authenticit de l'Ancien Testament et l'autorit divine du Nouveau, et qu'il laissa mme tomber ces semences de doute sur l'existence d'un Etre suprme, qui n$ tardrent pas atteindre leur maturit en produisant l'athisme dans l'esprit sombre de son contemporain Spinosa. Dj aussi, la mme poque, avait apparu, sous le nom de rationnels, une cole de thologiens qui avaient pour principe d'appliquer la religion la pierre de touche de la raison, et de rejeter tout ce qui ne serait pas conforme aux dcisions de ce juge, capricieux (2). L encore nous trouvons une nouI

Un des premiers de ces calvinistes sceptiques fut Bekker, thologien hollandais, qui, en cherchant former entre la philosophie et la religion la mme sorte d'alliance qui a servi
d'instrument pour amener le christianisme o il est aujourd'hui en Allemagne, employa les principes de Descartes pour miner quelques-unes des principales doctrines de l'Ecriture. Le rcit qui nous y est fait de la tentation de nos premiers parents, l'action des bons et des mauvais esprits, les possessions diaboliques dont il est fait mention dans le Nouveau Testament, et la tentation de Notre-Seigneur, tels furent les points principaux sur lesquels ce thologien rationaliste exera son scepticisme; et tandis que Calvin, son matre, non content de ce principe dmoniaque, qu'il supposait log dans la poitrine de tout homme, admettait en outre l'influence directe du diable sur les actions humaines, son disciple Bekker nie toute espce d'intervention du dmon, et, anticipant les frivoles inventions de nos rationalistes modernes, au point de ne leur laisser pas mme le mrite de l'originalit en fait d'erreur, il rduit une simple allgorie et de purs mythes tous les passages de l'Ancien et du Nouveau Testament o il est parl de l'intervention du malin esprit. C'est un autre crivain calviniste, plus ancien encore (1655), que les annales du rationalisme doivent un livre qui, quoique maintenant oubli depuis longtemps, produisit, son apparition, une telle explosion d'indignation, qu'on eut bien de la peine l'arrter pour un instant, en se contentant d'emprisonner l'auteur. Le but principal de cet trange livre (1) est de prouver, d'aprs le chapitre V de l'Eptre de saint Paul aux Romains, qu'il avait exist avant Adam des nations et des races d'hommes, et qu'il ne fut appel le premier homme que parce que la loi commena avec lui. Dans le cours des preuves qu'il prtend allguer l'appui de cette hypothse, l'au teur Peyrre, protestant franais, donne, de quelques-uns des miracles de l'Ancien TesU ment des solutions qui approchent encore de plus prs que celles de Bekker du mode
l'tat
logiens dans Bayic
vincial, c. 150).

(t) Vous me permettrez de vous rappeler, par tonne de prliminaire l'histoire qui va suivre, que les conlra-remontrants, au synode de Dordrecht condamnrent les opinions relches des remontrants sur le pfh originel et le lihre arbitre, t Denx de
;

thologiens (contra-remonlrants) enfls de leur victoire, se mirent insulter un pauvre diable


leurs

e.

c < <

de remontrant, en lui disant Que pensiez-vous avec cet air de gravit ? Je pensais, messieurs, leur rpondit- il , une question controverse Quel est l'auteur du pch? Adam s'en excusa et le

le rejeta sur le ser; celle-ci peut ce dernier qui tait alors jeune et timide, ne put dire un seul mot pour sa dfense; mais ensuite, ayant acquis de l'ge et de l'audace, il est venu au synode^ de Dordrecht, et a eu la hardiesse d'en accuser Dieu lui-mme (Lettres de feu lord Chedworlh au rv. Thomas Cromplord) ! t (2) Voyez une notice sur celle cole de tholo; ,

rejeta sur sa

femme

(Rponse aux questions d'un pro-

(\)

13

et

M,

Prn'iidumii, sive exercitatio super versibns 12, cap, V Episl. PauliadRomanos.

247

DMONSTRATION EVANGLIQUli. MOORE.


et le

248

simple mais insens d'interprtation adopt par Paulus et autres modernes. Par exemple, il n'tait pas ncessaire, dit-il, que le soleil rtrogradt pour que l'ombre du cadran retournt sur ses pas en faveur d'Ezchias; tout ce qu'il peut y avoir de miraculeux dans ce fait doit se borner au cadran d'Achaz (1). De mme, lorsque le soleil s'arrta l'ordre de .Tosu, il ne voit dans cet vnement rien autre chose que cette espce d'illusion d'optique qui est commune dans la plupart des pays niontueux , au coucher du soleil lorsque aprs mme que le soleil a quitt l'horizon , il semble que le disque de cet astre soit encore demeur dans le ciel (2). Quant au miracle rapport dans le Deutronome , savoir, que les vtements et les souliers des Isralites ne s'usrent pas pendant les quarante ans qu'ils sjournrent dans le dsert , cet auteur le tourne en ridicule peu prs dans les mmes termes dont Vol, ,

passage suivant de son ouvrage en mon*


,

trera tout la fois la nature insidieuse


,

et

prouvera une chose dont j'ai souvent essay de convaincre mes lecteurs savoir quel grand triomphe c'a t pour l'incrdulit , de l'aveu des incrdules eux-mmes, d'avoir pu, en soumettant l'examen de la philosophie le mystre de la prsence relle ouvrir une
, ,

voie qui pt conduire renverser tous les mystres. Il y a, dit cet lve de Spinosa , trois mystres dont la philosophie seule peut tre le vritable interprte ce sont 1 Dieu,
:

prsence relle , 3 la Trinit. Pour ce qui est du second de ces mystres , l'Eglise rforme l'a dj dtruit en montrant avec l'aide de la philosophie que l'opinion qu'elle professe sur ce sujet est la seule vraie,
2 la
,

que celle des catholiques et des luthriens est absurde. 11 garde un silence qui n'tait alors que trop significatif sur le premier des
et trois mystres rangs sur sa liste et se met en devoir d'appliquer au troisime la mthode philosophique qui lui avait si bien russi pour le second (1). Aprs avoir ainsi suivi la marche de ce principe anlichrtien qui tirant son origine des fondements mmes du protestantisme, s'est ensuite divis en tant de rameaux sous une multitude de noms et de formes et s'occupe en ce moment, sous son dguisement le plus rcent et qui sera probablement le dernier, spiritualiser la substance mme du christianisme dans tous les pays o la rformation a pris racine je ne ferai plus maintenant que renvoyer aux pag-s d'un crivain dont j'ai souvent eu invoquer le tmoignage M. Pusey ceux qui voudront descendre
, ,

taire s'est servi plus tard

pour

la

mme fin (3).

Tout le miracle, son avis, doit s'expliquer en disant que les Isralites ont conserv leurs vtements en les rparant au
des matriaux propres faire des habits qu'ils tiraient de leurs troupeaux et d'autres sources naturelles. La raison qu'allgue cet auteur pour justifier son impit, savoir, qu'il a t conduit une pareille doctrine par le principe des protestants nous montre dans quel degr d'vidence la tendance naturelle du protestantisme graviter vers l'incrdulit tait non-seulement prvue, mais mme sentie ds cette poque. 11 est un autre ouvrage du mme temps (1666), qui, par son titre et l'honneur qu'il a eu d'tre rdit par Semler, annonce assez qu'il tait un des avant-coureurs de cette cole d'incrdulit dont Semler fut le fondateur. Je veux parler de l'ouvrage autrefois clbre , la Philosophie interprte de V Ecriture , qui , son apparition , fut d'abord

moyen

mais ensuite. ; qu'il tait sorti de la plume de Louis Meyer , son ami et son mdecin. En fait de subtilit et de ruse , ce rationaattribu au
il

fameux Spinosa

fut

prouv

la gnalogie de ce principe , dans le pays surtout o les effets qu'il a produits se montrent plus frappants. L'habilet et l'rudition avec laquelle ce savant a suivi dans toutes ses phases la descente graduelle , comme il le dit lui-mme , de la thologie un systme d'incrdulit qui a caractris la marche de l'Eglise d'Al>

aux derniers degrs de

liste

d'Amsterdam

tait

un digne prcurseur

le
c

de la race actuelle des sceptiques protestants;


Ponatur miraculum in horologio ipso, in horoslabit miraculum suo logio Achaz, ui vull scriplinn slabit naiura suo ordine, nec fascinabilui 1 0C0
(1)
;

ce qu'il dit au sujet de la discussion sur la Trinit Quanlo sane satius l'uisset illam pro mysterio non habuisse, et philosophie ope, antequam quod esset staturent, secunilum vera; logicoe prcepta , quid esset cum Gl. Kek(!) Voici

mystre de

kermanno invesligasse. Que les absurdits Ihologiques

'

__

temps l'aliment du scepticisme,

aient l de tout on ne saurait s'en

intellectus prsligiis inanibus. sine sole ipso, et miraculo maxi (2) Fulgor solis, mo, superessel in atniosphera, vel regione vaporum illa, qu civilali Gabaonica;, cli et aeris medio, in-

cubabat; solis vero fulgor civilatem Gabaonicam et L'auteur ajoute niontem Gabaon verberaret, etc. qu'il avait l lui-mme tmoin du mme phnomne dans les montagnes du Quercy, o il habitait. (3) Quod de calceamentis eorum iiidem dejerant, nulla unquamvetustate fuisse consumpla, atqueadeo

ubi
t i

primum induxissent

calccos infantibus, crescenli-

convaincre plus clairement qu'en considrant l'usage cpie fait cet crivain de l'ide monstrueuse, sortie du cerveau de quelques thologiens protestants, que Dieu a donn dessein une double signification quelques uns des prceptes de sa loi, et qu'il dsirait et prfrait qu'ils fussent mal compris par ceux auxquels il les adressait. Telle est la doctrine enseigne dans un passage de Wolzous, cit par lui : Quandoque Deus, ut dubios et suspensos relini quai, vel ipsos cos quos sullicienli gr.ilia spirilus c doua vil, ut qua'cuinqiie ea illa lune oraiioue hau<
i

bus inl'anium

\i

pedibus, crevisse eorum calceos. Non-seulement, dit Voltaire, les babils des tlbreux ne s'usrent point dans leur marche de quarante annes, au soled et la pluie, et en couchant sur la dure, mais ceux des enfants croissaient avec eux, et s'largissaient merveilleusement me 6ure qu'ils avanaient en ge.

riri

possint,
:

eliciant,

non lamen omneni eliciant

< c <
t

orationem enira volvai et revolvat veriialem ceuties, silvacuus pr&concepiis opinionibus, omnia cxanimet quai usus linguae requirit, ut inluenli lexliim ml appareat esse uegleclum noluit lamen hoc lempore inleUigi Deus, imo voluil permittere ut ali;

quanlisper erraretur.

>

549

VOYAGES A LA RECHERCHE D'UNE RELIGION.


, ,

250

le dix-huitime sicle ne saurait tre conteste; il est seulement exclusivement regretter qu'en se bornant il secte luthrienne du protestantisme la plus fortes ait laiss de ct les prouves encore en faveur de sa thse que lui aurait l'histoire du calvisi abondamment fournies nisme; et c'est pour remdier, jusqu' un certain point, cette omission si importante, que j'ai recueilli les divers exemples des progrs du rationalisme parmi les calvinis-

lemagne pendant

tes
Il

que je viens d'exposer aux yeux du

lec-

tcur.

ne serait pas difficile , en effet , de montrer que, ds le principe, une certaine disposition l'incrdulit se manifesta beaucoup plus parmi les membres de l'Eglise rforme que parmi ceux de l'Eglise luthrienne, et les noms de Llius Socin, de Genlilis , d'Ochin et d'autres prouvent combien Genve fut prompte commencer porter ses fruits. Sans remonter cependant plus haut que le milieu du dix-septime sicle , nous avons vu qu' une poque o l'Eglise luthrienne tait encore plonge dans toutes les absurdits de sa thologie, combattant, avec dents contre les bonnes uvres et pour et ongles l'ubiquit de la nature humaine de JsusChrist, la mthode de soumettre au raison,

res pour mon propre usage, et renfermant mon hrosme dans des bornes proportionnes la distance immense qui se trouve entre Erasme et un pauvre homme comme moi je me contenterai de dclarer ici mon lecteur que j'en tais alors arriv la magnanime dtermination de prfrer le papisme et la pauvret, pour le reste de mes jours l'alternative du protestantisme et de deux mille livres sterling (30 ,000) de rente, avec miss *** , Ballymudraggel. Aprs quelques mois encore de sjour en Allemagne je me prparai faire voiles pour l'Angleterre. J'avais pass la dernire partie de mon temps dans une socit bien plus conforme mes gots que ceile des Scratchenbach de l'universit c'tait avec quelques familles de catholiques paisibles et que je rencontrai au milieu de spirituels ce naufrage de tous les autres symboles poursuivant tranquillement et avec une soumission parfaite les mmes sentiers de la foi que leur Eglise parcourt depuis prs de deux mille ans. C'est, en vrit, un spectacle des plus frappants que celui que prsente aujourd'hui l'tat de l'Allemagne, divise, suivant la description concise et nergique de M. Soulhey entre l'ancienne religion et la nouvelle irrligion d'un ct de
,

nement toutes

les doctrines

du christianis-

l'autre (1).

avait dj commenc son uvre chez les calvinistes que longtemps avant la naissance de tous ces critiques et de tous ces

me

savants auxquels M. Pusey assigne la premire origine du rationalisme on en avait dj prvu et annonc les traits dislinclifs et les principes essentiels ; et qu'enfin le fait mme des possessions diaboliques sur lesquelles Semler commena le cours de ses examens avait dj, plus d'un demi-sirationnels
,

auparavant t interprt par Bekker dans un sens sceptique de la mme manire et dans le mme but.
cle
,

CHAPITRE XLIX.
Retour en Angleterre.
toire

Recherches sur anglais. Les rapports intimes qu'elle a avec celle du protestantisme d'Allemagne. Opinitret hypocrisie des premiers rformateurs dans deux pays. Variations de symboles. bchers. Rtractations Perscutions rechutes de Cranmer, Latimcr La rformation a dmoralis peuple.
l'hit'

du protestantisme

et

les

et

et

etc.

etc.

le

Preuves
anglais.

tires des

crivains allemands et
>

On montre ou du moins on avait coutume de montrer dans la bibliothque de l'ab,

La prdiction pleine de sagacit faite par Bayle, qu'un jour viendrait o les luthriens, ne trouvant plus leur symbole dans la confession d'Augsbourg , remettraient toutes les choses sur leur ancien pied, est maintenant en pleine voie de s'accomplir. Dj en effet grand nombre de protestants , dgots de la comdie antichrlienne que jouent leurs propres Eglises, si on peut les appeler de ce nom , ont embrass la foi de Rome , et il y a toute apparence que leur exemple sera suivi par un bien plus grand nombre encore. Aussi parat-il vident que c'est l'alarme produite par ce retour l'Eglise catholique qui a t la principale cause de cette raction apparente en faveur du christianisme qui depuis peu de temps, s'observe en Allemagne, aussi bien quedeces rtractations de leurs anciens blasphmes, que les de Westc et les Brestsehneider se sont hts il faut le dire , avec si peu d'apparence de sincrit (2) , d'offrir au public. A mon arrive en Angleterre, voyant que mon got pour l'tude de la thologie tait revenu, je voulus profiter des quelques mois de loisir que j'avais encore ma disposition, et me mis aussitt tudier l'tat et l'histoire du protestantisme en ce pays, avec tout au, ,

baye de Saint-Antoine en Dauphin

l'origi(1)
(2)

nal d'une lettre d'Erasme(l),dans laquelle ce grand homme dclare qu'il se laisserait plutt couper par morceaux que de ne pas croire la ralit du corps et du sang de Jsus-Christ dans le sacrement de l'eucharislie. Sans prtendre l'esprit du martyre plus qu'il ne m'en faut, selon mes conjeetu(1)

Entretiens, etc.

Malgr celle rtractation de leurs anciennes ides sceptiques, ces deux crivains ont publi de

Voyage

littraire

de deux religieux bndictins.

nouveau, s;ms y presque rien changer, les ouvrages qui les contenaient ; el dans la prface que de Welle a mise la tle de son livre, De morte expiatoria, etc., nous ne voyons gure qu'une sorte d'apologie de celle asserlion^ajiti-chriienne, sortie de sa plume, que Jsus s'avisa de jouer le person< nage de Messie. >

mmes

251

DEMONSTRATION EVANGLLIQUE. MOORE.

252

que je l'avais fait par rapport l'Allemagne. Ce n'est pas qu'il s'attacht encore la plus lgre ombre de doute aux conclusions auxquelles j'tais alors arriv; mais ayant pouss aussi loin que je l'avais fait les recherches que j'avais t amen commencer, il tait trop naturel que j'eusse le dsir de recueillir sur l'Eglise anglicane des matriaux suffisants pour tre a mme de comtant de zle
plter le

panorama que

j'avais

commenc du

protestantisme. Nanmoins, commej'ai maintenant peu prs rempli le canevas que je m'tais propos pour l'esquissecontenue dans ce volume, je dois rserver pour la premire occasion le tableau que j'avais prpar de la rformation anglicane. Je veux cependant appeler en peu de mots l'attention sur quelques-uns des traits saillants de ressemblance qui en comparant la inarche d-u protestantisme d'Angleterre avec celle du protestantisme d'Allemagne, ne pouvaient manquer de me frapper. En effet, la ressemblance qui existe entre ces deux sortes de protestantisme est si fortement marque, qu'il n'tait gure possible mme d'esprer que deux systmes tellement semblables dans leur origine et dans leurs tendances ne conduisissent pas enfin des rsultats sem,

H n'est pas mme jusqu' la servile complaisance que montrrent les rformateurs des deux pays pour les passions grossires de leurs royaux patrons, qu'on ne trouve marque par les mmes degrs comparatifs de bassesse car, tandis que d'un ct la licencieuse bigamie du landgrave de Hesse, bigamie licencieuse.il est vrai, mais du moins sans effusion de sang, reoit par l'apposition de leur propre signature, la sanction de Luther, de Bucer et de Mlanchton , de l'autre les mariages meurtriers de Henri VIII sont non-seulement approuvs, mais concerts par Cranmer et Cromwell, qui furent des instruments plus dociles encore de la royale
:

rforme (1). Les divers changements de doctrine par lesquels, dans les deux pays, le nouveau symbole dut passer, forment un autre de ces points de ressemblance qui doivent fixer notre attention; et
les fondateurs

comme

si,

ds lors

mme,

du protestantisme avaient eu une sorte de pressentiment que leur Eglise, en fait d'instabilit , rivaliserait de rputation avec Dlos mme (2), les rgles suivre parles changements futurs (3), selon que furent les circonstances le demanderaient expressment stipules par Mlanchton; et c'est l ce qui, en Angleterre, tait l'objet de cette dclaration prvoyante laquelle les obsquieux vques de Henri VIII n'hsitrent point souscrire. Si parmi les premiers rformateurs anglais on vit si peu rgner cet esprit contentieux qui fit de la thologie une pareille arne de discorde en Allemagne, il est facile d'en trouver la raison, mais elle n'est pas glorieuse ; car elle n'est autre que l'abaissement servile de l'Eglise anglicane devant le trne, qui ne lui laissa de volont et d'opinion que dpendamment des caprices du monarque, et point d'autre alternative que de croire tout ce qu'il dictait et de se taire (4).
,

blables. Le gosme et la hypocrisie qui caractrisrent les moteurs de la rforme en Allemagne, ne se montrrentqu'avec une activit encore plus intense et plus rvol-

mme

mme

tante parmi les fondateurs de la mme foi en Angleterre (1). La haute position des principaux acteurs dans cette dernire scne, donne proportionnellement ces sortes de vices plus d'impulsion et plus d'occasions de se dvelopper; et tandis que nous voyons dans Henri VIII tout le caractre de Luther dgag, pour ainsi dire, de toute entrave sur un trne, Cranmer nous apparat avec toute la souplesse et toute l'hypocrisie de Bucer, mille fois multiplies, raison des occasions sans cesse renaissantes qui demandaient en lui ces qualits (2).
L'auteur d'un article de la Revue d'Edimbourg sur l'admirable ouvrage de M. Hallam, l'Histoire constitutionnelle, peint ainsi au naturel les fondateurs de la rforme anglicane Un roi dont on ne saurait mieux tracer le caractre qu'en disant qu'il tait le despotisme mme personnifi, des ministres sans principes, une aristocratie rapace, un parlement < i servile: tels furent les instruments par lesquels i l'Angleterre fut dlivre du joug de Rome. L'ou vrage qui avait t commenc par Henri, le meuri trier de ses femmes, fut continu par Somerset, le meurtrier de son frre, et acbev par Elisabeth, qui assassina son hte (Revue d'Ilimb.). Ci) Il est assez curieux d'ob-erver que de mme que l'Eglise de Luther hrita largement de la violence et de l'intolrance de son chef, ainsi l'hypocrisie et l'esprit servile de Cranmer ont survcu jusqu' ce jour dans rtablissement dont il a t le fonda(1)
:

(t) L'auleur de l'article de la Revue d'Edimbourg dj cit, article crit avec une nergie de pense et de style qui ne permet pas de douter qu'il ne vienne d'une main de matre, parle ainsi de Cranmer : < L'in tolrance est toujours mauvaise mais l'intolrance sanguinaired'unhommesi chancelant danssa croyait
;

i < <

ce, inspire

un dgot auquel il est difficile de donner de paroles inconvenantes Egalement faux dans ses engagements politiques
libre carrire sans user
fut
:

et religieux,

il

d'abord l'instrument de Somer-

de Norihumberland. Lorsque premier voulut mettre mort son propre frre, sans aucune forme de procs, il trouva dans Cranmer un instrument tout prt, etc., etc.
set, et ensuite celui
le
(2)

Nec

instabili fania

super abere Delo.


le

(Stat.)

(3)

On

suivait en

cela

principe

mme

des
:

soci-

nens,
i

teur

dans aucun cas peut-tre, cette teinte d'hysi profondment empreinte, ne s'est montre d'une manire aussi frappante que dans ces justifications du caractre de Cranmer, que des thologiens mme re-peciables, tels que le rv. M. Todd, se sont crus obligs d'entreprendre, en dpit de toute vrit et de toutes les convenances, pour la gloire et les intrts de leur ordre.
;

et,

pocrisie,

< <

du catchisme desquels Mosbeim dit < Je n'ai pu trouver parmi eux l'autorit d'une contession publique ou d'une rgle commune de foi ce qui lait que les docteurs de celle secte taient au;

dans une nouvelle dition de ce catchisme, publie par Crellius, Scblichtingius et les Wissowatius, quelque Y ptxi lies onl-elles l changes et d'autres corriges.
c

ou bien

toriss corriger et contredire leurs les remplacer par d'autres. Aussi,

doctrines,

(4)

L'Eglise anglicane porta

si

loin le principe ser-

253

VOYAGES A LA RECHERCHE DUNE RELIGION.

251
et

servile qu'on C'est ce doit attribuer cette facilit se rtracter et se parjurer que quelques-uns des plus mi-

mme abaissement

nents thologiens anglicans acquirent par la pratique, l'ayant fait tant de fois. En effet le spcieux Cranmer ne souscrivit pas moins de
six rtractations, et Lalimer dpassa encore ce nombre de deux ou trois ; mais ce qu'il y avait de plus dgotant, c'lait le spectacle que prsentaient au monde ces hypocrites qui se faisaient perscuteurs pour la cause qu'ils hassaient en secret, et condamnaient des malheureux au feu pour des opinions
qu'ils partageaient au fond avec eux. C'est dans celte monstrueuse combinaison

maintenant les publics ont t supprims, commandements du Christ ne sont plus regards que comme des paroles inutiles; pour ne rien dire des blasphmateurs, des adulte-;
res, des concussionnaires, etc.
,

etc. (1).

Un

de mensonge
la diffrence

et de cruaut que consiste toute entre les perscuteurs anglais et ceux de la Suisse car lorsque ces derniers champions des droits du jugement individuel condamnent Servet au feu, et envoient au billot Gentilis et Gruet, c'est du moins pour des opinions qu'ils tiennent eux-mmes pour hrtiques et impies ; c'tait ces saints de l'Eglise anglicane, Latimer et Cranmer, qu'il tait rserv d'assister comme complices au supplice des chrtiens brls pour des opinions qu'eux , leurs bourreaux , approu:

vaient,

Tandis que tels taient les fruits moraux de la rformation qui se manifestaient dans ceux qui en furent les principaux chefs et propagateurs, on ne saurait esprer que l'effet qu'elle dut produire sur le peuple en gnral ft plus salutaire. Aussi, les descriptions que nous ont laisses les crivains protestants les plus distingus, tant de l'Angleterre que de l'Allemagne, de l'tat des murs publiques dans leurs pays respectifs pendant le premier sicle de cette grande rvolution, offrent sur tous les points essentiels, une telle conformit, qu'il ne peut rester aucun doute sur l'origine commune des maux dont ils se
plaignent.

Commenons par
partout dans
dra?, cet
les

homme

Allemands. On trouve de l'admirable Anqui, pour me servir du lanles

crits

gage de Herder (1), fleurit comme une rose parmi les pines . les plaintes les plus amres sur la corruption flagrante de ce temps de dsordres. Les idoles, dit-il, ont t renverses, mais les idoles des crimes sont adores. Nous avons ni la primaut du pape, mais nous constituons des papes d'un ordre infrieur. On a abrog les vques mais les ministres sont encore accepts ou rejets volont. La simonie est tombe dans le mpris, mais quel est celui qui maintenant refuse une bourse d'or? On a reproch aux moines leur indolence, comme si on tudiait trop dans nos universits Les monastres ont t dissous pour rester vides ou servir d'tables pour les bestiaux. On a aboli l'ordre rgulier des prires, au point que la plupart maintenant ne prient plus du tout. Les jenes
,
1

autre crivain, Walch, reconnat que les plaintes sur l'tat de dchance du ehris-r tianisme et sur la corruption du clerg (protestant) n'taient pas exagres; et Carp T zoff, en parlant des efforts qu'a faits le pieux Ipener pour corriger l'excessiveobstinalion de cet ge d'impit, dit Je loue l'entreprise, j'y unis mes dsirs, mais je dsespre du succs, cause de la dpravation dsesprante de ces derniers temps. A ct de ces tmoignages qui prouvent si fortement l'effet dmoralisateur de la rfr-r malion en Allemagne, je vais ici placer deux passages o sont crits les rsultats qu'elle a produits en Angleterre. Ces deux passages sont emprunts Camden et Burnet, dont l'autorit n'est pas de peu de poids. L'avarice sacrilge, dit Camden, en parlant du temps d'Edouard VI, envahit avec avidit les bnfices ecclsiastiques, les collges, les chantreries, les hpitaux, et les lieux desticomme ns au soulagement des pauvres tant choses superflues. L'ambition et la rivalit dans les rangs de la noblesse, la prsomption et l'insubordination parmi le peuple, montrent un tel point d'extravagance que l'Angleterre parut tre tombe dans une vritable phrnsie (2). Burnet ne s'exprime pas avec moins de force dans le mme sens. Cette grossire et insatiable avidit qui s'est hte de saisir les biens et les richesses qui avaient t destins faire des bonnes uvres, sans en employer la plus petite partie servir la cause de l'Evangile, ou donner l'instruction aux pauvres, fit conclure tout le peuple que c'tait pour la rapine et non pour la rforme que leur zle les rendait si actifs. La vie drgle et immorale de plusieurs de ceux qui faisaient profession de n'couter et de ne suivre que l'Evangile, fournit abondamment leurs ennemis l'occasion de dire qu'ils n'avaient renonc la confession, , la pnitence, au jene et la prire que pour se dbarrasser de toute contrainte et mener unq vie licencieuse et dissolue (3). Ces vices qui
:

Celui qui connat l'a(1) Ailleurs Andrex dit varice du clerg protestant et la vie sans frein qu'il mne ne s'tonnera pas qu'il ne trouve plus dans le peuple le respect dont il devrait tre entour, i
:

Si l'on en doit croire ce pieux et consciencieux crivain, Luther lui-mme prvit, ou plutt connut dj.a, par sa propre exprience, les consquences funestes des doctrines qu'il avait si tmrairement prcites. < Il n'est point de plaintes, dit Andrex, qui me re< viennent plus souvent que celles de cel homme di t t

vin, Luther, quipreit la licence de l'Eglise ianglique, cl dont la plume invincible lous ses enne-

nemis,
(2)

a presque
et le
,

partisans

vile

par lequel elle dbuta, qu'


et la reut

Cranmer remit son


narque enfant,
(1) Cit par M,.

la mon de Henri VIII, autorit archipiscopale au mo-

Camden

failli sous la dissolution de ses spcieux prtexte de l'Evangile, i Introduction aux Annales de la reine

Elisabeth.
(3) Presque mot pour mot le langage employ par Buccr dans le tableau qu'il trace des effets de la r

de nouveau de ses mains.

Pusey.

855

DMONSTRATIOM VANGL1QUE. MOORE.

256

n'taient que trop manifestes dans la plupart des plus minents d'entre eux, leur alinrent beaucoup le peuple; plus il s'tait d'abord prononc contre le papisme, plus il commenait en concevoir des ides plus favorables, et ne considrer les changements qui avaient eu lieu que comme un moyen dont on s'tait servi pour enrichir quelques hommes vicieux, et rpandre sur toute la nation un dluge de vices et de cor-

Longtemps aussi on vit se manifester en Angleterre la mme rtyagnancc renoncer


cette doctrine vitale. Sous Henri VIII, le zle tant du monarque que de l'Eglise pour le maintien de ce dogme parut avec clat dans le soin qu'ils eurent de livrer aux flammes ceux qui osaient ouvertement le contre-

ruption

(1).

sistance presque

et quelle rtous les rformateurs du continent avaient mises abandonner le grand mystre de la prsence relle. Luther lui-mme, malgr tous ses efforts, n'avait

Nous avons vu quelle lenteur

pays le zwinglianisme Pierre le martyr, reconnatre expressment, comme Fox nous l'apprend, un changement [de substance dans
,

dire; et sous le rgne suivant nous celui qui introduisit en ce

voyons

mme

le

pain

et le vin (1).

russir s'en dbarrasser (2), et Mlanchton, tout en inclinant vers la doctrine des sacramenlaires sur les derniers temps de sa vie, n'en laisse pas moins subsister, sans y rien changer, dans les formulaires de foi protestants, l'expression formelle et positive de l'ancienne doctrine que sa main y avait trace; tandis que Calvin, dans le but de dguiser l'tendue de l'innovation dont il tait l'auteur, enveloppa de tant d'ambigut dans les termes son rejet de la prsence relle, que Bucerput prtendre y voir comme une acceptation de cette croyance (3).

pu

formation en Allemagne (Voyez le passage extrait d son livre de Reano Clir.). (1) Histoire de la rforme. A ces tmoignages irri Les eccusables on peut ajouter celui de Strype < clsiastiques (protestants) cumulaient beaucoup de < bnfices et ne rsidaient dans aucun, ngligeant ainsi leurs cures; beaucoup d'enire eux alinaient leurs terres, passaient des baux draisonnables, fai saient dvaster leurs bois, et stipulaient des revert sions et des patronages pour leurs femmes ei leurs i enfants ou pour d'autres leur avantage. Les glises subissaient de grandes dilapidations , elles < tombaient partout en ruines, et taient tenues dans un tat de salet et de malpropret qui faisait qu'on n'y pouvait clbrer avec dcence le culte divin. Il les laques le jour y avait peu de dvotion parmi profan et peu ob du Seigneur tait trangement serve les prires publiques n'taient point fr quentes; quelques-uns vivaient mme sans rembeaucoup taient de plir aucun devoir religieux, vrais paens et des athes ; la cour mme de la picuriens et les reine tait un refuge pour les athes et une sorte de lieu affranchi de toute loi, < puisqu'elle ne dpendait d'aucune paroisse (Vie de Parker ). (2) Luther, en effet.devinl mme encore plus papiste sur ce point avant sa mort; et dans une thse publie par lui contre les docteurs de Louvain, en 1545, un au seulement avant sa mort , il appelle l'eucharistie ce qui ne consterna pas Vadorable sacrement peu les sacramentaires qu'il avait tant rjouis en abolissant l'lvation, et que, par consquent, cet aveu inconsquent devait d'autant plus confondre. Calvin i 11 a lev l'idole crivit Bucer, celle occasion dans le temple de Dieu. (3) On retrouve ce mme style vague et ambigu dans le peil nombre de controversistes protestants qui , pour garder quelque apparence de conformit avec le catchisme de l'Eglise anglicane , affectent de soutenir la prsence relle. Ainsi les thologiens du Brilhch crilic affirment avec insistance que < une prsence relle est la doctrine de l'Eglise angli cane; > tandis que M. Fabert parle d'un change< ment dans les lments, un changement moral. >
:
,

rgne d'Elizabeth, qu'on suppoun paragraphe ajout au vingt-huitime article du temps d'Edouard VI, et qui tait expres>ment dirig contre la prsence relle, fut supprim, suivant le dsir qu'elle en avait manifest (2). Elle inclinait, dit Burnet, pour que le mode de la prsence du Christ dans le sacrement ft laiss en certains termes gnraux, de manire que ceux qui croyaient la prsence relle ne fussent point pousss se. sparer de l'Eglise par une explication trop claire de ce dogme. Et mme jusqu'au rgne de Jacques I er et de son successeur, le langage de plusieurs des prlats les plus minents louchant ce sacrement ne diffrait encore gure de celui des catholiques eux-mmes sur ce sujet.
le

Sous

sait favorable cette doctrine,

n'est qu'une rptition use de ruse de l'hrsie, qui consiste dire les mmes choses en les entendant diffremment a^m*. vtxoia Se fp ovovrej. < C'tait de cette fjt tuleZ-mt < manire nous dit saint Irne qu'agissaient les premiers guo^tiques ils employaient le mme lan< gage que l'Eglise orthodoxe, mais ils pensaient difla vieille
: , , ,
;

Tout cela cependant

fiemment. (i) Dans une des discussions qui eurent lieu entre les prolestants et les catholiques sous le rgne d'Edouard VI la prsence relle fut expressment professe par l'avocat de la cause protestante, M.Perne, qui s'exprime ainsi < Nous ne nions rien inoin-. que sa prsence on l'absence de sa substance dans le pain. Riddley prsidait celte confrence. < Leur liturgie ( qui commena sous la minorit d'Edouard VI el qui, aprs quelques annes d'interruption, fit remise en vigueur par un aclc du parlement du temps de la reine Elisaheth), est main tenant dcrie elle a t annule par le parlement et remplace par actuel , mprise par le peuple une nouvelle chose, appele directoire, qui , aprs quatre ou cinq ans d'existence passs dans l'agitation , commence dj lomhcr dans le discrdit parmi ceux qui les premiers l'avaient adopte (doc<
>
.

teur Carier, Motifs, etc., 1649).


(2) Voici ce paragraphe : rit de la nature humaine
c

>

Fuis donc que la vexige que le corps d'un seul et mme homme ne puisse tre en mme temps t en divers lieux, mais qu'il faut qu'il soit en un cer tain lieu, il s'en suit que le corps du Chrisi ne peut f tre eu mme temps en lieux divers; et puisque , comme la sainle Ecriture nous l'enseigne, le Christ < esl mont au ciel , et qu'il doit y demeurer jusqu' la lin du monde, un fidle ne doit ni croire ni confesser ouvertement la prsence relle ou corporelle, comme ils le disent, de la chair et du sang du Chrisi dans le sacrement de la cne du Seigneur. > En expliquant ce que les protestants entendent par En ce sens, celle exprsence relle, Gilbert dil c pression est innocente, el on peut lgitimement s'ea
:

457

VOYAGES A LA RECHERCHE D'UNE RELIGION.

288

Nous adorons avec Ambroise (1), dit l'vque Andrews, la chair du Christ dans les mystres. Le mme thologien s'adressant

Bellarmin, et faisant profession de rpondre tant pour le roi Jacques que pour lui-

mme, dit Nous croyons une prsence qui n'est pas moins vraie que celle laquelle vous croyez vous-mme (2). L'archevque Laud tirait de la ralit de la prsence de Jsus-Christ dans l'eucharistie un motif d'avoir du respect pour l'autel, comme tant, dans cette hypothse, le lieu o Dieu rside d'une manire toute particulire sur la terre; et l'vque Forbes dclare que c'est une erreur effrayante de la part de ces protestants rigides qui nient que le Christ
:

Plus tard encore, au temps de Charles II, on trouve dans l'Exposition de l'aimable et pieux vque Ken, les phrases suivantes, si pleines de sentiment et d'onction O Dieu incarn, comment peux-tu nous donner ta ch.'iir manger et ton sang boire ? Comment ta chair est-elle vraiment une nourriture? Comment toi, qui es dans le ciel, es-tu prsent sur l'autel? Je ne saurais l'expliquer, mais je le crois fermement, parce que tu l'as dit, et je me repose pleinement sur ton amour et ta toute-puissance du soin d'accomplir ta parole, quoique je ne puisse comprendre quelle est la manire dont la chose peut se faire. La croyance catholique qu'il y a dans
:

doive tre ador dans l'eucharistie (3). De encore l'vque Cousin, dans son Histoire de la transsubstantiation, s'exprime en Quoiqu'il semble incroyable ces termes qu' une si grande distance, la chair du Christ vienne vers nous pourtre notre nourriture, nous devons cependant nous rappeler combien le pouvoir du Saint-Esprit est audessus de notre intelligence, et combien il serait insens de mesurer son immensit d'aprs les bornes troites de notre rai-

l'eucharistie

un

vritable sacrifice tait encore

mme

plus gnralement rpandue parmi les protestants, l'poque dont je parle; et, entre autres, Joseph Mde,ce profond rudit, prte cette doctrine la haute sanction de sa puissante autorit (1). Dans sa rponse au fameux calviniste Twisse,qui avait dit qu'il y avait dans l'antiquit peu de preuves en faveur du sacrifice eucharistique, Mde demande Quelle croyance y u-t-il dans le christianisme en faveur de laquelle on
:

son
<

(k).

servir, quoique peut-tre il soit plus prudent de ne point en user, puisqu'on en a voulu tirer avantage et l'tendre bien plus loin que nous ne l'entcn-

t une idoltrie de le faire. Il est d'usage d'opposer ce passage du l'vque Taylor un autre passage qui parat exprimer un sentiment oppos; ce dernier est tir d'un ouvrage plus rcent de cet homme niinent,

dons.

>

H) Nos vero in mysteriis carncm Christi adoranius cum Ambrosio (Rponse l'Apologie de BelQuand on se rappelle que saint Amlarmin).

dans broise professait, catholique, le dogme de

toute l'tendue du sens transsubstantiation , on est beaucoup plus mme d'apprcier la force de celle dclaration de l'vque Andrews. Voyez l'execclsiastique de trait <pie j'ai donn de la littrature
la

En fait de doctrine, dit Clarke (vol. I, p. 168). ce savant crivain prolestant, saint Ambroise est dsirer. tout ce que Rome peut

du papisme. Mais quand on compare le langage travaill et tudi dans lequel la dernire opinion se trouve exprime, la manire simple et claire dont la doctrine (pie nous venons de cler est nonce, on ne saurait gure douter quel est celui des deux passages qu'on doit prendre pour la fidle expression de sa pense. Un homme qui s'exprime de la faon toute scholastique que voici , ne saurait chapper au soupon d'tre mu par un secret
intitul Dissuasion
tres.

dsir de se tromper lui-mme ou de tromper les au< En l'appelant corps spirituel , le mot spirituel t n'est pas mi attribut substantiel, mais une dclara-

quam

credimus, nec minus Pra^enliam , inquam vos veram (Rponse Bellarmin). rigidorum protestanlium error (3) Immanis e>l qui neganl Cbrislnm in eucharisti esse adorandum adoratione interna et mentali , nos auteni cxnisi temo aliquo ritu, etc. (De Euchar.). Tay(A) Les tmoignages de llooker et de Jimie sont d'une lor sur ce sujet, quoique bien connus trop grande importance peur n'tre pas ajouts ceux que nous avons dj produits Je dsirerais, dit plus de temps mdi Hooker, que l'on consacrt dans le sacrei ter en silence sur ce que nous avons manire dont ment, ci qu'on disputt moins sur ia tous unanimei cela se fait. Si nous reconnaissons et vri ment que le Christ accomplit rellement promesse par le sacrement, < laidement en nous sa avec tant d'ani< pourquoi nous fatiguer disputer c'est par la consubstaniiation ou bien par nisit si (Gouvernement ecclsiast.). i la transsubstantiation Le passage de Jimie Taylor est d'un plus grand poids encore, parce qu'il n'est pas seulement l'expression de l'opinion d'un si grand thologien sur ce point, mais encore une justification qui venge les catholiques du crime d'idoltrie dont on les accusait cause qu'ils adorent la sainte eucharistie. L'objet de leur parlant des adoration dans le sacreincni , dil-il en catholiques, est le seul ternel et vrai Dieu, hypo< siaiiquemenl uni la sainte humanit, qu'ils croient < actuellement et rellement prsente; ei tant s'en faut qu'rls adorent le pain, qu'ils dclarent que ce serait
(2)
,
i

quoique dans la discussion on lion de la manire en fasse l'attribut d'une proposition et le membre oppos d'une distinction ( Dissuasion du papisme).* (I) Ce n'est pas seulement Mde qui a soutenu qu'il y a dans l'eucharistie un sacrifice matriel et proprement dit; il a t suivi en cela par un autre savant distingu dans la mme science, le doc
,

teur Grabe, qui a mme compos une liturgie pour son usage particulier, dans laquelle l'ancienne prire fonde sur celle doctrine se trouve rtablie. Une pareille concession faite aux catholiques ne pouvait pas manquer de jeter l'alarme parmi leurs adversaires ; aussi vit-on cette opinion de M.le et de Grabe forlelueut censure par Buddeus, Itligius , Deylingiu-> cl autres thologiens du continent, comme tant un aveu du sacrifice de la inesse. Ainsi embarrasses entre la crainte de favoriser le papisme, d'un ct, et de l'autre par le langage expressif et irrsistible des Pres, quelques-uns des plus minents enlre les thologiens anglicans, cl, entre autres, Cudworlh et Waierland tout en niant qu'il y ei dans l'eucharistie un saciilice proprement dit ou matriel , sont alls jusqu' admettre qu'elle tait un festin symbolique sur un sacrifice c'est dire, comme l'explique Waierland, sur le grand sa crifice lui-mme, rappel sous certains symboles. Tels sont les pitoyables expdients auxquels les pro, ;

testants sont forcs , par leur position schisiuaiique , d'avoir recours , pour chapper l'vidence et l'autorit.

259

DEMONSTRATION EVANGELIQUE.MOORE.
partis.

2 60

puisse apporter plus de tmoignages deVantiquit que pour celle-ci ? Je ne parle pas maintenant de l'intention des Pres (soit que mais en gnral je la devine bien on mal
)
,

avaient d'un sacrifice dans l'eucharistie. Si i'antiquit n'est que peu favorable ce dogme, il faut dire quelle ne l'est aucun. Il cite ensuite en confirmation de sa propre opinion, l'aveu sincre qui est chapdans la prface de p a l'vque Morton son livre sur l'eucharistie. C'est un fait que nous reconnaissons volontiers que les anciens Pres font frquemment mention du Sacrifice non sanglant du corps du Christ

de

l'ide qu'ils

Rien en effet n'est plus propre inspirer du mpris pour la religion que de voir deux grandes nations ainsi dchires par des factions intrieures et par la haine cause de leur manire diffrente de penser sur certains points, qu'un esprit raisonnable ne peut regarder aujourd'hui qu'avec un sentiment ml de douleur, de mpris et d'tonnemeut. Mais quelque absurdes que fussent la plu,

dans

l'eucharistie.

De pareils tmoignages en faveur de la doctrine catholique sur ce point et surtout le tmoignage d'un protestant aussi profondment vers dans l'antiquit chrtienne que l'tait Mde , ne sauraient tre considrs autrement que comme d'une haute imporet le passage suivant de sa lettre tance (1) Twisse contient en quelques phrases pleines d'nergie toute la substance de ce que j'ai essay d'inculquer dans ces pages. Cependant encore un mot de plus. // n'est pas temps maintenant de mpriser le consentement catholique de l'Eglise dans les premiers sicles de son existence, lorsque le socinianisme s'attache si fortement le rejeter ; ni d'abhorrer tant l'ide de sacrifice commmoratif dans lorsque nous sommes exposs l'eucharistie nous rencontrer avec des gens qui nient que la mort du Christ sur la croix ait t un sacrifice pour le pch. Verbum intelligente Il peut y avoir ici quelque chose d'impor, , , ,

part des doctrines qui excitaient de si furieux dbats entre les Eglises d'Allemagne elles taient au moins des sujets de spculation et parce qu'elles ouvraient un vaste champ a la discussion, elles en taient par l mme d'autant plus respectables que ces misrables et frivoles points de contestation si longtemps dbattus entre l'Eglise anglicane et les puritains, ses adversaires Le clerg devait-il porter des surplis de toile et des bonnets carrs (1)? Les clochers devaient-ils tre surmonts d'une girouette ou d'une croix (2j? L'autel devait -il tre place au milieu de l'glise ou bien devait- il tre accol contre le mur ? Convient-il un bon chrtien de tmoigner du respect l'autel (3)
, , : ,

(1) Il parat que mme parmi les respectables personnages qui disputrent avec tant d'acharnement sur

ces diffrents sujels, il s'en trouva quelques-uns qui eurent le bon sens d'apprcier toute la frivolii de leurs dbats. Ainsi dans le mmoire prsent par eux
et

aux voques, deux dignitaires destitus, Sampson Humfrey, < protgent devant Dieu de l'amre dou leur qu'ils prouvent de voir s'lever des dissen Stnns entre eux pour aussi peu de chose que du t drap ou de la toile, voulant dsigner par l le bon

tant.

net et

le

surplis (Sirype, Vie de Parker).

Mais, revenons notre parallle L'amre discorde entre les Eglises luthrienne et calviniste qui si elle n'en fut pas la principale cause , aggrava du moins et prolongea les horreurs de la guerre de trente ans trouve un terme assez juste de comparaison dans la longue lutte qui eut lieu entre l'Eglise anglicane et les puritains, et la sanglante guerre civile qui s'ensuivit. Celle ressemblance, tant dans les causes que dans les effets, des deux cts, ne pouvait chapper l'observation de
, ,

querelles aussi frivoles et insignifiantes faisaient retomber sur eux, ces thologiens , avec (oue celte audace profane qui est ordinaire aux thologiens de parli , ne craignent pas de faire intervenir Dieu lui mme dans leurs disputes sur le drap et la toile. Dans une lettre crite par l'vque Sands en 1566, on lit ces mots < Ou dis, :

Non contents du dshonneur que des

< <

savoir
fin

puie maintenant sur les vtements papistes pour si on doit en user on non; mai* Dieu mettra
toutes ces querelles,
t

M. Pusey qui, enmontrantquelle large parton


doit attribuer
les

aux crivains anglais incrdusicle

du dix-septime

dans l'irrligion

qui dsole l'Allemagne , assigne l'origine de celle incrdulit en Angleterre l'tat de dcadence du christianisme pendant les guerres civiles et les disputes envenimes des
,

Dans une lettre Pierre martyr, l'vque Jewel s'exprime ainsi c La controverse sur les croix est maintenant devenue trs-vive. Vous auriez peine croire combien des hommes qui araissaient sa<*es i sont fous dans une si sotte matire. Plus loin il i On ajoute en est venu ce point que les croix d'argent et d'tain que nous avions panout brises, doivent tre rtablies sous peine de perdre nos v(2)
t :
i

force irrsistible des preuves sur haute antiquit du sacrifice de la messe, que Hospinien, historien protestant, est forc d'attribuer au diable l'introduction de ces abominalions papistes, ds le temps mme des aptres, comme il l'avoue lui-mme. < Mme dans ce premier ge, > dit cel crivain, < tandis que les aptres vivaient encore, t le diable eut l'audace de se mettre en embuscade
(1) Telle est
la

lesquelles repose

l:i

chs. > La reine Elisabeth tait si fortement attache l'ancienne loi. qu'elle dsirait en conserver quelques vestiges; et hVylin nous apprend qu'un de ses chapelains ayant parl avec trop peu de respect du si gne de la croix dans un sermon prch en sa prt
t

sence

, elle lui adressa la parole , cl lui ordonna de laisser l celle digression impie et de revenir son texte (Hist. de la Rfonn.).

(3) Pour donner une ide de leur manire de traiter ces divers points, je vais citer ici qudques phrases de ce temps-l qui traitent du respect d l'autel. Dans
litre i Raisons de s'incliner deleur, s'appuyanl sur les mmes raisons dont s'est servi depuis l'archevque Laud pr, tend que i comme le trne doit toujours tre honor, i quoiqu'on n'y voie point la personne de Sa Itoyale

sous ce sacrement, plus que sous celui du baptme, et sduisit peu peu les hommes au moyen de cette forme primitive, i Sbastien Francus avoue pareillement que c immdiatement aprs la mort des aptres tout fut chang la cne du Seigneur fut t transforme en sacrifice. >

<

un

traite

ayant pour

vant

l'autel, l'ai

Majest

ainsi la table

de Dieu doit toujours

ltt)

261

VOYAGES A LA RECHERCHE D'UNE RELIGION.


,

2G2

ou de se tenir s incliner au nom de Jsus debout au Gloria Patri (1) ? Telles taient quelques-unes des graves questions agites tels furent les leviers de entre les partis discorde qui branlrent jusque dans ses fonde
;

dements l'Eglise protestante d'Angleterre Dans le mme temps que de pareils con!

troverses versaient par leur frivolit le ridicule sur la religion, les opinions (2) des antinoraiens (3), qui rgnaient alors dans tous davantage les rangs , la dshonoraient bien

dans cette vritable crise sectaire que le protestantisme put se fliciter moiti plus largement qu'il l'et jamais fait de la facult dont il est dou de se subdiviser l'inflni en nouvelles socles et en nouvelles dnominations en quoi il s'est dans tous les temps montr si fcond (1). l'Angleterre dit un prdicateur devant la chambre des communes en 1647, n'a jamais t si mauvaise qu'au temps de la rformation. J'en appelle talors
,
,

moin

encore par leur


i i t

immoralit
,

(4)

et ce fut

et l'on doit toujours convenablement respecte s'incliner devant Dieu qui y est perptuellement puritain publia une rprsent, etc., etc.

Un

ponse ce
:

trait , dans laquelle ou lit les phrases D'abord donc , qu'ils prouvent que < suivantes glise, t Dieu doive avoir un sige dans chaque

Ailleurs : r Ce monsieur doit prouver (pie Dieu sige ta personne sur la table. La con< quelquefois en clusion laquelle arrive enfin le purita in est celle-ci : la table, on Donc, comme Dieu sige toujours sur
ne doit point s'incliner i rendre aucun respect.

du tout devant

elle

ni lui

Mde le brus(1) Dans une lettre adre-se M. que et violent puritain Twisse s'exprima ainsi: Vous et c m'avez ordonn de me lever au Gloria pairi, t cel[a d'un ton qui semblait indiquer que vous avez loril sur moi je ne sais d'o elle pourrait vous < aut que je fais peu de cas de pareils i venir. Je dclare ordres de votre part. Le pre de ma femme, le docteur Moore, tait chapelain de i'vqiie Bilson, et jouissait auprs de lui d'une plus grande considration que n'en eut jamais aucun chapelain auprs de ce prlat qui tait lui-mme un homme de ca,
_.
;

cette foule toujours croissante d'erreurs et d'opinions htrodoxes qui se sont leves parmi nous en nombre infini, et qui vont jusqu'au blasphme. Le monde s'tonna l'Angleterre autrefois d'tre devenu arien peut maintenant s'tonner de se voir devenue anabaptiste, antinomienne (2) , arminienne, socinienne, arienne , anti-scripturiste ; que n'est-elle pas en effet Hlas Qu'taient les crmonies compares tout cela, sinon comme le disait Calvin lui-mme des jeux d'enfant des inepties qu'on pouvait tolrer, tolerabiles inepti ! N'aurait-ce pas i un moindre mal de s'incliner au nom de Jsus , que de nier , que de blasphmer le nom de Jsus ( II Pet. 11 , 1 ) qu'en pensez-vous?
; 1
!

affaires

avant la reforme, que Cromwell tait d'avis lois morales n'obligent que dans les cas ordinaires, et que dans des cas extraordinaires on y peut droger. > Lui et les gens de sa sorte, ajoute Burnet , justifiaient leurs mauvaises actions par l'exemple de Jliu et de Jahel, de Samson et de

que

<

Les

David.
C'est en toute vrit

que

le

docteur

thdrale ; eh bien, cependant, on ne put jamais obtenir de lui qu'il se levt au Gloria patri. (2) Dans une brochure publie vers ce temps-l par un M. Archer, sous le litre de Consolations pour les fidles dans leurs pchs et leurs peines, la doctrine primitivement enseigne par Luther et Calvin, que Dieu est l'auteur direct du pch, se trouve ainsi audacieusemenl formule : Nous pouvons dire sans i crainte que Dieu est dans les pchs de son peuple,
<

dans

ses leons thologiques, que les fausses interprtations de l'Ecriture

Hev affirme, Ce furent qui ame-

nrent
(1)

malheurs des guerres civiles. du temps de Cromwell, une commission nomme par la chambre des communes pour
les
Il

y eut,

< s'occuper de Cnumration particulire des hrnei condamnables. Quel rapport que celui qu'elle dut

faire
(2)

qu'il

une main

ci

qu'il

en est l'auteur.

On ne saurait rien imaginer de plus fatal toutes les vraies notions de religion et de morale que
ne
l'tait

Aprs avoir cit les opinions de cet tains thologiens, qu t se sont tromps, dit-il en attribuant le pch et < la crature plus qu'il ne convient de le faire > il ajoute : < Celle opi Dieu moins qu'il ne le faut nion ne donne pas Dieu assez de part dans le et ne i pch. Embrassons et professons la vrit < craignons pas de dire de Dieu ce qu'il en dit luimain vient Que de lui et de sa f mme, savoir mais < non-seulement la chose qui est criminelle, < encore ce qu'il y a en elle-mme de mauvais et de
,

la

doctrine de

la justification

telle

que

l'enseignaient les hauts calvinistes de celle poque.

criminel,
(3)
Il

Toutes les plus funestes consquences que peuvent enfanter l'orgueil et la cruaut unis ensemble ne pouvaient manquer d'tre engendres dans leur forme la plus odieuse, par un symbole qui enseignait qu'il n'y a pas un seul pch, quelque petit qu'il soit, qui ne mrite des tourments ternels, et que les crimes des lus, quelque grand qu'en ft le nombre, ne pouvaient leur faire perdre l'ternelle batitude. Voyez le petit volume de Witsius, intitul Ani,

semblerait que l'antinomianisme rgnerait encore dans une proportion effrayante en Angleterre. Robert Hall dit dans un de ses sermons Tandis que l'anlinoinianisme fait de rapides progrs dans ce pays, et a dj boulevers et dsorganis tant de nos Eglises. > Un crivain rcent, dit galement, en parlant du .docteur Hawkins, qui comme le fondateur des antinoniiens anglais, le docteur Crisp, appartient Ses livres et ses adeptes ont l'Eglise anglicane infect nos Eglises comme d'une sorte de pestilence, de la et pervertissent l'esprit multitude dans l'enceinte mme de l'Etablissement des ( James ,
:
:

disputes

).

(4) Quels durent tre les effets produits sur l'esprit des gens ordinaires cl ignorants par de pareilles

madvasiones ironic, dans lequel l'lgante latinit de cet crivain a entour tous ces blasphme* de toutes les grces que la beaut du style dans lequel ils sont exprims pouvait leur prter. Parmi les doctrines de la haule Eglise calviniste que Witsius dsapprouva bien qu'elles soient, avoue-t-ij lui-mme, admises par les viri docli de sa secte, on remarque < Dieu ne peut voir de pch dans les les suivantes fidles Ils ne se rendent point coupables en commet tant de nouveaux crimes, et aucun crime ne David lui-mme pcui peser sur leur conscience; ne s'est jamais plaint que le pch pest sur son cur, etc. Nec Davidem ex vero de peccali sibi iiicumbentis onere lonqnesluin esse. Or, parmi
, ;

doctrines, c'est ce qu'on peut conclure de leur influence dmoralisatrice sur les classes suprieures de lu socit. L'vque liurncl nous assure, Rsum des

les opinions q e Witsius adopte pleinement, s.e trou Parce que les fidles sont justes vent les suivante
:

par

du Christ, ils sont aussi justes que le La justice des lus lanl la jusChrist lui-mme ;
la

justice

265
*

DEMONSTRATION EVANGEL1QUE. MOORL.

264

Aurait-on cru, dit le clbre hbrasanf, le D. Lightfoot (1), qui prcha galement devant la chambre des communes, que si peu de temps aprs un engagement si solennel, et pendant que le parlement qui avait form ce contrat sigeait encore, ce mme contrat dt tre oubli au point que nous avons la douleur de voir qu'il l'est chaque jour? Nous avons prononc des vux contre l'erreur, l'hrsie et le schisme ; nous avons jur au Dieu de vrit et de paix de travailler de tout notre pouvoir les extirper et les draciner. Ces pierres, ces murailles, ces colonnes, ont t tmoins de notre engagement solennel. Or, maintenant, si le Seigneur vient examiner ce que nous avons fait pour accomplir ce vu et cet engagement sacr, je tremble la seule pense de ce que le Seigneur trouverait parmi nous. N'y trouverait-il pas dix schismes aujourd'hui pour

ticc

mme
>

Chrisli,
justifia
lia.

que

jtisti sunt per justitiam Quum juslos esse ac ipse Chrislus eleelorum sit ipsis'sima jusliChristi

du Christ. Quia

La manire dont ces fanatiques expliquent la tolrance de Dieu envers les pchs des lus offre un des traits les plus caractristiques de leur prsomption et de leur impit. Dieu voit, ainsi qu'ils l'accordent, les pehs des lidles; mais il ne les voit point d'un il de condamnation ou de chtiment ; la tache subsiste encore en sa prsence, mais sans la coulpe. Non iiiluetur sic. ut propier illa condemuare eos institua*.... Tolliiur (peccalum) non quoad maculant, sed ad reatum. i Alin d'expliquer par un exemple celte position relative de Dieu et de ses lus, Charnock la compare uu livre de compte o les vieilles dettes, quoique effaces el n'existant plus, sont cependant encore lisibles. Debitumtalclegi l'orlassepolesl, exigi

nos jours pour une cette poque-t, el quarante erreurs actuellement pour une, lorsque nous avons jur de les dtruire? Les aveux et les lamentations de la plupart des crivains distingus de l'Allemagne attestent qu' celte mme poque les varits sans nombre de l'hrsie et l'influence corruptrice des doctrines anlinomiennes produisirent les mmes rsultats dans ce pays, galement divis en une infinit de sectes. En effet, la ressemblance entre ces deux pays, sous ce rapport comme sous presque tous les autres, est complte. L'Eglise de dit un crivain allemand cl par Dieu Walch, est environne de mille maux les loups ont pntr dans la bergerie presque tout le monde est maintenant ennemi de la vril; et le peuple est tromp par des prdicateurs de mensonge. La fourberie des anabaptistes, Vhumeur grave et rserve des quakers, le fanatisme des millnaires, l'esprit de vertige des Bohmiens commencent' reparatre de nos jours. La foule des pitistes se prcipite de toutes parts avec la violence de la tempte. Les voil, les voil, ceux qui veulent rgnrer le monde par leur fausse saintet, qui affligent la maison de Dieu de mille et mille maux, et souillent maintenant le champ du Seigneur de toutes les impurets
, ; ; ,

un qui

existait alors, vingt hrsies de

non potest. > est peu d'crivains qui aient reprsent plus nergiquement que ne le fait le clbre Grotius les funestes effets de la doctrine de Calvin. Son adversaire, Rivet, s'tait plaint qu'il n'y avait plus de possibilit de se procurer des ministres propres et convenables pour les consistoires, Grotius fait remarquer ce sujet, que dans les Eglises des premiers temps quoiqu'il n'y et pas alors autant de gens riches qu'il y en a parmi les partisans de Rivet, il y avait cependant des ressources abondmes pour tous les besoins ; le dogme de la justice impute n'avait pas encore glac leurs coeurs pour la charit et les bonnes uvres. Cur eigo illa necessaria mine minus suppetunl? Quia non docentur tmne ea de necessitate ac
Il

de Blial La doctrine de la justification par la foi seule est, dit le pieux Spener, une sainte doctrine, et nous devons tous croire que ce ne serait pas trop faire que de verser notre sang pour elle. Mais lorsque nous voyons la multitude insouciante en abuser pour la plupart d'une manire si honteuse, et tout en continuant de commettre le pch et d'en tre l'esclave, se consoler encore par l'espoir d'obtenir la vie ternelle par la foi seule; lorsque nous la voyons, dis-je, vivre et mou1

rir

dans cette confiance, assurment alors il faut avouer qu'une pareille doctrine, la-

dgnatione operum libeialitatis et misericordise qiuc olim docebaniur. Juslitia imputais frigus injecil et plein el pleins ducibus (In liivet. Apolog. disciiss. ). Grotius a dit avec raison de la doctrine de la per-

potuil in chrisiianismum indue! > puis il ajoute qu'aucun des anciens n'a enseign celle doctrine, qu'aucun d'eux n'aurait souffert qu'on renseignt. hoc nenio

svrance:

<

Nullum

dugm

perniciosis

quam hoc;

quelle beaucoup de gens ne demeurent attachs que pour se livrer encore aux penchants de leur cur sensuel et s'abandonner leur insouciante scurit, n'est pas une doctrine vraie, mais fausse car ce n'est qu'une honteuse altration de la vril il en est de mme pour le reste. Ainsi donc, nous n'avons pas seulement nous plaindre des dsordres qui infectent la socit; mais, de plus, qu'avec tous ces discours sur la foi, il ne reste que trs-peu de foi, et que mme la plupart ignorent totalement ce que c'est que
:

la foi.

veterum docuit, nemo docentem tulissel. (In aniinadv. pro suis ad Cassiandrum noiis.) Rze pensait que David, lors mme qu'il se rendit coupable d'adultre el d'homicide, ne perdit pas l'Esprit saint, et ne ces>.a pas d'tre un homme selon le cur de

CHAPITRE

L.

Dieu.

Non

desiit lauieii

lune temporis esse vir se-

cundunicor Pei (1) C'est l un antre exemple d'un

Continuation du parallle entre le protestantisme d'Allemagne et celui d'Angleterre. Ecrivains incrdules. Thologiens anglais sceptiques. South, Sherlock et Bur-

homme

qui

aprs avoir tudi fond l'antiquit chrtienne, rend plein tmoignage la vrit d'un des grands dogmes catholiques. Ce savant distingu pense , comme

un

Ouvrage extraordinaire de ce der Socinianisme de Hoadly, Balguy, Dernire partie Hey, du paral Tmoignages attestant progrs de
nel. nier.
lle.

etc.

el fin

le

les catholiques,

que

les clefs furent

donnes

Pierre,

l'irrligion en Angleterre.

l'exclusion des autres aptres.

Cette

marche des

affaires

morales

et

tho*

5
logiques, telle

VOYAGES A LA RECHERCHE D'UNE RELIGION.


que
je viens de la dcrire,

ne

pouvait manquer de conduire enfin de funestes rsultats, et quoique des deux pays qui se trouvaient ainsi entrans vers une destine commune, l'Allemagne et t la plus prompte atteindre la catastrophe, ce fut l'Angleterre qui, la premire, ressentit et donna l'impulsion vers le prcipice. Les consquences naturelles de tout ce mpris et de cette dgradation del religion ne tardrent pas se manifester dans ce dernier pays par une srie d'attaques les plus dlibres et les plus systmatiques contre le christianisme, que les incrdules eussent jamais os se permettre depuis que la lumire de l'Evangile avait commenc clairer le monde. Ces assauts impies furent pousss avec tant de vigueur que l'on peut dire que tous les arguments du disme furent puiss dans cette suite de productions qui partir de l'an 1650, furent publies par Hobbes, Toland, Collins, Morgan, Woolston, Tindall et Chubb. C'est mme dans l'arsenal de destruction, prpar par ces habiles franc-penseurs anglais, que Voltaire a puis ses traits les plus acrs contre le christianisme. C'est eux aussi , beaucoup plus qu'aux philosophes franais, ou mme qu' l'exemple del cour impie de Frdric le Grand que l'Allemagne doit attribuer l'impulsion donne
,

chancelier, comme fausses, impies et hrtiques, certaines doctrines touchant la Trinit,

pas moins fortement la luthrienne dans cette espce de scurit contre toute innovation, que fournissent les confessions et les articles de foi ; et cependant ce rempart mme de l'orthodoxie, quelque svre que ft la thologie qui l'avaient lev ne fut pas une barrire insurmontable aux effets de la raction produite par les excs du puritanisme qui commencrent visiblement l'envahir, au point qu'avant la fin de ce sicle l'universit d'Oxford eut condamner par un dcret du vicen'tait
,

ghse anglicane retranche que

soutenues en public par un doyen de SaintPaul (1).

La controverse laquelle ce dcret devait son origine est mmorable dans les annales de la thologie anglicane; et une des choses
qui n'a pas le moins contribu lui donner cette clbrit, c'est que le docteur South pour lequel l'universit avait pris parti en cette occasion, tait aussi peu orthodoxe sur cet article que l'tait son antagoniste trithiste; car tandis que ce dernier, le docteur Sherlock, soutenait que les trois personnes de la Trinit sont trois intelligences ou trois

esprits distincts (2), et trois substances individuelles, le docteur South dtruisait entila triple personnalit, et par son hypothse d'une seule et unique substance, avec quelque chose de semblable trois modes d'existence, il tombait droit dans le sabellianisme.

rem3nt

sa littrature au

commencement du

dix-hui-

time sicle ; impulsion qui , n'ayant t que trop volontiers seconde par les thologiens rationalistes dont ce pays tait rempli , aboutit enfin comme nous l'avons vu , l'extinction presque totale de sa religion. Voil comment par un mutuel change de services bien digne de fixer l'attention , de mme que l'Allemagne avait servi par son exemple prolestantiser l'Angleterre, ainsi l'Angleterre a contribu son tour dchris,

tianiser l'Allemagne (1).


J'ai dj

remarqu que, sur

le

continent

l'Eglise rforme ou calviniste, par cela mme qu'elle tait moins concentre que la luthrienne et moins habitue se renfermer dans des formulaires de foi prcis et dtermi-

ns, n'en tait que plus expose, proportion , aux invasions de l'incrdulit. Or, l'E(1) Voici comment Mosheim assigne aux crivains anglais le fatal honneur d'avoir tenu la premire li-

En effet, le langage de cet ardent thologien sur plus d'un point important, ne sirait pas mal aux rationalistes actuels de l'Allemagne mridionale; et Semler lui-mme, avec toute la licence de son cole, n'est pas all jusqu' s'exprimer avec aussi peu de respect au sujet du livre de l'Apocalypse, que s'est permis de le faire ce chapelain du champion protestant Guillaume III, qui, dans un de ses sermons, en parle comme d'un livre mystrieux et extraordinaire qu'on comprend d'autant moins qu'on l'tudi davantage, et qui ordinairement trouve pour l'ex(1) Le docteur Sherlock. Le dcret n'tait pas dirig directement contre Sherlock lui-mme , mais contre un ecclsiastique d'Oxford qui avait prch sa doctrine.
(2)

gne dans les rangs de l'incrdulit < Il n'est pas de pays en Europe o l'incrdulit n'ait rpandu son poison, et peine y a-l-il une seule socit chrtienne au sein de laquelle on ne trouve des personnes qui tendent l'extinction entire de toute religion, ou qui du moins ne travaillent ruiner l'autorit du systme chrtien. Les uns poursuivent ouvertement leurs fu:

Le docteur

W;.Ilis

nous apprend que Sherlock

croyait que les trois Esprits sont aussirellemenl distincts que le son t Pierre, Jacques et Jean, et qu'ils ne forment un seul Dieu qu'en tant qu'ils se communiquent leurs penses et leurs sentiments. > Wallis lui-mme, en exprimant ses propres ides sur cette doctrine, est tout aussi sahellien que South, i Le mol per-

nestes tentatives ; d'autres agissent sous le masque de la profession du christianisme; mais nulle part ces ennemis de la plus pure religion, et consquemmenl du genre humain, qu'elle a pour objet de rendre pur et heureux, ne se sont montrs avec plus d'effronterie et d'insolence que sous le gouvernement de la Grande-Bretagne et des Etats-Unis. En Angleterre principalement, il n'est pas rare de rencontrer des livres dans lesquels non-seulement les doctrines de l'Evangile, mais mme
les graves obligations de vertu sont impudemment rvoques eH doute et tournes en drision.

sonne

, dit-il, dans son ancienne et vritable signification, avant que les scholastiques lui eussent donn un sens forc, c'est--dire celui d'tre intelligent distinct, ne voulait pas dire un homme simplement, mais

un homme dans telles et qualits; telles ou telles


individu,
s'il

telles

circonstances,
le

avec

de sorte que

mme

tait

susceptible d'tre qualifi de telle

les perfections

de Dieu et

la pit et

de

la

manire, pourrait former trois personnes, et ces trois personnes ne seraient qu'un seul et mme homme. i (Lettres sur la Trinit.) Dans un autre endroit ce clbre thologien nous dit gravement qu'il y a trois quelque chose dans la Trinit.

ou

telle

DMONST. EVANG.XIV

(Neuf.)

267

DMONSTRATION VANGLIQUE. MOORE


tte

208

pliquer une
telle (1). Vers le

dj

fle,

ou

la

rend

vulgaire

(1), est le

s'est servi,

mme absolument dont on dans ces derniers temps, pour ex-

mme temps peu prs que la controverse dshonorante dont nous venons de nous entretenir , se manifesta une autre preuve plus frappante encore des rapides progrs du scepticisme, non-seulement dans l'enceinte sacre du clerg infrieur, mais, ce qui est bien plus extraordinaire encore, dans les rangs levs des dignits ecclsiastiques et des droits de patronage. Le docteur Thomas Burnct, directeur de Charler-House (maison d'orphelins, Londres), et que l'on supposait destin succder Tillotson sur le sige de Canlorbry, publia vers ce temps-l un ouvrage intitul Archeoloyi philosophie, dans lequel, aprs avoir avanc cointn? tant son opinion personnelle, qu'on devait prendre la philosophie pour interprte de l'Ecriture, cette batterie masque de tous les incrdules, il se met examiner le rcit que fait Mose de la cration du monde, puis il produit tous les arguments que pouvait suggrer un scepticisme savant pour jeter du
doute sur la crdibilit de ce rcit, et le traite avec un ton de sarcasme et de ridicule qui serait offensant mme de la part d'un incrdule laque (2). Le principe sur lequel ii s'appuie pour essayer d'expliquer et de concilier la prtendue fausset de cette histoire, savoir, que Mose, dans tous les dtails de sa cosmogonie ne pensait qu' se conformer aux prjugs du
,

Sermons. Tandis que Sourit lui-mme se perHel une pareille licence, il accuse Sherlock de plus d'irrvrence encore, et dnonce son trait del connaissance du Christ comme un livre rempli de rflexions sur la justice de Dieu, par rapport la saqu'il mrite bien tisfaction du Christ, ajoutant d'tre regard comme un libelle blasphmatoire sur ces deux points de croyance. On ne saurait nier en effet qu'il ne se trouve dans le trait de Sherlock des passages qui juslilient pleinement le jugement qui en est port par cet auteur. Par exemple, le fameux docteur calviniste wen ayant avanc que Dieu avait manifest dans le Christ le vritable caractre de sa justice son gard, en ce qu'il tait impossible qu'elle lt dtourne des pcheurs et les pargnt, s'il ne se ft interpos une propilialion, le docteur Sherlock tourne cette doctrine en ridicule, et se permet le langage inconvenant que voici C'est--dire, car je ne saurais mieux F interprter, que Dieu tant gorg el rassasi du sang du Christ pourra pardonner autant et d'aussi grands pcheurs qu'il lui plaira, sans crainte de blesser le moins du monde sa justice, > Et se rduit donc dire que Dieu est Tout ailleurs tout amour el patience, une fois qu'il a assouvi sa vencomme d'autres ont coutume de dire geance que c le diable est bon quand il est content. > donn par ces graves (2) L'exemple d'orthodoxie thologiens, South, recteur et chapelain du roi, Sherlock, doyen de Saint-Paul, et Burnel directeur de
(1)
i
: :

pliquer et anantir la plupart des dogmes esdu christianisme. Or, sous ce dernier rapport mme, le rvrend docteur n'est pas rest beaucoup en arrire du sicle du rationalisme, puisque nous le voyons citera l'appui de celte politique qui flattait ainsi les fausses imaginations du vulgaire, l'exemple du Christ et des aptres, qui, dit-il, lorsqu'ils parlent de divers points de dogme tels que la vie future, le jugement dernier, et la nature du ciel et de l'enfer, ne s'expriment point exaclement, mais accommodent au contraire leur langage ce qu'ils savaient lre les ides les plus rpandues parmi le peuple sur ces diffrents articles. Comme chantillon de la libert avec laquelle ce thologien traite de tels sujets, je me contenterai de faire remarquer qu'aprs avoir dmontr, ce qu'il s'imagine, l'impossibilit physique de la cration de la lumire le premier jour, il insinue que Mose peut avoir jug prudent de commencer sqn H examer on, ou uvre des six jours, par cette cration, de crainte qu'il ne semblt que Dieu et travaill trois jours dans les tnbres! (2) Les effets produits par le changement qui s'est opr dans le pouvoir de la couronne la rvolution, en substituant le patronage et la force d'inllucnce au simple sceptre de la prrogative, ne se sont jamais fait sentir dans aucun des canaux dans lesquels le pactole royal a continu de couler plus abondamment qu<8 dans l'Eglise. Ainsi donc, outre toutes les garanties contre l'innovation que fournissait dj l'enceinte mure de la
sentiels
,

Lorsque Preb. rpondit

comme

le

tonnerre,

puisque le doyen squent deux de plus que lui, monsieur car il n'en recon naissait qu'un seul, car il n'en reconnaissait qu'un seul, etc.
:

et dclara d'une voix bruyante avait point l de miracle, avait trois dieux, monsieur, et par conqu'il n'y

Now, vvihile the two vvere raging, And in dispute eugaging, The inaster o the Charter,
Said bollihad raught a Tartar, For gods. sir. tilre were none, etc.

Or, tandis qu'ils taient aux prises l'un avecTaulre etse trouvaient engags dans la flisput, le directeur de Charler-Houso, dit qu'ils avaient tous les deux manqu leur coup car en l'ait de dieux, monsieur il n'y en avait poiut
:

du

tout, etc

Tha

ail

tbe boolisof Moses

VAVre nothiug but supposes. Tha he deserved rebuke, sir, \vho wr'ote llie PentateucK, sir,
'

T was

noiliing but a

sham

etc.

Que quant aux livres de Mose, ce n'tait que des invenlions fabuleuses, qu'on ne devrait que du mpris, monsieur, celui qui a crit le Pentateueue, monsieur Une ce n'tait qu'une dceidion etc.

"lit,

as lor

l'allier

Adam,

Cbarter-IIouse, a fourni l'occasion d'une ballade plaisante je ne saurais rsister la tentation d'en citer quelques stances :
:

Witb mis. Eve bis niadam.


serpent spoke, sir, And wbal 'I wasuothing but a joke, sir, And well-invenled flain etc.
tlie

*Vhen Preb. replied, like lliundorj And roared oul'wasno wonder, Since godsthe doau liad lliree, sir, And mre by two ttian lie, sir; For he liad got but out>. Fer he Uad, etc., etc.

Qu'au sujet, du pre Adam et de madame Eve sa femme, de ce qm; dit le serpent., monsieur, ce n'tait l qu ; un jeu, monsieur, et qu'une soruetle bien trouve, etc., ete. (1) Scripiuram sacrai ad populi captu.n accom
el

modare.
(2) iVe

Deus videretur per tndmim operari in tme*

49

VOYAGES A LA RECHERCHE

D'UlNE RELIGION.

270

souscription , l'orthodoxie encore dans la g*andeui attrait plus puissant clataient dans son sein. et l'onulenec qui ncessaire e cependant la tendance Te ci protestantisme a se depo.u irrsistible du doctr.nc et a lui-mme de tout reste de

t.mnnom,l

Hoadly entretenait avec Samuel Clarke aussi bien que l'ardeur qu'il met , dans la Vie qu'il a compose de cet homme distingu, aie dfendre contre l'accusation d'avoir rtract ses opinions hrtiques sur la Trinit , ne laissent gure lieu de douter que les ides de cet vque sur ce sujet ne fussent au

Sonaliser tous les mystres avantages ^mporeL ant les innombrables ^ riche en ce gnie de qu'offrait une Eglise
,

que

nonob-

moins aussi htrodoxes. Le langage du docteur Balguy, dans sa


tendance anti-mystrieuse et rationaliste est mme plus explicite encore que celui du son ami et son patron. En effet f prlat l'argument dont s'est servi l'incrdule Toland pour prouver que le christianisme n'a point de mystres, savoir, qu'il se donne pour rvl et que ce qui est rvl ne peut plus tre mystrieux, est ainsi prsent de nouveau par le docteur Balguy pourvu d'un riche bnfice. Il n'est nullement essentiel un mystre de n'tre pas compris le no't (mystre) se rapporte videmment l'ignorance antrieure des hommes, et non leur ignorance prsente. En ce sens la rvlai... >'H du d'un mystre en dtruit l'essence mme
,

non -seulement sductions, qui se sparent de de de Menacer de s'est accru au point en son trne,, avant b renverser de annes; mais que .* 4 de lfc vrais sentinelles

le

nombre

ff
,

^J*?
la

des

P"^ ^El*
.

mmes/les
ment, ont
ses

travaill a

chute vers comme pour la ne la son Eglise-sur d'Allemagne laquelle quelques pas. prcde que de Brnet et aux Mais ce n'est pas tant aux par un excs de bonne for, Winston qui, Eglise, qu il franchirent les remparts de 1 ces ludonner la part principale dans faut qu'aux Hoadly et aux nestes rsultats, dans Balguy qui se tinrent insidieusement fois parle du J'ai dj plus d'une Son sein deux thologiens succs avec lequel ces les sacreavaient travaill socinianiser et quoiqu'ils l'Eglise anglicane ments de pousse plus loin leur n'aient pas ouvertement cependant l'amiti troite que principe,
prparer
la
;

de sa foi et postes

cminer ^s fondements aprs l'autre abandonner un avancs les ",[' 1 *'


1
,

moment

qu'il devient

un

article de foi

il

cesse d'tre mystrieux


:

(1).

bris

Il remarque

qu'en certains jours Dieu nous

chose, et veut rendre est reprsent faisant peu de supposant raison de celle disproportion d'aclivil en Mose, occup ds le principe de l'ide d'instituer

que
le

la sabbat, a distribu dans ce dessein l'uvre de le septime cration de manire taire reposer Dieu soulev le lus jour. La partie de son ouvrage qui a cotre Eve d'indignation est un dialogue imaginaire dans une seconde et le serpent, qui a t supprim aussi dition de son livre, publie Amsterdam,
1

bien qu'une remarque pleine d'irrvrence sur ce que Di'eu cousii ensemble des feuilles de figuier. Voil,
dii-rl,

Ce n'est l videmment que du sociniacar, dire qu'une doctrine nism dguis cesse d'tre mystrieuse, du moment qu'elle devient un article de foi, ce n'est qu'une autre manire d'exprimer le grand principe des rationalistes, savoir: que si une doctrine est mystrieuse, elle ne peut devenir un article de foi. Tout le langage du docteur Balguy sur ces matires offre ce mme caquoique parfois cepenractre insidieux dant, comme dans le passage que nous il allons citer d'une de ses exhortations lve un peu plus hardiment le masque Notre devoir est, dit-il, de ne point grossir par lie pures inventions humaines les frles enarticles de foi contenus dans l'Ecriture core moins devons-nous censurer et perspour nulle autre raison cuter nos frres peut-tre que parce que leurs absurdits sont habilles d'une autre manire que les
, ,
: ; ,

les
!

laideur

premiers commencements du mtier de En primordia arlis suturi!


le

ntres
ces

(2).

vnrable thologien qui, sans ceile malheureuse production, aurait succd, selon toute apparence, Tillotson, l'archevch de dntorbiy. Tillotson lui-mme, comme on le sait, tait souponn de quelque chose de plus que de pen-

Tel

tait

la clef du sens renferm dans phrases suspectes, je vais ajouter un autre passage remarquable d ce clbre thologien dans lequel on voit trop clai-

Pour donner

rement pour

sociuianisme, cl les termes flatteurs dans lesquels il parle de la science et de la candeur des partisans de celle doctrine ne sont que trop propres l'aire concevoir un tel soupon. Quoiqu'on [misse croire qu'il ait eu le bonheur de se justifier de cette imputation, la tendance au moins de quelquesunes de ses doctrines vers cette erreur n'est que trop bien prouve par ce que fait Leslie qui, dans un de ses ouvrages de controverse, donne des pages entires du sermon de Tilloison sur les lourmenisde l'enfer, comme tant tombes de la plume d'un crivain socimeii. Parce que vous ne pouviez pas, dit Emlyn (huis sa rponse Leslie, exciter assez de haine au moyen de leurs propres (des sociniens) crits, vous ramassez tout ce qu'il y a d'odieux dans les crits mmes de leurs adversaires, et vous le niellez dans la bouche de votre socinien, et cela sans mme citer de l'auteur auquel vous avez emprunt le te nom

cher 'vers

le

s'y mprendre qu'ii partageait l'opinion de Priestley et d'autres crivains, qui assignaient au dogme de la Trinit une origine toute paenne. On ne peut avoir de raison de craindre de croire trop peu quand on croit assez pour pouvoir se repentir et
,

obir. Si nous

sommes fermement convaincus que Jsus tait envoy de Dieu (3) si nous sommes sincrement rsolus d'obir ses lois, ut si nous esprons le salut en lui cl par lui , nous n'aurons pas rpondre d'a;

(1) Discours de T. Balguy, docteur en tliol.


v
(

2)

Exhortation
Il

adresse au

clerg

d'un
ici

ntclii-

diaeon.
'(3)

est clair que, d'aprs le principe

nonc,

les

mahomlans

qui

prophte envoy de

croient que le Christ tait un Dieu, doivent tre considr^

passage,

connue orthodoxes.

271

DEMONSTRATION EVANGELQUE. MOORE.


mtaton(l),deJortin(2)dudernier docteur Parr

272
(3),

voir mal compris certaines subtilits physiques, qui ont t dduites de passages obscurs de l'Ecriture par les oprations maniques de la philosophie paenne. Tout ce langage qui n'est qu'un aveu des plus dtestables principes du socinia,

nisme, parti del bouche mme d'hommes si haut levs dans l'Eglise par leur position et nous prpare suffisampar leurs talents ment croire ce qui autrement nous et paru tout fait incroyable c'est--dire, qu'un thologien de l'Eglise anglicane ait pu tendre les mains en signe d'amiti tout le corps des sociniens et faire cause commune avec eux et cela du haut de la chaire mme
,
, , !

pour ce qui vous regarde, que l'infaillibilit vous appartient aussi peu qu' l'Eglise. > Le mme vque dans le catalogue de livres qui se trouve joint ses Traits de Thologie, dit : Nous ne devons point former d'autre dsir, sinon que tous les hommes puissent sans rien perdre de leur rputation ou de leur fortune, penser ce qui leur
etsenlire quae velit et ce principe libre et facile, un correspondant du rvrend auteur du Pariana dit avec beaucoup de raison : Ce passage extraordinaire ne signifie rien qui vaille, ou bien il exprime quelque chose de bien dshonorant pour l'Eglise anglicane. Certes, tant qu'un homme ne s'est pas donn comme membre ou docteur de cette Eglise, elle ne rclame aucune autorit, et laisse toute libert de conscience et d'examen; mais quand en prs de vingt occasions on a solennellement dclar son assentiment et son adhsion certains articles, l'Eglise permet-elle encore un homme qui se trouve dans ce cas-l, et senlire quaz velit, et qu sentiat dicere?
plat et dire

ce

qu'ils

pensent

quse sentiat dicere.

A propos de

du professeur norrisien de thologie CamDans un de ses discours fort rebridge marquable d'ailleurs le docteur Hey s'exprime ainsi On dit que les sociniens et nous ne sommes pas d'accord, mais sur quoi diffrons - nous ? Ce n'est pas sur la morale ou sur la religion naturelle; nous ne diffrons que sur ce que nous n'entendons pas et sur ce que Dieu doit faire et si nous nous permettions rciproquement d'user
,
,

d'expressions de notre choix (et qu'est-ce que de ce qu'on cela pourrait faire lorsqu'il s'agit appeler des mots vides de sens?) nous peut n'aurions plus besoin de nous tenir en garde les uns contre les autres (1). ce petit nombre de propositions scepDans tiques , dans l'air glacial et mortel d'indiffrentisme qui y respire , nous reconnaissons ce dernier degr de dcadence d'une religion qui , comme l'Allemagne nous en fournit un exemple si frappant, est sur le point de tomber au plat niveau d'une comhplte incrdulit ; ce degr enfin ou fatigue de ses caprices et de ses , rsie changements perptuels , et n'tant plus r1

trouveille par l'aiguillon trompeur qu'elle prcdemment dans les dbats vifs et vait anciens de la controverse, tombe dsespre dans l'apathie de l'indiffrence qui prcde
la

mort de toute

foi.

J'ai dj plus d'une monstre d'absurdit comme Whitaker l'apd'un arien avou et repelle avec raison connu sur le banc des vques dans la personne du docteur Clayton et je pour,
,

fois fait allusion

au

me le permettait grossir des thologiens sociniens de l'Eglise anglicane en y ajoutant des noms de Warburtels que ceux de Watson (2)
rais
,

si

l'espace

ma

liste

(1) Ce ainsi qu'il l'appelle,

savant professeur en parlant de

coutume, gnralement suivie dans l'Ecrila

ture de nommer ensemble le l're, le Fils et le SaintEsprit, dit : Si je prtendais comprendre ce que je dis, je pourrais tre un irislhisle ou un incrdule; mais je ne puis pas adorer le seul vrai Dieu, et reconnatre Jsus-Christ pour le Seigneur de toutes

choses.
(2)

>

Dans un mandement son clerg, en l'anne 1795, ce thologien latiludinaire s'exprime ainsi au Je crois plus sujet des doctrines du christianisme sr de vous dire o elles sont contenues que de vous
:

(1) M. Barker dans son amusant ouvrage intitul Parriuna, s'exprime de la manire suivante au sujet de certaines plaisanteries grossires que s'tait permises Waiburlon, dans une de ses lettres Hurd, sur ce que la Bible nous raconte de l'Arche de No : Etait-il juste de svir contre le libraire William Hone pour des parodies politiques, tandis que l'vqtie Waiburlon pouvait se permettre d'crire ainsi sur l'histoire biblique ? (2) L'auteur d'une lettre adresse Gilbert Wakelield, et publie dans ses Mmoires, nous dit que f Jortin ne se cachait pas d'avoir des doutes sur la Trinit. Puis il ajoute < Il avait une me leve bien au-dessus des vues mondaines ; cependant, soit par le dsir de se rendre utile dans sa profession soit pour tout autre bon motif, car c'tait certainement quelque bon motif qui le faisait agir, il souscrivit plusieurs reprises avant et aprs cet aveu. Ce qui vient confirmer encore ce que nous venons de dire des opinions de Jortin, c'est que nous le voyons lui-mme, dans ses Mlanges, accuser ceux qui admettent le dogme sublime de la Trinit, de faire J^us-Christ son propre pre et son propre fils, s On peut jugei par le passage suivant de ce que cet habile thologien pensait en gnral de l'Eglise aux doctrines de laquelle il a tant de fois souscrit Bacon dit Si saint Jean avait crire une Eplre l'Eglise d'Angleterre, comme autrefois aux Eglises d'Asie, elle contiendrait assurment celle clause J'ai quelque chose contre vous ; mais moi je crains Je n'ai pas peu de choses fort (pie la clause ne ,ft contre vous (Jortin). (3) L'aveu que fait le docteur Parr de la conformit de son opinion avec celles de l'vcque Hoadly, du docteur Bell Jet du docteur Taylor sur la prsence relle semble, oit M. Barker, confirmer ce que que l'opinion de Zwingle, qui enseigne dit Gibbon que le sacrement n'est rien autre chose qu'une communion spirituelle, qu'un simple mmorial de la mort el de la passion du Christ, prvalait alors parmi les Eglises rformes (Parriana). > Les anecdotes suivantes, qu'on lit dans le mme ouvrage, sur le compte du docteur Parr, sont curieuses: Chez un de ses amis, Norwich, la conversation tomba sur la doctrine chrtienne de l'Incarnation. D'aprs ce que dit le docteur, je compris qu'il n'y voyait rien de plus qu'une naissance ordinaire. Je pris alors une position plus leve, et, convaincu de la force de mon point d'appui, je lui
: : :
:

dire ce qu'elles sont. Elles sont contenues dans la Bible; et si, en lisant ce livre, vos sentiments sur Jos doctrines du christianisme diffrent de ceux de votre voisin, ou de ceux de l'Eglise, soyez persuad.

demandai
vain
la

s'il

tait possible
:

que l'vanglisle,en cri,

phrase Le Verbe s'est fait chair etc., ne voult parler que de la conception et de la naissance d'unire purement humain ? Sans poursuivre ce sujet,

273

VOYAGES A LA RECHERCHE DUNE RELIGION

274

et de plusieurs autres encore, et montrer avec quelle force irrsistible, malgr tous les engagements et toutes les sductions, malgr toutes les contraintes imposes la conscience, et les appts offerts la cupidit, l'esprit

sceptique du protestantisme

(1)

continue sa

prcipite vers le sombre abme de l'incrdulit qui l'attend aussi infailliblement que le prcipice ou se jette le Niagara, attend ce fleuve dans son cours (2). Ayant dj dpass les limites que je m'tais prescrites dans cette esquisse historique, je me contenterai d'ajouter ici seulement que le remarquable parallle entre le

marche

protestantisme d'Allemagne et celui d'Angledont j'ai si clairement prouv l'existence toutes les poques de leur carrire respective, a reu, pendant mme que j'crivais ces lignes, un nouveau trait qui, je puis
terre,
le dire,

caractre et ses vastes possessions (1), lequel, pour dmontrer l'opportunit et mme l'urgence d'une pareille dmarche, se fonde tant sur le nombre toujours croissant de ceux qui se sparent de l'Eglise tablie, que sur la possibilit de concilier ensemble les doctrines qui donnent lieu cette dissidence. Que cette pnultime scne du drame ne doive pas tarder longtemps se produire, c'est ce dont ne peuvent douter un seul instant ceux qui savent lire avec exactitude les signes des temps; et l'on peut dj, par avance, se former une ide de la grandeur du sacrifice qui, en ce cas, sera exig de l'Eglise par ses nouveaux allis, d'aprs l'expos suivant des points qu'un des thologiens encore vivants de cette Eglise trouve reprendre dans son rituel.

en doit tre

comme le couronnement,

dans

la proposition qui vient d'tre faite tout

rcemment d'une

coalition entre l'Eglise gallicaneet les dissidents. Ce tableau qui, comme on peut bien le dire, sera digne de servir de

pendant au mmorable compromis


les
,

fait entre luthriens et les calvinistes d'Allemagne doit sa premire esquisse un thologien de l'Eglise anglicane, lev par son
il

me

dit

simplement

Vous avez raison,

vous avez

raison ! > i J'eus une fois le plaisir de conduire le docteur quelques milles dans la campagne pour faire visite un ancien lve. Lorsque nous revnmes ensemble il tait nuit, mais il faisait un beau clair d'toiles, et la beaut de la scne qui se droulait au-dessus de

nos tles me suggra l'ide de lui demander, eu faisant allusion au rcit de Mose, depuis combien de temps, son avis, ces globes roulaient et brillaient dans les cieux. 11 fit quelques observations sur le terme cr, employ par l'crivain sacr, distinguant entre la cration proprement dite et la formation ou l'action de mettre le chaos d'alors dans l'ordre qui existe aujourd'hui. Je n'admirai pas alors la distinction qui renvoie la cration une poque indtermine, et chasse le crateur del place qui semble lui appartenir; cl si Mose nous trompait ici, et qu'on soumt les autres parties de l'Ecriture aux mmes rgles de critique, je crains fort qu'il ne nous ^restt plus aucune preuve de la cration, du munie matriel


ce

Que gagnons-nous, demande le rvrend M. lliland, l'esprit de parti qui rgne dans la prface de la liturgie, au mauvais choix de leons, d'ptres et d'vangi l conservation de noms ti les propres rs des lgendes et aux allusions du calendrier; au choix de livres apocryphes et l'omission de l'Apocalypse; l'indication de jenes qui ne sont plus observs; la rptition du Pater noster, du Kyrie eleison et du Gloria Patri; la longueur fatigante des divins offices; la redondance et aux rptitions dans les prires rgles l'insuffisance des trois symboles; au caractre contestable des rites du baptme et des ccrmonies funbres la nature incomplte et ia composition douteuse du catchisme et du rit de la confirmation; la nature inexplicable et l'absolution de la visite des malades; l'imperfection des obau dsaccord servances comminatoires
;

au moins.
(1)
ciiiicn

>

Le docteur Parr ayant,

ce

donn entendre que l'vquc Porteus

qu'il parat, avait cl so-

avant de parvenir la mitre, le Britisli Critic de janvier 1828, prit en main la cause de ce dernier et s'exprima ainsi Que le calomniateur de Porteus soit le pangyriste de ptlals tels que Claytou et Hoadly cela va sans dire; mais le docteur Parr ne pouvait qu'admirer de loin leur bonne fortune qui les avait fait natre dans ces temps plus heureux o il tait permis un arien et un socinien d'avouer leurs principes sans pour cela perdre leurs mitres. (2) J'ai voulu indiquer comment les croyances
: ,

qui existe entre la traduction des psaumes, qui se trouve dans le livre des prires et celle qui est dans la Bible; au langage ou trageant et offensif des services rgls ; et toutes les causes semblables d'inefficacit qui, indpendamment de toutes ces sources de faiblesse, se rencontrent dans les arti cls et les homlies (Riland ) ? Outre ces symptmes si terriblement semblables tout ce qui est arriv en Allemagne, des progrs de l'indiffrenlisme et du scepticisme parmi le clerg de ce pays (l'Angleterre), nous avons l'autorit du clerg lui-mme pour garant des progrs que font ces mmes principes dmoralisateurs parmi leslaques. L'incrdulit, dit l'vquc Wat(I)

Le docteur Arnold.

Voici un extrait

du pam-

protestantes ont d disparatre toutes, et laisser la religion vacante dans leurs contres respectives J'ai la conscience intime d'avoir crit sans passion, et je donne comme rsultat certain, d'aprs mes recherches et mes mditations, la disposition totale du protestantisme. Il n'y a rellement plus de luthriens ni de calvinistes; il n'y a plus de mystiques dans les rangs des rforms; il ne s'y trouve mme plus de sociniens; on n'y reconnat qu'une masse de sentiments confus composs de raisonnements et de sensations indfinies.

phlet du rvrend docteur: Nous ne sommes nullement obligs de nous enqurir si tous ceux qui prient le Christ se forment exactement les mmes ides de sa nature. Je crois que l'arianisme renferme des notions trs-errones par rapport l'objet du culte religieux ; mais si un arien veut se joindre nous dans le culte que nous rendons au Christ , et l'appeler Seigneur et Dieu, il n'y a ni sagesse ni charit le presser avec insistance d'expliquer ee qu'il entend par ces mots; ni douter de la force et de la
sincrit de sa foi en son Sauveur, parce qu'il une trop grande diffrence entre la divinit du et celle qu'il avoue qu'on peut attribuer au Fils.

met
Pre

27"

DEMONSTRATION VANGLIQUE. MOORE.


une

270

son, dans son Apologie de la Bible, est

fanls, tous

mauvaise herbe
pays
;

elle

menace de couvrir
les

plimer

le

semblent se faire gloire de blasSeigneur


!

grands et les ri ches qu'elle a principalement ses racines. L'vque Prettyman exhale les mmes plaintes dans un de ses mandements. Le caractre propre du temps prsent est, dit il, incontestablement l'incrdulit, et une indiffrence inconnue jusqu'alors pour la l'vque Enfin religion du Christ. Mme en ce Barrington disait en 1797 pays il rgne une tideur presque univer selle pour tout ce qui regarde l'essentiel de
tout le

c'est

parmi

CHAPITRE

Ll.

Retour en Irlande. Visite la chapelle de Townsend-Slrect. Incertitude dfaut de garantie des Ecritures comme seule-rgle Preuves. Aul07t de VEglise. de La foi ou la raison. Catholique ou diste. Rsolution dfinitive.
et

foi.

la

religion.

Mais en
torits
(1)

mme

temps que ces grandes aude l'Eglise anglicane jointes


attestent ainsi l'irrligion

beaucoup d'autres,

des classes leves de la socit, nous trouvons dans les rapports des missionnaires du pays, et autres sources authentiques , un tableau non moins lamentable de la dmoralisation des basses classes.

Le vingt-trois avril mil huit cent trente, juste un an et une semaine , aprs celte soire mmorable , o , dans ma chambre, au second tage du collge de la Trinit , je m'criai avec faut d'emphase : Je veux me faire protestant, je me retrouvais dbarqu sain et sauf sur le sol irlandais, et, je n'ai pas besoin de rajouter, bien meilleur et bien plus sincre catholique que je ne l'tais quand je l'avais quitt. Ce honteux dsir qui

A la premire
rent

home missionary

assemble annuelle de la Pasociety, ou socit de

me faisait soupirer si ardemment aprs les marmites pleines de viande de Ballymudragget, et qui m'avait si longtemps rendu aveugle la vrit, ou plutt qui m'avait port dtourner mes yeux de cette clatante lumire dont les rayons brillaient mes regards, tait maintenant chass de mon cur et n'y excitait plus que le mpris et le dgot. Le premier dimanche, aprs mon retour, me vit de nouveau dans l'antique chapelle de Townsemi-Street, la conscience libre de remords et le cur rempli des plus humbles sentiments de reconnaissance pour cet Etre souverain dont l'il avait veill sur moi pendant les tenlalions contre lesquelles j'avais eu tant lutter. En repliant mes regards sur le vaste champ que mes recherches m'avaient fait parcourir, je ne pus 'empcher de reconnatre que la principale source de toutes les hrsies et de tous les blasphmes qui s'taient levs, comme autant de fantmes, le long de la route parcourue par le christianisme depuis le moment de son apparition dans le monde, venaient de ce libre accs et de ce libre exerla lecture des Ecritures cice du jugement individuel dans l'interprtation de ces livres sacrs, que les hrtiques ont revendiqu et soutenu dans tous les sicles, mais que dans tous les sicles aussi l'Eglise catholique n'a pas moins invariablement condamn. Ce fut donc en soupirant la pense de la longue et invincible tnacit en dbarquant de l'erreur, que je trouvai sur le sol irlandais, le mme cri La Bible, que toute la ible et rien que la Bible les gnostiques du second sicle avaient fait emservir au dtriment du christianisme ploy de nouveau par des hommes qui sont loin d'tre des gnostiques , les Lorton et les
,

Parent pour les missionnaires intrieurs du pays, qui se tint en 1820, il fut dit re'alivcment au Northumberland, au Cumberland, Durham, et une partie du Lancashire, que les tnbres couvrent cette partie de l'An glelerre, et que le peuple y est enseveli dans une nuit paisse tandis que le comt de Worcester peut, dit-on, en fait de lumire morale, tre regard comme un dsert aride o l'on n'entend que d'affreux rugissements. Ce mme rapport constate queleSlaffordshire contient trois cent mille habitants dont la plupart sont assis dans les tnbres et l'ombre paisse de la mort, qui tend parDe mme tout ses sombres voiles. l'Oxfordshire, nous dit-on, prsente un d sert moral d'une effrayante tendue, et, dans une partie du Berkshire, les villages sont dans un tat complet de tnbres in;

te

tellectuelles.
Il

est statu

mme

socit,

dans un second rapport de la que M. Sparkes avait prch

en quatre endroits qui taient de vrais d serts moraux, o la vrit vanglique tait entirement inconnue; et, dans le troisime rapport, un des missionnaires dit en parlant du lieu de sa mission Je crois vrai ment que c'est le lieu le plus mauvais qui soit sous le ciel; car hommes, femmes, en,
:

Les crivains du Brilith Crilic, qui, il faut leur rendre cette justice, dtendent les intrts de leur religion avec un degr de zle et d'habilet qui est rare parmi les thologiens de celte poque, reconnaissent et dplorent en ces ternies l'tat de l'Angleterre protestante qui marche grands pas vers une destine t nie semblable celle de l'Allemagne profile Il sez d'incrdulit parmi y a
(I)
: (

re qu'il n'y a lus aucuns pi cipes malgr la tranquillit apparente qui re. tout autour de nous, le jour n'est pas loin peut-tre oit il y aura aussi peu de foi parmi les Anglais, qu'il y en a maintenant parmi les philosophes a" Allemagne c'ecl--dire quil n'y en aura flus du tout, t
;

il

fixes; et

sicle, dans le mme but funeste, bien que de leur part il n'y ait que de l'ignorance, et qu'on ne puisse supposer qu'ils en prvoient les dangereuses consquences. Le docteur Balguy l'vque Marsh, le rvrend M. Callaghan et autres thologiens protestants ont dans leur polmique coutre

Roden du dix-neuvime

VOYAGES A LA RECHERCHE D'UNE RELIGION.


les dissidents (1)
,

278

et les avocats des socits bibliques signal les fcheux rsultats que derait ncessairement amener celte libert laisse chaque individu d'interprter les Ecritures selo-n ses ides et les caprices de

montre que trop clairement jusqu' quel point tout un peuple peut
attendaient, ne nous
se tromper dans l'interprtation des livres sacrs, dans les choses mmes qui touchent d'une manire essentielle et vitale ses propres intrts (1). Que si aux difficults et aux obscurits qui ont empch les Juifs d'en-

son imagination ; et les arguments qu'ils ont produits l'appui de cette manire toute catholique d'envisager ce sujet, sont trop prcieux pour la cause de la vritable morale et de la vraie religion pour que je puisse me
,

tendre

on ajoute leurs propres Ecritures toutes celles que le. laps du temps , l'altration des copies, l'ignorance bien plus grande
,

moindres plaisanteries sur l'opposition complte qu'ils offrent avec les premiers et les essentiels principes du protestantisme (2). Me contentant donc de renvoyer ces crivains eux-mmes ceux qui voudront prendre une vue gnrale de la question je vais employer le peu d'espace qui me reste ici essayer de montrer, par un petit nombre de faits et de tmoignages, que les Ecritures, en tant que rgle de foi, ne peuvent tre qu'obscures, incertaines et dangereuses sans le secours des lumires que la tradition seule peut fournir, et qu'on ne trouve que dans l'Eglise qui est le dpt de
permettre
les
, ,

chez nous que chez eux de

la

langue dans
,

et laquelle ces livres sacrs sont crits l'inexactitude des traducleurs (2), ont depuis accumules autour du sens du texte sacr, ne serait-ce pas certainement le comble de la folie de prtendre qu'on doive laisser la

libre de de tordre leurs imaginations et leurs caprices une suite d'crits si horriblement exposs tre mal interprts (3).
tailler et
(t) Les Juifs, aprs avoir ainsi rejet le vrai Messie, se laissrent, tromper par plusieurs imposteurs qui usurpaient ce titr; et l'auteur d'une dissertation sur ce sujet , cite pur Grgoire, ne compte pas moins de dix-sept taux Messies diffrents, depuis Bar-JJarcochebaz, jusqu' Zabhalhai Zevi qui faisait le dix-

masse commune du genre humain

toute la tradition chrtienne. Et d'abord, commenons par les difficults que doit ncessairement rencontrer une raison sans instruction et sans guide ds le point de dpart dans l'interprtation du sens de rE;riture Ouvrez vos Bibles dit le docteur Balguy prenez la premire page qui se prsente de l'Ancien ou du Nouveau Testament, et dites-moi, sans dguisement, s'il y a l quoique chose de trop difficile pour vous entendre? Si vous trouvez tout ce que vous avez sous les yeux clair et facile, vous pouvez bien remercier Dieu de vous avoir accord un privilge qu'il refus tant de milliers de a vrais croyants (3). Pour ce qui est de l'Ancien Testament la mprise complte et capitale o sont tombs les Juifs par rapport la vraie nature et au vritable caractre du Messie qu'ils
: ,
,

huitime.
(2) Tous les grands rformateurs allemands s'accusrent les uns les autr< s de mal interprter et de mal traduire les Ecritures. Bze trouvait des fautes dans la traduction d'colampade, Castalio condamnait la version de Bze. et Molinus condamnait la fois celles de Bze et de Castalio. Zwingle accusait Luther

(t)

Nous ne voyons pas encore,

dirait le

docleur

* <

en parlant de ses frres non- conformistes et de lui, (|u'on ait lanc conire omis d'au Ires flches que celles qu'on a ramasses dans les champs, et qui retombent sur ceux mmes qui les ont lances, parce qu'ils les ont tires du carquois romain (liecherches sur l'origine et l'institution des Eglises), i (2) Un prire catholique plein d'esprit, le rvrend
:

Owen

M. Gandolphy, n'a pas manqu de faire remarquer l'voque Marsh cette inconsquence C'est l, dit le * savant ecclsiastique, exactemenl le langage l'erme et modr que tiennent les catholiques depuis deux i cents ans, tandis que les rformateurs sont tombs dans une sorte de dlire caus par la livre bibli* que. > (3.) f Les catholiques romains, dit Plowden, se rjouissent de l'honneur rendu leur doctrine qui soumet l'interprtai ion des Ecritures l'inierprlalion publique de l'Eglise, lorsqu'ils voient l'vque de Vigorgne, llurd, mettre les paroles qu'adressait autrefois saint Augustin aux M nichens', dans la bouche d'un de ses amis , Wrbunon aprs sa mort, pour fermer la bouche quelques libres interprtes modernes de la parole divine t Vous qui croyez dans l'Evangile ce que vous voulez, et rjetez ce que vous ne vouiez pas croire, ce n'est assurment pas l'Evangile que vous croyez, mais vous seulement.
,
:

Dieu, tandis que Luther adresreproche Munzer. Dans une ptition adresse Jacques I er par quelt Noire ques protestants zls, on lit ce qui suit traduction des Psaumes, contenue dans notre livre de prires communes, s'carte de la vrit du texte < hbreu, soit par des additions ou des retranche meuls, ou des altrations, en deux cents endroits pour le moins. > Les ministres du diocse de Lincoln, dans une adresse au roi, se plaignent galement que la traduction anglaise de la Bible n'est qu'une traduction absurde et vide de sens, qui al 1re en beaucoup d'endroits la pense de i'Esprit Saint; > et Broughlon ultra-protestant, dans ses avertissements sur les altrations, dclare aux vques que leur version anglaise de l'Ecriture telle qu'elle est entre les mains du publie, altre les textes de l'Ancien Testament en huit cent quarante endroits, et qu'elle est la cause que des millions de millions d'mes entendent mal le Nouveau Testament, et se prcipitent dans les flammes ternelles. > (5) Outre les difficults qu'opposent la claire intelligence des Ecritures l'inexactitude des traducleurs, les l'aiiles de ponctuation, etc., etc., il faut tenir
d'altrer la parole de
sait le

mme

compte

aussi des altrations introduites dessein

et

de propos dlibr dans le sens du texte. Ainsi, dans nue dition imprime en 16G0, le verset des Actes, VI, 5, qui parle de l'lection des diacres, est ainsi rendu C'est pourquoi, mes frres, choisissez entre voussept hommes d'un bon tmoignage, remplis de l'Esprit-Saint et de sagesse qui vous puissiez t confier celle charge, au lieu de nous puissions
: , :

altration introduite, ce qu'il parat assez, dans le but d'autoriser le pouvoir qu'on voulait attriconfier,

buer au peuple lion -seulement d'lire, mais mme d'ordonner ses ministres. On trouve galement une fausse interprtation du sen* de l'criture, laite dans un bu! secret, dans la Bible in-4 in prime du temps de la reine Anne, 1708, o le litre ou sommaire plac en tte du p.aunie CXLIX est ainsi conu : Le pro< phte exhorte louer Dieu de 6on amour pour

279

DEMONSTRATION VANGLIQUE. MOORE.


Testament
;

280

Ecoutons seulement ce que Lowth, en refaire une rvision de la version Vulgate de l'Ancien Testament, dit de l'tat du texte hbreux sur lequel est fonde cette traduction Pour ce qui regarde l'An cien Testament , l'Eglise du Christ n'est t plus l'esclave del synagogue, et l'interprte chrtien ne suit pas aveuglment les doc teurs juifs, ces guides aveugles. Leur infaillible Massore, qui se vantait d'tre un difice lev par de sages architectes sur le de l'autorit divine, montre bien roc maintenant qu'elle n'a t fonde que par des mains inhabiles et btie sur le sable ses fondements ont t branls, et maintenant elle penche vers sa ruine. Les dfauts du texte hbreu lui-mme , car on ne peut nier qu'il n'ait ses dfauts, et il n'est pas possible que , nous ayant t transmis par des moyens humains, il soit sans dfauts ont t signals, on y a dj remdi en partie, et on peut y remdier plus compltement encore, par une colla tion exacte des anciennes versions et des diverses copies qui en existent (1). Tandis que, pour ce qui regarde l'Ancien

(1)

commandant de

est la sse la
,

vague dans lequel prsomption du jugement inditel est le

t l'Eglise, et

du pouvoir

qu'il

donn

l'Eglise de
>

gouverner les conscienees des hommes. < vation faite l'dition de 1614, o le <

Cetie iiuio-

sommaire du
i

Psaume CXLIX

esi ainsi qu'il suit


la

Exhortation

l'Eglise de louer Dieu de


rtiaine,

victoire et des succs

donns ses saints sur toute puissance hui fut, ce que l'on croit, introduite par les partisans des Stuarts , dans le but de sanctionner
qu'il a
t

leurs principes arbitraires.


(1) Nul crivain n'a expos avec une force plus alarmante les difficults que prsente l'interprtation des Ecritures, que ne l'a fait le fameux Jrmie Taylor dans le passage suivant de sa Libert de prophti< Puis donc qu'il existe tant de copies (de l'Ecriser ture) avec une infinit de variantes; puisqu'une diffrence de ponctuation, une parenthse une lettre, un accent peut changer beaucoup le sens; puisque certains passages qui oui plusieurs sens littraux, peuvent aussi avoir des sens spirituels, mystiques et allgoriques; puisqu'il y a tant de tropes, de -mtonymies, d'ironies, d'hyperboles de proprits et d'improprits de langage, dont l'intelligence dpend de circonstances telles qu'il est presque impossible d'en
:
,

viduel et le sable mouvant sur lequel il lui faut btir ses conclusions , les difficults qu'on rencontre sous ses pas dans l'tude du Nouveau Testament ne sont ni moins embarrassantes ni moins malaises surmonter et mme la mprise grossire des Juifs par rapport au Messie ne nous fournit pas une preuve beaucoup plus frappante et plus irrsistible de la faillibilit de la raison humaine, sur ce point, que ne le fait la corruption totale des doctrines de l'Evangile laquelle les gnostiques des premiers sicles ont t conduits par ce mode arbitraire d'interprlalion. Quand on se rappelle que ceux qui se tromprent ainsi sur le vrai sens de l'Ecriture ou l'altrrent taient, quelquesuns au moins, contemporains des aptres, parlaient la langue dans laquelle tait crit le Nouveau Testament et la version des Septante, et, parce qu'ils taient ns dans les pays o avait commenc la prdication de l'Evangile, possdaient tous les moyens d'interprtation que fournit la connaissance des murs et des usages; quand on voit qu'en dpit de tant de facilits pour la vraie intelligence de la Parole divine , le mpris qu'ils firent des lumires de la Tradition et de l'autorit de l'Eglise qu'ils rejetaient, les entrana dans les erreurs les plus grossires et les plus puriles sur la doctrine chrtienne, quelles autres consquences je vous le demande, que des consquences plus ruineuses encore peut-on attendre des interprtes bibliques de nos jours, dont l'ignorance littraire gale la prsomption , et qui un mpris non moins arrogant de la tradition et de l'autorit ajoutent l'ignorance la plus profonde de tout ce que les demi-savants mmes des temps actuels savent sur ce sujet? De celle obscurit qui, comme nous venons de le montrer existe dans le sens des Ecritures, obscurit que ceux-mmes qui taient les plus capables de s'ouvrir un chemin travers tous ces obstacles se sont toujours montrs les premiers reconnatre (2),
; , , ,

saisir le vritable sens...;

puisqu'il s'y trouve des mystres, qui, pour ne pas dire plus, ne sont pas faciles saisir, et dont l'expos, raison de noire imperfection, doit ncessairement tre obscur et quelquefois inintelligible; puisqu'enliu les moyens ordinaires d'interprter l'Ecriture, tels que consulter les originaux, confrer ensemble les passages, la parit de raison, l'analogie de la fui, sont tous douteux, incer:

tains
celui

et trs-faillibles, il s'ensuit que le plus sage, qui, par consquent, a le plus de chance et le plus de probabilit d'en dcouvrir le vritable sens, est trs-loin encore de mriter une pleine et entire

confiance, parce que toutes ces causes d'erreur, jointes beaucoup d'autres encore, sont comme autant de degrs d'improbabilit et d'incertitude, qui diminuent la certitude que nous pourrions avoir de trou-

ver

la

vrit au milieu

de tant de mystres et de

dif-

ficults [Libert de prophtiser, sect.i).

difficults

Voil pourtant ce livre, si horriblement hriss de que ces inconcevables tourdis de la seetc.,
la

(!) Whiston tait d'avis que le lexte de l'Ancien Teslaivcnt avait t considrablement altr, tant dans l'hbreu que dans les Septante , par les Juifs eux-mmes, dans le but, ce qu'il suppose, de rendre le raisonnement que les aptres tiraient de l'Ancien Testament ridicule et non concluant. (2) Par exemple, Locke, dans l'Essai mis en tte de son commentaire sur les Eplres, s'exprime en ces Quoique je lusse vers dans l'lude des termes Epitres, aussi bien que dans celle des autres parties des saintes Ecritures, je voyais cependant que je ne les entendais pas; je parle des points de doctrine et de controverse qui s'y trouvent, > Aprs avoir- si' gnal ce qui lui parat tre la cause de cette obscurit, il ajoute, < A ces causes d'obscurit, communes saint Paul et la plupart des autres crivains de plusieurs des livres du Nouveau Testament, on pe-t ajouter celles qui viennent plus particulirement de la nature de sou style et de son caractre.
:

*' s, " s, conde tformalioii d'Irlande, les laient livrer en gros l'usage illimit de

voumulti-

Mackniglu signale aussi avec non moins de force manire obscure d'crire employe par saint Paul, et ses < formes obscures d'expression. Mais

la

tude

une source d'erreur plus formidable encore,

ilans le

S8i

VOYAGES A LA RECHERCHE D'UNE RELIGION.


le

282

dcoule naturellement

second dfaut des

livres saints, comme seuls et uniques guides de la foi, je veux dire, leur incertitude sans
fin.

la

Ceux qui ont parcouru les pages que nous venons de tracer peuvent assez se former une ide de la multitude infinie de doctrines diffrentes que cette incertitude a fait naitre parmi les protestants. L mme o le texte est simple et ne prsente aucune ambigut qui puisse occasionner une m,

d'un point d'interrogation , occasionne par ngligence des copistes , peut produire un changement de signification qui pourra influer sur le sort ternel d<e plusieurs millions d'mes. Lowth dit , dans un passage cit plus haut, que le mode d'interprtation adopt par les massortes pour l'Ancien Testament est maintenant entirement rejet

prise, la facilit d'en luder le vrai sens , qui est si familire l'hrsie , si bien exerce en ce genre, est toujours prompte venir se mettre l'uvre. Nous avons vu que les

paroles
t

ceci

est

mon

corps

avaient dj

moins de deux cents interprtations diffrentes avant la fin du


l'objet

de

non

erron et trompeur. C'est nanmoins sur ce mode d'interprtation qu'est fonde, en grande partie, la traduction anglaise des Ecritures hbraques; et l'on pourra juger de la grandeur du dsordre qu'il a d mettre dans les autres parties du texte sacr, par ce seul exemple que dans la prophtie de Daniel, IX, 24, 25, il altre compltement
la

comme

seizime sicle et Osiandre cit par Jrmie Taylor dclare que pendant le mme laps de temps il s'tait lev vingt opinions diffrentes sur la satisfaction toutes tires des Ecritures, seulement par les partisans de la confession d'Augsbourg ; seize opinions sur le pch originel et autant de sentiments divers sur le nombre des sacrements qu'il y avait de sectes qui ne s'accordaient pas sur cet article (1)1 C'est une chose vraiment effrayante pour tous, except pour ceux qui, se reposant sur les promesses que Jsus-Christ a faites son Eglise, saventque Dieu ne permettra jamais, au moins, que l'esprit de vrit se spare d'elle et l'abandonne que de penser de quelles minuties ceux qui ne sont guids dans leur foi que par le texte seul de l'Ecri; , , , , ,

nature de la prdiction , tellement que les chrtiens ng peuvent plus du tout s'en servir en preuve de leur religion, en mettant un
point et virgule dans un endroit o il ne devait y avoir qu'une virgule (1) Que dis-je? Le texte mme que les protestants allguent comme leur principale autorit en faveur de la lecture et de l'usage illimit des Ecritures, varie essentiellement
1

dans sa signification et dans l'application qu'ils veulent en faire, suivant que le verbe
Inou l'indicatif. terrogez les Ecritures, ou bien Vous interSaint Cyrille est pour rogez les Ecritures. le dernier sens de cette phrase , tandis que Thophylacte et d'autres saint Augustin Pres encore se sont prononcs pour le premier. Et mme en admettant que le verbe soit l'indicatif, ne peut-on pas encore demander s'il ne faudrait point encore y ajouter un point d'interrogation , de manire lui faire dire Interrogez-vous les Ecritures ? Mais c'est surtout par rapport au grand et vital dogme de la Trinit que ces incertitudes

est pris l'impratif

ture, font dpendre la grande affaire du salut ternel (2). La diffrence d'une virgule,
de cet aptre, a frapp les yeux de l'honnle M Boyle (Style de l'Ecrit.), qui dit qu'il y a dans les crits de saint Paul plusieurs passages tellement construits qu'ils contiennent une espce de dialogue tacite, et qu'on en a pris pour des preuves certaines parties c saisi' Paul ne voulait videmment prsenter que des objections. (i) i Saint Augustin (lib. deHres.) compte quatrevingt-dix hrsies diflrentes, et qui taient autant de rformes qui s'taient leves depuis la venue de Jsus-Christ jusqu'au temps o il vivait, c'e>t--dire dans l'espace de quatre sicles environ. Il s'en est lev le double entre l'poque de saint Augustin et celle de Luther, c'est -dire cent quatre-vingts hrsies dans le cours de quinze sicles. Depuis le moment o Luther abandonna la rgle de saint Augustin, et apostasia de l'Eglise catholique, en 1517 jusqu' l'an 1595, pendant un intervalle de soixante et
style

natre le sens. < Les textes clairs taient ds le temps de saint Augustin, du moins en Occident, tous en faveur de la prdestination, et c'est sur ces textes clairs que les articles de notre Eglise et toutes les autres Eglises protestantes sont fonds. Il est vrai que du temps de la reine Elisabeth, il y eut quelques membres, quoique en bien petit nombre, du clerg infrieur qui se dclarrent pour le libre arbitre, mais ensuite ces
incorrigibles partisans

appelait, furent

du libre arbitre, comme on les envoys en prison, l'instigation des vques... Depuis cependant que la cour, sous le rnos gne de Charles P r leur a lait ouvrir les yeux
, ,

dix-huit ans, Slapbilus, Hesius, Prateolus et autres crivains modernes, comptent deux cent soixantedix sectes nouvelles, qui sont toutes des reformations de ce qui existait quelques jours ou quelques heures auparavant (docteur Carier, motifs, etc.). i L'vque protestant Episcopius tait du moins consquent, lorsque par suite de la persuasion o il tait que toutes les traductions modernes sont fautives, il voulait que toutes classes de personne, laboureurs, matelots , femmes , etc., apprissent l'hbreu cl le grec. (2) Un crivain sceptique, homme d'un grand discernement, s'exprime en ces termes au sujet de ce que l'on appelle textes clairs , que tous les partis, comme il le dit, interprtent chacun en sa faveur, en s'ionnani que leurs adversaires puissent en mcon-

thologiens n'tant plus aveugls par leurs articles, voient clairement que tous ces textes clairs parlent en laveur du libre arbitre. que le (1) Nos traducteurs anglais ont suppos texte hbreu actuel, tel qu'il est imprim par les massortes, offrait le seul vritable sens de l'Ancien Testament. Au chap. IX, v. 25 de Daniel, ils placent leur alhnacli, ou point et virgule, aprs lessepl semaines, et retranchant ainsi les sept semaines des soixante

>.

5
<_

deux semaines ils rendent la prophtie absolument mais s'ils avaient incapable de servir aux chrtiens plac une virgule aprs les sept semaines, et leur athnacli ou point et virgule aprs les soixante-deux semaines; le nombre d'annes, c'est--dire quatre cent quatre vingt-trois ans, ou soixante-neuf semaines d'annes, indiquerait exactement le temps de la venue du Messie des chrtiens (Johnson. Voyez Recs, Encutlopdie, art. Masora). >
,

283

DEMONSTRATION EVANGELIQUE. MOORE

sa i

grammaticales doivent tre le plus horriblement embarrassantes pour ceux qui fondent leur croyance ce mystre sur le texte seul et les expressions de l'Ecriture. Les sociniens se sont dbarrasss d'un des passages les plus forts en faveur do la divinit du Christ, celui de l'Ep. aux Romains, IX, 15, par la simple substitution d'un point la place d'une virgule (1). Le texte de la premire Ep. Tim. III 16 Dieu s'est manifest dans la chair, a t de la mme manire arrach des mains des dfenseurs de la Trinit, en montrant que la vritable leon est et

la fois toute espce de foi un dogme dont les seuls appuis que fournisse l'Ecriture se

0.: c Il s'est manifest et non Dieu s'est manifest ; de sorte que l'omission de deux lettres, sur quatre, forme ici toute la diffrence entre l'humanit du Christ et sa divinit (2)1 La leon Kup-'oy au lieu de 0^D dans les Actes, XX, '28. a prcisment de mme pour effet de rduire le Christ la qualit de pur homme; tandis que le fameux verset de saint Jean, 1 Ep. V, 7, cette hase si longtemps conteste qu'offre l'Ecriture du dogme d'un seul Dieu en trois personnes est maintenant abandonn de toutes les sectes protestantes, et rejet comme incontestablement apocryphe. Eh bien maintenant, je le demande, que resle-t-il au protestant gui on a appris ne reconnatre d'autre rgle de foi que la parole de Dieu crite, sinon d'abandonner
,

non

trouvent ainsi ruins et dtruits un un? a t malheureusement le rsultat qui a d ncessairement suivre cet abandon fatal de l'antique autorit de la tradition vers lequel une si vaste portion du monde chrtien s'est trouve inconsidrment entrane par la rformaliou (1). Ainsi livr, d'un ct, la merci de tout vent de doctrine qui souffle de tous les points sans nombre de l'enceinte immense du jugement individuel, et, de l'autre, faisant dpendre sa foi des diverses leons des manuscrits, et mme de la position des
tel

points et des virgules, le protestant perd, chaque pas, quelque soutien, quelque point d'appui du christianisme, et voit la foi de ses pres s'vanouir et s'chapper de ses mains, comme de l'argent qui n'est possd qu'en

songe

(2).

Combien diffrents ne sont pas les fondements sur lesquels l'Eglise catholique appuie
ses prtentions la foi de ses

membres

Te-

Ecritures, elle montre de l'autre l'antique autorit de la tradition cette autorit sous la sanction de laquelle la
les
(1) Le savant et habile Lingard a bien raison de demander Les Eglises rformes, en rejetant Pau:

nant d'une main

del tradition, n'onl-elles pas dans le fait dtruit l'autorit de l'Ecriture, branl la certitude de la foi
torii

religieuse, et
(1) 11 est ainsi bus est Ghristus ,

imprim dans la Vulgate: Ex quisecundum carnem, qui est super


in

omnia

tiens benedictus
la

secida.

Grotius

nisme? Marsh.
(2)

min les fondements mmes du christia(Essai sur la vue comparative, etc., du docteur
l'Encyclopdie
franaise

tait

L'extrait suivant de

manire socinienne de lire ce passage. (2) Erasme souponne que l'introduction du mot Dieu dans ce verset est une fraude des allianasiens, ou dfenseurs de la divinit de Jsus-Christ contre les ariens. Mihi subolet, dit-il, Deum additum
fuisse ud versus haereticos

aussi pour

arianos.

Grotius est

du

mme

avis.

Les dtails curieux qui vont suivre sur ce texte, objet de tant de disputes, montreront sur quels faibles, horriblement faibles appuis, doit reposer cette seule rgle de loi des protestants. Dans le manuscrit alexandrin, auquel les deux partis en appelaient au sujet
de ce texte, les unitaires ne trouvaient (pie OS, tandis que bs triniiaires croyaient pouvoir y dcouvrir une ligne transversal^ dans la premire lettre, ce qui fais;iii0i;, c'est--dire Q-, Dieu. Pour s'assurer du faii, le docteur Berriman, gui tait du parti des orthodoxes, prit avec lui deux de ses amis, MM. Ridiey ci Gihson., et examina le manuscrit au soit il ei avec l'aide d'un verre. Son rapport fut dcidment en faveur de la leon des triniiaires, et il concluait son travail en disant que si dans la suite des temps l'ancienne ligne devient imperceptible, on n'aura jamais de jusies raisons de douter que la vritable leon de ce manuscrit ne soit s. > La partie la plus curieuse cependant de toute ceue affaire est une le docteur Berriman accusa ouvertement son adversaire, M. VVetieslcin, d'avoir avou un ami commun qu'il voy.i..la barre transversale de S; et la seule explication que M. Wetlestein |pul donner pour justifier sa concession sur ce point, fut que, lorsqu'il avait l'ait cet aveu, i! tait tromp par la ligne transversale d'un E de la page oppose qui paraissait travers le parchemin! Aprs tout, cependant, la leon des trini'aies est maintenant gnralement abandonne. .lorlin vit euYIle tait insoutenable, et l'vquc Marsh l'abandonna sans combat.
,

montrera depuis combien longtemps cette catastrophe tait prvue M est certain que les plus savants et les plus intelligents d'entre eux (protestants) ont depuis quelque temps avanc grands pas vers les doctrines antitrinitaires. Ajoutez cela l'esprit de tolrance qui, heureusement pour l'humanit, parat avoir gagn du terrain dans toutes les communions, tant catholique que protestantes, et vous aurex alors l vritable cause des progrs rapides que le socinianisme a faits de nos jours des profondes racines qu'il a jetes dans la plupart des esprits, et dont les ramifications se dveloppant cl s'lendant sans cesse, ne sauraient manquer de transformer bientt le protestantisme en gnral en un parfait socinianisme. Cet crivain est tomb dans nue mprise fort commune, dans laquelle mon ami lui-mme est souvent tomb dans cet ouvrage, c'e^t de confondre le socinianisme avec l'uniiairianismc, erreur qui a maintenant tellement prvalu qu'il est presque impossible de s'en garantir. < Unitaire, dit un trs spirituel et trs-savant membre de celte secte, a un sens gnral et socinien un sens particulier tout socinien est unitaire, mais tout unitaire n'est pas socinien. l'n unitaire est celui qui croit l'unit de personne en Dieu, le socinien croit l'unit de personne en Dieu, mais il croit aussi que Jsus-Christ est homme et que cependant donc que le il est digne d'un culte religieux. Loin socinianisme, pris dans son vritable sens, gagne du terrain, on peut aflirmer au contraire qu'il est entier
: ;
; :

renient teint et i si l'accusation d'idolirie, dit l'au leur cit plus haut, peut tre justement intente dont beaucoup d'en contre quelques chrtiens, ce < lie nous doutent, c'est assurment contre ceux qui, ne reconnaissant le Christ que pour un pur homme,
;

< < (

bu rendent cependant les honneurs divins, c'esl-dire, proprement parler, contre tes sociniens. Plaidoyer en faveur des dissidents unitaires, par Robert

Aspland.)

2S5

VOYAGES A LA RECHERCHE D'UNE RELIGION.

28G

doctrine enseigne par les saints nous a t transmise, et sur le tmoignage de laquelle
seule reposent toutes les preuves qui tablissent l'inspiration des Ecritures elles-mmes. De cette source apostolique, et avant qu'il y et un seul mot du Nouveau Testament crit, elle a reu, pour le garder dans tous les temps, le dpt imprissable des deux grands mystres du christianisme, la Trinit (1) et

crite dispart tellement de la surface de la terre qu'il n'en restt pas le moindre vestige, l'Eglise

catholique ne ferait alors que se

prsence relle, et les a conservs jusqu' heure dans toute l'intgrit de leur premire saintet, travers tons les hasards et tous les changements, et parmi toutes les apostasies et toutes les hrsies qui se sont leves autour d'elle. Peu importe sa scurit que l'hrsie et le schisme lvent, de temps autre, leurs fronts audacieux conDs les premiers ges de tre son pouvoir son existence a commenc cette rbellion du principe du mal; caries bionites nirent la Trinit, elles doctes la prsence relle avec tout autant d'assurance que les unitaires et les zwingliens attaquenl de nos jours ces boulevards de sa foi. Peu importe son unit
la

cette

qu'elle tait avant qu'une seule syllabe du Nouveau Testament eu! t crite et, se rappelant alors la promesse du Christ d'tre avec elle tons les jours, elle continuerait jusqu' la fin sa course sans prouver d'inconstance ni de changement, et restant toujours l'unique source de la vrit et la demeure de la foi (1). C'est donc ici, l'abri sr et certain de cette autorit infaillible, que je veux enfin fixer le lieu de mon repos, me soumettant | aveuglment au seul guide qui promette la t paix l'me, et pleinement convaincu que la I raison, qui, dans les affaires mmes de co * monde, ne se montre qu'un triste guide, est, dans toutes les choses clestes, un guide t-

retrouver
;

telle

mraire

que

les

critiques

et les

commentateurs,
,

et

toute cette foule d'hommes que saint Paul emappelle les clisputeurs de ce monde ploient perversement toutes les ressources de leur gnie torturer la parole de Dieu, celte autorit non crite, dont les Ecritures el!e;:'-niiiies ne sont que comme un commentaire, la guide triomphante et sans crainte d;:ns une route qui est bien leve au-dessus de toutes ces influences pernicieuses L'trange et tonnante dcouverte laquelle la critique, dans le cours de ses profondes Investigations, s'est dernirement vante d'tre parvenue, savoir, que les trois premiers Evangiles ne sont que des transcriptions d'anciens documents et non les ouvrages des crivains dont ils portent les noms, serait tout fait de nature frapper de consternation les protestants qui verraient ainsi leur seule et unique rgle de foi renverse, tandis qu'au contraire elle laisserait toujours l'Eglise que le Christ a fonde et instruite ferme et intacte sur ses antiques fondements apostoliques. La lampe de la tradition, qui nous a t transmise parles aptres, et. laquelle le flambeau mme des saintes Ecritures est venu emprunter sa lumire, brle encore dans ses mains et rpand toujours son clat salutaire; et s'il pouvait arriver qu'en ce moment la parole
!

et fatal. Le peu d'importance que notre divin Sauveur attachait videmment aux inductions de la raison humaine, prouve assez combien il tait loin de son intention que la foi qu'il tait venu enseigner ft amene devant un pareil tribunal (2). L'aptre saint Paul dnonce la folie de la sagesse de ce monde avec une chaleur et une vhmence qui ne laisse aucun lieu de douter qu'il ne prvt ds lors les maux qui devaient jaillir de cette source sur la cause du christianisme ; et les saints Pres des premiers sicles, quoique si richement orns eux-mmes de tous les dons de la science humaine, non-seulement reconnurent tout le nant de

aux j eux du Dieu suprme, mais comprirent aussi que la foi, la foi, en matresse souveraine, demandait le sacrifice de tous ces prcieux avantages, aussi bien que celui de l'orgueilleuse raison, au pied de
ces dons
l'autel.

Quand

il

s'agit

de la

foi, dit

saint

Am-

(1) Sola calholica ccclesia psi tpwe verum cultum retiuet. Hic est Ions yerilalis, hoc. est domicilium fidei (Lnciant. Inst. I. I\).
(2)

Comment
humaine
il

dit
la

un crivain intelligent
foi

qui est

Christ procda t-il lui-mme, et spirituel? Sachant que btie sur le fondement de sable de la
le

du Fils; que ta tradition vous en dtourne (llomil. 24 adv. Sabelt.). > Le fait suivant, rapport par Erasme, vient heureusement claircir ce point. En racontant une petite dispute qu'il avait eue
et

(1) i prit du

Ne sparez
Pre

point, dil saint Basile, le Saint-Es-

eue trs-chanessay mme une seulj l'ois de montrer la conformit de son Evangile avec celle faible et aveugle raison mais lorsque Nicodmc, tonn de l'trange doctrine qu'il enseignait, en disant qu'il \allail naine de nouveau, lui demande, Comment cela peut se faire? il se contenta de lui due qu'il parlai i de choses ciesles et de ce qu'il connaissait luimme, lui faisant de cela une raison de ne pas s'raison
doit ncessairement
celan'.e,

n'a pas

avec Farel au sujet de l'invocation des saints, il dil i in lui demandai pourquoi il rejetait celle doctrine, et si ce n'tait point p.nco que les Ecriluros gardaient le silence sur ce point? Oui, nie rpondit-il.
:

Montrez moi donc videmment, lui dis-je parles Ecritures (pic nous devons invoquer l'Esprit Saint.
,

Faiel, ainsi press, produisit

le

passage de saintJean.

Ces trois m; l'ont qu'un i mais Erasme qui tait un do ceux, ei le noi ibre en e t grand, qui rejettent ce teHe, ne voulut point admettre cette autorit.

tonner de ce qu'il lui avait dit... *l n'exigeait pas qu'on crt en lui avant d'tre bien convaincu qu'il venait de Dieu mais une fois qu'on tait bien tosvaincti de celte vrit, il exigeait une soumission parfaite et absolue, tellement que lorsque le commandement de manger sa chair et de boire son sang i l'ut un aussi grand sujet de scandale pour quelques-uns de ses propres disciples, qu'il peut l'tre de nos jours pour les protestants, el qu'ils se niireul demander: Comme bo unie eut il nous donner sa diair c il se contenta de rpter la chose m manger? me qu'il avait dite, et sembla n'avoii enseign celle lans le but de discerner quels dur.e doctrine qui taient ceux qui croyaient son autorit
;

il

il

M7

DEMONSTRATION EVANGELIQUE MOORE.

288

broise, laissez- l tous les arguments 1 Pourquoi vouloir scruter ce qui est impntrable demande saint Ephrem. En agissant ainsi vous faites preuve de curiosit, et non de foi. Saint Chrysostome pensait que c'tait une sorte de blasphme que de chercher juger des choses divines par la raison, parce que le raisonnement humain n'a rien de commun avec les mystres de Dieu; et saint Cyrille d'Alexandrie dclare que dans les matires de foi toute curiosit doit cesser (1). Ce n'est pas toutefois seulement par ces grandes autorits de l'Eglise que de telles limites ont t poses l'exercice du jugement humain. Deux des plus illustres matres dans l'art du raisonnement qui aient exist, l'un desquels l'a lev au plus haut degr de grandeur o il puisse prtendre, tandis que l'autre a mis en uvre toute la finesse et toute la subtilit dont il est susceptible , ont galement mis celte opinion catholique, je pourrais ajouter philosophique. Nous ne devons pas, dit le sage lord Bacon, soumettre notre raison les mystres

laquelle mon esprit devait s'arrter Catholique ou diste, disait Fnelon, il n'y a pas d'autre alternative et le spectacle qu'offre le monde chrtien, en ce moment, justifie pleinement l'assertion de cet illustre
,

prlat (1). Salut, donc, Eglise une et seule vritable, qui seule tes la voie de la vie, et dans le tabernacle de laquelle seule on trouve un abri contre toute celte confusion de langues 1 Que mon me dsormais se repose l'ombre de vos sacrs mystres , galement loin de l'incrdule qui insulte leur obscurit, et

du croyant tmraire qui chercherait vainement en sonder les sombres profondeurs adressant l'un ei l'autre le langage de saint Augustin .Raisonnez, moi j admire, disputez, moi je croirai je vois la hauteur,
; ;

je

ne pntre pas

la

profondeur

(2).

nous le savons, dans docteur Priestley, qui a joui d'une certaine clbrit parmi ceux qui ne veulent
(1) Ce qui s'est pass, l'esprit d'un homme, le

comme

de la foi. Le subtil Bayle partage le mme sentiment. Si la raison, dil-il, tait d'accord avec elle-mme, on devrait tre plus fch qu'elle s'accordt malaisment avec quelques uns de nos articles de religion ; mais c'est une coureuse qui ne sait o s'arrter, et qui, comme une autre Pnlope , dtruit ellemme son propre ouvrage, diruit, dificat, mutt quadrata rotundis. Elle est plus propre dmolir qu' btir; elle connat mieux ce que les choses ne sont pas que ce
qu'elles sont
(2).

avoir d'autre rgle de foi que l'Ecriture, qu'ils tudient sans cesse, doit toi ou tard se reproduire plus ou moins chez une nation toute imbue des mmes ides. Ayant commenc par tre calviniste, et mme de la secte la plus rigide, ainsi qu'il nous l'apprend lui-mme, il devint ensuite haut arien, puis bas arien, puis socinien, et en peu de temps, socinien du plus

bas systme, de ceux en un mol qui ne regardent plus le Christ que comme un pur homme, fds de Joseph et de Marie , et naturellement aussi faillible et peccable que l'tait Mose ou tout aulre prophte. Et

Voyant donc que

l'Ecriture et les crits des

Pres s'accordaient ainsi frapper la raison d'une absolue incapacit d'tre le juge de la foi, et que cette sentence tait galement confirme par l'opinion d'hommes si accomplis dans toute la sagesse de ce monde ; trouvant de plus une nouvelle preuve hlas l trop convaincante de la mme vrit dans la ruine qui est venue accabler le christianisme partout o l'on a permis la raison d'en soumettre les mystres son examen, je ne pouvais hsiter un instant sur la conclusion
exprime d'une manire bien plus saisissante encore dans les paroles de lia philosophi quod Lac-lance, qu'il a soin de citer
(2) Celle vrit accablante esi
:

mme ce degr, le docteur avoue franchement qu'il ne savait pas quand son symbole serait fix. De mme, Cbillingworih, le plus zl promoteur du La Bible, toute la Bible, etc., qui se soit vu de cri nos jours, passa du protestantisme au calholicisrje; puis lant repass du papisme au protestantisme, se repentit presqu'aussitl aprs de sa reconversion, et
: k

mourut enfin, ce que l'on croit, socinien. On peut juger combien il tait dj avanc loin dans cette derfameux nire direction, lors mme qu'il composa son ouvrage protestant, par une lettre qu'il adressa a un de ses amis dans le temps qu'il tait occupe de ce plusieurs travail, et dans laquelle aprs avoir rapporte Trinit, tmoignages des anciens sur le dogme de la celle question libreil dit que quiconque examinera ment si avec impartialit, < ne manquera pas d avouer, doctrine ou du moins sera trs-porl croire que la pas du moins d'Arius tait la vrit, ou qu'elle n'tait tte de ses une hrsie condamnable (Voijezsa Vie a la
uvres).
(2)

liumanse scientiae assecuti sunl, ul inlelligerenl quid non sit; illud assequi nequiverunl ut dicercnl quid sit.
fuil

summum

qui est impntrable, est i.iscruiable et pntrer ce ou vous prisse*! je vous dis: Arrtez et croyez,

ratiocinare, ego miror. lu profunduni non vemo. credam alliludine.n video, ad _ Il ajoute Vous qui venez pour scruter ce qui

Tu

disputa, ego

,.

**^>s-

280

DEVOIRS DES HOMMES.

290

Discours
SUR LES

DEVOIRS DES HOMMES,


ADRESS A UN JEUNE HOMME,
PAR SILVIO PELLICO
(1)
,

TRADUIT DE L'ITALIEN PAR AUGUSTE DU


Justitia

SEIN.
est et immortalis.
I, v.

enim perptua
(Lib.

Sapknli, cap.

15.)

^v&ct bt Vautmv.
o^
Bien que
ce discours ne soit adress qu' un dans l'espoir qu'il pourra tre
<S-<>-

seul, je le publie

utile la jeunesse en gnral. Je n'ai voulu faire ni un trait scientifique

Il

ni des recherches approfondies sur les devoirs. me semble qu'il est inutile de recourir des

du devoir. Ces avertissements sont plus forts mesure que la raison grandit en nous, plus forts encore quand elle se dveloppe davantage. Tout ce qui est hors de nous nous en avertit galement, parce que tout est rgi par une loi harmonique et ternelle tout est des:

raisonnements ingnieux pour prouver qu'on doit tre honnte et religieux. Celui qui, dans sa conscience, ne sait pas trouver ces preuves, ne les trouvera jamais dans un livre. Dans celui-ci, je me contente d'numrer les devoirs que l'homme rencontre dans la vie ; je l'invite les tudier avec attention et les remplir avec une gnreuse constance. J'ai vit avec soin toute emphase de pense et de langage. Le sujet m'a paru exiger la plus grande simplicit. Jeunesse italienne, c'est toi que j'offre ce petit volume ; je dsire vivement qu'il t'anime la vertu et contribue ton bonheur.

tin manifester la sagesse et accomplir la volont de celui qui est le principe et la fin de toute chose. L'homme aussi a sa destination, sa nature ; il faut qu'il soit ce qu'il doit tre, sous peine de perdre l'estime des autres , sa propre es-

CHAPITRE PREMIER.
Importance
et

prix du devoir.

L'ide du devoir poursuit toujours l'homme, ne peut mconnatre son importance. Le devoir est invinciblement attach notre tre aussitt que nous commenons faire usage de la raison, la conscience nous avertit
il
;

(i) Silvio Pellico tant encore vivant, nous nous abstenons, suivant la loi que nous nous sommes impose, de donner ici sa biographie.

time et son bonheur. Sa nature est de dsirer la flicit, de comprendre et de montrer qu'il ne peut y parvenir qu'en pratiquant la vertu, c'est--dire en faisant ce qu'exige son bonheur, d'accord avec le systme de l'univers et les vues de Dieu. Si, quand la passion parle notre cur, nous sommes tents de voir notre bien dans ce qui est nuisible celui des autres, contraire l'ordre gnral, nous ne pouvons pourtant nous en convaincre; la conscience nous crie que nous sommes dans l'erreur, el lorsque la passion est teinte, nous avons horreur de tout ce qui est contraire et l'ordre et au bien des autres. Pour tre heureux il nous est si ncessaire d'accomplir nos devoirs, que mme les douleurs et la mort, dont les coups nous atteignent, ce semble, de la manire la plus immdiate, se changent en volupt pour l'homme

291

DEMOiNST RATION EVANGELIQUE


et

SILVIO PELLICO."

292

gnreux qui souffre

tion d'tre utile son prochain

meurt dans l'intenou de se conformer aux dcrets adorables du Tout-Puis-

sant.

On dfinit en mme temps le devoir et le bonheur en disant que l'homme est dans l'obligation d'tre ce qu'il doilftre.. La religion exprime celte vrit d'une manire sublime,
en enseignant qu'il est fait l'image de Dieu. L'homme remplit son devoir, il est heureux lorsqu'il est celte image, lorsqu'il ne veut pas tre autre chose, lorsqu'il veut tre bon, parce que Dieu est bon, parce que Dieu lui a ordonn de s'lever toutes les vertus et de ne former qu'un avec lui.

l'me de l'nergie; on l'nerv en languissant dans le doute. Forme la rsolution , non-seulement de croire tous les principes levs, mais encore d'tre toi-mme l'expression de la vrit dans toutes tes paroles et dans toutes tes
actions.

La conscience de l'homme n'a de repos que dans la vrit. Le menteur, mme lorsque son mensonge reste cach, porte en lui-mme son chtiment; il sent qu'il se dgrade en
trahissant un devoir.

CHAPITRE
Amour
L'amour del

H.

de la vrit.

Pour ne pas tomber dans le mensonge, il moyen que de se faire une loi de ne jamais mentir. Si l'on fait une seule exception cette rgle, il n'y aura pas de raisons pour n'en pas faire deux, pour n'en pas faire cinquante, pour n'en pas faire l'infini. Cela est si vrai que peu peu tant d'hommes deviennent horriblement enclins la
n'y a pas d'antre
feinte,

vrit, la foi

dans

la vrit,

voil le premier de nos devoirs. La vrit est Dieu. Aimer Dieu et la vrit, ce n'est qu'une seule chose. Cherch, mon ami, acqurir la force d'aimer la vrit , de ne pas le laisser sduire par la fausse loquence de ces sophistes mlancoliques et violents qui cherchent dcourager en jetant des doutes sur toute chose. Quand la raison s'puise combattre la vrit, la dcrditer, soutenir de basses hypothses, elle devient inutile et nuisible; elle le devient encore lorsqu'elle tire de fausses consquences des maux dont la vie est seme, et nie que l'existence soit un bien ; lorsqu'elle ne veut pas reconnatre dans l'univers un ordre gnral, et se contente d'numrer quelques dsordres qui semblent y apparatre ; lorsqu'elle refuse de croire l'existence d'un moi immatriel et immortel, pour ne voir que la nature palpable et mortelle des corps; lorsqu'elle traite de songes toute distinction entre le vice et la vertu-, lorsqu'elle considre l'homme comme une brute, sans vouloir y reconnatre rien de divin. A quoi servirait la philosophie, si l'homme et la nature taient si dignes de mpris et de haine? 11 faudrait nous tuer, la raison ne nous conseillerait pas autre chose. Puisque la conscience nous ordonne tous de vivre (l'exception de quelques esprits malades ne prouvant rien), puisque nous vivons pour dsirer le bien, puisque nous comprenons que le bien pour l'homme consiste,
,

l'exagration, la calomnie. Les poques o il y a le plus de corruption

sont celles o le mensonge est le plus frquent. Alors nat la dfiance de chacun envers ious, la dfiance entre le pre et les enfants ;
les

alors on voit se multiplier les protestations, serments et les parjures ; alors dans la diversit des opinions politiques, religieuses

ou simplement littraires, on remarque une propension supposer des faits et des intentions dfavorables au parti contraire; alors on se persuade que tous les moyens sont permis pour dnigrer ses adversaires; alors on se consume chercher des tmoignages contre les autres, et lorsqu'on en a trouv dont la frivolit et la fausset sont videntes, on s'obstine les soutenir, les amplifier,
feindre de les croire irrcusables. Ceux qui ne sont pas simples de cur, ne voient que duplicit dans le cur des autres. Ils prtent une mauvaise intention toutes les paroles de celui qui leur dplat; lorsqu'ils le voient prier ou faire l'aumne, ils remercient Dieu de ne les avoir pas faits hypocrites comme
lui.

Quoique n dans un sicle de mensonge et de dfiance, fuis galement. ces deux vices; crois gnreusement la vracit d'aulrui, et si l'on refuse de croire la tienne, ne t'en fche pas contente-toi de savoir qu'elle
,

brille

Aux regards

pntrants de celui qui voit tout.

CHAPITRE
Religion.

III.

se confondre avec les vers de la terre, mais devenir vertueux, s'lever vers son Crateur, il est clair que le vritable emploi de la raison est de donner l'homme une haute ide de la dignit laquelle il peut s'lever et de l'exciter la cons'avilir et

non

qurir. Cette vrit reconnue, chassons loin de nous le scepticisme, le cynisme, tontes les philosophies dgradantes; faisons-nous une obligation de croire ce qui est vrai, ce qui est beau, ce qui est bon. Pour croire il faut le vouloir, il faut aimer ardemment la
vrit.
11

Puisque l'homme, comme nous l'avons tabli, est suprieur la brute, puisqu'il porte en lui quelque chose de divin, nous devons avoir une haute estime pour tous les sentiments qui contribuent l'ennoblir; et comme
il

est vident

c'est d'aspirer,

fection,

que ce qui l'ennoblit le plus, malgr ses misres la perau bonheur, Dieu nous sommes
, ,

forcs reconnatre l'excellence de la religion, nous devons la pratiquer.


Si
les

hypocrites sont nombreux,

si

des

railleurs osent te traiter d'hypocrite, parce que

n'y

a que cet amour qui puisse donner

tu seras religieux, ne te laisse pas pour cela


-

293

DEVOIRS DES HOMMES.


dans
le

294

dcourager. Sans la force d'me on n'acquiert aucune vertu , on n'accomplit aucun devoir important; la pit elle-mme ne peut rgner dans un cur pusillanime. En qualit de chrtien tu te vois associ

monde, on en compte quelques-uns

d'irrligieux et un assez grand nombre qui professrent des erreurs ou tombrent dans des inconsquences relativement la foi. Mais quel en a l le rsultat? Us ont beaucoup

un grand nombre d'esprits vulgaires, peu capables de comprendre les liautes vrits
la religion, cela ne doit nullement t'effrayer, parce que le vulgaire peut et doit tre religieux, il est faux que la religion soit chose vulgaire. L'ignorant aussi doit tre honnte, sera-ce une raison pour que l'homme instruit rougisse de l'tre ? Tes ludes et ta raison t'ont amen reconnatre que la religion chrtienne est la plus pure , qu'il n'en est aucune plus vraie , plus clatante de saintet, o le caractre divin brille d'une manire plus manifeste. Il n'est aucune religion qui ait autant contri-

de

parl et contre le christianisme en gnral et contre le catholicisme, et ils n'ont pu prouver ce qu'ils avanaient; et les plus renomms d'entre eux n'ont pu s'empcher, dans tels ou tels de leurs crits , de reconnatre la sagesse de cette religion qu'ils [abhorraient ou qu'ils observaient si mal. Les citations suivantes, quoiqu'elles n'aient pas le mrite de la nouveaut n'en sont pas moins importantes , et je crois qu'il est bon de les rappeler ici. Jean-Jacques Rousseau a crit dans son Emile ces paroles remarquables

J'avoue que la majest des Ecritures m'tonne la saintet de l'Evangile parle


;

bu rpandre et augmenter la civilisalion, abolir ou adoucir l'esclavage, faire comprendre tous leur fraternit devant Dieu et avec Dieu lui-mme. Pense srieusement tout ceci et parti,

cur... Voyez les livres des philosoplies avec toute leur pompe ; qu'ils sont petits auprs de celui-l Esl-il possible
I

mon

culirement la solidit des preuves historiques de la religion elles peuvent rsister


;

tout

examen

dsintress.

de misrables sophismes ne l'empchent pas de reconnatre la vrit de ces preuves, ne perds pas en les examinant le souvenir de celte foule d'hommes suprieurs qui les reconnurent comme invincibles, commencer par quelques penseurs puissants de notre sicle et en remontant jusqu' Dante, jusqu' saint Augustin en remontant enfin jusqu'aux premiers sicles de l'Eglise. Chaque nation t'offre des noms illustres auxquels aucun incrdule n'ose refuser son
,

Pour que

la fois si sublime et si simple soit l'uvre des hommes? Est-il possible que celui dont il raconte l'histoire ne soit qu'un homme? Les faits de Sociale, dont personne ne doute, sont beaucoup moins prouvs que ceux de Jsus-Christ. D'aillivre
, ;

qu'un

leurs ce serait reculer la difficult et non dtruire car il serait plus inconcevable que plusieurs hommes eussent t d'accord pour crire ce livre qu'il ne l'est qu'un seul en ait fourni le sujet... Et l'Evangile a des caractres de vrit si grands, si frap pants, si parfaitement inimitables que l'inventeur en serait plus tonnant que le hros.
la
,

Le mme Rousseau dit encore Fuyez les hommes qui, sous prtexte
:

respect.

si

vant dans l'cole empirique, bien loin d'tre incrdule tomme ses plus chauds pangyristes, se fit toujours
gloire d'tre chrtien.

Le clbre Bacon

d'expliquer la nature, rpandent dans les curs des doctrines dsolantes... Renversant, dtruisant, foulant

Quoique Grotius soit tomb dans l'erreur sur bien des points, il tait cependant chrtien, et il a crit un trait sur la vrit de la
religion.

Leibnilz fut un des plus ardents dfenseurs du christianisme. Newton n'a pas trouv indigne de lui d'crire un trait sur l'accord
des Evangiles. Voila, notre illustre compatriote, tait un physicien de premier ordre un homme d'une science vaste, et cependant il fut toute sa vie un excellent catholique. Ces mes leves, citant d'autres suffisent bien ce me semble pour prouver que le christianisme s'accorde parfaitement avec le bon sens, ce sens dont les connaissances et les recherches s'tendent toutes les questions qui ne se restreint pas, qui considre les choses sous toutes leurs faces, qui ne se laisse cor, ,

aux pieds tout ce respectent, ils tenl aux affligs la dernire consolation de leur misre, aux puissants et aux riches le seul frein de leurs passions; ils arrachent du fond des curs le remords du crime, l'es prance de la vertu, et se vantent encore d'tre les bienfaiteurs du genre hu

que

les

hommes

te

main. Jamais, rptent-ils,


,

la vrit n'est

nuisible

aux hommes. Je le crois aussi; et, mon avis c'est une preuve que ce qu'ils

rompre
gion.

ni

par

la

moquerie, ni par
IV.
fait

l'irrli-

CHAPITRE
Parmi
les

Quelques citations. hommes qui se sont

un nom

enseignent, n'est pas la vrit. Bien qu'il ne soit pas lui-mme irrprochable en fait de religion , Montesquieu s'indignait contre ceux qui attribuent au christianisme des crimes qu'il n'a pas commis. Bayle, dit-il, aprs avoir prodigu des insultes toutes les religions, cherche a vilir la religion chrtienne; il ose avancer que de vritables chrtiens ne formeraient pas un Etat qui pt subsister. Et pourquoi donc? ils seraient des citoyens connaissant parfailemeiil leurs devoirs, et pleins de zle pour les accomplir. Us comprendraient (rosbienles droits del dfense naturelle; plus croiraient devoir la religion plus ils e< ils croiraientdcvoirla patrie.... Chose ad
te

te

ee

ee

295

DEMONSTRATION EVANGEL1QUE. SILVIO PELLICO.

23C

chrtienne, qui parat n'avoir pour objet que le bonheur de l'au-

mirable!

La religion

tre vie, fait encore la flicit dans celle-ci. [Esprit des lois liv. III, chap. 6.) El plus loin On raisonne mal contre la religion, lors que dans un grand ouvrage on fait l'nu mration des maux qu'elle a causs sans faire celle des biens qu'elle a procurs ... Celui qui voudrait raconter tous les maux qu'ont produit dans le monde les lois civi les, la monarchie et le gouvernement rpu blicain dirait des choses effrayantes.... Que l'on se rappelle les massacres conti nuels des rois et des gnraux grecs et ro mains, le grand nombre de peuples et de villes qu'ils dtruisirent, les violences de
, :
,

battent en faveur du christianisme, et de notre Eglise en particulier, l'excitent rpter les paroles suivantes, dire rsolument : Je ne veux pas me laisser surprendre par tous ces arguments spcieux et si peu concluants, avec lesquels on attaque ma religion. Je vois qu'il n'est pas vrai qu'elle

s'oppose aux lumires; je comprends qu'ils sont dans l'erreur, ceuxqui soutiennent que
la religion tait bonne aux sicles barbares et qu'elle ne l'est plus prsent; car aprs avoir suffi la civilisation asiatique, la

civilisation grecque, la civilisation

romai-

divers du moyen tous les peuples , elle a suffi encore qui depuis le moyen ge se sont crs une
civilisation nouvelle, et aujourd'hui
elle suffit

ne, ge

et

aux gouvernements

TimuretGengis-Kan,dvastateursdel'Asie,
verra que
le

et l'on natre

christianisme a

fait

gouvernement un certain droit politique, et dans la guerre un certain droit des gens bienfaits pour lesquels la nature humaine ne saurait tre assez redans
le
,

prieur el ser en lvation.

encore des intelligences d'un ordre suqu'il serait impossible de surpas-

connaissante. (Ibid., liv. XXIV, chap. Set 3.) Le grand Byron, ce gnie prodigieux, qui malheureusement s'habitua prodiguer son encens tantt la vertu et tantt au vice tantt la vrit et tantt l'erreur, mais qui, pourtant avait une soif ardente de la vrit et de la vertu, tmoigna qu'il ne pouvait s'ompcher de vnrer la doctrine catholique. Il voulut que sa fille fut leve dans les principes de l'Eglise romaine et l'on connat la lettre o, parlant de cette rsolution, i' dit qu'il s'y est arrt, parce qu'en aucune Eglise il ne voyait une si grande lumire de vrit, que dans la catholique. L'ami de Byron, le plus grand poteque possde l'Angleterre depuis sa mort, Thomas Moore, aprs avoir t longtemps incertain de la religion qu'il devait choisir, fit sur le christianisme des ludes approfondies et se convainquit qu'on ne pouvait lre chrtien sans tre catholique il a et bon logicien crit l'histoire des recherches qu'il a faites et l'irrsistible conclusion laquelle elles l'ont
, ; , ;

premiers hrsiarques jusqu' jus, qu'aux saint-simoniens de nos jours , je le vois, tous les ennemis de la religion se sont flatts en vain d'enseigner des vrits meilleures. Quelle doit donc tre ma conclusion?
les

Depuis

l'cole de Voltaire et de ses partisans

forc d'arriver. Salut, s'crie-t-il, salut, Eglise une et vrilable Tues l'unique chemin de la vie et la seule dont les tabernacles ne connais sent pas la confusion des langues Que mon me repose l'ombre de tes saints mystres; loin de moi l'impit qui insulte leur obscurit, et la foi imprudente qui voudrait en sonder l'abme. On peut ap pliquer l'un et l'autre ces paroles de saint Augustin : Raisonne , moi j'admire; dispute, moi je veux croire je vois la hau leur, quoique je ne puisse atteindre aux limites de la profondeur. (Voyages d'un Irlandais la recherche d'une religion, Tho<

Tant que je me ferai gloire d'attaquer la barbarie et de favoriser les lumires, je me ferai gloire aussi d'lre catholique, en plaignant ceux qui me tournent en drision et affectent de me mettre au nombre des superstitieux et des pharisiens. Aprs avoir fait une telle protestation, sois ferme et consquent. Honore la religion autant que tu le pourras et par les sentiments de ton cur, et de toute la force de ton esprit ne crains pas de la professer parmi les croyants aussi bien que parmi les incrdules. Ce n'est pas en observant froidement et matriellement les pratiques du culte que tu dois la professer; il faut joindre de nobles penses l'observance de ces pratiques; admirer la sublimit des mystres sans chercher orgueilleusement les expliquer; te pntrer des vertus dont ils sont la source, el n'oublier jamais qu'adorer seulement par la prire n'est rien, si le but de toutes nos actions n'est pas d'adorer Dieu. La beaut et la vrit de la religion catholique brillent aux yeux de quelques hommes ils sentent qu'aucune philosophie n'est plus philosophique, plus oppose l'injustice, plus amie du bonheur de l'homme que cette divine religion et cependant ils se laissent tristement aller au courant, ils vivent comme si le christianisme ne convenait qu'au peuple, et non
; ; , ;

aux

esprits cultivs.
et le

Ceux-l,

nombre en est grand, sont

plu

mas Moore.)

CHAPITRE
Que
de faire

V.

condamnables que les vritables incrdules. J'ai t de ceux-l et je sais combien il faut faire d'efforts pour sortir de cet tat. Si ja mais tu y tombes, tente-les ces efforts. Lorsqu'il s'agira de confesser un noble sentiment, sache mpriser les sarcasmes du monde; le
plus noble des sentiments est l'amour de Dieu. S'il t'arrive d'abandonner les fausses doctrines ou l'indiffrence, pour professer sincrement la foi catholique, garde-toi biea d'une ridicule dvotion et des scrupules pu-

Rsolution prendre sur la religion.


les

et les

considrations que nous venons preuves sans nombre qui com-

S97
sillaniraes
;

DEVOIRS DES HOMMES.


fort et patient

S98

ce serait donner aux incrdules spectacle. Sois humble devant Dieu et devant les hommes mais n'oublie jamais ta dignit d'homme n'abandonne pas la saine raison. Celle qui va jusqu' l'orcontraire tueil et jusqu' la haine, est seule l'Evangile.

un scandaleux

au plus modle est l'homme haut degr, l'ennemi irrconciliable de l'oppression et de l'hypocrisie le philanthrope qui pardonne tout l'exception de la perversit qui ne veut pas se repentir; celui qui peut se venger et ne le veut pas; celui et qui ne qui s'est fait le pre des pauvres
,
,

CHAPITRE VI
Philanthropie ou charit.
seule fait sentir l'homme de son devoir de nourrir dans son cur une philanthropie sans bornes, une

condamne pas

les riches,

pourvu

qu'ils

con-

La

religion

qu'il est

charit ardente. Le mot charit est admirable, celui de philanthropie est saint, quoique bien des sophistes en aient abus. L'Aptre s'en est servi pour exprimer l'amour

de l'humanit et il l'a appliqu cet amour de l'humanit qui est en Dieu lui-mme. On chap. 3 xt $k h xp-nlit dans l'Eptre Titus
, ,

(Quand parut la bont et la philanthropie du Sauveur notre Dieu). Le Tout-Puissant aime tous les hommes et il ordonne que chacun de nous les aime. Comme nous l'avons dj dit, nous ne pouvons tre bons contents de nous nous ne pouvons nous estimer qu'en imitant le gnreux amour de ce divin modle; qu'en dsirant de voir nos semblables, vertueux et heureux qu'en leur faisant du bien autant
, , ,

qu'il est en notre pouvoir.

Toute

la

vertu de l'homme est pour ainsi

dire renferme dans cet amour ; il fait mme partie essentielle de l'amour que nous devons Dieu ; plusieurs passages sublimes des livres saints et particulirement celui que nous allons citer en sont une preuve Le roi dira ceux qui seront sa droite :
:

sidrent aussi Les pauvres comme leurs frres; celui qui ne juge pas les hommes selon leur degr de science ou de prosprit, mais d'aprs les sentiments de leurs curs e,l leurs actions bonnes ou mauvaises ; celui-l est l'unique philosophe sans tache l'entire manifestation de Dieu en un tre de notre espce ; c'est l'HGmme-Dieu. Quelle vnration n'prouvera- t-il pas pour l'humanit celui qui aura prsent l'esprit un aussi digne modle ? L'amour est toujours proportionn l'estime. Pour aimer beaucoup l'humanit il faut l'estimer beaucoup. Au contraire celui qui se fait de l'homme une ide peu leve troite et incertaine ; celui qui aime considrer le genre humain comme un troupeau de btes stupides et ruses, nes pour satisfaire leurs apptits, se reproduire, s'agiter et redevenir puussire qui n'aperoit rien de grand dans des sciences , les progrs de la civilisation des arts; rien dans la recherche de la justice, rien dans cette tendance qui nous porte vers ce qui est beau , ce qui est bon ce qui est divin; ah quelle raison aura-t-il cet homme, de respecter sincrement son semblable, de l'entraner avec lui dans les sentiers de la vertu, de s'immoler son bonheur? Pour aimer l'humanit, il ne faut pas se laisser scandaliser la vue de ses faiblesses et de ses vices.
, , , , ; , ,
1

bnis de mon Pre venez pren dre possession du royaume qui vous est prpar depuis le commencementdu monde. J'ai eu faim et vous m'avez donn man ger; j'ai eu soif, et vous m'avez donn boire ; j'ai t comme un tranger sans sans vte asyle et vous m'avez accueilli malade et ments et vous m'avez couvert prisonnier et vous tes vous m'avez visit venus vers moi. Alors les justes lui rpouSeigneur quand est-ce que nous dront quand vous avons vu souffrir de la faim est-eequenous vous avons rassasi?Quand aviez-vous soif, quand est-ce que nous vous avons donn boire? Quand tiezquand sans vtements vous sans asyle vous avons-nous recueilli et recouvert ? Quand liez-vous malade ou prisonnier et quand sommes-nous venus vers vous? Je vous le dis, en Et le roi leur rpondra vrit, toutes les fois que vous avez fait quelque ces choses pour un de mes frres petit qu'il ft c'est moi que vous l'avez

Venez

rante

Lorsque nous voyons l'humanit ignopensons cette haute facult de l'homme qui lui donne le pouvoir d'chapper cette ignorance profonde au moyen pensons la haute fade son intelligence cult qu'a l'homme de pouvoir mme au milieu des tnbres et de l'ignorance pratiquer les vertus sociales les plus sublimes, le courage la compassion la reconnais, , ;

sance, la justice. Aprs tout, ceux qui ne veulent pas s'clairer, qui refusent de pratiquer la vertu nf> sont que des individus, ils ne forment pas l'humanit tout entire. Dieu seul sait jusqu' quel point on peut les excuser; il nous suffit de savoir qu'il no sera demand compte chacun que de la somme qu'il aura reue.

CHAPITRE VIL
Estime de V homme K
Considrons dans l'humanit ceux qui par un tmoignage de sa grandeur morale, et nous offrent un modle que nous devons cherchera imiter. Nous ne pour rons les galer en renomme, mais ce n'est
leurs actes sont

fait.

Formons-nous dans notre esprit un type de l'homme tel qu'il doit tre, et cherchons lui ressembler. Mais que dis-je ? ce type
1

notre religion nous le donne; et comme il est parfait Celui qu'elle nous propose pour

pas l ce qui importe. Nous pouvons toujours les galer en mrite rel, c'est-dire pratiquer comme eux la vertu, lorsque nous ne sommes pas des tres stupides oU
(Dix.)

Oemomst. Evang. XIV.

L.;:i

DEMONSTRATION EVANGELIQIE. SILVIO PELLICO.


d'intelli-

500

incomplets, lorsque notre vie, doue gence s'tend au del de l'enfance. Lorsqu'on voyant de nos yeux ou en lisant dans l'histoire des faits qui tournent la honte de L'humanit nous serions tents de la mpriser, rappelons-nous ces hommes vnrables qui brillent aussi dans histoire. L'iI

norent, par leur esprit et leurs bonnes actions, le nom d'homme, leur fraternit avec tous les curs gnreux, rptons-le, leur
fraternit avec Dieu 1 Ce n'est pas se faire illusion que de rappeler l'excellence et le grand nombre de bons, ce n'est pas considrer l'humanit uniquement par son beau ct et nier que les insenss et les pervers soient nombreux. Je sais fort bien qu'il y a un grand nombre d'insenss, mais voici ce qu'il importe de faire connatre l'homme peut se rendre admirable par son gnie. 11 peut viter le mal, il peut mme en tout temps, quels que soient sa fortune et le dveloppement de son esprit , s'lever la pratique des plus hautes vertus ces tiil mrite l'estime de toute crature intres
: : ,

tascible mai gnreux Byron me disait qu'il n'avait trouv d'autre moyen pour se dfendre de la misanthropie. Le premier grand

homme, disait-il, dontjeme souvienncalors,


:

Mose qui relve un toujours Mose peuple avili; qui le dlivre de la honte de qui lui dicte l'idoltrie et de l'esclavage une loi pleine de sagesse, admirable lien entre la religion des patriarches et l'Evan gile, qui est la religion <!*> temps civiliss. La providence s'est servit; des vertus et des institutions de Mose pour produire dans ce peuple des hommes d'Etat remarquables,
est
;

telligent e.

des guerriers illustres, des citoyens gnreu\, de saints zlateurs de la justice, ap pels prophtiser la chute des orgueilleux et des hypocrites, et la future civilisation de tous les peuples.

En payant l'homme le juste tribut d'estime auquel il a droit; en considrant le besoin qu'il prouve de se rapprocher de la perfection indfinie; en le voyant appartenir au monde immortel des ides plutt qu' ce peu de jours durant lesquels, semblable aux plantes et aux btes, il apparat sur la terre,
soumis aux lois du monde matriel; en voyant qu'au moins il peul s'lever au-desr sus de ce vil troupeau de btes et leur dire Je suis plus grand que vous, que tout ce qui m'environne sur celte terre; nous sentirons redoubler notre sympathie pour lui. En pensant la noblesse de cet tre, nous aurons une plus grande piti de ses misres et de ses erreurs. Nous verrons avec peine le roi des cratures tomber dans l'avilissement; nous chercherons tantt cacher religieuse:

et

souvenir de quelques grands hommes surtout de mon Mose, ajoutait Byron, je rpte avec enthousiasme ce vers sublime

Au

du Dante
Comme en

les contcm|ilaat

mon cur en moi

s'exalte!

et alors je

reprends bonne opinion de celte

chair d'Adarn et des esprits qu'elle porte. Ces paroles du grand pote restrent. imprimes dans mon me d'une manire ineffaable et j'avoue que plus d'une fois je me suis bien trouv d'avoir fait comme lui, lorsque j'tais assailli par l'horrible tentation de la
,

ment ses fautes, tantt lui tendre la main pour l'aider sortir de la fange, pour le reil lait tomb. Chaverrons jaloux de sa dignit, invincible la douleur et aux outrages, triompher des preuves les plus cruelles, et par la force de sa volont se rapprocher de son divin modle , nous sentirons nos curs s'ouvrir la joie.

misanthropie. Les grands


vivants

hommes morts ou

mettre sur

le

trne d'o
le

suffisent pour donner un dmenti formel celui qui a une ide basse de la nature. L'antiquit la plus recule, l'antiquit

que

fois

que nous

romaine,

la barbarie du moyen ge, les sicles clairs de la civilisation moderne, n'offrent-ils pas un grand nombre de ces hommes illustres? L les martyrs de la vrit; ailleurs ici les bienfaiteurs des malheureux
;

CHAPITRE
Amour
Ils

VIII.

les Pres de l'Eglise,

dont la haute philosophie et l'ardente charit sont admirables; partout des guerriers valeureux des gnreux dfenseurs de la justice, des propagateurs des lumires, des poles, des savants et des artistes pleins de sagesse. L'loignemenl des temps, les riches destines de ces personnages, ne doivent pas nous faire croire qu'ils sont d'une autre espce que l'origine ce n'taient pas la ntre. Non plus des demi-dieux que nous; ils taient (ils de la femme, ils souffrirent la douleur et pleurrent comme nous; ils eurent comme nous luttercontre leurs mauvais penchants, rougir quelquefois d'eux-mmes, se faire violence pour se vaincre. Les annales des nations et les autres monuments qui nous restent ne nous rappellent qu'un bien petit nombre de ces grands hommes qui vcurent sur la terre. Ne voiton pas encore tous les jours des milliers de ceux, qui sans jouir d'aucune clbrit, ho, :
,

de la Patrie.

sont nobles tous les sentiments qui excitent les hommes la vertu et resserrent les liens qui les unissent. Le cynique si fcond ensophismes contre tout lan noble et gnreux, pour dprcier l'amour de la patrie, prodigue des loges la philanthropie. 11 rpte sans cesse: Ma patrie c'est le monde; je ne dois nullement prfrer le petit coin o j'ai reu le jour, puisqu'il ne vaut pas plus que tant d'autres contres
,

l'on est tout aussi bien,

souventmieux;

l'amour de la patrie n'est qu'une espce d'gosme commun une petite runion qui s'en autorisent pour d d'hommes tester le reste du genre humain. Ami, ne deviens pas le jouet d'une aussi basse philosophie; elle avilit l'homme, nie ses vertus; elle appelle illusion, ignorance

ou

perversit, tout ce qui tend l'lever.

Il

est bien facile,

mais en mme temps bien mprisable d'amasser de belles paroles pour

501

DEVOIRS DES HOMMES.


sacrifices n'est pas

502

condamna toute tendance vers le bien, tout ce qui est utile la socit. Le cynisme retient l'homme dans la fange, la vraie philosophie est celie qui cherche l'en tirer; elle est religieuse et rend honneur l'amour de la patrie. Certainement nous pouvons dire aussi du monde entier qu'il est noire patrie: tous les peuples font partie d'une grande famille, trop nombreuse pour pouvoir tre gouverne par
seul chef, quoique Dieu en soit le souverain matre. C'est montrer de la bienveillance pour l'humanit en gnral que de considrer toutes les cratures de notre espce comme aumais tant de membres d'une seule famille cette considration n'en dtruit pas d'autres qui ne manquent pas de justesse. divise en 11 est de fait que l'humanit se une runion d'hommes diffrentes nations soumis aux professant la mme religion

pour le bonheur d'une pairie qui une nation et supple l'absence d'une langue commune. Considrez l'Italie ou l'Allemagne, 'lies offrent un autre spectacle ce sont des hommes soumis des lois diffrentes et devenus par cette raison des
:

peuples diffrents
faire la guerre,

forcs
ils

mais

quelquefois se patient tous ou du


;

un

mmes

mme
geant
les

ayant langage la
lois,
,

les

mmes murs,
origine
,

le

mme
,

parta-

gloire , les mmes malheurs, tous ces lments esprances enfin ou seulement la plupart de ces lments qui les unissent, dans une sympathie commune, forment une nation ; donner d'gosme cette sympathie le nom cette communaut d'intrts entre les. memce serait comme si la bres d'une nation rage de critiquer voulait avilir l'amour paternel et l'amour filial, en les dpeignant comme une conspiration entre chaque pre et ses enfants. N'oublions jamais que la vrit a plusieurs faces , qu'on doit cultiver tous les sentiments vertueux sans en excepter aucun. Mais il en est qui en devenant exclusif pourrait devenir nuisible? qu'il ne soit pas exclusif et il ne sera pas nuisible. L'amour de l'humanit est mais il ne doit pas sans doute trs-beau exclure l'amour du pays natal ; cet amour est excellent, mais il ne doit pas dtruire l'amour de l'humanit. Honte l'me vile qui n'applaudit pas tontes les formes tous les motifs sur que peut prendre lesquels peut se fonder, parmi les hommes cet instinct sacr qui les porte vivre en frres , s'honorer les uns les autres s'entr'aider et se tmoigner de la bienla

mme

mmes

les crivent tous la mme langue reoivent leurs hommages, la mme littrature fait leur gloire; leurs gots prouvent ils sonl peu prs semblables tous le besoin de s'aimer, de se traiter avec indulgence, de se protger entr'eux; ces motifs les portent se traiter avec plus de bienveillance et user de meilleurs procds les uns envers, les autres. L'amour de la patrie est toujours un sentiment noble, que le pays qu'il embrasse soit vaste ou qu'il ne forme qu'une petite contre. Il n'y a pas de raction d'un peuple qui n'ait ses gloires elle, des princes auxquels elle doit une puissance relative plus ou moins grande, des faits historiques dignes d'tre rappels, de bonnes institutions, des villes importantes, quelques traits distinctifs dans son caractre qui lui fassent honneur , des hommes remarquables par leur courage, habiles dans la politique , les arts et les sciences. C'est pour cela que chacun croit avoir des motifs pour aimer particulirement la province, la ville, le village o il a reu le jour, line faut pas que l'amour de la patrie, que le cercle de ses prdilections

moins

ils

mmes aeux

soit

tendu ou restreint, nous rende sottement fiers d'tre ns dans tel ou tel lieu et nous inspire des sentiments de haine contre
contre
les

les autres villes,

autres provinces

et les autres nations. Un patriotisme qui n'est pas libral , un patriotisme hautain et envieux , loin d'tre une vertu , est un

vice.

CHAPITRE
Le vrai
Notre
lev
,

IX.

patriote.

si

amour pour la patrie sera vraiment nous commenons par lui donner

veillance.

Deux voyageurs europens se rencontrent dans une autre partie du globe; l'un est n Turin et l'autre Londres. Ils sont europens, et cette communaut de nom suffit pour tablir entr'eux une sorte de lien d'amiti, je dirai presque une sorte de patriotisme, et par suite ils s'empressent de se rendre mutuellement service. Ailleurs, voici quelques personnes qui se comprennent difficilement ; elles ne parlent pas habituellement la mme langue. Vous ne croiriez pas qu'il puisse
y avoir enlr'elies

en nous des citoyens dont elle n'ait pas rougir, dont au contraire elle puisse se faire gloire. On ne peut aimer la patrie et en mme temps tourner en ridicule la religion et les bonnes murs; pas plus qu'on ne pourrait prtendre aimer et estimer une femme sans pourtant se croire oblig de lui tre
fidle.

l'homme
la

ne faut pas ajouter foi aux paroles de qui, aprs avoir jet l'insulte aux autels, la foi conjugale, la dcence et
Il

probit, s'crie: Patrie


,

patrie
c'est

hypocrite de patriotisme
citoyen. II n'y a de

C'est un un mauvais
1

bon patriote que l'homme vertueux qui comprend et aime ses devoirs, qui
s'applique les accomplir.

un patriotisme commun.

Vous

dans l'erreur, ce sont des Suisses; L'un est d'un canton italien, l'autre d'un canton franais, un autre d'un canton allemand. L'identit du lien politique qui les protge fait qu'ils s'aiment, qu'ils font de gnreux
tes

On ne le voit jamais mler sa voix celle des flatteurs des puissants celle des contempteurs de toute autorit la bassesse et le manque de respect sont galement des excs.
, , ;

SOS
S'il

DEMONSTRATION VANGLIQUE. S1LVIO PELLICO. donne autant de perfection occupe un emploi militaire ou civil,
en avoir.

304
qu'elles

peuvent

son but ne doit pas tre de s'enrichir, mais il doit agir pour l'honneur et la prosprit

On manque
,

de raison, on tombe dans une

du prince
S'il

et

du peuple.

il doit galement pour l'honneur et la prospet du peuple et loin de s'y opposer, chercher y contribuer de tout son pouvoir Ii sait que dans toutes les socits il y a des abus; il dsire les voir diminuer, mais il dteste la fureur de ceux qui voudraient les corriger par la spoliation et les vengeances car ce sont l les abus les sanguinaires

vit

loin des affaires,

faire des vux rit du prince

faute lorsque, attendant pour se montrer dlicat observateur des gards sociaux, qu'on ail quitt la maison , on manque aux gards et aux attentions dues ses parents. Les
belles

manires ne s'apprennent que par une


,

tude continuelle
,

et

cette tude doit

com-

mencer au sein de la famille. Quel mal dira-t-on y a-t-il


,

se

mon-

trer libre

plus terribles et les plus funestes. Jamais il n'appelle les discordes civiles

il

avec ses parents ? ils savent bien que leurs enfants les aiment; il est inutile d'exiger de ceux-ci une affterie de grces extrieures , il est inutile de les forcer dissimuler et leurs ennuis et leurs petites
colres.

fomente pas par ses exemples et ses paroles il prche la modration aux exalts il conseille l'indulgence et la paix. Il ne que lorsque la pacesse d*tre un agneau trie en danger l'appelle sa dfense. Alors vaincre il sait combattre il devient un lion ou mourir. CHAPITRE X.

ne

les

Toi qui veux t'lever au-dessus du vulgaire, ne raisonne pas ainsi. Si agir avec libert veut dire tre grossier, ce n'est plus que de la grossiret ; et il n'est pas de parent assez intime pour la justifier. Elle est pusillanime, l'me qui n'a pas le courage de faire dans la maison paternelle ce qu'elle fait au dehors pour tre agrable aux autres pour acqurir de nouvelles vertus pour rendre honneur l'homme en
, , ,

Amour
La
ta famille

filial.

carrire de tes actions commence dans la maison de ton pre est ton ; premier gymnase de vertus. Que dire de ceux qui ont la prtention d'aimer la patrie , qui

lui-mme, pour honorer Dieu dans l'homme. Ce n'est que pendant le sommeil qu'on doit se reposer de la noble fatigue d'tre bon,
affable et dlicat.

vantent leur hrosme, et manquent, un devoir aussi .lev que celui de la pit filiale? L'amour de la patrie, le plus petit germe d'hrosme, ne peuvent trouver place dans un cur o rgne la noire ingratitude. Aussitt que l'intelligence de l'enfant s'ouvre l'ide du devoir, la nature lui crie:Aime tes parents. Cet instinct de l'amour filial est si puissant qu'il parat inutile de faire des efforts pour l'entretenir durant toute la vie.
l'avons dj dit il faut sanctionner par notre volont tous les instincts honntes, sans cela ils se dtrui-

L'amour filial
de gratitude
,

est non-seulemen! un devoir mais encore un devoir de con-

venance. Dans le cas, assez rare d'ailleurs, o nos parents seraient peu bienveillants , peu dignes d'une haute estime, par cela seul que nous leur devons la vie, ils prennent nos yeux un caractre auguste, et nous ne pourrions, sans nous montrer infmes, je ne

Cependant

comme nous

sent ; il faut que nous formions une ferme rsolution d'honorer et d'aimer nos parents.

Celui qui se pique d'aimer Dieu, l'humanit et la patrie, pourrait-il ne pas tre pntr du plus profond respect pour ceux auxquels il doit d'tre crature de Dieu homme et citoyen ? Notre pre et notre mre sont naturelle-

eux que nous sommes le plus redevables un devoir sacr nous oblige leur montrer notre reconnaissance, les respecter, les aimer, les traiter avec indulgence et leur tmoigner ces diffrents sentiments de la ma-

ment nos premiers amis,

c'est

nous aurons plus de mrite leur tmoigner des gards, mais ces gards n'en seront pas moins une dette paye la nature, l'dification de notre prochain, notre propre dignit. Honte celui qui se fait le censeur svre des dfauts que peuvent avoir ses parents Et quand exercerons-nous la charit, si nous la refusons un pre et une mre ? Il y a de l'orgueil et de l'injustice exiger pour les respecter qu'ils n'aient pas de dqu'ils soient des modles accomplis. fauts Nous qui dsirons tous le respect et l'amour des autres, pouvons-nous nous flatter d'tre
1 ,

dirai pas les mpriser, mais de les ngliger. Dans ce cas

mme

avoir

l'air

nire la plus affable.

Trop souvent

la

grande intimit dans la,

toujours irrprochables ? Mme quand notre pre ou notre mre seraient loin de possder le bon sens et les vertus que nous voudrions trouver en eux, soyons ingnieux les excuser, cherchons cacher leurs torts aux yeux d'autrui. apprcier toutes leurs bonnes qualits.

quelle nous vivons avec les personnes qui nous appartiennent de plus prs nous habitue les traiter avec une grande insouciance, faire peu d'efforts pour nous rendre aimables et embellir leur existence. Gardons-nous bien d'une telle ngligence. Pour tre vritablement bon il faut dans toutes ses affections porter un certain dsir d'exactitude et de bonne grce, qui leur
,

meilleurs,

la

Enagissantdela sorte, nous deviendrons nous formerons notre caractre pit, la gnrosit, nous nous rendrons
,

habiles reconnatre le mrite des autres. Mon ami que ton me se pntre souvent de cette pense, triste mais fconde en enseignements de compassion et de patience Qui sait si ces ttes aux cheveux blancs qui sont l devant moi ne s'endormiront pas bientt
:

'

305

DEVOIRS DES HOMMES.


Il n'y

et

506

du 1 sommeil de la mort? Ah! tant que tu as le bonheur de les voir, honore-les et cherche pour eux un soulagement ces maux de vieillesse qui sont en si grand nombre! Leur ge avanc ne leur inspire que trop
de la tristesse , ne contribue pas les attrister davantage. Que toutes tes manires , que toute ta conduite respirent tant d'amabilit qu' ta vue ils se raniment et se rjouissent. Chaque sourire que tu feras nalre sur leurs
lvres fltries par le temps chaque moment de satisfaction que lu feras prouver leur cur, sera pour toi le plus grand des plaisirs , et tournera ton avantage. Dieu sanctionne toujours les bndictions qu'un pre et une mre appellent sur la tte d'un fils
,

a de mchant que l'homme sans


,

respect pour la vieillesse

pour

les

femmes

Parini; et Parmi employait tontl'ascendaut qu'il avait sur ses lves pour les rendre respectueux envers la vieillesse. Un jour il tait irrit contre un jeune homme dont on venait de lui raconter une faute grave il le rencontra par
le
disait
,

pour

malheur,

reconnaissant.

CHAPITRE
Respect aux vieillards
et

XI.

aux

anctres.

Dans toutes
l'image de tes

personnes ges honore parents et de tes aeux. Tout


les

cnr bien n doit respecter la vieillesse. Une loi de l'antique Sparte ordonnait aux
jeunes gens de se lever l'approche d'un vieillard, de garderie silence lorsqu'il parlait., de lui cder le pas lorsqu'ils le rencontraient. Ce que la loi n'ordonne pas chez nous faisons-le au nom de la dcence, ce sera mieux encore. Ce respect offre un tel charme de tant de beaut morale, que ceux mmes qui ngligent de. le pratiquer, sont forcs d'applaudir lorsqu'ils le voient dans les autres. Aux jeux olympiques , un vieil athnien cherchait une place et tous les gradins de l'amphithtre taient occups. Quelques jeunes athniens lui firent signe d'approcher, et quand, sur leur invitation, il arriva l'endroit o ils taient aprs s'tre donn beaucoup de peine au lieu d'en tre accueilli respectueusement, il devint le sujet de leurs indignes rises. Aprs avoir t repouss d'un lieu l'autre, le pauvre vieillard vient
, ,
,

hasard dans une rue au moment o le jeune homme, soutenant un vieux capucin, reprenait noblement les misrables qui avaient heurt ce pauvre homme. Parini se mit les reprendre avec lui puis cnlourant-dc ses bras le cou de son lve, il lui dit: Il n'y a qu'un instant je le croyais mchant, mais prsent que je suis tmoin <ie ton respect pour les vieillards je le crois capable de beaucoup de verlus. C'est surtout dans ceux qui supportrent les dgots de notre enfance et de notre jeunesse, dans ceux qui firent tout ce qui tait en leur pouvoir pour notre esprit et notre cur, que nous devons respecter la vieillesse. Il faut avoir de l'indulgence pour leurs dfauts et savoir gnreusement apprcier les peines que nous leur avons causes l'affection qu'ils ont place en nous la douce rcompense qu'ils retirent de la persvrance de notre amour. Non! le pain qu'on donne avec tant de justice celui qui se consacre noblement l'ducalion de la jeunesse, ne suft pas pour le payer. Ce n'est pas un mercenaire qui prodigue ainsi les soins d'un pre et d'une mre. Une telle occupation ennoblit celui qui s'y livre habituellement,
,

elle

accoutume aimer

et

donne

le

droit

d'tre aim.

l'endroit o taient
,

assis

les

Spartiates.

fidles observateurs des coutumes Ceux-ci de leur patrie, se lvent avec modestie, et le plarent parmi eux. Ces mmes Athnicnsqui l'avaient si honteusement tourn en ridicule, furent saisis d'admiration pour leurs gnreux mules, et de tous cts clatrent les plus vifs applaudissements. Des larmes coulaient des yeux du vieillard, et il s'criait, Les Athniens savent ce qui est honnte
,

mais les Spartiates le font. Alexandre de Macdoine

(et ici je lui

don-

nerais volontiers letitre de grand), lorsque les succs les plus clatants conspiraient l'enorgueillir, savait cependant s'humilier en

devons respecter tous nos supparce qu'ils sont nos suprieurs. Respectons la mmoire de tous ceux qui ont bien mrit de la patrie ou de 1 humanit; leurs crits, leurs images, leurs tombes doivent avoir pour nous un caractre sacr. Ne cdons jamais la tentation de blmer nos anctres, mme lorsque nous considrons les sicles passs et les restes de barbarie qu'ils auront lgus, lorsque gmissant sur beaucoup de maux prsents, nous acqurons la certitude qu'ils sont les consquences de passions et d'erreurs des temps passs. Faisons-nous conscience d'tre indulgents dan.s les jugements que nous portons sur nos pres. Ils entreprenaient des guerres que nous dplorons prsent mais la ncessit ou d'innocentes illusions que nous ne saurions apprcier cause du long espace de temps qui nous spare, ne pouvaienl-elles les justifier. Us eurent recours des interventions trangres qui leur furent funestes, mais
rieurs,
;

Nous

prsence de la vieillesse. Un jour que sa course triomphante tait arrte par une quantit extraordinaire de neige, il fit brler quelques morceaux de bois, et assis sur son

celte

mme

ncessit,

ces

mmes

illusions

banc royal
riers
,

il

se chauffait.

Parmi

ses

guer-

aperut un vieillard qui tremblait de froid, il courut lui, et de ces mains invincibles qui avaient renvers l'empire de Darius, il prit le vieillard engourdi et le plaa sur son propre sige.
il

innocentes ne doivent-elles pas aussi tre leur justification? Ils tablissaient des lois qui nous dplaisent; mais est-il vrai qu'elles ne convinssent pas leur temps? Ksi il vrai qu'elles ne fussent pas la meilleure combinaison de la sagesse humaine avec les lments sociaux que leur fournissait leur poque.
II

faut

que

la critique soit claire,

mai

507

DEMONSTRATION EVANGEL1QUE. SILVIO PELLICO.


mre. Honore dans
tes
la

308

n si cruelle envers nos pres; elle ne doit pas calomnier, elle ne doit pas manquer de respect envers' ceux qui ne peuvent sortir de leurs tombeaux pour nous dire Chers ence fants, voici pourquoi nous avons agi de telle manire. Qu'il est clbre ce mot du vieux Caton Il est bien difficile de faire comprendre ceux qui vivront dans un autre sicle, ce qui peut justifier notre conduite.
:
:

surs
;

le

charme

si

doux des vertus de

rjouis-toi du pouvoir qu'elles ont d'adoucir ton me. Puisque la nature les a faites plus faibles et plu sensibles que toi, sois d'autant plus attentif les consoler lorsqu'elles sont affliges, viter toi-mme ce qui pourrait leur causer

femme

CHAPITRE XII. Amour fraternel.


As-tu des frres et des surs? fais tous tes pour que l'amour que tu dois portera tes semblables, se manifeste d'abord en loi dans toute sa perfection, premirement envers tes parents, ensuiteenversceux auxquels tu es uni par les liens les plus troits de la paternit, envers ceux qui ont le mme [re et la mme mre. C'est en famille qu'il faut faire son apprentissage pour bien pratiquer l'gard de tous
efforts
les

douleur, leur tmoigner constamment les respectes et les aimes. Ils sont malveillants et grossiers avec tout le monde, ceux qui, dans leurs rapports avec leurs frres et surs, ont pris des habitudes de malveillance et de grossiret. Dans le commerce de la famille que tout soit beau,

de

la

que tu

que tout soit affectueux, que tout soit saint; et l'homme, lorsqu'il sortira de sa demeure,
portera dans ses relations avec le reste de la socit, ce dsir de l'estime et des douces affections et cette foi dans la vertu, fruit d'un exercice continuel des sentiments les plus
levs.

CHAPITRE
Outre
les

XIII.

hommes

Quelle

la charit, cette science divine. est donc cette pense Nous


:

Amiti.
la nature a placs le plus prs de toi, ton pre, ta mre et autres parents; outre tes matres, que volontiers aussi tu nommes tes amis, tant ils ont bien mrit ton estime il l'arrivera d'prouver une sympathie particulire pour d'autres dont la vertu te sera moins connue, pour des jeunes gens de ton ge ou dont l'ge se rap;

amis que

sommes

fils

d'une

mme mre!

Qu'il

est

les

doux, peine venusau monde, d'avoir trouv mmes objets vnrer et chrir particulirement. Il n'y a qu'un gosme effrayant
qui puisse anantir cette puissante sympathie que font natre la communaut du sang et la ressemblance de nombreuses habitudes entre frres et surs. Chasse loin de toi l'gosme, si tu veux tre bon pre; chaque jour propose-toi d'tre gnreux dans tes relations fraternelles. Que tes frres, que tes surs voient que leurs intrts te sont aussi chers que les tiens. Si l'un d'eux tombe dans une faute, montre-lui,

non seulement autant d'indulgence que pour un autre, mais plus encore; que leurs vertus
causent ta joie; imite-les, encourage-les par tes bons exemples ; agis de manire ce qu'ils aient bnir la Providence de t'avoir

pour frre. Des motifs nombreux de douce reconnaissance, de dsirs affectueux, de pieuse crainte contribuent sans cesse alimenter l'amour fraternel ; mais il faut les peser, sans cela souvent ils passent inaperus. Il faut se faire une loi de les apprcier. Ce n'est que par une ferme volont qu'on peut acqurir les sentiments les plus dlicats. De mme qu'on ne saurait, sans tude, parvenir une connaissance parfaite de la posie et de la peinture, de mme sans une volont continuelle n ne saurait comprendre l'excellence de l'amour fraternel ou de toute autre affection noble. Que l'intimit dans laquelle tu vis avec tes frres ne te fasse jamais oublier d'tre poli avec eux. Sois plus aimable encore avec tes surs. Leur sexe possde une grce puissante; et ordinairement elles usent de ce don cleste pour rpandre la srnit sous le toit paternel, pour en chasser la mauvaise humeur, pour en adoucir les reproches que parfois ailes entendent adresser par un pre ou une

prochera du tien. Quand pourras-tu cder cette sympathie, quand devras-tu la combattre? La rponse n'est pas douteuse Pour tous les hommes nous devons tre bienveillants, mais de cette bienveillance l'amiti, il y a un pas impense que nous ne devons franchir qu'en faveur de ceux qui ont des droits notre estime. L'amiti est Tin lien fraternel, et, dans son sens le plus lev, elle est le beau idal de la fraternit. C'est un accord sublime de deux ou trois mes, rarement plus, qui ont une merveil:

leuse disposition s'entendre, s'enlr'aider, s'interprter noblement, s'encourager au bien; en un mot, qui semblent n'avoir

mme existence; toutes les socits, dit Cicron, nulle n'est plus noble, nulle n'est plus stable, que l'union qui se forme entre des gens de bien que rapprochent les mmes gots. Omnium societatum nulla prstantior est, nulla firwior quam quum viri boni moribus simile svnt, famiiiariate conjuncti, (De Off., 1. I, c. 18).
qu'une

De

Ne donne point le nom d'ami l'homme qui n'a que peu ou point de vertu, car tu dshonorerais ce nom sacr. A celui qui hait la religion, celui qui n'a pas au dedans de lui-mme le sentiment de de sa dignit d'homme, celui qui ne sait point honorer sa patrie p;-r son intelligence et sa moralit, celui qui est fils peu respectueux et mauvais frre, celui-l, ft-il le plus sduisant des hommes par le charme de son extrieur et de ses manires, par la grce de son langage, parla multiplicit de ses connaissances, et mme par une Bortfi

309

DEVOIRS DS HOMMES.

310

d'entranement gnreux vers tout ce qui est bon et noble, celui-l, dis-je, ne donne.pas non plus le titre d'ami. Te tmoignt-il la plus vive affection, ne lui accorde pas ton amiti : les qualits qui conviennent un ami, l'homme vertueux seul les possde. Si tu doutes de la vertu d'un homme, demeure, son gard, dans les bornes de celte politesse que l'on doit tous, Le don du cur esl chose trop grande; il va imprudence coupable, il y a manque de dignit l'offrir au premier venu. Celui qui se lie avec des compagnons pervers, fait rejaillir sur lui leur op probre, s'il ne se pervertit lui-mme.

philosophe, saint Franois de Saies, qui, dans sa Philolhe, appelle cela un mauvais
conseil
Il

avoue que

les

amitis particulires peu-

vent tre dangereuses dans les clotres, et qu'il est prudent de les interdire. Mais dans le monde, dit-il, une union intime est ncessaire entre ceux qui veulent combattre sous la bannire de la vertu, sous la bannire de la croix Semblables ces voyageurs qui, parcourant un chemin difficile et glissant, s'attachent les uns aux autres pour se soutenir, pour cheminer avec plus de sret, les hommes qui vivent dans le sicle o leur route est seme de tant d'obstacles, cherchent dans l'amiti un mutuel appui. Au reste, si les mchants se donnent la main pour faire le mal, pourquoi les bons ne se la donneraient-ils pas aussi pour faire le

Mais heureux l'homme qui rencontre un ami digne de lui! Abandonn ses propres
forces, sa vertu languissait souvent; l'exemple

l'approbation d'un ami redoublent son courage. Enclin beaucoup de dfauts, et ne connaissant point encore l'nergie que renfermait son me, autrefois il s'effrayait peuttre; l'estime de celui qu'il aime le relve ses propres yeux. Dans le secret de son cur, il rougit encore de ne point possder tout le mrite que lui suppose l'indulgence d'un autre; mais son courage augmente et l'aide triompher de lui-mme. 11 est reconnaissant envers l'ami qui ses bonnes qualits n'ont point chapp; il brle d'en acqurir d'autres, et, grce l'amiti, voici que s'avance grands pas vers la perfection un homme qui en tait loin, qui en serait toujours rest loin. 11 vaut mieux ne possder aucun ami, que d'avoir se repentir d'un choix trop prcipit ; ne fais donc pas tant d'efforts pour en trouver. Mais si tu le rencontres, cet ami, honore-le dune haute amiti. Tous les philosophes et la religion ellemme ont sauctionn ce noble sentiment. L'Ecriture nous en fournit de beaux
et

bien

CHAPITRE XIV.
Les tudes.
Aussitt que tu le peux, cultive ton esprit; c'est pour toi un devoir sacr. Par l tu te rendras plus propre honorer Dieu, ta patrie, tes parents, tes amis. L'exprience dment ces folles opinions de Rousseau, que le sauvage esl le plus heureux des mortels; que l'ignorance est prfrable au savoir. Tous les voyageurs ont trouv les sauvages excessivement malheureux et tous nous voyons que l'ignorant peut tre bon, mais que celui dont l'esprit est cultiv non-seulement peut l'tre aussi, mais doit l'tre d'une manire plus excellente. Le savoir orgueilleux seul est condamnable. Le savoir modeste lve notre me vers Dieu, nous porte l'aimer davantage et aimer aussi plus profondment le genre bu;

exemples L'me de Jonathas s'attache l'me de


:

main.
Applique-toi tout apprendre avec le plus de profondeur qu'il te sera possible. Les ludes superficielles ne produisent trop souvent que des hommes mdiocres et prsomptueux qui sentent en secret leur nullit, mais qui, loin de l'avouer, s'en vont chercher d'autres savants qui leur ressemblent; et lous crient

David... Jonathas l'aime

comme son me...

Le Rdempteur lui-mme consacra l'amiti Jean dormait: Jsus appuya sur son sein la tte du disciple bien-aim et du haut de la croix, avant d'expirer, il pronona ces pa;

ti:

roles divines, toutes d'amour filial et d'amiMre, voici votre fils 1 Disciple, yoil
ta

par

le

monde que ceux que


,

l'on

dit

grands

mre

>;

L'amiti (et j'entends ici la vritable 'amiqui est fonde sur une grande estime), donne l'me je ne sais quel lan potique, fort, sublime, sans lequel elle s'lve difficilement au-dessus de cette ornire fangeuse de l'gosme. Je la crois ncessaire l'homme pour le prmunir contre les vils penchants.
ti, celle

Mais quand tu as conu et promis celte que les devoirs en soient gravs au fond de ton cur. Ils sont nombreux, ces deamiti,

voirs

Si tu les

employer toute
ami.

ta vie

remplis fidlement, tu dois te rendre digne de ton


l'amiti,

Quelques-uns conseillent d'viter

parce que, disent-ils, elle captive trop exclusivement l'me, distrait L'esprit et produit la jalousie ; mais je suis de l'avis d'un grand

sont petits et qu'eux seuls sont grands. Telle esl la cause de ces guerres perptuelles des pdants contre les intelligences suprieures, des vains dclamaleurs contre les bons philosophes. TeLe est encore la cause de celte erreur que commet ordinairement la multitude, de vnrer non celui qui sait plus, mais celui qui crie le plus fort. Notre sicle ne manque pas d hommes d'un savoir minent ; mais les demi-savants prdominent d'une manire effrayante. Quo ceux-l ne te comptent jamais pour un des leurs: n'aie pour eux que du ddain; que ce ddain, toutefois, n'ait pas sa source dans la vanit, mais dans le sentiment du devoir, dans l'amour de la pairie, dans une hanta estime pour ce souffle divin que le Crateur a mis en toi. Qu'aucune science ne te soit compltement

311
:

DMONSTRATION VANGL1QUE. S1LYIO PELLICO.

31*

trangre si tu ne peux faire de toutes une tude approfondie, glisse lgrement sur quelques-unes; mais concentre sur l'une de
ces sciences toutes tes facults, surtout toute ta volont. Mets ton ambition ne rester en arrire de personne. Je te donnerai en outre ce conseil de Smque : Veux-tu que tes lectures te laissent

des impressions durables? contente-toi de quelques auteurs guids par un esprit droit, et nourris-toi de leur substance. Etre partout, c'est n'lre jamais en aucun lieu particulier. Celui qui passe sa vie voyager a beaucoup d'htes, mais peu d'amis. C'est ce qui arrive ces lecteurs avides qui dvorent une infinit de livres sans avoir de prfrence pour aucun
d'eux. Quelle que soit l'tude que tu prfres, mets-toi en garde contre un dfaut assez commun celui de vouer une admiration tellement exclusive la science, objet de tes prdilections, qu'elle te fasse mpriser celles auxquelles tu n'auras pu te livrer avec autant de succs. Les dclamations vulgaires de certains potes contre la prose, de certains prosateurs contre la posie, des naturalistes contre les mathmaticiens, des mtaphysiciens contre ceux qui ne le sont pas et vice versa, sont puriles. Si toutes les sciences, tous les arts, tous les moyens de faire sentir le vrai et le beau ont droit aux hommages de la socit, quel droit plus rel encore n'ont-ils pas l'admiration de l'homme qui a reu le bienfait de l'ducation? Il n'est pas vrai que les sciences exactes et a posie soient incompatibles. Buffon fut un
,

abouti ces folles discussions? Difis et blasphms tour tour, ces grands matres ne sonl devenus ni des divinits ni des esprits mdiocres ils sont rests ce qu'ils taient en ralit on se moque de ceux qui, pour les peser dans de fausses balances, s'agitent si violemment; et le monde, qu'ils tourdirent l, de leurs disputes, n'apprit rien d'eux. m Dans les tudes auxquelles lu te livres, que la vivacit de la conception n'exclue point le discernement calme et rflchi ; efforce-toi d'unir la vigueur de la synthse la patience de l'analyse mais surtout joins la volont de ne pas te laisser abattre par les obstacles celle de ne pas triompher avec orgueil. Travaille clairer ton esprit arec ardeur, mais sans arrogance, et l o Dieu a mis des bornes, arrte-loi.
;
:

CHAPITRE XV.
Choix d'un
tat. le

Rien de plus important que


tat.

choix d'un

Nos pres disaient que pour que ce choix ft heureux, il fallait implorer l'inspiration divine. Je ne sais si aujourd'hui nous pourrions dire mieux. Prie donc et rflchis avec une gravit religieuse ton avenir. Quand au fond de ton cur tu auras entendu la voix divine qui te dira, non pas un jour, mais des semaines entires, des mois entiers et toujours avec une force plus persuasive: Voici l'tat que tu dois choisir! obis avec une volont ferme et courageuse. Entre dans la carrire el marche ; mais porles-y les vertus qu'elle demande. Toute profession est excellente pour celui qui s'y dvoue en y apportant ces vertus. Le sacerdoce, qui pouvante l'homme lger qui l'a embrass sans rflexion et avec un cur avide de distraction , n'a que dlices et bonheur pour l'homme pieux et ami de la retraite; la vie monastique elle-mme que,

et son style, anim d'une merveilleuse chaleur potique, laisse parfois jaillir des tincelles.- Mscheroni tait bon pote cl bon mathmaticien. Que ton got pour la posie et pour les autres sciences du beau n'empche pas ton intelligence de pouvoir s'appliquer froidement un calcul ou des mditations logiques. Si l'aigle disait Ma nature est de voler, je ne puis contempler les choses qu'en volant, ne serait-il pas ridicule; car que de choses l'aigle ne peut-il pas contempler sans dployer ses ailes? Ne crois pas que pour te livrer l'tude des sciences positives, tude qui demande de toi beaucoup de calme et de sang-froid, il te faille chercher teindre dans ton me tout clair de fantaisie potique, y touffer tout sentiment de posie loin d'en tre affaiblie, la raison retire quelquefois de ce sentiment, lorsqu'il est bien rgl, une nergie nouvelle. En ludes comme en politique dfie-loi des partis et de leurs systmes. Dans l'examen que tu feras de ces derniers, n'aie d'autre but que de les connatre, que de les comparer aux autres et de les juger; mais ne deviens jamais leur esclave. Que signifiaient ces querelles entre les admirateurs enthousiastes et les dtracteurs furieux d'Arislt*Us et de Platon, et d'auties philosophes? ou celles encore entre les admirateurs et les dtracteurs de l'Ariosle ou du Tasse? A quoi ont

grand naturaliste,

dans

le

monde,

les

uns regardent

comme

intolrable,

d'autres

comme

que

dlices et

bonheur pour

ridicule, n'a le religieux phi-

losophe qui ne croira pas manquer ce


la socit, pour n'exercer la charit qu'envers quelques autres moines et de pauvres agriculteurs. La toge qui, cause des soins persvrants qu'elle exige, est pour quelques-uns, un fardeau si pesant; la loge est lgre l'homme anim d'un

qu'il doit

ardent de dfendre par les efforts do son intelligence les droits de son semblable. Le noble mtier des armes a un charme infini pour l'homme courageux, qui sent qu'il y a de la gloire exposer ses jours
zle

pour la patrie. Chose admirable! toutes

les professions, depuis les plus leves jusqu' celle de l'humble artisan, ont et leur douceur et leur vritable dignit. II suffit de nourrir en soi les vertus qui conviennent l'tat dont on a fait choix.

Si souvent on entend les hommes maudire la condition qu'ils ont choisie, c'est qu'en
effet

peu nourrissent ces vertus.

513

DEVOIRS DES HOMMES.

314

N'imite point ceux qui, aprs tre entrs dans une carrire, se consument en plaintes ternelles. Agis prudemment, puis loigne de toi tout regret inutile, tout vain dsir de

inexcusable de s'agiter pour se faire payer de ses uvres, si ce n'est pour procurer le ncessaire sa famille et soiest

On

mme. Au

del

du ncessaire, ce

doit tre

changement. Tout chemin dans la vie est sem d'pines. Ds que tu as pos le pied dans l'un de ces chemins, poursuis; il y a de la lchet reculer. La persvrance except dans le mal, est toujours un bien; et celui qui sait persvrer dans ce qu'il a
entrepris peut esprer de s'lever au dessus du commun des hommes.
,

un jour

CHAPITRE XVI.
Mettre un frein aux inquitudes d'esprit.

Un grand nombre d'hommes


dans

persistent

la profession qu'ils ont choisie; ils finissent par s'y attacher; mais ils ne

mme

indignation que telle autre carrire conduit ceux qui y sont entrs et de plus grands honneurs et une fortune plus belle on ne sait point leur avis remercier et rcompenser leur mrite ; ils s'indignent de ce qu'ils ont trop peu d'muls et de ce que tous ne consentent point demeurer au-dessous d'eux. Eloigne de toi de semblables inquitudes; celui qui ne sait point s'en rendre matre a perdu sur la terre sa part de bonheur; l'estime drgle qu'il a de lui-mme, le rend orgeuilleux, quelquefois ridicule et souvent injuste, en drobant ses regards le mrite rel de ceux auxquels il porte envie.

peuvent voir sans

Dans

la socit,

il

est vrai,

les

rcompen-

sont pas toujours distribues dans des proportions bien justes. La modestie est un voile dont se couvre souvent le vrai mrite qui se voit clips ou dnigr par des hommes mdiocres et audacieux, lesquels brlent de les devancer dans le chemin de la fortune. Ainsi est fait le monde, et, en ceci du moins, n'esprons point le voir changer. Il ne te reste donc qu' sourire cette ncessit et t'y rsigner. Que celte puissante vrit soit profondment grave dans ton espeu importe que le mrite soit rcomprit pens parles hommes, l'important, c'est d'avoir ce mrite. Si les hommes le rcompens'ils le mconnaissent, sent, ils font bien conservons-le sans en attendre aucun prix et ce mrite en sera plus grand. Si chacun tait attentif mettre un frein ses inquitudes et ses ambitions, la soil ne faut pas cit serait moins vicieuse pour cela s'occuper peu du soin d'accrotre son propre bonheur, il ne faut pas devenir paresseux ou insouciant, ce serait tomber dans d'autres excs; tout en mrissant des ambitions nobles et non effrnes, no sois pas envieux, ne les porte que jusqu'o tu sais pouvoir arriver, et rpte souvent ces paroles : Si je n'ai pu parvenir ce degr lev dont je me croyais digne, mme dans cette osition plus humble , je suis le mme
:

ses dues

au

talent ne

avecla plus grande tranquillit d'esprit qu'on pourra dsirer cette augmentation de fortune qu'il est permis de rechercher. Si l'on russit se procurer ces avantages, il faut en bnir le Seigneur, car ils deviendront un moyen d'adoucir sa propre existence et de porter secours aux autres. Si l'on ne russit pas, il faut encore bnir le Seigneur; on peut vivre convenablement sans jouir des douceurs de la vie; et la conscience ne reproche rien celui qui se trouve dans l'im possibilit de secourir ses frres. Fais tout ce qui est en ton pouvoir pour tre un citoyen utile et pour engager les autres te ressembler, et puis, laisse aller les choses comme elles vont. Dplore les injustices et les malheurs dont lu es le tmoin, mais ne l'irrite pas pour cela, ne tombe pas dans la misanthropie, ou, ce qui est pire encore, dans cette fausse philanthropie qui, se prtendant faire le bien des hommes montre dvore d'une soif de sang, et d'un il tranquille contemple la deslruction comme un noble diQce, de mme que Satan contemple la mort. Celui qui dleste ce qui peut rformer les abus dans la socit est ou un impie ou un insens mais il est bien plus impie, plus insens encore, celui qui unit la cruaut au dsir de voir cesser le mal. La plupart des jugements que portent les hommes dont l'esprit n'est pas tranquille sont ou faux ou perfides. La tranquillit d'esprit seule te rendra fort contre la souffrance, patient et constant dans le travail, juste, indulgent, aimable en, ;

vers tout

le

monde.

CHAPITRE XVII.
Repentir
et

retour au bien.

En

toi l'inquitude, je t'ai dit

tre tu dois avoir.de


Il

recommandant de chasser loin de que tu ne dois pas moins ardent, surtout dans le dsir que
te

omme,

et j'ai

par consquent

la

mme va-

leur intrinsque.

devenirchaque jour meilleur. s'abuse l'homme qui dit: Mon ducation morale est faite et mes actions l'ont affermie. Nous devons toujours apprendre rgler notre conduite pour le jour prsent et pour ceux qui suivront nous devons toujours tenir en haleine notre vertu en en produisant de nouveaux actes nous devons toujours tre attentifs nos fautes et nous en repentir, oui, nous en repentir! Il n'y a rien de plus vrai que ce que nous dit l'Eglise: que pendant notre vie nous devons sans cesse nous repentir et dsirer de revenir au bien. C'est l qu'est tout le christianisme; et Voltaire lui-mme, dans un de ces courts moments o il n'lait pas dvor du besoin de le tourner en ridicule, Voltaire a crit La confession est une chose excellente, un moyen d'arrter le crime, invente par l'an liquit la plus recule; dans la clbration de tous les mystres anciens, on tait dans l'usage de se conlesser. Nous avons iinil
; ; :

515

DEMONSTRATION EVANGELIQUE. SILVIO PELLICO.


cetle sage

31

et sanctifi

habitude

elle est

Ir^s -efficace
la

pour changer dans les curs haine en pardon. Il serait honteux pour

jours du mal qu'on a fait, si l'on ne se propose sans cesse de devenir meilleur.

celui qui se fait gloire d'tre chrtien, de ne pas sentir ce que Voltaire ose ici avouer. Ecoulons la voix de notre conscience; rougissons des actions qu'elle nous reproche ; confessons-les pour nous purifier, et jusqu'

CHAPITRE
Le

XVIII.

clibat.

Quand

te convient,

tu auras pris la carrire sociale qui quand tu croiras avoir donn

de nos jours, ne cessons pas de nous plonger dans ce bain sacr. Si, en agissant ainsi, la volont est ferme; si, en se rappelant ses fautes, on ne les condamne pas des lvres seulement; si au repentir se joint un vritable dsir de se corriger, en rie qui voudra, mais il ne peut y avoir rien de plus salutaire, de plus sublime, de lus digne de l'homme. Lorsque lu t'aperois que lu as commis une Saute, rpare-la sans hsiter; ce n'est qu'en la rparant que tu pourras retrouver la paix de la conscience. Le retard que l'on met cetle rparation resserre les liens qui enchanent l'me au mal et l'habitue ne pas s'estimer. Et malheur l'homme qui, nrenient, nes'estime pas sa juste valeur. Malheur aussi celui qui, feignant de s'estimer, ressent dans sa conscience une corn ption qui ne devrait pas y exister. Malheur lorsque sentant celte corruption, il croit qu'il n'a autre chose faire que de la dissimuler. Il n'occupe plus sa place parmi les nobles
la fin
i

ton caractre des habitudes assez bonnes et assez fermes pour pouvoir tre dignement un homme, alors seulement, et pas avant, si tu le dcides te marier, applique-toi choisir une pouse qui soit digne de ton amour. Mais avant de quitter le clibat, rflchis bien si lu ne devrais pas le prfrer. Si tu n'as pu suffisamment dompter ton caractre enclin la colre, la jalousie, au soupon, l'impatience, l'envie de dominer, pour esprer de pouvoir tre aimable avec ta compagne, ou renonce avec courage ai x douceurs du mariage tu rendrais ta compagne malheureuse, tu te rendrais malheu:

'

intelligences c'est un astre heur de- la cration.


:

tomb au mal-

Si

blesse parce
lui

quelque jeune impudent t'accuse de faique tu ne t'obstines pas comme

reux toi-mme. Si la personne que tu voudrais choisir ne reunissait pas toutes les qualits que lu crois ncessaires pour te rendre heureux et pour te donner tout son amour, ne la prends pas pour pouse; Ion devoir est de garder le clibat, plutt que de jurer un amour qui ne rgnerait pas dans ton cur. Mais soit que tu regardes seulement le moment de prendre une pouse, soit que tu restes toujours clibataire honore ce genre de vie par toutes les vertus qu'il prescrit, et sache en apprcier les avantages. Oui le clibat a ses avantages, et l'homme
,
,

coinmellre des fautes, rponds-lui que celui qui rsiste au vice est plus fort que celui qui s'y laisse entraner; rponds-lui que la vaine jactance du pcheur n'est qu'une nergie factice, puisqu'il est certain
la perd l'heure de la mort, moins qu'il ne soit dans le dlire; rponds-lui que la force que lu dsires est prcisment celle

doit connatre et apprcier tous les avantages de la condition dans laquelle il se trouve; sans cela, il s'y croira malheureux ou dplac, et il perdra le courage d'agir aveedignit.

qu'il

qui

fait

mpriser
les

les

railleries,

lorsque tu

abandonnes

sentiers

du vice pour suivre


faute, n'aie ja-

celui de la vertu Lorsque tu as

commis une

mais recours au mensonge pour la cacher ou pour la faire paratre moins grave. Le mensonge est une faihiesse honteuse. Avoue que tu es tomb dans l'erreur; il y a l de la grandeur d'me et la honte que tu prouveras en avouant ta faute t'attirera la louange
;

des

hommes

vertueux.
aie la
lui
,

S'il

l'arriv d'offenser quelqu'un,

La manie de montrer de l'indignation contre les dsordres de la socit et l'opinion qui tablit qu'il faut les exagrer pour les corriger, excitent souvent des hommes d'une parole vhmente porter l'attention sur les scandales donns par beaucoup de clibataires et s'crier que le clibat est contre nature; que c'est une affreuse calamit, qu'il est la cause principale de la dpravation des peuples. De telles hyberpoles ne doivent pas t'exalter, ils n'existent que trop les scandales du clibat de ce que les hommes ont des bras et des jambes, il rsulte qu'ils se donnent quelquefois des coups de poings et des coups de pieds, on ne doit pas en conclure que les bras et les jambes soient une chose
:

noble humilit de

demander pardon. Per-

dtestable.

sonne, pour cela n'osera l'appeler lche, puisque toute ta conduite prouvera que tu ne l'es pas. Il y a de la fanfaronnade la manire es

hommes

orgueilleux

et

cruels;

il

y a

ae

l'infamie qu'on cherche en vain couvrir du nom brillant d'honneur, persister dans l'outrage, se battre en duel ou conserver des haines ternelles plutt que de se ddire

gnreusement,
il
Il n'y a d honneur que dans la vertu, et n'y a pas de vertu si l'on ne se repent tou-

Ceux qui cherchent prouver que l'immoralit est une consquence ncessaire du clibat numrent aussi tous les maux qu'enfante le mariage sans inclination. L'ennui, l'impatience de n'tre plus libre, succde bientt la c urte ivresse des premiers jours du mariage ; on s'aperoit avec effroi que le choix a t fait sans rellcxi n, que les caractres ne peuvent s'accorder. Ce regret des poux ou seulement de l'un d'eux fa.it natre le manque d'gards, des offenses, et ces cruels reproches de tous les jours. La
,

517

DEVOIRS DES HOMMES.


le
,

313

plus gnreux

caractre est plus doux et celui de l'homme, est dla victime de celle triste ordinairement

femme, dont

que

sunion,

soit qu'elle souffre

jusqu a

la

mort,

amour controuver une compensation 1 unions malineal qui lui chappe. De ces qui, pour heureuses naissent des enfants l'indigne conduite du premiers exemples, ont de tous les pre ou de la mre, et souvent Ces enfants, par consquent, deux ensemble. ducation est sont peu ou mal aims leur de resnglige ou mal dirige ils n'ont pas pas de tendresse parents pect pour leurs .les pour leurs pres aucune connaissance domestiques, qui sont la base des ververtus
,

elle ou, ce qui est ois encore, soit qu 'perdant sa bont, en nourris sa nature en rapportent que sant des sentiments qui ne lui remords dans lesquels elle croyait honte et
.

mente

qu'est-ce que l'ordre civil ? l'honneur le patriotisme? Tout cela est guerre de ruse et de force, du ct de ceux qui commandent ou qui aspirent au commandent; sottise du ct de ceux qui se soumettent. ie 11 runit tous les faits qui dshonorent
clibat, le
nit, le

mariage,

la paternit, la

mater:

de fils, de parent, d'ami, et s' J crie en trpignant comme un infme me suis aperu que tout est gosme, mensong", fureurdes sens, haine et mpris rciproques. la fureur des L'gosme, le mensonge sens, la haine et le mpris rciproque sont prcisment les tristes fruits de cette sagesse
,

nom

t II

C V ilos
1

infernale et trompeuse. Ce honteux gnie de la vulgarit qui cherche dsapprcier tout ce qui est beau, acharn ne: doit-il pas tre l'ennemi le plus des vertus de la femme, ne doil-il pas s'ef,

suffit d'avoir les

yeux pour les voir. lersonne ne pourra dire que j'exagre. que produit Je ne veux pas nier les maux quiconque observera les aumais
le clibat, tres maux dont je parle, ne

Ces

tristes rsultais

sont

si

frquents, qu'il

les considrera pas comme moins grands, et certainement nombre de gens dira avec moi d'un grand qu ils n eussent maris H serait dsirer
: _

forcer de l'avilir? Dans tous les sicles il a cherche par toute sorte de moyens la dpeindre comme mprisable; il n'a voulu voir en elle qu'envie, artifice , inconstance et vanit; il lui a refus le feu sacr de l'amiti et l'incorruptibilit de l'amour. Il a considr comme un exception toute femme doue de quelque mrite.
,
>

jamais prononc ce fatal serment. humain est Une graue partie du genre est aussi appele au mariage, mais le clibat H est ridicule de s'affliger de dans la nature. a propager le ce que tous ne contribuent de noble a gnie humain. 11 n'y a nen que lorsqu'on le fait pour de larder le clibat lient avec bonnes raisons, lorsqu'on s'y nos respects comme il mrite mme honneur de sacrifice raisonnable fait dans
;

stinct

Mais la femme a t protge par l'ingnreux de l'humanit. Le chrislia-= nis'ie l'a leve, en condamnant la polygamie et les amours dshonntes, en plaant une femme au-dessus des saints et des anges eux-mmes, en lui donnant, aprs l'HommeDieu le premier rang parmi les cratures humaines.

toute espce famille, un but lev. Exempt de soucis de .a de via plus de temps et plus le clibataire aux tudes srieugueur pour se consacrer de la religion; il ses et au ministre sublime de se rendre utile a ceux a plus de moyens

La socit moderne a senti les efiets de ce noble esprit. Dans les sicles barbares la chevalerie fut embellie par le culle pur de l'amour ; et nous, chrtiens civiliss, descendants de ces nobles chevaliers, nous ne considre comme bien lev que l'homme qui rend hommage au sexe dont la douceur, les vertus domestiques et les grces sont le par,

a besoin de de ses parents dont la fortune de rpandre son alil est plus libre secours; de pauvres. fection sur un grand nombre ? El tout cela n'est-il pas bon ces rsaurait contester l'utilit de On ne
flexions.

tage.

Cet ancien ennemi des nobles sentiments


et et de la femme est rest dans le monde, plt Dieu qu'il n'exert son influence que sur des esprits grossiers et mdiocres 1 Mais souvent les esprits levs, et il corrompt toujours celte corruption commence lors-

ncessaire de savoir ce que le l'on garde. Les l'on abandonne ou ce que perdclamations partiales ne servent qu a
carder,
il

Pour abandonner
est'

le clibat

ou pour

qu'ils s'loignent de la religion, seule capable

vertir le ugemenk.

CHAPITRE XIX.
Honneur
la femme.

de sanctifier l'homme. On a vu des philosophes (c'est le nom un zle qu'ils se donnaient) montrer parfois ardent pour l'humanit, puis en proie l'irrligion,

dicter des livres obscnes,

pleins

Le vil cynisme qui prodigue l'injure est le qui s efgnie du vulgaire; c'est un d. non genre le force de calomnier sans cesse humain pour le pousser rire de la verlu et soin tous la fouler aux pieds. Il runit avec religion et disles faits qui dshonorent la opposer; il s'simi le ceux qu'on peut lui
crie:
cette infl

du coupable dsir d'exciter l'ivresse des sens par des pomes et des romans pernicieux
par toute sorle de raisonnements, d'anecdotes et de fictions. On a vu le plus sduisant des littrateurs
(cet homme q i montra quelques qualits, mais se laissa corrompre par les passions les plus avilissantes et par un dvu Voltaire sir effrn dfaire rire), on a composer galment un long pome pour tour.

bonnes

Qu'. it-ce que Dieu? qu'est-ce que lu.sacerdoce, que celte du-

fanatiques. cation religieuse ? Chimres de tous les faits qui dshonorent la Il runit ? politique et s'crie: Qu'est-ce que la loi

ner en ridicule l'honneur des femmes et la plus sublime hrone dont s'honore la par

519
trie,

DMONSTRATION VANGLIQUE.

SILIVIO PELLICO.

520

la magnanime et infortune Jeanne d'Arc. C'est avec raison que madame de Stal appelle ce livre un crime de lse-nation. Tu entendras souvent autour de toi ce

gnie de la vulgarit s'crier: mpris la femme ; et ce sera par la bouche des gens obscurs ou clbres, d'crivains morts ou vivants par la vue mme de quelques femmes qui se sont rendues indignes de la modestie de leur sexe.
,

tion, fais ensorte que sa belle me se rjouisse de t'avoir pour ami. Honore-la devant les hommes, car cela importe peu, mais en prsence du Dieu qui voit ioute chose. Si celle femme a un esprit si lev, si fidle la religion, le grand amour que tu
lui porte, ne sera pas un excs, ne sera pas une idoltrie. Tu l'aimeras prcisment parce que toutes ses volonts seront en parfaite harmonie avec celles de Dieu; en admirant les unes lu admireras les autres, ou plutt ce seront toujours celles de Dieu que tu admireras, car s'il tait possible que ses volon-

mme,

infme tentation, ou loitu seras mprisade la femme ble. Fuis les insenss qui dans la femme, n'honorent pas leur mre. Foule aux pieds
Rejette cette
fils
, ,

ts

livres qui, en l'avilissant, prchent le dsordre; sois digne , par ta noble estime pour la dignit del femme, de prolger celle qui te donna la vie , de protger tes surs, de protger peut-tre un jour celle qui portera le nom sacr de mre de tes enfants.
les

doux charme

CHAPITRE XX.
Dignit de l'amour.
la femme, mais crains les sductions de sa beaut, et plus encore celles de ton cur. Heureux si tu n'aimes ardemment que la femme que selon ta volont et ton choix tu auras prise pourla compagne de toute ta vie! Plutt que de livrer ton cur l'empire d'une femme peu vertueuse, ferme-le tout sentiment d'amour. Un homme dont les sentiments seraient peu levs pourrait tre heureux avec elle loi, tu serais malheureux. Il est ncessaire que lu restes toujours libre ou que tu choisisses une compagne qui rponde la haute ide que tu as de l'humanit et en particulier du sexe fminin. Il faut qu'elle soit une de ces intelligences d'lite qui comprennent parfaitement ce qu'il y a de beau dans la religion et dans l'amour. Prends garde que ton imagination te la reprsente comme telle, tandis qu'elle serait toute autre en ralit, Si tu trouves une femme doue de ces hautes qualits, si tu la vois aimer Dieu d'un amour ardent, capable d'un noble enthousiasme pour tout ce qui est vertueux, attentive faire tout le bien qu'elle peut, ennemie irrconciliable de toute action moralement basse; si, tous ces mrites, elle joint un espril cultiv, sans chercher aie faire briller; si au contraire, avec un esprit aussi distinsi gu, die est la plus humble des fimimes toutes ses paroles et toutes ses actions annoncent la bont, l'lgance naturelle, l'lvation des sentiments, une ferme volont de remplir ses devoirs; si elle est attentive ne causer de la douleur personne, consoler les affligs, user de ses charmes pour oh alors , ennoblir les penses des autres aime-l d'un amour immense, d'un amour digne d'elle Qu'elle soit ton ange tutlaire qu'elle soit comme une expression vivante du Dieu qui l'ordonne de fuir toute bassesse, et de faire tout ce qui est louable. Dans toutes tes entreprises, cherche mriter son approba-

fussent contraires celles de Dieu, ce cesserait, tu ne l'aimerais plus. Bien des hommes vulgaires considrent ce noble amour comme chimrique; ce sont ceux qui ont de la femme une ide peu avantageuse. Dplore leur basse sagesse. L'amour pur, l'amour qui excite la vertu est possible, il existe, mais il est rare. Et tous les hommes devraient dire Ou ceux-l, ouaucun.
:

CHAPITRE XXI.
Amours
blmables. Je le le rpte, ne te reprsente pas

Honore

comme

admirable de vertu une femme qui ne le serait pas. C'est ce qu'on appelle un amour romanesque, il est ridicule et pernicieux , il porte prostiluer indignement son cur aux pieds d'une vaine idole. Oui, il existe sur la terre des femmes dignes de la plus haute estime, mais il existe aussi de celles qui ontl gtes par l'ducation, les mauvais exemples et leur propre lgret , de celles qui jamais ne surent s'lever assez pour pouvoir mme apprcier les dsirs de l'homme vertueux, de celles qui prouvent plus de plaisirs tre courtises pour leur beaut et pour le charme de leur esprit, qu' se rendre dignes d'amour par la noblesse de
leurs sentiments.

Ordinairement ces femmes imparfaites sont trs-dangereuses, plus dangereuses que celles qui sont tout fait tombes dans l'infamie. Ce n'est pas seulement par leur beaut et par leurs manires tudies qu'elles sduisent, mais c'est souvent encore par quelq.ue vertu, qui font esprer qu'en elles le bon l'emporte sur le mauvais. Ne te laisse pas tromper par cette esprance, si tu vois la vanit ou d'autres dfauts graves dominer en elles. Sois svre dans le jugement que tu porteras sur elles, non pour en dire du mal, non pour t'exagrer leurs torts, mais pour les fuir lorsqu'il en est temps, si tu crains le danger de formerquelque lien peu digne de toi. Plus tu seras port aimer, plus lu seras port respecter la femme vertueuse, plus tu dois te faire un devoir de ne pas donner le titre d'amie la femme qui n'a que des vertus mdiocres. Tu seras un sujet de raillerie pour les jeunes gens sans murs et les femmes qui leur ressemblent, ils diront que tu es fier, sauvage et bigot. Que t'importe? mprise leur jugement. Ne sois ni fier, ni sauvage, ni bigot; mais ne place jamais mal tes affections; conserve ton cur libre ou fais-en hommage

321 la

DEVOIRS DES HOMMES.

322

! I
3

|
1

femme qui seule a droit toute ton estime. Celui qui aime une femme distingue ne perd pas le temps la courtiser servilement; il ne lui prodigue pas de (laiteries, il ne pousse de vains soupirs... Elle ne souffrirait une telle manire d'agir, elle aurait honte d'avoir pour amant un homme oisif et cffmin; elle n'estime que l'amiti d'un homme franc, digne, moins empress lui parler d'amour qu' lui plaire par des principes et des actions dignes de louanges. La femme qui permet un homme de ramper ses pieds comme un esclave, qui [habitue souffrir bassement tous ses caprices et ne s'occuper que d'lgantes frivolits et d'amoureuses fadaises, fait bien voir qu'elle a une ide peu leve de cet homme et d'ellemme. Et celui qui se complat dans un tel genre de vie, celui qui aime sans un noble but, sans se proposer de devenir meilleur en rendant hommage une grande vertu, celui-l use misrablement les sentiments de son cur et les facults de son esprit; il est difficile qu'il lui reste assez d'nergie pour faire jamais quelque chose de bon dans le monde. Je ne parle pas des femmes aux murs dpraves l'honnte homme en a horreur, et il est ignominieux de ne pas les
:

veiller contre elle la calomnie , pour lui ravir l'honneur, les plus faibles apparences suffisent.
Si tu sens ton cur battre d'amour pour une jeune fille sans pouvoir prtendre sa main prends garde qu'elle ne s'aperoive
,

qu'elle est aime, mets le lui cacher tous tes soins. Si elle pouvait souponner ton amour, son cur peut-tre l'entranerait vers toi et pourrait devenir ainsi la victime

d'une passion malheureuse.


Si lu t'aperois que tu as inspir de l'amour une jeune fille que tu ne puisses pas ou ne veuilles pas pouser cesse entirement de la voir, sans avoir gard ni aux convenances de sa position, ni la paix de son me. Il n'y a point de vanit plus infme que celle de se complaire dans la pense qu'on a mis au cur d'une jeune fille une passion qui ne doit aboutir qu la honte et au dsespoir. Ne sois pas moins sur tes gardes avec les femmes maries. Tu pourrais tomber dans un grand malheur, dans une giande ignominie, situ te laisses aller un fol amour pour l'une
,

d'elles,

ou

si

un

fol

amour pour

fuir.

Ds que tu auras cru une femme digne de ton amour, ne sois ni souponneux, ni jaloux, ni assez indiscret pour prtendre en tre follement aim. Fais un bon choix, et puis aime sans te tourmenter toi-mme, sans tourmenter celle

que tu as choisie par tes emportements ; ne te trouble pas si elle sait voir l'amabilit dans les autres , n'exige pas qu'elle meure de tendresse pour
Sois-lui
toi.

moindre que parce qu'une femme qui s'expose perdre l'estime de son mari et la sienne propre est menace d'un plus grand opprobre, que tu dois tre assez gnreux pour prvenir le danger, ou, si elle y est tombe, pour ne l'y pas laisser un instant. Tu dois mettre fin un amour que Dieu et les lois condamnent. Celte sparation brisera ton cur et celui de la femme que tu aimes mais qu'importe? la
;

l'une d'elles se laissait aller toi. Ton malheur serait le sien ; mais c'est prcisment

dvou pour tre

juste,

pour admi-

rer son mrite suprieur, pour lui payer un poble tribut de servage, pour t'lever une crature qui te parat si haut place; que ce ne soit pas pour qu'elle cherche to tmoigner plus d'amour qu'elle ne peut. Les jaloux, ceux qui frmissent de rage parce qu'ils ne sont point assez aims, sont do vritables tyrans Tu dois renoncer un plaisir plutt que de devenir mchant pour te le procurer, renoncer l'amour s'il doit te rendre tyran ou le faire tomber dans toute autre indignit.
:

CHAPITRE XXII.
Respect

aux jeunes

fdles et autres.

aux femmes
et le

des

Respecte la puret virginale


soit

mariage,

des sacrifices ne pas savoir les accomplir est une lchet. Il ne peut exister innocemment entre une femme marie et l'homme qui n'est pas son mari, d'autre rapport intime qu'une juste et bienveillante estime fonde sur la connaissance de leur vertu sur la persuasion o ils doivent tre qu'avant tout autre amour, ils ont, l'un et l'autre, dans le cur un attachement inbranlable leurs propres devoirs. Ravir un poux l'affection de sa femme est une action grandement immorale, aie-l en horreur. Si le mari mrite d'tre aim, ta perfidie est un crime atroce; si, au contraire, il est peu digne d'estime, ce ne doit pas tre pour loi un motif de dshonorer l'infortune qui est sa compagne. La femme qui a un mauvais mari doit se rsigner supporter ses dfauts et lui rester fidle il n'y a pas pour elle de choix faire. Celui-l est un cruel goste qui, sous prtexte de lui apporter des consolations l'entrane un amour
: ; : ,

vertu

demande

que tu

restes clibataire, soit

que tu

te

maries. Ne trouble point le cur de la jeune fille, ne profane pas ses penses par des paroles ou des manires trop libres car rien n'est plus dlicat que son innocence et sa rputation. Ne te permets en lui parlant, ni en parlant d'elle, aucun propos qui puisse faire supposer qu'elle est lgre et passionne. Pour faire manquer une jeune personne un mariage qui l'et rendue heureuse, pour
;

coupable; si la piti est vraiment le mobile qui te fait agir, celle piti est illusoire, funeste et criminelle. En inspirant de l'amour cette femme, tu accro irais son malheur;

au tourment qu'elle souffre d'avoir un mari peu aimable, lu ajouterais celui de le har;
car la haine natrait et s'tendrait dans son cur mesure qu'augmenterait son amour pour loi tu y ajouterais peut-lrc la jalousie de son mari, tu y ajouterais certainement le remords, qui suit partout celui qui se sent
;

323

32i DEMONSTRATION EVANGELIQCE. SILViO PELLICO qui rend l'homme mprisable, qui ferme ne peut coupable! La femme mal marie remplit la socit de turpitudes et de maltrouve dans avoir de repos que celui qu'elle heurs. tmoignage de sa conscience Lui en le bon Ce n'est qu' la condition suivante qu'un mentir et la prcipiter dans promettre c'est mariage peut tre heureux chacun des deux le malheur poux doit se prescrire pour premier devoir que lu pourSois prudent dans les rapports rsolution Je veux aimer femmes ou des jeunes til- cette inbranlable rais avoir avec des toujours le cur auquel j'ai donn pouvoir sur pour leurs chres
I

les qui te seraient


;

devenues

sur elles vertus prends garde de faire nalre lorsd'injurieux soupon. Sois circonspect qui que tu parleras "d'elles ces hommes avec toute bassesse, et qui supposent jugent qui toujours dans les autres la perversit Infidles interr^'ne dans leur propre cur. donnent un prtes de ce qui leur est dit, ils simples sens mauvais aux paroles les plus aux actions les plus innocentes. Ils voient mme des mystres l o il n'en existe pas frivole l'apparence. Aucune prcaution n'est rputation lorsqu'il s'agit de conserver la aprs sa vertu, cette rputation femme;

le

mien.
Si

lechoixalbon,si l'un des deux curs

n'tait pas dj corrompu , il est impossible qu'il se corrompe et devienne ingrat si l'autre l'environne d'attentions dlicates et d'un

noble amour.

d'une homme est son plus prcieux trsor. Tout tout qui n'est pas jaloux de le lui conserver, qui a la bassesse de se complaire homme dans la pense qu'une femme peut tre souponne de faiblesse pour lui, devrait tre chass de toute bonne compagnie comme un
misrable.

CHAPITRE XXII.
Le mariage. les conve Si l'inclination de ton cur et T nances te dterminent au mariage, porte a un vril'autel de saintes penses; porles-y qui table dsir de faire le bonheur de celle

de celle qui te confie le soin de ses jours, le nom de ses pres pour porter le abandonne qu elle tien , de celle qui l'aime plus qu* ce
a jamais
plus aim, et qui par toi espre de donner la vie de nouvelles cratures intelligentes appeles jouir un jour de la posle
,

Jamais on n'a vu un mari aprs avoir t cher sa femme, perdre son amour, moins qu'il se soit rendu coupable envers elle d'indignes traitements, de ngligences ou d'autres fautes graves. La- femme est naturellement douce, reconnaissante, dispose aimer ardemment l'hommequi l'aime avec constance et cherche mriter son estime. Prcisment cette grande sensibilit de la femme fait que facilement elle s'indigne lorsque son mari n'est pas aimable, lorsque d'autres torts dgradent son caractre. Celte indignation peut la pousser une antipathie invincible et toutes les erreurs qui en sont la consquence. Sans doute alors la malheureuse sera bien coupable, mais c'est le mari qui sera la cause de ses fautes. Persuade-toi bien qu'aucune femme qui fut bonne au jour de ses noces ne perdra sa bont en vivant avec un poux qui continuera mriter son amour. Pour avoir toujours droit l'amour d'une pouse il ne faut pas se dsapprcier ses

yeux;

il

faut

que dans

l'intimit

du mariage

session de Dieu. Trisle preuve de ''inconstance des hommes L'amour fait contracter la plupart des mariages ; des penses solennelles y prsident, volont de ils sont sanctionns par la ferme
1

les bnir

et souvent deux jusqu' la mort ans aprs, souvent quelques mois seulement, on se suple couple uni cesse de s'aimer porte avec peine, on se fait des reproches, on ne se croit plus oblig d'tre aimable l'un
;
:

pour l'autre. D'o vient ce changement? D abord, de ce


qu'on ne se connaissait pas assez avant le mariage. Si tu ne veux tre perdu, apporte choix que tu la plus grande prudence dans le feras, assure-loi des bonnes qualits de celle que tu aimes. Une autre des causes qui font cesser l'harmonie qui rgnait enlre les deux poux, c'est la lchet avec laquelle nous
cdons aux tentations de l'inconstance, c'est parce, que nous ngligeons de nous rpter chaque jour nous-mmes II tait de mon devoir de prendre la rsolution que j'ai prise ; je veux tre fidle la maintenir. Dans celte circonstance, comme dans toutes celles de la vie, songe que dans l'homme le bien se change souvent cil mal ; auiij,-. que Bien SB UUtUlge buuvuui en mut , songe iju^ c'est uniqueuieul cette absence d'une volont
:

l'poux soit aussi respectueux et aussi aimable envers sa compagne qu'il l'tait avant de la conduire l'autel ii faut qu'il vite de devenir tellement son esclave qu'il se montre capable de la reprendre sans pourtant lui faire sentir le joug d'une autorite despotique et sans humeur; il faut qu'il lui donne une haute ide de son bon sens et de sa droiture; il faut qu'elle ait se glorifier d'tre sa compagne et de dpendre de lui il faut que cette dpendance lui soit impose non par l'orgueil de son poux, mais qu'elle l'ait voulue par amour et par un sentiment de la vritable dignit de l'homme et de la femme. L'excellence du choix que tu pourras avoir fait, et la certitude que tu auras des m inentes vertus de ta femme , ne doivent pas te faire croire qu'une attention continuelle, pour paratre toujours aimable ses yeux, Elle est si soit moins ncessaire. Ne dis pas parfaite qu'elle me pardonne tous mes torts ; je n'ai pas besoin de travailler lui tre cher, elle m'aime toujours galement. Comment! parce que sa bont est grande, lu seras moins ingnieux lui plaire Ne te fais pas illusion : l'insouciance, la grossiret, les brusqueries lui causeront d'autant plus de chagrins et de dgots qu'elle sera doue d'une me plus dlicate. Plus ses manires et ses sentiments ^..v.~. ^ . uu uuu * seront nobles, plus elle aura besoin de trou
; ; : !

3*0

DEVOIRS DES HOMMES.

526

Ter en toi la mme noblesse. Si e!le ne l'y trouve pas, si de la sduisante galanterie d'un amant elle te voit passer tout coup l'insultante indiffrence d'un mauvais mari, c'est en vain qu'elle aura recours sa vertu pour s'efforcer de t'aimer , quelque indigne que tu sois de son amour, ses efforts seront inutiles. Elle te pardonnera, mais elle ne l'aimera plus, elle sera malheureuse. Et si sa vertu venait lui manquer et qu'un autre

mieux pour lui qu'on lui et attach au cou une meule, cl qu'on l'et prcipit au fond

de la mer. Considre comme tes enfants tous ceux qui te sont infrieurs en ge, ne serait-ce que de quelques annes, puisque tes paroles et les exemples peuvent avoir sur eux quelque pouvoir. Traite-les avec ce mlange d'indulgence et de zle propre les loigner du mal
et

leur faire aimer le bien.

homme
que

lui p'.t, alors

malheur

toi

Ce cur

lu n'auras su ni apprcier, ni garder, pourrait bien tre la proie d'une passion coupable, d'une passion funeste son repos, au tien et celui de les enfants. C'est l ce qui arrive beaucoup de maris; et pourtant elles taient vertueuses autrefois, ces femmes qu'ils maudissent aujourd'hui; elles taient vertueuses, et elles le seraient encore si elles avaient t aimes Quand tuas donn une femme le nom sacr d'pouse, tu dois cher; lier faire son bonheur, comme elle doit chercher faire le tien mais c'est pour toi une obigation plus grande, parce que la femme est faible et que tu es fort lu lui dois le premier loule sorte de secours et de bons exemples.
!

CHAPITRE XXIV.
Amour
paternel.

Amour de l'enfance
jeunesse.

et

de la

Faire don la patrie de bons citoyens, faire don Dieu lui-mme d'mes dignes de lui, voil ta mission si tu as des (niants. Mission sublime L'accepter et la trahir, c'est tre le plus grand ennemi de sa patrie et de Dieu. Si tu as t bon fils et bon poux, tu auras toutes les vertus d'un pre; il est donc inutile de les numrer et de les dfinir. Des fils des poux sans cur deviennent iugrals toujours de mauvais pres. Que ton me s'ennoblisse parle doux sentiment de l'amour paternel, avant mme que tu aies des enfants, lors mme que tu n'en devrais jamais avoir. Tout hommedoil nourrir en lui ce sentiment, il doit l'tendre tous les enfants et tous les jeunes gens. Montrez un grand amour, un grand respect cette partie nouvelle de la socit. S'il n'est dj pervers, il le deviendra certainement celui qui afflige l'enfance ou qui la mprise injustement. L'homme qui ne met pas tous ses soins respecter l'innocence d'un enfant, ne pas lui enseigner le mil, veiller ce qu'il ne l'apprenne point de la bouche des autres, faire en sorte qu'il ne s'enflamme d'amour que pour la verlu, celuil peut tre cause que cet enfant sera un monslre, si jamais il le devient. Mais aux terribles et saintes paroles prononces par l'adorable ami de L'enfance, le Rdempteur, pourquoi substituer des paroles moins fortes, moins nergiques? Celui, dil-il, qui reoit en mon nom un de ces petits enfants, me reoit moi-mme. Mais malheur celui qui aura lev un sujet de scandale pour un de ces petits qui croient en moi il vaudrait
! , :

L'enfance est naturellement dispose imiter ce qu'elle voit faire; si les adolescents qui entourent un enfant sont pieux, dignes et aimables, l'enfant voudra l'tre aussi, et il le deviendra. Si les adultes, au contraire, sont irrligieux, bas et malveillants, l'enfant sera infailliblement comme eux. Mme avec des enfants et de jeunes garons, que tu n'as pas l'habitude de frquenter et qui peut-tre en toute la vie tu n'auras qu'une seule fois l'occasion de parler, mme avec ceux-l, montre-toi bon. Dis-leur, si tu le peux, quelque parole fconde en ver tus. Cette parole l'amour de ces mmes vertus, qui brillera dans ton regard, pourra les arrachera une pense basse, pourra faire natre dans leur cur le dsir de mriter l'estime des gens de bien. Si un jeune homme de belle esprance te donne sa confiance, qu'il trouve en toi un ami gnreux viens son aide par de forts et salutaires conseils, ne le flatte jamais applaudis ses actions louables, mais dtournele de toute action indigne de lui par un blme nergique. Lors mme que tu n'aurais aucune intimit avec un jeune homme, si tu le vois sur le point de tomber dans le vice, ne ddaigne pas pour le sauver de lui tendre la main. Un cri. un signe suffirait quelquefois pour faire rtrograder et entrer dans la bonne voie un jeune homme qui s'avanait vers le chemin de la perdition. Tu ne sauras quelle ducation morale donner tes enfants, si tu n'as commenc par en acqurir toi-mme une excellente. Que ce soit donc l ton tude, et lu inculqueras dans le cur de tes enfants ce qui sera imprim dans le tien.
,
:

CHAPITRE XXV.
Des
richesses.

La pauvret, accompagne de la verlu, est de beaucoup prfrable l'amour toujours inquiet des richesses la religion et la philosophie s'accordent la louer: elles conviennent cependant, l'une et l'autre, qu'un homme riche peut galer en mrite le meilleur d'cnlre les pauvres. Pour cela, une seule chose est ncessaire: c'est que ce riche soit le matre et non l'esclave de ses richesses que, dans les efforts qu'il fait pour les acqurir et les conserver, il n'ait en vue que l'intrt de ses frres. Honneur toutes les conditions honntes de l'humanit, et parlant honneur aux riches pourvu que leur prosprit soit la prosprit de beaucoup d'autres pourvu que
; ;
1 1

527

DEMONSTRATION EVANGELIQUE S1LVO


le

PF.LLLICO.
et

328

dans

luxe

et les dlices ils

ne deviennent

point indolents et orgueilleux. Tu resteras vraisemblablement dans la condition o tu es n, galement loign deia grande opulence et de la pauvret. Que jamais cette basse haine des pauvres ou de ceux qui sont moins riches envers ceux qui le sont plus, ne trouve accs dans ton cur. Celte haine sait prendre la gravit du langage philosophique ce sont de chaudes dclamations contre le luxe, contre l'injuste disproportion des fortunes, contre l'arrogance orgueilleuse des heureux et des puissants ; c'est, en apparence, un besoin magnanime d'galit, une soif ardenle de soulager les misres humaines. Ne te laisse point blouir par cette fastueuse loquence, ni entraner par cette touchante philanthropie, quoique tu les rencontres chez des gens de renomme ou dans des crits de mille pdants fort diserts, qui flattent les passions de la multitude pour mendier ensuite son suffrage. Ne crois pas que le zle pour la jusil n'y a chez eux que tice les enflamme jalousie, ignorance et calomnie. L'ingalit de la fortune a ses avantages comme ses inconvnients, etelle est d'ailleurs invitable. Tel qui aujourd'hui accable le se mettrait deriche de ses maldictions main volontiers en sa place; pourquoi ne pas laisser dans l'opulence celui qui dj s'y trouve. Le nombre des riches qui ne dpensent point leur or est bien petit; et en le dpensant ne deviennent-ils pas tous, avec plus ou moins de mrite, ou quelquefois mme sans mrite aucun, les cooprateurs de la prosprit publique ? Ne donnent-ils pas
;
: ,

de cur devant Dieu mes.


Si

devant

les

hom-

ta prosprit s'accrot,

que

ta bienfai-

sance s'accroisse en proportion. A l'opulence peuvent s'allier toutes les vertus mais l'gosme dans l'opulence est une infamie. Qui a beaucoup doit beaucoup donner . ce devoir sacr, nul ne peut se soustraire. Si le malheureux t'implore, ne lui refuse pas ton secours; mais que l ne se borne pas ton bienfait. Pour que ton aumne soit grande et intelligente, efforce-toi de procurer au pauvre qui te tend la main un moyen plus honorable de pourvoir sa subsistance ;
; ;

la vritable

aumne est celle qui, aux diverses professions communes et librales, donne travail et pain. Pense quelquefois que des vnements imprvus pourraient te dpouiller de l'hritage de tes pres et te plonger dans la dtresse. De pareils bouleversements ne se sont que trop souvent offerts nos regards. Aucun riche ne pourrait dire je ne mourrai ni dans
:

l'exil ni

malheur. Jouis de tes richesses avec cette gnreuse indpendance que les philosophes de l'Eglise nomment avec l'Evangile , pauvret
le
,

dans

d'esprit.
rit,

Voltaire, dans un de ses moments d'hilaa feint de croire que l'on pouvait traduire celte expression de l'Evangile pau:

vre d'esprit, par celle-ci


vret d'esprit est
,

la sottise.

La pau-

conserver,

l'impulsion au commerce, au got un nouveau degr de perfection, aux arts un nouvel essor? N'est-ce point sur eux que reposent les esprances de quiconque veut chapper la pauvret au moyen de l'industrie ? C'est faire sottement la caricature des riches, que de les reprsenter tous comme des

au contraire, la force de au sein de l'opulence un esprit humble et ami de la pauvret, un esprit qui sait respecter le malheur dans les autres c'est et que le malheur ne saurait abattre une vertu qui ne peut avoir sa source que dans l'lvation de l'esprit et la sagesse De

mme

hommes

oisifs,

mous

et inutiles. Si l'or

en-

gourdit les uns, il inspire aux autres de nobles actions. Il n'est pas dans le monde civilis une seule ville o les riches n'aient fond et n'entretiennent d'utiles tablissements de bienfaisance; il n'est aucun lieu dans lequel, ou individuellement ou par association, ils ne soulagent la misre. Vois-les donc sans colre comme sans envie, et ne
rpte point les calomnies du vulgaire. Ne sois leur gard ni fier ni servile voudraistu rencontrer dans de moins riches que toi du ddain ou de la servilit? Quelle que soit la fortune que tu possdes,
:

y a loin, ce me semble. Veux-tu cultiver ton me, dit Snque, vis pauvre ou comme si tu tais pauvre. Si tu tombes dans la misre, ne perds point courage. Ne rougis point de travailler pour vivre. L'homme dans le besoin peut tre auesi estimable que celui qui lui vient en aide. Mais alors renonce de bonne grce aux habitudes de l'opulence; n'offre point le ridicule et misrable spectacle d'un pauvre superbe, que l'on aperoive en toi une noble humilit, une stricte conomie, une constance invincible dans le travail, une aimable srnit d'me dans les revers, car ce sont la les vertus qui conviennent minemment l pauvret.
la sottise,
il

CHAPITRE XXVI.
Respect l'infortune.

Bienfaisance.
1

sois sagement conome; vite galement et l'avarice, qui endurcit le cur et abrutit l'intelligence, et la prodigalit, qui nous entrane de honteux emprunts et des efforts
_

peu louables
travailler

rien de plus lgitime que de ses richesses ; mais n'apportons dans ce travail ni une avidit
:

augmenter

honteuse,
la

ni

des inquitudes immodres.


le

Souvenons-nous que
vraie
flicit

vritable

honneur

et

ne consistent point dans la possession de ses biens, mais dans la noblesse

Honneur toutes conditions honntes de l'humanit, honneur aux pauvres Honneur aux pauvres que l'infortune rend meilleurs, et qui ne croient pas que leurs souffrances autorisent en eux les vices et la malveillance Ne les juge pas toutefois avec trop de rigueur. Que celui-l mme qui ne sait pas toujours matriser son impatience et sa coSonge qu' lre, trouve en toi de la piti
! !

329

DEVOIRS DES HOMMES.

339

du malheureux qui gmit sur le chemin ou dans une pauvre cabane, passent quelquefois des hommes superbement vtus et dlicatement nourris, et pardonne -lui sa
ct
plainte. Pardonne-lui s'il a la faiblesse de te regarder d'un il d'envie, et allge sa misre, parce qu'il est homme.

Respecte

le

malheur dans tous ceux qui

souffrent, lors mme que leur indigence ne serait pas absolue, et qu'ils ne rclameraient

aucun secours. dois une compassion affectueuse quiconque vit de peine et de labeur et est dans une condition infrieure la tienne. Ne
de
loi

Tu

pas sentir par des manires arrogande ta fortune. Que le dplaisir qu'il pourrait te causer par ses faons grossires ou par d'autres dfauts, ne soit point pour toi un motif de l'humilier. Rien n'est consolant pour l'infortun que le malheur accable, comme de se voir trait avec bienveillance par ceux que le sort a placs au-dessus de lui, son cur s'emplit de reconnaissance; il comprend alors pourquoi le riche est riche, et il lui pardonne son bonheur parce qu'il l'en trouve digne. Quelque salaire qu'il donne ses servi leurs, le matre brutal et hautain est toujours ha. Se rendre odieux ses infrieurs est d'une grande immoralit 1 parce qu'alors on est mchant soi-mme 2 parce qu'au lieu de soulager leurs souffrances, on les accrot; 3. parce qu'on leur fait contracter l'habitude de manquer de loyaut , parce qu'on leur fait abhorrer la dpendance et maului fais

tes la supriorit

lorsqu'on leur y peuvent croire. Que ce triste penchant de notre nature t'inspire de l'horreur. Si tu enlemls l'accusation, coute aussi la dfense, et si les apologies manquent, aie le cur assez noble pour oser en supposer quelqu'une. Si la faute est vidente, alors seulement lu peux y ajouter foi mais encore mets-toi en garde contre ceux qui ont la haine dans le cur.car ceux-l proclament souvent comme vidente une faute qui n'existe pas. La justice de ceux qui hassent n'est que fureur de pharisiens; si tu veux lre juste, n'ouvre donc point ton me la haine. Si votre ennemi, si celui qui a ravag votre pairie est tomb dans le malheur, il y a bassesse vous rjouir de son infortune le contempler avec orgueil. Si vous vous irouvez dans l'obligation de parler de ses loris, faites le avec moins de vhmence (iu'au temps de sa prosprit; appliquez-vous ne point les faire paratre plus graves qu'ils ne le sont, et ne manquez point de faire ressortir les qualils qui brillrent aussi dans cet

hommes semblent heureux


le

montre

mal

et qu'ils

homme.
Il est toujours beau d'avoir piti des infortuns et mme des coupables. La loi peut avoir le droit de les condamner; mais l'homme n'a jamais celui do se rjouir de leur douleur, ni de les peindre sous des couleurs plus noires qu'ils ne le mritent. Quelquefois l'habitude de la piti te rendra bienfaisant envers des ingrats. l ne faut pas conclure de l que tous soient ingrats il ne faut pas cesser d'tre bienfaisant. Au milieu de beaucoup d'ingrats, il se rencontre aussi un homme reconnaissant, un homme digne de tes bienfaits; il n'y aurait pas particip, si lu ne les avais rpandus sur plusieurs. Les bndictions de ce seul homme le ddommageront de l'ingratitude de dix autres. Bien plus, quand mme tu ne trouverais jamais un cur reconnaissant, la bont de ton cur sera ta rcompense. Il n'est rien de plus doux que d'lre misricordieux, que de cherchera soulager les malheurs des autres. Cette jouissance surpasse de beaucoup la douceur qu'on prouve lre secouru; car il n'y a pas de vertu recevoir un don et il y en a beaucoup le faire. Dans le bienfait mets de la dlicatesse avec tout le monde; mets en davantage avec les personnes plus respectables, avec les femmes timides et vertueuses, avec ceux qui font avec peine le cruel apprentissage de la pauvret, el qui souvent dans le secret dvorent leurs larmes, plutt que de prononcer cette dchirante parole J'ai besoin de pain. Outre ce que tu donneras en ton nom sans qu'une main sache ce que l'autre aura donn, comme dit l'Evangile, unis-toi aux mes gnreuses pour multiplier les moyens de secourir, pour fonder de bonnes institutions et pour contribuera l'entretien de celles qui
;
:

dire la classe entire que la forlune a favorise. Enfin , comme tout homme a droit en ce monde sa part de bonheur , celui qui appartient une condition leve
doit travailler faire

que

ses infrieurs,

non-

seulement trouvent leur sort supportable, mais encore qu'ils l'aiment, en voyant que le riche prend soin d'y mler des consolations, et que nul ne le mprise. Que celui qui est dans le besoin trouve en toi des secours de tout genre: secours d'argent et de protection quand tu le peux de bons conseils quand l'occasion s'en prsente, et toujours des manires affables et de bons exemples. Si le mrite opprim s'offre tes regards, emploie toutes tes forces le relever si cela n'est pas en ton pouvoir, console-le du moins et rends -lui hommage. Ne rougis pas de tmoigner ton estime un honnte homme que le sort a frapp, car c'est la pire des bassesses. Ce vice n'est que trop commun n'en sois que plus attentif ne point lui donner entre dans ton cur. Ds qu'un homme est malheureux, la foule est dispose le croire coupable, supposer que ceux qui le fltrissent et le tourmentent ont pour cela de bonnes raisons. Viennent-ils four se justifier eux-mmes avancer une caomnie qui dshonore leur victime, on prte l'oreille celte calomnie, et quelque peu vraisemblable qu'elle soit, on la rpte avec un
, ; :

plaisir cruel.

Ceux qui veulent la faire tomber sont rarement couts. La plupart des
Dfmonst. vang. XIVi

existent dj. La religion nous dit encore (Providenlex bona non tanlum coram Deo, sed eliam coram

omnibus hominbus) [Ep. Pauli ad Rom. XII)


[Onze.)

DEMONSTRATION VANGLIQUE. SILVIO PKLL1CO. 53 Soyez attentifs faire le bien non-seulement sommes. 11 est bon d'avoir beaucoup de condevant Dieu, mais encore devant les hommes. naissances mais le mrite rel de l'homme
331
;

des choses excellentes qu'on ne peut faire seul et dans le secret. Aime les socits de bienfaisance, et , si tu le peux propageranime-les lorsqu'elles perdent leur arles ramne-les vers leur vritable but deur lorsqu'elles s'en loignent. Ne te laisse pas
11 est.
,
,

consiste dans la vertu peut tre vertueux.


Si tu sais

et l'ignorant aussi

beaucoup, ne mprise donc point

pour cela

dcourager par les railleries que les avares et les inutiles prodiguent toujours aux mes gnreuses qui travaillent sans relche pour
le

celui qui ne sait pas. Le savoir, comme la richesse , est dsirable puisqu'il nous donne les moyens d'tre utile nos semblables ; mais celui qui en est priv, pouvant aussi tre bon citoyen, a droit nos respects.

bien de l'humanit.

CHAPITRE XXVII.
Estime du savoir.

Lorsque (es occupations ou les soins domestiques ne te laissent que peu de loisirs consacrer l'tude, ne cde point une inclination trop commune ceux qui ont peu celle d'abhortudi ou qui n'tudient plus rer toute science qu'ils n'ont point acquise ; de paratre prendre en piti ceux qui comptent pour beaucoup la culture de l'esprit ; comme si elle tait de dsirer l'ignorance
: ,

un
le
;

bienfait
fiuix

pour

la socit.
:

savoir est dangereux mprisevritable savoir est toujours utile: donne-lui ton estime, soit que lu le possdes, soit que tu n'aies pu y arriver. Cultive plus particulirement une science, ou lis de bons livres de divers gpnres, an de faire chaque jour quelque progrs. Pour un homme d'une condition leve, cet exercice

Le

mais

le

l'esprit est d'une grande importance , non-seulement cause du plaisir honnte et de l'instruction qu'il en pourra tirer, mais parce que cette rputation d'homme instruit et d'amant des sciences, lui donnera une plus grande influence sur les autres pour les conduire au bien. L'envie n'est que trop dispose enlever l'homme droit son crdit si elle a quelque raison ou quelque prtexte pour l'accuser d'ignorance ou d'tre fauteur d'ignorance , tout le bien qu'il peut faire est vu de mauvais il par la foule qui le dnigre et lui en-

de

Fais participer la classe peu instruite lumires et les ides. Mais non point ces lumires et ces ides qui rendent les hommes malveillants, sentencieux et hautains, qui se bornent des dclamations exagres qui plaisent tanl au vulgaire, et que l'on rencontre si souvent dans les drames et dans les romans, o toujours les petits sont reprsents comme des hros, et les grands comme des sclrats o l'on ne se fait point scrupule de peindre faussement la socit, pourvu qu'on la rende odieuse ; o l'artisan vertueux est celui qui est insolent envers son matre et o le malre vertueux est celui qui pouse la fiile de l'artisan o le brigand mme est offert l'admiration pour faire paratre odieux celui qui le mprise. Les ides et les lumires auxquelles nous devons taire participer la classe ignorante sont celles qui la'prmunissent contre l'erreur et l'exagration; celles qui vouloir lui faire adorer lchement celui qui sait plus, disposent son me au respect, la bont et la reconnaissance; celles qui les loignent des furieuses et fausses ides d'anarchie et de gouvernement populaire ; celles qui leur apprennent remplir avec une dignit religieuse, les obscurs, mais honorables emplois auxquels la Providence les a appels celles qui leur montrent que les distances sociales sont ncessaires, quoique par la vertu nous soyons tous gaux devant Dieu.
tes
;
,

CHAPITRE XXVIII.
Amnit.

lve tout pouvoir.

Des champions, arms d'abord d'intentions vertueuses, puis de savoir et d'amnit, doivent dfendre sans cesse la cause de la religion, de la patrie et de l'honneur. Malheur nous si les mchants peuvent dire avec fondement aux hommes de bien Vous n'avez point tudi, vous n'tes point aimables. Mais pour conqurir ce crdit de la science, ne vas pas feindre des connaissances que tu ne possdes pas. Toute imposture est une bassesse, et c'est une imposture que de vouloir savoir ce qu'on ignore. De plus il n'est point d'imposteur qui tt ou tard ne soit dmasqu et alors que devient l'estime qu'on avait pour lui ? Quelque prcieuse que soit nos yeux la n'en soyons point idoltres. Dsiscience rons-la pour nous dsirons-la mme pour les autres , mais si tous nos efforts pour l'acqurir sont vains, consolons-nous et ayons la franchise de nous montrer tels que nous
: ,

Que
En

tous ceux qui ont traiter avec

toi te

trouvent affable.
te

donnant des manires bienveillantes,

cette affabilit te dispose vritablement ai-

mer. Celui-i ouvre son ca'ur des sentiments de malveillance, qui dans ses rapports avec les autres est brusque, souponneux,
mprisant. Le manque de politesse produit de grands maux il corrompt le cur de celui qui s'y livre, il irrite ou afflige celui qui
:

il

s'adresse.

Ne t'tudie point seulement rendre tes manires affables ;quecette amnit s'lende
sur toutes les conceptions, sur ta volont et sur tes sentiments. L'homme qui ne cherche point dlivrer son me des penses ignobles, et qui souvent s'y abandonne, ne tarde tre entran par elles de viles actions. N'imite point ces hommes qui, bien que d'une condition qui n'est point celle du vul-

mme

533
gaire, font

DEVOIRS DES HOMMES.


vres

534

des plaisanteries grossires et tiennent un langage inconvenant. Le lien, sans tre d'une lgah tudie, doit tre pur de toute expression triviale, de tontes ces exclamations communes dont les gens Sans ducation sment leurs discours, de toutes ces bouffonneries qui trop souvent offensent les murs. C'est ds ta jeunesse qu'il faut l'efforcer S'acqurir celte beaut du hngage. Celui qui vingt-cinq ans ne la possde pas, ne l'aura jamais. Je te le reflte, ce n'est point l'lgance que lu dois rechercher, mais une manire de 'l'exprimer honnte et leve, qui porte dans les mes la joie, la consolation, la bienveillance, le dsir de la vertu. Efforce-toi, par le bon choix des expressions et par la juste modulation de la"Voix, de rendre la parole agrable. L'homme qui parle agrablement captive ceux qui l'coute ni; et s'il s'agit d'loigner du mal ou d'exciter au bien, sa parole est plus persuasive et plus puissante. Nous sommes obligs de perfectionner tous l<s instruments que Dieu nous donne pour l'tiiit de nos semblables et par consquent celui l'aide duquel nous exprimons nos pen,

dans nos jugements et n'tre point prodigus de la bienveillance sans nous rendre bien coupables mais envers nos bienfaiteurs, une par iie faute serait un crime. Mettre tous nos soins ne 'es point offenser., ne leur causer aucune affliction, ne porter aucune atteinte leur.rnomm, nous montrer toujours empresss s dfendre et les consoler, voil pour nous le plus
,
;

sacr des devoirs.

Beaucoup d'hommes s'irritent de ce que leurs bienfaiteurs ont ou semblent avoir une trop haute opinion du bien qu'ils ont fait, grce ce qu'ils nomment une et se croient indiscr ion impardonnable, dgags de toute reconnaissance 1 ur gard d autres qui ont l'me assez basse pour rougir d'un bicrif;i.l, sont ingnieux se persuader que leur bienfaiteur a agi par intrt, par ostentation ou par quclqu'aulre vi! motif, et s'imaginent cacher par l leur ingratitude; d'autres enfin, ont peine acquis quelque bien-tre, qu'ils se htent de restituer un bienfait pour dposer le fardeau qui les accable, et ce f.irdeau ils croient le pouvoir dposer sans
,

crime.
C'est en vain que l'on voudrait justifier l'ingratitude ; l'ingrat est un homme vil, et

ses.

CeUe^trcgligcnce excessive que l'on apporte la manire de parler, de lire, de se prsenter, de gesticuler, est plutt le fruit d'une honteuse indolence, que d'une impuissance relle de mieux faire. On ne veut point songer que l'on se doit la perfection et tous le

dans

pour ne point le devenir, il faut tre prodigne de reconnaissance et en donner des tmoignages abondants. Si les avantages que (on bienfaiteur a sur toi le rendaient superbe s'il manquait de
,

respect.

Impose-toi l'obligation
souviens-loi

d'tre

affable

et

que c'est une obligation relle, puisque nous devons agir de telle sorte que notre prsence, loin d'tre un sujet de peine pour personne, 'toit tre pour tous un plaisir et un bienfait; ne l'emporte point toutefois contre les gens sans ducation: songe que la fange quelquefois enveloppe les diamants ; il vaudrait mieux, sans doute, qu'elle ne les souillt pas mais pour souiller le diamant, a-t-il perdu son prix? Un des plus grands mrites de l'amnit, est de tolrer avec un sourire infatigable de
;

dlicatesse ton gard si la gnrosit des motifs qui l'ont port t'tre utile, pouvait tre conteste, ce n'est pas toi qu'il appartient de le condamner. Jette un voiie sur ses torts rels ou possibles, et ne considre que le bien que lu as reu de lui. Considre ce bien, lors mme que lu le lui aurais rendu et rendu au centuple.
,

finie

comme aussi la multitude indes ennuyeux et des sols. Quand tu n'as pas d'occasion de leur tre utile, tu peux les viter; mais ne leur fais jamais sentir qu'ils le dplaisent: lu les affligerais et tu t'attirerais leur haine.
pareilles gens,

CHAPITRE XXIX.
Reconnaissance.

nous devons tous les hommes des senet des manires bienveillantes, que ne devons nous point aux mes gnreuses qui nous ont donn des preuves d'amour, de compassion et d'indulgence. Ne perdons jamais la mmoire du bien qu'on nous a fait; qu' commencer par nos pre el mre, tous ceux qui nous ont libralement aids d'action ou de conseil trouvent en nous de la gratitude. Envers les autres nous pourrons tre sSi

timents doux

On peut quelquefois sans manquer de reconnaissance, ne pas donner de publicit au bieiif-.it qu'on a reu mais chaque fois que la conscience te dit qu'il y a raison pour le faire connatre, qu'une mauvaise honte ne le ferme point la bouche. Avoue-toi l'oblig de l'ami qui l'a tendu la main dans Je malheur. A exprimer sa reconnaissance sans tmoin, il y a souvent de l'ingratitude a dit l'excellent moraliste Blanchard. Celui-l seulement est bon qui se montre reconnaissant pour tous les bienfaits qu'il reoit mme pour les plus minimes. La reconnaissance est l'me de la religion, de l'amour filial, de l'amour pour ceux qui nous aiment, de l'amour pour la socil humaine de laquelle nous viennent tant de perfection et de douceurs. Soyons reconnaissants pour tout ce que nous recevons de Dieu et des hommes et nous acquerrons plus de force el de patience pour supporter les maux de la vie nous serons disposs plus d'indulgence et de dvouement pour nos semblables.
, ;

CHAPITRE XXX.
Humilit.
Celui qui

Mansutude. Pardon.
d'humilit
el

manque

de douceur

DMO.NSTKA'ION EYANGUQlJE. S1LYIO PELL1CO.


colre n'est point aimable, car l'orgueil et la s'allier avec l'amnit. Il n est

ne peuvent

point de sentiment qui dtruise le mpris insultant que l'on a pour les autres comme l'humilit. Le mpris provient ordinairement de la prfrence que l'on s'accorde et un aprs s'tre compar aux autres semblable sentiment pourrait-il prendre racine dans un cur habitu considrer et dplorer ses propres faiblesses, reconnatre Dieu lui-mme comme l'auteur
:

hors quelques circonstances particulires qu'il est impossible de spcifier, ne perds jamais patience avec le mchant; ne l'accable ni de tes menaces , ni de tes mteurs
,

et,

pris.

La douceur
est vertu
et

a toujours raison lorsqu'elle

non impuissance, manque de

reconnatre que si Dieu ne pourrait tomber dans toute espce de mal. (Voyez Manzoni dans son excellent livre sur la morale catholique). Rprime constamment tes ddains ou tu deviendras dur et orgueilleux. Il est rare

de tout bien

le retenait

il

sentiment et d'nergie. Elle a plus de force pour abaisser un ennemi superbe que la plus foudroyante loquence de la colre et du mpris. Conserve toute ta dignit en face du mchant, n'applaudis pas son iniquit ne mendies pas son suffrage, ne t'loigne jamais du chemin de la religion et de l'honneur par crainte de leur blme, montre-leur , en tout temps que ta douceur n'est ni sottise
, ,

lors mme qu'elle est juste , produise quelque bien. Celui qui croit toutes ses colres lgitimes , couvre d'un masque de zle sa propre passion. Ce dfaut n'est que trop commun. Entre-

que

la colre

cur ouvert vingt personnes et dixneuf te parleront de leur indignation prtendue gnreuse contre tel ou tel. Tous semblent embrass de fureur contre l'iniquit comme s'ils taient les seuls justes au monde. Le plus mauvais pays de la terre est toujours leur avis celui qu'ils habitent; le sicle le les instiplus triste est celui o ils vivent
tiens
,
;

ni lchet. Que l'ide d'avoir des ennemis ne t'effraie point, qu'elle te devienne familire. l n'est aucun homme, pour peu qu'il soit bienfaisant, sincre, inoffensif, qui n'en compte plusieurs. Il existe des gens qui se font une
telle habitude de la haine, qu'accabler de leurs sarcasmes et de leurs calomnies quiconque a quelque rputation, est devenu pour eux un besoin.

tutions les plus funestes, celles qu'ils n'ont pas fondes : un homme parle-t-il de reli,

Aie le courage d'tre doux, et pardonne de bon cur aux malheureux qui t'ont fait du mal ou qui t'en voudront faire. Pardonneleur, non sept fois, a dit le Sauveur, mais
soixante-dix
jours.
fois sept fois, c'est--dire

tou-

gion et de morale c'est un imposteur ; un riche neprodigue-t-il pas ses richesses, c'est un avare un malheureux impiorc-t-il sa
;

piti

c'est

un dissipateur

rpandent-ils

bienfait, ceux qu'ils soulagent sont toujours des ingrats. Il y a donc une volupt

quelque

inapprciable mdire, except par hasard de quelques amis, de tous les individus qui

composent

la socit.

Et, ce qui est pis encore, c'est que cette colre contre les absents ou contre les voisins, plat
et

Le duel et la vengeance sont les uvres d'un homme en dlire. Il y a de l'orgueil et de la bassesse conserver du resseniiment. Tu peux gagner le cur de l'homme qui est ton ennemi en lui pardonnant l'injure qu'il t'a faite; tu peux faire natre dans son cur de nobles sentiments. Qu'il est beau et consolant ce triomphe Il renferme une bien autre grandeur que le triste plaisir de la
!

souvent ceux sur qui elle ne tombe pas immdiatement. L'homme furieux

mordant

est considr

comme un homme

de cur, qui deviendrait srement un hros s'il avait le monde gouverner. L'homme doux, au contraire, passe pour un imbcile ou un lche, on le regarde avec une piti

vengeance Et n'as-tu pas acquis la joie la plus inefcelle d'tre magnanime, lors mme fable, que l'homme qui tu as pardonn son offense, s'obstine demeurer ton ennemi, lors mme qu'il n'oppose ta gnrosit qu'un mpris insultant? Qu'as -tu perdu tre
!

bon?

ddaigneuse. L'humilit et la douceur ne donnent pas la gloire l'homme qui les possde ; mais que ce ne soit point pour toi un motif de les ngliger elles valent plus que toute gloire. Ces universelles manifestations de colre et d'orgueil ne prouvent qu'un universel dfaut d'amour et de vritable grandeur d'me, un besoin universel de paratre meil:

CHAPITRE XXXI.
Le courage.
Toujours du courage
I

sans cela, point de

vertu. Courage pour vaincre ton gosme et devenir bienfaisant ; courage pour surmonter la paresse et faire des progrs

dans

les

leur que les autres.

sciences ; courage pour dfendre la patrie et prolger en toute rencontre ton semblable;

mais Efforce-toi d'tre humble et doux que personne ne puisse t'accuser de sottise Et comment viteras-tu ou de lchet.
;

cette accusation? Sera-ce en perdant patience, ou t'emportant contre les mchants,

en cherchant fltrir par des discours ou des crits ceux qui auront employ discours et crits pour lancer contre toi la calomnie? Non; ddaigne de rpondre tes calomnia-

courage pour rsister au mauvais exemple et aux injustes moqueries courage pour souffrir sans plainte la maladie, la peine et les angoisses de toute espce; courage enfin pour tendre une perfection que nul n'atteindra jamais sur celte terre, mais laquelle cependant, selon le sublime langage de l'Evangile, on ne peut renoncer sans vouloir perdre toute lvation, toute noblesse.
;

557

DEVOIRS DES HOMMES.


ta

538

Quoique ton patrimoine, (on honneur,


vie, te soient chers, n'hsite point les

saau devoir, si le devoir l'exige, et sois prompt accomplir ce sacrifice. Plutt que de conserver ces biens la condition d'tre injuste, sachons y renoncer, sachons nous renoncer nous-mmes. L'homme qui n'agit point ainsi, non-seulement n'est point un hros, mais il pourra devenir un monstre. Nemo enim justus esse potest, qui mortem, qui
crifier

rons une beaut mystrieuse qui nous engagera l'aimer; nous prouverons les effets d'une puissance merveilleuse qui augmentera nos forces mesure que nous avancerons dans le chemin difficile de la vertu ; nous nous convaincrons que l'homme est beaucoup plus grand qu'il ne parat l'tre, pourvu qu'il ait une volont ferme d'arriver au but sublime qui lui est marqu dans
la vie.

dolorem, qui exsilium, qui egeslatem limet, aut qui ea qu fus sunt contraria quiiati anteponit (Cicero, de Offtciis, l. II, c. 9). Plusieurs trouvent si rude le prcepte qui nous est fait de vivre le cur dtach des misrables prosprits de ce inonde, qu'ils en regardent comme {impossible l'accomplissement. Il n'en est pas moins vrai qu'on ne sau-

mourir dignement, si, dans l'occasion, on ne savait voir ces prosprits avec indiffrence. Le courage doit lever notre me, doit l'animer conqurir la vertu; mais il faut prendre garde qu'il ne devienne hauteur et
rait vivre et

duret.

Ceux qui pensent ou feignent de penser que le courage ne peut s'allier aux sentiments doux ceux qui se laissent aller des fanfaronnades, des rixes, ceux qui ont soif de dsordre ei de sang, abusent de la force physique et morale que Dieu leur avait donne pour tre utiles la socit et pour lui servir d'exemples. Ce sont ordinairement les moins hardis dans les grands dangers leur
; !

Pour arriver ce but, il doit se purifier de toute tendance la bassesse, il doit frquenter toujours les meilleurs, et ainsi s'lever l'immortelle possession de Dieu. Aime la vie mais dteste ses plaisirs vulgaires et misrables ambitions. Aime la vie pour ce qu'elle a de grand, d'important et de divin aime-la, parce qu'elle est la lice du mrite, parce que le Dieu tout-puissant l'aime, parce qu'elle est glorieuse pour lui, glorieuse aussi et ncessaire pour nous. Malgr ses douleurs, aime-la; aime-la prcisment cause d'elles, car elle leur doit sa noblesse Ce sont les douleurs qui font germer et crotre, qui reproduisent dans l'esprit de l'homme les penses elles volonts gn'
;
; !

salut,

ils
!

sacrifieraient leurs pres et leurs

frres

Ceux qui se moquaient de la crainte de leurs compagnons et insultaient grossirement l'ennemi, sont, dans une arme, les
premiers dserter.

CHAPITRE XXXII.
Haute
ide de la vie,
et

force

d'me pour

mourir.
Il existe un grand nombre de livres qui parlent des obligations morales d'une manire plus tendue et plus brillante; pour moi, mon jeune ami, j'ai seulement voulu t'offrir un manuel qui, en peu de mots, te les rappelt toutes. Maintenant j'ajoute Que le poids de ces obligations ne t'effraie pas; il n'y a que les curs lches qui puissent le trouver insupportable. Montrons de la bonne volont, et, dans chacun de nos devoirs, nous trouve:

reuses Souviens-toi que c'est pour peu de temps qu'elle t'a t donne, celte vie laquelle lu dois tant d'estime. Ne la passe pas te divertir frivolement ne donne au dlassement que ce qui est ncessaire pour ta sant et le bien des autres. Que tes dlassements consistent faire de belles actions, c'est--dire servir tes frres d'une manire magnanime, servir Dieu avec un amour filial, avec une filiale obissance. En aimant la vie de cette manire, n'oublie pas qu'une tombe t'attend. En nous dissimulant la ncessit de mourir, nous tombons dans une faiblesse qui nous empche de faire le bien avec ardeur. Ne cherche pas hter ce moment solennel ; ne cherche pas non plus l'loigner par lchet. S'il est ncessaire, expose tes jours pour sauver tes frres, et surtout pour sauver ta patrie. Quel que soit le genre de mort qui t'est rserv, attends ce dernier moment avec une digne fermet, et sois toujours prt le sanctifier par toute la sincrit et toute l'nergie de
! ,

ta loi.

En accomplissant ces devoirs, tu seras vritablement un homme et un citoyen dans le sens le plus lev de ces deux mots ; et en te rendant utile la socit, tu feras ton bonhenr.

359

DEMONSTRATION FA ANGELIQUE. LINGARD.

340

EXAMEN
D'UNE BROCHURE INTITULE
:

REPONSE D'UN PROTESTANT,


PAR LE DOCTEUR JOHN LINGARD
La figure
l'aimer,
il

(1).

et les traits
suffit

de

la

vrit sont tels, q>ue pour

de

la voir.

(DrydeH.)

$l)\$ axt

Ucttuv.
et distingu par
le

L'auteur

(les

Remarques sur

le

mandement de

l'-

litre

de Qninlilien fianais.
la

On

Venue de Durhani, a mis en tle de sa brocliure un mot tir de Ldiarpe. Celui <pii a entrepris d'y rpondre,
qu'il soit
,

peut

lire

un abrg de sa Vie dans


lvrier.

Revue d'Oxford,

pour
faire

le
le

mois de

En

voil

assez pour salis-

utnabbin
ou

Juif

comme

son

noiii

Pindi-

monsieur qui

s'intitule Elyali Vrflz, et qui

qiierait assez

qu'il soit

un ecclsiastique,

comme
qu'il

demeure
lecteur, je

Protestant- Uow,
n'ai
,

Souih-Shields.
lui

Q
Si

aut

au
les

son zle

me

le

ferait conjecturer, aprs s'tre applila

qu'on mol
plusieurs
si

dire

ici.

d.ms

que nous omnlver


a de
plie
la

connaissance parfaite

pa^s
un
si:

suivantes

passages semblent

trop

langue franaise, en traduisant mal l'pigraqu'il

lgers pour un sujet


faible

grave, ou trop srieux pour

de son crit, nous avertit


est

ne connat pas
vrai
,

adversaire, j'espre qu'on


l'apologie

en trouvera

M. Lahar'pe. Cela

probablement

bien que je
lit'.-

suffisamment

dans

les divers
la

genres de
j'ai

dsirasse savoir dans quelle partie

du monde

mrite qu'on doit reconnatre


entrepris de passer en revue
jets,
suite,
,

brochure que

raire noire savant controversiste est rest

endormi dutirer d'in-

sous ^es diffrents ob-

ranltcs vingt derniies annes. Pour


dniieien
franais

le

comme

vhicule d'humeur, de chicane et d'in-

quitude, qu'il sache donc que Laharpe tait un aca,

clbre

par ses leons au Lyce

DEFENSE DE LA TRADITION,
ESSAI
SDR LA VUE COMPARATIVE DE L'EGLISE ANGLICANE ET DE L'EGLISE DE ROMfc, DU DOCTEUR MARSH.

CHAPITRE PREMIER.
Objet de la Vue comparative des deux Eglises k Angleterre et, de Rome. Opinion du docteurMarshsur l'Ecriture et la tradition. Ses accuOn examine son raisonnement. salions contre Bossuet.-Son explication du v 15 du chap. Il de la deuxime Ep. aux T/iessal. -Rfutation de son opinion sur

Vinstabilit de la tradition, et surteiff^ culte de la reconnatre quand on la trouve. 1

Quoiqu'on puisseprsumeravec raison que,


(I)
(jui fait une loi de ne point donner de auteurs vivanls, cl c'est pour relie ri ison nous ne pubiieBspas la biographie du docteur Lingard,
I

controverse leve entre l'Eglise de lE lise *****?* ^Angleterre, on ait f PU's longtemps latt valoir I mme pnis ? 'es .irguments importants, on voit cepend anl sc Pduire chaque jour de nouveaux fhampipns .qui rclamant a leur tour I altenllon d public el prsentent sous une forme ;' nouvelle el quelquefois plus engageante I anqu avaient traite leursdevanc.ers. . P ul F'P ler de ce n mb, e un savait! fort distingue par sa science biblique, le professeur de thologie du collge de Sainte-Marguerite
la
1

dans

{ome

e1
.

^
.

towel
1

Nous nous sommes


s

Du

notice sur

les

veste, nous n'imprimons aujourd'hui que ses pi OEuvres apologtiques, nous rservant de publier lus tard nue dition des OEuvres compltes de cet crivain,
i

5ii

EXAMEN D'UNE BROCHURE PROTESTANTE.


Ils les

342

l'universitde Cambridge. Si ledoctcurMarsh, en proposant de distribuer le livre des prires communes avec la Bible, avait paru trahir un secret penchant vers les principes arbitraires du papisme, sa Vue comparative des Eglises d'Angleterre et de Rome, a d pleinement dis-

siper cette injurieuse imputation. Dans ce et pnible travail, il entreprend d'examiner la doctrine et la discipline de ces deux Eglises, 1 par rapport la base de leurs symboles respectifs; 2 par rapport rtablissement des crmonies ecclsiastiques; 3 enfin par rapport l'exercice de l'autorit de l'Eglise. Sur tous ces pointsil s'engagea prouver, comme il aurait d faire, que l'glise anglicane agit d'aprs des motifs conformes la raison, la tolrance et l'Ecriture, tandis que l'Eglise de Rome lient une conduite tout oppose la parole de Dieu inspire et la libert naturelle de l'homme. Comme celui qui crit ces pages n'a ni l'intention ni le loisir de discuter tant de sujets divers, il dsire subornera la premire des trois parties dont se compose la Vue comparative, et qui, du reste, sert de fondement aux deux autres. 11 n'en ferait mme pas la remarque s'il ne se sentait pas press du dsir d'appeler l'attention du docteur Marsh et de ses associs sur une question qui bien des fois s'est offerte par je ne leurs considrations mais qui sais quelle fatalit, a presque toujours chapp de leur mmoire. En examinant les sources d'o ces deux Eglises prtendent faire driver leurs symboles respectifs, on aura l'occasion de s'assurer si les rformateurs, en rejetant l'autorit de la tradition, n'ont pas rellement dtruit l'autorit de l'Ecriture, renvers les bases sur lesquelles reposcntles croyances religieuses et sap les fondements mmes du christianisme. C'est l, assurment, un sujet qui ne laisse pas que de mriter une srieuse attention. Les trois premiers chapitres de la Vue comparative se composent de notions prliminaires, de dfinitions et de citations, qui accompagnes d'un grand talage de recherches, comprennent une tendue de plus de cinquante pages, tandis qu'on et pu renfermer en moins de cinquante lignes tous les renseignements qu'elles fournissent. L'auteur nous conduit successivement au Concile de Trente, Bellarmin et Delahogue, d'une part, et de l'autre aux articles et aux homlies de l'Eglise anglicane. Nous apprenons des premiers ce que sait dj tout lecteur que l'Eglise de Rome admet la fois l'autorit de l'Ecriture et de la tradition et des seconds, ce qui est galement bien connu que l'Egiise anglicane fait profession <!e n'admettre que l'autorit de l'Ecriture seulement, et de rejeter l'autorit de la tradition. Celui qui crit ces pages se gardera bien de faire peser sur la patience de ses lecteurs une taxe aussi lourde qu'elle est superflue; et passera, sans s'y arrter davantage, les chapitres prliminaires du docteur Marsh, en faisant seulement observer que les catholiques, tout en admettant la fois l'Ecriture et la tradition,

long

de doctrine indpendantes l'une de l'autrp. rvrent toutes les deux, parce qu'elles manent galement du Saint-Esprit; mais ils savent, et l'exprience l'a en effet pleinement prouv, que l'Ecriture est par elle-mme une lettre morte, qui ne peut expliquer par ellemme le sens qui lui est propre, qu'on peut lui faire parler toute espee de langage en rapport avec les caprices ou les intrts des lecteurs et que les novateurs et les fanatiques l'ont sacrilgemenl torture pour la faire servir de base aux doctrines les plus impies
;

donc l'Ecriture une rgle de foi, les catholiques soutiennent que pour tre, une rgle sre, elle doit tre explique conformment la parole non
et les plus contradictoires. Si

est

dont l'Eglise de Dieu a t tablie par son divin fondateur le tmoin et la gardienne,
crite,

non moins que de la parole crite. Dans son quatrime chapitre le docteur Marsh entre rellement dans le fond de la
,

question. L'Ecriture est-elle seule la rgle de notre foi, ainsi que l'enseigne l'Eglise anglicane, ou bien devons-nous joindre la tradition l'Ecriture, comme l'enseigne l'Eglise de Rome ? H n'y a pas de point dans la controverse leve entre les deux Eglises qui soit d'un intrt plus capital et qui demande un examen plus exempt de passions et de prjugs. Si l'on peut prouver que la tradition ou parole non crite, n'a point d'autorit il s'en suivra que l'Eglise anglicane aura les mmes chances que toutes les autres Eglises rformes d'tre dans le vrai ; si on ne le peut pas, il en rsultera ncessairement qu'elles sont toutes dans l'erreur. Sur celte question nous laisserons parler le docteur Marsh et exprimer lui-mme ses propres sentiments. Le passage paratra peut-tre un peu long, mais l'importance du sujet en
,

fera excuser la longueur. En abrgeant son raisonnement on aurait pu donner lieu de souponner qu'il a t dnatur. La discussion, dit-il, que nous allons en tamer, sera conduite de la manire la plus claire et la plus intelligible, en faisant du
<

dition

<

ne

les

considrent pas

comme deux

sources

chapitre de Bossuel sur Ecriture et la trala base de nos raisonnements. Nul catholique romain n'y saurait trouver redire, puisqu'ils professent , en gnral, la plus haute estime pour cet illustre preiat. Dans ce chapitre, qui est ledix-huitime de son Exposition de la fui catholique, Bossuet dit Jsus-Christ ayant fond son Eglise sur la prdication, la parolenoncrile a t la premire rgle du christianisme; et lorsque les Ei rituresdu Nouveau Testament y ont t jointes, cette parole n'a pas perdu pour cela son autorit ce qui fait que nous rccevons avec une pareille vnration tout ce qui a t enseign par les aptres, soit par crit, soit de vive voix, selon que saint Paul mme l'a expressment dclare (Thrss. II, 14). Or personne n'osera nier que J-usChrist n'ait fond son Eglise par la prdicalion on ne saurait nier non plus que la parole non crite n'ait t la premire r^le du christianisme. Gomme il n'y eut rien d'crit, que nous sachions du moins, penI : :

543

DEMONSTRATION V ANGELIQUE. MNGARD.


, ;

SU

la vie de notre Sauveur, les doctrines enseigne n'taient, celte poque, qu'autant de traditions divines ; et elles
qu'il

dant

sont restes des traditions divines jusqu'au

moment o elles ont t crites dans les Evangiles. Demme, comme il est probable
moment o
qu'il s'est coul plusieurs annes entre le les aptres commencrent en-

et celui

seigner sous la direction de l'Esprit-Saint, o ils consignrent leurs enseignements par crit, les doctrines qu'ils ensei-

gnrent durant cet intervalle taient tout autant de traditions apostoliques; et elles restrent des traditions apostoliques jus qu' ce qu'elles fussent crites dans les Ep
trs

rgle du christianisme l'exclusion de la tradition telle est, du moins, la manire dont un crivain, qui aurait adopt les principes de la Vue comparative et qui se serait confi sur l'exactitude de ces principes, aurait d naturellement procder. Si le docteur Marsh ne l'a pas fait , parce qu'il ne le pouvait faire, cette persuasion seule aurait d lui apprendre douter de la vrit de sa propre doctrine. Qu'a-t-il donc fait? Rien, absolument rien qui aille au but. Car au lieu de prouver son assertion par de bons raisonnements, il perd son temps faire des efforts
,

des aptres. Nous pouvons donc admettre sans crainte que la tradition, ou parole non crite, fut la premire rgle du christianisme. Oii continue en disant que lorsque les Ecritures du Nouveau Testament y ont t jointes, cette parole n'a pas perdu pour cela son autorit. Or ce raisonnement, qui est galement employ par les <iulrrs crivains qui ont trait ce sujet , est cens tablir l'autorit attribue la parole non crite par l'Eglise de Rome. Car, puisqu'on ne peut nier qu'elle ne ft la premire rgle du christianisme, l'autorit qu'on reconnat qui lui appartenait alors, ne parat pas avoir t immiliatemenldtruite, efface, par cela seul qu'une autre autoritest venue se pla-

pour montrer qu'un passage Rossuet est une ptition de principe. Or, quand mme on lui accorderait cela, nous n'en serions pas plus avancs d'un pas dans la discussion: un dfaut de logique dans un avocat n'est pas une preuve
impuissants
qu'il a extrait de

ses cts. Cependant si nous examinons ce raisonnement d'une manire plus approfondit-, nous verrons qu'il porte avec lui sa propre rfutation car il suppose ta citement un point prouver, et n'est par consquent rien de plus qu'une ptition de principe. Quand on dit que les Ecritures du Nouveau Testament ont t jointes la parole non crite, le seul terme joint es sup pose une diffrence telle entre les choses elles mmes, qu'elle fournit tacitement une base pour l'difice qu'on se propose d'lever des sus parla suite. Dans l'hypothse que toute la parole non crite a t plus tard consi gne dans le Nouveau Testament, il y au rail de l'absurdit dire que le Nouveau Testamenty a t joint. Doncdans ce terme mme se trouveadroitement implique cette supposition, qu'une partie au moins de la parole de Dieu n\i pas t crite dans le Nouveau Testament. Mais c'est l un point dont les catholiques romains ne peuvent se servir comme d'un principe convenu lors qu'ils discutent avec ceux qui le nient inva riablement. Ds l'aurore mme de la r forme, Luther et Mlancthon rejetrent la
cer
:

dcisive de l'injustice de sa cause; le docteur doit produire quelque argument positif en sa faveur, avant de pouvoir dmontrer que l'Ecriture seule est la rgle de la foi chrtienne. Mais : 1 Quoiqu'il soit bien libre de choisir un passage de l'Exposition de Rossuet pour en faire la base de son raisonnement , ne m'estil pas permis aussi de demander de quel droit il raisonne d'aprs la supposition que celte demi-douzaine de lignes contient non-seulement la doctrine, mais encore les arguments des catholiques. Il doit savoir qu'il y a de la diffrence entre le simple expos d'une doctrine et la dfense de celte doctrine, et il ne peut ignorer que le chapitre de Rossuet est un simple expos et non une dfense ou dmonstration du dogme catholique.

Marsh

2 Si le

docteur Marsh se

flatte

rellement

comme rgle de loi, parce qu'ils taient convaincus que toute la parole de Dieu est contenue dans l'Ecriture ou parole crite (Vue comparative, p. 61-63).
tradition

d'avoir dcouvert une ptition de principe dans les paroles de Rossuet, je ne lui envie pas la force de son intelligence. Il n'y a pas de point prouver, adroitement impliqu dans le passage en question. L'Evque de Meaux y dit, il est vrai, que la parole crite a t jointe la parole non crite lorsque les Ecritures du Nouveau Testament y ont t jointes. Mais que pouvait-il dire? Il parlait, non de la nature de la doctrine, mais des canaux destins la trasmeltre, qui sont la parole non crite et la parole crite. Le docteur Marsh reconnat lui-mme que la parole non crite a t la premire rgle la seconde rgle a donc d ncessaiiement venir aprs la premire. A moins donc de prtendre qu' la publication des Ecritures, tout souvenir des doctrines non crites ft effac de l'esprit des disciples, il doit dire aussi que l'une fut ajoute ou jointe l'autre. 3 U Mais puisque les protestants soutiennent que toute la parole non crite est con,
,

Quelle est l'impression que peut avoir faite ce passage sur l'esprit du lecteur; c'est ce que je ne prtends pas deviner, pour moi, j'avoue que j'ai t totalement dsappoint. Le Ion solennel de l'introduction m'avait fait esprer quelque argument pressant, irrsistible, quelque dclaration expresse, lire de la parole de Dieu, que l'Ecriture tait la seule

tenue dans la parole crite, comment les catholiques, demande-l-on, peuvent-ils prendre le contraire pour admis? En raisonnant contre un adversaire, on ne peut pas, il est vrai arguer de ce qu'il nie comme si dj il l'admelait ; mais en exposant ses propres opinions ainsi que le fait Rossuet dans cet ouvrage, on n'a pas seulement le droit, mais c'est mme un devoir de les exposer claire*
,

345

EXAMEN DUNE BROCHURE PROTESTANTE.

UG

ment, que l'adversaire les admette ou non. Mais qu'il me soit permis de demander ici, qui des deux, du catholique ou du prolestant, do produire iespreuvcs siircesujet?SurlequiT des deux Vonus probandi pse-t-il?La parole non crite tait,on en convienldes deux cts, originairement en possession de l'autorit; Luther, Mlancthonet le docteur Marsh entrant dans la la lice lvent la voix pour alfirmer qu'elle a perdu son autorit l'apparition de la parole crite, et en donnent pour raison que toute la parole non crite est renferme dans la parole crite. Mais sommes-nous obligs de croire qu'il en est ainsi sur leur simple assertion sans preuves? N'est-ce pas eux de produire leurs preuves ? qu'ils le fassent donc. Tant qu'ils ne l'auront pas fait on sera toujours en droit de supposer, conformment toutes les rgles du raisonnement, que la parole non crite est en pleine possession de son autorit primitive. Peut-tre le lecteur s'altend-il voir, aprs cette escarmouche prliminaire, le docteur Marsh se porter hardiment en avant, et attaquer son ennemi avec toutes ses forces. Mais non quelle que soit sa force il a soin de la cacher. Bossuet, dans son Exposition , e avait cit la 2 Ep. aux Thess. II 14, et celte citation a fourni au docteur Marsh l'occasion de nous lire une longue dissertation dans laquelle il interprte ce passage, et finit par conclure qu'il ne prouve point ce qu'on veut lui faire prouver ( Vue cowp., p. 64-06). Je vais examiner l'instant mne celte interprtation; la conclusion n'est fonde que sur un mal-entendu. Suppos que le tmoignage de saint Paul ait l allgu pour prouver l'existence actuelle de traditions apostoliques, il demande comment on peut montrer que les traditions dont parlait l'aptre n'taient pas dj consignes dans les autres Epit as ou n'y ont pas l consignes dans la suite. Mais lveque de Meaux n'a pas dit que les traditions dont parlait l'aptre sont ou ne s'ont pas actuellement existantes; c'est l une autre question; son but tait uniquement de prouver que saint Paul exigeait la mme sonmission sa doctrine soil qu'elle ft enseigne de vive voix ou mise par crit. Nous recevons avec une pareille vnration tout ce qui a l enseign par les aptres, soit par crit, soit de vive voix, selon que saint Paul mme l'a expressment dclar II Thess. II, l4).Or il est vident pour tout lecteur exempt de passions et de prejugis, que le texte en question est tout fait dcisif en faveur de son opinion. C'est pourquoi, mes frres, demeurez fermes, et conservez les traditions que vous avez apprises par nos paroles ou par notre lettre. Si donc je m'arrte l'interprtation qui est donne de ce passage dans la Vue comparative, ce n'est pas pour dfendre Bossuet mais bien pour appeler l'attention du lecteur sur les faons libres avec lesquelles les thologiens rforms ont coulunic d'en user l'gard de leur rgle unique de foi, et sur la tmrit avec laquelle ils substituent leurs propres conjectures la parole infaillible du
,
, :

Tout-Puissant. Que le commandement de conserver les traditions sonne mal aux oreilles d'un orthodoxe (1) et les offense un peu cela est assez naturel ; et il convenait eer tainc.ment qu'on changet cette expression pour une autre qui sentt moins la corruption du papisme. C'est dans cette vue que le docteur Marsh abandonne la version reue et autorise dans son Eglise pour avoir recours au texte grec; il y trouve le mot OTwpiSosu, et s'en emparant, il va la recherche de quelque passage, dans lequel il peut signifier autre chose que la tradition ou transmission d'une doctrine. Par bonheur, il dcouvre que dans la 2' Epit. aux Thess. III, 6, il a rapport la discipline et peut se traduire par direction ; l'instant mme la question est dcide. Quelle que soitl'intention ou le langage de l'aptre dans le passage contest, irv.pA.tixri peut tout aussi bien s'y prendre dans le sens de direction, et alors l'expression htrodoxe, conservez les traditions, n'offensera plus davantage Ic3 yeux des lecteurs protestants (2). Non que
, ,

(1) Ce col Essai,

en plusieurs aulres endroits Je le sens de membre fidle de l'glise anglicane, c'est pourquoi nous l'avons sou,

mol

ici

et

est pris

dans

lign,
(2) Vue comparative, 03, 60. Le docteur Marsh parat attacher une grande importance cette interpr-

exemple de l'avantage

y renvoie plus lard (p. 20) comme tant un qu'il peut y avoir de recourir au texte original , privilge dont il p-'iend que les thologiens catholiques ont l dpouill-! par lf roncilede Trente. Pour ce qui esl de la valeur de l'interprta lion de ce docteur, le lecteur en sera le juge; quant l'usage de recourir aux orginaux, il est commun aux thologiens catholiques et aux prolestants. Dire que cet usage a l dfendu par le second dtation.
Il

cret lait

dans la quatrime session du concile de Trente, c'est l une invention de vieille date, qu'on ne peut voir sans lonnemeot rpte par le docteur Marsh. Le dcret ne parle pas expressment des originaux il n'y l'ait mme pas allusion d'une manire loigne. Si le sixime des articles de l'Eglise anglicane aniorise par son silence mme un appel aux originaux sacrs (Vue comparative, 112), on peut {infrer de mme du silence du concile de Trente, qu'il autorise galement un appel ces mmes originaux. Ses conclusions ne s'adressent qu'aux versions, et encore mme seulement celles qui avaient l publies en langue latine antrieurement rmission du dcret en question, i Ex omnibus lai j is edilionibtis qure circumferuntur, sacrorutn Il < librorum, quaenam pro aulhentica habenda sit. se borne dterminer laquelle de ces versions doit tre, pour l'avenir, regarde comme authentique , c'est -dire approuve par l'autorit comptente. C'est l prcisment ce qu'a lait l'Eglise anglicane par rapport au grand nombre de versions ou traductions anglaises : celte Eglise en a choisi une nouvelle pour tre sa version autorise. L'Eglise catholique , qui est une Eglise antique, a choisi une version antique pour remplir ce mme but. Vtus elvulgala editio, i qure iongo lot [snrculorum usu in ipsa Ecclesia pro< bta esl. El que pouvait-elle faire de mieux ? Une version nouvelle (tant l'influence d'un systme a de pouvoir sur le jugement!) pouvait tre laite mme sans le vouloir, dans un sens favorable des opinions nouvelles; mais une version publie bien des sicles avant la naissance del dispute leve entre l'Eglise de Rome cl les rformateurs, ne pouvait tre suspecte sur ce point. Il fut donc dcrt que la vulgate
,
,

317
j'aie

DEMONSTRATION VANUMO.UK. LINGARD.


l'intention d'accuser lo docteur

348

Marsh

de vouloir fausser le moins du monde le sens de l'Ecriture; si cependant il lui plaisait d'analyser ses propres ides et la marche qu il a suivie en celte occasion peut-tre dcouvrirait-il que celte explication nouvelle n'a d'autre principe qu'un secret dsir de se dbarrasser de ce terme impudent de tradition. Eh bien lecteurs, si vous trouvez bon de lire les second et Iroisime chapitres de la deuxime Eptre aux Thessaloniciens, vous serez bientt mme de juger du mrite de celte dcouverte si importante, n*p*3ot 5 signifie direction dans le Iroisime chapitre soit mais s'ensuit-il qu'il doive signifier direction dans tous les autres passages o il se trouve employ? S'il arrivait que l'Aptre parlt non de discipline, mais de doctrine, ne devrait-il pas alors dsigner la traditioniune doctrine? Or voil prcisment o nous en sommes. Les deux chapitres traitent de matires tout fait diffrentes; le second ne parle que de doctrine ; le troisime se borne la discipline. Dans le second, saint Paul prmunit ses di Que persciples contre les faux docteurs sonne ne vous sduise en quelque manire que ce soit; et dans le troisime contre les hommes avares et d'une conduite drgle: Retirez-vous de tous ceux d'entre vos frres qui mnent une conduite drgle. Dans le second aprs leur avoir rappel le souvenir de ce qu'il leur avait dit prcdemment, il ajoute C'est pourquoi demeurez fermes cl conservez les traditions, pd.><rii que vous avez apprises par nos paroles ou par noire lettre Dans la troisime aprs leur avoir remis en mmoire la conduite qu'il avait tenue parmi eux, il ajoute que celui qui agit autrement ne se conduit pas selon la tradition ou direction icajiSWii qu'il a reue de nous. La mme distinction est clairement marque par la prcision du langage de l'Aptre. Dans l'un des chapitres il parle de
,

te

conserver des traditions ; et dans l'autre de se conduire selon une direction; dans l'un, des traditions que les Thessaloniciens avaient apprises; dans l'autre, d'une direction qu'ils avaient reue. Aussi est-il pour moi de la dernire vidence qu'on doit voir dans le premier passage la tradition d'une doctrine , et que ce serait dnaturer le sens vritable des paroles de l'Aptre que de vouloir expliquer ce premier passage par le second. Aprs avoir ainsi expliqu ce passage de la seconde Eptre aux Thessaloniciens dans un sens orthodoxe, le docteur Marsh se met alors nous gratifier de ses conjectures au sujet de la tradition. Il lui parat tout fait improbable qu'une Providence, dont la sagesse est infinie, voulant accorder au genre humain une rvlation nouvelle, ait pu souffrir qu'une doctrine ou un article de foi dt tre transmis la postrit par un canal aussi prcaire que celui de la tradition orale. Les articles de foi sont des choses dont le sens est tout intrieur, et doivent infailliblement subir en trs-peu de temps, de graves altrations, s'ils ne peuvent lre transmis par d'autre moyen que de bouche en bouche ( Vue comparative, pay. 67). 11 suffit de rpondre cela qu'une conjecture est un fondement bien peu sr pour un systme de foi religieuse. Nous ne pouvons tre que des juges fort incomptents, quand il s'agit de prononcer sur
les

prise pour la version autorise de l'Ecatholique dans les leuis, les disputes, les prleons, dications et les expositions publiques, c'eU dire dans toutes les occasions publiques dans lesquelles uni- version a'utorve est ncessaire. < In pubfiisle U oui bus, ilisputaiionibiis, pr.edicalionibus et expo y illumines pro antheulica liabeaiur > ; et (pie personne ne se permit', sous quelque prtexte que ce lt, de la rejeer; El ut iiento illam rejicere quovis Or, le do leyr pr:lextu andeal vel pnesumat. > Mars'i,en traduisant cette dernire phrase, a cherch, indubitablement, sans le vouloir, changer, par l'insertion d'un mot non autoris, la dfense de rejeter la Yulgaie latine en g ral, en une dfense de le] 1er aucun des passages qu'elle renferme. < Que personne ne se permette de rejeter la dcision de la < Vlgale latine, sons quelque p'texte que ce soit'
latine serait
isi

mesures qu'il est probable ou improbable que le Tout-puissant ait d prendre. Le docteur Marsh fonde son objection sur les altrations invitables qu'une doctrine traditionnelle doit ncessairement subir; mais ces altrations sont-elles donc invitables? La sagesse toute -puissante n'a-t-e!le donc pu aviser aux moyens de les empcher? Il nous a dit lui-mme d'aprs le docteur Tomline, que l'assistance gnrale de l'Esprit-S-iint a empch que les crivains des Ecritures n'enregistrassent dans leurs crits aucune erreur en matire grave (Explication de l'hypothse, etc., pag. 33). Quoi la mme assistance du Saint-Esprit ne pouvait-elle pas galement empcher que le corps nombreux des pasteurs ne corrompt jamais la parole non crite par aucun? altration grave?
,
!

Evidemment

la chose tait possible; cl, ce qui est plus encore, s'il esl donn aux catholiques, aussi bien qu'aux prolestants, d'entendre les Ecritures il a d ncessairement en lre ainsi car notre divin Sauveur a promis Pierre que les portes de l'enfer ne prvaudraient jamais contre son Eglise et losqu'il envoya ses aptres enseigner toules les nations, il ajouta qu'il ser.il toujours avec eux jusqu' la consommation des si, ,
;

IU.)11 suffit d'tre tant soit peu initi pour avoir que lel ife-l 'pas le sens du dcret. Un grand nombre de passages oui t depuis corrigs dans la Yulgate par les soins de l'autocoi)ii>.,

Vue
la

cles (1).

littrature

rit ecclsiastique

les

thologiens

Constamment

traduit le> originaux;

ils

catholiques ont sol dans l'ha-

XXVIII, 20. Le docteur (1) S. Munit. XVI, 18 Marsh a prouv avec une singulire bonne foi (p. 215) que IC termes employs dans le premier de ces pas;

sages
<

bitude de recourir aux originaux pour claircir et corriger le texte de la Vulgale, et dans ce pays mme les oniroveisisies catholiques, ne citent que rarement
la

Vulg.ito

c'est

glise anglicane qu'ils se .servent

ordinairement de la version de l'Edans leurs citations.

et sur cette pierre ja btirai doivent signifier < Tu es Pierre de car sur loi, etc. et. tu seras Pierre en redite < Qu'il me soit permis de recommander celle opinion du docteur Marsh l'allenlioii de l'vque de SaintDavid, un de ceux qui , comme l'observe le docteur
:

<

Tu

es pierre,

mou nom

glise

549

EXAMEN DUNE BROCHURE PROTESTANTE:.

550

Afin, cependant, de montrer combien peu de cas on doit faire de ce raisonnement con-

Marsh, < se sonl inutilement donn tanl de peines pour prouver que notre Sauveur par le moi pierre n'entendait pas saint Pierre. Voyez un ouvrage de l'poque de Saint David, intitul le Clinst, el non Pierre, est la pierre ou le ROij; et la rponse cet Examen de certaines opituvrage. sous le litre de
:
:

jectural, je veux, pour un moment, le supposer bien fond. Les consquences qui s'ensuivent naturellement, c'est que par l'existence mme des Ecritures, on a empch la doctrine primitive de la parole non crite d'prouver aucune altration grave. Car ce serait une sorte de blasphme qu'oser avancer que la sagesse de Dieu a choisi dos

nions avances

par
est

le.

trs-rvrnd docteur Burgess.


:

Oiio rponse
a
li

ouve

la

du docteur Lingard lui-mme on suite de cet ICss,ti.) Mais n'esl-il pas

moyens nullement en rapport avec le but qu'elle se proposait. Maintenant, examinons


plus fond celle conjecture. Les Ecritures ont pour but d'empcher toute altration grave de la parole non crite onl-clles atteint ce bul ? 1 Pendant les huit sicles qui ont prcd la rforme, tout le monde chrtien a t plong dans l'idoltrie et la superstition la plus condamnable; c'est du moins ce que doit dire le docleur Marsh, puisque telle est la doctrine de son Eglise dans ses Homlies. C est donc un fait constant que pendant huit sicles les Ecritures ont manqu de produire l'effet pour lequel elles avaient l composes. 2 Les choses onl-eiles t sur un meilleur pied depuis la rforme? Non, l'adoption de ce principe, que les Ecritures seules sont la rgle de la foi a divis ceux qui l'ont profess en une multitude innombrable de sectes, multipli les erreurs et dtruit la certitude religieuse. Qu'il ait produit un nombre infini de secles, c'est ce que prouve videmment l'histoire des Eglises rformes. Qu'il ait multipli les erreurs, c'est
;
,

trange que l'agitation de la question catholique ait renouvel une controverse que le bon sens des crivains protestants avait depuis longtemps abandonne ?

Ou

venue de saint Pierre Home. Or qu'en est-il ? qu'en faut-il penser? On nous dit, d'une part, que ni saint lac dans les Actes des poires, ni saint Paul dans ses plres, ne nous pr&uleiil nulle part saint Pierre comme rsidant Rome Mais ce n'est l qu'un argument ngail faudrait tif; et, pour qu'il ft de quelque poids, montrer 1 que si saim Pierrea jamais t Home, c'a d ncessairement tre dans le temps dont ces crits retracent les vnements el 2 que s'il y tait dans ce temps-l, il devrait ncessairement y en tre fait mention. D'autre part, ou affirme pie les crivains antiques qui oui parl des travaux el de la mort de saint Pierre, ont tous dchue expressment, ou suppos videmment, qu'il a prcit Rome, et qu'aucun d'eux ne s'e*l exprim de manire jeter sur ce lait le moindre douie. C minent donc le docteur Marsh se dbarrasse-t-il de celte autorit? Il avoue <pie saint [rene dit que l'Eg ise de Rome a aul, t fonde par les aptres saint Pierre et sim mais que ds lors saint Irne l'appelle aussi une Eglise trs-ancienne, hiiqitisshna Ec'cieia. Or, ceite pillite, ce qu'il prtend, est eu opposition directe avec ce qui esl dil dans le livre des Actes relativement l'Iiglise de Jrusalem. (Car il esl certain (tue saiiii Pierre prcha Jrusalem longtemps avant de pouvoir aller Home); d'o il suit, par consquent i qu'une fausset aussi palpable Ole tout crla
: ; 1

a l'ail dernirement beaucoup pour remettre en question le lait de

d'efforts

inutiles

dit [lue, ei, par suite, tous le autres crivains qui, lorsqu'ils nous prsentent saint Pierre Reine, s'a'ppuieni probablement sur l'autorit d't-

galement certain puisque toutes sectes diffrent les unes des autres sur des poinls de doctrine d'o il rsulte ncessairement que, la vrit ne pouvant jamais tre en opposition a\cc elle-mme, ces secles doivent enseigner une foule d'erreurs diverses. Que ce principe ait enfin dtruit toute certitude religieuse, c'est une suite ncessaire de l'absence de toute rgle ou de toute autorit pour dcider entre ces diverses
fait
,

un

ces

rene (p. 208-210.) il est vraiment douloureux einenl. Mais le signaler nu pareil raist docteur Marsh nous apprend lui mme que Elment d'Alexandrie cl Tertullien taient contemporains d'Irne, quoi doue, se rduit leur lmoignage? Clment du que l'occasion dans laquelle saiiit Marc crir vil son Evangile lui lorsque saint Pierie prcha publiquement la parole de Dieu Rome. (Apiid Ellsb., llisl. ercles., 1. VI, c 14) lA-L-il pu emprunter le lait qu'il nonce l'imposteur [relie? Mou car Irne puleloul diffremment (Ibtd. V. 8.) Terlullien dit que Pierre lui ci ut ili Rome Ista qii.un docirinam aposlob coin < Flix Ecclesia, cm lolain < sanguine suo prbfuderunl, ubi Petrus passioni du

communions. Supposons, par exemple, que


vous ayez tudi
les Ecritures pour former vos propres convictions; qu'aprs une tude longue et sans passions, vous ayez fait votre choix et adopt un des symboies rforms de prfrence aux autres; eh bien! quelle assurance pouViez-vous avoir? D'autres personnes, aussi sincres que vous l'tes, doues
liecbe, du moins, n'a pu tre tromp par Iri.e, puisqu'il a souffert le martyre quelques, annes seu-

d'avoir

Cependant

<

inmicx ada-qualurj
I

ubi

Paiilus,

etc.

(De l'rs-

cjipl., vol,

de> cours complets, col. 703) Avait-il t lui aussi tromp par l'impo eur li'ne? Mais il particularits dont Irne n'a point relate des fait mention. Orignc lut le disciple de dnient nous dit que Pierre lut crucifi Rome la lte ysyojuilvBf av::rxoXo'7Ujv] eu bas Ett. t/s iv Pw^yj aptul Euseb, lib. lli, /-.rt xep*Xr,c. (T. IH, in Gns, c. I.) Ongcue a l-il pu emprunter Irne ce qu'il raconte? Mais peut-tre est il aussi lui-mme indigne d'eue cru, puisqu'il s'est rendu coupable de la mme imposture palpable ! Il a appliqu la qualilicalion de trs-ancienne a l'Eglise de Rome qu'il dsirait ardemment de visiter Eiasvoc t** ,x"">T * T/ v l'uyxiwv lxffArWav iitiv. (Apud Euseb. lib. VI, c. H). Ignace d'An;
!
i

la lin du premier sicle (en l'an 107). suppose videmment que sa lui Pierre a pich Konie. Cn demandant une laveur aux Ruinai is, il leur dil qu'il n'ose se permlire de leur

leme.nl

aprs
il

commander connue
aj'.uie-t-il,
ils

l'avaient l'ail Pierre et Paul car, taient aptres. 0\>y wc Itirp^c *! nuII, p. 28). Pot. ilposl ),o SiKTtw-&uai /a/. (Coiel. plus ancien encore, sans due Eft Clment, crivain prcisment, Comme le fait observer le doc leur Marsh,
:
l

Pierrea souffert en cjuel lieu saint donne clairement entendre que ce fui
sa lettre est date

le

martyre,

Rome. Car

dcourage donns par

de Home; il y par'e des ex mpls de constance qui y mil rceuinuml ' pu s il racoiilc le les n res ouH'rauees ci la mon d'abord de s. uni Pierre el ensti e de s uni Paul. On convient que ce dernier soi lVil itninc; il en faut donc dire autant du premier.
et
;

>.

:i

351

DEMONSTRATION EVANGELIQUE. L1NGARD.


que Dieu
et
l'a

332
les

d'autant de talents et d'un jugement non moins sr, se sont livres aux mmes recherches et sont arrives un rsultat tout fait oppos. Quelle raison avez-vous alors de croire que vous seul tes dans le vrai, et qu'elles au contraire sont dans l'erreur ? Il est vident que si les Ecritures n'avaient t composes que dans le but de conserver intacte la vritable connaissance de la doctrine de Jsus-Christ, elles n'auraient point produit l'effet qu'on en attendait. C'est pourquoi je me permettrai d'offrir aux considrations du docteur Marsh l'impossibilit absolue qu'il y a qu'une Providence infiniment sage, voulant donner aux genre humain une rvlation nouvelle, ait pu souffrir que ses doctrines fussent transmises la postrit par un canal aussi trompeur qu'un document crit, livr aux interprtations contradictoires des diffrents lecteurs, sans pourvoir aux moyens d'en dterminer le sens rel et vritable. Pour moi, je crois que celte conjecture n'est pas moins digne de son attention que celle qu'il a lui-mme propose. Mais, demande-t-on, quoi peuvent servir les traditions apostoliques si nous n'avons point de moyens de les reconnatre, quand nous les trouvons (Vue compavratie, p. 68) ? Evidemment elles doivent tre inutiles en pareil cas, et une raison toute semblable m'a toujours port croire que, dans le systme des rformateurs, les Ecritures sont de peu d'utilit, parce que dans ce systme il n'y a pas de moyens ainsi que l'a prouv l'exprience, de s'assurer avec une pleine et entire certitude, quel est le vritable sens de l'Ecriture. Mais le docteur Marsh se trompe s'il pense, comme il semble le faire que pour dcouvrir les traditions des aptres il est ncessaire de parcourir tous les ouvrages de tous les Pres (1). Ce serait l en effet une lche ardue et interminable; et ce qui est
,

charge de

transmettre l'une
futures
;

l'autre

aux gnrations

et

que

l'on peut apprendre de sa bouche l'une et l'autre. Je sais bien que- le docteur Marsh ne manquera pas de nier cette proposition : if la taxera peut-tre de ptition de principe;

mais

il suffit au point o nous en sommes arrivs dans cette controverse de signaler seulement la source de laquelle l'Eglise catholique fait profession de recevoir les doctrines de la parole non crite. Si mon savant adversaire croit pouvoir dmontrer que ce n'est pas l la source tablie par le Christ, il a pleine libert d'essayer de le faire. Me voici maintenant arriv la conclusion du quatrime chapitre de la Vue comparative, qui devait prouver que l'existence de traditions apostoliques est purement imaginaire; que la parole crite contient toute la parole non crite, et que les Ecritures, l'exclusion de la tradition, forment la seule rgle de~la doctrine chrtienne. Cependant quoi se rduit tout le raisonnement compris dans ce
, ,

chapitre.? Simplement ceci, que Bossuet a pris pour convenu Un point en litige , et a fait une fausse application d'un texte de l'Ecriture qu'une doctrine traditionnelle, sans l'assistance d'une Providence qui veille sans cesse sa conservation , est expose subir des altrations et que ce serait une entreprise impossible raliser que de vouloir recueillir dans les crits des premiers sicles les doctrines des aptres. Les rflexions qui prcdent mettent le lecleur mme djuger de l'exactitude de ces assertions et de l'importance qu'elles ont dans le sujet qui nous occupe. Qu'il me soit permis maintenant de
; ,

leurs crits non moins que les livres inspirs, sont sujets diverses interprtations , peut-tre nous trouveronsnous, la fin de notre travail, aussi loin d'une pleine et entire certitude en fait de doclrine , que le sont aujourd'hui les Eglises rformes, aprs avoir cherch pendant presque trois sicles entiers, la vritable doctrine du Christ dans les Ecritures. Mais les catholiques sont persuads qu'il est une voie beaucoup plus courte et en mme temps beaucoup plus sre. Les 39 articles enpire encore
,

comme

conclure en disant que si on ne peut rien produire de mieux pour la dfense de la rgle de la foi rforme, ou contre la rgle de foi catholique, les fondements de l'Eglise anglicane doivent selon l'expression du docteur Marsh (Vue comparative, pag. 2), reposer non sur une base solide, mais sur un sa,

ble

mouvant.

CHAPITRE
// n'y a

II.

seignent

tmoin et la gardienne de la parole crite Les catholiques croient que l'Eglise est galement le tmoin et la gardienne de la parole non crite
l'Eglise
est le
(1) A ce sujet, je voudrais diriger l'attention du lecteur protestant vers un recueil 1res utile, et qui a demand bien du travail. Ce recueil a pour titre la Foi des catholiques confirme par l'Ecriture, et atteste par les l'res des cinq premiers sicles de l'Eglise. Londres, Booker, 1815. Le corps de l'ouvrage lui fournira les tmoignages des plus anciens crivains; et
:

que

point de preuves qui engagent croire que la parole crite soit donne pour seule et unique rgle de la foi chrtienne l'exclusion de la parole non crite. Les Ecritures ne se donnent nulle part comme telles. La mission confie aux aptres n'tait pas d'crire, mais de prcher. La manire dont le Nouveau Testament est compos, d'crits de circonstance et sans liaison les uns avec les autres , montre qu'il n'tait point ({estin par les aptres ni par l'Esprit de Dieu, tre la seule rgle de foi.

Le

lecteur

a d remarquer

dans

le

cha-

pitre prcdent,
et l'autre

que
:

dent sur un point

s'accorelles reconnaissent l'une


les

deux Eglises

il trouvera la doctrine catholique sur la tradition et l'autorit de l'Eglise expose avec toute la clart et toute l'lgance qui distinguent l'auteur de cet ouvrage.

dans l'introduction

parole non crite a t la premire rgle du christianisme. En quoi diffrent-elles donc? Le voici l'Eglise anglicane enseigne que toute la parole non crite a t cousigne dans la parole crite , et qu' partir de ce moment, l'Ecriture est devenue la seule

que

la

353

EXAMEN DUNE BROCHURE PROTESTANTE.


aux anabaptistes
,

35

rgle de foi ; l'Eglise de Rome, au contraire, soutient que la parole non crite n'a pas t toute consigne dans la parole crite, et qu'elle n'a, en aucun temps t prive de l'autorit qu'elleavait. Il est videntque c'est sur ce point que roule toute la controverse au sujet de la tradition. Si ds l'aurore mme de la rforme, Luther et Mlanchton rejetrent la tradition comme rgle (le foi ce fut par suite de la conviction o ils taient que
, ,

l'Eglise anglicane et pour dfendre leurs doctrines respectives; quand on observe enfin, par ce qui se passe journellement autour de nous,
l'Eglise d'Ecosse,
qu'il a lch la bride toute espce de fanatisme, et rduit la foi religieuse une pure

toute la parole de Dieu tait contenue dans l'Ecriture ( Vue comparative, p. 63).

Gr, dans cette question si importante, il a plu au docteur Marsh de se prononcer pour mais sans produire une seule l'affirmative preuve l'appui de son assertion. Sur tous on le voit les autres points de controverse se livrer des recherches laborieuses et s'tendre avec une diffusion qui devient ennuyeuse; sur celui-cau contraire qui rclamait si particulirement son aide les ressources de son gnie, on le voit garder un silence excessivement fcheux. Il est beaucoup regretter qu'il en ait agi ainsi, j'aurais t heureux de savoir ce qu'un avocat aussi savant et aussi spirituel aurait pu allguer pour la dfense d'une doctrine qu'il me parat impossible de dfendre; et c'et t pareillement une satisfaction pour le lecteur protestant de pouvoir se convaincre que le premier principe de sa foi n'a point t adopl parce qu'il tait commode, mais bien
,
, ,

matire d'opinion ou de conjectures, on peut sans crainte se permettre de douter s'il possde des titres lgitimes l'autorit qu'il a depuis si longtemps rclame et exerce. La seule rgle de foi chrtienne peut-elle donc donner naissance des symboles de foi contradictoires. Le sentier qui devait guider nos pas vers la vrit, peut-il conduire dans l'erreur celui qui cherche la vrit de bonne foi ? je ne saurais le croire: c'est pourquoi je dsire appeler l'attention du lecteur sur les rfiexious suivantes. En premier lieu
,

supposons qu'on nous

remette un

crit

entre les mains en nous

avertissant que c'est un document authentique d'une importance immense, et contenant des instructions auxquelles il faut se sou-

mettre aveuglment. Quelle est la conduite

que suggrerait en

pareil cas

une prudence

ordinaire? S'il ne nous tait pas possible d'avoir accs auprs de ceux d'o mane cet crit, il sera de notre devoir de dcouvrir , aulant que possible, par un soigneux examen des choses qu'il renferme, si c'est vritable-

parce qu'il
est

est vrai. Ce double avantage nous nanmoins refus et nous devons nous
,

ment un document tel qu'il nous a t signal. Maintenant agissons de la mme manire l'gard des Ecritures. Le docteur Marsh s'avance, tenant dans ses mains un livre qu'il
dit lre la le

contenter de recevoir ce principe sur l'autorit du docteur Marsh et sur les convictions

Auparavant,

seule rgle de la foi chrtienne. il est vrai, il y avait, comme il


,

dcLuther

et

deMlanchlon.

trouvant donc dans l'impossibilit de combattre des arguments qui ne sont point parvenus ma connaissance, je me hasarderai proposer mes propres vues sur ce sujet, et j'essaierai de prouver les deux propositions suivantes l" Il n'y a point de preuves qui engagent croire que les Ecritures aient t donnes pour seule et unique rgle de loi, l'exclusion de la tradition; 2" Il y a des preuves suffisantes pour engager croire le
:

Me

reconnat lui-mme, une rgle non crite; mais cette rgle, ajoule-t-il a l rvoque du moment o ce livre a t crit pour lui lre substitu. Mais o a-l-il pris cela? Qui l'en a inform? c'est ce qu'il n'a pas jug propos de nous faire connatre. Je prends donc ce livre je le lis attentivement depuis
,

le

commencement jusqu'
soit

la fin;

sans qu'il

contraire.

Je sais bien que ces opinions peuvent paratre hardies et peut-tre mme paradoxales au lecteur orthodoxe. On lui a trs-probable-

ment appris ds son enfance que

les Ecritures contiennent toute la parole de Jsus-Christ et de ses aptres, et que c'est d'elles seules qu'il doit faire driver tous les articles de sa croyance. Ce principe, il faut l'avouer, est trs spcieux au premier abord il est en outre
;

trs-flatteur

pour l'orgueil humain, et il a t tant de fois mis et rpt par les matres et les crivains, qu'il n'est point du tout surprenant qu'i'. soit gnralement admis sans songer Examiner 1 s preuves sur lesquelles considre il doit tre fond. Mais quand on les consquences alarmantes qui en ont rsult quand on voit qu'il est devenu la source fconde de tant de. symboles divers et opposs les uns aux autres; quand on rflchit qu'il fournit en mme temps des armes aux
,

possible de dcouvrir dans aucune de ses parties rien qui autorise les privilges qui lui sont attribus par le docteur Marsh. Nulle part il ne se donne pour tre la seule rgle du christianisme (1) nulle part il ne parait mme insinuer que l'autorit dont il est revtu doive tre substitue l'autorit de la parole non crite. Si le docteur Marsh a raison de recommander ainsi ce livre une pareille omission n'est-elle pas singulire et inexplicable? Pouvons-nous croire que l'Esprit de Dieu nous ait laiss un livre qui doit tre la seule rgle de notre foi et qu'il ait cependant omis de nous instruire de ce inspirs aient fait , ou que les crivains compos un semblable code de doctrine, sans avertir une seule fois leurs disciples de l'usage important auquel ils le destinaient ? Vous avez jusqu'ici t S'ils avaient dit
:

me

(1) Sans doute qu'on ne me renverra pas, comme cela s'e-u fait quelquefois, saint Jean, XX, 31 ; Il Tint., lit, 15-17, et autres passages semblables, qui

unitaires et

aux

trinitaircs

aux

baptistes^et

sont videmment trangers au sujet qui cupe.

nous

oc-

355

DEMONSTRATION EVANGI.L1QUE. LINGARD.


d'crire
,

356


rf

guids par les instructions que nous vous avons donnes de vive voix mais il nous faudra bientt desrendre dans la tombe, et une parole non crite est expose prouvrbeaucbup d'altrations 'essentielles. C'est pourquoi nous avons compos ce livre; il contient toute noire doctrine, et nous vous le lguons pour lre l'unique rgle de voire
,
i

une rgle de foi ils n'en disent pas un mol. De mme, lorsque saint Paul parle de la mission qu'il avait reue personne. lement de Jsus-Christ, il dit que celait la mission de prcher Qu'il tait envoy pour prcher, que ce ministre de la prdication
:

aprs notre mort. S ils eussent pari de cette sorte, ou d'une manire approchante, la chose srail claire; il n'et pu y avoir un momenlde doute; maison ne peut dcouvrir la plus lgre trace de quelque chose de semblable "duis aucun de leurs crits. En l'absence donc de toute vidence intrinsque, qui peut nous autoriser adopter la doctrine du docteur Marsh? La tradition y est coutraire, l'Ecriture garde le silence: elle ne peut donc venir de la parole de Dieu el si elle n'en vient pas, elle se ment elle-mme car, dans ce cas, elle rige tout l'difice de tandis la religion sur l'autorit de l'homme que cependant elle prtend rejeter loule doctrine qui n'est pas fonde sur l'autorit de Dieu. En second lieu notre divin Rdempteur a born ses prdications Jrusalem et aux pays environnants; il a tabli ses aptres pour lui rendre tmoignage Jrusalem dans loute la Ju.le, Samarie el jusqu'aux extrmits les plus loignes de la lerre. Or, parmi les plus importants devoirs allachs celle position, un protestant doit ncessairement ranger celui de comparer les Ecritures du Nouveau Testament car il sait que sans elles le tmoignage des aptres devrait infailliblement prouver de graves
foi
, :

altrations,' et que la postrit resterait prive de toute espce de moyens d'arriver la dcouverte de la vrit. Nous pouvons donc raisonnablement nous attendre trouver dans la mission donne par Je* us-Christ ses aptres un ordre formel d'crire le

Nouveau Testament. Malheureusem,


:

nt c'est

une mission d'une nature toute diffrente; la mission non d'crire, tnah de prcher Allez dans tout l'univers, et prchez l'Evangile
toute crature. Celui qui croira et aura t baptis, sera sauv; mais celui qui ne Tout pou croira pas sera condamn. voir m'a t donn dans le ciel et sur la terre. Allez donc enseignez toutes les nations, baptisez-les, etc., el apprenez-leur observer toulceque je vous ai command; el voil que je suis avec vous tous les jours

jusqu' la consommation des sielei^l/arc, XVI, 14, 15'; Mtth., XXVIil 19, 20). On peut remarquer aussi que toutes les fois qu'ils parlent eux-mmes de cette mission ils l'enlendent non d'crire, mais de prcher. Ils partirent, ajoute saint Marc, el prch rent en tous lieux. Il nous a command L'Evangile de prcher, dit saint Pierre. que vous avez entendu, et qui a t prch toute crature qui est sous le ciel , observe saint Paul, en faisant videmment allusion aux propres paroles de notre divin Sauveur (Marc, XVI, 20: .4c/., X, 42; Col., 1,28). Mais pour ce qui est de ia mission

<

tait confi selon le commandement de Pieu qu'il ii\a\l[lYs\\ prdicateur, aptre et docteur des genliis (I Cor., 1, 17; I 'Uni., II, 1 TU-, , 3;. Toute espce de mission d'crire parat lui avoir le loul fait lrangre el inconnue. Ainsi donc, comme nous le voyons, la mission donne aux apodes tait de prcher, et leur propre tmoignage vient nous attester qu'ils l'ont entendue d.iiis le sens de prcher; nous ne voyons point qu'il leur ait t donn de mission dcrire une rgle de foi , el ils ne parlent nulle part d'une mission de ce genre. Et mme ce qui est plus extraordinaire encore, quand i.s ilOnnentlrshslruclionsauxcompagunsde leurs travauxdestins tre leurs successeurs dans le saint ministre; quand ils indiquent les moyens par lesquels la connaissance du christianisme doit se perptuer aprs leur mort, ils gardent toujours le mme silence sur cette unique rgle de foi ils ne parient ni de socits bibliques ni de distributeurs de la Bible; ils ne paraissent connatre d autre canal pour transmettre la parole divine, que la tradition orale. Retenez bien, dit saint Paul son discipble Timothe, la forme des saines instructions que vous avez entendues de moi. Et gardant ce que vous avez appris de moi devant plusieurs tmoins, donnez-le en dpt des hommes fidles, qui soient eux-mmes capables d'en instruire d'autres (XITiiA. 13;ll,2j. Pour moi tout cela me parat inexplicable, tout fait inexplicable dans les principes des protestants. Quelle peut-tre la raison pour laquelle l'Ecriture refuserait ainsi ceux qui prtendent tirer toute leur religion de la parole crile, toute espce d'clreissement sur an point d'une importance si extrme, sur un point qui est le fondement de leur foi en celle vie el de leurs esprances pour faulre ? Jsus-Christ a donn une mission ses a tres muis H ne parle nuliement d'crire une rgle de foi; les aptres parlent souvent de celte mission, mais eux aussi gardent un silence absolu sur celte rgle crile de foi; on suppose enfin que huit individus runissent leurs travaux et crivent celle rgle; et cependant aucun d'eui ne songe mme insinuer que le livre qu'Us composent ainsi en commun, est la r^le de foi. Attribuerons-nous leur silence l'oubli ou quelque mprise? Mais ils taient guids par l'assistance du Saint-Esprit. Il n'y a qu'un catholique qui puisse rsoudre cet le difficult; et il vous dira qu'ils ne parlent nulle part d'une rgle de foi crite, parce qu'ils n'en connaissaient point, Et! troisime lieu, lorsque les fondateurs de l'Eglise moderne d'Angleterre entreprirent de composer une rgle de foi, ils en confrrent entre eux; ils dterminrent les points de doctrine qui devraient tre tenus pour or lui

; ;
,

557

EXAMEN DUNE BROCHURE PROTESTANTE.


;

338

thodoxes

ils

les
,

chefs distincts
ils

et les

rangrent sous trente-neuf publirent au monde

dans un langage concis

et clair. En tout cela agirent comme doivent le faire des hommes senss; leur ouvrage indique suffisam-

recueil de ses prceptes , de ses paraboles et de ses discours; que, comme les copies du premier se multiplirent, des personnes y insrrent des choses qu'elles avaient apprises d'ailleurs, additions qui consistaient soit en
faits non encore consigns par crit, soit en des circonstances relatives aux faits dj confis au papier; que les trois premiers vanglisles se sont servis de trois copies diffrentes de ce document, qui, par rapport aux additions, se trouvaient d'accord sur certains points et en dsaccord sur d'autres que saint Matthieu et saint Luc possdaient chacun une copie du second document, tandis que saint Marc n'en avait point; et que ce fut en puisant ces diverses sources et en s'aidanl de tous les renseignements qu'ils avaient pu se procurer par leur propre industrie qu'ils composrent les Evangiles qui portent leurs noms (Marsh, Or/ine (les (rois premiers Evangiles, p. 194-210). Quo celte hypothse soit vraie ou fausse, peu m'importe, ce n'est pas l mon affaire; mais j'en appelle ici avec confiance au lecteur est-il probable que des crits composs de la sorte puissent former un recueil complet et parfait de la doctrine enseigne par notre Sauveur? Il est certain que non; nous en avons pour garant l'Evangile de saint Jean, puisque cet Evangile contient beaucoup de faits originaux et importants qu'on ne trouve point dans ces trois premiers. Mais peut-tre que le rcit de saint Jean peut suppler ce qui manque aux autres? L'aptre lui-mme nous avertit de ne pas en juger ainsi car voici ses propres paroles Et Jsus a fait beaucoup d'autres miracles qui ne sont pis crits dans ce livre, dil-il en parlant de son Evangile. El il y a beaucoup d'autres choses encore que Jsus a faites, et en si grand nombre que si elles taient crites toutes en dtail, le monde entier, ce .ne semble, ne pourrait contenir les livres qu'il faudrait crire pour les renfermer (Jean, XX, 50; XXI, 25). La seconde partie du Nouveau Testament sont les Actes des aplres. Cet crit raconte la manire dont l'Evangile fut d'abord prch, ainsi que la conversion et les travaux subsquents de saint Paul. Il s'y trouve parfois quelques points de doctrine, mais vouloir prouver qu'il n'est pas une rgle de foi,

ment

l'objet qu'ils avaient

en vue,

la

nature

des

des matires et Tordre dans lequel elles y sont arranges, tout cela montrait qu'ils en avaient voulu faire un systme de doctrine religieuse. Mais si, au lieu de trente-neuf articles ils ne nous eussent donn que quatre histoires imparfaites de l'origine de la r for,

mation, avec un appendix contenant quelques plres de Lulher.de Mlanchlon et de Pierre le martyr, serait-il jamais entr dans l'esprit d'aucun homme dconsidrer un semblable recueil comme une rgle de foi? Cependant ce livre n'aurait-il pas eu bien de
la

ressemblance avec le Nouveau Testament, autant que les crits d'hommes qui ne sont
point inspirs peuvent tre compars avec ceux des aptres ? Dans ces derniers nous ne trouvons point de plan distinct; nous n'y apercevons rien qui annonce que les auteurs se soient concerts ensemble, point de division des matires, point dcodes d'articles de doctrine, soit dans chaque crit particulier, nous n'y voyons soit dans toute la collection que quatre rcits courts et sans liaison les uns avec les autres de la vie de noire Sauveur, une histoire de la premire publication de l'vangile, et quelques Eptres de cinq des aplres. Y a-t-il quelque chose dans cet ouvrage qui puisse nous persuader qu'il ait t compos pour tre la seule rgle de notre
;

foi ?

Le Nouveau Testament (c'est lui que se bornent les remarques du docteur Marsh) peut se diviser en trois parties. La premire se compose des quatre Evangiles. Mais il faut observer ici que si deux des Evangiles ont t crits par les aptres saint Matthieu et saint Jean les deux autres ont t crits par des hommes qui n'ont pu recevoir de JsusChrist mme leur mission, puisqu'ils ne s'taient convertis qu'aprs son ascension dans les cieux. Sur quel fondement donc ces deux Evangiles ont-ils t incorpors la rgle de foi par ceux qui rejettent la tradition ? c'est ce que je ne saurais concevoir. Supposez, cependant, que les quatre Evangiles aient t crits sous l'inspiration de l'Esprit-Saint comment nous assurer qu'ils contiennent toute la doctrine de notre divin Sauveur? Le docteur Marsh affirme qu'il en est ainsi beaucoup il est ( Vue compar., p. 63), mais plus ais d'affirmer que de prouver. On ne trouve rien dans ces livres qui l'indique; ils ne disent rien de semblable et si c'est une autre source qu'on va puiser ce fait, il est par cela mme indigne d'tre cru. Quant la manire dont les trois premiers Evangiles ont t composs, le docteur Marsh raconte l'histoire suivante qui est fort ingnieuse, et en mme temps fort singulire. 11 dit qu'il existait deux documents originaux , crits par quelqu'un cl approuves par les aptres; que l'un de ces documents tait un rcit des actions de notre Sauveur, l'autre un
, ,

ce serait la fois lasser la patience du lecteur et faire insulle son jugement. La troisime et dernire partie comprend les Eptres des aptres et le livre des rvlations, ou Apocalypse; elle est, d'aprs la dclaration du docteur Marsh, un complet et fidle recueil de toute la doctrine des aplres [Vue compar., p. G2-G;j). M.iis celte collection se donne-t-elle c.le-mmc pour contenir ainsi toule la doctrine des aplres? Elle ne le dit nulle part; elle ne laisse pas paratre le moins du monde qu'il en soit ainsi. Par qui les Eptres ont-elles t crites? ce n'est pas par le collge apostobque tout entier sept d'entre les aptres n'ont jamais rien crit, ou du moins les parties de la rgle de foi qu'ils
:

avaient composes ont pri depuis longtemps. Les Eptres ont t crites par saint

559

DEMONSTRATION EVANGLLIQLE. LIlNGARD.

360

Paul, saint Jacques , saint Pierre, saint Jean et saint Jude. Mais on ne voit point que ces

ses est celle-ci : que plusieurs lettres et plusieurs crits sur des sujets religieux ont t

cinq aptres aient crit soit en vertu d'une mission reue de tout le corps apostolique,

composs, suivant

en consquence d'une convention forme enlre eux, soit en vue de remplir un plan
soit

gnral. Quand les Eptres ont-elles t crites? elles ne l'ont pas t toutes dans le mme temps mais des poques diffrentes pendant le long espace de presque cinquante ans. On suppose que la premire Eptre aux hessaloniciens a t crite en l'an 49, et les Eptres de saint Jean vers l'an 97 (Cave, sur saint Paul et saint Jean). A qui les Eptres ont-elles t crites? un grand nombre de personnes diffrentes dissmines sur la face du monde civilis, professant, il est vrai, la mme religion, mais ignorant probablement
,

circonstances par quelet par un ou deux de leurs disciples immdiats qu'aprs leur mort, ceux de ces crits qui n'avaient pas pri ont t runis en un seul volume par la pit des premiers chrtiens; et que la collection ainsi forme nous a t transmise de gnration en gnration, sous le nom de
les

ques-uns des aptres

Nouveau Testament.

la

conversion

et

mme

l'existence les unes

des autres. Quatre sont adresses aux chrtiens en gnral; six des particuliers; une aux fidles d'Italie, et une ceux de Palestine; deux des Grecs, trois des Macdoniens, une toutes les Eglises de l'Asie Mineure , trois aux Eglises particulires de Phrygie d'ionie et de Galalie et le livre des Rvlations aux sept Eglises d'Ephse , de Smyrnc, de Pergame, de Thyalire, de Sardes, de Philadelphie et de Laodice. Sur quel su, ;

En quatrime lieu, les thologiens qui combattent avec tant d'ardeur en faveur de ce principe fondamental du protestantisme, ont ncessairement choisir entre les deux suppositions suivantes. Si les Ecritures du nouveau Testament sont la rgle de la foi chrtienne, elles ont d tre faites dans ce but, soit parles crivains sacrs eux-mmes, soit par l'esprit de Dieu, l'insu des crivains: autrement ce serait les riger en rgle de foi par une pure invention humaine et les dpouiller par l de leur autorit divine. La premire supposition ne saurait tre admise c'est ce que me semblent dmontrer avec la dernire vidence les observations qui prcdent; la seconde mon avis,
; ,

doit rencontrer des objections aussi fortes, pour ne pas dire plus formidables encore.
1 On ne saurait nier que la seconde supposition ne soit possible en soi. Souvent les hommes ne sont que des instruments aveugles et purement mcaniques, entre les mains du Tout-Puissant ; et il se peut que la plume des aptres ait t tellement dirige par la

jet ces lellres ont-elles t crites? ce n'est pas sur des sujets tels qu'on devrait naturel-

lement l'attendre dans un code de doctrine religieuse, mais sur les sujets que prsentaient aux crivains les vnements qui se
passaient alors. Ainsi un fidle de Corinthe ayant pous la veuve de son pre, saint Paul crit une Eptre pour rprimer cet abus et d'autres encore. Saint Paul avait laiss un de ses disciples en Crte pour diriger l'Eglise naissante de cette le; il lui donne des instructions pour rgler sa conduite. Un esclave fugitif avait reu le baptme; saint Paul le renvoie son matre avec une lettre dans laquelle il sollicitait son pardon. Saint Jean avait entendu parler de la foi et de l'hospitail lui crit une lettre pour l'en lit de Gaius fliciter. De faux docteurs avaient essay de sduire les nouveaux convertis saint Jude
;
;

main del Providence, qui veillait sur eux, que leurs travaux aient eu pour rsultat une rgle complte de foi, quoique les crivains eux-mmes ne se fussent jamais propos un but pareil. Mais, dans ce cas, les Ecritures n'auraient-elles pas pris un aspect
bien
diffrent

de celui qu'elles prsentent

maintenant? N'auraient-elles pas, comme les diffrents codes de doctrines publis par les Eglises rformes, offert au lecteur un expos complet, clairet succinct de la foi et de la discipline imposes ceux pour l'usage desquels elles ont t faites? Or, telles qu'elles sont, c'est tout le contraire. En vain y cher-

les avertit

ss, et les

du danger auquel ils taient expoexhorte persvrer dans la pre:

mire doctrine qu'ils avaient reue. On peut en dire autant de toutes les autres Eptres ce sont des ouvrages de circonstance qu'exigeaient les diverses positions dans lesquelles on pouvait se trouver. Que le lecteur considre seulement l'absence de tout concert form entre les auteurs de ces crits la diffrence des temps o chacun d'eux a crit, les diffrentes personnes auxquelles ils ont adress leurs lellres, et les sujets divers qui ont occup leur plume, et il demeurera pleinement convaincu que si les aptres se pro,

posaient vritablement de laisser une rgle de foi pour l'instruction de leurs disciples et de la postrit, ils ont suivi pour atteindre ce but la mthode la plus confuse et la plus extraordinaire qui soit jamais entre dans l'esprit humain. A mon avis, la seule conclusion raisonnable qu'on puisse dduire des prmis-

cheriez-vous un semblable expos; les points de doctrine y sont dissmins c et l sans observer aucun ordre; le sens 'en est souvent cach sous l'obscurit du langage; la marche du lecteur qui y cherche la vrit de bonne foi est arrte chaque pas par des contradictions apparentes, et rarement il arrive que deux lecteurs aprs des recherches patientes et impartiales se trouvent parfaitement d'accord dans leurs conclusions. Pour moi, il me semble que de toutes les formes possibles sous lesquelles une rgle de foi pouvait tre publie pour le genre humain, il n'en est point de plus inconcevable et de plus confuse que celle que nous offre le Nouveau Testament. Elle est telle qu'aucun homme sens ne l'aurait jamais adopte, et assurment, on ne saurait attribuera la sagesse de Dieu ce que nous jugeons indigne de la sagesse de l'homme
, ,
,

381

EXAMEN DUNE BROCHURE PROTESTANTE.


est justifi,

362

je veuille parler sans respect des livre en livres sacrs: je rvre chaque particulier comme la parole de Dieu ; c'est uniquement lorsque je les considre comme

Non que

et non par la foi seule. Comment concilierez-vous ces deux passages 7

formant un corps complet de docrine chr-

dans l'hypothse des protestant que je me permets celte censure parce que cette hypothse me parat les ravaler au-dessous d'ouvrages qui sont videmment d'origine humaine au-dessous des XXXIX articles de l'Eglise anglicane, des confessions de l'Eglise d'Ecosse, et des nombreux systmes de croyance avec lesquels la rformation a clair et embrouill le genre humain. 2" Pour difier votre foi sur l'Ecriture seule, de manire mettre votre conscience pleinement en repos, il ne suffit pas de supposer, il faut prouver que l'Esprit de Dieu a voulu qu'elle ft votre unique guide. Or, la chose est impossible. Les desseins du ToutPuissant ne peuvent nous tre connus que par la rvlation, et sur ce sujet la rv,

tienne, et la seule rgle de


;

foi

chrtienne,

les paroles de saint Paul essaierez-vous d'expliquer par elles celle de saint Jacques? Ou bien prfrez-vous celles de saint Jacques, et essaierez-vous d'y adapter celles de saint Paul? Dans l'un et l'autre cas votre rgle est dfectueuse; la vritable rgle que vous suivez est voire propre jugement ou plutt vos propres conjectures. (1) Je me contenterai de ces deux

Adopterez-vous
et

exemples

la mmoire du lecteur lui en ; fournira d'autres. Si une lgislature humaine venait porter une loi qui contnt des dispositions contradictoires les unes aux autres, ou tellement ambigus qu'elles fissent natre des doutes sur le vritable sens de la loi ce manque de prcision, ou plutt d'habilet,
,

terait d'y

lation garde
3'

un

silence absolu.
,

de la manire la plus vidente, que cette hypothse est sans fondement. Dieu ne forme pas en vain un dessein ou une volont: s'il avait voulu qu'elles fussent la rgle de notre foi, il les et composes de manire qu'elles pussent servir ainsi de rgle. Or, c'est tout le contraire. Des points de doctrine de la plus haute importance sont souvent exprims par les crivains sacrs en termes ambigus; des propositions qui semblent se contredire embarrassent l'esprit du lecteur, et nous sommes forcs, en dfinitive, de nous reposer sur les conjectures de notre propre jugement, plutt que sur les dcisions de notre rgle. Peutil y avoir, par exemple, une question plus essentielle la religion que celle-ci JsusChrist est-il vrai Dieu gal son Pre, ou ne l'est-il pas? Interrogez votre rgle de foi, et elle vous fournira des arguments pour soutenir tant l'affirmative que la ngative. ou dfenseur de la Trinit ) Si le trinitaire produit les passages qui dposent en faveur de la divinit de notre Sauveur, l'unitaire opposera un nombre gal de textes qui semblent n'en faire qu'une pure crature. Si le Christ a dit lui-mme: Mon Pre et moi nous ne faisons qu'un, il a dit aussi: Le Pre est plus grand que moi. Il est vident que ces passages doivent tre expliqus l'un par l'autre; mais lequel des deux doit-il avoir la prfrence? Votre rgle, ds qu'on vient en faire l'preuve, ne parait plus tre une rgle; elle ne prononce point, et ne saurait en effet prononcer; vous tes, en dfinitive, forc de vous dterminer de vous-mme; mais alors ce n'est plus l'Ecriture qui vous sert de rgle, c'est vous, au contraire, qui servez de rgle l'Ecrisaint Paul enseigne que ture. Exemple l'homme n'est pas justifi par les uvres de la loi, mais par la foi en Jsus-Christ; tandis que saint Jacques enseigne, au contraire, que c'est par lcsuvres que l'homme

Les Ecritures attestent

svrement condamn, et l'on se happorter un prompt remde. C'est ce qui en effet est arriv plus d'une fois. Mais les lgislateurs humains sont faillibles et, par consquent, sujets se tromper. Dieu, au contraire, est infaillible, il ne pouvait faire une loi trompeuse ou dfectueuse si donc l'Ecriture estde ce caractre, que faut-il en
serait
;

conclure, sinon qu'elle n'a point t donne pour servir de rgle de foi. Ce n'est point en elle qu'est la source du doute et de la perplexit, elle est dans ceux qui, sans des raisons suffisantes, ont prononc, de leur autorit prive, qu'elle tait la seule rgle de foi chrtienne.

(1)
traits

Comme

la

justilcaiion

par

la foi
il

est est

distinctifs

du protestantisme,

un des un peu

trange que ceux qui professent ce principe n'aient pas encore, aprs avoir tudi pendant plusieurs sicles la seule rgle de foi, dtermin prcisment quel en est le vritable sens. Le docteur Marsh se plaint

des nombreuses inconsquences et des nombreuses, contradictions dans lesquelles on l'a enveloppe de* puis quelques annes, i et montre que les explications qui en ont t donnes laissent peine quelque! ombre de diffrence entre la doctrine des protestants et celle de l'Eglise de Rome (p. 51, 52). Quelle est donc ses yeux la saine doctrine protestante? c'est que la foi qui justifie n'est pas une loi vivante, ou qui produit de bonnes uvres, parce que les bonnes uvres ne peuvent exister qu'aprs la justification. Or, suivant saint Jacques , Il 2G , comme le corps < sans l'me n'est qu'un cadavre, ainsi la foi sans les uvres est une foi morte. Croirez-vous donc qu'une foi morte puisse donner la vie l'me? Tout ce qui est ncessaire, d'aprs le docteur Marsh, c'est le repentir, par lequel nous renonons au pch, et la foi par laquelle nous croyons fermement aux promesses de Dieu. Ainsi, en renonant au pch, nous sommes justifis par la foi, avant mme qu'elle ne soit une foi vivante (p. 53). Or, celle renonciation au pch, n'est pas, je le prsume (car la justification protestante est un mystre dont je n'ai jamais pu me rendre compte) une simple ngation, la simple omission d'une action coupable qu'on n'vile de commettre que par l'impuissance o l'on est de la faire, mais une rsolution bien fixe de l'viter. Une lelle rsolution, ccpendanl.est un acte positif de l'esprit,et, siielle est fonde sur des motifs convenables, elle n'est pas moins, mon avis, une bonne uvre que le peul tre tout acte de l'esprit, aprs que la foi justifianle est devenue , selon les principes du docteur Marsh, uno
,

foi vivante.

.....,,
{Douze.}

M0NST. EVANG

XIV.

305

DMONSTRATION V ANGELIQUE. LINGAUD.

564

CHAPITRE

1IL

Les Ecritures ne contiennent point toutela paL'observation du dimanrole non crite.

La validit du baptme des enfants. Le canon des Ecritures. On n'en peut prouver l'inspiration dans l'hypothse du docteur Marsh. Conclusion.
che.

tre fait mention dans les Ecritures ; ou bien s'il n'y en est point fait mention, il vous faut alors convenir que toute leur doc-

trine n'a pas t consigne dans les Ecritures.

Le docteur Marsh a fait quelques faibles pour dcouvrir l'origine de cette substitution du dimanche au sabbat des Juifs,
efforts

L'homme qui veut se livrer l'tude des rvolutions de la pense humaine, sera souvent tonn de voir sur quels faibles fondements les systmes les plus renomms ont t levs. Tout PdiGce de la rforme repose uniquement sur ce principe , que les Ecritures sont la seule rgle de la foi chrtienne. Qu'est-ce que ce principe cependant? un simple dictum, une simple assertion de Luther et de Mlanchton. J ai dj montr qu'il a plutt t suppos que prouv, et que les apparences, loin d'tre en sa faveur, dposent trs-fortement contre lui. Je vais maintenant produire des arguments qui,
avis, du moins, en dmontrent positila fausset. Il est un point sur lequel les deux parties doivent ncessairement se trouver d'accord, c'est que si les aptres ne nous ont laiss qu'une seule rgle de foi, cette rgle doit contenir tous les dogmes et toute la morale du christianisme. Dans la mission qu'ils

mon

vement

avaient reue de leur divin Matre, il leur tait enjoint d'enseigner toutes les nations toutes les choses qu'il leur avait commandes. Ceci est tellement vident que le docteur Marsh soutient lui-mme, plusieurs reprises, que toute la doctrine du Christ et de ses aptres a t consigne dans les Ecritures du Nouveau Testament. Les catholiques affirment au contraire que toute la doctrine du Christ et de ses aptres n'a pas t consigne dans les Ecritures du Nouveau Testament, et en preuve de ce qu'ils avancent, ils en appellent !a foi et la pratique de l'Eglise anglicane, qui, en plusieurs cas o l'Ecriture l'ait dfaut, a t oblige d'avoir recours l'autorit de la tradition. Je me bornerai aux exemples fournis par le

Actes des aptres elles Epilres de Paul, a II est vident dit-il, par les Actes, XX, 7, et la premire Eptre aux Corinthiens, XVI, 1, 2, que l'usage o taient les premiers chrtiens de s'assembler pour le cuite divin le_prcmier jour de la semaine, en mmoire del rsurreclionduChrist,ava't la sanction de saint Paul lui-mme. Or puisqu'il en est fait mention dans la parole crite, qu'estil besoin d'en appeler la parole non crite (Vue comparative, p. 14-2 ) ? Maintenant, lecteur, examinez ces deux importants passages et voyez comme les logiciens mme les plus habiles se trouvent forcs de raisonner d'une manire peu rigoureuse et peu concluante, lorsqu'ils veulent faire driver des Ecritures seules tout leur systme de religion. Le docteur Marsh infre de cesdeuxpassages que c'tait l'usage des premiers chrtiens de s'assembler pour le culte religieux le premier jour de la semaine, en mmoire de la rsurrection du Christ. Malheureusement cependant cet usage qui lui parat si claireles

dans

saint

docteur Marsh. 1 Le premier regarde l'observation du dimanche. Dans le Dcalogue il nous est command de sanctifier le jour du sabbat, qui, je n'ai pas besoin de le rappeler mes lecteurs, tait le samedi ou dernier jour de la semaine. Or l'Eglise anglicane nous ordonne de sanctifier non le samedi, mais le dimanche elle nous autorise profaner le jour que Dieu nous commande de sanctifier, et nous ordonne de consacrer au culte divin un jour qu'il avait destin tre employ aux choses profanes. Puis-je demander de quelle autorit elle se permet de renverser l'ordre tabli de Dieu, et d'agir en opposition directe avec le commandement exprim dans la sainte Ecriture? On me dira que l'obligation a t transfre d'un jour l'autre par l'autorit des Aptres. C'est ce que m'avait dj prcdemment appris la tradition mais Si c'est la tradition ne fait pas votre affaire un ordre tabli par les ajslres , il doit en
:

ment exprim, est tout fait invisible pour moi. Tout ce que j'ai pu apprendre des Actes XX, 7 est que saint Paul vint Troade, qu'il y resta sept jours, que le premier jour de la semaine les disciples s'etant assembls pour rompre le pain (1) ( probablement sur le soir), il les prcha jusqu'au lendemain malin, et qu'alors il rompit le pain et partit. Y a-t-il ici quelque mention d'un usage de s'assembler le premier jour de la semaine pour le culte religieux, en mmoire de la rsurrection du Christ ? Non, il n'y est fait mention que d'une runion, d'une assemble; mais celte assembleavait-elle t runie pour clbrer la mmoire de la rsurrection de Jsus-Christ, ou pour recevoir les instructions de saint Paul, la veille de son dpart, c'est ce que nous ignorons compltement. La dernire supposition est par elle-mme aussi probable que la premire, et l'on n'en peut rien infre.- par rapport l'obligation d'observer le dimanche. Le second passage est encore moins dcisif que le premier. Quant auxaumnes qu'on recueille pour les saints, crit l'Aptre aux Corinthiens (ICor., XVI, 1,2), faites la mme chose que j'ai ordonne aux Eglises de Galatie. Que chacun de vous mette quelque chose part chez soi, le selon les premier jour de la semaine
, ,

moyens que Dieu

lui

aura donns

afin

-roi

Je me permets de citer L'original traduction anglaise auiorise semble insinuer, d'une manire un peu loigne il est vrai, qu'ils avaient coutume de s'assembler ce jour-l, le premier jour de la semaine, lorsque tes disciples s'assemyXi.iti fzv.

puce

pie

la

blaienl

pour rompre

le pain. >

365

EXAMEN DUNE BROCHURE PROTESTANTE.


I

3ca

qu'on n'attende pas mon arrive recueilces paroles proulir les aumnes. Quoi vent-elles qu'on ft dans l'usage de s'assem-

baptme des enfants nouveau-ns, dit l'article, doit tre en toute manire conserv
dans l'Eglise

comme

trs-conforme
:

l'insti-

dimanche pour clbrer le culte religieux ? Certes on ne prtendra pas que mettre part chaque semaine des aumnes en particulier, et chez soi, et s'assembler pour
bler le

tution du Christ (Vue comparative, page 143). Cela ne doit pas surprendre c'aurait t en effet une trange bvue de la part des fondateurs de l'Eglise moderne d'Angleterre, si,

clbrer en public le
soient qu'une seule et

culte

religieux,

ne

mme chose.

Je pourrais encore observer ici que le docteur Marsh, en cette occasion, n'essaied'aborder que la moiti de la difficult. Le commandement dit Six jours vous travaillerez, et ferez tout ce que vous avez faire, mais le septime jour est le sabbat du Seigneur votre Dieu. En ce jour vous ne ferez aucune sorte d'ouvrage, etc. L'Eglise anglicane dit Le septime jour aussi bien que les cinq jours prcdents, vous travaillerez et ferez tout ce que vous avez faire, mais le premier jour vous ne ferez aucune sorte d'ouvrage. Celte violation directe du commandent de Dieu, est-elle ou n'es-elle pas autorise dans l'Ecriture? Si elle y est autorise, qu'on produise les preuves, mais si elle n'y est pas autorise, et c'est prcisment ce quia lieu dans le cas prsent, qu'on reconnaisse donc que l'Ecriture ne contient pas toute la doctrine des aptres, et qu'avec la parole crite, il faut admettre encore la parole non crite. 2 Le second exemple fourni par le docteur Marsh est le baptme des enfants. L'Eglise anglicane, dans ses articles et dans le livre des prires communes, enseigne que le baptme est un sacrement dont les effets une rgnration spirituelle sont ceux-ci par la rmission des pchs, une adoption par laquelle on est plac au nombre des enfants de Dieu et une incorporation l'Eglise du Christ (Voyez V Administration du baptme en public et en particulier, et l'article XXV11). Que Jsus-Christ ait institu le baptme, c'est ce dont le Nouveau Testatament nous offre des preuves plus que suf:
: :

aprs avoir rejet la traditiondans leur sixiarticle, ils en eussent appel son autorit dans le vingt-septime. Mais les hommes ne sont pas toujours consquents en pratique avec leurs principes; ilest quelquefois ulilede parler d'une manire et d'agir d'une autre. Ils taient convenus de conserver le baptme des enfants, il fallait ncessairement l'appuyer sur quelque chose. Ils ne pouvaient l'appuyer sur l'Ecriture, puisque l'Ecriture n'en parle point; ils n'osaient l'appuyer sur la tradition, parce qu'ils avaient dj rejet la tradition le meilleur expdient qui leur restt tait de l'appuyer sur sa conformit avec l'institution du Christ. Mais que veut-on dire par cette conformit ? Je regrette que le docteur Marsh ait pens qu'il ft tranger au fiujctde l'expliquer (Ibid.,note 17); pour moi, Cette explication me parat absolument ncessaire. Veut-on dire que Jsus-Christ a rellement institu le baptme des enfants? alors on doit ncessairement l'avoir appris de la tradition. Veut-on dire qu'aprs avoir attentivement considr cette question, on a pens qu'il tait trs-probable que Jsus-Christ entendait que les enfants fussent baptiss? alors on avoue qu'un point fort important de ladoctrine deJsus-Christ est rest sans tre consign dans l'Ecriture. Tant il est vrai que sur cette question les auteurs des trenteneuf articles se sont trouvs placs dans une position tout fait embarrassante. C'est,

me

disent-ils,

par

le

baptme que

les

hommes

fisantes; mais l'a-t-il institu pour les enfants aussi bien que pour les adultes, c'est l

une question qui a donn lieu une controverse longue et anime. L'Eglise anglicane ordonne de baptiser les enfants le premier ou le second dimanche aprs leur naissance, moins qu'on n'ait de bonnes raisons d'en agir autrement: elle n'ordonne pas de les rebaptiser quand ils sont devenus grands. 11
s'ensuit

sont incorpors l'Eglise du Christ. Or, les auteurs de ces articles elles membres de l'Eglise qu'ils reprsentaient avaient t les uns et les autres baptiss dans leur enfance. Laisser planer le moindre doute sur la validit du baptme des enfants, c'et t par l mmedonner lieu de douter, si la nouvelle Eglise d'Angleterre faisait partie de la vritable Eglise de Jsus-Christ. De l la ncessit d'introduire dans leur symbole le baptme des enfants, et en mme temps de s'appuyer, pour le faire, sur cette raison si peu solide, qu'il est trs-conforme l'institution

du

Christ.

donc qu'elle enseigne


:

la validit

du

baptme des enfants car depuis l'article cit plus haut, ceux qui sont incorpors l'Eglise et devenus les enfants de Dieu par adoption, ont d recevoir le baptme comme il faut (Art. XXVlil mais o a-l-elle pris relie doctrine ? Ce n'estpas, certes, dans les Ecritures, car il n'y en est aucunement fait n eution ce ne peut tre que dans la tradi;
:

tion.
a Mais tant s'en faut, observe le docteur Marsh, que notre vingt-septime article fonde

/'usage de baptiser les enfants sur l'autorit de lu tradition , qu'il place au contraire cet usage sur une base tout fait diffrente. Le

si le docteur Marsh n'tait pas parfaitement satisfait de son premier raisonnement sur ce sujet, il veut encore l'envisager sous un autre point de vue. Comme un sacrement, dit-il, possde galement (outre ses effets) un signe extrieur cl visible, l'administration des sacrements peut tre, sous ce rapport, regarde comme une crmonie de l'Eglise. Puis donc que l'Eglise anglicane use sa discrtion des crmonies.... nous pouvons, sans crainte de nous tromper, admettre que la crmonie du baptme des enfants avait prvalu ds les premiers ges du christianisme (lb., p. 144) (1). Qu'un sacre(1) On me permettra de faire observer ici au doc-

Comme

367

DEMONSTRATION VANGLUjUE. L1NGARD.


<?.'.

368

visible et mont soit un signe extrieur doive par consquent tre administr avec

quelque crmonie visible, c'est une vrit certaine; mais cela n'a point de rapport avec la question qui nous occupe en ce moment. Nous ne discutons pas sur la manire dont le baptme doit tre administr, mais bien sur le sujet auquel il peut tre administr. Le baptme des enfants , dans l'Eglise
anglicane, n'est pas moins un sacrement que baptme des adultes. Or, suivant le catchisme, les sacrements ont t institus par Jsus-Christ (Catchisme de l'Eglise). L'Eglise anglicane n'est donc pas libre ici d'en user sa discrtion. A moins d'enseigner que le baptme des enfants a t institu par JsusChrist, elle ne peut enseigner que c'estun sacrement (1) et si elle enseigne qu'il a t institu par Jsus-Christ, elle ne peut, en consquence de ses principes, en chercher la preuve dans la tradition. Agir ainsi, ce serait avouer que l'Ecriture ne contient pas toute et que par la doctrine de Jsus-Christ consquent elle n'estpas la seule rgle de foi. 3" Je passe maintenant un sujet plus important encore. Suivant l'Eglise anle
; ,

vent cits par saint Justin martyr, et diffrents crits sous les noms de Pierre, de Paul, de Malhias et des autres aptres. Nous savons aussi que plusieurs livres dont l'autorit tait conteste dans les premiers sicles,
sont
tels

maintenant compris dans

le

Canon;

sont l'Eptre de saint Jacques, l'Eptre do saint Jude, l'Eptre aux Hbreux, la seconde Epitrc de saint Pierre, la seconde et la troisime de saint Jean et le livre des Rvlations ou Apocalypse (Voyez Eusbe, Hist. eccls., I. III, c. 3, 24 ). D'o l'Eglise anglicane a-

son Canon du Nouveau Testament? que ce n'est pas de Y Ecriture, mais bien de la tradition, ainsi qu'il faut ncessairement le reconnatre, de l'aveu mme des trente-neuf articles. Il est dit dans le sixime article que sous le nom de saintes Ecritures, il faut entendre les livres canoniques de l'Ancien et du Nouveau Testament, dont V'autorit ne fut jamais douteuse dans l'Eglise de Dieu. Ici l'Eglise
t-clle tir
Il

est vident

glicane, les doctrines particulires

au chris-

tianisme ne doivent point venir d'aucune autre source que les livres canoniques du Nouveau Testament. Mais qui nous dira quels sont les livres canoniques et ceux qui ne le sont pas? Nous savons que des livres qui, dans les premiers sicles prtendaient l'aune sont point torit divine des Ecritures compris dans le Canon ; tels sont par exem,

anglicane, pour fixer le Canon des Ecritures, examine quelle a t la doctrine de l'Eglise par rapport l'autorit de chaque livre en particulier dans tous les ges primitifs. Si ce n'est pas l un appel la tradition, il sera difficile de dfinir ce que c'est que la tradition.

Le vingtime

article

nous apprend que

L'Eglise est le tmoin et la gardienne des livres sacrs. Si elle en est la gardienne, ce doit tre parce que Dieu aurait confi les Ecritures ses soins si elle en est le tmoin,
;

ple

l'Evangile selon les

les aptres, les

Hbreux ou selon Mmoires des aptres, sisou-

teur Marsh que l'Eglise catholique use aussi sa discrtion des crmonies ; et il tombe dans une mprise lorsqu'il suppose que des usages traditionnels, qui ont acquis force de loi , ne peuvent tre changs (p. 11). L'Eglise s'attribue le droit de les changer, lorsqu'elle le juge propos. Voil ce qui explique ce qui a caus tant de surprise au docteur Marsh , comment le concile de Trente a pu rejeter la communion sous les deux espces , quoiqu'elle ft conforme la tradition (p. 44). Le concile considre l'usage de recevoir la communion sous une seule espce , ou sous

parce que Dieu l'aurait charge de rendre tmoignage l'autorit des Ecritures. C'est donc par consquent au tmoignage de celte gardienne des livres sacrs, c'est-dire la doctrine traditionnelle de l'Eglise, qu'il faut recourir pour avoir le vritable
c'est

Canon des

Ecritures.
le

matire de pure discipline; et donner a ces paroles Agnoscens liane suam in administratione sacramentorum auctoriiatem. Il n'rige pas non plus en loi, comme le prtend le docteur Marsh , une pratique qu'il reconnt tre en opposition avec la doctrine reue depuis le commencement du christianisme ( p. l'I ) car il ne voyait pas en cela un point de doctrine, mais bien un point de discipline. Il ne reconnat pasjnon plus que l'usage de communier sous une seule espce lt eu opposition avec ce qui s'tait pratiqu depuis le commencement du christianisme , mais seulement que l'usage de recevoir la communion sous les deux espces avait t assez communment suivi depuis le commencement du christianisme Licel ab initio christian religionis non infrequens ulriusque spe ciei usus fuisset. > (1) En parlant des sacrements de l'Eglise catholique le docteur Marsh nous dit , p. 193, note 24, que, suivant notre doctrine, le Baptme, la Continuation l'Eucharistie, la Pnitence et l'Exlrme-Onction sont autant de sacrements ncessaires pour le salut tous
les deux,
tel est le

comme une

sens

qu'il faut

une interprtation diffrente. Quand nous voulons tablir Vauthenticit des Eptres de saint Paul, par exemple, nous recherchons les citations qui en sont faites dans les auteurs ecclsiastiques, en remontant des temps actuels jusqu'aux crivains qui ont vcu si prs du temps o vivait saint Paul, que les Eptres qui lui sont attribues ne pouvaient lui tre faussement attribues , sans qu'ils le sussent. C'est en ce sens que l'Eglise est le tmoin et la gardienne des livres sacrs ( Vue comparative , p. 146). Seulement en ce sens? mais alors l'article peut tout aussi bien dclarer
article
,

^epenuant Cependant donner a cet

uoeteur :viarsn docteur Marsh a essay de essaye uc

que

l'Eglise est le

tmoin

et la

gardienne de

tout crit encore existant, qui a pour auteur un chrtien car, lorsque nous voulons tablir l'authenticit des livres de Bde, par
:

les

hommes. O

a-t-il pris

eeK<?

exemple, nous recherchons les citations qui en sont faites dans les crivains ecclsiasliques, en remontant dos temps actuels jusqu'aux crivains qui vcurent si prs du temps o Bde vivait, que les ouvrages qui lui sont attribus ne pouvaient lui tre faussement attribus sans qu'ils le sussent. La marche est la mme dans les deux c;is. Si, dans le premier, on constitue l'Eglise la gar-

309

EXAMEN D'UNE BROCIIUKE PROTESTANTE.


reilles prtentions. Faut-il

3.70

dienne et le tmoin des livres sacrs, dans le second on la constitue galement la gardienne et le tmoin dos crits de Bdc ou de tout autre auteur ancien dont il vous plaira de mettre le nom la place du sien. En vrit, si tel est le sens de la dclaration contenue dans l'article en question, insrer cet article dans le symbole de l'Eglise anglicane, c'tait se moquer du caractre grave et srieux des formulaires de doctrine, et insulter au jugement du clerg qn'on avait forc d'y
,

aux Ecritures leur inspiration? Nous pourrions tout aussi bien y avoir recours pour prouver leur authenticit.
Si
le

donc avoir recours elles-mmes pour prouver

Marsh

est admissible

raisonnement du docteur dans un cas, il l'est


;

souscrire.
On Le docteur Marsh continue ainsi donne quelquefois le nom de tradition aux preuves d'authenticit que nous obtenons de cette sorte, parce que ces preuves nous ont
:

galement dans l'autre car, lorsque les livres sacrs furent une fois termins, les sens ne purent plus s'assurer par eux-mmes, ni attester qu'ils avaient t crits par les aptres. C'tait ds lors un fait qu'aucune observation humaine ne pouvait dcouvrir, un fait de l'existence et de la ralit duquel au-

t transmises des premiers sicles ; mais ce n'est l qu'une tradition de tmoignage, qui n'a point de rapport avec une tradition de doctrine (Vue comparative, p. 146). Par authenticit il entend probablement que les livres de l'Ecriture ont t crits par ceux dont ils portent les noms. Il faut observer ici que le sixime article parle non d'authenticit, mais (Yautoril ( dont l'autorit n'a jamais t douteuse dans l'Eglise ), et le mot autorit dit, mon avis, quelque chose de plus qu'une simple authenticit. Celui qui dpose en faveur de l'autorit d'un livre de l'Ecriture, dpose en faveur de l'inspiration de ce livre, et non en faveur du nom de l'auteur qu'il est la parole de Dieu, il atteste et c'est ce titre qu'il est revtu de l'autorit qui appartient la parole de Dieu. La tradition laquelle l'article en appelle n'est donc pas une tradition de tmoignage qui n'a pas le moindre rapport avec une tradition de doctrine ; mais une tradition de tmoignage qui a les rapports les plus intimes avec la doctrine. On ne peut sparer le tmoignage et la doctrine l'un de l'autre ; car c'est le tmoignage de celle qui est le tmoin et la gardienne des livres sacrs, et qui enseigne que certains livres sont rellement la parole de Dieu, et doivent tre reus comme tels par tous les chrtiens. Mais si l'authenticit des livres de l'Ecriture
:

cune Eglise, ancienne ou moderne, ne pouvait plus tmoigner aprs la mort des premiers tmoins. Mais, dira-t-on, ceux qui avaient appris des aptres le nom des crivains sacrs, ont pu communiquer d'autres ce qu'ils savaient ce sujet, de manire que la connaissance de ce fait a pu se transmettre ainsi de gnration en gnration. Nul doute cela ; mais les aptres n'ont-ils pas pu aussi apprendre leurs disciples que les livres du Nouveau Testament taient inspirs? Ces disciples n'ont-ils pas pu, aprs la mort de leurs matres, transmettre ce fait la gn-

est la seule chose qu'on puisse connatre par la tradition, quelle source le docteur Marsh nous renvoie-t-il pour en dcouvrir l'inspiration? Il rpond que l'inspiration des

Ecritures est un fait dont ne peut tmoigner aucune Eglise ancienne ou moderne; un fait qu'aucune observation humaine ne peut dcouvrir, un fait plac au del des limites de l'vidence humaine, un fait enfin qui ne peut
tre prouv que par un tmoignage divin, et , consquemment , par l'Ecriture seule (Vue compart., p. 147, n. 21). Que l'influence surnaturelle, exerce par l'Esprit divin sur les crivains sacrs, quelle qu'elle puisse tre, ne tombe point sous les sens, la chose est assez vidente; et il suit tout natulement d'e l qu'aucune Eglise, ancienne ou

moderne, ne peut tmoigner de cette influence comme d'un fait que l'on peroit effectivement par les sens mais cela est tranger au sujet qui nous occupe. Aucune Eglise, ancienne on moderne* n'a jamais lev de pa;

ration nouvelle qui s'levait alors ? L'une de ces suppositions est certainement aussi possible que l'autre; et, en ce cas, ils auraient rendu tmoignage, non du fait mme de l'inspiration des Ecritures, comme s'ils en eussent t personnellement tmoins, mais de la doctrine de l'inspiration des Ecritures, doctrine qu'ils auraient reue des aptres. Ceux qui auraient cru cette doctrine sur la foi d'un pareil tmoignage, l'auraient crue comme faisant partie de la parole non crite, et auraient eu par consquent des motifs suffisants de croire, quoique le fait mme de l'inspiration soit plac bien au del des limites de l'vidence humaine. Que si nous laissons le docteur Marsh nous renvoyer aux Ecritures elles-mmes pour prouver leur inspiration, je crains bien que nous ne perdions notre temps des recherches compltement infructueuses. Il est reconnu que les quatre Evangiles forment la plus prcieuse et la plus importante partie du Nouveau Testament. Eh bien cependant, qu'y a-t-il dans les Ecritures qui prouve qu'ils sont inspirs? Les crivains ne le disent point aucun des autres crivains sacrs ne le dit non plus ces livres ne contiennent rien dont la connaissance en prsuppose ncessairement l'inspiration ce sont de simples rcits des actions et des paroles de Jsus-Christ, tels qu'on en pouvait attendre d'crivains consciencieux et spirituels ; ils ne proposent presque aucun point de doctrine sur l'autorit des crivains ; et le peu de faits de ce genre qu'on y trouve, ils peuvent les avoir tirs de la communication orale. O est donc la preuve que ce sont des crits inspirs ? Si l'on adopte l'hypothse du docteur Marsh sur l'origine des trois premiers Evangiles, la preuve devient plus difficile encore. Dans cette hypothse, les trois vanglistes ont rassembl leurs matriaux de, la mme
! ;

371

DMONSTRATION EVANGELIQUE. LINGARD.


tre ouvrage, les Actes des Aptres. Ce livre doit tre pareillement effac du canon des

manire ; ils se sont tous procur des copies d'un document original, compos par quelque crivain antrieur eux; chacune de ces copies, en passant par diffrentes mains, avait l enrichie de nouveaux faits, fournis par les circonstances; et, de plus, ces additions chaque vangliste a ajout tous les renseignements qu'il lui a t possible de runir. Munis de ces ressouices, les vanglistes se sont mis l'uvre, sans que chacun d'eux connt la marche suivie par les autres, et ont compos ainsi trois histoires qui s'accordent ensemble sur beaucoup de points, et diffrent sur quelques-uns. Il n'y a certainement pas en cela de preuve bien frappante d'inspiration. C'est, et rien de plus, la marche ordinairement suivie par les hisloriens qui, leurs connaissances personnelles se montrent jaloux d'ajouter tous les renseignecrits ou purement ments traditionnels oraux, qu'il leur est possible de se procurer.
,

Ecritures, et nous nous verrons ainsi enle-

ver tout d'un coup un ment.

tiers

du Nouveau Tes

Jl

n'en est pas de ces Evangiles comme des ceux-ci prdisaient au crits des prophtes
:

des vnements futurs ; et l'accomplissement de leurs prdictions est une preuve de leurs litres la rputation d'auteurs inspirs mais les trois vanglistcs ne font que raconter les actions et les prophties d'un autre ils font voir, il est vrai, si l'hypothse est fonde, la haute estime qu'ils professaient pour la tradition ils prouvent que ds lors elle tait regarde comme une source lgitime de connaissances religieuses mais pour ce qui est de leurs titres la rputation d'auteurs inspirs, ils n'lvent ce sujet aucunes prtentions, et ne fournissent aucunes donnes sur lesquelles on en puisse raisonnablement fonder

nom du Tout-Puissant

Mais il n'est pas ncessaire de descendre chaque livre en particulier, puisque le principe du docteur Marsh affecle galement il anantit la fois la toute la collection car, compreuve de l'inspiration de tous ment les Ecritures peuvent-elles prouver elles-mmes leur propre inspiration ? C'est sur leur inspiration que repose toute leur autorit en fait de doctrine; il vous faut prouver qu'elles sont inspires, avant de pouvoir dduire de leur tmoignage un seul point de doctrine. Si, en voulant dmonlrer l'inspiration d'un livre, vous en prsupposez l'inspiration, vous tombez dans un cercle vicieux ; vous prenez pour dmontr ce que vous avez entrepris de prouver. Si vous n'en prsupposez pas l'inspiration, alors son tmoignage sur ce point n'a pas plus d'autorit que le tmoignage de tout crivain profane ou ecclsiastique. Il ne faut pas admettre qu'il est inspir, par cela seul qu'on a avanc qu'il l'est il faut que ce fait soit tabli par des preuves plus convaincantes qu'une sim
:
:

quelqu'une. Le docteur Marsh fait observer que saint Matthieu tait aptre, qu'en consquence tout ce qu'il crivait recevait la sanction d'un aptre, et doit tre considr comme une doctrine apostolique. Je lui accorde cela pour un moment, et je me contente de lui demander ce que deviendront alors les Evangiles de saint Marc et de saint Luc ? Ces vanglistes n'taient pas aptres ils ne pouvaient donner leurs crits la sanction apostolique; et l'Ecriture ne dit point qu'elle leur ait t donne par aucun des aptres. Si donc l'inspiration ne peut tre prouve que par l'Ecriture, il faudra exclure leurs ouvrages du nombre des livres inspirs, et les ranger parmi les plus antiques sources de doctrine
;

ple assertion. Lorsque notre divin Sauveur dclara qu'il tait le Fils unique du TrsHaut, il n'exigea pas que les Juifs le crussent sur parole ; il en appela ses miracles, qui prouvaient la vrit de ses paroles Si'je n'avais pas' fait, dit-il, au milieu d'eux des uvres qu'aucun autre homme n'a jamais faites^ ils ne seraient pas en tat de pch. Lorsque les aptres se proclamaient les ministres du Messie, c'tait par les miracles qu'ils opraient qu'ils prouvaient la vrit de leurs prtentions. Le Seigneur, dit saint Marc, agissait avec eux et confirmait leurs discours par les miracles qui les suivaient. Donc, pour prouver l'inspiration des Ecritures il vous faut puiser vos preuves une autre source que les Ecritures elles-mmes. En un mot, suivant le docteur Marsh, l'inspiration est un fait qui ne peut tre prouv que par un tmoignage divin donc, par consquent, puisque les Ecritures, tant que vous n'aurez pas dmontr leur inspiration, ne peuvent tre considres comme un tmoignage divin, on ne r>eut pas s'en servir pour prouver leur pro:

re inspiration.

traditionnelle. Tout ce qui a t dit de l'Evangile de saint Luc (1) doit s'appliquer galement son audocteur Marsh, dans son Explia-27, en appelle la tradition , p. jkiu'' pi m \< t l'autorit des Evangiles de saint Marc et do sluiit Luc. Pu- rapport leur < autorit, l'iiypoilisi laisse ces vangiles en pleine possession de la salictioH que les premiers Pres rclamaient en leur faveur, savoir: que l'Evangile de saint Marc tait et l'vangile de approuv par l'aptre saint Pierre saint Luc par l'aptre saint Paul. > Il parait cependant, la page 49, ne considrer gure ces lnioiyua^es des Pres que comme de simples rapports.
(1)

En

offel, le

cation de riujpotltse

On ne sera pas plus avanc d'avoir recours ce que le D. Marsh appelle ingnieusement tradition de tmoignage , c'est--dire la preuve historique que les livres sacrs ont t crits par ceux dont ils portent les noms. Que cela soit certain ou non, peu importe ; le raisonnement que nous venons de fain; n'en aura pas moins ici spn applicaliou. L'inspiration du livre , ou l'inspiration de l'auteur, c'est tout un ce sont deux chose; si le tmoignage dos tout fait corrlatives Ecritures ne peut prouver qu'elles sont inspires, ainsi que nous l'avons dmontr, il ne peut pas prouver davantage l'inspiration des crivains sacrs.
;
;

573

EXAMEN D'UNE BROCHURE PROTESTANTE.

374

Peut-tre pourra-t-on dire que la tradition de tmoignage atteste qu'ils taient les aptres de Jsus-Christ, qu'ils crivaient sous la direction de l'Esprit-Saint, qu'ils ne pouvaient enseigner une doctrine fausse, et que, par consquent, leurs crits doivent tre inspirs. Mais o a-t-on puis tous ces renseignements? Si c'est dans la tradition du tmoignage, il est donc faux que l'inspiration de l'Ecriture ne puisse se prouver que par l'Ecriture seule; si cYst dans l'Ecriture mme, il vous en faut alors prouver l'inspiration avant d'tre en droit d'exiger du lecteur qu'il croie de pareilles assertions d'o je conclus que vouloir dterminer le canon des Ecritures ou en dmontrer l'inspiration par l'Ecriture seule est une chose impraticable ces deux points de croyance ne peuvent tre connus que par
: , ;

la tradition.

Ces exemples,
d'autres encore
l'Eglise
s'il

et

j'en

pourrais apporter

tait ncessaire, suffiront

les fondateurs mmes de anglicane, malgr toute la fureur avec laquelle ils pouvaient dclamer contre l'auiorit de la tradition, se virent dans l'impossibilit de composer leur symbole de foi sans avoir recours son assistance; ils doivent aussi pleinement convaincre le lecteur impartial que le Nouveau Testament, quoiqif tant la parole de Dieu, n'a pas t compos dans le but de fournir une seule et complte rgle de la foi chrtienne. Ici donc il me sera permis d'appeler l'attention du douleur Marsh sur la question que j'ai souleve au commencement de cet crit, sa\oir:Les Eglises rformes, en rejetant l'autorit de la tradition n'ont-elles pas dtruit de fait l'auiorit de I criture, ruin la cerlitude de la foi religieuse, et sap les fondements mmes du christianisme ? Car 1 Si les observations qui prcdent sont bien fondes, la parole crite ne contient pas toute la parole non crite. Ceux donc qui font driver leurs opinions del seule parole crite, ne sauraient avoir une pleine assurance de professer et de croire toules les choses que J.->us-Christ a command ses aptres d'enseigner. 2 En rejetant l'autorit de la tradition, ils ont rejet le seul moyen raisonnable de prou-

pour montrer que

ver l'inspiration des Ecritures. Or, si les Ecritures ne sont point inspires, leur autorit n'est pas d'i n ordre plus lev que celle de tout autre livre antique. On n'en peut tirer aucune doctrine avec une pleine et entire assurance de ne point se tromper. Tant s'en faut donc qu'elles soient la seule rgle de foi, qu'elles ne sont plus du tout mme une rgle. 3 Mais s'i la parole, non crite n'a point d'autorit, et que la parole crite n'ait aucun titre qui prouve son inspiration, que devient alors le christianisme? Il restera donc sans aucun appui, il n'aura plus o poser le

aptres leur mission, il leur ordonna d'enseigner toutes les choses qu'il leur avait commandes, et menaa des plus svres chtiments ceux qui refuseraient d'y croire Or il me semble, indpendemment des con?i dralions qui prcdent, qu'il est impossible pour qui que ce soit, dans le systme des protestants d'acqurir une connaissance assc certaine de ces doctrines pour pouvoir y donner en sret de conscience, une pleine et sincre adhsion et cela par la raison que les doctrines de l'Ecriture sont susceptibles d'tre interprtes dans des sens diffrents et mme opposs. Un code de lois qui serait diffremment interprt dans les diverses cours ne serait pas regard comme une loi propre rgler notre conduite ; de mme une rgle de foi qui est prise dans un sens diffrent dans chaque province, je dirais presque dans chaque famille, ne saurait tre une rgle propre dterminer les points de notre croyance. Nier que les doctrines de l'Ecriture sont susceptibles d'tre interprtes de diverses manires , ce serait donner un dmenti formel l'exprience de prs de trois sicles, et fermer les yeux tout ce qui se passe autour de nous. Car, d'o sont donc venues, si ce n'est pas de celte source, toutes ces opinions discordantes, tous ces symboles contradictoires, toutes ces troupes de fanatiques qui ont caractris et dshonor la rforme? C'est de ce principe: L'Ecriture est la seule rgle de foi, qu'est venue toute cette confusion. Du moment que ce principe a t tabli les portes de l'erreur et de la folie se sont ouvertes de tout leur grand, chaque enthousiaste s'est rig en aptre, et chacune des doctrines qui avaient jusque l t juges essentielles au christianisme, ont t exposes au doute et la moquerie. Le mal ne s'est pas toutefois arrt l. Si les rformateurs avaient mpris l'autorit de l'Eglise catholique, malgr toute la vnration que lui mritait une dure de tant de sicles leurs disciples ont leur tour, et avec beaucoup plus de raison mpris l'autorit de leurs premiers matres. Ils se sont diviss et subdiviss en un nombre infini de sectes et parmi ceux qui sont encore unis ensemble par une adhsion nominale certains articles, la plupart sont indiffrents au sens renferme dans ces articles, et les autres les expliquent les uns d'une manire les autres d'une autre. Tous en appellent galement aux Ecritures; des armes de textes sont ranges en ligne de bataille les unes contre les autres , et les
,
,

partis

opposs font dire et contredire, approuver et dsapprouver la parole de Dieu

tout ce qui leur plat. Qu'on ne dise pas

que

ces diffrences d'o-

Le christianisme n'est pas une masse confuse d'opinions et de conjectures, mais un systme rgulier de doctrine rvle, pour laquelle notre divin Sauveur exige une pleine et sincre adhsion. Quand il donna ses

pied. 4

pinion se bornent des choses de peu d'importance. Ce n'est point pourdes choses qu'ils jugent de peu d'importance que les hommes se sparent de communion les uns d'avec les autres. Ce ne peut tre non plus une ciose de peu d'importance que de dterminer s'il y a trois personnes en Dieu, ou s'i! n'y en a qu'une seule; si Jsus-Christ est vrai Dieu, ou n'est qu'une pure crature s'il u soufiert
;

375

DMONSTRATION EVANGFXIQUE. L1NGARD.


avait l'autorit de dterminer le frai sens de l'Ecriture ; il prouverait tout simplementque les membres de cette Eglise, incapables par eux-mmes de saisir le vrai sens de leur seule rgle de foi, se virent obligs d'y substituer l'interprtation d'hommes faibles comme Etait-ce de l'Etat? mais l'Etat n'a eux. rien dmler avec la vrit ou la fausset des opinions religieuses. Il peut bien, il est vrai dl guer certaines personnes pour composer un code de doctrine qui rende ceux qui en feront profession aptes possder certains honneurs et certainsmoluments civils mais il ne saurait les inveslirdu droit de dcouvrir, ni par consquent de l'autorit ncessaire pour dterminer quel est le vrai sens de l'Ecriture. La comparaison entre le synode et les juges n'est pas admissible. Le lgislateur fait les lois et a le droit de nommer les juges qui les doivent interprter mais le lgislateur n'a pas compos les Ecritures, etne peut pas communiquer d'au trs le droit de dcider de leur vrai sens. Mais celte autorit, ce droit de dterminer quel est le vrai sens de l'Ecriture, ne rside-

la mort pour expier nos pchs, ou pour laisser seulement aux hommes un modle de conduite ; si le baptme des enfants est valide ou invalide ; si la dignit d'vque a

quelque garant quelque fondement ou quelque autorit dans l'Ecriture, ou


,

bien

si,

comme

le

soutient l'Eglise d'Ecosse,

cette dignit n'a t introduite que par la folie et la corruption des hommes, au grand dtriment de l'Eglise de Dieu. (Art. de l'As-

"

semble gn. tenue Dundee 1580, sess. IV, 2.) Sur tous ces points et sur beaucoup d'autres encore, l'affirmative et la ngative ont t soutenues dans les nombreux symboles des
Eglises rformes. Donc, assurment, il faut avouer que les Ecritures sont susceptibles de diverses interprtations, et que pour qu'elles deviennent une rgle de foi et non d'erreur,
elles

doivent tre expliques par quelque

autorit dont les dcisions soient sans appel. Mais y a-t-il quelque autorit de ce genre sous la rforme? oui , si nous en croyons l'Eglise anglicane. Les fondateurs de cette Eglise voulant rprimer la licence des opinions parmi leurs partisans et leurs sectateurs, ont

'

'

'

dcrt dans le vingtime article, que LEglise a autorit dans les controverses de foi. "C'tait l une mesure hardie et dangereuse ; celait un acte par lequel ils se condamnaient eux-mmes; parce que c'tait lgitimer et lgaliser la sentence qui avait t prononce contre eux par l'Eglise catholique, lorsqu'ils commencrent dogmatiser. C'tait un acte de tyrannie qu'ils exeraient sur leurs disciples, en leur tant par l le droit de s'en rapporter leur jugement individuel, au moment mme o ce droit tait exerc par leurs matres. C'a t longtemps une tche bien difficile pour lesthologiensde l'Eglise anglicaned'excuser ou de justifier cet gard la conduite de leurs pres dans la foi. Le docteur Marsh n'est point satisfait des efforts tents par ses prdcesseurs. Examiner si ses travaux ont t plus heureux , ce serait m'carter du sujet qui nous occupe prsentement. 11 me sufsuivant l'explication qu'il fit de savoir que, en donne, le sens de l'article en question est que, quand le sens de l'Ecriture est contest , l'autorit qui doit dcider celte controrside dans l'Eglise. Voici ce qu'il verse ajoute Au temps de la rforme, le sens de l'Ecriture par rapport diverses doctrines tait contest. C'est pourquoi le synode, qui est notre plus haute autorit judiciaire dans comme les juges les affaires spirituelles sont notre plus haute autorit judiciaire dans les affaires temporelles, s'assembla et dcida , au nom de l'Eglise qu'il reprsen lait, quel tait le vrai sens de l'Ecriture par rapport aux points contests. (Vue compar.,p. 164). Mais ici il ne sera pas hors de propos de demander d'o le synode tirait l'autorit qu'il s'attribua alors de dterminer quel tait le vrai sens de l'Ecriture. Etait-ce de l'Eglise qu'il reprsentait ? Cette Eglise pouvait bien, il est vrai, s'engager se soumettre
, : ,
<

t-elle

seule ?

l'Eglise anglicane Les protestants d'Allemagne, dit le docteur Marsh, ont agi del mme manire par rapporta la confession d'Aus-

que dans le synode de

Non

de Suisse ont agi par rapport la con fession helvtique; les protestants de Hol lande ont agi de la mme manire par rapport la confession de Dordrecht ; et c'est ainsi que doivent agir toutes les Egli ses, sans exception. (Vue compai\, p. 165.) Pour rendre cette numeration plus complte,
;

bourg
la

les protestants

de

mme manire

on aurait pu

mentionner aussi les deux confessions des protestants d'Ecosse , les deux confessions des protestants de France, les deux confessions des protestants de Pologne, les cinq confessions des protestants de Suisse, et les confessions sans nombre des protestants d'Allemagne. Toutes ces confessions ont dtermin quel tait le vrai sens de l'Ecriture, et toutes sont manes de l'autorit de synodes ou assembles ecclsiastiques. Mais toutes ces dfinitions ou dterminations sont-elles semblables ? Non elles sont au contraire presque toujours diffrentes, souvent mme contradictoires. Le vrai sens de l'Ecriture a constamment vari avec l'tendard de l'orthodoxie locale. C'tait une chose en Angleterre, une autre en Ecosse , une troisime Augsbourg.et ainsi de suite. Ces variations seules sont une preuve suffisante que ces synodes ou assembles n'taient pas comptents pour dterminer le vritable sens de l'Ecriture. Ils pouvaient bien, il est vrai, publier au monde leurs opinions collec:

tives, et laisser au jugement de leurs disciples la libert de les adopter ou de ne pas les

adopter ; mais s'ils prtendaient quelque chose de plus, c'tait s'arroger une autorit
laquelle
il

n'avaient aucun

titre, et violer

le

cette dcision, mais un pareil engagement ne saurait tre une preuve que le synode

premier principe, le principe favori de la rforme, en ajoutant la parole de Dieu leur propre interprtation faillible, comme rgle
de
foi.

577

EXAMEN D'UNE BROCHURE PROTESTANTE.


appliquer aux partisans
,

578

Si donc le droit de dterminer quel est le vrai sens de l'Ecriture est en dehors de la comptence des synodes , appartient-il cha1 Ce droit de s'en rapporter que iudividu? son propre jugement individuel si universellement proclam dans lesEgliscs rformes, n'estam unementappuysurles livres sacrs. Ils enseignent au contraire qu'il est (lu devoir des particuliers d'ohir, et non qu'ils ont le 2 C'est une prtention privilge djuger. dnue de toute probabilit; car ce serait en vain qu'on attendrait del sagacit des individus, ce qui est au-dessus de la sagesse des 3 U II est contresynodes et des assembles.

de ce systme ce

par la connaissance que nous avons de la nature humaine; car la plus grande partie du genre humain est videmment incapable d'exercer convenablement ce droit et les hommes mme les plus vertueux et les plus sages, quand ils viennent rflchir combien ils sont sujets l'erreur sur d'autres points et que leurs opinions par rapport celui-ci sont combattues par les opinions d'un certain nombre d'hommes qui n'ont pas moins de jugement et de science qu'eux-mmes doivent apprendre se dfier de leurs propres dcisions, et se contenter de s'en tenir plutt des conjectures, que de prtendre avoir une pleine et entire certitude. Vil
dit
; ,
,

qu'un auteur ancien a dit des sages de la Grce paenne qu'on ne saurait imaginer d'opinion si absurde qui n'ait t enseigne par quelqu'un de ces prtendus aptres. Mais si ni le jugement individuel des particuliers ni les dcisions des synodes ne peuvent dterminer d'une manire certaine le vrai sens de l'Ecriture dans les Eglises rformes, on en doit conclure en bonne logique que l'Ecriture seule n'est pas pour elles une rgle de foi certaine, et que ceux qui n'admettent point d'autre rgle ne sauraient avoir une assurance vraiment rationnelle que leur symbole religieux est parfaitement conforme la doctrine de notre. Sauveur. Je conclus en disant que s'il se trouvait dans les pages prcdentes quelque expression qui pt paratre trop peu respectueuse

l'avons dj montr, une source de fanatisme et d'erreur; il a mis en question et rvoqu en doute tous les dogmes du christianisme, ou les a altrs et dnaturs; chaque anne il multiplie le nombre des sectes et invente denouvellesdoctrines. On peut
est,

comme nous

envers les livres du Nouveau Testament, qu'on se rappelle bien qu'elle n'a t employe qu'en raisonnant dans l'hypothse de mes adversaires. Je suis pleinement convaincu que chacun de ces livres a t crit sous l'inet qu'ils doivent spiration du divin Esprit tous tre reus comme la parole de Dieu mme; mais'je suis galement persuad quo vouloir faire de ces crits, qui ne doiventleur existence qu' des raisons de circonstance, toute la rgle, la seule rgle de la foi reli,

gieuse, c'est leur attribuer

un

privilge qui

outrage la sagesse de Dieu et porte prjudice la cause du christianisme.

riiOO 80f(

XU3h

EXAME1
:

DE CERTAINES OPINIONS AVANCES PAR LE TRS-REYEREND DOCTEUR BURGESS, KVEQUE DE SAINT-DAVID, DANS UNE PUBLICATION RCENTE (1812) INTITULE

LE CHRIST,

et

non

SAINT PIERRE

est le

ROC ou
(

la pierre sur laquelle

l'Eglise

est btie).

Tu

es Pierre, et sur cette pierre je btirai


(Matlli.,

mon

Eglise.

XVI,

18.)

Le titre, que l'vque de Saint-David a plac en tte de sa publication pourrait faire douter qu'il entendt bien la doctrine qu'il entreprenait de rfuter. Dans son litre il avance que le Christ, et non Pierre, est la pierre sur donc indiquer par
laquelle l'Eglise chrtienne est btie. Veut-il l que, selon la foi catholique, Pierre, et non le Christ, est cette pierre ? Si (cl est le sens de ses paroles, qu'il me permette de le mieux informer. Il est bien vrai, en effet, que les catholiques, l'imitation do notre divin Sauveur, appellent Pierre la pierre sur laquelle l'Eglise est btie, mais ils ne lui donnent point ce litre l'exclusion de Jsus-Christ, ni dans le mme sens dans lequel il est donn Jsus-Christ. Ils enseignent de Jsus-Christ qu'il '.ait la

vritable pierre, par son office mme de Messie; tandis que quand ils disent de Pierre qu'il est la pierre sur laquelle l'Eglise est btie, ils ne l'entendent que dans un rang secondaire et subordonn. Notre divin Sauveur possdait en propre cette qualit Pierre ne la tenait que de la concession qui lui en avait t faite par son divin Matre. JsusChrist a fond l'Eglise par sa doctrine et patson sang: tandis que c'est par un acte de la volont de son divin Matre, que Pierre a t
,

tabli son reprsentant pour le temps o il ne serait plus prsent d'une manire visible sur la terre. Qu'on ne dise pas que cette doc-

trine est en contradiction avec elle-mme autant vaudrait dire que, parce que JsusChrist est appel, dans l'Ecriture, le pasteur
:

579
et

DMONSTRATION EVANGLIQUE. L1NGARD.

380
le

l'vquede nos mes (I Pet., 11,25), il ne pouvait instituer d'autres pasteurs et d'autres voques pour continuer son ministre sa place; ou bien que, parce qu'il est dit de
lui qu'il est le seul
>>

sang qui t'ont rvl ceci, mais mon Pre qui est dans le ciel. Et moi, je te dis que lu es Pierre, et que sur

point la chair et

cette pierre je btirai

mon

Eglise, et les

fondement qui puisse

c'tait une erreur de la part de tre pos, saint Paul d'appeler de ce nom les aptres et les prophtes (Ephes., XI, 19). Au reste, elle a t cette objection n'est pas nouvelle faite, il y a dj bien des sicles je vais donner ici la rponse qu'on y faisait ds lors.
; ;

portes de l'enfer ne prvaudront point con tre elle. Et je te donnerai les clefs du royau me des deux et tout ce que tu lieras sur la terre sera aussi li dans le ciel et tout coque tu dlieras sur la terre sera aussi dli dans le ciel. Alors il dfendit sesdis ciples de dire personne qu'il ft le Christ
;
,

E? ykp xai <wiTpy., ovx W Xoit TI-.TpOt., > IITfO Tt^TfOt. XptTo ykf OiiroJc TzTpa. (alevTO, Ilf/ss Si Sik rh' "--' Tpy.j.... <tc>{ arvi' l[jt7i It-zi rio ro xbap.ov. lep tT-r
mnx.fi
'.pias.

niTfK

i-Ti'

nr'npa-v

-rots!.

Quanquam
petra,

autem petra

est,

non

ut Christus

Christus enim vere petra est inconcussa; Petrus vero pro pter pctram Lux est Vos estis luxmun di. Sacerdos est facit sacerdotes. Petra est petram facit (Hom., de Pnit. inAppend.
sed ut Petrus petra.
:

ad op. sancti Basilii, t. II). Maintenant, Jsus-Christ a-t-il ou

LMatlh., XVI, 16,20). Ce passage nous apprend et la raison pour laquelle le nom de Simon fut chang en celui de Cphas, et le sens du nouveau nom impos cet aptre. Jsus-Christ n'avait pas encore ouvertement dclar la foule, ni ses disciples ce qu'il tait rellement, lorsque Simon, clair par l'inspiration du ciel, dclara qu'il tait le Christ, le Fils de Dieu. Jsus rpondit aussitt qu'il tait bienheureux

d'avoir t ainsi choisi


n'a-t-il

pour annoncer au
;

pas confr ce titre saint Pierre? La solution de celle question dpend du sens qu'on doit donner au passage cit plus haut. Et

moi aussi

je te dis

que

tu es Pierre, et

que

sur cette pierre je btirai mon Eglise. A qui donc, ou quoi faut-il rapporter les paroles cette pierre? C'est Pierre lui-mme, si l'on en croit les thologiens catholiques tandis que c'est la confession de foi de cet aptre, si le raisonnement du trs-rvrend prlat est concluant. Pour mieux entendre ce passage, le lecteur doit se rappeler ce qui arriva dans la premire entrevue de notre Sauveur avec cet aptre. Nous apprenons de saint Jean ( I, 41 ), que Simon, un des fils de Jean, fut conduit et prsent d'abord notre divin Sauveur par Andr, son frre an. Aussitt que Jsus aperut ce jeune homme, il lui adressa ces paroles remarquables Tues Simon, fils de Jean, et tu seras appel Cphas, c'est--dire Pierre. Eh bien je le demande, quel tait le sens de celte prdiction trange et inattendue? Pourquoi le nom de Simon devait-il tre chang plutt que celui d'Andr ou de tout autre aptre? Qu'y avait-il en lui qui le distingut des autres et le rendt digne de recevoir seul le nom mystrieux de Pierre? Ce n'tait pas assurment la constance de sa foi, puisqu'il renia son divin Matre. On ne peut douter que cette prdiction n'annont quelque chose d'important pour la destine future de cet aptre mais il est bien probable que le vritable sens en resta cach jusqu' ce que Jsus-Christ le rvlt lui-mme dans une autre occasion. 11 avait demand ses
;
:

et, en rdclaration qu'il avait faite il le proclama la pierre sur laquelle son Eglise serait btie; lui promit les clefs du royaume des cieux, et lui assura que tout ce qu'il lierait ou dlierait sur la terre serait dli dans le ciel. Simon avait dit Vous tes le Christ. nom qui dsignait l'office de celui qui tait le rdempteur du monde, et Jsus lui rpondit Et je te dis aussi que tu es Pierre, nom qui exprimait l'office auquel Simon tait appel, d'tre, aprs Jsus-Christ, la pierre sur laquelle l'Eglise devait tre fonde. Alors, en consquence de son lvation cet office glorieux, les clefs, symbole de la prminence el de l'autorit, lui sont promises, et il lui est dclar en outre que, dans l'exercice de cette autorit, les dcisions qu'il porterait sur la terre seraient

monde

cette

importante vrit

compense de

la

ratifies

dans

le ciel.
:

Cette explication des paroles Tu es pierre, et sur cette pierre je btirai mon Eglise, n'a rien de forc et qui ne soit tout fait naturel. C'est le premier sens qui se prsente l'esprit en lisant ce passage c'est le sens dans lequel il a l entendu par les anciens crivains, et je suis heureux de pouvoir ajouter le sens qui lui a t donn par les plus francs et les plus sincres des interprtes protestants, qui, tout en n'ad;

mettant pas la primaut du pape, reconnaissent cependant que saint Pierre fut choisi par Jsus-Christ pour tre la pierre sur laquelle serait btie son Eglise. Voici comment le docteur Whitby paraphrase ce passage En juste retour de la confession de
:

disciples Que disent les hommes qu'est le Fils de l'homme? Ils lui rpondirent Les uns disent Jenn -Baptiste, et les autres Eli, les autres Jimie, ou l'un des prophtes. Non content do cette rponse, il leur de:
:

c'est--dire roc

que lu es Pierre de nom, ou pierre, et que sur toi, qui es ce roc ou cette pierre, je btirai mon Eglise. Et je te donnerai les clefs du royaume du ciel, le pouvoir de faire lies
foi, je te dis

aussi

lois

pour gouverner mon Eglise


16,
t.

Whitby.
Il

manda encore
te

El vous, qui dites-vous que je suis? Simon Pierre, prenant la p:

in

MatiL, XVI,

I,

p. 143

).

est

expliqu de

rle, lui dit Vous tes le Christ, le Fils du Dieu vivant. Jsus lui repartit Tu es bien heureux, Simon, fils de Joua car ce n'est
:

par le docteur Hammoml: Puisque tu m'as confess si riardiiiient detant les hommes, je le confesserai aussi.

mme

Tu

es Pierre, etc., etc., c'est--dire le

nom

381

EXAMEN DUNE BROCHURE PROTESTANTE.


connu de moi, une pierre ou
si

582

par lequel tu es dsign et est celui mme qui signifie

un roc; et, en consquence, mon Eglise sera tellement btie sur toi, fonde en toi, Ce qui qu'elle ne sera jamais dtruite. est ici dsign par les clefs est clairement indiqu par lsae ( XXII, 28), o elles signi fient le gouvernement de toute la famille,

ou de la maison du roi ; et relte mtaphore ainsi applique par Jsus-Christ l'Eglise,


dnote
le

pouvoir de
p. 92).

mond,

ibid.,

gnages je ne ferai docteur Tomline, actuellement (1812) voque de Lincoln, qui, dans ses Elments de thologie chrtienne, suppose, plusieurs reprises, que, par les mois ce roc, cette pierre, il faut entendre saint Pierre lui-mme. Ainsi, aprs avoir dit que tous ces faits remarquables qui sont rapports de saint Pierre dans les Evangiles et le livre des Actes, semblent indiquer qu'il tait le chef des douze aptres, u Notre Sauveur lui dit, en expliil ajoute
:

gouverner (Hamces deux tmoiplus qu'ajouter celui du


la

cation
:

du

Il nous apprend Eglise. encore par l mme que Pierre a t le premier qui ail prch l'Evangile aux Juifs et ensuite, aux gentils, on peut bien dire de lut tel tait, qui! a fond l'Eglise universelle on le suppose, le sens des paroles de NotrcSeigneur Sur celte pierre, je btirai mon

btirai

mme Tu mon

qu'il lui avait donn lui es Pierre, et sur cette pierre je

nom

content de lui dire que l'Eglise serait btie sur la foi , et que lui, non moins que ses collgues, ne seraient que les instruments dont il se servirait pour l'lever sur ce fondement 2" Le docteur Burgess observe que la question du Christ s'adressait tous les aptres et saint Pierre ayant rpondu, au nom de tous, la rponse de notre Sauveur, s'adressait de mme tous. Or, en supposant mme que les prmisses fussent vraies, je ne vois pas cependant encore comment la conclusion pourrait se soutenir. Autant vaudrait prtendre que quand un shriff, par exemple, est dput pour prsenter une adresse, on entend confrer le mme honneur a tous les francs tenanciers du canton, au nom desquels il est charg d'agir. En effet, s'il est jamais possible d'employer un langage qui restreigne un seul individu lo sens d'une rponse c'est assurment dans le cas prsent. L'vangliste dclare que les paroles du Christ s'adressaient Pierre Jsus prenant la parole, lui dit. Bien plus les termes mmes employs par Jsus-Christ excluent toutes autres personnes Tu es bienheu rcux, Simon, fils de Jona. Je te dis Tu es Pierre et je Redonnerai Tout ce que
s'tait
!

Jsus-Christ

tu lieras, etc.

Eglise

Elm.de

thol. chrt., p.

II, c.

25,

p. V76-79). b Cependant, l'vque de Saint-David a oppos celle explication


:

trois

rponses fai-

1 Il dit que la pierre sur bles et vasnes laquelle le Christ a promis de btir son Eglise est la profession de foi l'office du Orque celte Messie que Jsus remplissait.

le Christ a dit de saint Pierre, pierre sur laquelle il btirait son Eglise, on l'accordera volontiers; mais silesa\anl prlat entend sparer la foi de la personne mme de Pierre et restreindre sa foi seule la preinesse de noire Sauveur, il viole la fois les proprits du langage, et contredit le sens naturel des paroles de Jsus-Christ. Ces paroles Et moi, je te dis aussi que tu es Pierre et que sur cetlc pierre je btirai mon Eglise, sont parfaitement intelligibles, et s'expliquent mutuellement les unes les aulres. La seconde partie explique la premire; elle indique

profession de pour laquelle


la

foi ait !

!a

cause immdiate

qu'il tait

3 Mais, dit l'vque de Saint-David il y a un changement de termes dans les paroles de noire Sauveur Tu es Pierre, Petrus, et sur cette pierre, petra, je btirai mon Eglise. Si Noire-Seigneur avait voulu dire que saint Pierre lui-mme serait le roc, la pierre sur laquelle l'Eglise serait btie il aurait d rpter le mme terme Tu es Petrus et sur ce Petrus je btirai mou Eglise. Il n'tait pas le fondement sur lequel l'Eglise devait tre btie; il n'en tait qu'une partie; il n'tait pas petra, mais Petrus (Evque de Saint-David, p. 5) c'est-dire, il n'tait pas le roc, mais une des pierres qui devaient servir btir l'Eglise sur le roc. C'est bien l une de ces distinctions lumineuses et importantes dont nous sommes redevables au gnie de l rforme. Tant que le christianisme resta enseveli dans les tnbres du papisme, il ne fut pas donn l'homme de dcouvrir le vrai sens du curieux entretien qui nous dit-on maintenant, eut lieu entre Jsus-Christ et l'aptre. Le Christ : Qui dites-vous que je suis, moi, le Fils de l'homme? Simon: Vous tes le Christ, le Fils du
, :

pourquoi Simon fut appel Pierre, et monlre que sur lui, comme sur un roc ou une pierre
inbranlable, l'Eglise devait tre btie. Mais si vous mettez la place de celte explication celle de l'vque, tout le passage deviendra embrouill , incohrent et nullement naturel : Et moi, je te dis que tu es Pierre, et que sur la profession de foi en ma qualit de Messie, comme sur un roc, je btirai mon Eglise. Il doit, en outre, lre vident pour tout lecteur, que Jsus, dans sa rponse Pierre entend lui confrer quelque chose en rcompense de sa confession de foi. O serait cependant cotte rcompense,

Dieu vivant. Le Christ


je btirai

Et moi
,

je te dis aussi

ferme

et

es pierre (Petrus)

et

que sur ce roc

que lu (petra)

mon

Eglise.

trs-rvrend prlat devrait se rappeler que Petrus et petra ne sont pas les paroles mmes de Jsus-Christ, mais bien les expressions du traducteur. Jsus-Christ ne parlait pas en grec, mais en syro-chaldaque. Si pour le mme mot, cephas, le traducteur il s'est servi des deux mots Petrus et petra il n'est pas difficile d'en assigner la raison a employ Petrus dans le premier cas parce que la terminaison masculine convenait
le
, :
,

Mais

383

DMONSTRATION EVANGLIQUE. LINGARD


,

38 i

mieux pour un nom d'homme et petra dans le second, parce que cette expression tait plus analogue la mtaphore btir un
:
'<

difice (1).

*
:

Sur la fin de cette partie de sa publication, l'vqu nonce les trois propositions suivantes que la premire Eglise chrtienne fut l'Eglise de Jrusalem; que celui qui prsida le premier concile chrtien n'est pas saint Pierre, mais saint Jacques; et que le premier vque chrtien fut saint Jacques, vque de Jrusalem (2). Il
:

semble que ces trois propositions seraient considres par sa seigneurie, comme autant d'axiomes thologiques, qui ne demandent point de preuve ni d'explication. S'il m'est permis d'exprimer ici mon opinion, je dirai de ces propositions que la premire est probable c'est, en effet, Jrusalem que saint Pierre posa les fondements de l'Eglise chr:

tienne, la fte de la Pentecte (Aet.


et,

II,

H)

(l)

Le docteur Burgess ne veut pas reconnatre

que

saint Pierre est le roc sur lequel l'glise est btie, parce qu'il y a un changement de ternies , Petrus el Pelr. Voudrait-il donc bien reconnatre qu'il est

par consquent, on peut considrer l'Eglise de Jrusalem comme la plus ancienne glise locale. La seconde proposition est fort douteuse. L'Ecriture ne dclare pas expressment quel fut le prsident du premier Concile ; mais, autant que j'en peux juger, le rcit de saint Luc semble attribuer cet office
(Act. XV, 7). La vrit de la troisime proposition dpend ncessairement de la signification qu'on voudra donner au mot vque. Si ce titre n'emporte que le gouvernement spirituel d'un district limit, on pourra dire peut-tre que saint Jacques est le plus ancien vque chrtien; mais si, comme le soutiennent la plupart des thologiens tous les aptres ont t revtus par Jsus-Christ du caractre piscopal , je ne vois plus comment aucun d'eux pourrait prtendre avoir sur ses collgues la priorit

saint Pierre

ce roc, s'il n'y avait pas de changement de ternies? Or, il est certain que ce changement n'avait pas lieu dans les paroles soriies de la bouche mme du Christ. Il a d se servir de Cepltas dans les deux cas ; c'est
aussi le

mme mot
Une

qui est

employ dans
les autres

les

deux

cas dans le syriaque, l'arabe, et


orientales. (2) ht. p. 10.
i

langues
,

autre assertion irange


,
:
s>

hasar-

de par le savant prlat est que saint Paul fut le premier fondateur de l'Eglise de Rome, Dans quel ancien auteur a-l-il puis ce l'ait. Il ne nous le dit pas, et il n'est pas possible de le deviner. Ce n'est pas dans saint Paul lui-mme ; car il crivit une longue lettre celle Eglise, plusieurs annes avant qu'il ne ft en son pouvoir de la fonder. Je me permettrai d'adresser une question l'vqu de SaintDavid; s'il a quelque connaissance de l'antiquit ecclsiastique, il doit savoir que le sige de Rome y est toujours appel le sige de Pierre sedes ou cathedra Ptri. Or, si saint Paul fut le premier fonda,

teur de celle Eglise, d'o vient qu'elle n'a point t appele le sige de Paul, au lieu de sige de Pierre? Et mme en supposant que suivant la dcouverte faite par l'vqu, saint Pierre ait aid dans la suite saint Paul prcher l'Evangile Rome , comment
,

se l'ait-il donc que celle Eglise ait tir la qualification qui la dislingue entre toutes les autres, de celui qui n'y tenait que le second rang , au lieu de la tirer de celui qui y remplissait le premier rle? vraiment, il me semble qu'il doit ncessairement abandonner une de ses opinions favorites. 11 lui faut reconnatre ou que saint Paul n'a pas t le premier fondateur de l'Eglise de Rome, ou que le nom de Pierre a t substitu celui de Paul , raison de la supriorit qu'il avait sur lui par la dignit dont il tait revtu.

sous le rapport du temps. Et que s'ensuit-il de ces propositions? que les paroles Tu es Pierre, et sur cette pierre je btirai mon Eglise n'ont point t dites dans l'inten tion de confrer saint Pierre aucune primaut (Id., p. 10). Lecteur, si vous connaissez quelque procd logique par lequel on puisse en dduire une pareille con-= squence, vous tes plus heureux que je ne le suis. Tandis que l'esprit vigoureux de l'vqu atteint d'un seul bond les conclusions les plus loignes , mon intelligence plus faible est force de suivre lentement sa marche en ttonnant au milieu des tnbres. Je ne saurais rpondre ce que je ne suis pas capable de comprendre. Le trs-rvrend prlat nous a montr les deux bouts de la chane, qu'il nous fasse voir les anneaux intermdiaires, et alors nous serons mme de juger de quelle manire ils tiennent l'un
,

l'autre.

EXAMEN
D'UNE BROCHURE INTITULEE

REPONSE D'UN PROTESTANT,


MME
Dans
cours de

SUJET QUE LES REMARQUES, etc.

.e

l't
il

dernier, l'vqu de

le clerg

Jurham

fit,

comme

son diocse. Le alors fut cout,

est d'usage, la visite de mandement qu'il adressa

ments doivent

de pareils mandeavec attention et respect, 11 avertit son clerg d'une manire trstouchante que c'tait son dernier discours, et

comme

l'tre,

entran par son affection de^ l'aide de la presse il le laisst aprs lui pour l'dification et la consolation de son troupeau afflig. Cependant, pour des raisons qu'il ne m'appartient pas d'expliquer, celte demande parut avoir t mise en ouhli,
, ,

manda qu'

et h-

mandement} au

jrrand

dsappointement

385

EXAMEN DTNE BROCHURE PROTESTANTE.

386

du public, resta renferm pendant plusieurs mois dans l'obscurit du pupitre de l'vque. Enfin, lorsqu'on ne s'y attendait presque plus, il fut mis au jour sous les auspices les plus favorables et au

au public l'ouvrage d'un conlroversste protestant pour un catchisme catholique.


Ovo prognatus dm. (Ou pour ne pas parler mie langue trangre,)

moment mme o l'intrigue qui

russit repousser du cabinet le dernier ministre venait de parvenir maturit. Le premier qui il fut permis de se rgaler de la manne spirituelle fut sa majest; et aussitt aprs lui avoir t prsent, le mandement fut publi et circula dans ces deux comts avec une adresse gale la sollicitude avec laquelle on l'avait primitivement tenu secret. Ceux qui rapprochrent l'poque de sa publication de la nature de son sujet, le crurent destin prparer la voie au cri

Un

poulet sorti d luiue uf.

Que

l'auteur des Remarques sur le mandement de l'vque de Durham daigne s'occuperd'un adversaire aussi misrable que cet
,

Elie, il ne faut gure s'y attendre mon avis; cependant, comme beaucoup de gens ont l'habitude de prendre des assertions pour des faits et des injures pour des arguments, il n'est peut-tre pas hors de propos de faire
ressortir la faiblesse du raisonnement qu'il a suivi dans sa brochure. Il s'est engag vo-

de guerre bas le papisme! que beaucoup de rvrends personnages ont essay dernirement d'exciter avec autant de gloire que pou de succs (1). Je suis bien loin tou:

tefois d'attribuer des motifs

si

humains au

rvrendissime prlat. son ge , qui dpasse dj la vie ordinaire de l'homme, il a trop vcu pour se couvrir de la boue de l'intrigue politique, ou pour vouloir ressusciter la perscution et la controverse avec toute sa violence (2). Son but, je n'en doute point, tait de dfendre ce qu'il croyait tre la vrit et de prmunir son troupeau contre la sduction de ce qu'il croyait tre l'erreur. Nanmoins, pour atteindre ce but, le vnrable prlat a cru convenable de diriger une attaque pleine de colre contre les doctrines de l'Eglise catholique. Il en a reprsent les membres comme les pres de l'incrdulit, comme des idoltres, des mutilateurs des sacrements, des falsificateurs des Ecritures, des ennemis de la passion de JsusChrist, des fauteurs de l'ignorance religieuse, qui s'opposent la propagation de la connaissance des Ecritures. 11 n'tait pas, selon moi, dans la nature des choses que l'vque pt esprer qu'une pareille accusation resterait sans rponse. Quoi qu'il en soit, un crivain catholique se hasarda entrer en lice avec sa grandeur dans le champ de la controverse, et le rsultat de la lutte fut, du moins dans l'opinion d'un grand nombre de protestants, que l'vque avait t loyalement dsaronn par son adversaire, lorsque tout coup surgit un second champion, M. Elijah ou Elle Index, qui, avec une officieuse activit, interposa son manteau entre le prlat dmont et les coups de son adversaire. Or cet intrpide guerrier, ce nouvel Elie descend-il du prophte de l'Ancien Testament? Je ne suis pas assez gnalogiste pour le dcider; mais co dont je suis sr, c'est que, d'aprs l'exactitude de ses assertions et la puissance logique de son raisonnement, il doit tre frre jumeau d'un sujet fidle, qui sa loyaut inspira, il n'y a pas longtemps, de discrditer la loyaut des autres en donnant
(1) Il prvoyait [sans doute la nature des circonstances et les vnements qui devaient probablement arriver. ( Rplique prtest., p. 4.) (2) Sermon de l'vque de Durbain la chambre

lontairement pour seconder l'vque de Durham dans ce duel en controverse pourquoi ne pourrais-je pas m'avancer au secours de l'auteur des Remarques ? Certes, il ne saurait y avoir de prsomption croire mes services, aussi prcieux pour le moins que ceux d'Elijah Index. Elijah commence par nous apprendre qu'il regarde son Eglise comme l'difice le mieux construit et le plus beau de la terre. Pour eela
:

je

veux bien

l'en croire.

Tout sectaire chrit

naturellement et admire son propre symbole, parce que c'est l'enfant de sa propre raison. Moi aussi je considre l'Eglise anglicane, non en vrit comme l'difice le mieux construit et le plus beau de la terre, mais comme s'loignant le moins de toutes les Eglises rformes de la beaut et de la constitution de l'Eglise romaine. C'est, pour me servie des paroles de Dryden la moins dfigure, parce que cest la moins rforme. La rforme est, en vrit, devenue une mre bien fconde; elle a produit les luthriens, les calvinistes, les arminiens, les anabaptistes, les quakers, les mthodistes, les swedenborgiens les sauteurs et mille autres sectes que ce serait une lche difficile d'numrer. Mais si
,

j'tais

je crois que j'admirerais symbole de Socin les sociniens sont de tous les protestants les plus consquent. Ils adoptent sans hsiter tous les principes qui ont donn naissance la rforme sans refuser d'admettre les consquences qui en dcoulent naturellement. Leurs arguments contre la foi de l'Eglise tablie sont copis sur ceux dont les pres de la rforme se servaient contre l'Eglise romaine. Le catholique ne peut voir sans sourire le thologien orthodoxe suer et se dbattre sous la tche difficile de prouver la validit ou la non-validit de ces mmes arguments d'en prouver la validit lorsqu'il

protestant,
le

beaucoup

l'emploie contre les papistes, et la non-validite lorsqu'il s'en sert contre les socinieiis Mais quelle est la partie de l'Eglise proiestante qui est le plus vritablement protestante ceci est tranger l'objet qui nous occupe. Laissant donc Elie contempler l beaut de son symbole, nous allons revenir sa brochure.
,

des lords,

17'J'J

Son grand objet dans ses observations prliminaires est de nous montrer que la premire provocation est venue, nonde l'vque

587

DEMONSTRATION EVANGELIQUE.

LINGARD/

683

de Durham, mais ae l'auteur des Remarques. La plupart de mes lecteurs devront trouver celte assertion bien trange, et naturellement penser que notre Isralite a sur la provocation des ides bien diffrentes de celles de la gnralit des hommes. L'vque a dpeint les dogmes de l'Eglise catholique sous les plus odieuses couleurs, et a cherch rendre ses membres un objet d'horreur et de mpris pour tout vrai chrtien ; et cependant dit Elie, il n'y eut, de fait, aucun dfi, aucune provocation, aucune attaque (Rcpon., p. 6). dans l'opiCeci est rellement trs plaisant nion de notre nouveau docteur, si vous insultez votre prochain, et qu'il repousse votre insulte, ce n'est pas vous qui tes l'agresseur, c'est lui. Une telle doctrine peut convenir au symbole des tyrans et des perscuteurs elle sera rejete par les anglais et les chrtiens. La loi, !a raison et la religion donnent l'accus le privilge de la dfense. Si l'vque de Durham se ft content d'avancer que les doctrines professes par les catholiques sont fausses, personne n'et eu droit de se plaindre de ce que nous aurions essay d'en
, :
,

que l'abus est insparable de l'usage des images religieuses, et que l'idoltrie en est la consquence invitable. L'auteur des remarques, dans sa rplique, a soutenu que l'accusation d'idoltrie tait san* fondemenl;que
l'adoration des images tait dfendue par l'Eglise catholique, etque, pour se convaincre de la puret de notre doctrine sur ce sujet, l'vque n'avait qu' consulter notre catchisme, ou interroger le premier enfant catholique de dix ans qu'il rencontrerait dans la rue (1). A ce point de la controverse Elie s'avance

montrer la vrit; or, nous condamner au silence, lorsqu'on nous impute des opinions

que nous abhorrons lorsqu'on nous reprsente comme ennemis de tout ce que les chrtiens vnrent comme sacr, ce serait insulter l'humanit et le sens commun.

avec un air d'importance et nous apprend, quoi? que le catchisme enseigne l'adoration des images? qu'il a interrog un enfant catholique et l'a' trouv idoltre ?Non mais que parfois dans les pays catholiques on porte les images dans les processions publiques. Lecteur, remarquez ces paroles: L'unique but qu'ils se proposent endployant ce luxe d'images dans leurs ornements de fete est, non pas de toucher Dieu, mais... dois-je le dire? oui, bon Elie, parlez, je vous en prie; mais de toucher le peuple, de persuader la multitude, quoi? ou bien qu'il y a dans les images quelque vertu propre faire descendre sur eux les bndictions du ciel, ou que leur mdiateur, reprsent par ces images, peut obtenir quelque chose de Dieu en leur faveur [Rplique, p. 10 ). Que
:

Mais, reprend Elie, l'vque ne faisait que son devoir, il prchait les doctrines de son Eglise. Soit. Je crois bien que les doctrines de l'Eglise tablie ne sont en gnral que des ngations. Elles ne consistent qu' rejeter des opinions imputes tort ou raison l'Eglise romaine; si ses admirateurs

peuvent seulemeut se persuader que


est l'Antchrist
,

le

pape

prostitue de propres ils paraissent leurs Bahylone yeux de profonds thologiens. Je sais aussi qu'un grand nombre d'ecclsiastiques s'imaginent qu'aprs avoir dclam contre ce qu'il leur plat d'appeler le papisme, ils ont satisfait toutes leurs obligations. Expliet la

Rome

gnie de notre tholigien juif doit tre s'il ne trouve pas d'autres motifs queces deux-l! que la pointe de sa logique doit tre mousse, s'il n'aperoit pas qu'il y a un milieu entre ces deux choses! qu'Elie monte sur son char de feu et considre une de ces processions, et il verra probablement qu'elle se compose des corporations de la ville et du clerg attach aux diffrentes Eglises. Devant les premires, il verra porter les emblmes de leurs professions respectives, (levant le dernier les tableaux o les images des saints sous les noms desquels les glises sont ddies, et il apprendra que l'on n'adore pas plus les uns que les autres. Si aprs cela il est encore convaincu que
le

troit

quer

et

recommander

les

douces

et

aimables
L'vque de Durham a employ dans celle parde son mandement un genre *rgumehialrdn Bien peu loyal contre les facults intellectuelles des callioliques; et le critique, en sa qualit de diste, a rtorqu contre l'vque une objection tome pareille. Pour chapper la force de ce gnie de raisonnement, Elie a recours une bien misrable pointe. Toutefois, pour ne pas me laisser entraner loin de mon vritable sujet, je n'essaierai pas de monder l'inutilit de cette ruse; mais, supposant <\\ic. l'vque proiesse le mme symbole de saint Athanase, je lui demanderai permission de substituer, dans les Remarques, le mot personne au mot iwmme. Le as-yge Qu'undisie \nt 5 observer que se lira donc ainsi la mme superstition (ce n'est que cela ses yeux), qui a pu porter l'vque de Durham a croire qu^iin personne reviqe de la mme chair et sujette aux mmes infirmits que nous, tait le mme Dieu qui a fait le ciel et la terre, a bien pu aussi facilement lui l'aire adorer l'image de l crature pour le crateur, je voudrais bien savoir quelle serait sa rponse, i Quelle que soit celle rponse, si elle est de quelque poids, elle devra rsoudre l'objection de l'vque contre les catholiques.
(1)
lie
i

vertus de l'Evangile, c'est leurs yeux une uvre bien moins mritoire que de dployer toute leur haine pour les doctrines catholiques, et insinuer leurs prjugs dans l'esprit de leur auditoire. Mais mme en supposant que l'vque de Durham, en prchant contre nos principes ait fait son devoir , j'espre qu'Elie voudra bien reconnatre que le critique a fait aussi le sien en les dfendant. Hanc veniam p.etimusque damusque
vicissim.

Quel que soit son sentiment sur ce point, je suis convaincu que ses principes sont trop gnreux pour exiger que nous demeurions paisiblement sous le coup de la calomnie et que nous souscrivions par notre silence aux consquences que nos ennemis pourraient
tirer contre nous. L'vque avait,

dans son

mandement

accus

catholiques d'idoltrie, et, pour appuyer celte accusation, il avait prtendu


les

389
c'est

EXAMEN DUNE BROCHURE PROTESTANTE.


l

39d

de l'idoltrie que de porter processionnollemenl des images, qu'il condamne donc Josuc comme idoltre, pour avoir fait porter professionnellement l'arche travers le Jourdain, et David pour avoir dans devant elle, lorsqu'elle entrait processionnellement dans Jrusalem ; qu'il traite d'idoltrie le major de Newcaslle, toutes les fois qu'on porte la Masse devant lui; les francs-maons aussi, lorsqu'ils portent publiquement leurs emblmes mystiques; le roi, les lords, les communes de la Grande-Bretagne galement, lorsqu'ils dcrtent en l'honneur d'un illustre mort, la pompe d'un enterrement national. En vrit, les images que l'on porte en procession ne touchent pas plus au symbole catholique, que celles que l'on porta l'enterrement de lord Nelson ne touchaient aux trente-neuf articles (1). Mais peu satisfait d'accuser les catholiques d'idoltrie, l'vque y a joint un autre crime d'une teinte bien plus noire encore. 11 nous a accuss d'avoir supprim le second commandement dans nos livres d'instruction religieuse, pour cacher l'impit de cette pratique aux yeux du vulgaire heureusement l'absurdit de l'accusation porte avec elle sa propre rfutation. L'vque de Durham et mme Elic son champion pensentils que les catholiques soient assez aveugles
,

vous l'escamotez duDcapremier, et par logue (Rplique, p. \k). Bon Elie, au lieu de chercher prouver ce que vous savez bien tre impossible, regardez dans voire Bible hbraque, et vous y verrez que les catholiques placent ce commandement exactement o l'a plac Mose, et l'expriment dans les mmes termes que lui. Si donc on impute aux catholiques le crime de suppression, le lgislateur juif doit le partager avec eux. Quant l'vque, je puis l'excuser du pch de calomnie. Il a probablement lu ce conto dans quelque vieux controversisle, et a t assez crdule pour le croire; son erreur a donc t involontaire. Mais pour Elie, je ne
s;:is

quelle apologie lui fabriquer.

Il

savait

la calomnie ne reposait nullement sur la vrit et cependant il a aid de tout son

que

pouvoir l'appuyer.
Mais, arrtez, crie Elie parler et raisonner ne sont pas la mme chose. Allez trouver un de mes amis, le docteur Hey, et il vous dira que dans une glise situe environ trente-cinq milles sud-est de Paris, les dix commandements sont crits en vieux franais autour de l'autel; le second est entirement omis le neuvime est Ne vous abandonnez pas la chair, et ne vous mariez qu'une fois. Ne dsirez point les biens des Le dixime autres, et ne mentez point du tout. A n'en pas douter, voil une bien curieuse dcouverte, et je flicite le public, et en particulier celui qui tudie la Bible, de l'avantage scientifique qu'il peut tirer des Voyages du docteur Hey. Je n'ai pas l'honneur de connatre personnellement ce monsieur, mais je ne doute
:

pour croire

qu'ils pourront chapper au crid'idoltrie par la suppression du commandement qui l'interdit? Mais quelle preuve l'vque apporte-t-il pour tablir son assertion? rien de plus que sa parole, son

me

t5>/?.

En rponse, l'auteur des Remarqus repousse l'odieuse calomnie et en appelle la justice de celui de ses lecteurs qui voudra se donner la peine de consulter un catchisme catholique un livre de prires catholique ou une Bible catholique. Ici Elie se prcipite au milieu des deux combattants, et leur impose silence tous les deux. Peuttre a-t-il dcouvert que le commandement est supprim dans le catchisme catholique, ou dans le livre de prires, oudans la Bible?Non: il reconnat qu'il est conserv, et nanmoins, aprs cet aveu encore tout chaud sur la langue, il a l'effronterie d'avancer qu'il est supprimen ralit. Qu'est-ce donc, dira le lecteur, que de conserver et cependant de supprimer une mme chose ? La logique d'Elie va nous l'apprendre. Vous mlez ensemble s'criel-il, le premier et le second commandement vous confondez ensemble deux objets distincts, vous faites du second un additum au
,

nullement qu'Elie n'ait laiss tomber son manteau sur lui, et ne lui ait communiqu une portion de son esprit (1). Avant d'en venir l'accusation suivante, formule par l'vque, je dois dire un mot de
quelques autres sujets qu'Elie a mls la premire discussion. Il dsirerait savoir si saint Paul ne raison-' nait point d'une manire inconsquente lorsqu'il appelait les lments pain et vin aprs la conscration ? Je rponds que non. Saint Paul croyait et parlait comme h s catholiques croient et parlent encore. Tout en croyant que Jsus-Christ est vritablement prsent dans l'eucharistie, nous ne faisons pas difficult de l'appeler pain et vin, mme aprs la conscration. Elie n'a-t-il jamais rencontr dans l'Ecriture des textes qui attribuent le mouvement au soleil et l'immobilit la terre ? Il devrait savoir qu'en parlant de choses de cette nature, les hommes s'expri(1) Ce qui est dit ici des commandements trouvs dans cette glise, situe au sud-est de Paris, me rappelle les deux voyageurs peut-tre Elie Index et (

,'

Convaincu de l'impuissance de son raisonnecelle matire, Elie y a attach, pour lui donner du poids, un passage de SfihMngfleet. Que StillinguYei lt un adepte dans Part de former le tissu d'un sophisme; personne ne l'ignore m:iis , dans le cas prsent, son discernement ordinaire semble l'avoir abandonn, car ses arguments, s'ils prouvent quelque chose, prouvent que Dieu ne larda pas violer son propre fl andeinent et introduire l'idoltrie chez son peuple choisi, en ordonnant Mose de faire deux chrubins en or battu, pour les placer aux deux extrmits du propitiatoire, l'un un bout et l'autre l'autre bout (Exvd., XXV, 19).
(1)

ment sur

Elise lley ), dpeint-, par ce pole. Surpris de tout ce qu'ils rencontrent, notre cou pie d'oisons s'avancent d'un pas lourd, le cou lendu, ci le regard fixe, dcouvre de vasles caih< drales bties en pierres, et des clochers lancs d ibs les airs, semblables aux noires ; mais il mon c tre surtout ses lumires, par les nombreuses gri niaces qu'il l'ail la vue des pratiques papistes qu} i s'observaient l'intrieur.

591

DEMONSTRATION EVANGELlQUE. LINGARD.


la

392

ment gnralement suivant


elles affectent leurs sens qu'elles sont en ralit.
,

manire dont

et

non suivant ce

Le critique a demand comment l'vquc


pouvait concilier son refus de de croire la prsence relle avec la croyance que le corps et le sang du Christ sont rellement et en vrit reus dans la cne du Seigneur, comment peuvent-ils y tre reus s'ils n'y sont pas? Elie rpond que le catchisme de l'Eglise anglicane a tort d'enseigner que le corps et le sang du Christ sont reus rellement et en vrit (et dans ce cas l'vque peut-il, en sret de conscience, souffrir qu'il et il nous soit enseign dans son diocse?) reporte au vingt-huitime article, o celte Eglise dclare que le corps du Christ est

Durham

En traitant ce sujet, l'vque a cit plusieurs textes de l'Ecriture, et les a complts pour la plupart par l'addition du mot important seul. Elie est convaincu que cette addition a t introduite par sa grandeur, non

comme une

citation, mais comme une consquence de l'Ecriture. Cela peut lre. L'vque, en prononant son discours, a pu prendre soin de distinguer, par une inflexion'

de voix particulire, les passages qui taient' dduits de ceux qui taient cits de l'Ecriture; mais comment le lecteur peut-il connatre cette diffrence? Dans le mandement imprim, il n'existe aucune marque pour dsigner ce qui n'est que consquence; cl je ne balance pas dire qu'un grand nombre de ceux qui l'ont parcouru ont t ports croire que le mot seul faisait partie des textes
cits.

reu et mang dans la cne, mais seulement 'une manire cleste et spirituelle; et le moyen par lequel le corps du Christ est reu et mang, c'est la foi. Mais, dire vrai, le
sens de celte doctrine n'est pas assez clair tre la porte de toute sorte d'intelli;gence. La manire dont se reoit l'eucharistie consiste videmment dans l'action de manger et de boire; mais que cette action soit une opration cleste et spirituelle, ou une opration terrestre et corporelle, peu importe. f,c que je dsirerais bien savoir, c'est si le corps du Christ reu dans l'eucharistie est son corps son C orps vritable ou non; si c'est

pour

La doctrine de l'Eglise catholique sur la nature de la pnitence, que l'vque a reprsente comme une ngation de l'cfQcacil des mrites de la passion du Christ, et celle qui regarde le mrile des bonnes uvres* qu'il a dclare faire injure Vinfluence sacre
les a expliques,

du Saint-Esprit, l'auteur des Remarques non d'aprs le faux expos

vritable, il faut qu'il y soit, il faut admettre *ine prsence relle. Si ce n'est pas son vrai corps, apprenez-i?u>i donc ce que c'est que et n est celle chose qui est le corps du Christ, pas son corps, et qui peut lre reue dans la

cne du Seigneur sans y tre. Quant la seconde accusation del eveque, relative l'invocation des saints, l'auteur des Remarques a rpondu par une exposition sur claire et prcise de la doctrine catholique sujet. Elie n'en est pas satisfait, et objecte ce que Dieu est un Dieu jaloux, c'est--dire qu'il ne souffrira pas que sa gloire soit comCeci est une vrit notre Isralite d'avoir au moins une fois rencontr la vrit ;sur son chemin. Mais est-il vident qu'implorendre jrer l'intercession des saints c'est leur ^'honneur d Dieu? Est-ce la mme chose d'intercder pour de prier nos semblables ses nous, et de prier Dieu de nous accorder

munique

la crature.

hors de doute,

et je flicite

des protestants, mais d'aprs l'enseignement des catholiques. Il a dclar en mme temps qu'il tait convaincu que cette explication tait si conforme la raison, que personne n'oserait la contredire aprs l'avoir examine avec attention; et en cela il ne parat pas s'tre tromp. A l'gard des bonnes uvres, Elie, par son silence, manifeste son assentiment quant la pnitence, il semble s'loigner du critique; mais ce dissentiment est plutt apparent que rel. Elie dit qu'il nous est bien command de faire des bonnes uvres de pnitence, mais qu'il nous est dfendu d'attacher de la valeur ces pratiques, comme tant bonnes en elles-mmes, puisque ce ne sontque des moyens d'exciter en nous la pit vitale. Le critique dit,|lui, qu'il ne faut pas les considrer comme une compensation suffisante pour le pch, mais comme une des conditions auxquelles le Christ veut bien communiquer les mrites de sa passion l'me du pcheur. Les mots sont diffrents ; le sens est peu prs le mme (1).
;

bnuHeionjs

les prires L'aci'ton mme de demander que nous s est une preuve parlante des saint

ne ne

croyons pas des dieux, mais que nous regardons seulement que comme les serviteurs de Dieu (4)les

les

rabbin chrtien rc\) Sur ce sujet encore moire du docteur Stilclame une seconde fois l'assistance docteur, que ce n est liiMleel. Nous apprenons de ce qui est a reprendre, Bas tant l'invocation des saints toute la solennit mie de les invoquer genoux avec qui s adressent a Dieu oui esi d'usage dans les prires est, selon lui, foi-mme. Se mettre ainsi genoux, qu aucun un pch mortel. Toutefois je suis surpris

pas le genou devant le pain et le vin, qui ne sont que de simples lments corporels, fabriqus par une main terrestre, pour me servir du langage de l'vque de Durham, dans son mandement, p. Flchir le genou est-il donc ncessairement un acte d'adoration? Elie est oblig d'avouer que non. Mais, pour en revenir aux catholiques, leur loi leur permet de rclamer l'intercession des saintsaussi souvent qu'il leur plat, et en telle posture qu'il leur convient rassis, debout, ou genoux, pourvn qu'ils ne prtendent pas par cetts posture leur rendre l'honneur et le
il

H?

culte divins.

pratique. L ecprotestant ose s'lever contre cette communie, ne neclitl clsiastique orthodoxe, lorsqu'il

Noire Isralite n'aime pas que l'auteur des Reirw-Triaw -n-oTriaw, en cilant saint Paul. Je n'ai rien objecter contre l'un ni l'autre. L'auteur des Remarques a, je m'imagine, cit cette expression d'aprs le Nouveau-Testament grec dile par M. Reeves, imprimeur du roi, qui a imprim la sachant que le Bible et l'a ddie Sa Majest. Or roi est le chef de l'Eglise tablie, il ne pouvait souu(1)

marques prfre

303

EXAMEN D'UNE BROCHURE PROTESTANTE.


la
II

39*

question de la pnitence, Elie demande qu'on lui permette de suivre une veine, de ce qui lui est Ires-naturel, et que M. la Harpe appellerait navet ou originalit, mais qui lui semble lui plus prs du ridicule, et coule trop librement de

Avant de terminer

sa plume.

vraiment naf, bien qu'EIie paraisse ne pas le savoir. Je suis heureux de pouvoir tre une (ois d'accord avec lui; je pense,

Oci

est

probable que lorsque notre zl Isralite s'est impos, dans le principe, la tche de rfuter les Remarques, il s'tait fait une Irop haute ide de ses talents et une trop basse ide de ceux de son anlagonisle; il s'est jet l'attaque avec vigueur, mais son courage l'a bientt abandonn, et maintenant, avant d'avoir escarmouche avec la moiti des postes de l'ennemi, il se prpare
est

une

retraite prcipite.

De

plus,

comme

le

que le ridicule coule trop librement de sa plume, et que le passage entier est souverainement ridicule.

comme

lui,

L'vque de

maine de

violer le

Durham a accus l'Eglise rocommandement du Christ

en retranchant la coupe aux laques dans la cne du Seigneur. Elie ne dit pas un mot des raisonnements trs-forts par lesquels l'auteur des Remarques a prouv qu'aucun commandement n'avait t viol, parce qu'il n'en avait t fait aucun; sans doute par ce motif fondamental qu'il s'est trouv incapable de les rfuter. 11 a eu nanmoins recours un stratagme qui prouve qu'il n'est
pas ennemi des fraudes pieuses lorsqu'elles peuvent tre utiles sa cause; il attribue au critique une consquence qui ne se trouve

pas dans sa brochure, et alors il montre qu'elle n'est pas concluante, afin de frapper le lecteur de celte ide, que le raisonnement de son adversaire est faible et mprisable.

Du changement

qui s'est opr dans

la

ma-

nire d'administrer le sacrement de baptme, ce critique n'a pas conclu directement que la coupe pouvait tre retranche aux laques; mais, de ce fait et de plusieurs autres exemples, il a tir avec raison celle consquence, que, dans l'administration des sacrements et les autres points de la discipline religieuse,

Parlhe, mais avec moins d'adresse, pendant sa retraite, il dcoche au hasard quelques flches incapables de blesser son adversaire, et que l'on peut mme faire ricocher avec avantage conlre lui. L'vque a accus l'Eglise romaine de mettre sa confiance dans des crmonies et des rites hostiles aux oprations du Saint-Esprit, et le critique a repouss l'accusation en avanant, ce qu'il appelle un fait, que la conduite morale des catholiques ne le cdait en rien celle de leurs frres prolestants, et en tirant cette consquence, que leurs crmonies n'taient pas plus hostiles aux influences du SaintEsprit que le culte nu et sans vie de leurs adversaires. Le silence d'Elie me justifierait dans la supposition que je fais qu'il est d'accord sur ce point; mais il est fch de voir le critique mettre la curiosit au nombre des motifs qui peuvent porter les chrtiens frquenter les lieux consacrs au culte public. Je reconnais bien que ce n'est pas l le plus parfait de tous
les motifs,

mais

il

faut prendre l'espce


et

hu-

maine comme

elle est,

non comme nous

voudrions qu'elle ft; et, comme d'habiles ouvriers, nous devons donner aux matriaux que nous possdons la meilleure forme possible.

pasteurs de l'Eglise doivent tre reconnus comme les lgitimes interprtes de l'intention de leur divin lgislateur; il a fait voir qu' moins d'admettre ce principe, l'vque de Durham ne pourrait justifier ni la coutume de baptiser par aspersion ou infusion, ni les serments exigs dans h s cours, ni la manducalion du >ang, ni l'omission de la pratique de laver les pieds des autres. C'en est assez sur la bonne foi avec laquelle Elie rpond aux arguments de son adversaire (1).
les

Un homme, pouss par la curiosit, enlre autres motifs, peut, par suite de son assiduit l'office public, apprendre ce qu'il ne savait pas auparavant, et se sentir port servir le Tout-Puissant avec une plus grande ferveur que jamais. Nous avons en nous une soif insatiable de la nouveaut, qu'il faut satisfaire
degr de science ecclsiastique, s'il et, avant tout, discut l'authenticit de ce dcret, dont les meilleurs critiques doutent beaucoup. Que s'il a cru que l'autorit de Graiien suffit pour l'tablir, il aurait du galement admettre le resie du texte de Graiien, par o l'on voit qu'il ctaiL question alors, non de la communion des laques, mais do certains prnes qui. aprs avoir consacr le pain el le vin, refusaient, par une sorte de superstition, de communier sou, l'espce du vin ( De Cotise, dis. Il, c. 12). L'Eglise ca tholique le dfend encore aujourd'hui. Ou allgua aussi le pape Lon, mais il ne condamnait que les manichens, qui rejetaient la coupe, dans l'ide que le vin tait une chose immonde. Je ne vois pas, je l'avoue, la raison de tout ce tumulte. Si l'opinion des catholiques touchant la prsence relle est vraie, l'effet sera toujours le

onner qu'un ecclsiasiique orthodoxe dl


le

le

blmer

s'ue servi di celle dition. Elie, toutefois, est libre de pitrer, s'il le veut, l'auionl de Coin celles (elle de M. Rceves; L'argument de l'auteur des Remarques conserve louie sa force dans l'une comme dans fauire leon. U nous rappelle aussi, dans une noie, les (liujdlanls, sectes de moines el de religieuses
qui se sont
igiiopil-il

que

leves dins l'Eglise catholique. Peul-'.rc les flagellants n'taient pas membres

de l'Eglise catholique, niais bien des sectes de fanatiques qui parurent dans bs quatorzime, quinzime lurent toujours analhel seizime sicles, et qui maiisos par les papes. Sur ce sujet il n'a qu' consulter Moslieim dans son Histoire des sicles ci-dessus mentionne. (I) Dans une note, il en appelle liingham , e! , par un grand talage d'i million, il triomphe d'avoir dcouvert un passage d'une lettre du papeC'ase, o sous une seule esil lui semble que la communion pce est dfendue. Il aman fait paratre un plus haut
,

mme, que

la

communion
;

se fasse

si c'est au sous une seule espce ou sous les deux contraire l'opinion des protestants, qui est vraie, alors, en retranchant l'usage de la coupe, on ne retranche simplement qu'une goutte de vin. Assurment on peui loin aussi bien clbrer la mmoire da la mort du Seigneur en mangeant seulement v qu'uq mangeant el buvani la l'ois,

DMONST. EVANG. XIV.

(Treize.)

595

DEMONSTRATION EY ANGELIQUE. LINGARD.

"%

jusqu' un certain point, et je ne crains pas d'attribuer, au moins en partie, la solitude des glises prolestantes l'ternelle monotonieet la constante invariabilit du service divin. Quant aux expressions satiriques de culte thtral et de chrtiens de nom, elles ne servent qu' faire ressortir l'ignorance de leur auteur. Qu'il considre une fois quelqu'une des chapelles de son voisinage, et qu'il dise ensuite s'il n'y a pas remarqu autant d'attention, autant de dvotion vritable et solide, qu'il en ait jamais vu dans tout autre lieu consacr au culte religieux, ou

La science biblique tait un autre sujet que l'vque avait fait entrer dans son mandement, et l'gard duquel il voulait donner croire que les catholiques taient pitoyablement ignorants. 11 cherchait nous persuader que tout ce qui a t fait jusqu'ici pour l'explication du texte sacr, a t fait par les prolestants. Dans sa rponse, le critique lui rappela que la connaissance que les rformateurs avaient des langues anciennes, ils la liraient des universits catholiques; que
avec
premires polyglottes qui aient paru, premires ditions de presque toutes les versions orientales, furent l'uvre des catholiques, et que l'tude de la thologie et des sciences ses surs, tait et est encore suivie avec une bien plus grande application dans les universits catholiques que dans les protestantes. A tout cela Elie ne rpond pas un mot; il abandonne son vque au fort du danger. Il aime mieux montrer sa propre science biblique en critiquant le latin de la vulgale. Dans la Gense, III, V, 15, la vulles trois

les

mme Au

dans sa propre glise. sujet des indulgences,

le

critique a

avanc quelques observations curieuses sur la vente d'indulgences dans l'Eglise tablie, et adress quelques compliments assez bien tourns au zle avec lequel le clerg s'est
efforc de draciner l'abus. A ces trois pages, Elic fait celte rponse, non moins puissante in Vous citez donc les que concise slructions de l'archevque Grindall son
:

clerg, etc., etc. Hlas

Voxfaueibuslisesit

La coutume de dire la messe en latin a t un autre sujet de discussion entre l'vque cl le critique. Ici, au lieu de rpondre aux arguments du dernier (1), Elie s'est plu les
dfigurer, afin de faire penser son lecteur qu'ils sont absurdes. De ce que les universits et les collges d'Eton et Winchester avaient obtenu la permission de faire le service divin dans la langue latine, le criliqne n'a pas conclu qui! dt galement se faire

gate porte ipsa, elle, c'est--dire elle t'crasera la tte. Or ceci est une grosse erreur, une altration faite dessein pour appuyer l'adoration de la Vierge Marie (Rplique, p. 23). D'aprs ce passage, je commence a croire qu'il est probable que notre Elie est le pro-

en latin dans tous les villages du royaume; mais il a prtendu, et mme avec quelque apparence de raison, que ceux qui, par un acte du parlement, foraient, sous les pdnes
d'asles plus svres, les Irlandais d'origine
sister au service divin en anglais, langue inintelligible pour eux, devraient rougir de reprocher aux catholiques la coutume de

clbrer la messe dans la langue de l'ancienne Rome. Et cette conclusion n'tait pas "a sienne propre, c'tait celle d'une colonne Je l'Eglise protestante, le docteur Heylin.
cependant insr une noie dans Inquelle il soit saint Paul, dont l'opinion, dit-il, qui dcide la est diamtralement oppose la ntre, question. Le catholique se soumettra trs-volontiers consentira pas la dcision de saint Paul, tuais il ne ses paroles. Or, ce qu'Elic soit le seul interprte de la peine de lire, sans si notre rabbin veut se donner prventions, le chapitre auquel il renvoie, il reconrien qui ait natra, je pense, que saint Panl ne dit ancienne dans la liturtrait l'usage d'une langue Coringie; que son blme ne s'adresse qu' quelques ihiens qui , par ostentation, affectaient de prcher devant leurs frres , ou de rciter leurs prires dans des langues entirement inconnues. Si Elie readopjette celle explication, j'espre qu' l'avenir d Que tera dans son Eglise la discipline des quakers: deux on trois, et t les prophtes parlent au nombre de quelque les autres les jugent. S'il est rvl que chose un de ceux qui sont assis, que le premier garde le silence. Car vous pouvez tous prophii< ser l'un aprs l'autre, afin que tous soient instruits i > el ateimis dans la foi ( Corinth., XIV, 2D-31 J.
(\)
Il

phte Juif lui-mme; au moins doit-il cire n il y a dix-huit sicles car s'il n'et pas t contemporain du traducteur de ce passage, il n'est pas vraisemblable qu'il et pu connatre le vrilablc motif qui a fait prfrer ce pronom fminin au masculin. Le passage est tir non de la version de saint Jrme, mais d'une version bien plus ancienne, appele la vieille Italique, et qui passe pour avoir t faite dans le premier sicle de l're chrtienne. Si donc, la traduction a corrompu le passage dessein pour soutenir l'adoration de la vierge Marie, il s'en suivra que l'adoration de la vierge Marie tait tablie dans l'Eglise chrtienne ds le premier sicle. Mais
;

lout cela n'est qu'une pure folie et

une ima-

demande que ce

gination cVun cerveau lger, sous un masque srieux, un oracle dans un tonneau vide. L'adoration de la vierge Marie n'a jamais l admise par les catholiques, ni au premier ni au dix-neuvime sicles. Ils la regardent, il est vrai, contme la mre du Messie, mais ils ne l'adorent pas et si Elie veut consulter la version anglaise de la Vulgale, il trouvera la note suivante, qui prouve que si l'intention du traducteur lait d'appuyer l'adoration de la vierge Marie, il a oubli d'en laisser quelque mmorial ses successeurs, puisqu'ils paraissent ignorants de ses desseins. Voici Elle crasera, ipsa, la femme. cette note C'est ainsi que plusieurs pres lisent ce passage conformment au latin D'autres lisent ipsum, la race. Le sens est le mme; car c'est par sa race, Jsus-Christ, que la femme crase la tte du serpent (1).
; :
:

latines sem(I) Plusieurs des anciennes versions Le passage blent avoir conserv le pronom fminin. il suit : Ipsa uvi ebt cit par saint Augustim comme

97

EXAMEN D'UNE BROCHURE PROTESTANTE.


d'Elie a pour but
d'insi-

59$

Le dernier effort nuer, que si l'Eglise catholique a t le hraut de l'Evangile chez ces nations infidles, son zle a toujours t inspir par l'espoir d'une rcompense temporelle. Ce misrable sarcasme ne peut nuire qu' son auteur; tout le temps qu'il restera dans sa brochure, l'accuil n'aura d'autre moyen d'chapper sation de faussaire, qu'en avouant son ignorance de l'histoire ecclsiastique. l en appelle, il est vrai, l'autorit d'un potc. Mais les potes sont trop souvent occups fabriquer des fables, pour s'en tenir la vrit srieuse de l'histoire (1).
Picloribus alque poctis Quidlibet audendi semper fuit qua potestas.

Hudibrar, s'il et t transcrit da bonne foi, borne sa fiction au territoire espagnol de l'Amrique du Sud. Ainsi suis-je arriv la fin de la brochure

Et

mme

d'Elie.

Je vais conclure,

comme

il

commenc,

en faisant observer que chacun a le droit d'embrasser le symbole qu'il croit fond sur l'autorit infaillible de la parole de Dieu; et j'oserai aussi ajouter que chacun a le droit de dfendre le symbole qu'il a ainsi embrass, lorsqu'il est attaqu injustement et de mauvaise foi. C'est ce qu'avait entrepris de
faire
le

critique, aprs

la

publication des

mandements de l'vque de Durham. 11 ne pouvait avoir aucune haine personnelle pour


ce prlat. L'vque est revtu d'une haulo dignit; son ge, sa position, ses vertus prives commandent le respect. Mais si, oubliant tout cela, il revt les armes d'un jeune guerrier, et dirige une attaque pleine de colro contre les opinions de ses voisins, il doit en subir les consquences. La vrit et la raison ont toujours prouv plus qu'une discussion, en fait uc falsification. Il et mieux valu que l'vque n'et pas provoqu la dispute, et mieux encore, qu'Elie en cherchant pallier, n'et pas rendu plus clatante la honte de sa
dfaite.

cakaneum (De Gen. ad lin., lib, XI, c. 50). Voyez aussi De Gen. adv. Manich.-, I- XI, c. 1S; suint Ambroise, deFuga sc.,c. 7;
tervabit capui, et lu semabis ejus
:

Bde, Exp. in Gen., p. 25. Les. anciennes ditions de

Josphe aussi paraissent offrir la mme leon, puisque Rnfin rend ainsi ce passage an iroisime chapitre Prccpil ut millier capiti ejus pludu premier livre
:

y us inferret. (I) il y a quelque chose de suspect dans la conduite des crivains protestants qui, lorsqu'ils cherchent rfuter ce qu'ils appellent les erreurs de l'Eglise romaine, ont lien soin de raisonner moins contre son enseignement rel que contre celui que lui imputent ses adversaires. On a peine croire qu'une bonne cause dt avoir recours un artifice aussi misrable et aussi indigne. Pour la satisfaction de l'vque et d'Elie, je vais exposer notre vritable doctrine sur les principaux points de la controverse.

L'vque avance que nous portons atteinte l'honneur de Dieu le l're en conservant l'adoration des images d'aprs la doctrine catholique!, il est dfendu d'adorer les tableaux et les images; mais il est permis de les placei dans les glises, et inconvenant de les traiter avec mpris, sous prtexte que ce sont des idoles. L'vque prtend que nous portons atteinte la mdiation du Christ, en considrant losanges et les saints connue des mdiateurs, et l'efficacit de sa passion ca regardant les uvres de pnitence comme le prix da pardon. D'aprs la doctrine catholique, nous n'avons qu'un seul mdiateur, Jsus-Christ, et lui seul a pay par sa mort la ranon de ses iniquits; mais il usl permis de prier les saints et les anges d'intercder
:

pour nous par ses mrites, et les uvres de pnitence sont une des conditions auxquelles il veut bien communiquer les effets de sa passion l'me du pcheur. L'vque prtend que nous attaquons l'influence de. l'Esprit-Saint par notre doctrine prsomptueuse sur les mrites des bonnes uvres et notre confiance dans les crmonies extrieures. D'aprs la doctrine catholique, Jsus-Christ accordera aux bonnes uvres
la

rcompense

qu'il leur a

le droit d'tablir tels rites et telles

promise, el l'Eglise a crmonies qu'elle

pour la clbration du service dil'vque ou son champion prouvent qtie ces doctrines sont fausses, et ils rendront un immortel service au public catholique. Jusqu' ce qu'ils le lassent, ils combattent comme un homme qui frappe l'air, cl toutes leurs accusations et leurs rpliques ne sont qu'un airain sonnant et une cymbale retentissante.
croit convenables
vin.

Que

REMARQUES
SUR LE MANDEMENT DE L'EVEQUE DE DURHAM.
RFUTATION DES ASSERTIONS DE L'VQUE DE DURHAM SUR LES CAUSES QUI ONT AMEN LA RVOLUTION FRANAISE, ET SUR LA DOCTRINE DE L'GLISE CATHOLIQUE PAR RAPPORT AU CULTE ET A L'INVOCATION DES SAINTS, A LA PRSENCE RELLE DE JSUS-CHRIST DANS L'EUCHARISTIE A LA PNITENCE ET AUX INDULGENCES, etc.
,

a publi dernirement une brochure titre, bien choisi pour commander le respect et assurer la popularit Mandement adress ait, clerg du diocse de Durham, par Sliutc, vque de Durham. C'est, ou ce semblerait tre la dernire exhortation d'un vritable prlat, dont les annes ont dj dpass les limites ordinaires de la vie de l'homme; ses dernires instructions ses rvrends

On

sous ce

un legs d'al'ardeur de son affeclion, il a laiss ses enfants spirituels. J'ouvris celle brochure avec empressement, et mes dsirs se reprsentaient d'avance la modration 1 gnrosit et la bienveillance d'un prlat g, qui ne voulait pas descendre dans la tombe sans laisser la postrit un monument durable de sa pit cl de sa solliciludo
frres le clerg de son diocse
;

mour que, dans

3**0

DEMONSTRATION VANGLIQUE. LINGARD.

403

pastorale. Je le voyais, comme le Sauveur du genre humain, s'entretenant pour la dernire fois avec ses disciples, et s'appiquant fortifier en eux, par ses exemples cl ses paroles, ce sentiment de charil universelle, si bien dpeint dans l'instruction que JsusChrist adresse, la veiliede sa passion, ses aptres (Jean, XIV, XV, XVI). Je suis forc

clerg du diocse de Durham, dans un temple ddi au cuite du Tout-Puissant, et du haut de la chaire de vrit. En pareille rencontre nous pouvons justement prsumer que nulle parole hasarde n'et pu s'chap-

per de
,

la

bouche du savant
devait

prlat.

Chaque

d'avouer que je fus bien trangement tromp. L'vque chrtien est tomb dans une polmique pleine d'aigreur, et le but de sa publication parut lre, non pas de resserrer les liens de l'unit et de l'affection; non pas d'exhorter son clerg remplirconsciencieusementses diffrents devoirs mais de rpandre plus vite les prjugs religieux et de dfigurer le symbolcd'une classe trs-nombreuse des sujets de Sa Majest. Je le Irailai avec le mpris que je crus qu'il mritait et jusqu'au momento j'appris qu'il avaitt prsent au roi par le zl prlat lui-mme, je me persuadais presque que c'tait l'uvre de quelque controversisle obscur, qui pour relever sa nullit personnelle, avait pris le nom vnrable de Shute, vque de Durham. Celui qui embrasse une opinion religieuse par conviction a sans doute le droit de la soutenir par le raisonnement. Mais, dfenseur de la vrit , qui sera son premier et son principal objet, il ddaigne les petits arlifices par lesquels on donne des assertions pour des preuves, et des faits controuvs pour des faits rels. Jamais il ne consentira grossir la foule des conlrovcrsistes, dont l'adresse commence par fabriquer un symbole l'usage de l'Eglise romaine et , aprs avoir combattu un fantme de leur propre faon, s'applaudissent d'une victoire facile et dcisive. Que cet expdient ait l souvent employ par une foule d'crivains sans nom comme sans pain, il n'y a l rien d'tonnant. Cela a souvent t la voie la plus sre pour parvenir la rputation et, ce qu'ils prfraient sans doulc la rputation, aux richesses et l'avancement (1). Mais l'vque de Durham est bien au-dessus de si pitoyables tentations. La rputation dont il jouit peut satisfaire toute l'tendue de son ambition, et le poste qu'il remplit dans l'Eglise, s'il n'est pas le premier du royaume pour le rang, l'est au moins sous le rapport de l'opulence. Si donc, malgr son grand ge et ses hautes fonctions, il se sent port briser une lance dans l'arne de la controverse, nous pouvons assurer sans crainte que ses motifs sont louables, et esprer que sa conduite, comme son courage, sera cligne et ho; , ,
,

avoir l pralablement pese et son exactitude soigneuseUient constate. L'rudition de l'auditoire, la saintet du lieu, le caractre sacr de 1 episcopat demandaient -que la vrit cl la charit conduisissent et modrassent le zle du prdicateur. Si donc j'ai occasion, dans les pages suivantes, de me plaindre du peu d'exactitude et de bonne foi avec lesquelles on a expos les dogmes des catholiques et dcrit leurs pratiques, il ne faudra pas me prter l'intention d'attaquer la sincrit ou la vracit de l'vque de Durham. Mais en applaudissant la droiture de ses vues, il m'est bien permisse gmir sur l'influence des prjugs qui avaient pu drober la vrit ses regards, lo portera tudier la doctrine de l'Eglise calholique dans les ouvrages de ses adversaires; je puis bien regretter qu'il ait consenti se joindre la foule de ces crivains mal informs, mais tranchants, qui, sans se donner la peine de distinguer le faux du vrai, se montrent toujours dcisifs, clairs et forts, l o les autres se fatiguent force de raisonnements; leur folle mais active suffisance, prenant un chemin plus court, vous jette la tte la conviction en-masse, et arrive d'un saut aux consquences les plus loignes. Je suis persuad que le savant auteur du iiidemenl ne s'offensera pas de la libert avec laquelle je me permets de critiquer quelques-unes de ses assertions. En s'arrogeant le privilge de l'attaque, il n'a pas eu la prtention de priver ses adversaires du droit de la dfense. Son but tait de convaincre nos esprits et non de blesser nos sentiments, et si nous nous croyons offenss. Il ne nous refusera pas la consolation d'essayer

assertion

justifier

nos plaintes.

la vrit lui fera rtracter les erreurs qu'il peut avoir adoptes sans le vouloir, et son zle pour l'Eglise tablie sera bien aise de reconnatre que celle-ci ne

Son amour pour

descend pas d'une mre aussi corrompue qu'on lui a appris le penser. L'vque commence son instruction par rappeler son clerg que dans une premire runion, il tirait attribu en dfinitive le renversement de l'ancien gouvernement de la

France et taules ses consquences terribles, aux erreurs de l'Eglise de Rome et son grand
loignement
de la simplicit de l'Evangile

norable.

Le Mandement que je me propose d'examiner fut publi dans des circonstances tout fait solennelles. Il fut adress au nombreux
(l) C'est ainsi

que

le

duc d'York demandant un

jour l'archevque Slieldon si l'Eglise anglicane enseignait que les catholiques romains taient des idoltres, celui-ci rpondit que non ; mais que les jeunes gens de talent voulaient plaire au peuple, et que celle accusation tait le moyen d'y parvenir (Urunel , histoire de son sicle, aiwe 1G73).

[Mandement, p. 50). Avant de souscrire une accusation si peu gracieuse, il nous est au moins bien permis de demander sur quelle preuve elle repose? Voici en peu de mots la seule que sa grandeur a consenti produire les horreurs de la
:

rvolution franaise vinrent de l'impit de ses auteurs, et leur impit doittrealtribue aux doctrines corrompues de l'Eglise dans laquelle ils ont t levs. Le papisme est donc, dans son opinion, la mre et la mre fcondu

40!

EXAMEN D'UNE BROCHURE PROTESTANTE.


et

401

de l'indiffrence religieuse, du disme

de

l'athisme (Sermon de l'vque de Durham devant les lords, 1799, p. 10, et suiv.). A quelle poque sa grandeur fera-l-elle remonter l'origine du papisme ( par ce mot j'entends le symbole religieux des peuples en communion avec l'vque de Rome), c'est ce que je ne saurais dterminer. Les catholiques soutiennent qu'il est aussi ancien que le christianisme; les protestants ne lui refusent pas mille ans au moins d'existence. Or, en admettant le calcul le moins lev, n'est-il pas extraordinaire, si l'Eglise catholique est naturellement grosse d'impits, que la naissance du monstre ail t retarde jusqu' la la fin du dix-huitime sicle? Mille ans font une bien longue grossesse, et moins que l'vque, aid de ses prophtiques amis MM. Faner et Granville Sharpe, ne puisse donner une raison mystrieuse de cet enfantement tardif, je serai port conclure qu'il s'est tromp sur la vritable mre dont il a reu le jour, et doit recommencer ses recherches. J'ai trouv dans plusieurs crivains d'un

tous ceux qui ont t les plus minents en vertu, en science, en dignit, les papes, les
princes, les ministres, les nobles, les prlats, mme le clerg franais, qui, pour la conservation de leur foi se sont exposs la proscription, l'exil et la mort, taient, pour l'ordinaire, des hommes sans sincrit, des hypocrites, des sceptiques et des incrdules. Cette assertion, en vrit, ne paraet

mrite minent et reconnu (1) un sentiment bien oppos sur l'origine du disme et de l'athisme. Au lieu de les considrer comme les descendants du papisme ils soutiennent au contraire que le disme est le petit-fils, et l'athisme l'arrire petit-fils du protestantisme selon eux !e protestantisme engendra le socinianisme, le socinianisme engendra le disme, et le disme engendra l'athisme. A l'appui de cette gnalogie ils ont apport des preuves trs-plausibles, et, en comparant leurs raisonnements avec ceux de l'vque de Durham, le lecteur se trouvera porte de juger lequel des deux systmes mrite le plus de confiance. Le rvreudissime prlat fonde son sentiment, par rapport l'origine de l'incrdulit, sur cette base que le papisme cause de ses erreurs, fournit matire auxallaquesdes hommes qui pensent (Serm. p. 10). Si son raisonnement est juste, il s'en suivra naturellement, dans les pays catholiques, ou que le nombre des hommes qui pensent est excessivement petit, ou que le nombre des incrdules est immensment grand. Admettant celle dernire consquence dans toute son tendue, il nous assure avec beaucoup de solennit, que chez les nations en communion avec l'Eglise romaine, les gens du gouvernement et les classes suprieures de la socit manquent en gnral de sincrit, et continuent depuis un grand nombre d'annes professer le papisme, non par un sentiment de convie lion, mais par suite d'une indiffrence complte pour loule espce de vrit religieuse (ibid.). Ce serait sans doute faire insulte sa franchise et son honneur, de mettre en question la vrit du fait qu'il affirme avec tant d'assurance. Nous lcherons dont- de croire sur son autorile, quelq'improbable que cela puisse tre, que, durant nombre d'annes^ toutes les classes suprieures des autres nations catholiques, que
, , , : ,

(l) Bergier, trait historique ci dogmatique de religion, vol. XII; ncyclqp., t. Vlll.

la

trange un grand nombre do incroyable, si elle ne sortait de la bouche de l'vque de Durham ? Mais ce qui me parat plus extraordinaire et plus incroyable encore, c'est que ces csprUs forts, ayant une fois dcouvert les erreurs du papisme, n'aient pas adopt le symbole si pur, si raisonnable, si intgre du protestantisme. Qu'est-ce donc qui les portait lui prfrer les absurdits de l'incrdulit? c'est l un mystre que l'vque n'a pas cherch expliquer. Les dfenseurs de la gnalogie oppose ont contume d'en appeler, en faveurde leur sentiment, au tmoignage de l'histoire; ils soutiennent que l'incrdulit ne se montra pas en public avant le commencement de la rforme, et que ses aptres, une ou deux exceptions prs, sortirent pendant plus de deux sicles des rangs du protestantisme, ils observent que le vrai principe qui introduisit la rforme conduit naturellement, dans ses consquences, au scepticisme religieux. Les droits de la raison furent exalts au dtriment de ceux de la rvlation tout individu devint du moins pour lui-mme, le seul juge en matire de religion ; sa raison prive fut ds lors un tribunal dont il n'tait pas permis d'appeler. L'effet de cette doctrine se manifesta bientt, et les pres de la rforme, virent, avec le plus vif regret, leurs propres armes tournes contre eux par leurs propres enfants. Inutilement Calvin fit-il brler Servet Genve, cl Gcntilis perdit-il, peu de temps aprs , la vie dans la mme ville bien avant la fin du seizime sicle, s'tait tablie, en Pologne, une secte de novateurs qui, jugeant comme leurs matres du sens de l'Ecriture par l'infaillibilit de leur propre raison ne craignirent pas de rejeter tous les mystres du christianisme parce qu'ils ne pouvaient les comprendre Leurs systmes se rpandirent peu peu dans les autres royaumes de l'Europe et trouvrent dans la plupart des Etals protestants le sol le plus propre les recevoir et les faire fructifier. En Angleterre, les proslytes de la nouvelle doctrine furent nombreux et malgr les bsous les rgnes chers allums Smilhfield d'Edouard, d'Elisabeth et de Jacques, pour la conservation des dogmes de l'Eglise tablie, le socinianisme n'en continua pas moins faire de constants et de solides progrs. Il se. rencontra cependant parmi ses fauteurs un certain nombre d'esprits dont la raison se trouva encore trop gne par les entraves pourtant si insignilianles qu'il lui imposait. Condamnant donc enfin la timidit de leurs matres, et partant du mme principe qu'eux, ils prouvrent que les saintes Ecritures ellestra-t-elle pas lecteurs, et

mme

103

DMONSTRATION VANGLIQUE. LINGARD.

40i

mmes devaient

tre rejetes. Si c'est le droit de la raison de tout dcider, de quelle ncessit , demandaient-ils , pouvait donc tre

la rvlation ? Un nouveau systme connu sous le titre de religion naturelle, fut bientt

pour se distinguer, (Voyez Hume, Hist., c. 71). Mais on dcouvrit jusque dans la religion naturelle beaucoup de choses que l'intelligence humaine ne pouvait comprendre ses mystres furent rejets leur tour par des raisonnements plus hardis et en peu d'annes le disme parvint, force de progrs se changer en athisme. Le premier qui rclama le mrite d'avoir fait du disme un systme complet, fut notre compatriote lord Herbert de Cherbury. 11 publia son premier trait sur ce sujet en 1624 mais il ne jouit pas longtemps du monopole de l'incrdulit les loges qu'il avait reus
prch,
prirent
et ses partisans
,

le

nom de

distes

ou

dsir bienveillant de dissiper l'ignorance du genre humain, portrent une foule d'crivains prsenter aussi leurs dcouvertes au public. Hobbes entra dans la carrire en 1650, Blount en 1680, Toland en 1698, lord Shaftesbury en 1711, Collins en
le

Morgan en

1712, Woolslon en 1727, Tindal en 1730, 1737, et Hume en 1742. Par leurs uvres posthumes publies en 1748 et 1754 Chubb cl lord BoSingbroke se montrrent des dfenseurs de la mme cause. La singularit des opinions que ces crivains soutenaient leur donna un moment de rputation ; leurs ouvrages furent soigneusement lus, et par fois traduits par des trangers qui connaissaient la langue ; et les principes du disme furent peu peu adopts par les esprits lgers sans rflexion comme sans murs de France et d'Allemagne ; car les incrdules franais et allemands ne furent que les chos des Anglais, leurs matres. Quoique puisse penser de celte gnalogie l'vquede Durhani , il doit du moins reconnatre que le scepticisme a fleuri dans les Elats protestants comme dans les Etats catholiques et que s'il persiste attribuer ses progrs parmi ceux-ci aux erreurs de la religion nationale, il n'a pas droit de se plaindre si nous les attribuons dans ceux-l la mme cause. Quant la rvolution franaise, qu'une grande partie de ses horreurs cela est ait t l'uvre des distes franais peut-tre vrai. Comme l'cume monte la surface, ainsi durant la frnsie rvolutionnaire ils se placrent la tte du gouvernement, et saisirent l'occasion de tenter la destruction de l'ordre religieux mais leur conduite fait voir que, loin de penser avec l'vquedeDurham que le catholicisme tait ils le traitrent favorable leurs projels comme leur ennemi naturel et le plus formidable (1).
, , ,
,

Les distes allemands ne se sont jamais trouvs en pareille position, mais il n'y a presque pas de doute qu'une grande partie de l'indcision, de la perfidie et de l'injustice qui, pendant un temps, rendirent le gouvernement prussien un objet d'horreur et de mpris pour l'Europe, ne fut due qu'aux principes distes et athes sur lesquels il tait tabli. Les Franais et les Allemands ont dj reu leur rcompense. Aprs tout , il semble que l'vquc , de fait l'honneur aux catholiques anglais penser d'eux moins dfavorablement que de ses frres du continent; l, le papisme fait des distes ; ici, il fait des fanatiques. S'il nous et crus tels qu'il a reprsent les catholiques trangers indiffrents toute il n'et pas jug sorte de vrit religieuse ncessaire de sonner le tocsin d'alarme et d'animer contre nous le zlede son clerg. Je regrette de ne pouvoir le remercier, mais mieux vaudrait peut-tre pour nous, que lui et la partie la plus prvenue de nos concitoyens cont de nous une ide aussi injuste que des catholiques trangers; alors, peut-tre, pourrions-nous, comme eux, nonseulement verser notre sang, mais encore obtenir de l'avancement dans les armes de notre pays (1). Alors peut-tre aussi bien que les Juifs, les distes et les athes, pourrionsnous aspirer aux places de confiance, aux traitements, aux honneurs, et obtenir les pri,

vilges pour lesquels nos presonteombattu, et qui sont le droit d'anesse de tout Anglais. 11 y a quelque chose d'adroit, bien que de singulier dans la manire dont le rvrendissime prlat a dispos ses accusations contre ce qu'il croit tre le symbole catholique. 11 affecte d'intresser dans la discussion les trois personnes de la sainte Trinit ; et les place trs-habilement en premire ligne dans

Les enseignements et les ordonnances de l'Eglise de Rome, attaquent , nous asla lutte.

su re-t-il
1

L'honneur de Dieu le Pre; 2 La mdiation de Dieu le Fils, etc. 3" L'action sanctifiante du Saint-Esprit (Mandement, p. 10). Ce sont l certainement des assertions bien hardies, et s'il parvient les prouver, je ne serai plus surpris de son aversion pour la foi catholique, et de son attachement pour la
foi

prolestante.
1.

Que

l'Eglise

romaine porte
le Pre,
il

atteinte

l'honneur de Dieu

le

conclut du

expliquer (Rflexions sur l'esprit de controverse, page 20S).s Si quelqu'un voulait voir une plus ample discussion sur ce sujet, je lui recommanderais la lecture de cette publication pleine de finesse et de chaleur. loi qui per(1) Ki 1804, passa sans opposition une mettait Sa Majest d'accorder son gr toute espce

pre de l'athisme et le protecteur de l'impit., comme quelques-uns de nos compatriotes protestants l'ont avanc, la manire rien moins que filiale et bienveillante dont l'athisme et l'impit ont trait leur Itou alli, sont des circonstances si surprenantes, qu'il n'y a, je panse, que leur propre subtilit qui puisse s'en rendre compte et les
(1)
<

Si le catholicisme esile

de charges militaires aux catholiques trangers, bien qu'ils n'eussent pas abjur les dogmes errons, injustement reprochs leur religion. En 1807 l'ut propos un projet de loi tendant permettre Sa Majest d'accorder les mmes faveurs aux catholiques anglais,
qui avaient fait cette abjuration , il fui rejet, et la nation s'mut comme si tout la fois le trne et l'Eglise eussent t en danger.

405

EXVMEN D'UNE BROCHURE PROTESTANTE.


: :

w
,

deuxime prcepte du Dcalogne Vous ne vous ferez point d'image taille, ni aucune figure de tout ce qui est en haut dans le ciel ou en bas sur la terre. C'est en vain qu'on
allguerait,

ment insr dans sa version du commandement ces mots Pour en faire un objet d'adoration (Mandement p. II); explication que je suis bien loin de dsapprouver, puisqu'elle est parfaitement

nous

dit-il,

que

les

images ne

conforme

la doctrine
dit

sont employes que comme les auxiliaires et non les objets de la dvotion il est impossible de maintenir cette distinction dans l'esprit du peuple. L'abus est invitable et l'idoltrie en est la consquence ncessaire (Mandement, p. 1!). Tout ce que l'on peut dire en faveur de celle accusation si mal fonde en fait, si capable de blesser les sentiments d'un peuple aussi zl pour l'honneur de Dieu que l'c'est qu'elle a voque de Durham lui-mme t souvent et vivement soutenue par les ennemis de l'Eglise romaine. Souvent aussi elle mais il est a t rfute et avec avantage probable que les lecteurs de l'vque se sont borns principalement nos accusateurs, et ont rarement consult nos apologistes. Les sentiments dont il fut imbu dans sa famille par le bigotisme et les prjugs des conlrovcrsistcs, il les nourrit encore dans sa vieillesse, et nous condamne comme idoltres, lorsqu'il pourrait chaque jour, par la plus facile exprience, se convaincre de la fausset de l'accusation. Qu'il demande au premier enfant catholique de dix ans, qu'il rencontrera par hasard dans la rue, s'il est et il recevra permis d'adorer les images Non, nullement: car elles ne celte rponse peuvent ni nous entendre, ni nous voir, ni nous secourir (Catchisme catli.,l comm.). C'est la leon qui fut grave dans notre esprit ds notre enfance, et elle est si conforme la religion et au sens commun, qu'elle ne s'en effacera, je l'espre, jamais. Je puis bien certainement me donner pour avoir des rapports plus tendus avec les catholiques que l'vque de Durham; cependant je n'en ai jamais rencontr un seul jusqu'ici qui ft assez ignorant pour adorer les images et les tableaux. L'vque observe ensuite que cette pratique eut oppose la lettre du commandement de Dieu (Mandement, p. 2). Mais, pour ce qui regarde la lettre du commandement, on peut faire remarquer que la pratique du catholique n'y est pas plus oppose que celle des protestants. Pris littralement, le prcepte dfend, sans exception ni distinction, de
, ,
;

catholique.

Ce commandement,

notre

cathchisme, dfend de faire des images poui les adorer et les servir; c'est--dire, il dfend de nous en faire des dieux. Si donc les catholiques sont idoltres, qu'est, je vous le demande, l'vque de Durham ?

Du

reste,

conlinue-t-il,

que

la

mme

superstition qui a fait croire que le pain et le vin, simples lments corporels et faonns de la main des hommes, taient changs rellement au corps et au sang du Christ, adore sans beaucoup de difficult une image cre, la place du Crateur, il n'y a rien l qui puisse nous surprendre (Ibid.). En lisant ce passage loquent, dict par la modration et la gnrosit mme, j'ai t longtemps sans savoir ce que je devais admirer le plus de la gentillesse de l'expression ou de la finesse du raisonnement. Il semble que dans l'opinion de l'vque de Durham l'intelligence det catholiques est atteinte d'une maladie profondment enracine et incurable. La foi la prsence relle est une sorte de pch originel qui corrompt toutes les facults de l'me, lui 'e le pouvoir de distinguer la vrit du mensonge, et la dispose recevoir toute espce d'absurdits en vain le catholique eu appellc-t-il aux paroles expresses de JsusChrist Ceci est mon corps; en vain presset-il son adversaire d'apporter l'appui de tout autre dogme des paroles aussi claires et aussi significatives; en vain en appelle tl la foi unanime de toutes les autres Eglises chrtiennes du globe; c'est une superstition, rpond sa grandeur; ceux qui l'enseignent ne peuvent tre que des idoltres, et ds lors il ne saurait y avoir pour eux de difficult adorer une image cre la place du cra,
: :

teur!

faire

aucun objet

cisel, ni

aucune ressem-

blance de tout ce qui est en haut dans le ciel ou en bas sur la terre. Si nous devons tre jugs d'aprs la lettre de la loi, que nos adversaires se soumettent donc aussi au mme jugement, et que l'vque de Durham justifie,
s'il le peut, les ouvrages cisels et les images d'objets qui sont en haut dans le ciel ou en

la terre, que l'on voit encore dans sa cathdrale. Elle fut autrefois orne par le gnie du sculpteur et du peintre, et si un grand nombre de ces ornements ont t dtruits par le fanatisme barbare des premiers rformateurs, beaucoup aussi ont t religieusement conservs par les soins de leurs descendants. Prvoyant bien celle difficult, il a prudem-

bas sur

Le rvrendissime thologien ayant aussi pos la loi sa candeur ne refusera pas sans doute d'tre juge d'aprs cette mme loi. Il croit, suivant le symbole de son Eglise, que le Christ tait vritablement Dieu; mais il ne peut pas ignorer que plusieurs crivains de son pays, et des hommes qui ne sont pas non plus sans talent et sans rudition ont prtendu qu'il n'tait qu'un simple homme. Or, que l'un d'eux vnt observer que la mme superstition (car ce n'est que cela leuryeux) qui a fait croire l'vque de Durham qu'une personne revtue de la mme chair, et sujette aux mmes infirmits que nous, taitee mme Dieu qui a cr le ciel et la terre, a bien pu, et sans plus de difficult lui faire adorer l'image cre pour le crateur; que celte remarque vnt, dis-jc, tre faite, je voudrais
, ,

bien savoir ce qu'il rpondrait. Citerail-il les textes qui, selon lui, tablis sent la divinit du Messie? Le catholique a pareillement le droit de citer ceux qui tablissent aussi clairement la prsence relle Rpondrait-il que pour regarder comme fausse l'opinion de son adversaire on n'a pas o
,

4C7
droit

DEMONSTRATION EVANGEL1QUE. LINCAP.D.

4(8

de lui reprocher d'autres opinions fausses qu'il dsavoue? Le catholique peut faire la mme rponse. Sous ce rapport le catholique et l'vque de Durhain se trouvent sur le mme terrain. Je ne veux pas conclure de l qu'il soit idoltre ; mais je suis curieux de savoir comment il prouvera le contraire, en soutenant la justice de son propre rai-

la qualifier d'insulte la crdulit publique, et u'affreuse calomnie contre la conscience

des catholiques. Mais est-ce donc la vrit de sa grandeur que j'accuse? Non, je n'en doute pas, ce qu'il a avanc, il l'a cru vrai. Est-ce donc son ignorance ? Oui il aurait d tre
,

mieux

instruit.

sonnement.

De plus, il parat que le savant prlat ne croit pas la prsence relle du corps et du
sang de Jsus-Christ dans la cne, et cependant, comme un fidle enfant de l'Eglise anglicane, il croit que l'un et l'autre y sont pris et reus rellement et en vrit par les fidles.
Or, mes yeux, une doctrine qui enseigne l'on reoit ce qui n'existe pas rellement a toujours eu l'air d'un paradoxe; toutefois il s'en faut bien que j'en conclue, quand mme la conduite de sa grandeur m'autoriserait le faire, que parcequ'cllc a dit sur cesujet. quelque chose qui me parat absurde, elle ne dit jamais que des absurdits dans

2" Four prouver que les usages de l'Eglise romaine portent atteinte l'honneur de Dieu le Fils l'auteur du Mandement cite la coutume de prier la sainte vierge Marie, les
,

que

les anges et les dans le langage catholique, c'est rclamer leur intercession et celle pratique est recommande par l'Eglise comme pieuse et utile. Mais esl-i! vident, comme l'avance l'vque de Durham', qu'elle droge l'unique mdiation de Jsus-Christ? La consquence me parait mal dduite et injuste je suis tout prt reconnatre avec lui qu'il n'y a qu'un seul nom sous le ciel par lequel nous devions tre sauvs qu'il n'y a qu'un seul mdiateur entre Dieu et les hommes, Jsus-

anges

et les saints (1). Prier

saints,

Chrisl; qu'il

d'autres circonstances.

pour nous;

vit toujours , afin d'intercder qu'il est notre intercesseur au-

on eu recours dans les livres papistes desUnes l'instruction religieuse, une ruse aussi contraire l'ihonneur de Dieu que le culte des images lui-mme. Dans l'numration des dix commandements le second est entirement supprim cl le nombre dix se trouve complt par la division du iir.imc en deux; ce qui est une violation directe de cette injonction Vous n'ajouterez rien aux commandements que je vous fais, et vous ri y retrancherez
, , , , :

pallier celte opposition avec texte sacr, observe le Mandement

Pour

le

[Snstruct. p. 12). Je suis bien surpris qu'u.i prlat si grave et si prudent ail hasard une assertion aussi dangereuse s'il et ouvert une bible catholique, un livre de prires catholique, ou un cathchisn catholique il y aurait trouv ce
, ; :
.

rien non plus

commandement exprim dans


termes que dans
protestants
(1);
les
il

les

mmes

livres religieux des aurait vu que le Dcalogue est le mme chez les uns que chez les autres ; que la seule diffrence consiste dans la division et qu'il a plu aux rformateurs de partager le premier prcepte en deux, et de runir le neuvime et le dixime en un se'il. Il n'aurait .pas hasard une assertion telle que, si elle venait d'un autre que de l'vque de Durham je ne balancerais pas
,

prs de son Pre, et que par lui nous avons accs en un mme esprit auprs de son Pre (2). Mais s'en suit-il ncessairement qu'il soit dfendu de dsirer que d'autres intercdent pour nous avec Jsus-Christ, et par ses mrites? L'aptre saint Paul ne rclamat-il pas les prires des Romains des Corinthiens, des Ephsiens? L'Eglise anglicane n'otdonne-l-elle pas ses ministres de prier pour le roi le parlement le clerg et les hommes de toutes les conditions? L' docteur Porleus n'exborle-t-il pas tous les vrais chrtiens persvrer dans la pratique charitable d'intercder pour lotit le genre humain [Sermons de Bieliiy Portais, vque de Londres, vol. IL p. 381 j? A coup sr, l'vque de Durham ne prtendra pas que l'Aptre ignorait que JsusChrist est notre mdiateur, ou qu'en se soumettant aux ordonnances de son Eglise il attaque la plnitude des mrites de notre Sauveur, ou que son rverendissime collgue ne sait pas que Jsus-Christ est toujours vivant, afin d'intercder pour nous. Cependant, si l'on peut recourir l'intercession d'une tierce personne sans porter je atteinte la mdiation de Jsus-Christ ne saurais comprendre en quoi il peut impersonne soit encore sur la porter que 1 terre, ou dj au nombre des bienheureux. Le catholique, comme le protestant, attend
,
,

(1) Je regarde Vimage taille de la vnrs on protestante comme quivalente la chose initie de la version catholique. La dernire est petit-Ue p'us comprhensible. Quant la division du Dcaloguc, c'esi en
;

(I)

Mandement,
!

p. 13.

Combien

celle doctrine n'est-

e.le pis diffrente

de elle du docteur Montagne, v

que de Norwicli
i

une chose de peu de consquence. Le nombre exact de ions les piceples aflirmatil's et ngatifs e^t de quatorze, ci leur rduction en dix ariicles a t l'objet de diffrents systmes chez les Juifs comme Chez les chiliei s L:> division adopte par les catholiques depuis nombre de sicles e>t celle qui a reu
soi

J'accorde , dit il, qu'il n'est p;is mdiation du Christ ce n'est pas une impie que de dire Sainte Marie, priez pour moi; Saint Pierre, priez pour moi [Trait de invoport ailcinle
la
:

cation des Saints, p. 118).

que de

l'approbation di saint Augustin. C'est donc injustice la prsenter comme une ruse invente pour pallier une ruse illgitime

t):uis la crainte d'encourir la (-2) Mandement, p. id maldiction qui, connue nous avertit l'vque de Durhain (p. 12), est suspendue .sur la t e de celui qui ajoute la parole de Dieu, je ne me suis pas hasard citer ces textes, pour les augmenter, comme il l'a fait, en y insrant, par occasion, le mol seul.

409

EXAMEN D'UNE BROCHURE PROTESTANTE.


;

110

son salut des mrites do Jsus-Christ seul i) ne demande aux saints ni grces, ni salut; il sollicite seulement pour lui leur faveur et leur intercession auprs de Jsus-Christ, qui est leur Sauveur, leur Dieu comme le
sien (1).

que je ne comprends gure le sens de ce mot: prix du pardon. Il est' mconnu dans la thologie catholique, et il est probablement de la faon du gnie inventif de la rforme. Si par l l'vque de Durham veul insinuer que les catholiques enseignent que les uvres de pnitence sont par elles-mmes

Peut-tre l'vque de Durham ne sait-il pas combien il est facile de tourner son raisonnement contre lui-mme? Pour chantillon je vais essayer de prouver que les pratiques de l'Eglise anglicane attaquent l'honneur de Dieu, el mon raisonnement va tre une parodie fidle du sien. Dans l'oraison pour la fte de saint Michel , elle demande que les saints anges par lapermission de Dieu, nous protgent et nous dfendent sur la terre prire qui porte atteinte la souveraine providence de Dieu et apprend au peuple mettre sa confiance dans les anges, qui sont les cratures de Dieu, pluil que dans Dieu, leur Crateur. Dieu seul (j'ai autant de droit que l'vque de Durham d'ajouter le mot seul) Dieu seul est notre roc, notre forteresse, notre librateur lui seul est un roc pour nous sauver. Lui seul est la force et le salut de ses oints notre appui et notre bouclier ; le salut des justes vient de Dieu seul . La pratique de l'Eglise d'Angleterre en multipliant les protecteurs et les dfenseurs, porte donc de graves atteintes la providence de Dieu, et conduit communiquer les attributs divins des tres qui ne sont que des cratures et des serviteurs comme nous. Ce n'est l, je l'avoue, qu'un raisonnement futile; mais c'est de l'vque de Durham que je l'ai appris cl il faut qu'il l'admette, ou qu'il dsavoue son Mandement. Mais l'imposition des pnitences, comme prix du pardon et remde du pch commis, semble mconnatre l'efficacit (lu grand sacrifice que Jsus-Christ a offert pour nous en mourant [Mandement p. 13 ). J'avoue
, , ;
,

une compensation
il

suffisante
les

pour

en

est

encore savoir

le pch, premiers l-

ments de noire doctrine. S'il veut dire que nous les regardons comme unedes condilio s
auxquelles Jsus-Christ consent communiquer le mrite de sa passion l'me du pcheur, son ide est jusle, bien que son expression ne soit pas exacte. Mais condamnet-il srieusement cette doctrine, toute fonde qu'elle est sur les passages les plus clairs de l'Ecriture, et confirme parla pratique des
sicles les plus reculs? Si j'entends- bien ses raisonnements, il n'y a pas en douter. Il est le z! dfenseur de la toute-suffisance des

doctrine catholi(1) Aprs roue explication de que relativement l'invocation (1rs saints je peux
1 1

bien me hasarder demander an trs- rvrend thologien s'il la regarde rellement comme idoltriqne. Je ne suis pas assez tmraire pour esprer qu'il lui

donne son approbation;

niais,

s'il

n'est pas

convaincu

qu'elle aille jusqu' l'idoltrie, je voudrais savoir comnieui il peut en sret de conscience faire la dclaration suivante, avant de prendre place dans la cham-

bre des lords En prsence do Dieu, je professe, al[e^ie ci dclare solennellement et sincrement que je crois que l'invocation ou l'adoration de la vierge * Marie ou de tout autre saint, comme elle se pratique i aujourd'hui dans i'Eglisc de Rome, est supersti lieuse et id illrique. Que l'adoration do la vierge Mai ie, ou de tout autre saint lt une idoltrie , c'est vident; mais il n'y a pis d'adoration de ce genre dans l'Eglise de Home. L'invocation des saims y est, il e>l vrai , en usage, dans le sens expliqu dans le texte; mais videmment cette invocation n'a rien qui
:

sem

l'idoltrie- Il semble qu'il a t rserv la bauie sagesse de celle nation claire de faire une condition ncessaire pour tre lgislateur, de pouvoir affirmer avec serment qu'une pratique, que In grande majorit des chrtiens dclare n'tre pas idoltriqne, cl qui probablement n'a jamais l considre qu' travers le milieu trompeur d'un faux expos du l'ait en question, est de sa nature idoltriqne.
,

mrites de Jsus-Christ, et, dans son senti, faire pnitence pour le pch, aprs le grand sacrifice qui s'est consomm sur la croix c'est faire injure l'honneur de Dieu Je Fils et nier l'efficacit de sa passion. Son symbole, au moins doit lre bien consolant. Contentez vos passions, cric-t-il au pcheur, contentez vos passions maintenant, et cessez de pcher quand vous ne pourrez plus pcher. Ne craigne: pas 1rs rigueurs de la pnitence ; les larmes et la prire, le jene et l'aumne, la pnitence sous le cilie et la cendre n'taient que des crmonies extrieures bonnes seulement sous la loi judaque. Observer ces pratiques aujourd'hui, ce serait nous faire renoncer la grce et la vrit, qui nous sont venues par Jsus-Christ; nous reporter de l'Evangile la loi, cl nous priver des avantages inestimables que la loi de Mose ne pouvait nous donner (Mandement, p. 14). C'est une chose curieuse de voir combien l'Evangile que l'on prche dans ce sicle de lumires, laisse loin derrire lui l'esquisse grossire el imparfaite donne nos pres. Saint Paul avail l'habitude de chtier son corps et de le rduire en servitude (Bingham, Orig. eccls., tom II, p. 207. . Livre de la la prire commune, V ). Je ne doute pas qu'il ne crt faire une action agrable J->usChrist et cependant voi' que nous apprenons de l'vque de Durham. qu'alors il drogeait l'efficacit de la passion du Sauveur. Les pnitents des anciens jours passaient souvent toute leur vie dans des uvres de pnitence; ils jenaient, et priaient prosterns l'entre de l'glise, ils sollicitaient l'intercession des .chrtiens , moins coupables qu'eux (1). Par ces austrits, ils espraient accomplir la volont de leur Rdempteur. Mais aujourd'hui nous apprenons qu'ils ne faisaient qu'entasser pchs sur pchs el augmenter la gravit de leurs

ment

><

en mconnaissant l'effifautes anciennes cacit du sacrifice de Jsus-Chrisl. il parat


,

(1) fceairtiw, je rliiie, je


lat

me

dompte. Le savant prpardonnera d'en appeler au grec malgr s.

dfense.

, ,

411

DEMONSTRATION EVANGELIQU. LINGARD.


suivant
les

412
;

aussi que les savants qui ont compil le livre de la Prire publique, sont tombs clans la mme erreur. C'tait autrefois nous dia sent-ils,un pieux usage qu'au commencarme les personnes qui cernent du taient convaincues de fautes notoires, fussent condamnes la pnitence pu blique, et punies ici-bas , afin que leurs mes fussent sauves au jour du Seigneur. Et il serait bien dsirer que cette insti tution ft rtablie de nos jours. Ils ne pensaient gure alors que cette pieuse pratique de pnitence et de chtiment, au moyen de laquelle les mes des pcheurs devaient tre sauves au jour du Seigneur, serait un jour convaincue, par un de leurs successeurs dans ce ministre, d'impit et d'outrage envers la mdiation du Rdempteur. Voil cependant , si je comprends bien sa pense, ce que dit l'vque de Durham; et
, ,

temps

et les circonstances

que

'<

l'usage de la coupe a t tantt accord et tantt retranch aux laques et que la communion a t dans certaines rencontres lgitimement administre sous la seule espce du pain , et dans d'autres sous la seule espce du vin (1). Les aptres, il est vrai, commentrent sous les deux espces. Mais voudrait-il nous obligera suivre toutes les particularits de leur communion? alors, nous (je veux dire les hommes seulement
;

car
il

comme aucune femme

n'lail prsente,

faut toutes les exc'ure),

nous devons rece-

communion le soir, aprs souper, et tahle. Prtendra-t-il que toutes les paroles de Jsus-Christ s'adressaient ici tous les fidles? alors tout individu peut rclamer le droit de consacrer. Il faut donc
voir la
assis

admettre quelques distinctions,


.

et,

comme

un matre en Isral (1). L'auteur du mandement tient un troisime argument en rserve pour prouver son allgalion L'Eglise romaine retranche l'usage de la coupe aux laques dans le sacrement de la cne du Seigneur; ce qui est un ou trage envers notre Sauveur aussi bien qu'une transgression de son commande ment formel Buvez-en tous. Ce n'est pas seulement une injuste violation des droils des laques et une audacieuse mutilation du sacrement; mais encore un outrage fait celui qui l'a institu et ordonn. C'est avec peine que je reproduis ces assertions tmraires et qu'aucun raisonnement ne saurait appuyer. Un prlat insc'est
: :

l'Ecriture se (ail il faut recourir la pratique et l'autorit de l'Eglise de Jsus-Christ. Mais notre Sauveur n'a-l-il pas dit Buvez-en tons [Mand., p. 15). Je rponds 1 que, d'aprs saint Maie, il parat qu'ils en burent tous d'o l'on peut conclure que le commandement de Jsus-Christ s'adressait non tout le corps des chrtiens , mais seulement tous ceux qui taient prsents, c'est--dire aux douze aptres qui il confra le pouvoir de consacrer l'Eucharistie;
: ;

2"

que la pratique de l'Eglise chrtienne est une explication suffisante de l'intention de son divin Matre. Et ce n'esl pas l un principe que l'vque de Durham puisse raisonnablement rejeter. D'aprs les expressions
pratique des premiers
,

de l'Ecriture et la
chrtiens,
il

l'vque de Durbam savait ou aurait d savoir que l'usage de communier sous une seule espce est sanctionn nonseulement parla pratique de l'Eglise latine, mais encore par celle des Grecs, plusieurs jours de l'anne; cl il aurait d hsiter avant de condamner de son autorit prive les neuf diximes de la grande socit chrtienne , comme violateurs du commandement de Jsus-Christ et inutilatcurs de son sacrement. Il savait ou il aurait d savoir que plusieurs crivains distingus de l'Eglise anglicane ont prtendu que la communion sous les deux espces n'tait pas commande par JsusChrist [L'vque Montagne Orig., tome I, page 39] et que le synode des protestants de France, tenu Poitiers en 1500, dcrta que le pain de la cne du Seigneur devait seul tre administr ceux qui ne peuvent pas boire du vin (2). Il savait ou devait savoir que la manire de communier est purement une matire de discipline, qui peut varier
truit
,
,

comme

que le sacrement du dans sa premire institution administr par immersion. Cependant qml ministre protestant hsite aujourd'hui adopter la mthode contraire de l'aspersion
est

clair

baptme

tait,

ou de l'infusion? Jsus-Christ dfendit ses disciples de faire aucun serment cependant


:

djeune ordonn par


pas regard
(2)

(1) Je voudrais bien savoir ce que signifie le jour le roi chaque anne; n'esl-il

l'vque de Durham ne permet-il pas d'exiger le serment dans ses cours de justice ail grand profit de ses officiers ? Il commanda ses disciples de se laver mutuellement les pieds, son exemple. Cependant quel est aujourd'hui celui qui remplit ce commandement? Les aptres, dans le concile de Jrusalem, dclarrent qu'il fallait s'abstenir du sang cependant quel chrtien se fait maintenant scrupule de transgresser celle dfense? L'loigncment de la lettre de l'Ecriture dans ces circonstances et dans plusieurs autres, ne saurait trouver de raison satisfaisante que clans l'autorit des pasteurs de l'Eglise, que Jsus-Christ a tablis pour tre les interprtes de sa loi. Puis donc que la communion sous une seule espce a ete en usage pendant plusieurs sicles et a toujours
,

de pnitence? Pour avoir des exemples de la communion sous une seule espce, voyez Renaudoi, Collection des liturgies orientales, tome II, p. 125,
Chap. XIII
,

comme une uvre


art. 7.

270. Arcudius, De concordia ecclesiastica occidenluli et orientait, p. 582, 59G. C'est la coutume chez les cophles de communier les enfants sous une seule espce, en plongeant le doigt dans le calice, et en le niellant dana leur bouche (llenaudot, 1. 1. p. 201).

(1) D'aprs la manire dont s'exprime saint Paul, semble que la communion s'administrait quelquefois sous une seule espce dans les premiers sicles. Quiconque mangera ce pain, ou boira ce calice (I Cor., XI 17). Mais les traducteurs anglais protestants ont cru propos de changer Sa disjonciive ou en la cnpnil
,

laiive et.

4(3
t

EXAMEN D'UNE BROCHURE' PROTESTANTE.


,

4M

admise en partie, l'vque de Durham voudra bien nous pardonner, si, en dpit de sa censure, et par obissante une autorit laquelle il doit se soumettre en d'autres circonstances, nous continuons tenir une ancienne coutume, sans croire ni transgresla

commandement, ni porter atteinte mdiation de Jsus-Clirist. Quant au reproche de mutilation, on peut avec une gale justice le rtorquer contre les protestants. Ils blment les catholiques d'avoir tronqu le sacrement. Kn quoi ? Dans le simple retranchement d'une coupe do vin. Les catholiques les blment pour l'avoir mutil dans son essence mme, dans le corps et le sang de Jsus-Christ. 3* Nous arrivons maintenant aux influenser le

miner le vrai sens de l'accusation j'espre que l'on me dispensera d'essayer la rfuter. Mais quoiqu'on soit le vrai sens, je nie fortement la consquence qu'en a tire l'vque do Durham; et je soutiens que la conduite des catholiques, quelque attachs qu'ils soient aux crmonies extrieures n'est pas de nature justifier celle assertion, qu'ils nuisent plus que leurs voisins aux influences sanctifiantes de l'Esprit-Saint. Quant aux observances rituelles, je ne sais pas quelle place elles tiennent dans l'estime de l'vque de Durham. S'il les rejette, je crains bien qu'il ne connaisse gure la nature humaine. Elles sont ncessaires dans la
,

du Saint-Esprit. L'Eglise romaine nous dit-on," y porte atteinte par la grande importance qu'elle attache aux rites et aux crmonies extrieures; impor lance qui tend diminuer l'esprit des de voirs religieux, et apprend l'me se re poser sur des observances extrieures et charnelles, au lieu de placer toute sa con fiance dans l'assistance de l'Espril-Saint que Jsus-Christ nous a promis, et dans la suffisance de sa grce (Mandement, p. 15). A celte accusation vague et gnrale, je sais peine quoi rpondre. Avant de hasarder une condamnation l'vque aurait d au moins, se donner la peine d'exposer la
ces sanctifiantes
,
'<
i

doctrine des catholiques sur les rites et les crmonies. Il aurait d montrer en quoi elle diffre de celle de l'Eglise anglicane (1), et prouver, non par une simple assertion, mais par des faits, qu'elle est dangereuse dans ses consquences. C'et t agir en homme sincre et gnreux; c'et t mettre ses lecteurs mme de juger notre doctrine et sa censure. Mais il a cru convenable d'adopter une autre mthode, plus commode pour i'aumais plus propre aussi tcur, il est vrai garer le jugement des lecteurs. 11 a dcrit la doctrine catholique dans les termes les plus vagues et les p us indfinis qui peuvent signifier tout ou rien qui ne prsentent aucune ide prcise de l'esprit, mais enveloppent le sujet dans un brouillard au travers duquel il apparat plein d'exagration et de difformit. Comme donc je ne saurais dler, ,

religion pour attirer la curiosit, ranimer la tideur et fixer l'attention. II est prouv, par Pexprience des sicles, que sans elles la profession de lotit culte religieux, bien que les richesses et les honneurs puissent lui conserver la vie, doit nanmoins tomber dans un tat de torpeur et d'indiffrence. Si le zl prlat veut une religion purement spirituelle, il peut se fliciter de l'accomplissement de son dsir. Je ne saurais tre mieux inform que sa grandeur de l'tat du diocse de Durham; mais s'il ressemble celui des autres diocses du royaume , il y a peu, et trspeu de protestants, dont l'esprit se repose sur les crmonies extrieures et charnelles. La solitude des glises atteste que s'ils ont un culte, ce n'est qu'un culte spirituel. Ils peuvent bien, il est vrai, remplir leurs devoirs religieux d'une manire spirituelle et invisible pour l'assistance corporelle et les crmonies extrieures , il est certain qu'ils les
:

ddaignent (1). Mais, reprend l'auteur du Mandement,

t <

<
<

<

(1) L'Eglise a le pouvoir d'tablir des rites et des crmonies {Articles de l'Eglise anglicane, art. 20). t Le soin de prescrire des formes lixes et dtermi nes pour les divers actes du culte religieux, et de ne pas laisser cet objet aux talents ou aux caprices, ans. inventions et souvent aux extravagances de ceux qui sont chargs d'office de les remplir, entre dans les rgles gnrales donnes par les aptres aux Eglises de leur lemps Nous devons nous soumettre toutes les rgles qui sont approuves par un commun consentement, qui nous sont recommandes par une longue pratique, et qui ont ; tablies par ceux qui ont sur nous une autorit lgitime. Nous ne pouvons mettre d'autres bornes notre soumission dans ce cas, que ceiles qui sont poses dans l'Evangile. Nous devons obir Dieu plutt qu'aux hommes ( Exposition de trente-neuf articles, par Gilbert , vque de Sarwm png. 193,
,

du Saint-Esprit tait encore plus outrage par les doctrines pr somptueuses que l'on soutenait sur le m rite des bonnes uvres (Mandement, p. 15). Ceci est encore une accusation vague et indtermine qui me porterait souponner que l'vque de Durham n'est pas mieux instruit de la doctrine de l'Eglise catholique sur les bonnes uvres, que des autres points de son symbole religieux. Me sera-l-il permis de lui apprendre ce que sait parfaitement tout. catholique ds son enfance? On 1 que l'Ecriture inculque nous enseigne continuellement l'utilit des bonnes uvres. Que servira-t-il quelqu'un de dire qu'il a la foi s'il n'a pas les uvres? La foi pourra-lclle le sauver ? Si la foi n'est pas accompagne des uvres, elle, est morte cause de son isolement. L'homme est justifi par les uvres et

l'influence sacre

dans son Mandement (1) L'vque de Londres pour 1799 (p. 11), fait relie observation pleine de C'est peine si l'on voit jamais parmi nous vrit quelque signe de religion, sinon le dimanche. > Et et l'on en voit bien peu, mme ce ajouter il et pu jour-l. 11 faut avouer, dit-il dans un autre endroit, i que la solitudei remarquable de nos glises le di manche, l'est comme l'ouest de la ville, est uni'. preuve que l'abandon du culte divin ne se borne pas aux grands mais s'est tendu presqu' toutes les classes du peuple, dans celle capitale (Sermons,
,
: :

190

v.

I,

p.

212).

415

DMONSTRATION EVANGELIQUE. LINGARD.


la foi (Jacques, II
,

416

non pas seulement par


17, 24)

li,

C'est ainsi que j'ai tch de rpondre, et je l'espre, avec quelque succs, aux princi-

Saint Paul priait pour que les pros'ytes se conduisissent d'une manire digne de Dieu, tchant de lui plaire en toutes choses, portant des fruits do toutes sortes de bonnes uvres, et que Jsus-Christ remplt leurs curs de consolation, et les affermt dans toute espce de hons discours et de bonnes uvre [Coloss., I, 10, 2: Thess.., II. 17). Il avertit ceux qui ont cru en Dieu de conserver la pratique des bonnes uvres ; et recommande aux riches de faire le bien, afin qu'ils soient riches en bonnes uvres, et qu'ils s'assurent la vie ternelle (77/., III, 8; I Timoth., VI, 18. Voyez aussi Gai. VI, 9; 2 Thess., II!, 13). 2" Nous croyons qu'une rcompense est promise la pratique des bonnes uvres. Aimez vos ennemis et faites du bien et votre rcompense sera grande. Dieu rendra chacun selon ses uvres : (a vie ternelle ceux qui, par leur patience et leur persvrance dans les bonnes uvres, cherchent la gloire, /' honneur et l'immortalit. Il m'est rserv une couronne de justice, que le Seigneur, le juste juge, me donnera en ce grand jour, et non-seulement moi, mais encore tous ceux qui aiment son avnement (Luc, VI, 36; liom., II, 6, 7; II 27/., IV, 8). 3" Ensuite, bien qu'avec l'vque de Durham, nous reconnaissions que nous sommes des serviteurs inutiles bien que ce soit l'Esprit Saint qui opre en nous, par un effet de sa pure libralit et la volont et l'action, cependant, comme Dieu est fidle ses promesses, cl trop juste pour oublier les uvres que notre amour pour lui nous fait faire, nous esprons avec confiance qu'il remplira ses engagements, et rcompensera par la gloire dans le ciel, les actions que, par sa grce (car la grce est ncessaire), il nous a rendus capables de faire sur la terre. Telle est la doctrine catholique sur le mrite des bonnes uvres et eilc est si conforme la raison et la religion, que je pense que la simple exposition (le celte doctrine fera taire toute objection (1).
<<
,

paux arguments de mon rvrendissime anIl y a ajout quelques reproches, d'une moindre consquence, il est vrai, mais que je ne dois pas laisser passer inaperus. De ce nombre, et au premier rang, se trouve la vieille fable des indulgences. Je ne doute pas que. dans l'imagination d'un grand nombre de nos lecteurs, une indulgence ne paraisse un monstre du plus hideux aspect, engendr par l'avarice du clerg et la crdulit du peuple. Mais, s'ils veulent avoir un peu de patience, j'espre leur montrer que c'est un tre d'un caractre trs-innocent. Autrefois, comme nous l'avons dj vu, le pcheur qui, par des fautes publiques, avait afflig le zle de ses frres plus justes et plus fidles, tait soumis un cours de pnitence publique, qui ne se bornait pas la dure de quelques semaines, mais s'tendait souvent plusieurs annes, quelquefois toute la vie du coupable. Cependant les vques s'attriburent le pouvoir d'abrger le temps ou d'adoucir la svrit de la pnitence, selon que la ferveur ou l'tat du pnitent pourraient l'exiger et celte abrviation ou adoucissement fut appel indulgence. Dans plu-

tagoniste.

sieurs circonstances,
ils le

ils

commurent, comme

(I) Outre l'vque de Durham, l'vque de Londres dans l'habitude de taire des instructions eu chaire. Il snnlile cioire que, liien que Jsus-Christ
esi aussi

nous ait rachets, les bonnes uvres nous sont nanmoins ncessaires, et que la pratique de ces uvres ne porte point atteinte l'efficacit de la passion.
i i

Tous ces
le

sacrifices, dit-il, doivent tre offerts. C'est

que nous devons payer (en outre de celui qu'a pay noire Sauveur), et il n'y a rien en cela qui choque la raison, afin d'chapper au malheur ternel cl de nous rendre digne de l'ternelle gloire (Sermons sur S. il ait h., serin. VI p. 143).
prix
,
,

jugrent convenable, une partie de la pnitence en d'autres uvres pieuses, telles que des aumnes*, des secours pour lever des glises, ou pour contribuer quelqu'tablissement de charit. Ce sont ces commutations que l'vque de Durham appelle la vente des indulgences. Or il est bon d'observer que ce genre de discipline n'tait pas particulier l'Eglise romaine. Il tait adopt par d'autres Eglises, et l'avait t mme par Y Eglise tablie d'Angleterre. En preuve de celle assertion, le lecteur curieux n'a qu' lire les lignes suivantes, sorties de la plume de l'archevque Grindall dans un crit qui fut prsent au synode de la province de Cantorbry en 1580. et approuv par celle assemble. Je dsire dil-il qu' toutes les impositions de fa pnitence publique il y ait une prdira! ion si la chose est possible. Que les pcheurs soient placs directement devant la chaire pendant le service ou l'homlie, et qu'ils avec s'y tiennent debout, la tte dcouverte le drap blanc ou toute autre marque ordinaire de distinction et cela sur une estrade leve d'un pied et demi au moins au-dessus du sol de l'glise, afin qu'ils soient placs plus haut
, ,
,

Dans un autre endroit, est parfaitement d'accord avec la doctrine catholique sur les bonnes uvres. Notre l're cleste attend et exige de nous qui! nous i soyons riches en bonnes uvres que nous nnuris< sious ceux qui ont faim que nous rv ions ceux c qui sont nus, eic. (Serin. XVIII, p. 163 ). Je ne pense pis non plus qu'il partage l'opinion de l'vque de Durham au sujet des crmonies. Il traite de fanatiques ceux qui foulent aux pieds les ce monies et les usages antiques (Serm. VIII, p. 100). Que les deux prlais concilient leurs symboles respectifs, si diamtralement opposs sur des points d'une telle imporil
,
,

lance. L'vque Walson , en sa qualit de professeur de thologie dans l'universit de Cambridge, a publi une collection de tr.ii;s idologiques parmi lesquels se trouve un petit ouvrge intitul /'< Clef des crits apostoliques (vol. III, p. 515) Je ne comprends pas en quoi la doctrine de ce trait sur la ncessit 'les lionnes uvres litire de celle des catholiques Ainsi , p. 500. il dit Nous devons parcourir une carrire de s bienfaits, afin de rcolter la vie ternelle que nous c n'obtiendrons pas si nuis manquons de vigueur et i de persvrance dans la pratique des lionnes uvres, i La doctrine qui nous enseigne remplir tomes sojjies de bonnes uvres est la saine et pure doc trine de l'Evangile (p. 451).
:

4I7

EXAMEN D'UNE BROCHURE PROTESTANTE.


un abus
si

418

oblige nue le reste de rassemble. Ensuite il au pnitent s'il le prdicateur demander avoue s'il reconnat que par ses crimes il a outrag mrit' la damnation ternelle et
l'Eglise de
;

Dieu s'il s'en repent de tout son cur s'il en demande pardon Dieu et s'en l'assemble et s'il promet de ne plus A toutes ces rendre coupable l'avenir questions la rponse doit tre affirmative. que l'orAlors il continue Pourvu toujours lorsqu'ils soit donn par les ordinaires, dre imposent les pnitences que si les pnitents sans repentir se montrent peu respectueux, ou chtiment soit la pnitence mme, que leur dans
,

ritr
alise

liors de /Yet qu'ils soient conduits sur la place publique. Que, si l'ordinaire drap juge propos de commuer la peine du seulemenl (car pour toute autre commutation qu'alors il ordonne je n'en dsire point), somme d'argent soit donne imQu'une bonne mdiatemcnl aprs que la pnitence aurait t le pnitent luifaite dans la forme susdite, par

mme
les

ceux qui recueillent les aumnes pour pauvres avec cette condition que, s'il ne donne pas de vrais signes de repentir, Usera de nowoeau soumis la pnitence du drap, et e/ue jamais on ne recevra de lui aucun argent
,

{WUUins, concil., loin. IX p. 298). Ainsi nous voyons chez les protestants une commutation de pnitence sanctionne par l'approbation de l'Eglise anglicane, et, pour parler comme l'vque de Durham, une vente d'indulgnce chez les protestants. Dans l'une de cette et l'autre Eglises l'argent provenant
,

source

tait destin tic

pieuses intentions

lieu de et l'une et l'autre eurent quelquefois n'taient se plaindre de ce que leurs desseins pas fidlement remplis. D'aprs les nonibru-

plaintes formules dans les synodes des 171k, 1 58 V , 1597, 1599, 16W), 1710, ainsi payes au il parat que les amendes clersd Angleterre semontaient une somme assez considrable, que l'avarice des colleleur leurs les tenta souvent de distraire de but naturel au profit de leurs propres bouron dressa ses. Tour remdier cet abus, plusieurs canons qui fo-nl honneur au zle de

ses

annes

leurs auteurs. 11 fut dcid que le pouvoir d accorder des commutations serait retir au
cler ,r infrieur et restreint

odieux. J'ajouterai seulement que l'voque de Durham ne devrait pas tre ennemi des indulgences car sa doctrine, que les uvres de pnitence sont une ngation de l'efficacit de la passion de Jsus-Christ, offre aux pcheurs une indulgence bien plus tendue que jamais le pape, dans la plnitude de sa puissance, n'a os en accorder. ensuite l'emploi d'une langue 11 blme trangre dans les offices publics de la religion (Mandement, p. 16). Il veut dire, je pense bien, dans la clbration du service divin car il n'ignore pas que les prires catholiques rcitent des prires et adressent leurs instructions au peuple, en anglais. 11 ne saurait tre ncessaire de rpter ici les raisons par lesquelles les thologiens catholiques ont justifi celte coutume consacre leurs yeux par l'approbation de lant de sicles. Si l'vcque de Durham croit tre avec ses collgues les meilleurs juges de la langue qui convient le mieux au service divin de son Eglise, j'espre qu'il voudra bien accorder le mme privilge aux prlats de l'Eglise catholique l'gard de celui de la leur. LEglise anglicane est une Eglise moderne son langage, par consquent, devait tre moderne afin que sa liturgie annont la postrile l'poque laquelle elle fut fabrique. Mais l'Eglise romaine est une Eglise antique; elle conserve donc sou antique liturgie, dont le langage remonte l'origine du chrislianisme. Je ne pense pas que l'histoire foucnissc d'exemple d'un peuple qui ait chang la langue de sa liturgie sans avoir chang en mme temps sa religion. Les chrtiens du latin rit ne sont pas seuls faire usage d'une langue ancienne dans leurs offices. Les Grecs, les Russes, les Armniens, les Syriens, les Cophtes , les Ethiopiens, les Gorgiens et les autres chrtiens de 10rient conservent tous les liturgies qu'ils ont reues de leurs Pres dans la foi, et qui sont crites dans des langues inintelligibles au peuple. C'est ainsi qu'en usrent les Juifs aprs lacaptivit, et jenesache pas que notre Sauveur les en ait jamais blms. D'ailleurs il n'est pas vrai que l'Eglise moderne d'Anglelerre ait toujours eu lant d'horreur pour
; ;
,

aux vques

et

la clbration

leurs dlgus; que les officiers de i'ordinaire se contenteraient de leurs droits accoulmes que l'ordinaire lui-mme surveille;

du service divin dans une laiigue trangre. En l'an 15C0 il fut pris un
,

rail la distribution

de l'argent

et s'en ferait

chaque anne rendre compte,

et

que

les

in-

fraclcurs de ces rglements seraient suspendus de leurs fonctions durant trois mois ou une anne entire (Wilkins, concil., lom. IV, p. 315, 355, 552, 638, 654). De celte considration il rsulte que la vente des indulgences, si cela peut s'appeler vente, tait commune au clerg de l'Eglise protestante comme celui de l'Eglise romaine- et le lecteur impartial , tout en condam, /n r i' An. ,..,,, v : lait de ceux qui peuvent avon f.,if
'
.

d'introduire le livre de prire publique anglais parmi les Irlandais, qui furent forcs, sous peine des. plus svres amendes , d'assister la clbration de la liturgie anglaise, quoiqu'ils en ignorassent cnl'effet

arrt

tiremenl la langue (1). Les prlats anglais ne paraissent pas non plus avoir toujours t ennemis de la langue latine. Dans l'arrt d'uniformit on
,

(') Heylin, Histoire de la rforme, EU,.., png, 128. I'are. siatut le peuple est oblge, sons diverses pei.
,

nant 1 avance ~ tourner celle pratique a leur propre avan...-. tage, absoudra chacune des deux Eglises, parce que toutes les deux ont hautement et expressment dsapprouv dans leurs canons
|
, .
.

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ns, a freipieuter les enlises prolustsmics, et a se ren(j|


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en faisant que le peuple n'entend pas

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(Ibid.)

419

DMONSTRATION EVANGLIQUE. LINGARD.


riaque, arabe et thiopienne de la Bible, et paraphrases chaldaques furent primitivement publies par des catholiques; et l'on vient nousdircencoreque les catholiques sont ennemisdela science biblique L'vque s'enorgueillit du nombre et de la perfection des ditions du nouveau Testament grec dus aux auteurs protestants je rends volontiers tmoignage leur mrite, mais j'ose esprer qu'on n'oubliera pas les travaux des catholiques qui les ont prcds ou accompagns
les
! :

permettait au ministre rform d'Irlande, s'il ne savait pas l'anglais, de se servir de la traduction latine, que ses paroissiens entendaient probablement aussi bien()Vilk. conc. r t.l\ ,/).2l7),el dansa mmeanne lesuniveret les colsits d'Oxford et de Cambridge lges d'Etoi et de Winchester obtinrent du
,

chef de leur Kglise la permission de clbrer l'office divin dans la langue de Home (Man-

dement p, 17). Mais, observe l'auteur


,

du

Mandement,

taient l'poque de la rforme au-dessus de la porte des lecleurs ordinaires, 'aut caches dans l'obles saintes critures

scurit d'une langue inconnue . Il est n'ignore certain que l'vque de Dur ha pas que l'imprimerie tait alors dans son enfance , et que, par consquent, il n'y avait, pour ainsi dire, que les savants qui fussent

dans celte carrire. L'ducation d'un ecclsiastique protestant doit certainement le conduire tudier le texte grec du Nouveau Testament. Il peut bien ignorer l'histoire ecclsiastique et la science thologique le seul avantage ou du moins un avantage qui couvre tout autre dfaut, c'est une connaissance suffisante du
;
,

capables de lire. Voudrait-il donc que les prlats catholiques eussent publi des versions des saintes E ritures dans le but trsraisonnable, eu vi il, de les mettre entre les mains de gens qui ne savaient pas lire? Il part de l pour peindre l'glise catholique comme ennemie de la sci.mce biblique et de l'tude des langues dans lesquelles les Ecritures ont t originairement crites. Je ne saurais souscrire la vrit de celte assertion dont la rfutation a t dj faite d'avance par nombre d'crivains protestants (l). Je laisse volontiers d'aulres la tche odieuse de la comparaison des universits protestantes avec les catholiques (2); mais je dois dire que je connais les dernires probablement aussi bien que l'vque, et que je ne crains point d'avancer que sa proposilion est pleine de mauvaise foi et d'injustice. Je voudrais lui demander de qui les premiers rformateurs reurent la connaissance des langues orientales sinon des monastres et des universits catholiques? Je voudrais lui demander qui est-ce qui publia la polyglotte de Complule? Ce fut un cardinal catholique (Ximens). La polyglotte d'Anvers? un roi catholique (Philippe II d'Espagne): la poiyglotte de Paris? un crivain catholique (le Jay). Toutes ces polyglottes furent publies avant la polyglotte anglaise (de Bryan Wal, ,

Nouveau
,

Testament grec (1). Cependant, avec toute l'application dont celle langue est l'objet je n'ai pas encore remarqu qu'une seule erreur ait el corrige dans la traduction anglaise adopte par l'Eglise protestante, ou que le texte grecsil t reproduit (2) avec plus de fidlit que la Vulale latine. Les doctrines et les usages de l'Eglise romaine,
(1) Nous devons immdiatement signaler l'usage devenu gnral dans ces sminaires ( les universisites ) de ngliger presque tontes les tudes qui ont rapporta la religion rvle, et en particulier

science c unmuninciit distingue de thologie. Ce qui fait que nous ne devons pas tre surplis de l'insuffisance trop gnraie de ceux qui se prsentent pour les Ordres: de les trouver souvent dans une profonde ignorance des Ecritures et je pourrais ajouter, des devoirs ni.mes tie la pit et de la morale, dans la moindre connaissance des devoirs particuliers du niiet, ce qui est pire encore, sans nistre paroissial aptitude trouver du plaisir et de l'aurait dans l'accomplissement des obligations attaches au
l'lude
la

de

sous

le

nom

lon); et l'on vient

nous dire que

les catholi <


i

ques sont ennemis de la science bibliquel Les premires ditions duPentateuque samaritain et du Testament grec furent l'ouvrage les versions grecque, sydes catholiques
;

monastre bndictin, dit Gibbon, a produit plus d'ouvrages prcieux que nos deux universits. Nonobslant le Codex du docteur Kipling, et les Septanleda docteur Holmes; malgr les sermons de Bamplon et le poeme de Seaton; nonobslant mme le Slrabon dont l'enfantement a coul Irenle ans de travail la presse de Clarendon, l'assertion de Gibbon resie vraie. (Revue annuelle cCAikni, 1802, vol. 1, p. 1579.) (2) Je me contenterai de recommander l'attention du seigneur vque un courl passage, extrait d'une pigramme compose par un paen de l'antiquit.
(1)

Un

seul

<
< i

poste qu'ils sont destins remplir. Ceux qui, veuanl des universits, se prsentent pour les Ordres, n'ayant pour l'ordinaire pas d'autres connaissauces en fait de religion que ce que l'on en acqiileri aisment dans mut autre genre de vie, l'Eglise s'est trouve ainsi livre la merci des hommes de tout rang ei de toute condition. Le commerant qui n'a p.:s russi dans son ngoce ou l'officier malheureux n'ont besoin, pour y entrer. que de repasser le peu de grec et de latin qu'il* ont appris dans les premires annes (le leur enlance l'cole de leur village, et de s'appliquer pendant quelques semaines seulement l'lude de la thologie, c'est--dire l'tude de ce qui est contenu dans l'a:p/icaa'on'rfesAr/jc/esdeWelchman, pour avoir toutes les qualits requises pour la ceplion des Ordres, et tre tout aussi bien prpars qu'un grand nombre de ceux qui viennent des universites (Del ncessit de la Thologie dans les tudes
i

acadmiques, pp. 16, 55, anne 17&2). En eflfel connue l'observe M. Burke, pour qu'un minisire protestant soit en tat de remplir ses fonctions, c il ne lui faut gure autre chose que de savoir lire l'an,

glais,
v

Quelques crivains minenls, tant catholiquesromains que protestants mme, observe le savant auteur des Uor bibtiece, ont prtendu que, consid(

2)

<ttl; rat tixlit tv l^atov tpicvai ofcv,

fclv?

i'

puv

ttrci,

vdy pcSXiqpgvo Is'jXo-

Icw;

-;s 1CVT&; -ou-./.' iruajAsOa.

rant l'tat prsent du texte grec, la Vulgaie reproduit plus exactement !' sens des originaux ci des autographes des auteurs sacrs, qu'aucune des ditions grecques qui aient encore paru ou qui pour-

421

EXAMEN D'UNE BROCHURE PROTESTANTE.


mettent obsl la propagation de la science des sain,

422

rond ut l'voque de Durham,

te

brenon moins effrayant de rponses.

C'est

de

tes Ecritures

et

par consquent, au pro-

grs de l'Evangile [Mandement, page 18). J'ai honte, quand je rflchis que cette assertion est celle d un homme qui ne peut ignorer que toutes les nations paennes qui

jusqu'ici ont embrass la foi chrtienne, ont t converties par des missionnaires catholiques. Dans une controverse , comme dans tout raisonnement philosophique, il est souvent plus prudent de s'attacher des faits qu' des thories. Si les doctrines de l'Eglise romaine sont, comme l'assure l'vquc , un

obstacle la propagation du christianisme il doit en rsulter que ses disciples sont plus destitus de principes religieux que ceux des Eglises qui en quittant sa communion mais se sont dbarrasss de cet obstacle notre voque se sent-il de force soutenir une pareille assertion? J'en appelle avec confiance quiconque a reu une ducation mme ordinaire et commune qu'il dise si les catholiques de ce royaume ne sont pas, en fait de religion aussi bien instruits que leurs frres protestants. J'en appelle ceux qui ont voyag sur le continent, et ont t tmoins de l'attention avec laquelle le clerg catholique s'applique ordinairement l'instruction des enfants, dans chaque paroisse, pour savoir si les basses classes des pays catholiques ne possdent pas un plus grand fonds de connaissances religieuses que celles d'Angleterre. J'ai eu moi-mme, dit un crivain moderne, plusieurs fois l'occasion d'tablir la comparaison entre les connaissances
,

un livre qui, par son tendue et par sa clart, esl tout fait propre renfermer et donner aux enfants une connaissance trs-complle et trs-exacte de la religion. On l'apprend mot mot par cur. Le cur ou son vicaire l'explique, et, comme les Franais possdent une aisance et un bonheur d'expression qu'en gnral nous n'avons pas, ils l'expliquent d'une manire claire naturelle et vraiment intressante. Cette suile d'instruction continue pendant plusieurs annes, toujours jusqu' ce que l'enfant soit jug suffisamment instruit pour lre admis la rception de la sainte Eucharistie. Le degr de connaissance acquis pour cela est encore assez lev il faut, pour tre admis nonseulement comprendre l'importance et les obligations de celle action sacre, et la nature du sacrement, mais encore tre en tat de concevoir et d'expliquer passablement tous les autres dogmes et devoirs principaux de la religion. Je pourrais ajouter cette mthode, par laquelle les enfants acquirent en France la connaissance de la religion, l'at,
;
,

que le peuple possde en France, de mes concitoyens. Je dis sans parque je tialit d'aprs cette comparaison gnralement parcrois srieusement que lant, l'instruction des classes pauvres chez les Franais est de l'rudition auprs des faibles connaissances de la mme classe chez les Anglais. Si celte assertion parat quelqu'un l'effet du prjug, je produirai une seule raison qui suffira, je pense pour expliquer celte diffrence frappante c'esl la mthode par laquelle on forme l'esprit des Franais la science et la pratique de la religion. En France, un enfant n'a pas sitt appris bgayer le langage de la raison, que ses parents qui dj sans doute lui ont enseign les prires ordinaires de l'enfance, sont obligs de le conduire l'Eglise paroissiale pour y apprendre et rpter son catchisme. Celle rcitation a lieu tous les dimanches de l'anne, except quelquefois durant le temps de la moisson. Pendant certaines parties de l'anne comme lavent et le carme, cet exercice a lieu plus frreligieuses
et celles
, ,
,

quemment. Le catchisme en France


pas,

n'est

comme le catchisme proleslant ordinairement en usage dans notre pairie un immense volume qui comprend une demidouzaine de questions avec ce mme nom,
,

raienl

paratre

dans

la

suite

(flore b'M.

p.

S9(j.

Ed. (CUxfovd).

tention des parents, l'assiduit aux coles , plusieurs autres instructions particulires et publiques. Je pourrais ajouter encore que la science acquise de la sorte dans la jeunesse , se trouve ensuite entretenue et augmente par les instructions que les pasteurs font chaque semaine par les sermons et les discours par l'usage les sacrements et par la circulation et lu distribution gratuite des livres de pit. Il y a dans l'ducation religieuse des Franais certaines circonstances qui rendent l'ignorance difficile (dans les classes aises de la socit) et mme ceux d'entre les pius pauvres qui sont ignorants, ne le sont que par leur faute, lant porte des plus belles occasions de s'instruire, et qu'en dpit des plus puissants motifs de le faire (Voyez l'Esprit de la controverse religieuse, p. 5DJ. Avant que l'vque de Durban? ne ritre ce reproche contre l'Eglise romaine, je lui conseillerais bien de rechercher jusqu' quel point la science de la religion a t florissante ici par les soins zls et bienveillants du clerg tabli. L'altenliou du pays a t derniremenlappele sur ce sujet par le pian propos par M. Whitgread pour l'instruction des pauvres, et il en est rsult que tout le monde a l convaincu que l'ignorance, la superstition etl'immoralildes basses classes sont un mal dont la profondeur est des plus alarmantes. Si l'vque de Durham seul ignore celte vrit, qu'il interroge son vnrable collgue l'vque de Londres qui lui apprendra que, dans plusieurs parties d'f son diocse il y a une foule de pauvres jeu ns gens des deux sexes plongs dans la der nire ignorance, dnus de toute espce d'ducalion et mme des premiers lment: de la religion, elqui peut-tre n'ont jamais mis le pied dans l'enceinte d'une glise (Mail* dnient de l'vque de Londres, 1790,^.14), Qu'il s'adresse ce magistrat claire" M. Colquhoun, il lui dira que sur la popuet le soin d'assister
,

423

DMONSTRATION VANGELIQUE. LINGARP.

424

lalion de l'Angleterre seule, 1,170,000 enfanls (il y a de quoi en tre effray) parviennenl l'adolescence sans la moindre inslruction comme aussi sans la moindre ide si ncessaire de religion ou de moralit. A ceux-ci il faut en ajouter beaucoup d'autres
,

qui ont eu l'avantage de recevoir quelque ducalion, mais dans des coles mal di riges el o l'on ne donne point une allenlion convenable l'instruction religieuse et morale. Si bien que, dans l'tat prsent des choses, on peut dire sans exagration que, tous les trente ans (dure ordinaire d'une gnration), au moins quatre millions et demi de jeunes gens, si l'on n'y remdie point, devront se rpandre dans la population gnrale du royaume, sans aucun principe fixe d'quit, el presque sans aucunes connaissances religieuses ou morales (1). Tels sont les heureux effets de la peine si mritoire que s'est donne l'Eglise anglicane pour l'impression et l'explication du texte grec du Nouveau Testament. Si le clerg anglais l'exemple du clerg romain, dont l'v(juc considre le zle comme un fort beau modle suivre, faisait de la propagation de la science religieuse le grand objet de ses travaux et de sa sollicitude, nous n'en serions pas maintenant voir avec frayeur et une sorte d'lonnement l'ignorance et l'immoralit qui nous dbordent de toutes parts. L'tablissement des sminaires catholiques dans ce royaume fournit ensuile au zl nrlat un motif d'obliger son clerg
,
,

prcher contre les doctrines papistes [Man~ dment, p. 19). J'aime croire qu'il ne nous envie pas cette petite grce. Tandis qu'un code de lois cruelles el sanguinaires nous rendait trangers dans noire propre pays, nous tions forcs d'aller chercher l'inslruclion sous un ciel plus hospitalier. La tolrance qui nous fut accorde par un souverain bienveillant et un ministre clair, nous encouragea ouvrir nos coles en Angleterre. Le pays n'y perdra rien. Une ducalion domestique fortifiera notre attachement pour notre terre natale, et retiendra chez nous l'argent qui ncessairement autrefois , se dpensait l'tranger. Le souverain qui gouverne aujourd'hui la France nous a fait les offres les plus sduisantes pour nous engager ' reprendre notre ancien plan d'ducation dans ce pays ses offres ont t repousses par nos prlats. L'vque de Durlia ni applaudira je l'espre, leur palriotisme et dsirera le succs de leurs efforts. A la fin de ce mandement l'loquent prlat avertit ses auditeurs d'une manire pathtique, que c'est bien probablement pour
, :

la dernire fois qu'il leur adresse la parole. J'ose cependant esprer que la Provi-

dence ajoutera encore plusieurs lustres que le temps et la rflexion l'engageront prendre un Ion moins absolu et moins injurieux, souponner moins facilemcnt un manque d'honntet el d'ineonvenance, ne point imputer aux autres des doctrines qu'ils dsavouent, et croire que
ses annes, et
le

d'ducation ap,1) Colquhoun, Nouveau systme propii <wx circonstances, p. '72. 73. J'ai 'adopt ses calculs pour l'Angleterre seulement.

devoir d'un prlat chrtien est bien plutt d'inculquer les vertus de charit et de modration que de chercher satisfaire le bigotisme en rveillant une controverse pleine
,

d'aigreur.

REMARQUES
SUR LA DOCTRINE DE L'VQUE DE DURHAM, TOUCHANT L'EUCHARISTIE.
Suivant la foi catholique, le pain et le vin, dans le sacrement de l'eucharistie, sont relIcmcnl changs au corps cl au sang de JsusChrist. Cette doctrine est fonde sur les parolcs expresses de notre divin Sauveur, dans l'institution du sacrement: Ceci est mon corps, ceci est monsnng. Le sens naturel de ces parles est si clair, que je me bornerai une si Jsus-Christ et voulu seule observation nous inculquer la doctrine catholique, il n'aurait pu le faire en des termes plus propres son dessein et s'il et voulu inculquer la doctrine de l'Eglise anglicane, il lui
:

tendent nos adversaires,

c'est

de l'Ecriture

que tout individu doit tirer les articles de son symbole, on doit raisonnablement croire que l'Esprit-Saint nous a enseign ces arlides dans les livres sacrs, dans les termes
les plus naturels elles plus intelligibles. Enseigner les points les plus importants

aurait t difficile de choisir des expressions plus propres induire ses disciples en crreur. L'vque de Durliam prtend au contraire que les paroles de Jsus-Christ doivent cire prises, non dans leur sens littral, mais dans un sens figuratif.

de la foi et de la morale catholique dans un langage figuratif et mtaphorique, susceplible de mille sens divers, c'et t jeter des semences de dsunion, et embarrasser l'csprit de celui qui cherche sincrement la vrite. Nous pouvons donc poser comme une rgle de l'interprtation de l'Ecriture, que l'on doit considrer le sens littral comme
le vritable, moins que l'on n'ait la preuve vidente du contraire. L'oubli de, celte rgle a ouvert la porte loule sorte d'innovations religieuses; il a galement

tant

Or

il

me semble que

la

prsomption est

en faveur du sens

littral. Si,

comme

le

pr-

fourni aux hommes le moyen de se dbarrasser de tous les mystres du christianisme, et mme de justifier leur adhsion des do

m
Irines qu'ils

UNE DOCTRINE SUR L'EUCHARISTIE.


souponnaient, qu'ils croyaient
fausses.
:

426

peut-tre
Il

mme tre

faut cependant observer quela doctrine qui maintient le sens littral de ces paroles Ceci est mon corps, ceci est mon sang, n'e^t pas d'une

vritable, et non un corps figuratif. Il est clair que le participe grec, bien qu'au prsent, est pris au futur ; et cela est si clair, que le prlat lui-mme, moins de six. pages

invention moderne, ni la doctrine de quelques individus seulement: c'tait la croyance universelle de toute l'Eglise chrtienne l'poque de la rforme; c'a t celle de toute l'Eglise pendant plusieurs sicles, de l'aveu mme de nos adversaires, et, selon nous, celle de tous les temps, depuis les aptres. Aujourd'hui, c'est la croyance de la grande majorit des chrtiens on y croit dans l'Eglise romaine, et dans toutes les Eglises de l'Occident en communion avec elle; on y croit dans toutes les Eglises luthriennes, quoique spares d'elle on y croit dans toutes les Eglises d'Orient, soit qu'elles admettent
:

donne

aprs, oubliant sa premire objection, lui cette signification! Le pain, dit-il, que le Christ rompit tait un emblme de son corps qui devait tre rompu (Ibidem, et p. 8).
Si

ou qu'elles rejettent sa communion. Or ce ne


peut tre par condescendance pour l'Eglise

romaine que
doctrine;
ils

les luthriens professent cette sont les premiers-ns de la rforme, et les descendants en ligne directe du grand patriarche Luther. Nous ne saurions non plus supposer quelle ait t adopte par les Eglises d'Orient depuis leur sparation de celles d'Occident. La jalousie qui existe entre les sectes religieuses exclut une ide semblable. Celte doctrine doit donc avoir t universellement reue avant la sparalion des Eglises d'Orient et d'Occident ; et comme cette sparation remonte en plusieurs points jusqu'au cinquime sicle, il s'ensuit que le sens littral a pour lui le tmoignage de presque quatorze sicles. Or une opinion d'une pareille antiquit, et rpandue comme celle-ci dans presque toute l'Eglise chrtienne, mrite certainement d'tre respecte, et ne doit pas tre abandonne sans les plus

rvrendissime adversaire n'est pas de cette solution, il me permettra de lui proposer un raisonnement conu de la mme manire et galement premptoire. Lorsque l'ange annona la Vierge, la naissance future du Messie, il dit Le fruit saint qui est n de vous sera appel le Fils de Dieu(l). Or ce moment le Messie n'tait pas n; donc le sens littral ne pouvait pas tre le sens vritable; et l'ange parlait, non d'un Messie rel, mais d'un Messie figuratif. Si l'vque se hasarde rpondre ce raisonnement, je ne doute pas qu'il ne rponde en mme temps son objection contre la doctrine catholique. Je demanderai donc permission de le renvoyer lui-mme sur ce
satisfait
:

mon

point.

Le rvrendissime prlat nous apprend ensuite que par la loi crmonielle, qui n'tait pas encore abroge, il tait dfendu aux Juifs de se nourrir de sang d'o il conclut, qu'il n'est pas probable que le Christ ait donn son propre sang aux chrtiens dans l'eucharistie (Motifs, p. 2). S'il y a quelqu'un qui ce raisonnement paraisse premptoire, je ne lui envie pas la force d'intelligence dont
;

est dou pour moi, au jugement de mes


il
:

je croirais faire injure lecteurs, si j'essayais

srieusement de

quantum

le rfuter. valere polest.

Tanlum

valeat,

fortes raisons.

Nous allons donc examiner les bases sur lesquelles l'vquc de Durham tablit le sentiment oppos. Notre Sauveur dit (ce sont les paroles du rvrendissime prlat) Ceci est mon corps qui est rompu pour vous. Or dans l'institution du sacrement son corps ne fut pas rompu, et par consquent le sens littral ne peut tre le sens vritable (Motifs, p. 1). C'est l le premier des raisonnements premptoires que la sollicitude pastorale de l'vque a adresss de la mtropole au clerg de son diocse, pour son instruction et son dification. Qu'il les ait accueillis avec reconnaissance et admiration, je n'en doute point: c'est son devoir. Mais l'il profane du catholique ne sera pas si aisment satisfait il va examiner de prs la construction du syllogisme piscopal, et va bientt en dcouvrir
: ;

Mais, dit l'vque de Durham, le Christ avait la coutume de parler de lui dans un langage figur (Ibidem). Cela est vrai ; et la grande diffrence entre son langage dans ces circonstances et celui qu'il tint dans l'institution du sacrement, prouve fortement

mes yeux que ce dernier doit s'entendre la lettre et non au figur. Je sais que nos adversaires sont dans l'usage d'en appeler avec confiance aux expressions, Je suis la vigne, je suis la porte, etc.; mais je suis encore savoir sur quoi celte confiance est fonde. Le sens de ces propositions est indfini, et n'est pas dmonstrativement attach aucun objet particulier, comme dans ces mots : Ceci est mon corps. Nous ne lisons pas que le Christ ait jamais port la main sur une vigne et dit Je suis celle vigne, ni saisi une porte etdit Je suis celte porte, de la mme manire qu'il prit du pain dans sa main et dit : Ceci est mon corps. Que le lecteur impartial se reporte aux passages en question, et il verra sur-le-champ qu'ils sont allgoriques. Celui qui n'entre pas par la porte dans le bercail est
:
:

les dfauts.

L'vque de Durham voudra- t-il bien nous apprendre quel corps, aulre que son corps vritable, Jsus-Christ a laiss rompre pour nous ? N'est-ce pas par le brisement de son corps vritable que notre rdemption s'est
effectue ?
Si

dans

donc

il

bris pour nous,

nous a donn le corps qui fut il nous a donn son corps

au prsent yewuphov, Luc, I, 35, etc., x)w,u3v (1 Cor., Il, 24.) Au premier les traducteurs anglais ont donn avec raison un sens futur, au second ils ont donn avec beaucoup d'adresse un sens prsent. Le futur sentait trop les erreurs du papisme.
(1) l'original
,

Dans

les participes sont ri

les

deux passages,

Dkmonst. jSyang. XIV.

(Quatorze.)

DMONSTRATION VANGLiQUE. LI.NGARD.


Mais celui qui y enpasteur du troupeau. Je suis la porte : si quelqu'un y entre par moi, Je suis la vigne, et mon Pre il sera sauv. est le vigneron. Comme la branche ne peut porter de fruit d'elle-mme, moins qu'elle ne tienne la vigne, de mme vous, si vous n'tes en moi. Je suis la vigne, vous tes les branches. D'aprs tout le contexte, il est vident que ce langage est figuratif.

vu voleur
tre

et

un

larron.

par

la porte est le

zle du prlat ne se laisse aller parfois de trompeuses esprances. Je suis si loign de me sentir port par ce discours changer de sentiment, que je crois (et en cela je pense que tout catholique est de mon avis) qu'il prsente la preuve la plus claire de notre doctrine. Nous y recourons constamment, cl j'espre convaincre bientt !e lecteur que
,
,

Mais dans l'institution du sacrement il n'y ia moindre raison de prendre ces paroles Ceci est mon corps pour un langage figur. Dans le premier passage la proposition est gnrale et indfinie, et par cqnsquent mtaphorique; dans le second le sujet
a pas
: ,

sont dfinis et particuliers. La diffrence entre ces deux passages est donc si frappante que je me crois pleinement en droit de conclure de cette diffrence que l'expression , ceci est mon corps doit s'entendre littralement. Quoiqu'il en soit, le rvrendissime prlat a deux passages produire qu'il regarde comme parfaitement semblables ces paroles Ceci est mon corps; et qui doivent nanmoins s'entendre dans un sens figur. Le premier est tir de saint Paul El celte pierre tait le Christ, non pas, ajoute-l-i! le Christ mais figurativement un empris la lettre blme du Christ {Motifs, p. 9). Je ne saurais souscrire cotte explication. L'aptre voulait certainement dire que. celte pierre tait le Christ pris la lettre, et non figurativement un emblme du Christ. S'il et parl d'une pierre matrielle cette interprtation nouvelle et pu avoir quelque fondement; mais il parlait d'une pierre spirituelle qui suivait les Isralites dans le dsert; et aussiil tt aprs, pour prvenir toute mprise ajoute que par cette pierre spirituelle il entendait le Christ lui-mme. Voici ses paroles Vos pres mangrent tous de la mme nourriture et burent tous du mme breuvage spirituel : car ils burent de cette pierre spirituelle qui les suivait, et celle pierre tait le Christ. L'autre expression semblable que produit l'vque de Durham est celle de Notre-Seigneur, rapporte par saint Luc. Celte coupe est la nouvelle alliance dans mon sang. J'avoue franchement que je ne comprends pas trs-bien son raisonnement sur ce passage ; mais moins qu'il ne prouve et je suis sr qu'il ne pourra pas le faire, qu'il signifie Cette coupe est la figure de la nouvelle al7 tance dans mon sang je ne vois pas quel avantage il en peut tirer. Il est certain qu'il a le mme sens que ces paroles dans saint Matthieu et saint Luc Ceci est mon sang le sang de la nouvelle alliance. Mais c'est surtout sur le mmorable discours que le Christ adressa aux Juifs de Capharnaum que l'vqi:e de Durham fonde tout l'espoir de sa cause. 11 se serait preste que persuad qu'une comparaison atten live et impartiale de ce passage avec l'ins litution du sacrement, aurait port le cri tique et ses amis changer de sentiment. (Motifs, pag. 3.) Je crains cependant que le
et l'attribut
,
, : :

ce n'est pas sans raison. Je vais d'abord rapporter les principaux passages de ce discours, et chercher cusuite lequel, du symbole catholique ou du protestant, s'y trouve le plus conforme. Je suis le pain de vie le pain vivant, qui est descendu du ciel. Si quelqu'un mange de ce pain il vivra ternettement, et le pain que je donnerai c'est ma chair que je donnerai pour !a vie du monde. Si vous ne mangez la chair du Fils de 1 homme et ne buvez son sang, vous n'aurez pas la vie en vous car ma chair est vraiment une nourriture et mon sang
,

*<

vraiment un breuvage. permettra de soutenir que dans le systme catholique ce langage est clair et Intelligible, tandis que dans le protestant il est envelopp de tant d'obscurit, que le gnie le plus habile ne saurait lui donner un

est

On me

sens raisonnable. Si, comme les catholiques l'enseignent, les paroles, ceci est mon corps, ceci est mon sang doivent s'entendre la
,

lettre et
le

non au

figur; si,

dans l'Eucharistie,

devienne nt le corps et le sang vritables du Christ, ds lors il est vrai que nous mangeons le pain vivant qui est descendu du ciel, et la mme chair que le

pain

et le vin

Christ a livre pour la vie du monde. Ds lors vritablement, nous mangeons sa chair et buvons son sang ds lors on peut dire avec raison que sa chair est vraiment une nour;

riture, et son

sang est vraiment un breuvage.


l'Eglise anglicane,

Mais

si,

comme l'enseigne

les paroles

de l'institution du sacrement ne doivent pas s'entendre littralement; s;, dans l'Eucharistie, le pain et le vin sent de purs emblmes du corps et du sang du Christ , alors il n'est pas vrai que nous mangions la
chair que le Christ a livre pour le salut du alors nous ne mangeons q: c la figure de sa chair et ne buvons que la figure de son sang; alors sa chair n'est plus vritablement une nourriture, ni son sang vritablement un breuvage; nais la nourriture est l'emblme de sa chair et le breuvage l'emblme de son sang. Et ici je ne puis

monde

m'empcher d'admirer la prsomptueuse tmrit eie ces hommes, qui d'abord prtendent que les Ecritures seules doivent tre le fondement de notre fui, et que nous sommes
obligs de croire tout ce qui est clairement enseign dans les critures et ensuite, laissant l ce principe , n'ont pas honte de nous preiposer comme articles defeii, des doctrines qui non-seulement ne s'accordent pas , mais encore sont en contradiction avec les enseignements formels des Ecritures. Le Christ dit Ceci est mon corps; eux ils disent: ce n'est pas sem corps. Le Christ dit : chair est vraiment une nourriture ; mon
; , : ,

Ma

sang

est

vraiment un breuvage

eux

ils

di-

429

UNE DOCTRINE SUR L'EUCHARISTIE.


une nourbreuvage
;

430

sont: sa chair n'est pas vraiment riture, ni son sang vraiment un


et

parce que nous refusons de les croire de prfrence lui, ils nous reprochent de n'tre pas fonds sur les Ecritures, nous traitent de gens ridicules et d'idiots, et nous condamnent aux tourments de l'enfer, comme des idoltres (Motifs). Ce n'est pas tout. Nos adversaires peuvent nous vexer dans nos droits comme dans notre rputation parce que nous ne voulons pas jurer que lorsque le Christ a dit ceci esl mon corps il entendait que ce n'tait pas son corps, et que nous ne voulons pas souscrire la vrit d une opinion que l'infaillible L.tiicr lui-mme dclare lui avoir t enseigne pour la premire on nous prive fois par le pre du mensonge des distinctions les plus leves et des plus prcieux privilges des Anglais. Rien cependant ne dmontre plus puissamment la vrit de la doctrine catholique sur ce sujet, que la difficult que rencontrent ies interprtes du sens figure, dans les efforts qu'ils font pour done.er une explication qui Ma chair ait un air de raison ces phrases est vraiment une nourriture, et mon sang est vraiment un breuvage. Si vous ne mangez la chair du Fils de l'homme, et ne buvez son sang, vous n'aurez point la vie en vous, etc. Je n'eu veux pas de meilleure preuve que celle que nous fournit le savant prlat luimme. Dans le court espace de deux pages, il a essay en cinq manires d'expliquer ces phrases, mais il a trouv que cette rgion de figures n'est qu'une rgion de brouillards et de tnbres: chaque pas il s'est enfonc de plus en plus dans le bourbier de l'ineeriilude et de l'inconsquence. Plusieurs de ses explications sont ce qu'un logicien appellerait obscurum per obscurius. Que le lccleur en juge.
;
,

pas moins loigne que les autres du vrai sens que notre Sauveur avait en vue. Qu'on dise d'un homme qui lit un livre avec avidit-, qu'il mange ou dvore ce livre, il n'y a l aucune violation des proprits du langage el c'est ainsi qu'il est dit qu'Ezchiel mangea le livre de la prophtie. Mais dire de celui qui pense aux souffrances d'un autre, qu'il mange sa chair et boit son sang, c'est l une manire de s'exprimer bien choquante cl peu naturelle, que toute l'extravagance des mtaphores orientales ne pourra jamais justifier. Bien que le rvrendissime
elle n'est
;

prlat m'ait renvoy

Homre

comme au

Premire explication. Manger le Christ (sous cette expression l'vque renferme le sens de tous les passages cits plus haut), c'est incorporer l'me la nourriture spirituelle de la foi et de la justice (Motifs, p. G). Incorporer l'me la nourriture de la foi et de la justice ! J'esprequ'on ne me taxera pas de mpris, si j'vite de commenter cette exelle

plication. Pour une intelligence orthodoxe, peut tre sans doute suffisamment claire ;
la mienne, c'est une langue inconnue. une parole bien dure, et quipeut l'couter !

pour
C'est

explication. Manger le Christ, c'est s'imbiber de ses doctrines, digrer ses prceptes et vivre son exemple (Ibid. p. 7). Cette explication a pour but, je prsume, de dcrire la manire dont se fait l'incorporation spirituelle dont il est parl dans la premire, et qui consiste, nous dit-on , boire une chose, en digrer une autre, et vivre d'une troisime; boire les doctrines, digrer les prceptes et vivre de l'exemple. Troisime explication. Nous mangeons le Christ en pensant lui dans notre esprit et en mditant sur sa vieet sur ses souffranexplication a un mrite que ces. Celle

Deuxime

les

deux prcdentes ne sauraient rclamer; on peut la comprendre mais mes yeux,


:

meilleur interprte de l'Evangile, c'est en vain que j'ai cherch dans Homre une expression semblable. Ses hros peuvent bien, il est vrai, se ronger le cur de colre et d'indignation ; m lis je ne vois pas qu'Achille ait jamais mang la chair ou hu ie sang de Patrocle, ni Priam mang la chair ni bu le sang d'Hector, quoique le premier penst frquemment la raortde son ami, et le dernier au mal heur de son fils. Quatrime explication. Manger le Christ c'est croire en lui et manger sa chair c'est conserver le souvenir de lui et spcialement de sa mort (Motifs, p. G ). Ici le rvrendissime prlat parat tendre les limites de l'indulgence qu'il a accorde dans l'explication prcdente. Manger le Christ c'est croire en lui. On ne prtendra pas, j'aime le croire que croire en Jsus-Christ et mditer sur sa vie et ses souffrances, soient des expressions synonymes. Il y a des milliers d'hommes qui croient en lui sans jamais mditer sur sa vie et ses souflrances. Ceux-ci cependant, nous l'apprenons aujourd'hui le mangent aussi. Il faut dqpc qu'on accorde que l'explication prcdente n'tait qu'une explication partielle et tout l'ait imparfaite. On tablit toutefois une distinction entre manger le Christ et manger sa chair pour cette dernire manducalion la foi en lui ne suffit pas , il faut encore que l'on conserve le souvenir de lui el surtout de sa mort. Sur quel fondement repose celte distinction je n'en sais rien. Cinquime explication. Manger le corps du Christ, et boire son sang dans le sacrement, sont donc des expressions figures pour signifier un acte de foi par lequel nous professons notre foi au Christ et nous nous rappelons le souvenir de sa mort , en mangeant les lments du pain et du vin qui le remplacent et le reprsentent. (Ibid.) Nous voila ainsi arrivs l'importante conclusion, que le rvrendissime prlat a cherche si long-temps manger le corps et boire le sang du Christ c'est manger, non pas son corps mais du pain comme tant la figure el tenant la place de son corps, et boire, non pas son sang, mais du vin , comme tant la ligure et tenant la place de son sang. Maintenant j'en appelle tout lecteur sans passion les Juifs de Capharnaiim taient? ils si blmables de ne pas entendre de celte manire les paroles de notre Sauveur ?
,
,

431

DEMONSTRATION V ANGLIQUE. LINGARD.


:

432

Nous venons de voir ici un prlat d'un talent et d'une rudition distingus , suer sang et eau, et se dbattre en tous sens pour trouver cette difficile interprtation adopter quatre explications diffrentes avant d'avoir le bonheur d'en rencontrer une vritable et, aprs cela, si convaincu de l'obscurit de son travail qu'il se dtermine crire plus de sept pages pour expliquer cette explication. Comment esprer aprs cela que les Juifs pussent arriver la mme conclusion ? Ce n'tait qu'une troupe de pauvres gens, qui n'avaient pas l'avantage sans lettres de lire les Ecritures dans leur langue naet ne pouvaient pas acqurir cette tale subtilit thologique , et ce discernement hiblique que l'vque nous apprend qu'on ne peut trouver que dans les universits protestantes (Mandement de l'vque de Durham, p. 10, 11 , edit. in-k). Bien qu'il les blme, je pense rellement qu'ils taient plus dignes de piti que de reproche et je crois que la majorit de mes lecteurs, au s'tonneront que lieu de les condamner notre Sauveur ne condescendt pas leur ignorance et ne leur dt pas, qu'aprs tout, il parlait en Ggures et voulait seulement que ses disciples allassent trouver l'Eglise protestante, pour y manger un morceau de pain c'et t lever ety boire une coupe de vin d'un seul coup toute difficult. Mais est-il donc si vident que les Juifs se soient mpris sur le sens des paroles du Sauveur dans cette circonstance? Qu'ils aient compris qu'il parlait de manger rellement son corps et de boire rellement son sang, je l'avoue; et que l'vque de Durham comprenne qu'il parlt de manger et de boire en figure, je ne saurais le nier leurs sentiments sont videmment opposs ; mais je suis tellement habitu contester les assertions dm rvrendissime prlat, qu'il ne sera pas surpris, je pense, que j'hsite prfrer son autorit la leur. J'ai donc considr le sujet avec le plus haut degr d'attention, et, plus je l'ai considr, plus j'ai trouv de raison d'e croire que les Juifs ont bien compris. Je ne veux pas dire qu'ils n'en aient pas tir de fausses consquences dans leur esprit, quant la manire dont se devait faire la manducation du corps du Sauveur; mais en tant qu'ils comprirent qu'il parlait de l'action de manger et de boire vritablement, je soutiens toujours qu'ils saisirent le vrai sens de
, ,
,
,

pourra-t-il nous donner sa chair manger? les seconds s'crirent Cette parole est dure, et qui peut l'entendre? Un grand nombre l'abandonnrent et passrent du ct de ses ennemis. Il nous faut donc admettre l'une de ces deux conclusions ou que notre Sauveur ne parlait pas d'une manducation figurative, ou qu'il s'adressa son auditoire dans une langue que ni ses amis, ni ses ennemis, ne purent comprendre. Or la dernire de ces suppositions parat de tout point improbable. 11 employait, il est vrai, quelquefois le
:

langage nigmatique; mais

c'tait dans des circonstances bien diffrentes. Ici il adressait une instruction des gens qui la cherchaient il leur expliquait l'institution la plus sacre et la plus solennelle de la religion qu'il avait entrepris d'tablir, et, consquemment, il devait employer le langage le plus propre faire comprendre ce qu'il voulait dire, et expliquer les phrases qu'il se serait aperu qu'on entendait mal. Supposons que l'vque de Durham et t prsent et et entendu les Juifs demander
;
:

Comment

cet

homme

manger? Ne sur-le-champ: Vous tes dans Verreur. Il parle non d'une manducation relle, mais d'une manducation figurative. Rien ne sausa chair
rait tre plus ais. Manger le Christ, c'est croire en lui, l'avoir prsenta l'esprit et le mditer ? Mais est-ce l la rponse que
fit

peul-il nous donner se serait-il pas cri

notre Sauveur ? Leur dit-il qu'ils se trompaient et qu'il leur parlait dans un sens figur ? Non ? il s'appliqua, au contraire, les confirmer dans leur opinion. 11 rpta ce

qu'il leur avait dit, et le leur inculqua dans les termes les plus forts que le langage

ses paroles.

nous apprend que l'audidivin Matre, dans cette circonstance, tait divis en deux partis, composs, l'un deceux qui croyaient, et l'autre de ceux qui ne croyaientpassa mission. Si donc ces deux partisavaient entendu diffremment le sens de ses paroles, l'opinion de l'vque aurait trouv, je l'avoue, dans celle diversit, quelque fondement; mais ils furent parfaitement d'accord sur ce point: ils comprirent l'un et l'autre qu'il parlait de l'action de manger vritablement son corps, et de boire vritablement son sang. Si les derniers demandrent : Comment cet homme
L'vangliste
toire de notre

puisse fournir il dclara que leur salut dpendait de leur adhsion ce point , et, pour l'imprimer plus avant dans leur esprit, il le confirma par la sanction du serment. En vrit, en vrit, je vous le dis : si vous ne mangez la chair du Fils de l'homme et ne buvez son sang, vous n'aurez point la vie en vous : car ma chair est vraiment une nourriture et mon sang est vraiment un breuvage. Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi en lui. Comme mon Pre vivant m'a envoy et que je vis par mon Pre, ainsi celui qui me mange vivra luimme par moi. J'en appelle tout lecteur impartial si le but manifeste de ces paroles n'est pas de confirmer les Juifs dans l'ide d'une manducation relle, qu'ils avaient conue d'abord. En vrit, si c'est l une mprise, l'vque de Durham sera forc d'avouer, ce me semble, que le Christ, le Dieu de toute vrit, a us de tout son pouvoir pour induire ses auditeurs de bonne foi en erreur. Les disciples du Sauveur paraissent avoir cout ce discours avec un intrt extraordinaire. Comme ses ennemis, ils l'avaient pris dans ce sens littral, et non dans un sens figur et comme eux aussi ils avaient t embarrasss par l'impossibilit apparente d'une semblable doctrine. Ce fut alors
;
:

qu'il s'leva celte objection

Comment

cet

455

UNE DOCTRINE SUR L'EUCHARISTIE.


peut-il

431

homme

nous donner sa chair man-

ger? Il semble qu'ils s'taient flatts de l'espoir qu'elle leur serait explique dans un sens qui rpugnerait moins leurs ides et leurs sentiments. Ils furent tromps, et exprimrent leur dsappointement par cette exclamation Celte parole estdure, et qui peut l'entendre !Une nouvelle occcasion s'offrait donc au Sauveur de les dtromper, si ses premires paroles avaient t mal comprises. Que fit-il cependant? Il les laissa aller et attribua leur apostasie non une mprise, mais leur incrdulit Il y en a parmi vous qui ne croient pas. Cette observation parat mettre la question hors de doute. Ce qu'ils ne croyaient pas, tait videmment que l'on dt manger rellement le corps et boire rellement le sang du Christ. Or il est certain que Jsus-Christ ne leur aurait pas reproch de croire une autre doctrine que celle qu'il avait enseigne. Donc nous sommes autoriss conclure que la doctrine, de JsusChrist, relativement la manducalion relle de son corps et de son sang, devaits'entendre dans le sens littral et non dans un sens fi:

l'impression que ses paroles ^prcdentes avaient faite sur l'esprit de ses disciples, infailliblement il aurait dtruit celte impression s'il et voulu par l leur apprendre qu'il avait parl de manger et de boire figurativement, ils l'auraient compris en ce sens; et s'ils l'eussent compris de la sorte, ils ne l'auraient pas abandonn. Le fait mme de leur retraite, aprs ces paroles, montre qu'ils ne les considrrent pas sous le mme point de vue que l'vque de Durham car assurment il ne pouvait rien y avoir dans le sens figuratif qui ft de nature choquer les ides ou les prjugs des disciples, au point de les porter refuser de croire un homme qui ils avaient vu oprer les miracles les plus tonnants, et que, sur la foi de ses miracles, ils avaient suivi comme le Messie promis. Si donc on demande quel sens je donne au passage en question, je le considre comme une explication, et je le paraphrase de cette manire Comme c'est l'esprit qui vivifie,
; : :

gur.

Quand
Sauveur
leur

les

disciples se furent retirs, le


les

corps sans l'esprit n'est qu'un cadavre sans vie ainsi les paroles que je vous ai adresses sont l'esprit et la vie de l'me si vous ne les croyez pas, vous tes morts; et il y en a parmi vous qui ne le croient
et

que

le

se

tourna vers

douze aptres,

et

demanda si eux aussi ils voulaient le quitter. Or quelle fut leur rponse? Dirent-

pas. Cette explication me parat le commentaire le plus naturel des paroles de notre Sauveur, et le plus conforme au rcit de
l'vangliste.

ils qu'ils n'taient pas tombs dans la mme erreur que les autres, mais qu'ils avaient compris qu'il parlait de manger et de boire figurativement? Au contraire, ils semblent avouer qu'ils ont prouv la mme difficult, mais qu'ils ont soumis leur jugement l'autorit de la foi. Ils croient tout ce qu'il a dit, parce qu'ils savaient qu'il tait le Messie. Seigneur, qui irons-nous? Vous avez les paroles de la vie ternelle; nous croyons et nous savons que vous tes le Christ, le .Fils du Dieu vivant. C'est ainsi que la conduite du Sauveur, l'incrdulit des Juifs,

Ces observations convaincront, je l'espre,

un grand nombre de mes

lecteurs,

que

la

l'apostasie des disciples et la foi des aptres, tout concourt prouver que notre Sauveur parlait, dans cette circonstance, de manger rellement et non figurativement sa chair, et de boire rellement et non figurativement

son sang.

doctrine catholique sur l'eucharistie a quelques droits au titre de doctrine tire de l'Ecriture. En vrit, je ne sache pas qu'aucun autre article de la foi chrtienne soit exprim dans les livres saints en termes plus clairs et plus dcisifs. Je ne vais donc pas fatiguer le lecteur par la rfutation des autres objections du rvrendissime prlat aucune n'a droit de rclamer le mrite de la nouveaut; elles sont aussi vieilles que la rforme, et il en est une qui date de bien plus haut encore, c'est celle des Juifs de Capharnaum. Lorsque notre Sauveur nous promit sa chair manger et son sang boire, les Juifs qui l'entendirent crurent la chose impossible, et s'crirent
:

Mais l'vque de Durham a dcouvert un passage qui, son avis, est une explication satisfaisante du sens des paroles du Sauveur. Aprs que les disciples eurent exprim la surprise qu'excitait en eux cette doctrine, il rpondit, o Cela vous scandalise ? Que sera-ce donc, quand vous verrez le Fils de l'Homme remonter o il tait auparavant? C'est l'esprit qui vivifie, la chair ne sert rien les paroles que je vous adresse sont esprit et vie. Ce passage c'est l'esprit qui vivifie ; la chair ne sert de rien, avaient, nous diton, pour objet direct de corriger la fausse application des paroles prcdentes du Christ (Motifs, p. k). Or, ici encore, il faut qu'on me permette de ne pas penser comme le rv:

nous donner sa chair manger? De mme, quand nous disons que dans l'eucharistie le Christ nous donne sa chair, qui y est rellement prsente, manger, et son sang, qui y est rellement
<<

Comment

cet

homme

peut-il

prsent, boire, l'vque de Durham dclare que cela est impossible, et demande comment le corps du Christ peut-il se trouver tout la
peut-il tre
ciel et sur la terre; comment mang par diffrentes personnes en mme temps? Quand il connatra parfaifois

dans

le

rendissime prlat. A mes yeux, le fait lui-mme semble prouver que ce passage n'avait aucun but de ce genre. Si le Christ avait voulu par l dtruire

tement les limites de la toute-puissance de Dieu, quand il expliquera clairement les rapports des esprits avec le temps et le lieu quand il pourra nous montrer^quel est le sujet des qualits premires et secondaires de la matire, alors nous couterons avec dfrence ses dcisions surcesqucslions; jusque;

l, s'il le croit plus prudent, qu'il imite l'incrdulit des Juifs et des disciples de Caphar-

55

DEMONSTRATION EVANGELIQUE. L1NGARD.


pense, de rpondre dans le
les catholiques

4S

r.aim ; mais qu'il nous permette nous d'imiter la docilit des aptres, de soumettre com-

adorent

mme style si comme tant le Christ


:

notre intelligence aux paroles du Christ, et de dire avec saint Pierre : Sei gneur, vous avez les paroles de la vie ter-

me eux
nelle

ce qui (pour les raisons donnes ci-dessus) est le Christ, il n'y a pas de violation du se-

nous croyons

et

vous tes le Christ, le vant. Mais ce n'tait pas assez pour satisfaire l'orthodoxie de l'vque de Durham, d'avoir
te

nous savons que Fils du Dieu vi-

montr que nous avons mal compris les paroles du Christ dans l'institution du sacrement. Il nous accuse encore d'ideltrie; et, comme si nous tions dj condamns, il nous dclare exclus du royaume des cieux. Son
pas sans prcdents a parl prcdemment d'hommes qui coulent le moucheron, et qui avalent le chameau ; et le trs-rvrend prlat peut bien aussi former les yeux sur les -vices particuliers de l'poque, pour appeler plus efficacement la vengeance (lu ciel sur l'idoltrie imaginaire des catholiques il semble tre persuad qu'il ne saurait se commettre de crime moins problmatique dans sa nature, ou plus funeste dans ses consquences. Au commencement de la prsente session du parlement, il a vu la table de la chambre des lords couverte de bills de divorce, et il a gard le silence; une enqute toute rcente l'a initi tous les mystres d'iniquit qui ont soulev l'indignation du pays, et il a encore g;:rdle silence; il.i tous les jours sous les yeux des exemples de celte corruption politique et morale qui caractrise l'poque actuelle, et il garde toujours de mme le silence le plus obstin. Contre les sducteurs, contre les adultres, contre les dilapidateurs du trsor public, il n'a point de sermons prcher, point de brochures publier, point de mmoires prsenter Sa Majest; tous ses anathmes sont rservs il les dclare pour ses frres catholiques coupables de sacrilge, de blasphme et d'idoltrie, il les reprsente comme dignes de haine en ce monde, et de tourments ternels en l'autre (Motifs, p. 8). Or, quoi tout cela doit-il aboutir? A rallumer le feu des dissenzle, toutefois,
n'est

propres

le justifier.

On nous

cond commandement, ni d'idoltrie. Et suppos mme que l'hypothse de l'vque ft vraie, la consquence en dcoulerait-elle ncessairement? Je me sens forc d'avouer que je ne le pense pas. Si m'imaginant qu'une chose est le Christ, quoique en ralit elle ne le soit pas, je l'adore comme tant le Christ, je suis dans l'erreur, mais je ne suis pas coupable d'idoltrie mon adoration s'adresse au Christ, et elle sera reue de lui comme (elle. Quand Sysiaambis tomba aux pieds d'Ephestion, le prenant pour Alexandre, fut-ce un acte de trahison? L'adoration est un acte de l'esprit, et elle doit s'adresser un objet qui soit prsent dans l'esprit. Par consquent, dans l'eucharistie nous n'adorons que le pain et le vin, par celte raison simple et naturelle, que nous croyons qu'il n'y a plus de pain ni de vin nous n'adorons que le Christ lui-mme. Toute ide contraire est si absurde que je ne pense pas qu'elle puisse trouver place dans aucun autre esprit que celui d'un membre orthodoxe de l'Eglise: on lui apprend que dans le sacrement il reoit le corps cl le sang du Christ, quoique en mme temps il croie que le corps et le sang du Christ n'existent pas dans le sacrement un homme de ce caractre peut bien se persuader, je l'avoue, que les catholiques adorent le pain et le vin dans l'eucharistie,, quoiqu'ils croient en mme temps qu'il n'y a plus de pain ni de vin dans l'eucharistie. A tout autre cela parat impossible. Comme cette accusation d'idoltrie est un thme tout nouveau, je pense qu'elle a t souleve dans le but de fournir au rvrendissime prlat une occasion favorable de justifier un passage trs-insullanl de son propre mandement; savoir, que notre doctrine de l'eucharistie dispose ncessairement l'esprit des catholiques adorer les cratures la
, : ; ;

sions religieuses?

augmenter

le

mcon-

tentement de cinq millions de sujets de Sa Majest, qui rclamant, et ont jusqu'ici rclam en vain, les droits et les privilges communs de leurs compatriotes? Qu'il jette les yeux sur l'tat prsent de l'Europe. Le continent est aux pieds de Buonaparte, et malheur au royaume dont les sujets viennent cesser d'tre unis. Tout royaume
divis contre
ville qui

est

lui-mme sera dtruit; et toute divise contre elle-mme ne

restera pas debout. Mais voyons de quelle manire l'vque cherche justifier son accusation. Son procd est trs-court. Si, dit-il, les papistes adorent l'hostie comme l'image de Dieu, ou la prennent pour un Dieu transsubstanli qui (pour les raisons donnes ci-dessus) n'est pas Dieu; dans l'un comme dans l'autre cas, il y a violation du second comman-

place du Crateur. Dans sa rplique, l'auteur des remarques demandait ce que rpondrait l'vque de Durham un unitaire qui avancerait de mme que la doctrine de l'Eglise tablie touchant la divinit du Christ dispose ncessairement l'esprit du protestant adorer la crature au lieu du Crateur! Il est amusant de voir la rpugnance que montrent l'vque et ses dfenseurs rpondre celte question, et avec quelle anxit ils cherchent l'luder, en tablissant un parallle entre les doctrines des deux Eglises. En cela, toutefois, ils ne font que jeter de la poudr aux yeux de leurs lecteurs. Je pourrais aisment cou tes ter l'exactitude de leurs assertions .mais je ne veux pas multiplier les sujets de discussion. Quiconque observera combien, dans le cours de celte controverse, chaque rplique et chaque rponse en ont accru le nombre,
>.

dement,

et

crime

d'idoltrie. Il suffira,

je

conviendra qu'il vaut beaucoup mieux en resserrer qu'en largir les limites. Je me contenterai donc de renouveler l'assurance dj donne plusieurs reprises par l'auteur des Remarques ; que si l'vque ou ses dfenseurs

438 UNE DOCTRINE SUR L'EUCHARISTIE. sont pas autre chose veulent consentir enfin rpondre celle ces deux phrases ne que des invitations adresses par le Christ question, il prouvera que leur rponse sera ses aptres, de manger son corps et de boire une rfutation satisfaisante de l'injurieuse
437

suggestion du prlat en attendant, le public considrera leur silence comme un aveu qu'elle n'est point fonde. De l'idoltrie l'vque passe au refus de la coupe, point sur lequel son orthodoxie lui commande de nous condamner comme sacrilges. Je ne fais pas attention aux termes injurieux ; je les abandonne la discrtion de mon rvrendissime antagoniste, et je me borne l'examen de ses preuves. Sur cette matire, les points dbattus entre nous (qu'il me passe 1 y a-t-il un commanl'expression) sont dement qui oblige tous les chrtiens communier sous les deux espces ? 2 la participation la coupe est-elle de l'essence du sacrement? 3 enfin la pratique del primitive Eglise prouve-t-el!e que le retranchement de la coupe soit un sacrilge? 1 Voici par quel raisonnement l'vque de Durham cherche prouver qu'il existe un commandement de ce genre. Personne n'a jamais dout que prenez et mangez ne soit un commandement impos tout le corps sans nullement restreindre des chrtiens aux aptres alors prsents l'usage du pain; et il ne faut rien moins que les prjugs d'ducation pour trouver dans le mot tous, qui est dans l'autre commandement, buvez -en tous une restriction qui exclue de la participation la coupe tous les chrtiens qui n'y taient pas prsents (Motifs, p. 26). Est-ce
;
:

son sang, dans


alors.

le

sacrement

qu'il instituait

2 La participation la coupe est-elle de l'essence du sacrement? L'vque de Durham l'affirme plusieurs reprises mais ses propres concessions prouvent assez qu'il n'en est pas ainsi. Il esl certain que le sacrement ne peut plus subsister, lorsqu'on en retranche ce qui est essentiel son existence.
;

Puis donc que mon savant antagoniste reconnat que, dans l'ancienne Eglise, ce sacre-

ment

fut,

en beaucoup d'occasions, admi-

nistr sous une seule espce ; et puisqu'une autorit suprieure encore celle-l, un arrt du parlement permet, en certains cas, d'en agir de mme dans l'Eglise actuelle d'Angleterre,
il

doit volontiers, ce

me

semble, con-

venir avec moi que la coupe n'est pas

une

partie essentielle du sacrement. 3 L'vque parat fonder sa doctrine prinEglise.

Jd

ou est-ce un raisonnement? Quoiqu'il en puisse lre, nous ne sommes pas, du moins, assez idiots pour croire que Buvez-en tous tendent exles paroles

une

subtilit,

clure de l'usage de la coupe tous les chrtiens qui '?/ taient pas prsents. Est-ce qu'il n'y a pas de milieu entre un commandement adress tous les chrtiens, et une prohibition adresse tous ? Si nous ne reconnaissons pas ces paroles pour tre l'expression

cipalement sur la pratique de l'ancienne Or, la question n'est pas de savoir sous les deux espces si la communion tait la pratique la plus gnrale de l'ancienne Eglise (ce qu'aucun catholique ne nie ), mais bien si celle pratique tait tellement essentielle au christianisme qu'il ne ft au pouvoir d'aucune autorit humaine de la changer lgitimement. Nous soutenons que non; et la lgitimit de ce changement par a t dmontre dans les remarques plusieurs exemples de changements d'anque les lois de son ciennes pratiques Eglise et les usages de ses propres cours forcent l'vque de Durham d'approuver. Ni l'vque, ni ses dfenseurs n'ont encore essay de rpondre cet argument. Jusqu'ici donc j'ai le droit de le regarder comme inattaquable (1).
,

d'un conmandement, s'ensuil-il ncessairement que nous y voyons une prohibition ? Que si le rvrendissime prlat croit que personne n'a jamais dout que les expressions prenez et mangez ne soient un commandement impos tout le corps des chrtiens, il doit me permettre de l'avertir qu'il est dans l'erreur. Le fait lui-mme prouve que ces paroles ne contiennent aucun commandement de ce genre. Les aptres taient assis table avec notre Sauveur il prit du pain, le rompit, et le leur distribua en disant Prenez et manges, ceci est mon corps. Qu'y avait-il autre que les prjugs d'ducation qui pt dcouvrir dans ces paroles un commandement adress toutes les gnrations futures ? Puis, ayant pris la coupe, il la leur prsenta pour qu'ils y bussent successivement, en disant liuvez-en tous. Ici encore qu'y avait-il autre que les prjugs d'ducation qui pt dcouvrir dans ces paroles un second commandement, adress de mme toutes les gnrations ? Je crois que tout lecteur dont l'esprit n'est pas prvenu par des doctrines thologiques, confessera avec moi, que
: :

la pratique de son Eglise, l'auteur Dfense en appelle aux paroles de l'Aptre Quiconque mangera ce pain ou boira celle coupe du Seigneur indignem n nt , et l'ait observer que les traducteurs anglais ont corrig ce passage eu substituant la particule copnlative et la place de la disNous jonctive ou. L'Evque de Durham rplique ne devons pas tre surpris de voir r> et x<, ou et et employs souvent l'un pour l'autre, quand nous nous rappelons que dans la langue naturelle de l'Aptre la particule vau s'employait dans les deux sens. On me permettra de taire quelques remarques sur ce prcieux modle de critique biblique. 1 Quoique les savants bbrasants aient coutume de considrer la particule copnlative comme ayant quelquefois la

(1)
la

En dfendant

de

force d'une disjonclive, est-il certain que leur opinion soit exactement vraie? Dans tous les exemples de ce genre, que j'ai vus, il m'a paru qu'il y avait ou fausse leon, on qu'il fallait y voir non une disjonc-

mais une rptition de quelques autres termes de la phrase. 2" Quel rapport cette opinion a-t elle avec le passage cit de saint Paul? L'Aptre n'emploie pas la particule copnlative, jiiais la disjonclive. Que l'vque de Durham prouve donc que dans l'hbreu, la particule disjonctve a la force de la copnlative, et alors son raisonnement portera. 5* Je lui accorderai que, par une mprise d'crivain, l'auteur inspir aurait pu penser que, comme en hbreu et signifie ou, ainsi en grec ou pouvait signifier ei; mais en
tion,

439

DMONSTRATION EVANGELIQUE. LINGAKD.

OBSERVATIONS
SDR QUELQUES MANIRES NOUVELLES ET A LA MODE D'INTERPRTER L'APOCALYPSE.
Calvinus sapuit quia non scripsil in Apocalypsiin.
(SnALIGER .)

long espace de plus de quinze de l'aptre saint Jean sont demeures enveloppes des plus pais-

Durant

le

disciples; tous pleins de leur supriorit de

sicles, les visions

ses (nbres.

l'poque de la rforme,

un

fort rayon de lumire apocalyptique dissipa les nuages que le papisme avait amoncels: et, partir de ce moment, il n'est plus de bonne femme de l'un et de l'autre sexe, qui ne soit mme de dbrouiller l'aise le tissu

de mystres renferm dans l'Apocalyse, et de rvler tout l'univers le sens vritable des paroles de ce livre mystrieux. Depuis Luther jusqu' nos jours, nous avons eu une
suite nombreuse et non interrompue de traducteurs, de discoureurs, d'interprtes et d'annotateurs, dont on peut dire en toute vrit qu'ils ont vu des visions et rve' des rves; et de peur que cette pieuse rare ne vnt par malheur s'teindre, l'vque Warburton a laiss des fonds destins l'entretien ou la rcompense des plus zls des membres qui !a composent. Suivant les dispositions de son testament, il doit-tre prch chaque anne un sermon dans la chapelle de Lincoln's lnn, pour prouver que le pape est l'Antchrist. On peut admirer son zle, mais non sa sagesse: il ne voyait probablement pas qu'il travaillait ainsi rpandre et perptuer un genre vraiment alarmant de maladie intellectuelle que, pour la distinguer des autres, je me permettrai d'appeler la manie apocalyptique. Ce mal, il est vrai, n'a pas encore t class dans aucun systme de nosologie; mais il n'est pas pour cela moins rel ni moins gnral et ce sera, je l'espre, rendre un service au public, que de signaler l'origine et de dcrire les symptmes de celte maladie thologique. Quand les pres magnanimes de la rforme rompirent de communion avec l'Eglise catholique, ils jugrent convenable, pour justifier leur schisme, de soutenir que le pape tait l'Antchrist, et Rome la prostitue de Babylone. Cette doctrine, en allumant le fanatisme, flattait l'orgueil spirituel de leurs
;

naissance , ils cherchrent dans l'Apocalypse des preuves de la descendance ignominieuse deleursadversaires;et leur familiarit sacrilge avec le mystrieux volume, produisit bientt la maladie qui fait le sujet de ces observations. Ses progrs furent rapides elle atecta bientt tous les ges de la vie; mais ses victimes principales furent, et sont encore choisies parmi les ecclsiastiques, qui ont puis dans les leons de leur nourrice , ou de l'universit, une vive frayeur des horreurs du papisme. Cette manie se manifeste d'abord par de violentes inquitudes sur le sort futur de l'Eglise, et un fort attachement aux hiroglyphes prohtiques. L'Antchrist est l'homme de pch, la bteaux dix cornes et la bte aux deux cornes les armes de Gog et d Magog la chute de Babylone et l'arrive du millenium c'est--dire des mille ans imagins par les millnaires; tels sont les sujets favoris, les seuls sujets mme sur lesquels s'exerce l'tude des ides fausses et ridicules amusent l'imagination le jugement s'affaiblit peu peu, et enfin les esprits les plus
: , ; , ; ;

solides

tombent dans

Nous avons une

triste

l'imbcillit el l'enfance. preuve de celle vrit

dans le grand sir lsaac Newton. Pour lui la nature semblait avoir rvl ses secrets les
plus intimes; comme philosophe, il tait et est encore sans rival mais il n'eut pas plutt dtourn son tlescope des mouvements des corps clestes pour les diriger vers les visions de l'Apocalypse, qu'il fut pris de vertige; la chute du papisme lui dansa devant les yeux, et il hasarda des prdictions qui, dans l'chelle des prophtes, l'ont plac bien au-dessous du fameux Franois Moorc, physicien et faiseur d'almanachs. Je dois faire observer que cette maladie intellectuelle comme les autres espces de
; ,

revanche, je souiiendrai qu'il est galement probable et pu employer el pour ira en grec, selon les usages de sa langue naturelle. Si on m'accorde cela (et je ne vois pas comment on pourrait raisonnablement me le refuser), je maintiendrai que le passage Toules les fois que vous mangez ce pain /que vous buvez celle coupe, n doitse rendre par i Toules les fois que vous mangez de pain ou que vous buvez cette coupe. La vrit est que si on prend une fois la libert de changer la signification naturelle ries mois, on peut faire dire i'Ecriiure tout ce qu'on veut.
qu'il
:

manie, prend mille formes diffrentes, suivant la disposition premire des individus qu'elle attaque. J'en produirai quelques exemples. En 1789, M. Cook publia une traduction de l'Apocalypse, accompagne de clefs qui en devaient ouvrir le sens ses lecteurs. Ce vnrable personnage tail professeur de grec l'universit de Cambridge; et, comme ses lecteurs devaient avoir tout na turellemcnt pour objet les potes grecs, il s'imagina que l'auteur de l'Apocalypse tait un pote, et, qui plus est, le rival de Sophocle. Dans son opinion, l'Apocalypse tait une tragdie forme sur le mme plan que celle d'OEdipe, roi. Le drame, dit-il/, s'ouvre avec
le

temple qui

est le lieu

de la scne

les

sceaux,

VA

INTERPRETATION DE L'APOCALYPSE.

442

la trompette et les fioles forment le dveloppement du sujet; et, quoique V Antchrist ne

durant son paroxisme apocalyptique, il tait incapable de distinguer entre un calembourg


et

meure pas plus qiOEdipe, il tombe cependant dans un tel excs de malheurs, qu'il devient un objet de compassion et justifie les lamentations prononces sur sa chute. Ce n'est pas tout en essayant une de ses clefs apocalyptiques sur l'odysse d'Homre, il a dcouvert que ce pome aussi tait inspir, et nous apprend que les amants de Pnlope reprsentent les vassaux du papisme qui, sous prtexte de faire la cour l'pouse
l'Eglise chrtienne, dvorent tous de sa maison, jusqu'au moment o
le vritable

un syllogisme. La

ble
,

dit-il

est la
la ble

France rvolutionnaire
lutionnaire
,

parce que

les

biens

le Christ,

Ulysse,

V^m

<too s ,

ou

la vritable

voie, arrive et fait clater sur

eux

sa

ven-

geance.

Dans M. Granville Sharp, le Nostradamus apocalyptique, favori du recteur de Newton Longville [le Mes. rp., pp. 193 202), la manie en question s'est produite sous des
,

diffrents. Ce personnage est connu tre singulirement partisan des monosyllabes; il a crit un volume tout entier sur la lettre hbraque vau, et un autre sur les articles grecs , -h, ri. Des lettres et des artraits

pour

une plante rvoqui accomplit ses rvolutions diurnes autour de son axe, et ses rvolutions annuelles autour du soleil (1). Avec MM. Kelt et Bicheno, l'histoire parat tre l'ide dominante. M. Kelt envoie saint Jean dans une caverne de l'le de Patmos , pour s'y employer crire une histoire prophtique de l'Angleterre avec un expos dtaill des maux qu'elle devait souffrir sous le joug de fer du papisme, et l'annonce de sa dlivrance totale de ces maux, par la glorieuse rvolution de 1688. M. Bicheno transporte la scne d'Angleterre en Allemagne; mais, de peur que la distance des lieux ne diminue, dans l'esprit du lecteur anglais, l'intrt qui s'attache ce livre, il a ajout une dcouverte qui ne doit pas manquer de faire une profonde impression sur tous les curs. Il nous assure que la gnration prsente
sortit de la terre, qui est
:

ticles

il

s'est

succs et ses amis, tenter l'explication des visions contenues dans le livre de l'Apocalypse. Ici la manie apocalyptique ne tarda pas se manifester; mais les symptmes du mal se trouvrent modifis par l'habitude qu'il avait contracte des recherches monosyllabiques. il se persuada que le nom de la bte tait Lateinos et que Latcinos doit signifier l'Eglise latine. La preuve qu'il en donne est curieuse Lateinos, dit-il drive du monosyllabe hbreu lat, qui signifie couvrir ou cacher. Or l'Eglise latine, dans la clbration de la Messe, cache au peuple quelques-unes des prires en ordonnant qu'elles soient prononces voix basse; donc l'Eglise latine est Lateinos la bte de l'Apocalypse. En outre, le chef de l'Eglise latine rside dans le palais de Latran, nom qui drive gale,
:

trouv amen par ses premiers par les pressantes sollicitations de

fortunatos

nimium sua

si

bona

norint....

jouit actuellement, et dj depuis longtemps, du millcnium, des fameux mille ans de paix,

de vertu

et

de bonheur, imagins par les

millnaires. Si j'entreprenais de dcrire toutes les varits de cette maladie ces observations s'augmenteraient au point de former un immense volume; je me contenterai donc d'en noter l'espce prophtique, qui est peut-tre la plus dominante. Une fois que l'esprit est saisi de celle manie, les rgions de l'avenir s'ouvrent tout coup ses yeux; il lui est donn de marquer d'une manire prcise la date et la nature de tous les vnements qui doivent arriver, de nous dire en quelle anne
,

ment du monosyllabe hbreu lat;

le

palais

de Latran, son tour, est situ dans une contre appele autrefois Latium, nom qui drive aussi du monosyllabe lat; et enfin le Latium est une portion de cette partie de l'Europcqui est appele l'Italie, qui tireaussi son no du mme monosyllabe lat. Ne vous
;i

effrayez pas,

bon lecteur:

les

maniaques

apocalyptiques lisent aussi facilement rebours qu'en avant, et M. Sharp nous apprend que si nous lisons rebours le mot Italie (en Anglais Italy) , nous aurons Ylali au milieu duquel se trouve le mme monosyllabe lat (Granville Sharp la nation hbraque, p. 127-131). Naviyet Anticijram ! Dans M. Galloway les visions de saint Jean prirent un caractre diffrent par suite de l'horreur que lui inspirait la rvolution franaise. D'aprs lui, la bte du puits de l'abme tait la France; la petite corne la France ; l'homme de pch la , France; et l'Antchrist, la France. M. Galloway tait un faiseur de calcmbourgs, et,
, , ,

papisme, le mahomlisme et l'incrdulit doivent finir; quand et en quel lieu l'Antchrist doit natre, rgner et mourir; qui estce qui doit rendre la Terre-Sainte aux Juifs, et en quelle anne la nouvelle Jrusalem doit descendre du ciel. C'est en vain que les prophtes antrieurs ont souvent survcu leurs propres prdictions ; les leons de l'exprience ne sont coutes qu'avec mpris, et chaque nouveau voyant est convaincu de la vrit de ses propres visions. Parmi ceux qui ont t rcemment attaqus de cette maladie et chez lesquels elle a prsent ces derniers caractres les plus distingus sont , MM. Wilaker et Faber deux savants d'une vaste rudition, et aussi anims l'un que l'autre contre l'Eglise de Borne. Ils conviennent tous les deux que Luther est l'ange de l'Evangile ternel; et si, par cet Evangile ils entendent la doctrine dj mentionne de la foi sans les uvres, ils ont quelque chance d'tre dans la vrit. On peut l'appeler,
le
,

(1) Voyez Commentaires abrgs sur les points des rvlations de l'Apocalypse el des autres prophties qui ont des rapports immdiats avec les temps actuels; par Joseph Galloway, Esq.

p*

DMONSTRATION EVANGF.LIQUE. LINGARD.


il

444

juste lilre, YJSvangie ternel, car

est

pro-

quelques-unes des doctrines que l'ducation


a appris rvrer comme sacres. Je lui apprendrais douter s'il est certain qu'une longue succession d'vques, durant le cours de plusieurs sicles, puisse tre le personnage dsign par saint Paul, comme l'homme de pch, ou que l'Eglise, dont presque toutes les autres Eglises ont reu la connaissance de l'Evangile, soit la grande mre de la prostitution et le royaume de l'Antchrist. Je lui recommanderais , s'il entreprend de dchiffrer les hiroglyphes apocalyptiques, de faire attention ce qu'affirme d'un ton solennel et plusieurs reprises leur auteur, dans le premier et le dernier chapitres que
lui

bable qu'il trouvera (les proslytes tant qu'il y aura des hommes sur la terre. M. Wilaker dcouvre que les deux cornes de la bte sont les deux ordres monastiques des dominicains
et des franciscains.
ils
lia

Pourquoi s'arrogeraient* prfrence sur leurs frres, plus an-

je

ciens qu'eux et plus gnralement rpandus, n'en sais rien ; il est certes bien malheureux que la bte n'ait pas quatre cornes; car alors, vous aussi, enfants de Benot et de

Loyola

vous auriez pu

avoir l'honneur
l

d'tre placs sur les

deux autres. Nous apprenons du mme commentateur que tupire ottoman tombera dans peu de temps, que Rome sera arrache au pape, et le sige de la papaut transfr Jrusalem. M. Faber ne dploie pas moins d'rudition mais le troisime ange, le Zwingle de M. Wilaker, est plac par lui dans une position des plus critiques il l'a enchan au milieu de
; ;

ses prdictions taient,


il

au moment

mme o
trouvera

crivait, sur le point de s'accomplir. Dans la destruction de Jrusalem et la premire

poque de

l'histoire chrtienne

il

l'Ocan, et l'a transform en l'Eglise insulaire d'Angleterre 1 II ne s'accorde pas non plus avec son rival sur des points plus importants. Les deux cornes, son avis, sont
les

deux empires romains contemporains, le temporel et le spirituel sous les empereurs et les papes; et il fait ses lecteurs le plaisir de leur apprendre que le Turc et le pape expireront en l'an 18G8. Quoiqu'il ne puisse esprer d'tre lui-mme tmoin de cet heureux vnement, il a cependant la bont d'en promettre la vue plusieurs de ceux qui composent la gnration prsente
, :

assez de quoi exercer son gnie, et peut-tre rencontrera-l-il par hasard le Cl unique qui puisse le faire arriver la solution des difficults contenues dans ce volume mystrieux. Je sais fort bien qu'on ne m'accordera pas si facilement ce que je demande. La doctrine que le papisme est la bte ; le pape l'Antchrist, et la Rome chrtienne la prostitue de Babylonc, forme, je le sais, une partie importante du nouvel vangile prch par Luther et ses associs; elle est pour me servir des paroles d'un docte prlat [Traits tholog. de Watson,\o\. V, p. 7), une colonne fondamentale de la foi rforme. quand je considre les dangereuses Mais consquences de cette doctrine, les funestes
,
,

El tsv

XX /a; [i'rwna:,

y]:

leal

oxt.

ces deux prophtes , ils se contestrent l'un l'autre la vrit des prdictions de son rival; il s'ensuivit une controverse anime, qui a eu pour rsultat de convaincre l'esprit de la plupart de leurs lecteurs, que chacun d'eux avait compltement russi renverser le systme de son

Malheureusement, pour

influences qu'elle exerce sur le jugement de quelques-uns des crivains les plus distingus de la communion protestante le ridicule qu'elle sert jeter sur les livres inspirs, et le champ qu'elle ouvre aux mpris et aux sarcasmes de. ceux qui font profession
,

d'incrdulit, j'ose

adversaire, et compltement chou en voulant tablir le sien propre. C'est ainsi que j'ai essay de dcrire les diffrer) ls symptmes de celle maladie ; mais j'espre qu'on me dispensera d'indiquer la

me flatter d'une esprance bien fonde: que, pour l'intrt de la religion et de l'humanit, elle trouvera peu d'appui dans les hommes clairs qui occupent aujourd'hui les premiers rangs dans
l'Eglise tablie.
Si

jamais

elle

forma une

mthode suivre pour en obtenir la gurison. Quand cette manie s'est une fois empare du cerveau je doute que trois Anticyres fussent suffisantes pour l'en expulser. Je prfrerais, comme le docteur Trotter, dans son Trait sur le temprament nerveux
,

des colonnes de la rforme, je conois que ce ne pouvait tre qu'un appui temporaire, qu'on peut maintenant faire disparatre sans nul danger pour l'difice. Les premiers r-

essayer de corriger cette prdisposition qui y mne tout naturellement. Je conseillerais au thojogien protestant de suspendre, pour un instant au moins, son assentiment

formateurs purent aisment accommoder leur conscience avec les fraudes pieuses, raison des avantages qui en rsultaient; mais aujourd'hui elles doivent tre rejetes avec quelque gloire par leurs successeurs : on ne saurait dsormais en user sans dshonneur.

443

LES LIVRES DE L'INDE ET LA GENSE.

158

DE L'ACCORD ANCIENS LETTRES DE


PAR BRUNATI
L*A3^g>

L'IIS

AVEC LES ONZE PREMIERS CHAPITRES DE LA GENSE,


ri).

M*

I. Les anciens libres sacrsdcl'Indeattirent depuis longtemps l'atienlion de l'Europe on s'est servi d'eux, pour attaquer et pour dfendre la Gense. On n'a pas encore traduit dans aucune de nos langues ni les quatre Vdas (2), ni les quatre Upavdas ou appen;

Wilkins Langls

(1);

Maurice

(2);

Sonnerat

(3);

(4); Dubris (5) ; Cuvier (6); Joncs (7) , et ses collgues de l'Acadmie de Calcutta (8) ; les missionnaires catholi-

W.

ques

aux Vdas, ni les six Vdangas, complment des Vdas, ni les dix-huit ou dixneuf Puranas (3), quoique beaucoup de ces livres soient en original dans plusieurs bibliothques de l'Europe. Dans la pense de
dices
nts sur cette runir le pius possible de matire, j'ai visit et fouill les bibliothques de Turin, de Milan, de Panne, de Modne, de Bologne, de Florence, de Home et de Naples, la faible rcolte et je donne aujourd'hui

moissonne dansun aussi vaste champ; pour que l'on n'attribue pas sa tnuit ma ngligence, je me hte de dire que j'ai examin
et eojnpuis les crits des auteurs suivants (Y) les auteurs de l'histoire universelle
:

Dow

compilateurs du Journal asial'abb Vincenzo Bossi (11) ; Mgr. Fortunalo Zamboni (12) (ces deux derniers crivains ont trait avec beaucoup de succs le mme sujet que moi) et beaucoup d'autres auteurs encore. Mon but est de montrer l'accord existant entre l'histoire et les doctrines contenues dans les anciens livres sacrs des Indiens et les onze premiers chapitres de la Gense, nouveau tmoignage de l'authenticit de nos livres saints et nouvelle preuve de cette vrit, que plus on interroge la science ancienne et plus on la trouve en concordance avec les saintes Ecritures (13)', dont les rcits se sont rpandus dans tout le monde ou par les traditions des patriarches , ou par le commerce
(9)
;

les
;

tique

(10)

anglais (5);deGuignes(');dcSaint-Croix (7) ; Foucher d'Opsonville (9); Paole Gentil (8)


;

lino da san

Bartolomeo

(10);

Anquetil (11)

ves'.a , tome I, Paris. Recherches liisloriaues ques sur l'Inde, Berlin, 1787, etc., etc.

et criti-

(I) Rniiiaii lan!

point
("2)

ici

encore vivant nous ne donnons de noiiee biographique sur cet auteur. Vdas signifie connaissance ou science par ex,

(I)
(2j)

Le Rahgua-Ceeta.
et ses

Histoire de CHindonslan, ses arts Londres, 1793, etc., etc.


(5)

sciences,
la

cellence.

Voyage

aux Indes

orientales et

Chine.

Puranas veut dire de longs pomes.


(5)
(4) Dissertations

histoire, ce sont des

espces

Paris, 1806.
(i) (S)

sur les murs, la religion el la philosophie des Indiens, traduites de l'anglais en franais.
(.-,)

Monuments indous, Murs, institutions

Paris, 1821.
et

crmonies des peuples de


Paris

l'Inde, Paris, 1825.


(0) Discours

Paris; 1769.

sur les rvolutions du globe

dition d'Ain, terd.mi, 1774, t. XXIX. (G) Rflexions sur Bagavadam , Mmoires de. C Acadmie des Inscriptions, tome XXXV III, et Recherches sur la religion indienne et les livres fondamentaux de cette religion. (Ibidem, tome XL). (7) Ezour-Vedam, ou Commentaire sur les Vdas. Il faut aussi voir le Bha-Jvct-Geela ou Dialogue entre Krin el rjoou, qui contiennent tin abrg de la religion etde la morale des Indiens; ouvrage traduit du sahsktit en anglais, par Wilkins, et de l'anglais en franais, par Parraud. M. Ellis a dmontr que PEzour-Vdm est l'uvre du jsuite Roberto Nobili , mort en 165U. Recherches asiatiques, tome XV. (8] Voyage dans les mers de V Inde. Paris, 17711-81. ('.:) Bagavadam, Paris, 1788. Le Bagavadam est une partie du Manabaral, l'un des Puranas.
(10)

1825.
(7) Sept discours sur la communaut ii'< rigine des peuples, dans les trois premiers volun.es des Recherches asiatiques ; Dissertations sur les dieux de la Cre, de l'Italie, el de l'Inde, ibidem; el Code de Menu. Londres, 1807. (8) Recherches asiatiques, et surtout la Dissertation de Colcbroeke, les Vdas, etc., etc. (9) Lettres difimes.

(10) Pans, 1823-1827. (ll)| Riposta sppra la eonsonanza,

ecc, dans VA-

mico

d'Italia,

1822.

Sidharupam seu

grammatica samscradamica,

Rome, 1790;
(II)

Sustenta brahmanicum, Rome, 1791. Voyage aux Indes orientales, dm* le Znda-

(12) Saggio sopr-a le chierche asialiclie, ecc. , nel giornale degli apologisli dlia religione catolica. Fin nze, 1826. (15) Voir une Dissertation de Slolberg, intitule: Fouii dlie tradizioni orientait, dans la Storia dlia religione di (iieb Clirelo, traduite de l'allemand en italien par Hossi el Relier, Home, 18*23.

'447

DMONSTRATION EVANGLIQUE BRUNATL


(1), et plus tard

48

des Juifs
II.

par

les aptres et

leuia disciples.
in

Avant d'entamer mon sujet, je dois dire mot de W. Jones dont les crits m'ont beaucoup servi outre le sanskrit il connais;

peu prs vingt-sept langues, dont plusieurs lui taient trs-familires. Il connaissait fond les doctrines des Romains, des Grecs et des Asiatiques, la botanique, la mdecine la lgislation, les mathmatiques, l'astronomie, la chronologie l'histoire et la philosophie; son esprit tait fort el lucide, sa critique sre, son got pur, son amour pour le travail passionn (2). Pour comprenne les dispositions d'esprit avec lesquelles il enlrepril les travaux destins prouver la vrit de l'histoire de Mose et le point de vue o il se plaait, il suffit d'entendre les paroles qu'il prononait devant la savante socit qu'il avait forme Calcutta (3). Nos recherches disait-il, auront un grand intrt dans un temps o des personnes versait
, ,
,

tueuses et instruites, inclinent douter de la vracit des rcits de Mose sur le monde primitif. Car tout ce qui tend dtruire le doute sur ces faits ne peut tre d'tin mdiocre intrt. Ou les onze premiers chapitres de la Gense sont vrais (mettant de ct autant que cela doit tre, le sti/le et (es figures orientales), ou toute V conomie de votre religion nationnale (k) est fausse. Il m'est impossible de ne pas reconnatre pour le Messie divin, la seule personne laquelle , d'aprs l'histoire, conviennent les caractres marqus par beaucoup de prophties accomplies et spcialement par celle d'Isae, et, par consquent, de ne pas regarder comme vrais les livres qui donnent ce titre cette personne. Ce n'est pas tant le dsir de dmontrer la vrit de notre religion gui me presse, que l'amour de la vrit en elle-

mme, et si une dmonstration calme et solide m'amenait croire que Mose a reu par les Egyptiens ou Indiens les traditions qu'il rapporte, je tiendrais l'auteur de cette dmonstration pour un ami qui m'aurait arrach une erreur norme, je me placerais au premier rang parmi ses disciples, et je proclamerais
avec nergie la vrit de sa dcouverte. III. Telle est la dclaration de principes du fondateur de la socit de Calcutta. Aprs l'avoir fait connatre, je vais essayer de dmontrer, en suivant les traces de W. Jones,

de ses collgues et des autres crivains que j'ai dsigns, que les anciens livres sacrs de l'Inde s'accordent avec ceux de Mose en ce qui a trait la cration du monde, la communaut d'origine du genre humain sorti d'un couple unique, au paradis terrestre et la chute de l'homme, la promesse d'un rdempteur , au dluge et la dispersion des nations, et cela sans que Mose ait puis aux sources indiennes la fin je dirai comment la vritable chronologie indienne prouve par l'histoire s'accorde avec celle de Mose , et je serai ainsi amen conclure que les livres sacrs de l'Inde mritent confiance quand ils correspondent ceux de Mose, et qu'ils n'en sont plus dignes quand ils s'en loignent. IV. Pour la cration du monde nous avons le rcit du codede Menu (1), publi par Jones qui le regardait comme antrieur NoireSeigneur Jsus-Christ de treize sicles mais d'autres auteurs lui assignent une origine bien plus nouvelle; or ce code dit que (2) le monde (3) primitif tait entour de tnbres, que l'Etre existant par lui-mme ne chassait pas les tnbres; que par sa propre vertu il cra les eaux et les mil en mouvement; qu'il produisit aprs le mle divin, puis le ciel, la l'lher le rservoir permanent des terre eaux et toutes les cratures, leur donnant des noms, des fondions et des habitudes diffrentes; qu'il cra le temps et ses divisions, les toiles, les plantes, l'Ocan, les montagnes, les plaines et les valles, et que, par son omnipotence, il pouvait devenir moiti mle, et enfin, que celui dont les moiti femelle pouvoirs sont incomprhensibles, ayant cr cet univers, fut de nouveau absorb dans l'esprit, changeant le temps du travail on temps de repos. Qui ne voit dans cet extrait un sommaire des deux premiers chapitres de
; ,
,

la

Gense?

V. La mme narration se rencontre dans l'abrg que l'Anglais lord (Histoire universelle
anglaise,
t.

XXIX) donne

des Saitcr
;

(k)

ou-

uvres de W. Jo(1) Recherches asiatiques, I. V nes, tome VII, 1807, ou une autre dition de 1826 avec le titre A'Institutcs de la loi des Indiens. Jones, (2) Prface du code lui-mme, uvres de tome Vil, et Langls, article W. Jones, dans la Biographie universelle.
universelle, tome Vi, el (5) Piukerton , Gographie l'orientaliste Chezy, pensent l'un cl l'auire que le code de Menu est l'uvre d'un lgiste du treizime si-

(1) Les juifs taient rpandus dans les Indes quelques sicles avant Jsus-Chrisi el probablement la fin de la captivit. Voir Saint-Croix, Ezow- Vedam ;

Buchauan, Recherches chrtiennes


moires sur
les

Vaucillart

M-

cle; Saint-Croix, diteur de \'Ezour-Vedam , Observations prliminaires ; de Guignes, Mmoires de l'Acadmie des Inscriptions, tomes XXXV1I1 el XL ; Anquelil, Recherches sur l'Inde ; Paolino da San Barlho-

Afghans

Hamilton

et Forster, Histoire

lomecr, Systema bralnnanicnm,

examen

liislorico-cri-

des Afghans ; Roi lias, Yates, Examen d'un exemplaire indien du Pentateuque, Cambridge 1812. (2) Voir la Vie de W. Jones, par lord Gingnemant,
,

licum-codtcum Indiorum.
; ;

Bibli. lang.

de propaganda

Musai Borgiani Codices Viaggio aile Indie orientait, tome H Maurice, Antiquits de l'Inde, lome II; Hamilion, cit dans la Bibliothque universelle de Genve; Histoire de la philosophie; Cuvier, Discours sur les rvolutions de la surface du globe; Winilscbmann...

en

leie
la

de ses uvres, lonie II; ci son loge prononc soeil de Calcutta, par i. Sclior. Recherches
,

tome IV. Discours sur les dieux de la Grce, de l'Italie de Tlnde. Recherches asiatiques , 1. 1 ; elle discours sur les lialiiiauts des ctes, des montagnes et des
asiatiques,
(3)

les

de l'Asie,

t.

111.

(&) Il ne faut pas perdre qui parle.

de vue que

c'est

un Anglais

Frdric Windschmann, Sancuru, seu philosophie de Theologumenis Vedanlicorum douienl infiniment de l'antiquit assigne -par Jones et Colebiotke, et rduisent par une foule de raisons, au temps de Mose, le code Menu eflcs Vdas. (4) Les Hindous donnent ce nom tous les livres
,

449

LES LIVRES DE L'INDE ET LA GENSE.


trouve dans

450

vrage postrieur au temps de Jsus-Christ, aussi aux puranas qui fuient certainement composs aprs cette poque (1). VI. Dans l'Oupnek-hat (2), abrg desVdas, traduit du persan en latin, par Anquetil, on trouve des rapprochements surprenants avec nos livres sacrs, sur l'origine du monde, de l'homme et des animaux et sur le paradis terrestre (Histoire de V Hindous-

comme

X. Quant ce qui a trait au dluge, on le Purana intitul Matria (Re^ cherches asiatiques, t. I et II. Maurice
histoire de l'Ilindoustan, t. II. Stolberg, histoire de la religion de Jsus-Christ), que Brama , s'lant endormi, laissa tomber de ses livres le Vda. Un dmon s'empara du livre. De l la destruction universelle de tou-

tan).

VII. Maurice fait voir (Opus cilatum, t. I), la cosmogonie indienne s'accorde avec celle des Hbreux, mais toutefois il ne dit pas que les Hindous ont un Purana tout entier sur le paradis terrestre, dont l'histoire est rapporte comme dans la Gense ; ses faits sont les mmes et leurs consquences

que

choses. Salyaurata, pour prserver les pasteurs, les brames, les livres sacrs, etc., se transforme en poisson se piace dans les mainsde'n,sai nt roi de ce temps, et, aprs plusieurs autres prodiges, l'avertit de l'imminence du dluge, lui apprend faire une arche, s'y sauver avec sept autres saints
tes
,

et un couple de chaque espce d'animaux. L'Eri du Matria est bien l'image du No de

galement terribles. VIII. Jones (Disc, sur l 'origine des familles


des nations de l'Asie, Recherches asiatiques, t. III), dans un discours prononc la socit de Calcutta, dclare que le rcit des Vdas, sur la cration et la chute de l'homme, se rapproche tellement de celui de Mose que ce dernier semble en tre l'auet

la Gense.

XI.

Dans

le

Bagavadam

(1)

dont

j'ai

dj

parl, on UlqueSalivareden et sept patriarches par la protection de V ichnou furent sauvs dans un vaisseau dans lequel Saticvareden, averti d'avance, avait runi des provisions. Le dluge fini, ils sortirent adorrent Vichnou et re,

teur primitif.
les

Le vnrable prsident regarde Puranas comme publis aprs la prdi(

cation de l'Evangile dans les Indes. IX. Wilfort Essai sur les rites sacrs

et

Recherches asiatiques, t. X) dit que l'on trouve souvent dans les Vdas et dans les Puranas la prdiction de la venue d'un Sauveur, venant de l'Occident (Pour les Indiens, la Palestine est l'Occident), Sauveur qui dans la pense des Hindous est Crisna ( l'un de leurs dieux), venu de l'Occident s'incarner dans la maison de Yiasu-Devu, prs de Muturu. On lit sur le compte de ce sauveur, une lgende en grande partie extraite de l'Evangile apocryphe de l'enfance de JsusChrist
(3).

anciens reconnus comme sacrs, ce mot veut dire qu'il existe livre par excellence. Toutefois, il paratrait quelques livres sanskrits portant particulirement ce Voir Fouclier et postrieurs aux Puranas. nom
,

d'Opsonville, Bagavadam. Dissert, sur l'ori(1) Ainsi le voient Wilfort, gine et la dcadence de la religion chrtienne aux Indes,

peuplrent la terre. Salievareden et No ne sont-ils pas une mme personne ? XII. Dans la vie de Jones (2), place en tte de sesOEuvres, on trouve des fragments d'un livre sanskrit qui indiquent une identit frappante entre No et Salieruratu. XIII. Au tmoignage de Saint-Croix (3) le Maleham, autre Purina, contient, en ce sens diverses particularits, relatives au dluge. XIV. Un Saitcr d'aprs l'extrait donn par Lord (k) rapporte que les pres par leurs exemples empoisonns semrent des germes de corruption et de sclratesse qui se dvelopprent de telle faon dans leur postrit, que n'coutant plus que sa la Divinit offense colre les deux se couvrirent de tnbres les clairs et la foudre clatrent d'un ple l'aure, la mer s' levant d'une manire effrayante couvrit la terre d'un dluge par lequel toute la race humaine prit submerge, et ainsi fut termin le premier ge du monde appel Curlain. Cependant Dieu se dtermina renouveler l'espce humaine et commencer le second ge par trois personnes d'une perfection laquelle on n'avait pas encore at,

tome X; Colebrocke, Dissert. Vdas ; Recherches asiatiques, tome VIII. Dans le l'ail, on trouve les traces d'un christianisme, trangement dfigur, soit par les manichens qui, aprs la mort de leur chef, s'taient rpandus dans les Indes, soit par les brames, d'aprs l'Evangde apoc. de l'enfance de Jsus-Christ, crit en grec au
'Recherches asiatiques,
les

teint (5).

sur

XV. Les livres hindous se taisent sur l'in nocenlc ivresse de No, sur la maldiction prononce contre Cham, aussi bien que sur la bndiction de Sem et de Japhet (6).
ne mangent jamais de viande, se partagent et dvorent
(1)
la

troisime sicle. Saint Croix, Ezour-V edam ; Maurice, Histoire de l'Ilindoustan, tome II; Auqueiil du Perron regarde le Bagavadam, partie du Mahabarat, l'un des Puranas, comme postrieur au troisime sicle; el de Guignes l'Islamisme. (Voir le Journal des
Savants.)
() Sur YOitpnek-hat, Anquelil du Perron, Oupnekhat, etc., etc., et F.Srhlcgel, Histoire de la littrature

victime.
et

Voir Fouclier d'-OpsonviUc

de Guignes

R-

flexions sur le
(V\

Bagavadam.
de Jones,
1. 11.

uvres

(3) (4)

Ezour-V edam.
Histoire universelle

anglaise,

t.

XXIX. Voir

ancienne
(5)

moderne. Le pre Bouchet, dans sa lettre Iluct


et
t.
,

aussi V Ezour-V edam.


,

Let-

XI dit que les Hindous font un saciifice appel Ekium, le plus clbre de tous, dans lequel ils immolent un mouton, o ils rcitent une Quand est-ce que le Sauveur natra ? prire portant Quand appwuUra le Rdempteur ? Et les brames, qui
tre* di liantes,
:

Langls , d.ms sa traduction franaise des (:">) Recherches asiatiques, tomes I et H, dans les notes, a cherch inur-mer la tradition italienne sur le dluge; il a t combattu par M. Luchesini, dans le Journal ecclsiastique et littraire. (6) Recherches asiatiques, t, III,

451

DEMONSTRATION VANGLQUE. BRIJNATI.


en supposant mme, ce qui
livres fussent plus anciens
n'est pas,

452

XVI. Jones a cru trouver dans ces mmes


quelques traces de la tour (le Babel, est mort avant d'avoir pu clairer ce fait (1). La conjecture de Jones a t confirme par Maurice. XVII On a dj vu ce que \ecode de Menu dit de la cration de l'homme et de la femme, Jones ne se contentant pas de ces simples inductions pronona devant l'assemble qu'il prsidait sept discours (2) dans lesquels il s'tait impos la lche de prouver par l'affilivres

que ces

mais

il

que,

ils

que le Pcntateune pouvaient, remplis qu'ils sont


la

d'absurdits repousses par

simple raison,

sur l'humanit notions si pures


et le

et et

la
si

divinit, lui offrir ces

vraies sur Dieu,


livre inspir

l'homme

nous .donne. Si les Puranas, le code de Menu et les Vdas s'accordent en quelque chose avec le rcit des onze premiers chapitres de la Gense, un
tel accord doit tre attribu la communaut d'origine et la tradition patriarcale. Les Hindous ne dfigurent pas autrement que les

monde, que ce

des langues, des arts et des monuments,, par la similitude des traits des diffrents peuples, de leurs religions de leurs usages, de leurs doctrines, que toutes les nations taient primitivement sorties d'une souche commune et que toutes tiraient leur origine particulire de trois rameaux d'abord runies, clless'laient ensuite disperses et avaient form des familles indiennes Arabes et tartares il indique comme point de dpart Ylran (k) ou la Perse qui louche l'Armnie iieu voisin de celui dtermin par
nit
(3)
,
;

autres peuples les fails dans leurs circonstances n'exagrent pas plus leurs dales et n'y mlent pas plus de purilits indignes de Dieu et de l'homme. Mose raconte tout, d,

avec simplicit et lucidit; il atteint sublime de la vrit par ces caractres il se distingue de tous les crivains humains. 11 prsente une philosophie plus leve, une morale plus pure, une importance historique
crit tout
le
:

plus considrable que tous les philosophes,


les lgislateurs et les historiens de l'antiquit p lenne. Ceux qui opposent l'autorit des livres hbreux celle des livres indiens et des

11 faudrait citer Jones en entier pour exposer les arguments sur lesquels il fonde son opinion. En cherchant les analyser on leur enlve de leur force je me contenterai donc du peu que j'ai dit et je conclurai avec ses propres paroles (5). Aprs un examen, srieux, dit-il, des traditions anciennes on
; ,

Mose. XVIII.

voit que l'histoire de Mose, loin d'tre combattue par elles se confirme au contraire par des arguments priori en partie trs-probables, en partie certains , et nous pouvons donc dire que les onze premiers chapitres de la Gense sont la pr face des histoires les plus
,

autres peuples anciens comme contradictoire des premiers en quelque chose, permettront qu'on leur demande comment Mose a-t-i pu copier de ces livres seulement cela en quoi nous le trouvons d'accord avec eux. Nos adversaires semblent vouloir nous opposer ce dilemme Les traditions externes ou s<mt contraires Mose, alors Mese a menti; ou elles sont d'accord avec lui, et alors il les a copies. D'aprs ce que nous avons dit, nous pou:

vons
dre
:

au moins quant aux Hindous

rpon-

anciennes que nous ayons, et cienne n'est pas celle do l'Inde

la plus
(G).

an-

reste dmontrer que ce n'est pas parce qu'il les a copis, que Mose se trouve
Il

XIX.

Les traditions du monde primitif ou sont telles quelles mritent croyance, et alors elles s'accordent avec Mose; ou elles lui sont confoi.

d'accordavec

anciens crivains de l'Inde, mais qu'il est, lui original, ayant reu ce qu'il dit ou de la rvlation ou de la tradition.
les
,

traires, et alors elles sont indignes de toute Je vais prouver que celte seconde partie du dilemme est vraie par l'examen de la chro-

n'a pu se servir des Puranas qui lui sont postrieurs de prs de deux mille ans, ni des Vdas, ni du code de Menu car,
;

XX. Mose

Y Ibidem. !1 uvres de Joncs, 2)


5)
Il

t.

III.

curieux de voir les noms de Cush, de Misr el de Rauru conservs par le sanskrit et rvrs parles Hindous, au dire de .loues, ce que Maurice, Histoire de f H indoustan, confirma ainsi i Sur l'a ulorii de Jones, nous affirmons que les langues primitives de ia Chalde et de l'Inde diffrent peu, que le nom d'Adam, en racine snnskrite, est Adim ou le premier; que dans le Menu des Indiens on doit reconnatre le patriarche Neeli ou Neah, que leur grand hros Bali, (ou Beli) appel par leurs voisins Beso est Baal, et que dans tout ce que l'on a fabuleusement racont de Dionisius de l'Inde, s'il y a quoique ce soit de vrai, il faut le rapporter Rama, fils de Cush, hros ador dans tout la pays. (4) Recherches asiatiques, t. III.
est
:

Neuvime discours, Recherches asiatiques, t. II . Tout ce ipie nous avons rapport comme extrait des livres sacrs de lTnde,est profess par les brames. (Voir la Lettre du P. Bouchet. Lettres difiantes,
(5)
(fi)

tome XI.)

nologie de l'Inde. XXI. J'apporterai l'appui de mon opinion les tmoignages des hommes qui se sont le plus occups des livres hindous, Saint-Croix, Anquetil, Maurice, Jones, Wilforl, Bentley et Dubois; j'invoquerai aussi ceux de Laplacc, de Klaproth et de Cuvier. Saint-Croix (Ezour-Vedam) s'est attach faire voir que les calculs des livres indiens, par exemple, du Bagavadam, sur l'antiquit du monde ne sont que le rsultat des rveries de leurs auteurs; il oppose leurs priodes une observation de Le Gentil (Mmoires de l'Acadmie des Inscriptions, t. XXXIX), de laquelle il rsulte que la quatrime, dite Kaly-Yougam ou de ['infortune, commence 4929 ans avant l'anne 1828. Anquetil (Description historique et gographique de l'Inde ) s'est aussi occup de dmontrer que les priodes passes, et spcialement les trois premires, sont simplement ou astronomiques ou imaginaires. Maurice (Histoire de l'Inde, 1. 1 ) regarde ces priodes comme fabuleuses. Jones pense que la chronologie suivie par les Hindous (leur chronologie historique) ne
, ,
-

455

LES LIVKES DE L'INDE ET LA GENSE.


,

454

s'loigne pas de celle de Mose, et son tmoignage sur cette concordance inspire d'autant plus de confiance qu'il dclare que s'il et trouv un rsultat oppos, il l'et publi avec
la

franchise. et Bentley, associs de l'Acadmie de Calcutta, qui ont laiss les discussions les plus savantes sur la chronologie des Hindous (Discours sur la chronologie des Hindous!

mme

Wilfort

observent que Indes peu monle aprs l'expdition d'Alexandre strueux systme actuel n'tait pas encore imagin, et cette observation conduit regarder les Puranas comme postrieurs de plusieurs sicles Mgastne. Les deux crivains prcits ne regardent aussi les priodes sur lesquelles se basent les antiquits inReeherclies
asiatiques,
t.

V)

quand Mgastne parcourut

les

diennes, que comme astronomiques ou potiques et nullement comme historiques amas confus qu'elles sont de fables incohrentes, sans suite, sans lien, enveloppes d'allgoi les obscures. Laplace (Exposition du systme du monde) a mis l'avis suivant Les' tables imliennes ont deux poques principales qui remontent, l'une tanne 3 02 avant notre re, l'autre 1491. Ces poques sont lies pur les mouvements du soleil, de la lune et des plantes, de manire qu'en partant de laposilion que les tables indiennes assi tous ces astres la seconde poque, et remontant la premire au moyen des tables, on trouve la conjonction gnrale quelles supposent cette poque primitive. Le savant clbre dont je viens de parler, Bailli, a cherch tablir, dans son Trait de l'astronomie indienne, que cette premire poque tait fonde sur les observations. Malgr ses preuves exposes avec la clart qu'il a su rpandre sur je regarde les matires les plus abstraites comme trs-vraisemblable qu'elle a t imagine
;
: ,

de ces tables et surtout l'impossibilit de la conjonction gnrale qu'elles supposent, prouvent qu'elles ont t construites ou du moins rectifies dans des temps modernes. C'est ce qui rsulte encore des moyens mouvements qu'elles assignent la lune par rapport son prige, ses nuds et au soleil, et qui, plus rapides que suivant Plolme, indiquent qu'elles sont postrieures cet astronome ; car on sait par la thorie de la pesanteur universelle, que ces trois mouvements s acclrent depuis un trs-grand nombre de sicles. Ainsi ce rsultat de la thorie, si important pour l'astronomie lunaire, sert encore ci clairer la chronologie. Cependant l'antique rputation des Indiens ne permet pas de douter qu'ils aient dans tous les temps cultiv l'astronomie. Lorsque les Grecs et les Arabes commencrent se livrer aux sciences ils allrent en puiser chez eux les premiers lments. Klaprolh (mmoire relatifs l'Asie) dclare
,
,

qqe

les tables astronomiques, auxquelles on avait -itlribu une antiquit prodigieuse, ont t construites dans le septime sicle de l're

vulgaire et ont t postrieurement, reportes

par des calculs une poque antrieure. Cuvier (discours sur les rvolutions de
:

la

pour donner dans le zodiaque une commune origine aux mouvements des corps clestes.

surface du globe), membre lui-mme de la socit de Calcutta, s'exprime ainsi Les listes de rois que des pandits ou docteurs Indiens ont intendu avoir compiles d'aprs ces Pouranas, ne sont que de simples catalogues sans dtails ou orns le dtails absurdes, comme en uvaient les Chaldens et les Egyptiens; comme Tri thme et Saxon le grammairien en ont donn pour les peuples du Nord. Ces listes sont fort loin de s'accorder; aucune d'elles ne suppose ni une histoire, ni des registres, ni des titres le fonds mme a pu en tre imagin par les potes dont les ouvrages ont t la source. L'un des pandits qui en ont fourni M. Wilfort, est convenu qu'il remplissait arbitrairement avec des noms imaginaires les espaces entre les rois c:

Nos

dernires tables astronomiques considrablement perfectionnes par la comparaison de la thorie avec un grand nombre d'observane permettent pas d'adtions trs-prcises
, ,

mettre la conjonction suppose dans les tables indiennes : elles offrent mme cet gard des diffrences beaucoup plus grandes que les erreurs dont elles sont encore susceptibles. A la vrit quelques lments de l'astronomie des Indiens n'ont pu avoir la grandeur qu'ils leur assignent que longtemps avant notre re : il faut, par exemple, remonter jusqu' six mille ans pour retrouver leur quation du centre du soleil, filais indpendamment des erreurs de leurs dterminations on doit observer qu'ils n'ont considr les ingalits du soleil et del lune que relativement aux clipses dans lesquelles l'quation annuelle de la lune s'ajoute l'quation du centre du soleil, et l'airimenle d'une quantit peu prs gale i la diffrence de sa vritable valeur, celle des Indiens. Plusieurs lments tels que les quations du centre de Jupiter et de Mars sont trs-diffrents dans les tables indiennes de ce qu'ils devaient tre leur premire poque : l'ensemble
,

lbres, et il avouait que ses prdcesseurs en avaient fait autant. Si cela est vrai des listes qu'obtiennent aujourd'hui les Anglais, comment ne le serait-il pas de celles qu'bou-Fazel a donnes comme extraites des annales de Cachemire, et qui d'ailleurs, toutes pleines de fables qu elles sont ,ne remontent qu ' quatre mille trois cents ans, sur lesquels plus de mille deux cents sont remplis de noms de princes dont les rgnes demeurent indtermins quant leur dure. L're mme d'aprs laquelle les Indiens comptent aujourd'hui leurs annes, qui commence cinquante-sept ans avant Jsus-Christ, et qui porte le nom du prince appel Vicramaditjia ou Bickermadjit, ne le porte que par une sorte de convention; car on trouve, d'aprs les synchronismes attribus Vicramaditjia, qu'il y aurait eu au moins trois, et peut-tre jusqu' huit ou neuf princes de ce nom, qui tous ont des lgendes semblables qui tous ont eu des guerres avec un prince nomm Saliicahanna; et, qui plus est, on ne sait pas bien si cette anne cinquante-sept avant Jsus-Christ est celle de la naissance, du rgne ou de la mort de Vicramaditjia,, dont elle porte le nom. Enfin, les livres les plus authentiques des In",
,

ia5 (tiens

DEMONSTRATION EVANGELIQUE. BRUNATI.


,

456

dmentent par des caractres intrinsl'antiquit que ques et trs-reconnaissables ces peuples leur attribuent. Leurs Vdas, ouiivres sacrs, rvls selon eux par Brama luids l'origine du monde, et rdigs par Viasa (nom qui signifie autre chose que collecteur) au commencement de l'ge actuel, si l'on en juge par le calendrier qui s'y trouve annex et auquel ils se rapportent, ainsi que par la position des colures que ce calendrier indique,

mme

peuvent remontera trois mille deux cents ans, ce qui serait peu prs l'poque de Mose. Peut-tre mme ceux qui ajouteront foi l'assertion de Mgasthnes, que de son temps les Indiens ne savaient pas crire ; ceux qui rflchiront qu'aucun des anciens n'a fait mention de ces temples superbes, de ces immenses pagodes, monuments si remarquables de la religion des Brames ; ceux qui sauront que les poques de leurs tables astronomiques ont t calcules aprs coup, et mal calcules, et que leurs traits d'astronomie sont modernes et antidats, seront-ils ports diminuer encore beaucoup celte antiquit prtendue des Vdas? Cependant, au milieu de toutes les fables braminiques, il chappe des traits dont la concordance, avec ce qui rsulte des monuments historiques plus occidentaux, est faite pour
tonner. Ainsi leur mythologie consacre les destruclions successives que la surface du globe a essuyes, et doit essuyer l'avenir; et ce n'est qu' un peu moins de cinq mille ans qu'ils font remonter la dernire. L'une de ces rvolutions, que l'on place la vrit infiniment plus loin de nous est dcrite dans des termes presque correspondants ceux de Mose, M. Wilfort assure mme que dans un autre vnement de cette mythologie, figure un personnage qui ressemble Deucalion, par l'origine, par le nom, par les aventures, et jusque par le nom et les aventures de son pre. Une chose galement assez digne de remarque, c'est que dans ces listes de rois, toutes stoutes peu historiques qu'elles sont, les ches Indiens placent le commencement de leurs souverains humains (ceux de la race du soleil et de la lune), une poque qui est peu prs la mme que celle ou Clsias, dans une liste entirement de la mme nature, fait commencer ses rois d'Assyrie (environ quatre mille ans avant le temps prsent). Cet tat dplorable des connaissances historiques devait tre celui d'un peuple o les prtres, hrditaires d'un culte monstrueux dans ses formes extrieures et cruel dans beaucoup de ses prceptes, avaient seuls le privilge d'crire, de conserver et d'expliquer les livres ; quelque lgende faite pour mettre en vogue un lieu de plerinage, des inventions propres graver plus profondment le respect pour leur caste, devaient les intresser plus que toutes ils les vrits historiques, Parmi les sciences pouvaient cultiver l'astronomie, qui leur donnait- du crdit comme astrologues ; la mcani, , ,

que qui les aidait lever les monument ?, signes de leur puissance et objets de la vn\ alion superstitieuse des peuples ; la gomtrie base de l'astronomie comme de la mcanique, et auxiliaire important de l'agricu ure dans ces vastes plaines d'alluvion qui ne pouvaient tre assainies et rendues fertiles qu' l'aide de nombreux canaux ; ils pouvaient encourager les arts mcaniques ou chimiques qui alimentaient leur commerce, et contribuaient leur luxe et celui de leurs temples : mais ils devaient redouter l'histoire qui claire les hommes sur leurs rapports mutuels. Voil l'opinion de Cuvier, il est donc prouv que la fabuleuse antiquit de l'Inde est le fruit, ou de la vanit ou de la duplicit, et n'est consacre que par l'ignorance ou la superstition. Qui osera dsonnais opposer Mose un systme de chronologie histurique aussi dfectueux que
,

celui des libres.

Dubois (Murs, institutions et crmonies des peuples de l'Inde) pense que les trois premires priodes indiennes prcdant
la

qua-

trime, leur kaly-yougam, n'ont rien d'historique et n'ont t inventes que pour parer la nation d'une antiquit imaginaire. Cet auteur tablit que l'anne 1825, par exemple, correspond l'anne 4,926 du kaly-yougam, et que tous les documents et les monuments datent de celte priode. Le temps, d'aprs le calcul indien, coul entre le dluge et la naissance de Notre-Seigneur Jsus-Christ est de 3,102 ans; celte priode prsente une diffrence de 770 annes avec les calculs de la

Vulgate, mais elle se rapproche beaucoup de celle des Septante qui est de 3.258 annes, eo s'appuyant de l'avis de Tourneminc et de quelques autres qui tablissent 3,234 entre l're chrtienne et le dluge, en rapprochant la priode des Septante et le kaly-yougam,
la diffrence sera bien petite.

XX11. Ainsi, spe premente Deo, fert Deus opem. La divine Providence a suscit des hommes d'une science profonde, tant en Europe qu'en Asie, qui sont venus aprs d'immenses recherches sur la science sacre des Brames, rendre tmoignage en faveur de Mose contre quelques crivains qui avaient cru lui opposer les livres hindous. Ainsi se vrifie ce que j'ai d'abord dit de l'accord des livres sacrs de l'Inde avec la version mosaque, sur la cration, l'origine du genre humain, le paradis terrestre, la chute de l'homme, etc., etc., et il en rsulte que les rcits indiens ne mritent confiance que quand ils s'accordent avec Mose; ainsi encore les livres hindous viennent augmenter la foi et l'honneur qui sont dus la Sainte Ecriture vritable source de la vrit , fondement de toute histoire, seul flambeau qui claire sur l'origine du monde, sur l'actiondivine et sans lequel la science du temps, de Dieu, de l'homme, n'est plus qu'un chaos
aller
,

sans fond, un labyrinthe obscur.

457

DES LEGISLATIONS PAENNE ET MOSAQUE.

ir-s

CRITIQUE
DS ANCIENNES LEGISLATURES PAYENNES
ET DFENSE DE LA LGISLATION MOSAQUE.
r@_
Les lgislations anciennes, quelqueclbres qu'elles soient par leur antiquit, la prudence avec laquelle elles furent donnes, et les peuples qu'elles ont rgis, sont-elles d'un or si pur qu'il soit exempt de toute scorie? Voil ce que nous voulons examiner brivement. Donnera-t-on une lgislation qui ne prescrit point l'homme les devoirs qui forment la socit, les noms de sage et de parfaite? Car le pre, le fils, l'poux, l'pouse, l'artisan, l'agriculteur, le savant, le
1.

du reste du monde, adonn aux soins de ses terres, opprim souvent par des nations plus puissantes que lui, parmi lesquelles il vivait; d'un peuple que la philosophie et la littrature des sages de la Grce et du Latium n'ont pas fauss avec, dis-je, la lgislation donne par Mose au peuple hbreu, dans un temps o les peuples les plus renomms pour leur
;

prtre, le citadin, le sujet, le prince doivent voir dans la loi en mme temps la rgle de leurs actions et la dfense de leurs droits naturels, et retrouver dans le code de la lgislation la voix de la nature elle-mme, ou plutt de son auteur. La loi qui ne serait pas l'cho parfait de cette voix qui (Cicron, pro Milone), venant du Lgislateur suprme, se fait entendre au cur des hommes de toutes les nations, serait nulle par cela mme. Ce sera donc toujours un grand dfaut pour une lgislation de prescrire et de dterminer tous les devoirs de l'homme vis--vis de lui-mme et de la socit, des nations entre elles, et de ne pas se mettre en peine des devoirs que la reconnaissance et la soumission inspirent l'gard du pre commun, ce qu'elle ne peut faire qu'en tablissant un culte correspondant la nature de Dieu et la nature de l'homme. Bien plus, ne pas donner une nation une religion prsentant Dieu comme exemple et loi de toute vertu, censeur de toutes les actions humaines, punissant ou rcompensant

science et leur littrature languissaient encore dans leur berceau, et o le nom (Le juif Josphe.cont. Ap. I. II, 21, 15) de lgislation n'avait pas encore t prononc, et vous verrez combien elle est loigne des dfauts des autres lgislations, et vous serez oblig, mme seulement cause de cela, de la croire l'uvre de Dieu.
III. Nous commencerons par exposer quelques-uns des normes dfauts des lgislations antiques, puis nous essayerons de' dfendre Mose des faules qu'on lui impute tort; nous regretlerons de ne pas avoir le temps de faire

la valeur de sa lgislation considre militaire, civile, criminelle, sanitaire et religieuse. Quel temps ne faudrait-il pas consacrerau seul Dcalogue, dont Filangieri (Scienza delta legislat.,l. IJasijustementdil://

voir toute

comme

dans son

infinie justice;

une religion (War-

burton, Union de la religion et de la politique), en un mot, qui soit l'honneur, l'appui et la vie de l'homme et de la socit: ce serait une omission coupable. Platon (Epinom.) a donc eu tort dans son temps de dfendre au lgislateur de porter la main sur la religion, dans la crainte de ne pas lui en substituer une plus certaine; car si celle dfense est fonde quant la religion chrtienne, qui, considre en elle-mme, dans ses fondements et dans son tablissement, se prsente comme l'unique croyance qui corresponde la nature de Dieu et de l'homme, jamais prcepte n'a t plus faux dans le temps de Platon, o le. lgislateur ne devait craindre en aucune 'faconde trahir la vrit, ou de dshonorer l'humanit, ou d'offenser la Divinit, en substituant l'idoltrie le monothisme, la prostitution et au vice encenss sur les autels la pudeur et la vertu, et au fatalisme l'ide d'une Providence cleste, IL Pesez aussi les lgislations des peuples et des nations qui eurent un nom avant la venue de Jsus-Christ, et comparez-les avec les lois d'un peuple pour ainsi dire squestr
i

contient en peu de prceptes ce qu' peine cent codes de morale pourraient renfermer. L, continue Filangieri, les devoirs dcVhommc envers Dieu.envers lui-mme, envers les autres hommes, sont admirablement dfinis. Le culte intrieur et extrieur qu'il prescrit est plein de puret et de pit. L la superstition et l'idoltrie sont galement proscrites. La paix des familles, l'honntet conjugale, la tranquillit publique sont l avec leurs consquences. Qui ne voit de quelle utilit peut tre la lgislation un modle aussi parfait? Goguet (Origine des lois, desarts, etc., t. 111) ditaussique les seuls prceptes du Dcalogue renferment, avec la

plus sublime vrit, plus de maximes propres assurer le bonheur des hommes que tout le reste des crits de l'antiquit profane. Quoi de plus? On emplirait un vaste trait avec
ces

deux commandements

seuls

Aime Dieu

de tout Ion cur, de loute ton me, de tout ton esprit, de toutes les forces (Dcut. VI) ; aime ton prochain comme toi-mme je suis le Seigneur (Jr., XIX). Jsus-Christ (Malt., XXIIJ n'a-l-il pas dit que ces deux prceptes sont loute la loi et les prophtes? Et le grand saint Augustin (Ad Volusian.l. XXXV11) n'at-il pas crit Qu disputationes, qu (itterw
:
:

quorumdampliilosophorum : qu leges quarumiibet civilatum duobus prceptis, ex quibus


Christus dicit totam legem prophetasque pendere, ullo modo sint comparand? Diliges etc. lliv Physica, quoniam omnes omnium naturarum causa', in Dco Crealore sunt. Hic elhica,quoniumvitabonaethonrstauonaliiimle
(Quinze.)

Dmonst. Evang. XIV.

DEMONSTRATION EY ANGELIQUE. BRUNATI. d'oeil aux uvres formatur quam cum ea qu diligenda sunl, quemadmodum diligenda sunt diliguntur: hue d'Aristote.
489
est,

4 G*

politiques de

Platon et

Deus etproximus Hic

logica,

quoniam Ve-

ritas

tumenqueanimralionalis,nonnisi Deus est. Hic eliamlaudabiiureipublic salus :neque enim conditurel custoditur oplime civitas, nisi fundamento et vinculo fidei firmque concordi, cum bonum commune diligitur, quod summum ac verissimum Deus est, atque in illo invicem sincerissime et diligunt homines, quum propter illum se diligunt, cui, quo animo
diligunt, occultare
S'il

V. Portons nos regards sur l'Inde. Qui ne regardera comme un extrme dfaut, quoi qu'en dise Robertson, la loi tablissant la
division (Zola, Lez. di sloria dlie legge e dei coslumidei popoli, tom. 1) des offices et leur succession en quelques familles et le- degr d'avilissement auquel est condamne la tribu des parias pour les fautes de ses pres, tandis

que

la nature regarde

si

peu aux gna-

seules Tay a tant du Dcalogue et mme de leurs deux prceptes fondamentaux, combien ne fau|drait-il pas de temps pour toute la lgislation de Mose, qui renferme, selon Bouchard (Comment, sur la loi des Douze Tables, tom. I),
bles la meilleure constitution, les lois les plus parfaites, et un modle de lgislation le plus par-

non possunt. dire sur les deux

logies dans la distribution des talents et de ses faveurs? Qui pourra (Zola, opus citatum)

louer une

loi

ou un usage qui condamne

la

femme ou

Plus on mdite les lois de Mose selon fait. !Goguet(jLoco cit.) plus onaperoit de sciences et de lumires en elles : caractre infaillible de divinit qui manque toutes les uvres des hommes, dans lesquelles un examen approfondi fait toujours trouver de grands dfauts. Outre cela encore, ces lois ont Vinestimable avantage de n'tre pas sujettes toutes les rvolutions communes toutes les lois humaines, qu'il faut de temps en temps corriger en changeant ou en retranchant ou en ajoutant quelque chose. A la lgislation de Mose, au contraire, aucun changement : exemple unique d'une dure de plus de 3000 ans. Si Mose n'avait point i l'instrument de Dieu, pu, quelque gnie qu'on veuille lui il n'et supposer, tirer de sa propre tte des fois parfaites ds leur naissance, pourvoyant tout ce qui a pu arriver dans la suite des sicles, sans la moindre modification ; jamais lgisi

tre enterre vive avec son mari mort, ou tre brle avec lui, ou un veuvage ternel ? Qui n'abhorrera pas une lgislation qui ne sait empcher une tribu, celle des Taxes, au rapport de Strabon (Code de Gentoux) d'exposer contre toute pudeur ses filles nues pour qu'elles trouvent des maris ? qui tolre

parmi plusieurs Indiens

le

honteux usage de

prter leurs femmes leurs voisins ( Zola, opus citatum ); ou suivant Hrodote ( His. univ. angl. tom. XX), de permettre certaines peuplades prs le Caucase d'user des femmes sans pudeur sur les chemins publics? Et que dire de cette ridicule (Zola, opus citatum) et dangereuse dfense de tuer les animaux malfaisants cause de la mtempsycose. Quels ravages ne devait pas faire dans la morale, le Faultierisme ( Bergier, Dict., art. Indiens) auquel les livres des brames semblent si favorables. Ce n'tait certes pas encourager l'honntet que d'enseigner que l'homme tait lav de toute faute par l'eau du Gange ou qu'il est assur de son salut s'il meurt en tenant la main la queue d'une vache, et autres choses semblables. Parmi les sentences du brame Patrovarus
,

lateur n'a eucette jouissance, et Mose crivant comme homme, sans l'inspiration de l'Etre suprme, n'et pas ainsi fait. Slapper (Biog. univ. art. Michalis) ne raisonne pas autrement : Dans la lgislation de Mose on voit, pour ainsi dire, des yeux la sagesse inexplicable et surhumaine d'un chef de nation qui ne connaissait ni la Palestine, ni les besoins religieux de la race humaine dans la suite de ses destines, et qui n'en promulgue pas moins ses lois, et qui n'en fonde pas moins les institutions les plus appropries leurs fins les plus recules, constituant au milieu du domicile de ces colons qu'il ne devait jamais connatre, et colons entrant si difficilement dans ses vues, une action et une raction rciproques avec

une

telle prvoyance qu'il ne se trouve pas seulement tre le fondateur d'un tat nouveau, mais encore le lgislateur de la morale

(A. Auger, la Porte ouverte), celle-ci est digne de remarque Le prince doit inviter les courtisans et simuler bien des choses. Tantt il doit dire la vrit avec les bons et tantt mentir avec les fourbes ; tantt tre humain tantt tre ddaigneux; tantt s'adonner' aux bonnes uvres tantt aux mauvaises tantt accumuler des richesses et dans d'autres temps les rpandre pleines mains. Ainsi dit Zola (Loco citato), chez les Indiens on a trouv les traies d'un machiavlisme bien plus ancien que Machiavel. Qui pourra dire, aprs un svre examen du livre du Prince: Malheur au serviteur, la famille, au peuple qui a pour matre, pour pre, pour roi un Machiuvel, sans plaindre aussitt l'affreuse condition des Indiens qui trouvent une si fatale morale chez
:

universelle.

leurs sages et chez leurs prtres! VI. Mais laissons l les Indiens pour passer aux Chinois , assez heureux pour avoir

IV. Sans chercher exprimer quel est le prix du corps entier des lois de Mose, venons notre objet et jetons d'abord les yeux sur les lieux o se rfugirent la science et la bonne morale, aux contres les plus loignes, je veux dire sur l'Asie; nous viendrons de peuple en peuple la grande Rome,
et

en finissant

nous

donnerons

un coup

un Confucius , le plus sage des lgislateurs des temps Payens (Pasloret, Zoroastbe, Confi ciusetMAHOMET), et des temps qui suivirent. Toute lgislation qui, comme la sienne cependant n'aura pas pour fondement une ide claire et certaine de Dieu, qui ne tiendra pas pour vraies la spiritualit et l'immorlalil de l'me, et l'ternit des peines de la vie future, sera toujours faible et dfectueuse. On no

461

DES LEGISLATIONS PAENNE ET MOSMQUE.


le

462

pourra que mpriser une lgislation et un peut. 111) les ple qui pour corriger (Dwscalde enfants et pour les rendre meilleurs permet
,

jamais tolrer la permission accorde aux Persans d'pouser


leurs

peuple.

On ne pourra

surs

pres de les vendre comme esclaves de les accuser sans appel, d'tre couls (Zola, loc. cit.) comme des oracles, comme si la colre , la vengeance , tous les torts fussent toujours du ct des enfants; qui dfend aux magistrats d'entendre les plaintes des fils contre les pres , si leur accusation n'est pas signe par l'aeul; Pastoret, loco citato) qui fait [Montesquieu, Esprit des lois) participer au chtiment du coupable toute sa famille quoiqu'elle ait t trangre au crime, tandis qu'il faudrait la louer (Platon, des Lois) et la rcompenser pour avoir repouss les mauvais exemples; qui, allant contre le but et la fin de la nature, mutile par chtiment ces parties que la pudeur dfend de nommer (Pastoret, ib.); qui dforme les pieds et les (Pastoret, ibid.) jambes des jeunes filles; qui punit de mort un (Zola, loco citato) astronome pour avoir mal calcul une clipse; qui admet la rpudiation (Pastoret, ib.; Zola, t, 1) de la femme pour un dfaut qui, bien dire est plutt nature que vice, pour babil, et enfin regarde comme un pch, l'exemple des Indiens, la mort donne tout animal (Confuci us). Tout cela cependant se trouve dans la lgislation de Gonfucius ou dans les usages d'un peuple qui de toute antiquil, en suit et en vnre la doctrine.

aux

mres

que dis-je leurs , leurs filles (Pliilon, des Lois spciales), et de com, ,

en Chine une famille tout , comme entire dans le chtiment d'un de ses membres comme le racontent Corzius et Mar-

prendre
,

cellin.

Ne sparons pas Zoroastre


mariage du
voudrait
,
,

qui

est le prodige des Perses , de notre rprobation, s'il n'a pas mrit le reproche d'avoir

permis

le

fils

avec
(

la

comme

mre

le

Hyde

lib.

XXIV):

attendu que s'il n'y a pas vestige de cette permission comme l'observe Pastoret dans Zend-Avesta il y a toutefois suffisamment molif de blme puisqu'il donne aux pres le droit de marier les filles avant qu'elles soient arrives l'ge de discernement, et de les dshriter dans le cas o, cet ge venu, elles ne consentiraient pas cet arrt de leur pre. Il veut qu'une fille, arrive 18 ans sans tremarie, soit chtie, et condamne de longs tourments, jusqu' la rsur, ,

rection gnrale, celles qui meurent vierges. Il tolre comme Epicure, que le roi s'enivre une fois par an. Il ordonne mille prires pour les semailles il promet le ciel et l'accomplissement de tous leurs dsirs ceux qui ont soin des bestiaux et qui leur fournissent de bons pturages. Dans la fte dite
,

Vana

nous remontons aux Assyriens et aux Babyloniens noms illustres dans l'histoire des anciennes nations, il nous suffira de noter la prostitution publique laquelle chaque jeune fille tait oblige de se soumettre une fois dans le temple de Melilta (Hrodote, l. I) avant de se trouver un mari, ou mieux, un acheteur. Malheur une nation devenue si honteusement lche et soutenue pour de semblables mursl Ajoutons toutefois que
VII.
Si
,

semblable aux Saturnales , il fait excuter un coupable, aprs en avoir fait un roi de comdie et lui avoir permis le commerce le plus libre avec les concubines
,

du vritable
si

chez
tout

les

homme

suffisait

Assyriens la loi forait (Zola, t. Il) avoir une femme, comme s'il pour remplir les devoirs de pre de

roi. Je suis port croire que trouve dans les lois et dans la morale de Zoroastre d'assez bonnes choses, elles viennent des croyances sacres des Juifs, desquels ils les avaient reues, en causant avec quelques-uns d'eux", peut-tre avec Daniel ou Ezchiel, qui vivaient en mme temps que lui. Plus que chez tout autre paen on trouve dans ses prceptes et dans ses rites une dfiguralion des dispositions

l'on

mettre au monde des enfants ; et si nous accordons foi Ammien Marcellin (liv. XIV), disons qu'ils furent les auteurs de l'infme usage de mutiler la nature pour rassurer les matres sur la fidlit de leurs esclaves l'gard de leurs femmes. VIII. LesMdes seront-ils exempts de toute critique, s'ils prescrivaient, comme leraconte d'avoir sept femmes, Zola (opus citatum) s'ils cimentaient leurs contrats par l'mission de leur propre sang (Zola, ib.), s'ils jetaient, commele dilBardesanes (Zola, t. II), en pture aux chiens, les corps de leurs proches et de leurs amis sur le point d'expirer? Aurons-nous assez de respect pour la mmoire des rois Modes et Assyriens et de tous les autres Asiatiques vivants comme les dieux d'Epicure, spars du reste des mortels, et pour ces rois des Perses qui se faisaient honorer comme des dieux, et par l'ordredequi,suivantPhilostrate, on prsentait tout entrant dans Babylone une statue d'or pur les reprsentant, pour qu'elle ft adore ? IX. Dtachons nos regards du trne de nonarques si levs pour les reporter sur
,
,

lgales des Juifs.

X. Examinons le peuple qui suivant quelques-uns, transmit les sciences au monde, les Egyptiens. Nous dclarerons bien vite contraire au bon sens l'hrdit des conditions que nous avons dj rencontres
,

chez les Indiens (Zola, tom. II), la protection accorde aux voleurs (Ibidem), auxquels la loi laisse la quatrime partie de leurs larcins s'ils se sont dcouverts eux-mmes; l'autorisation du mariage des frres et surs, l'exemple des dieux Isis et Osiris, la pratique des infmes rites de Bacchus et de Diane , dcrits par Hrodote et Diodore et enfin un Code pnal si terrible, que Sabacon, que l'on regarde comme l'Aurlien de l'Egypte, ne put en tolrer l'usage (Ibidem). XI. Malgr le petit nombre de lois de Carthage que nous ne connaissons encore que par Hrodote, Diodore de Sicile, Plutarquc et Justin il suffit de rappeler l'ignominieux usage des sacrifices humains ofierts Saturne (Rollin, Histoire ancienne), pour faire de ces lois une critique suffisante. XII. Venons maintenant la lgislation
,

155

DMONSTUATION VANGLIQUE. BRINATI.


,

iU

cause de (!e celui que les poles onl plac svrit, la porte des enfers, pour jusa ger et condamner suivant ( Dante Inferno , V,2) les lois de Minos. Vous saurez que d'aprs elles aucun lucre (Polybe) n'tait honteux. Elles avaient un but (Platon) unielles taient dshonores la guerre que par l'approbation d'une passion (Zola) dsapprouve par la nature, et par la permission d'excs dont on ne parle pas sans frmir
,

de honte.
XIII. On conoit les plaintes de Cicron (De Bepublica, l.'lY) sur les lois donnes par

Lycurgue aux Lacdmoniens Lacedemonii cum omnia concedunt in amore juveipsi num prter stuprum tenui sane muro dissepiunt id quod excipiunt complexus enim,
: ,
,

Pallas inter peconcubilusque permiltunt cus. Ouc ne dit pas Plularque (Vie de Lycurgue) des honteuses dbauches, des sodomies et des adultres permis Sparte Les jeux pu:
!

blics,

o paraissaient non-seulement des


,

gar-

ons nus
le

mais aussi des jeunes


,

filles

dans

mme tat seront toujours l pour entacher la mmoire de cette fire rpublique, quoi que Plutarque (Vie de Lycurgue) en ose dire. Et le dshonneur de l'humanit, de Sparte (Platon, de Legibus, l. X), comme de la Crte, sera toujours une ducation qui n'aura pour but que de former des hommes robustes des soldats Omnino illud honeslum, dit Cicron, quod ex animo excelso magnificoque qurimus, animi efficitur, non corporis viribus. Le dplorable principe qui prsidait l'ducation avait pour consquence l'exposition sur le mont Taygte de tout enfant qui naissait difforme. Lira sans horreur qui pourra les mauvais traitements habituels des Spartiates envers les Ilotes (Voir le mmoire de Caperonius, Inscriptions
,

peine est Irop faible pour la faute. Solon ruine les uns pour enrichir les autres. Pour remettre les dettes il viole la proprit. Ayant rtabli les quatre cents juges du Prytane, et ayant donn au peuple l'autorit souveraine, il fit dire bon droit Anacharsis Je m'tonne de voiries sages dlibrer et les fous dcider. Et saint Augustin (de Civitate Dci, I. III) aprs avoir dit avec Sirius (/. III): Romani ab Atheniensibusmuluati sunt leges Solonis ajoute Tamen, non ut acceperint tenuerunt sed meliores et emendaliores facere conati sunt. Et n'est-il pas vrai, comme le raconte Plutarque (leco citato) que Sointerrog sur ses lois lon lui-mme les appela les meilleures que les Athniens pussent porter excuse insuffisante pour tous les dfauts de cette lgislation. XVI. Arrivons enfin aux lois des Douze Tables ayant pour base les lois de Solon et des autres lgislations de la Grce, d'o elles furent apportes par des hommes habiles. Il suffira de citer un petit nombre de leurs normes dfauts pour soulever le mpris contre elles. Cicron (Deorat. IV), crivait en les louant Frcmanl omnes licet , dieam quod sentio : bibiiothecas mehercule, omnium philosophorum unus mihi videtur
,
:

Duodecim Tabularum libellus, si quis legum fontes et capita videril et auctoritatis pondre, et ulilitutis uberlate superare. Quantum prstiterint nostri majores prudentia cteris genlibus, tum facile intelligetis , si

cum illorum Lycurgo, et Dracone et Solone, nostras leges conferre volueritis. Jncredibile est enim quam sit omne jus civile, prter hoc nostrum, inconditum, ac pne ridiculum. La dernire loi de la troisime Table si on
,

et Belles-Lettres).

XIV. 11 suffira de dire des lois donnes par Dracon aux Athniens, qu'elles taient d'une svrit sans exemple punissant de la peine de mort presque tous les dlits si bien que Demade disait que Dracon n'avait pas crit ses lois avec de l'encre mais avec du sang
:

l'entend comme le jurisconsulte Ccilius (Aulu-Gclle 1. comme Quintiliien ) , et Tertullien (Apolog., adv. ( Jntit. 1. XIII ) gent. ) et comme les lgistes modernes parmi lesquels il faut compter Filangieri
,

XX

{Plutarque, vie de Solon). XV. Les lois de Solon, si honores parmi les sages de la Grce, en faisant abstraction de ce qu'elles ont emprunt de celles des Hbreux, comme le veut Huet (Dmons t. vanglique), resteront bien imparfaites , encore que l'on voile les vices abominables du culte. Plu-

tarque (loco citato) lui-mme trouve inconvenante et ridicule cette loi qui permet la femme hritire, quand celui qui lui est uni est impuissant, de s'unir avec l'un de ses plus proches parents. Il avoue aussi qu'il y a dans lois touchant les femmes beaucoup de les choses dcousues : car il permet celui qui peut prendre un adultre sur le fait de le tuer, et celui qui a ravi ou pris de force une femme de libre condition , n'est condamn qu' une amende de cent dragmes d'argent, et celui qui en aura t le courtier, qui l'aura amene , vingt dragmes seulement , except si cite est de celles qui se vendent publiquement. Quelque rare que ft le numraire Athnes, la

dlia legislazione, t. 1" ) , fera tou( Scorso jours frmir. Elle dit Poslea de capite addicti pnas sumito, aut si volet ultra Tiberim peregre venumdalo. At si pluribus addictus sit, terliis nundinis partes secanto, si plus minusve secuerunt sine fraude esta (Bouchard, Dicours prliminaire sur la loi des Douze Tables) .La premire loi del quatrime Table n'est ni moins atroce ni moins contre nature, elle est tire d'une autre loi que nous avons vue en vigueur chez les Spartiates : Pater insignem ob deformitatem pucrum cito necato; et la seconde qui donne au pre un droit si tendu: Patriin filiumjus vit necisque polestas eslo. XVIL Mettons en regard des lgislations anciennes les principes des deux grands philosophes de la Grce, Platon et Aristole. La rpublique trace par celui auquel le litre de divin a t donn reslera-t-elle sans tache ? Oui, aux yeux de celui qui pourrait approuver un culte (Platon, de Republica ) qui admet tous les excs par lesquels on honore Bacchus qui dlivre les femmes des lois de la pudeur ( Ibidem ), qui dtruit l'union conjugale, en adoptant la promis
:

*6K
cuite
,

DES LGISLATIONS PAENNE ET MOSAQUE.

propose et- qui des femmes hros les faveurs des courtisanes en change qui justifie le vol, qui de leurs services condamne mort l'esclave se dfendant contre un matre assassin , qui permet aux guerriers la destruction complte de l'ennemi et condamne la mort les enfants ns du commerce d'hommes et de femmes
,

aux

Le discilustre. ple de Platon, par excellence, Aristote voit


parvenus au neuvime
des de son matre, tout en tombant dans d'autres vices semblables dans sa Politique ne conseille-l-il pas aux Ibidem ). femmes d'exposer leurs enfants A la voix d'Aristote, dit Baruel, il n'y aura plus ni galit, ni fraternit. L'homme libre aura reu de la nature elle-mme les chanes dont il charge celui qu'il prive de la libert et l'esclave sera essentiellement Avec les destin gmir sous le joug. sages Platon et Aristote , comme avec Diogne, Solon et Thodore, le droit sacr de la proprit , ce droit saint sur lequel reposent les fondements de la socit, ne sera plus qu'un droit tabli par la force, et tout autre que moi pourra sans injustice semer o j'ai labour, moissonner oj'ai sem, cultiver des fruits o j'ai plant. Le mtier d'assassin et de fripon ne sera plus qu'une profession, comme celle exerce par tant d'honntes citoyens. XVIII. Ne passons pas plus loin, regardons le revers de la mdaille, les vices supposs del lgislation mosaque, savoir: la duret avec laquelle sont traits les vaincus, l'esclavage, la vente des enfants, leur vocation au temple par le seul vu du pre, la servitude, la mise mort de l'homicide involontaire s'il est sorti de sa ville-asile, l'intolrance religieuse , la ngligence du commerce, la polygamie et le divorce. J'espre que les considrations apologtiques suivantes seront utiles en ce qu'elles rappelleront les solutions donnes ces difficults , et peut-tre aussi en fournissant des arguments nouveaux en faveur de cette cause. XIX. H faut commencer par bien se rappeler que les Isralites avaient l'esprit et le cur pleins de vices et des rites effmins de l'Egypte, qu'ils taient destins vivre sur une terre souille des iniquits les plus contre nature, entours de tous cts de peuples dont les murs, les lois et la religion taient remplis de vices, eux qui ont bien de la peine observer une loi parfaite et svre en tout et pour tout; eux qui dans le dsert se rcrient et se rvoltent la voix de Mose, leur chef, qui tombent dans l'idoltrie la plus stupide et la plus abominable, quoique portes sur l'aile de la protection divine ; devant un tel peuple il fut sage et prudent de tolrer des inclinations et des murs propres le tenir en bride, quoique moins conformes au droit. Jsus-Christ interrog par les Pharisiens sur la rpudiation , ne rpondit-il pas lui-mme: Cestcauscdc la duret de votre cur que Mose vous a permis de rpudier vos femmes car ds lo principe il

n'en fut pas ainsi et ceci est l'ponge, selon l'expression de Montesquieu ( Esprit des Lois), de toutes les difficulls qui peuvent se rencontrer sur les lois de Mose. Mais passons l'examen de toutes celles dont nous avons parl et d'abord la duret des procds envers les vaincus. XX. Dieu parle ainsi son peuple ( Ex. XXIII Mon ange marchera devant vous , il
; , )
:

lui-mme

le

danger de quelques-uns
1.

principes {Polit.,

II

vous fera entrer dans la terre des Amorrhens, des Hthe'ens, des Phrzens, des Chananens , des Hvens, et des Jbusens ; car'je les exterminerai: vous n'adorerez point leurs dieux; mais vous disperserez el vous dtruirez leurs statues; vous ne ferez point alliance avec eux ni avec leurs dieux. Ils n'habiteront pas dans votre terre, de peur qu'ils ne vous portent m' offenser en servant les dieux qu'ils adorent, ce qui sera certainement voire ruine si vous le faites. Mose donne cet ordre au peuple : Lorsque le Seigneur votre Dieu vous aura fait entrer en cette terre que vous allez possder, et qu'il aura extermin devant vous plusieurs nations, les Hthcns, les Gergzens, les Chananens, les Amorrhens, les Phrzens , les Hvens, et les Jbusens , qui sont sept peuples beaucoup plus nombreux et plus puissants que vous n'tes ; Lorsque le Seigneur votre Dieu vous les aura livrs, vous les ferez tous passer au fil de l'pe, sans qu'il en demeure un seid. Vous ne ferez point d'alliance avec eux, et vous n'aurez aucune compassion d'eux. Mais quant ces villes qu'on vous doit donner pour vous, vous ne laisserez la vie aucun
,

de leurs habitants.

Mais vous

les ferez

tous passer au

fil

de V-

pe, c'est--dire
,

Amorrhens, les Chananens, les Phrzens, les Hvens et les Jbusens comme le Seigneur [votre Dieu vous le commande ; De peur qu'ils ne vous apprennent commettre toutes les abominations qu'ils ont commises eux mmes dans le culte de leurs Dieux, et que vousne pchiez contre le Seigneur votre Dieu. Voil les ordres contre l'excution desquels on crie si haut, niant ainsi Dieu, en dernire analyse, le droit de mort contre ceux qui ne le craignent pas, comme les habitans des pays de Chanaan. Une telle deslruction fut ordonne par le Seigneur en chlimont des normes iniquits dont la face de celte terre tait toute souille; pour preuve de la vrit de cet argument il faut remarquer ce que Dieu (Gen. ,XV) a dit Abraham qu'il ne lui donnait pas celle terre parce que les iniquits des Amorrhens n'taient pas encore punies. En outre de cela, Dieu voulait la destruction, jusqu'au dernier, de ces nations pour que leur vices ne fussent pas un aiguillon et un pige pour son peuple et que plus tard elles ne se soulevassent pas contre lui ne l'exterminassent ou ne le rduisissent en esclavage. Saint Augustin ( Josu,\). pour clairer la discussion, n'a M Hoc genus belli sine dubil alione il pas crit justum est quod Deus imperat apud quem non est iniquilas et qui novit quod inique in quo exercitus non tant auctor ficri debeat
les Hthe'ens, les
:

467
belli,

DMONSTRATION VANGLIQUE. BRUNATI.

minister judicandus est; et AkerArcheol. Bibl. 289 ) Taie ac detestabile hominum genus delere volens Deus, usus est opra Hebrorum, quibus regionem Chanaan concessit , ut adversus alleros juslitiam suam exercens, sua erga alteros bcnecentia uteretnr, atque ni hi alieno exemplo eavcti divinis prceptis obtemperare, fdosque ac barbaros mores adversari discerent. Et RosenSchol. in deuter., VII ): Hoc genus niuller belli adversus Chananos pcrquam durum sed, ob idololatri periculum ab Us mefait tuendum et perfidiam eorum vuldc necessarium. Du reste il y a lieu de croire que si quelqu j s-unes des villes chananennesse fussent soumises aux Hbreux et avaient ensuite embrass leur religion , si elles eussent envoy des ambassadeurs avant d'tre assiges, elles auraient trouv merci; au lieu d'tre extermines, elles auraient pay un tribut. C'est ainsi que les Gabaonites (Josu, XI) furent assujettis apporter le bois et fournir l'eau pour la maison du Seigneur:

quam
(

l'idoltrie (Deut., XIII).


\

Que

si

Isral

ana-

mann

'

thmatisa de lui-mme, comme cela est racont dans les Nombres (XXI), les Chananens d'Arad, ce ne fut que parce que les intentions de Dieu sur ce peuple rprouv taient connues, et que l'excution fut soumise l'approbation du Seigneur. XXIII. Examinons maintenant les ordres de Mose quant aux villes trangres la
terre

donne au peuplejuif. Mose


:

dit (Deut.,

d'une ville pour l'assiger, pour une juste cause de guerre (Deut., XX, suivant Der Mais duns son travail sur le Deut.), aprs avoir consult le Seigneur ou par Urim et Tummim (Jud., etc.), ou par le moyen des prophtes I, (Rois, XXII), vous lui offrirez d'abord la

XX)

Quand vous approcherez

paix

si elle

l'accepte et qu'elle

ses portes, tout le

vous ouvre peuple qui s'y trouvera sera

c'est

pourquoi

je crois

que

les fils

d'Ephram

n'ont pas tu le Cbananen qui habitait Jezer, mais l'ont seulement rendu tributaire, et que Salomon ( Rois, IX) a soumis aussi au tribut tons les Amorrhens, Hlhens, Hvens et Jhusens qui avaient t soustraits la destruction gnrale, et que les Hbreux n'avaient pu tuer. Le fait de Raab ( Josu, II et VI ) vient tayer celte manire de voir. Et pour prouver sa vrit, Josu (Idem, XI ) ne dit-il pas: Il n'y eut pas de ville qui se rendit aux enfants d'Isral , hors les Hvens qui demeuraient Gabaon, et il les prit toutes de force, car cela avait t la volont du Seigneur que leurs curs s'endurcissent, qu'ils combattissent contre Isral, qu'ils fussent dfaits, qu'ils ne mritassent aucune clmence et qu'enfin ils fussent extermins selon que le Seigneur l'avait ordonn Mose. XXI. Telles taient les dispositions militaires de Mose l'gard des Chananens.

(Job,

XVI

sauv et vous sera assujetti moyennant le tribut; que si elle ne veut point recevoir les condilions de paix, et qu'elle commence vous dclarer la guerre, vous l'assigerez, et lorsque le Seigneur votre Dieu vous l'aura livre entre les mains, vous ferez passer tous les mles au fil de l'pe, en rservant les femmes,
les enfants, les btes et tout le reste

de ce qui
et

se

trouvera dans

la ville (Josphe, Antiq., IV).


le

Vous distribuerez

butin toute l'arme,

Les Amalcites (Exode, XVII; Deutronome, XXV, etc.), puis les Gabaonites et les Bacannites (Nomb., XXI), qui taient des Amorrens d'au del du Jourdain, les Madianites (Nomb., XV) et les Ammonites de
Balbat (Rois, XII), parce qu'ils avaient particulirement irrit Dieu, s'attirrent leur propre extermination de la vengeance divine comme s'ils avaient t Chananens et vous dj par Dieu l'analhme. XXII. Et avant de terminer ce qui a trait aux ordonnances de Mose relatives aux Chananens, je dois dire un mot de ce terrible arrt d'anathme par lequel les villes, les familles, les personnes taient voues sans merci la destruction et la mort (Lv., XXVII). Le Seigneur (Lv., XXVII) seul pouvait lgitimement vouer l'analhme. Ainsi , par commandement du Seigneur, l'analhme pesait sur les villes chananennes qui d'abord n'avaient pas demand merci
,

vous vous nourrirez des dpouilles de vos ennemis que le Seigneur votre Dieu vous aura donnes. C'est ainsi que vous en tiserez /'<fgard de toutes les villes qui seront fort loignes de vous et qui ne sont pas de celles que vous devez recevoir pour les possder. Je ne veux pas nier que la gnrosit et l'humanit ne fassent un devoir de laisser la vie sauve, mme aux dfenseurs d'une ville prise d'assaut quand ils ont pos les armes. Le lgislateur ne peut commander tous, et le guerrier qui sait qu'il vient de prendre juste cause une ville, qui sait avec combien de souffrances, de sang, il l'a prise, qui est encore dans la chaleur de la vengeance, estil capable de suivre les froides rgles de l'humanit? Le lgislateur ne fait-il pas assez s'il parvient dompter et calmer un
et la violence; ainsi a fait faut se souvenir qu'avant la prdication de l'Evangile, le droit de la guerre tait atroce sur toute la terre. Pour que les le

peu

courroux
Il

Mose.

Hbreux n'eussent
la

point

craindre

par

dommages ni embches des peuples ennemis les moyens de terreur et


suite
ni
,

de destruction furent donc sagement tablis. Le droit naturel des gens ne donne-l-il pas la permission un peuple de prendre les moyens de se prserver des attaques futures de son ennemi? L'enuemi ne donne-t-il pas lui-mme la mesure du degr de douceur ou de svrit dont on doit usera son gard? Si le droit de guerre a t adouci par l'Evangile, les anciens, en se contenant dans de telles bornes, se seraient exposs aux offenses des

furent les Amilciles (Exode, XV11), et sur un signe de Dieu, Acan et sa maison (Josu, VII), et tous ceux qui avaient entran les autres
il

comme

a t dit, et

comme

le

dans l'antiquit, les Hgens sont encore ce qu'il y a de moins atroce. Rapprochez du statut que nous venons de faire connatre et de sa cruaut ce que faisaient les autres
autres.
reste,

Du

breux

et leur droit des

409

DES LEGISLATIONS PAENNE ET MOSAQUE


,

470

peuples aprs un assaut, et vous verrez combien Mose a adouci la frocit guerrire. Qu'est-ce que les Grecs n'ont pas fait la prise de Troie et dans la guerre du Ploponse? les Assyriens la prise de Tyr et de Jrusalem ? la prise de Sidon ? Alexandre celles de Thbes, de Tyr, de Gaza? les Perses dans leur invasion de la Grce? les Romains dans l'Epire, Corinthe, Numance, Carthage et Jrusalem ?Germanicus aux bourgs des Marses? Mose avait prescrit au soldat hbreu, l'gard de ses prisonniers de guerre, une conduite tout fait inconnue aux autres peuples et aux autres lgislations Si ayant t combattre vos ennemis, dit Mose (Deut., XXI), le Seigneur votre Dieu vous les livre entre les mains, et que, emmenant les captifs, vous voyiez parmi les prisonnires de guerre une femme qui soit belle, que vous conceviez pour elle de que vous vouliez et l'affection l'pouser, vous lu ferez entrer dans votre maison, o elle se rasera les cheveux et se coupera les ongles ; elle quittera la robe avec laquelle elle a t prise; et, se tenant assise en votre maison, elle pleurera son pre et sa mre un mois durant ; aprs cela, vous la prendrez pour vous, vous dormirez avec elle et elle sera votre femme. Admirable loi s'crie Philon; elle ne tolre pas la licence que l'usage et les lois des autres peuples ne dfendaient pas;
:

nella Polyglotta altoniana) ne voulait1 il pas que ces esclaves trangers fussent mis en libert, l'anne du jubil , suivant la loi

du Lvitique. Est-il donc utile de rappeler avec quelle rserve les Hbreux usaient des

qu'eux-mmes avaient

esclaves, le seigneur leurrappelant toujours servi en Egypte? En outre, des chtiments taient imposs ceux qui se permettaient leur gard de trop mauvais traitements {Ex., XXI). Si un homme frappe son esclave ou sa servante avec '< une verge et qu'ils meurent entre ses
,

sera coupable de crime. Mais s'ils survivent un ou deux jours il n'en sera point puni, parce qu'il les a achets de son argent. Si un homme donne un coup dans l'il de son esclave ou sa servante, et qu'ensuite ils en perdent l'il, il les ren verra libres pour l'il qu'il leur a fait perdre. Il renverra encore libres son esclave ou sa servante, s'il leur fait sortir une dent de la bouche. Le seigneur veut de plus que l'esclave soit exempt de travail [Ex., XX) tous les jours consacrs au repos et au culte. Ils participeront comme des frres [Deut., XXI) aux plaisirs et aux banquets des grandes solennits de la Pentecte et des Tabernacles.

il
,

mains,

pendant trente jours, et en le forant dpouiller de tous les ornements qui pouvaient accrotre sa beaut, sa prisonnire, il donne le temps sa fougue de s'teindre. D'un autre ct, elle vient diminuer la douleur de la pauvre enfant esclave, qui devait tre dsole de ne pouvoir se marier suivant son cur; d'aprs Philon, le Talmud de Jrusalem, Joseph d'Abarbenel, le
elle retient le soldat

Ils auront droit la rcolte [Lv. XXV) des fruits des champs, l'anne sabbatienne, c'est--dire la septime. Mose cherche donc rendre la plus douce possible la condition des esclaves trangers. Et qui lira sans larmes le rcit de l'tat des esclaves chez les autres nations? tat souvent plus malheureux que celui des animaux les plus vils ou des btes froces enchanes. Oui , sans

doute
dre,

la

nature humaine

l'homme, qui ne peut

R. Becca toute espce de familiarit tait dfendue au soldat envers sa captive, pendant ce temps, avant de l'pouser. Mose porte ses regards pour le temps qui suivra les pousailles car il ajoute Que si, dans la suite des temps, elle ne vous plat pas, vous la renverrez libre, et vous ne pourrez point la vendre pour de l'argent ni l'opprimer par votre puissance, parce que vous l'avez hu,
;
:

demande

la libert de , ni s'acheter ni se vencertes plus. Mais Mose ne peut

milie.

XXIV. Mais nous allons entreprendre prsent la dfense du reproche le plus accrdit. La libert, le premier et le plus sacr des droits, est blesse, dit-on par la lgislation mosaque comme par toutes les autres lois de l'antiquit. Nous avons montr quel degr d'inhumanit et de barbarie tait arrive la servitude chez les peuples anciens. r vous allez entendre combien Mose allgeait les chanes, si, en effet, il ne les brisait pas. Ainsi on lit dans le Lvilique [Lev. ). Ayez des esclaves et des servantes des nations qui sont autour de vous. Vous aurez aussi pour esclaves les trangers qui sout venus parmi vous ou ceux qui sont ns d'eux dans votre pays. Vous les lais serez votre postrit par un droit hr ditaire, et vous en serez les matres pour toujours. Le faux Jonathas (Targum, de Ex. XXI,
,

Les temps et les circonstances ont exigences. Le peuple juif tait un peuple dur, vivant au milieu des peuples vouloir le rendnaturs et corrompus; dre parfait et t vouloir le rendre encore plus rebelle et plus prvaricateur. Son histoire est une preuve irrcusable de cette vrit; n'est-elle pas remplie par le rcit de ses pchs et de ses chutes continuelles quoique la main de Dieu le rgt visiblement. Il tait rserv Nolre-Seigneur JsusChrist de faire, avec la seule loi de sa grce, du inonde entier une seule famille sous un seul pre gouverne par le seul lien de
faire tout.

leurs

l'amour, changeant ainsi la terre en un paradis. Les hommes peuvent ainsi apprcier le prix et la sublimit del mission, et de
la doctrine

du divin Rdempteur.

XXV

XXV. Revenons Mose et voyons combien il a voulu que parmi les Hbreux la servitude des nationaux ft plus tolrablc encore que celle des trangers. Il tait ordonn [Ex., XXI) que tout homme ou femme esclave (et il tait plutt trait en mercenaire qu'en esclave), ft mis sans aucun prix en libert la septime anne [Ex., XXI), et avec un prsent d'animaux et de bl. Si l'esclave hbreu, quand il avait vendu son travail

171
et tait

DEMONSTRATION EVANGELIQUE. BRUNATI.


elle

472

entr en servitude, avait une femme et des enfants, la femme et les enfants devaient partir avec lui, l'anne sabbaliennc , libres et chargs de dons. Mais si depuis qu'il est esclave , son matre lui a fait pouser une trangre, et qu'il en ait des enfants, lui seul sera libre et non sa femme et ses enfants moins d'un consentement exprs de son matre. XXVI. En agissant ainsi Mose a-t-il laiss pcher les matres contre le lien et les lois du mariage ? D. Calmet (Comm.in Ex. XXI), qui de tous les commentateurs me semble avoir le mieux lev la difficult, dit: Mihi videtur legis sensus esse hebrum .servum, qui de heri sui manu nationis ac religionis divers uxorem acceperit, qu idcirco anni sabbatici privilegio nequit frui, quo indigen hebri tant uni fruentur,hebrum,inquam, servum passe relinquere conjugem ; et quemadmodum nulliim unquam inter ipsos matrimonium proprie dictum extiterit, neque proprie matrimonii adesse soiulionem. Servtes nupli volunlale domini solvebantur. Inter servum et ancillam inquit Grotius, contu,

bcrnium dicitur

non matrimonium

nuptia-

r.um fdera,ait S. Lo (Epist. adRustic. XVI), inter ingenuos sunt lgitime, et inter cequales. Aliud est iixor aliud coucubina, sicut aliud ancilla aliud libra. Dubium non est, mulierem non pertinere ad matrimonium in gua non docetur nuptiale fuisse mysterium.
,

dans le vrai, il est croire que l'esclave trangre a suivi pendant le temps de l'esclavage la religion tuive ou qu'il tait permis lHbreuxd'avoir pendant sa servitude une femme de religion
S'il

en est ainsi,

et si

Calmet

est

trangre.

XXVII. Mais revenons notre


,

sujet.

La

septime anne, l'esclave hbreux devait donc tre mis en libert non avec l'trangre que son matre lui avait donne pour femme ni avec les enfants qu'il avait eus d'elle; ilsrestaient la charge du matre. Si l'anne sabbalienne, l'esclave (Exod. XXI) renonait la libert et disait Je veux du bien mon matre, ma femme mes enfants je ne veux pas partir; dans un tel cas le matre lui percera l'oreille en marque de servitude perptuelle ou jusqu' l'anne du Jubil, la cinquantime comme le veulent
: :

S.

Jrme

[Corn. in. Epist.

ad

Gai.), S.

Isi-

ne sortira pas comme sortent les esclaves. l'approuIl parat clair qu'on tolrait sans Mose adoucira le ver un semblable usage sort de celle fille, en ordonnant qu'elle ne soit pas traite comme une esclave. Ne dit-il pas encore: Sielledplail au matre qui elle avait t donne, il la laissera aller ; mais l'ayant ainsi mprise il n'aurapas le pouvoir de la vendre un peuple tranger. Que s'il la il la traitera comme fait pouser son fils l'on traite d'ordinaire les filles libres. Mais s'il fait pouser son fils une autre femme, il donnera la fille ce qui lui est d pour son mariage et des vtements, et il ne lui refusera pas ne le prix qui est d la virginit. Que s'il fait point ces trois choses, elle sortira litirer d'argent. bre sans qu'il en puisse D'aprs cela ne peut-on pas- dire que Mose n'a parl que de celui qui vend sa fille avec la promesse ou la persuasion que son matre ou son fils 1 pousera au moins en sccond?De cette faon une vente de ce genre ou le placement d'une fille ne sera pas toujours aussi douloureuse ses yeux qu'on peut se l'imaginer si on pse les tristes circonstances et la misre dans lesquelles un pre peut se trouver. XXIX. En examinant les divers modes de servitude permis ou tolrs par Mose, nous arrivons la conscration par vux qu'un pre pouvait faire de son fils ou de sa fille au temple du Seigneur. Un mol suffira Tout homme pouvait se vendre au temple et se racheter comme on le voit dans le Lvitique (Lv., XXVII), lui ou son fils, en payant une trs-lgre somme que les enfants pouvaient donner eux-mmes ; et par une telle conscration les fils ne perdaient pas leurs droits hrditaires ils n'taient pas condamns une virginit involontaire, ni aucune austrit. XXX. Exposons et dfendons celte loi qui semble donner trop d'tendue l'accusation du pre contre le fils la voici (Deut., XXI j Si un homme a un fils rebelle et insolent, qui ne se rende au commandement de son pre ni de sa mre , et qui en ayant t repris refuse avec mpris de leur obir; ils le prendront et le mneront aux anciens de sa ville et la porte o se rendent les jugements ;et ils leur diront: Voici notre fils qui est un rebelle et un insolent il mprise et refuse d'couter nos remontrances et il passe sa vie dans les dbauches ,
:
,

dore (Lib. H), Drucius, Fagio, Tirino , Calmet, etc., etc., suivantce qu'on lit dans leLvilique (Le'v., XXV) et dans l'hbreu Josphe
(Anliq., IV). Telle qu'elle vient d'tre expose la loi de Mose sur l'esclavage tait juste, et jamais les esclaves juifs n'ont port, pour leur propre compte, contre Mose toutes les plaintes que se sont permises d'imprudents crivains. XXVIII. Mais ce qui, en fait de servitude, dshonore le plus Mose, a-t-on dit, c'est la permission donne aux pres de vendre comme esclaves leurs filles , comme s'ils n'taient pas leurs seigneurs et leurs guides. Pour connatre toute l'tendue de ce droit il faut entendre la loi 5/ quelqu'un vend {Ex., XXI) (suivant l'original) sa propre fille,
:

et dans la bonne chre; alors le peuple de cette ville le lapidera, et il sera puni de mort ; afin que vous tiez le mal du milieu de vous, et que tout Isral entendant cet exemple soit saisi de crainte. Voil donc la rgle. Il et t plus naturel que le fils pt se dfendre et que les parents fussent obligs de prouver son accusation s'il n'y et eu craindre que la justice et la dfense n'y gagnassent rien et qu'un mouvement subit

dans la dissolution

de haine ne portt quelque douloureux excs Pour obvier cela les parents et le fils devaient se transporter devant les juges, qui n'ordonnaient pas lechtiment sans avoir examin sa cause. Aussi Calmet, suivant Thodoret (Q. XX, sup. Deut.) dit Prcvccpit Moyses, ut parens utergue Jilium suum coram
: ,
:

473

DES LGISLATIONS PAIENNE ET MOSAQUE.

474

judicibus statuant. Alleruter eorum seorsim paierai for lasse insano animi affecta exccari: sed fieri nequaquam posse videlur, ut uterque

ad filium perdendum conjure!,; et Rosenmller (Schol. in Deut. XXI) Duram hanc legem necessariam faciebat defectus carcerum Mis temporibus apud Isralitas et contentios ebrietaiis gravior noxa in calidis Mis regionibus. Confer Michaelis (Jus. mos. P. VI). XXXI. Venons la loi du lvirat ou du mariage de beau-frre et de belle-sur: voici la disposition de. Mose Quand il y aura deux frres dans une mme famille et que l'un sera mort sans postrit l'autre pousera sa veuve son frre mort. et donnera des enfants Il donnera le nom du dfunt au premier enfant qu'il aura, pour que ce nom ne prisse pas en Isral. S'il ne veut pas pouser la veuve de son frre, elle le conduira devant les vieillards, ils l'interrogeront, et s'il persiste dans son re:

honorificum quodammodo mulierem non mediocriter irasci. Mallem certe, si ex meo sensu libet, alios judicare, hanc subir e btandissimam contumeliam quam publie mihi gratias a muliere exultante agi, quod eam conjugem habere, eum possem noluerim. Altra pna nomen nudipedis. Cum enim more unliquo calceum in judicio exuisset vidua, quo signi,

ficabatur hrcditale sefralcrna cedere, licebat die omnibus qui vellent nudipedem ex Ignominiosum est hoc noeum appellare men : at ubi novam accipit significationem viri conjugio expelili illudque recusantis , non deerunt et juvenes , et viri, qui ultro etiam affectent, malinique concoctores audire, quam narrari repuisas se tulisse. Au reste les

Mo

raisons d'une

telle

loi

s'explique par la n-

cessit de la conservaiion des familles, la dis-

fus

elle lui tera sa chaussure du pied et lui crachera la figure et elle dira : Ainsi soit fait celui qui ne veut pas maintenir la maison de son frre ; et la demeure du coupable sera appele la maison du dchauss. Tel est le droit du lvirat, reconnu par les Mongols suivant Duhalde (Description de la Chine et de la Tartarie, tome IV), suivant Michaelis par les Phniciens (Jus Leviratus explicatum), en Egypte et en Amrique d'aprs Huet (Dem., vang., tome I), et chez les Persans au dire de Zola (Zola, tome 11); d'aprs l'histoire de hamar raconte dans
,

familles et des tribus distinctions d'une grande importance chez les Hbreux et pour l'existinction de ces
et des

mmes
;

possessions

tence de la veuve. Michaelis ajoute qu'un droit de ce genre pourrait tre fond aux yeux de ceux qui croyaient que leur nom, par sa prsence sur les tables gnalogiques, devenait hautement

honor

et

immortel.

XXXII. Mais, dit-on, comment justifier la peine du talion si justement blme dans les
autres lgislations antiques, puisqu'il n'est

jamais permis de faire un mal pour un mal ; comment, dis-je justifier cette peine dans Mose, qui, si souvent, fait payer vie pour
,

la

Gense (Gen., XXXVIII), on voit qu'il admis chez les Hbreux de toute antiquit. Il est dur sans doute d'tre forc pouser contre sa volont et sans en avoir fait choix, une femme veuve et de procrer des enfants qui ne porteront pas votre nom, mais celui de votre frre dcd. Mose le vit bien ainsi. S'il ne crut pas possible dans les circonstances o il tait plac de ne pas prohiber un usage de ce genre devenu loi il chercha toutefois adoucir ce qu'il avait d'amer. Aussi tablit-il que si le frre mort a eu des enfants, la veuve n'aura aucun droit de secondes noces que le premier enfant seulement appartiendra la famille et la gnalogie du dfunt, et enfin la peine encourue par celui qui ne voudra pas pouser sa belle-sur. Il est facile de voir combien
tait
,

vie, il

pour

il, dent

pour

dent,

main pour
,

main, pied pour pied, brlure pour briilure coup pour coup, contusion pour contusion , et qui inflige au faux tmoin pour peine ce qu'il avait l'intention de faire son frre?

celte coutume dplaisait Mose. Michaelis (Jus. Lev.) s'exprime ainsi cet gard : In

staluenda (ista) pna placide risisselegislalorcm exislimem. In judicum enim onsessu postquam professus esset (frater defuncli) nolle se fralriam uxorem habere, fundisque et lireditate fralris, ut quum erat, cedere, spret uxori licebat, ut reddere vulgo soient, verbum in fucicm ejus expuere : id vero est, nisi fallor, I | ex arabico bilem in ipsum et maledicta evomre. Gravis videri pna posset, in ipso judicii onsessu os contumeli prbere,iracundo:que fmin convicia audire tacitum; at ubi causa non latet , sciuntque omnes hune malcdiclis lacerari, quia fmina conjugio expelitus eam spreverat, non nimis nos pudebit public objurgationis, alque habebitur eliam
;

En traitant ces dispositions criminelles, il faut soigneusement distinguer le talion s'appliquant la vie, du talion s'appliquant aux membres, et le talion par lequel la vie ou les membres de quelqu'un sont atteints, du talion par lequel on a cherch seulement faire tort par de fausses accusations. Le talion en cas capital n'est pas seulement une prescription divine dicte Mose, mais aussi No; et par No, si je ne me (rompe, il est devenu commun toutes les nations et toutes les lgislations, et la justification de cette loi se trouve dans le pouvoir du divin Crateur de lasocil, unique matre de la vie des hommes. Cette question, souleve par les publicisles par rapport aux lgislations humaines, a tds l'antiquit rsolue par l'autorit de Dieu et par la doctrine de sa rvlation, et ne peut-tre vide autrement facilement.

Quant au
romain
ques.

talion

faux tmoignages,
(1) et le
il

Comme

calomnies et les mosaque, le droit droit canon (2) sont identiy a une compensation ad-

pour

les

le droit

(1) Voir le litre el la dernire loi


retur.

du Digeste du Code
:

De

Accusai,

et

inscripl.
itre-

Ne

S.

Bapiiswa

(2) Dcret.
si in

II.

Tait, causa.

Il, <j.

r>

Caluniniator,

accusaiionem defeecrit, lalem rccipiel.

475

DEMONSTRATION LVANGELIQUE. BRUNATI


l'offens, ce talion

476

mise la convenance de
tait

dans

moral. Pour

le talion

des membres,

il

avait lieu la commutation en une amende, ou mieux l'achat par de l'argent, quand
l'offens n'tait pas satisfait (Nom., XXXV). Toutes les sortes de talion, parmi les H-

la puret de sa loi, et conserver la protection de la main puissante dont il a eu si souvent des preuves et que lui ont prouve sans cesse des prodiges et des grces tant qu'il est rest fidle sa loi, et au contraire de

breux,taient tablies par Mose ou plutt par D'\cu:Ut audientes cteri timorem habeant et nequaquam tafia audeant facere (Deut., XIX]. Comme le dit le texte sacr, pour prvenir par la terreur les injures et les dommages, pour empcher la colre des offenss ou de leurs adhrents, comme l'ont observ Tertullien (Cont. Mareion., lib. II), saint Augustin (Cont. Faust., lib. XIX ), saint Isidore de Pluse (Liv. H, Ept. 138). Du reste, ce qui ncessitait la duret du peuple hbreu et la barbarie de ces temps, peut tre devenu trop svre pour d'autres peuples et pour des temps dj clairs par la doctrine et la grce de Notre-Seigneur Jsus-Christ. La loi juive n'a t que locale et temporaire. Les paroles suivantes du pre Ackerman [Arche ni. bibl.) cloront ces observations apologtiques sur le talion de Mose Argumenta crit-il hoc jus ( talionis ) impugnatum quibus fuit ad rem non faciunt ; uti si dicant, hoc jure cives mutilatos multiplicari, nam potius minuuntur, quiapna hc a lsionibus efficienter deterret ; vel si dicant, difficile esse aut prorsus fieri non posse ut alteri vulnus non majus infligatur.quam auctor injuriintulit: id
: , ,

Du

terribles chtiments quand il s'en est loign? reste, les Hbreux ne refusaient point l'eau et le feu aux trangers qui avaient

traverser leur pays ; ils priaient pour les rois trangers, quoique idoltres; ils admettaient dans la premire enceinte du temple l'tranger offrir des holocaustes au Dieu d'Isral ; ils ne rejetaient pas les alliances qui leur taient offertes. Mais sans doute le crime de Mose et de sa lgislation est de n'avoir pas permis son peuple d'avoir des religions et cultes par milliers , avec leurs erreurs et leurs caprices, comme si la vrit n'tait pas une et Dieu un et de n'avoir pas tolr, permis mme, que le peuple vct sa guise, sans religion, comme si Dieu, principe et fin de toutes choses, n'tait sensible ni aux hom,

mages

ni

aux mpris

!!!

peut-tre accuser Mose d'avoir nglig le commerce. Il faut observer que les habitants de Tyr et de Sidon, matres des ctes de la Phnicie, pouvaient tre ds ce temps, comme ils l'ont t depuis, matres

XXXV. On pourra

du commerce de mer,
terre, et qu'ainsi
ils

enim ipse

sibi impiitet.

XXXIII. Continuons notre examen et notre apologie. Doit-on condamner Mose parce qu'il tolre que celui qui par hasard et involontairement en a tu un autre, soit mis
,

s'il se trouve en dehors de la ville de refuge (Deut., XIX)? Mais il est bien clair que le lgislateur n'a t cet gard aussi tolrant que parce qu'il a compris qu'il ne pouvait retenir la colre et la vengeance des parents du mort, qu'en tablissant une ville de refuge pour les diverses tribus o devait se rendre et se tenir le meurtrier jusqu' la mort du grand prtre; ce cas venant, il tait reconnu innocent par les juges. Pendant ce temps, la douleur et la colre se calment, et

mort

l'esprit de

vengeance

s'teint.

Par ces

villes

de refuge, Mose parvint empcher toutes les rages de la vengeance. Refusera-l-on le nom de sage au lgislateur qui sait prvenir
le

mal

et le

crime

et les Arabes de celui de ont bien pu empcher les Hbreux de devenir des commerants renomms. Il faut observer encore que la base universelle et concluante des richesses d'un Etat sont l'agriculture et le soin des bestiaux, qui conservent la simplicit des murs , la sant et la force publiques; le commerce tranger, au contraire, spcialement celui qui, comme dans ce temps l, se faisait avec des peuples idoltres et adonns toutes sortes de vices, aurait en bien peu de temps dtruit les croyances religieuses et l'amour del patrie; enfin le commerce tranger, la multiplicit des arts, l'abondance de l'or et de l'argent, qui est l'objet, le but, la fureur des conomistes modernes, ne mritaient pas une bien grande considration dans un Etat agricole. Cela suffit pour excuser le lgislateur dis Juifs du reproche de ne les avoir pas faits commerants. Mose, au reste, ne le leur dfendit pas, et en leur donnant les moyens d'tre trs-riches en denres, en fruits et en troupeaux, en laissant l'entre et la sortie des marchandises libres, en engageant tre

est encore accus d'intolrance religieuse au dtriment de cette libert qui est invoque comme souveraine de tout gouvernement. Nous allons voir si ces reproches sont levs par de vrais philosophes ou par des hommes indignes de porter ce nom sacr. L'intolrance de Mose ne s'est point tendue au del des confins de la Palestine d'abord, et, en second lieu, elle regardait seulement les actes extrieurs et publics d'irrligion et d'incrdulit. Chez un Hbreu, taient condamns et svrement punis l'idoltrie, l'athisme, les blasphmes, la superstition, le mpris insolent de la religion et des lois. Voudra-t-on condamner un peuple qui cherche se maintenir fidle son Dieu

XXXIV. Mose

affables

pour les trangers, les rendit trs-propres au commerce. Salomon ne fit-il pas le commerce le plus tendu elle plus productif en envoyant des vaisseaux d'Etat Asiongaber.

XXXVI. Il nous reste encore un combat soutenir, le plus chaud de tous, et si nous sortons vainqueurs la palme sera nous. Mose permet la polygamie et le divorce ces deux erreurs suffisent pour dtruire toute la beaut et toute la bont de sa lgislation. Voici
:

l'accusation

commenant par
1

voyons si on peut la dfendre la polygamie, il faut avant tout nous livrer quelques considrations.
:

me une

Dieu, au commencement, donna l'homseule femme pour compagne et Douf

177

DES LEGISLATIONS PAENNE ET MOSAQUE.

478

fpouse, et ainsi ils furent deux mes dans une seule chair (Gen., II). 2 La monogamie d'Adam et d'Eve tait la figure de la monogamie de Jsus-Christ avec son Eglise (Eph., V).
3*

Jam

Dieu a donn aux divers animaux une

seule compagne, et
loi,

ils suivent en libert celle nos murs quand la ncessit ne les force pas s'en carter, commo l'ont observ les naturalistes; observation que je

mme dans

fais au reste que pour que l'on voie l'uniformit observe par le Crateur. k Le nombre des mles diffre peu de celui des femelles; si bien que si la polygamie tait un fait universel, ce qui ne sera jamais, elle serait un vritable vol, une offense des droits communs, inviolables, et elle rendrait permise et ncessaire une guerre universelle

ne

vero Jacob, quod pro ingenli crimine quatuor objiciuntur uxores, generali prloculione purgatur. Quando enim mos erat crimen non erat : et nunc proplerea crimen est, quia mos non est. Alia enim sunl peccata contra naturam, alia contra mores, alia contra prcepta. Qu cum ita sint, quid tandem criminis est, quod de pluribus simul habitis uxoribus objicitur sanclo viro Jacob? Si naturam consulam, non lasciviendi, sed gignendi causa illis mulieribus utebatur. Si mores consulas, atque in illis terris hoc in illo tempore
,

factitabatur. Si prccptum consulas, nullo prohibebatur. Ainsi, et saint Augustin l'tablit trs-judicieusement, la multiplicit des femmes, tant dans les murs, reste innocente tant qu'elle est, non lasciviendi, sed gi-

gnendi causa.

et ternelle. 5 La polygamie,

comme

Sussmilch (Gotli-

che ordnunz in den Veranderungcn des menschlichen Geschlechts, t. I, p. 495) l'atteste,

chez
6

les

Mongols, entrane aprs

elle la

po-

lyandrie.

La polygamie donne un plus


;

petit

nom-

bre d'enfants que la monogamie les mdecins en savent la raison; quant nous il nous suffit de savoir que l'histoire profane et l'histoire sacre sont d'accord, cet gard, avec l'opinion de toutes les nations; et pour cela cet usage va rencontre de l'institution du mariage, qui a pour but la propagation de
l'espce
i

humaine.

est un obstacle la paix concorde des familles; l'gard des enfants comme l'gard des femmes, auxquelles elle laisse toutes les charges du ma7*

La polygamie
la

et

riage et une large voie au divorce, elle est une source d'innombrables maux. 8* La polygamie, en multipliant trop la race d'un mme pre, rend la bonne duca-

mme elle rend'ce ncessaire, dangereux pour la socit et digne de haine aux yeux de Dieu.
tion difficile
:

et

par cela
si

lien

du mariage

Pour

fltrir

le

premier
:

la
,

polygamie,
c.

Tertuliien (Exhort. ad castit.

et

de

Monogamia

c.

V)

dit

Numerus malrimonii,

a malcdicto viro cpit. Primus Lamech duabus maritatus, trs in unam carnem effecit. Et saint Jrme Primus (Cont. Jovinian.) Lamech sanguinarius et homicida, unam carnem in duas divisit uxores, fratricidium et bigamiam eadem cataclysmi pna delevit. Le pape Nicolas I (Ep. ad Lotharium regem) crie l'adultre, cause de la bigamie de
:

Lamech.
10" Adam, No et ses Bis, Isaac et Mose lui-mme n'eurent jamais qu'une mme fem-

Du reste, ajoute Zola \tom. 1), en considrant l'esprit des lois de Mose, on peut voir que s'il cdait jusqu' tolrer la polygamie, il cdait malgr/lui autant l'antiguit et la gnralit de cet usage, qu'au caractre indocile et brut de ce peuple et Vardeur du climaJ. Un sage lgislateur, plac surtout devant un peuple dur, ne doit pas heurter de front ses prjugs les plus invtrs et les plus chers, s'il ne veut courir risque de compromettre sa lgislation. C'est pourquoi Mose, par ses dispositions, rendit la polygamie peu commode. Ainsi, aprs avoir dit que le mari devait rendre le devoir conjugal indistinctement chacune de ses femmes, il tablit qu'il restait, aprs l'acte conjugal, impur tout un jour; qu'il devait se laver dans l'eau et se purifier de l'impuret lgale. Celui donc qui avait plusieurs femmes devait vivre dans l'impuret et dans des ablutions perptuelles ajoutez encore que Mose enlve la polygamie une bonne partie de ses inconvnients par ses rglements. Le peuple hbreu devait conserver la vie toutes les vierges des peuples vaincus, except des sept peuples ehananens les polygames pouvaient avoir ainsi des femmes satit, et de cette faon il n'y avait pas de danger que chez les Hbreux l'ordre domestique ft troubl par la polygamie comme parmi les autres nale devoir conjugal tions. La subsistance taient assurs toutes les femmes, l'esclave n'tait pas mme exclue de ces droits. Toute prfrence draisonnable, dans le partage des biens, tait dfendue au pre vis vis de ses enfants de toutes ses femmes. Je pense que Mose est ainsi disculp du reproche qu'on lui a ailress relativement la tolrance de la polygamie. XXXVII. Arrivons ce qui peut tre dit relativement au divorce. Que dit Mose (Deut.,
;
;

en mme temps. L'ensemble des considrations qui prcdent, suffirait pour repousser la polygamie. Si Abraham et Jacob, et les autres saints patriarches furent polygames il faut croire qu'ils y furent pousss ou par l'usage gnral, ou par les circonstances o ils se trouvrent, ou par la permission ou le conseil de Dieu; c'est pourquoi saint Augustin (Cont. t'aust. manich., liv. XXIIJ raisonne ainsi

me

ayant pous une ayant vcu avec elle en conoit ensuite du dgot cause de quelque dfaut honteux, il fera un crit de divorce, il le mettra entre les mains de cette femme et la renverra hors de sa maison. Pour bien comprendre les deux paroles de l'original, il faut se souvenir que l'adultre n'tait pas puni par le divorce, mais par la mort (Deut., XXlIj; ainsi donc on ne doit point entendre

XXlV)?Si un homme
femme
et

479

DMONS RATION EVANGLIQUE. BRUNATI


1

480

par ces paroles ce crime,

comme

le

prtend
;

Sammaju (Mism,
d'un autre ct,

Trait. Gittin) et son cole

les

dsagrments extrieurs

ou quelque lger dgot ne pouvaient tre aux yeux de Mose un motif suffisant pour tolrer un divorce et par consquent nous ne devons pas croire que ces mots signifient aussi peu de chose que le prtendent Illel
;

(Misna, ib.), Philon ( Des lois spciales) et Josphe (Antiq.,liv. IV); il faut dire avec '.{osenmller (SchoL, in Deut., XXIV) que ces paroles mmiy se traduisent par Quidquid fdum est ut ob idmerilo displiceat, uxor marito, sive sintmali mores ut pertina: ,

des Babyloniens, en un mot de toutes les nations d'alors, taient un obstacle bien fort l'abolition du divorce, surtout Mose ayant djlagu bien des coutumes chresaux Juifs. Un habile lgislateur ne peut pas toujours donner les lois les plus parfaites, il doit parfois cder aux circonstances. Notre-Seigneur Jsus-Christ [Malt., V) en rpondant aux pharisiens qui lui demandaient s'il tait permis de renvoyer sa propre femme, ne condamne pas tant Mose et sa loi, que la duret des Hbreux qui en fut la cause ; et tout en cdant, Mose rappelle la premire origine du mariage,

comme Notre-Seigneur en rpondant


;

cia, dicacitas,

furta; sive corporis defectus

qui antea latuerint.

aux pharisiens et s'il ne leur impose pas monogamie pour loi, il montre au peuple

la la

Comme
(

si

elle

ne

s'tait

pas trouve vierge

Deut.,

XXI),

ce qui avait

pu tre affirm
(

par elle; si elle tait suspecte d'adultre, sans que toutes les preuves Num., V) juridiques pussent tre administres et sans qu'elle voult faire usage des eaux utiles de preuves. L'usage et la tradition avaient sans doute dfini et limit le sens de ces mots bien mieux que ne peuvent le- faire des savants, qui ne peuvent avoir qu'une connaissance imparfaite de la langue hbraque. En ordonnant que le mari crirait la cause de sa sparation Mose lui donnait le temps de la rflexion et bien plus, de peseravec froideur son divorce. Le lgislateur dfendait de reprendre pour pouse la femme rpudie et coupait ainsi court tout infme commerce. Du reste, dans un pays de polygamie comme en Jude, la femme rpudie ne restait pas abandonne et isole comme dans un pays de monogamie, et, cet usage de la polygamie, rendait moins inopportune et moins dangereuse la tolrance du divorce. Et, dans le fait,
,

vrit de cette loi par son origine premire ! Aussi saint Jrme (Comm. in Malth. 29) Moyses, quum videret propter desidedit-il
:

rium secundarum conjugum


res, vel

qu

vel dilio

junior es, velpulchriores essent, primas uxores interfici, aut malam vitam ducere.maluit indulrjere discordiam, quam odia et homicidia perseverare ; sbnulque considra quod non dixit : Propter duriliamcordis vestripermisit vobis Deus, sed Moys'es, ut juxta apostolum consilium sit hominis non impe,

rium Dei.

XXXVIII. Nous terminerons


logie
;

heureux

si

l notre Aponous avons pu russir

faire disparatre vos yeux les taches et les fautes que l'on veut trouver dans la lgislation mosaque : taches que l'on est forc de

outre les
faisaient

principes de la religion qui

leur

envers leurs maris, elles avaient encore, dans la crainte du divorce, des motifs de chercher par tous les moyens leur plaire ; elles observaient donc les lois de la concorde et de l'amonr conjugal; elles s'abstenaient de jalousie, de haines, de rivalits, qui sans cela auraient bientt surgi et enfin Mose, comme je l'ai dit et redit dj mille fois, n'a pas toujours fait ce qu'il aurait voulu. Le peuple hbreu (Zola, tom.l) tait un peuple brut, par sa longue servitude en Egypte il tait devenu barbare, attach outre mesure ses usages, surtout ceux qui lui taient les plus chers et o il trouvait une occasion dplaisir. L'usage des Egyptiens, des Phniciens,
la fidlit
;

un devoir de

reconnatre dans les codes des autres peuples ; et heureux encore si j'ai pu montrer la lumire vive dont brillait le gnie de Mose non moins que son front, lumire qui l'inspire, lumire divine Du reste, ce sera pour nous un sujet de lonanges ternelles Notre-Seigneur Jsus, lumire de la lumire du Pre, qui est venu du ciel pour crire non sur la pierre, non sur les corces d'arbres, ou sur le papier, mais dans nos curs, une loi qui ne fait aucune diffrence de personnes ni de peuples, comme cela avait d avoir lieu pour la lgislation mosaque ; mais qui enlve toute distinction de Grec ou de barbare, de gentil ou d'Hbreu; qui du mondeentier fait une louanges terseule ville sans murailles nelles, dis-je, au divin lgislateur Jsus ; le rayon lumineux qui brillait sur les temples de Mose n'tait qu'un faible reflet de sa lumire, lui que Mose dans sa prophtie salue et vnre quinze sicles d'avance comme souverain pontife, chef et lgislateur 11
!
:

DE LA MEDECINE CHEZ LES HEBREUX


ET DES GURISONS MIRACULEUSES RACONTES PAR LES SAINTES CRITURES.

biles

Beaucoup de savants interprtes et d'hamdecins, soit parmi les orthodoxes,

soit

parm

.es protestants,

se sont dj
les

ocet

cups de la mdecine chez

Hbreux

481

GURISONS MIRACULEUSES DES HEBREUX.


effets

489

des gurisons miraculeuses rapportes dans


les saintes Ecritures.

On compte parmi les catholiques Ader (Enarraliones de grolis et morbis in Evanqelio), Calmet (Diss. dere medicaveterum Hebrorum) Frizzi Benedelto (Diss. de la po:

de quelques aliments dfendus, sur d'autres points du Pentaleuque), Scott (Catchisme mdical ou exposition des doctrines qui lient la religion la mdecine), Kahn (Essai de police mdicale mosaque, en Barlolini allemand); et parmi les protestants (Commentaire philologique sur les paralytiques du Nouveau Testament), Major (Summariamedicin biblic), Volgler (De rbus naluralibus et medicis quorum in Scripturis sacris fit Jhoren (De Morbis liibiicis dissermentio) talio), Warlize ( Diatribe medico-biblica de morbis biblicis a prava dita animique affecScheuzer Physica tionibus rsultant ibus ) sacra) ; Hoffman (Ditetica sacr Scriptur medicina inter opra omnia Hoffmanni F. Frederici), Mead (Medica sacra, sivede morbis insignioribus qui in biblicis commemoranlur commentants ), Richler (Dissertaliones quaEschembach (Scripta medica tuor medic) Biblica), Mejer (Analecta historica ad medicinamJlebrorum), et plusieurs autres.
lice sanitaire et
: , ,

que les chrtiens disent et croient surnaturels. III. Ceci pos, venons ce que nous savons de la science mdicale chez les Juifs ; et d'abord, pour viter toute confusion, il faut considrer le privilge particulier que possde le peuple choisi, je veux dire son systme nidico politico-thocratique. Personne n'ignore que Dieu avait choisi le peuple hbreu, et qu'il avait voulu en tre le roi immdiat. Ainsi, et particulirement surtout avant Sal, le gouvernement de ce peuple fut thocratique on sait encore parfaitement que ce roi divin, donnant son
:

peuple une loi extrieure par la bouche de son serviteur Mose, outre la sanction universelle des rcompenses et des peines, com-

pagne de la loi naturelle que la foi nationale des patriarches avait grave dans les curs, voulut encore y joindre une sanction de rcompenses et de peines terrestres, de menaces et de promesses gradues en raison de la fidlit ou de l'infldlil de ce peuple suivre celte loi, de son repentir ou de son obstination,
Les chapitres XXVI du Lvilique XXVIII du Deutronome contiennent les
et in-

Le temps employ s'occuper de


aprs ces crivains,

ce sujet

tentions duThocrate d'Isral. Ces alternatives de fidlit et d'infidlit de la part du

semblera-t-il pas perdu ? A mes yeux il n'en sera pas ainsi, par la raison que les erreurs, les faux systmes sur les faits de l'Ecriture-Sainte rpandus chez quelques-uns d'entre eux, sont runis, sont groups et prsents sous des couleurs bien plus dangereuses encore par une foule de naturalistes, biblicoles, prolestants de nos jours, et par (Nosographie chirurgicale, proleg. Richerand, etc., etc.,) quelques mdecins qui s'efforcent d'expliquer, par des moyens humains, les gurisons miraculeuses racontes dans les saintes Ecritures, et d'enlever ainsi Jsus-Christ, aux aptres et aux prophtes, l'un des caractres les plus clatants de leur mission divine (Euntes renunliate Joanni Cci vident, claudi ambulant, leprosi
:

ne

peuple, de grce, de chtiments, de promesses et de menaces de la part de Dieu sont la clef, je dirai toute la charpente de l'histoire de ce peuple, soit qu'on le considre en corps, soit qu'on le considre relativement ses membres. Ces alternatives expliquent encore les reproches, les avertissements et les prdictions des prophtes.

Parmi les maux dont Dieu menace son peuple prvaricateur, aux chapitres du Lvilique et du Dteuronome, que nous avons
indiqus, on voit les plaies, les ulcres, la folie, la peste, la fivre et des maux horribles et perptuels (1). Ainsi le peuple hbreu, l'invasion de ces calamits, averti
la main vengeresse de son Roi suprme proche, pour se sauver a recours la pnitence; il va en suppliant au temple, o il crie merci et misricorde, o il mle ses larmes au sang des agneaux et des taureaux et ses prires la fume ides holocaustes jusqu' ce que son Dieu et son Roi, revenu des sentiments de compassion et d'amour, accorde aux trihus d'Isral le pardon qu'elles implorent. Une telle conomie dans les desseins de Dieu nous a sembl pouvoir recevoir le nom de systme medico-politicothocratique d'Isral. Cela s'explique parla vertu toute-puissante de Dieu, qui frappait son peuple toutes les fois qu'il recevait de lui quelques offenses et des injures, et le gurissait toutes les fois qu'il tait apais par la conversion de son cur, la prire et l'offrande des sacrifices ordinaires.

que

est

mundantur,surdi audiunt (Luc VII, 22). Cet tat de choses nous a dlermin nous occuper de cette matire ce que no s allons faire sans autres prambules. IL On a suivi deux roules pour arriver au but que l'on se proposait. On a exagr l'ignorance des Juifs sur la notion de la physique. De cette faon on a voulu persuader qu'ils attribuaient la main de Dieu des ef;

trs-naturels des lois physiques et d'un autre ct, que les prtres et les prophtes, tant ils taient verss dans la physique, la chimie et la thrapeutique, obtenaient des rsultais qui, prsent, nous semblent impossibles, et par consquent miraculeux. Il faut croire que la vrit est entre ces deux extrmes, et que les Juifs ne furent ni assez ignorants pour prendre pour miraculeuses, quoiqu'elles ne le fussent pas, toutes les gurisons qui sont rapportes comme telles dans leurs livres, ni assez puissants on science pour produire par des moyens naturels des
fets
;

que evenire corporiim

(1) Ei dalur noliis intelligi proptor pecrata pleras,debiliiaies el ideirco forsan

dimitlunlur prins peccala m causis debililalis ablalis , snuilas restitua lur. (Saint Jrme sur saint Matlheu,\X.i (Voir V Exode el les Nombres.)

483

DEMONSTRATION LVANGEL1QUE. BRUN ATI.


n'tait

184

Dans
breux

ce systme, la mdecine chez les Hen dfinitive autre chose que la

>erlu guri/tante de Dieu. Et comme les prtres taient les rgulateurs des prires publi-

ques,

les sacrificateurs

des victimes de propi-

ils se tialion, l'me des rites sacrs, de trouvaient dans cet ordre de chose les principaux et les solennels mdecins des Juifs. Ceci

mme

peut lre dit avec bien plus de force encore des prophtes qui de temps en temps surgissaient comme des ambassadeurs et des miet plus nistres extraordinaires de Dieu encore, comme de trs-puissants intercesseurs et mdiateurs entre le peuple et Dieu. Ainsi donc, la cause raisonnable des maux physiques tait les pchs du peuple ou de ses membres; la cause efficiente de ses maux, Dieu ; la cause occasionnelle de la gurison, en la mritant, la conversion et les prires du peuple ou de ses membres, mieux encore les prires et les sacrifices des prtres et des prophtes ; la cause efficiente de la gurison, Dieu, et la cause instrumentale, frquemment des personnes munies du pouvoir de Dieu, comme les prophtes,
,

qu'il fut condamn souffrir un dluge de maladies. V. Quoiqu'il en soit de l'origine de la mdecine, on croit qu'elle fleurit d'abord dans la Chalde. o furent dans l'origine cultivs les arts et les sciences dont se vante l'antiquit, d'o, avec les traditions des autres arts et des autres sciences, elle passa Abraham, dont la scienceestsi vante par les crivains des gentils (1), et de ce patriarche au peuple qui sortit de lui. Ces notions durent

rir, ds

s'accrotre

parmi

les

douze tribus pendant

leur sjour de deux sicles en Egypte , o l'art mdical ( Gen. 1,2; Hom. Odiss.,
liv.

IV; Hrod.,

liv. II, c.

XXIV, 85

tait

port si loin de toute antiquit, et par Mose, vers dans toutes les sciences de celle terre, comme l'atteste saint Luc aux Actes des Aptres (Act. III, 22; S.
liv. 1)
,

Clm.dAlexand., Hom.,

juif,

mdico-polilico-thocralique qui pourrait s'tendre encore en grande partie tous les peuples chrtiens, a pour preuve de sa vrit et de sa ralit les chapitres cits du Lvitique et du Deuironome, et presque toute l'Histoire sainte, ce qui

Ce systme

frappera quiconque la lira. IV. Avec une semblable mdecine, les connaissances en histoire naturelle, en pharmacie, n'taient pas d'un grand usage mme dans la pratique ce ne sera donc pas sur leur tendue que rouleront nos recherches, et aujourd'hui nous nous tonnons en voyant combien anciennement les Hbreux furent savants dans la mdecine, considre comme science naturelle, explorant les maladies, leurs causes, leurs remdes, et l'application de ces remdes. Rentrons donc dans notre sul'homme, averti jet. Nous observerons que par ses besoins et par ses maux, aid par la main de la Providence, qui l'aime, qui le secourt et qui l'instruit, se donne bientt examiner les vgtaux, les liquides, les animaux, tudier leurs vertus pharmaceutiques, suivant cette parole du livre de l'Ecdsiaste (XXXV111): Allissimus creavit de terra medicamenta.... Ad agnitionemhominum virtusillorum, et ddit hominibus scientiam honorari Allissimus in mirabilibus suis ( Eccl., XXXIII, 4-6. Voir Origne, hom. i", sur le
;

crivain inspir des dispositions lgislatives les plus sages sur la police sanitaire ( Voir Frizzi, Dissert. III de la police mdicale sur le Pentateuque. Pavie, 1788). Pourquoi, si les Hbreux furent ainsi que le prtendent de savants auteurs, si avancs en agriculture (Alluzio et Ugolino, de re rustica Hebrorum ), en commerce (Hwt, de navigatione Salomonis, etc.), en art militaire (Lidio de re Militari Hebrorum; Antiquits d'Ugolino, t. XVII; Dauzio de Mililia Hcb., etc.), en politique ( Dauhaver, Politica Biblica; Antiquit sacr. d'Ugolino; Bossuet, Politique sacre, etc. ), ne l'auraient-ils pas t en mdecine, au moins autant que les peuples leurs contemporains ? Le Seigneur, quoiqu'il exiget que son peuple et plus de confiance en lui qu'aux mdecins et en leurs remdes (Parai., X\l, 12; et Eccl., XXXVIII, 9 et 14), ne dfendait pas cependant d'avoir recours aux uns et aux autres, comme on le voit clairement dans l'Ecclsiasle (XXXV11I, 1-14), o le respect
et
,
,

pour

le

mdecin

est prescrit.

Ainsi, encore que Dieu lui promt en.toute chose une protection particulire et constante, il n'entendait pas le soustraire la pratique des arts utiles, mais seulement aider et suppler ses forces naturelles,

comme

traitant de la

observ de savants auteurs en thocratie juive (Spencer, de Theocratia Judorum; Bleschmid.de Theocratia in pop. sanc. instituta;Goudwin, de Theocratia Israelis ; dans les Ant. sacres
l'ont

d'Ugolino,
VI.

XXIX).

Ps.
Il

XXXV11

).

ne semblera pas hors de raison de penser avec Arilolc, Pline et Elien ( Specim. sac. Mdic, Baldit.), que l'homme, guid par les bles diriges par l'instinct que Dieu leur a donn, puisse apprendre bien des remdes propres aux maladies, sans cependant faire des animaux de trs-savants matres pour l'homme. Il faut aussi remarquer qu'Adam, initi par Dieu la connaissance des sciences nalurelles( Vide Eccli., XVII, 5-7. 5. Thom., Ps. IX, 94 3-4) n'a pas d manquer d'en faire l'application l'art de gu-

ce que nous pouvons savoir de prcis par les saintes Ecritures sur les mdecins et la mdecine chez les Hbreux d'abord quelle classe de personnes l'exer. cice de l'art de gurir tait-il dvolu; sous quel nom la chirurgie tait-elle connue. Nous savons que les prtres devaient juger de la lpre ( Lvit., XIII, 114 et XIX, 2 Deut., XVII, 9 et XX1V,8; Matt., VIII, 4; Luc,
: ;

Voyons

(\) Sur la science d'Abraham, il faut consulter B ro Se (Eusbe, Prip. Evang.,\. IV, ch. tli), Eupo lme (Ibid chap. G), et Jos|iic, Au/:'g. , liv. I ebap. 17

*8i

GUR1S0NS MIRACULEUSES DES HEBREUX.


verses

486

XVII, 14), dcrite avec tant de dtails dans du Lvitique; de l'tat des coups le en. el des blessures et du dommage caus par

XV

elles

(Exode, XXII; Lv.


ce qu'ils ne

XXIV, Nom.

pouvaient faire sans quelques connaissances en mdecine et en

XXXV),

En outre les prires taient gardiens d'observances semblables et mystrieuses parfois et cachant des instructions morales souvent ayant rapport la mdecine cl se rapportant l'hygine, ou la salubrit publique, par exemple l'abstinence des animaux impurs, comme on le voit au chapilre XI du Lvitique (Voir Frizzi ; Duclol, Dfense de la Bible; Steuqel, de Deo lgislature medico,in Miscell. physic. medic). tout cela fait supposer que l'art de la mdecine naturelle tait propre aux prtres et hrchirurgie.
les

dans leur famille, comme la mdecine surnaturelle qui, comme nous l'avons vu, consistait dans l'instruction, la prire et les samedica Hebror.) crifices (Calmet, de Re Cela n'empche pas que l'art mdical, connu
ditaire

mixtures, de divers onguents; des beaumes, des bains, de l'huile, des aromates pour embaumer, de diffrentes herbes mdicinales et des eaux minrales. Il est probable que le livre de Salomon, qui traitait des arbres et des vgtaux, depuis le cdre du Liban jusqu' l'hyssope qui pousse sur nos murs, perdu de toute l'antiquit, contenait de nombreux prceptes sur l'usage des vgtaux. L'Ecclsiaste nous apprend encore que Dieu indiqua Mose un bois dont la proprit tait d'adoucir les eaux de la mer. Les livres des Rois nous prsentent la mlancolie dont le malin esprit tourmentait Sail diminue par la harpe de David ( Sag., XVI, 12.- Jrm. VIII, 22. Luc, X, 34; et I Tim., V, 23. Isaie, 1, 6, et Luc, X, 34.-- Eccl., XXXVIII, 7. Gense, L,10; Evang.Eccl. XXXVIII, k.Ezech.. XLVII, 12. Jrm.,

XLVI, il.-Gen., XXXVI, 24. III Rois, IV, 33. Eccl., XXXV1I1, 5. Exode, XV, 25.I Rois, XVI, 14, 15,23).
D'autres passages de l'Ecriture runis par Frdric Hoffman (Hoffman Fredericus, Ditelica sacr Scripturmedicina; Opra omnia, t. V. p. 270, seqq., Genev, 1740) indiquent un moyen trs-efficace d'avoir une bonne sant: tre matre de soi et de ses passions, conserver la paix de l'me, tre continent, user modrment du vin et des aliments. IX. T). Calmet, pillant et l dans l'Ecriture, compose un systme juif d'conomie animale que nous transcrivons sans assumer sur nous la moindre responsabilit. Asserendum nobis est (De re medica Hebror.), dit-il, aulumasse illos (Hebros veleres) uti veleres ferme omnes, corporis humani ftum in

par les prtres, ne ft exerc par d'autres personnes ( Scott, catchis. medico
en partie
p. 1 c.4. 7.

VIL Quelle que


mdecine en

soit la classe qui exert la

Isral,

cherchons ce que

les sain-

savons chapilre du Lvitique quelle conpar le naissance dtaille de la lpre de sa dure, de son espce les Isralites possdaient d'aprs les renseignements de Mose. Nous ignorons comment ils gurissaient un mal aussi commun parmi eux. Nous savons seulement que le lpreux jusqu' sa parfaite

tes Ecritures nous disent des thories cales et de leur application. Nous

mdi-

XV

gurison tait squestr du reste des hommes cause de la contagion de ce mal. Du silence que garde Mose (Lvitique XIII) sur les moyens curalifs de la lpre, de l'histoire de Naaman dans le livre IV des Rois (V, 6, 7), de la maladie de Job que Calmet ( Dissert, in morbum Jobi ) qualifie de lpre et laquelle on ne voit aucun trailement oppos, on peut conclure que les Juifs ne connaissaient aucun remde cette affreuse contagion.
VIII. Si nous passons d'autres maux et leurs gurisons, nous trouverons dans les Proverbes ( Prov. V, 2) et dans l'Ecclsiaste XIX 3 l'accumulation de maux atroces, suite de l'incontinence, dont la cause est bien indique mais non pas le traitement. Dans l'Ecclsiaste (XXXI, 23, 24, 36, seqq. XXXII 24 34 ) il est question des consquences de l'intemprance, et on conseille le vomissement ceux qui se sentent l'estomac trop charg (Eccl. XXXI, 25 ) Par d'autres passages des saintes Ecrilures nous apprenons que les Juifs essayaient de gurir la goutte (III Rois, XV, 23; II Par., XVI, 12); qu'ils savaient panser les brlu( , )
,

utero matris coagulatione quadam ceu lactis concrescere (Job, X, 10), cui deinde Dominus pellem et nervos et lendones induceret. Addebant ossa, cumsalvasunt omnia, succo quodam madesecre, arescere vero continuo ac corpus viliatur (Job, XX, 10; XXI, 24; Prover., III, 8; Eccl., XXVI, 16). Sictit tiam, medulla osnum affecta crudelibus morbis totum corpus torqueri (Job, XXXIII, 19), vitiosum illum calorem, quem inflammalionem vocamus, ossi~ bus adlirere (Jrm., Larn., I, 13), oleum quo exlima pellis fovelur, ad usqueossa penetrare (Psau. CVIII, 18); uno verbo valeludinem omnem morbumque ex ossium hubitudine reta pravuque deducunt. Quin etiam umbi
,

lici

conomiam

plurimum ad valeludinem

res, les blessures el les plaies, et rluire les fractures (Exode, XXI, 18, 19 ; Ps. CXLVI, 13; 7s., I, 6; 26; Ezch., 21 ;

XXX,

XXXIV,
X, 34
);

Eccl. 7 Luc, qu'ils connaissaient l'emploi de di4


;

XLV1I, 12

XXX

XXX,
;

conferre Salomon (Proverbes, III, 8) insinnare videtur... Vitam constituebant insanguine; de venis et sanguinis mission e ne verbum quitlcm (Calmet Diss. dere medica vt. Hebror.). X. Je n'ai pas trouv d'autres connaissauces mdicales emprunter aux saintes Ecritures. Il ne serait pas tonnant que les Juifs eussent t cet gard trs-savants, encore que les saintes Ecrilures en disent si peu; car, comme le remarque saint Augustin le but de l'Ecrilurc n'est pas de former d'habiles physiciens, mais des hommes religieux. Le silence que l'Ecriture garde sur les mdecins et sur la mdecine, quand elle ra< conlc la maladie des personnes considra-
, ,

XL

AU

DEMONSTRATION EVANGLLIQUE, RRUNATI.


de vrais miracles, et distingues des Tout au contraire, supposez, si vous voulez, que les prophtes, que NoireSeigneur Jsus-Christ que tous les aptres
faits naturels.
,

bls , a sembl un homme d'un grand savoir la preuve de l'enfance de l'art dans l'antiquit hbraque. Dans la maladie de Jacob, par exemple, on ne voit pas que Jo-

comme

seph ait appel de mdecin ; dans l'histoire de Job, pas un seul ne parat. De mme, dans la maladie d'Amon , fils de David; d'Abia, fils de Jroboam; de Joram, roi de Juda. De ce qu'il n'est pas lait mention de mdecins, il ne faut pas en conclure qu'on en faisait pas usage. Car il faudrait aussi conclure qu'en Egypte il en tait aussi ainsi, puisqu'il n'en est pas question pour la maladie de Jacob, et nous avons vu de quelle manire cette science tait prospre sur les bords du Nil. XII. En outre, comme l'Ecriture ne parle jamais de remdes pour les maux intrieurs la peste , etc., mais seulement la fivre quand il s'agit de blessures, de fractures, etc. (Calmet., Dissert, cite plus haut), on en conclut qu'en Isral la mdecine se bornait la chirurgie, comme chez les anciens Grecs. Ghiron, par exemple, Macaon.Podalire, Peon et Esculape lui-mme taient de bons chirur,

fussent aussi instruits que l'vangeliste saint Luc, qu'ils aient tudi toutes les doctrines les plus profondes, qu'ils fussent initis la science de nos physiciens modernes, leurs notions sur le fluide lectrique et

galvanique sur le magntisme animal au mesmrisme mme, el voyez encore si de semblables gurisons ne sont pas de vritables miracles c'est ce qui nous reste
, , :

tablir.

giens (Voir Leclerc, Histoire de la mdecine), dit Pline (Plin., Hist. nat. I. XXJX c. 1) , bornant leur science au soin des blessures. Ainsi Podalire et Macaon, fils d'Escuayant suivi Agamemnon au sige de lnpe Troie , ne furent jamais consults, comme le remarque Celse , ni contre la peste, ni contre les maux intrieurs mais seulement pour des blessures. El ils taient si peu avancs qu'ils permirent Macaon , bless par un coup d'pe, de prendre un breuvage, compos de vin et de fromage de chvre d'oignons de miel et de farine (Homre, Jliad*, XIV, 630) Ne lisons-nous pas dans

comme

l'histoire

que

les

Babyloniens (Slrabon.XVl,
,

qui eurent une grande 746, el /. I, c, 19) rputation pour la gurison des maux inexposaient leurs malades sur la ternes place publique pour que les passants puissent dire s'ils avaient un remde leurs
,

maux. La mme chose

chez les Gaulois et les peuples de la Lusitanie (Strabon, II). Les Egyptiens agissaient de mme. Ainsi, si la leon de Slrabon (Strabon, III, 115) est exacte, Casaubon croit qu'il faut lire les Assyriens, au lieu des Egyptiens. Au rapport de Pline, ce ne fut que l'an de Rome 535 (deux cent vingt-neuf ans avant JsusChrist), qu'il vint dans cette ville un mdecin ou un chirurgien d'un pays tranger. On voit par la dissertation du savant professeur Vermiglioli , sur la chirurgie superstitieuse des anciens Romains, combien, dans des temps postrieurs, l'art mdical tait encore
se
faisait

XIV. Indiquons les cures et les gurisons racontes par l'Ecriture sainte, que nous devons tenir pour de vrais miracles ; nous les partagerons en trois classes. XV. 1 Nous regarderons, comme miraculeuses les gurisons opres par des moyens insuffisants dans ce cas Dieu a voulu cacher son uvre immdiate sous l'apparence de remdes inertes ou ne pouvant avoir d'effet salutaire par eux-mmes. Il faut ranger dans celte catgorie le serpentd'airain (Nomb., XXI), lev par Mose; la rsurrection du fils de la Sunamile, par Elise, en posant son corps sur le sien (IV Rois, IV, 32) la gurison de la lpre de Naaman, par l'eau du Jourdain, dans lequel Elise lui donna le conseil de se plonger (IV Rois, IV, 32); les ulcres d'Ezchi is, guris par Isae, avec un cataplasme de figues (IV Rois, XX, 48). La ccit du vieux Tobie, gurie avec le fiel d'un poisson (Tbie, XI, 15), sur l'avis de l'ange Raphal ; Le jeune Tobie rendu invulnrable par la fume du foie d'un poisson (Tobie, IV, 19; VII, 2); la gurison du malade de chaque anne, par les eaux de la piscine, aprs qu'elle avait t touche par l'ange (Jean, V, 3). La vue donne par Noire-Seigneur JsusChrist l'aveugle de naissance par l'application d'un peu de boue et de crachat et par les eaux de la piscine de Silo (Jean, le ) sourd et muet guri de la mme f on (Marc, VII, 33). Il faut mutiler les rcits les saintes Ecritures ou nier leur divine vracit pour
; ,
;

grossier. XIII. Or donc que les Hbreux fussent en arrire dans l'art mdical, spcialement dans le traitement des maladies internes , il ne s'ensuit pas que les gurisons opres par
les prophtes , et les aptres,

Notre-Seigneur Jsus-Christ sans l'emploi des remdes propres produire un effet salutaire et instantan ne doivent pas tre considres

pouvoir rfuter cette doctrine. XVI. 2 Il faut placer dans une seconde toutes les gurisons opres par srie les prophtes, Notre-Seigneur Jsus-Christ, inslanlanment ou par des les aptres ou par des signes sans aucun prires secours de la mdecine. L'Ancien et le Nouveau Testament sont pleins de ces m racles mais spcialement le saint Evangile. Combien de maniaques, de fivreux, de paralytiques d'pilepliques, d'estropis de sourds de muets, d'aveugles sont guris! XVII. En troisime lieu restent les possds, dont parlent spcialement l'Evangile et les Actes des Aptres. Ce n'taient pas sans nul doute des hommes attaqus de maladies naturelles dont on ne connaissait pas la cause physique ni le remde alors; mais des hommes dont, pour des fins que nous ne connaissons pas, les esprits malins s'taient empa.
,

4o

LA RVLATION AVANT JSUS-CHRIST.


seule lecture
;

490
effets

rs, ce qui est trs-clair parla du saint Evangile (Matth., VIII, 28-34; Mare, V, I. 17 Luc, VIII, 26-37 Marc, I,
;

tent d'expliquer

comme

ou beaucoup des miracles

cits, et

34, etc., etc.), des Actes des Aptres (Act. XVI 16-19; XIX 13-20, et en particulier par l'histoire du dmon Lgion (Spagni, de Miraculis.p. 444-447,559-567; Alber archol. Bib. c. 25 ; Ackerman, archol. Bibl. 193-198). Raison.de plus encore d'admirer la puissance de Noire-Seigneur Jsus-Christ et des aptres

atteindre ce but, torturent, mutilent les historiens sacrs. XIX. Je ne pense pas que l'on affaiblisse l'ternelle vrit de ces faits et de leurs consquences mme en leur opposant ce qui a t dit de certaines cures que la magie , la fraude ou l'adulation ont voulu faire croire
,

naturels tous qui poui obscurcissent et

auxquels non-seulement

les

maladies,

mais aussi les dmons obissaient, donnant ainsi une bien grande preuve de la divinit de leur mission. XVIII. Les conclusions que nous venons peine d'indiquer ont t exposes avec un grand dveloppement et avec toute la clart
de l'vidence par des crivains de cesderniers temps, par exemple, parGoldhagen ( Vindici hcrmeneutico-critic et exegetic in sacram

IScripluram, etc., etc.), Widenhofer ( Sacr IScriptur dogmatic et polemic explicatio), IWislhenhavcr (Bibl. sacra explicata), Weith \(Scriptura sacra contraincredulos propugna,ta ), Tobeiez (Comm. in sacr. Scr. novi f*deris), Duclot (La Bible dfendue des accusa(Justificationes it ions des incrdules ), Alber hermeneut.veteris vel et novi Test.), Ackerman Introduclio in vet. Test.) !( Archol. Bibl. et 'et par plusieurs autres qui ont voulu rfuter le naturalisme biblique du Nord dfendu avec 'ardeur par Pnler, Paulus, Eichorn, Baver, Michalis, Rosenmiiller, Kuinol, Gensnius, IWagschneider et autres qui ont tent et qui ten-

louange de Vespasien et d'Arien, etque rapportent Tacite, Sutone, Sparticus,ou ce quo Philocrale nous a transmis de la magie d'Apollonius deTyaue (Du Pin, histoire d'Apollonius, convaincu de fausset et d'imposture), ni de ce que l'on dit de la vertu de la racine d'une herbe dite Z?aara pourdlivrer les possds, ou de la magie ou des fraudes du Juif Elazar, qui en usait comme le raconte Josphe, ou autres choses de ce genre si souvent vrilies par les apologistes de notre sainte religion. Tels que Haute ville, Rergier,Valsecchi, Spagni (de Miraculis p. VII prop. 2, art. 3-5, et
la
, ;

p. VII,

propA).
je
,

chez

conclus que quelle qu'ait t la science mdicale dont nous avons expos l'tat les gurisons opres par les prophtes Noire-Seigneur JsusChrist et les aplres furent l'un des caractres les plus signals de la divinit de leur mission et la partie la plus clatante de celte grande nue des tmoignages, par laquelle suivant l'expression de saint Paul notre fo*. est protge (Hb., XII, 1).
les

XX. D'o

Hbreux

LA REVELATION
IRPANDUE PARMI LES GENTILS AVANT LA VENUE DE NOTRE-SEIGNEUR JSUSCHRIST.
plut l'ternelle Vrit de converser patriarches et les prophtes, et par leur intermdiaire, avec les Hbreux; de rpandre sur ces tribus les rayons de sa lumire pendant tant de sicles; de leur dcou1. S'il

avec

'es

matire, je dois dclarer que mon travail paratra peut-tre faible de preuves pour les
Chrysostoine et de saint Augustin ; le premier ne ditil pas (Exposil. du psaum. IV, Opp. tome V) liane Deus a multis rtro seculis doclrinam disseminavit in unaquaque generatione. jEgyptios itaque docuit ex Abrahamo, Persasrursusexeodem, Ismalites ex ejus nepotibus et alios innumerabiles, eiper Jacobeos qui habitabanlin Mesopotamia... Vides universum orbem terrarum a sanctis docendum, si modo ipse voluisset. Quinetiam anie eos diluviurn ad excitandam eorum mentem salisfueral...lla etiam quibabilabant inOccidente omnes omnia discebant cum mercatoribus jEgypliis versantes. Quanquam abonni non miilla gentes eranl in illa regione , sed maxima hominunt l'requenliaac lurbaemultiludocratin portibusOrientis. Etenim et Adam illinc egressus et genus Nue illic versabatur, et post turrim illic crant et ut plurimutn versabantur in Oriente. Sed tameuin unaquaque generatione Deus illic doctores cousliluit: Noe, Abraham, lsaac, Jacob, Melcbisedecb. Balaam quippe, (Om. XXIV, supra S. Mail., tome VU) etc., a (ide et attamen gratia in illo ad a bona vita alinas erat aliorum res providendas operata est. Eliamque Pliaattamen ipsi quoqne fulura oslenrao lalis cral d'n, etc., etc., elc Saint Augustin rpond sur lo lait ainsi pos (De civil. Dei, liv. XVlll, c. 47):
: ;
:

vrir les principes de la foi, de la morale et de la religion, les mystres les plus levs, la connaissance desquels jamais aucun esprit

pu parvenir par lui-mme, et nous rendons de ferventes actions de grces de ce bien, ne lui plut-il pas aussi de laisser tomber un rayon bienfaisant de ces connaissances parmi les Gentils? Cette recherche
cr n'et
lui

fera l'objet de celte dissertation. A l'aide des histoires sacres et profanes des crits des
,

poles et des philosophes, et de quelques

mo-

numents chapps aux coups du temps , je vais chercher tablir que pendant que les
saints patriarches, les prophtes et les Juifs taient clairs par la lumire divine avant la venue du Messie, les autres nations avaient

reu

le

reflel trs-affaibli

de quelque ple

rayon de
(1)

cette lumire (1).


nio dfendre

Avant d'entrer en

Pour

me

suffirait

de

citer

du reproche de nouveaut, il quelques passades de sainl Jean

DMONST. EVANG- XIV

(Seize.)

491

DEMONSTRATION LY ANGELIQUE. BRUNATI


,

49-2

la captivit de Babyce qui vient de l'absence de tout document historique srieux avant cette poque parmi les nations paennes chez lesquelles on ne retrouve que des faits mythologiques, si on veut donner leur vrai nom aux rcits qui nous sont parvenus ce qui a fait dire Bianchini (La storia universale provata con

temps qui ont prcd

lone

monumenti) que l'histoire profane ne peut marcher la tte haute sur les confins de cet ge, ni poser le pied hardiment sur aucune allgation. Le peu que l'histoire sainte nous dit sur ces choses si loignes suffira pour prouver que je m'appuie sur la vrit. Il faut encore observer que si je ne prsente pas des
faits historiques

quant l'Amrique, au nord l'Espagne la Gaule l'Angleterre, etc., etc., mes conclusions ne doivent pas lre rejetes pour cela en effet, quant l'Amrique par exemple, les historiens les plus anciens ne nous disent pas un
de l'Europe
et
, ,
: ,

mot sur l'poque


les

laquelle elle fut peuple

mmoires qu'on y a trouvs ne nous donnent aucune liste de rois qui remonte au del du sixime sicle de notre re et les monuments historiques ne comptent pas beaucoup
,

de sicles avant la dcouverte des Espagnols, et cependant ils portent quelques traces des traditions patriarcales relatives Eve avec
le serpent, Adam et dfendu, la punition luge, No, l'arche,

Eve mangeant le fruit du serpent (1), au d-

au corbeau, la colombe, aux huit personnes sauves, la tour de Babel (2). Les histoires et les monuments
ante lempora clirisliana aliqui fuerint extra An israelitarum gmis qui ad clestis civitaiis consor lium pertinuerint;! ceci Nec ipsos Judoeosexislimo contendere ncminem pertinuisse ad Demn pirater
:

Israelilas,

ex qno propago Isral essecpit reprobato

ejus traire majore. Populus enim rvera, qui proprie Dei populus dicerelur, nullus alius fuit ; hommes autem quosdam non lerrena sed clesti socieiaie ad israelilas supernae cives patri pertinentes viros eliam in aliis geutibus fuisse negare non possuul ; quia si negant, facile convincuulur de sanclo et mirabiliviroJo'b, qui nec indigeua ne proselytus, id est advena populi Isral fuit; sed ex gnie Idumsex genus ducens ib'i orlus , inique morluus est , qui div'mo sic laudaur eloquio, ut quod ad justifiant pietatemque atlinet nullus ei homo suorum ternporum coaequetur.

Qura lempora ejus quamvis non inveniamus

in

chro-

nicis, colliginms lanien exlibroejus,quemprosuimerilo Israe'lil in auctorilatem eanonicam receperunt,

tertia generaiione( Vide in Eusebiu, Dem, I) posteriorum fuisse quam Isral : diviniius autem provisum

non dubiio, ut ex hoc alias gnies esse potuisse qui


fuisse,

uno sciremus eliam per secundum Deum vixe-

runt cique placuerunt, perlinenles ad spirilalem Jrusalem. Quod nemini concessum fuisse credendum est, nisi cui diviniius revelalus esluuus medialor Dei et bominum homo Chfislus Jsus qui venturus in carne sic anliqttis pramunliabalur, quemadmodum nobis venisse annuntiatus est, ut una eademque per ipsum fuies, omnes in Dei civitatem, Dei domum, Dei lemplum, pradestinatos perducerei ad Deum. (1) Voir dans les Annales del littrature et des arts, tome X, page 286 et suivantes, la description de la pierre trouve en Pensylvanie , Brownsvell, et reprsentant Adam et Eve. (2) Voir llumboldt et liornpland, Vues des Cordillres et monuments de V Amrique, Paris, 1820. Augustin Aglio, Anliquities of Mexico, tomeMI, Lon:

gardent le mme silence sur les peuples du Nord. L'histoire de l'Europe septentrionale ne date que de sa conversion au christianisme, comme l'admontrM.LudovicScltzer (Hist. univers. du Nord ). Les histoires de 1 Espagne, des Gaules de l'Angleterre n'ont commenc qu'avec la conqute romaine. Avant la fondation de Rome l'histoire de l'Italie septentrionale est presque ignore; nous n'avons que des lgendes. Malgr cela, nous allons prendre notre point de dpart Adam et descendre de sicle en sicle jusqu' Notre-Seigneur Jsus-Christ. IL Dieu souffle la vie dans Adam, et il est plein de science et de lumire, et il lit comme dans un livre la loi sainte qui le lie son Crateur; et dans la vaste surface de la terre, etdans l'infinit des tresqu'ilason service, et dans l'immensit du ciel qu'il mesure de son regard il adore son omnipotence. A peine a-t-il viol la loi en mangeant du fruit dfendu, qu'il entend la promesse del naissance d'un fils qui crasera la tte du serpent. Les gnrations sans nombre qui sortirent d'Adam pour peupler la terre tirrent de leur commun pre et matre non-seulement la vie, mais encore, pendant les neuf cent trente ans de son existence, la connaissance de la religion, de la morale qu'il avait puise l'cole de son Crateur, l'histoire de son origine, de sa fatale chute, des sacrifices de Can et d'Abel, du premier fratricide et la tradition d'un Rdempteur venir. Cette foi, cette religion, celte morale ces rcits, ces traditions ont bien pu se conserver parmi toutes les nations car qu'est-ce qui reut et Adam et No, sinon Lamech et Mathusalem, dont l'un a exist cinquantehuit ans, et l'autre deux cent quarante-cinq ans, en mme temps qu'Adam. Enoch naquit l'an du monde 622 (Gen., V, 22). 11 menace devant le Seigneur les nations qui ne marchent pas dans leurs voies, il annonce le jour des vengeances ( saint Jude, Ept. Ik, I5j. A sa trois cent soixante-cinquime anne (il en avait vcu cent treize avec No) il fut par sa foi transport dans le paradis (ad Hbr., XI, 5, Eccl. XLIV, Gen., V, 26), et prsent (suivant le texte grec) comme exemple de pnitence aux nations, et destin (suivant la Vulgate), prcher la pnitence aux nations. Les hommes purent donc apprendre de nouveau l'cole d'Enoch, et par ses exemples, la foi et la justice, s'ils les avaient oublies. La lumire de la rvlation fit-elle dfaut aux nations antidiluviennes? Elles ne la suivirent pas, comme le juste No, puisqu'elles se plongrent tellement dans toutes sortes de crimes, qu'il fallut un dluge d'eau pour laver la souillure de la terre ( Gen., VII; Matth., XIV, 37, 38; Luc, XVII, 21). No et sa famille voguaient tranquillement sur les flots, et avec eux la morale et la foi rvle Adam et Enoch et mme No, puisqu'il avait convers avec le Seigneur (Gen.,
,
,

Les Antiquits mexicaines, tome IV, Paris. don. On y trouvera beaucoup de documents et de traditions semblables.

494 LA RVLATION AVANT JSUS-CHRIST parmi les hommes qui avaient t ou chers VI ). Le petit nombre de personnes sauves ou illustres, en un mot parmi les uvres non-seulement repeuplrent la terre de noucom- de ses mains (Sap. XIII, XIV, et Rom., I velles gnrations, mais encore leur Eusbe, Prp. vang. ). Le pre mme d'Adoctrines et les rcits qu'elles muniqurent les braham, Thar, tait adonn au culte des avaient conservs (1). No en effet survcut faux dieux Josue, XXIV, Judith V). Dieu cinquante ans au dluge, Sem, de trois cent
;
(

cinq cents; la vie de Japhet ; celle de Cham ne furent pas plus courtes ce furent, pour ainsi dire, de vritables livres pleins d'autoneveux les rit, par la lecture desquels leurs plus loigns pouvaient s'instruire de toutes reliles vrits de la foi, de la morale, de la gion et de l'histoire. Ainsi put-il arriver Abraham qui vcut cent cinquante ans en mme temps que Sem, cent trente pondant l'existence de Sal, et cent quatre-vingt durant celle d'Heber, fils de Sal. Ajoutons que nous avons des preuves plus frappantes que les mdailles et les pierres de la toute-puissance et de la justice de Dieu, d'o viennent les prodiges raconts par nos pres. La division du temps par semaines (2j, le repos de l'arche sur le mont Ararat (3), la subversion totale du globe, les dpouilles des animaux plries (h), les ruines de l'immense tour (5) des plaines de Sennaar et les noms divers qu'on lui donne ( saint Jrme,
;

donc Abraham pour tre le prdicateur et le rformateur des nations, lui


choisit
,
,

Op..

t.

Y).

prfrer aux traditions et aux historiques, lgislatifs et dogmatiques? Les nations, aprs avoir suivi toutes les phases de l'iniquit, se refusrent croire et obir leur Crateur, leur Seigneur , au Dieu unique et vrai ; et elles se crrent, la place du Seigneur, des dieux parmi les esprits infrieurs qui avaient reu de lui

Que monuments
III.

l'tre et la vie,

parmi

les astres, les lments,

d'Edouard Ryan, ministre protes(1) Voir tant, traduit de l'anglais par Bouhird, Bienfaits de la Thomassin, Mthode Religion chrtienne, chap. 1. De Lamennais, pour tudier la philosophie, liv. 1.
le livre

Essai sur l'Indiffrence, tome III, chap. 21. De l vint aux Chinois (sinon par leurs relations avec les Juifs), la tradition de Fo-hi ou de Yao ou de Ti-ko, Duclot, Dfense del Bible. si semlilahles No. Paravey, IdenL'Histoire universelle anglaise. tit du dluge d'Yao et de celui de la Bible, dans les Duclot sur la Annales de philosophie chrtienne. Brunati sur V Accord Tradition chaldcnne, op. cit. des livres sacrs de l'Inde et les onze premiers chapitres Aristote, du Monde et du Ciel , elc. de la Gense. (2) La semaine ou l'usage de compter par sept jours a t retrouve dans la Chine, dans l'Inde, la Perse, la Syrie, la Grce, l'Arabie, l'Egypte, l'Ethiopie chez les Etrusques, les Celtes, les Amricains, etc., etc. Voir Gobelin, Histoire du calendrier, elc, elc. Butler, Feste inobili, Trallato dlia dom. Duclot, note 11 sur la Gense. Aristobule, dans Eusbe. Philon, De la Cration Le juif Josphe. Tertullien, Apologie. du monde. Thophile Suidas. patriarche d'Antioche. Platon. Selden, de jure nat. et gent. etc. Stolherg, Histoire de la religion de Jsus-Christ, etc., etc. La Sibylle, (3) Voir Eusbe et le Juif Josphe. cite par Alexandre Polyhislor, dans Eusbe, Chron., saint Epiphane, etc., elc. Cuvier, Discours (4) Voir Leibniiz, Protogea. prparatoire aux recherches sur les ossements fossiles. (S)Slrabon, liv. XVI. Saint Jrme inlsaiam. La tour de Babel a t l'original de la guerre des gants ci des dieux.

lui observateur de la religion primitive lui que les anges visitent et instruisent qui sera le pre des croyants et la souche d'o sortira le Messie promis Adam. Il vient avec son neveu Loi, et Sara sa femme (Gen., XI, Xll ;Act., VII; Judith, V. Joseph. Ant. ) de Ur en Chaldc Haram en Msopotamie, aprs plusieurs sjours dans la terre de Chanaan, en Egypte, o rgnait un roi du nom gnrique de Pharaon ( EuPrp. v. 1. IX Josphe, Ant. ) il sbe retourne la Chananilide, o Lot, se sparant de lui, va habiter la Pentapole, pour vangliser, sans doute, cette terre souille de tous les pchs. Vient (Gen., XIV) ensuite le combat dans la valle de Ciddim, contre Ancrafel, roi du Sennaar, contre Arioch, roi d Econtre Chodorlahomor, roi d'Elam lasar contre Tadal, roi de Goim. Ces rois sont vaincus, Abraham fait un riche butin, il qui avait t fait dlivre son neveu Lot prisonnier et il poursuit avec valeur jusqu' Damas (Josphe Ant., 1. I. ). Ainsi se faisait connatre parmi ces peuples divers cet homme si riche en serviteurs et en troupeaux, mais bien plus riche encore en sciences saintes, lui qui en avait reu la tradition de ses aeux et de Dieu mme. Melchisdech, roi de Salem, prtre du TrsHaut, reconnat l'homme saint le pre des croyants, le matre des nations. Ce roi de la Chananitide. Lot, habitant de la Pentapole, et le voyageur Abraham restent purs tous trois au milieu des dsordres de ces temps ils furent des exemples vivants pour les peuples parmi lesquels ils vivaient ils purent tre pour eux des prcepteurs et des guides dans la justice, la foi, et ils seront toujours une cause de condamnation pour ceux qui auraient pu proter de semblables bienfaits, car ils seront la preuve que la lumire cleste ne leur a pas manqu Voici du reste un fait probant. Abraham et Lot ( Gen., XVIII, XIX j sont avertis par les anges du sort rserv la Pentapole Lot engage les jeunes hommes qui devaient pouser ses deuxlles fuir avec lui; mais eux et les habitants de Sodome rirent de son avertissement, comme les habitants de la terre, avant le dluge, des paroles de No. Le Seigneur, qui ne trouve pas dans Sodome , Gomorrhe Adama, Sboim et Zgor les dix justes dont il avait parl Abraham (Gen., XVII 1, 32). lance sur elles un dluge de feu et de sourie les dtruit de fond en comble et ne laisse subsister que Zgor, parce que Lot s'y tait rfugi. Cet exemple terrible fut perdu la nation chananenne non plus que leurs voisins ne se changrent pas la vue de ce feu de la colre divine, dont les traces subsistent toujours [Gen. , XIX, Deut., XXIX
, ; ;
,

im

DEMONSTRATION EVANGELIQUE. BRl'NATI.

498
et les fils

de la Guerre des et XXXII: Sap. X, Josphe Tacite, Philon, de la vie de Mose. Juifs. Pline. StraDiodore de Sicile. Hist. Micliaeiis, etc., etc. ). bon. IV. En poursuivant noire course nous rencontrons deux souches de nations, Moab et Ammon, sortis de Lot et de ses filles {Gen. XIX; Rosenmuller ), et qui sans nul doute avaient t instruits dans la science divine ; de mme Israal, pre d'une immensit de et comme lui, Zamran , Jecsan , peuples Madan,Madian, Jesboc et Sue, tous (ils d'Abraham Gen., XXV. ) et auteurs de tribus Josphe. innombrables ( Mach. XII. Jluet. etc. ) furent Chanaan. Bochart initis par lui la sainte doctrine. Cette science prcieuse tomba dans une terre strile, car si elle porta quelques fruits chez les fils immdiats du patriarche, elle ne germa plus chez leurs descendants. Les rapports qu'il eut avec la Palestine, et cause de Sara avec Abimlech et sa cour, le voyage du serviteur fidle en Msopotamie pour aller y chercher l'pouse d'Isaac, furent-ils la cause de salutaires instructions, je ne le

rencontre avec son frre Esaii,

de

sais pas; mais ce

que

je sais

bien, c'est

que

ce que la Gense nous a transmis de la vie d'Abraham suffit pour prouver la vrit de ce que j'ai avanc. On peut dire la mme chose de la vie d'Isaac, qui, voyageant, avec Rbecca cause de la disette, comme avait fait Abraham, trouva Grara de Palestine ( Gen., XXVI ) un Abimlech, probablement fils du prcdent, qui le reconnut, et lsaac s'enrichit dans ce pays. N'est-ce pas pour une cause importante dans les desseins de Dieu, que Jacob fut envoy par son pre et par sa mre (Gen.,XXVII,XXVIII), chez Laban, en Msopotamie qu'il y resta pendant vingt ans, qu'il y pousa Lia et Rachel et non Bala etZelfa, qu'il enrichit son beau-pre et luimme, qu'il se mit en route avec tous ses troupeaux et ses deux femmes et sa nomfcreuse famille, que Laban le poursuivit et que le ciel le protgea ( Gen., XXXI, 24 ) ? Comment croire encore une fois que tous ces patriarches aient gard pour eux seuls les traditions de leurs pres, l'esprance d'un Rdempteur, sans vouloir en instruire non plus que des rvlations qui leur furent Eccl. XLIV ; faites ( Gen. , XVII, XXII Jean, VIII, 56) leurs enGen., XXVIII. fants, leurs tribus et les nations avec lesquelles ils se trouvrent en contact? Furentils assez circonspects pour ne jamais donner connaissance de leur culte et de leur croyance par des actes extrieurs? Au lieu d'accuser ces saints patriarches, n'est-il pas plus naturel de penscrque leurs efforts furent inutiles et que les nations ne profitrent pas des leons qu'elles reurent, comme Laban qui aprs avoir vcu vingt ans avec Jacob, aprs avoir t favoris d'une apparition du Dieu vivant ( Gen., XXXI, 26, 30, 34 ) , adorait encore les faux dieux {Gen., XXXI,
, ,

ce dernier, les Idumens, si nombreux, ne durent-ils pas tre instruits selon le cur de Dieu, par ce petit-fils d'Abraham? Le retour de Jacob avec de nombreux troupeaux {Gen., XXX, XXXI, XXXII) dans le pays de Chanaan, ne devait-il pas fixer l'attention de ces peuples sur lui, qui avait quitt les rives du Jourdain {Gen., XXXII) seul avec son bton, plusieurs annes avant, et leur inspirer de graves rflexions en le voyant adorer un autre Dieu qu'eux, avoir une autre croyance, un autre culte, d'autres murs? Et cependant ces peuples conservant leurs dieux, ouvrage de leurs propres mains ces idoles qni deviendront une partie du butin {Gen., XXXV) fait par les fils de Jacob sur les Sichimites et sur les villes autour de Sichem, craignent le bras des fils de Jacob, mais non le Dieu de leur pre. VI. Mais cet endurcissement de cur et cet aveuglement volontaire sur la vraie religion, la morale et les esprances les plus prcieuses de la part des nations qui auraient pu y tre inities par les patriarches , ne sont rien en comparaison de ce qui se passa de semblable en Egypte, o pendant deux sicles, Joseph, Jacob, ses douze fils, Mose et Aaron, demeurrent et enseignrent le vrai Dieu, par le secours duquel les douze tribus sortirent. Joseph {Gen., XXXVII), le fils chri de Jacob, est vendu par ses frres des marchands descendants d'Ismal et de Madian (fils d'Abraham, l'un par Agar, l'autre par Ctura). En Egypte il devient la proprit de Putiphar, ministre de Pharaon, Joseph si savant des choses de Dieu. Heureux Putiphar qui reoit dans sa maison un trsor si prcieux de science divine! Enfin, en prison il se montre illumin d'en haut et dpositaire des secrets du Tout-Puissant. Heureuse l'Egypte qui possde dans son sein un envoy de Dieu et avec lui toutes les bndictions clestes En lisant dans les songes du roi d'alors la grande abondance des sept annes et la strilit des sept autres qui les suivront, il pourvoit assurer la vie des sujets de Pharaon, qui l'a institu son viceroi {Voir le Psaume XC1V). VIL Joseph, adorateur du vrai Dieu, bni de lui visiblement, initi sa sagesse, fixant sur lui les regards de toute l'Egypte et son amour pouvait ce qu'il me semble si la nation l'avait voulu, changer le trne en chaire de vrit trs-certainement il n'avait pas cach sa foi ; puis arrive du pays de Chanaan le prophte Jacob, qui, son lit de mort, voit dans les sicles futures le Messie; elavec Jacob, ses onze fils et tous le reste de sa nombreuse famille et son btail; ils s'ta^ blissent dans la terre de Gessen et ils forment un grand peuple. Comment croire que le culte, la religion, le Dieu dece peuple restent
;
!

24-29 )? V. Diverses autres circonstances de la vie de Jacob nous amneraient la mme conclusion. Je ne dirai rien cependant de sa

inconnus auxEgypliens, commes'il s'agissait du Dieu d'un passant, d'un voyageur? L'loignement des temps n'a pas tellement dtruit toutes les traces de ces vrits que mes conjectures ne se changent en preuves videntes.

497
C'est

LA REVELATION AVANT JSUS-CHRIST.


;

493

en vain que brille la lumire que Joseph et Jacob apportent , les Egyptiens n'en profiteront pas. Ils ne feront rien pour entrer dans la voie de la vertu et de la vrit ; au
contraire ils s'enfonceront de plus en plus dans l'euridoltrie( Voir /sws&e, Prp.vang., I. 1). Leurs prtres et leurs sages se contenteront d'adopter inutilement le rit de la circoncision, quoi qu'en disent les crivains grecs (Hrodote. Diodore. Strabon. Athne, Eusbe. Fourmont, Rflex. crit. sur les anciens peuples. Calmet. Humboldt, vues des Cordillres. Suidas.) qui prtendent que les Hbreux apprirent cet usage des Egyptiens tandis que le plus ancien et le plus grave des auteurs, Mose (Gen., XVII) nous dit que cette coutume ne vint pas aux Juifs de l'exemple de l'Egypte, mais du cornmandement de Dieu Abraham. Il ne suffit point aux habitants des bords du Nil de rejeter les doctrines qui leur taient apportes pour leur salut; mais plus ingrats qu'on ne peut le dire, ils cherchrent soumettre au plus dur esclavage le peuple hbreu et ils y seraient parvenus si toute force humaine ne devait pas toujours cder devant Dieu, qui suscita Mose pour sauver son peuple. VIII. L'Egypte ne saura pas profiter de l'heureuse occasion que Dieu lui offre de se rapprocher de lui en lui montrant un homme savant non-seulement dans toutes les sciences des coles (Act., VII, 22} mais encore de la sagesse des patriarches et du savoir que le ciel inspire. Mose est lev la cour du roi et grandit sous la protection de la fille de Pharaon et l'ge de quarante ans, il s'y montre fort en uvreseten paroles (Act., VII, 22, 23). Destin qu'il est tre le librateur de ses frres, il tue (Act. , VII, 25) un Egyptien qui frappait l'un d'eux. Il est poursuivi pour tre mis mort et se sauve en Arabie ptre ou terre de Madian (Exod., II). L vivait Ruguel, adorateur et prtre du vrai Dieu et pre de Jthro('.rod.,IIl)etdeHobab (Nomb. X,29) Cineus (Juges, IV, 11). Ainsi l'Egypte, le roi et sa courperdirent celui qu'ils du salul prendre pour guide dans la voix pouvaient l'Arabie, au reste, ne tira pas plus avantage de lui que de Raguel, de Jlhro, d'Hobab et de Job. IX. Quarante ans aprs (Act., VII, 30), Dieu apparat Mois? sur le mont Horeb, l'envoie, ainsi qu'Aaron, revtu de toute sa puissance, auprs du roi d'Egypte pour lui demander la libert de son peuple mais ni les ordres du Dieu d'Isral, ni l'vidence des prodiges ne peuvent donner la sagesse ce Pharaon, ses magiciens, son peuple, et leur faire adorer la main qui frappe plus les preuves s'accumulent et plus ils deviennent incrdules fiers de leurs propres forces entendus seulement leurs intrts, ils se refusent reconnatre et obir au Dieu d'Isral, si bien que le souverain et son arme prissent dans la mer Rouge, en poursuivant les Hbreux fugitifs qui sur l'autre rive chantent des cantiques d'actions de grces auDieulcur librateur. Quelques Egyptiens, prfrant leur patrie et a leurs dieux le

Dieu des Hbreux, so joignent eux (Esc., Nomb., XL, 4). Protgs par sa. XIII, 38 main puissante ils mlent leurs voix celles des autres, et ainsi troi-s gnrations (Deut., XXIII, 8), se rjouiront de s'tre inscrites la congrgation du Seigneur. Elles se lveront un jour pour la condamnation de leurs compatriotes qui ne suivirent pas leur exemple. Le sort fatal de l'arme ne changea pas le cur de la nation (1) qui, en fait de religion, tomba d'erreur en erreur, si bien qu'elle poussa l'idoltrie plus loin qu'aucune autre. Les Moa-

j '

Idumens, les Philistins, les Cha-j nanens ne profitrent pas du terrible aver tissement que le spectacle de la destruction des forces de Pharaon leur avait donn, ils s'enfoncrent de plus en plus dans la plus honteuse idoltrie et dans l'iniquit (Gen.,' XV, 16; Sag., XII), comme nous ledit le Pentatcuquc. X. La bont de Dieu est si grande qu'il ne cessa de donner aux nations de nouvelles oc-|
bites, les

casions de s'instruire et de se sauver. La renomme rpandit le bruit des prodiges infinis par lesquels, il maintint et dfendit son peuple, comptant au moins un million (Duclot,

demi d'individus, dans le dcampait sous le commandement de Mose. Elle ne laissa pas ignorer les victoires nombreuses des Isralites (ItaocL, XVII, Nomb., XXIet XXXI Deut., II, III), les chtiments dont ils furent frapps, la pompe du tabernacle, l'admirable lgislation (fluet, saint Cyrille, cont. Julian, 1. 1) donne du haut du Sina au milieu des clairs et des clats de la foudre. Toutes ces choses furent connues
op., cit., sert o
t.
il

III) et

des nations voisines et mme assez loignes. JlhroetHobab, fils de Raguel, les an-: noncrent en Arabie, et Balaam en MsopotamieLes sages du pays de l'Etoile n'avaienl-ils pas t instruits de ce qui devait natre de Jacob? Lui-mme avait annonc de sa propre bouche la venue du Messie Isral (2). Divers interprtes sacrs n'ont-ils pas pens que les mages avaient conserv pendant quinze sicles le souvenir de celte prophtie qui annonait la venue de l'Etoile mystique de Balaam* par l'apparition d'une toile au firmament. Le retentissement des hauts faits de Mose s'tait fait entendre chez les peuples au dire de savants criles plus loigns vains ( voir la note suivante qui commence par ces mots : La fable qui remplaa), si bien
,

que

la vie

et les exploits

du saint prophte

ont t travestis et sont devenus ceux de leurs dieux, demi-dieux et hros. La preuve de ce retentissement se trouve dans la rponse de Raab aux envoys de Josu (Josu, II). Je
(1)

La

fable,

qui remplaa la vrit, a bien pu d-

figurer la mmoire de ces laits. Voir Alt. Gurin du Koclier, Vritable histoire des temps fabuleux, I. 111. Hrodote, Diodore, Justin, Duclot, Thomassin.

Bochart, Huet, Lavaur, Fourmont, Gosseline, Davis, Zgu, de la Barre, Frrct, Toucher, Bougainville, Court de Gebelin, Pluche, Hergier, etc., etc. (2) La prophtie le Balaam, au dire d'Herbelot. (Bib. orient.) tait rpandue en Orient. (Voir Faher,
Histoire universelle anglaise.)

499
sais

DEMONSTRATION EYANGEL'.QUE. BRUNATI.


que
le

500

Seigneur vous a donn cette terre : c'est pour cela que vous nous tes devenus terribles et que nous sommes dans la crainte; nous wons entendu dire comment le Seigneur a arrt les eaux de la mer Rouge pour votre passage, comment il a traite' les deux rois des Amorrhe'ens, etc., etc. Le Seigneur votre Dieu est l-haut, au ciel , et ici-bas sur la terre. Tous les habitants de la terre promise n'taient pas disposs faire la profession de foi de Raab. Malgr les prodiges dont elle fut

ser par la Palestine. L'affinit des langues, qui alors devait tre plus grande qu' prsent, rendait les relations plus faciles aussi serait-il fort difficile de croire que Samson (La:

vauxmontre Hercule dans Samson, et dans Jepth et sa fille, la fable d'Iphignie) et les autres juges, surtout Samuel, Sal le premier roi, Jonathas, ne soient jamais venus la

entoure, la vie de les peuples paens.

Mose passa
Il

inutile

pour

de mme de celle de son successeur Josu. Il raconte lui-mme (Josu, V, 1) de quelle frayeur furent saisis les rois habitants des rives du Jourdain quand ils connurent de quelle manire le Seigneur avait fait traverser le fleuve son peuple; mais cette frayeur fut sans rsultat pour le salut de ces tribus qui restent sourdes au bruit de la chute des portes de Jricho (Jos., VI), aveugles la station du soleil et la pluie de pierres; aussi toutes sont-elles soumises par la force sauf les Gabaonites (Jos., IX) et ceux du Gezer(/os.,XI). Aussi trenteet un (Jos., XII) rois et leurs sujets tombent sous l'pe de Josu. Les nations trangres ce pays profitrent-elles davantage de ces miracles, je l'ignore ce que je sais, c'est qu'ils ont t connus d'assez loin, car ils ont encore servi de base des fables mythologiques, suivant des auteurs renomms (Martin, histoire de la Chine; Duclot, la Bible dfendue; Thomassin, Huet, Lavaur, etc.). La mmoire des exploits de Josu fut porte en Afrique par les Chananens ou Phniciens qui fuyaient devant lui et elle fut conserve par la langue punique, au rapport de Procope (Voir saint Augustin, Procope, Bocharl) qui raconte que dans une ville de Numidie sur la cte septentrionale d'Afrique, on voyait encore deux colonnes de pierre blanche portant en langue phnicienne ces mots Nous avons fui devant la face du voleur Josu, fils de Nav, ou deNun. Le phnicien Cadinus (Procope, Scaliger, Bochart Selden, Holtingcr, Huet, Cassel, etc.) qui porta en Grcel'alphabet,la littrature et les sciences, ne serait-il pas, si on considre l'ordre des temps, l'un de ces fugitifs, et certainement alors il ne laissa pas inconnus le nom et les actions de Josu, de son peuple et quelques notions de leur religion. XL Au milieu de ses prgrinations, le peuple Juif, comme nous venons de l'indiquer, abandonnafut l'aptre des autres nations

en

fut

connaissance des autres peuples, ou voisins ou mme loigns (Voir Huet, Dm.Ev. Prop. de lib. Sam. 10). Que dirais-je du successeur deSaiil, de David, vainqueur des Moabites, des Ammonites, des Philistins, des Amalcites
(II Rois, VIII, 12), des deux Syries et d'autres nations jusqu' l'Euphrate (Il Rois, VIII, 3 et X ; I Parai., XVIII XIX et Josphe, Anliq), dont le Seigneur a dit (II Rois, VII,
, ;

9)

Fecique

tibi

nomen grande juxta nomen


,

magnorum qui

sunt in terra. Sous son rgne, il fut impossible que les Hbreux, leurs livres et leur foi restassent ignors aux autres peuples: il jouissait alors d'une renomme trop tendue et il inspirait trop de crainte pour qu'il en ft autrement (1). Le rgne de Salomon donne mille fois plus de force mes conjectures. Sa cour est des plus splenclides (III Rois, XV). son arme est nombreuse en cavalerie (I Parai., XXVII) et en infanterie (III Rois X. 26; 11 Par. I, ik). Il soumet Emalh, Suba (II Para!., VIII, 3), il rend tributaires les Chananens (III Rois, IX, 20, II Par., VIII, 7, 8). 11 btit des villes, Tadmor ou Palmyre (III Rois IX, 17, 18, 19) est de ce nombre; il est en correspondance avec Vafre, roi d'Egypte (voir Polyhistor, dans Clment d'Alexandrie Strom, l. I; Eusbe, Prp. vang. I. IX) qui lui envoya des ouvriers (Ibidem) en grande quantit et dont il pousa la fille (2) ; il esten relation avec Iram, roi de Tyr (III Rois, V) qui lui donne des cdres du Liban en abondance, des architectes et des tailleurs de pierre (3). Il envoieune flotte de la mer Rouge aux terres loignes d'Ophir et de Tarsis(4),qui revient tellement charge d'argent et d or que ces mtaux prcieux taient aussi communs que les pierres Jrusalem (III Rois, III, 12; IV, 29, 30, 31). 11 lve son Dieu sur leMoria, un temple qui par sa majest, sa richesse, son travail, la pompe de ses crmonies n'a pas de pa, , ,

reil

dans

le

monde, dont

il

fut la

premire

merveille. XII. Dieu donna Salomon (III Rois, III. 13; X, 23; II Paralip.,\, 12) la sagesse et la

ce caractre, une fois fix dans la terre promise ? Si le voile pais qui couvre l'histoire de ces temps si loigns pouvait tre enlev, il nous serait donn de voir assez clairement comment on a tiss la fable sur la vt-il

(1) I Par. XXII, 2; laii l'ami (le bavid, et

de reconnatre que le peuple hbreu, avec ses prtres ses rites, sa croyance, sa foi, a t plus connu des trangers qu'on no le croit l'antiquit n'a pas plus manqu de uriosit que le temps prsent. Cette nation si nombreuse n'a pu rester ignore quand ce ne serait qu' cause des caravanes de marhands(Forr/a Gense, XXXVII, 25, qui parle
rit, et
,

cien , parle de la vang., liv. 1. Fourmont, Rflexions critiques sur C histoire des anciens peuples, lome 1. (2) III Rois, III, i Vdir encore dans Tazianns, cont. Grcos, n. 57; Theodat., Iphicrale et Mou, crivains phniciens. C>i 111 Rois, V; II Par., II. Alexandre Polyhisior dans Clment d'Alexandrie, Sirom.; saint Thophile d'Antioche, ad Autolyc., liv. III Joseph, Antiq. coni. Apion.; Ta/.ian., coni. Grc; et Eusbr', loco cit. (4) III Rois, IX; Il Par., VIII; Iil Rois, XI; II, Pr.,lX. Ce voyage fut aussi tent par les flottes de

Iram de Tyr II Par. II, 17. Sanchonialon, crivain phniguerre de Mose. Eusbe, Prp.

de caravanes d'Ismalites) qui avaient pas-

Josaphatcl Ochozias,

Pr.

XX.

501

LA REVELATION AVANT JESUS-CHRIST.

502
et

prudence un degr tel que jamais ne l'atteindra et il surpassait encore plus


,

homme

de ce ct qu'en richesses et en gloire tous 34 ; les rois de la terre (III Rois, IV, 32 , 33 Eccl., XLVII 47). De partout on se rendait prs de lui pour apprendre la sagesse (II Paajoutons qu'il vint un grand ralip., II 17 ) nombre d'trangers et de proslytes en Palestine, il en avait fait inscrire le nombre que l'on trouva tre de 150,600. Que l'on dise donc que les livres et les connaissances thologiques des Juifs purent rester concentrs chez eux seuls, sans avantage pourles autres. Irara (III Rois, V, 7; II Paralip., II, 11) et la reine de Saba (III Bots, X, 9; II Paralip., IX, 8) rendirent hommage au Dieu de Salomon. Quoi qu'il en ait t, il nous suffit de savoir que la doctrine inspire par celui que les Hbreux adoraient pouvait tre pour les nations paennes, si elles l'eussent voulu, comme le soleil qui tout en lanant ses rayons sur la zone torride ne laisse pas les autres dans les tnbres. (On a voulu que Homre et Hsiode aient eu connaissance des livres des Hbreux. Voir de Magistris Daniel , sec. LXX.) A la suite de ces temps le peuple juif fut le point de mire de tous les conqurants dont on a conserv la mmoire. Ainsi il fut successivement attaqu par Susac ou Ssac, roi d'Egypte (III Rois, XIV; II Paralip., XII ; Hrodote et Josphe), par les Ethiopiens et les Libyens sous le commandement de Zara (II Paralip., XlV,9ef XVI, 8); par Benadad, roi de Syrie (III Rois, XV, 18) et par son fils, du mme nom (III Rois XX), par un autre roi de Syrie dont nous n'avons pas le nom ( IV Rois, VI), par Hazal (IV Rois, XII II Par., XXII) aussi roi de Syrie, parles Philistins, parles Arabes et les Ammonites (IV Bots, XV, 19, 20). par Phul ou Sardanapale, roi d'Assyrie (Ibidem, 18, 29 ). Si ces faits n'avaient pas suffi pour faire connatre les Juifs, les conqurants qui vinrent aprs ceuxl ne purent les laisser ignorer: ainsi Tglatphalasar, autre roi d'Assyrie ( Ibidem 37 et XVI), au temps duquel eut lieu la caplivit des dix tribus formant le royaume d'Isral, ainsi Basin, roi de Syrie (1) et Salmanasar qui emmena captifs en Assyrie les restes des tribus d'Isral (IV Rois, XVIII, XIX; II Paralip., XXXII ); Sennachrib, roi d'Assyrie (II Paralip., XXXIII), et un autre roi de ce pays ( Voir Montfaucon Calmet Marchini Sainte-Croix , etc.) , Holophernc gnral de Nabuchodonosor , roi de Ninive ( IV Rois , XXIII II Paralip., XXXV; Hrodote, l. II, fait mention de la victoire de Nicaos sur les Juifs), le Pharaon Nico ou Nicaos, roi d'Egypte (Brose, cit par Josphe, contre Ap.,l. et par Eusbe, Chroniq.) et enfin NabuI chodonosor sous les coups duquel tomba Jrusalem et son temple et qui conduisit surles bords de l'Euphrate le roi de Juda, avec sa
, , , ; ,
,

de Lvi. Ajoutons encore que dans l'espace de temps qui s'coula enlre Roboam et Sdcias fleurirent dans les deux royaumes de Juda et d'Isral par leur saintet, par leurs miracles et par leurs prdications, les prophtes (III Rois. XX) Aza ( III Rois XIV ) Jhu ( III Rois XVI;
tribu, celles de

Benjamin

Elie (III Rois, XVII, XVI II, XIX, XXI, etc.) Miche (III Rois XXII; II Paro/Zp., XVHI), Elise (IV Rois, II, XIII), Ose (Os., III, 4, 6), Jol, Jonas, Amos, Isae
II

Paralip.,

XIX),
,

(Voir sur la prophtie d'Isae, Hurt, Geurgi alphabetum Thibetanum Rosenmilller, Heyne, Drach), Abdias un autre Miche Nahum Jrmie, Habacuc et les Rchabitcs (Jrm., XXXV). Si la beaut de la religion des Juifs
;
,
,

se cachait derrire leurs vices elle brillait dans les prophtes et devait par eux jeter des flots de lumire sur les nations paennes. 11 faut le dire encore, le Dieu des Hbreux se
,

manifestait aux peuples les plus loigns par ses ministres inspirs ; Elise gurit de la lpre Naaman gnral des troupes du roi de Syrie ( IV Rois. V ); sous Phul ( V Rois, XV, 19; Bossuet, Hisl. universelle), Jonas prche la pnitence Ninive, et le Dieu des armes
,

exlermine par l'pe vengeresse de son ange en une seule nuit cent quatre-vingt-cinq mille soldais de Sennachrib qui menaaient Jrusalem (Hr. I. II Rollin, Histoire universelle) il gurit miraculeusement le roi Ezchias en rcompense de sa fidlit, et il recule l'ombre du soleil sur le cadran (IV Bots, XX, 12 11 Paralip., XXXIII, 31; Eusbe, Chron.). Les peuples ont-ils fait attention la gurison de Naaman (IV Rois, V, 16, 19), les Ninivites la prdication de Jonas? (Jonas, III, 6, 10. Voir Licophron in Capandra-Cyrille.)R;
; ;

non ; et l'idoltrie et l'iniquit s'accrurent sur la face de la terre, et les colonies de


las!

(1) IV Rois, XVII, 3, 6. son par Tegialhphalasar,

11

esl vraisemblable

que
ls

soit

par Salmanasar ou

Nabuchodonosor
Indes;
Forster, etc.

les Juifs furent disperss

dans

voir Sainte-Croix

Ruchanan

Ilamillon

et

Cnlha, d'Avah, d'Emath et Sepharvaim, envoys par AsorHaddan (Esd., IV, 2) pour habiter les villes de la Samarie (IV Bots, XVII), furent averties par les lions que le Seigneur avait suscits contre elles, de n'adorer que lui, et un prtre leur fut envoy pour leur enseigner la religion primitive de ce pays, et elles rendirent hommage au Seigneur, et toutefois elles n'abandonnrent pas leurs idoles. Dans cet immense empire d'Assyrie (Voir Calmet sur le pays on les tribus furent conduites), la prsence de personnages aussi saints et aussi savants que Tobie (Examiner le texte des f. 3 et k, chap. XIII, du livre de Tobie), Ezchiel, Susanue Daniel, Ananias Azarias, Misal, AggeelZacharie, parmi les tribus d'Isral et de Juda, emmenes en esclavage parTglathphalasar, Salmanasar el Nabuchodonosor, ne porta pas de fruits (Ps. CXXXVI. 2, 3) utiles pour l'ensemblodes peuples; Nabuchodonosor fait un vritable loge du Dieu des Juifs(Z)an., 11, 46, 49) en reconnaissant la sagesse de Daniel, qu'il plaa, ainsi que Ananias, Azarias et Misal, dans des postes fort importants sa cour, puis il fait jeter ces trois derniers dans une fournaise ardente parce qu'ils refusrent d'adorer ses statues. Aprs la conservation miraculeuse de ces trois jeunes hommes ce prince publia un dcret o il exalte leur Dieu
, ,
,

505
;

DEMONSTRATION EVANGEL1QUE. BUUNATI


Juifs

504

{Dan., III, 91, 100 IV Rois, XXV) qui les a sauvs, Cela ne l'empcha pas d'tre mtamorphos en un animal dans lequel, loin de pouvoir reconnatre un dieu, l'homme (Eusbe, Chron., p. 1 et Prp. vang., I. IX) n'apparaissait mme plus. Cette punition d'un si puissant empereur et sa pnitence qui ( mon estime, ne fut pas durable) ne servirent pas ses successeurs. Son voluptueux neveu, Balhasar, pour trembler devant le Dieu tout-puissant, osa voir sa main terrible tracer l'arrt fatal. Darius le Mde, conqurant de l'empire de Babylone, aprs tant et de si grandes leons, avait la pense de placer Daniel la tte des cent -vingt satrapies de son royaume ( Dan. VI 1 k ) mais ce prophte ayant refus de lui rendre les donneurs dus la Divinit seule, est jet dans la fosse aux lions (Dan., VI). Et je suis persuad que le dcret par lequel Darius exalte le librateur de Daniel (Dan., VI 23, 28) et le propose la vnration de tous ses sujets, n'eut pour effet que d'enrichir d'une divinit de plus l'olympe babylonien. XIII. Les Egyptiens ne retirrent pas plus de profit du sjour parmi eux des prophtes Jrmie et Baruch, entrans dans ce pays par ceux des Juifs qui s'y taient rfugis (IV. Rois, XXV, 25, 26, el Jrm., XLIIJ), craignant la vengeance des Chaldens cause du meurtre de Godolias dont la domination avait remplac celle de Sdcias (Voir sur les victoires de Nabuchodonosor Ezchiel, CXXIX Jrmie, XLIII). Les savants et les philosophes en grand nombre de diffrentes nations qui visitrent par amour de la science l'Egypte (1) et l'Assyrie o florissaient les
, ,
,

exil, ou encore la Syrie dont la Palestine faisait partie, ou la Phnicie o. certes ce peuple tait connu ainsi que ses

dans leur

doctrines ces graves crivains tablirent leur philosophie par les inspirationsdes saintes Ecritures qu'ils recueillirent ou par les
:

livres juifs,

ou par les Juifs mmes.' XIV. Arrivons aux faits de l'histoire juive

qui se rattachent notre sujet, et qui se sont passs aprs la captivit de Babylone. Tout d'abord se prsente l'histoire de Cyrus qui nous fournit une preuve irrcusable de ce que nous avons avanc. Ds la premire anne (I Es., 1, 1) de son rgne, il se rend le complice forc de Daniel (Dan., VI, 28), d'Isae (/s..XLIV, 28 XLV, 1-13) et de Jrmie (Jrm., XXV, 12; XXIX, 10), qui, un sicle avant, l'ont appel par son nom, et l'ont dsign comme devant tre le librateur de la nation hbraque, le restaurateur de Jrusalem et de son temple; aussi voyonsnous qu'il se hte de faire publier partout son vaste empire ce dcret (I Esd., 1,2-4): Omnia rgna terr ddit mihi Dominus Deus cli et ipse prcepit mihi ut dificarem ei domum in Jrusalem qu est in Juda. Quis est in vobis de universo populo ejus ? sit Deus illius cum ipso. Ascendat in Jrusalem qu est in Juda et dificet domum Domini Dci Isral, ipse est Deus qui est in Jrusalem. Et
;
,

Quels vols Platon n'a-t-il pas faits aux Juifs, suivant Eusbe (pour ne parler que de ce dernier el ne rien dire des autres Pres)? Voir Eusbe, Clment d'Alexandrie, Origne. Qui est Platon, sinon Mose parlant athnien? dit Eusbe. Voir aussi de Lamennais
,

Rousseau lui-mme dans Emile;

sa

dclaration

remarquables. D'o Platon aurait-il lii des ides aussi sublimes sur la Divinit, s'il et ignor
est des plus
les Juifs ? voir la Sagesse d'aprs Arislote et

(t) Eusbe, Prparation vanglique, liv. X, dit que Solon, au dire de Platon, visita l'Egypte au temps o
les juifs l'habitaient.

leur dis-

cipline.

Wormius montre
et

l'analogie qu'il
Iluet,

Les rapports de Platon avec un Juif ne sont pasdouleux. Voir Josphe elSelden; voir aussi dans

a entre les lois

de Solon

de Mose. Voir

Dmonstration vanglique.

Eusbe dit que f'yihagore vit les prophtes en ^ Egypte nu temps o les Juifs taient exils dans ce pays et en Babylonie.Ercippe ajoute que ce philosophe avait embrass quelques-unes des opinions juives
port leur philosophie aux Grecs. Voir sa vie par Porphyre, l'observation prcdente est confirme par lluet. Pylhagore eut pour matre un Phnicien. On sait que les livres de celle nation, si on en croit les fragments rapports par Eusbe, ont les rapports les plus frappants avec les rcils historiques de Mose (Voir Clment d'Alexandrie, Eusbe et Thodoet
re!).

Brunati, lnstituliones.sive disquisiliones vari de re archologica biblica, p. I, c. 2. Les vers sibyllins dont parle Virgile dans la quatrime glogue sont une copie d'Isae, comme le d-

montre Rosenmller, Voir saint Justin, elc.eic, saint Augustin, Alexandre Polyhislor, dans la Chronique ad Autod Eusbe Josphe, Antiquits. Thophile lic, liv. Il, rapporte un passage de la sibylle relatif la tour de Babel, et qui semble extrait de la Gense; les Pres les plus doctes, saint Clment d'Alexandrie, saint Justin, Eusbe, saint Augustin, etc., eic,
1 ; ,

est croire que Confucius a lire ses notions sur Divim et sur la venue du Saint de ses relaiions avec quelque Juif. Voir Primase, aux Annales de philosophie chrtienne; Cibot, Mmoire concernant f histoire, les sciences, les artsel les murs des Chinois; de Lamennais, Indiffrence en matire de religion ; Ramsay, Discours sur la Mythologie; etSionnel , aux AnIl

ia

nules de philosophie chrtienne.

D'aprs le Zend-Avesla, ne parat-il pas clair que Zeroaslre a t instruit des doctrines mosaques par ses rapports avec Daniel? Voir Prideaux, Union du Nouveau et de l" Ancien Testament ; Foucher, Mmoire sur la teligiondes Perses; Anquetil, cit par Duclot, Dfense de la Bible; Zola, Sloria delta LegisL; Gune, Lettres de quelques Juifs ; de Lamenna'is, Essai sur l'indiffrence; et T. P. Bergsman, Dissertalio de Zoroaslri quibusdam placitis cum doclrina chrisliana comparalh.

rapportent aussi divers chants sibyllins contenant des rapports frappants avec la Bible et les prdictions les plus claires sur le Christ; voir Origne contre Celse ; voir surtout sur les livres sibyllins Revereggio, Cod. can. Eccl. primit., 1. I, c. 14; le pre Onorato da Sauta Maria, Animadv. in rgulas el usuni crilic, cl Fabrieius, Bib. grc; et Brucker, Hist. ait. pliil. Le passage suivant d'Aristobule est d'une grande importance (Eusbe, Prpart, vang., liv. Mil). Ab atio quodamante Demetrium el etiam anle Persarum imperium interprlat a sunt non ea modo quai dum ex Agypto Hebri nosiri educunlur, sc4 eaam qucumipsis ad famam, conligerunl, tum quemadmodum ea regione polili sunt, et omnis lgislations universa ir|>./>!! (Voir aussi Josphe, liv. XII). Pour acqurir la certitude que la nation juive el ses croyances ne sont pas restes ignores des sages de l'antiquit paenne, il suffit de voir saint Justin, saint Clment d'Alexandrie, Eusbe, sainl Augustin et quelques auteurs modernes cits par de Magistris

que

et Fabricy.

50j

LA REVELATION AVANT JSUS-CHRIST.


configatur in eo,
tur.

508
ejus publie-

reliqui in cunclis locis ubicumque habitant, adjuvent eum viri de loco suo, argento

omnes

domus aulem

substantia et pecoribus excepto quod voluntarie offerunt templo Dei quod est in Jrusalem. Les vases sacrs, qui avaient t enlevs au temple et qui servaient au culte des faux dieux, partirent pour Jrusaet aura,
et
,

Deus autem qui habitare fecit nomen dissipet omnia rgna et populum ibi qui extenderit manum suam ut rpugne t*

suum

dissipet domum Dei illam qu est in Jrusalem) Ego Darius statui decrelum quod studio/

impleri volo.

Hbreux redevenus riches; les tribus de Juda, de Benjamin, de Lvi quarante-deux mille trois cent
lem
,

emports par
,

les

XV. Le dcret suivant d'Artaxerxs Longue-main n'est pas moins prcieux: VII, 12. Ar taxerxes rex regum (I Esdras,
)

soixante autres personnes des autres tribus (I Esd. I, 11) et plus de sept mille esclaves des deux sexes reprirent le chemin de la ville sainte, avec des btes de somme de diverses espces, pour relever le temple, uvre pour laquelle le roi leur donna lui-mme de l'argent (I Esd., 111, 7; VI, 4). Ce dcret n'tait-il pas une vritable trompe dont se servait le Dieu d'Isral pour annoncer sapuissanceet la vrit des croyances de ce peuple redevenu libre, et qui put, dans les nombreuses provinces de ce vaste empire, ne pas entendre le rcit de faits aussi importants (Voy. le Ps. CXXV)?Peu aprs, le successeur de Cyrus, appel Assurus par l'Ecriture (lEsd. IV, 6, Esth.) et Cambyse par l'histoire profane, rpudie Vasti et prend pour femme la juive Esther, pour premier ministre la place d'Aman, Mardoche, oncle d'Esther, et enfin, la sollicitation de la reine, adresse aux cent vingt provinces de ses tats (Esth., XVI) une lettre par laquelle les Hbreux (Esth., VIII, 11, 13) taient avertis de se runir dans les villes, de s'y prparer une courageuse dfense contre leurs ennemis (Esth., IX, 1-5), devenus rebelles (Esth., XIV, 14) au roi, qui, avec Aman, avaient jur leur mort, et ils en turent (Esth., IX, 16) plus de soixante-quinze mille. Dans cette circonstance un assez grand nombre de sujets du roi s'unirent aux Juifs et embrassrent leur culte (Esth., VIII, 17). Quoi qu'il en soit de ces conversions, il est trs-certain que du temps d'Esther et de Mardoche la religion juivedut tre en grande rputation (Esth., IX, 4) dans tout l'empire persan, et certainement le dcret de Darius Hystaspe ne diminua pas cette renomme ; voici ce dcret (I Esd. VI) Nunc ergo Thathanaiduxregionis qu est trans (lumen, Slharbuzanai et consiliarii vestri Apharsachi, qui estvs trans flumen, procul recedite ab illis, et dimittite fieri templum Dei illud a duce Judorum et a senioribus eorum, ut domum Dei illam dificenl in loco suo. Sed et a me prceptum est quid oporteat fieri a presbyteris Ju:

scrib legis Dei cli sacerdoti doctissimo salutem. A me decretum est ut cuicumque placucrit in regno meo de populo Isral et de sacerdotibus ejus et de levilis, ire in Jrusalem, tecum vadat. A facie. enim rgis et septem consiliatorum ejus, missus es h/ visites Judam et Jrusalem, in lege Deituiqu est inmanutua : lut feras argentum et auruin quod rex et consiliatores ejus sponle oblulerunt Deo Isral, cujns in Jrusalem ta,

Esdr

est. Et omne argentum et aurum quodeumque inveneris in universa provincia

bernaculum

Babylonis, et populus ofjerre voluerit et de sacerdotibus qu sponte oblulerint Donuti Dei sui, qu est in Jrusalem, libre accipe et stuarietes diose eme de hac pecunia vitulos agnos et sacrificia et libamina eorum et offer ca super altare templi Dei vestri, quod est in Jrusalem. Sed et si quid libi et fralribus tuis placuerit, de reliquo argento et auro ut faciatis,juxta voluntatem Dei vestri facile. Vasa quoque,qu danlur tibi in ministerium domus Dei lui, irade in conspectu Dei in Jrusalem. Sed et ctera quibus opus fuerit in domum Dei
,

tui,

quant umeumque necesse

est ut

expendas

dorum illis, ut dificetur domus Dei, scilicet ut de arca rgis, id est, de tributis, qu dantur de regione trans flumen, studiose sumptus dentur viris illis, ne impediatur opus.Quod si necesse fuerit et vitulos, et agnos et hdos in
holocaustum Deo cli, frumenlum, sal, vinum et oleum secundum ritum sacerdotum qui sunt in Jrusalem delur eis per singulos dies ne sit in aliquo querimonia. Et offerant oblationes Deo cli orentque pro vila rgis et filiorum ejus. A me erg,o positum est decrelum : Ut omnis homo qui hanc mutoverit jussionem tollatur lignum de domo ipsis, et erigatur et
,

dabitur de thesauro etdefiscoregis, et ame. Ego Artaxerxes rex statui alque decrevi omnibus custodibus arc public, qui sunt trans flumen, ut quodeumque pelierit a vobis Esdras sacerdos, scribu legis Dei cli, absque mora detis.usque ad argent i talentacentum, et risque ad frumcnli coros cenlum et usqae advini halos cenium et usque ad halos olei cenlum, sal vero absque mensura. Omne quod ad ritum Dei cli perlinet, tribualur diligenter in domo Dei cli, ne forte irascatur contra regnum rgis et filiorum ejus. Vobis quoque notum facimus de universis sacerdotibus, et levilis, etcantoribus,etjanitoribus,Nathinis et ministris domus Dei liujus, ut vectigal, et tributum, et annonas non habealis polcstatcm imponendi super eos. Tu aulem Esdra, secundum sapientiam Dei qu est in manu tua. constitue judices et tui prsidcs, utjudicent omnipopulo, qui est trans flumen, his videliect qui noverunl leqem Dei tui, sed et imperitos docete libre. Et omnis qui non feccril IcgemDcilui, et legemreyis diligenter, judicium erit de eo, sive in morlem, sive exilium sive in condamnationem substanii ejus, velcerlein carcerem.
,
;

XVI. Les lettres que Artaxerxes LongueMain (II Esdras, 11 Joscphe, Antiquil., I. XI reut de son secrtaire Nhmias quand il l'envoya de Perse Jrusalem pour
)
,

faire relever les murs, ne nous sont pas parvenues ; il est probable qu'elles taient du

mme

genre que le dcret prcdent. Nous laissons penser s'il peut y avoir une seule ville qui n'et quelques notions de la nation

507
juive,
si

changer
XIII)...
1

ces simples notions pouvaient se en connaissances (I Esdras , IXle

DMONSTRATION V ANGELIQUE. BRUNATI. 503 App.) et un autre sur Abraham (Idem, An,

Ne

vit-on pas, quand

temple fut lev,

pour manger la pque, aux fils d'Isral, beaucoup de ceux qui (I Esdras, VI), de la corruption des nations au s" loignant pays, se joignaient eux pour chercher le Seigneur, roi d'Isral ; et ceux-l au dernier jour se lveront pour condamner les nations qui ne profilrent pas comme eux de tant de leons que Dieu leur donna pour leur salut. XVII. Voyons comment en avanant dans
s'unir
les ges la religion juive dut apparatre aux peuples plus entoure de lumires, plus brillante leurs yeux. Alexandre de Macdoine marche vers Jrusalem (Josphe, Ant.,l. XI, Talmud ) avec la rsolution de se venger du refus que lui avaient fait les Juifs de lui fournir des provisions pendant le sige de Tyr. Pour apaiser la colre de ce grand conqurant, ils sortent de leurs murs, vont jusqu' Japha, ayant leur tte le grand prtre Jaddus prtres entours de les la plus grande pompe. Ds qu'Alexandre aperoit le pontife, il vnre le nom ineffable qu'il portait crit sur la lame d'or dont son front tait orn salue et le le premier au grand tonnement des officiers de sa suite. Aussitt qu'ils furent
, ,
,

Ces deux livres sont perdus; il faut reporte* encore cette poque les prodiges de Thodet et de Thopompe, rapports par JospheJ/dem, Antiq. De Magistris, Daniel, d. LXX). Par une grce toute spciale de la Providence, comme le dit saint Jean-Chrysostome (Comment. IV in Gnes.) , sous Ptolme-Philadelphe, fils de Ptolme-Lagide , les livres de Mose furent traduits en grec Alexandrie. Ainsi donc, ils ont t lus dans cette langue deux cent vingt ans environ avant Jsus-Christ, comme l'atteste Jsus Siracide dans le prologue du livre de l'Ecclsiaste (De Magistris, opus cilatum). Ainsi donc, ces livres rpandirent la connaissance de la morale, de la religion et de l'histoire du peuple de Dieu et prparrent ainsi la voie la prdication de l'Evangile, comme l'ont observ plusieurs des saints Pres (Saint ClTertullien. Eument d Alexandrie.
tiquits).

sbe

Les gentils d'alors purent donc prendre les Juifs pour matres. XIX. Les livres canoniques des Machabes, les apocryphes (Calmet, comm.) qui portent
,

etc.).

leur

nom et Sospbe(Josphe,Antiquits),nous

tte lte,
il

Parmnion

lui

demanda comment

et donn, lui que vnraient autant tous les hommes , des marques d'adoration au grand prtre des Juifs. Alexandre lui rpondit qu'il n'avait point ador le prtre, mais bien le Dieu auquel il tait consacr, se rappelant une vision qu'il avait eue en Macdoine et dans laquelle la conqute de la Perse lui avait t promise par un personnage tout fait semblable en toutes choses. Le grand roi, offrant la main Jaddus et suivi des prtres, vient Jrusalem, monte au temple, fait immoler des victimes au Dieu vivant, et comble d'honneurs et de prsents
s'tait fait qu'il

dmontrent assez combien les Juifs, et ce qui avait trait eux, furent connus sous les Sleucides et les Ptolmes jusqu' la conqute de Pompe; je ne transcrirai qu'un trs-petit nombre de faits. Antiochus le Grand (Josphe. Antiquits) accorda aux Juifs d'assez grands privilges tant pour eux que pour le temple ; il en appela un grand nombre de la Msopotamie et de la Babylonie, aprs avoir reconnu leur fidlit, pour habiter les villes de la Lydie et de la Phnicie.

ment

les pontifes et les lvites.


ties

Ayant vu les propha

de Daniel qui annonaient la destruction de l'empire persan par les Grecs et l'accomplissement de ces prophties en sa personne,
il
il

Ptolme Philopator (III Mac, III), violemchti par le Seigneur, parce qu'il avait os entrer dans le saint des saints, dans sa colre fit traner en Egypte ( III Mac, IV) beaucoup d'Isralites, et en fit exposer dans le cirque d'Alexandrie aux lphants; mais deux anges tant descendus du ciel, les dlivrrent; Philopator, clair par ce prodige, rentra en lui-mme, et combla de bienfaits et de preuves d'affection (111 Mac, V1-VII1) ceux qu'il avait perscuts.

en prouva une grande joie, et le lendemain dchargea de tout tribut le peuple Juif pendant sept ans, lui permettant de vivre selon ses lois, tendant ses promesses ceux qui habitaient la Babylonie et la Mdie qu'il allait conqurir et ceux aussi qui dsiraient prendre du service sous ses drapeaux (Josphe,
Antiquits
;

Sleucus Philopator

(III

Mac,

III,

3)

fournit pendant quelque temps toutes les dpenses du temple; puis mal inform sur les richesses de ce saint lieu (III Mac, III),
et

ayant ordonn Hliodore de mettre


celui-ci fut trait

la

main dessus,
sait
il

comme on le

Le Talmud de Van-Dale).

XVIII. Il faut se souvenir encore que Seleucus Nicator, qui dans le partage de l'empire d'Alexandre eut la Syrie, accorda (Josphe, Antiq.) aux Juifs le droit de cit dans les villes qu'il fonda dans l'Asie Mineure et dans la Syrie, et mme Antioche que Ptolme-Lagide, auquel l'Egypte tomba en partage, fixa par ses bonts, dans ce pays, Cyrne et dans la Libye, des Isralites, ou qu'il avait fait prisonniers, ou qui prirent volontairement ce parti dans ce temps encore, le philosophe Hcate-Abdrita publia en grec un livre sur les Juifs (Josphe contre
; :

les anges, et revenu auprs du roi, raconta, ainsi qu' tous, ce qu'il avait vu de ses propres yeux de la puissance de ce grand Dieu, et Sleucus lui ayant demand quelle personne il devrait envoyer une autre fois Jrusalem, il rpondit que ce ne pourrait tre qu'un ennemi du roi, s'il en existait, car il serait rudement fouett et puni, s'il chappait la mort, car le ciel protge ce lieu et frappe quiconque veut le violer. Sous ce mme Sleucus, le roi de Sparte adressa une lettre contenant les protestations d'amiti les plus cordiales au grand prtre Onias (I Mac, XII, 19-23). Sous Antiochus Philopator, les nations paennes cherchaient dans

par

lui

5TO
les livres

LA REVELATION AVANT JSUS-CHRIST.

510

(IMac,

III)

des Juifs des analogies', titul


Juifs.

Jrusalem, et un autre sur les rois des


lui attribue aussi le livre

avec leurs idoles; et, au contraire, fidles leur loi, beaucoupde Juifs, entre aulresmille, se laissrent tuer dans le dsert plutt que de transgresser la loi du sabbat (I Mac, II, 29-38) en combattant ce jour la; le vieil Elazar (II Mac, VI), la mre (H Mac, Vil) des Machabes, ses sept fils, un autre Elazar (H Mac, VI, 43-46), Mathathiasel les valeureux Machabes montrrent aux gentils dans ce jour, quelle fidlit ils gardaient leur loi et quel hrosme elle leur inspirait. XX. Nicanor, gnral d'Anliochus Epiphnn, ne disait-il pas publiquement (II Mac, VIII, 30) que les Juifs avaient Dieu pour protecteur, et taient invincibles parce qu'ils suivaient les lois donnes par ce Dieu; et Epiphane n'honorait-il pas les Juifs et leur religion dans les jours de sa terrible agonie, quand il disait ses amis (I Mac, VI; II Mac, IX):Je me souviens prsent de ce que j'ai faitde malJrusalemet dans la Jude. ..1 Je reconnais que j'ai attir ainsi sur moi les calamits qui m'accablent. Il est juste que l'homme soit soumis Dieu, et qu'un mortel ne prtende pas s'galer lui !... Sous Antiochus Eupator, successeur d'Epiphane, son gnral Timoihe combattant Judas Machabe (II Mac, X, 24, 31), vit au milieu de la chaleur de l'action apparatre dans le ciel cinq hommes, monts sur des chevaux de bataille et couverts d'armes d'or, qui sem,

On

canonique

de laSayesse (Calmet, De Magistris). Jonathas est reu avec honneur Ptolmas (I Mac, X) par Ptolme Philomtor et par Alexandre, et par le mme Ptolme Jopp, et une autre fois par Dmtrius Ptolmas, et il envoie une ambassade Rome et Sparte (I Mao., XII) pour renouveler l'alliance ancienne. Antiochus le Pieux fait offrir des victimes et des prsents au temple de Jrusalem
(Josphe,
est

Antiq.)

Aristobule, Juif clbre,


,

matre en Egypte (Fahricius, Bib. gr.) de Ptolme Evergte et Jsus Siracide publie sa version grecque du livre de l'Ecclsiasle. Un autre Juif, Dmtrius, donne un ouvrage en grec (Eusbe, Prp. vang.) sur
les

rois des

Juifs

Eupolme

(Huet.,

Dm.

de la mme nation, crit aussi sur les Juifs, de mme que le milsien Alexandre Polyhislor (Fabric, Bib. gr.) tous ces ouvrages sont malheureusement perdus. Jean Hircan renouvelle l'alliance avec les Rovang.),
:

mains (Josphe, Antiquits) Simon suit cet exemple, et s'allie aussi avec les Spartiates; il s'en trouve bien (I Mac, XIV XV). Et
;
,

enfin, environ sus-Christ, C.


,

soixante-cinq ans avant JAntonius et M. T. Cicron,

blaient les chefs des Juifs

deux d'entre eux

semblaient couvrir Judas Machabe de leurs armes et le dfendre; ils lanaient des dards et des traits enflamms sur les Syriens qui, effrays au dernier point, tombaient par terre. Aussi vingt mille cinq cents fantassins et six cents cavaliers trouvrent l la mort, et Timothe prit la fuite. Un autre gnral du mme roi, Lysias, reconnut aussi que les Juifs taient invincibles cause de la protection du Trs-Haut. Vers ce temps, Onias, grand-prtre des Juifs venu de Jrusalem en Egypte, lve, avec la permission dePtolme Philomtor (josphe, Antiquits) un temple sur le territoire de Hliopolis et y appelle des prtres et des lvites. Onias chercha justifier son entreprise par l'application intempestive d'un passage d'Isac (Is., XIX, 18, 19), et par l'exemple des temples que les Juifs avaient ailleurs qu' Jrusalem. Ce mme Ptolne, prononant sur une discussion des Juifs et des Samaritains, donna la prfrence au temple de Jrusalem (Josphe, Antiquits) sur celui de Garizim. Ensuite Dmtrius Soter, aprs la mort d'Anliochus Eupator, disputant le sceptre contre Alexandre, fils d'Anliochus Epiphane, < rit Jonaac,X; Josphe, ib.), Ihas, gnral des Juifs (I une lettre dans laquelle il propose des offran-

tant consuls Pompe s'empare (Josphe, De la Guerre juive) de Jrusalem, entre dans le temple o ses troupes font un affreux carnage (Josphe, Antiquit.l. XIV,c/<.4), et il ose mettre le pied dansle saint des saints; mais il en respecte les richesses, et le lendemain ayant ordonn de purifier le temple et d'y faire des libations, il rtablit en qualit de souverain pontife Hircan II, fils d'Alexandre

Janne,

et

rend

la

Jude tributaire de Rome.


faits
,

XXI. De

celle srie de

historiques

d'Alexandre le Grand Pompe rsulte', ce nous semble, la preuve que ni les Juifs ni leur religion ne purent rester ignors. Pour atteindre absolument le but que nous nous sommes propos, il nous reste parcourir le monde pendant celte courte priode de Pompe la naissance du Messie. Comment mconnatre les Juifs et leur religion, tandis que leur pairie fait partie d'un empire dont les aigles volent d'un bout du monde l'autre, et quand ils taient, eux, rpandus dans toutes les provinces d'Asie, d'Europe et d'Afrique (1) et dans toutes les villes commerantes? les livres grecs parlent d'eux et leurs propres livres sont traduits en grec. Devant une vidence de ce genre, toute preuve devient inutile. Toutefois ceux qui voudraient pousser plus loin leurs recherches, peuvent hist. de la Guerre des lire Josphe (Josphe Juifs) et les auteurs paens qui fleurirent alors; Cicron (Orat. pro Flacco ), par exemDiodore de Sicile (Ex. 1. XXXVI.) ple
,

des pour le temple, et pour les Juifs la libert de vivre suivant les lois de leur patrie. A peu de temps de l (De Guiqn., Lettres difiantes ; la Chron. du pre Gaubil, Brottier, Sionnet, Annales de philos, chrt. Davis. sur Cpoque de l'introd. des Juifs en Chine) net, de Magistris) Philon le Vieux (Voir publia unpome grec de plusieurs livres, in-

Virgile Sut. v.
l

(Ed., IV, 4); Horace (Serm., 1. 1 97100.), Ovide (Metam., 1. I. Nicolas de Damas Cration du monde Fragments recueillis par Henri Valois. )

>

(I) Voir ce qtf dit Agrippa us Philon el Josphe, Guerre judaque h cli.H desAcles des aptres.
;

, ,

511
;

DEMONSTRATION EVANGLLIQUE. BRUNATI.


, ;

Ml

Strabon (L. XVI.) Trogue-Pompe comment par Justin (L. XXXVI.) Tite-Live (Ept. 102) etc., etc. Je me contenterai de dire comment, non-seulement les Juifs, mais encore toutes les nations attendaient la venue prochaine d'un Rdempteur dont la promesse avait t connue et garde depuis le commencement. Pour ne rien dire des livres de Confucius (Herbelot, Bibl. or.; de Lamennais) et de Zoroastre (Herbelot, Bibl. Or.)o on trouve de tout temps en Chine et en Perse des traces de cette salutaire croyance l'Edda nous la montre parse chez les Celtes (Edda. Fab. XI, XXV, XXXII. Rech. Asiat.); les Puranas (1) chez les Indiens ainsi que les
;

que nous avons cherch aie dmontrer, que


crivains paens en parlent si peu, Josphe ( Cont. Ap. L I, 2), qui, lui aussi s'est pos l'objection y a rpondu et ii pense que si on n'a pas parl des Juifs, quoiqu'on les connt, c'est par on ne sait quelle envie. Il cite cet exemple: Jrme auteur de l'histoire des successeurs d'Alexandre, qui vivait au mme temps d'Hcatc , et tait li avec Antigonc, roi de Syrie; Hcate a publi un livre sur les Juifs, et Jrme n'a pas dit un seul mot de ce peuple. Pour prouver l'antiquit hbraque dit-il encore il suffit de consulter les histoires des Egyptiens, des Chaldens, des Phniciens et tant d'crivains grecs, auxquels il faut ajouter Thophile, Thodote, Muasca, Aristophane, Hermogne, Everus Conon et Zopyre, et plusieurs autres encore. Le petit nombre d'anciens qui ont crit sur les Juifs l'ont fait avec peine et les erreurs dont leurs livres fourmillent et sur la religion et sur les lois hbraques viennent de
les
, ,
,

les livres sibyllins (Virg. Ecl. IV., Josphe Josphe (De la guerre juive ) , Sutone (Vespasian.), Tacite (Hist., 1. V), le Talmud (2) Terlullien (Apologetic. c. XXI) et d'autres crivains encore, dans l'Orient et dans l'empire romain. Sur cela il faut consulter Maurice (kisl. de VJndostan ; de Lamennais Schmitt ( Rdemption du genre humain,elc. etc.), Lamennais (Essaisur l'Indiffrence). Des auteurs qui nous sont opposs font cho avec nous sur ce sujet, et montrent comment mentita est iniquitas sibi. Boulanger (Despotisme oriental) par exemple, dit que l'oracle de Delphes, d'aprs Plutarque, tait dpositaire d'une antique et ancienne prophtie sur la naissance future d'un fils d'Apollon qui devait ramener le rgne de la justice. Voltaire (Hist. univ.) n'a-l-il pas dit que de temps immmorial les Chinois croient que le Sage viendra d'Occident, et l'Europe d'Orient. Et cela cause de la situation relative des deux pays. Volney ( Les Ruines) enfin n'a-t-il pas dclar que l'Asie croit, d'aprs certaines traditions la venue d'un grand Mdiateur, un jugement final, un Sauveur futur, etc. Une voix partie de toutes les parties du monde, annonce donc l'arrive future et prochaine cependant, du Sage ternel, de la lumire qui doit clairer comme un soleil ardent toutes les nations (Platon, Alcibiude ; Cicron ) et dj une toile merveilleuse annonce la naissance de l'astre mystique de Jacob prdit par Balaam sous ce nom. Les mages l'ont bien vu eux qui sont venus d'Orient en Jude pour l'adorer, prcurseurs qu'ils sont de tous les peuples paens. Arrtons-nous dans notre course de quarante et prosternons-nous avec les mages sicles pour saluer avec un prophte la Lumire des
,

Vdas
et

l.

ses

Cette nation est reste part, cultivant champs et soignant ses troupeaux , passant au reste pour la plus ancienne et pour la plus chrie de Dieu; cela a suffi pour exciter l'envie et renforcer les prjugs. Comment expliquer autrement les fables publies sur les Philon et par quels Josphe Appien, elles
Juifs

par Manton

Appien

plusieurs autres, contre lesa crit ses deux livres contre sottises racontes par Tacite (1) au cinquime livre de ses Histoires, tandis que les Juifs, tributaires de l'empire Romain, surgissaient de partout, et que Jrusalem son Dieu, ses lois et son histoire devaient tre tout aussi connus que Rome, son Jupiter, ses douze tables et ses faits consulaires? Le silence que l'antiquit a gard sur la Ju de n'est pas plus tonnant que celui du Coran ( Voir Sales, dise, prpar. la trad. du Coran ), sur nos livres saints, et pourraiton en induire qu'ils taient ignors au com, ,

mencement du septime sicle, parce que Mahomet n'en a rien dit? On est donc forc de prononcer qu'arrivs au sommet du crime,
y ajoutrent encore en repoussant, reniant, et dfigurant la vrit qui leur fut connue; Dieu n'a jamais manqu de de donner un rayon de sa lumire chaque nation rayon suffisant, s'il et t reu avec reconnaissance , pour arriver connatre la loi naturelle, bien affaiblie dans les curs, pour avoir une ide assez claire d'un Dieu vrai et unique, et pour obtenir la foi en un Rdempteur venir, foi sinon explicite, au moins implicite sans laquelle on ne peut arriver au salut ternel. XXIII. Si on objectait que Dieu a t bien avare de rvlations et de lumires envers tandis qu'il en tait prodigue les gentils envers les Juifs, je rpondrais avec saint Paul que ses jugements sont incomprhensibles ainsi que ses voies que s il se montre libral pour sauver, il n'est pas coupable pour avoir
les gentils
, , ;

nations.

XXII Je pourrais en rester l , mais je crois devoir rpondre une difficult qui peut se prsenter ; on peut demander comment il se fait, la nation juive et ses doctrines tant aussi connues des autres peuples
Voir
la

(1)

livres indiens e; des

Dissertation de Brunnti sur l'accord les onze premiers chapitres de la


la

Gense.
(2)

Talmud babylonien, Sanhdrin,

Dfense de la
(\)

religion chrtienne, par J.

Joseph EytUk, rabbin cou-

Voir
et

Wormius
Marlialcm

vera.

Tacilum

de Corruplis aut. hebr. apud Kirchinayer, Brollier.

513

LA REVELATION AYANT JESUS-CHRIST.


il

514

condamn, car

sauve par misricorde


;

et

il

sans

efforc de montrer l'une des manires par lesquelles Dieu appelle les hommes au salut, je n'ai pas prtendu exclure par mon silence les autres moyens dont sa puissance use, ainsi par exemple , cette lumire qui claire tout homme venant dans le monde. A l'appui de

condamme par justice

et

si

je

me suis

que

foi, sans misricorde. Tel est le tableau saint Paul trace des paens et de leurs
;

sages les crivains profanes n'en donnent pas un bien plus beau et ils peignent les villes les plus clbres par leur amour des sciences et des lettres Memphis , Athnes ,
,

cette opinion nous citerons les paroles suivantes de saint Augustin {Opra, t. V). Divina Providcntia non solum singulis hominibus, quasi privalim sed universo generi hu,

publie consulit. Quid cum singulis agatur, Deus qui agit atque ipsi cum quibus agitur sciunt. Quid autem agatur cum gnre humano,per hisloriam commendari voluit et per prophetiam. La bont de Dieu est si grande, crivait Leibnitz au P. Grimaldi, que ceux qui la grce de la rvlation n'a pas t accorde sont clairs par une autre grce, car elle ne manque pas qui a bonne La sagesse entrera dans une me volont de bonne volont (Sagesse, I, k). XXIV. Enfin, il faut bien le dire, l'histoire

mano tanquam

des excs dont la terre tait souille quand apparut Notre-Seigneur est bien triste , et certes le monde n'tait pas digne de grce. Ecoutons les accusations que saint Paul adresse aux gentils dans son Eptre aux Romains. Ils sont inexcusables sur ceqiayant connu Dieu ils ne Vont pas glorifi comme Dieu, ils ne lui ont pas rendu grces, mais ils sesoit gars dans leurs vains raisonnements, et leur cur insens a t rempli de tnbres. Ils sont devenus fous en s'attribuant le nom de sages et ils ont transfr V honneur qui n'est d qu'au Dieu incorruptible l'image d'un homme corruptible et des figures d'oiseaux, de btes quatre pieds et de serpents. C'est pourquoi Dieu les a livrs aux dsirs de leur cur , aux vices de l'impuret en sorte qu'en s'y plongeant ils ont dshonor euxmmes leurs propres corps. Eux qui avaient mis le mensonge la place de la vrit de Dieu et rendu la crature l'adoration et le culte souverain, au lieu de le rendre au Crateur.., C'est pourquoi Dieules a livrs des passions honteuses. Car les femmes parmi eux ont chang l'usage qui est telon la nature, en un autre qui est contre la nature. Les hommes de mme rejetant l'alliance des deux sexes , qui est selon la nature, ont t embrass d'un dsir brutal les uns envers les autres, l'homme commettant avec l'homme une infamie dtestable et recevant ainsi en eux-mmes la juste peine qui tait due leur aveuglement. Et comme ils n'ont pas voulu reconnatre Dieu Dieu aussi les a livrs un sens dprav, en sorte qu'ils ont fait des actions indignes de l'homme; qu'ils ont t remplis de toute sorte d'injustice, de mchancet de fornications d'avarice, de malignit. Ils ont t envieux meurtriers, querelleurs, trompeurs ; ils ont t corrompus dans leurs murs, semeurs de faux rapports, calomniateurs et ennemis de Dieu. superbes, inIls ont t outrageux ailiers venteurs de nouveaux moyens de faire mal, dsobissants leurs pres et leurs mres , sans prudence, sans modestie, sans affection,
, , , ,
, , ,

vices les plus affreux et au culte le plus odieux. Il faut remarquer avec saint Augustin (de Civitale Dei, l. XI Lactance et de Lamennais) que pas un seul livre de moral n'est sorti de la plume des prtres du paganisme, ni de leur bouche dans les temples aucun prcepte vertueux aussi les vices et les abominations que les coles et les tribunaux condamnaient trouvaient-ils une place au ciel et sur les autels. Ces sages ne portrent pas remde par leurs exemples au mal fait par Icups doctrines. H suffit au reste de rapporter le passage suivant, extrait du Dictionnaire historique de l'abb Franois-Xavier de Feller, art. Zenon, fondateur de la secte des stociens. On trouve en lui (en Zenon) comme dans tous les philosophes profanes dont nous avons parl dans ce Dictionnaire, ce mlange bizarre et plus odieux que le vice dclar de sagesse, de folie, de morale et de licence ; cette vanit et cette ostentation qui rendraient la verlumme mprisable si elle pouvait se trouver sous le simulacre qui l'affiche ; cette ambition dvorante qui, dans les uns, clatait par des violences, et que la faiblesse cachait dans les autres sous les haillons et la crasse; cette austrit de murs dans les leons, et dans le fait des infamies qui outrageaient la nature. A quoi Von doit ajouter l'oubli et le mpris du vrai Dieu, que ces sages ne pouvaient mconnatre et qu'ils abandonnrent pour adorer les pierres et les brutes, pour professer le scepticisme et l'athisme. Enfin l'on peut dire de tous ces hommes bruyants, ces hros que l'antiquit philosphiquc ou politique nous donne pour des objets d'admiration ce que le pfas beau gnie de Rome nous dit des illustres sclrats ;
; ; ,

Rome, comme adonnes aux

Hic pelit excidiis urbem, miserosque pnates Ut gemmas bibat et sarrano indormiat oslro Condit opes abus, del'ossoque incubt auro; Vendidil liic auro patriam dominuinqiie potentem Imposuit, leges fixit pretio atque relixit. Hic ttialamum invasil natse velitosque hymenos Ausi omnes immane nef'as, ausoque polili.
,

Saint Augustin (De vera Religione) observe encore que parmi ces philosophas il en tait qui dans leurs coles enseignaient l'unit de Dieu et qui, malgr cela, frquentaient les temples et observaient la religion du peuple : Sapientes populorum, dit-il, scholas habebant dissentientes et templa communia. Non enim sic isti noti erant ut populorum suorum opinionem ad verum cultum veri Dei a simulacrorum superslitione atque ab hujusmodi vanitate converterent. Jtaque et ipse Socrates cum populo simulacra venerabatur. Lactance (Divin. Inslit., I. II, c. 5) censure aussi, dans le mme sens, les philosophes et Cicron en particulier Videmus doctos et prudentes viros eum religionum intelligant vanilalem, nihilo,minus lamcn sic in ipsis qu damnant col end i s nescio qua pravitale prstare, Intelligebat Ci:

BlS

DMONSTRATION EVANGELIQUE. BRtNAT.

516
ipse parabo,
:

ccro falsa esse qu homines adorarent. cum multa dixisset qu ad eversionem reliyionum valerent, ait tatnen non illa vulgo disputanda, nesusceptas publicereligiones dispu-

Nam

Quid de eo facias, qui errare se senliat ultro ipse in lapides impingat ut popuius omnis offendat? ipse sibi oculos eruat, ut omnes cci sint, qui nec de aliis bene merealur quos patilur errare ; nec de seipso qui alienis accedit erroribus,nec utitur tandem sapienti su bono ut faclis impleat quod mente percepit, sed prudens et sciens pedem laqueo inserit, .ut simul cum cteris quos liberare ut prudentior debuit, et ipse capiatur ! Quin potius, si quid tibi Cicero, virtutis est, experire populum facere sapienten Digna res est ubi omnes eloquenli tu vires exeras. Non enim verendum est, ne te in lam bona causa deficiat oratio, qui spe eliam malas copiose ac fortiter defendisti. Sednimirum Socratis carcerem limes, ideoque, patrocinium veritatis suscipere non audes. At morlem ut sapiens contemnere debuisti. Et erat quidem multo pulchrius ut ob bene dicta potius, quant ob maie dicta, morereris. Nec plus tibi laudis Philippic afferre potuerunt, quant discussus error humani gcneris et mentes hotalio talis extinguat.

cum

mais Cicron (de Natura Deorum, L III) Quis quod bonus vir esset, gratias diis egit unquatn ? At quod dives, quod honoratus, quod incolumis. Jovemque optimum et maximum ob eas res appellant, non quod nos justos, temperatos,
sapientes efficiat, sed quod salvos incolumes, opulentos, copiosos. Tant tait grand l'orgueil des sages du paganisme Rien, au reste n'gale Socrate, de qui Erasme s'crie dans son enthousiasme Purum abest ut dicam : Sancte Socrates ora pro nobis ; Socrate, qui, selon saint Augustin, simulacra cum populo venerabatur, et qui en mourant
, !
: ,

quum mi animum

ordonne ses amis de sacrifier un coq Esculape en son nom ( Tertull. Apolog.) Et Xnophon et Platon, pour faire son apologie, attestent qu'il honorait les dieux de la Grce ( V. Diog. Larce. ) Aussi Lactance (De falsa lleligione) s'crie-t-il en parlant de lui O hominem scurram, si cavillari voluit religionem, dementem, si hoc serio fecit ut animal turpissimum pro Deo haberet. Porphyre (Apolog. de S. Cyrille contre Julien), rend bon tmoignage du penchant de Socrate pour
1 !

la colre et la volupt, et le discours qu'il lui fait tenir ce sujet, ses derniers moil avait sur une vie future ( Plat., Phd.). Si on veut connatre les dfauts de Cimon et du juste Aristide, il suffit de lire saint Cyrille. Il est donc vident que les hommes, par leurs innombrables fautes se sont rendus indignes de toutes grces et de toutes lumires clestes, et se sont montrs ingrats envers Dieu, qui les a combls de bienfaits que la Divinit ne peut tre accuse de par, ;

minum ad sanitatem

tuadisputatione avocat.

ments, montre quels doutes

Sed concedamus timiditati qu in sapiente esse non dbet. Quid ergo ipse in eodem versaris errore! Video te terrena et manufacta venerari, vana esse intelligis, et tamen eadem
faciunt ipsi, quos ipse stultissiQuid igitur profuit vidisse te veritatem, quam nec defensurus esses nec sefacis

qu

mos

confileris.

cuturus

savant Calmet ( Dissertation sur le salut des gentils ) venant examiner la prtendue vertu des philosophes, les voit se frapper la poitrine par componction, confesser Dieu ou aux dieux leurs fautes, demander pardon, se plaindre de leurs faiblesses, placer en lui leur esprance, et lui attribuer tout ce qu'il font de bien et leur propre vertu. Non-seulement Horace disait hardiment Jupiter (Epist. 18) Det vitam, det opes,
:

XXV. Le

en faveur des Isralites, car si elle a t prodigue envers eux, les nations paentialit

nes ont monstrueusement abus de ses propres dons et qu'enfin, au grand jour du jugement, le petit nombre de gentils, qui travers la nuit des nations ont vu quelque rayon de lumire et en ont profit, se lveront contre ces nations, et ce mot se ralisera Yiri Ninivit surgent injudicio.
; :

DU SYSTEME CATHOLIQUE
D'INTERPRTATION DES SAINTES ECRITURES.
On lit dans la seconde Eptre de saint Pierre
Pierre, III, 16) ces paroles
:

I.

sunt hreses,
in
tia

dit le
1) et

aussi ce que Paul vous a crit suivant la sagesse qui lui a t donne, comme il fait aussi en toutes ses lettres o il parle de ces mmes choses dans lesquelles il y a quelques endroits difficiles entendre, que des hommes ignorants et lgers dtournent aussi bien que les autres Ecritures de mauvais sens pour leur propre ruine. C'est par l'emploi de moyens semblables que l'on a toujours tent de dtruire l'antique foi et de la remplacer par des dogmes faux,
(II

Et

c'est

Joannem,
animas,
eis

1.

premier (Tractatus XVIII qudamdogmata illaqueanintelligunlur

et

inprofundumprcipitantia, nisi

quod in

non bene, et intelligitur etiam temere et audacter asseritur. Et saint Jrme (Com-

dum Scriplur bon


non bene

comme
des
Saint

l'ont

observ de longue main deux


et

plus clbres Pres de l'Eglise latine,

Augustin

saint

Jrme

Non nal

ment, in Epistol. ad Galatas) Omnes hreses sibi in Scripturis cervicalia consuunt, qu po nuntur sub cubitu univers tatis... Grande periculum est, ne forte interprelatione per versa de Evangelio Christi fit Evangelium hominis, aut, quod pejus est, diaboli (Voir encore saint Irne cont. hr. I. V. Tertullien, Origine, saint Hilaire). Ceux qui se livrent l'tude de l Bible ne peuvent jamais trop
:

517

INTERPRETATION DES ECRITURES.

518

viter ce danger; ils y parviendront en se soumettant aux lois renfermes dans beaucoup de traits sur l'hermneutique et sur l'exgse sacre. Aussi saint Augustin commencet-il ainsi son trait d'exgse sacre, intitul Sunt prcepta de la Doctrine chre'lienne qudam tractandarum Scriplurarum, qu
:

rester obscur. Les aptres et les vanglisles usaient des vrits rvles avec plus ou moins de prolixit, et pour cela

ment aurait pu

stxidiosis earum video non incommode posse tradi, ut non solum lgende alios qui divinn-

optrla aperucrunt, sed et aperiendo proficianl. II. Do toutes les rgles d'interprtation qui ont t donnes nous en rappellerons aujourd'hui plus encore qu'en tout autre temps, trois sur lesquelles se fonde tout le systme catholique. La premire a t donne par saint Paul; il recommande ceux qui exposent le sens des Ecritures de ne pas s'carter de l'analogie et de la rgle de la foi (Rom., XII, C). Par celte premire rgle il faut donc rejeter comme fausse toute explication de quelque passage de l'Ecriture que ce soit qui implique contradiction, ou avec un article de loi, ou avec un dogme profess par l'histoire. L'histoire ecclsiastique montre que par ce moyen on a reconnu, en tous temps, les hrsies, et qu'elles ont t condamnes ainsi. III. En second lieu, ou pour seconde rgle, on doit suivre fidlement la tradition des divers passages des Ecritures, non-seulement la tradition que les \ anglistes et les aptres ont rapporte dans leurs livres comme venant ou de Noire-Seigneur Jsus -Christ ou de l'inspiration de Saint-Esprit (1) comme exjplication des prophtes ou des figures de l'Ancien Testament, mais encore celle tradition qui a t conserve par les livres des saints Pres, les anciens crivains ecclsiastiques, les actes des conciles, les anciennes liturgies, les actes des martyrs, ou par les divers documents de l'antiquit ecclsiastique. IV. Pour bien voir toute la sagesse de celle rgle, il faut se rappeler que la foi et la morale chrtiennes ont t prches avant d'tre crites; la majeure partie du Nouveau Testament, surtout les Eptrcs, ont t crilcs par les aptres pour prserver des vices cl des erreurs qui se rpandaient rencontre de leur doctrine et non pour en enseigner une nouvelle. Et cela est si vrai que sur douze aptres qui ont port la lumire de l'Evanaliis ipsi

rum Scriplurarum

apprciaient et la circonstance et les besoins des fidles auxquels ils crivaient de l vient qu'il y a dans leurs crits des choses qui ne sont pas assez claires pour nous. Les premiers chrtiens, instruits si souvent de vive voix par les aptres, entendaient plus facilement le sens de leurs paroles. Disons encore plus s'ils avaient quelque embarras, ils pouvaient recourir ou aux aptres ou leurs disciples. Enfin ces divers crits peine reus dans les Eglises, y taient lus et expliqus par des pasteurs qui, le plus souvent, avaient entendu eux-mmes les aptres; et
;
:

dans ces temps, parmi


prit, celui

les

dons du Saint-Es-

d'expliquer les saintes Ecritures tait accord (I Cor., XIII, 10; XIV, 2-5; Eph. IV, 11) frquemment. Si bien donc que dans les premiers temps, non-seulement les dogmes taient dposs dans les livres saints,

mais encore

ils taient confis la tradition orale laquelle tait aussi remise l'intelligence du sens dogmatique de ces livres. Saint Paul crivant aux habitants de Thessalonique, dit Hat/ue, fralres, state : et tenete traditiones quas didicislis sive per sermonem, sive per epistolam nostram (11 Tliess. II, IV; voir S. Chrysost., hom. k). Chaque jour les pasteurs dans leurs homlies, dans leurs catchismes, dans leurs sermons, dans leurs discussions se servent de cet ensemble do traditions. Toujours les conciles se sont levs contre les nouveauts en matire de foi et d'interprtation des Ecritures, et les saints Pres ont expressment port tmoignage en faveur des traditions, de leur existence, de leur usage et de leur autorit. V. Oportei, disait saint Irne (Cont. hr.,
:

l.\U,c.k,n.i;l.ll\,c.3,n.k),qusuntEcclcsi

cum summa

diligent ia diligere

et

apprehen,

dere yeritatis traditionem. Quid enim? Et si de aliqua modica quslione disceplatio esset nonne oporteret ordinem sequi tradilionis quam tradiderunt iis quibus committebant Ecclesias? Tertullicn n'tait pas d'un autre avis (de Prscript., c. 21) Quid prdicuve:

gile

aux

gentils, sept n'ont rien laiss d'crit.

L'Eglise a t parfaitement tablie avant que le Nouveau Testament ft crit; les pasteurs ont t les dpositaires des dogmes saints les vrais fidles ont t, si on peut le dire, l'arche sainte; l'ensemble, le corps des dogmes fut confi l'Eglise avant la rdaction des saintes Ecritures , ds le principe. Ce fut de ce corps de doctrine que se servirent les premiers pasteurs et les premiers fidles pour distinguer les vritables crits des aptres de ceux qui taient supposs ou vicis, et pour pntrer leur sens, le vrai sens qui aulre;

probari debere, nisi per casdem Ecclesias , quas apostoli condiderunt ipsi eis prdicando ttim viva voce, quam per epistolas postea. Origcne (In S. Pampltili martyris Apologia,c. i):Servetur ecclesiastica prdicalio per successionis ordinem ab apustolis tradita et usque ad prsens in Eectesiis germanicis ; illa sola credenda est Veritas, qu in nullo ab ecclesiaslica traditione
aliter
,

rint apostoli,

non

discordet.
I.

VI

c.

4) disait

Clment d'Alex'andrie que la gnose, c.


,

(Strom.,
a. d. la do<

ctrine des choses caches enseigne et transmise par les aptres un petit nombre, nous
est

parvenue par succession et sans crits. Thodoret (Prf. in corn. Cant. canlic.)
le

donne

nom

d'hrdit paternelle celle


:

(1) Voir saint Luc, XXIV, 45; saint Jean, XIV, 2G; saint Jrme;, Comment, in Amos, IX, 11. Ackerman, Archol. Bibl.i 11)3; monseigneur Wiseinaim, Discours sur Cunion des sciences et de la religion, i. H.'

transmission d'interprtations. Saint Jrme s'crie (Comm. in Dan., c. 12) Scriptural sanct intelligentiam absque Dei gratia et du~
ctrina majorum sibi imptritissim vel maxime vindicant ; et il ne rougit pas de dire de lui

il9

DMONSTRATION EVANC.ELIQUE. BRUNATI.


in
:

520

comm. in Epist. ad Ephesios) Numquam me ipsam hnbui magistrum? Rufin nous exhorte ainsi (Ilist., I. 11, c. 9) Divin
(Prf.
:

Scriptur inteliigentiamnon ex propria prsumptione sed ex apostotica successionis rgula capiamus. Et il prsente pour exemple .saint Grgoire de Nazianze et saint Basile dont il dit Divina volumina non ex propria prsumptione sed ex majorum scriptis et auctoritate scquebanlur quod ipsos pariter ex apostotica successione suscepisse constabat, commentando prvolvebanl. Saint Augustin
,
:

premire fois par le cardinal Ma (Script, veterum vatic. coll. , t. IV), les cinquante-trois vques orientaux qui y taient runis, adoptrent en dfinitive le sens catholique de ces paroles de Notre-Seigneur Jsus-Christ ( Jean XIV, 23) Quia Pater major me est, c'est--dire la doctrine
blis
la
,

pour

prescrit celui qui ludic la Bible que (de Doct. ch., I. III, c. 2) cum verba faciunt am-

biguam scripturam consulat regulam fidei quam de Scripturarum planioribus locis Ecclcsi auctoritate percepit. Et il dit des Pres qui l'ont prcd (Cont. Julianum. Pclag., I. II) Quod invenerunt in Ecclesia,tenuerunt ; quod didicerunt docuerunt ; quod a palribus acceperunt filiis tradiderunt. Talibus post apostolo-s plantoribus, rigatoribus, dificator'ibus.pastoribus crevit, etc. Vincent de Lrins
:

Calholici c. 27 ) Ecclesi Filii...magnopere curabunt... ut divinum canonem secundum universrrfis Ecclesi traditionem etjuxta catholici dogmatis rgulas interprelentur, in qua item catholica et apostolicu Ecclesia sequantur necesse est universitatem, antiquitatem, consensionem. VI. Les conciles ont parl le mme langage. Les Pres de celui d'Ephse , suivant ce que rapporte le cardinal Pallavicini (Sto, :

recommande (Comment
et

homines

ria del concilia diTrentaJ. VI, c.l8),s'lev-

vent contre la prsomption condamnable de Nestorius qui se vantait d'entendre et le premier et le seul l'Ecriture, et qui prtendait que jusqu' lui elle n'avait pas t connue, et que l'Eglise tout entire avait err en suivant d'ignorants docteurs. Ce fut aussi la cause de la condamnation porte contre Arius comme le rapporte Thodoret (Ilist. eccles., I. I, c. k), et le concile runi in trullo a prescrit par son XIX e canon (Colet. collect. conc, t. VII) Oportel eos qui prsunt Ecclesiis, omnem clerum et populum docere pietatis et rect religionis eloquia.ex divina Scriptura colligentes intelligent ias et judicia veritatis ; et non transgredientes jam positos terminos vel divinorum Patrum traditionem. Si ad Scri,
:

des saints Pres. VIL De Rossi (1) observe en outre que Jsus-Christ lui-mme et ses aptres, parlant aux Juifs, ont fait un trs-grand usage de la tradition conserve dans la synagogue sur divers points de l'Ecriture qui, ayant en apparence un sens douteux ne pouvaient tre claircis et invoqus contre les Hbreux sans le secours d'une tradition admise par euxmmes et il dit , d'aprs Raymond Martini qu'on ne peut nier que certaines choses de la Misnie(2) pleinedelavrilable doctrine des prophtes et des pres, sont conformes d'une manire incroyable la foi catholique, et qu'elles confondent la perfidie des Juifs modernes , ces choses tant venues de Mose ceux qui les ont crites par les prophtes et les anciens. Ce que nous disons de la Misnie peut se dire encore plus du Tragumin ou pa- raphrasechaldenne, et en grande partie de la version d'Aquiia, de Symmaque et de Tlicodotion, car ils prsentent trs-souvent et la doctrine et le sens catholique de l'Ancien Testament contre les Juifs modernes et les protestants. D'o il ressort que l'Eglise catholique, dans ses anciennes versions, dans les crits des Pres, etc., etc., a conserv le dpt des traditions exgtiques venant de Mose et des prophtes que Jsus-Christ et les aptres lui avaient transmis. Quand NotreSeigneur reprochait aux pharisiens leurs traditions ils s'agissait de celles qu'ils avaient inventes et qui en gnral sont repousses
,
;

par

le

Talmud

(3).

pturam pertinens conlroversia aliqua excitata fuerit ne eam aliter interpretetur quam quomodo Ecclesi luminaria et doctores suis
,

il est bon de faire cette observation, reconnaissent l'autorit de la tradition, et en font usage pour interprter les Ecritures contre les sociniens; invoquant contre eux les quatre premiers conciles cumniques et les Pres des cinq premiers sicles, et cependant ils ne suivent pas longtemps ni frquemment le vrai sens dogmatique des Ecritures cela vient de ce qu'ils refusent de reconnatre le pouvoir infaillible de la sainle Eglise catholique , apostolique et romaine pour diriger perptuellement, par
: ,

VIII. Les anglicans,

exposuerunt. Cette vrit fut proclame encore plus haut dans la quatrime session du concile de Trente, et par Pie IV dans sa bulle (Les paroles du concile seront plus tard rapportes) Super forma juramenti professionis fidei. Et dans le concile grec schismatique de Jrusalem, de 1672, runi contre Cyrille Lucaris (Colet. collect. conc, f XXI) Credimus sacras Scripturas fuisse revelatas eisque propterea non quidem ut libucrit sed secundum Ecclesi catholic traditionem et interprelationem adhibendam esse fidem omni dubitatione majorem. Au synode de Constantinople de 1106, sous Manuel Commne, synode dont les actes ont t puscriptis
. :

privilge divin , tous les fidles dans la voie de la vraie doctrine (Matth. XXVT1I , 19; Marc, XVI, 15) Car elle appartiendra toujours de juger du vrai sens des saintes Ecritures. Ce droit a t largement reconnu et par le concile de Trente , dans sa quatrime session, et par la bulle du souverain pontif Pie IV Super forma juramenti professionis
, :

fidei.

IX. La troisime rgle repose dans

le

ju-

(1) Esame dlie riflessioni llieologico-criiiche contro il libro dlia vana aspeilazionedegli Ebrei, p. Il,

4.5.
(2) Voir Drach , Dissertation saints dans la Synagogue.
(5)

sur l'invocation
cit.

des

Sanhdrin,

c.

10 de roui. op.

INTERPRETATION DES ECRITURES.

522

gcmont souverain do la sainle Eglise, conservateur de tous temps de la dfinition de la


tradition sur le sens des divines Ecritures tradition parse dans les divers documents de l'antiquit religieuse. Disons d'abord que ce droit et ce privilge ont t reconnus la

clame cette maxime dans un grand nombre de ses ouvrages (Cont. epist. fundamenti, c. 5. De Doct. chr., I. III, c. 2. Conl. Crescon,

l.

sainte Eglise ds les premiers sicles jusqu' ce jour, et ils lui seront conservs jusqu' ce que les divines promesses (Matth., XVI, 18; XXVIII, 20) trompent, c'est--dire jusqu' la consommation des sicles Jsus-Christ, la vrit, l'Eglise, et cela hier et aujourd'hui (Hebr., XIII, 8). Voici quelques tmoignages de l'antiquit en faveur de cette maxime, sans parler de la conduite tenue cet gard dans les premiers sicles par les pasteurs, soit runis, soit disperss. Saint Irne la reconnat cette autorit en plusieurs endroits de son livre contre les hrsies (Conl. hr., I. IV, eclesia presbyteris abauc. 26). Hiqui surit in
:

utilitate credendi, c. XIV, n. 31). Saint Jrme, dans sa lettre Paulin (Epist., I. III, n. 5, 6), traite au long cette matire, et appuie la doctrine que nous d-

I, c. 33.

De

fendons de toute son autorit. Le concile de Milan (Can. II) prescrit Non aliter intelligenda esse verba sancta nisi quemadmodum Ecclesia cutholica semper intcllc.rit. Saint Maxime vque de Turin nous recom: , ,

ceci ( Hom. IX , inter hiemales ) Per religiosi itineris vices ac veritatis semitas, quas universa tenet Ecclesia gradientes magis ma:

mande

dire oportet, qui successionem habenl abaposlolis,

veritatis

episcopatus successione charisma certum secundum placilum patris Paulus (Cont. hr., I. IV, acceperunt. c. 26) docens ait (I Cor. XII, 28) : Posuit Deus in E eclesia primo apostolos secundo prophetas tertio doctores. Ubi igitur charis-

qui

eum

?nutu Domini posila sunt, ibi discere oportet verilatem, apud quos est ab apostolis successio et ici quod est suum et irreparabile conversations et inadulteratum et incorruplibile sermonis constat. Hi enim et eam qu est fidem nosin unum Deum qui omnia fecit tram cuslodiunt et eam qu ut in ftlium dilectionem adaugent qui tanias dispositiones propter nos fecit et Scripturas sine periculo nobis exponunt neque Deum blasphmantes neque patriarchas exhonorantes [Cont. hr., I. IV, c. 32), neque prophetas contemnentes. Omnis sermo ei constabit si et Scripturas diligenter legerit apud eos qui in Ecclesia sunt presbyteri apud quos et apostolica doctrina, quemadmodum dmons Iravimus. Agnilio vera (Cont. hr., I. IV, c. 33) est apostolorum doctrina et anliquus Ecclesi status in universo mundo et cliaracler corporis Christi. Secundum successiones episcoporum, quibus illi eam qu in nno quoque loco est Ecclesium tradiderunt : ( Agnilio vera) pervenit usque ad nos custodilione sine fictione Scripturarum, est que) iractatio plenissima, neque additamentum, neque oblationem recipiens, sine periculo et sine blasphemia. Saint Hippoly te (Conl. Noetum, c. IX), disciple de saint Irne, dit que Noetus fut chass de l'ordre des prtres parce que, dans l'explication de l'Ecriture, il suivait son propre jugement et non pas celui de l'Eglise. Tertullien donne cet avertissement (de Prscript., c. XXI) Omnem doctrinaux... veritati depulandum sine dubio tenentem quod Ecclesi ab apostolis, apostoli a Christo, omnem vero doclriChrislus a Deo accepit nam de mendacio prjudicandam , qu saeclesiarum et apostopial contra veritatem lorum et Christi et Dei. Saint Hilaire s'crie (Comm. in Matth., XIII 1) Qui extra posiiisunt, nullam divini sermonis caperc passe inlelligenliam... lntra Ecclesiam verbumvit positum et prdicatum. Saint Augustin pro,
,
,

gisque hreticorum dvia ac diabolica calcate figmenta. Nous pourrions citer de graves paroles de saint Vincent de Lerins (Commonit., c 2. 28) l'appui de cette opinion si nous ne craignions de trop citer. X. Il devient vident, aprs avoir lu ces tmoignages que le concile de Trente n'a introduit aucune nouveaut dans l'Eglise en proclamant dans sa quatrime session , ce dcret ( Voir la onzime session du concile de Latran) Ad coercenda petulantia ingnia sacrosancta synodus decernit, ut nemo su prudenli innixus in rbus fidei et morum ad dificalionem doclrin chrislian pertinentium, sacram Scripturam ad suos sensus contorquens contra eum sensum que m tenuit et tenet sancta mater Ecclesia cujus est judicare de vero sensu et inlerprelalione Scripturarum sanctarum aut etiam contra unanimum consensum

Patrum, ipsam Scripturam sacram interpretari audeal etiam si hujusmodi interpretationes nullo unquam tempore in lucem edend forent. 11 devient encore plus vident que Pie IV
,

a trs-bien traduit et ce dcret et l'opinion de l'antiquit ecclsiastique dans la formule de serment de sa bulle Super forma juramenti professionis fidei : Sacram Scripturam juxla eum sensum quem tenuit et tenet sancta mater Ecclesia cujus est judicare de vero sensuel interpretatione Scripturarum sanctarum admilto : nec eam unquam nisi juxla unanimum consensum Patrum accipiam aut interprelubor. La doctrine de l'Eglise et des conciles n'a pas vari depuis les premiers temps jusqu'au concile de Trente, qui, par plusieurs de ses canons, a fix le sens de plusieurs passages des saintes Ecritures ; ainsi le troisime a trait au sacrement de la pnitence, le quatrime l'extrme onction, le deuxime au baptme, et le premier de la onzime session l'eucharistie. XI. L'exprience prouve que la Bible se dfigure quand on carte le flambeau de l'autorit ecclsiastique , et cela donne encore plus de poids cet axiome qu'une lgislation sans interprle est morte, changeante , inutile et litigieuse. Le P. Salmeron (Prolegomenon 2, in Comment., p. 16) compte dix-sept opinions sur la justification de la fo prsentes par des novateurs comme extraites de l'Ecriture. Rasbcrgcr, thologien catholique, dans une dissertation, a rapport deux cents interprtations diverses de ces augustes paroles -.Ceci est mon corns ; et 1q
,

DMONST. EVANG. XIV.

(Dix-sept.)

523
P. Tiess

DMONSTRATION lVANGELIQUE. BRUNATL

hU

a numr quatre-vingt-cinq sens la parabole de l'conome injuste de saint Luc, et cent cinquante au verset 20 du chapitre 111 de VEptre aux Galatcs. La foi. pour tre pure doit rester une, comme Jsushrist et son baptme (E ph. TV, 5); aussi les secles se multiplient-elles tous les jours, etenau rationatranenl-elles au socinianisme lise, au naturalisme, au disme et l'in-

donns

XIII. Nous finirons en avertissant que malgr le systme catholique que nous venons d'exposer, il y a encore beaucoup d'-

diffrence. XII. Il serai! inutile de rien dire aujourd'hui


l'esprit priv que les anciens protestants substituaient celui par lequel l'Eglise est claire, et par lequel elle dit avec la formule de saint Jrme Visitm est Spirilui sanclo et nobis. Le fameux J.-D. Michaelis (Biblioth. or., t.l, et Introd. ad N. Test., c. 12) confesse n'avoir jamais senti en lui rien qui pt passer pour un tmoignage du Saint-Esprit et n'avoir jamais lu dans les saintes Ecritures une promisse de ce genre. Et en fait que serait un semblable esprit, sinon cel'esprit dos conlui des pro, dites d'Achab tradictions infinies dans lesquelles les protestants to.nbent sur les points les plus importants ?

de

tudes faire sur les divines Ecritures, sait en ce qui a trait l'rudition simple ou lar philologie, et sur tous les points sur lesquels ni l'autorit de l'Eglise ni les Pres n'ont quant ce qui- regarde fix l'interprtation il est bien rare que le dogme et la morale l'on puisse donner plus de force ou de lumire au sens catholique. Nous terminerons par les belles paroles de saint Vincent de sacrrdos o c. 22) Lrins (Commonit. tractator, o doctor, si te divinus animus idoneum fecerit, ingenio, exercitatione, doctrina, esto spiritualis tabernaculi Bcseleel, preliosas fideliter divini dogmatis gemmas exsculpe coupla adorna sapienter, edice splcndorem , graiam,vcnustatem,inlclligotur te exponente quod antea obscurius credebatur, inlustrius Fer le posleritas intellectum graluletur, </uod antea vetustas non intellectum venerabutur. Edcm (amen qu didicisti doce, ut cum dicas nove, non dicas nova.
; ,
, :
, , ,

gft

LES PROTESTANTS CONVERTIS A LA RELIGION CATHOLIQUE, DE 1794 A


Des
milliers m'ont pi cd, des milliers
n'o;il

1837.

me

suivront;
si

jamais les conversions


clatantes

si

frquentes et

que de nos

jours.

[natter, lettre

sa

fiuniite.)

]Mfaa\
Milan, 1837.

J'ai pens qu'une notice sur les protestants convertis la religion catholique commencer de 1794 et depuis, c est--dire une poque o toutes les forces humaines semblaient tendre amener le dernier jour non-seulement du catholicisme, mais dit christianisme (si cependant les portes de l'enfer pouvaient prvaloir contre la cit de Dieu), poque qui ne fut qu'une priode de vicissitudes, dont mes lecteurs ont peut-tre t historiens juges ou acteurs, pouvait avoir quelque utilit pour affermir et consoler mes frres catholiques, servir d'exemple et tle flambeau, nos frres errants dans la communion appele protestante si ceux-ci veulent tudier de bonne foi le chemin par lequel la divine grce en a conduit tant d'autres de leur communion, de leur nation, leurs contemporains, ceux de leur rang, nourris dans leur doctrine, levs par leur noblesse et leurs dignits; s'ils consentent peser vis--vis d'eux mmes, comme sur les balances de la vrit, ce que valent, d'un ct, les efforts de quelques sages dans la voie troite dont ils ont fait choix, qui est celte de l'humilit, de l'abngation, dcV obissance, durenon cernent et des perscutions ; de l'autre les actions du plus grand nombre qui courent dans le large chemin de la vaine gloire, de la prsomption, de l'axnour-propre et de la libert, dans lequel une
,

ducation trompeuse les fit entrer. C'est pour cela que j'ai runi en forme de liste l'histoire des conversions arrives ma connaissance, de celles surtout dont j'ai trouv le rcit dans de judicieux ouvrages priodiques dont j'ai fuit la lecture; je les ai classes suivant les diffrentes nations, et suivant l'ordre des temps, au moins lorsque j'ai pu savoir l'poque et le pays oi elles ont eu lieu. Je prie le sage lecteur de vouloir bien attribuer plutt au manque de livres et de notices, qu'au dfaut de soin et de consciencieuses recherches, les inexactitudes qu'il pourra dcouvrir dans ce catalogue, qui probablement ne fait pas mention de beaucoup d'autres protestants entrs dans le sein de l'Eglise catholique, dans la priode d'annes qu'il embrasse.

FRANCE.
Commenons ce*te notice par le rcit d'une conversion'arrive Ensisheim , ville del haute Alsace en 1794. Un gendarme de la brigade de celle ville, grce aux soins d'un prtre, auteur d'un grand nombre de conUM\sions, abjura le protestantisme, dans un temps qui fut une tenible poque pour les catholiques. Une foi vive, uvre de la grce divine, put seule inspirer une semblable r-

52!

NOTICE SUR LES PROTESTANTS CONVERTIS.

526

solution ce militaire, pendant que la religion catholique tait proscrite, que l'on voulait la faire disparatre de la face du monde. La mme anne l'abb Isnnrdon, missionnaire de Marseille, transport Aix, o il exerait pour huit jours les fondions de son ministre, eut la consolation de convertir un luthrien de vingt-huit ans qui avait t exil comme d'autres pour sa noblesse, et reut son abjuration. Ce noble converti montra la force et la vivacit de sa foi, en rpondant un mcrant, surpris de sa rsolution, qui lui
faisait observer combien il tait dangereux d'embrasser le catholicisme dans un temps o il tait perscut La vrit est pour tous
:

tholique, et abjurrent les erreurs du calvinisme ou du luthranisme, Strasbourg, dans les annes qui scoulrent de 1800 1820: Charles Krebs, du diocse de Vratislaw en Pologne, aprs sa conversion se fit prtre, et il a t cur Bilsheim; Madame Barbara Gauthier, veuve de M. Guilion, lieutenant aux cuirassiers; Catherine Barbara Slrehl, femme de Thodore Chizelle. scrta iredu quartier gnral du Haut-Rhin; Marie-Louise Geje, femme de Laurent Schroeder, directeur des hospices militaires; Louis Eck, imprimeur et libraire, et beaucoup d'autres dont je ne sais pas les noms, dans la ville de Strasbourg, o la ten-

dance au catholicisme

est trs-forte

et trs-

temps, et la perscution en fait paratre plus clairement le divin caractre. Heureux comme je le suis de la connatre, je serais plus heureux encore de mourir pour elle. Ce nophyte conserva depuis sa loi pure et inviolable il donna l'exemple du zle le plus ardent, il encouragea les fidles se runir pour des assembles religieuses mme au pril de leur vie; il ne se plaignait jamais de la perte de ses biens qui lui furent injustement ravis, si ce n'est parce qu'il ne pouvait plus avoir un appartement suffisamment grand pour la clbration des saints mys(es
; ,

tres.

sang des prtres catholiques femme du baron de Detlingen, officier gnral, touch de leur courage, se fit catholique d'elle-mme, je ne sais si ce vrifiant ainsi d'une cerfut Strasbourg taine manire, de nos jours, la belle sentence Le sang des martyrs est une de ertullien semence de nouveaux chrtiens. Quelque temps aprs madame Detlingen, eut la consolation de voir son exemple suivi par son mari qui abjura dans la mme ville.
tait

Pendant que rpandu,

le

la

Madame de Hogerdon de Saxe, femme d'un autre officier gnral, embrasse le catholicisme dans le mme temps, Strasbourg. L aussi Marie-Anne Fritz, qui avait t au service de la princesse Willelmine, veuve du prince Henri, frre de Frdric II, roi de Prusse, vint faire abjuration du protestantisme, le 27 novembre 1807. Elle habitait Berlin. S'tant sentie mue par la lecture des livres de pit catholiques lle rsolut d'embrasser le catholicisme. Le? prtres auquels elle ouvrit son cur lui conseillrent de se rendre ailleurs pour faire abjuration, pour viter ie tumulte. Venue Strasbourg, elle y accomplit sa rsolution avec courage, la soutint par une pieuse vie, qu'elle termina par une mort difiante. Quelques annes aprs, Lyon, l'anne 1810, .Jacques-Louis Heboal, de Genve, abjura le protestantisme, entre les mains de l'abb Juiilard, cur de celte ville. Jean Henri Srhullz, ancien orfvre, aprs dix ans de rflexions et d ludes de controverse, laissa le luthranisme, et entra dans le sein de l'Eglise catholique le 19 septembre 1812, dans la ville de Strasbourg, o il donna toujours depuis beaucoup d'dification par la rgularit de sa vie. Les personnes dont les noms suivent, ouvrirent les yeux la lumire de la vrit ca,

ancienne. On dit pourtant que lorsque Louis XIV s'en rendit matre, en 1G81, on y trouva peine quelques familles catholiques, et qu' l'poque de la rvolution, dans une population de cinquante-trois mille mes, les catholiques montaient trente mille, et un tel changement y est arriv sans bruit, sans violence, par la seule force des exemples et de l'instruction les jsuites appels Strasbourg y prchrent les vrits catholiques, les prjugs se dissiprent, leur auditoire s'accroissait de jour en jour. Madame Marie Achard, de Genve aprs avoir t bien instruite par un des grands vicaires de Montpellier , y abjura sa secte en 1814. En 1816 dix protestants ont fait abjuration d "iis l'Eglise de Saint-Charles Nmes. Delon secrtaire gnral de la prfecture des Hautes-Pyrnes, se fit instruire de la religion catholique et l'embrassa en 1817; le 19 novembre de celte mme anne la comtesse de Choiseul ne Tohnson l'embrassa aussi. Monsieur Jayet, Suisse, tabli en France et destin d'abord aux fonctions ministrielles, puis devenu avocat, aprs un examen attentif, fit son abjuration, en 1817, entre les mains de l'abb Gualy Milaud o il s'tait retir. Castel, ministre protestant lui ayant d'abord demand s'il tait vrai qu'il voult abandonner la religion de ses pres, Jayet lui rponEn me runissant la vritable Eglise, dit je rentre dans la religion de mes pres qui furent longtemps catholiques avant de deve: ,
,

<i

nir prolestants.

Son

fils

an, au

moment de

son abjuration, promit de suivre sou exemple. Jayet mourut dans la religion catholique avec de grands sentiments de pit. Dans le cours de l'anne 1817Lavabre, ancien militaire, et madame Pauline Sainl-Alary de Saverdun, renoncrent au protestantisme Toulouse, et madame Thrse-Marie WarolLeilem, avec sa fille Marie-Clesline Lcllem, firent de mme Trguier, aprs avoir t instruites par l'abb Rouxel et baptises sous
condition.

Dans la ville de Trguier ci-dessus nomme, l'anne 1818, une famille anglaise tout entire abjura les erreurs de sa secte ce furent
:

M. Snowden sa femme et sieurs Rouxel et moi les

leurs six

fils

mes-

y prparmes. Mademoiselle Smith, Anglaise, et mademoi-

selle Governa, amricaine, firent de mme le 9 aot 1818, Paris. Au mois de novembre

527

DEMONSTRATION EVANGEL1QUE. BRUNATI.


de Foulongue de Prcorbin, ne en

528

madame
*v

m Angleterre, et

femme d'un chevalier de Saintabjura Paris, et montra dans la suite la sincrit de sa rsolution. Au mois de dcembre de la mme anne, Marie-Elisabeth Clare, fille d'un ministre anglican, l'ge de 45 ans, aprs un an et plus d'tudes et d'instructions, entra dans le sein de l'Eglise Meung sur la Loire. Paris eut se rjouir de l'abjuration du baron de T...,. n en Hollande, et employ alors au service d'une grande puissance; de celle du comte Senft-Pilsach, dj ambassadeur du roi de Saxe prs l'empereur des Franais, puis ambassadeur de sa majest Franois 1 er prs le roi de Sardaigne, et maintenant dans la mme position prs du grand duc Florence; il prit la rsolution d'abandonner le luthranisme avec sa femme et sa fille unique, aprs une tude profonde de la religion, et par les soins assidus du clbre missionnaire Loewenburk. Dans le cours de la mme anne 1819, madame Schedel, ne Berne et marie en France, se convertit, ayant t touche par la mission de Louhans, aprs un examen atLouis
,
,

fession de foi arrte par l'autorit du concile de Trente, et il fit connatre sa dtermination, par une lettre l'archevque de

Toulouse, Mgr. de Clermont-Tonnerre, depuis cardinal. Enfin le 29 septembre 1822, publiquement l'hrsie entre les il abjura mains de ce prlat. Dans l'anne 1822, Bussire, dans le diocse de Poitiers, Marie Sara de Palmer, femme du comte de Laage de la Brettolire de Foussac, marchal de camp, renona aux erreurs de sa secte, et entra dans l'glise catholique, aprs avoir tudi la religion et reconnu dans notre Eglise les caractres imposants qu'elle voyait manquer tout fait dans la sienne, l'autorit, l'unit, la succession des pasteurs, la stabilit de la
croyance, etc. Madame Louise-SusanneBonhajot prit le mme parti, Paris, ainsi que mademoiselle Boyle, qui pousa depuis sir Thomas Web ; Mademoiselle Nancy Allen Mesdames Adrienne-Victoire de Suffren de Saint-Tropez ; Marie-Anne Erskine Emden, veuve cossaise, et la marquise de Montalembert, femme d'un pair de France, Strasbourg; Marie-Clmentine Fries, femme d'un major d'artillerie, au service de Russie, et membre de la Lgion d'honneur; puis, Paris, la jeune Anglaise, Emilie Douglas Loveday, qui persista fermement dans la
;

tentif de la religion catholique.

Dorothe Hcrt, ne Chariot tembourg, prs Berlin, et marie un Franais, abjura Maillebois, dans le dpartement d'Eure-etLoire, convaincue parles instructionsdu cur de ce lieu. Charles-Joseph Berton, originaire

du canton de Berne fit de mme Mornant, prs Lyon. D'autres conversions eurent lieu en France dans l'anne 1820 celle d'une dame
,
:

anglaise instruite par l'abb Letourneur, elle fit abjuration publique Paris; celle de mademoiselle Doudoit Quimper; de madame Durot, ne Kohler, fille d'un officier du roi de Wurtemberg, Lille; del baronne de SaintJean, ne de Causin, Orange; de madame Saint-Hippolyte Montpellier, avec ses
,

deux

filles.

Les catholiques de Paris eurent la consolation devoir, en 1821, la conversion de M. Laval, ministre protestant, Cond-sur-Noireau, renduepar lui publique et exemplaire, par une lettre ceux de sa communion, dans laquelle il exprime avec beaucoup de clart et de force les motifs de sa conviction; elle fut imprime en italien Venise. Dans le cours de la mme anne le catholicisme fut embrass, Lille, par SophieWillelmine Schoedrer et sa fille, Evreux

rsolution qu'elle avait prise, malgr tous les efforts de son pre irrit. Le 22 dcembre 1822, M. Poynter reut Paris l'abjuration de l'anglicanisme de sir Lopold Wright, noble jeune homme de vingt-six ans, qui fut port cette rsolution aprs plusieurs voyages, l'tude calme et profonde de la doctrine et des pratiques catholiques, comme il est facile de le voir dans la lettre de sir Lopold, gentilhomme anglais, sur son retour l'Eglise catholique et romaine, adresse milady Marie *** sa mre (Paris 1824, in-8). Wright par celte mme lettre amena la conversion de sa mre, et la crmonie de sa profession de foi publique fut couronne par une autre conqute, c'est-dire par la renonciation d'un jeune calviniste l'hrsie son nom tait Charles Jaillac de la cte d'Ars, il se consacra
:

l'tat ecclsiastique.

A Nantes, M. Thornlon, Anglais, se dcida entrer dans l'Eglise catholique vers 1822 on dit que ce fut aprs la lecture de la lettre de Haller sa famille.
;

<

par mademoiselle Sara Bost, et Toulon par Jean Lafosse, n Tonneins. M. Paul Latour, pasteur de l'Eglise promembre prsident de testante de Bordes l'Eglise consistoriale du Mas d'Asil dans
,

l'Arrige, et fondateur de l'Eglise protestante de Toulouse, renona en 1821 aux er-

reurs de Calvin et de Luther. Touch par l'exemple de M. Dambois de Larboux, son digne et respectable paroissien, par la clbre lettre de Hller sa famille, par les examens faits par lui-mme pendant plusieurs annes de. la doctrine de l'Eglise catholique romaine, et plus encore parla force de la grce divine, il rsolut d'accepter la pro-

Vers le mme temps, eut lieu Gangers, diocse de Montpellier la conversion de M. Bastide, homme d'une rputation distingue ; et Verdun, celle de Dmazires, ofil tait ficier dans le 56e rgiment de ligne protestant de la secte des arminiens ou remontrants ; il fut touch par les soins charitables des surs hospitalires de SaintCharles (dont il avait t lui-mme l'objet dans l'hpital militaire), puis instruit par l'abb Tyet, et baptis sous condition comme on a coutume de le faire avec les protestants, car on doute avec fondement de la validit de leur baptme. Le C mai 1824, fut marqu par l'abjura,
:

S29
lion de

NOTICE SUR LES l'ROTESTANTS CONVERTIS.

530

M. Gches, Juge d'instruction au

de Vigan, magistrat distingu de cour royale de Nmes, rendu honorable par cinquante ans de fatigues et de services. Le 9 janvier 1825, David Woelfel lieutenant de gendarmerie, renona au luthranisme, et se fit catholique Cipalliau. Je suis heureux d'enrichir le catalogue des conversions arrives en France et venues ma connaissance, du nom trs-connu de Pierre
tribunal
la
,

la Chapelle. De Joux fut littrateur distingu, membre de plusieurs socits savantes, et dj clbre par quelques uvres mises au jour. Il fut en outre premier ministre protestant Genve, puis prsident du consistoire runi de la Loire-Infrieure et de la Vende Nantes. On chercha en vain le faire professeur de thologie dans l'universit de Glascow, il fut nomm recteur de l'universit de Biemme et enfin professeur de langues anciennes dans un collge d'Ecosse. Cependant aprs deux voyages faits en Italie (au second avec le jeune et noble anglais Wright, ci-dessus nomm), aprs bien des annes passes de mrs examens, il fit abjuration du calvinisme, dj plus que septuagnaire, entre les mains de l'archevque de Paris, le 11 octobre 1825. On peut voir les motifs puissants de sa conversion dans ses lettres clbres sur l'Italie, qui furent mises au jour par sa fille Josphine, aussitt qu'il eut pass une vie meilleure, ce qui arriva peu de jours aprs son abjuration. Je voudrais voir dans cet ouvrage quelques importantes expressions corriges, il y en a peu de blmables. Cette mme Josphine, assistant l'agonie de son pre, qui avait t frapp de paralysie, et lui voyant recevoir le viatique, consterne et fondant en larmes, se prosterna genoux, et ouvrit au Seigneur son cur afflig et suppliant. Elle en obtint une plus grande grce que n'et t celle de la gurison de son pre car s'agenouillant protestante elle se releva catholique, ainsi qu'elle le dit depuis ellemme. Elle fit abjuration le 25 novembre de la mme anne, aprs avoir t instruite

deJoux.de

eette femme distingue, veuve de M. Wagner, prsident ou membre du tribunal de Mayenne, sur de M. Intcr, professeur de langues trangres la cour de Napolon, fille d'un ministre protestant du mme nom, leve par lui avec tout le soin possible dans les erreurs et les prjugs de sa secte contre le catholicisme, aprs une longue rsistance la lumire et aux attraits de la vrit, instruite enfn. et encourage par l'abb Bouleau, vicaire de la cathdrale de Nevers, fit abjuration du protestantisme dans cette cathdrale en janvier ou fvrier

1837.

SUISSE.

chaque anne, les Ils sont nombreux, Suisses qui abandonnent les erreurs de Calvin et de Zwingle, pour se jeter entre les bras de leur premire mre l'Eglise catholique et romaine. Cela me fut attest Turin, en 1823, par l'abb Fischer, ex-jsuite, alors chapelain des gardes suisses, n Berne, cousin du clbre Charles-Louis de Haller, et converti lui-mme avec son pre.
Toutefois je ne sais le nom que d'un petit nombre d'entre eux. Je vais les faire connatre l'un aprs l'autre. Dabord M. Bernouilli de Ble, major des gardes suis:?:-, Courten, au service du roi de France, <l fils de Jean Bernouilli, directeur des classes de mathmatiques, des sciences, de Berlin il embrassa la religion catholique en 1798, ainsi qu'une de ses surs appele Cathe

rine.

Mademoiselle Jeanne-Marie Fusay, abjura en 1801, et en 1808 M. Pierre-Franois Coteau, imit huit ans aprs par sa sur,

Anne-Marie-Marguerite. M. Georges-Louis
Voullaire, suivi par deux
l'un

autres Vouliaire,

par

le savant et pieux ecclsiastique, JeanBaptiste de Saint- Arroman. Elle crivit sa sur une lettre qui est tout cur et tout esprit, pour lui faire connatre les motifs qui l'avaient dtermine. Le 27 janvier 1826, M. Aldebert, juge au tribunal de Nmes, g de soixante ans, vint ajouter son nom la liste des protestants convertis au catholicisme, aprs des confrences tenues entre lui et un habile missionnaire son fils, ministre protestant dans le Dauphin, accourut Nmes, mais ne put l'empcher d'excuter sa gnreuse rsolution.
;

Jean-Louis-Alphonse, et l'autre Jean-Francois-Louis, tous de Genve. En 1809, MM. Jean et Louis Wurst mesdames Franoisc-Gabrielle Jeannin, ne Duc; et Susanne Salomon, ne Boumieu, aussi de Genve. En 1810, M. Franois d'Ernst de Berne, major gnral au service du roi de Sardaigne, se fit catholique Nice, en Provence puis madame Marie-Louise Grencs de Genve; et en 1812, M. Bcrtholletde Ferrare, n Aigle, canton de Vaud, prit celte sage dtermination avec ses fils et le reste de sa
;

nomm

famille.

frre

M. Charles-Louis Constant de Bebecque, du fameux Benjamin Constant, fit de mme le 24- avril 1828, Bodigny, diocse
de Saint-Claude. La dernire des personnes illustres qui ait laiss le protestantisme pour rentrer dans la religion catholique en B'rance (au moins ma connaissance), est madame Wagner

En 1814, M. Emmanuel Knerhl de Berne, major au service du roi de SanJaigne, et ne mademoiselle Eugnie Treytorrens dans le canton de Vaud. furent agrgs la communion catholique. En 1815, M. Etienne Peschier Bertrand; et en 1817, mademoiselle Andr-Anne Moissonicz, de Genve, eurent le mme bonheur. M. Paul Vernassat, de Vcvay, lve de
,

polytechnique, puis officier de la garnison de Genve, et enfin au service du roi de Sardaigne, fit son abjuration Cagliari, en 1817. Il devint ingnieur dans le canton de Vaud de cet emploi, il passa au sminaire de Fribourg pour se disposer
l'cole
;

331
l'tat ecclsiastique,
il

DEMONSTRATION EVANGELIQUE. RRUNATI


doit tre prtre

552

main-

tenant.

fut dpouill de ses charges Berne et injuri dans les publications les plus rpanil

M. D '.vid Benudronet et madame Elisabeth Bblk, tous deux Genevois, abjurrent en 1S18, et en 1819 mademoiselle Jeanne Stork, le Genve, abjura aussi. Dans la mme ane.e, un prtre de l'ancien diocse de Genve, M. Franois Guers, qui, aprs tre tomb dans le schisme constitutionnel et dans d'autres erreurs, s'tait mari et avait embrass le protestantisme publiquement Genve (comme il le confessa dans sa supplique adresse au souverain pontife Pie VII), fit abjuration et rentra dans le sein de l'Eglise qu'il avait renie au milieu de ses garements. En 1820, M. Miche!, de Zurich, fils du commandant de cette ville, renona au protestantisme, voulut tre catholique' et se faire religieux dans l'abbaye de Saint-Urbain. M. Viande et sa femme, madame Rose Gnrin, abjurrent dans le conrs de l'anne 1820, dans les mains du grand pnitencier Branca, Milan; et en 1821, MM. JeanJacques Expert-l'Etoile et Etienne Mussard. Vers ce temps et quelques annes aprs eurent Heu les conversions de MM. Bcrselh et Bcher, de Berne, officiers en Pimont, de cinq dames aussi de Berne, converties aprs leur mariage par des trangers catholiques ce sont mesdames Tornelli, ne de Graffenried; Fcregra, ne. Tscharner; de Moutier, ne Wiltembach Mass, ne Mesmer, et Schmidt, ne Konig de M. Huber, de Ble,
: ; ;

d'un des plus ardents rvolutionnaires suisses; il s'est fait jsuite; de madame Pont Vulliamez, de Maudon, canton de Vaud, et de son fils, qui devint depuis secrtaire aulique Vienne. ta rputation de Charles-Louis de Haller et l'abjuration qu'il fit du protestantisme, le 17 octobre 1820, entre les mains de l'vque de Fribourg, sont connues de tout le monde catholique et protestant. Hritier d'un nom illustre (je le dis avec une illustre demoiselle convertie notre loi), M. de Haller, qui runit l'clat de ses vertus son rudition et ses travaux littraires, cet crivain distingu, snateur et membre du conseil souverain de Berne, donna l'exemple d'un sacrifice vraiment sans bornes et montra aux protestants jusqu'o peut aller le renoncement complet. Convaincu par ses tudes et ses recherches que l'Eglise catholique tait la seule vritable, il sacrifia tout au devoir de sa conscience et se fil catholique Retir Paris, il adressa,, le 7 avril 1821, une lettre sa famille pour lui dclarer son retour l'Eglise catholique et romaine, qui doit toucher fortement tout protestant de bonne foi et faire couler les larmes des yeux les plus secs. Ceux qui auront lu avec attention la Heslaufils

dues. La Providence ne manqua pas de le soutenir dans de telles afflictions il eut la consolation de voir runies a la mme foi sa femme et ses fils; puis un assez grand nombre furent amens aimer le catholicisme par la force et les bons sentiments de sa lettre. Parmi ceux-ci j'ai dj nomm, l'article France, le ministre Latour et M. Thornlon. Dernirement encore, Henri Schumann, de Magdebourg, se dtermina quitter le protestantisme aprs la lecture de la lettre de Haller, et celle des virulentes diatribes des ministres de Grenoble contre les catholiques. II fit abjuration dans cette ville, le 23 juin 1836, et fut prpar celte action par deux professeurs du sminaire. Voici maintenant ce qui arriva un jeune tudiant suisse, M. Chevalay de Vevay; ayant fini ses cour-s de belles-lettres et de philosophie, Lausanne, il se mit tudier la thologie pour rfuter la lettre de M- de Haller, dans son dpit de voir que nul des pasteurs ne savait y rpondre. En effet il tudia ses arguments ; mais d'ennemi qu'il tait de l'Eglise catholique, il en devint le fils soumis; il quitta sa propre famille qui menaait de le priver de la libert, abjura le calvinisme dans un canton catholique, puis il se relira la Trappe, prs de Laval, o il partagea son temps entre les exercices de pit et l'lude de la chirurgie. Entre les nombreuses conversions de Suisses, qui se succdrent d'annes en annes, je nommerai seulement les suivantes celle d'un Vaudois, d'un savant citoyen d'ilanz, dans le canton des Grisons d'un autre Vaudois et d'un professeur de Ble; de M. Baldessare de Kaslelberg d'ilanz, converti au catholicisme en 1826 aprs de longues recherches il lut, au synode protestant de ce canton, une lettre insre dans le journal catholique de Wurzbourg nomm l'Ami de l'Eglise, dans laquelle il dtaille les motifs qui l'ont dtermin retourner la foi antique. M. Jean-Daniel Tourn, Vaudois, se convertit en 1826. II crivit deux lettres son pre, sur les motifs de son retour la religion catholique ; je les ai trouves cites, comme tendres et pathtiques, dans l'Ami de lu re:
:

ligion.

l'illustre

imprime par nophyte avant sa conversion, ne seront pas tonns del rsolution prise par
' '

'

des sciences politiques,

une me catholique. protestantisme neputse voir d'un il tranquille abandonn par un homme de ce mrite, et dirigea contre lui son ressentiment ;
lui
:

il

y faisait dj voir
\

Cependant

M. Jean Probst, professeur Ble et runi notre Eglise vers la fin de 1827 ou le commencement de 1828 publia Spire un livre crit en langue allemande ayant pour titre Du protestantisme et du catholicisme, ou exposition des motifs qui ont dcid un prolestant retourner dans le sein de l'Eglise catholique. On dit que M. Probst montra une grande modration dans cette uvre beaucoup de sensibilit et d'esprit, ainsi que de savoir sur les doctrines des communions catholique et protestante. Je dirai en terminant cet article, ce que j'ai dit en le commenant chaque anne les conversions sont frquentes en Suisse, et on assure que reoiles seuls jsuites de Brieg et ae Sion vent presque tous les dimanches quelque
, :

IZ

NOTICE

Sflt

LES PROTESTANTS CONVERTIS.


tre

53*

abjuration, ce qui irrite extrmement contre eux les protestants et les sociniens.

ALLEMAGNE ET PAYS-BAS.
cet article qui comprend un vaste pays, je parlerai seulement (les hommes les plus clbres dans la littrature, ou parleurs dignits, qui ayant laiss le chemin tortueux des novateurs, se sont soumis l'autorit de l'Eglise catholique, la seule pouvant enseigner la voie de la vrit et de la vie. Je nommerai d'abord le prince V. de Brunswick qui abjura en 1798, et expliqua les motifs de son abjuration l'un et l'autre parti. Le comte Frdric Lopold de Stolberg, mi-

Dans

put blable rsolution dans un tel homme ne que l'effet d'une profonde conviction les depuis lors il cultiva avec plus d'ardeur enludes srieuses, et il publia des uvres que les core plus graves et plus raisonnes premires qu'il avait mises au jour. Il se montra trs-habile dans la diplomatie et tut quelque temps conseiller de lgation a la
:

dite de

Francfort. Ayant

abandonn

cette

nistre et littrateur distingu, causa une grande joie aux catholiques en se runissant l'Eglise

romaine, en 1800. Ne d'une noble famille le 7 novembre 1750Bramsladt dans leolstein, honorable encore par ses il se rendit plus qualits personnelles et, aprs avoir occup des charges importantes, appelPtersbourg l'occasion de l'intronisation do S. M. l'empereur Paul II, il y fut dcor des ordres russes de Sainte-Anne et de Saint-Alexandre Newki. Trs-vers dans la philosophie, les l'histoire, les langues, la diplomatie sciences anciennes et trangres, tudies avec soin dans ses voyages littraires en Allemagne, en Suisse, en Italie et en Sicile il publia un grand nombre de traductions d'un mrite peu ordinaire ainsi que ses propres crits en vers et en prose; enfin il fui rcrenomm parmi les savants d'Allemagne les plus distingus. Cependant il fit heureuse; ,
;

charge au commencement de 1818, il s'tablit Vienne et il y commena la Concorde avec quelques collaborateurs. 'revenus comme lui dans le sein de l'Eglise. Il travailla aussi a perfectionner les Leons sur l'histoire de la littrature de tous les peuples. Ne sachant rien des emplois ni des travaux avec lesquels Schlegel peut avoir servi les lettres et la reparligion dans ses dernires annes, je vais autre savant crivain qui voulut ler d'un tre sortir des assembles protestantes pour runi au peuple catholique. M. Lesage TenBroeck, Hollandais, vers l'anne 1309. l'g de trente ans peu prs reconnut l'Eglise catholique pour l'glise de Jsus-Christ, et son joug. 11 montra dans ses il se mit sous zle crits la puret de sa doctrine et son avait embrasse, sans crainpour la foi qu'il
,

dre les insultes des crivains des journaux


prolestants.

Vers 1812, les catholiques virent entrer dans leurs rangs un autre personnage de savoir et d'esprit, le baron Ferdi nanti de Enkslein:
il

mains du clbre fil abjuration entre les professeur l'abb Pielro Ostini, maintenant
cardinal.

la vrit le sacrifice de tout ce qui pouvait lui attirer les honneurs, en abandonnant ses emplois et se retirante Munster, o il quitta le luthranisme dans lequel il avait t lev, pour embrasser la religion catholique avec toute sa famille. Il expliqua

ment

Parmi
cisme, je

les crivains convertis au catholine sais en quelle anne, se trouve

un autre

journaliste, M.Jules.

Aeninghaus,

les motifs de sa rsolution

dans une lettre abrge, mais bien expressive qu'il adressa le 11 octobre 1800, au comte de Smettau, seigneur et littrateur prussien, qui les lui avait fait demander et plus encore dans son grand travail sur Itutloirc de la religion de JiiisChrist, auquel il s'appliqua pendant quinze ans, dans l'intrieur de sa famille. M. de Stolberg mourut en 1819, dans une maison de campagne prs d'Osnabruck. oil s'tait relire depuis quelque temps. Sa mort fut conforme sa conversion; sa renomme pure et intacte, insulte vainement par des hommes peu dignes d'estime, procura honneur et relief la cause catholique en Allemagne. M. Frdric Schlegel, autre littrateur distingu, suivit l'exemple de M. de Stolberg. Dou d'un esprit original, juste et profond d'une imagination trs-vive , cultivant les belles-lettres elles sciences avec une ardeur extraordinaire, il se montra en mme temps pote, philologue littrateur et philosophe distingu. S'tant retir Paris en 1802 avec sa femme, fille du philosophe G. Mendclshon, il y ouvrit un cours de philosophie qu'il avait dj fait Ina. Revenu de Paris, M. Schlegel embrassa la religion catholique Cologne, ainsi que sa t'euime. Il est clair qu'une sera;
,

compilateur des Feuilles de palmier, journal de Francfort-sur-le-Mein. En 1809, Frderic-Louis-Zacharie Werner, pote et orateur distingu en Allemagne, se converiit au catholicisme. N le 18 novembre 1768 Knisberg d'un pre instruit qui y fut professeur d'loquence, d'histoire et de posie, recteur de l'universit, ds son enfance il
aimait c frquenter l'glise catholique. Il fit un cours de philosophie sous Kanl, tudia le lois droit, ctt connatre pour la premire son talent dans une thse qu'il soutint devant l'universit, et par deux discours qu il d'un nomy pronona aux applaudissements auditoire. En 1793, il fut nomm sebreux en crtaire de la guerre et des domaines 1805, appel en qualit de secrtaire intime du nouveau dpartement de la Prusse orienle prince tale. Je ne sais plus en quel temps
;

de Hesse-Darmstat

le

fil

son conseiller auli-

que titulaire et membre de la socit royale deKnisbcrg. Pour augmenter ses connaissances littraires, par l'examen des monuments et la conversation des hommes savants de chaque pays, il visita en 1790 Berlin et la Saxe en 1807 Vienne Monaco, Francfort Cologne et lna en 1808 la Suisse et Paris en 1809 la terre classique d'Italie. Dans ses courses littraires, il se lia avec les Kttraleurs allemands de ce temps, Schclling, Goethe, Jacobi et Auguste Guillaume Schlegel;
;
,

535

DEMONSTRATION EVANGELIQUE. BMJNATI.


si

536

j '

ces voyages augmentaient le connaissances de Werner, celui d'Italie lui fut extrmement utile; pendant qu'il tait Rome, il parvint connatre la vrit de l'Eglise catholique et se runir au centre de l'unit. La perscution sous laquelle gmissait alors l'Eglise romaine, en la personne de son chef visible ne l'empcha pas de reconnatre en elle les signes de l'assistance divine et le caractre de l'Eglise de Jsus-Christ. Arriv Rome, il pensa qu'il tait temps de mditer srieusement sur la religion et d'examiner le catholicisme avec attention. Ayant demand la permission d'assister une premire communion, il fut conduit un matin l'glise de l'Enfant-Jsus, par l'abb Ostini, depuis cardinal; plac dans un endroit o il pouvait bien voir sans distractions, il assista la premire communion de nombreux enfants il en fut si mu qu'il fondit en larmes, et qu'elles ne cessrent de couler pendant deux heures que dura la crmonie. En sortant il rpondit l'abb Ostini qui lui avait dit, rempli d'tonnemenl et de joie, ~- v

mais got

tous

et les

mrile aussi d'lre remarque. N de parents protestants le 7 dcembre 1791, il se sentt ds l'enfance le got de la religion. Pour viter le service militaire au temps de Buonaparle. il entra dans la manufacture d'armes de Mutzig ayant connu l M. Sorg, peintre estimable, rentr Hui-mme dans le' sein de l'Eglise catholique, il chercha se l'attacher et obtenir de lui des leons de dessin. M. Sorg, homme pieux affectionn l'Eglise, dou d'un caractre aimable, sut acqurir la confiance de l'artiste Rank. Il l'entendit d'abord parler de religion lui demander des explications sur les difficults et les doutes qu'il puisait dans de nombreuses lectures sur ces matires, en voyant le protestantisme si
: ,

si froid, si vague et si peu propre metl'me en repos. Sorg, sans chercher provoquer son disciple, se contentait de rpondre ses demandes , et de lui faire connatre franchement ses impressions et ses sentiments. Rank, convaincu la longue du vice de la rforme, surmonta fortement les obstacles qui lui taient opposs par sa faVous tes donc catholique? Je dsire l'tre, mille et ses amis, il fit abjuration publique mais je vois en moi mille difficults. L'abb dans la ville qu'il habitait. S'tant remis Ostini l'ayant clair de ses lumires, dans ses tudes qu'il avait inlcrrompues , dcid des confrences particulires, aprs huit il entra c,n 1812 au se faire ecclsiastique mois d'tudes et de rflexions il fit secrtesminaire de Magoncc, o il reut les ordres ment entre ses mains abjuration du protes- en 1818 il devint ensuite vicaire Herrnstantisme puis sa manire de vivre la rendit heim, prs Worms, puis chapelain l'hpital bientt publique, parce qu'il fut un catholide Magonce: il y remplit les fonctions de son que de zle et d'action. Sachant qu'il avait ministre avec un zle et une charit gales, fait beaucoup de mal par ses crits, entre bnissant chaque jour le Seigneur de la grco autres par sa tragdie intitule Martin Luther, qu'il lui avait faite dans sa conversion. il voulut entrer dans l'tat ecclsiastique , En 1813 environ, M. le docteur Christian afin de pouvoir rparer par la prdication le Frdric Schlosser de Francfort sur le Mein, scandale dont il avait t cause. De retour embrassa la foi catholique il abjura Rome Rome, prs avoir fait un voyage Venise , entre les mains de l'abb Ostini, maintenant tant toujours dans la mme rsolution , cardinal. Nous avons de lui un petit ouvrage l'abb Ostini lui fil lui-mme un cours de intressant imprim en allemand. Il mourut thologie; lorsqu'il fut termin, il retourna Rome en 1830. en Allemagne, ce fut en 1813. Ayant fait conJe ne sais pas bien si c'est en 1816 que le natre son dsir d'entrer dans l'tat ecclducFrdricde Saxe-Gotha, n en 1774, donna siastique l'archevque de Ratisbonne,Mgr. ses sujets l'exemple de l'abjuration du Dalberg, il fut plac par lui dans le sminaire protestantisme. d'Ascheftemburg, o il fut ordonn prtre en M. Valtz, professeur et prdicateur pro181k. Venu ensuite Vienne, il se donna au testant la cour de Carlsruhe, embrassa ministre de la prdication, il y eut un nomla foi catholique en 1817; depuis il se fit prbreux concours ses sermons l'hiver dans la tre et devint professeur Fribourg. capitale ; ce fut de mme l't dans les proA Bouillon dans les Pays-Ras vers la vinces environnantes. La Hongrie, la Styrie, mme anne, la conversion de madame EsVenise aussi furent le thtre de son zle. Il kclbrok, veuve d'un capitaine catholique, fit passa une partie de l'anne 1817 prs du quelque bruit. Extrmement difie de la comte Nicolas de Grohalski, vice-gouverneur manire dont son mari avait support la made Kaminiek dans la Pologne russe; il eut ladie dont il mourut, elle voulut se faire inoccasion d'y connatre l'vque Maklewicz , struire d'une religion pour laquelle elle avait qui le nomma chanoine honoraire de son toujours eu de l'estime ; tant compltement Eglise: enfin suivant sa vocation pour la vie persuade , elle mprisa le mcontentement religieuse qui lui avait fait dsirer Rome de sa famille et les tentatives des autres add'tre jsuite, il entra dans la congrgation versaires de l'Eglise pour la dissuader; elie des liguoriens de Vienne. 11 mourut plein de se dcida embrasser la vrit qu'elle conmrite dans la paix du Seigneur (1). naissait enfin, et elle prouva depuis, par sa L'abjuration faite en 1810 Mutzig en Alsace, par Jean-Henri Rank de Worms

sec,

tre

r.

(t)

On

raconte que

Werner tant prsent au


dit
:

roi

de Prusse , celui ci changent de religion,

lui
>

Je
il

ce quoi

blme ceux qui a Moi rpondit


:

aussi, sire; c'est pour cela que je blme Luther et que je suis revenu la loi qu'il avait quitte. > On prle une semblable rponse Slolberg, un prince d'Allemagne.

537

NOTICE SLR LES PROTESTANTS CONVERTIS.


et la

538

manire de vivre, sa sincrit

fermet de

sa rsolution. Le prince Frdric-Auguste-Gharles, troisime Gis du duc de Hesse-Darmstadt n en 1788, abjura le protestantisme vers 1817; il reut en 1818 un bref du pape Pie Vil, en rponse la lettre qu'il lui avait adresse. Dans le mme temps peu prs, M. de Hardenberg, conseiller provincial du comt de Mansfeld, et son frre (qui avait pous en secondes noces une fille du comte de Stolberg, damed'honneur de la princesse Cungonde, nice du roi de Saxe) se runirent l'Eglise catholique; la premire femme de M. de Hardenberg l'avait prcd dans cette rsolution.
,

mendacia, ac lapsus facile emendabimus. Le professeur ayant fait quelques observations sur cette confession si spontane, la leon fut interrompue cependant le recteur de l'universit et le snat ayant condamn le fait, justifirent Freydenfeld; mais lui, ayant assur que ses coliers n'taient pas coupables du tumulte, que c'tait seulement les trangers, on lui permit de recevoir ses seuls lves. Ayant repris ses leons le premier juin le plus grand ordre y rgna; plus tard ensuite, il reut la dfense de continuer. Freydenfeld partit de Bonn pour Rome en 1821, avec l'intention, disait-il, de se faire missionnaire je ne sais s'il mit ce projet
; , ,

1820, eurent lieu les conversions d'autres personnages distingus celle de M. Adam Muller de Berlin conseiller de la cour Weynaar, puis consulaules

Vers

annes 1816

et

excution. En 1820, un
lique, le baron

homme

distingu se

fit

catho-

Edouard de Grouvestein, em-

trichien Leipsik, publiciste remarquable et affectionn aux saines doctrines; de M. Biester aussi de Berlin fils du bibliothcaiie royal, un des compilateurs du journal littraire intitul la Bibliothque germanique universelle, publi Berlin par Nicola; du
, :

docteur Moeller et sa femme belle-sur du clbre pote allemand Tick de Berlin des deux frres Gossler fils du prsident de ce nom, tudiants l'Universit de Bonn; de M. Frdric Overbeek, clbre peintre de Lubeck, tabli Rome; de M. Schudow, sculpteur, fils du directeur de l'Acadmie des beaux-arts de Berlin mort Rome; de la princesse de Holsteinbeek, ne baronne de Richtaff et de la comtesse de Goerz, qui embrassrent la religion toutes deux Breslau. La conversion de M. Freydenfcld professeur des belles-lettres l'universit de Bonn arrive en 1820, fut d'une grande importance et fit honneur la vrit. On dit qu'il se sentit port embrasser le catholicisme, en assistant une instruction qu'un jeune sminariste calholi ;ue faisait des jeunes gens. En 1821 au commencement du second semestre de l'anne scolastique, il
,

ploy dans les travaux des affaires trangres la Haye. S'tant rendu par hasard une sainte crmonie dans une glise catholique, il en fut mu, et, son retour la Haye, ayant eu des confrences avec l'abb Raynal, alors cur de cette ville, et voyant les preuves clatantes en faveur de l'Eglise catholique qui lui taient prsentes par cet estimable prtre, il se rendit la vrit. Ce jeune homme, dou d'un aimable caractre, continua depuis professer et pratiquer
la foi

embrasse et lui rendre nommage par sa pit franche, sa conduite courageuse


,

et loyale.

Dans le cours de l'anne 1820, le duc Adoln en phe de Mecklembourg Schwerin 1785, quatrime fils de Frdric-Franois, duc de Mecklemhourg et de Louise de SaxeGotha, se dcida se faire catholique. De,

annonc qu'il voulait donner des leons sur l'histoire des trois derniers sicles. Quelques esprits ardents, connaissant son amour ponr la vrit historique, s'en mcontentrent et formrent, ce qu'il parat, le dessein de troubler ses leons. En effet, le 2k mai, au lieu de soixante-trois auditeurs inscrits comme ses coliers, il s'en prsenta deux cents. Le professeur cependant conserva des gards devant un auditoire de diffrentes communions. Conduit par son argument parler de la rforme, il la considra seulement du ct historique et dit qu'il avait eu pour guides Herens , de Villers et quelques autres regards comme impartiaux parmi les protestants. Il avait divis sa leon en trois questions Quels furent les principes de la rforme? Quels en furent les moyens? Quelles en furent les consquences? Aprs avoir parl des avantages judicieux trouvs par Herens et de Villers sur les points de la rforme il lut ensuite un passage d'une lettre de Luther Mlanchton Si vim evasrimus disait le rformateur, pace oblcnta, dolos,
avait
:

puis sa plus tendre jeunesse il se sentait port la religion catholique, ce que ne fit qu'accrotre la lecture des bons livres. Il trouvait dans les livres mmes des protestants des raisons pour s'loigner de leur doctrine; il lut l'exposition de la doctrine de l'Eglise catholique de Bossuet, en notant sur l'exemplaire qu'il avait les principaux motifs qui se prsentaient lui pour l'engager se convertir. Ayant obtenu de son pre, aprs bien des instances la libert de suivre l'im-> pulsion de sa propre conscience, la condition de faire abjuration loin de sa famille, il se fit catholique Genve. En parcourant la Suisse et sjournant Rome, il donna beaucoup d'dification par sa pit par son assiduit aux pratiques religieuses, par les paroles expressives d'une foi robuste. Rappel de Rome par sa famille et sa patrie, il passa une vie meilleure, peu de temps aprs son retour, en 1822. En 1822 aussi, le prince Henri Adoard de Schoenburg Waldenburg, veuf de la princesse Pauline de Schwarlzembcrgh , abandonna le protestantisme et fil profession de la foi catholique Vienne.
, ,

de Gagern,

anne, Magonce, Ernest de l'ancien ministre de Nassau, fut instruit de la religion catholique. Ayant obtenu le consentement de son pre luthrien, il fil abjuration il montra du got

Dans

la

mme
fils

pour

la pil et le dsir d'entrer

dans

l'tat

530

DMONSTRATION VANGLIQLE. BRUNATI.


si

5i0

ecclsiastique. Je ne sais
satisfait.

ce dsir a t

Son exemple fut imit doux ans aprs par un de ses frres nomm Guillaume. 1822 fut remarquable par la conversion
d'une dame de distinction la foi catholique, la comtesse Frulrique Willelmine-L<.>uise de Sams-B iruth Qlle de la princesse d'A'tihalt Berenberg; Reste veuve du comte Burgheron de Slesia, elle se relira en 1789 Borne pour y passer plusieurs annes; en 1812 elle vint s'tablir Tivoli. Aprs de longues et srieuses considrations sur les communions catholique et proleslaritc aprs des combats intrieurs, docile enfin la grce, elle fit abjuration solennelle et embrassa la religion catholique Tivoli, le jour du Sacr-Cur de Jsus, 1821. Le reste de sa vie et son testament montrrent la sincrit de sa conversion. Elle fit riger un hospice Tivoli, ii fut confi aux Fatc bne fiatelli;i\t restaurer et dota uus maison pour l'ducation de six orphelines, en acheta line autre pour les frres des coles chrtiennes
,
,

rgnantd'AnhaltCothen dans la basse Saxe, venu en 1825 Paris avec la duchesse Julie sa femme, de la maison rgnante de Prusse, suivant l'impulsion qui depuis longtemps le
portait tudier et connatre la religion vritable , chercha des confrences , assista diverses crmonies religieuses; puis, tant

fonds ncessaires l'entretien de six orphelines une troisime fut destine dans son testament un tablissement publie de pit et de bienfaisance. Tant de pauvres logs, nourris, vtus par elle, firent pleurer sa mort, arrive le 27 dcembre 1832, tons ceux qui habitaient Tivoli. Son corps fut transport Rome, suivant son dsir, et il repose dans l'glise de Saint-Jean des Floet
les
;

donna

rentins.

En 1824, un professeur d'histoire du lyce de Dusseldorf pronona son abjuration entre les mains du trs-savant G. A. Bintrim, cur d'une paroisse voisine de cette ville; celte conversion a t remarquable par une circonstance tout fait singulire. Dusseldorf est une ville catholique, et on pouvait esprer que le consisloire d'instruction ne prendrait pas dans son lyce un professeur protestant. 11 n'en fut pas ainsi, malgr les plaintes des catboliques comme s'il n'y avait pas dans tout le pays un catholique capable d'occuper cette place, on y mit le protestant ci-dessus nomm. Eclair ensuite sur les erreurs de sa srie, il l'abandonna. M. E. D.Slacdel, ngociant deMagonce, n Slrasbourg, se convertit Sa foi catholique, celte mme anne 1824 Un vieux livre de prires calholiques, tomb par hasard entre ses mains, et dans lequel il trouva une saine doctrine, une morale pure, commena lui toucher le cur s'tant dcid se mieux instruire il lut avec une attention particulire les crits du savant Prechtl, ex-abb des bndictins de Michafieh en Bavire; le sysliiic Ihologiquc de Leibnitz, les lettres de Millier, le journal allemand intitul Calholich qui, ayant pris naissafice Magonce, lut transport Strasbourg et parat maintenant Spire. Aprs deux annes de profondes tudes accompagnes de ferventes prires a n pour qu'il voult bien lui montrer la vrit, il embrassa le catholicisme et fit sa profession de foi Magonce dans l'Eglise de SaintQuentin. Le prince Frdric Ferdinand, duc
,
:
,

parfaitement convaincu, il fit abjuration avec la ducliesee d'Anhalt, entre les mains de l'archevque de Paris, le 24- octobre 1824 et, de retour dans ses Etals, annona publiquement son peuple son entre dans l'Eglise catholique par une lettre date du 6 janvier 1820, simple, respirant la tranquillit, la pil et l'amour du gnreux prince pour ses sujets propre faire connatre l'esprit de paix, de charit et de vraie tolrance qui anime les calholiques, faite enfin pour produire beaucoup de conversions dans cet Etat. M. Albert deHaza, secrtaire du cabinet et conseiller de lgation du prince dont nous venons de parler, prit la mme rsolution, en abjurant Paris, ie 5 juillet 182^>. Ce sage ministre avait dj, fait connatre son penchant pour' le catholicisme, par sa traduction allemande de l'ouvrage du comle de Maistr, sur le principe gencratcur des constitutions. Vers 1820, sur les traces du duc et de la duchesse d'Anhail-Coihen, le comte d'ngclheim, frre du roi de Prusse, s'e^t converti au catholicisme, abjurante Colben o il se trouvait prs de la duchesse sa sur. M. Beckendorf, conseiller d'Etat du roi de Prusse au ministre des affaires ecclsiastiques et de l'instruction publique, abjura le luthranisme, dans son voyagea
; ,

la mme anne 1826. Le roi lui retira sa place, et lui laissa sa pension. D'autres illustres Allemands vinrent s'ajouter la foule des nouveaux convertis la foi catho-

BalisbonDe,

lique, entre autres M. Guillaume Bernard comte de Limbourg. Styrum n Arnheim dans la Gueldre, demeurant ordinairement en Hollande, a fait abjuration Paris le 3
,

juillet 1827.

M. le docteur Philips , professeur de l'universit de Berlin est rentr dans le catholi,

cisme en 1828.

Laurent Mosheim, neveu du ministre dont nous avons parl, auteur de plusieurs ouvrages, ministre lui-mme et fort instruit a renonc ses erreurs en 1829 environ
, ,

aprs avoir souffert des perscutions de la part de sa famille et du gouvernement, jusqu' lre dtenu en prison au pain et l'eau

pendant vingt jours. Ayant rsist courageusement de telles preuves il se retira


Fribourg. La princesse Charlotte Fridrique, fille du grand duc rgnant, de Moeklembourg-Schwerin, sur du prince Adolphe Frdric, de la conversion duquel nous nous sommes dj occups fit abjuration Vienne entre les mains de monseigneur Peruzzy, alors vque de celle ville, le 27 lvrier 1830. M. Samuel Sabo, homme instruit, prdicateur protestant Loevol, a fait abjurationen 1830, le lundi de la Pentecte, Erlau en Hongrie, entre les mains de son minence
,

541

NOTICE SUR LES PROTESTANTS CONVERTIS.

542

Mgr. Pirker, archevque de cette ville. M.Louis, ou Ludovic Landf, architecte prussien, hommeinslruit, demeurant Paris, a fait abjuration dans cette ville, le 18 juin 1831, entre les mains de M. Vincent-Marie Heuderger, missionnaire amricain qui s'y
trouvait alors.

Christian-Adolphe Loesser,

Ham-

bourg de parents juifs et lev dans lejudasme,


comprit en grandissante vicede sa religion , s'affectionna la simplicit dos prceptes du christianisme, la puret de sa morale; en

voyageant en

Italie,
,

il

rencontra quelques

ministres luthriens qui le firent renoncer au judasme, et le baptiseront. Mais dans ce mme temps, tout en se nourrissant de leurs erreurs, Loesser n'tait pas encore satisfait, il entendait une voix intrieure qui lui disait qu'il n'tait pas dans la voie du saint. Pntr d'estime et d'amour pour la religion catholique par quelques bons livres qui lui tombrent entre les mains, arriv l'rouse, il se prsenta Mgr. Cittadini vque de
,

celte ville, et lui demanda d'tre admis dans le sein de l'Eglise. Le prlat, aprs les instruc-

tions et les prparations ncessaires, l'y fit entrer. Au mois de septembre 1831 il abjura lge de vingt-huit ans. Ayant racont comment un Juif parvint au catholicisme aprs avoir pass par le protestantisme un fait arriv Lij ajouterai vourne concernant un proiestant pour lequel un Juif l'ut la voie dont la Providence se servit pour le conduire au calhoiieisme. Ce protestant tait malade Livourne vers 1820, et fort tourment pardes inquitudes sur sa foi.
,

distingu de l'universil de Tubingen, entr.a dans le sein de l'Eglise catholique en 1833, il a crit la narration de sa conversion et a permis de l'inscrire dans \eCatholich, publi maintenant Spire, comme nous l'avons dj dit. Elle fut mise en franais et parut dans Y Ami del Religion. Dans ce rcit on admi re comment il fut possible que ce protestant, aprs avoir appris la pieuse pralique des catholiques qui font vu d'une offrande la trs- sainte Vierge, s'ils obtiennent l'accomplissement d'un dsir, ayant obtenu ce qu'il souhaitait, lui offrit un ex-voto pour ne pas manquera sa parole. Ce fut le premier pas d'Lisenbach dans les voies mystrieuses et toujours paternelles de la Providence. D'autres personnages distingus se converlirenl encore eiv Allemagne la foi catholique. En 1835 M. Brandis, professeur de philosophie dans l'universil de Bonn, se fit catholique. Le 29 juillet 1836, le capitaine Louis de l'Or, de Berlin, professeur l'Acadmie royale de Saxe, et le docteur Charles Guillaume Bunger, d'abord prdicateur Dresde et ensuite ministre Baulzen, firent leur abjuration et leur profession de foi Vienne dans la chapelle de l'Annonciation, entre les mains de son rninence le cardinal Oslini.

permis de raconter en tersur les conversions des prolestants en Allemagne, comment M. Augustin Thciner de Breslaw, docteur en philosophie et tout la fois lgiste distingu, n en 1804, jeune homme connu par ses talents et ses crits, a reconnu heureusement ses erQu'il
soit

me

minant

cet

article

reurs et sa dviation des

maximes

catholi-

Un mdecin

juif,

renomm dans
;

cette ville lui

donnait ses soins

mal physique

ayant reconnu que son augment par un mal moral, H lui en demandala cause;aprs avoir appris l'tat dans lequel le mettaient ses tristes doutes, le mdecin juif dit au malade que s'il tait persuad que le Messie ft dj venu, l'unique voie du salut selon lui tait l'Eglise catholique. Le malade l'ayant entendu parler ainsi, s'effora de chercher dans le sein de l'Eglise cette paix et ce repos qu'il ne pouvait trouver dans les changements et les inceriiludcs du protestantisme s'lant mis dans la barque de Pierre, il se dirigea vers le port du salut. Revenons l'ordre chronologique des
tait
;

ques en 1833. Ses connaissances mit l'histoire ecclsiastique, l'avaient fait regarder par les autorits de l'Allemagne comme un instrument utile pour ce que l'on appelle la rforme du clerg catholique, qui serait, au lieu de cela, la perte et la ruine de la religion. Thine r imbu des fausses doctrines qui rgnaient dans nombre d'universits allemandes, touch par les exemples d'une partie du clerg du pays, cda aux offres qui lui furent faites, et crivit en 1828 contre le clibat religieux. Voyageant ensuite en Europe pour
y faire des recherches scientifiques, et visitant l'Autriche, l'Angleterre , les Pays-Ras et la France, lev comme il l'avait t dans la religion catholique, il fut louch de tout ce qu'il vildans ces pays, et par suite des entretiens qu'il eut
siper. Enfin
il

conversions. M. G. Arendl, professeur de l'uniin: truit dans les langues modernes, se fit catholique vers 182-2. Comme le gouvernement prussien ne par donne pas un protestant de devenir catholi-

versit de

Bonn

avec quelques personnes in-

anciennes

et

que/'! qu'il est aussitt regard comme inhabile, Are nd la ha ndonna le professoral et se mit composer des articles sur des arguments de philosophie et d'histoire qu'il fil insrer dans le CeOiolich, publi Spire sous la direction de Bacs et de Weiss en outre il mit au jour un aperu historique, sur l'tal de l'empire romain, depuis Constantin, et sur le pontificat de saint Lon. Depuis peu il a t nomm professeur d'archologie dans la nouvelle universit beige Maiines. Henri Ferdinand Eisembach professeur
: ,

commencrent se disvint Borne, et aprs bien des irrsolutions, il se dcida voir le prcKohlman , prtre jsuite d'Alsace dj mission*
struites, ses prjugs
,

naire en Amrique, et depuis matre de thologie Rome, o il mourut. Aprs plusieurs confrences avec ce pre, Theiner, ayant fait pendant quelques jours une retraite d'exercices spirituels, dans la maison de Saint-Eusbe, Rome mme, il y retrouva la paix el ta libert d'esprit qu'il ne connaissait plus. Il crivit alors celte uvre, importante .inlituice, te Sminaire ecclsiastique, ou hait'jours Saint-Eusbe, Rome, avec une prface en forme de lettre au professeur

543

DEMONSTRATION EVANGELIQUE. BRUNATI.


Etant parvenus la conviction del religion catholique, ils firent leur abjuration, se cachant mutuellement leur rsolution peuttre attendaient-ils une occasion favorable pour se dcouvrir tous deux quand ils se trouvrent un jour ct l'un de l'autre la table sainte, dans la chapelle catholique de Lincoln's inn Londres: il est facile d'imaginer quelle fut leur surprise (1). MlleMuir, d'une riche famille d'Ecosse, venue Rome en 1815, s'y trouvant avec un sage et savant prlat, eut des confrences avec lui, dans lesquelles elle s'instruisit des vices du protestantisme et s'claira sur les prjugs dont elle tait entoure; elle embrassa la vrit avec ardeur. De retour dans sa patrie, elle donna l'exemple de toutes les vertus, jusqu'au moment o une maladie incurable, supporte avec patience et ferveur, la fit passer une meilleure vie en 1817. C'est peut-tre dans ce mme temps que Mme Walcher, qui se fit depuis bndictine, abjura l'erreur. Le pre Regoli, d. c. de G., crivit sa vie ce livre ne m'est pas tomb entre les mains. La conversion de Henri Noorman, remarquable par plusieurs de ses circonstances, eut lieu en 1816. Ce jeuqe Anglais, d'un char;
,

Moehler en date du 13 novembre 1833. Dans celte lettre, l'auteur, fait une rtractation louchante de ses erreurs; il y raconte les garements de son esprit et dit comment, ayant t accueilli par le saint-pre, pouss par une
se jeta ses pieds et, dans le sincre repentir de son cur et la vive joie de son me, avec les yeux remplis de larmes , il fit la belle profession de foi de Fnelon envers l'Eglise romaine.

commotion intrieure

il

ANGLETERRE, IRLANDE ET ECOSSE. A dater de l'poque de la rvolution franaise jusqu' nos jours, le nombre des catholiques s'est multipli d'une manire extra-

ordinaire en Angleterre, et Londres particulirement; je l'ai lu il y a quelques annes dans un journal qui donnait l-dessus d'intressants dtails mais cependant je suis extrmement pauvre d'explications sur les conversions particulires je prie le lecteur de vouloir bien se contenter du peu qu'il m'a t possible de recueillir. Je nommerai d'abord trois Anglais convertis l'Eglise romaine dans l'espace de temps que comprend notre histoire. M. Georges Chamberlagne qui occupa je ne sais quel poste dans l'universit de Cambridge. En voyageant en France, il rencontra un pre de l'Oratoire, qui fit natre quelques doutes dans son esprit sur les bases du protestantisme, et lui conseilla de lire V Exposition de l foi catholique de Bossuel, le Discours sur V'Histoire universelle, la Perptuit de la foi, etc. Ayant lu ces livres avec le sens droit qu'il possdait et le cur bien dispos, il devint zl catholique, renona gnreusement sa charge Cambridge; quoique avanc en ge, il se mit tudier Douai et se fit prtre; aprs quoi il dirigea pendant plusieurs annes une congrgation dans sa patrie; il mourut Londres en 1815, pleur pour ses bonnes qualits, sa pit et son
, ; ; ,

mant caractre, habitait Londres la mme maison qu'un clbre crivain franais, qui s'y tait retir. Dans sa candeur, il plaignait un homme qu'il croyait enseveli dans les tnbres d'une religion superstitieuse, et, dans la ferveur de son zle, il se mit en tte d'esle convertir l'Eglise anglicane. porter, il lui fit prsent de trenteneuf articles sur la confession de celte Eglise. Le sage franais accueillit le prsent avec bont, puis il lui proposa quelques difficults sur plusieurs articles de cette confession; le

sayer de
l'y

Pour

jeune

homme ne sachant y rpondre, promit d'interroger les ministres, qui ne daignrent pas s'en occuper, ou qui lui donnrent des
rponses en
l'air.

zle.

Vers 1800, Mlle Middleton d'une famille commerante de Southamplon, embrassa la foi catholique, souffrant pour cela avec rsignation l'exil de la maison paternelle elle se relira Londres, prs d'un oncle qui lui laissait la libert de suivre sa religion. Dieu rcompensa ds ce monde sa fidlit en lui
, ;
,

fut conprocd de ses pasteurs. Il eut plusieurs confrences avec l'crivain franais, et il vit ses prventions diminuer, par les lumires et la charison me franche t qu'il dcouvrit en lui

Le bon Noorman

traint d'avouer, sa confusion, le

et loyale s'ouvrit la vrit, qu'il

embrassa

donnant un noble et parfait poux M. Odoard Jerningham, de la famille de lord Stafford, avec lequel elle travailla, autant que possible au soulagement des malheureux de son pays ou trangers. Elle mourut en 1822, dans la paix du Seigneur. Vers le mme temps, M. Beauchamp, ngociant de Londres, et sa femme, se sont convertis au catholicisme parurft heureuse circonstance. Tous deux protestants dclars, et pleins de prjugs et d'aversion pour le ca, ,

avec ardeur. En 1816 il quitta l'Angleterre, fut trouver Paris celui qui l'avait clair. Ayant fait secrtement abjuration, il retourna Londres, o il sut rsister aux intrigues et aux menaces mises en uvre pour branler sa fermet. Peut-tre les contradictions qu'il prouva furent-elles la cause d'une ma-

ladie, qui en peu de jours le conduisit au tombeau, en 1818. Ce fut une grande peine pour le savant franais, qui l'aimait en rai(1) Une chose semblable arriva aux deux Fischer de Berne, pre et lits, tous deux au service, convertis le premier en Pensylvanie, le second en Pimont; ils cherchaient mutuellement s'exciter embrasser l foi catholique', quand ils se renconirrenl dans une ville et se reconnurent pour catholiques l'un et l'autre. Nous avons parl du jeune Fischer l'article Suisse, et dit qu'il mourut chapelain des gardes suisses, oui sont au service du roi de Sardaignc.

tholicisme, lurent l'un et l'autre, sparment, un livre qui les claira peu peu. Mais

comme

ils

connaissaient

rciproquement
, ,

leurs dispositions antrieures ils n'osrent pas s'avouer leur changement et chacun craignait l'opposition de l'autre. Ils se firent instruire tous deux avec le mme mystre.

545

NOTICE SUR LES PROTESTANTS CONVERTIS.


cit et

546

son de son bon caractre, de sa pit, de sa foi gnreuse et qui avait avec lui une correspondance assidue. Cette mme anne Mlle Campbell cossaise, amie de Mlle Muir, dj cite, imi(a sa rsolution, et s'unit ensuite au prince de Po,

lignac.

Vers le mme temps, un gentilhomme, Charles l'obert Frizell s'est converti au catholicisme en Irlande; il vint habiter la France, il y fut un modle de rgularit. Dans le cours de Tanne 1818 une femme distingue par son esprit et ses connaissances, Mme Ashton, rentra dans le sein de
, ,

Depuis quelque temps elle cherchait, mais en vain, la vrit dans diffrentes sec arrive Paris elle se consacra tout tes entire l'tude de la religion, eut de nombreuses confrences avec l'vque de Lonl'Eglise.
;

dres qui s'y trouvait alors. Elle commena prouver le sentiment de la foi, reconnatre dans l'Eglise catholique cette autorit et cette fermet qui prservent l'esprit humain de toute vacillation; elle s'y arrta enfin et fit abjuration. On compte dans le mme temps, parmi les protestants anglais convertis la foi catholique, M. Morlay, ministre anglican, il se fit prtre en France, une sur de lord Greenville, Mme Arundell, Mdme Pche, femme du gnral de ce nom, et six jeunes gens, entrs ensuite lves au collge de Saint-Edmond, Old-hall-Green, qui est le sminaire du district de Londres. Jean Biggs, ayant plus de quatre-vingts ans, habitant Thorn, abjura en 1822 avec ce fut un spectacle des plus une grande foi
;

de vrit l'histoire de sa conversion. Le docteur King, ministre protestant Londres a suivi, assure-t-on, l'exemple clatant du respectable Spencer, en se faisan* catholique. Ayant cherch deux ans la v rite, heureux de l'avoir trouve, grce la divine lumire , il s'y donna, fil son abjuration et sa profession de foi aux pieds du docteur Baines, vque de Siga et vicaire apo= stolique du diocse de l'Ovest. Le jeune Thomas Stewart, d'une ancienne et noble famille d'Ecosse, a abjur le protestantisme Montral en Sicile, entre les mains de Mgr. Domenico-Benedetlo Balsamo , archevque de cette ville, et premier religieux Cassinese. M. Stewart a pris ensuite l'habit de bndictin dans le monastre de Montral. M. Fitzgibbons, fils d'un ministre protestant de Limerick en Irlande, est entr dernirement aussi dans le sein de l'Eglise catholique. 11 s'est fait prtre, et il exerce son ministre dans le lieu mme de la rsidence de son pre. De mme Gallway dans la mme le, le fils du ministre protestant s'est fait catholique, puis prtre, et il y exerce aussi son mi,

fondant en larmes pendant toute la crmonie. En 1824 eut lieu la conversion remarquable de M. Tilt, g de ministre de l'glise de Tousquarante ans les-Saints Londres. Elle eut lieu l'occasion de la gurison miraculeuse d'une bndictine du monastre de New-Hall (opre par les prires du prince de Hohenlohe), qui lui fit considrer srieusement la continuit des miracles dans l'Eglise catholique. 11 pronona son abjuration le 28 juillet 1824-. Le mme jour il adressa deux lettres parfaites, au recteur de l'glise de Tous-les-Saints, sur les motifs qui l'avaient conduit abandonner l'Eglise anglicane et son office de prdicadifiants,

on

le vit

nistre. Ainsi se vrifient ces terribles paroles de l'Evangile : Unus assumetur, et aller relinquelur. Je vais finir cet article surles conversions de l'Angleterre (1) par ce que j'ai lu sur celte nation dans un ouvrage franais (Tradition de l'Eglise sur l'institution des vques). L'Angleterre, comme un astre gar, parcourt avec une rapidit surprenante l'immense orbite de V erreur. Elle a commenc par se soustraire la sainte puissance tablie par

Dieu, pour maintenir les pasteurs et le troupeau. Elle s'est spare de l'Eglise universelle et de son chef. Il y a peu de temps elle prit ombrage de l'autorit des vques aussi bien que de celle du souverain pontife. Elle a aboli la hirarchie , l'piscopat le sacerdoce luimme. Et quel besoin est-il du sacerdoce quand il n'y a plus de sacrifice ! ! Aprs avoir rompu l'imit et divis la tunique du Christ, pour parler comme les Pres elle a attaqu Jsus-Christ mme dans le sacrement de son amour, ni sa prsence sur la terre, sa divinit dan* le ciel. Arius a reparu avec ses dogmes excrables il a obtenu dans une
, , ,

teur. Cette rsolution fut d'autant plus remarquable que cette place tait fort lucrative, et qu'il soutenait par elle lui , ses fils, sa femme, qui l'avait dj prcd ,dans le vrai chemin ; Tilt se rendit Paris, o il en-

seigna l'hbreu. George Spencer, second fils de lord Spencer, chapelain de l'vque de Londres, et cur d'une paroisse, s'est converti au catholicisme aprs de longues considrations; son pre a approuv sa rsolution. S'tant rendu Rome, il y fut ordonn prtre dans l'glise Saint- Grgoire le Grand, le 23 mai 1832, jour consacr honorer saint Augustin, aptre de l'Angleterre. 11 retourna dans sa patrie travailler la vigne du Seigneur. Ce noble Anglais crivit une lettre dans laquelle il raconte avec beaucoup de simpli-

(1) Je ne veux pas oublier de faire mention de la conversion la foi catholique, d'une illustre demoiselle et (le s:i mre, rendue publique par une lettre. Louise-Thrse llariwel, et sa mre Louise Harlwel," par une admirable disposition del Providence, aprs des instructions convaincantes et persuasives so convertirent au catholicisme en 1833. Mademoiselle Thrse crivit Rome, en anglais , la relation de sa conversion qui fut. traduite et publie en franais par le clbre Droch puis en italien Milan avec ce
,
,

Relation de la conversion de mademoiselle LouiseThrse. HaHWl h lu sainte Eglise catholique, crite. par elle-mme. Elle s'est faite depuis religieuse carlitre
:

mlite dchausse

dans

le

couvent de

ce't

ordre

Rome,
de
la

et a pris le

Croix. De ce couvent , par des motifs de sant elle lut transfre celui du mme odi e II OOIIglione, ce que j'ai lu dans les Mmoires de Religion qui se publiaient, il y a peu de temps, Modne,

nom de sur Thrse Qnzaguc

547

DEMONSTRATION LVANGEUQUE. BRUNATf.


;

548

Eglise qui se dit chrtienne, dans la patrie de tant de saints, une tolrance sacrilge ; nonseulement elle fut affaiblie, elle fut renverse , l'autorit des anciennes traditions, mais la foi n'est plus qu'un amas de broussailles, au milieu desquelles le disme jette silencieusement de profondes racines semblables ces mauvaises plantes qui croissent au milieu des ruines, s'livent peu peu, s'tendent plus, ensuite divisent ce qui ne faisait qu'un seul et mme tout, et recouvrent pour ainsi dire d'un voile ainsi laisse-l-il funbre l'difice dtruit peine reconnatre quelques vestiges du christianisme renvers. Telle est, en abrg, l'histoire de l'Eglise anglicane, depuis qu'elle a abandonn la doctrine de ses saints fondateurs pour suivre celle de ses faux prophtes. Gardons-nous de croire cependant que Dieu l'ait rprouve pour toujours. Lui qui, dans sa colre, a permis l'erreur d'exercer sa sduction, saura bien rendre la vrit sa force triomphante, quand le jour de la misricorde aura lui. L'aurore de ce jour heureux semble poindre dj. Les germes de la vraie religion dposs
,

le clerg franais dans cette terre fconde en verlus gnreuses se dveloppent rapidement. L'pouse du Fils de Dieu y engendre chaque anne de nouveaux enfants. Les prjugs disparaissent, les yeux s'ou-

par

vrent, les Anglais commencent reconnadans noire foi celle des anciens Bretons; n'en douions pas, le ciel achvera son uvre, et ce peuple hospitalier, qui a ouvert avec joie un asile aux confesseurs de Jsus-Christ, rentrera dans le sein de l'unit, dans lequel le rappellent les vux les plus ardents du premier pasteur.
tre

rtablissement des surs de charit dans cette ville elle fut douze ans suprieure d'une maison d'ducation nombreuse et florissante, elle s'y distingua par son mrite, son habilet, par sa pit et son zle. En 1809, la conversion de M. Clevelland Buylhe, mdecin, n Salem, dans l'Etat de Massachuset, le 20 janvier 1771, d'une famille de la secte des piscopaux, jeta un certain clat. Il voyagea en Europe et aux Indes, devint incrdule parla lecture qu'il fit encore jeune du livre de Thomas Payne, l'Age de la raison. Il fut confirm dans ses erreurs par Payne lui-mme, qu'il vil Paris en 1795. Cependant d'heureuses inclinations, un esprit droit, et plus que tout cela, la grce divine qui l'appelait dans la voie du saint ne le laissrent pas languir dans un tat aussi dplorable. Il tudia en Angleterre et aux colonies les dogmes de plusieurs sectes protestmes, ce!!es des Moraves, de la nouvelle Jrusalem, des universalistes, des quakers, des unitaires dirigs Londres par Disney), sans pouvoir trouver en aucune d'elles les caractres de la vrit. La lecture des uvres de Priestley lui ta peu peu ses doutes sur la rvlation. Les sermons de Massillon le touchrent vivenient, et diminurent ses prventions contre l'Eg ise catholique. Retourn Boston en 1805, il voulut avoir des confrences avec MM. de Cheverus et Malignon, dont le premier fut depuis \ que de cette ville. Ses frquents entretiens avec ces
,

hommes

respectables, un

mr exam

n fait

TATS-UNIS D'AMRIQUE.
Le nouveau monde aussi a t fcond en conversions plus ou moins marquantes dans ces derniers temps je vais donner la liste du
:

des Etals-Unis qui sont parvenues ma connaissance. Je crois devoir parler d'abord de celle de M. Natanael Thaycr, minisire presbytrien de Boston, elle esl arrive avant la rvolution franaise, en 1783. Il vint Borne et vit de ses yeux tas miracles qui eurent lieu la tombe du bienheureux Labre, mort celte mme anne ce fut ce qui le dtermina abandonner le protestantisme. Il crivit lui-mme la relation de sa conversion, puis, s'tant fait prtre, il fut exercer les fonctions de missionnaire dans les lieux o il avait enseign l'erreur. Il mourut Limmerick en Irlande en 1816. Vers 1800, David Williamson, de Baltimore, nomme gnralement estim pour les bonnes qualits de son esprit et de son cur, s'est fait catholique, et a montr ensuite par une vie difiante la sincrit et la fermet de sa rsolution toute sa famille est rentre, son exemple, dans le sein de l'Eglise. C'est probablement peu aprs, queMmeSeton, veuve d'un ngociant de New- York, a embrass la religion catholique, l'ge de trente ans. Elle eut la plus grande part
petit

nombre de

celles

avec bonne foi et simplicit, le dridrent enfin embrasser la foi catholique avec toute s afmiille.il abjura, ainsi qu'elle, le jour del Pentecte 1809, dans l'glise Sainte-Croix de Boston. L'anne suivante, il reutla confirmation des mains de l'vquede Qubec, il persvra avec ferveur dans la piet. En 1815, il publia New-York une apologie de sa conversion, crite en anglais; il y fit voir la rsolution et la persuasion de son esprit; elle a t traduite en franais. Je pense que ce fut dans le mme temps que se succdrent les conversion s de MM. (iibson et Lee. M. Gibson, gentilhomme du Maryland, possesseur de l"!e de Magothy, peu loigne de Baltimore, convaincu par une lude profonde des preuves de noire foi, lude dirige par l'abb Dubourg depuis vque de la Louisiane, abjura, malgr les tentations faites par sa famille pour l'en empcher. M. Lee, qui fut gouverneur du Maryland, dou de qualits rares, s'unit l'Eglise catholique, et persvra par une vie rgulire dans le droit chemin jusqu' sa mort, qui eullieu dans ses lerres, prs de Frdcrick,

Town.
Je crois devoir rpter ici ce que raconte l'loquent pre Grassi. Que diraisje des

triomphes de la grce dans quelques conversions? s'crie cet estimable jsuite. En deux ans, trois ministres embrassrent la sainte foi, et l'on vit renouvel l'exemple difiant donn en d'autres temps par lord et miiady Warner, qui, aprs avoir abjur l'erreur et tabli leurs enfants, se spar-

549

NOTICE SUR

LF.S

PROTESTANTS CONVERTIS.
se

:50

rent d'un

commun consentement pour

faire l'un religieux, l'autre, religieuse. Je pourrais citer ici bien des exemples de conversions admirables pour tre court, je me bornerai deux seulement. Une quakeresse des plus distingues, qui tenait, pour ainsi parler, bureau d'esprit, ayant entendu dire qu'il y avait New-York des prtres catholiques, et qu'ils taient jsuites dvore par son zle, rsolut de convertir ceux que le prjug faisait croire tlic vcorse abbomination ofthe antichrist, l'abomination la plus maudite de l'Antchrist. Elle fut les trouver de suite, et dit tant de choses ridicules bases sur ce principe, qu'un des missionnaires crut devoir sortir de la salle. L'autre, amricain, connaissant son pays, l'coula avec patience, lui rpondit avec politesse, ne se fcha pas lorsqu'elle l'interrompit, et la rendit plus attentive ce ainsi moins furieuse
:

lique en 1822 , forma le projet "de quitter le monde pour entrer dans Tordre de Saint-Do minique, et se retirer Cincinnati aussilc\

suffisamment tade protestants, que nos prtres taient tous ignorants et fanatiques; ayant connu quelques missionnaires, il fut touch de leur simplicit, de leur conduite pleine de franchise et dd
la

que

communaut y

serait

blie. Il croyait,

comme beaucoup

leur solide pit.

Le Seigneur la convertit, accorda la mme grce d'autres tenant fortement leur religion. Elle fut dtrompe, reconnut son erreur et embrassa la vrit. Le second exemple se trouve dans l'histoire d'un jeune prdicateur mthodiste
qu'il lui rpliquait.
il

et

Whasington du n dans les Etats-Unis, pass en Grce pour y pouser la cause des insurgs, tenu ensuite Paris, o il s'instruisit de la religion catholique, eut le bonheur d'abjurer les erreurs du protestantisme entre les mains de l'vque de Strasbourg, le 26 septembre 1826. Dans le Kentucky M. Dillon mdecin estim, aprs avoir t tourment pendant quatorze ans par ses incertitudes, reconnut enfin, par la grce de Dieu, la ncessit et
clbre
,

Un neveu du

mme nom que

lui,

l'existence d'une Eglise infaillible;

il

entra

dans son sein

baptme des mains de l'abb Mac-Mahon pasteur del congrgation de Saint-Pie. Il persvra dans
,

en recevant

le
,

nomm Richard, qui voulait convertir les prtres de Saint-Sulpice, du collge et du sminaire de Montral dans le Canada. Son projet avait rempli ses sectaires d'un grand espoir mais quelle fut leur surprise et la joie des catholiques, quand on apprit que Richard
;

converti la foi, s'tait fait prtre, et enfin qu'il tait professeur de thologie, emploi qu'il continue exercer avec honneur
s'tait

encore aujourd'hui. Vers 1817 M. Claget, riche propritaire du Maryland ayant entendu dire l'vque anglican du pays, du mme nom que lui et son proche parent, que s'il ft n catholique il serait rest dans celte communion, en conclut que les protestants avaient eu tort dans l'origine de se sparer de l'Eglise romaine;
,

embrasse. autre mdecin le docteur Coleman, lev dans la secte des quakers, entr dans celle des sakeri, Libanon, a t baptis en fvrier 183i dans l'glise de Sainte-Marie des Albanois dans l'Etat de New- York. Aprs avoir fait sa profession de foi il se rendit dans une congrgation o il y avait un grand nombre de protestants il y parla avec clart et fermet des motifs de son changement; il dit qu'il avait tudi la religion catholique, et qu'il avait trouv seulement en elle le repos, la paix, l'assurance du salut. Il finit
la loi qu'il avait

Un

catholique. 1818, trois ministres protestants des Etats-Unis se convertirent notre foi (ceux dont parle le pre Grassi dans la narration que nous avons rapporte). Ce furent MM. Ironside, Barber et Th >wly. Ironside tait ministre New- York; il y tenait une cole trs-florissante; il dcida sa femme et ses fils suivre son exemple. Barber, ministre anglican, trs-honorable, instruit, d'une rputation mrite, fut converti New- York par les soins du pre Edouard Fenwiih, depuis vque de Cincinnati. 11 parvint convertir son tour son pre, qui entra dans l'tat ecclsiastique pendant qu'il se faisait jsuite.
il

se

fit

En

est la vritable, ou christianisme est une imposture. Je suis heureux de pouvoir dire en finissant l'effet produit quelquefois dans les EtatsUnis par les confrences et les prdications des ministres protestants. M. le docteur Hall, ministre presbytrien, le dimanche de la Scp-

en dmontrant qu'elle

que

le

tuagsim 1822,

tint, si je

ne

me trompe,

Barsdtown une confrence qui dura cinq heures, avec M. David, coadjuteur de l'vque dcKentucky, M. Flaget. Leurs arguments furent imprims de part et d'autre; le rsultat fut cependant peu favorable aux protestants car un grand nombre d'entre eux, qui quelque temps aprs furent malades, appelrent des prtres catholiques pour les assister; parmi ceux-ci fut le docteur Brown de Libanon et trois ou quatre autres de la
,

Sa femme ayant renonc au protestantisme fit profession dans le couvent de la Visitation Georges-Town. Enfin M. Thewly, aprs
s'tre fait catholique, s'est retir
il

Rome, o

s'est

prpar, assurc-t-on, recevoir les

ordres sacrs. En 1819 eut lieu la conversion de M. Scott, avocat, homme de mrite dans sa profession. Le docteur Harlney compilateur d'un jour,

nal littraire dans le Kenlucky, ayant abandonn ses prjugs contre la religion catho-

paroisse de Sainte-Bose. L'effet produit sur l'esprit de M. Dunton Geoghgan, par la prdication d'un ministre protestant, ne fut pas plus heureux. Cet homme respectable, de quarante-cinq ans lev par son jugement aux premires charges de la magistrature, depuis quelques annes, grce ses confrences avec M. Abell, prtre, et la lecture des livres catholiques, avait renonc ses prjugs et permis mme ses deux filles de se faire catholiques. Mais il n'avait pas os encore se dclarer ; invit par un de ses arai^
,

B8I

DEMONSTRATION VANGLQUE. MANZONI.

Wrl

aller couter un prdicateur de la secte des anabaptistes, il l'entendit s'lever contre le baptme des enfants et les pratiques catholiques, entre autres contre les honneurs rendus la croix. Ces violentes dclamations, ses railleries pour dcrier les crmonies de l'Eglise, ses blasphmes contre la croix, qu'il appelait le cachet de la bte, le signe de l'apostasie , le sceau de la rprobation firent sortir M. Dunlon Geoghgan irrit de la salle, rsolu recevoir le baptme le plus vite pos,

nencele rvrendissime cardinal Odescalchi, vicaire de Sa Saintet (1). Mais quoi sert de compter les conversions particulires des

Etats-Unis
,

lorsque

monseigneur Edouard Fenwich

vque de
,

sible, ce qu'il fit avec pit et dification le ayant pour 14- avril d'e la mme anne ,

parrain M.
verti.

Robey, autre magistrat

con-

A New-York aussi un protestant, Gardner Jones, a dclar dans une lettre du 18 janvier 1834 insre dans le Wecklij registre et quil calholi diary, journal de cette ville avait pris la rsolution de se faire catholique en entendant la dfense du protestantisme faite par le docteur Brownler, dans des controverses entre lui et les prtres catholiques
,

Cincinnati, allant en 1808 dans l'Etat de l'Ohio, qui possde six cents mille habitants y trouva seulement trois familles catholiques allemandes, qui n'avaient pas eu de prtres depuis dix ans en 1824- cependant quelques prtres y ayant t envoys, il y avait dj quatorze mille catholiques; j'ajouterai en terminant, avec un estimable journal, que jusqu'en 1799 il n'y avait qu'un seul vch dans les Etals-Unis. Aujourd'hui il y a un archevque Baltimore sept vchs Boston New - York, Philadelphie, Charls;
, . ,

Town

de New-York, par sept raisons

dtermin s'tait parce que l'glise ro2 parce maine est la seule catholique qu'elle est apostolique remontant jusqu'aux aptres, 3' parce qu'elle a rsist aux r4 pendant que volutions et aux hrsies l'Eglise spare n'a ni rgle ni foi , 5 que celle-ci rejette les dogmes reconnus ancienet
:

qu'il

nement
outre

6 toutes les

pratiques respectables

7 qu'elle

mne

l'oubli de la religion.

En

a rpondu dans le journal ce qui avait t crit contre sa conversion dans quelques journaux pro-

M. Gardner Jones

mme

Louisiane et en 1789 un vch Baltimore, la population catholique dans les Etats-Unis tait estime dix-huit mille mes. En 1822 il y avait soixante et dix mille catholiques seulement dans l'Etal du Maryland, dont environ quartorze mille Baltimore, trente mille New - York, vingt-cinq mille Philadelphie; et dans tous les Etals-Unis on en comptait 300 mille unis en congrgation; on estimait qu'il n'y en avait pas moins d'un million de disperss dans les diffrents Etats. Un fail rapport par un vque de ces pays prouverait lui seul le grand nombre des conversions. Ce prlat donnant, il y a quelques annes, la confirmation dans une ville de son diocse observait que dans le nombre des confirms les deux
,

l'Ohio

(2).

Bards-Town, Quand le pape

la

tablit

tiers taient des protestants convertis.

lestants.

27 mars 1836 le dimanche des mtropole du monde catholique eut se rjouir de l'abjuration publique et solennelle des erreurs de sa secte, par Pierre Connely, n clans les Etats-Unis, qui exerait de cur prolestant dans l'Eglise l'office Sainte-Trinit, Natchez lorsqu'il en partit pour Rome avec celle gnreuse rsolution, qui fut excute entre les mains de son miEnfin
le

Unus Dominus, una


Fiat
(I)

(ides,

unum

haptisma,
*
!

unum
la

ovile et

unus pastor

Rameaux,

la

l'histoire

la Religion raconte plus longuement conversion de ce ministre. Il ajoute que sa femme se fit aussi catholique, et que son discours d'adieu la congrgation de Natcliez ei sa lettre l'vque protestant de Tenncssea, montrent

L'Ami de
de

son amour pour la vrit. (-2) Maintenant les vchs des Etats-Unis sont au nombre de quatorze.

SERVATIONS
SUR LA MORALE CATHOLIQUE.
datait
te fitalfett

par %. m

Mn.

\MveUuc.
Cet ouvrage a pour but de dfendre
la

mo-

de

V Histoire des Rpubliques italiennes du


ge.
la

nte

de l'Eglise catholique contre les accusations qui lui sont faites dans le chapitre 127

moyen

L'auteur croit y prouver que

corruption

555

EXCELLENCE DE LA MORALE CATHOLIQUE.


c'est

SS4

de rilalie est en grande partie une consquence de cette morale. Quant moi, je suis convaincu qu'elle est la seule morale sainte et raisonnc'e, et qu'au contraire la corruption vient de ce qu'elle est oublie, peu connue ou mal interprte ; qu'il est impossible de faire contre elle aucun raisonnement solide ; et j'ai expos ici les raisons qui m'empchent d'admettre comme tel, aucun de ceux dont se sert

auteur de cette histoire. mais sincre dfenseur d'une morale dont la fin est l'amour, persuad que le sentiment de bonne volont qui nat clans un cur simple a plus de noblesse et d'importance que la vaste et haute conception de l'esprit d'un grand penseur; persuad aussi que quand nous sommes en divergence d'opinion avec quelqu'un c'est alors prcisment que nous devons nous efforcer d'augmenter pour lui notre estime et notre affection, parce que notre inclination corrompue pourrait injustement nous entraner en des sentiments conl'illustre

Faible,

sur le fond del question qu'il importe de se former une opinion ; il faut ou tout accepter ou tout repousser. J'ai suivi d'autant plus volontiers cette mthode, qu'elle me sert prouver d'une manire plus positive, que mon but est d'tablir des vrits importantes et qub la rfutation n'est qu'un moyen d'y parvenir. Il n'y aurait peut-tre pas d'injustice, mais il y aurait peu de bienveillance signaler dans xin ouvrage aussi tendu, ce que l'on croit tme erreur, sans parler de ce qu'il y a de bon ; ce serait prsenter sous un seul jour et sous le moins favorable, une chose qui a plusieurs aspects.

traires; si je n'ai
les

pas dans

ce petit

ouvrage

plus scrupuleux pour l'auteur que je vais rfuter, certainement ce sera contre mon intention. J'espre qu'il n'en sera pas ainsi, et je proteste d'avance contre toute interprtation qui tendrait expliquer d'une manire dsagrable le sens de mes paroles. Nanmoins je sens qu' toutes les uvres de ce genre il s'attache toujours quelque chose d'odieux, dont il est trs-difficile de dtruire l'effet. Prendre en main le livre d'un crivain vivant et justement estim, citer publiquement de ses phrases, les examiner, prouver que dans presque toutes il a t dans l'erreur,

gards

les

chat/ne instant lui donner, pour ainsi dire, des leons, tout cela doit la longue laisser une impression fcheuse de prsomption et de polmique basse et opinitre. Pour prvenir cette impression, je ne dirai pas au lecteur : Voyez si je n'ai pas raison toutes les fois que j'attaque une opinion. Je sens qu'il

ne

pas toujours d'avoir raison pour juset surtout pour la rendre noble ; mais je dirai : Considrez l'tat de la question; il ne s'agit pas d'une discussion abstraite, mais d'une dlibration ; elle ne doit pas conduire adopter certaines ides plutt que d'autres, mais prendre un parti. Car si la morale que l'Eglise enseigne conduisait la corruption, il faudrait la rejeter. Telle est la consquence que les Italiens devraient tirer des rflexions que je viens combattre, et je suis persuad que celte consquence serait pour mes compatriotes le plus grand des malheurs! Quand sur une question aussi importante on croit avoir une opinion raisonnes, la donner pourrait bien tre un devoir : il y a toujours de la noblesse remplir un devoir. Quelquefois le lecteur trouvera que la rfutation s'tend plus que l'article rfut ; dans ce cas je lui fais observer que je ne veux nullement amplifier ce que dit l'illustre auteur. J'ai cru qu'alors le seul moyen d'arriver un rsultat utile tait de considrer la question sous v.npoint de vue plus gnral, sans m arrter seulement aux arguments de l'auteur, et d'en donner une explication complte ; car
suffit
tifier

une attaque

Comme je ne dois citer /'Histoire des rpubliques italiennes que pour l'attaquer sur certains points je me hte de manifester mon estime pour tant d'autres parties d'un ouvrage dont les recherches laborieuses et exactes qu'il a ncessites sont le moindre prix tandis qu'elles forment presque le seul mrite de beaucoup d' uvres du mme genre ; d'un ouvrage original sur la matire peut-tre la plus traite et l'original prcisment parce que l'histoire y est crite comme elle devrait toujours l'tre et comme elle l'est trs-rarement. Souvent dans les meilleurs historiens on lit les descriptions de longues priodes de temps et la succession de faits divers et importants, et l'on n'y voit autre chose que les changements qu'ils ont produits dans les intrts et la politique de quelques hommes en particulier ; les nations sont pour ainsi dire rayes de l'histoire. La manire de la traiter en prenant pour base les murs et l'administration les effets des lois sur les hommes pour lesquels elles doivent tre faites; cette mthode dj rendue clbre par plusieurs crivains a t applique une matire vaste et complique, mais belle en mme temps; les faits de temps et de nature s'y succdent si rapidement qu'il est facile de les confronter avec les thories qui les embrassent tous; et ces thories sont trs-tendues ; sans se jeter dans cet indtermin qui sans doute met l'historien l'abri des critiques particulires, parce qu'ainsi il est presque impossible de trouver les erreurs, mais qui laisse le lecteur dans l'incertitude, car il ne sait s'il a recueilli une observation vraie et importante, ou si ce n'tait qu'une hypothse ingnieuse. Sans partager entirement les ides de l'illustre crivain, il est impossible de ne pus comprendre combien ce qui touche la politique, la jurisprudence, l'conomie et la littrature a t prsent par lui sous un aspect tout fait nouveau et intressant, et, ce qui importe davantage, noble et gnreux ; que dt vrits n'a-t-il pas rhabilites ! car elles taient tombes sous une espce de prescription cause de l'indolence ou de la basse connivence de certains historiens qui s'abaissrent trop souvent dfendre l'injustice puissante et mme prodiguer leur encens des tombeaux. Il a presque toujours voulu reporter l'estime publique, de l'heureux succs la justice : le but est si beau qu'il est du devoir de tout honnte homme, quelque peu de poids que puisse
,
,

DM03ST. EVANG. XIV.

(Dix-huit.)

55'

DMONSTRATION VANGL1QUE. MANZONI.


le lui

556

avoir son suffrage, de

donner, ne fut-ce

prends quel avantage donnaient aux deux premiers l'autorit du sacerdoce et tous la manire gnrale de considrer la morale, un grand gnie, de longues tudes et une vie irrprochable. On est vraiment d'une injustice tonnante envers les dfenseurs de la religion catholique. On coute avec plaisir ceux qui l'attaquent, et lorsque ses dfenseurs veulent rpondre, on leur dit que leur cause n'est pas assez intressante, que le monde doit penser bien d'autres choses, que le temps des discussions thologiques est pass. Comment ? notre cause n'est pas intressante ! mais nous avons la preuve du contraire dans l'avidit avec laquelle ont toujours t reues les objections qui lui sont faites. Elle n'est pas intressante! et dans toutes les questions qui touchent ce qu'il y a de plus srieux et de plus intressant pour l'homme , elle se prsente si naturellement qu'il est plus facile de la repousser que de l'oublier. Elle n'est pas intressante ! et pas un sicle ne s'est pass sans qu'elle ait laiss des monuments d'une vnration profonde, d'un amour prodigieux et d'une haine ardente et infatigable. Elle n'est pas intressante ! et le vide qu'elle laisserait dans le monde, si on l'en proscrivait, serait si grand et si horrible que le plus grand nombre de ceux qui ne la veulent pas pour eux-mmes, sont d'avis qu'il convient de la laisser au peuple, c'est--dire aux neuf diximes du genre humain. Notre cause n'est pas intressante! et il ne s'agit de rien moins que de dcider si des millions d'hommes doivent abandonner la morale qu'ils professent, ou s'ils doivent mieux l'tudier et en suivre plus fidlement les prceptes. Bien des penseurs croient que cette indiffrence est le fruit d'une longue discussion et d'une civilisation avance; quelle est le dernier et le plus terrible ennemi de la religion, venu dans la plnitude des temps pour achever de la dtruire et jouir du triomphe prpar partant de combats; c'est une erreur, cet ennemi fut le premier qu'elle eut combattre dans le cours de sa merveilleuse carrire. A son apparition dans le monde, la religion fut entoure de ddains; on ne la crut mme pas digne d'tre examine. Cependant les aptres, dans les tranquilles extases de l'Esprit saint, rvlaient ces grandes vrits qui devaient clairer les plus hautes intelligences et leur offrir un sujet de mditation et de consolation ; ils posaient les bases d'une civilisation qui devait s'tendre par toute l'Europe, par tout le monde, et l'on disait que le vin leur avait fait perdre la raison ( Act., II, 13). Saint Paul faisait entendre dans l'Aropage les paroles de cette divine sagesse qui rendait les femmes chrtiennes si suprieures aux plus grands sages du paganisme, et ces sages lui rpondaient qu'ils l couteraient une autre fois (Act., XVII). Ils croyaient aussi avoir mditer sur des choses plus importantes que Dieu, l'himme, le pch et la rdemption. Cet ancien ennemi existe toujours parce qu'il n'a pas t promis l'Eglise quelle dtruirait tous ses ennemis, mais qu'aucun ne pourrait l'abattre.

que pour augmenter

le

nombre des dfenseurs

d'une cause <jui eh a toujours eu besoin. Je dclare cependant que mon avis est contraire celui de routeur toutes les fois qu'il s'loigne de la foi cl de la morale catholique, et parce que je la crois seule rgle infaillible, et parce que, en examinant chacun de ces cas en particulier, il est pour moi vident que la vrit est de son ct. Celui qui a fait une longue et srieuse tude^ de l'Ecriture sainte, source de la morale, celui qui a lu avec attention les grands moralistes catholiques et qui, loin du fracas du monde, a mdit sur lui-mme et sur les autres, celui-l trouvera ces rflexions superficielles; et je suis loin d'en appeler de son jugement, car je le reconnais juste. Les discussions partielles peuvent bien claircir quelques points de la vrit, mais ce n'est que dans les ouvrages o l'on considre dans tout son ensemble la loi divine et l'homme pour lequel elle a t faite, que l'vidence, la beaut, et la grandeur de la morale catholique brillent de tout leur clat. L, l'intelligence passe d'une vrit une autre ; l'unit de la rvlation est telle, que chaque petite partie devient une nouvelle preuve du tout, tant est merveilleux l'enchanement qu'on y dcouvre ; les choses les plus difficiles s'y expliquent chaque instant, et de propositions en apparence paradoxales rsulte un systme clair et vrai. Ce qui est, et ce qui devrait tre, c'est--dire la misre et la concupiscence et en mme temps ce dsir de perfection et d'ordre que nous retrouvons toujours en nous; le bien et le mal, les avertissements de la sagesse divine et les vains discours des hommes ; la joie prudente du juste, les douleurs et les consolations du coupable repentant , la crante ou la folle scurit du mchant, les triomphes de la justice et ceux du crime, les desseins des hommes arrivant leur fin travers mille obstacles et puis renverss par un seul qu'ils n'avaient pas prvu, la foi qui atl'intend et sent la vanit de ce qui passe crdulit mme, tout s' explique avec l'Evangile, tout contribue le confirmer; la rvlation d'un pass dont l'homme porte dans son cur les tristes tmoignages, sans en avoir par et lui-mme les traditions et les secrets d'un avenir qui ne faisait natre en lui qu'une ide confuse d'pouvante et de dsir, enfin cette rvlation qui lui fait voir clairement le prsent qu'il a sous les yeux. Les mystres concilient ce qui parat contradictoire et la connaissance des choses invisibles fait comprendre ce qui est visible. Plus on tudie cette religion, et plus il est vident que c'est elle que l'homme doit la connaissance qu'il a de lui-mme, et qu'elle suppose dans son fondateur la connaissance la plus universelle, lapins profonde et la plus prophtique de chacun des sentiments qui peuvent nous animer. Lorsque je relis les uvres des grands moralistes catholiques, les sermons de Massillon et de Bourdaloue, par exemple, les penses de Pascal et les essais de morale de Nicole, je sens combien sont faibles les rflexions contenues dans cet ouvrage, je com,

557

EXCELLENCE DE LA MORALE CATHOLIQUE.


de sa;

558

Lorsqu'on parle de dogmes, de rites, crements pour combattre la foi, on est philosophe; lorsqu'on en parle pour la dfendre, on veut faire te thologien, l'asctique, le prdicateur ; on prtend que la discussion prend alors un caractre de petitesse et de pdanterie. Et pourtant on ne peut dfendre la religion sans justifier ce que l'on condamne en elle et sans prouver que tout ce qui forme son essence est important et raisonn. En parlant du christianisme il faut pourtant se dcider parler aussi des sacrements. Que dis-je? pourquoi rougir de ce qui fait notre esprance ? Au temps d'une jeunesse qui passe et d'une vigueur qui nous abandonne, pourquoi ne pas rendre tmoignage ce que nous invoquerons plus lardait moment de la sparation
et

sion de la raison mais cette soumission est reconnue ncessaire par la raison mme qui, en acceptant certains principes incontestables, se trouve dans l'alternative ou d'admettre certaines consquences invitables qu'elles

de la terreur ?

je m'aperois que je fais une dfense contre des censures qui n'existent pas et qui n'existeront peut-tre jamais. Je tomberais dans un orgueil ridicule, si je cherchais reporter ce petit ouvrage l'intrt qui n'est d qu' la cause pour laquelle il a t fait. En l'crivant, mes intentions ont t bonnes, je l'espre, et je le livre l'impression , tranquille comme l'homme qui est persuad qu'il remplit un devoir en parlant pour la vrit, sans se croire oblig la faire triompher,

Mais

ne saurait comprendre, ou de renoncer aux principes. La raison ayant reconnu que la religion chrtienne est une rvlation divine, elle ne peut jeter de doute sur aucune partie de cette rvlation le doute serait non-seulement irrligieux, mais absurde. En supposant pour un moment que l'unit de foi ne soit pas exprime dans les Ecritures, la raison, qui a reu la foi, doit aussi en adopter l'unit elle n'a plus besoin pour cela de se soumettre la croyance, la force de la logique l'y conduit ncessairement. La foi est l'assentiment donn par l'intelligence aux choses rvles, parce que la rvlation est de Dieu. Je pense que l'auteur, en crivant le mot foi, lui a appliqu cette
; ;

ide, parce qu'il serait impossible de l'enten-

CHAPITRE PREMIER.
L'unit de foi, qui ne peut rsulter que d'un asservissement absolu de la raison la croyance, et qui en consquence ne se trouve dans aucune autre religion au mme degr que dans la catholique, lie bien tous les membres de celle Eglise recevoir les mmes dogmes, se soumettre aux mmes dcisions, se former par les mmes enseignements

(Hist.desRpub.ital.tomeXYlfVageklO).
L'unit de foi se trouve certainement au plus haut degr dans l'Eglise catholique; et c'est prcisment un caractre vanglique dont elle s'honore, car elle n'a pas tabli et, sans cette unit, mais elle l'a reue parler de tant de passages des saintes Ecritures o elle est enseigne, je me contenterai d'en citer un seul o le texte l'exprime clairement sans avoir besoin de commentaire. Saint Paul, dans son Eptre aux Ephsiens, aprs avoir numrles diverses obligations
;

dre autrement. Or il rpugne la raison que Dieu rvle des choses contradictoires ; si la vrit est une, la foi doit l'tre aussi, pour tre fonde sur la vrit. La liaison de ces ides est clairement marque dans le texte cit plus haut Un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptme. De l'unit de Dieu rsulte ncessairement l'unit de foi, et de cette dernire l'unit du culte. Bacon pose cette vrit comme fondamentale, lorsqu'il dit Au nombre des attributs du vrai Dieu, on met qu'il est un Dieu jaloux? d'o il rsulte que son culte n'admet ni alliage ni mlange (1). Les ides de foi et de pluralit sont si opposes, que le langage mme semble se refuser exprimer leur union on dit bien les diverses religions, opinions, croyances reli: : ;

gieuses, mais jamais les diverses fois. Par religion on entend un assemblage de traditions, de prceptes, de rites ; et l'on comprend parfaitement qu'il puisse y en avoir plus d'une.

De mme pour

les

opinions, on considre

plutt la conviction de celui qui croit, que la vrit de ce qu'il croit. Mais par foi on entend une conviction fonde sur la rvlation divine; et, quoique les peuples qui suivent diffrents cultes soient persuads que leur croyance a cette base, on ne saurait trouver

qu'impose l'Eglise, en tablit pour fin l'unit de foi et la connaissance du Fils de Dieu Donec accurramus omnes in unitatem fidei.in agnitionem Filii Dei (Ephes., IV, 13). L'illustre auteur ne donne pas les raisons pour lesquelles il croit que l'unit de foi ne
:

peut rsulter que de l'asservissement absolu de la raison la croyance. S'il en tait ainsi, on ne pourrait concilier le passage de saint Faul, que nous venons de citer, et l'autre o La foi est une (Ibid., dit expressment
i'i
:

de mots pour exprimer la coexistence de plusieurs rvlations, parce que ce serait contraire la raison. Plusieurs hommes pratiquant diffrentes religions peuvent croire qu'ils ont la foi, mais un homme ne peut admettre qu'ils l'aient tous. Que ce soit l, si l'on veut, une subtilit grammaticale, il n'en reste pas moins prouv par noire argument que l'unit de foi ne suppose d'autre assujettissement la raison, que celui qu'elle doit

XV), non plus que celui o il dit aux Romains Votre soumission est raisonne (Rom., XII, 1). Mais non-seulement il est facile de
:

aux lois du raisonnement. Ce n'est pas que je veuille dire que la foi naisse seulement par le raisonnement; elle
(1) lnter attributs autem vori Dei ponilur quod sit Deus zelotynus ; ittque cujius ejus non lerl mixturam, nec consortium (Franc. Baconis termones fidle 'ici

les concilier, ils

s'expliquent vient l'appui de l'autre.

mme,
la

et l'un

Certainement

la foi

comprend

soumis-

de unilale Ecclewe).

5f>9

DEMONSTRATION EVANGL1QUE. MANZONI.

ifiO

vient aussi du cur, et c'est pour cela que l'Eglise la nomme vertu. Cette qualit lui est refuse par Voltaire, l'article Vertu du

Dictionnaire philosophique , dans un petit dialogue o le nom seul d'un des interlocuteurs prouve qu'il avait oubli toute convenance, et qu'il tait loin d'avoir celte tran-

Cette inclination de l'esprit ainsi reconnue, la volont fait un acte difficile de vertu en l'appliquant l'examen des vrits religieuses : et la seule rsolution de faire cef

examen suppose non-seulement une impres*


sion rsultantde probabilits, mais une sainte frayeur des jugements de Dieu, et un amour de ces vrits, capable de surmonter ou au moins de combattre les inclinations terrestres.

ner

quillit d'esprit avec laquelle on doit examiles questions philosophiques. Un honnte

homme

soutient , contre un excrment de thologie, que la foi n'est plus une vertu en faisant cet argument : Est-ce une vertu de croire ? ou ce que tu crois te semble vrai, et en ce cas il n'y a nul mrite le croire; ou il te semble faux, et alors il est impossible que tu le croies. 11 est impossible d'tre plus superficiel que ne l'a t ici Voltaire. Pour ter la foi toute coopration de la volont, il ne considre dans l'action de croire que la dernire op-

que

ralionde l'esprit, qui reconnat qu'une chose est vraie ou fausse; il considre cette opration comme une consquence des preuves, sans que rien autre puisse la dterminer; enfin, il considre l'esprit comme un instrument qui reoit une action et sur lequel les probabilits produisent ou la persuasion ou
l'incrdulit, comme si l'Eglise avait dit que la foi est une vertu de l'intelligence. La foi eslune vertu dans l'homme pour s'en convaincre il n'y a qu' observer combien agit le moral de l'homme pour la recevoir ou la rejeter. Voltaire laisse de ct deux lments importants, l'acte de la volont qui pousse l'esprit examiner et la disposition de l'me
:

Ensuite, que l'amour ou la haine des choses l'on nous propose de croire, influe fortement sur la manire de les examiner, sur l'admission ou le rejet des preuves , c'est une vrit connue et dont on peut se convaincre journellement. Lorsque dans une ville malheureusement divise en plusieurs partis, arrive une nouvelle, tes uns y croient, les autres n'y croient pas, selon les intrts et les passions. La crainte, aussi bien que le dsir, influe sur notre croyance en nous portant souvent ne pas vouloir prter foi aux choses que nous craignons et souvent leur donner plus d'importance qu'elles ne mritent; ce qui arrive presque toujours quand nous avons un moyen de les viter (1). Puis les expressions suivantes
,

qui agit d'une manire si puissante dans l'admission ou le rejet des motifs de crdibilit, et par suite sur la croyance elle-mme. Quant au premier, les vrits de la foi sont de toutes manires si opposes l'orgueil et aux dsirs des sens, qu'elles inspirent l'esprit une certaine crainte, une certaine aversion; il cherche se distraire enfin il voudrait s'loigner de ces recherches qui lui feraient connatre ce qu'il veut ignorer. Chacun peut retrouvercn soi celte disposition , en observant l'activit extrme que met l'imaginalion se reprsenter toutes sortes d'objets divers pour occuper l'attention lorsqu'une ide triste la tourmente. La volont de faire natre le calme dans notre me influe sur ces oprations de l'esprit, d'une manire si manifeste, que quand il se prsente nous une ide dont nous reconnaissons l'importance, mais laquelle nous ne voulons pas nous arrter, il nous arrive souvent de nous dire nous-mmes Je ne veux pas y penser; et nous le disons persuads cependant qu'en n'y pensant pas , nous nous prparons des
, ,
:

(I) Il me semo.e que c est lort que Jean-jacques Rousseau plaisante sur ceux qui admirrent le courage d'Alexandre, lorsqu'il but le mdicament que lui prsentait le mdecin Philippe, aprs avoir t averti par une lettre de Parmnion de se dfier du mdecin, qui, gagn par les dons ei les promesses de Darius, s'tait engag lui ier la vie. Rousseau du dans son second livre de Y Emile que ce fait ayant t racont lalile par un enfant, plusieurs des convixes avaient tax Alexandre de tmrit el que d'autres avaient admir sa fermet et son courage. 11 leur rpondit, njoute-t-il, que si dans cette action d'Alexandre il y avait eu la moindre fermet, le moindre courage, elle n'aurait plus t qu'une extravagance. Tout le monde ayant ni que ce ft une extravagance, il commenait

femme

s'chauffer el se prparait rpondre, lorsqu'une qui tait prs de lui s'approcha de son oredle

el lui dit

demi voix

Tais-toi,

Jean-Jacques,

ils

ne l'entendraient pas.
:

maux pour

faite Rousseau la manire emporte el mystrieuse qui lui esi trop familire dans ce livre surtout o il semble souvent qu'il veuille faire voir qu'il ne croit aucun de ses lecteurs digne d'entendre la vrit, ni capable de la comprendre, o souvent il affecte de vouloir l'aire deviner ce qu'il pouvait dire clairement et o, au lieu d'avoir la simplicit, la clart et la douceur en proportion de la supriorit de son esprit, il prend avec ses lecteurs le ion aigre, imprieux el mprisant qu'il reproche aux prcepteurs, comme s'il voulait irriter el humilier les hommes, plutt que de 1rs instruire. Il parle ainsi < Quelques lecteurs, mcontents du T ais-tui Jean- Jacques, demanderont, je le prvois, ce que je trouve enfin de si beau dan l'ac; : ,

L'explication ne fut donc pas donne ses lecteurs, mais deceite


t

l'avenir; tant est vif le dsir que nous prouvons dans le moment de chasser loin de nous toute impression pnible Voil, ce me semble, une des raisons pour lesquelles les crivains qui ont combattu la rebgion par le ridicule ont eu tant de vogue ils favorisent ainsi une disposition commune tous les hommes en mlant aux ides srieuses et importunes une foule d'ides lI

tion d'Alexandre. Infortuns

s'il

faut vous le dire,

compreodrez-vous? C'est qu'Alexandre croyait la vertu; c'est qu'il y croyait sur sa tte,' sur sa propre vie; c'est que sa grande me tait faite poury croire. Oh! que celle mdecine avale tait une belle profession de loi! Non, jamais morlel n'en fil une sijsublime. >Maigr tout cela, il me semble pie le courage brille dans celle action. Dans ce cas ne suffile

comment

pas de croire la vertu en gnral, il fallait croire la vertu du mdecin Philippe, et poury croire
sait

gres

et

agrables.

en ce

moment

avec une pleine certitude,

il

fallait

avec

561

EXCELLENCE DELA MORALE CATHOLIQUE.

SC2

sont si communes: examiner de bonne foi, juger sans prvention, sans passion, sans se qui faire illusion, et d'autres semblables annoncent que le jugement ne doit pas tre sous l'empire des passions. La force d'esprit qui soutient cette libert est sans doute une disposition vertueuse elle vient d'un amour de la vrit, indpendant de l'impression agrable ou dsagrable qu'elle peut produire sur nos sens. On voit par l combien on a t sage en donnant la foi le nom de vertu. Ensuite, comme l'esprit humain n'aurait pu parvenir par lui-mme connatre beaucoup de vrits si Dieu ne les avait rvles, et comme notre volont corrompue n'a pas par elle-mme cette force dont nous venons de parler, l'Eglise nomme la foi une vertu un don de Dieu. Aprs cette longue digression , je reviens au point de la question, et j'avoue que je ne comprends pas bien celle proposition: L'unit de foi ne se trouve dans aucune autre religion un aussi haut degr que dans la religion catholique. Comment peut-il y avoir des degrs dans l'unit de foi ? Ou ces autres religions tiennent pour certain que leur foi est vraie et qu'elle est la seule vraie, ou elles admettent la possibilit de quelque autre foi, et alors elles ne sont pas certaines de la leur, elles n'ont pas la foi. Toujours quand une religion se rapproche du principe de l'unit elle exclut de son sein toutes les opinions contraires celles qu'elle professe et il en est ainsi parce qu'alors dans cette religion l'on comprend qu'il est absurde d'admettre une proposition comme vraie sans nier la proposition contraire. Toutes les fois qu'une religion s'loigne du principe d'unit, et cela arrive parce qu'elle ne trouve pas d'arguments assez forts pour tablir la certitude de la foi, elle est tolrante pour les autres, parce qu'elle a besoin de tolrance elle-mme elle n'ose faire aucune exclusion parce que les
;
,

autres pourraient en faire autant et pour les

mmes

raisons.

catholique n'est pas sujette ces incertitudes , c'est parce qu'elle a l'unit de foi au plus haut degr, et c'est une preuve de la certitude qu'elle a de sa foi ; et c'est
Si l'Eglise

prcisment cette immutabilit que


tholiques donnent vrit de leur foi.

les

ca-

comme un
II.

caractre de la

CHAPITRE
Sur

les influences diverses de la religion catholique, selon les lieux et les temps.

Toutefois influence de la religion catholin'est pas la mme en tout temps et en tout lieu ; elle a opr fort diffremment en France et en Allemagne de ce qu'elle a fait en Italie et en Espagne.... Les observations que nous serons appels faire sur la religion de l'Italie et de l'Espagne pendant les trois derniers sicles ne doivent point s'appliquer toute l'Eglise catholique. Page 410. Pour claircir ce point, qui, comme on le verra, n'est pas ici d'une importance seulement historique, il est ncessaire de rappeler le but du chapitre 127, dont nous attaquons une partie. Ce but est parfaitement indiqu par le titre mme du chapitre Quelles sont les causes qui ont chang le caractre des Italiens, de puis l'asservissement de leurs rpubliques?

que

Et l'on en donne quatre

la

premire
,

est la

seule que je veuille examiner c'est la religion. L'auteur en expliquant comment elle a

pu causer le changement que nous venons de citer, fait une objection de l'unit de foi, parce que, comme il le dit trs-bien, en obligeant tous les membres de l'Eglise catholique recevoir les mmes dogmes, se soumettre
aux mmes dcisions,
enseignements
,

s'instruire des

mmes

semble que cette religion doive plutt tre une cause d'union entre les peuples qui la professent qu'une cause de dsunion. Cependant, ajoule-t-il l'influence de la religion catholique n'est pas touil
,

calme rappeler sa mmoire pour les examiner, les raisons en faveur de sa fidlit, et se convaincre qu'elles surpassaient la probabilit d'un crime (car la lettre de Parmnion tablissait certainement une probabilit); il fallait avoir une me telle, que l'ide d'un empoisonnement possible ne l'empcht pas de faire froidement cet examen; enfin, il fallait avoir du courage. Le sentiment qui porte l'homme timide se crer des chimres ou agrandir le danger, est le mme, qui le pousse fuir un danger rel; c'est-dire une crainte de la mort ou des douleurs physiques qui s'empare de ses facults, cl agit comme une passion en lui tant la tranquillit de l'esprit. Conserver celte tranquillit en face d'un danger vrai ou possible, c'est l'effet du courage. Si Alexandre avait cru probable que Philippe voult l'empoisonner, c'et t sans doute une grande extravagance de sa part que d'avaler la mdecine; mais si cette lettre avait t remise un homme pusillanime, bien que persuad jusqu' ce ce jour de la venu du mdecin, il aurait t dans une telle angoisse, une telle perplexit qu'il n'aurait plus raisonn, et aurait employ violemment toutes
,

jours la mme elle varie selon les lieux ; elle a opr diffremment en France et en Allemagne, de ce qu'elle a fait en Italie et en Espa,

gne. Je crois qu'il n'y

a que trois causes qui puissent produire une diversit d'influence, malgr l'unit de foi garde par tous les catholiques.

I. Lois ou coutumes disciplinaires qui ne font point partie de la foi. IL Altrations insensibles de quelques parties de la doctrine, ou non observation et violation des points essentiels de la discipline universelle, lesquelles tout en laissant intact en thorie le principe de l'unit , peuvent porter une nation ou une partie de celte nation, pendant longtemps ou par intervalle,

sortes de

moyens pour
la

viter le danger;

des informations, ordonna

des

aurait pris perquisitions, fait


il
,

examiner
rait fait

mdecine, arrter le mdecin il autoute autre chose que d'avaler le mdica-

avec connaissance de cause ou par ignorance agir et parler en effet comme si elle avait renonc l'unit. III. Circonstancesparticulircs d'histoire, do culture d'intrts de climat qui ne se rattachent pas prcisment la religion mais
,

nicuti

tellement lies aux

hommes

qui la profes-*

503
l'influenee de

DEMONSTRATION EVANGEL1QUE. MAMZONI.


facila religion

564

sont qu'elles balancent, empchent ou


litent les

plutt chez

Si l'illustre

uns que chez les autres. auteur avait cherch dans ces

trois classes les causes particulires des effets diffrents qu'il dit avoir t produits en Italie par la religion, je me serais bien gard de toucher la question; car ou ses raisons m'auraient paru concluantes, et j'aurais t bien aise de m'instruire, comme je l'ai fait en lisant tant d'autres parties de cette histoire; ou elles ne m'auraient pas persuad, et dans ce cas le silence aurait mieux valu

dmonstration. Mais comme les causes comme ayant produit un effet pernicieux sur les Italiens ne sont pour la plupart ni des coutumes ni des opinions qui leur soient particulires, mais des maximes de morale ou des ordonnances ecclsiastiques respectes et suivies par tous les catholiques en France et en Allemagne, aussi bien qu'en Italie et en Espagne, si on les condamnait, on en viendrait condamner la foi catholique, consquence qu'on ne saurait trop pr-

que

la

qu'il assigne

venir.

L'auteur lui-mme, dans le cours de ses rflexions, en se servant plusieurs fois du seul mot l'Eglise, laisse douter s'il attribue l'Eglise en gnral les doctrines qu'il attaque, ou s'il veut parler seulement de l'Eglise d'Italie. Il n'est pas possible, il n'est mme pas ncessaire dans ce cas de savoir quel sens prcis on doit donner ses paroles je me contenterai donc de prouver que ces maximes, que ces ordonnances, qui tiennent ncessairement au catholicisme, sont univer;

selles et raisonnes. Je citerai souvent

des crivains franais,

non-seulement parce qu'ils ont une supriorit marque dansces matires, mais encore parce que leur autorit me servira admirablement prouver que ces doctrines ne sont
pas particulires
l'Italie, et

qu'en cela

la

France n'en diffre que par l'avantage qu'elle a eu d'avoir des hommes qui les ont plus loquemment et plus logiquement soutenues
et

dfendues.

La preuve la plus clatante de l'universalit de ces maximes de morale sera tire des
saintes Ecritures, o elles sont pour la plupart littralement exprimes si bien qu'on peut hardiment affirmer qu'elles ne peuvent tre un sujet de controverse parmi les catholiques d'aucune nation.
,

Les ordonnances de l'Eglise concernant la morale peuvent se diviser en deux classes,


savoir : 1 dcisions de points de morale, c'est--dire tmoignages de l'Eglise que cette morale est vraiment celle qui lui a t confie par le Christ et non pas une autre qu'on

voudrait faire adopter: preuves qui obligent les fidles s'y soumettre; 2 Les lois rglant l'usage que doit faire
l'Eglise de l'autorit qui lui a t confie par son fondateur, dans l'application des remdes spirituels qui tous viennent de lui.

il rpondra qu'elles sont en vigueur aussi bien dans l'un que dans l'autre pays. Avec l'illustre auteur, je puis citer le concile de Trente, comme le tmoignage le plus rcent et le plus parlant de l'uniformit de la doctrine, uniformit qui prouve sa perptuit. Le concile de Trente travailla avec .autant d'ardeur reformer la discipline de l'Eglise, qu' empcher toute rforme dans ses croyances ses enseignements (Hist. des re'p. ital., et. t. XVI, pag. ne 183). Aucun catholique pourra exprimer d'une manire plus prcise et plus forte la fermet des pres de ce concile rejeter toute ide de rforme dans la foi, comme une chose impossible et impie. Or au concile de Trente sigeaient des vques de ces quatre nations, et comme ils y taient venus appuys du tmoignage de leurs Eglises sur les points controverss de la foi et de la morale, ils s'en retournrent appuys du tmoignage de toute l'Eglise. Depuis lors ce fut au concile de Trente que tous les catholiques recoururent plus particulirement; et pour prouver la foi de tous les sicles consigne et rpandue dans un si grand nombre de conciles, ils n'eurent plus pour beaucoup de questions qu' citer ce concile, qui l'avait reproduite et pour ainsi dire rsume. Le grand Bossuet, dans son exposition de la foi catholique, s'appuie de l'autorit de ce concile pour prouver les points essentiels de discipline et de morale; quelques-uns des points attaqus dans le chapitre sur lequel nous faisons ces rflexions, taient aussi combattus alors, mais par des arguments tout fait diffrents. Dans sa correspondance avec Leibnitz, le mme Bossuet rejette comme inadmissible la proposition de revenir sur ce qui avait t dcid au concile de Trente. Je voudrais bien seulement vous supplier de me dire si vous pouvez douter que les dcrets du concile de Trente soient autant reus en France et en Allemagne parmi les catholiques, qu'en Espagne et en Italie, en ce qui regarde la foi ; et si vous avez jamais oui un seul catholique qui se crt libre recevoir ou ne pas recevoir la foi de ce concile ( Lettre M. Leibnitz, du 10 janvier 1692. OE livres posth. de Bossuet, t. I, pag. 3i9). Donc les dcrets du concile de Trente touchant la morale qui seront cits dans cet ouvrage, sont des points qui, du consentement de tous les catholiques, font partie de la foi. Quant aux abus et aux erreurs populaires, il importe de dire une fois pour toutes, qu'on ne doit pas les imputer l'Eglise qui ne les a ni sanctionns ni approuvs Je me fais fort de prouver qu'ils ne sont pas des consquences lgitimes de la foi ni del morale de l'Eglise si quelques-uns les lui ont attribus, l'Eglise ne peut empcher le* paralogismes ni anantir la logique des pas
, :

Pour les unes comme pour les autres, qu'on interroge quelque catholique que ce soit de France et d'Allemagne, certainement

sions. Ces maux me semblent beaucoup moins grands en ralit qu'en peinture; cependant j'en parlerai brivement, seulement pour la dfense de l'Eglise, sur laquelle on veut en faire retomber le blme. Si quel-

qu'un veuteroireque ces inconvnients soient

bt>5

EXCELLENT

l>E

LA MORALE CATHOLIQUE.
les
,

S66

particuliers l'Italie, je ne prendrai nullement la peine de le dtourner de son opinion. Cependant on doit observer que les citations des crivains franais, dans plusieurs cao, prouveront le contraire. On verra, dans leuv manire d'tablir les vrits catholiques qu'ils ont combattu ces mmes erreurs comme existant en France. Plt Dieu qu'il n'en ft pas ainsi Comment peut-il se faire que ce soit une consolation pour l'orgueil national d'un chrtien de voir l'Eglise moins florissante en quelque lieu que ce soit ? Partout les fidles droits, clairs, irrprhensibles, font notre gloire, et nous devons suivre leur exemple si nous ne voulons pas qu'un jour ils deviennent notre condamna!

mmes principes, si elles les appliquent aux mmes actions comment formerontdeux sciences diffrentes ? N'est-il pas vrai que, o elles ne sont plus d'accord, l'une doit tre fausse, et que, quand elles
elles

s'accordent, elles ne forment qu'une science ?


Il

rales,

tion.

CHAPITRE
De
Il

III. et

la philosophie

morale

de la thologie.

y a sans doute une liaison intime entre morale, et tout honnte homme doit reconnatre que le plus noble, hommage que la crature puisse rendre son Crateur, c'est de s'lever lui par ses vertus. Cependant la philosophie morale est une science absolument distincte de la thologie; elle a ses bases dans la raison et dans la conscience, elle porte avec elle sa propre conviction; et aprs avoir dvelopp Vesprit par la recherche de ses principes, elle satisfait le cur par la dcouverte de ce qui est vraiment beau, juste et convenable. L'Eglise s'empara de la morale comme tant purement de son domaine.... Page 413. Quand Jsus-Christ dit aux aptres Inla religion et la
:

vident que dans les questions moon ne peut s'loigner de l'Evangile il faut le rejeter ou l'admettre comme fondement. Nous ne pouvons faire un pas sans on peut feindre le trouver sur notre roule de ne pas le voir, on peut l'viter sans le heurter de front; on peut le faire en paroles, mais non de fait. Je sais qu'ordinairement on admet celte distinction de la philosophie morale et de la thologie, et que, par ce moyen, on rsout beaucoup de difficults, on concilie beaucoup de choses contraires mais cet aveu n'est pas mme une objection. Je sais aussi que beaucoup d'hommes distingus ont adopt celte distinction, que mme ils l'ont prise pour
est
:

base d'une partie de leur systme. Je puis citer l'appui de ce que j'avance un homme Comme dans et un livre des plus estims
:

cet

ouvrage

je

ne suis point thologien, mais

struisez tous les peuples en leur enseignant observer tout ce que je vous ai command (Matth., XXVIII, 19, 20 ), il enjoignit expressment l'Eglise de s'emparer de la

morale. Certainement les hommes ont, indpendamment de la religion, des ides sur le juste et l'injuste, qui constituent une science morale. Mais cette science est-elle complte ? est-ce celle que nous devons adopter? La morale doit-elle tre distincte de la thologie, ou en elle cotte distinction est-elle une imperfection? Voil la question c'est la rsoudre que de l'noncer. C'est prcisment celte science imparfaite, errone en tant de parties, et manquant en tout d'un fondement solide, que Jsus-Christ a voulu rformer,
:

quand

actions et les motifs qui doivent nous faire agir, quand il a rgl les sentiments les dsirs et les paroles, quand il a rduit tout amour et toute haine aux principes qu'il a donns comme ternels, infaillibles, uniques et universels. Alors il a uni la philosophie morale la thologie appartenait-il l'Eglise de les sparer? De quoi traite la philosophie morale ? de nos devoirs envers Dieu et les hommes, du bien et du mal, du bonheur elle se propose enfin de diriger notre volont dans le choix des actions: et la morale thologique a-l-clle un autre but? peut-elle l'avoir? Donc si elles tendent une seule vrit, si elles discutent
il

a prescrit
,

les

crivain politique, il pourrait y avoir des choses qui ne seraient entirement vraies que dans une faon de penser humaine, n'ayant point l considres dans le rapport avec des vrits plus sublimes ( Esprit des Lois, liv. XXIV, chap. 1 ). Quoique celte phrase soit de Montesquieu, elle ne manque pourtant pas de sens. Si ces choses sont entirement vraies dans une faon de penser humaine de quelque faon de penser que ce soit, elles seront aussi vraies. Celte opposition qu'il suppose pouvoir exister avec des vrits plus sublimes, ou n'existera pas, ou, si elle existe, elle prouvera que ces choses ne sont pas entirement vraies. Si elles ont un rapport avec des vrits plus sublimes, il est essentiel d'examiner ce rapport qui sera ncessairement la rgle qui fera juger de la vrit de ces choses. L'erreur qui a fait crire cette phrase et tout d'autres avait dj t observe et signale un demi-sicle auparavant par un observateur profond et subtil du cur humain, par le grand Nicole. En considrant la porte de ces paroles dont on se sert si frquemment, humainement parlant, il dit // semble, nous entendre parler, qu'il y ait comme trois classes de sentiments les uns justes , les auet trois tres injustes et les autres humains classes de jugements, les uns vrais, les autres faux et les autres humains. Cependant il n'en est pas ainsi. Tout jugement est ou vrai ou faux, tout sentiment est ou juste ou injuste; et il faut ncessairement que ceux que nous appelons jugements cl sentiments humains se rduisent l'une ou l'autre de ces classes (Danger des entretiens des hommes, premire partie, eh. V). Nicole a rduit la question aux plus simples termes, et puis il a merveilleusement dmontr les raisons qui portent les hommes tomber dans cette erreur. Dire
, ,
: , ,

qu'une chose est humainement vraie, c'est la proposer comme une hypothse mais on en
,

567
tire des

HfiUQNSTRATlON EVANGEL1QUE. MANZOM.

S68

consquences comme si elle tait absolument vraie. Celte manire de s'exprimer signifie donc Je sens que la maxime que je soutiens est oppose la religion je ne
:
-,

veux,

ni

attaquer

la

religion ni

abandon-

doHner la maxime; comme je ne puis logiquement les concilier, j'use d'un moyen qui,
mi laissant intact le fond de la question, me tirer les consquences que je dsire.

permet d'en

En demandant s'il suffit qu'un principe soit humainement vrai pour pouvoir servir de
base, on ferait voir de suite l'inutilit de cette expression. Pourquoi ne dit-on jamais, selon le systme de Ptolme selon la chimie ancienne? parce que dans ces matires personne ne trouve d'intrt partir d'un faux principe. Mais, sans vouloir porter aucun jugement sur Montesquieu, on peut dire que de son
,

temps ce

n'tait

nullement par ignorance que

plusieurs crivains se servaient de ces expressions. La religion catholique tait alors soutenue en France par la force; or par une loi qui durera aussi longtemps que le monde existera, la force fait natre la ruse pour la combattre (1); et ces crivains, qui voulaient combattre la religion sans se compromettre, ne disaient pas qu'elle ft fausse, mais cherchaient tablir des principes incompatibles avec ses dogmes, et soutenaient que ces principes en taient indpendants. N'osant

philosophie morale a sis b'usrs dans la conscience, elle porte avec elle sa propre conviction ; et aprs avoir dvelopp l'esprit par la recherche des principes, elle satisfait le cur en lui faisant dcouvrir ce qui est vraiment beau, juste et convenable. A-t-elle des bases tablies? Produit-elle une conviction universelle et perptuelle? Ses principes sont-ils reconnus par tous ceux qui la professent ? S'accorde-t-elle toujours et partout avec ce qui est beau, ce qui est juste, ce qui est convenable? Dans ce cas on peut la distinguer de la thologie; mais elle n'en a plus besoin, ou, pour mieux dire, elle n'est autre chose que la thologie mme. Si elle varie selon les lieux et les temps, elle ne sera plus une; on ne pourra donc la comparera la morale religieuse, qui est lelle. On pourra demander de quelle philosophie morale on veut parler, car il y en a certainement plusieurs. II y a dans la morale deux choses principales, le principe et les rgles des actions qui en font l'application; l'histoire des opinions morales prsente en toutes deux les varits les plus monstrueuses.
cette

Mais

dans

la raison et

rgles, il suffit pour s'en convaincre de se rappeler certains systmes absurdes de morale pratique, qui ont t reus par des nations entires. Quand Locke a voulu prouver qu'il n'y a pas drgles de morale

Quant aux

renverser publiquement l'difice du christianisme, ils levaient auprs un autre difice qui selon eux devait dtruire le pre,

innes et naturellement graves dans l'me des hommes, combien d'exemples n'en a-l-il pas cits (1) Il en a cherch la plus grande
!

mier
(1)

(2).

Le lecteur comprendra facilement que le mot veut dire ici non ce que l'on doit faire, mais ce que les hommes font gnralement avec autant de certitude que s'ils y taient obligs {par une loi , moins qu'ils ne soient soutenus par un principe et une force surnaturels. Les premiers chrtiens firent une glorieuse exception ce que j'avance, et surent concilier d'une manire admirable la sincrit la patience et la rsistance. Quelle divine sagesse dans ce conseil de fuir les perscutions! Comme elles conduisaient ou la mort ou l'apostasie , l'homme ne devait pas s'exposer une preuve si suprieure ses forces; mais il devait la soutenir lorsqu'elle tait invitable. Selon la prudence humaine on ne pouvait imaginer un plan qui offrt moins d'esprance de succs, que celui qui excluait les avantages de la force et ceux de la ruse; qui ne permettait ni de transiger, ni de prendre du temps, ni de tromper l'oppresseur. Le plan du christianisme ne laissait ses dfenseurs, quand ils taient en prsence de l'ennemi , d'autre choix que celui de mourir sans se venger. Certainement tout sage, selon le monde, aurait annonc que celte doctrine devait prir en peu de temps, a moins que ses partisans, instruits par l'exprience, ne changeassent leur manire de la propager; ce qu'il y a d'admirable, c'est que c'est prcisment par la fidlit suivre ces ordres que celle doctrine a t
loi

porte de traiter non des choses nouvelles, mais des choses opportunes, et elles le sont toujours, celles qui touchent un point contest postrieurement par un crivain distingue. (1) Essai sur l'intelligence, liv. I, chap. 2. Aprs Locke, on a voulu de ces laits et d'autres du mme genre tirer une consquence beaucoup plus tendue, on a voulu en dduire que le sentiment de la moralit n'existe pas dans les hommes.
Ilelvlius a cit

dans luus

les sicles et

beaucoup de faits pour prouver que dans tous les pays, la probit

ne peut lre que l'habitude des actions utiles la propre nation (Disc 2, chap. 13). Un crivain qui, avec raison et dignit, attaque ce sophisme qui confond l'ide de la justice avec son application semble presque dsapprouver la recherche de ces faiis
,

dame de

(Philosophie de liant, par C. Villers, page 57S). MaStal s'y oppose plus expressment encore : (De l'Allemagne, troisime partie, chap. 2) Qu'est ce donc qu'un systme qui inspire a un homme
:

tablie et rpandue.
tait dj fait quand j'appris que la question avait t rcemment discute par un respectable apologiste de la religion (Analyse misonne des systmes et des fondements de l'athisme et de l'incrdulit , dissertation VI, chap. 2). Malgr eja , j'ai cru devoir le laisser lel qu'il est , car il im-

(2)

Ce chapitre

mme

que Lncke de l'avidit pour de tels Mais elle-mme lu voir qu'elle sentait que ce n'mit pas l une objection, car en effet elle ajouta immdiatement Que ces faits soient tristes ou non, pourra-t-on dire, l'important est de savoir s'ils sont on ne doit rechercher vrais, s Rien de plus jusle dans les faits que la vrit; celui qui craint de les examiner l'ail bien voir qu'il n'est pas certain de ses Ils peuvent principes. Mais la clbre dame, ajoute lre vrais, iniais que signifient-ils? Ils signifient qu'il n'y a pas de principe inn de morale pratique; vrit ni petite ni vulgaire avant Lncke; en la faisant connatre et en la prouvant, il a dtruit une erreur ei rendu un service immense, car en morale toutes les erreurs sont nuisibles. Cette vrit formait la thse de Locke mais il fa. l avouer que ses raisonnements semblent se rapporter la consquence dont nous avons parl. S'il ne l'a
< <

aussi vertueux
faits''

569

EXCELLENCE DE LA MORALE CATHOLIQUE,


tre

570

partie chez .es peuples grossiers et presque sauvages; il aurait pu en trouver beaucoup
les nations les plus connues et qui passent pour les plus civilises et les plus claires. Les paens trouvaient-ils dans leur cur et dans leur esprit la vraie mesure du juste et de l'injustice? Avaient-ils une ide vraie du juste et de l'injuste, ces Romains

chez

qui ne pouvaient apprendre sans frmir qu'un de leurs concitoyens et t frapp de verges, et qui trouvaient juste qu'on donnt pour pture aux btes froces un esclave qui avait fui, parce qu'il n'avait pu supporter les mauvais traitements d'un matre cruel? Sans citer d'autres exemples, il suffit de dire, que les historiens et les moralistes anciens en fourmillent. Quelle est donc celle conviction morale, si elle n'est pas la mme chez tous les hommes? Ellenepourra que trop dterminer un homme commettre une mauvaise action avec la persuasion qu'il fait bien elle pourra touffer en lui le re,

a conscience. Qu'on observe que ces discussions ne sont pas de celles qui prparent un accord, de celles dont chaque partie fait un pas vers un centre commun. De telles discussions ont un mouvement progressif, et chaque poque on reconnat des points de contact qui forment ensuite partie de la science; on convient de certaines choses qu'on ne discute plus. Ici, au contraire, les diffrents systmes tombent, se relvent, mais conservent toujours leurs diffrences caractristiques; on dispute, chacun rpte toujours ses arguments comme premptoires, elles rpte, bien qu'il soit prouv qu'ils ne peuvent dtruire ceux qui lui sont opposs par ses adversaires ; el tel est le grand caractre des questions inconciliables (1).
(1) De temps en temps l'on voit des crivains tourner en ridicule ces discussions, chose d'autant plus facile qu'elles tiennent d'une part des systmes arbitraires, et de l'autre aux sentiments les plus intimes de l'homme deux grandes sources de ridicule pour la majeure partie des hommes clairs. Les phrases mmes adoptes par les dfenseurs des divers systmes offrent aux crivains burlesques d'amples matriaux qu'il leur esl facile de mettre en uvre sans beaucoup d'tude. Dans chaque systme, mesure que les ides se classent, il devient ncessaire d'inventer des mois qui en expriment les rapports et le complment. Ces mots dont l'usage est peu commun, souvent rpts par les philosophes pour suppler une priode et quelquefois un traii, el presque toujours rpts avec un ton d'importance, parce qu'ils expriment les ides fondamentales du systme, ces mots seuls, runis dans un crit railleur, Suffisent pour faire rire des milliers de lecteurs. U-ii des plus puissants moyens de faire tourner unechoso en ridicule par les hommes, c'est de leur rappeler que pour d'autres celle mme chose esl srieuse et importante, parce que chacun se persuade que c'est une preuve de sa propre supriorit que d'tre diverti par ce qui occupe et domine l'esprit des autres. On peut observer cela tous les jours parmi les hommes de toutes les sectes, ou quand on s'aperoit que quelqu'un affectionne particulirement une ide, les autres pour le plaisanter se servent de celte ide, soit en la contrariant, soit en la secondant, mais toujours de manire ce (pie celle ide qu'il affectionne se montre au plus haut degr el celte habitude peut trs-bien s'accorder avec l'urbanit qui, en fusant abstraction de la charit chrtienne, devient plutt loi de la guerre que trait de paix parmi les hommes. Depuis les Nues (d'Aristophane) jusqu' Faust, les systmes positifs sur la partie morale el intellectuelle de l'homme (soit leur naissance, soit avec le temps) sonl toujours tombs entre les mains d'crivains comiques: et le sentiment qu'ils ont fait natre a t ou gai ou plaidant ou mme pnible selon qu'ils ont fait ressortir davantage ou la vanit des systmes particuliers ou la vanit aflligeante de l'esprit humain, et cela a dpendu de la malignit, de la vivacit ou de la profondeur de l'esprit des diffrents cri;
:

dans

cette qu'il l'aura commise conviction pourra s'tendre une nation entire, mais ce sera une conviction fausse, et, pour le faire comprendre, le secours de la religion ne sera mme pas ncessaire il suffira que quelques circonstances cessent, qu'un intrt change qu'on abolisse un usage. Quant aux principes de la morale, les diffrences ne sont plus parmi les Mingrliens,

mords aprs

les

Pruviens et

les

Topinambous;
,

la

quesla

est traite par quelques s'appliquent l'tudier, et qui

tion

hommes
dans

qui re-

cherche du vrai, prtendent ne se laisser influencer par aucun intrt, aucune autorit, aucune coutume. D'un commun accord, ils admettentqu'il existe un principe de morale, une raison de justice applicable tous les rapports des hommes; mais quand il s'agit de le faire connatre, l'un croit le voir dans l'intrt, l'autre dans l'ide du devoir, l'aupas prcisment dduite

prouv que

les

hommes

ne l'a pas prvenue ; il a , il varient prodigieusement dans

l'application de l'ide de justice, mais il n'a pas observ que tous s'accordent sentir qu'il y a des choses justes et des choses injustes, desaclions belles et des actions houleuses. Ceux qui aprs lui tablirent celle vrit, ont, je ne dirai pas, rfut une grande erreur- de son systme, mais rempli un vide impor-

tant qui s'y trouvait.

En rapprochant de celte dernire la vrit dcouverte par Locke, on peut lirer une troisime consquence, c'est que la loi divine est ncessaire pour aveir une rgle de morale suinte et infaillible. Le sentiment universel de la moralit prouve que l'homme est aple recevoir une rgle universelle pour en faire
a crit la loi avait dj et lui avait donn les dispositions ncessaires pour l'entendre et pour la reconnatre. Les monstrueuses dviations des hommes qui ont voulu l'appliquer d'eux-mmes prouvent que cette loi esl ncessaire, el qu'elle est la seule vraie; que hors d'elle toui est confusion cl aveuglement; et <-ue les erreurs dans lesquelles tombent les hommes tn voulant en tablir d'autres, sont si grossires, que les autres aveugles comme eux les avertissent et les condamnent, quand les causes particulires qui leur faisaient prendre comme vrit une erreur plutt qu'une aulrc ont cess d'exister.
l'application;
le

form

la main qui cur de l'homme

vains.

Quand les mois techniques ont t souvent tourns en ridicule, peu de personnes osent ensuite les rpter; les questions semblent termines, mais elles surgissent presque toujours sous d'autres noms. Il faut autre chose que des plaisanteries pour satisfaire ce dsir qu'prouve l'homme de connatre sa propre nature et de trouver un type auquel il puisse comparer
ses sentiments.

Qu'on observe ici, en passant, que les philosophes discutent moins sur les rgles des aclious que sur le

DEMONSTRATION EVANGELIQUE. MANZONI


est

572

donc clair que la philosophie morale ne forme pas une science qu'elle n'a
11
,

pas de bases fixes ni de point de conviction gnrale. Quand on lui donnerait la prfrence sur la morale thologique il resterait toujours choisir parmi les cent systmes opposs et incompatibles entre lesquels elle
,

se divise,

ou plutt parmi lesquels

elle est

combattue.
Il y a deux vices irrmdiables qui ont dtruit, et qui, l'un aprs l'autre, dtruiront les systmes de morale humaine , le manque

de beaut

et le manque de raisons. Pour tre parfaite, une morale doit runir ces deux conditions au plus haut degr, c'est--dire

que non-seulement
mais encore

elle

elle doit

ne doit pas exclure, proposer les sentiments


,

et les actions les plus belles et donner des raisons pour les faire prfrer. Or aucun de ces systmes ne peut le faire, chacun d'eux

est oblig,
et
il

tre.

pour ainsi dire, faire un choix, perd d'un ct ce qu'il acquiert de l'auSi pour luder la difficult on recourt
,

un systme dfauts mais


,

moyen,
il

il

palliera les
les

deux

les

aura tous

deux.

plus

Qu'on me permette de faire un examen tendu pour claircir cette propo-

sition.

Plus un systme de philosophie morale se rapproche du sentiment universel, en consacrant certaines maximes que les hommes ont toujours loues et admires, telles que la prfrence donne aux choses justes sur les choses agrables le sacrifice de soi-mme le bienfait sans esprance de rcompense ni de gloire plus il est difficile de trouver dans
,

bonne, utile, juste, sage mais non plus admirable ni belle; on dira que cet homme a t heureux, honnte prvoyant mais on ne lui doonerfl pas le titre de grand. Nous trouvons aussi une preuve de ce que j'avance dans l'envie quand elle ne peut nier une belle action elle s'efforce de trouver des motifs pour faire croire qu'il y allait de l'intrt de celui qui l'a faite, ou prouver qu'il n'tait pas difficile de la faire les choses faciles ne sont pas admires. Mais pourquoi les plus belles actions semblent-elles les plus difficiles la majorit du genre humain? N'est-ce pas parce qu'ils ne trouvent pas dans la raison de motifs suffisants pour se rsoudre les entreprendre, parce qu'au contraire l'amour d'eux-mmes leur donne des motifs contraires ? De l il suit que plus un systme de morale a pour but la beaut des actions plus il est difficile de prouver qu'il est raisonnable de l'adopter et de le suivre. Mais lorsqu'un systme est fond uniquement sur le raisonnement lorsqu'il n'exige de l'homme d'autres dterminations que celles auxquelles il lui prouve que doit le porter son utilit temporelle ce systme ne satisfait pas il offense mme une autre tendance commune tous les hommes qui ne veulent pas renoncer l'estime de ce qui est
celte rsolution est
,
,

on dira que

beau sans
c'est

bases raisonnes de cette docsi nous examinons quelle est dans une belle action la qualit qui excite notre admiration et qui nous la fait appeler belle, nous trouverons que ce n'est autre
l'esprit
les

trine.

En

effet,

chose que

la difficult (j'entends, non la difficult d'excution qui nat des obstacles extrieurs, mais celle de se dterminer la faire) ; sans l'utilit et la justice elle ne serait pas belle , mais ce ne sont pas ces conditions qui constituent sa beaut. Cela est si vrai que si , pendant qu'on admire la rsolution prise par un homme dans une

car offrir d'utilit particulire prcisment pour cette raison que c'est beau. Je sais que dans la thorie de la morale fonde sur l'intrt on explique toutes les actions les plus grandes et les plus indpendantes de ce qu'ordinairement on appelle utile; on les explique en disant que les hommes magnanimes trouvent en ellesmmes leur propre satisfaction. Mais .pour tre complte, il ne suffit pas qu'une thorie morale explique comment quelques hommes ont pu les faire, ces belles actions, il faut
; ,

qu'elle
faire,

donne

les

raisons qui portent

les

circonstance donne,

quelqu'un dcouvre

qu'elle lui tait avantageuse et qu'il le savait en la prenant, aussitt l'admiration cesse;
principe gnral de la morale ; ils s'accordent gnralement surc.es rgles; chacun mme s'efforce, aillant qu'il le peut, de lier son principe les rgles pratiques le plus communment reues. Il me semble que cela vient de certaines choses qui niellent plus facilement d'accord sur le jugement des actions, ei ce .sont

autrement la partie la plus parfaite de la morale devient une exception la rgle, et c'est la loi de quelques hommes qui ne raisonnent pas comme tout le monde, c'est presque une extravagance de got (1). 11 y a dans les hommes une puissance qui les force dsapprouver tout ce qui leur parat faux et comme ils ne peuvent dsapil leur prouver les vertus dsintresses faut un systme qui les considre comme
, ,

fondes sur la raison. Je crois que plus on approfondit la question et plus on voit que les morales humaines s'agitent entre ces deux termes et cherchent en vain les rapprocher; tout systme a une partie de ses bases dans la
,

importante du consentement des contemporains, suite de circonstances et d'intrts communs ; d'o il suit que les philosophes, loin d'tre guides, sont plutt guids eux-mmes. L'influence du christianisme vient ensuite donner plus de lorce et d'tendue celle raison ; car en proscrivant certaines actions que, par une corruption du sens moral, d'autres peuples considraient comme nonnes, pour en ordonner d'antres, il a cr sur beaucoup de e actions un jugement stable et indpendant de princines arbitraires.
l'ducation,, et l'autorit

vie d'Helvlius, aprs (1) L'auteur anonyme de la avoir parlde ses Iraits de bienfaisance, ajoute qu'il < Je vous dit son domestique qui en tait le tmoin dfends de raconter ce que vous avez vu, mme aprs ma mort. Cel crivain ne citerait pas un (el fait s'il n'tait d'avis que c'est une disposition vertueuse que
:

de chercher cacher le bien que l'on fait. Elle l'est en effet, mais, dans le systme d'Helvlius, il esl impossible de la meltre au nombre des verlus.

573

EXCELLENCE DE LA MOU A LE CATHOLIQUE.


c'est--dire dans la raison la difficult consiste les

574

nature humaine, ou le sentiment;

faire concider, trouver un point qui les runisse au plus haut degr. Ce point, c'est la morale thologique. Qu'on imagine quelque sentiment que ce soit de perfection il se trouve dans l'Evangile ; qu'on lve les dsirs de l'me la plus pure de passions personnelles jusqu' l'idal de la morale la plus sublime ils ne s'lveront pas au-dessus de l'Evangile, et en mme temps on ne trouvera aucun senliment de perfection auquel l'Evangile ne puisse donner un motif raisonn prpondrant et naturellement li toute la rvla, , ,

parce que le temps prsent n'a pas son complment en soi, parce que le besoin que nous ressentons d'tre approuvs ne sera satisfait que quand nous verrons que Dieu nous approuve parce que tous nos sacrifices sont lgers compars l'ineffable sacrifice d-e l'Homme-Dieu, auquel nous devons ressembler, si nous voulons avoir notre part de son
;

royaume.
Voil les motifs pour lesquels des millions de faibles cratures , aides du secours divin qui rend facile l'accomplissement de tous les devoirs, ont trouv que la rsolution la plus admirable et la plus difficile, celle de mourir dans les tourments pour la vrit, tait la plus raisonnable, la seule raisonnable voil pourquoi ils l'ont embrasse. Qu'elle est prodigieuse l'histoire de cette religion dans laquelle l'acte de vertu suprieur aux forces de l'homme est peut-tre celui dont on trouve le plus d'exemples On ne peut s'imaginer aucun acte de vertu dont l'Evangile ne donne les motifs aucun sentiment vicieux qui selon l'Evangile , ne suppose une ide fausse. Qu'on demande un chrtien, quelle est, dans quelque circonstance que ce soil, la rsolution la plus raisonnable et la plus utile , il faudra qu'il rponde la plus honnte et la plus gnreuse. Mais ce n'est pas tout des systmes de morale philosophique rsulte un autre dfaut essentiel et auquel on ne saurait porter remde. Observons-les aussi sous cet aspect, et comparons-les la morale religieuse nous trouverons que celte dernire non-seulement en est exempte mais qu'au contraire elle
;
!

tion.

beau de pardonner les offenses, de conserver dans son cur des sentiments de douceur el d'affection fraternelle pour celui qui nous hait? Qui en doute? Mais si tout me porte des sentiments contraires pourquoi eetle douceur et cet amour ? Parce que lu n'as le droit de har ton frre que lorsqu'il est la cause de ton mal s'il ne l'est pas ta haine devient insense et injuste or, il ne t'a pas fait de mal; ta volont seule peut te nuire rellement il s'est fait mal luimme et mrite compassion. Si l'offense te blesse, c'est parce que tu donnes aux choses
Est-il
,

temporelles plus de valeur qu'elles n'en ont, parce que tu n'as pas l'habitude de sentir que Dieu est ton seul bien , et qu'aucune crature ne peut t'enlever lui. Ta haine vient donc de la corruption de ton cur de l'garement de ton esprit; purifie l'un , corrige l'autre , et la haine ne trouvera plus de place dans ce cur purifi. De plus tu reconnais comme le premier des devoirs d'aimer Dieu par-dessus toutes choses tu dois donc dsirer qu'on le glorifie et qu'on lui obisse oserais-tu vouloir que quelque crature raisonnable lui refust son hommage , ft rebelle sa loi ? Cette pense t'inspire de l'horreur tu voudrais donc que tout homme ft un serviteur de Dieu un observateur de sa loi s'il en est ainsi, tu dsires que tout homme soit parfait, qu'il soit heureux tu aimes ton prochain comme
, , ; ; , , :
:

est parfaite.

Dans le principe de la morale on ne cherche pas seulement une vrit spculative on cherche encore une source de rgles pour la conduite de la vie. Tous les principes de morale humaine sont striles et inapplicables non pas qu'un principe une fois pos on n'en puisse dduire une rgle, mais parce que ces rgles pouvant tre nies ne sont pas universelles et perptuelles parce que tous ne doivent pas les reconnatre, mme aprs avoir admis le prin,
, ,

loi-mme. Est -il beau de sacrifier sa vie la vrit ri la justice de la sacrifier sans tmoins qui vous admirent, sans amis qui vous pleurent, avec la certitude que les hommes tromps vous accompagneront de leurs excralions, que le sentiment de la saintet de votre cause ne trouvera hors de vous ni appui ni dfenseur? Il n'y a pas un homme qui ne verse des larmes d'admiration en apprenant qu'un autre homme a ainsi quitt la terre. Mais qui prouvera qu'il est raisonnable de le faire? Pour quel motif devons-nous renoncer ce sentiment qui domine dans tout notre tre ce dsir de faire sympathiser des mes immortelles comme la ntre avec nos sentiments les plus levs les plus intimes ? Parce que, quand pour suivre la jus;

cipe.

Faisons brivement cet examen sur un de


ces principes qui, au temps o nous vivons, est peut-tre le plus rpandu sur celui qui rduit toutes les obligations morales au propre intrt bien entendu; principe qui suppose que l'intrt particulier concide toujours avec l'intrt gnral, de manire ce que l'homme, en se rendant utile ses semblables fasse son propre bonheur, et vice versa (Voyez Essai sur V indiffrence en maer pag. tire de religion, 3<- dition , tom. 1 ,
, ,

il n'y a pas d'autre chemin que celui de mort il est certain pour nous que Dieu nous l'a enseign pour arriver lui c'est

lice

la

476, 4-77). Supposons un homme convaincu de la vrit de ce principe el sincrement dispos agir en consquence supposons-le sur le point de prendre une dtermination. Que fera-t-il pour trouver la rgle ? il considrera son propre intrt. Comment fera-t-il pour bien le considrer? 11 repassera toutes les ventualits de bonheur, ou de chagrin, dont son action pourra tre la cause. Cou;

575
nat-il
1

DEMONSTRATION EVANGELIQUE. MANZONI.

576

avenir? prvoil-il les effets des effets, les circonstances indpendantes de son action et qui agiront sur lui en consquence de son choiv, les opinions, les caprices des hommes, le changement possible de ses propres sentiments ? Sans parler du temps et de la peine (lue donnera cette recherche qu'on dise si elle peut conduire un rsultat. Ce prin,

l'affirmer, c'est la conscience seule qu'il faudra recourir pour se diriger, indpendamment de tout autre plaisir ou douleur, parce que la douleur et le plaisir de la conscience tant infaillibles et toujours prpondrants, ils seront, d'aprs le systme, une rgle sre de la vertu.

cipe n'est donc applicable que pour le pass; c'est un principe d'observation et non de rgies. Mais on me dira Examinons toutes les actions des hommes, et nous verrons que les actions vertueuses ont toujours augment le bonheur de celui qui les a faites, tandis que les actions mauvaises ont port avec elles leur propre chtiment. Je vous accorde qu'il en soit ainsi, mais ce n'est pas l ce que
:

Mais si on n'ose l'affirmer, si l'on dit que ce tmoignage de la conscience peut manquer
d'abord relativement au temps, car un homme peut prouver du plaisir faire le mal, de la douleur faire le bien, et mourir avant que le remords ou la consolation de la conscience portent la ptine ou la rcompense; si l'on dit que ce tmoignage est incertain, parce qu'il dpend des circonstances, des ides et de la manire d'tre de l'homme sur lequel il doit oprer, on devra en conclure qu'il ne suffit pas qu'une action soit utile au plus grand nombre pour dclarer qu'elle est vertueuse et qu'il faut l'entreprendre, puisqu'il n'est pas prouv qu'elle procurera l'utilit de celui qui l'aura faite. Si on disait que celle voix de la conscience, quoiqu'elle ne soit ni infaillible, ni prpondrante, doit cependant tre prise en considration, puisqu'il est notoire qu'elle porte avec elle plaisir ou douleur, selon les actions, et par suite une probabilit de rcompense ou de punition, il faudrait en tirer la consquence que, dans des circonstances tout fait semblables, les obligations ne sont pas gales, parce que l'homme qui connat la dlicatesse de sa conscience s'abstient de toute action nuisible au public, persuad qu'en la faisant il diminuera sa propre flicit, tandis que celui qui se sent aguerri contre le remords se promettra la tranquillit de l'me. Ainsi les deux extrmes du systme, l'intrt public et l'intrt priv, se

je

vous demande je vous prie, de me dire, lorsque je dois choisir entre deux actions quelle est celle qui me rendra plus heureux? Me renvoyez-vous mon exprience? elle ne suffit pas; l'exprience de tous les temps ? mais je ne la connais pas et elle ne me suffirait pas non plus, parce que j'ai besoin de connatre les effets d'une action sur moi, dans les circonstances particulires
;

me trouve. renverrez- vous au consentement gnral? Ce consentement n'existe pas; et quand mme il existerait, il ne ferait pas autorit pour moi. 11 faudrait supposer que les hommes ne se trompassent pas quand ils s'accordent dcider qu'une action est utile ou dangereuse, et que leurs observations unanimes fussent applicables aussi au cas o je suis. Mais comme dans ce systme on reconnat dans toute action vertueuse deux conditions, le bien particulier de celui qui la fait et le bien publie, si je ne puis prvoir le premier et en tirer une rgle de conduite, au moins je chercherai cette rgle dans le bien public, avec la certitude que, si je le procure, j'aurai aussi fait mon bonheur. Il est inutile de s'tendre davantage pour prouver qu'il m'est aussi impossible de le prvoir; que c'est un pouvoir qui surpasse les forces de l'intelligence humaine que de dcouvrir la somme de bonheur ou de chagrin que ma dtermination procurera aux autres hommes. Je veux bien supposer que quelqu'un y parvienne; qu'il sache que cette action est certainement utiie aux autres, et qu'il s'y dtermine. Supposons que cette action (l'hypothse n'est pas trange), supposons, dis-je, que celte action lui attire de la haine, des perscutions, des chagrins; son action devient-elle peut-tre mauvaise parce qu'il n'a pas su unir son propre intrt celui d'aulrui ? Mais , rpond-on il trouve dans sa conscience un soutien, un ddommagement; son intrt n'est donc pas sacrifi. Je demanderai si la voix de la conscience est certaine, perptuelle; si, la suite de toutes les actions utiles au public, elle procure un plaisir qui surpasse tous les maux que ces mmes actions peuvent avoir procur ceux qui les ont faites, et si, la suite de toutes les actions nuisibles, elle porte uno peine suprieure aux avantages? Si l'on peut
o
je

Me

cas, mais

combineront dans le premier non dans le second. Outre un grand nombre d'autres remar,

voil les consques par les moralistes quences de ce systme; systme absurde, parce qu'il est fond sur la supposition d'un l'ait dmenti en mille occasions par la ralit, c'est--dire qu'en cette vie le bien public concide toujours avec les intrts particuliers de celui qui le procure; d'un fait qui, ft-il vrai, ne pourrait tre prouv et tabli en principe pour l'avenir, aucun homme ne pouvant en faire l'application, puisque l'avenir nous est cach. El comme une erreur conduit une autre, ce systme est inapplicable dans la pratique par les mmes raisons qui le rendent absurde en principe. Du reste, qu'on observe en passant que ce systme n'est que l'altration d'une grande vrit propose par la religion; qu'en agissant selon la justice, on obtient le bonheur suprme. Une philosophie arbitraire a voulu (si je puis m'exprimer ainsi) retrancher de ce calcul le chiffre de la vie ternelle, et le calcul ne s'est plus trouv juste. Il est donc dmontr qu'on ne peut utilement dduire de ce principe des rgles de

conduite, je le rpte, des rgles certaines; car il y aura des circonstances o quelqu'un pourra y trouver une rgle assez sre pour

577
s'y

EXCELLENCE DE LA MORALE CATHOLIQUE.

578

arrter, mais il ne pourra la donner connue prceple, et obliger tous ceux qui re-

connaissent le principe l'admettre comme telle, sous peine de manquer de logique. Cet inconvnient est commun tous les autres systmes de morale humaine parce que dans tous les rgles ne sont pas exprimes dans le principe et n'en drivent pas ncessairement. Il faudrait pour les tablir d'une manire incontestable, avoir une connaissance prophtique de tous les effets des actions, une connaissance de tous leurs rapports avec l'ordre gnral. En admettant que l'ide du devoir soit le principe des obligations morales, on sera obligdedire, ou que l'homme connat certainement tous ses devoirs en toute occasion, ou d'avouer que les rgles doivent venir de toute autre source que de ce seul principe ; en admettant que ce soit la conscience, il faudra dire, ou qu'elle ne trompe jamais, et de l remettre ou les rgles la conscience de chacun avouer ici encore qu'elles ne viennent pas du principe. La morale religieuse seule pouvail donner des rgles pratiques, incontestables et lies au principe d'une manire indissoluble, parce qu'elle seule peut reconnatreun principe d'autorit infaillible, c'est-dire, Dieu; et seule, elle peut transmettre l'homme les rgles qui viennent de ce principe et qu'il a rvles. Celui qui a admis ce principe doit recevoir les rgles, doit-tre certain qu'elles sont justes, parce que par sa justice ternelle et immuable celui qui les a donnes connat lous les rapports possibles des sentiments et des actions (1). Principe d'autorit irrcusable; rgles auxquelles se rduit chaque action chaque pense esprit de perfection qui, en toulc chose douteuse, porte choisir ce qu'il y a de mieux; promesses qui surpassent tout intrt temporel imaginable modle de saintet propos dans
,

'Homme-Dieu

moyens

efficaces

pour nous

auquel on puisse parvenir sur cette terre ; cette morale laquelle le monde lui-mme n'a pu refuser un tmoignage continuel d'applaudissement et d'admiration. Il n'est que trop vrai pourtant que, mme, aprs l'tablissement du christianisme, ccr-' tains philosophes se soient efforcs d'en dcouvrir une autre. Semblables celui qui, au milieu d'une mullitude altre, et sachant qu'il est auprs d'un grand fleuve, s'arrterait, par des procds chimiques, faire quelques goullcs de cette eau qui ne dsaltre pas, ils ont employ lous leurs soins chercher une thorie de devoirs. Quand ils ont trouv quelque vrit morale importante, ils ont oubli qu'elle leur avait t enseigne, qu'elle tait un fragment, une consquence du catchisme ils ne se sout pas aperus qu'ils avaient seulement pris un long dtour pour y arriver; qu'au lieu de prsenter une loi nouvelle, ils ne faisaient que dpouiller de sa sanction divine une loi dj promulgue (1). L'Eglise n'ignore pas leurs efforts et les rsultats qu'ils ont obtenus mais doitelle peut-tre suivre leur exemple? Elle n'a pu que les avertir et les plaindre; pourquoi aurait-elle d les imiter? Ne devra-t-elic pas en rester dpositaire, celte Eglise laquelle Jsus-Christ a laiss une doctrine morale parfaite? Devra- t-el!e cesser de lui dire comme Pierre A qui irions-nous, Seigneur , vous avez les paroles de la vie ternelle (Jean, VI, 69) ? Devra-t-ellc cesser de rpter que celui qui n'amasse pas avec lui dissipe (Luc, XI, G) ? Pourra-t-elle supposer un instant qu'il y ait deux routes, deux vrits, deux vies? On lui a confi des prceptes ; et, dpositaire infidle, administrateur dfiant, enseigncra-t-elle des doutes? Laissera-l-elle de ct la parole ternelle, et se renfermerat-elle dans les discours de l'homme, pour trouver peut-tre que la vertu est plus raisonnable que le vice, ou peut-tre qu'on
; : :

aider l'imiter, dans les sacrements qu'il a institus, dans lesquels, ceux mmes qui sont assez malheureux pour ne pas reconnatre l'autorit divine ne peuvent s'empcher de voir les actions qui prparent toute espce de vertu telle est la morale de l'Eglise catholique, cette morale qui seule a pu nous donner une connaissance de nousmmes qui seule, au milieu de maux humainement irrmdiables, a pu faire natre l'esprance celte morale que nous voudrions tous voir pratiquer par les autres et qui, si nous la pratiquions tous, nous lverait au plus haut degr de perfection et de bonheur
; , ;

(I) Si l'on ne savait pas que les sciences morales ne sont pas en rapport de progression avec les autres (parce qu'elles ne dpendent pas seulement de l'intelligence, parce qu'elles ne procdent pas de ces vrils qui, une fois reconnues, ne peuvent (dus tre contestes, et conduisent tant d'autres), on ne pourrail expliquer comment la doctrine d'Helvtius a pu succder en France celle des grands moralistes du dix-septime sicle. Frapp de l'infriorit de la premire ; de ces deux manires de s'en rendre compte, ou ne saurait laquelle admettre comme la moins trange ou (lelvlius, moraliste de profession, ne s'est pas inform de l'tat de la science el des opinions d'crivains trs-distingus et modernes; ou en lisaiu leurs ouvrages, il n'a pas vu que les questions
:

(1)

Pur

on voit comnien
exceptions

il

est absurde,

de vou-

qu'il a

souleves avaient t dj compltement rso-

divine sous prtexte d'une plus grande milit, puisqu'elle suppose dans l'homme une connaissance plus tendue de l'utile qu'en Dieu lui-mme. L'homme ne voit qu'une partie
loir faire les
la loi

la solution tait toujours celle qu'il trouplus belle el la plus ulile, celle qu'il aurait voulu fane adopter par tous ceux qui taient en rapport avec lui; ou en fi il il n'a pus compris que dans

lues, el

que

vait la

des choses. Dieu esi. venu au secours le sa faiblesse, il lui a donn des rgles avec lesquelles l'homme c-l sur, en les observant , de faire ce qu'il ferait par sou propre choix s'il voyait loin ; l'homme qui se dispense de les suivie met en parallle le peu qu'il sait avec la sagesse infinie de Dieu, et dcide en laveur do a propre opinion.

avec la connaissance que de lui-mme, que les principes sont sans exception de temps ou de personne, que la perfection est raisoime, que le vrai un. yen pour faire des irails de morale, miles, universels et honntes lit d'adopter ces principes et de les appliquer au\ obserces livres tout concorde

l'homme

vations qu'offre

la socit.

579

DEMONSTRATION EVANGELIQUE. MANZONI.


lui obir, ou bien qu'il

580

doit adorer Dieu et faut aimer ses frres! Le Verbe a-t-il pris celte enveloppe mortelle, a-t-il souffert les angoisses ineffables de la rdemption, pour mriter la socit qu'il a fonde une place

Maintenant reprenons en peu de mots, et examinons les rsultats de la comparaison que nous avons tablie dans ce chapitre. La philosophie n'a pu se renfermer dans un seul principe et dans une seule rgle, et
ce sont les deux parties essentielles de la morale. Elle n'est donc pas une, et on ne peut l'opposer la rvlation. Lorsqu'on examine l'un aprs l'autre les

;>armi les acadmies philosophiques ? Cette Hglise qui, par ses premiers enseignements, peut lever l'me simple qui ignore tout, hors l'esprance, au plus haut degr de la morale, au point o se trouve Bossuet aprs avoir parcouru un cercle immense de mditations sublimes ; cette Eglise, au lieu de l'y lever, la rejettera-t-elle sur la route du raisonnement, qui conduit cent buts diff-

rents? Egar ou fatigu du voyage, l'homme chercherait un refuge dans la cit place sur refusela montagne {Matth., V, 14), et elle justiceet rait de lui donner asile? Affam de de croyance, d'autoril et d'esprance, il s'a-

systmes de morale philosophique, on trouve qu'aucun d'eux n'a pu concilier la suprme beaut avec la suprme raison ainsi chacun d'eux laisse beaucoup dsirer ses partisans. La morale thologique runit ces deux conditions au plus haut degr. Les systmes de philosophie morale ne donnent pas de rgles certainesetdrivant ncessairement du principe ; celles que propose la morale thologique sont telles son prin;
:

dresserait l'Eglise, et l'Eglise ne lui romprait pas ce pain qui se multiplie dans ses mains? Non. L'Eglise ne trahit pas ainsi ses

cipe est l'autorit divine, ses rgles sont les

commandements de Dieu.

enfants;

nous ne pouvons pas craindre qu'elle nous abandonne; il ne nous reste que la crainte salutaire que nous devons cette crainte doit avoir de l'abandonner augmenter notre confiance en celui qui seul peut faire que nous restions attachs a vrit cette colonne, ce fondement de la Tim., III, 15). Oublions dix-huit sicles (1
:

En admettant que la morale de l'Evangile vient de Dieu, il faut admettre que c'est un devoir rigoureux pour l'Eglise de l'adopter, de la conserver, et d'exclure toute autre morale ensuite, "en l'examinant et en la comparant aux autres, on voit que ses perfections prouvent toujours davantage son origine cleste.
;

de d'cxislence, de succession de pasteurs et souverains pontifes, de continuation dans la mme doctrine; dix-huit sicles, ;dans le cours desquels on compte tant de perscutions et tant de triomphes, tant de sparations douloureuses sans une seule transac-

CHAPITRE
Sur

IV.

Sur les dcisions les dcrets de l'Eglise. des Pres et sur les casuistes.

qu'avons-nous besoin d'exprience? Les premiers chrtiens ne lavaient pas, et


tion
ils
;

l'autorit de ses dcisions des Pres aux lumires de la raison et de la conscience, l'tude des casuistes celle de la philosophie morale.

Elle

(V Eglise) substitua
et

dcrets

les

ont cru il leur a suffi de la parole de ce comme Dieu, devant lequel mille annes sont jour d'hier qui est pass {Ps. LXXXIX, 4). le la suje ne m'tendrai pas davantage sur priorit de la morale religieuse les arguments qui l'tablissent ont t donns par se des hommes du plus grand mrite, et trouvent naturellement runis dans les limorvres qui traitent de celte morale. Les ceaux dlachs seuls qu'en laissa Pascal, contiennent plus de dcouvertes importantes volude morale gnrale que beaucoup de mes (1), D'ailleurs, le but de cet ouvrage est
:

Pages 413-4-14.
L'Eglise fonde son autorit sur la parole de Jsus-Christ; elle prtend tre dpositaire et interprte des Ecritures et de la tradition ;

de faire ressortir cette supriorit.


accus Pascal d'avoir l'humeur (1) Souvent on a observ les atrabilaire, parce qu'il a profondment repromaux de l'Iiomme ; on n'a pas fait le mme
le point

humaine sous che Ilelvlius qui prsente la nature Cette de vue le plus iriste et le plus dsolant. ces deux crivains diffrence de jugement porl sur par rapport a t ascal, qu il est d'autant plus trange trop approfondie pour avait fail de lui-mme unetude respire que compassion mpriser les autres, qu'il ne. amour et esppour lui et son prochain, rsignation et avec joie, il rance; de temps en temps avec calme trouble et effraye par le ciel son regard repose dans du cur humain; les la contemplation de l'abme pleines darflexions d'Helvlius souvent sont gaiet meriume, de colre , d'impatience ou d une la Pascal est atrabilaire, p:>rce qu'il montre
,

s'opposera toujours toute nouveaut qui chercherait s'introduire; qu'elle est prle effacer, peine crite, chaque lettre qu'une main profane oserait ajouter au livre divin. Elle n'a jamais prtendu avoir l'autorit d'inventer des principes de morale essentielle; au contraire, elle se fait gloire de ne pas l'avoir, de pouvoir dire que chaque vrit lui a t enseigne ds son origine, qu'elle a toujours eu les enseignements et les moyens ncessaires au salut de ses enfants, d'avoir une autorit qui ne peut augmenter, puisqu'elle n'a jamais cess d'tre ce qu'elle est.
Elle affirme, en consquence, que ses dcrets sont conformes l'Evangile, et qu'elle ne reoit les dcisions des Pres quv lorsqu'elles
lui

la continuation

sont conformes et sont un tmoignage de de la mme foi et de la mme morale.

cruelle.

ncessit de
Ilelvlius,

remdes auxquels on prfre les maux. au contraire, tout inconvnient moral

cherche une cause trangre; au lien de combattre d'attriles passions il les Halte, en disant chacun buer les vices la ncessit ou l'ignorance des au 1res, et non la corruption de son cur.

58 f
Si ce

EXCELLENCE DE LA MORALE CATHOLIQUE.


que

58*

l'Eglise affirme est vrai, on ne pourra pas dire qu'elle substitue ces dcrets et ces dcisions aux lumires de la raison et de la conscience, de mme qu'on ne peut dire qu'une sentence qui explique la loi et en d-

termine l'excution, lui soit substitue ; au contraire on sera forc d'avouer qu'elle enseigne l'une et l'autre avec une rgle infaillible comme est celle de l'Evangile. Si on refuse de croire cette assertion de l'Eglise, il faut dire quelles sont les maximes de morale, enseignes par l'Eglise qui ne viennent pas de l'Evangile, qui lui soient contraires ou qui diffrent de son esprit. Cette recherche ne fera qu'claircir de plus en plus la merveilleuse immutabilit de l'Eglise dans sa morale toujours vanglique, et fera voir la distance norme qu'il y a entre elle et ces sectes philosophiques qui n'ont fait qu'lever et dtruire, affirmer et se rtracter, dans lesquelles on a reconnu, pour les plus sages, ceux qui professaient le doute. Quant aux casuistes je commence par avouer que je ne les ai pas lus , je ne dis pas tous ce serait une chose impossible, j'avoue que je n'en ai pas lu un seul, et je n'en ai d'autre ide que celle que m'en ont donne les rfutations et les critiques qu'on en a faites. Mais il n'est pas ncessaire de connatre leurs uvres pour tablir le point qui intresse l'Eglise relativement eux, savoir que les doctrines des casuistes ne peuventlre attribues l'Eglise; qu'elle ne rpond nullement des opinions des hommes privs et qu'elle ne prtend pas qu'aucun de ses enfants ne puisse tomber dans l'erreur; cette prtention serait contre les prdictions de son divin fondateur. L'Eglise n'a jamais donn les casuistes comme rgle de morale elle, ne pouvait mme le faire, car leurs dcisions doivent tre un amas d'opinions, souvent varies, souvent opposes. On peut, sur l'histoire du casuisme, faire deux observations importantes la premire, que les propositions fausses, jusqu' l'extravagance, qui ont t mises par quelques casuistes, sont bases sur des systmes arbi, , ;
:

vains et les autorites qui dans l'Eglise s'levrent contre ces propositions, les combattaient toujours en leur opposant les saintes Ecritures et la tradition. Les excs d'une partie des casuistes vinrent donc de ce qu'ils s'taient loigns des rgles que l'Eglise suit et propose, rgles auxquelles on doit recourir pour ramener la morale ses vrais principes.

CHAPITRE
Car la correspondance de
la

V. morale catholique
et droits.

avec les sentiments naturels

La morale

les mains au cur comme

fut absolument dnature entre des casuistes ; elle devint trangre


la

raison

elle

perdit de vue

la souffrance que chacune de nos fautes vait causer quelqu'une des cratures,

poupour

n'avoir d'autre loi que les volonts supposes du Crateur ; elle repoussa la base que lui avait donne la nature dans le cur de tous les hommes, pour s'en former une tout arbitraire. Page 414.

Quoique je ne veuille pas ici dfendre les casuistes, je ne puis m'empcher de rcla-

mer contre une condamnation qui les comprend tous; ils sont si nombreux qu'il est presque impossible que parmi eux il ne
s'en soit pas trouv quelqu'un qui ait trait la morale chrtienne avec sincrit et avec

science; ceux mmes qui dvoilrent et condamnrent les maximes de certains casuistes ne manqurent pas de faire une distinction parmi la multitude, et rendirent justice aux bons. Mais comme, un peu plus haut
,

l'Eglise est accuse d'avoir substitu l'tude

traires et indpendants de la religion. Quelques-uns d'eutre eux avaient form une cole de philosophes moralistes profanes et se per-

des casuistes la philosophie morale et comme n'avoir d'autres lois que les volonts (non supposes, mais rvles) du Crateur n'est pas une maxime particulire des casuistes, mais gnrale l'Eglise, c'est sur elle que ces censures retombent. Je crois qu'il est bon de faire connatre l'esprit de l'Eglise sur ce point, pour prouver que ce qui vient d'elle est trs-sage, et pour empcher qu'on lui attribue ce qui ne lui appartient pas. Si l'intention de l'illustre auteur n'a pas t de censurer l'Eglise, je m'en fli,

daient consulter et citer Aristole et Snque, l o Jsus-Christ avait parl. Le principe mme sur lequel ils semblent avoir fond une partie de leur autorit (celui de la probabilit), est un principe tout philosophique; je ne sache pas qu'ils aient jamais voulu prouver qu'il tait tir de la rvlation; ils auraient t bien embarrasss de le faire. Voil ce que Fleury observa dans leurs crits : II s'est la fin trouv des casuistes qui ont fond leur morale plutt sur le raisonnement humain que sur l'Ecriture et la tradition, comme si Jsus-Christ ne nous avait pas enseign toute vrit aussi bien pour les murs que pour la foi, comme si nous en tions encore chercher avec les anciens philosophes {Murs des chrtiens, quatrime partie, LXlV , multitude des docteurs ).

j'aurai pu lui rendre hommage sans contredire l'opinion de personne. L'Eglise n'a pas tabli les bases de la morale, mais les a trouves dans la parole de Dieu. Je suis ton Seigneur, ton Dieu {Exod., voil le fondement et la raison de 2) la loi divine et par consquent de la morale de l'Eglise. La crainte du Seigneur est le commencement de la sagesse (Ps. CX 10; EccL, 1, 16; Pro., 1,7; ibid., IX, 10). Telles sont les seules bases sur lesquelles l'Eglise> devait difier.
cite
;

XX

La seconda ob^ervatou

est

que

les

cri-

le faisant a-t-elle pu repousser bases naturelles de la morale, c'est--dire les sentiments droits auxquels tous les hommes ont une disposition? Non, jamais, puisque ces sentiments ne peuvent lre en contradiction avec la loi de Dieu, duquel ils viennent aussi. La loi n'est faite que pour les confirmer, que pour faire connatre l'homme qu'il peut et doit les suivre, qu

Mais en

les

583

DEMOiNSTRATION EVANGLIQUE. MANZONI.

>8t

distinguer dans pour lui son cur ce que Dieu y a mis de ce qui y a t introduit par le pch. Ces deux voix parlent en nous; et souvent en prtant l'oreille intrieure, l'homme n'entend pas une rponse distincte et certaine, mais le bruit confus d'un triste dbat. Conformer la morale la loi divine, c'est donc la mettre en conformit avec le cur droit et la saine raison; et c'est ce que l'Eglise a fait, et elle seule a ce pouvoir, comme interprte infaillible de cette loi. Qu'importe que la rgle qui sert tirer une ligne soit parfaite si elle est tenue par

donnev un moyen de

fection

tre permis l'homme de combattre contre l'homme, elle n'a pas in stitu des ministres pour faire ce qui est permis, mais seulement pour faire ce qui es saint; que lorsqu'elle croit ne pouvoir remdier au mal que par un autre mal , elle ne veut pas y prendre part ; elle veut montrer enfin que sa fin est la soumission aux dcrets de Dieu , elle qui rejette tout ce qui n'est pas saint, et qui ne trouve la dou-

freuses

que s'il o il peut


,

est des circonstances af-

'!

leur sainte que lorsqu'elle est volontairement soufferte en expiation et offerte ainsi par l'me qui la souffre.

une main tremblante? quoi


saintet de la
loi si

abandonne au

servirait la l'interprtation en tait jugement passionn de celui

CHAPITRE
Sur

VI.

qui doit s'y soumettre? si Dieu ne l'avait rendue indpendante des fluctuations de l'esprit humain en la confiant l'Eglise qu'il a promis de soutenir? Si donc la compassion pour le mal des autres si le devoir de ne pas causer de tristesse une image de Dieu est un de ces sentiments que Dieu lui-mme a gravs dans le cur de l'homme, l'Eglise ne l'aura certainement pas perdu de vue dans son enseignement moral, parce que certainement elle n'a pas perdu de vue la loi divine et il en est ainsi. C'est un enseignement universellement profess que la gravit des pchs est en rapport avec le mal que l'on cause volontairement au prochain en les commettant. L'Eglise considre comme pchs une foule d'actions auxquelles on ne peut assigner d'autre culpabilit que le mal qu'elles font au prochain. L'intention de causer de la douleur un homme est toujours un pch ; l'action la plus licite, l'exercice du droit le moins incontestable devient une faute lorsqu'il lend cette fin dtestable. L'Eglise n'a donc pas oubli ce sentiment ; elle a ensuite ajout la sanction en enseignant que le mal fait aux autres retombe infailliblement sur celui qui en est l'auteur, ce que la nature n'enseigne pas et ne pouvait enseigner. L'Eglise veut que ses enfants habituent leur esprit vaincre la douleur, qu'ils ne se consument pas en plaintes inutiles elle leur offre un modle divin de force et de calme dans les souffrances. Elle veut que ses enfants soient svres pour eux-mmes mais pleins de misricorde pour les maux de leurs frres, et leur prsente le mme modle , cet Homme-Dieu qui versa des larmes en pensant aux maux dont serait accable la ville o il devait souffrir la mort la plus cruelle (Luc, XIX, h\). Certes, elle n'a pas oubli ce sentiment de
, ;
:

ta distinction des pchs mortels et des pchs vniels.

La distinction des pchs mortels d'avec les pchs vniels efface celle que nous trouvions dans notre conscience entre les offenses plus graves et plus pardonnables. On y vit ranger les uns ct des autres les crimes qui inspirent la plus profonde horreur avec les fautes que notre faiblesse peut peine viter.
,

Page 414.
Je fais ici la mme chapitre prcdent.
protestation qu'au

L'illustre auteur semble admettre, avec l'Eglise catholique , la distinction des pchs

mortels et des pchs vniels de leur nature, puisqu'il divise les offenses en plus graves et plus pardonnables et en remet la distinction la conscience. On peut donc croire que la censure ne tombe que sur l'application de la maxime, c'est--dire sur la classification concrte des pchs. Sur cela je me permettrai d'observer que notre conscience, sans le secours de la rvlation ne peut jamais tre une autorit laquelle nous puissions rcourir pour rformer en cela , non-seulement le jugement de l'glise mais quelque jugement que ce soit; ce ne serait qu'en appeler d'une conscience une autre. Quand on entend dire qu'en distinguant les pchs mortels des pchs vniels on a effac cette distinction que fait notre conscience des offenses plus graves et des plus pardonnables , on pourrait croire que lorsque l'Eglise enseigna cette distinction, elle avait trouv dans les esprits des hommes une distinction antrieure , prcise et unanimement reue, et qu'elle lui avait substitu la
, , , ,

commisration, celte Eglise qui, dans la parole divine de charit, unit et confond, pour ainsi dire, l'amour de Dieu et du prochain ; cette Eglise qui montre tant d'horreur pour le sang, qu'elle dclare que mme celui qu'on verse pour la dfense de la patrie souille les mains de ses ministres et les rend indignes d'offrir l'hostie de paix. Elle veut si bien inoutrer que son ministre est tout de per-

sienne. Mais le fait est (comme nous l'avons souvent rpt) que la voix de la conscience variait suivant les lieux , les temps et les individus qu'aux uns elle faisait trouver grave ce que les autres considraient comme une faute lgre ou pas mme comme une faute, mais comme une vertu; que quelques autres enfin ( et ils n'taient pas les moins habiles ) croyaient que toutes les fautes taient gales , et, par suite, non-seulement ne trouvaient pas cette distinction dans leur
; ,

conscience , mais encore la regardaient comme une chimre. L'Eglise, institue pour servir de lumir et de rgle la conscience l'Eglise fonds prcisment parce que cette conscience n'est
:

585
ni

EXCELLENCE DE L A MORALE CATHOLIQUE.


uroite, ni

m
,
,

unanime,

ni infaillible,

ne

peut tre cite son tribunal.

De quelle rgle devait-elle donc se servir pour juger de la gravit des fautes? certainement de la parole de Dieu.
des hommes qui aient le plus mdit saint Auguset crit sur les ides morales tin, avait dj observ que certaines choses sembleraient ti es- lgres, si les Ecritures ne dclaraient pas qu'elles sont plus graves qu'elles ne nous le paraissent ; et de l prcisment il avait conclu que c'est le jugement, divin et non celui de l'homme qui doit servir de rgle pour juger de la gravit des fautes (1). 11 dit ailleurs Nous ne prenons pas de trompeuses balances pour peser ce que nous voulons et comme nous le voulons , en disant selon notre caprice : Cela est grave , cela est lger ; nous prenons la balance divine des critures et c'est avec elle que nous pesons ce qui est faute grave , ou pour mieux dire, que nous reconnaissons le poids que Dieu a donn chacune de nos fautes (2) ; Parce que le vritable appel est de la conscience la rvlation , c'est-dire de l'incertain au certain , de l'erreur et de la tentation l'incorruptibilit et la

cur des hommes s loigne de lui et hors les cas o l'action est une expression manifeste de cette disposition elle ne peut que
rpter
:

Quel

est celui

qui connat les pchs

Un

il y a encore des actions pour lesquelles l'Ecriture prononce la mort ternelle; sur la gravit de celles-l, il n'y a pas de controverse possible. L'Eglise a en outre dclar fautes graves

(Ps. XV11I, 12)? Outre les dispositions,

quelques dsobissances aux lois qu'elle a tablies par l'autorit qu'elle a reue de
Jsus-Christ.
Il n'y a aucune de ces prescriptions qui redoute l'observation d'un esprit chrtien, dlivr de passions et srieux, aucune qui ne soit un moyen manifeste et direct d'accomplir la loi divine. 11 n'est pas ici hors de propos de discuter en peu de mots une de

ces prescriptions. C'est un pch mortel


ter la

que de ne pas assismesse un jour de fte ou un diman-

che.

saintet.
Si avec le secours de cette conscience rforme et claire par la rvlation nous observons ce que l'Eglise nous enseigne sur nous ne pourrons la gravit des fautes qu'admirer la sagesse de l'Eglise et sa fidlit ne pas s'loigner de la parole divine dont nous elle est l'interprte et la dpositaire verrons que toutes les choses qu'elle dclare pchs graves viennent de dispositions de l'homme absolument contraires au sentiment prdominant d'amour et d'adoration que nous devons Dieu, ou l'amour que nous devons aux autres nommes nos frres par la cration et la rdemption nous verrons que l'Eglise n'a mis au nombre des fautes graves aucun sentiment qui ne vienne d'un cur orgueilleux et corrompu qui ne soit incompatible avec la justice chrtienne aucune disposition qui ne soit basse, charnelle ou violente qui ne tende avilir l'homme l'loigner de sa noble fin et effacer de son me les traits divins de ressemblance avec le Crateur, et surtout aucune disposition pour laquelle les saintes Ecritures ne condamnent expressment
, , ,

Qui ignore qu'en nonant seulement ce prcepte on fait rire beaucoup de gens ? Malheur nous, si nous abandonnions tout ce qui a t un sujet de rise; quelle est l'ide srieuse, quel est le noble sentiment qui n'ait t tourn en ridicule? Beaucoup de personnes ne considrent comme, fautes que les actions qui tendent directement produire le mal temporel des hommes; mais ce n'est pas d'aprs cette opinion frivole et imprvoyante que l'Eglise a tabli ses lois ; enseigne d'autres devoirs, et quand elle rgle ses prescriptions d'aprs toute sa doctrine, il faut d'abord avouer qu'elle est consquente si les prceptes ne paraissent pas raisonnables, il faut prouver que toute sa doctrine est fausse enfin il ne faut pas la juger avec un esprit qui n'est pas le sien et qu'elle rprouve. Tout le monde sait que l'Eglise ne fait pas consister l'accomplissement du prcepte dans l'assistance matrielle au sacrifice, mais dans la volont d'y assister; elle en dispense les malades et ceux qui sont retenus par une occupation ncessaire, et considre comme transgresseurs ceux qui y sont prsents de corps mais loigns de cur: tant il est vrai que mme dans les choses les plus ncessaires, c'est principalement le cur des fidles qu'elle veut. Cela pos, voyons quelles sont les dispositions que suppose certainement la transgression de ce prcepte. Dieu lui-mme a ordonn l'homme de sanctifier le jour du Seigneur. Certes aucun commandement de Dieu n'a besoin d'apologie; mais on ne peut s'empcher d'admirer la beaut et la convenance de celui-ci qui consacre spcialement un jour au devoir le plus noble, au premier des devoirs, qui rappelle l'homme son Crateur. Le pauvre laboureur courb vers la terre, accabl de fatigue et ne sachant si cette terre lui donnera sa subsistance, forc souvent de mesurer par son travail un temps qui lui manque le riche presque toujours dsireux de trouver un moyen de le passer sans s'en
elle
; ;
,
:

l'exclusion du royaume des cieux. Mais en spcifiant ces dispositions, l'Eglise a bien rarement numr les actes qui constituent des fautes graves. Elle sait et enseigne que Dieu seul voit jusqu' quel point le

nisi

(l)Suntautcm qusodam qu levissima piitarentur, in Scripturis demonslrarentur opinione graviora


c.

antem

(S. August., Enchirid. de fide, etc., levia, quse gravia peccala,

79).

Qu

sint

non huniano, sed

divino sunt pensanda judicio (lbid., c. 78). (2j Non afferamus stateras dolosas ubi appendamus quod volumus, et quomodo voluinus, pro arbilio nostrodicenles: Hoc grave, hoc lev est; sed aieramus divinam slateram de Scripturis sanctis tauquam de Ihesauris dominicis, ei in illa quod sit gravius appendamus, sed a domino appensa recognoscamus (S.Ah#s/., de Baplismo contra doiialistas, lib. II, 9).
'

DMONST. vang. XIV.

{Dix-neuf.)

587

DEMONSTRATION EVANGELIQUE. MANZONI.


L'intrt
,

583

apercevoir, entour de tout ce qui , selon le monde, porte le bonheur, et tonn chaque instant de se trouver malheureux; dgot des objets dont il attendait le contentement,
et cherchant d'autres objets dont il se dgotera aussi quand il en aura la jouissance; l'homme abattu par le malheur et l'homme l'homme plong enivr d'heureux succs
;

l'opinion , les prjugs , les vrits mmes , tout devient pour les hommes un sujet de haine; peine s'en trouve-t-il un qui dans son cur ne dteste et ne mprise des classes entires de ses frres ; peine peut-il arriver un malheur quelqu'un que ce ne soit un sujet de joie pour les autres , et souvent sans qu'il leur en

dans les plaisirs et l'homme absorb par l'tude des sciences le puissant, le simple particulier, tous enfin nous trouvons dans chaque objet un obstacle qui nous loigne de la Divinit, une force qui nous pousse vers les choses pour lesquelles nous ne sommes pas crs, qui nous fait oublier la noblesse de
;

notre origine et l'importance de notre fin. Ainsi la sagesse divine se manifeste dans ce prcepte qui nous enlve aux soins mortels pour nous ramener au culte et la contemplation des choses clestes, qui consacre tant de jours de l'homme ignorant l'cole de la philosophie la plus sublime, qui sanctifie le repos du corps et qui en fait une image de ce repos de bonheur ternel auquel nous aspirons et dont notre me sent qu'elle est capable; dans ce prcepte enfin qui nous runit dans un temple, o les communes prires, en nous rappelant nos communes misres et nos communs besoins, nous font comprendre que nous sommes frres. L'Eglise, conservatrice perptuelle de ce prcepte, prescrit ses enfants la manire de l'accomplir plus galement et plus conet parmi les moyens qu'elle choipouvait-elle oublier le rit le plus ncessaire, le plus essentiellement chrtien, le sacrifice de Jsus-Christ, ce sacrifice qui renferme toute la foi, toute la science, toutes les rgles, toutes les esprances ? Peut-il tre un juste qui vit del foi (Rom., 17 et alibi ) le chrtien qui, en un tel jour, 1 s'abstient d'assister un tel sacrifice? Peutil montrer d'une manire plus vidente combien il s'inquite peu du prcepte divin do

revienne aucune utilit mais par un sentiment encore plus bas que l'intrt, celui de la haine. J'avoue que je suis tonn de de voir les casuistes mis dans cette classe de corrupteurs d'une nation tandis que jusqu' ce jour je ne leur ai jamais entendu faire d'autre reproche , que do vouloir justifier presque chaque action et chaque personne, que d'enseigner ne pas dtester
, ,

stamment

sit,

la

sanctification ? N'a-t-il

pas videmment

dans son cur une aversion pour le christianisme n'a-t-il pas renonc ce que la foi
;

offre de plus grand, de plus sacr et de plus con-

solant, n'a-t-il pas renonc Jsus-Christ? Prtendre que l'Eglise ne dclare pas prvaricateur celui qui nourrit dans son cur de telles dispositions, ce serait vouloir lui faire oublier la fin pour laquelle elle a t institue , vouloir qu'elle nous laisst re-

tomber dans

l'air

empest du paganisme.

CHAPITRE VU.
Des haines
des
religieuses.

Les casuisles prsentrent Vexcration hommes un premier rang entre les plus coupables les hrtiques, schismatiques les blasphmateurs. Quelquefois ils russsirent allumer contre eux la haine la plus violente...
,
,

Page

414.

il y a peu de choses qui corrompent plus un peuple qre l'habitude de la haine aussi serait-il dsirer que ce sentiment ne ft pas continuellement foment par
;

Certainement

toutee quiinfluesurlesesprilsetsurlesmes.

le vice. Que ce soient les casuistes, ou qui l'on voudra, qui inspirent aux hommes de la haine contre leurs frres ou les rend coupables d'homicide [Uean, III. 15), on les met directement en opposition avec le second commandement, semblable au premier, qui n'en a aucun au-dessus de lui [Matth. XII 31); c'est aller directement contre l'enseignement de l'Eglise qui n'a jamais cess de prcher que le signe de vie est l'amour de ses frres (I Jean, III, 14). Qu'on me permette d'observer que parmi les causes qui peuvent avoir chang le caractre des Italiens celle-ci , si elle existe , ne peut avoir agi que d'une manire bien faible , car il n'y a peut-tre pas de nation chrtienne, chez laquelle les sentimens d'antipathie, sous prtexte de la religion, avaient eu moins d'occasion de se montrer et d'influer sur la conduite des hommes. Vraiment en considrant cette partie de l'histoire nous avons plutt gmir sur celte France et sur celte Allemagne qu'on nous oppose. Parmi les horribles causes qui ont jet la division, qui ont loign l'Italien de l'Italien celle-ci au moins ne se rencontre pas ; les passions qui nous ont rendus ennemis n'ont pu se cacher derrire le voile du sanctuaire. Nous ne voyons que trop chaque page de nos annales , les inimitis se transmettre d'une gnration l'autre pour de misrables intrts , et la vengeance prfre la propre sret nous y voyons chaque page deux parties d'une nation se disputer avec acharnement un pouvoir et des avantages qui, pour un grand exemple, ne sont rests ni l'une ni l'autre; nous y voyons la cruelle obstination de faire des esclaves dangereux de ceux-l mmes qui pouvaient tre des amis ardents et fidles nous y trouvons une suite effrayante de jours dplorables mais aucun au moins ne ressemble la journe deCappel, (31 octobre 1531), ou celles de Jarnac ( 16 mars 1569 ) et de Prague ( 8 novembre 1620). H n'est que trop vrai qu'au dernier jour beaucoup de sang s'lvera de cette terre malheureuse, mais il y en aura bien peu qui aura t vers sous le prtexte de la religion. Je dis peu eh comparaison de celui qui inonda les autres parties de l'Europe ; les fureurs et les malheurs des autres nations
, , , , , , , , ; ; ,

mme

589

EXCELLENCE DE LA MORALE CATHOLIQUE.


tements
(Act., VII,

590

nous donnent ce triste avantage de qualimais le fier de peu ce qui en a t vers sang d'un seul homme vers par la main de son frre n'est dj que trop pour tous les sicles et pour toute la terre A cette occasion on ne peut s'empcher
;
,
1

un chrtien avait alors laiss natre dans son cur un sentiment de haine contre ce jeune homme , dont la perversit prcoce pouvait paratre
57,
59). Si

une preuve manifeste de rprobation

s'il

de rflchir l'injustice de tant d'crivains qui ont attribu aux catholiques seuls les horribles sentiments de haine religieuse , et leurs effets; injustice qu'il est facile de voir si Ton parcourt seulement l'histoire de ces dissensions. Mais cette partialit peut tre utile l'Eglise; le cri d'horreur que tous les sicles lvent contre ces dissensions attaquant principalement les catholiques , ils ne doivent pas l'oublier, et alors ce sera nonseulement la voix de l'Eglise, mais encore celle du monde qui les rappellera la douceur et la justice. Je sais qu'on a dit souvent que ces haines et ces massacres pouvaient tre imputs l'Eglise, bien qu'elle les abhorre, parce que, en enseignant dtester l'erreur, elle dispose l'me des catholiques tendre ce sentiment sur les hommes qui la professent. On pourrait rpondre cela que non-seu-

avait prononc cette maldiction qui semblait si juste dans la bouche des oppresss, ah ce chrtien aurait maudit le vase d'lection ( Ibid., IX , 15). D'o vient donc la difGcult de concilier ces prceptes , si ce n'est de notre corruption, cause de tous les combats que se livrent nos devoirs? C'est prcisment cette difficult qui fait le triomphe de la morale catholique,parce qu'elle seule peut la vaincre ; elle seule en , prescrivant de sa pleine autorit toutes les choses justes , ne
!

doute sur aucun devoir et pour couper court toutes les inductions qui (missent par faire sacrifier un principe un aulaisse de
;

tre principe, elle les consacre tous et les

met

hors de

lement toute religion, mais toute philosophie enseigne dtester les erreurs qui ont rapport aux principaux devoirs de l'homme, qu'il n' y a pas de secte chrtienne qui ne considre comme dtestable , toute erreur qui attaque les bases du christianisme. Mais pour justifier l'Eglise il n'est pas ncessaire de recourir des exemples , il suft d'examiner ses maximes. La doctrine perptuelle de l'Eglise est qu'on doit dtester les erreurs, mais aimer ceux qui sont gars. Y a-t-il contradiction entre ces deux prceptes ? Personne n'osera le dire. Mais il est difficile de faire la distinction entre l'erreur et la personne gare , il est difficile de dtester l'une et de nourrir pour l'autre les sentiments d'un amour non-seulement apparent, mais vrai et agissant (I Jean, III, Mais quel est l'acte de 18). C'est difficile justice facile l'homme corrompu ? D'o vient cette difficult de concilier deux prceptes s'ils sont justes tous les deux ? Esl-il juste de dtester l'erreur? Oui certainement, et l'on n'a pas besoin de le prouver. Est-il juste d'aimer ceux qui sont gars ? oui certainement, et par les mmes raisons pour lesquelles il est juste d'aimer tous les hommes ; parce que Dieu, auquel nous devons Dieu, tout , duquel nous attendons tout vers lequel nous devons tout diriger , les a aims jusqu' donner pour eux son Fils unique (I Jean, III 16 ) parce qu'il est affreux de ne pas aimer ceux que Dieu prdestins sa gloire et ce serait une tmrit coupable et insense d'affirmer d'un seul homme vivant, qu'il n'est pas prdestin et de l'exclure de l'esprance dans les trsors de la misricorde divine. Ceux qui allaient lancer les premires pierres Etienne dposrent leurs vtements aux pieds d'un jeune homme il ne se retira pas saisi d'horreur mais, consentant la "mort de ce juste, il resta pour garder les v1 , , , ; ; ; ;

discussion. Aucun catholique de bonne foi ne peut se croire autoris par de bonnes raisons, har son frre; le Lgislateur divin, qu'il se fait gloire de suivre savait certainement qu'il y aurait des hommes injustes et provocateurs, ennemis de la foi, et pourtant il a dit ce sujet, sans y ajouter autre chose Tu aimeras ton prochain comme toi-mme. Un des plus grands caractres de la morale catholique, un des plus grands avantages de son autorit , c'est de prvenir par un prcepte ou par une dclaration tous les sophismes des passions. Ainsi lorsqu'on discutait pour savoir si des hommes d'une
la
, :

autre couleur que les Europens devaient tre considrs comme des hommes, l'Eglise en versant sur leurs fronts l'eau rgnratrice avait impos silence, autant qu'il tait en son pouvoir, ces discussions honteuses; elle les dclarait frres de Jsus-Christ et appels avoir leur part de son royaume. La morale catholique fait plus elle loigne les causes qui rendent difficile l'accomplissement de ces deux devoirs la haine de
,
:

l'erreur

et

l'amour pour

les

hommes

en

proscrivant l'orgueil, l'attachement aux choses de la terre et tout ce qui entrane au manque de charit. Elle nous donne les moyens de remplir fidlement ces deux devoirs ; et ces moyens sont toutes les choses qui portent l'esprit connatre la justice, et le cur l'aimer la mditation sur les devoirs la prire , les sacrements, la dfiance de nousmmes la confiance en Dieu. L'homme qui sait profiter des leons qu'il reoit cette cole lve sa bienveillance jusqu' une sphre o n'arrivent, ni contrastes, ni int: , ,

rts, ni objections, et cette perfection,

mme

ds ce monde, reoit sa rcompense. A toutes les victoires morales succde un calme consolateur et aimer en Dieu ceux que l'on dlesterait selon le monde porte dans l'me, ne pour aimer, un sentiment d'une douceur
;

inexprimable. un crivain distingu 11 y eut cependant qui prtendit que concilier la haine de l'erreur et l'amour des hommes gars n'tait pas une chose difficile mais impossible. La
,

distinction entre la tolrance civile et la lol-

$91

DMONSTRATION VANGLIQUE. MANZONI.


est

592

tance thologique

purile

et

vaine.
et

Ces

deux tolrances sont insparables

Von ne

pendant ces

peut admettre l'une sans Vautre. Des anges mmes ne vivraient pas en paix avec des hommes qu'ils regarderaient comme les ennemis de Dieu. (Emile, liv. IV, not. 40.) Quelles consquences de ce principe Les premiers chrtiens ne devaient donc pas croire que l'homme devenait l'ennemi de Dieu en le mconnaissant pour adorer les idoles. Us ont donc eu tort de combattre le paganisme, parce qu'il est au moins imprudent et insens de vouloir prcher contre une religion qui ne rend pas ennemis de Dieu ceux qui la professent! Et lorsque saint Paul, pour augmenter leur reconnaissance et leur confiance rappelait aux fidles les misricordes de Dieu envers eux, lors mme qu'ils taient ses ennemis (1), il leur proposait une
!

Telle fui toujours la conduite des chrtiens s^lp d'erreur o les hommes persistrent, dans leur incomprhensible mchancet, vnrer les idoles faites de leurs

mains et immoler les justes l'horrible paix du paganisme ne fut jamais trouble pas
;

mme

ide fausse et antisociale. Ne pourront-ils vivre en paix avec ceux qui sont considrs comme ennemis de Dieu, les hommes qui croient que Dieu lui-mme leur fait une obligation d'aimer tous les hom-

qui ignorent si eux-mmes ils sont di; gnes d'amour ou de haine (2) et qui savent que certainement ils deviendraient les ennemis de Dieu en troublant la paix ? Ne pourceux qui croient ront-ils vivre en paix qu'un jour il leur sera demand si la foi leur a t donne pour les dispenser de la charit, et de quel droit ils attendent la misricorde si, autant qu'il tait en leur pouvoir, ils l'ont refuse aux autres ceux qui doivent reconet trembler dans natre un don dans la foi

mes

par leurs gmissements. Que peut-on faire de plus pour conserver la paix avec les hommes que de les aimer et de mourir? Il faut avouer que celte doctrine est bien en harmonie avec elle-mme et bien claire pour les esprits des chrtiens, puisque les enfants mmes la trouvaient intelligible fidles aux enseignements de leurs mres, les enfants souriaient aux bourreaux^ les derniers venus imitaient ceux qui venaient d'tre frapfleurs naissantes ps prmices des saints sous la faux du moissonneur. Mais l'histoire du christianisme n'offre-telle pas des exemples de haine et de guerre? Il n'est que trop vrai , mais on ne peut demander compte une doctrine que des consquences lgitimes qu'on en doit tirer et non pas de celles que les passions peuvent en dduire. Ce principe, vrai en tout temps, on peut de nos jours le rpter avec une plus grande confiance d'tre cout parce qu'un grand nombre de ceux qui le contestaient la religion, ont t obligs d'y recourir pour
; : ,
,

la crainte d'en faire

un mauvais usage?

Voil les raisons qu'on aurait pu opposer ceux qui auraient fait cette objection quand le christianisme tait encore naissant; mais au temps de Rousseau il est inconcevable qu'on puisse faire cette objection, puisqu'elle attaque la possibilit d'un fait dont l'histoire du christianisme est un tmoignage long et non interrompu. 6 Celui qui le premier en donna l'exemple tait certainement au-dessus des anges mais il tait homme aussi; mais, dans les desseins de sa misricorde, il voulut que sa conduite ft un modle que chacun de ses disciples pt imiter le Rdempteur prie en mourant pour ceux qui lui oient la vie. La mme gnration durait encore lorsqu'Etienne entra le premier dans la carrire de sang que l'homme-Dieu avait ou verte. Etienne qui, avec une sagesse divine, cherche clairer et ses juges et le peuple qui voudrait les rappeler un repentir salutaire, Etienne renvers et sur le point d'accomplir sur la terre l'acte sanglant de son tmoignage, aprs avoir recommand son me Dieu, ne se souvient de ses bourreaux que pour dire Seigneur, ne leur imputez pas ce pch. Et aprs ces paroles il s'endormit dans le Seigneur (3).
,
: , :

d'autres doctrines. La mmorable poque historique dont nous parlons se distingue par la dcouverte, la propagation et la rcapitulation de quelques principes politiques et par les moyens qu'on a pris pour les mettre excution. De grands maux ont suivi ladcouverte de ces principes ceux qui les attaquent disent que ces maux sont la consquence de ces principes et qu'il faut les abandonner; ceux qui les dfendent leur rpondent qu'il est absurde et injuste de proscrire les vrits, parce que les hommes ont pu en abuser , qu'en cessant de les faire connatre et de les tablir, on ne dlivrera pas pour cela le monde des passions qu'en laissant les hommes dans l'erreur, on laisse subsister une cause bien plus certaine et plus directe de malheur et d'injustice; qu'enfin les ides fausses ne rendent les hommes ni meilleurs ni plus humains. La Saint-Barthlemi n'a pas fait proscrire le catholicisme (Consid., sur la rvolut. franc, par madame de Stal, 1. 111, p. 382) a dit ce propos un gnie qu'on a vant et certes aucune consquence n'aurait pu tre plus folle et plus injuste. Le souvenir de cette affreuse nuit devrait servir l'esprit des facc faire proscrire l'ambition tions, l'abus du pouvoir l'insubordination aux lois, celte politique horrible et insense qui fait violer chaque instant la justice , pour obtenir quelque avantagent qui ensei;

cuim, cnm inimici essemus, reconciliati sniius Deo per mortem Filii ejus mollo magis reconciliati , suivi erimus in vita ipsius (Rom., V. 10.). (2) Nescit homo, utrum.amore, an odio dignus sit {Eccl.AZ, 1). (5) Domine, ne statuas lis hoc peccalum. Et cum
(1) Si
:

gne que tout est permis pour tout sauver lorsque ces violations accumules ont fait natre un danger grave et imminent. Le souvenir de cette nuit affreuse doit aussi servir faire proscrire les embches et les trahisons , les provocations et les haines, l'a vi,

hoc dixisset, obdormivit


VIII, 59).

in

Domino {Ad.

Apott.

595
dite de la

EXCELLENCE DE LA MORALE CATHOLIQUE.


puissance qui porle tout entre-

594

que

le

vritable

amour de
vanit.

la religion

fait

prendre, tout oser, et cet amour dsordonn de la vie qui fait transgresser toutes les lois pour la conserver : car telles furent les vritables causcsdes massacres qui ont rendu cette nuit jamais infme. Qu'on nous permette de rpter ce que nous avons dj pos en principe qu'on ne doit demander compte une doctrine que des consquences lgitimes qu'on en tire et non de celles que les passions en peuvent dduire; et en appliquant cette vrit la religion, nous verrons que sur ce point aussi elle est au-dessus de toutes les thories humaines par les caractres qui la distinguent et qu'on ne pourrait trouver ailleurs. La religion exclut toute consquence dangereuse et l'exclut avec cette mme autorit qui donne un caractre sacr tous ses principes ; seule elle peut agir ainsi lorsque de raisonnement en raisonnement on arrive une injustice, il est certain qu'on a mal raisonn, et alors l'homme qui agit avec sincrit trouve dans la religion l'avis qu'il s'est cart du bon chemin, parce que, o apparat le mal, l se trouvent une dfense et une menace. Il n'est donc pas raisonnable de rejeter la faute sur les vrits rvles si les hommes se sont dtests, s'ils ont combattu les uns contre les autres; mais au contraire on doit dire Malheureusement les hommes sont si ports se har et se nuire que mme ils ont tir un prtexte de haine des vrits d'une religion qui leur ordonne de s'aimer , sans admettre aucune exception. Qu'auraient-ils donc fait s'ils avaient tir leursprtexlesde principes ou d'intrts auxquels ce commandement n'aurait pas t li, de choses o tout aurait t sacrifi aux passions? Et que n'ont-ils pas fait? La religion catholique n'a jamais agi et ne pouvait agir comme cause directe et natu relie de discordes ; mais tout sert d'armes un furieux. Ces discordes n'ont jamais clat parmi des hommes d'abord unis et humains, mais toujours dans des temps de frocit et de brutalit, lorsque toutes les passions hostiles taient allumes ;etjecrois que, sans craindre d'tre dmenti par l'histoire, on peut ajouter: dans des temps qui se sont distingus par une grande indiffrence pour les choses les plus essentielles de la religion (1), et par une ardeur singulire pour tout ce
:

considrer

comme

Chaque fois que dans l'histoire on trouve un exemple de l'influence bnigne de la religion on ne peut s'empcher de reconnatre une cause qui produit son effet. Un de ces c'est une exemples est la trve de Dieu
,

voix d'union et de piti qui s'lve, au milieu des cris de provocation et de vengeance; c'est la voix de l'Kvangile, et c'est par la bouche des vques et des prtres qu'elle se fait entendre. Mais pour expliquer les vexations commises sous le prtexte de la religion, de il faut supposer un tat d'ignorance ou mauvaise foi, une irritation des esprits, des motifs d'aversion dj existants des 6ns caches et un degr de passion qui altre l'intelligence au point de la faire consentir ce qui est dfendu par la loi mme qu'elle se propose pour rgle. Saint Ambroise met en pices et vend les vases sacrs pour racheter les esclaves Illyriens, qui pour la plupart taient ariens. Saint Martin de Tours se rend Trves auprs de l'empereur pour intercder en faveur des priscillianistes, et pourtant
;

il

considre comme excomunis Idace et les autres vques qui l'avaient pouss svir contre eux Saint Augustin supplie le proconsul d'Afrique en faveur des donatistes, et chacun sait que de peines ils donnrent l'Eglise; nous vousprions, dit-il, pour qu'ils ne soient point condamns mort ; nous prions Dieu qu'ils se repentent (1). Voil comment ont agi les vrais catholiques, et l'histoire ecclsiastique offre un grand nombre de ces
;

(1)

Toul

le

monde

morency

fut bless

sait que le conntable de Montmortellement Saint-Denis en

combattant parmi

les catholiques. Voici comment Davila raconte sa mort i II mourut "esprit tran quille et avec la plus grande fermet; un religieux s'lanl approch du lit sur lequel il tait tendu, pour l'encourager, il se tourna vers lui et d'un air serein le pria de ne pas venir le tourmenter ; il sci rail honteux, ajouta t-il, d'avoir su vivre quatreans et de ne pas savoir mourir un quart* vingts d'heure. > (Hist. des guerres civiles de France, 1. IV.)
:

exemples. Parmi les nombreux exemples de ce genre qu'elle a donns dans les temps modernes, il est bon d'en rappeler un, et parce qu'il est peut-tre le plus brillant, et parce que pendant un demi -sicle on a cherch non-seulement en ravir la gloire l'Eglise, mais encore la changer en ignominie; je veux parler de la conduite du clerg catholique en Amrique. La rage qu'excite toute rsistance, l'avarice devenue exigeante en proportion de ce que se promettait une imagination exalte , la crainte qui nat mme dans les esprits les plus dtermins et les rend cruels, quand ils ne sont pas soutenus par la pense d'un devoir et quand les offenses sont nombreuses, en un mot toutes les passions de la conqute avaient tout fait dnatur les mes des Espagnols, et les Amricains n'eurent d'autres avocats que les eclsiasliques, qui nefirentvaloiren faveurdesopprims que des arguments tirs de l'Evangile et de l'Eglise. Je crois qu'il est utile de rapporter ici le passage connu de Robertson, passage trs important et cause de l'impartialit certaine de l'historien, et par le soin et la multitude des recherches qui le conduisirent l'opinion qu'il manifeste. C'est avec une plus
(\) Non libi vile sit, nequecontemplibile, rabiliter dileciissime, quod vos rogamus ne
fili

Quel jugement porter sur un catholique qui, se conen lui-mme, ne sait, la (in d'une longuecarrire, que se complaire en elle, ne pense pas implorer la misricorde de Dieu, et repousse le ministre institu pour la rpandre!
fiant

hono-

ocridantur, pro quibus Dominuin rogamus ut corriganiur (Augusl. Donato procom. Afr Epist., tome H, p. 270,
.

dil. Maur.).

595

DEMONSTRATION EVANGELIQUE. MANZONI.

596

grande injustice encore que plusieurs crivains ont dit que l'esprit d'intolrance de la religion romaine avait t la cause de la destruction des Amricains ;et ils ont accus les prtres Espagnols d'avoir excit leurs compatriotes frapper sans piti ers peuples innocents, parce qu'ils taient idoltres et ennemis de Dieu. Mais les premiers missionnaires qui allrent en Amrique quoique simples et ignorants, taient des hommes pieux. Ils prirent ds le commencement la dfense des indignes et repoussrent les calomnies des vainqueurs , qui, en les reprsentant comme incapables de se civiliser et de comprendre les doctrines de la religion, soutenaient qu'ils formaient une espce diffrente el imparfaite marque par la nature du sceau de la servitude. Ce que j'ai dit du zle constant que mirent les missionnaires Espagnols protger le faible troupeau qui tait confi leurs soins , les reprsente sous un point de vue qui relve leurs fonctions. Ministres de paix, ils cherchaient arracher la verge des mains des oppresseurs. Les Amricains durent tous les rglements qui adoucirent la rigueur de leur malheureux sort la puissante mdiation de ces prtres bien,

faisants. Dans les tablissements Espagnols les prtres sculiers, ainsi que les prtres rguliers,

Telle est cette religion o les hommes faibles, quand ils sont pieux, rsistent la force pour secourir leurs frres; o les hommes ignorants connaissent et dvoilent les sophismes que les passions opposent la justice! Dans une expdition o l'on ne parlait que de conqutes etd'or, eux, ils ne parlaient que de piti et de devoirs; ils citaient les vainqueurs au tribunal de Dieu; ils disaient'que l'oppression tait impie et irrligieuse. Le monde, avec toutes ses passions, avait envoy aux Indiens des ennemis que ces peuples malheureux n'avaient pas offenss la religion leur envoyait (les amis qu'ils n'avaient jamais connus. Ces gnreux amis furent un objet de haine et de perscution; ils furent quelquefois contraints se cacher, mais au moins ils adoucirent le sort des vaincus mais, par les dangers auxquels ils s'exposrent, par leur admirable constance, ils prparrent la religion ce consolant tmoignage, qu'elle n'a jamais servi de prtexte aux cruauts qui furent commises malgr ses protestations. Ah ces conqurants cruels et avares auraient voulu passer pour zls et dvous, mais les ministres de la religion ne leur ont pas permis de se cacher
; ; !

sont considrs par

les

Indiens comme

leurs protecteurs naturels; c'est

eux

qu'ils

recourent pour repousser les exactions et les violences auxquelles ils sont trop souvent exposs (1).

(l)Un seul ecclsiastique dshonora son ministre en excitant ses concitoyens verser le sang, ce lut Valverde. En examinant sa conduite, d'aprs ce qu'en ilil Robertsn, il est clair mon avis que c'tait tout autre motif que le fanatisme religieux, qui le portait agir ainsi Pizarre avait form le perfide dessein de s'emparer de l'inca Alaliualpa pour se rendre matre absolu (lu Prou el se gorger d'or. Sous prtexte d'amiti, l'inca attir une entrevue, consentit entendre une allocution de Valverde dans laquelle ce dernier n'exposa les mystres de la pure et sainte religion du Christ que pour en tirer l'absurde consquence que l'inca devait se soumettre au roi deCaslille comme son souverain lgitime. La rponse et l'altitude d'Atahualpa servirent de prtexte Valverde pour animer les Espagnols contre les Pruviens. Pizarre (c'est < Robertsn qui parle), Pizarre, qui pendant celte lon gue confrence avait eu beaucoup de peine reie< nir les soldats impatients de s'emparer des riches < dpouilles qu'ils voyaient, alors de si prs, donna le signal de J'attaque. > Pizarre lui-mme, qui tait venu dans ce but fil prisonnier l'inca qui fut condamn mort par suite du procs le plus atroce el le plus insens; et Valverde commit encore le crime d'autoriser la sentence en apposant sa signature. Or il est facile de voir que tout prtexte lail bon pour des hommes dcids commettre une action injuste, pour des hommes forts svissant contre des hommes riches et faillies; que Valverde fut l'horrible instrument d$ l'injustice , mais qu'il n'en fut pas le moteur que sa conduite dvoile plutt une basse connivence l'ambition el l'avarice de Pizarre que le fanatisme religieux? Ce ne fut qu'en travestissant tout fait l'histoire que Marinontel, dans les Incas, a pu attribuer au lanalisiiie la plus grande partie des cruauts dont les Espagnols se rendirent coupables. Il reprsente Pizarre comme n'ayant aucunement l'intention d'opprimer et de tromper Alaliualpa, il dissimule les
.

cruauts de ce dernier, et bas, on ne sait sur quelle autorit, nie qu'il ail donn l'ordre de tuer lluascar, son comptiteur et son frre; il invente ensuite d'autres atrocits dont il charge le caractre de Valverde qui n'tait dj que trop coupable, et force de le rendre odieux, il le rend invraisemblable en lui donnant des vices qui ne peuvent s'allier. Ainsi ceux qui ne trouvent pas que l'histoire prouve suffisamment certaines maximes gnrales, font des romans o ils vont chercher les preuves qu'ils n'avaient pu trouver dans la vrit. Le bon sens seul fait voir qu'il n'est pas dans la nature de l'homme, quel que soit son fanatisme, de concevoir une haine violente contre ceux qui ne professent pas le christianisme, parce qu'ils ne le connaissent pas. En effet si la disposition des ecsi la religion clsiastiques espagnols avail t lelle leur avait inspir des sentiments de celle espce, pourquoi tous les autres ont-ils parl et agi d'une manire tout fait oppose? El si la conduite de Valverde tait conforme aux ides de religion de ses concitoyens, pourquoi (comme l'assure Kobertson) a-t-elle t censure par tous les historiens? 11 est juste d'observer que l'ouvrage de Marmontel, de quelque manire qu'il soit trait sous le rapport historique, inspire de l'horreur pour la violence et pour le sang; cette impression ne doit jamais tre af,

faiblie,

de quelque manire qu'elle soit produite. La conduite de Mai niontel ayant toujours t conforme ses sentiments, celle impression d'li"rreur qu'il inspire pour le sang acquiert une nouvelle force. Mais il est galement' juste de donner aux maux politiques el moraux de la socit leurs vritables causes, quand il lui en a t assign d'arbitraires el d'empcher autant qu'on le peut, l'im pression la plus fausse et la plus funeste, celle qui ferait supposer que la religion est en opposition avec l'humanit. Au reste, la religion outrage par Valverde a t venge non-seulement par presque tous les ecclsiastiques des diverses expditions, mais encore par ces milliers de missionnaires qui, en portant la toi aux sauvages et aux infidles de toule espce, y allrent, comme des agneaux parmi les loups. L'histoire merVeilleuse de ces entreprises de charit est trop vasie el trop varie pour lro traite dans une note, il suffit

de l'avoir indique.

597

EXCELLENCE DE LA MORALE CATHOLIQUE.


d'autres innocents, qui pse sur cet
et doit fltrir sa

598

sous ce masque ; ils les ont forcs dduire leurs sophismes de tout autre principe que de celui de la religion ; ils les ont forcs recourir aux raisons de convenance, d'utilit politique, d'impossibilit de s'en tenir exactement la loi divine; ils les ont forcs parler des grands maux qui auraient afflig le monde si tous les hommes avaient t justes dire qu'il tait ncessaire de les opprimer cruellement, parce que, sans cela, il aurait t imposssible de les opprimer. C'est une calomnie dmentie par la doctrine de l'Eglise, que de reprsenter l'intolrance tyrannique comme une consquence de l'esprit du christianisme il y a une singulire injustice la reprsenter comme un
; ;

empereur mmoire? Pourquoi le pro-

vice particulier aux chrtiens. Etaient-ce les vrits chrtiennes qui rendaient intolrants les empereurs paens? Sont-ce les vrits chrtiennes qui ont fait natre celle cruaut sans remords qui a vers le sang de tant de

pas d'innocents, mais d'hommes qui ont port la vertu au plus haut degr de perfection, cette cruaut qui a excil la colre du monde contre ceux dont le monde n'tait pas digne (Hbr., XI) ?
millions, je

ne

dirai

Vers

le

commencement du deuxime
fut conduit

sicle,

un

vieillard

Antioche, devant

l'empereur. Celui-ci , aprs lui avoir fait quelques interrogations , lui demanda s'il dclarer qu'il portait Jsuspersistait Christ dans son cur; sur la rponse affirmative du vieillard , l'empereur ordonna qu'il ft charg de chanes et conduit Rome pour y tre donn vivant aux bles froces. Le vieillard fut donc charg de fers, et, aprs un long voyage, il arriva Rome; il fut aussitt conduit l'amphithtre o les btes le dchirrent pour le divertissement du peuple romain (Tillemont, saint Ignace). vque Ce vieillard tait saint Ignace d'Anlioche. Disciple des aptres, sa vie avait l digne d'une telle cole. Le courage qu'il montra lorsqu'on lui lut la sentence ne l'abandonna pas un instant pendant ce long et pnible voyage; ce fut un courage toujours tranquille et comme un de ces derniers sentiments que font nalre la dlibration la plus ferme et la plus rflchie, qui prvoit et pse d'avance tous les obstacles qui pourraient se prsenter. Le rugissement des btes froces le fit tressaillir de joie; la mort du supplice, cette mort sans combat et sans incertitude, qui inspire de la terreur mme aux mes les mieux prpares, n'avai pour lui rien d'inattendu tant l'Esprit-Saint avait donn de force son cur, tant tait grand l'amour qui l'embrasait! L'empereur tait Trajan. Ah quand on peut reprocher un chrtien d'avoir, par un zle injuste et erron, attent la vie de son prochain, quelque irrprochable qu'et t d'ailleurs sa conduite, chacune de ses vertus on opposera toujours ce sang injustement vers une vie entire de mrites ne suffit pas pour couvrir un acte de violence. Et pourquoi, dans le jugement porte sur Trajan , ne si favorable qu'on compte-t-on pas le sang d'Ignace et de tant
, ,
I :

poser comme un modle? pourquoi prodiguer son rgne les mmes louanges que lui donnait Tacite lorsqu'il disait qu'alors il tait permis de penser ce que l'on voulait et de dire ce que l'on pensait (1)? parce que ordinairement nous formons noire opinion d'aprs celle des autres, et que les paens, qui avaient de la vertu do Trajan une si haute ide, ne croyaient pas qu'un prince, en versant le sang chrtien, ft injuste et cruel. C'est la religion qui nous a rendus difficiles accorder le titre ' humain et de juste ; c'est elle qui nous a rvl que la douleur d'une me immortelle a quelque chose d'ineffable; c'est elle qui nous a enseign regarder et respecter en chaque homme les vues de Dieu et le prix de la rdemption. Si, en parlant des hommes qui furent condamns aux flammes sous prtexte de religion quelqu'un, pour attnuer l'atrocit de ces jugements, allguait que les juges taient des fanatiques, le monde rpondrait qu'on ne doit pas l'tre ; si quelqu'un disait qu'ils se trompaient, le monde ajouterait qu'on ne doit pas se tromper quand on prtend disposer de la vie d'un homme; si quelqu'un enfin les excusait en disant qu'ils croyaient rendre hommage la religion, le monde rpondrait que cette opinion est un blasphme. Qui a donc enseign au monde qu'on ne peut honorer Dieu que par la misricorde et l'amour, qu'en donnant sa vie pour les autres, et non en les immolant; que Dieu ne daigne recevoir d'autres hommages que ceux qui lui sont offerts volontairement par l'homme? Pour expliquer les perscutions contre les chrtiens, il est parfois ncessaire de supposer que les gentils ignoraient le respect que l'on doit la vie de l'homme, et que c'est un nouveau mystre qui nous a t rvl par l'Evangile. Pendant ces perscutions, on voit des atrocits incroyables commises sans une forte, impulsion on voit des princes sans fanatisme seconder les transports du peuple pour les supplices, non par politique, non par cruaut ni parrage, maisjediraispresque par
, ;

indiffrence, parcequelamortcruelle que l'on faisait souffrir des milliers d'hommes n'tait pas sans doute leurs yeux un objet qui mritt d'tre srieusement examin ; c'est tre bien indulgent que de supposer cette ignorance ceux qui, pour une fte, ne craignaient pas de faire gorger des milliers d'esclaves.

La lettre fameuse que Pline adressa Trajan et la rponse de ce dernier prouvent jusqu' l'vidence cet esprit du paganisme. Pline, envoy comme prteur en Bilhynie, consulte l'empereur sur ce qu'il doit faire par rapport aux chrtiens, expose sa conduite antcdente, parle d'un libelle anonyme qui lui en a fait dcouvrir plusieurs, et demande des instructions. L'empereur approuve la conduite de Pline, dfend qu'on
(t)

Rnro teniporum

felicilale,

ubi senlire
I )

qu

velis

et quu; sentias dicere licet (Ilist., lib.

99

DEMONSTRATION EVANGEL1QUE. MANZON1.


les

S 00

recherche

chrtiens, qu'on les punisse

On ne
dirai

lorsqu'ils sont dnoncs, et qu'on

pardonne

une ide importante, je ne pas de morale, mais d'aucune espce


voit pas

ceux qui renieront leur foi et qui par le fait se montreront adorateurs des dieux. En-

se mler ces craintes et ces esprances.

Et

le

sang humain,

et les

angoisses d'une

ordonne que pour aucun crime on ne tienne compte des accusations anonymes, parce que, dit-il, c'est une chose du plus mauvais exemple et indigne de notre sicle(l).
fin
il

mort

violente, et les gmissements d'une famille laquelle on arrache un de ses membres pour le conduire au supplice, tout est

Mais, en fait de barbarie, pouvait-il y avoir quelque chose qui ft indigne d'un sicle o les lois n'ont pas dtermin la ncessit que l'accusateur se ft connatre; o un prince ordonne la punition, non d'une action, mais d'un sentiment, et en dfend toute recherche; o, en autorisant un magistrat user de la force publique contre des hommes, il commence par dclarer qu'on ne peut en cette matire prendre une disposition certaine et gnrale (2); o un magistrat clbre par sa science et la douceur de son caractre demande, pour rgler sa conduite, si c'est le nom seul de chrtien qu'il faut punir, bien qu'il soit exempt de toute faute, ou si ce sont les crimes que porte avec lui ce nom ; s'il faut faire des distinctions d'ge, ou traiter de la mme manire les enfants, quelque jeunes qu'ils soient, et les adultes? Pouvaitil y avoir quelque chose d'indigne d'un sicle o cet homme dit qu'il a fait conduire au supplice ceux qui persistaient confesser le christianisme, ne doutant pas, ajoute-t-il, que, quelle que ft la chose qu'ils professaient, on devait de toute faon punir leur inflexibilit et leur obstination? d'un sicle o, aprs avoir dcouvert par ses recherches que les chrtiens se runissaient, non pour mditer des crimes, mais pour s'animer la pratique de toutes les vertus, ce magistrat ne montre pas le plus lger regret pour ces obstins qu'il a fait mourir, et met la torture deux femmes pour pousser plus loin ses dcouvertes? Il voit avec peine le grand nombre des chrtiens puis il se console dans l'esprance qu'on pourra arrter le mal il
, ;

mis en balance, on ne sait avec quoi. Certes on ne pourra pas dire que c'est la fidlit une ancienne loi de l'empire qui a t le motif de ces supplices, puisque les perscutions ont commenc ou cess selon le caractre et les caprices des empereurs, des prfets et des proconsuls puisque celte loi est si obscure que Pline ne savait comment l'appliquer et puis les lois ne sont-elles pas faites pour les hommes? Les empereurs romains qui ont pu abolir ou violer les lois les plus suivies et les plus fondamentales et celles qu'ils avaient eux-mmes tablies pourquoi seulement devant celles-ci s'arrtaient- ils pleins de respect et de crainte? Enfin que
; : ,

pouvait-il y avoir qui ft indigne d'un sicle

o
tes

c'tait

le spectacle

m
tel

le peuple que d'un vieillard dvor par les bfroces d'un sicle o un prince renompour sa douceur donnait au peuple un
;

un passe-temps pour

passe-temps?
II

n'est que trop vrai que les sicles chrtiens offrent des exemples de cruauts com-

mises sous le prtexte de la religion; mais on peut toujours affirmer que ceux qui les ont commises furent infidles la loi qu'ils
professaient, et

que

cette loi les

condamne.

reprend courage en voyant recommencer les sacrifices et augmenter le nombre de ceux qui
achtent
les

chairs sacrifies

aux

idoles (3).

(1) Actum quem debuisli, mi secunde, in excutiendis causis eorum qui christiani ad te delali fuerant, secnius es.... Co-aquircndi non sunt, si deferunlur et arguanlur, puniemli sunt; ita tameu , ut qui nega-

idque re ipsa manifestum quamvis suspectus in prterituin fuerit, veniain ex pniientiaimpcirel. Sine auclore vero propositi libelli nulle. criniine locuni liabere debenl; nain et pessimi exemple, ner imsiri sa>culi est (Trajanus Plinio, in Plin.,
verit se christianum esse,

foceril, id psi sitpplicando diis nostris,

Epist.
(2)

XGVIH). Ncque enim

in

universum aliquid quod certam

formant habeat consiitui potesl (/6irf.) (5) Nec mediocriier b.Tsitavi, situe aliquod discrimen aelatum , an quamlibet leneri nihil a robustioribus diffrant... nomen ipsum, si llagiliis careat, aut flagilia cohrenlia noniini punianlur. Persvrantes ductjussi nequeenim dubitabain , qualecinnque essel quod falerenlur, pertinaciam certe et inllexibilem se saAdfirniabant obstinationemdebere puniri. cramento non in scelus aliquod obstingere sed ne lurla ne latrocinia, ne adulteria coinmitierent, ne fidem fallerent, ne depositum appellati abnegarent.
:

perscutions du paganisme on ne peut pas dire que les perscuteurs aient t inconsquents ou infidles leur religion , car elle n'avait rien fait pour les loigner de la violence. Peut-tre pensera-t-on, que par celte discussion nous nous sommes loigns, de notre sujet cependant elle ne sera pas inutile si elle peut donner l'occasion d'observer que plusieurs crivains ont eu deux poids et deux mesures dans les jugements qu'ils ont ports sur les chrtieu? el sur les payens; si elle peut servir loigner de plus en plus de la morale catholique 1 horrible accusation d'avoir fait rpandre le sang, accusation qu'on a si souvent porte contre elle ; enfin cette discussion ne sera pas inutile si elle sert rappeler que la violence employe pour dfendre celte religion de paix et de misricorde est tout fait contraire son esprit, ainsi qu'il a t profess dans tous les sicles par les vrais adorateurs de Celui qui avec tant d'autorit rprimanda ses disciples parce qu'ils appelaient le feu du ciel sur les villes qui ne voulaient pas recevoir leur salut (Luc, IX, 52-55); de Celui qui ordonna aux aptres de secouer la pousles
; ,

Dans

Quo niagis necessariumeredidi, ex duabus ancillis, quae ministra: dicebaniur, quid esset veri et per torinenla qurerere. Visa est enim mibi resdigna consultatione, maxime propter pericliiamium numerum. Certe salis constat propter jam desnlaia lempla cpisse celebrari , et sacra solemnia di iniermissa repeti; passimquevnire viclimas quarum adhuc rarissimus emplor inveniebatur. (Plinius Trajano, Epist. XGV1I.)

601

EXCELLENCE DE LA MORALE CATHOLIQUE.

60S

Bire de leurs pieds (Matth., X, Ik), et d'abandonner les obstins. Honneur ces hommes vraiment chrtiens qui en tout temps et en face de toute passion et de toute puissance enseignrent la douceur, depuis ce Lactance qui crivit qion doit dfendre la religion en recevant la mort et non en la donnant (1), jusqu'aux derniers de ceux qui se sont trouvs dans des occasions o il fallait du courage pour manifester un sentiment aussi essentiellement vangliquel Honneur eux, puisque nous en pouvons en avoir l'honneur, puisque nous vivons dans des temps et dans des lieux o il y aurait infamie soutenir le contraire, o, si les hommes n'ont pas renonc aux haines, ils ont au moins su comprendre que la religion les rprouve o s'ils admettent quelquefois le prtexte de l'utilit et des grandes passions pour servir d'excuses aux vexations et aux cruauts, ils avouent que la religion est trop pure pour admettre ce prtexte, que ce n'est que par le bien qu'elle veut conduire au bien
; 1

censures, la doctrine catholique sur la pnitence; bien plus, ce sera une occasion de faire briller la sublime raison et la perfection de
cette doctrine.

On porte contre elle trois accusations principales 1 qu'elle dnatur la doctrine de la pnitence en lui imposant des formes 2 que les casuistes ont impos prcises ces formes ; 3 qu'un acte defoi;et d'amour a t dclar suffisant pour effacer les fautes. Nous allons examiner en particulier chacune de ces accusations; nous ne suivrons pas l'ordre dans lequel elles sout prsentes mais celui qui semble le plus naturel
:

au plusgranddveloppemenl que noussommes obligs de donner la matire en ex,

posant

I.

la vritable

doctrine de l'Eglise.
la

Qui a impos des formes prcises


pnitence ?

CHAPITRE
Sur
la

VIII.

doctrine de la pnitence.

Puisque dans l'Evangile l'autorit de remettre et de retenir les pchs est expressment donne aux ministres, il s'ensuit la ncessit de formes pour l'exercer; mais qui a pu ordonner et imposer ces formes ? Si les casuistes avaient usurp ce droit, ils auraient altr toute l'conomie de la milice spirituelle; mais comment supposer que les casuistes, qui ne sout pas constitus en corps, qui n'ont pas un organe lgislatif, se soient entendus pour tablir ces formes sur les mmes principes et d'aprs les mmes rgles? Comment supposer que toutes les Eglises les aient reues de personnes sans autorit, que ceux mmes qui on; l'autorit s'y soient soumis, car personne ne s'en croit dispens? que les papes eux-mmes se soient laiss imposer par les casuistes une loi pour obir laquelle ils se confessent aux pieds d'un de leurs infrieurs, lui demandent l'absolution, et se laissentimposer des pni,

La

doctrine de la pnitence causa une nouvelle subversion dans la morale, dj confondue parla distinction arbitraire des pchs; sans doute c'tait une promesse consolante que celle du pardon du ciel pour le retour la vertu; et celte opinion est tellement confor-

me aux

besoins et aux faiblesses del'homme, qu'elle a fait partie de toutes les religions, Mais les casuistes avaient dnatur cette

doctrine en imposant des formes prcises la pnitence, la confession et l'absolution. Un seul acte de foi et de ferveur fut dclar suffisant pour effacer une longue liste de crimes Page 415.

Comme

je n'ai

pas l'rudition ncessaire

pour discuter cette assertion de l'illustre auteur, que la promesse du pardon cleste pour le retour la vertu est une opinion qui fait
partie de toutes les religions, je m'abstiens d'en parler. Ce que j'ai lu dans les livres sur les diffrentes religions et particulirement sur
le

tences? En outre comment supposer que les Grecs qui, hlas sont diviss, et taient di!

viss quelques sicles avant qu'il ft question des casuistes, avaient pu ensuite adopter les formes tablies par ces derniers, car, dans toutes les parties essentielles, les Grecs ne diffrent en rien de ce qui se pratique

paganisme, m'a

laiss l'ide

que beaucoup

parmi nous?

de ces religions avaient des crmonies expiatoires, qui, par leur propre vertu, lavaient de tout pch ceux qui les avaient employes, sans que le retour la vertu ft ncessaire; et que l'ide de la conversion, aussi bien que la parole qui l'exprime, est due la religion chrtienne. Quoiqu'il en soit, cette question, bien qu'importante, n'a pas un rapport ncessaire avec l'argument, et on peut, sans la traiter, dfendre entirement, contre les
(I) fuie

Quand les casuistes out-ils commis cet acte d'usurpation? Enfin comment exeraiton l'autorit de lier et de dlier avant que les casuistes vinssent inventer les formes ? Les formes de la pnitence, de la confession et de l'absolution ont t imposes par l'Eglise ds son tablissement, ainsi que le prouve son histoire; il ne pouvait en tre autrement puisque sans ces formes il est impossible d'exercer l'autorit de lier et de dlier les pchs ; il est impossible d'en imaginer de plus simples et de plus conformes l'esprit de celte autorit; et il est aussi impossible d'imaginer qui, si ce n'est l'Eglise, aurait pu s'arroger le droit de rgler cet exercice.
,

Defendenda enini est


s;i;vitia
illa

monendo, non
;

religio, non occidendo sed sed palienlia, non scelere sed enini inaloriun sunt, luec lionorum. Et ne-

cesse esi bonum in religione versari, non tnalimi. Nam si sanguine, si tormentis, si malo religioncm defenderc velis, jam non defendetur illa, sed polluetur, at-

que violabilur. Nihil lani volunlaiinin quam religio, in ipia si animus sacrilicanlis aversus est.jani sublata, jam nulla est IL, C. F. Laclantii divin. Institut, lib. V. chap.XX.)

II.

Conditions de

la pnitence selon la doctrine


j

catholique.

Examinons maintenant

la

doctrine

quo

603

DEMONSTRATION EVANGELIQUE. MANZON.

604

l'on accuse d'avoir corrompu la morale, et voyons si c'est celle de l'Eglise: Un seul acte de foi et de ferveur fut dclare suffisant pour effacer une longue liste dpchs. Une partie de cette opinion a t condamne ; l'autre partie n'a jamais t enseigne, pas plus que la proposition entire.

seule ne pouvait certainement pas dcouvrir cette doctrine, parce qu'elle est fonde sur la charit; mais lorsque la rvlation la fait connatre, la raison est force

La raison

Quant la premire il suffit de rappeler que le Concile de Trente condamna la doctrine qui enseigne que la foi seule justifie
l'impie, et peine fut-elle propose (1). Quant la seconde, non-seulement aucun concile, ni aucun dcret pontifical, ni aucun catchisme, mais j'oserais mme dire aucun livre de dvotion n'a jamais dit qu'un acte de foi et de ferveur suffisait pour effacer les pchs. Au contraire l'Eglise enseigne qu'ils peuvent tre effacs par la contrition
,

de l'approuver; en effet, on finit par abandonner comme insoutenables toutes les opinions qu'on a voulu lui substituer. L'homme qui transgresse les commandements de Dieu, devient son ennemi, et se rend injuste- Mais lorsqu'il reconnat sa faute, quand il est repentant, quand il la dteste, et, par suite, quand il se propose de n'en plus commettre, de revenir Dieu par ces moyens que dans sa misricorde ce Dieu lui a donns et qu'il a tablis cet effet quand il se propose de satisfaire la justice divine, de remdier autant qu'il le peut au mal qu'il a fait; alors
;

accompagned'une ferme volont de recourir

le

la pnitence sacramentelle, aussitt

qu'on

pourra. Celui qui croirait qu'il s'agit ici d'une question de mots se tromperait grossirement: c'est une question d'ides s'il en fut jamais. Ferveur ne signifie autre chose que l'intensit et la force d'un sentiment; il est vrai

ce n'est plus, pour ainsi dire, le mme homme, cela est si vrai que nonil n'est plus injuste seulement le pch en gnral, mais encore les siens en particulier, lui inspirent le mme
;

qu'ordinairement elle suppose un sentiment pieux, mais elle n'en dtermine pas la qualit
:

la contrition, au contraire, exprime un sentiment prcis. Attribuer la ferveur l'effet d'effacer les pchs, ce serait mettre une ide

confuse et indtermine, et qui n'a aucun rapport avec cet effet; l'attribuer la contrition, c'est spcifier le sentiment qui, selon les Ecritures et les notions de la raison claire par elles, dispose l'me du pcheur recevoir la grce de la justification. Donc, pour se faire une- ide juste de la foi catholique en cette matire, il faut chercher ce qu'est la contrition, et ie chercher dans les dfinitions qu'en donne l'Eglise. La contrition est une douleur de l'me, une dtestation du pch commis, avec la ferme rsolution de ne plus offenser Dieu... Le saint synode dclare que celte contrition renferme non-seulement la cessation du pch et la rsolution dj mise en pratique de changer de vie, mais encore la haine de la vie passe... Il enseigne, en outre, que si quelquefois cette contrition est parfaite de charit et rconcilie l'homme avec Dieu avant qu'on lui ait administr le sacrement de pnitence, on ne doit pas attribuer la rconciliation la contrition, sans qu'elle soit accompagne de la volont de recevoir le sacrement qui est renferm en elle (2).
(1) Si quis dixerit sola nde impium juslilirari , ita ut inlelligat niliil aliud requiri, quod ad jnsiilicationis gratiam cooperetur, et nulla ex parle necesse esse eum suoe voluniatis motu pnvparari, atque disponi ; analhema sil (Sess. VI de juslt[catione canon. XI). (2) Contritio, quoe primum locum inler dictos pniteniisaclushabci. animidolor aedetestalio estdepeccato commisse, cum proposilo non peccaudi de caelero.. Dclart igitur sancia synodus, liane contiitionem, non solum cessalionem ex peccalo, et viia; novae ji'opositum, el inchoationem, sed veieris eliam otlium conti-

sentiment d'horreur qu' Dieu , source de toute justice. Il est donc tout fait raisonnable que cet homme ainsi chang soit rconcili avec Dieu. Mais, a-t-on dit souvent, la consquence immorale de cette doctrine est que beaucoup de personnes persuades qu'il est facile d'avoir ce sentiment de contrition, s'animent commettre le mal, puisqu'il est si ais d'obtenir le pardon. Pourquoi ont-elles cette croyance? qui la leur a donne? Elles croient ce que leur dit l'Eglise, quand elle enseigne que la contrition rconcilie avec Dieu; pourquoi n'ajoutent-elles pas foi ses paroles, quand elle enseigne que l'effet naturel du pch est l'endurcissement du cur, que le retour Dieu est un don particulier de sa misricorde, que le mpris de ses avertissements rend ce retour plus difficile? Si, chaque consquence absurde que les hommes ont dduite del doctrine de l'Eglise, elle avait voulu abandonner une vrit pour viter ces consquences, depuis longtemps elle les aurait abandonnes toutes. Certainement elle s'oppose ces garements dplorables en rptant souvent les mmes vrits ; et dans ce cas, en particulier, qui peut ne pas reconnatre de combien de prcautions elle use dans sa sollicitude maternelle, pour que le pcheur ne se fasse pas illusion, pour qu'il ne change pas en colre les dons de la misricorde? Nous parlerons bientt de ces prcautions en traitant de l'administration de la pnitence. Il suffit pour le moment, aprs avoir expos la doctrine de l'Eglise, que nous puissions hardiment affirmer qu'elle est la seule raisonnable, et demander hardiment quelle est parmi les doctrines connues, celle qu'on pourrait lui substituer, et si l'on pourrait en inventer qui pt lui tre oppose. Ou il faut recourir la doctrine cruelle, absurde, et par

nemque Deo reconciliare, priusquam hoc sacramenlum aciu, suscipialur; ipsam nihilommus reconciliationem
sess.,
i

psi conlritioni, sine

nere Docel prierea, etsi coniritionem hanc aliquando charitaie perfectani esse continut, homi-

in illa includilur,

sacramenii volo, quod non esse adscribendam {Cne, Trid.


,

XIV.de Fnitenlia

IV)

605

EXCELLENCE DE LA MORALE CATHOLIQUE.


rent, parce

coc
est

consquent immorale, de la non-expiation; on, si l'on suppose qu'il soit possible que l'homme revienne au Dieu qui l'a cr pour lui, on est forc de croire que la foi en celui qui seul peut sauver, le changement du cur, le changement de vie, la rparation du mal qu'on a fait, sont le vrai chemin pour arriver ce retour. Et c'est prcisment cette voie que l'Eglise a suivie; c'est cdle o marchent grands pas les simples de cur, avec l'assurance de celui qui se sent conduit par une main puissante; c'est celle o ont recouru et o courent encore tant d'hommes de gnie, qui, voyant que hors de
d'autant plus humbles, d'autant plus reconnaissants qu'ils sont plus clairs.

que

la vertu

un tourment

cette voie tout est prcipice, sont

III.

Esprit

et effets

des formes imposes

la pnitence.

Quelles sont enfin ces formes pnitentiella confession des pchs, pour faire connatre au prtre l'tat de l'me du pcheur, connaissance sans laquelle il est impossible qu'il exerce son autorit; l'imposition des uvres de satisfaction, la formule de l'absolution. Je ne veux pas en faire l'apologie ; car que peut-on trouvera redire ces formes, puisqu'elles sont le moyen le plus simple, le plus indispensable, le plus conforme l'institution vanglique, pour appliquer la misricorde de Dieu et le sang de propitiation Je ferai cependant observer, non tous les effets de cette institution divine (me rapportant pour cela aux nombreux ouvrages qui on font l'apologie, et aux louanges qui ont t prodigues cette institution par un grand nombre, mme de ceux qui ne l'ont pas conserve) ; je ferai, dis-je, observer principalement ceux de ces effets qui sont en rapport avec le retour la vertu, pour les pcheurs, et avec la persvrance dans la vertu chez les justes.
les?
!

pour lui. Ordinairement ceux qui ne cessent de se dire eux-mmes que la vertu est un vain nom, n'en sont pas vritablement persuads; si une voix puissante parlait leur cur et leur disait qu'ils peuvent la reconqurir, ils croiraient sa ralit, ou, pour mieux dire, ils avoueraient qu'ils n'ont jamais cess d'y croire. C'est ainsi qu'agit la religion, pour celui qui veut l'couter; elle parle au nom d'un Dieu qui a promis de rejeter loin de sa prsence les iniquits du pcheur repentant; elle promet le pardon, elle acquitte le prix du pch. Mystre de sagesse et de misricorde mystre que la raison ne peut pntrer, mais dont l'admiration l'occupe tout entire; mystre qui, parle prix inestimable de la rdemption, donne une ide infinie de l'injustice du pch, et du moyen de l'expier; mystre enfin qui donne un motif immense et de repentir et de confiance Mais la religion ne se borne pas cela, elle loigne encore les obstacles que les hommes voudraient opposer leur retour au bien. Le coupable fuit la socit de ceux qui ne lui ressemblent pas, car il craint qu'ils soient enorgueillis de leur vertu ouvrira-t-il son cur des hommes qui profiteraient de ses aveux pour lui faire sentir qu'ils sont meilleurs que lui ? Quelles consolations pourraient lui offrir ceux qui ne. pourraient lui rendre la justice? eux qui s'loignent de lui pour ne pas paratre souills? eux qui parlent de lui avec mpris, afin de faire mieux
1
1 ;

L'homme, tomb dans


trop port y persvrer;

le
il

mal, n'est que est afflig de ne

pas avoir

le

tmoignage d'une bonne con-

science, mais cela ne suffit pour le rendre meilleur. Il est mme connu que le coupable, alin d'teindre le remords, accumule faute sur faute; semblables ceux qui dans le trouble et la terreur d'un incendie jettent

dans les flammes tout ce qui leur tomb sous la main, comme s'ils voulaient les touffer. Le remords, ce sentiment que la religion avec ses esprances change en contrition, et qui entre ses mains estsi fcond, le remords sans la religion est ordinairement strile ou nuisible. Le coupable entend au fond de sa conscience ces terribles paroles Tu n'es plus innocent; et ces autres plus terribles encore: Tu ne pourras plus le devenir. Il regarde la vertu comme perdue jamais pour lui, il s'efforce de persuader son esprit qu'on peut se passer d'elle , qu'elle n'est qu'un vain nom, et que les hommes lui donnent des louanges parce qu'ils la trouvent utile dans les autres, ou parce qu'ils la vnrent par prjug; il cherche entretenir dans son cur des sentiments vicieux qui le rassu:

voirqu'ils dtestent le vice; eux qui le forcent aussi rechercher la socit de ceux qui, coupables comme lui, ont les mmes raisons pour se rire de la vertu ? La justice humaine n'a que trop en partage l'orgueil du pharisien qui se compare au publicain, qui se place loin de lui qui ne se figure pas que ce publicain puisse lui ressembler, et qui, s'il le pouvait, le retiendrait toujours dans la honte du pch. Mais cette divine religion d'amour et de pardon a tabli des conciliateurs entre Dieu et l'homme elle veut qu'ils soient purs, afin que leur vie augmente la confiance en leurs paroles, afin que le pcheur qui s'approche d'eux sente qu'il est revenu dans la compagnie de gens vertueux ; mais elle veut qu'ils soient humbles pour qu'ils soient purs, pour que le coupable puisse recourir eux sans crainte d'tre repouss. Ce coupable s'approche sans effroi d'un homme qui confesse qu'il est aussi pcheur; d'un homme qui de l'aveu des fautes tire la confiance que celui qui les
;
;

rvle est cher Dieu, qui vnre dans le pcheur repentant la grce de celui qui rappelle lui les curs; d'un homme qui voit en lui la brebis porte sur les paules du pasteur, qui voit dans celui qui est ses pieds l'objet de la joie du ciel; d'un homme qui, avec respect et compassion, touche les plaies de son me, et les voit dj couvertes du sang qu'il appellera sur elles. O sagesse admirable de la religion du Christ! elle impose au pnitent des uvres de satisfaction pour faire apparatre d'une manire plus

607

DEMONSTRATION VANGELIQUE. MANZONI.

608

certaine le changement de son cur, pour qu'il agisse autrement qu'il ne le faisait pendant son garement ; pour qu'il se raffermisse dans l'habitude de pratiquer la vertu et de se vaincre lui-mme; pour qu'il entretienne dans son cur la charit, et compense en quelque sorte le mal qu'il a fait. Car, non-seulement elle ne lui accorde le pardon qu' condition qu'il remdiera, s'il le peut, au mal qu'il a fait son prochain ; mais pour toute espce de faute, elle lui impose la pnitence, qui n'est autre chose que l'accroissement de toutes les vertus. Elle ordonne ses ministres de s'assurer, le plus qu'ils le pourront, de la vrit du repentir et du ferme propos: recherche qui tend nonle vice

des souffrances qu'ils endurent.de leur vie laborieuse quelquefois de leur mort dans les supplices, et le plus souvent de leur long
,

martyre.

Le monde, qui se plaint des autres, aura donc pour ceux-ci de la vnration et. de la reconnaissance; dans chaque ministre plein
de zle, d'humilit et de dsintressement, il verra un grand homme il se rappellera avec attendrissement et avec admiration cesEuropens qui parcourent les dserts de l'Amrique pour parler de Dieu aux peuples sauva;

ges

au

rcit de la

mort des soldats du Christ

seulement empcher que l'on n'encourage par la facilit du pardon, mais encore inspirer une plus grande confiance au pcheur vraiment repentant; en elle tout est perfection, tout est misricorde. Et elle prend un si grand soin pour que l'homme ne change pas en poison les remdes que Dieu, dans sa misricorde, a donns notre faiblesse, qu'elle menace les ministres qui donneraient lgrement l'absolution celui qui ne serait pas rellement chang, de ne pas ratifier leur sentence et de les lier eux-

qui, envoys en Chine pour prcher l'Evangile du Christ sans aucune esprance terrestre, y ont rcemment souffert le martyre , le monde s'en glorifiera, comme il fait de tous

ceux qui

pour une noble


,

fin,

savent mpri-

ser la vie.
s'il tourne en ridicule S'il ne le fait pas ceux qu'il ne peut censurer s'il les oublie ou les nomme esprits faibles, mirables, esclaves des prjugs, on doit croire que ce ne sont pas les dfauts des ministres, mais le ministre que le monde dteste. Mais ce n'est pas seulement ceux qui ont secou le joug de la loi divine et qui veulent le reprendre, que la pnitence sacramentelle est utile et ncessaire, elle ne l'est pas moins
,

mmes.
admis
Celui qui, avec de telles dispositions, est la pnitence, est certainement dans le sentier de la vertu; celui qui a entendu le ministre du Seigneur lui dire qu'il est absous, se sent comme rtabli dans l'hritage de l'innocence il recommence marcher dans cette voie avec plaisir, avec d'autant plus de ferveur qu'il se rappelle davantage combien taient amers les fruits cueillis dans celle du vice ; qu'il sent plus vivement que les actes et les sentiments vertueux sont des
;

aux

comme ils sont continuellement justes en guerre avec les inclinations mauvaises et avec toutes les puissances du mal, la religion leur rappelle de se souvenir de leurs imperfections dans l'amertume de leur cur, de veiller sur leurs chutes, d'en implorer le pardon, de faire en expiation des actes d'une vertueuse abngation, de former le dsir de ren:

moyens que la

religion lui offre pour augmenter la confiance que ses traces sur le triste chemin du vice sont entirement effaces. La religion a reu de la socit un homme

vicieux, elle le lui rend juste elle seule pouvait oprer ce changement. Qui aurait pens former une runion d'hommes pour attendre le pcheur, pour aller sa recherche
:

pour

lui

enseigner

la vrit,

pour

l'y

rame-

dre leur vie toujours plus parfaite. C'est la pnitence qui dtruit en eux les vices leur naissance, qui, dans des vases d'argile, conserve le trsor de l'innocence (II Cor., IV, 7). Une institution qui oblige 1 homme former sur lui-mme un jugement svre, mesurer ses actions et les dispositions de son cur, pour voir en quoi il s'loigne de la perfection qui lui donne le motif le plus fort pour exclure de ce jugement toute hypocrile sie en lui enseignant que Dieu lui-mme une institution minemment moreverra, est
,

ner, pour lui parler avec cette franchise qui ne se trouve pas dans le monde, pour le metpour le tre en garde contre toute illusion consolera mesure qu'il devient meilleur? Le monde se plaint de ce que beaucoup de prtres exercent un si haut ministre comme un mtier; et par cette accusation qui ne saurait dshonorer ces nobles fonctions le monde fait voir quelle distance il met luimme entre elles et les autres ; il fait voir que
,

rale.

I
,

Comment
Comment

autant d'crivains ont-ils pu mtelle institution ?

connatre une

a-l-on pu si souvent lui attribuer esprit tout fait oppos au sien? un On ne saurait s'empcher d'prouver un

sentiment douloureux, quand, dans un ouet de la vrage qui respire l'amour de la vrit

lui-mme
si

il

comprend que

l'institution

est

rflexions perfection, dans un ouvrage o les sur plus mrement penses sont rgles les moral et mme religieux, ou sentiment
le

sublime, que ce qui chez les autres est ordinaire , chez elle est inconvenant. Mais n'y a-t-il donc plus de ministres dignes de leurs fonctions? Non, Dieu n'a pas abandonn son Eglise il conservedans son sein des hommes dvous , qui ne veulent d'autre mtier que celui de se sacrifier pour le salut de leurs frres de se proposer ce salut comme l'unique rcompense des dangers qu'ils courent.
; ;

trouve celte proposition que le catholicisme par l'aveu des iaufait acheter l'absolution
:

tes (1).
pratiques Le catholicisme en admettant les absohmon les crimes, en faisant acneler 1 compenser
(\)

par des aveux, et


sait trop

les faveurs par

des offrandes, bles-

la ouvertement les plus simples notions de progrs des Inmieres raison, poui pouvoir rsister au

609

EXCELLENCE DE LA MORALE CATHOLIQUE.

610

Il ne s'agit pas ici d'inductions, ni d'influences caches et compliques , il s'agit d'un fait; on peut demander quelque catholique que ce soit si l'aveu des fautes suffit pour en obtenirl'absolution; et il rpondra que non, il rptera avec le concile de Trente Anathme quiconque niera que pour obtenir la rmission parfaite des pchs, trois actes sont requis du pnitent, actes qui sont presque la matire du sacrement, savoir: la contrition, la confession et la satisfaction (1). De plus, c'est un saerilge, un nouveau, un horrible pch
:

Il n'y a que trop dans les hommes une tendance superstitieuse qui les porte se confier dans les seules pratiques extrieures, et recourir des crmonies religieuses pour touffer les remords sans rparer le mal qu'ils ont fait sans renoncer aux passions le paganisme en cela les servait souhait; mais quelle est la religion qui, essentiellement, perptuellement et de la ma,

que de recevoir le sacrement sans

les

dispo-

nire la plus manifeste, s'oppose celte tenla religion catholique, sans aucun doute. Puisque tous les sacrements sont des

dance?

sitions ncessaires. Il est si vrai que l'absolution ne s'achte pas par l'aveu des fautes, que souvent on peut la refuser mme aprs cet aveu , et que , quelquefois on la donne

moyens
ne

efficaces de sanctification,

pourquoi

sans confession aux mourants qui ne sont pas en tat de se confesser, mais qui donnent des signes de leurs dispositions tre ab,

pas permis de recourir tous indistinctement, si les pratiques du culte suffisaient pour compenser les fautes? Quel moyen de sanctification paratrait plus facile que le sacrement de l'eucharistie, par lequel on reoit la victime divine, et qui unit
serait-il

sous.
l'on considre un instant l'esprit de l'Eglise dans la doctrine des sacrements et l'on verra comme en tout ils tendent sanc-

l'homme

Que

la saintet Cependant, l'Eglise dclare que non-seulement il est inutile,

mme?

tifier le

cur; on verra combien

elle

abhorre

des pratiques aux sentiments. L'Eglise catholique fait dans les sacrements une distinction aussi raisonnable qu'imporsacrements des tante, en nommant les uns sacrements des morts. vivants, les autres Les uns et les autres sont institus par JsusChrist, et tous le sont pour nous sanctifier; mais on ne peut s'approcher des premiers qu'en tat de grce, et pourquoi? parce que, selon l'Kglise, le premier pas, le pas indisensable tout degr de sanctification, est f e retour Dieu, l'amour de la justice, la haine du mal.
la substitution
:

(ducation pratique, traduit de l'anglais par M. Pictet, Genve, de l'imprimerie de la Bibliothque britannique, prltce du traducteur, page VIII, et de la seconde
dition, page Vil).

Sans doute , une semblable religion blesserait les plus simples notions de la raison. En supposant que le catholicisme ft tel, il resterait expliquer comment, par exemple, Pascal etBossuel auraient pu admettre une telle religion , comment tous les catholiques n'agissent pas d'aprs les premires notions de la raison; mais cette explication n'est pas ncessaire,
puisque pas sur
le (ail n'existe

les

tholicisme , l'argument,
truits,

pas. Nous ne nous tendrons deux autres reproches qu'on fait au caparce qu'ils ne tiennent pas directement

ils sont aussi det. qu'implicitement puisque les pratiques du culte et les offrandes faites pour effacer les pchs et en obtenir le pardon doivent tre runies aux conditions dont nous avons tant parl, qui sont commandes par l'Eglise et sans lesquelles elles ne sont pas agres. J'ai cit cet exemple, parce qu'il est trs-important d'en prsenter un qui prouve videmment que l'aversion pour la doctrine de l'Eglise est fonde sur une maxime suppose; et j'ai choisi celui-ci parce que dans un livre o je voudrais que tout ft concorde et bienveillance, il m'a sembl bien de citer des crivains auxquels je puisse tmoigner mon estime , tout en contredisant

mais encore que c'est un sacrilge de recevoir ce sacrement sans tre en tat de grce; dans un cur coupable, la victime de propitiation devient un jugement, une condamnation. L'Eglise oblige les pcheurs qui veulent s'approcher de ces sources de grces, recevoir d'abord les sacrements qui rconcilient avec Dieu ; la pnitence de laquelle on ne peut s'approcher sans douleur d'avoir commis le pch et sans la rsolution de changer de vie; et le baptme qui, pour les adultes, exige les mmes conditions. L'Eglise pouvait-elle montrer plus clairement qu'elle ne compte pas, que mme elle repousse les pratiques extrieures quand elles ne sont pas les signes d'un amour sincre de la justice? Mais d'o a pu venir une opinion si contraire l'esprit de l'Eglise? Je crois que c'est d'une quivoque. Comme la confession est la partie la plus apparente du sacrement de pnitence, on a pris l'habitude d'appeler improprement confession tout le sacrement. Qu'on sache pourtant que celte inexactitude de mois n'a pas corrompu l'ide qu'on a de ce sacrement, parce qu'on enseigne si universellement que la douleur d'avoir commis le pch, le ferme propos de ne plus le commettre et la satisfaction sont ncessaires, qu'on peut affirmer qu'il n'y a pas un catchisme qui ne l'inculque, pas un enfant admis la confession qui l'ignore.

CHAPITRE
Sur
le
,

IX.

retard de la conversion.

au lieu d'tre la tche constante de toute lu vie, ne fut plus qu'un compte rgler V article de la mort. Il n'y cul plus aucun pcheur si aveugl pur ses passions, qu'il ne projett de donner, avant de mourir, quelques jours au soin de son salut; et dans cette confiance, il abandonnait la bride ses penleurs opinions. chants drgls. Les casuistes avaient dpass v Y but en nourrissant Si quis negaverit ad inleg-am et perfectam re( 2) fur une telle confiance ; ce missionem requiri trs aclusin pnilente, quasi mateen vain qu'ils prchrent alors contre le /'ut s-acramenti pniteuiiae, videlicet, conirilioncm, riam ronlessionem et satisfactionem.... analhema sit (Co/ic. jL. retard de la conversion; ils taient euxmmes les crateurs de ce drglement d'espril Trid. $ess. XIV eau. IV).
..

La vertu

611

DEMONSTRATION EV ANGLIQUE. MANZONI.

612

inconnu aux anciens moralistes; l'habitude tait prise de ne considrer que la mort du pcheur, et non sa vie, et elle devint universelle. Pages 415, 416.
Celle dernire objection contre la doctrine catholique de la pnitence veut dire qu'elle a propos un moyen de rmission si facile, tellement la disposition du pcheur en
tout temps, que certain, pour ainsi dire, d'obtenir son pardon, il a t port persvrer dans le vice en se rservant de faire pnitence ses derniers moments, et qu'ainsi toute sa vie, non-seulement a t rendue indpendante de la sanction religieuse, mais encore elle-mme l'a encourag - faire le mal, et par consquent la marale a t dtruite.
effet si dplorable est ici attribu, ce semble, et la doctrine en elle-mme, et aux opinions du peuple et l'enseignement du clerg et tels sont en effet les trois lments qu'il faut examiner dans la question prsente. Nous les considrerons chacun en particulier, pour les prsenter sous leur vritable point de vue mais d'abord il est ncessaire d'indiquer les propositions que nous croyons devoir rsulter de cet examen.

maux qui arrivent parmi reue, c'est l'accuser seule d'une faute qui peut avoir t commise par la volont, ou au moins dont elle peut, avoir t complice, et cela, sans avoir examin ni l'une ni l'autre. Une doctrine morale qui,parsa seule promulgation, promettrait de conduire infailliblement tous les hommes au bien, pourrait, bon droit lre rejete sur la simple preuve des inconvnients qui subsisleraient en elle. Mais comme la doctrine catholique ne fait
la

rechercher avec soin. La volont peut se tourner vers le mal, mme aprs avoir reu les maximes d'une doctrine excellente elle le peut d'autant plus facilement, lorsqu'elle adopte une doctrine mauvaise. Attribuer
;

doctrine les
l'ont

ceux qui

Un

pas une
firait

telle

promesse,

cette

preuve ne suf-

me

pas contre elle; il faut donc l'examiner; et si elle produit des effets nuisibles, le vice se trouvera dans les principes (1). Dans le chapitre prcdent, nous avons dmontr que la doctrine catholique sur la conversion est la seule raisonnable; or l'ide
(1) J'insiste

particulirement sur
;

la

ncessit d'exa-

I. La doctrine est la seule conforme aux saintes Ecritures, la seule qui puisse se con-

miner ht doctrine, parce que ordinairement on nglige de faire cet examen et beaucoup de gens aprs
avnir rappel quelqu'action perverse, commise par les catholiques, croient avoir condamn la religion. Celle singulire manire draisonner se trouve frquemment dans toutes les questions qui ont rapport la morale. Partout o il existe des partis, chacun croit Avoir tabli la vrit de sa cause, quand il a montr les inconvnients de l'autre ; chacun considre la

cilier
II.

avec la raison et avec la morale. Les opinions abusives ne peuvent venir


;

de la doctrine
spculatives
,

elles

sont pratiques et

non

individuelles et non gnrales. On ne peut les dtruire utilement que par la connaissance et l'amour de la doctrine. III. Le clerg (considr non dans la gnralit de ses membres, mais dans l'unanimit de sa morale) n'enseigne pas une fausse doctrine, ne cache pas la vrit.

I.

De

la doctrine.

Dans toutes les questions morales, il est ncessaire d'examiner la doctrine en ellemme. Porter un jugement sur la doctrine, uniquement d'aprs ses effets, me semble

une mthode non-seulement incomplte mais fausse pour beaucoup de raisons, parce
qu'elle suppose qu'il n'y a pas dans la rvlation et dans la raison des principes de morale auxquels on puisse rduire cette doctrine : parce que les effets s'tendent si loin et se compliquent tellement qu'il est impossible de les numrer, je ne dirai pas d'une manire prcise, mais encore d'approcher

assez de la ralit qu'il est pourtant ncessaire qu'ils aient, puisqu'ils doivent servir de preuves et de preuves uniques; et enfin parce que n'tant pas tous une consquence de la doctrine, on ne doit pas les lui attribuer tous, et que, par consquent, on introduit dans la question un lment qui lui est tranger. Je m'explique : toute morale doit avoir pour but d'arriver la perfection possible des hommes ; deux choses sensibles

cause adverse comme un type de perfection et il ne lui est pas difficile prouver qu'elle en esi loigne; tous oublient que le jugement doit lre porte sur l'examen des inconvnients des deux causes. De l ces disputes ternelles dans lesquelles chacun expose la moiti de la question qui lui est favorable, et iriom plie; tandis que l'autre peut triompher son tour, en exposant l'autre moiti. On cite des abus monstrueux du pouvoir, soutetenus par les usages et par les lois des frivolits considres comme des choses srieuses, des choses vritablement importantes oublies et ngliges, les dcouvertes du bon sens et du gnie accueillies comme des folies, la persvrance la plus longue des hommes les plus savants, vers quelque but insens, et leurs erreurs dans les moyens qu'ils ont pris pour y parvenir; de bonnes actions devenues la cause de perscutions, et des actions coupables source de flicit, etc., etc., et l'on conclut en disant Voil le bon vieux temps > el de l on lire des raisons pour admirer les temps modernes. D'un autre ct on rappelle des entreprises commences au nom de la justice et de l'humanit et conduites avec la plus horrible barbarie; l'exaltation de toutes les passions personnelles prsente comme un moyen de perfectionner la socit; la sagesse qu'un grand nombre met dans la volupt, el la vertu dans l'orgueil; et ici, comme toujours et pu tout, la vertu perscute, le vice triomphant , etc., etc., et l'on conclut en disant < Voil le sicle des lumires et l'on croit avoir de bonnes raisons pour regretter le temps pass Le temps que l'on perd admirer el regretter serait
; : ; :
!

doivent cooprer ce but la doctrine et la volont des hommes. Ainsi, toutes les fois que l'on s'loigne plus ou moins de la perfection, la faute peut venir d'une de ces deux choses ou de toutes deux c'est ce qu'il faut
:

employ beaucoup plus utilement, si on le consacrait l'tude de la corruption de l'homme et des vritables moyens pour y remdier el l'application de celle science toutes les institutions et tous les
temps. Je ne donne pas
ici

ces rflexions

comme

ignore-;,

mais

comme

ngliges.

613

EXCELLENCE DE LA MORALE CATHOLIQUE.


elle

614

de conversion renferme naturellement la possibilit de l'effectuer tous les moments de la vie; on pourrait donc dire que la dmonstration de la premire assertion peut Servir galement pour la seconde qui en est une consquence. Mais comme cette possibilit est prsente comme origine de maximes et d'habitudes funestes la morale, il devient ncessaire de l'examiner part. Si nous examinons d'abord la doctrine, ce n'est pas que nous nous refusions examiner le fait; nous chercherons mme le faire avec toute la prcision qu'on peut apporter en
,

que nous devons le point essentiel de morale qu'elle nous a rvl dans ces pa-

multiplis divers et et avec toute la sincrit possible; composs, car si notre but tait de tromper et nousmmes et les autres , le seul avantage que nous en tirerions serait d'tre ou volontairement aveugles ou imposteurs; et ce

rcapitulant des

faits

seraient de fort tristes rsultats. Voici quel est le point de la controverse

En effet, si la justice consiste dans la conformit de la volont ( et par une consquence ncessaire, dans la conformit des actions) avec la loi divine le pcheur qui obtient son pardon et agit d'aprs les prceptes de celte loi, devient juste; et si la justice est un tat rel de l'me, si la conversion si l'application de la misricorde de Dieu par les mrites du Rdempteur n'est point une chimre, l'homme qui est entr dans cet tat est alors l'ami de Dieu il est digne de rcompense. Si cette vie est un temps d'preuve, si selon la conduite qu'on y a tenue on reoit la rcompense ou le chtiment (et toute la morale religieuse est base sur celte maxime, et tous les philosophes, depuis le premier jusqu'au dernier, considrent cette maxime comme un bienlait de la religion, qui supple ce qui
roles.
, ,
,

L'homme,

tant qu'il

est vivant, peut-il

manque aux moyens humains pour augmenter le bien moral et diminuer le mal); si, dis-je , cette vie est un temps d'preuve, l'homme qui, la fin de cette preuve, est en tat de justice, doit tre en tat de salut. Qu'on ne perde pas de vue les conditions ncessaires pour que la conversion soit vraie;

devenir juste de coupable qu'il tait, en dtestant ses pchs, en les rparant, en demandant pardon Dieu, en prenant la rsolution de n'en plus commettre, se confiant pour la rmission de ses fautes dans la misricorde divine et dans les mrites de
Jsus-Christ? Le pcheur il en tat de grce?
ainsi justifi
est-

L'Eglise rpond, Oui. Consultons l'Ecriture sainte, consultons la raison cherchons les principes et les consquences lgitimes de cette doctrine et de la doctrine contraire. Pour tre moins long nous ne ferons pas voir la connexion essentielle de celte doctrine avec toutes les Ecritures, et laissant de ct tous les passages o elle est sousentendue, nous nous contenterons d'en rapporter un seul, qui est formel. La justice du juste ne le dlivrera pas en quelque jour qu'il pche ; et l'impit de l'impie ne lui sera plus nuisible, en quelque jour qu'il se convertisse Si aprs que j'aurai dit l'impie : Tu mourras il fait pnitence de son pch ; si ses uvres sont droites et justes; s'il restitue le dpt qui lui a t confi; s'il marche dans les sentiers del vertu et s'abne il vivra et stient de toute injustice; mourra pas. Tous les pchs qu'il avait commis ne lui seront plus imputs; il aura aiji selon la sagesse et la justice, il vivra (1). Donc, tous les principes toutes les consquences de cette doctrine retombent sur
, , ,

conditions dont nous avons parl dans le chapitre prcdent, et qu'on dise si ces principes de morale peuvent tre rfuts par la raison , si elle peut en admettre
d'autres. Mais quelles sont les consquences lgitimes de ces principes dans leur application pratique toute la vie? Eux seuls suffisent pour conduire aux consquences les plus morales qui puissent tre soumises au jugement des hommes pour mieux se convaincre de celte vrit, il faut voir la doctrine dans toutes ses parties.
:

l'Ecriture

c'est

elle qu'il

mander compte, ou pour mieux


(1) Juslitia justi

faut en dedire c'est

non

liberabit

eum

in

quacumque

die peccaverii : el impieias itupii non nocebit ei, in qnacumqne die conversus fur|t an invpjetat sua.... et egeit Si autem dixero inipio : morle mori'r's pnilentiam a peccato siio, fecrilqe judiciuui et justitiam, et pignus restituent ille impius, rapinamque reddiderii; in mandaiis vii;e ambiilaverit, nec
;

fecerit <|uid(|iiam injustum


tur. Oinnia

vita vivei et
,

peocala ejus, <iu peccavil

non morienon imputa-

buniur

vita vivet ei : judicium el justitiam fecit , (Lucli., XXX1U, 12, ii, 15, 16. Voir aussi le ebap. X\HI, 21 et suiv.).

dansle pril imminent d'une inondation, parlerait de la ncessit de se mettre en sret faisait cette demande Ma ngligence le faire en ce moment causera-t-elle certainement ma perte? Que devrait-on raisonnablement lui rpondre? Non, il n'est pas certain que vous prirez, quoique vous tardiez vous mettre en sret ; l'eau mme peut jeter prs de vous une planche et vous offrir ainsi un moyen de salut; il y aurait de la folie nier une possibilit qui est dans la nature des eboses, et si nous vous disions le contraire, vous n'ajouteriez pas foi nos paroles. Mais vous posez mal la question, vous avez tort de considrer sous un point de vue qui n'est pas conforme la raison, une chose aussi importante plus vous tardez et plus il vous devient difficile de vous sauver; vous devez calculer cette difficult et prendre des mesures en consquence ; en ne considrant que la possibilit seule, vous excluez de la dlibration les lments les plus importants. Il en est de mme dans l'affaire du salu de l'me. La conversion est toujours possible, noug dit l'Eglise, et elle ne peut tenir un autre langage ; mais elle est difficile, mais celte dif
Si,

un homme auquel on
:

615

DMONSTRATION VANGLIQUE. MANZONI.


Mais, malgr toutes
t qu'il n'y eut plus

ei
ces restrictions, l'effet

Acuit croit mesure que le temps passe, que les pchs s'accumulent, que les habitudes vicieuses augmentent, quela patience de Dieu se fatigue, que l'on est sourd ses avertissements ainsi la difficult devient immense au moment de quitter la vie. Et l'Eglise nonseulement ne fait pas esprer aux pcheurs qu'ils pourront vaincre cette difficult, mais encore elle les avertit qu'ils ne savent pas
;

mme

s'il

moment

et le

pourront l'affronter, puisque le genre del mort sont galement

incertains. Ainsi, toutes les rgles de conduite qu'un homme raisonnable (et la religion comme toutes les doctrines vraies, ne prtend parler qu' la raison) peut tirer de cette doctrine, se rduisent une seule, que le divin Matre

aucun pcheur, quelque aveugl qu'il ft par ses passions, quine projett de donner, avant de mourir, quelques jours au soin de son salut et que dans cette esprance, il abandonnait la bride ses penchants drgls. Il faut donc un remde et non un palliatif; il faut ter laracine du mal, c'est-dire une doctrinencessairement mal interprte une doctrine qui, vu la nature de l'homme, produit certainement de trs-mauvais effets Dans ces sortes de choses on ne peut rester sans une
;
,
.

a donne lui-mme comme une consquence de tous ses enseignements Soyez prts, parce que le Fils de l'homme viendra l'heure o vous y penserez le moins (Luc, XII, kO). Il est donc raisonnable de vivre toujours de manire pouvoir avec confiance paratre devant Dieu donc la conversion est toujours ncessaire aux pcheurs, la persvrance est toujours ncessaire aux justes il est impossible de trouver une consquence qui offre une application plus morale, plus puissante, qui s'tende davantage toutes les actions. De l cette doctrine, bien loin de reporter toute ide de conversion au moment de la mort, est essentiellement propre diriger toute la
:

vie.

Mais, dira-t-on quand les consquences immorales ont t admises, quand sur ces consquences les hommes ont rgl leur vie, qu importe qu'elles soient lgitimes ou non ? Vous dites que les catholiques vicieux n'ont pas agi selon les rgles de la raison ; je vous l'accorde ; mais cette doctrine a t pour eux une occasion de se crer une fausse confiance ; ils ont vcu dans le mal, avec l'esprance et par l'esprance de bien mourir. Je supposequ'il en soit ainsi, et je demande ce que l'on peut y faire. Ou il faut prouver qu'il est utile de laisser les hommes sans une doctrine sur le retour Dieu, sur ses jugements, sur les peines et les rcompenses ou il faut en donner une de la vie future qui diffre entirement de celle de la rvlation, et qui ne soit pas sujette ces inconvnients. Si un homme, si une secte quelconque s'arrogeait le droit de le faire, l'Eglise n'aurait-elle pas raison de l'arrter et de lui dire Parce que les hommes ont, selon vous, tir des consquences vicieuses d'une doctrine sainte et vraie, vous voulez leur en donner une arbitraire Comment avec cette rgle infaillible, ils n'ont pas redress leurs inclinations dans quels garements ne tomberont-ils pas avec une rgle fausse? Supposons que cet homme n'coute pas l'Eglise et que, passant sur toutes les difficults, il raisonne ainsi On a enseign aux catholiques que le pcheur, tant qu'il est vivant, peut se convertir et devenir juste. Il est vrai qu'on leur a toujours dit que diffrer leur conversion est une absurdit, parce qu'il leur devient plus difficile de faireleur salut, etc., etc.
, :
:

doctrine quelconque ; il est impossible de prendre une doctrine qui tienne le milieu, il faut donc tablir et annoncer la doctrine oppose, c'est--dire , qu'il n'est pas vrai que l'homme puisse revenir Dieu ; car si l'on en admet la possibilit, elle s'applique naturellement et ncessairement tous les instants de la vie, et par consquent mme aux derniers. On a aussi enseign aux catholiques que l'homme est jug selon l'tat o il se trouve en mourant, il est vrai qu'on leur aaussidit que la mort est ordinairement la consquence de la vie ; qu'une bonne mort est un don siprcieux, que la vie tout entire doit tre employe la demander et la mriter; que non-seulement elle n'est pas promise aux impies, mais qu'ils sont menacs de mourir dans le pch ; que le meilleur moyen des'assurer unebonnemort, c'esldebien vivre, et autres maximes semblables ; mais malgr totit cela, l'on a pris l'habitude de ne considrer que la mort du pcheur, et non sa vie, et cette habitude devient universelle. Qu'on enseigne donc que l'homme ne sera pas jug selon l'tat o il se trouve en quittant cette vie. Qu'o nous enseigne celte doctrine et qu'on dise quelles en seront les consquences applicables la conduite morale. L'homme ne peut revenir Dieu donc il ne reste au pcheur que le dsespoir; tat incompatible avec tout sentiment de pit, d'humanit, de dignit; tat horrible dans lequel l'homme, s'il pouvait le supporter et tre tranquille, ne pourrait s'imposer d'autre loi que de se procurer le plus de plaisir possible et quelque prix que ce soit. L'homme ne peut revenir a Dieu; donc il n'y a plus de repentir, plus de changement de vie, plus de prires, plus d'esprance, plus de rdemption, plus d'Evangik; donc ce serait faire une proposition absurde un pcheur que de lui donner des motifs tout spirituels pour l'engager devenir bon. L'homme n'est pas jug selon l'tat oil se trouveau sortir decetle vie; donc
,

n'y a ni tat de justice, ni tat d'injustice car quelle serait la justice qui ne rendrait pas l'homme l'amour de son Dieu, et quel serait cet amour de Dieu qui laisserait
il
;

l'homme souffrir ternellement? Donc il aura ni peines, ni rcompenses pour les

n'y ac-

tions de cette vie, puisqu'on ne suppose pas dans cette vie un tat o l'homme puisse lro digne des unes et des autres; donc il n'y aura aucune raison forte et certaine de bien agir chaque instant de la vie. Telles seraient les consquences d'une telle doctrine, et nous les en tirerions si elle tait

promulgue

et

accepte

car malheureuse-

(JI7

EXCELLENCE DE LA MORALE CATHOLIQUE.

618

raisonnent mieux sur de ment les faux principes de morale que sur les vritables , parce que les consquences qu'ils en tirent ne sont pas ordinairement contraires la nature corrompue, et l'esprit y marche sans que des passions querelleuses l'arrtent chaque pas. Sous le rgime de la doctrine catholique, c'est la passion qui conduit l'homme l'garement; dans cette doctrine suppose plus l'homme raisonnerait et plus il deviendrait mauvais. Dans la doctrine catholique, le moyen de prvenir les consquences immorales , c'est de rappeler les hommes la doctrine ; ici l'immoralit se trouverait dans la doctrine mme. Mais une telle doctrine est si oppose la raison et tout sentiment religieux qu'elle n'a pas t propose, et qu'elle ne pourrait jamais tre reue. Nous n'en avons parl que pour montrer qu' la doctrine de l'Eglise on n'en peut substituer aucune qui ne soit absurde. Maintenant, tout en embrassant plus de examinons autant lieux et plus de temps qu'il est possible l'tal ou plutt la nature des opinions abusives qui existent dans le catholicisme sur cette matire; voyons jusqu'o sont arrivs les inconvnients qui ont surgi, non de cette doctrine, mais malgr elle et contre elle.
,

hommes

pratiques, au contraire, ne trouvent place que dans les esprits dj corrompus; elles ne durent que dans le trouble des passions, elles ne sont soumises ni la discussion ni l'examen, ni aux raisonnements, ce sont plutt des formules pour couper court un rai,

sonnement.
la
effet, si l'homme s'arrte rflchir sur conversion, il esl conduit par la logique la ncessit de se convertir de suite; pour ne pas arriver une conclusion ncessaire, pour retarder une conversion que ses sens abhorrent; il se dit lui-mme je me convertirai plus tard; il ne suit pas la srie des ides , et cherche une distraction. Ici il en existe encore une autre diffrence essentielle; les erreurs de ce genre ne sont pas gnrales, mais individuelles; je veux dire qu'elles ne se transmettent pas par le moyen de la discussion, elles nedeviennent pas prceptes et partie d'une science commune. L'homme qui aime le dsordre se contente d'avoir un argument quelconque, pour ainsi dire son usage il se soucie peu d'en faire part aux autres, et surtout il ne veut pas entrer en discussion et parce qu'il dteste les conversations de ce genre, et parce qu'il sent que son argument ne peut soutenir ceux qui lui seraient opposs. Ainsi cette erreur ne se propage pas par proslytisme; en cette matire il y a des hommes gars mais il n'y a pas de faux matres, ni il n'y a pas de disciples tromps. Enfin il n'y que la connaissance et l'amour de la doctrine qui puisse dtruire utilement
:

En

II.

Des opinions.

On ne peut imputer la doctrine les opinions abusives. Je crois l'avoir prouv et cette proposition n'est ici rpte que pour servir l'enchanement des ides. Ces opinions ne viennent pas non plus de l'enseignement ; c'est ce que nous examinerons par la suite. Elles viennent del corruption du cur; en effet, l'homme qui ne veut pas observer la loi, et qui ne peut se persuader que la loi soit fausse, cherche concilier autant qu'il le peut ses actions avec ses ides. L'homme a besoin d'tre en paix avec sa raison ; le moyen qu'il devrait toujours choisir pour y parvenir devrait tre d'agir selon la raison; mais quand il a rsolu d'agir selon les passions , force de sophismes de son mieux,
; ,

celte erreur.

Pour dtruire utilement les abus, il faut crer un tat de choses meilleur que celui o ces abus existent je crois avoir prouv que ce serait une erreur source d'autres erreurs
:

il

obtient la paix. La religion lui enseigne que Dieu fait misricorde celui qui se repent; et il dit Je me repentirai un jour. Celte illusion constitue une erreur pratique et non spculative, et il y a une grande diffrence entre ces deux caractres par erreurs pratiques j'entends celles que l'homme se cre lui-mme selon la circonstance pour justifier en quelque sorte aux yeux de la raison le mal qu'il est dcid faire ; et par erreurs spculatives, j'entends celles dans lesquelles on tombe ordinairement, mme sans
:
:

dangereuses, certaines, universelles, que de vouloir substituer la doctrine catholique de la conversion quelque autre doctrine que ce soit. Le seul moyen de diminuer les erreurs qui existent, c'est de rpandre, d'tudier et d'aimer cette religion qui commande et enseigne la vertu, qui indique et ouvre toutes les voies qui y conduisent. Quand on se rappelle un moment toutes les maximes de ccll^ religion, on comprend quel degr d'ignorance, d'oubli et d'aveuglement doit tre parvenu l'homme qui vit dans le pch, avec l'esprance de se repentir plus tard. Il .e suffit pas de mal interprter l'Ecriture et la
tradition

confiance

y lre pouss par aucun intrt. Ces dernires agissent en tous temps et sont des causes

les amener autoriser cette cela ne se peut pas ; l'une et l'autre la combattent toujours, la maudissent sans cesse; il faut s'loigner de l'Ecriture et de la tradition il faut les oublier. Aussitt qu'on s'en approche, soit par l'esprit, soit par le cur, l'on sent qu'il n'y a d confiance qu'en employant selon la loi de Dieu chacun de ces moments dont il faudra lui rendre compte; et qu'il n'en a pas accord un seul pour l'employer faire le mal; qu'il est tou-

pour
:

puissantes de corruption; l'homme le plus tranquille peut, par une opinion fausse, tre conduit commettre un mal qu'il fuirait si cette opinion ne le dirigeait pas. Les erreurs

jours trs-ncessaire de marcher avec pr" caution, non comme des insenss, mais comme deshommesprtt lents, enrachetant le temps perdu (Ephv's.,)', io, 10), que la seule manire raiiVingt.)

Dkmonst. Evang. XIV.

619

DEMONSTRATION EVANGEL1QUE. MANZONI.


Dieu sur une me;
c'est le fruit

C20

sonnable de se conduire est de s'efforcer de rendre certaine noire vocation et notre lection, en faisant de bonnes uvres (II Pierre, I,
O).
III.

d'une vie en-

De

renseignement.

la fausse docne cache pas la vrit; chacun voit qu'il y a trop de preuves l'appui de cette allgation pour qu'on puisse les rapporter; mais on peut hardiment citer toutes les instructions du clerg, tous les sermons, tous les livres asctiques, la rserve de quelques exceptions trs-rares, que nous indiquerons plus tard. Pour preuve de l'enseignement en cette matire, je vais transcrire ici quelques passages de trois hommes cl-

Le clerg n'enseigne pas

trine. Il

tire d'innocence et de pit, c'est la couronne rserve ceux qui ont lgitimement combattu. ... Et vous prsumez que le plus signal de tous les bienfaits sera le prix de la plus ingrate de toutes les vies ? Que pouvez vous souhaiter de plus favorable pour vous la mort, que d'avoir le temps, et d'tre en tat de chercher Jsus-Christ, que de le chercher en effet, et de lui offrir des larmes de douleur et de pnitence? C'est tout ce que vous pouvez-vous promettre de plus favorable pour ce dernier moment. Et cependant [cette vrit me fait

trembler), cependant que vous permet JsusChrist d'esprer de vos recherches mmes et de vos larmes, si vous les renvoyez jusque-l ? Vous me chercherez, et vous mourrez dans vo-

bres.

Mais serons-nous fort contents d'une pnitence commence l'agonie, qui n'aura jamais t prouve; dont jamais on n'aura vu aucun
fruit ; d'une pnitence imparfaite ; d'une pnisi vous le voulez; sans tence nulle, douteuse forces, sans rflexions, sans loisir pour en r,

pch .-Quceretis me, et in peccato vestro moriemini Tout ce que je sais, c'est qutes sacrements du salut appliqus alors sur un pcheur, consomment peut-tre sa rprobation. Tout ce que je sais, c'est que tous les Pres qui ont parl de la pnitence des mourants, en
ire

parer les dfauts (Bossuet, Oraison funbre d'Anne de Gonzague)? Ils meurent ces pcheurs invtrs comme ils ont vcu; ils ont vcu dans le pch, et ils meurent dans le pch; ils ont vcu dans la haine de Dieu, et ils meurent dans la haine de Dieu; ils ont vcu en paens, et ils meurent en rprouvs ; voil ce que l'exprience nous apprend.... De prtendre que des habitudes contractes durant toute la vie se dtruisent aux approches de la mort, et que dans un moment on se fasse alors un autre esprit, un autre cur, une autre volont, c'est, chrtiens, la plus grossire de toutes les erreurs De tous les temps celui o la vraie pnitence est plus difficile, c'est le temps de la mort Le temps de le chercher ce Dieu demisricorde, c'est la vie; le temps de le trou (Bourdaloue, sermon ver, c'est la mort pour le lundi de la seconde semaine de carme, sur l'impnitence finale). Vous avez vcu impudique vous mourrez tel : vous avez vcu ambitieux, vous mourrez sans que l'amour du monde et de ses vains honneurs meure dans votre cur; vous avez vcu mollement, sans viceni vertu, vous mourrez lchement et sans componction Je sais que le temps de la vie prsente est un temps de salut et de propiliation; que nous pouvons toujours retourner Dieu; qu' quelque heure que le pcheur se convertisse au Seigneur, le Seigneur se convertit lui ; et que, tandis que le serpent d'airain est lev, il n'est point de plaie incurable; c'est une vrit de la foi; mais je sais aussi que chaque grce spciale dont vous abusez peut tre la dernire de votre vie Car non-seulement vous vous promet,

ont parl en des termes qui font trembler (Massillon, sermon pour le lundi de la seconde semaine sur l'impnitence finale). De telles maximes prches avec tant d'assurance, prches si affirmativement par de tels hommes constituent certainement d'une manire exclusive l'enseignement de l'Eglise en cette matire.

Qu'on ne vienne pas nous opposer que ces crivains sont franais et qu'il s'agit ici des effets produits par la religion catholique en Italie. La citation d'crivains franais es/ trs-opportune, parce qu'elle montre trsbien que ce dsordre de l'esprit comme le nomme trs-bien l'illustre auteur, a besoin
, ,

d'tre combattu mme hors de l'Italie. si l'on veut un Italien coutons ce que
, :

Mais nous

dit Seigneri Pourquoi me dites-vous que vous n'avez point hte de vous convertir, parce que vous savez trs-bien que pour se sauver il n'est pas ncessaire de vivre saintement mais seulement de faire une bonne mort ? Oh ! esprits en dmence! quels aveugles raisonnements! quelles filles rsolutions ! Et comment pouvez-vous esprer une telle mort, si celui mme qui il appartient de vous la donner, vous la refuse clairement et dclare de la manire la plus positive que vous mourrez dans le pch? In peccato vestro moriemini (Segncri, Serin. X).
, ,

tez la grce de la conversion, e est--dv e celle

grce qui change le cur; mais vous vous promettez encore la grce qui nous fait mourir dans la saintet et dans la justice, la grctqui consomme la sanctification d'une me, la grce de la persvrance finale ; mais c'est la grce des seuls lus, c'est le plus grand de tous les dons, c'est la consommation de toutes les grces, c'est le dernier trait de la bienveillance de

On rpondra peut-tre que l'illustre auteur n'ignore pas, et ne nie pas, que l'on prche cette doctrine il prtend mme qu'aprs avoir cr la cause on veut en empcher les effets. Ce fut en vain, dit-il qu'ils prchrent alors contre le retard de la conversion ils taient eux-mmes les crateurs de ce drglement d'esprit inconnu aux anciens moralistes. Us prchrent alors ? Mais quelle poque devons-nous remonter pour trouver l'origine de celte prdication? Mais si parmi les moralistes anciens, nous comptons les SS. Pres , ce drglement n'tait certainement pas inconnu ceux d'entre eux qui, dans les premiers sicles de l'Eglise
;
,

621

EXCELLENCE DE LA MORALE CATHOLIQUE.


;

622

s'levrent tant contre les cliniques (1). Mais livre bien antrieur aux casuistes, aux cliniques et aux Pres, il est crit Ne tarde pas te convertir au Seigneur, ne diffre pas d'un jour l'autre (Eccls., V, 8).

dans un

enfants suTit l'Eglise pour qu'elle ne l'abandonne pas mais par l enseigne-t-elle aux hommes se rduire ce lger espoir?

Les

hommes

bienfaisants qui font tous leurs

En effet, du moment o l'ide de la conversion a t donne aux hommes , ils ont pu y ajouter celle du dlai. C'est en vain qu'ils prchrent contre le retard de la conversion. En vain? Et pourquoi ? Leurs prdications ne furent-elles pas conformes la raison? N'est-il pas prouv que c'est une folie que de tarder se convertir ? Peut-on faire leurs discours une objection sense ? Sera-ce toujours en vain que l'on fera connatre aux hommes la vrit pour eux la plus importante ? Il y a tout lieu de croire que ce n'a pas toujours t en vain. Certainement la semence de la parole peut tomber sur le chemin, sur les pierres, entre les pines , mais elle tombe aussi quelqueet ce serait dsesfois sur la bonne terre prer de la grce de Dieu et de la raison de l'homme, que de croire qu'on a toujours prch en vain des vrits aussi incontestables et aussi importantes. Ils taient tes auteurs de ce drglement de l'esprit. Ah si les chrtiens qui vivent dans ce drglement leur faisaient un tel reproche, n'auraient-ils pas raison de rpondre: Nous ? c'est en vous prt liant la conversion que nous vous avons ports la diffrer et vivre dans le pch? C'est donc, en vous parlant des trsors de la misricorde divine que nous vous avons excits les mpriser?
;
1

pour sauver la vie celui qu'ils retirent des flots, malgr le peu d'esprance qu'ils
efforts

ont de le sauver, peuvent-ils tre accuss d'encourager les hommes se noyer? Qu'on observe ici que relativement cette matire l'Eglise semble tenir deux langages elle cherche inspirer des craintes aux pcheurs qui, pleins de vigueur et de sant, esprent qu'ils auront le temps de vivre dans le pch et de se convertir ensuite; elle inspire de la confiance aux mourants. Dans ces diverses manires d'agir, il n'y a pas de contradiction elle se tient au contraire dans les limites de la prudence cl de la vrit. Dans l'un et dans l'autre cas les pcheurs ne sont disposs considrer attentivement qu'une partie de la question;
, , ;

l'Eglise leur rappelle celle qu'ils oublient. Les premiers sont pleins de l'ide qu'il leur sera possible de se convertir, et il est ncessaire de leur montrer combien ce sera difficile; les autres se reprsentent cette difficult comme insurmontable, et la mfiance en la misricorde de Dieu est un des plus

grands obstacles qui s'oppose leur conversion.

Nous avons parl de l'enseignement gnpas un seul exemple qui prouve que quelqu'un ait enseign le contraire; mais la vrit veut que nous exral, peut-tre n'existe-t-il

Nous vous avons

Venez, adorons, prosternons-nous et prions ; nous vous avons dit: aujourd'hui que vous entendez la voix du Seigneur, n'endurcissez pas vos curs comptez sur un ( Ps. XCIV, 6, 8); et vous lendemain que nous ne pouvons pas vous promettre, sur un lendemain dont nous cherchons vous faire douter, et nous sommes la cause de votre endurcissement ? Certes, votre sang ne peut nous contre crier vengeance (Act., XX, 26). C'est ainsi qu'ils pourraient rpondre, s'il y avait un langage pour justifier la prdication de l'Evangile la face du monde. Ou bien, ils pourraient aussi opposer cette accusation celle-; qu'on leur fait d'effrayer les hommes par des ides lugubres de mort et de jugement pour les exciter se
dit:

convertir.
si l'Eglise a si peu de confiance dans conversions faites l'heure de la mort, pourquoi met-elle tant de sollicitude assister le pcheur mourant? C'est prcisment parce qu'elle a peu de confiance qu'elle runit tous ses efforts ; c'est prcisment parce que l'entreprise est difficile qu'elle emploie toute la charit de son cur et de

Mais

les

ses paroles.

Le plus
(l)On
vivre
ei

petit espoir de

sauver un de ses

sait (|no l'on


la

persuads de

appela cliniques, ceux qui, bien vrit du christianisme, continuaient

meUre son joug, cl se proposaient bapimeau lii de la mort.

p nous, parce qu'ils ne voulaient pas se soule recevoir le

pliquions ici comment quelquefois l'erreur a pu tre indirectement favorise. Parmi les nombreux inconvnients de l'art oratoire (ainsi qu'il est gnralement compris), inconvnients qui font que souvent il est en opposition avec l'esprit logique et l'esprit moral, l'un des plus communs et des plus pernicieux est d'exagrer le bien ou le mal d'une chose en oubliant la liaison, le rapport qu'elle a avec d'autres; ainsi l'on affaiblit, quelquefois mme on dtruit une runion de plusieurs vrits pour vouloii trop en tendre une, que par consquent on dtruit aussi. Un tel esprit qui plat bien des personnes qui voient une puissance de gnie o il n'y a que faiblesse et inhabilet embrasser tous les rapports importants d'un sujet; un tel esprit, dis-je, a gar quelques hommes , car en voulant exalter quelque pratique religieuse, ils sont arrivs lui attribuer la facult d'assurer la conversion aux pcheurs mourants. Assertion fausse et nuisible, jeu d'loquence mal propos nomme populaire, car il n'y a de populaires que les choses qui contribuent clairer et perfectionner le peuple; celles qui ne servent qu' fomenter ses passions et ses prjugs ne mritent pas cette qualification. A la vrit ceux qui quelquefois se sont abandonns cette misrable intemprance de gnie, n'ont pas manqu, ordinairement, d'y mler des correctifs; mais celte mthode dvoile le mal sans y porter remde, parce que, si je puis m'exprimer ainsi, les hommes gotent volontiers le mal, cl rejettent l'absinthe salu-

623

DEMONSTRATION EVANGELIQUE. MANZONI.


mettre, un seul cas o elle aussi abandonnerait un homme Elle lui ouvre les bras elle n'oublie pas que le sang de Jsus-Christ a t vers pour lui comme pour les autres, et elle fait en sorte qu'il n'ait pas t rpandu en vain ; mais elle n'assure le salut, ni lui ni d'autres et ce serait aller directement contre ses enseignements, que de se reposer sur une telle assurance.
!

taire. Observons que non-seulement ces orateurs onttoujourslconlredits parla presque totalit des autres, mais encore qu'ils ont t en contradiction avec eux-mmes, puisque leur enseignement tait incompatible avec

celte doctrine particulire; car

s'ils

l'avaient

applique tous les cas, ils n'auraient pu continuer prcher l'Evangile : il devenait inutile. On a lieu d'esprer que de nos jours ce dsordre a presque entirement cess. Pour prouver l'effet de l'habitude do ne considrer que la mort du pcheur, l'auteur allgue une preuve de ce fait, que nous rapportons en citant ses propres paroles La fu:

CHAPITRE X.
Des moyens de subsistance du clerg, considrs

comme cause

d'immoralit.

neste influence de cette doctrine se fuit sentir en Italie d'une manire clatante, toutes les
fois

que quelque grand criminel


et la
le

tin sxipplice capital.

est condamn La solennit du juge-

jours

certitude de la peine frappent touendurci de terreur, puis de repentir. Aucun incendiaire, aucun brigand, aucun empoisonneur ne monte sur l'chafaud

ment

plus

Je ne parlerai pas du scandaleux trafic des indulgences, et du prix honteux que le pnitent payait pour obtenir l'absolution du prtre, le concile de Trente prit tche d'en diminuer l'abus ; cependant, encore aujourd'hui, le prtre vit des pchs du peuple et de ses terreurs; le pcheur moribond prodigue, pour payer des messes et des rosaires, l'argent qu'il
a souvent rassembl par des voies iniques ; il apaise au prix de l'or sa conscience, et il tablit aux yeux du vulgaire sa rputation de

sans avoir fait, avec une componction profonde, une bonne confession, une bonne communion, sans faire ensuite une bonne mort ; son confesseur dclare sa ferme confiance que Vme du pnitent a dj pris son vol vers le ciel, et la populace se dispute au pied de V-

chafaud les reliques du nouveau saint, du nouveau martyr, dont les crimes lavaient peuttre glace cVejfroi pendant des annes.

Page 41G-W7. Admettons provisoirement qu'il en soit ainsi (par la suite nous examinerons le fait); admettons-le pour le temps prsent et pour l'Italie, car en l'tendant tous les temps et tous les lieux, on voudrait dire que la repit.

Avant d'avoir lu ce passage, je n'avais jamais entendu parler de cet usage extravagant; mais comme je suis loin de vouloir prsenter mon ignorance pour unique rponse une assertion, je m'en rapporte ceux qui savent, mieux que moi, comment se passent les choses en Italie. Par sa nature le
est si public, qu'il sera facile d'tablir la vrit. Je tiendrai nanmoins pour certain que celte superstition est des plus contraires l'enseignement de l'Eglise, quelque soit le lieu o elle a pu exister. L'Eglise accueille,
l'ait

ligion de Jsus-Christ n'a apport la terre


et de superstiproposition serait plus absurde qu'impie ce serait outre-passer sans motifs l'assertion de l'illustre auteur qui ne veut parler que des effets de la religion catholique en Italie; afin de tirer de ce fait, que nous venons d'admettre pour l'instant, un rsultat utile et non un argument de dclamation, supposons que l'on charge un homme de proposer des remdes pour faire cesser un si triste tat de choses. A quelles recherches cet homme devra-t-il se livrer? Sans doute qu'il s'informera d'abord si cette coutume vient d'une loi ou d'un abus. Je sais que cette distinction est rebaltue, mais il est impossible de ne pas la faire de nouveau chaque fois que par elle seule on peut embrasser toule la question. Si l'on rpond que c'est un effet de la loi, il faudra le prendre en citant la loi; assertion impossible, reconnue implicitement comme fausse par l'auteur lui-mme, puisque, en reprochant cette conduite l'Italie, lorsqu'il la compare la France et l'Allemagne, il accorde qu'on peut tre catholique sans agir de

qu'un surcrot de perversit


tion
;

la

coupable chass violemment de condamn la mort son ministre se place enlre le juge et le bourreau; oui entre le juge et le bourreau, car le poste d'honneur, pour un ministre de l'Eglise, est celui o il trouve sanctifier, consoler une me; o il trouve des rpugnances vaincre; une suite de sentiments pnibles qui n'ont point en ddommagement une rcompense temporelle c'est ce poste qu'il choisit,
il

est vrai, le

la socit et

c'est

celui qu'il choisira toujours tant

que

subsisteront les lois qui supposent qu'on ne peut empcher certains crimes de se renouveler souvent, qu'en infligeant la peine de mort au coupable. Comment peindre les angoisses d'un homme qui a sous les yeux l'instrument du supplice, et qui, sondant sa conscience, n'y trouve que le souvenir du crime; d'un homme qui attend la mort, non pour la dfense d'une cause sainle, mais en punition des crimes o l'ont entran ses passions? L'Eglise ngligerait-elle de rendre utile celui qui est forc de la supporter, une douleur aussi grande et aussi accablante? Y aurait-il une seule circonstance o elle n'aurait pas de misricorde pro-

la sorte, que par consquent une telle conduite n'est pas fonde sur les lois. Si l'on rpond que c'est un abus, alors cet homme que nous avons suppos ne devra plus en tirer

des consquences contre

la loi,

mais au con-

traire chercher le vice dans l'oubli de celle loi, et la discussion change tout fait de

nature.
l'effet

11

devra chercher, pour


;

les

enlever,

ces abus qui sont les obstacles qui


qu'il

empchent
la loi

naturel de la loi devra chercher


le fait

c'est

dans

mme

les

moyens de
il

la faire

observer.

Donc

une

fois

admis,

en rsulte-

623
rait

EXCELLENCE DL LA MORALE CATHOLIQUE.


qu'on
Italie cet

C2C

inconvnient existe, parce que les Italiens ne sont pas assez bons catholiques; que pour le faire cesser il faut tles rendre aussi bons catholiques que

bonne uvre de fournir aux subsistances des ministres, en portera quelques-uns donnercette uvre une valeur qu'elle n'a point,
en lui attribuant les effets qui n'appartiennent qu' d'autres uvres indispensables; et qui par leur gnrosit croiront pouvoir se dispenser d'tre chrtiens voil l'abus. Comme cet abus est contraire l'esprit et la lettre de l'institution le vrai moyen de le faire cesser sera d'avoir recours l'institution mme. C'est ainsi qu'ont fait ceux auxquels il appartient de le faire directement;
: ,

cher de

auteur suppose l'tre ceux de France et d'Allemagne. Si dans l'ordre civil on se faisait une rgle gnrale d'abolir toutes les lois qui ne sont pas universellement excutes, ce serait une rgle trs-mauvaise, bien que dans un grand nombre de cas la transgression de la loi puisse arriver au point de la rendre inutile et nuisible, et d'tre un motif raisonnable
l'illustre

pour

la faire abolir.

l'histoire ecclsiastique est pleine de leurs efforts et de leurs succs ; et sans remonter

Dans les choses de la religion la rgle serait encore plus fausse, parce que ce n'est pas sur des effets partiels et temporaires que les lois essentiels de la religion sont calcules; elles ne se plient pas aux circonstances, mais doivent faire plier tout elles; elles viennent d'une autorit dont on ne peut pas appeler, et l'homme est dans l'impossibilit de leur en substituer de plus convenables. Le ministre ecclsiastique, institu par Jsus-Christ, est une de ces lois; et le plus grand abus que les hommes puissent en faire, c'est de le dtruire autant qu'il est en leur pouvoir en le chassant de quelque lieu et pour quelque temps. Le systme de l'Eglise n'est pas et ne doit pas tre d'extirper les abus quelque prix que ce soit, mais de combiner avec l'extirpation ou la diminution des abus la conservation des choses essentielles; elle n'imite pas l'artisan inhabile et impatient qui brise l'instrument pour en ter la rouille. Pourquoi existe-t-il des abus? Parce que les passions des hommes les portent au dsordre; et c'est prcisment pour cela que Jsus-Christ a donn l'autorit l'Eglise; qu'il a institu le ministre; c'est prcis-

plus haut dans les annales, le concile de Trente que nous avons dj cit en est une preuve. Beaucoup de papes et beaucoup d'vques ont mis un soin particulier remplir ce devoir; le seul saint Charles y a consum sa vie en y travaillant sans relche, et il s'est toujours montr attach l'Eglise; le clerg

catholique n'a pas manqu d'hommes zls et sincres qui ont dvoil les abus et les ont corrigs autant qu'il pouvait se faire. Tous les fidles enfin peuvent contribuer y porter remde en se montrant pieux, vigilants observateurs de la loi divine; car il est certain que les abus naissent i o les hommes
les dsirent, et

que

les

hommes ne

les dsi-

ment pour cela que le ministre est indispensable. Ce que l'Eglise veut viter avant tout, c'est le mal horrible d'un peuple sans christianisme et l'absurdit d'un christianisme sans ministre. Les ministres doivent indispensablement avoir une existence assure, et pour parvenir ce but, il y a deux moyens. L'un serait de ne choisir les ministres que parmi ceux qui sont pourvus des biens de la fortune; moyen tmraire et contraire la raison, puisqu'il restreindrait la vocation divine une seule classe d'hommes et renverserait le bel ordre du gouvernement ecclsiastique: l'autre
le ministre

rent que lorsqu'ils sont corrompus, que lorsque, n'aimant pas la loi, ils en imaginent une autre; il est certain que chacun en se rformant soi-mme coopre la rforme du corps entier auquel il appartient. Nous n'avons admis le fait que pour prouver que celui qui en tirerait des conclusions contre la religion ne raisonnerait pas maintenant il est bon de l'examiner. Le prtre, dit l'illustre auteur, vit des pchs et des terreurs du peuple; lepcheur moribond prodigue, pour payer des messes et des rosaires, l'argent que souvent il a rassembl par des voies iniques ; au prix de l'or il apaise sa conscience, et tablit aux yeux du vulgaire sa rputation de pit. J'observe, en passant, que jamais, autant que jo sache, il n'a t question de payer
;

pour faire rciter le rosaire, et que d'ailleurs celle association tant trangre au ministre ecclsiastique, s'il y a rtribution, ce n'est nullement au profit des prtres.
Qu'on observe encore, et cela est bien plus important, que non-seulement l'Eglise catholique enseigne que pour effacer le pch d'avoir accumul de l'argent par des voies iniques, il faut en faire la restitution quand cela est possible; que c'est une erreur, c'est persister dans l'injustice que d'employer cet argent d'autres usages, quelque saints qu'ils soient d'ailleurs; mais encore que cette doctrine est universellement prche et reconnue en Italie. Il peut y avoir quelque ministre prvaricateur qui prche le contraire, mais s'il en existe, c'est certainement une exception aussi rare que dplorable. On sait le nombre immense de restitutions qui se font par le moyen des prtres. Que de restitutions de rparations la confession ne fait-elle point r aire, chez les catholiques (J.-J. Rousseau
Emile,
liv. IV,

moyen

est

d'ordonner que
:

entretienne celui qui l'exerce ce moyen est si raisonnable qu'il a t tabli comme loi ds le commencement du christianisme; car le prtre en servant les autels se met dans l'impossibilit de pourvoir ses besoins d'une autre manire. Les fidles doivent donc pourvoir aux besoins des ministres des autels; voil la loi. Mais parmi les ministres, qui sont hommes, il s'en trouvera qui, faisant servir l'avarice ce qui est accord la ncessit, useront d'une manire illgitime du droit certain de recevoir, et retendront des choses auxquelles il n'est point applicable et parmi les fidles il arrivera que cette croyance juste, que c'est une
;

note kl)?

0-27

DEMONSTRATIOiN VANGELIQUE. MANZONI.

(,28

Ces prtres engagent-ils alors un homme apaiser sa conscience prix d'or; mais cet or, qui ne fait que passer par leurs mains, est une preuve qu'ils n'allrent point la puret de la religion pour se l'approprier, et qu'ils enseignent au contraire qu'il ne peut devenir un moyen d'expiation qu'en retournant ceux auxquels il a t injustement
enlev. Le prtre qui remplit ses devoirs cherche exciter dans les curs des fidles une crainte des jugements de Dieu cette crainte, dont, par un effet incomprhensible de notre faiblesse, tout nous distrait; cette crainte qui nous rappelle la vertu, cette noble crainte qui nous fait considrer comme le seul malheur vritable celui de manquer nos hautes destines, et qui inspire du courage en habituant celui qui l'prouve ne rien redouter des hommes. Mais aprs avoir excit cette sainte terreur par ses instructions, est-il un seul ministre qui enseigne que le moyen de vivre en paix est de faire des largesses aux prtres? En a-l-on entendu un seul prcher une Laveztelle doctrine? Ne disent-ils pas tous vous, purifiez-vous, tez de devant les yeux de Dieu la malignit de vos penses, cessez de faire le mal, apprenez faire le bien, examinez avant que de juger et choisissez ce qui est protgez piste secourez le malheureux l" orphelin, dfendez la veuve (Isa., I, 17)? Certainement je ne veux pas dire que l'avarice ne puisse pas voir un objet de lucre dans les choses les plus pures, les plus terribles, les plus sacres, et (je me servirai des expressions d'un grand vque, qui le disait en frmissant) faire du sang adorable de JsusChrist un profit infme! (Massillon, Discours synodaux, XIII, de la compassion des pau;
: , ,

de signaler ces dangers et de contrler ceux qui les rpandent sur la voie du salut et cela ne conviendrait en aucune manire un homme qui n'a auici

Ce

n'est pas

le lieu

cune autorit pour le faire. Mais ce serait une chose vile, mensongre et irrligieuse que de nier l'existence d'abus rellement existants, ou de chercher les justifier par des raisons spcieuses, de prsenter comme une
chose ncessaire l'Eglise ce qui fait sa honte et sa dsolation, et cela ne convient ni moi ni personne. Je ne crois pas affaiblir l'argument en gardant le silence sur ce point; je crois mme l'avoir suffisamment trait en donnant toutes les raisons par lesquelles il me semble qu'on peut affirmer que, parmi les abus qui ne sont que trop rels, l'abus horrible de substituer les dons aux devoirs et d'apaiser la conscience prix d'or, n'existe pas moralement parlant. Par la voix des conciles, des souverains pontifes et des vques. l'Eglise a toujours parl; parmi mille exemples de zle et de franchise, on peut en trouver un dans les discours synodaux du grand vque que nous venons de citer un peu plus haut, de ce Massillon qui certainement fut un des plus grands gnies que le ciel ait donns la terre pour l'instruction du genre humain, et qui, par son loquence, s'est peut-tre lev audessus de tous ( Outre le discours dj cit, voyez le neuvime sur i avarice des prtres). Jamais l'ennemi le plus ardent et le plus adroit de l'Eglise ne dvoilera avec plus de force et de pntration les effets horribles de l'avarice, lorsqu'elle entre dans le cur d'un
,

vres.)

ministre du sanctuaire; et le plus obissant et le plus tendre des fils de l'Eglise ne les dplorera jamais avec des accents plus lamentables, avec plus d'humilit, avec un dsir plus vif de la voir dlivre de cette plaie affreuse.

Quelle que

ft

l'horreur que dut prouver

l'Eglise la seule supposition d'une telle prvarication, elle a d en parler pour la prvenir et pour la rendre difficile et rare, si elle ne
la rendre impossible. Le concile de Trente, aprs avoir profess la doctrine perptuelle de l'Eglise sur le purgatoire, sur les soulagements que les suffrages des fidles et principalement le sacrifice de l'autel peuvent procurer aux mes qui y sont retenues aprs avoir prescrit aux vques d'enseigner et de conserver cette doctrine, ajoute: Que ces choses qui ne tiennent qu' la curiosit et la superstition, et qui sont la source de gains honteux, soient dfendues comme scandaleuses et dangereuses pour les fidles (1).

pouvait

nous ne pensons pas qu'il d'avoir cet esprit d'impartialit ; nous croyons, au contraire, qu'en jugeant les dfauts des prtres, on cde trop facilement aux prventions qui viennent d'un principe d'aversion que malheureusement nous avons tous pour leur ministre. Ceux qui nous montrent la voie troite du salut, qui combattent nos inclinations mauvaises, qui, par la vue seule de leur habit, nous font souvenir qu'il y,a un juge dont ils sont les ministres, qu'il y a un ministre institu pour
,

Quant nous

soit facile

lier et dlier, qu'il y

a un modle qu'ils doivent prsenter tous ah elle est trop prcieuse aux sens corrompus l'occasion de les
;
!

(l)Cum c:it Iiolica Ecclesia Spiriiu San (Mo edocla ex sacris litlcris, etanliqua pairum iradilione, etnovissime in iinc cumenica. synodo, docuerit purgatorinrn esse, animasque ibi detentas fidelium suffragiis, oiissimiim vero acceptabili allais sacrilicio juvaii; prsecipit sancla synodus episcopis, ni sanam cli; purgatorio ducirinam asanctis Patribus, et a sacris conciliis iraditam a Christi fidelibus credi, lenci, doceri, cl ubique prdicari diligenter studeant. Eaveroquse ad curiosilalem quamdam aut superstitionem spectant, vel turpe lucrum snpiunt, tanquara scandala, et fidelium offendicida prohibeant (Conc. Trid., sess.

souponner pour qu'on

la laisse

chapper;

l'aversion que la loi inspire la chair et au sang est trop forte pour qu'elle ne s'tende pas aussi ceux qui la prchent, pour qu'on ne dsire pas pouvoir dire qu'eux-mmes ne la suivent pas , et qu'ainsi puisque nous la recevons de leur bouche, elle peut d'autant moins nous soumettre ses obligations. C'est cette aversion qui, en grande partie, nous porte dverser sur tous en gnral le blme

XXV,

Dcret de Purgatorio.)

pour le mal que nous voyons dans quelquesuns en particulier dire qu'il n'y aurai'
;

C29

EXCELLENCE DE LA MORALE CATHOLIQUE.


2

G5U

rien de plus respectable que le ministre s'il lait dignement exerc, et fermer ensuite les yeux quand on nous prsente des prtres qui l'exercent saintement , ou diminuer avec malice les vertus qui ne peuvent tre mises en doute. Ainsi, lorsque dans la conduite pleine de zle d'un prtre on ne peut souponner l'avarice, parce que sa pauvret volontaire et sa gnrosit sont trop videntes, on explique cette conduite par le dsir de dominer, de diriger, d'avoir de l'influence, de jouir de la considration. Si la conduite de ce prtre est tellement loigne des intrigues, si elle est si franche et si simple qu'elle repousse aussi cette interprtation, on y voit le fanatisme, un zle inquiet et intolrant. Si la conduite ne respire qu'amour, patience et paix, il ne reste plus l'attribuer qu'aux prjugs, la petitesse d'esprit, l'ignorance, dernire raison par laquelle le monde explique ce qui est la perfection de toute vertu et de tout raisonnement. Oui, il y a des prtres qui mprisent ces richesses, dont ils annoncent la vanit et le danger; des prtres qui auraient horreur de recevoir le don du pauvre, et qui se dpouillent pour le secourir; qui reoivent du riche avec une noble pudeur et un sentiment inqui en tendant la trieur de rpugnance main ne se consolent que par la pense que bientt ils l'ouvriront pour remettre au pauvre cet argent qui leurs yeux est bien peu capable de compenser les privations d'un ministre qui n'a de prix digne de lui que la charit. Ils passent au milieu du monde, et ils entendent les plaisanteries sur l'avidit des prtres; il les entendent et pourraient lever la voix pour dfendre leur innocence ; ils pourraient montrer que leurs mains sont pures, et que leur cur n'est avide que de ce trsor que la rouille ne consume pas (Mallh., VI, 20), qu'il n'est avare que du salut de leurs frres ; mais ils se taisent, ils dvorent les sarcasmes du monde, et se rjouissent d'tre jugs dignes de souffrir les affronts pour le nom du Christ (Act., V, 41).
,

Peut-il y avoir des excs dans les concessions d'indulgences? 3 Les concessions excessives sont-elles contraires au principe de moralit? 4 Si elles ne produisent point cet effet,

quel est celui qu'elles produisent? Comme nous ne pouvons pas mme tenter d'ajouter de nouveaux arguments dans une discussion soutenue pendant des sicles par des centaines d'crivains, ni de mler quelque agrment une matire si aride par ellemme nous chercherons y suppler par la brivet et par la prcision du raisonnement, pleins de confiance dans l'attention de ces lecteurs pour lesquels il est toujours intressant de voir une vrit dmontre jusqu' l'vidence. 1 Qu'est-ce que l'indulgence? Pour tre plus bref, j'en prendrai la dfinition dans le catchisme du diocse de Milan, qui est conforme tous les catchismes de la catholicit. L'indulgence est une rmission des peines temporelles qui ordinairement doivent tre souffertes dans celte vie ou dans l'autre, pour satisfaire la justice divine aprs l'absolution du pch et la remise de la peine ternelle ( Abrg de la doctrine chrtienne, tir du Catchistne romain, etc., Milan, 1814, page 120). Cette doctrine suppose donc dans le pcheur l'obligation de satisfaire la justice
,

divine. 2 Peut-il y avoir excs dans les concessions d'indulgence? Sans doute; les conciles de Latran et de Trente ont parl de l'excs et y ont apport

CHAPITRE
Mais Von a considr

XI.

des remdes. 11 se prsente ici une observation singulire, tant elle est vraie: c'est que toute censure d'indulgence comme excessive devient un hommage la doctrine catholique de la satisfaction car l'indulgence tant une commutation de peine, une diminution des uvresde satisfaction, celui qui trouve cette diminution excessive, arrive directement dire que la satisfaction est juste et utile, et avouer qu'en se dbarrassant de toute satis;

Des indulgences.
indulgences graconcessions des papes, on obtient par quelque acte extrieur de pit, comme moins abusives ; on ne saurait toutefois en concilier l'existence avec aucun principe de moralit. Lorsqu'on voit par exemple, deux cents jours d'indulqcnce promis pour chaque baiser donn la croix qui s'lve au milieu du Coh/sc, lorsqu'on voit
les

tuites, celles que, d'aprs

les

dans toutes

les glises d'Italie tant d'indulgences plnir es si faciles gagner, comment concilier ou la justice de Dieu ou sa misricorde, avec le pardon accord une, si faible pnitence, ou avec le chtiment rserv celui (/ni n'est point porte de le gagner par celte voie si facile? Page kil. Ici quatre questions se prsentent natu-

rellement 1" Qu'est-ce que l'indulgence?


:

faction on pousse les indulgences jusqu'au dernier degr, on transporte l'excs du fait au principe, on convertit en loi perptuelle un abus temporaire, en le dpouillant mme de ces correctifs que les abus conservent toujours, afin de ne pas heurter la loi de front. 3 Les concessions excessives d'indulgences attaquent-elles les principes de moralit? Non jamais. La manire de rpandre les indulgences, ditBossuet [Exposit.de la doctrine catholique, 8) regarde la discipline. Cela. pos, les concessions excessives ne peuvent tre qu'un abus; or l'Eglise catholique est tablie de manire ce que les abus ne puissent pas porter atteinte aux principes de moralit, parce que ces principes ne sont pas dans la sphre del discipline, mais dans celle de la foi. Tout principe essentiel de moralit tant un article de foi il ne peut tre renvers que par une doctrine qui tablisse un principe contraire. Voyons maintenant dans le cas concret comment , en supposant
,

C"l

DMONSTRATION VANGLIQUE. MANZONI

62

toutes sortes d'excs dons la concession des indulgences, les principes de moralit restent
intacts.
11 y a deux maximes essentielles que nous rapporterons en nous servant pour consacrer l'une des paroles de Massillon, pour l'autre de celles de Bossuel, non parce qu'ils ont t les seuls les enseigner, puisque tous les enseignent et nul ne les contredit; mais pour saisir celte occasion de prsenter des ides importantes exprimes avec exactitude et lgance. Ne nous flattons point que nos fautes soient expies, si elles n'ont pas t dtestes; ne croyonspasqueles grces de l'Eglise nous aient purifis, si elles ne nous ont pas changs; ne comptons sur son indulgence qu'autant que nous pouvons compter sur un

veut, lve celui qui lui plat (1), ne puisse accorder l'indulgence la plus grande l'homme, qui avec un dsir ardent de l'obtenir par le moyen de l'Eglise, se trouve dans l'impossibilit de la demander. Si les concessions excessives d'indulgences ne dtruisent pas les principes de moralit , quel autre effet produisent-elles?

Un effet dangereux certainement, comme tous les excs, et il n'est pas besoin de se faliguer le chercher puisque le concile de Trente nous l'enseigne cet effet est d'affaiblir la discipline. Le saint synode veut qu en accordant les indulgences on use de modration, selon l'habitude ancienne approuve par l'Eglise afin que par une trop grande facilit
,
:

on

n'affaiblisse
effet,
si

pas

la

discipline ecclsias-

sincre repentir (Massillon, Mandement pour la publication du jubil, 15 novembre 1724).

tique (I).

En

les

indulgences rendent facile

Pour obtenir les indulgences la conversion du cur est donc ncessaire, Mais il se faut bien garder de s'imaginer
,

que l'intention de l'Eglise soit de nous dcharger par l'indulgence de l'obligation de satisfaire Dieu; au contraire, l'esprit de l'Eglise est de n'accorder l'indulgence qu' ceux qui se mettent en devoir dsalisfairedc leur cld la justice divine, autant que l'infirmit humaine le permet: et l'indulgence ne laisse pas dt nous tre fort ncessaire en cet tal puisque ayant, comme nous avons, tout sujet de croire que nous sommes bien loigns d'avoir satisfait selon nos obligations nous serions trop ennemis de nous-mmes si nous n'avions recours aux -grces et l'indulgence de l'Eglise Instructions ncessaires pour le ( Bossuel
,

l'obligation d'accomplir la satisfaction, l'excs de ces indulgences deviendrait presque une dispense de cette obligation; et la mme raison pour laquelle Dieu, dans sa misricorde, nous a impos de satisfaire, conseille la mo-

dration dans la concession des indulgences de peur, dit Bossuet, que, sortant trop promptement des liens de la justice, nous ne nous abandonnions une tmraire confiance, abusant de la facilit du pardon (Exposition de la doctrine catholique, 8).
:

Mais est-ce dans

les

exemples

cits ici

par

jubil).

l'auteur que se trouve l'excs ? Il ne m'appartient pas de le dcider, et la dcision en est peu importante , puisqu'il a t dmontr comment les indulgences peuvent se concilier avec les principes del moralit, ce qui faisait le point essentiel de la question.

Pour obtenir les indulgences le dsir de satisfaire autant qu'on le peut la justice divine est donc ncessaire, et ce dsir n'est sincre que lorsqu'il est joint aune vie pnitente.
i

CHAPITRE

XII.
et

Des choses qui dcident du salut damnation.

de

la

Quand une

fois

sitions, l'indulgence la plus

on a admis ces deux dispoample accorde

l'uvre la moins importante, se concilie parfaitement avec tous les principes de moralit, parce que la rmission des peines obtenue ces conditions, se concilie avec la justice divine. Il faudrait, pour aller contre les notions que nous avons de celle justice, dire que sans la conversion du cur les indulgences obtiennent seules la rmission de la peine et le dsir de satisfaire la justice, et c'eslune impit que, grces au Ciel, personne n'enseigne dans l'Eglise. Mais comment concilier la misricorde de Dieu avec le chtiment rserv celui qui ne peut obtenir le pardon par un moyen aussi facile? H faut observer qu'il est presque impossible qu'un fidle se trouve dans le cas o tous les moyens d'avoir recours lindulgcnce de l'Eglise lui soient ferms. Mais en supposant ce cas, l'Eglise est bien loin d'affirmer que des chtiments soient rservs ce fidle l'Eglise dispense les moyens ordinaires de misricorde que Dieu lui a confis mais elle est loin de vouloir limiter celte misricorde ou de la croire infinie elle est bien loin de dire que celui qui, lorsqu'il le
; ; ;

Le pouvoir attribu au repentir, aux crmonies religieuses, aux indulgences, tout s'tait runi pour persuader au peuple, que le salut ou la damnation ternelle dpendait de l'absolution du prtre, et ce fut encore peuttre l le coup le plus funeste port la morale. Le hasard, et non plus la ver tu, fut appel dcider du sort ternel ie l'me du moribond. L'homme le plus vertueux, celui dont la vie avait t la plus pure, pouvait tre frapp de mort subite, au moment o la colre, la douleur, la surprise, lui avaient arrach un de ces mots profanes, que l'habitude a rendus si communs, et que d'aprs les dcisions de l'Eglise, on ne peut prononcer sans tomber en pch mortel ; alors sa damnation tait ternelle, parce qu'un prtre ne s'tait pas trouv prsent pour accepter sa pnitence, et lui ouvrir
les

portes

du

ciel.

L'homme
,

le

plus pervers,

le

plus souill de crimes pouvait au contraire prouver un de ces retours momentans la


Socrosnnnm synodus.... in lis (indulgcnliisj teconcedendismoderaiionem juxta veterem ei probaiam in Ecclesia consueludinem, adhiberi cupii ne
(I)
rrien

nimia

facililate ecclcsiaslica disciplina

enervelur (Ses.

XXV,

Dcret, de indidg.).

653

EXCELLENCE DE Li MORALE CATHOLIQUE.


autre.

G34

aux curs les pouvait faire une bonne confession, une bonne communion, une bonne mort,
vertu, qui ne seul pas trangers

Lorsque

l'homme vertueux

tombe

plus dpravs;
et tre

il

assur du paradis. Page 417, 418. Ces objections retombent pour la plupart sur la doctrine qui a t dfendue dans le chapitre IX, c'est pourquoi nous renvoyons nos lecteurs ce chapitre. Ici nous nous contenterons' d'examiner quelques-unes de ces suppositions de l'illustre auteur. L'opinion errone que le salut et la damnation ternelle dpendent de l'absolution du prtre, n'est pas connue en Italie. On y croit que le salut dpend de la misricorde de Dieu et des mrites de Jsus-Christ appliqus l'me qui a conserv l'innocence du baptme, ou qui, aprs l'avoir perdue, l'a recouvre par la pnitence. L'autorit qu'a le prtre d'absoudre des pchs, est si clairement tablie par les paroles mmes de l'Evangile qu'il suffit de les rpter pour le prouver jusqu' l'vidence. Les pchs seront remis ceux auxquels vous les remettrez, et ils seront retenus ceux auxquels vous les retiendrez.
{Jean,

pch, ce n'est pas par un effet du hasard, mais de sa volont pervertie; s'il meurt dans le pch, c'est un arrt juste et terrible. L'Eglise ne suppose l'existence possible d'aucun pch mortel avec la conservation de la vertu; de sorte que si le juste devient pcheur, c'est prcisment l'abandon qu'il a fait de la vertu qui dcide du sort de son me. La justice du juste ne le dlivrera pas, en quelque jour qu'il pche {Ezech., XXIII, 12,

dans

le

14, 15, 16).

XX,

23.)

Mais personne n'a jamais prtendu que le salut dpende de l'absolution de manire ce que celui qui est dans l'impossibilit de l'obtenir ne puisse esprer un tel bienfait.

Non-seulement l'homme peut conserver pendant toute sa vie l'innocence, en s'abstenant de toutes ces fautes qui le rendent ennemi de Dieu (et quoique le monde ne sache pas les reconnatre, il y a encore de ces mes justes qui y passent sans participer ses uvres): mais en outre l'Eglise enseigne et les catholiques croient que la pnitence accompagne de la contrition et du dsir de recevoir l'absolution, peut tre agrable Dieu, bien que l'homme n'ait pas t absous par un prtre.

En

laissant aux ministres l'autorit d'absoudre, Dieu aurait-il voulu rendre le pardon impossible dans certains cas? et les dons que ce Dieu a faits l'Eglise peuvent-ils jamais porter prjudice sa toute-puissance et sa

misricorde? et parce qu'il daigne employer la main de l'homme, sera-ce une raison pour que la sienne soit moins puissante pour sauver

ceux

qu'il a convertis lui (Isae,

LIX,

1).

persuasion soit rpandue, elle ne pouvait certainement pas venir de la premire ni de la troisime des raisons allgues ici. Elle ne pouvait venir du pouvoir attribu au repentir, pareeque ce pouvoir rendrait l'absolution moins ncessaire une me dj revenue Dieu elle ne pouvait venir du pouvoir attribu aux indulgences, parce qu'on n'a jamais dit qu'elles puissent sauver de la damnation ternelle. Comme je ne sais prcisment quelles crmonies religieuses on veut faire allusion,
cette fausse
;

En supposant que

Mais on ne rtablit pas le vritable esprit de l'Eglise, on ne donne pas mme, ce qu'il me semble, une ide juste de la nature de l'homme, en supposant qu'il puisse perdre si facilement la saintet laquelle il est parvenu, en croyant que la consquence naturelle de la vie la plus pure soit une mort impnitente et la damnation ternelle. Certainement le juste peut tomber; l'Eglise le lui rappelle, afin qu'il veille sur lui-mme, qu'il soit humble, afin qu'il craigne et qu'il espre et elle le lui rappelle parce que c'est une vrit. S'il ne pouvait tomber, celle vie serait-elle une vie d'preuve? Si l'on ne pouvait tre vaincu, que serait le combat? Si chaque instant on n'avait pas besoin du secours divin, il serait inutile de prier. L'Eglise veut ter au juste la prsomption, mais non la confiance. Comment! elle qui ne parle aux pcheurs que de conversion et de pardon, de pnitence et de consolation, qui leur rappelle les jours heureux que l'on passe dans la maison du Pre cleste, voudrait-elle ensuite porter la tristesse daes l'me des innocents, en leur reprsentant leur tat comme un tat sans solidit et sans appui? L'Eglise ne conseille pas l'esprance, mais elle dit tous de faire leur elle l'ordonne Philip., Il, salut avec crainte et tremblement 12) mais elle dit aussi que Dieu esl fidle et qu'il ne permettra pas qu'ils soient tents au del de leurs forces ( I Cor., X, 13); elle ne cesse de rpter aux justes que celui qui a commenc en eux l'uvre bonne, la perfectionnera jusqu'au jour de Jsus-Christ {Philip., I, 6). L'illuslre auteur n'a pas cit les dcisions de l'Eglise sur lesquelles il se fonde, lorsqu'il dit que l'on tombe en pch mortel en profrant certaines paroles profanes que l'habitude a rendues si communes; je ne connais pas ces dcisions, et pour les discuter il faudrait les connatre. L'Eglise est si circonspecte dans ces dcisions de pch, son langage est si chti, qu'il serait trs-important devoir comment elle a pu descendre ces
;
:

particularits, et les traiter avec l'autorit

je n'en parle pas. L'Eglise est si loigne de souponner que le hasard et non la vertu puisse dcider du

qui lui conviennent. De toute le juste de l'Eglise, nourri des penses saintes et leves de l'autre vie, habitu vaincre les apptits sensuels, attentif rgler chacune de ses actions parla raison
et la dignit

manire,

connat

que l'on n'est pas en tal de grce, qu'on meurt dans un moment plutt que dans un

sort ternel de l'me du moribond, qu'elle ne mme pas ce mot hasard. Pour elle ce n'est pas le hasard qui fait que l'on est ou

et la prudence, ce juste a une garde sa bouche (Ps.CXL, 3). Dans les temps de

calme, lorsque les passions se taisent, il se fortifie, contre la colre et contre la douleur ; il demande Dieu la grce d'tre toujours assez

DEMONSTRATION EVANGELfQUE. MANZONI.


vigilant pour qu'il ne puisse tre surpris s'il tombe il s'humilie et prie avec plus d'instance. Je ne sais qui peut enseigner qu'une de ces paroles profanes dtruit le rgne de Dieu dans une me; il est pourtant certain
; ,

636

que

la

langue est pure

et

grave

o Dieu

rgne, et que l'Eglise ne veut nullement enseigner aux hommes suivre l'usage commun, ni prendre l'habitude d'expressions vulgaires et passionnes, sans sagesse, sans but et sans dignit. Quant au retour momentan la vertu de l'homme pervers, nous en avons suffisamment et peut-tre trop longuement parl dans le chapitre IX.

son Fondateur. Que celui qui n'coute pas l'Eglise soit considr comme un paen et un publicain (Matth., XVIII, 19). Elle fait dpendre le salut de l'observation de ses commandements, parce que la transgression qui en est faite ne peut venir que d'un cur indocile et peu soucieux de cette vie qui n'est accorde qu' ceux qui dsirent l'obtenir, qui savent l'apprcier et qui la cherchent par les moyens ordonns par Jsus-Christ.
si

Telle est sa doctrine perptuelle, doctrine manifeste et si universelle que tout catholique peut toujours l'appuyer de son tmoic'est

gnage. Mais ce qu'il importe d'examiner,


l'effet

CHAPITRE
Sur
les

XIII.

prceptes de l'Eglise.
:

mandements ct de

l'Eglise plaa ses comgrande table des vertus et des vices, dont la connaissance a t

Ce ne fut pas tout

la

implante dans notre cur. Elle ne les apaussi redoutable que ceux de la Divinit ; elle ne fit point dp'endre'le salut ternel de leur observation; et en mme temps elle leur donna une puissance que ne purent jamais obtenir tes lois de la morale. Le meurtrier encore tout couvert du sang qu'il vient de verser, fait maigre avec dvotion , tout en mditant un nouvel assassinat...., car plus chaque homme vicieux a t rgulier observer les commandements de V glise, plus il se sent dans son cur dispense de l'observation de cette morale cleste, laquelle il faudrait sacrifier ses penchants dpravs. Page 419.

attribu ces commandements, d'tre comme un horrible supplment aux lois ternelles de la morale, une excuse pour les transgresser sans remords ; voil le point de vue et l'unique point de vue sous lequel ils aient t considrs par l'illustre auteur. 11 y a ici deux observations faire: le fait, et sa dpendance des principes constitutifs

puya point par une sanction

de l'Eglise.

Le

fait

est

une partie trs-importante de

Examinons brivement les deux assertions prliminaires nous parlerons ensuite des rapports de ces prceptes ecclsiastiques (1) avec les lois de la morale. 1 L'Eglise prtend ne donner aucun prcepte qui ne prescrive une action vertueuse par elle-mme, qui ne soit un moyen de purifier, d'lever, de sanctifier l'me, en un mot d'accomplir la loi divine. Si l'on nie cette assertion, il faut produire les prceptes vicieux ou indiffrents de l'Eglise. Si on la reconnat, comment peut-on lui reprocher d'avoir mis ses commandements ct de la grande table des vices et des vertus? Ne les a-t-elle pas placs dans l'ordre le plus convenable ? Pour ce qui est de la connaissance des vices et des vertus imprime dans notre cur, c'est une question trangre ce 3ui nous occupe, et qui a t traite dans un es chapitres prcdents 2 11 est vrai que l'Eglise a donn ses commandements la mme sanction qu'ont les commandements de Dieu, parce qu'ils viennent aussi de lui si elle agissait diffremment, elle n'aurait pas une pleine confiance dans l'autorit qui lui a t laisse par
, ;

Or, mon avis, voil quelles sont les maximes qu'il faut considrer et les recherches qu'il faut faire pour parvenir la connaissance de ce fait. La religion n'ordonne que des choses saintes je crois ce point hors de controverse; donc toute espce de crime est incompatible avec la vraie et entire fidlit la religion, donc l'homme qui veut tre vicieux, ne pouvant concilier ses actions avec la religion telle qu'elle est, cherche l'abandonner ou l'altrer; il se rapproche de l'irrligion ou de la superstition. Dans le premier cas la haine que lui inspirent les prceptes qu'il ne veut pas observer le porte dsirer qu'ils ne soient que de simples inventions humaines, et quelquefois la rage de les avoir viols change ce dsir en persuasion. Mais il peut tomber dans une autre espce d'aveuglement. Il sent que le pch l'exclut de la part des justes, mais il ne peut cesser de croire la promesse et il ne voudrait pas y renoncer il cherche oublier que celui qui a viol un prcepte a viol toute la loi (Jacq., II, 10), e' il faudrait tre fidle en observer les parties qui ne lui imposent pas le sacrifice de sa passion dominante. Il sait que c'est une obligation d'observer certains commandements, et en
statistique morale.
: ;

(1) 11 est vident que l'illustre auteur n'a pas voulu seulement parler de ceux qui dans un sens troil et dans le langage catchiste, sont nomms, commandements de l'Eglise , mais de l'ensemble des pratiques ordonnes ou approuves par l'Eglise; nous les prendrons galement dans ce sens

observant il se promet confusment de n'tre pas tout fait en dehors de la ligne du devoir, et d'avoir encore un pied dans la voie du salut il lui semble que Dieu ne l'a pas entirement abandonn, parce qu'il accomplit certains actes que Dieu commande. Les tnbres de son esprit sont quelquefois si paisses(car o ne tombe pas l'intelligence esclave des passions ?) que ces actes, bien qu'ils ne soient point accompagns de l'amour de la justice, lui paraissent une esles
:

pce d'expiation ; et qu'il prend pour un sentiment do religion ce qui n'est autre chose que le dlire de l'impit.

637

EXCELLENCE DE LA MORALE CATHOLIQUE.

C38

Or, pour dcider si parmi les criminels de profession en Italie, c'est le mpris de la religion ou cette superstition qui se rencontre le plus frquemment, il est facile de comprendre quelles recherches il faudrait avoir faites il faudrait avoir visit les prisons pour savoir si ceux qui y sont dtenus pour de graves dlits, nourrissent dans leur cur des sentiments de respect pour l'Eglise, ou s'ils en font un sujet de drision ; ceux qui, par il faudrait en avoir parl tat, les examinent et les observent, avoir
:

en voyant prsenter ces prceptes comme contraires aux lois de la morale, en voyant mls ensemble l'ahstinence et l'assassinat, et (dans les autres exemples que j'ai cru inutile de transcrire) le culte des images runi au libertinage, le jene ecclsiastique et le parjure, comme si ces choses taient en quelque sorte, causes et effets en voyant suppose dans le cur de l'homme une progression presque parallle de sclratesse et de fidlit aux prceptes de l'Eglise. Non, ces choses n'ont entre elles aucun
;

demand aux
tefois

ecclsiastiques (pourvu touqu'on ne voult pas les souponner

de partialit), si ceux qui se sont abandonns une vie coupable taient de zls obil servateurs des prceptes ecclsiastiques faudrait enfin avoir pris les informations les plus exactes. Ne me trouvant pas dans la possibilit de les prendre, je ne puis que donner une opinion, celle que je me suis faite par la tendance que nous avons tous de former un jugement gnral sur des faits du mme genre, quoique les notions que nous avons ne soient ni assez exactes, ni assez certaines pour que nous puissions les dmontrer aux autres. Je pense donc que parmi ceux qui en Italie courent la dplorable carrire du crime il y a de nos jours peu ou point de superstition, et une grande indiffrence pour tout ce qui touche la religion. Pour renoncer cette opinion, il ne me suffit pas que l'illustre auteur en ait manifest une tout fait contraire, parce que de quelque poids que soit son autorit, ce n'est qu'avec beaucoup de preuves et de raisonnements qu'on prend une dcision sur une runion de faits. Je sais que beaucoup d'trangers font une exception pour l'Italie et adoptent sans examen tout ce que l'on peut dire relativement la superstition mais je ne crois pas que cette faon d'agir soit bonne. Je ne prtends pas pour cela proposer mon opinion aux autres, mais je la soumets au jugement de ceux qui sur cette matire ont pu faire des observations. Quoiqu'ici mon but ne soit pas de dfendre l'Italie, mais la religion, je ne puis m'empcher de protester en passant contre l'interprtation gui pourra tre donne l'exemple que rapporte l'illustre auteur, par ces trangers qui sont ports croire plus de mal qu'on ne leur en dit sur cette pauvre Italie; et qui en entendant parler d'assassins faisant maigre, pourront se figurer que l'Italie est pleine d'hommes qui vivent tantt en sclrats, tantt en chartreux. Si jamais par un hasard trange ce petit livre tombait entre les mains de l'un d'eux, qu'il juge si c'est tre trop exigeant que de l'engager faire d'autres recherches avant de se former une telle ide d'une nation. Mais pour en venir au rapport qui existe entre ces faits et les principes de l'Eglise, l'impression qu'il importe avant tout de dtruire pour l'honneur de la vrit et de la religion, est celle qui peut natre contre les prcept .s de l'Eglise et contre son esprit,
; , ;

rapport, ce sont des noms et des ides qui se repoussent elles ne se touchent d'aucun ct, elles sont spares par la distance qu'il y a entre le bien et le mal non, l'Eglise n'a jamais propos de substituer ses prceptes aux lois de la morale, car on ne pouvait en imaginer qui conduisissent plus srement la morale vritable, entire et ternelle. Ce n'est que par un effet d'une dmence irrligieuse de son esprit que le chrtien peut, en observant extrieurement quelques-uns de ces prceptes, se croire dispens de suivre les lois de cette morale, et une dmence de ce genre doit toujours tre une chose fort rare. De ce que des hommes pervers, foulant aux pieds ces commandements importants dont dpend la conservation de la socit, aient gard une fidlit extrieure ceux qui sont donns par l'Eglise pour faciliter l'accomplissement de toute justice, il ne s'en suit pas que ce soit cette fidlit mme qui les ait encourags fouler aux pieds les premiers. Ils ont observ cequ'il y a de plus facile dans la loi, ils sont tombs seulement dans les fautes qu'ils ne savaient pas refuser leurs penchants corrompus, ils n'ont pas joint le mpris de certains prceptes la violation des autres, parce que ce mpris n'avait pas pour eux une attraction assez lorte pour les faire devenir encore coupables sur ce point; voil toute l'histoire de leur cur. S'il existe nanmoins un homme vicieux qui se croie dispens de la morale, mesure qu'il observe plus rgulirement les commandements, qu'on dise sur quels prceptes de l'Eglise il fonde ce systme, qu'on indique dans ces prceptes le point d'o il est parti pour arriver un tel degr de folie, qu'on nous apprenne quelles sont les institutions capables de retenir dans l'ordre
; ;

esprit et un cur, tels que ceux qu'on suppose cet homme. L'assassin fait maigre avec dvotion! Ah! combien ce sentiment qui runit le sacrifice et l'amour, n'est-il pas loign du cur qu a rsolu la mort d'un frre! Il fait maigre! mais quand l'Eglise lui a dit Sois temprant; renonce en certains jours certains aliments pour vaincre la basse inclination d'un apptit drgl, pour mortifier ton cur, at-elle ensuite ajout: En observant ce prcepte, tu pourras immoler ton frre! Ou bien

un

parce qu'il y a des hommes qui veulent tre assassins, l'Eglise n'ordonnera-t-elle pas tous l'abstinence 1 ne devra-t-elle plus imposer de pnitence, dans la crainte d'encou-

039

DEMONSTRATION EVANGELIQUE. MANZONI.


le

PO

rager

pch? Qu'importe que deux comsoient diffrents,

semblage de choses

mandements

pourvu

qu'ils

ne soient pas contradictoires? Il est impossible de se figurer une morale, une rgle dvie,

o il n'y ait pas des obligations diffrentes et de diverses importances ; la morale parfaite est celle o toutes les obligations viennent d'un seul et mme principe, o elles tendent toutes une mme lin, qui doit tre sainte et sacre: telle est prcisment la morale de l'Eglise. Est-il croyable que l'Eglise n'arrive jamais ce but? Dans le texte dont nous parlons il n'est fait mention que d'un des rapports possibles des commandements avec la morale, c'est--dire l'excution de ces commandements combine avec la persistance dans le crime. Une runion de prceptes mdits, promulgus, respects par une socit telle que l'Eglise, ne mriterait-elle l'attention que parce que des homicides des prostitues, des parjures, sont fidles les observer en quelque point? Les catholiques vertueux ne sont- ils donc pas observateurs
,

perversit et les continuit d'un certain respect pour cette religion qui ordonne le bien, dans un cur qui se rsout au mal, est toujours une contradiction digne d'tre observe, un triste phno-

opposes, telles que la pratiques religieuses, la


si

honorait avec superstition, comme le dit Bossuet {Abrg de l'histoire de France, livre douzime, anne 1472) une image de Notre-Dame mais si Louis XI qui entran par la fureur de dominer, viola tant de lois divines et ecclsiastiques, d'humanit, de justice et de vrit, avait encore transgress toutes les lois purement ecclsiastiques peut-on croire que pour cela il en serait devenu meilleur? Aurait-il perdu un encouragement faire le mal, ou aurait-t-il renvers la dernire barrire qui le retenait encore ? N'aurait-il pas par l chass de son cur tout sentiment de
, :

mne del nature humaine. Tout le monde le sait, Louis XI

pit,

d'ordre, d'humilit
?

et

d'amour fra-

ternel

des

commandements? Ou

s'ils

le sont,

cette

les observer n'influe-t-elle donc pas sur leur conduite ? Aucun des effets que le lgislateur avait en vue ne s'obtiendrait-il donc jamais: ni la noble obissance dtermine par la seule raison, ni l'amour de la rgle qui fait prfrer ce qui est ordonn ce que l'on choisirait ni l'abstinence qui dlivre l'me des tendances la sensualit ; ni le culte des images qui, pour l'appliquer aux choses clestes se prvaut de l'entranement mme des sens qui l'en loigne avec tant de force; ni l'habitude de l'hommage que l'on rend Dieu de la vigilance, de l'abngation et du combat N'y aurait-il donc aucun catholique qui serait d'autant plus fidle cette morale cleste laquelle on doit
fidlit
;

Quelques historiens croient qu'il fit empoisonner le duc de Guienne, son frre, et l'on raconte qu'on l'a entendu demander pardon de ce crime une petite image de la Vierge. Cela prouverait seulement que la vue d'une image sacre veillait en lui le remords, et qu'en ce moment il se trouvait transport la contemplation d'un ordre de choses o
l'ambition, la raison d'tal, la sret et les offenses reues n'excusent pas des crimes ; qu'il sentait ce que c'est qu'un fratricide, devant l'image de celte Vierge dont le nom rappelle les sentiments les plus tendres et les plus nobles. Si parmi cent homicides il s'en trouve un qui fasse maigre eh bien c'est un homme qui espre dans la misricorde de Dieu et qui au fond du cur a encore quelque reste de misricorde, un reste de crainte des jugements de Dieu, et c'est un ct accessible la pnitence, un souvenir de vertu et de christianisme. Le malheureux se rappelle quelquefois qu'il y a un Dieu qui chtie et rcompense, et c'est ce souvenir qu'il faut l'attribuer, s'il pargne quelque victime suppliante si volontairement fait quelque il trve ses crimes, et surtout si un jour il revient la vertu. 11 convient ici de prvenir une objection La superstition qui fait que l'on se confie en l'accomplissement de certains prceptes et dans l'usage de quelques pratiques pieuses , pour suppler d'autres devoirs essentiels, est une source trs-frquente de plaintes et de reproches dans les instructions des prtres catholiques le mal existe donc et il
;
1 , :

sacrifier

les

inclinations corrompues
I

qu'il

observerait plus rgulirement les commandements de l'Eglise Mais le monde luimme reconnat qu'il y en a, quand ce ne serait qu'en se riant de leurs scrupules le monde qui les plaint de ce qu'ils sont assez simples pour craindre de nuire leur prochain par une parole imprudente ou par une action inconsidre, de manquer au plus petit devoir de charit et de faire usage d'un aliment dfendu. Otez les commandements de l'Eglise, aurez-vous moins de cri;

mais vous aurez moins de sentiments religieux, moins d'actions indpen-

mes? Non

dantes d'impulsions et de fins temporelles moins d'oeuvres tendant la perfection pour laquelle l'homme a t cr, qui aura son
,

complment dans

vie, et vers lal'autre quelle chacun, ds celte vie, doit commencer se diriger. L'histoire fournit un grand nombre d'exemples de sclrats qui taient bien loin d'observer ces commandements, et de suivre aucune pratique religieuse. Lorsque l'on trouve des exemples d'une vie perverse entremle de pratiques religieuses dictes par un sentiment quelconque et non par des fins humaines, les crivains y font ordinairement une grande attention, et c'est avec raison, car l'as-

trs-commun. Pour bien comprendre la diffrence norme qu'il y a entre le mal contre lequel s'est

lvent les prtres, et celui dont il a t parl jusqu' prsent, il faut faire une distinction entre deux degrs, ou pour mieux dire encelle dont se contre deux genres de bont tente le monde, et celle qu'ordonne l'Evangile et que prchent ses ministres. Le monde, pour son intrt et pour sa tranquillit.
:

641

EXCELLENCE DE LA MORALE CATHOLIQUE


:

Ci2

que les hommes s'abstiennent de commettre des crimes et pratiquent les vertus qui peuvent tre utiles aux autres selon l'ordre temporel, sans pour cela renoncer approuver les crimes qui peuvent leur tre de quelque utilit l'vangile, outre cela, Ce ne sont pas les dsordres veut le cur
exige
; :

cune indiffrence pour celui-l afin qu'on voie que c'est dans la transgression que consiste le mal et non dans l'obissance; que tout ce qui est command est sacr, que tout ce qui est pieux est utile il ajoute C'taient-' l les choses qu'il fallait pratiquer, sans pourtant omettre les autres Mallh., XXIII, 23 ).
, :

vits qui font les chrtiens, ce sont les vertus

de l'Evangile pratiques;

ce ne sont pas des irrprochables aux yeux des hommes, c'est l'esprit de Jsus-Christ crucifi ( Massillon, sermon du jeudi de la deuxime semaine du carme : Le mauvais riche ). Les prtres catholiques dclament contre l'abandon de cette doctrine contre la persuasion qu'on peut y suppler par des pratiques extrieures de religion, contre ceux qui, vivant pour le monde, sans se rappeler la fin surnaturelle qui doit animer les actions du chrtien, croient l'tre par le seul accomplissement de certains prceptes qui n'ont

CHAPITRE XIV.
De
la mdisance.

murs

de valeur que lorsque le cur les fait observer. Mais ceux auxquels sont adresss
ces avis sont des hommes dont le monde n'a point se plaindre, ce sont les meilleurs de ses enfants, et si l'Eglise se plaint d'eux , c'est parce qu'elle tend un ordre de saintet que le monde ne connat pas parce que n'ayant d'autre intrt que le salut des hommes, elle veut des vertus capables de perfectionner ceux qui les exercent, et ne se contente pas de celles qui sont utiles ceux qui les prchent. H ne suffit pas l'Eglise que les hommes ne se tuent pas entre eux mais elle veut qu'ils vivent comme des frres, elle veut qu'ils s'aiment en Jsus-Christ ses yeux rien ne peut remplacer ce sentiment toute pratique du culte partant d'un cur qui ne se nourrit pas de ce sentiment, est ses yeux une pratique superstitieuse et trompeuse. Mais la superstition qui concilie l'homicide et le parjure avec l'obissance aux prceptes est une monstruosit, qui, j'ose le dire, n'a pas besoin d'lre combattue. Si l'on en rencontre des exemples, quelles rflexions utiles pourrait -on faire ce sujet? Quels sentiments doivent nous inspirer les prceptes de l'Eglise mme lorsque nous les voyons scrupuleusement observs par l'homme le plus criminel. Nous pouvons les proclamer avec une entire confiance, puisque celui qui ne peut se tromper nous les a enseigns. Malheur vous, scribes et pharisiens hypocrites , qui payez la d'une de (a menthe, de l'aneth et du cumin, et qui avez abandonn ce qu'il y a de plus important dans la loi, savoir : la justice, la misricorde et la foi! C'est ainsi que le Fils de Dieu faisait dos reproches aux hypocrites, et quelle diffrence entre l'importance des prceptes mpriss et de ceux excuts Qu'on observe combien est important l'avis qu'il donne ces hommes abuss, il ne parat pas mpriser le plus petit des commandements ( ni mme le scrupule le plus lger dans son
; :

La morale proprement dite n'a cependant jamais cess d'tre l'objet des prdications de l'Eglise; mais l'intrt sacerdotal a corrompu dans l'Italie moderne tout ce qu'il a touch. La bienveillance mutuelle est le fondement des vertus sociales; le casuiste la rduisant en prceptes, a dclar qu'on pchait en disant du mal de son prochain ; il a empch chacun d'exprimer le juste jugement qui doit discerner la vertu du vice; il a impos silence aux accents de la vrit ; mais en accoutumant ainsi ce que les mots n'exprimassent point la pense, il n'a fait que redoubler la secrte dfiance de chaque homme l'gard de tous les autres. Pages 419, 420. La doctrine qui dfend de mdire du prochain appartient l'Eglise d'une manire si
les casuistes qui l'ont professe peuvent franchement en rejeter sur elle toute la responsabilit. Si l'on demande l'Eglise quelles sont les raisons qui l'ont dtermine en faire un prcepte , elle rpondra qu'elle ne l'a pas fait, mais qu'elle l'a reu ; que ce prcepte, outre qu'il tient tout l'enseignement vangliquc, se trouve sou-

manifeste, que

vant nonc

et

en

termes exprs, dans


:

les

deux Testaments. Pour tre plus court, je me contenterai d'en citer un seul passage Ne
vous trompez pas les mdisants ne possderont point le royaume de Dieu (I Cor., I,
9, 19).

Cette sentence a-t-elle besoin de justification? Qui voudrait soutenir le contraire?

accomplissement ), mme lorsqu'il le compare ce que la loi a de plus grave et mme, afin que la considration de la justice, de la misricorde et de la foi ne fasse natre au;

sentence d'empcher jugement qui doit distinguer la vertu du vice, d'imposer silence la vrit et d'augmenter la secrte dfiance de chaque homme l'gard des autres. Mais l'illustre auteur n'exigera certainement pas qu'une question complexe et multiforme ne soit considre que sous un seul point de vue. En supposant qu'un prcepte fut un obstacle quelque bien, il est juste de peser tous ses effets et de mettre en balance le mal qu'il empche; car il serait trop extraordinaire qu'une dfense dont le but est de porter les hommes tre indulgents les uns envers les autres, n'apporll d'empchement qu'aux choses utiles. L'amour de la vrit, le dsir de faire une juste distinction entre la vertu et le vice, sont-ils donc le motif principal qui dtermine mdire du prochain ? Et la mdisance a-telle ordinairement pour effet de mettre la vrit en vidence, la vertu en honneur et le vice en abomination? suffit do jeter un simple regard sur la 11 socit pour se convaincre aussitt du conici

On accuse

cette
le

chacun d'exprimer

juste

643
traire,

DEMONSTRATION EVANGtLIQUE. MANZONI.

Cii

car on y voit dcouvert les vrais motifs, les vrais caractres et les effets de la

qu'un qui ne peut se dfendre, c'est souvent une manire d'autant plus ignoble qu'elle
est plus ingnieuse de flatter celui qui coute.

mdisance.
conversations oisives des hommes, o. la vanit de chacun qui voudrait occuper exclusivement les autres, trouve un obstacle dans la vanit de tous car tous tendent au mme but, o l'on combat avec pour adresse et quelquefois ouvertement conqurir celle attention que l'on voudrait si rarement accorder aux autres ; pourquoi dis-je, celui qui dans son exorde promet qu'il mdira du prochain, russit-il si facilement captiver cette attention ? N'est-ce pas parce que toutes ces passions esprent dans ses discours trouver quelque soulagement? Et quelles sont ces passions? c'est l'orgueil qui tacitement nous fait croire que nous nous levons en abaissant les autres, qui nous console de nos dfauts par la pense que d'autres en ont de pires ou de semblables. Dsireux .Misrable condition de l'homme d'arriver la perfection, il refuse les secours que la religion lui offre pour s'approcher de cette perfection absolue pour laquelle il est cr, et il se fatigue la recherche d'une perfection comparative ; il fait tous ses efforts pour arriver au premier rang et non pour se rendre parfait, et il veut tre jug tel, sans le devenir. C'est l'envie, compagne insparable de l'orgueil, l'envie qui se rjouit du mal, comme la charit se rjouit du bien, l'envie qui respire plus librement quand une belle rputation est ternie par quelque tache quand il est prouv qu'il y a quelque vertu ou quelque talent de moins c'est la haine qui fait que nous accueillons si facilement les penses du mal; c'est l'intrt qui nous fait abhorrer les concurrents de tous genres, sans parler de tant d'autres telles sont les passions qui portent si communment mdire ou carter la mdisance les passions qui expliquent en partie le honteux plaisir que l'homme prouve tourner l'homme en

Pourquoi dans

les

ridicule, le

condamner.
si

accepter les preuves du mal devient un juge svre avant de croire une bonne action ou la pure intention d'une bonne action. On ne doit pas s'tonner que la religion ne sache que faire de ces passions et de ce qui les met en uvre fratricides malriels comment entreet ennemis de toute union

La logique
,

facile

raient-elles dans l'difice d'amour et d'humilit , de culte et de raison qu'elle veut lever
le cur de tous les hommes? y a dans la mdisance un caractre de bassesse qui en fait une espce de dlation, et qui fait ressortir aussi, sous ce rapport, son opposition l'esprit de l'Evangile, o tout est franchise et dignit; de l'Evangile qui dteste les moyens cachs par lesquels on nuit sans s'exposer, et qui, dans les combats qu'on ne doit que trop souvent livrer aux hommes pour dfendre la justice, exige qu'on tienne une conduite qui suppose presque toujours du courage; c-'est d'ordinaire sans courir le moindre danger, que le mdisant censure les absents, c'est un acte d'hostilit contre qucl-

dans
Il

ne diras pas de mal d'un sourd (Levit., ik) , est une des prsentions les plus pieuses et les plus profondes de la loi de Mose; et les moralistes catholiques, quj l'appliqurent aussi aux absents, ont prouv qu'ils comprenaient le vritable esprit d'une religion qui veut que lorsqu'on est forc de se mettre en opposition avec le prochain on conserve la charit on fuie avec soin toute basse grossiret. Au dire de plusieurs, la mdisance est une espce de censure, qui sert retenir les hommes dans le devoir; oui, comme un tribunal compos de juges prvenus contre un accus , o cet accus ne serait ni appel ni entendu, o celui qui voudrait prendre sa dfense serait tourn en ridicule et dcourag, o toutes les preuves charge serak considres comme bonnes les jugements d'un pareil tribunal seraient-ils capables de diminuer le nombre des crimes? 11 est facile d'observer qu'on ajoute foi aux mdisances sur des arguments qui , dans des matires o l'on aurait intrt examiner srieusement , ne suffiraient pas produire la plus petite probabilit. La mdisance porte prjudice celui qui parle, celui qui coute , et souvent aussi celui qui en est l'objet. Quelque grand que soit le nombre des fautes rellement commises , celui des accusations injustes lui est de beaucoup suprieur. Quand la mdisance attaque l'innocent quelle preuve pour lui Peut-tre en suivant l'troit scntier.de la probit, il se proposait de mriter l'approbation des hommes il tait plein de celle opinion aussi commune que fausse que la vertu est toujours connue et apprcie: en la voyant mconnue en lui, il commence croire qu'elle n'est qu'un vain nom son me nourrie des ides agrables et tranquilles d'approbation et de concorde commence goter l'amertume de ia haine alors le mobile fondement sur lequel tait leve sa vertu cde facilement heureux si alors il comprend que la louange des hommes n'est pas une rcompense sre , et que ce n'est pas celle qu'il devait dsirer. Ah si la dfiance rgne parmi les hommes la facilit avec laquelle on mdit en est une des principales causes. Celui qui a vu un homme composer son visage au sourire de l'amiti, en pressant la main d'un autre, et qui a entendu ensuite ce mme homme imputer les actions les plus noires celui qu'un instant avant il appelait son ami, interprter ses intentions pntrer dans le sanctuaire de sa pense , ou au moins censurer sa conduite; celui qui aura t tmoin d'une semblable faon d'agir doit naturellement se dfier de tous ; il doit croire que les expressions de l'estime et du mpris ne sont amenes sur les lvres des hommes que par la bassesse et la malignit La confiance augmenterait au contraire , et avec elle la bienveillance et la paix, si l'on proscrivait la mdisance celui qui, en

Tu

XIX,

645

EXCELLENCE DE LA MORALE CATHOLIQUE.

GiO

embrassant un
.

homme

serait certain

qu'il

celles-ci

elle

met une garde au cur. L'on

n'est pas L'objet tic sa censure et de sa drision le ferait avec plus de facilit et plus de charit. On croit assez gnralement que la rpugnance supposer le mal vient d'une simplicit excessive ou de l'inexprience , comme s'il tait ncessaire d'avoir une grande perspicacit pour supposer que chaque homme, dans toutes les circonstances , choisira toujours le parti le moins honnte. Au contraire, cette disposition juger avec indulgence, peser des accusations prcipites et tre indulgent pour les fautes relles, exige l'habitude de la rflexion sur les nombreux motifs qui peuvent dterminer faire une action, sur la nature et la faiblesse de l'homme. Celui auquel on vient raconter les jugements svres que l'on a ports sur lui , y dcouvre avec peine un degr d'injustice que celui qui les a ports n'y souponnait certainement pas. 11 a agi dans une situation d'esprit o les circonstances, les sentiments, les opinions qui le poussaient pouvaient tre le censeur ne s'est apprcis par lui seul pas mis sa place ; pour juger un fait, il s'est servi de rgles dont il ne peut justement mesurer l'application ; peut-tre ne condam:

comme hroques et que la raison proclame n'lrc que l'accomplissement de devoirs justes et imprieux. A propos de ces dernires prescriptions on dit qu'il faut prendre les hommes comme ils sont et ne pas demander des choses parfaites une nature faible. Mais prcisment parce qu'elle
garde
,
,

spare quelquefois et l'on condamne deux espces de prescriptions religieuses que l'on devrait, au contraire, rapprocher et admirer. La premire ordonne la prire continuelle , la garde des sens, le combat perptuel contre tout attachement aux choses mortelles l'entier abandon Dieu la vigilance sur le principe de tout sentiment drgl, et autres choses semblables. On les qualifie de misres, de liens qui rtrcissent l'me sans produire aucun rsultat de pratiques claustrales. La seconde prescription ordonne des choses svres justes et contre lesquelles il n'y a point d'excuses qui quelquefois exigent des sacrifices auxquels les sens rpugnent, sacrifices que notre cur mou et servile re, ,
,

connat la faiblesse de cette nature sur laquelle elle veut agir, la religion l'en vironne de secours et de force; prcisment parce

ne-t-il un homme que parce que cet homme n'agit pas comme il ferait lui-mme, parce qu'il n'a pas ses propres passions. Lorsque celui dont on a mdit est contraint de s'avouer lui-mme que la mdisance n'tait pas une calomnie , il n'est pas pour cela

que le combat est terrible, elle veut que l'homme s'y prpare pendant toute la vie prcisment parce que nous avons une me
;

port un retour sur lui-mme, mais la rancune; il ne pense pas prendre les moyens de devenir meilleur mais il s'occupe examiner la conduite de son dtracteur, y chercher un ct faible et ouvert la rcrimination. L'impartialit est rare chez tout le monde mais encore plus chez les offenss. C'est ainsi qu'on se fait une guerre misrable c'est celte occupation continuelle examiner et divulguer les actions d'autrui qui fait qu'on est toujours plus indiffrent
;
,

pour les siennes. Lorsque ensuite les intrts nous mettent en prsence les uns des autres faut-il s'lonncr si les passions sont violentes, si nous nous faisons tant de mal ? Nous nous y sommes prpars par celui que si souvent nous avons dit ou pens. Nous sommes habitus ne rien nous pardonner dans le discours
, ,

impression seule peut troubler, que l'importance et l'urgence d'un choix dconcertent, lorsque le calme lui serait le plus ncessaire c'est prcisment parce que l'habitude exerce sur nous une sorte d'empire, que la religion emploie tous nos moments nous habituer l'empire de nousmmes, au rgne de la raison surlespassions, la tranquillit de l'esprit. Ds les premiers temps de son tablissement et par ses premiers aptres, l'Eglise a t mme compare une milice. En suivant celte comparaison, l'on peut dire que celui qui ne voit pas et ne sait pas apprcier l'unit de ses maximes et de sa discipline, est semblable celui qui trouverait trange que les soldats s'exerasforle
;

qu'une

aux

aux volutions militaires, s'habituassent fatigues et aux privations de la guerre , lorsqu'il n'y a pas d'ennemis comballre.
sent

jouir de l'abaissement des autres dchirer ceux-mmes avec lesquels nous ne sommes pas en opposition nous traitons en ennemis ceux que nous ne connaissons mme pas comment pourrons-nous conserver de la douceur et des gards dans les circonstances qui exigent qu'on s'y soit exerc de longue main? C'est pourquoi l'Eglise, qui veut l'amour fraternel veut aussi que les hommes ne pensent pas le mal, qu'ils en gmissent lorsqu'ils le voient qu'ils parlent des absents avec celle attention dlicate que l'amourpropre nous fait ordinairement observer en, ; , ,
,

vers
lie

les

prsents.
frein

met un

Pour rgler les actions aux paroles, et pour rgler


,

Les philosophies humaines, en demandant l'homme beaucoup moins, sont infiniment, plus exigeantes eiies ne font rien pour habituer l'me l'accomplissement des devoirs difficiles, et ne prescrivent que des actions isoles elles exigent souvent la fin, sans donner les moyens pour y arriver; elles traitent les hommes comme ds recrues auxquelles on ne parlerait que de paix et de passe-temps, et qu'on conduirait l'improviste contre des ennemis terribles. Mais ce n'est pas en l'oubliant qu'on vite le combat; il arrive des moments o le devoir est aux prises avec l'utile, l'habitude avec la ncessit; et l'homme se trouve en face d'une forte inclination qu'il doit vaincre, sans avoir appris vaincre les plus petits penchants. Peut-tre se sera-t-il habitu les rprimer par des vices d'intrts, par une pru; ;

dence toute sensuelle

mais

c'est prcis-

6i7

DMONSTRATION VANGELIQUE. MANZONI


et

648

alors l'intrt qui rend difficile sa position. On lui a dpeint la voie de la justice comme une voie facile et seme de fleurs ; on lui a dit qu'il n'y avait qu' choisir entre les plaisirs , et maintenant il se trouve plac entre une entre le plaisir et la justice grande douleur et une grande iniquit. La religion, qui a fortifi son lve contre les qui sens, contre les surprises ; la religion lui a appris implorer sans cesse des secours qui ne sont jamais refuss, lui impose alors une grande obligation, mais elle l'a rendu capable de la remplir, et c'est un don de plus qu'elle lui fait en lui demandant un grand sacrifice. La religion, en exigeant de l'homme des choses plus parfaites, lui demande des choses plus faciles ; elle veut qu'il s'lve une grande hauteur, mais elle lui a montr les degrs pour arriver, elle l'a conduite par la main. Les philosophies humaines , en se contentant qu'il arrive un point moins lev , exigent souvent davantage ,

ment

que c'est elle-mme qui a cr le mot qui exprime cette disposition c'est ainsi qu'elle a prmuni l'me contre la terreur que lui
;

inspirent ordinairement la force, la multitude la drision les doctrines mondaines ; c'est ainsi qu'elle a rendu la parole libre dans la bouche de l'homme qui a connu la
, ,

vrit.

Elle a aussi ordonn la correction fraternelle, admirable runion de paroles, o se joint, l'ide de correction qui rvolte les sens, l'ide de fraternit qui rappelle les fins

sentiment de la propre faiblesse recevoir la correction en celui qui la fait autrui La religion n'empche aucun des avantages que peut produire la libre expression de la vrit et du discernement juste et fond entre la vertu
le

d'amour,
et la

bonne volont

et le vice.

Qu'on me permette de

faire ici

une r-

elles lui

prsentent des difficults qu'il ne saurait vaincre. Je crois devoir dclarer que je suis loin de penser que l'illustre auteur ne voie pas les
;

flexion qui est sous-entendue dans plusieurs passages de cet crit, cl que , dans un autre ouvrage, je reproduirai et dvelopperai dans toute son tendue. Toutes les fois que dans la religion on croit voir un obstacle quel-

inconvnients del mdisance, et encore moins qu'il ait voulu en faire l'apologie mais je devais dmontrer que l'enseignement de l'Eglise qui dit que- c'est un pch de mdire du prochain , est essentiellement vanglique et moral. Mais l'Eglise veut-elle mettre obstacle au jugement quitable qui distingue la vertu du vice? Non certainement. Elle veut empcher les accusations orgueilleuses, lgres , injustes et inutiles, le jugement des intentions , o Dieu seul peut distinguer ce qui n'est senti que d'une manire confuse mme dans le cur o elles se sont formes ; elle
.veut rgler et actions. Dans
le

que sentiment quelque action ou quelque institution juste et utile, gnreuse et tendant au bien de la socit, en examinant bien on trouvera ou que l'obstacle n'existe pas, et qu'on ne croyait le voir que parce.l'on n'avait pas assez observ la religion ou que cette apparence n'a pas les caractres et les
,
;

non
,

presque tous

condamne pas quand nous devons le donner, non pour opprimer ou dshonorer quelqu'un de nous, mais pour remplir un devoir de charit, pour dlivrer le prochain des embches des mchants enfin quand il est requis par la justice et l'utilit. Dans tous ces cas, il faut user
;

touffer le tmoignage des les cas o elle ne elle l'ordonne, c'est--dire

qu'on lui trouvait d'abord. Outre les illusions ordinaires qui viennent de la faiblesse de notre entendement, il y a une tentation continuelle d'hypocrisie dont les mes les plus pures et les plus dsireuses du bien ne sont pas exemptes; hypocrisie qui associe promptement l'ide d'un plus grand bien , l'ide d'une inclination gnreuse aux dsirs des passions dominantes de sorte que chafins
;

d'une prudence toute chrtienne mais la religion nous enseigne le moyen de l'obtenir avec elle l'homme peut se conduire dans les circonstances difficiles, o, en apparence, il peut y avoir du mal parler ou se taire, o l'on doit s'opposer un pervers et pouvoir se rendre le tmoignage qu'on n'a pas agi par mchancet. Les gmissements de l'hypocrite qui mdit de celui qu'il dteste,
; :

les protestations qu'il fait d'tre afflig des dfauts de l'homme qu'il dnigre, de parler par devoir, rendent un double hommage la conduite et aux sentiments que la religion

en s'examinant soi-mme, peut quelquefois ne pas tre certain de la rectitude absolue des intentions qui le font agir; il ne peut discerner la part que peuvent y avoir l'orgueil ou la prvention. Si alors nous concondamnons les rgles de la morale, parce qu'elles nous semblent infrieures nos vues nous courons le risque d'agir par des sentiments rprhensibles que nous nous cachons nous-mmes, que peut-tre nous combattons mais que nous ne pouvons entirement vaincre dans cette vie. Qu'on observe enfin que si la dfense de mdire augmentait la dfiance, comme cette dfense est prche dans toute l'tendue du monde catholique (Voyez comme exemple le sermon de Massillon sur la mdisance; c'csl celui du lundi de la quatrime semaine), il en rsulterait ou que la dfiance a fait partout
, ,

cun

ordonne.
Elle est si loigne de vouloir imposer silence aux accents de la vrit quand ils sont pousss par la charit elle est si loigne de ngliger aucun des moyens qui peuvent contribuer rendre les hommes meilleurs, qu'lis condamne le respect humain
, ,

des progrs , ou qu'en Italie les prceptes sont mieux observs qu'ailleurs ce qui serait une preuve de l'amlioration de l'tat normal. Je ne sais si nous autres Italiens nous sommes plus dGants que le reste des Europens, je sais que nous nous plaignons de ne l'tre point assez je sais que ( comme toutes les autres nations ) nous disons au contraire que nous avons trop de crdulit
, ;

649
et

EXCELLENCE DE LA MORALE CATHOLIQUE.


plus grande
,

eso

de bonne foi. Si cependant la dfiance je crois tait chez nous plus universelle chose qu'il faudrait L'attribuer toute autre

attention , et parce que plusieurs esprits; levs l'ont partage et parce

que souvent

elle se

mle aux jugements qu'on

qu' la crainte de mdire


cette

car l'poque

ou

habitude sera totalement perdue est encore bien loigne de nous.

CHAPITRE XV.
Sur
les

motifs de l'aumne.

La charit est la vertu par excellence de donl'Evangile ; mais le casuiste a enseign pauvre pour le bien de sa propre me, ner au pour soidagcr son semblable. Pag. et non
420.

est l'action et le

Donner au pauvre pour le bien de son ame motif que prescrit l'Eglise.

Exclure de l'aumne

le but de soulager le prochain, est un raffinement antichrtien qui, qui que ce soit, je crois, n'a t enseign par pense qu'en Italie il n'y en a aucun et je

vestige.

Quant au motif,
transmet
tel

qu'il
:

l'Eglise le maintient et le a t donn par Jsus-

Christ lui-mme il n'est peut-tre pas dans l'Evangile de prcepte auquel la promesse de rcompense soit si souvent jointe qu' celuici.

porte sur les motifs des actions, et parce que, s'il m'est permis de le dire, elle a inspir le reproche qui est ici fait la morale catholique sur les motifs de l'aumne. Les observations suivantes ont fait natre l'homme tend l'ide du dsintressement au plaisir; beaucoup de choses qui procurent du plaisir sont injustes; l'homme qui serait en position de se les procurer peut surmonter cette tendance et s'en abstenir; il peut toujours se dcider une action juste, indpendamment des plaisirs et des douleurs qui l'accompagnent de plus, quand une action vertueuse porte avec elle des satisfactions d'un certain genre (telles que les plaisirs des sens, les applaudissements, la puissance, les richesses, etc., satisfactions en un mot qui ne proviennent pas de l'amlioration de l'me), l'homme peut en faire abstraction et les exclure des motifs qui le dterminent cette action. C'est celte disposition et l'application qu'on en fait dans les circonstances de la vie, que l'on nomme dsintressement.
: :

Tantt l'aumne y est reprsente comme un trsor qu'on amasse dans le ciel, tantt comme un ami qui doit nous introduire dans
les

demeures

clestes

tantt c'est le

royaume

des cieux qui est promis aux bnis du Pre qui auront rassasi, vtu, recueilli, visit ceux que le Roi, au jour de la manifestation glorieuse, ne ddaignera pas d'appeler encore ses frres; se rappelant ainsi les privations et les souffrances qu'il a partages avec eux, se rappelant que lui aussi il passa comme un inconnu devant les regards des heureux de la terre (Matlh., XIX, 21 ; Luc, XVI, 9; Matth., XXV, 3k et suiv.). Toute l'Ecriture s'exprime de celte manire Celui qui ne fait pas d'aumne n'aura pas de bien (Eccl., XII, 3). Que veut-on de plus? Les paroles mmes que l'on cite ici connue un enseignement des casuistes sont celles de lEcriture : Le misricordieux fait du bien son me (Prov., XI, 17). Ce motif est propos toutes ce n'est que sur lui les choses commandes qu'est fonde la sanction religieuse. Par quel molif serait dtermin l'homme qui, faisant abstraction de toute ide de rcompense , donnerait au pauvredans le seul but de soulager son semblable? Dans un autre sens il serait anim du dsir de faire du bien son me. L'homme ne peut agir par un autre motif, et le dsintressement ne consiste pas dans son exclusion. Je crois qu'il n'est pas ici hors de propos je crois qu'il est mme utile de rechercher quelle doit tre l'ide raisonnable du (Irsinlressement, et de faire connatre en mme temps une illusion qui a fait donner ce mot un sens exagr et chimrique d'autant plus que cette recherche se lie naturellement la question tant dbattue de nos jours sur la part que l'intrt doit avoir dans la morale. L'illusion dont nous venons de parler mrite d'tre considre avec la
,
: , , :

Mais pour tre conforme la raison, c'est-dire [jour qu'on puisse ladmontrereten faire un principe , ecttedisposilion suppose la persuasion que le vritable bonheur de l'homme est dans la justice. Une telle persuasion devenue esprance chrtienne, fait natre le
,

conlcntemenlmme au milieu des plus grands


sacrifices et des plus vives souffrances; l'me ne dsire pas rester dans celte situation mais se trouvant dans des circonstances o elle ne peut viter de choisir entre un plaisir qui la souille et la prpare au malheur, et

une douleur qui la perfectionne et la conduit une joie complte et ternelle, elle sent que c'est en choisissant cette douleur passaqu'elle trouvera la plus grande satis, faction qu'il lui soit possible de goter, l'tat le plus voisin du repos. Pour arriver ensuite l'exagration dont j'ai parl, l'intelligence doit, ce me semble, suivre ce cours d'ides. Quand les choses justes se trouvent tellement conformes aux inclinations de celui qui doit agir, que l'me s'y applique sans combat, il n'y a pas de dsintressement dans la dtermination. Ce sentiment existe seulement dans les circonstances ( et ce sont les plus frquentes ) o pour faire ce qui est le plus juste et le meilleur , il faut renoncer

gre

un plaisir qu'on pourrait facilement se procurer ou s'assujettir une douleur qu'on


,

pourrait viter. L'action sera d'autant plus dsintresse et vertueuse que le plaisir auquel on aura renonc sera plus grand et plus universel; et de mme lous les plaisirs que l'on y considrera comme motifs en diminueront le mrite et lui donneront une teinte d'gosme ; tous les plaisirs et les esprances de plaisir, de quelque genre que ce soit et en quelque temps que ce soit; en dernire analyse, tout ce qui signifie plaisirs comme promesse, rcompense, bien-tre bonheur rendra la
,
,

DMONST. KVANG. XIV.

(Vingt

et

une.)

GoM

DEMONS IHATiON EYANGELlyUE. MANZONi


,

6M

dtermination moins dsinlrosse et par consquent moins vertueuse. Ici commence l'erreur; ici Ton est en opposition avec une loi ternelle de l'esprit humain, avec une condition de l'intelligence l'amour de soimme ici l'on propose une perfection impossible et contraire la nature humaine. La rprobation attache l'ide de plaisir est une consquence de ce que nous savons qu'il y en a un grand nombre opposs
, ;

au devoir

et la vertu; transporter cette rprobation l'ide gnrale du plaisir du contentement c'est se servir d'un noble sentiment pour autoriser une erreur; c'est rejeter une ide, mme lorsqu'elle est spare de ce qui seul pourrait la faire rejeter. Puisque les hommes ont donn le nom d'intrt ce qui signifie biens temporels ; puisque pour se disputer ces biens ils se combattent et trahissent souvent leurs devoirs, on a bien fait d'avilir le mot d'intrt; mais lorsqu'on s'loigne de la sphre de la vie prsente, ce mot n'est plus applicable, oa il perd toute signification de bassesse et en prend une autre, puisqu'il reprsente des biens qui ne sont accompagns ni d'injustice, ni de combat, ni d'erreur, et qui au conlraire ont toutes les qualits opposes. et c'est une des conditions J'ai dit erreur
, ,
:

des doctrines du mme genre et elles ont toujours t condamnes (1). Il ne peut donc jamais tre question de diruire l'amour de soi-mme mais de lui donner une direction droite et noble, au lieu d'une fausse etservile c'est ce que la religion a fait d'une manire admirable. En plaant la rcompense en dehors de la vie prsente elle a ouvert ce sentiment une' voie qu'il peut parcourir grands pas sans manquerjamaisauplus petit devoir. Elle est mme parvenue porter l'homme au plus haut degr de dsintressement et le faire renoncer non-seulement aux plaisirsqui peuventdirectement nuire au prochain , mais beaucoup d'autres encore que la morale du monde permet et approuve dans son impr,
;

(1) Telle lut, comme on lsait, la doctrine qui devint un sujei de controverse entre Fuelon et Bossuet. Les noms des deux illustres adversaires ont souvent attir l'attention sur cette controverse, et les ju

gemeuU
frents
:

qui en ont t ports sont nombreux et difmoins sens de ces jugements est, mou avis, celui qui dclare que. celle controverse est une question frivole. Telle est l'ide que voulut en donner Voltaire (Sile

essentielles qui font rprouver l'intrt temcar il est vicieux lorsqu'il est faux ; intrt vritable, c'est--dire si c'tait un s'il procurait un vrai bonheur, on ne pour-

porel,

de Louis XI V, cliap. 28, du Quiihme). Ceriainernenl si Ton regarde comme frhole loula recherche sur les raison- qui (lleroiincnl la volont, sur les devoirs ei sur la manire d,e rduire tous les sentimenls de l'me un centre de vrit, celle-ci le sera, puiscle

rail

en aucun Cas censurer l'homme qui s'y


;

qu'elle est range dans cette catgorie; mais alors dans quel cas une telle lude seia-t elle importante

at lcherait

il

ferait

la

juste

application,

d'une

qui n'admet ni transgression, ni de rsistance, car l'homme n'est pas il n'est libre de ne pas dsirer le bonheur libre que dans le choix des moyens pour y parvenir. Qu'entend le chrtien par le bien de son me? En le considrant dans l'autre vie, il entend une flicil de perfection, un repos quieonsisleratre absolument dans l'ordre, aimer Dieu, n'avoir d'autre volont que la sienne, tre dlivr de toute douleur, parce qu'il sera dlivr de tout combat, de toule inclination au mal. Pour la vie prsente il entend un bonheur de perfectionnement dont le commencement et le progrs consistent s'avancer dans l'ordre et avec esprance d'arriver l'autre lat dont nous venons dparier. Voil dans quel sens saint Paul disait Timolhe et nous tous La pit est utile tout ; elle a les promesses de la vie prsente et de la vie future (1 l'im., IV, 18). II est impossible de proposer des vues p'us nobles la conduite morale de homme. L'abngation de soi mme et le mpris des plaisirs tant le prcepte continuel et l'esprit de l'Evangile, il tait facile l'intelligence humaine, qui abuse de tout de dnaturer cet esprit en le portant l'exagration , et de transporter celle illusion dans la religion mme en s'imaginant que ce serait le perfectionnement que d'appliquer l'ide d'abngation mme la vie future et de la pousser ainsi au del des termes fixs par l'Evangile. En effet on a reproduit souvent dans l'Eglise
loi

pour l'homme? Les philosophes quj vinrent aprs Voltaire continurent imiter ce point de morale, eu
d'autres termes, et le considrrent comme fondamental. (Voyez enlr'aulies Watdemar, par Jacohi, ttaduil de l'allemand pajp Cil. W.inderhtturg, tome I, page 151 et suivantes.) Les qiies'ious sur l'intrt

mme

connue hase de la morale, sur j'an?uur de la vertu pour elle-mme, eic., etc., se rduisent dcider si la vue du propre honhenr doit entrer dms les dterminations vertueuses; et telle lil la question principale du quilisme. Il me semhie pourtant que les deux thologiens rduisirent l.i question aux termes les plus simples et que dans le langage des autres moralisiez, il lgue toujours une certaine confusion, parce qu'ils emploient le mol intrt AiiiS un sens amhign. sans sprilier si par ce mot on doit entendre ce qui est utile pour cette vie ou ce qui embrasse louie l'existence de l'me immortelle. On pourra toujours proposer le dilemme suivant ceux qui (onthatle.nl la morale de l'intrt sans s'expliquer sur ce point ou vous croyez qu'il est dans fin et et de l'homme d'tre vertueux, et alors pourquoi discutezvous? ou vous ne le croyez pis, et alors la vertu obligerait l'homme *,e taire du mal lui-mme, ce qui est absurde. Le tort des autres ne consiste as prtendre que l'utilit et le devoir doivent tre d'accord, mais vouloir qu'ils le soient dans celle
:
i

vie.

Dans ta discussion entre les deux grands vques, ne s'agissait de rien moins que de mettre l'amolli de Dieu eu opposition avec une loi ncessaire da l'me, et de dtruire, l'harmonie entre les vrits ril

vles et les vrits senties

11

est

inutile d';qouler

de Fnelon n'tait certainement pas de tirer une telle consquence; la manire doni il termine ce diffrend ses autres ouvrages et mute sa vie, sont une preuve de la sinriil avec laquelle il ne cessa jamais de protester, qu'il n'entendait proposer ni accepter rien qui pt altrer la foi de l'El'intention
,

que

glise.

6j3

EXCELLENCE DE LA MORALE CATHOLIQUE.


ne
,

GSV

voyance. C'est pour cela que Jsus-Christ en enseignant le motif de l'aumne ordonne non-seulement l'action, mais le secret, et par l substitue l'amour des louanges du monde rcompenses ternelles. Voire Pre, qui s voit ce qui se passe dans le secret, vous en donnera In rcompense (Matth., VI, k). La religion ne veut pas gurir l'avarice par la vanit elle ne veut pas que l'homme dans le temps prsent s'arroge des rcompenses d'un genre qui est rserve l'autre; qu'il cueille, dans la saison o il doit seuleI
,

sache pas que cette exagration soit connue en Italie, et Sgneri s'est con orme l'enseignement universel de l'Eglise, lors-, qu'il a dit Deux voies seulement mnent au ciel celle des souffrances et celle de l la charit. Quand les ministres de TEvangile exhortent les fidles secourir les pauvres, ils font toujours la peinture des angoisses de leur tat malheureux; et condamnent toujours, dans l'abandon de ce devoir, la duret et la cruaut comme des
:

ment s'appliquer cultiver, une moisson qui une fois coupe se sche et ne remplit pas la main (Ps. CXWIII 7j. Elle ne veut
,

pas seulement qu'il y ait des pauvres soulags , mais aussi des mes libres, claires

dispositions injustes et anli-vangliques. Quand Jsus-Christ multiplia les pains pour rassasier la foule qui, avec tant de confiance, le suivait pour entendre sa divine parole, l'uvredela toute-puissance fui prc-

de dans

le

cur de l'homme Dieu d'un mou-

Pourvu Le monde dit souvent qu'imqu'jl y ait beaucoup d'actions utiles porte le motif qui les fait faire? Cette question suppose un manque de rflexion vraiet patientes.
:
,

et il est trop facile de rimporte de ne pas dtourner de ne pas les tromles hommes de leur fin per, de ne pas les habituer l'amour de ces

ment prodigieux,
qu'il

pondre

ineffable de commisration. J'ai piti de ce peuple , car il y a dj trois jours qu'il ne me quitte pas; il n'a rien manger, et je ne veux pas le renvoyer sans soulager sa faim, de peur qu'il ne tombe en dfaillance sur le chemin (Matth., XV, 32). L'Eglise a-t-elle pu un seul instant cesser de proposer pour

vement

modle
I!

les

sentiments de Jsus-Chrisl?

biens qui, plus tard, les priveraient des biens de ces biens dont la possession ternels
,

augmente

le

dsir

mais non

la

facult

de

faudrait interroger ces pasteurs zls et misricordieux qui, aprs avoir visit les demeures habites par l'indigence, aprs avoir

car cette facult admirable est une qualit exclusive des biens dont se compose la flicit chrtienne. On a souvent fait la morale catholique un reproche oppos qu'elle ne lient pas compte de l'amour de soi-mme quand elle ordonne l'abngation et l'amour du prochain. Mais l'abngation ne veut pas dire renonciation au bonheur, mais rsistance
les multiplier;
: ,

soulag les premiers besoins du pauvre, en versant des larmes de tendresse et de consolation trouvent de nouveaux besoins et n'ont plus que des larmes mler aux pleurs de
,

l'infortun; il faudrait leur demander si , quand ils s'adressent au riche pas en obtenir les moyens de secourir les indigents, ils

ne

lui

parlent que de son

me;

s'ils

ne

lui

font pas le triste tableau

des misres, des

aux inclinations vicieuses que


bonheur;

le

pch

fait

natre en nous, et qui nous loignent

du vrai
soi-

aimer

le

prochain

comme

mme

dsirer et procurer, autant qu'on le peut, au prochain ce mme bien que nous devons vouloir pour nous-mmes ; c'est--dire le bien ternel et infini. Les dsirs mondains se concentrent sur des choses
signifie

qu'on ne peut ordinairement possder sans en priver les autres; celui qui les proposerait comme des biens tomberait en contradiction avec lui-mme, s'il ordonnait de les dsirer et de les procurer aux autres et
finies,

soi-mme.

La religion a pu raisonnablement prescrire un amour du prochain sans limites pare qu'elle a enseign que cet amour n'est ja,

mais en opposition avec celui qu'on se doit soi-mme. Oler l'aumne le but de soulager le prochain ce serait tablir une doctrine tout morale catholique. l'ait htrogne dans la L'aumne dlai lie le cur des biens de la terre et nourrit en mme temps le senti, ,

la charit , et ces deux effets, loin croire en opposition, se fortifient rciproque-

ment de

souffrances, des dangers du pauvre, et si (jui coulent des prires aussi saintes et aussi gnreuses, ne sentent pas leur cur s'mouvoir de compassion si l'image de la douleur et de la faim est exclue des sentiments qui les poussent partager avec le malheureux ces richesses qui sont si souvent dangereuses pour eux et un moyen de plaisirs qui les portent l'oubli et mme l'aversion de l'homme qui souffre. Saint Charles, qui se dpouillait pour couvrir les pauvres et vivait au milieu des pestifrs, afin de leur prodiguer toutes sortes de secours, n'oubliant que ses propres dangers ce Girolarao Miani qui allait la re j cherche des orphelins mendiait pour les nourrir et les lever, et y allait avec celle ardeur que niellent les ambitieux briguer l'ducation du fils d'un roi: ces hommes admirables ne pensaient donc qu' leur ?mc? La pense de soulager leurs semblables n'entrait donc pour rien dans une vie qui leur tait toute consacre? L'homme qui vit loin du spectacle del misre et de la douleur, verse quelques larmes au rcit qu'on lui en

ceux

ment. L'esprit de l'homme vile si difficilement les extrmes qu'il n'est pas impossible que quelqu'un ait cru trouver une plus grande perfection faire abstraction de l'intention de soulager le prochain par l'aumne, que de chercher sanctifier cette intention. Mais je

comment ceux qu'une charit infatiga-> ble pousse sans cesse aller au devant d'elles les secourir, y porteraient-ils un cur vid
fait:

de sympathie?
Certes, je ne veux pas faire ici l'numralion des actes de charit dont l'histoire du

catholicisme est remplie; j'en cite un seul

css

DEMONSTRATION EVANGLIQUK. MANZONI.


chement
et laissent croire

65S

.remarquable par la dlicatesse dont il est empreint, et je le choisis parce que, tant rcent un tmoignage consolant de il est dans le catholicisme est toul'esprit qui jours vivrait. Une femme que nous avons vue parmi nous et dont nous rpterons le nom une femme ne au sein des nos enfants richesses, mais depuis longtemps habitue s'en priver et ne voir en elles qu'un moyen sortant un de soulager ses semblables jour d'une glise de campagne, o elle avait entendu une instruction sur l'amour du proalla dans chain la chaumire qu'habitait une malheureuse infirme dont le corps ne formait qu'une plaie dgotante; elle ne se contenta pas, ainsi qu'elle en avait l'habitude, de lui prodiguer ces services dj si pnibles et qui, rendus mme par le merce,

que

la

raison en

se soumettre une autorit incontestable et sacre. Mais celui qui cherche sincrement la vrit, loin de se laisser effrayer par le ridicule, doit en faire un objet d'examen. Deux causes bien distinctes ont amen ce ridicule. L'une est
les respectant
fait

ne

que

la pnitence inspire au tout ce qui l'ordonne et la rgularise, pour ainsi dire, lui dplat; ne voulant pas avouer les vritables motifs de celte aversion, il associe la pnitence des ides ridicules pour faire croire qu'il dsapprouve

dans l'aversion que

monde;

naire, sont de sa part une uvre de misricorde mais encore, pleine d'un excs de charit, elle la presse entre ses bras , lui baise
;

visage, se met auprs d'elle, partage son de douleur et d'abandon et l'appelle cent fois du nom de sur ( Vie de la vertueuse dame milanaise Tercsa Trotli Bentivogli Arle
lit

conati, p. 82).

Ah

l'ide

maine

n'tait

de soulager une crature hucertainement pas trangre

ces nobles embrassements. L'homme gmissant sous le poids de la misre et de l'infirmit n'prouve pas seulement le besoin de se rassasier du pain offert par une gnreuse libralit, d'obtenir un adoucissement aux maux du corps, afin de prolonger une vie de souffrance; il sent que lui aussi il est appel ce banquet d'amour et de communion sociale la solitude dans laquelle, on le laisse, l'horreur qu'il croit inspirer son semblable, les prcautions avec lesquelles s'approche de lui celui mme qui vient le secourir, ne voir jamais un sourire, c'est peut-tre la plus amre de toutes ses douleurs. Le cur qui pense ses besoins et les satisfait, qui sait vaincre la rpugnance des sens pour ne voir que l'me immortelle qui souffre et se puest le meilleur tmoignage de la beaut rifie des doctrines qui l'ont instruit, est une preuve qu'elles ne manquent jamais aux inspirations les plus ardentes et les plus ingnieuses de la charit universelle,
; ,

CHAPITRE XVI.
Sur
la sobrit et les abstinences.

Sur
-

la

continence

et

sur la virginit.

3
]

\
'
!

La sobrit , la continence sont des vertus domestiques qui conservent les facults des individus, et assurent la paix des familles; le casuiste a mis la place les maigres les jenes, les vigiles, les vux de virginit et de chastet; et ct de ces vertus monacales la gourmandise et Vimpud ici t peuvent prendre racine dans les curs. Pagek20. Le monde a eu l'art d'entourer d'une espce de ridicule toutes les institutions rela, , ,

tives

l'abstinence

c'est

pour cela qu'un

en elle quelque chose de contraire la raison; il oublie ou feint d'oublier l'esprfl et les motifs de ces prescriptions il n'aura pas honte, par exemple , de demander pendant des sicles ce qu'il importe Dieu que les hommes usent de certains aliments plutt que d'autres, et de faire encore certaines difficults de la mme force. L'autre cause est dans la manire dont beaucoup de catholiques observentles prescriptions relatives l'abstinence. L'Ecriture et la tradition reprsentent le jene comme une disposition de dtachement et de privations volontaires de laquelle l'abstinence des aliments est une partie, une consquence ncessaire une expression extrieure. Pour les hommes appliqus la recherche des plaisirs mondains de tous genres, ennemis de l'humiliation et de la souffrance, celte seule partie de la pnitence, excute pharisaquement, est une uvre isole, qui, se trouvant tellement diffrente du reste de leur vie , y forme un dsaccord qui sert l'inclination du monde profiler de tout pour tourner en ridicule les choses de la religion. L'abslinence des viandes n'est qu'un moyen prescrit par l'Eglise pour observer ce jene. Si l'on a pu en faire un moyen de raffinement, il est certain qu'une marque extrieure, un souvenir illusoire, et pour ainsi dire une charlatanerie de pnitence que l'on voit sortir tout coup au milieu d'une vie pleine de dlices et abandonne aux passions prle au ridicule en prsentant un contraste entre l'intention de la loi et l'esprit d'obissance , entre la difficult et le mrite. Mais pour ter tout prtexte ceux qui aiment rflchir (car il y a des hommes qui ne cessent jamais de rire d'une chose, une fois qu'ils l'ont trouve ridicule), il suffit de ne pas considrer les abstinences dans cet ordre d'ides o elles font contradiction mais de les rapporter et dans lequel elles celui qui leur convient ont t places par les lois religieuses; il suffit de les observer dans leurs rapports avec l'esprit humain, avec les motifs et les fins que l'Eglise a eus en vue lorsqu'elle les a ordonns; il suffit enfin de ne pas oublier les cas dans lesquels elles produisent leurs effets: alors non-seulement le ridicule cessera, mais il en rsultera la beaut la sagesse et l'importance de ces lois.
;

grand

davis leur

qui les vnrent dfendent qu'avec timidit, n'osent presque pas en parler fran-

nombre de ceux
cur, ne
les

C'est une vril aussi connue qu'humiliante que les aliments influent sur l'me
et la

dgradent.

Un

excs peut interrompre

er>7

EXCELLENCE UE LA MORALE CATHOLIQUE.


Dieu,
il

658
les privations

une succession de sentiments graves, rgls, magnanimes et bienveillants; et dans le sige mme de la pense se forme une espce d'enthousiasme charnel une exaltation des sens qui fait natre l'indiffrence pour les choses les plus grandes qui dtruit ou affaiblit le sentiment du beau et conduit la
,

fallait

commencer par

sensualit et l'gosme. La sobrit conserve les facults des individus, comme l'a trs-bien dit l'illustre auteur; mais la religion ne se contente pas de cet effet, ni de cette vertu connue mme

paens ; aprs avoir fait connatre qui affligent l'humanit, elle a d apporter des remdes qui leur fussent proportionns. Dans les plaisirs de la table qui peuvent tre combins avec la sobrit elle aperoit une tendance sensuelle qui peut dtourner l'homme de sa vritable destination; et avant que le mal existe elle fait connatre le.
les

chez
les

maux

danger, elle ordonne l'abstinence comme une prcaution indispensable pour celui qui doit soutenir le combat contre les sens elle l'ordonne comme une expiation des fautes dans lesquelles la faiblesse humaine fait tomber mme les plus vertueux; elle l'ordonne encore comme uvre de justice et de charit parce que les privations des fidles
;
;

doivent servir soulager les besoins d'autrui rpartir entre les hommes les choses ncessaires la nourriture, faire disparatre des socits chrtiennes ces deux tristes oppositions: la profusion laquelle manque la faim, et la faim qui n'a pas de pain pour
,

se rassasier. Comme ces prescriptions sont ncessaires

l'homme dans tous


la

les

temps, elles ont d

commencer avec
gion, et c'est

promulgation de la relice qui arriva en effet. Elles se


le

trouvent chez

seul peuple qui eut

une

civi-

lisation fonde sur des ides de justice universelle, de dignit humaine et de progrs
le bien, c'est--dire sur un culte lgitime, et elles s'y trouvent ds les premiers temps de son passage solennel de l'tat d'esclavage domestique dans lequel il tait retenu par l'avarice et la mauvaise foi, l'tat de nation; et la tradition du jene est venue

dans

depuis Mose jusqu' nous, comme un rit de pnitence, un moyen d'lever l'me la connaissance des choses de Dieu, pour demeurer
fidlr sa loi.

Du temps de Samuel, les Isralites sont prvaricateurs; mais quand, pleins de repentir, ils reviennent au Seigneur, quand ils cessent d'adorer les richesses de la terre et rejettent loin d'eux les dieux visibles des trangers, ils offrent des holocaustes au Seigneur et jenent (1). L'idoltrie tait le culte de la cupidit, la fte des jouissances terrestres; pour cesser d'tre esclave des sens, pour retourner
Baalim et Asiaroili, et servierunt Domino soli, eC jejunaverunt in die illa (I Reg., Vil, 46). Asiaralh, grges, sive divili, Baalim, idola, dominantes (Nominum inlerpretalio in Bibl.
(1)
(ilii

volontaires. Et quand les enfants d'Isral reviennent de la terre trangre, o ils taient retenus comme esclaves, quand ils vont revoir Jrusalem, le magnanime Esdras, qui les conduit, les prpare, au voyage par le jene et la prire (Esdras, VIII, 21), pour renouveler ainsi ce peuple, pour le rendre religieux et temprant, pour l'loigner des joies tumultueuses et serviles des Gentils. Partout dans l'Ancien Testament se trouve le jene; Jean, prcurseur du Nouveau, l'accomplit et le prche; et celui qui fut l'attente et le complment de l'un, le fondateur et la loi de l'autre, le salut de tous, Jsus-Christ, l'ordonne, le rgle, le dpouille de l'hypocrite rudesse et de la mlancolique ostentation, l'entoure d'images sociales et consolantes (Mailh., VI, 16, 17, 18), en enseigne l'esprit, et lui-mme en donne l'exemple. Certainement, pour se justifier de l'avoir conserv, l'Eglise n'a pas besoin d'autre autorit. Les aptres sont les premiers le suivre. Le jene et la prire prcdrent l'imposition des mains, qui confirma Paul la mission de prcher aux Gentils (.IcL.XlII, 3); et, comme le dit Massillon, la religion nat dans le sein du jene et de l'abstinence (Sermon sur le. jene; c'est le premier du Petit Carme). Depuis lors peut-on indiquer une poque de suspension ou d'intervalle? La tradition tout entire le reproduit chaque instant; et si l'on ne trouve que trop souvent l'accomplissement littral du jene accompagn d'une vie drgle, il est impossible de trouver une vie chrtienne spare du jene. Celte loi est aime et observe par les martyrs et les rois, par les vques et par les simples fidles; elle se trouve place tout naturellement parmi les chrtiens. Fructueux, vque de Tarragone, refusa, en marchant au martyre, une boisson qu'on lui offrait pour le fortifier, et la refusa en disant que l'heure du jene n'tait pas encore passe (Fleury, Murs des chrtiens, IX, Jenes). Peut-on s'empcher d'prouver un sentiment de vnration pour une. loi ainsi respecte, dans le moment solennel de la souffrance, par un homme qui tait sur le point de donner son sang pour rendre tmoignage la vrit? Comment ne pas voir que cette mme loi avait contribu le prparer au sacrifice, et que, pour imiter Jsus-Christ dans sa mort, il l'avait pris pour modle pendant sa vie? Mais, faisant abstraction de ces exemples admirables, dans la position la plus ordinaire o se trouve un chrtien, le jene et l'abstinence se lient avec ce que sa vie a de plus digne et de plus pur; qu'on observe un homme juste, exact remplir ses devoirs,
zl pour le bien, souffrant les maux invitables, ferme et patient contre l'injustice, tolrant et misricordieux, et qu'on dise si
les

pratiques de l'abstinence ne sont pas en

Abslulcruntergo

Isral

jussu cler. gai, dita, Paris, Vitr, 16.) v 2).

harmonie avec une telle conduite? Saint Paul compare le chrtien l'athlte qui, pour mriter une couronne corruptible, soumettait son e >rps une abstinence rigoureuse [l Cor., IX, 25). Il tait si vident quo

659

DEMONSTRATION LV ANGLLIQUK. MANZONI.


crit

CGO

par l son corps acquerrait tant d'agilit et de vigueur, les moyens taient si conformes la fin, que ce genre de vie semblait raisonnable tout le monde, que personne ne s'en
nous, levs aux ides spirituelles du christianisme, ne comprendronsnous jamais la ncessit et la beaut de ces institutions, qui tendent dlivrer l'me de la dpendance des inclinations des sens? Tel est le point de vue vritable et important sous lequel on doit considrer les abstinences, tels sont leurs effets; et si le monde ne les aperoit pas, c'est parce que ceux qui les pratiquent avec fidlit se cachent tous les yeux, c'est que le monde ne se donne pas la peine de les rechercher, et qu'ordinairement il ne fait attention aux abstinences que lorsqu'elles offrent un contraste avec le reste de la conduite. 11 y a des institutions transitoires dont la fin est seulement de prparer ur. autre ordre de eboses, et qui doivent cesser quand le but est atteint il y en a d'autres qui se lient tellement l'esprit principal qui est leur fin, que jamais elles ne peuvent tre abolies; elles passent travers les gnrations rebelles et insouciantes, elles restent immobiles au milieu d'un peuple lger et moqueur, elles attendent les gnrations obissantes et rflchies, parce qu'elles sont faites pour tous les temps. Telles sont (je ne dis pas Se jene, qui est d'institution divine), mais la plupart des lois ecclsiastiques sur l'abstinence; telles sont, par exemple, les vigiles. Il est si essentiel pour un chrtien de clbrer la commmoration des grands mystres etdes vnements qui doivent attirer toute son attention de s'y prparer par la pnitence et par les privations; l'institution qui lui en fait un devoir est si parfaitement chrtienne, qu'elle se confond avec l'origine de la religion, et n'a point eu un moment
tonnait;
et
; ,

de plus grandes

privations

et

cette

bonne mre les considre comme son plus bel ornement, comme ses enfants de prdilection.

On ne peut pas dire que toutes ces pratielles ques soient substitues la sobrit n'en dispensent pas elles la supposent au contraire et en sont un perfectionnement. C'est ainsi que l'on doit parler de la virginit et de la chastet par, rapport la continence; car comment les appeler une substitution cette dernire vertu, puisqu'elles en sont,
;
,

pour ainsi dire, l'idal? Il est inutile de dire que la virginit loue et conseille par saint Paul (I Cor., Vil, 25, 26, 27), qui en donne
l'exemple, soumise la discipline par les Pres , n'est pas une invention des casuistes.

peut prendre racine dans la chastet, et la gourmandise ct des abstinences cela prouvera que la corruption de l'homme est si grande que les moyens mmes proposs par l'Homme-Dieu ne l'extirpent pas entirement que ce sont des armes avec lesmais qui ne disquelles on peut vaincre pensent pas de combattre et qui osera supposer qu'il existe de meilleurs remdes? On ne pourrait ce me semble, arriver aucune consquence utile, en opposant
Si l'impudicit le

cur ct de

l'Eglise, qui conseille et

ordonne l'exercice

le

plus parfait d'une vertu, que, quelquefois, cet exercice peut tre spar du sentiment de cette vertu. Pour que cette objection et faudrait pouvoir affirmer quelque force il que la sobrit et la continence extirpent du cur la racine des inclinations con,

traires.

CHAPITRE XVII.
Sur
la

modestie

et l'humilit.

d'interruption.

L'abstinence des viandes est un moyen prescrit par l'Eglise pour faciliter l'accomplissement de la pnitence. S'il y a des chrtiens qui en joignent l'observance avec la gourmandise et l'intemprance cela prouve encore que l'homme est ingnieux luder
,

La modestie est la plus aimable des qualits de l'homme suprieur elle n'exclut point un juste orgueil qui lui sert d'appui contre ses et de consolation dans propres faiblesses l'adversit le casuiste y a substitu l'humilit, qui s'allie avec le mpris le plus insultant pour
, , ,

les autres.

salutaires; cela doit faire rflchir aux dangers des richesses, annoncs par Jsus-Christ, puisqu'on voit qu'elles
les lois les plus

Je

Pages 420,421. ne dfendrai point

ici

les

casuistes

peuvent nous faire trouver un danger mme dans les moyens de salut qui nous sont offerts.

Malgr les cris et les sarcasmes qui, depuis si longtemps s'lvent contre ce prcepte l'Eglise s'est bien garde, pour obir
,
,

contre l'accusation qui leur est faite d'avoir, pour ainsi dire, invent l'humilit et de l'avoir substitue la modestie: l'humilit est Ecrisi expressment ordonne dans les tures , que la phrase qui parat prsenter ce sens doit en avoir un autre que je n'ai pas

aux rclamations du inonde, son ennemi de renverser un monument de l'antique simplicit et


S'il
,

de l'antique rigueur.

est des chrtiens qui ludent ce pr-

cepte il ne manque pas de riches qui obissent sincrement et par esprit de pnitence une loi de pnitence; il ne manque pas de pauvres qui forcs de vivre dans une sobrit qu'ils rendent noble et volontaire en l'aimant trouvent le moyen d'tre plus sobres encore dans les jours o l'Eglise pres, ,

su comprendre. Je me bornerai prsenter quelques rflexions sur la nature de ces deux vertus, afin de dmontrer que la modestie sans l'huou n'est pas une milit ou n'existe pas vertu; que celui qui loue la modestie, ou prononce des paroles dnues de sens ou rend hommage la vrit de la doctrine catholique parce que les actes et les sentiments qui sont compris sous le non) de modestie n'ont de fondement que dans l'humilit, telle qu'elle est prsente par celle doctrine. Il faut ici remonter un principe g,
,

eei

EXCELLENCE DE LA MORALE CATHOLIQUE.


:

662
;

nral d la morale religieuse : dans cette morale tout sentiment command se fonde sur la vrit absolue d'une ide. Je ne pense pas qu'il soit ncessaire de justifier ce principe;
il est si conforme la raison qu'il suffit de l'noncer. Maintenant en l'appliquant la

mot, s'ils veulent exprimer une ide juste on pourrait appeler ces dernires dfinitions
rationnelles. Celte dislinction paratra plus claire lorsque nous l'appliquerons la definilion de la modestie, car je crois qu'on peut en donner une prcise, du second genre. Ln admettant pour un instant la premire, je demande si l'homme qu'on loue de sa modestie, parce qu'il

modestie, nous verrons que

pour tre une

vertu, elle doit runir deux conditions; elle doit lre l'expression d'un sentiment non suppos, mais rel; d'un sentiment fond sur une vrit ; en un mot, elle doit tre sincre et raisonne. Qu'est-ce que la modestie? Je crois qu'il n'est pas facile d'en faire la dfinition par le mol dfinir, on entend ordinairement spcifier le sens unique et constant que les hommes donnent un mot. Or, si les hommes varient dans l'application d'un mot, comment transporter dans la dfinition un sens unique, qui n'existe pas dans les ides? Otte observation de Locke est clbre La plupart des disputes philosophiques sont venues, dit-il, des diverses significations attribues aux mmes mots 11 \j a peu de
: : :

tmoigne un sentiment de

sa propre imperfection, est persuad ou s'il ne l'est pas; s'il ne l'est pas, sa modestie est si loin d'tre une vertu qu'elle est, au contraire, un vice, une fausset, une hypocrisie. S'il est persuad, ou il se juge bien, ou il se trompe; et dans ce second cas il y a ignorance, erreur; or, ce sentiment n'est pas une vertu; un examen plus srieux, une plus

grande connaissance de la vrit, une augmentation de lumires, nous le feront abandonner autrement il faudrait dire qu'il y a des vertus opposes la vrit, ou en d'autres termes, que quelquefois la vertu est une chimre. Donc, lorsqu'on loue la modestie d'un
:

mots d'ides complexes que deux hommes emploient pour exprimer la mme srie d'ides (Locke Essai sur V Entendement humain
ces
,

chap. 10; de l'Abus des mots, 22); Celte diffrence ou pour mieux dire celte latitude de signification se rencontre plus
liv. III,

spcialement dans les mots consacrs exprimer des dispositions morales. Cependant il est certain que les hommes s'entendent entre eux. si ce n'est avec prcision, au moins approximativement, quand ils emploient ou entendent quelques-uns de ces mots; ils ne pourraient mme discuter s'ils ne s'entendaient plus ou moins. S'ils ne donnaient pas en partie la mme signification au mot en question; et voil ce qui a fait dire qu'il n'y a pas de disputes de simples mots, qu'il n'y a que des disputes d'ides. Cela s'explique, il me semble, en observant que dans chacun de ces mots d'ides morales il y a une ide prdominante et gnrale que tous y reconnaissent, bien que dans l'application elle subisse
,

si l'on ne veut pas dire qu'il soit un imposteur ou un insens, il faudra avouer que la modestie suppose la connaissance de soimme et que dans' la connaissance de soimme l'homme doit toujours trouver la raicar son d'tre modeste. J'ai dit toujours autrement, en certains cas, l'homme pourrait raisonnablement prouver le sentiment con-

homme,

traire cette vertu

avancerait dans
vrait tre
uiiv qu'il se serait
i

la

bien plus, mesure qu'il pratique des vertus, il de;

moinsmodeste, puisqu'ii est certain approch de la perfection; et

quement

l'amlioration de l'me conduirait logila perte d'une vertu, ce qui est

absurde. Or, cette raison continuelle de modestie se trouve dans la double ide que la rvlation nous-a donne de nous-mmes et sur laquelle esl fond le prcepte de l'humilit, qui n'est autre chose que la connaissance de soi-

des modifications indfinies, selon la diversit des esprits; une ide qui reparat toujours et qui rgit, pour ainsi dire, l'ensemble des ides auxquelles on veut appliquer ce mot. Or il me semble que, dans les sentiments, les penses, les actions, le maintien
,

auxquels s'ap-

plique le mol modestie l'ide prdominante esl l'aveu d'une dislance plus ou moins grande de la perfection. Je crois que celle dfinition est la plus propre embrasser tous les cas possibles d'application , et c'est de celle cllinilion que je pars pour arriver une autre non moins gnrale et plus raisonne. Je crois qu'en ces matires on doit donner deux espces de dfinitions 1" dfinitions qui attirent et expriment cette ide dominante dont nous avons parl et que l'on pourrait nommer historiques; 2 dfinitions qui donnent la raison de cette ide, et qui ia rduisent, d'une manire sre et fonde, dos notions prcises el applicables, circonscrivent et commandent, pour ainsi dire, le sens que les hommes doivent attacher ce
:

que l'homme est corau mal, et que tout ce qu'il y a de bon en lui est un don de Dieu. De sorte que chacun peut et doit en toute circonstance se dire soi-mme Qu as-tu que lu ne l'aies reu? el si tu l'as reu, pourquoi l'en glorifier comme si lu ne l'avais pas reu (ICor., IV, 7)? C'est uniquement pour cette dernire raison que Jsus-Christ, quoique parfait, et prcisment pour cela, a pu tre souverainement humble, car possdant au plus haut degr la connaissance de lui-mme, et n'tant sous l'influence d'aucune des passions qui font tomber dans l'erreur l'homme qui se juge lui-mme, il a vu clairement que les perfections infinies de son humaine nature
et celle ide est

mme;

rompu

et port

taient des dons. Pour ce qui regarde les hommes, on donnera une ide claire et raisonne de la modestie en la dfinissant l'expression de l'humilit, le maintien d'un homme qui sent combien l'garement, qui il est sujet l'erreur et regarde toutes ses perfections comme de purs dons que sa faiblesse et sa cOTfdplion peuvent lui faire perdre chaque instant. Si
:

l'on

ne suooose cette ide

la modestie, elle

603

DMONSTRATION V ANGLIQUE. MANZONI.


celle

661

n'est qu'un artifice, qu'une sottise; si on la lui suppose, c'est une vertu rationnelle; avec celte ide on peut expliquer l'uniformit du sentiment des hommes en sa faveur, et ce sentiment est fond sur la raison.

Nous louons l'homme modeste, non-seulement parce qu'en s'abaissant et se tenant


l'cart,
il nous laisse un peu plus de place pour nous lever et pour briller; nous ne le louons pas seulement comme un rival qui se retire. Il est certain que, dans notre approba-

prcisment qu'il est le plus dispos a considrer et augmenter, tandis que pour bien se connatre, il faut qu'il se considre sous toutes ses faces il sent que les louanges le portent s'attribuer lui-mme ce qui est un don de Dieu, supposer en lui une excellence qui lui est propre; en un mot, il sent que ces louanges l'induisent en erreur.
;

C'est pour cela qu'il les fuit , qu'il cache ses belles actions qu'il conserve ses sentiments
,

les plus

nobles dans

le

secret de son cur,

tion et dans notre blme, l'intrt de nos passions a une part que nous ne savons pas toujours discerner nous-mmes ; mais chacun,

que tout ce qui le porte* en faire parade est un dsir produit par l'orgueil,
car
il

sait

en s'examinant, trouve en soi-mme une disposition approuver, indpendante de cet intrt et fonde sur la beaut de ce qu'il approuve. Il serait facile de dmontrer par des exemples la ralit de cette disposition, mais chacun la sent, c'est un fait. Ce n'est pas seulement comme une qualit rare et difficile que nous louons la modestie il y a des habitudes perverses auxquelles le petit nombre de ceux qui les possdent ne parviennent qu'en se faisant beaucoup de violence, cl personne ne les approuve. Ce n'est pas non plus seulement parce
:

dsir d'tre distingu, observ, considr, non sa juste valeur, mais le plus haut possible. Cependant , lorsque la vrit et la charit l'exigent, il laisse paratre ce qu'il a de

bien

et

il

ne cherche pas

le

dissimuler
,

lorsqu'il est certain de ne tromper ni lui ni les autres; nous en trouvons un brillant exemple dans la conduite de saint Paul,

quand, pour
vle

l'utilit

de son minislre,
les

aux Corinthiens

il rdons magnifiques

deux caractres d'utilit et que nous louons la modestie. Le Vieux de la Montagne retirait un avantage de la crdulit et du dvouement de celui qui son ordre se prcipitait dans l'abme, et devait reconnatre un effort difficile dans cette obissance et pourtant il ne pouvait prouver un senliment d'estime pour cet homme que, mieux qu'un autre, il savait n'tre qu'une misrable dupe de son imposture. Nous approuvons et louons l'homme modeste parce que malgr le penchant
qu'elle runit ces

de

difficult

il.

s'estimer excessivement, il est parvenu porter sur lui-mme un jugement impartial et vrai, il est parvenu se faire une loi de rendre la
vrit ce
difficult

violent qu'ont tous les

hommes

dont Dieu l'a combl. Contraint de parler de ce qui peut l'lever aux yeux d'autrui, puis il il en reporte Dieu toute la gloire confesse les misres les plus humiliantes pour un aptre, dont la dignit de la mission semble exclure non-seulement la pense de la chute mais encore celle de la tentation. Dans une me leve l'intelligence des paroles, caches qu'il ri est permis aucun homme de profrer (II Cor., XII, 4), qui aurait pu supposer encore vivante la guerre des inclinations des sens? Lui-mme il en parle; des hautes et pures visions du troisime ciel , il descend pour se montrer dans l'arne des combats charnels ; forc de rvler le secret de son me il le rvle tout entier, afin d'tre entirement connu Et ne magnitudo revelationum extollat me datus est miki
, ,
, :

stimulus carni

me
,

anglus Satan gui me

colaphizel (Ibid.

).

tmoignage
et

difficile et

douloureux.

Enfin, la modestie plat

comme

utilit,

comme

Si la modestie est l'humilit mise en pratique, elle ne peut s'associer avec l'orgueil

comme

vrit.

Qu'on repasse

toutes les ides raisonnables relativement la modestie, toutes viendront se combiner

avec

celle-ci.

La modestie est la plus aimable des qualits de l'homme suprieur, on observe mme
qu'elle crot en rapport avec la supriorit, parfaitement avec les ides de la religion. La supriorit n'est autre chose qu'un grand progrs dans la connaissance et dans l'amour du vrai ; la premire
et cela s'explique

qui est l'oppos de celle-ci et il ne pourra plus y avoir de juste orgueil. L'homme qui se complat en lui-mme, l'homme qui ne reconnat pas en lui celte loi des sens qui est en opposition avec la loi de l'esprit, l'homme qui ose se promettre que, par ses seules forces, il choisira le bien dans les tombe dans une circonstances difficiles grande erreur et une grande injustice. L'homme qui se place au-dessus des autres est tmraire il est partie, et il se fait juge.
,

rend l'homme humble, et la seconde le rend modeste. Cet homme craint les louanges et les fuit. Mais les louanges plaisent, et il ne parat pas injuste de. rechercher les occasions de les obtenir, lorsqu'elles sont donnes volontairement et cependant, tous ceux qui apprcient la vertu approuvent sa conduite; et il en est ainsi parce que sa conduite est raisonnable. L'homme modeste sent que les louanges ne lui rappellent qu'une partie de lui-mme,
;

par un juste orgueil, on entend reconnatre la vrit du bien qu'on a fait, sans se l'attribuer et sans s'lever, ce sera certainement un senliment lgitime et impos par le devoir; mais l'humilit ne l'exclut pas, mais ce sentiment est l'humilit mme, mais la conduite oppose est proscrite par la moSi,

rale catholique,

comme mensongre

et su-

perbe, parce que celui qui pense qu'il aurait droit de se glorifier aprs s'tre jug avec impartialit, celui-l, voulant paratre humble serait oblig de dire le contraire
,

66 b*

EXCELLENCE DE LA MORALE CATHOLIQUE.

C66

de ce qu'il pense; il ne serait qu'un pauvre orgueilleux; mais enfin il faut nous permettre de donner ce sentiment un autre nom que celui d'orgueil; non que nous voulions nous attacher un mot pour le discuter, mais parce que ce mot est consacr exprimer un sentiment faux et vicieux dans tous ses degrs. Puisqu'en beaucoup de circonstances celui qui a le sentiment de l'humilit et celui qui ne l'a pas se conduisent extrieurement de la mme manire il importe de conserver son vritable sens au mot qui est prcisment destin spcifier ce sentiment. L'orgueil ne peul
,

spectacle pourrait tre agrable l'orgueil des autres. Dieu sait quelles sont ces consolations, et il suffit de lire les Confessions de l'infortun Rousseau pour s'en former une ide, pour voir quel est l'tat d'un cur qui, malade de l'orgueil appelle l'orgueil son aide. 11 revient par la pense sur les humiliations souffertes dans la socit, il en rappelle les plus petites circonstances. Celui qui avait tant mdit et tant crit sur la corruption de l'homme social , n'avait point une me prpare l'injustice; quand il en est
,

frapp,

il

compare ceux qui


prisrent, eux, et
il

n'y a plus de paix pour lui. Il se l'oflVnsrent, qui le mil

donc jamais tre juste, et par consquent il ne peut tre ni un appui pour la faiblesse humaine, ni une consolation dans l'adverTels sont les fruits de l'humilit; c'est elle qui nous soutient contre la faiblesse en nous la faisant connatre et en nous la rappelant chaque instant; c'est elle qui nous porte veiller et prier celui qui commande la vertu et qui la donne; c'est elle qui nous fait lever les yeux vers les montagnes d'o nous arrive le secours ( Ps. CXX, 1 ). Dans l'adversit l'me humble qui se reconnat digne de souffrir, trouve des consolations et prouve un sentiment de joie qui nat de son acquiescement la justice; elle examine ses fautes, et l'adversit lui apparat comme le juste chtiment d'un Dieu qui pardonnera, et non comme les coups
sit.
,

se trouve de se consume

beaucoup suprieur en pensant que ce

sont de tels hommes qui l'ont offens et mpris. Les paroles, les regards, le silence, il
-

repasse tout dans l'amertume de son me l'aversion qu'il ressent pour ceux qui l'ont bless peut donner une ide des tortures qu'prouve son orgueil. Comme il les dpeint! le chtiment est plus cruel que l'offense; il est certain d'avoir inspir des milliers de lecteurs les sentiments de haine et de mpris qui le tourmentent, et quand il semble qu'il Cela me passait et me soit veng, il s'crie passe encore ( Confessions, deuxime partie, liv. XX). Cependant s'il fut jamais, selon le
; :

monde, un juste orgueil;


profond,
et,

si un esprit vaste, ce qui est plus difficile, souvent

d'une aveugle puissance; elle devient plus digne et plus pure, parce qu' chaque douleur soufferte avec rsignation, elle sent s'effacer quelques-unes des taches qui la rend lient moins belle. Que dis-je ? elle parvient aimer l'adversit mme, parce que l'adversit la rend conforme l'image du Fils de Dieu (Rom., Mil, 29); et au lieu de se perdre en de vaines et faibles plaintes elle rend des actions de grces dans des circonstances o, abandonne elle-mme elle ne trouverait que le gmissement de la souffrance ou le cri de la rvolte. Mais l'orgueil! quand Dieu aura Immilir le superbe
,

indpendant des opinions prdominantes; si la possession d'une parole loquente, d'une parole qui porte le trouble de l'enthousiasme mme dans les esprits pour lesquels il n'y a de srieux que le plaisir, d'une parole qui va chercher les sentiments les plus universels et les plus intimes mme dans les curs o ils taient le plus touffs par les passions du luxe et de la vanit, d'une parole qui a pu, pendant quelque temps, rompre les habitudes invtres d'indiffrence, d'une parole qui entrane et commande, qui persuade sou gr le vrai oubli ou mconnu par le gnie, et le faux contre lequel se rvolte la raison si une renomme aussi rapide qu'uni;

comme un homme

bless (Ps.

l'orgueil sera-l-il pour lui peut-il servir dans l'adversit? la faire dtester comme injuste, nous exciter conti-

LXXXVI11, 11), un baume? A quoi

verselle,

une renomme qui, tant

la foule
,

des crivains

mme

l'ide

de rivalit

touffe

nuellement faire la comparaison de ce que nous avons souffrir avec ce qu'il nous semble que nous devrions mriter? L'homme ne trouve de repos dans celle vie que lorsqu'il sait conformer sa volont celle de Dieu; et qui est plus loign de celte conformit que l'orgueilleux frapp? L'orgueil aux prises avec l'infortune se rpand en plaintes lorsqu'il trouve des auditeurs, il s'puise pour prouver que les choses ne devraient pas tre comme Dieu les a voulues; son silence est ordinairement forc, amer et mprisant; il redoute jusqu'au sentiment de commisration. L'homme dans le malheur qui se vante de trouver en lui-mme des consolations qu'il prsente comme une. compensation ses
lieu de la rsignation et de l'esprante, est un orgueilleux; il craint de laisser apercevoir un tat d'abattement dont le

maux, au

en eux tout sentiment d'envie et la fait natre dans lecur de ces vieillards qui croyaient n'avoir plus qu' encourager le mrite naissant et applaudir des succs qui ne pouvaient obscurcir les leurs si le mpris des honneurs et de la fortune sont des litres un juste orgueil, qui en eut jamais plus que ce Rousseau dont nous parlons? Et parmi tant de sujels, je ne dirai pas de consolation mais de triomphe, quels sont enfin ses chagrins? c'est un ami selon le. monde, qui le menace et veut lui prescrire ce qu'il doit faire; c'en est un autre qu'il a protg pendant quelque temps, qui veut avoir l'air d'tre son protecteur et lui enlve la place qu'il avaitla table d'un autre ami du mme genre. Ah! certainement il ne faut pas tre avare de compassion, ni peser avec nos propres balances les douleurs qui ont afflig le cur des autres; l'homme qui souffre connat lui seul l'tendue de sa souffrance, et si la fai;

667

DEMONSTRATION EVANGF.LIQUE. MANZONI.


multitude de
Si,

668

blesse de son me augmente le mal, cette faiblesse mme, qui est commune tous, mrite une plus grande piti; mais quand on pense la multitude des injustices souffertes par les bros du christianisme; quand on se

rappelle les perscutions, les calomnies, les mpris dont furent abreuvs les saints, la joie avec laquelle ils les supportrent, la patience avec laquelle ils attendirent la manifestation de la vrit, sans y prtendre pour

aux doux plaisirs qu'ils prouvaient exhaler leurs sentiments, seuls en la prsence de Dieu; quand on pense que ces effusions n'taient que des actions de grces, et tout cela parce qu'ils taient humbles alors on comprend que le vritable, le grand malheur de cet homme tait caus par son orcette vie,
:

ses douleurs (Ps. XCIII, 19). dans la vie qu'il nous reste parcourir, nous devons rencontrer des passages difficiles et douloureux, si le moment de l'preuve s'approche pour nous, prions qu'il nous trouve dans l'humilit que notre front soit prt s'incliner sous la main de Dieu quand clic s'appesantira sur nous. D'aprs ce que nous venons de dire de l'humilit, on doit conclure que s'il est un sentiment qui dtruise le mpris insultant pour les autres certainement c'est l'humilit. Le mpris nat de la comparaison que l'on fait de soi-mme avec les autres et de la prfrence que l'on se donne; or ce sentiment pourra-l-il jamais prendre racine dans Un
,

gueil.
Si

dans

l'injustice de

quelques

hommes

il

avait reconnu la justice de Dieu , celte injustice aurait perdu de son amertume, mais il exige des hommes une quit parfaite; il veut, au tribunal de son esprit, rformer tous les jugements qu'on a ports sur lui; et enfin cette ide d'injustice qu'il nourrit toujours en la combattant devient unique, s'applique tout, c'est un ver qui ne meurt plus. Il croit que tous s'occupent de lui, que tous sont ses ennemis, que le but du genre humain est de le voir malheureux et dsho-

coeur habitu considrer et dplorer ses propres misres, reconnatre que tout ce qu'il a de. bon vient de Dieu, croire que si Dieu ne le retenait, il s'abandonnerait au d-

rglement de ses passions?

CHAPITRE
Sur puleux
le secret de la morale.
et

XVIII.

sur

les

Sur les fidles scrudirecteurs de conscience.

La morale

est

devenue non-seulement leur

science, mais leur secret (des docteurs dogmatiques ). Le dpt en est tout entier entre les mains des confesseurs et des directeurs des

nor. Phnomne de notre humaine nature vraiment digne de compassion! caria principale ide de l'orgueil
l'objet
,

consciences. Page 421.


Si les confesseurs en Italie ont fait de la morale un secret, ils ont donc oubli qu'il leur a t ordonn de prcher sur les toits (Matth. ,X, 27), et la religion chrtienne, dont

celle de

se croire

de l'attention publique, devient la source du malheur. Il a vid le calice de la gloire, mais son ivresse est triste et pnible. Les regards de l'inconnu qui le rencontre sur le chemin, la curiosit de celui qui l'admire, les mots dits voix basse en sa prsence, tout devient pour lui conspirations, prmditations. Le malheureux, en crivant l'histoire de ses douleurs, par une phrase o respirent le mpris des vains jugemenls du monde et la confiance en lui-mmo, fait croire qu'il retrouve la tranquillit mais bientt la phrase suivante prouve que sa douleur est toujours aussi violente. Il crit pour se dlivrer de ce poids de haine, il en appelle ces hommes que tous il accuse d'iniquit mais trouvera-t-il une main qui ne lui soit pas hostile pour lui confier son crit? Il se souvient de Dieu et prend la rsolution de dposer sa justification dans le sanctuaire; mais une barrire qu'il trouve ferme lui parat le signe d'un refus de la part de Dieu mme (Histoire du prcdent crit, annexe aux dialogues intituls : Rousseau juge de Jean-Jacques). Homme infortun s'il s'tait approch de 1 autel comme il en avait l'intention, s'il s'en tait approch de cur, s'il s'tait rappel que l on adore celui qui n'ouvrit pas la bouche, celui qui resta muet comme l'agneau devant celui qui le tond [Isae, 111,7), relui qui a dit Venez moi vous tous qui travaillez et tes chargs, et je vous soulagerai (Matth., XI, 28), celui dont il avait confess la divinit avec tant de magnificence, ah lui aussi prs de cet autel il aurait trouv de la consolation, il l'aurait trouve selon la
; ,

particuliers est de ne pas ni de mystre avoir de doctrine explique prsent qui ne le soit d'une manire uniforme pour tous, serait entre leurs mains de-

un des caractres

venue semblable aux sectes du paganisme, o l'on ne rvlait aux initis qu'une partie de la science, tandis que l'autre leur restait cache et n'tait connue que des prtres, afin que l'imagination des sectateurs suppost la vrit de la doctrine et le complment de ses preuves, prcisment dans ce qu'on tenait
cach. Mais, parmi nous, quels sont les livres rservs aux seuls docteurs dogmatiques ? Comment se transmettent-ils ce secret? L'illustre auteur n'a-t-il pas dit un peu plus haut que la morale proprement dite n'a pas cess d'tre l'objet des prdications de l'Eglise? De quoi parlent les ministres des autels, qu'enseignent tous les traits de morale, que chacun peut consulter? quel est l'objet des instructions

que l'on donne au catchisme? Le fidle scrupuleux doit, en Italie, abdiquer


la plus belle des facults de l'homme, celle d'tudier et de connatre ses devoirs (Ibid.).

Mais le clerg s'lve en Italie contre la ngligence que l'on met s'instruire de celle loi sur laquelle nous serons jugs; il apprend aux parents qu'ils doivent instruire leurs enfants de tous leurs devoirs; qu'ils doivent les armer de bonne heure avec l'pe de l'esprit, qui est la parole de Dieu, afin qu'ils ne se trouvent pas pris au dpourvu l'heure du combat ; mais tout l'enseignement catholique

cno

EXCELLENCE DE LA MORALE CATHOLlQlK


pour

G7

tend rpandre la maxime, qu'apprendre connatre ses devoirs est non-seulement la plus belle faeull de l'homme, mais encore sa premire, sa plus troite obligation. On lui recommande de s'interdire une pense qui pourrait l'garer, un orgueil humain qui pourrait le sduire (Ibid.). Qui voudra sur ce point chercher disculper le clerg italien? S il en est ainsi, il ne reste qu' dsirer qu'il en soit toujours de mme; que ces recommandations soient universelles constantes accompagnes de la science et de la charit, que le clerg ne tienne jamais d'autre langage, puisque c'est celui de l'Evangile.
, ,

Quant au fidle scrupuleux (en prenant ce terme dans.le sens le plus troit), on lui recommande en Italie comme ailleurs, de ne pas se livrer des considrations longues et excessives sur chacune de ses penses et chacune de ses actions, de s'arrter sur des ides douces et consolantes de confiance en Dieu et en sa misricorde. A propos des scrupules, qu'on me permette do faire deux observations; si elles ne se lient pas au point particulier dont il est ici question elles ne sont pourtant pas trangres l'argument gnral. Les moralistes pensent assez gnralement que les scrupules viennent de l'orgueil de
,
,

Celte observation aussi subtile que vraie est une preuve, entre mille autres, de la finesse et de la profondeur que la morale religieuse a apporte dans l'lude du cur
l'esprit.

humain

et

dans

la

recherche des inextrica-

bles dtours des passions.

L'autre observation est que cette maladie est une preuve en mme temps, et de la misre de l'homme et de la beaut de la religion. Le scrupuleux y met l'incertitude, la crainte, le trouble, la dfiance, dispositions qui ne sont que trop naturelles l'homme, et qui, chez plusieurs, constituent leur caractre, tant elles sont prdominantes. Il est assez singulier que quelques chrtiens prouvent la peine que prend l'avare la conservation de son trsor l'ambitieux l'augmentation de sa puissance, celle sollicitude pnible et inquite que tous ont pour les objets de leurs passions; et pourquoi ces chrtiens se mellenl-ils ainsi la torture? pour accomplir leurs devoirs. La religion tend si fortement la perfection, que celle tendance se manifeste mme dans les garements ei les misres de l'homme religieux. Une me dvore de l'inquitude de n'tre pas assez juste, au point d'en perdre le repos, pourrait presque paratre un phnomne de verlUj si la religion mme, si suprieure aux vues de l'homme, ne nous montrait en celle me des dispositions contraires la confiance, l humilit et a l libert chrtiennes si elle ne nous donnait l'ide d'une vertu dlivre de tout mouvement dsordonn, etqui, mesure qu'elle se perfectionne, se rapproche

morale

Ainsi l'preuve de l'adversit, qui est faite lever l'homme, l'asservit toujours davantage (Ibid.). 11 n'y a peut-tre pas de dcouverte qui rvolte autant l'orgueil de l'homme que de se trouver dans la dpendance intellectuelle, de trouver qu'il a l, sans le savoir, l'instrument d'une adroite domination qu'il a fait, par l'impulsion d'autrui, ce qu'il croyait avoir volontairement et sagement dcid par son propre jugement. cette ide toutes les passions se soulvent, comme irrites d'une usurpation sur leurs droits, et elles se soulvent avec une vhmence qui s'accrot proportion de l'appui qu'elles, trouvent dans la raison. Certainement Dieu veut que l'esprit se perfectionne par l'examen de ses devoirs et l'homme qui se et le libre choix du bien laisse enlever arbitrairement la conduite de sa volont, cesse de surveiller ses actions, dont il ne rendra pas moins compte. Quelquefois le soupon seul de cette faiblesse porte l'homme aux penses les plus inconsidres il est prt s'crier Rompons leurs liens, et jetons leur joug loin de nous (Ps. II, 3). Il est par consquent trs-important de sparer la voix de l'orgueil de celle de la raison, afin de ne pas tre entran par leurs forces runies et d'examiner avec tranquillit quelle doit tre en ce cas la conduite raisonnable et digne d'un chrtien. Dans le sacerdoce on peut considrer deux sortes d'autorit celle qui vient de Dieu et qui l'autorit forme l'essence de la mission d'enseigner, de lier et de dlier et une autre autorit qui peut tre donne volontairement par les hommes tel ou tel prlre, et cela en considration de la premire elle vient de la vnration et de la confiance des fidles qui les portent lui obir mme dans les choses o il n'exerce pas directement son mi, ;

nistre.

Quant
est

la

essentielle

premire de ces autorits elle au christianisme, et en s'y


,

soumettant l'homme n'est point esclave, il agil avec raison et dignit. H n'est point un seul acte de celte autorit qui ne soit ncessaire et o le prtre n'apparaisse comme ministre de l'autorit divine laquelle il obit aussi bien que les fidles ; il n'est aucun de ces actes qui puisse abaisser le chrtien. Oui, nous nous agenouillons devant le prtre , nous lui avouons nos fautes, nous coutons ses rprimandes et ses conseils, nous rece-

vons les punitions qu'il nous impose. Mais lorsqu'un prire, frmissant en esprit de son indignit et de la sublimit de ses fonctions , a tendu sur noire tte ses mains consacres; lorsque, confus de se trouver le dispensateur du sang de l'alliance, toujours loi>>: de profrer les paroles qui

donnent

la vie,

pcheur

lui-mme,
,

davantage du calme elde la souveraine raison. Et toutes les fots qu'il rencontre un doute toutes les fois que su situation devient difficile, il doit recourir son guide spirituel.
,

tons en point commis une bassesse. Nous sommesnous prosternas ses pieds pour mendier des esprances terrestres? Nous sommesnous entretenus de lui? N'avons-nous pris une posture humiliante que pour nous n ver plus orgueilleux pour obtenir le droit
,

absout un pcheur, nous sennous relevant, que nous n'avons


il

671

DEMONSTRATION VANGEL1QUE. MANZONI

072

\
1

de primer sur nos frres? Il n'a t question entre nous que d'une misre commune tous, d'une misricorde dont nous avons tous besoin. Nous avons l aux pieds d'un homme qui reprsentait Jsus-Christ, pour nous dpouiller, autant que nous le pouvons, de tout ce qui porte notre me la bassesse, au joug des passions l'amour des choses passagres du monde, la crainte de ses jugements ; nous y avons t pour devenir libres et en,

humaine peuvent crer des inconvnients dans l'usage du conseil, et cela doit tre pour
tous les chrtiens vigilance.

un

sujet de confusion et de

fants de Dieu. Quant l'autorit du second genre., elle est fonde sur le principe le plus raisonnable, mais elle peut avoir et n'a que trop d'abus. A mon avis, un chrtien ne doit jamais per-

dre deux choses, de vue, s'il veut en cette matire ne pas porter un jugement prcipit l'une, que l'homme peut abuser des choses les plus saintes l'autre, que le monde a coutume de donner le nom d'abus, mme aux choses les plus saintes. Quand on nous accuse de superstition, de fanatisme, de domination, de servilit, persuadons-nous aussitt que cette accusation peut tre fonde ; mais examinons ensuite si vraiment elle l'est, car on emploie souvent ces paroles pour qualifier les actions et les sentiments que prescrit
:

Mais abandonner les guides que Dieu nous a donns, mais rejeter le sel de la terre [Mat th., y, 13), mais, parce qu'il peut y avoir des dangers s'en servir, se priver d'un aide ncessaire, mais ne voir que des oppresseurs et des intrigants parmi tant de pasteurs zls et dsintresss qui ne donnent conseil qu'en tremblant, et se croiraient des insenss s'ils voulaient usurper une autorit excessive qui loin les exposerait un jugeaient effrayant de nous de telles penses, car elles nous conduiraient rendre en partie inutile le ministre institu pour nous Et celui mme qui a t vraiment et purement vertueux, ne saurait se rendre compte des rgles qu'il s'est imposes (lbid.). Les prceptes du Dcaloguc, les maximes et l'esprit de l'Evangile, les commandements de l'Eglise, telles sont les rgles que le catholique vertueux se propose et dont il peut se rendre compte chaque instant.
: 1

CHAPITRE XIX.
Sur
les

l'Evangile.

En recourant son guide


les circonstances
,

spirituel dans difficiles, on ne se rend

objections faites la morale catholique, dduites du caractre des Italiens.

point esclave de l'homme on use noblement de sa propre libert. Celui qui doit tre juge dans sa propre cause et qui dsire agir selon la loi divine, ne peut s'empcher de s'apercevoir que l'intrt et la prvention enchanent et il montre de la libert de son jugement la sagesse en recourant un conseiller qui par institution et par ministre, doit avoir mdit la loi divine, et doit pouvoir l'appliquer avec plus d'impartialit, un homme qui doit tre nourri de prire, et qui, habitu la contemplation des choses clestes et au sacrifice de lui-mme peut beaucoup mieux qu'aucun autre valuer les choses au poids du sanctuaire. Celui qui s'adresse son guide spirituel, reste toujours juge du conseil qui lui est donn, et la dcision dpend de sa propre conviction, puisqu'il doit rendre compte, non-seulement de celte dcision, mais encore du choix du conseiller. Jamais dans l'Eglise on n'a cess de prcher que si un aveugle conduit un autre aveugle, ils tomberont ensemble dans le foss (Matth., XV, 14). Les deux tendances misrables et opposes de servilit et de domination ont des racines profondes dans notre cur affaibli par le p, , ,

Aussi serait-il impossible de dire quel degr une fausse instruction religieuse a t funeste la morale en Italie. Il n'y a pas en Europe un peuple qui soit plus constamment occup de ses pratiques religieuses, qui y soit plus universellement fidle. Il n'y en a pas un qui observe moins les devoirs et les vertus que prescrit ce christianisme auquel il parait si attach. Chacun y a appris non point obira sa conscience, mais ruser avec elle ; chacun met ses passions leur aise par le bnfice
,

des indulgences, par des rservationsmenlales, par le projet d'une pnitence , et l'esprance d'une prochaine absolution; et, loin que la plus grande ferveur religieuse y soit une garantie de la probit, plus on y voit un homme scrupuleux dans ses pratiques de dvotion, plus on peut, bon droit, concevoir de dfiance.

Pages 421-422. Voil en peu de mots une condamnation bien prcise et bien svre. Le peuple italien est le moins fidle aux devoirs et aux vertus du christianisme, il est par consquent le peuple le moins estimable de l'Europe et chez ce peuple, ceux qui mritent le moins d'estime sont les plus scrupuleux observateurs des
;

ch. Paresseux et irrsolus, nous aimons rejeter sur les autres le poids de notre me, fious sommes satisfaits de tout ce qui nous pargne la peine de dlibrer ; et d'un autre vot, quand un homme nous donne sa confiance , encourags par son suffrage, fiers d'tendre l'empire de notre petite volont, nous sommes aussitt ports l'imposer plutt qu' la faire servir au bien des autres ; nous sommes ports oublier que l'homme n'est pas n pour dominer sur autrui et qu'il est appel faire de ses facults un exercice bien plus sublime. Ces faiblesses de la nature

pratiques de dvotion. Mon intention n'est pas de rfuter ce jugement, ni de faire l'apologie de l'Italie, et encore moins une apologie comparative; il serait trs-difficile de le faire, parce qu'il est ncessaire pour cela de runir toutes les preuves qui viennent l'appui de l'opinion qu'on soutient, et de juger avec impartialit. Mais ce jugement aussi gnral est ici donn comme une preuve de la fausse or instruction religieuse que reoit l'Italie cette preuve n'esteonfirme ni par des raisonnements, ni par des faits elle est propose comme vidente par elle-mme; je crois
; ,

673

EXCELLENCE DE LA MORALE CATHOLIQUE.


pas

674

qu'en une matire aussi grave et aussi complique, on ne doit pas l'admettre lgrement, et je vais me contenter d'indiquer, en partie, ce que l'on doit faire avant de l'admettre.

voulu
!

prcisment parler

de

chaque

Italien.

Quoi

parmi nous ne se trouverait-il pas

Le catholique italien, qui s'entend dire que sa nation est la moins chrtienne et la moins vertueuse, fera observer qu'il faut discuter le bien ou le mal qu'on peut diredes Italiens, parce que l'un et l'autre viennent d'hommes faillibles et sujets aux passions; il fera observer qu'on est bien loin d'tre impartial en admettant tout le mal qu'on leur impute sur des choses aussi importantes et aussi intressantes sans examen pour eux; il pensera que plus un jugement comparatif sur des faits tendus et compliqus est simple et prcis plus il mrite d'tre examin avec soin, parce que dans les jugements des hom mes, on trouve facilement cette simplicit et celte prcision, mais on la trouve rarement dans les choses. 11 comparera ce jugement aux notions qu'il a de son pays et des autres et cherchera en acqurir les plus nombreuses et les plus exactes qu'il lui sera pos,

un seul holmms qui obt sa conscience? Aucun Italien ne pourrait-il croire sa vertu, celle d'un ami ? Ne seraient-elles rserves aucun de nous, ces prcieuses motions de
l'estime et de la confiance, cette joie qu'il est

donn l'homme d'prouver quand, pressant la main d'un autre homme, il sent avec certitude qu'un cur rpond au sien? Celui qui prendrait la lettre la phrase que
je viens de citer serait tax d'extravagance ; on lui dirait que ces choses doivent tre in-

terprtes avec prudence, que ne point discerner ce qu'il y a d'hyperbolique dans une phrase dnote ou bien peu de connaissance de la manire reue de parler, ou un grand dsir de soulever des difficults; que, dans d'autres phrases du mme chapitre, l'auteur a parl des Italiens de manire exclure l'interprtation littrale de celle-ci. Or, s'il est

sible.
Si,

d'aprs ses recherches,

il

peut tablir

un

jugement fond (chose bien difficile dans des temps o une nation est dpeinte dans un
sanctuaire de toutes les vertus, et dans un autre comme le repaire de tous les vices, chacun deces livres jouissant d'une immense rputation), s'il a su juger par luimme, peser les tmoignages, en carter ce qui est erreur et passion, et s'en prserver lui-mme; si, aprs cela, son jugement est dfavorable sa nation, en bon catholique il ne sera pas afflig par la connaissance qu'il aura acquise des grandes vertus des autres peuples, mais bien parce que ses compatriotes en sont privs. S'il se met ensuite rechercher les causes de celte dpravation, il faut qu'il commence par la religion. Le rsultat de son examen sera que la morale catholique inspire tous les sentiments et toutes les actions vertueuses, qu'elle condamne tous les vices, et que les dfauts qui se sont peut-tre introduits dans son enseignement et dans sa pratique ne peuvent diminuer que lorsqu'on l'tudiera plus exactement lorsqu'on l'observera plus sincrement. Celui qui accepterait un jugement de celte importance sans douter d'abord et sans faire les recherches que nous venons d'indiquer; celui qui s'empresserail d'attribuer la religion celle suprmatie suppose dans le mal, celui-l prouverait peut-tre quelque satisfaction condamner une religion qu'il abhorre, la condamner non comme contraire aux passions, mais comme cause de dpravation; mais il aurait agi avec une lgret inexcusable, il aurait trop accord l'autorit d'un homme, dans des choses o chacun doit agir selon son propre jugement mais il se serait expos donner celte condamnation un sens plus tendu que ne le voulait 1'auleur; car certainement lorsqu'il a crit Chacun y a appris, non point obir sa conscience, mais ruser avec elle, chacun met ses passions leur aise, etc., il n'a
livre
le
, ; :

raisonnable de retirer de cette phrase le sens tendu et gnral qu'elle semble renfermer, qu'on en retire aussi la consquence qu'on veut en dduire contre l'enseignement catholique et que celui qui sent (tous devraient
;

le sentir)

comme

que cette consquence est au moins une hyperbole se garde bien de fonder sur une hyperbole le jugement qu'il doit porter dans une semblable matire. L'assertion suivante est sans doute du
genre

: On a d'autant plus de droit de d'un homme, qu'on le voit plus scrupuleux' observateur des pratiques de dvotion. Les pratiques extrieures ne sont pas l'uvre la plus difficile de la religion, et souvent on les exerce sans que le cur et la conduite y correspondent. Seules, elles ne suffisent donc pas pour attester la probil; mais pourquoi suffiraient-elles pour l'exclure ? Parce que l'hypocrisie imite les uvres de la vertu l o se trouvent ces uvres, y aura-t-il toujours hypocrisie ? Dans ce cas, il n'y aura plus de conduite possible pour un catholique car s'il nglige toutes les pratiques de dvotion, on pourra, avec raison l'accuser de n'tre pas fidle sa loi; s'il les exerce, il excitera la dfiance de tout le monde. Deux motifs peuvent porter exercer ces pratiques celui de se jouer de soi-mme ou des autres, et celui de remplir son devoir, de participer aux fruits de la foi, de se sanctifier. Sur quoi est-on fond, pour croire que ce dernier motif qui est celui pour lequel elles ont t institues, n'influe jamais en Italie? Je ne chercherai pas mme prouver que ce motif a de l'influence parmi nous, qu'il, y a des hommes qui agissent par lui, des hommes auxquels on ne pourrait refuser la confiance sans montrer qu'on ne croit aucune vertu des hommes qui sortent de l'glise o ils ont prie plus humains, plus dsintresss, plus fermes, plus sincres, plus courageux dans le combat qu'ils se livrent; qui, aprs avpir reu les sacrements, sont raf-

mme

se dfier

fermis, et pour ainsi dire, rajeunis dans la vertu. Avant de nous croire autoriss rejeter les pratiques de dvotion, condamner la

675

DEMONSTRATION EVANGELIQUE. PALEY.


n'est

676

ferveur religieuse, parce qu'elle


;

pas

un jour contre nous, qui sont un tmoignage vivant de


la

une garantie de probit, regardons autour de nous nos regards se porteront liienlt sur quelqucs-unsdc ces hommes qui dposeraient

beaut de

la

morale ca-

tholique, et savent prouver par leur conduite qu'il est possible de la suivre.

VIE
PALEY
l'Eglise d'Angleterre, naquit

DE PALE Y.
o^QW&Q-oles Eptres

(Guillaume), clbre thologien de en 1743 Plerborough, dans le comt de Norlhampton. distinction ses tudes CamIl fit avec bridge au collge de Christ. Etant entr dans il obtint une chaire l'tat ecclsiastique, d'Ecriture sainte et donna sur le Nouveau Testament grec, des leons qui servirent de canevas des ouvrages qu'il publia dans la suite. Les prineipaux sont The princ'iples of moral and political philosppky (Principes de philosophie morale et politique), 1785, in-4", 1800. Cet ouvrage, extrmement estim en Angleterre, eut seize ditions, et fut, dit-on, pay l'auteur 2.000 livres sterling par un libraire anglais. 11 a t traduit en allemand par Grave, et en franais par Saint Vincent. Hor Pauliti, 1 volume, \n-k. La traduction franaise est de M. Lcvade, pasteur de Nmes, 1809. Ce sont des observations sur
:

de saint Paul. L'auteur y prouve la vrit de l'histoire de saint Paul par la


des Eptres qui portent son avec les Actes des aptres: il n'y fait aucune mention de l'Eptre aux Hbreux, dont il ne reconnaissait pas la canonieil. Paley s'est beaucoup servi dans cet ouvrage des travaux deLardner. Tableau des preuves du christianisme, 1800,2 vol. in-8"; Thologie naturelle, ou Preuves de l'existence et des attributs de Dieu, d'aprs les phnomnes de la nature, 1802, in-8; Charles Piclel de Genve en a donn une traduction libre, Genve 1803, 1815 et 1817, in-8. Paley fut nomm l'archidiaconal de Carlisle. 11 mourut Sunderland le 25 mai 1805, g de soixante-deux ans. Il tait savant et bon critique. Ses Sermons ont t imprims aprs sa mort.

comparaison

nom

TABLEAU
IVIDENTES

DU CHRISTIANISME.
TRADUIT DE L'ANGLAIS PAR
D.

LEVADE.

% m$$\mt* Ut p<x$u\m
DES GLISES RFORMES DE FRANCE.
Messieurs
,

Les rapports intimes que j'ai l'honneur de soutenir depuis vingt-quatre ans avec un grand nombre d'entre vous, messieurs, me portent vous faire l'hommage de cette traduction. Vous me rendrez la justice d'avoir cherch dans mes enseignements vous attacher la religion chrtienne, en in' efforant ta'blir les preuves videntes de sa divinit ; de vous avoir sans cesse invit la paix, au support, au respect pour les gouvernements, l'union avec toutes les socits chrtiennes, dont les fondements, la morale et les esprances sont peu prs semblables. J'prouve, messieurs, une douce satisfaction en pensant que l'ouvrage que je vous prsente pourra servir de rapprochement entre vous et les pasteurs de

qu'il pourra tre diffrentes par tous ceux qui, sous quelque dnomination que ce soit, professent le christianisme. Je me flatte aussi qu'il mritera l'approbation du ministre des cultes, qui, dans ses importantes fonctions, rpond avec tant de sagesse aux grandes vues du hros qui veille sur les destines de la France. C'est ce res,

communions
accueilli

pectable magistrat que j'eusse dsir adresser mon hommage mais j'ai cru devoir me borner
;

en exprima' publiquement
sant des

vux

sincres

pour

le dsir, eu faiqu'il paisse tenir

longtemps en main la balance d'quit que lui a confie le souverain de votre grand empire. J'ai l'honneur d'tre, etc. D. LEVADE.
Luusaune, 15 juin 1806.

<H7

TABLEAU DES PREUVES DU CHRISTIANISME.

6"8

WLilUxtn$ yxtliminaivtg.
<eea888^HB>
Je ne crois pas ncessaire de prouver que (jenrc humain avait besoin d'une rvlation, parce que je n'ai pas encore rencontr d'homme raisonnable qui penst que, mme avec le secours de la rvlation chrtienne, nous eussions trop de lumire et d'vidence; je dsire cependant que. dans le jugement qu'on va porter sur le christianisme, on veuille se rappeler qu'il s'agit uniquement de savoir si ion doit admettre cette religion ou n'en admettre aucune; car si la religion chrtienne n'tait pas croyable, nul de ceux auxquels je m'adresse ne souffrirait qu'on voult en soutenir
le

autre. Par consquent, les miracles seront probables ou improbables, dans la mme proportion qu'il est probable ou improbable qu'une rvlation ait pu tre communique au genre

une autre. Suppos donc que

le

monde o nous sommes

placs ait eu un Crateur; suppos qu'il paraisse, d'aprs le but prdominant et les fins
particulires qu'on remarque dans l'univers, que Dieu, en le formant, se soit occup du bonheur des cratures sensibles, et qu'il conserve toujours les mmes dispositions qui lui dictrent son ouvrage; suppos qu'une partie des cratures ait reu de son Crateur des facults qui les rendent capables d'une obissance morale su volont, et de poursuivre volontairement le but pour lequel il leur a

donn

l'existence;

suppos que

le

Crateur ait

destin cette partie de ses cratures, ces agents raisonnables et responsables de leurs actions, une seconde existence, dans laquelle leur sort sera fix d'aprs la conduite qu'ils auront tenue dans leur premier tat; supposition qui peut seule faire vanouir cette objection contre la Providence divine, savoir,

que l'on ne voit dans ce monde aucune diffrence entre le bien et le mal, et que cette confusion est incompatible avec les soins et la bienveillance qui se dcouvrent dans les ouvrages de la Divinit; suppos qu'il soit d'une grande importance pour les tres soumis celle dispensalion de connatre ce qui leur est destin, c'est--dire suppos que cette connaissance puisse essentiellement contribuer au bonheur de l'espce, bonheur que tant de moyens dans la nature tendent dvelopper; suppos cependant que, soit par l'imperfection de ses facults, soit par le dsavantage de sa situation ou par la perte de quelque rvlation
antrieure, toute l'espce humaine ait t prive de cette connaissance, de manire qu'il ne soit pas probable qu'elle puisse l'acqurir sans une rvlation ; en supposant de telles circonstances, serait-il improbable que cette rvlalion lui et t donne? serait-il incroyable </iie Dieu se ft propos un tel dessein et qu'il l'et excut? lin supposant qu'il rserve un
tal futur au genre humain, est-il invraisemblable qu'il nous ait fait connatre notre des-

humain. Ainsi donc, quand on nous dit qu'une rvlation dont nous manquions manifestement, et qui serait d'un prix inestimable si elle tait vraie fut promulgue par des miracles l'improbabilit qui rsulte de la nature miraculeuse des faits qu'on nous rapporte, n'est pas plus grande que l'improbabilit originelle, qu'il y aurait ce que Dieu nous et communiqu une rvlation. Je souhaite cependant que l'on saisisse d'une manire prcise le sens et l'tendue que nous donnons ce raisonnement. Nous ne supposons pas les attributs de Dieu ou l'existence d'une vie venir, dans le dessein de prouver la ralit des miracles ; elle doit toujours tre dmontre par l'vidence; nous prtendons seulement que dans les miracles allgus l'appui de la rvlation il n'existe pas d'improbabilit antcdente, qu'aucun tmoignage ne puisse surmonter ; et, dans le dessein de soutenir cette assertion, nous prtendons que les miracles rapports comme ayant t oprs en tmoignage d'une parole venant de Dieu, pour nous donner la connaissance d'un tat futur de peines et de rcompenses, et pour enseigner au genre humain comment il doit se prparer cet tat, que ces miracles, dis-je, ne sont pas plus incroyables en eux-mmes que ces deux, propositions supposes vraies que vous les appeliez probables ou improbables: l'une que Dieu destine aux hommes qu'il a crs un tat d'existence future ; l'autre que cet tat leur tant destin, il a d les en instruire. Il n'est pas ncessaire pour notre but que ces deux propositions soient suscptibles de preuves, ni mme qu'on puisse les prsenter comme probables par des arguments tirs des lumires naturelles ; il suffit que nous puissions affirmer leur gard qu'elles ne sont pas si fortement improbables , si contradictoires avec ce que nous croyons dj de la puissance et des perfections de Dieu, que ces propositions en ellesmmes ou les faits qui, leur tant troitement lis, ne sont pas plus improbables qu elles, dussent tre rejets la premire vue, et rejels quelle que pt tre la force et la comparution d'vidence qu'on pourrait allguer en leur faveur.
, ,
, ,

tine?

Maintenant , de quelle manire une rvlation pourrait-elle s'oprer si ce n'est par des
miracles?

Nous n 'en pouvons concevoir aucune

C'est l le prjug que nous voudrions attaquer ; car H existe une objection moderne pousse jusqu' ce point, qu'aucun tmoignage humain ne peut dans aucun cas rendre les miracles croyables. Je crois que l'ensemble de cette objection est victorieusemnt rfut par la r-> flexion que nous avons tablie ci-dessus, savoir, que s'il y a une rvlation, il doit y avoir des miracles ; et que. dans les circonstances o l'espce humaine se trouve place une rvlation
,

679
n'est

DEMONSTRATION EVANGELIQUE. ;PALE.


pas improbable, ou improbable sous toute
se
lil

680

espce de rapport.

M.
trouve comme

qui dcoule du dfaut d'exprience, que Hume reprsente comme invincible par le

Mais puisque cette objection

la porte de notre matire, et que si elle tait admise, elle opposerait une barrire . toute espce de preuve et tous les raisonnements que nous pourrions faire dans la suite sur ce sujet, il est ncessaire, avant d'aller plus loin ,

tmoignage humain. H ne s'agit pas ici de quelque nouvelle loi de la nature ou de quelque nouvelle exprience de physique, o Von doit s'attendre que les mmes circonstances produiront partout les

mmes

principe sur lequel on la fonde ; et qui revient exactement ceci : c'est qu'il est contraire l' exprience qu'un miracle puisse tre vrai, mais non qu'un tmoignage puisse tre faux. Il parait d'abord que clans ce mot d'exprience, et dans la phrase, contraire l'exprience, ou contredisant l'exprience, il y a quelqu ambigut qu'il faut commencer par claircir. Strictement parlant , le rcit d'un fait est contraire l'exprience lors seulement que l'on rapporte que le fait a eu lieu dans une poque et dans une place o nous-mmes tant prsents, n'avons point aperu qu'il soit arriv ; comme si l'on nous disait que dans une telle chambre, telle heure d'un jour dtermin, un homme mort serait revenu en vie, tandis que nous-mmes, placs dans celte mme chambre au mme jour et la mme heure, et y donnant toute notre attention, nous n'aurions point aperu un semblable vnement. Dans ce cas l'assertion est contraire l'exprience proprement dite; contradiction qu'aucune vidence ne peut dtruire, sans qu'il importe pour cela que le fait soit ou ne soit pas de nature miraculeuse. Mais quoique ce soit bien ici l'espce d'exprience et de contraire l'exprience qu'a allgue l'archevque Tillotson, en citant ce n'est pas le dbut de l'Essai de M. Hume dans ce sens que M. Hume lui-mme l'entend dans son objection. Pour abrger, je ne connais r ces mo(s contraire l'exprience, aucun autre sens intelligible que celui-ci : c'est que nous n'avons prouv nous-mmes rien de semblable ce qu'on nous rapporte, ou que ces choses n'ont pas t gnralement prouves par d'autres personnes. Je dis gnralement, car si pour tablir la question on disait qu'une telle chose n'a jamais t prouve par personne, ou que l'exprience universelle, lui est contraire ce serait dcider soi-mme le sujet de

d'examiner

le

effets, et o le dfaut de succs, lorsqu'on la rpte avec exactitude, contredit manifestement ce qu'on en rapporte ; mais attendre qu'un miracle se rpte, c'est attendre ce qui empcherait qu'il n'en ft un ; ce qui est contraire sa nature comme miracle, et ce qui dtruirait entirement l'usage et le but pour

la discussion.

Maintenant, l'improbabilit qui dcoule du car il s'agit plutt ici dfaut d'exprience d'un dfaut que d'une contradiction, est seulement gale ci la probabilit qu'il y a que, si la chose est vraie, nous devrions en prouver de semblables cclle-li, ou que ces choses devraient tre gnralement prouves. Supposons donc qu'il soit vrai que la premire promulqation du christianisme ait t accompagne de miracles, qui pouvaient seuls fixer son autorit, est-il certain que ces miracles devraient tre rpts assez souvent et dans un assez grand nombre de lieux pour devenir les objets d'une exprience gnrale ? 'Est-ce l une probabilit qui approche de la certitude, ou qui soit d'une si grande force qu'aucune vidence ne la puisse branler ? Et cependant cette probabilit est prcisment J'inverse et par consquent l'exacte mesure de Vimprobabi,

il fut opr. force de l'objection contre les miracles tire de l'exprience, est fonde sur cette prsomption, ou que le cours de la nature est invariable, ou que s'il a jamais vari, les variations doivent tre frquentes et gnrales. Mais la ncessit de cette alternative a-t-elle t bien dmontre ? Permettez-nous d'appeler le cours de la nature faction d'un Etre intelligent, et pour lors, y a-t-il quelque forte raison de penser que cet Etre ne puisse jamais varier son action, ou qu'il doive le faire d'une manire frquente et gnrale? Ne devonsnous pas plutt attendre qu'il pourra dans des occasions importantes interrompre l'ordre qu'il a fix, mais que ces interruptions seront rares, et ne seront soumises par consquent qu' l'exprience d'un petit nombre de personnes, en sorte que le dfaut d'exprience chez plusieurs ne saurait tre un sujet d'tonnement ou d'objection? Mais comme la suite du raisonnement tir de l'exprience, on nous dit que lorsque nous citons des miracles, nous avanons des effets sans cause, ou que nous attribuons des effets des causes insuffisantes, ou des causes dont l'exprience ne nous a point fait connatre l'efficace ; nous demandons de quelles causes et de quels effets on veut parler dans celte o&jection. Si l'on nous rpond que c'est mriter ce reproche, d'attribuer la gurison d'un paralytique l'attouchement, celle d'un aveugle un peu de terre dtrempe, ou la rsurrection d'un mort quelques paroles, nous rpliquons que nous n attribuons point de tels effets ces causes ; nous n'y voyons pas plus d'efficace que dans d'autres causes de cette espct ; ce ne sont l que des signes qui lient le miracle avec le but ; et pour l'effet, nous l'attribuons simplement la volont de Dieu, dont l'existence, la toute-puissance, la touteprsence et l'action sent dmontres par des preuves antrieures aux miracles et qui en sont indpendantes. Nous avons donc tout ce que l'on peut dsirer dans les actes d'un agent raisonnable, un pouvoir suffisant, et un motif assez fort pour dterminer son action. En un mot, commenons par croire qu'il y a un Dieu, ' et les miracles cessent d'tre incroyables. M. Hume tablit le cas des miracles comme un conflit entre des improbabilits opposes , c'est--dire une question o il s'agit de dterminer lequel est le plus improbable, que le miracle soit vrai, ou que le tmoignage soit faux; et je crois que c'est tablir avec quit

lequel

La

>81

TAILEAU DES PREUVES DU CHRISTIANISME.

68?.

le sujet de la question. Mais c'est dans le raisonnement que je remarque un dfaut de bonne

car en dveloppant l'improbabilit des : miracles, il supprime toutes les circonstances qui l'attnuent, telles que le rsultat de la connaissance que nous avons de l'existence, du pouvoir et des dispositions de la Divinit, de l'intrt qu'elle prend ses cratures, du but qu'elle peut s'tre propos dans les miracles, de l'importance de ce but et de sa subordination au plan des uvres de la nature.
foi

be la manire dont raisonne M. Hume, les miracles seraient galement incroyables et pour l'homme dj persuad de l'action constante de la Divinit, et pour celui qui rejette son existence : ils seraient galement incroyables, soit que l'on nous dit qu'ils ont t oprs dans les occasions les plus importantes et pour les buts les plus avantageux, soit que l'on dt qu'ils ont t oprs sans but, ou dans n but de peu d'importance, ou mme manifestement pernicieux. Certainement ce ne serait pas tablir notre proposition d'une manire exacte. Outre cela, cet auteur, en pesant dans l'auP'e bassin de la balance la force et le poids du tmoignage, prpare d'avance une rponse toute la masse des preuves historiques, en disant que nous ne sommes pas dans l'obligation d'expliquer comment l'histoire, ou l'vidence d'un fait s'est forme. Pour moi je pense que nous y sommes obligs, non pas, peut-tre, afin de montrer par des dtails positifs comment elle a eu lieu, mais comment elle a pu probablement se former. L'existence d'un tmoignage est un phnomne ; la vrit du fait qu'on tmoigne donne la solution du phnomne. Si nous rejetons cette solution, il faut donc donner quelque autre cause l'existence du tmoignage, et nos adversaires mmes ne peuvent en admettre aucune qui ne s'accorde pas avec les principes des affaires humaines et avec la conduite des hommes de notre temps, ou qui donne lieu de croire que les hommes d'alors aient t des tres d'une tout autre espce que ceux d'aujourd'hui. Mais ce qui me persuade, indpendamment
i
*

de toute autre considration, que le raisonnement de M. Hume est sans aucune solidit, c'est cette rflexion bien simple. Lorsqu'on propose un thorme un mathmaticien, la premire chose qu'il fait est de l'examiner sur un cas particulier ; et s'il produit un rsultat faux, il est sr qu'il y a quelque erreur dans la dmonstration. Procdons de mme avec ce que nous appellerons le thorme de M. Hume : si douze hommes dont j'aurais longtemps connu le bon sens et la probit, rapportaient srieusement et en dtail un miracle opr sous leurs yeux, et de nature ce qu'ils n'eussent pas pu tre tromps ; si, sur le bruit de
cette relation,
le

gouverneur du pays faisait

venir ces hommes en sa prsence, et leur donnait le choix, ou de confesser qu'ils publient une imposture, ou d'tre pendus; s'ils refusaient unanimement de reconnatre qu'il y et la moindre fausset dans leur rcit, si l'on rptait la mme menace chacun d'eux sparment sans qu'elle produist plus d'effet, si elle tait enfin excute, si je voyais de mes yeux ces hommes consentir l'un aprs l'autre tre torturs, trangls, brls, plutt que de rtracter leur tmoignage, eh bien! dans ce cas, je ne devrais point y ajouter foi d'aprs le principe de M. Hume. J'ose dire, cependant, qu'il ne saurait se trouver un sceptique dans le monde qui pt se refuser les croire, ou qui ost justifier une pareille incrdulit. Les exemples que l'on pourrait allguer de faux miracles dont le tmoignage fut soutenu avec une apparence de force, doivent sans doute tre examins. M. Hume cherehe fortifier son raisonnement par des exemples de cette espce; mais j'espre montrer par la suite qu'aucun tmoignage en faveur de ces faux miracles n'est accompagn des mmes circonstances, ou ne peut atteindre au mme degr d'vidence qui parait dans le tmoignage en faveur des miracles du christianisme. C'est en cela, cependant, que consiste toute la force de l'objection de M. Hume; car il n'y en a certainement aucune dans son principe.
,

cnxttvt

pa

EVIDENCE DIRECTE ET HISTORIQUE DU CHRISTIANISME, ET DE SA DIFFRENCE D'AVEC CELLE QU'ON ALLGUE EN FAVEUR D'AUTRES MIRACLES.
Voici les deux propositions m'efforcer d'tablir:
I. Il

que

je

vais

est

suffisamment videntque plusieurs

hommes, dclarant tre les premiers tmoins des miracles du christianisme, ont passleur
vie dans les travaux, les dangers et les souffrances, auxquels ils se sont soumis volontairement par le seul effet de leur croyance ces miracles et pour les attester, et que par
le

tmoins d'autres faits dune nature aussi miraculeuse que ceux-ci, aient agi de la mme manire pour les attester, et par le seul effet de leur croyance ces miracles. La premire de ces propositions, qui forme le raisonnement, sera dveloppe dans les neuf chapitres suivants.

CHAPITRE PREMIER.
// est

motif ils ont suivi de nouvelles rgles de conduite. IL 11 n'est point suffisamment vident que des personnes, se disant tre les premiers

mme

suffisamment vident que plusieurs hommes, dclarant tre les premiers tmoins des miracles du christianisme, ont pass leur
vie dans tes travaux, les dangers
et les

sou f*

DM0NST. EVANG. XIV.

(Vingt-deux.)

683

DEMONSTRATION EVANGELIQUE. PALEY.

fronces, auxquels ils se sont soumis volontairement par le seul effet de leur croyance

le

ces miracles et

pour

les attester; et que par

mme motif

ils

ont suivi de nouvelles r-

premire proposition, il dmontrer ces deux points le premier, c'est que le Fondateur du christianisme, ses associs et leurs disciples immdiats ont fait ce que cette proposition leur attribue; le second, c'est qu'ils l'ont fait pour attester l'histoire miraculeuse rapporte dans nos Ecrifaut
:

gles de conduite. Pour tablir notre

tures, et par laseulepersuasionqu'ilsavaient de la vrit de cette histoire. Avant de produire aucun tmoignage en faveur de l'activit et des souffrances des premiers fondateurs du christianisme, il convient d'examiner le degr de probabilit que cette assertion tire de la nature mme du cas, c'est--dire les prsomptions fondes sur ces parties de l'vnement qui, tant des points de fait, sont gnralement reconnues. Et d'abord, la religion chrtienne existe ; par consqnent, elle a t tablie d'une manire quelconque; elle doit donc le principe de son tablissement, ou sa premire publication, l'activit de son Fondateur et de ceux qui se sont runis avec lui dans son entreprise; ou bien nous devrions adopter cette trange supposition, que quoiqu'ils eussent abandonn leur entreprise et qu'ils fussent

rests tranquilles et silencieux, d'autres s'en seraient chargs et auraient travaill la propagation et au succs de leur histoire; ce

En second lieu, il est aussi fortement probable, 4'aprs la nature du fait, que la propagation de celte nouvelle doctrine a d tre accompagne de difficults et de prils. Annonce aux Juifs, elle leur prsentait un systme, oppos non-seulement leurs opinions habituelles, mais encore aux opinions sur lesquelles reposaient leur esprit national, leur orgueil, leurs consolations, leurs esprances. Fonds ou non, les Juifs taient parvenus se persuader que, par le moyen d'un Envoy cleste, annonc depuis longtemps, il allait s'oprer un changement aussi important qu'avantageux dans l'tat de leur pays (1) leurs magistrats, leur clerg, leur secte principale avaient rpandu celteopinion parmi le commun peuple ; en sorte que ce n'taient pas ici les simples conjectures de quelques thologiens thortiques, ou l'attente secrte d'un petit nombre de dvots retirs du monde, mais cette attente tait devenue l'esprance et'la passion de tout le peuple, qui l'envisageait comme tant hors de doute, et qui s'indignait de tout ce qui pouvait la contredire, comme cela arrive dans toutes les opinions populaires les Juifs s'attachaient plus fortement encore cette esprance par les calamits de leur pays, et cet attachement croissait en proportion de leur dangers et de leurs malheurs. Annonceraux Juifs qu'une attente aussi flatteuse allait tre plus que dissipe, qu'ils allaient tre confondus avec les autres peuples dans une religion douce et sans ambition, dans laquelle ils ne
: :

qui est absolument incroyable. 11 me parat peu prs certain, que si la premire publication du christianisme par son Fondateur n'avait pas t suivie de l'industrie etdu zle de ses disciples immdiats, la tentative aurait d chouerds sa naissance. Quant l'espce et au degr d'activit que doivent avoir employ ces hommes et la manire de vivre laquelle ils ont d se soumettre, il est raisonnable de supposer qu'elle a d tre semblable ce qu'on observe chez tous ceux qui se font volontairement les missionnaires d'une nouvelle doctrine ; ce sont des prdications actives, pressantes, souvent rptes; ce sont des entretiens habituels sur la religion avec c'est l'loignedes personnes religieuses
;

trouveraient ni victoires ni triomphes, et qui bien loin d'lever leur nation et leurs institutions au-dessus des autres, ne tendrait qu' lever leur niveau ceux qu'ils mprisaient, et cela sous les rapports mmes dans lesquels ils se croyaient le plus privilgis: aucun Juif ne pouvait recevoir avec plaisir cette nouvelle doctrine, et ceux qui venaient la leur annoncer ne pouvaient se
bien accueillis, ou d'en obtenir une facile croyance. Cette doctrine paraissait aux Juifs aussi rude que nouvelle, n'tant encore venu dans la pense d'aucun
flatter d'en tre

plaisirs,des engagements et des dissipations de la vie; c'est un dvouement tovoil ce que la tal un seul objet srieux

ment des

vie journalire de tels hommes doitprsenter. Je ne veux pas dire que ce genre de vie soit sans jouissance, mais je dis que l'on n'aura jamais cette jouissance si l'on n'est pas de
foi: avec le sentiment intime du nant de l'imposture, la fatigue et la gne deviendraient insupportables. Je croirais aisment que peu d'hypocrites s'engageraient dans de pareilles entreprises, ou qu'ils n'y persvreraient pas longtemps. Pour l'ordinaire, il n'y a qu'une entire conviction qui soit capable de vaincre l'indolence naturelle la plupart des hommes, et leur got gnral

d'eux que le royaume de Dieu pt tre destini ceux qui ne se conformaient point la loi de Mose. Le caractre de cette nouvelle religion tait encore d'autres gards en opposition avec les habitudes et les principes des Juifs. La leur tait en grande partie compose
d'objets sensibles ; les Juifs, mme les plus instruits, faisant grand cas des crmonies de la loi , leur attribuaient beaucoup d'efficace ; le vulgaire, grossier connaissait peine autre chose dans sa religion : et les hypocrites en exagraient l'excs la partie crmonielle, parce qu'elle servait d'instrument leur rputation ou leur influence.
(1) Percrebuerat Oriente loto vtus et constats opinio, esse in fatis , ul eo tempore Juda profecti rerum polirentiir (Sucton., Vespasian., cap. A, 8). >
lilteris

bonne
et

pour une socit gaie, pour des rcrations amusantes, pour vivre leur aise et en libert.

persuasio ineral, anliqtiis sacerdoium conlineri, eo ipso tempore fore, ut valesceret Oriens, prol'ectique Judxa reruni polircnlur (Ta*

Pluribus

cit.,

Ilis!.,

lib.

V, cap. 9, 13).

G8S

TABLEAU DES PREUVES DU CHRISTIANISME.


turelle

686

La doctrine chrtienne, sans abolir formellement le code lvitique, affaiblissait beaucoup le cas qu'on en faisait au lieu de l'exactitude et du zle pratiquer les ordonnances de ce code, ou celles que la tradition nouveaux docteurs y avait ajoutes, les prchaient hautement la foi, la rgularit dans les sentiments, la puret intrieure,
:

de fausses interprtations et de calomnies contre les prdicateurs de l'Evangile.


Ils eurent donc lutter contre un prjug soutenu par le pouvoir ils durent s'adresser un peuple tromp dans son attente, un clerg revtu d'une grande portion de l'autorit civile, et pouss par de puissants motifs de ressentiment ou d'opposition; ils durent soutenir celle lutte sous un gouvernement tranger, dont ils ne pouvaient esprer la faveur, vu qu'il tait sans cesse entour des Juifs, leurs ennemis. Ce que l'exprience nous enseigne sur le sort des rformateurs, lorsque la rformation tend renverser quelque opinion rgnante, et qu'elle ne procde pas de quelque changement dj form dans les sentiments d'un peuple, ne nous permet pas de supposer que les premiers propagateurs du christianisme Jrusalem et dans la Jude aient pu remplir leur mission d'une manire sre et tranquille au milieu des difficults et des ennemis qu'ils avaient combattre, totalement privs, comme ils l'taient d'autorit, de force et de protection. Voyons encore quoi ils devaient naturellement s'attendre en s'adressant aux paens. La premire chose qui nous frappe c'est que la religion annonce par les pr;
,

la rectitude morale, comme les vrais moyens par lesquels les adorateurs de la Divinit pouvaient obtenir sa bienveillance. Quoique cela ft trs-raisonnable, et part prsenter une forte recommandation en faveur du s'en fallait de beaucoup il ebristianisme qu' cette poque cela pt en faciliter l'tablissement: au contraire, dpriser les qualits dont les premiers de la nation faisaient un si grand cas, tait un sr moyen de s'atet comme si ce lirerde puissants ennemis n'avait pas t assez pour cela que des Juifs,
,
;

f>rchant des Juifs, renversassent toutes eurs esprances nationales , ils dcriaient encore le mrite lire du zle pour les crmonies, et de l'exactitude de leur observation.

dominant Jrusalem venait de mettre en croix le Fondateur de la religion

Le

parti

chrtienne,

ce qui ne peut tre contest:


lui

ceux donc qui

succdrent pour prcher

sa religion, durent ncessairement reprocher aux principaux des Juifs une mort

dicateurs
elle

de

l'Evangile

tait

exclusive:

ne pouvaient regarder que comme injuste et cruelle ; ce qui ne devait pas rendre leur mission pius aise, ou leur position plus tranquille. Quant l'intervention du gouvernement romain, alors tabli en Jude, je ne crois pas que, mprisant, comme il le faisait, la religion du pays, il voult, sans y tre forc, examiner avec beaucoup de vigilance ou de svrit des schismes et des controverses qui naissaient au sein de cette religion. Cependant il y avait dans le christianisme une chose qui pouvait aisment servir de prtexte d'accusation aux yeux d'un gouvernement jaloux de son autorit. Les chrtiens faisaient profession d'une obissance indfinie un nouveau Matre, dclarant qu'il tait la personne annonce aux Juifs par les prophtes sous la qualit de la nature spirituelle de ce royaume, et roi l'accord de l'obissance qu'il exigeait avec celle qu'on doit l'autorit civile, offraient des distinctions trop subtiles pourtre facilement saisies par un gouverneur romain, qui ne voyait pas la chose de prs et seulement au travers des reprsentations dictes par les ennemis du christianisme. En effet, nos hisqu'ils
; ,

dmentait sans exception tous les articles del mythologie paenne et l'existence de tous les objets de leur culte elle ne se pliait aucun accommodement elle ne pouvait prvaloir, au cas qu'elle prvalt, qu'en entranant la chute de toutes les statues, de tous les autels, de tous les temples du monde ; etil n'est pas facile de se persuader qu'une
;
;

entreprise aussi hardie pt tre

impunment

excute dans aucune poque: car observez qu'il ne s'agissait pas simplement d'annoncer quelque nouvelle divinit ou d'en exaller la grandeur, pour la placer avec les autres dans le Panthon, ni de discuter ses titres sans rvoquer en doute ceux des divinits dj reues; il s'agissait ici de dclarer

que ces dernires taient toutes fausses, et que leur culte tait ridicule et vain. Il est vrai que les anciens paens admettaient facilement de nouveaux objets de culte au nombre de leurs divinits, ou qu'ils supportaient sans aigreur de pareilles propositions mais
;

nous apprennent que ce fut le ct sous lequel les ennemis de Jsus dpeignirent son caractre et ses prtentions dans leurs plaintes Ponce Pilate; et Justin cette cent ans aprs martyr combat fausse ide qui rgnait encore de son temps. Vous avez ou dire que nous sommes dans Vattente d'un royaume et vous supposez sans examen qiil s'agit d'une royaut humaine tandis que nous ne parlons rellement que du royaume de Dieu (Ap. Iren.,p. 16, d. Thirl.). Ce devait tre certainement une source natoires
, ,
,

ne s'ensuit pas qu'ils dussent tolrer un nouveau systme, dont les actifs propagateurs travaillaient raser jusqu'aux fondements la religion tablie dans le premier cas, ce n'et t que l'addition d'un saint leur calendrier dans le second, il s'agissait
il
:
;

d'abolir et de fouler drier lui-mme.

aux pieds

tout le calen-

Considrez , en second lieu , que la position des prdicateurs de l'Evangile tait bien diftrente de celle des philosophes qui dans leurs crits ou dans leurs coles proposaient des doutes sur les objets de la croyance populaire, ou qui faisaient mme profession
de la rejeter. Ces philosophes n'allaient pas de lieu en lieu pour se faire des proslytes

687

DEMONSTRATION VANGL1QUE. PALEY.


la classe

688

dans

du peuple, pour former dans

le cur du pays des socits qui professassent leurs dogmes, pour organiser l'instruction ou la permanence de ces socits ; ils n'exigeaient point de leurs sectateurs de se refuser au culte public et aux crmonies religieuses institues par les lois (1) c'est cependant ce que faisaient les chrtiens et c'est en cela que consiste l'activit et le pril de leur entreprise. Il faut observer, en troisime lieu, que le danger auquel ils s'exposaient ne procdait pas seulement d'actes solennels ou de rsolutions publiques prises par l'autorit civile, mais de mouvements soudains, qui clataient avec violence en divers lieux particuliers, soit par la fureur de la populace, soit parjla ngligence ou la tmrit de quelques magistrats,
: ,

soit par l'influence

ou

l'instigation

d'ennemis

intresss, soit en gnral par la chaleur et la diversit des opinions qu'une doctrine aussi nouvelle et aussi extraordinaire devait ncessairement exciter. Je conois com-

bien ceux qui enseignaient le christianisme devaient avoir craindre et souffrir de ces causes, lors mme qu'aucune perscution n'aurait t dirige contre eux par l'autorit des empereurs. Je pense qu'il dut s'couler un certain temps avant que la vaste machine de l'empire romain ft mise en mouvement par des opinions religieuses, ou qu'elles parvinssent fixer l'attention gnrale; mais cela n'empche pas que jusqu' cette poque/.une runion de missionnaires, sans protecteurs, sans amis, n'ait d souffrir de mauvais traitements, en annonant aux habitants de tous les pays qu'ils parcouraient, que la religion de leurs anctres, et dans laquelle ils avaient t levs, la religion de l'Etat cl des magistrats les rites qu'ils pratiquaient, la pompe qu'ils admiraient, n'taient dans le fond qu'un systme de folie et d'imposture. Et je ne crois pas que le discrdit dans lequel on suppose qu'tait alors tombe la thologie populaire parmi la partie la plus claire des peuples paens ait d favoriser les missionnaires du christianisme. Il n'est point vrai que les incrdules soient gnralement tolrants. Ils ne sont point disposs (et pourquoi le seraient-ils?) compromettre l'tat actuel des choses, en souffrant qu'une religion qu'ils ne croient pas soit attaque par une autre qu'ils ne croient pas davantage: eux-mmes se montrent prts se conformer tout; ils sont souvent les premiers vouloir contraindre les autres se plier une semblable conformit, employant pour cela tous les moyens qu'ils jugent
,

peut rvoquer en doute, nous montrent combien les vrais principes de tolrance taient inconnus aux plus sages d'entre les paens dans un sicle dont on exagre trop le scepticisme et les ides librales. Pline le jeune, distingu par tout le brillant de la littrature dans une poque clbre par ses lumires et son lgance prononait alors ce jugement monstrueux: J'ai ordonn- que l'on punt, c'est--dire que l'on envoyt au supplice, ceux qui persisteraient se d clarer chrtiens car je n'ai pas mis en doute que, quelle que pt tre leur profes sion de foi cette opinitret et cette in flexible obstination ne dt tre punie. Son matre, Trajan, prince doux et accompli, ne porta cependant pas ses principes de modration et d'quit au del de ce qui parat dans le rescrit suivant On ne doit pas rechercher les chrtiens mais si quel qu'un d'entre eux vous est dnonc et se trouve convaincu, il doit tre puni. Et voil les directions qu'il donne, sur ce que son propre prfet lui a fait rapport, qu'aprs l'examen le plus scrupuleux, on ne pouvait dcouvrir autre chose dans les principes des chrtiens qu'une superstition mauvaise et excessive, accompagne, ce qu'il semble, de quelque serment ou d'une confdra tion mutuelle , par laquelle ils s'enga geaient ne se rendre coupables d'aucun crime, ou d'aucune immoralit dans leur
, , ; , : ;

conduite.

Quand avons-nous vu un changement de religion soutenu par les incrdules? Deux exemples remarquables, et que l'on ne
efficaces.

y a de sr, c'est que les anciens paens envisageaient la religion comme tant entirement une affaire d'Etat, soumise l'inspection du magistrat, aussi bien que toute autre partie de la police. La religion d'alors tait non-seulement lie, mais incorpore l'ordre civil. Plusieurs de ses offices taient remplis par des magistrats; ses titres de pontifes, d'augures ou de flamines , dcoraient les snateurs, les consuls et les gnraux. Ainsi sans discuter la vrit de la thologie, ils ressentaient tous les outrages dirigs contre le culte tabli comme des oppositions directes l'autorit du gouvernement. Ajoutez cela que les systmes religieux de ces temps, quoique mal soutenus du ct de l'vidence l'taient fortement par leur anciennet. L'ancienne religion d'un pays a toujours de nombreux sectateurs, et d'autant plus quelquefois, que son origine est plus cache dans l'loignemenl et l'obscurit des sicles. L'homme a une vnration naturelle pour l'antiquit, surtout en matirede religion, et ce que Tacite disait des Juifs tait encore plus applicable aux institutions du paganisqu'il
, ,
,

Ce

me Hi
:

ritus

quoquo modo inducti, antiqui;

Los meilleurs des anciens philosophes, tels que Platon, Cieron, Epicile recommandaient d'adorer les dieux du pays de la manire accoutume. Voyez divers passages rassembls dans la Religion naturelle el rvle du docteur Clarkc. Tous, l'exception de Sociale, jugeaient qu'il tait plus sage d'obir aux lois que de contester.
(1)
,

defenduntur. Outre cela, c'tait un culte brillant el somptueux il avait son clerg, ses fondations ses temples ; la sculpture , la peinture l'architecture et la musique en faisaient l'ornement et la magnificence, le peuple tenait fortement ses solennits et ses ftes, plus attrayantes qu'aucune des ntres en sorte que cette religion devait captiver un grand nombre de sectateurs, par
tate
,
,

689
la

TABLEAU DES PREUVES DU CHRISTIANISME.


tions, en

090

pompe du spectacle et par plusieurs avantages qui les intressaient la maintenir. Car, selon l'observation judicieuse de M. Gibbon
,

confrences, en exhortations, en prdica-

elle tait
,

lie

aux

affaires

aux

plai-

la vie publique comme la vie prive, tous les devoirs et toutes les r crations de la socit. Dans la clbration de ses rites, on enseignait et Ton persuadait au peuple qu'ils avaient la plus grande influence sur la prosprit de la patrie. J'adopte volontiers la manire dont M. Gib Les diffrentes bon prsente ce sujet formes d'adoration usites dans l'empire
sirs
:

communications affectueuses les autres, et en correspondances avec d'autres socits. Peut-tre que cette manire de vivre ressemblait assez dans sa forme et ses habitudes, Vunitas fratrum de nos mthodistes modernes. Pensez donc quel devait tre ce changement de murs dans des villes telles que Corinthe, Ephse Antioche, ou mme Jrusalem. Quelle nouveaut?

uns avec

les

romain taient toutes galement vraies aux


fausses aux yeux des philosophes, galement utiles aux yeux des magistrats et je demanderai de
;

yeux du peuple, galement

laquelle de ces trois classes les missionnaires chrtiens devaient attendre la protection ou l'impunit; Est-ce du peuple? mais ils venaient renverser de fond en comble la religion publique laquelle on reconnat qu'il tait si fort attach. Est-ce des philosophes? mais toutes les religions tant galement fausses leurs yeux, ils devaient placer celle-ci dans la mme classe que les autres, et ne voir dans les missionnaires du christianisme que des fanatiques remuants et incommodes Estce des magistrats? mais ceux-ci, reconnaissant l'utilit de la religion tablie, devaient s'opposer tout esprit de proslytisme ou d'innovation, un systme qui dclarait la guerre tous les autres et devait entraner la chute de l'opinion publique s'il venait s'enraciner; les magistrats devaient naturellement s'opposer unenouvelle religion qui, s'levant tout coup, ne se contentait pas de vouloir tablir sa propre autorit, mais voulait encore dtruire l'autorit de toutes les autres religions tablies dans le monde. On ne saurait croire que le gouvernement souffrt longtemps avec patience que des Juifs superstitieux et mpriss calomniassent et foulassent aux pieds la religion de l'empereur et de l'Etat.
,

Enfin nous trouvons dans la nature mme fait une forte preuve que les premiers prdicateurs de l'Evangile ont d par un effet de leur nouvelle vocation se plier un genre de vie particulier, qui tait tout nouveau pour eux. On peut raisonnablement croire qu'ils durent conformer leur conduite aux maximes qu'ils prchaient aux autres, parce que c'est l ce que font et ce que doivent faire tous ceux qui annoncent une nouvelle doctrine , pour se procurer des proslytes ou des auditeurs. La rforme que la prdication de l'Evangile dut produire dans la vie de ses premiers missionnaires fut considrable et nous ne pouvons en calculer exactement le degr parce qu'tant accoutums ds notre enfance cette religion, de mme que les personnes qui nous entourent, nous ne pouvons, ni observer le changement qu'elle produit, ni l'prouver nous-mmes. Du moment qu'un homme tait devenu chrtien une grande partie de son temps se passait en prires, en dvotion, en assembles religieuses, en clbration de l'eucharistie, en
,

Quelle opposition avec leurs anciennes ides et leurs anciennes habitudes Quel contraste avec la conduite de tous ceux qui les entouraient, et quelle rvolution ne durent pas prouver les opinions et les prjugs pour qu'on en vnt jusqu' ce point-l Nous connaissons la nature des prceptes de l'Evangile: nous savons qu'ils nous ordonnent une conduite pure, charitable, dsintresse, et qu'ils tendent cette puret jusque sur nos penses et sur nos affections secrtes. Nous ne pouvons peut-tre pas exiger qu'on nous accorde que la vie des prdicateurs du christianisme ait t aussi parfaite que leur doctrine ; mais nous sommes en droit d'exiger que l'on convienne du moins que l'extrieur de leur conduite dut tre en grande partie conforme aux devoirs qu'ils enseignaient. Tout ce que nous supposons, c'est qu'ils durent se plier une manire de vivre diffrente de celle qu'ils avaient suivie jusqu'alors ; ce qui est d'une grande importance car la dernire chose laquelle les hommes puissent se prter, est le changement de leur manire de vivre , surtout lorsque ce changement est incommode et contraire aux inclinations naturelles ou qu'il entrane la privation des jouissances auxquelles on s'est habitu. Hartley remarque dans ses Essais sur l'homme, page 190, qu'il n'y a rien de plus difficile que de ramener l'homme de l'habiet c'est ce tude du vice celle de la vertu dont chacun peut tre juge d'aprs ce qu'il prouve lui-mme ou qu'il observe chez ses semblables: c'est presque crer l'homme de
! !

du

nouveau. Livr donc moi-mme, sans connatre autre chose que l'existence actuelle de la
religion chrtienne et l'histoire gnrale avec la seule cersur laquelle elle repose titude qu'aucun acte de pouvoir, de force ou d'autorit n'a pu favoriser ses premiers succs je conclus, d'aprs la nature mme du fait, que l'auteur de cette religion , pendant sa vie, et ses disciples immdiats, aprs sa mort, ont travaill publier et rpandre cette religion dans leur propre pays et dans ceux o elle fut d'abord annonce ; que pour remplir ce but ils ont eu supporter des peines et des fatigues, telles que les propagateurs des nouvelles sectes en que cette tentaprouvent sous nos yeux tive a d ncessairement tre dangereuse au plus haut degr et les exposer des oppositions fortes et frquentes, cause du contraste de l'objet de leur mission avec les sentiments tablis et les prjugs de ceux
, , , ;

auxquels

ils

s'adressaient

qu'ils

durent

P91

DMONSTRATION EVANGL1QUE. PALEY.


,

C02

souvent prouver de traitements injurieux soit de la part des magistrats soit dans les mouvements soudains et mal rprims de la licence et de la fureur popuet cruels,

laires

doivent toujours avoir t troubls par diverses craintes sur leur sret personnelle et avoir pass leur vie dans un tat continuel de pril et d'anxit enfin que leur manire de vivre, ou du moins leur conduite extrieure, doit avoir t conforme leurs enseignement, ce qui tait tout la
;

qu'ils

naissance , mais dans Rome mme o afflue de toute part et se propage tout ce qu'il y a d'atroce et de honteux. On saisit donc d'abord ceux qui s'avouaient chrtiens ensuite , sur leur dclaration, une multitude immense, qui fut convaincue non du crime de l'incendie , mais de la haine du genre humain. Ajoutant
, ,

l'insulte

aux tourments du

supplice,

on

les

fois

une nouveaut

et

un renoncement conII.

tinuel soi-mme.

CHAPITRE
Il
est

suffisamment e'vident que plusieurs hommes, dclarant tre les premiers tmoins des miracles du christianisme ont pass leur vie dans les travaux, les dangers et les souffrances, auxquels ils se sont soumis volontairement par le seul effet de leur croyance ces miracles et pour les attester, et que parle mme motif ils ont suivi de nouvelles rgles de conduite.
,

couvrait de peaux de btes sauvages pour les faire prir dchirs par des chiens, on les aprs les avoir clouait des croix ou bien couverts de matires inflammables (1), on les allumait comme des flambeaux nocturnes la jardins fin du jour. Nron avait prt ses pour ce spectacle dont il formait des jeux tels que ceux du cirque, se mlant la foule en habit de cocher ou regardant de dessus son char. De l vint que ces hommes, quoique criminels et dignes de mort, excitaient la commisration, comme tant sacrifis, non la sret publique , mais la cruaut d'un
, , ,
,

seul.

servir de ce passage

Nous ne voulons pour le moment nous que comme d'une pr,

Aprs avoir examin ce qui devait vraisemblablement avoir lieu dans la premire prdication de l'Evangile, recherchons comment elle nous est raconte dans les divers mmoires qui sont parvenus jusqu' nous. Ce second examen devait naturellement tre prcd de l'autre, parce que le degr de croyance qu'on peut accorder ces mmoires dpend en grande partie de la vraisemblance des faits qu'ils contien,

nent.

Quoique les ouvrages qui nous restent des auteurs paens de ces temps-l ne nous donnent qu'un faible aperu du christianisme dans un petit nombre de passages o ils en parlent d'une manire incidentlle , ils doivent cependant tre le premier objet de notre examen, parce que leur aveu, aussi loin qu'il peut s'tendre, ne saurait tre suspect, sortant de la bouche de nos adversaires. Commenons par un passage de Tacite connu de tout homme de lettres , et qui m,

une attention particulire. Le lecteur doit se rappeler que ce passage fut crit environ soixante et dix ans aprs la mort de JsusChrist, et qu'il se rapporte des vnements qui sont arrivs trente ans aprs cette mort. En parlant de l'incendie qui clata Rome sous Nron, et des soupons que l'on eut que
rite

l'empereur pouvait en tre la cause


:

l'histo-

rien continue son rcit et ses observations de la manire suivante Mais ni ses efforts, ni ses largesses au peuple, ni ses offrandes aux dieux ne purent effacer l'odieuse imputation qu'il avait or-

somption en faveur de la proposition que nous cherchons tablir savoir, l'aetivii et les souffrances des premiers missionnaires du christianisme. Sous ce point de vue ce passage prouve trois choses la premire que le Fondateur de cette religion fut mis mort. La seconde, que dans le pays mme o il endura le dernier supplice, sa doctrine, aprs avoir t comprime pour un peu de temps, clata de nouveau et fit des progrs. La troisime, qu'elle se rpandit avec tant de rapidit, que, environ trente ans aprs la mort du Chef, il se trouva Rome une grande multitude de chrtiens ( ingens multitudo ). De ce fait dcoulent ncessairement les deux consquences suivantes 1 si dans l'espace de trente ans, depuis son origine, la religion chrtienne s'est rpandue dans toute laJude, a pntr jusqu' Rome, y a fait une grande multitude de proslytes, ses premiers missionnaires n'ont pas t oisifs. 2 L'auteur de cette entreprise ayant t mis mo&t comme un malfaiteur, ses disciples durent ncessairement tre exposs plusieurs dangers, en travaillant tablir sa religion dans lemme pays chez le mme peuple la mme poque. Sutone (Sueton. Nero, cap. 16), crivain contemporain de Tacite, dcrivant les vnements du mme rgne, s'exprime ainsi Affecti suppliciis christiani, genus hominum
, :

superstilionis nov et malefic. On punit de divers supplices les chrtiens, espce d'hommes d'une superstition nouvelle et pernicieuse
(

ou magique

donn
il

).

cet incendie.

Pour
,

touffer ces bruits,

supposa coupables

et fit

punir de

la

ma-

nire la plus cruelle , des gens dtests pour leurs crimes et que le vulgaire nommait chrtiens. Leur nom vient de celui de Christ, qui avait t puni du dernier supplice sous l'empire de Tibre, par son lieutenant Ponce Pilule. Cette fatale superstition, comprime

Puisqu'il n'est pas dit dans ce passage que les chrtiens aient t punis sous le prtexte de l'incendie de Rome, ni que les supplices soient tombs sur les seuls chrtiens de cette ville, il est probable que Sutone veut parler
(1) On voit ces paroles dans le Scoliaste de Juvnal Nero maleficos homines tda et papyro, et cera supervestiebut, et t>ic ad ignem admoveri jubebal (Lard.,
:

pendant quelque temps


non-seulement

clatait de nouveau, en Jude, o ce mal avait pris


,

Tmoig. Juifs

et

Paens, tome

page 559).

693

TABLEAU DES PREUVES DU CHRISTIANISME.


:

69 \

de quelque perscution plus gnrale que ne le fut la perscution occasionnelle et momentane dont parle Tacite. Juvnal crivain du mme ge que les deux prcdents, voulant, ce qu'il parat, rappeler les cruauts exerces sous le rgne de Nron s'ex, ,

prime ainsi

Pone Tigellinum,

tarda lucebis in illa (Jua stantes ardent, qui fixo gulture fumant,

El latum mdia sulcum deducit arena.


(Sat. 1, v. 155.)

d'un fait dont nous avons dj parl, et qu'il importe d'observer ce sont les souffrances auxquelles les chrtiens furent exposs, sans que l'autorit souveraine et ordonn contre eux aucune perscution publique; car l'embarras que Pline manifestait sur la manire dont il devait se conduire, son silence sur les lois qui auraient pu exister cet gard, sa demande d'un rescrit imprial qui pt rgler sa conduite, ne faisant mention d'aucune rgle antrieure, font prsu-

Parlez seulement de Tigellinus ( crature de Nron ) et vous clairerez comme une torche, tel que ceux qu'on fait brler debout et qui fument, ayant le gosier perc, et traant un large sillon sur le sable. L'allusion de ce passage serait douteuse
,

mer

qu'il n'y avait alors

aucun

dit

public

en vigueur contre

les chrtiens.

Cependant

on l'envisageait isol mais en le runissant au tmoignage de Sutone, et aux dtails que Tacite nous donne de cette espce de supplice inflig aux chrtiens par l'ordre de Nron, il est fort probable que Juvnal y
si
;

fait allusion.

Ces vnements comme je l'ai dit ont eu lieu environ trente ans aprs la mort du Christ;, c'est--dire du vivant de quelquesuns des aptres comme cela est probable selon le cours del nature et certainement du vivant de ceux qui furent convertis par les aptres ou qui le furent de leur temps. Ainsi donc, si le Fondateur du christianisme fut mis mort pour avoir voulu l'tablir, si la premire gnration des chrtiens, ou du moins plusieurs d'entre eux, eurent souffrir les plus grands maux en le professant, il est difficile de croire que les intermdiaires c'est--dire les compagnons immdiats de l'Auteur de celte religion, et qui en furent les prdicateurs aprs sa mort, aient pu remplir celte mission dans un tat de bien,
,

d'aprs celte mme lettre de Pline , il parat que l'on se permettait contre eux, dans les provinces de sa prfecture des accusations, des procs et des enqutes que des dnonciateurs anonymes faisaient passer au gouvernement des listes de personnes souponnes de suivre ou de favoriser le christianisme que sur ces informations, on en avait arrt plusieurs, dont quelques-uns avaient soutenu courageusement leur profession de foi, et sur cet aveu, avaient t punis de mort; d'autres avaient ni qu'ils fussent chrtiens; d'autres dclaraient qu'ils l'avaient t, mais que depuis longtemps ils avaient cess de
, ; ;

l'tre.

Ce

dtail

prouve que du moins dans

ces provinces la profession du christianisme tait alors accompagne de craintes et de dangers et cependant que cet tat de choses existait sans que la perscution contre les chrtiens ft commande ou autorise par aucun dit imprial. Cette observation se trouve confirme par un rescrit d'Adrien Minucius Fundanus, proconsul d'Asie [Lard., Tmoig. des paens ; tome II, p. 110). D'aprs ce rescrit, il parat que le peuple de cette pro;

tre et de sret.

Le tmoignage de Pline

le

Jeune appar-

tient une poque plus loigne; car quoiqu'il ft contemporain de Tacite et de Su-

tone, cependant son rcit ne remonte pas des temps antrieurs et jusqu'au rgne de Nron, comme celui de ces deux historiens, mais il ne parle que de ce qui s'est pass

vince avait coutume de procder contre les chrtiens avec dsordre et tumulte ; ces procds tumultueux sont supposs dans cet dit, puisque l'empereur enjoint qu' l'avenir on procde lgalement contre les chrtiens s'ils sont coupables, au lieu de les poursuivre par des importunits et des cla,

meurs.
le

de son temps. Sa fameuse lettre Trajan fut crite environ soixante et dix ans aprs la mort de Christ, et en l'examinant dans elle son rapport avec notre proposition nous offre, ces deux rsultats principaux le premier, c'est que le nombre des chrtiens dans lePont et la Bithynie tait si considrable que le gouverneur de ces provinces crut devoir l'exprimer en ces termes Multi, omnis tatis utriusque sexus etiam ; neque enim civitates tantum sed vicos etiam et agros superstitionis istius contagio pervagata est. Ils s.onl en grand nombre de tout ge, et mime des deux sexes et cette superstition contagieuse ne s'est pas seulement rpandue dans les grandes villes mais encore dans les petites, e) dam les campagnes. Il a fallu de grands efforts pour que les prdicateurs du christianisme aient pu faire de tels progrs dans cet espace de temps. Le second rsultat est la connaissance
,

Martial crivit peu d'annes avant Pline jeune, et selon son gnie, il peignit les souffrances des chrtiens sous un ct ridicule.
In niatutina

nuper speetatus arena Mucius, imposuil qui sua membrafocis.


durusque videtur,

Si patiensforlisque tibi,

Abderilanae peclora plebis habes. Nain cumdicatur, tunica pnesente molesta: Ure manum, plus est dicere Non facio.
:

Rien ne montre avec plus de certitude la notorit de ces souffrances que ce passage. Le tmoignage de Martial comme celui de Pline, nous conduit une autre consquence, savoir que la mort de ces hommes tait un martyre dans le sens le plus strict, c'est--dire qu'elle tait volontaire, et qu'au
,
,

moment o

la sentence se prononait ils avaient encore le pouvoir de s'y soustraire, en consentant sacrifier sur les autels paens La constance, et par consquent les souffrances, des chrtiens celte poque est aussi

695

DEMONSTRATION EVANGEL1QUE. PALEY.


n'en est aucun qui
d'tre

3%
soit moins susceptible la fraude, ou altr par

rapporte par Epictte, qui attribue leur intrpidit la dmence ouunesorte de mode et d'habitude et cinquante ans aprs, MarcAurle l'attribue l'obstination. Est-il possible, demande Epictte, qu'un homme puisse parvenir cet tat et devenir indiffrent de telles choses par folie ou par habitude, comme les Galilens (Epict., IV, chap. 7) ? Et MarcAurle Que cette disposition de Vme ( braver la mort) soit V effet de votre jugement, et non de votre obstination, comme c'est le cas des chrtiens (Marc-Aurle, XI, chap. 3).
; :

suppos par

CHAPITRE

III.

Il est suffisamment videntque plusieurs hommes, dclarant tre les premiers tmoins des

miracles du christianisme, ont pass leur vie dans les travaux, les dangers et les souffrances, auxquels ils se sont soumis volontairement par le seul effet de leur croyance ces miracles et pour les attester, et que par le mme motif ils ont suivi de nouvelles rgles de conduite.

On ne trouve dans les auteurs paens que des aperus loigns et gnraux de l'tat primitif du christianisme. C'est dans nos livres qu'ils faut chercher les dtails plus prcis de son tablissement: ce qui est fort naturel; car qui aurait pens crire une histoire du christianisme, si ce n'est un chrtien? Est-il probable que quelqu'un, autre qu'un aptre ou ses associs, et eu l'ide d'enregistrer leurs voyages, leurs travaux, leurs souffrances ou leurs succs? Leurs livres nous donnent donc des dtails qui embrassent toute l'tenduede la proportion que
nous cherchons tablir. Nous avons quatre histoires de Jsus-Christ, et une qui, reprenantla narration au moment de sa mort, contient tout ce qui concerne la propagation de la religion chrtienne, et la part qu'y ont prise les principaux personnages pendant environ trente ans. Nous avons des pices qui paratront plus originales encore, savoir, un recueil de lettres crites par quelques-uns des premiers aptres du christianisme, sur le sujet
et

de fausses interprtations. Qu'il me soit donc permis d'clairer la recherche du fait qui nous occupe par quelques inductions de ce genre, comme conduisant un tmoignage plus direct. 1 Nos livres rapportent que Jsus-Christ, Fondateur de la religion chrtienne, fut mis mort Jrusalem, comme un malfaiteur, pour avoir voulu l'tablir. On ne peut du moins contester ce fait, galement rapport parTacite. Nos livres nous disentensuiteque, malgr ce supplice de Jsus-Christ, sa religion fut publie dans celte mme ville de Jrusalem, rpandue de l dans toute la Jude et dans d'autres parties de l'empire romain. C'est encore ce qui se trouve pleinement confirm par Tacite, qui nous apprend que cette religion, aprs avoir t comprime pendant quelque temps, clata de nouveau, et se rpandit, non-seulement dans le pays o elle avait pris naissance, mais Rome, o elle trouva une grande multitude de proslytes, et cela dans l'espace de trente ans depuis son
origine. Maintenant ces faits offrent une prsomption bien forte en faveur de notre proposition. Que pouvaient attendre pour euxmmes les disciples de Christ, en voyant leur Matre mis mort? Pouvaient- ils se flatter d'chapper aux prils auxquels il avait succomb lui-mme ? S'ils m'ont perscut, ils vous perscuteront ; c'tait l un avertisse-

ment du sens commun. Avec un tel exemple sous les yeux, pouvaient-ils n'tre pas frapps du danger de leur prochaine entreprise ?
2 Toutes nos histoires s'accordent reprsenter Christ comme prdisant des perscutions ses disciples. Alors ils vous livreront pour tre affligs, et ils vous tueront, et vous serez has de toutes les nations cause de monnom (Mal th. XXIV ,9) L'affliction de la perscution s' levant cause de la parole, ils sont incontinent scandaliss. (Marc, IV, 17; X, 30). Ils mettront les mains sur vous et vous perscuteront, vous livrant aux synagogues et vous mettant en prison, et ils vous traneront devant les rois et les gouverneurs cause de mon nom. El vous serez livrs par vos pres et par vos mres, par vos frres, par vos et ils en feront parents et par vos amis mourir plusieurs d'entre vous (Luc, XXI, J2, 16; XI, 49). Le temps vient que quiconque vous fera mourir croira rendre service Dieu, et ils vous feront ces choses, parce qu'ils n'ont point connu le Pre ni moi. Mais je vous ai dit ces choses, afin que quand l'heure sera venue, que je vous les ai dites. il vous souvienne
, ,

mme

de leur mission,

temps o ils en taient le plus occups. Or nous voyons que chacun de ces crits atteste ce que nous cherchons tablir, c'est--dire, les souffrances des tmoins de l'histoire vanglique; et qu'elles y sont attestes sous toutes les diverses formes qu'il
dans
le

est possible de concevoir; les auteurs de crits parlent de leurs souffrances d'une

ces

ma-

nire directe ou indirecte, expressment ou par occasion ils les racontent, ils les attestent; ils y font des allusions frquentes; ils font non-seulement la narration des faits mais des raisonnements fonds sur ces faits, et des discours qui s'y rapportent ou qui les
; ,

supposent.
Je parle de cette varit, parce que, en examinant d'anciens titres ou toute autre espce de tmoignage, il me parat de la plus haute importance de faire attention certains traits qui peuvent prouver occasion-

(Jean,

XVI, 2,4; XV,

20).

nellementet sansdesseinle sujet dont il s'agit, parce que de tous les genres de preuves il
,

Ces passages ne m'autorisent pas encore conclure que Jsus-Christ ait rellement annonc ces vnements et qu'ils aient eu lieu d'aprs sa prdiction, car ce serait l prsupposer la vrit du christianisme, mais que l'une ou l'autre de ces alternatives est vraie; ou bien les vanglistes nous ont

607

TABLEAU DES PREUVES DU CHRISTIANISME.


,

698

prs avoir fait la volont de. Dieu, vous recerapport ce que Christ a prdit en effet, et qui a t justifi par l'vnement; ou bien viez l'effet de la promesse (Hb., X, 32). De sorte que nous-mmes nous nous gloriils ont attribu celte prdiction Christ d'aprs l'vnement qui la justifiait l'pofions de vous dans les Eglises de Dieu, cause de votre patience et de votre foi dans toutes que o ils crivaient leurs histoires. Car, vos perscutions et dans les afflictions que vous hors de celte alternative, oa ne peut faire soutenez, qui sont une manifeste dmonstraque deux suppositions absolument incroyation du juste jugement de Dieu, afin que vous bles : l'une, que Christ, sans motifs, sans soyez estims dignes du royaume de Dieu, autorit et contre la vrit du fait, et pris pour lequel aussi vous souffrez (II Thess., I). plaisir remplir d'apprhension et de frayeur Nous nous glorifions en l'esprance de la l'me de ses disciples; l'autre, que Christ gloire de Dieu, et non-seulement cela, mais n'ayant jamais rien prdit de semblable, et nous nous glorifions mme dans les afflictions, l'vnement ayant t contraire de telles sachant que l'affliction produit la patience, prdictions, au cas qu'ils les et faites, ceet la patience l'preuve, et l'preuve l'esppendant les historiens qui vivaient l'porance (Rom., V, 3). que o l'vnement tait connu, lui auraient Mes bien-aims, ne trouvez point trange faussement et officieusement attribu les paquand vous tes comme dans une fournaise roles que nous avons cites. pour votre preuve, comme s'il vous arrivait 3 Ces livres sont pleins d'exhortations quelque chose d'extraordinaire ; mais rjouisla patience, accompagnes de motifs de cousez-vous en ce que vous participez aux soufrage dans la dtresse. frances de Christ. Que ceux-l donc aussi qui ..Qui est-ce qui nous sparera de l'amour de souffrent par la volont de Dieu, lui recomChrist ? Sera-ce l'oppression ou l'angoisse mandent leurs mes, en faisant le bien, comme ou la perscution, ou, la famine, ou la nudit, au fidle Crateur (I Pierre, IV, 12). ou le pril, ou Cpe ? Au contraire, en toutes Quel serait le sens de tous ces passages, si ces choses nous sommes plus que vainqueurs rien, cette poque, n'avait exig de la papar celui qui nous a aims [Rom., V11I tience ou rendu ncessaire le courage et la 35,37). fermet? Supposera-t-on que ces exhortaEtant affligs to us gards, mais non pas rtions, non d'un seul auteur, mais de tous, duits entirement V troit; tant en perplexit, aient t insres dans leurs Lettres pour mais non pas sans secours; tant perscuts, faire croire aux gnrations futures, contre nais non pas abandonns ; abattus, mais toute vrit, que les premiers chrtiens funon pas perdus; portant toujours partout rent exposs des prils ou qu'ils enduren notre corps la mort du Seigneur Jsus, rent des souffrances ? Si ces livres sont de que la vie de Jsus soit aussi maniafin l'poque laquelle ils prtendent appartenir feste en notre corps ; sachant que celui et laquelle ils ont certainement paru, qu'on qui a ressuscit le Seigneur Jsus, nous resles croie ou qu'on ne les croie pas authentisuscitera aussi par Jsus, et nous fera comques, une pareille supposition ne peut se paratre en sa prsence avec vous. C'est soutenir un instant, parce qu'il est impossipourquoi nous ne nous relchons point; car ble de penser que, dans le seul but de proextrieur dprisse quoique notre homme duire quelque effet sur les races futures, on toutefois l'intrieur se renouvelle de jour en et pu insrer dans divers crits des passajour ; car notre lgre affliction, qui n'est que ges qui auraient paru, non-seulement ininpour un temps produit en nous le poids telligibles, mais absolument faux ceux qui ternel d'une gloire souverainement exceldevaient les lire au moment de leur publicalente [Corinth., IV, 8, 10, 14, 17). tion. On peut sans doute employer quelque Prenez pour un exemple d'affliction et de ruse de ce genre dansles falsifications qui ne patience les prophtes qui ont parl au nom du paraissent au jour que longtemps aprs l'Seigneur. Voici, nous tenons pour bienheupoque laquelle on veut les attribuer, mais reux ceux qui ont souffert ; vous avez appris on n'oserait l'essayer en crivant dans cette quelle a t la patience de Job, et vous avez vu poque mme o les faits sont connus de la fin du Seigneur; car le Seigneur est plein tout le monde. de compassion et pitoyable (Jacq., V, 10). CHAPITRE IV. Or rappelez dans votre mmoire les jours prcdents durant lesquels, aprs avoir t ilque plusieurs Il est suffisamment vident lumins, vous avez soutenu un grand combat hommes, dclarant tre les premiers tmoins de souffrances, ayant t, d'une part, exposs des miracles du christianisme, ont pass la vue de tout le monde par des opprobres et leur vie dans les travaux, les dangers et les des afflictions, et de l'autre, ayant particip souffrances, auxquels ils se sont soumis voaux maux de ceux qui ont souffert de semblalontairement par le seid effet de leur croyance bles indignits : car vous avez aussi t par ces miracles et pour les attester, et que ticipants de l'affliction de mes liens, et vous par le mme motif ils ont suivi de nouvelles avez reu avec joie l'enlvement de vos biens, rgles de conduite. sachant en vous-mmes que vous avez dans les deux des biens meilleurs et permanents. Ne Examinons maintenant ce que nos Ecrituperdez point cette fermet que vous avez fait res nous racontent des traitements qu'endura paratre, et qui sera bien rcompense, parce la religion chrtienne, et des travaux de ses que vous avez besoin de patience, afin qu'apremiers prdicateurs elles ne les racontent
, ,
, , :

<

69!)

DEMONSTRATION EVANGELIQUE. PALEY.

700
s'ils

histoire directe des perscutions, ni dans l'ordre o je vais les prsenter, mais d'une manire dtache, par des rcits occa-

pas

comme

les

deux prisonniers,

continuaient

sionnels, entremls avec plusieurs autres objets historiques, ce qui prvient tout soup-

on d'un but frauduleux.


Voici les faits qu'elles nous prsentent Le fondateur du christianisme se consacra lui-mme son tablissement en Jude et en Galile, ds l'entre de son ministre jusqu' son supplice. Pour s'aider dans son entreprise, il choisit douze hommes qui pussent l'accompagner dans ses voyages ; si l'on en excepte la courte absence qu'ils firent lorsque leur Matre les envoya deux deux annoncer sa venue, et une autre de peu de jours, lorsqu'ils le devancrent Jrusalem, ces hommes furent conslamment auprs de lui, et ils taient avec lui dans celte ville lorsqu'il fut saisi et mis mort la On de son ministre, ils reurent de sa part l'ordre de prcher et d'tablir son Evangile dans tous les pays de la
: ;

lerrc.

Nous voyons encore dans nos Ecritures que ces hommes, avec quelques-uns de
leurs parents et de leurs associs, s'assemblrent Jrusalem peu de jours aprs la mort de Jsus-Christ l considrant l'obligation qui leur tait impose de prcher Je christianisme, et que l'un d'entre eux, aprs en avoir abandonn la cause, s'tait donn la mort de regret, ils procdrent au choix de celui qui devaitle remplacer, ayant soin d'lire quelqu'un qui et accompagn leur Matre du commencement la fin de son ministre, pour qu'il pt, comme ils le disaient, tre avec eux le tmoin des fails qu'ils allaientannoncer (Act., I, 21, 22). Ces aptres commencrent remplir leur mission Jrusalem, en dclarant publiquement que ce Jsus, crucifi depuis peu par l'ordre des chefs et des habitants de la
:

rellement le Sauveur dsign dans toutes leurs prophties , et l'objet de leur attente qu'il leur tait envoy de Dieu, et destin pour tre le juge du genre humain en sorte que tous ceux qui dsi raient de s'assurer un bonheur ternel aprs la mort, devaient croire cet Envoy cleste, et faire profession de leur foi, en recevant le baptme en son nom (Act.,X.l). L'histoire vanglique nous enseigne encore qu'un grand nombre de personnes reurent cette doctrine, et formrent entre elles une troite socit; qu'ayant bienlt attir l'at tention du gouvernement des Juifs, deux des principaux d'entre les douze, et qui avaient vcu le plus constamment dans l'intimit du Fondateur de celle religion furent saisis, pendant qu'ils prchaient au peuple dans le temple, qu'aprs avoir t retenus en prison toute la nuit ils furent
ville, tait
'(

rpandre leur doctrine; que ces hommes, aprs avoir exprim avec dcence, mais avec fermet, l'obligation dans laquelle ils croyaient tre de publier ce qu'ils savaient, et d'annoncer ce qu'ils avaient vu et entendu, sortirent du conseil et rapportrent leurs compagnons ce qui s'tait pass; que ce rapport, en leur faisant connatre tout le danger de leur situation, ne produisit ce pendant d'autre effet sur leur conduite que de les engager prendre unanimement la rsolution de persvrer dans leur entre prise, en adressant Dieu une prire fer vente ( Act., IV ), pour qu'il daignt leur inspirer un courage proportionn aux nouvelles difficults de leur ministre. les douze apPeu de temps aprs trs lurent tous saisis et mis en prison (Act., V 18 ) ayant comparu pour la seconde fois devant le sanhdrin des Juifs, ils furent censurs et battus de verges pour leur dsobissance l'ordre qui leur avait t intim de renoncer leur prdication aprs le leur avoir ritr on les laissa sor tir mais ils ne quittrent point Jrusalem, et ne cessrent d'y prcher, soit dans le temple, soit de maison en maison. Les douze aptres pensaient devoir se consa crer cet emploi d'une manire si comqu'ils remirent plte et si exclusive d'autres personnes le soin des affaires temporelles de la socit (1). Jusqu'ici les prdicateurs de la nouvelle religion semblent avoir eu le commun peuple dans leur parti, et l'on y trouve une raison de ce que les magistrats des Juifs ne crurent pas prudent de procder alors avec la dernire svrit. Mais les ennemis de cette religion ne tardrent pas la reprsenter au peuple comme tendant pervertir leur loi , en dgrader le lgislateur, dshoet ces innorer leur lemplc ( Act., VI, 12 sinuations furent rpandues avec tant de succs, qu'elles portrent le peuple se runir ses suprieurs et lapider un des

te
,

Je ne crois pas qu'on ail jamais in(1) Acl., VI. sinu que les aplres aient prch l'Evangile pour il n'est faire fortune ci gagner de l'argent. Cependant pas inutile d'observer sur cette particularit de leur histoire combien ils soin l'abri de tout soupon de vues iniresses. La garde et la direction des tonds
,

communs

leur fournissait l'occasion la plus [favorable

traduits le lendemain devant une assemble des principaux membres de la magis trature et du clerg ; que cette assemble ,

aprs avoir dlibr, trouva que le meilleur moyen d'arrter l'accroissement de cette secte, tait de menacer du chtiment

de faire leur profit aux dpens des nouveaux convertis, dans un temps o quelques-uns des plus riches vendaient leurs possessions et en dposaient le prix aux pieds des aplres pour le soutien de la socit. Mais les douze montrrent une si grande indiffrence pour les avantages que celle conliance leur prsentait, que nous voyons qu'ils se dchargrent de ce dpt entre les mains d'intendants choisis, non par eux-mmes mais partout le corps. Nous pourrions ajouter encore que les aptres taient bien loigns d'exiger comme une obligation du christianisme cet excs de gnrosit par lequel on versait ses proprits particulires dans une caisse commune, puisque Pierre reproche Ananias qu'il s'est rendu coupable d'une prvarication touie volontaire: Pendant que ion fonds lilail pas vendu, lui
dit-il,

ne Cappartcnall-U pas pas en tu puissance ?

? et

tant vendu, niad-\\

701

TABLEAU DES PREUVES DU CHRISTIANISME.


et

70"2

membres les plus actifs de la nouvelle socit. La mort de cet homme fut le signal d'une
perscution gnrale, et l'on peut juger combien elle fut ardente par un seul trait de l'histoire de ce temps-l Quant Saul, il ravageait l'Eglise, entrant dans chaque maison, et tranant par force les hommes et les femmes, il les mettait enprison (Act., VIII, 12). La fureur de cette perscution fut si grande Jrusalem, qu'elle en fit sortir la plupart des nouveaux convertis (1), except les douze aptres. Ces premiers chrtiens ainsi disperss prchrent leur religion dans tous les lieux o ils allrent, et leur prdication fut rellement celle des douze , car elle se faisait de concert avec eux; et lorsqu'ils apprenaient que leurs associs avaient quelques succs dans un pays, ils y envoyaient deux d'entre eux pour achever et affermir celte mission. Il se prsente ici un vnement d'une
:

socits de fidles dans la Jude, la Galile laSamarie, puisque nous lisons ( Act. , IX, 31 que les Eglises de ces contres taient
alors en paix, tant difies et marchant dans la crainte du Seigneur, et elles taient mtdtiplies par la consolation du Saint-Esprit. Durant ces
)

jours de tranquillit, les premiers prdicateurs de la religion chrtienne ne se relchrent point dans leurs travaux et dans leur zle, puisque nous voyons un des principaux d'entre eux voyager en plusieurs pays, et les chrtiens, chasss prcdemment de Jrusalem par la perscution, se rpandre jusqu'en Epire, en Phnicie et Antioche (Act., XI, 19 ). Nous voyons enfin Jrusalem devenir encore le centre de la mission dans lequel se rendent les prdicateurs au retour de leurs voyages, o ils viennent rendre compte de leur conduite et des succs de leur ministre, et demander des directions , o l'on grande importance pour l'histoire du chrisdiscute et dcide les questions relatives tianisme. La perscution ( Act., IX ) coml'intrt commun, et d'o l'on fait partir les mence Jrusalem, suivit les chrtiens dans missionnaires. d'autres villes o s'tendait encore l'autoCe temps de calme ne dura pas longtemps. rit du sanhdrin des Juifs sur ceux de cette Hrode Agrippa, appel depuis peu au gounation. Un jeune homme qui s'tait signal vernement de la Jude, se mit maltraiter par son acharnement contre les sectateurs qnelques-uns de ceux de VEglise (Act.,XU,i). de la nouvelle doctrine, et qui s'tait procur 11 fit d'abord dcapiter un des douze preune commission du conseil de Jrusalem miers aptres, parent et compagnon fidle pour saisira Damas tous les Juifs convertis du Fondateur de la religion. Voyant que cette qu'il pourrait y trouver, devint tout coup excution tait agrable aux Juifs, il conun des proslytes de cette religion, lorsqu'il tinua, et fit saisir, dans le dessein de l'entait en chemin pour aller la dtruire. Aprs voyer au supplice, un autre aptre qui avait un changement aussi extraordinaire, le nou- t, comme le prcdent, associ Jsusveau converti n'eut pas seulement partaChrist pendant sa vie, et l'un de ses miger le sort de ses compagnons, mais il attira nistres les plus zls aprs sa mort; mais il sur lui une double haine de la part de ceux fut dlivr de prison d'une manire miracudont il avait abandonn la cause. Etant releuse, comme le rapporte notre histoire, et tourn Damas, les Juifs de cette ville l'atil s'chappa de Jrusalem. tendirent aux portes nuit et jour avec une si Ces faits ne sont pas raconts en termes grande vigilance, qu'il ne put leur chapper gnraux et en simple esquisse historique, qu'en se faisant descendre du haut des murs comme nous venons de le faire, mais avec dans une corbeille il ne fut pas plus en le plus grand dtail des noms, 'des personsret Jrusalem, o il reparut bientt nes, des lieux et des circonstances; et il imaprs ; car on y forma d'abord un plan pour porte d'observer qu'on ne dcouvre dans le faire prir, et il n'vita ce danger que par l'historien aucun penchant exagrer les la commission qu'il reut de se rendre en souffrances ou le courage de ceux de son Cilicie, son pays natal. Il parat qu'il y eut parti. Il nous dit quand ils s'enfuirent pour alors quelque relche aux souffrances des mettre leur vie en sret les Eglises jouisil en fait la chrtiens, par des raisons dont il n'est pas sent-elles de quelque calme parl, et qui peut-tre restrent inconnues , remarque; il a soin d'observer que c'est sans mais qui tenaient l'histoire civile des Juifs, violence qu'on amne la seconde fois les ou quelques dangers qui fixrent l'attenaptres devant le sanhdrin, ou quand le tion publique (2). peuple prend leur parti ; il nous fait conCeci arriva trois ou quatre ans, ou tout au natre l'auteur de conseils plus modres et plus sept ou huit, aprs la mort de Jsus. le discours qu'il prononce cette occasion ; Malgr les perscutions qui remplirent une lorsque, par un effet de cet avis les chefs partie de ce priode, il s'y forma plusieurs se contentent de menacer les aptres et de les faire battre de verges, sans pousser la perscution plus loin, l'historien r:iconte El tous furent disperss nu de(1) Act., VIII, 1 conduite hors ce mol tous ne peut cire pris que pour la garcc candeur et prcision cette nralit; ainsi (Acl., IX, 55), tous ceux qu habimodre. Lors donc que dans d'autres cas , cruelles et taient Lydde et Saron le virent, el furent convertis il rapporte des perscutions plus au Seigneur. t de vritables martyres, il est raisonnable d) Le docteur Lardner el le docteur Benson attride croire qu'il les raconte parce qu'ils sont ouent ce relche de perscution contre les chrtiens vrais, et non dans le but d'exagrer les la tentative (tu ht Caligula de placer sa propre souffrances qu'endurrent les chrtiens, et statue dans le temple de Jrusalem eu sorte que la de donner une plus haute ide de leur paconsternation
, : ; ,
,
:

des

Juifs leur

(il

suspendre d'autres

disputes.

tience.

m
;

DEMONSThATION EVANGELIQUE. PALEY.


;

704

Notre histoire suit maintenant un objet plus particulier ne parlant plus des douze premiers aptres . associs Jsus-Christ

les

pour

la

propagation de

la toi

sans que

rien donne cependant lieu de souponner de leur part quelque relchement de zle et de courage), la suite de la narration parle de ce prdicateur distingu, dont nous avons fait connatre plus haut la conversion subite et extraordinaire, et du changement qu'elle produisit dans sa conduite. Prenant avec lui un autre membre de la socit de Jrusalem, qu'on avait vu attach aux douze aptres (Act., IV, 36), il part pour Antioche, dans l'unique dessein d'annoncer la nouvelle religion aux diverses provinces de l'Asie Mineure {Act., XIII, 2). Pendant tout le cours de ce voyage, partout o ils se prsentrent, ils virent leurs personnes attaques et leur vie en pril. Chasss d'Antioche (Act.- XIII, 50), ils reparurent Iconium, o l'on voulut les lapider; Listre, o ils s'enfuirent en quittant Iconium,l'un d'eux fut lapid et tran pour mort hors de la ville (Act., XIV, 5). Quoiqu'ils ne fussent pas du nombre des douze premiers aptres , ils agissaient de concert avec eux ; car tant envoys Jrusalem la fin de leur voyage pour une commission particulire ils firent
,

arrivant Bre mais aprs quelque sjour, Juifs, leurs remuants adversaires, parvinrent exciter contre eux un si grand tumulte parmi les habitants de la ville, que l'aptre dut s'chapper en partant seul pour
(ld., 15). Il termina son voyage Corinlhe, o son sjour fut quelque temps assez tranquille la fin cependant les Juifs parvinrent exciter une sdition contre lui. et le faire traduire devant le gouverneur romain (Act., XVIII, 12-18) ; l'aptre ne dut sa dlivrance (ld., 32) qu'au mpris de ce magistrat pour les Juifs et pour leurs controverses, pensant que le christianisme n'tait autre chose. Cet infatigable missionnaire quitta Corinthe retourna par Ephse en Syrie, visita de nouveau la socit de tait qui chrtiens tablie Jrusalem toujours le lieu central de la mission (Act., XVIII, 22), comme nous l'avons observ. L'activit de son zle ne lui permettant pas d'y sjourner longtemps, on le voit partir pour Antioche, qu'il quitte aprs quelque sjour, pour se rendre dans les provinces septentrionales de l'Asie Mineure (ld., 23). S'arrtant Ephse, cet aptre y exera journellement son ministre durant deux annes, jusqu' ce qu'enfin ses succs alarmrent ceux qui taient intresss mainte-

Athnes

rapport aui aptres et aux anciens des travaux et des succs de leur ministre, et ils furent en consquence recommands aux Eglises comme des gens qui avaient expos
leurs vies pour le service de Jsus-Christ (4c*., XV, 12, 26). Le traitement qu'ils avaient prouv dans

leur premire course ne les empcha pas d'en entreprendre une seconde. Une contestation s'tant leve entre eux sur un objet tranger leurs communs travaux, ils se conduisirent en hommes sages et sincres; ils ne quittrent point par humeur le service auquel ils s'taient engags, mais se dvouant l'avancement de la religion, ils se sparrent l'un de l'autre et prirent des routes diffrentes. L'histoire ne parle que de l'un d'eux, et nous apprend que dans cette seconde entreprise il prouva les mmes dangers et les mmes perscutions que dans la premire. Jusqu'ici cet aptre n'avait voyag qu'en Asie; maintenant il traverse la mer Ege pour la premire fois, avec un nouvel associ. Arriv en Grce, il s'arrta d'abord Philippes de Macdoine o il fut cruellement battu de verges avec son compagnon, et jet dans le fond d'un cachot, avec les ceps aux pieds (Act., XVI 23, 24) quoique ce traitement cruel leur prsaget ce qu'ils avaient lieu d'attendre dans ce pays, peine furent-ils dlivrs qu'ils y poursuivirent leur mission ayant travers Amphipolis et Apollonie, ils arrivrent Thessaloniquc l, un parti de leurs
,

nir le culte national, et leurs clameurs produisirent un tumulte dans lequel il faillit perdre la vie (Act., XIX, 29, 31). Sans tre pouvant des prils auxquels il venait d'tre expos, il quitta Ephse pour aller en Grce y recommencer ses travaux il traversa la Macdoine et revint Corinthe, sa premire station il avait form le dessein de se rendre depuis l directement en Syrie; mais ayant appris que les Juifs avaient fait le complot de l'enlever son passage, il revint sur ses pas Philippes de Macdoine, o il s'embarqua pour l'Asie: il en suivit les ctes le plus promplement qu'il lui fut possible, pour se rendre Jrusalem, la fte de la Pentecte (Act., XX, 16). Tout ce que les Juifs lui avaient fait endurer dans d'autres
;
:

villes

annonce

la

manire dont
:

ils

l'accueilli-

rent dans celle-ci il n'y tait que depuis peu de jours, lorsque quelques-uns de ses anciens ennemis d'Asie, qui se trouvaient la fte, excitrent la populace contre lui, le saisirent dans le temple, l'en tirrent avec violente, et se disposaient le faire prir sur le champ, lorsque la garde romaine paraissant tout enup. l'enleva de leurs mains
27, 33). Cependant l'officier sur propos n'avait en vue que le maintien de l'ordre public dont il tait charg, sans prendre aucun intrt au sort de l'aptre, et sans aucune disposition le traiter

(Act.,

XXI,

venu

si

ennemis vint assaillir la maison qu'ils habitaient, pour les livrer la populace mais ne s'y tant pas trouvs, le propritaire en fut saisi et tran devant le magistrat pour
;

l'hospitalit qu'il leur avait accorde (Act.,

XVII,

1, 5J.

Ils

furent

mieux

accueillis

en

avec humanit, ou du moins avec justice; car aussitt qu'il se fut assur de sa personne en l'envoyant la forteresse, il se prpara l'examiner en le mettant la torture (Act., XXII, 24). Depuis ce moment jusqu' la conclusion de l'histoire, l'aptre resta dans les prisons du gouvernement romain il chappa l'assassinat qu'on mditait contre lui, par une heureuse dcouverte du complot, cl
:

70S

TABLEAU DES PREUVES DU CHRISTIANISME.

70G

l'influence de ses ennemis par un appel Vempereur (Act., XXV, 9, 11); mais ce ne fut

qu'au bout de deux ans de prison qu'on le conduisit Rome (Act., XXIV, 28). Aprs un voyage pnible et les dangers d'un naufrage, il aborda en Italie, tout prisonnier
qu'il tait, et ignorant encore quel sort lui tait rserv , il ne laissa pas que de prcher constamment la religion, sans en tre dtourn par ses continuelles souffrances, ni par les dangers de sa situation; car l'histo-

qu'on voulut le lapider Iconium, qu'il fut en effet lapid Listre ? il existe une lettre adresse un de ses plus chers disciples, qu'il avait rencontr dans ces provinces, comme l'histoire le rapporte l il le prend tmoin
;

des perscutions qu'il a prouves Anlioche, Iconium et Listre (Act., XIII, 50, et XVI, 19; II 77m., III, 10, 11). Si dans le discours que l'aptre adresse aux anciens d'Ephse, l'histoire lui fait dire qu'ils se rappelassent,

rien lermine son rcit en nous disant

que

Paul demeura deux ans entiers dans une maison qu'il avait loue pour lui, et dans laquelle on lui permettait d'habiter sous la garde d'un
soldat, y recevant tous ceux qui venaient le voir, prchant le royaume de Dieu et ensei-

pour preuve de son dsintressement, qu'il avait pourvu par le travail de ses mains son entrelien et celui de ses compagnons, nous voyons ce mme aptre, dans une lettre crite d'Ephse, assurer que jusqu' cette heure il se fatiguait en travaillant de ses propres mains (Act., XX, 34; I Corinlh.,lV
11, 12).

gnant les choses qui regardent le Seigneur Jsus-Christ, avec toute libert de parler. Maintenant l'historien chez lequel nous avons puis ces dtails est appuy, quant la partie de sa narration qui concerne saint Paul, par le tmoignage le plus dcisif en faveur d'une histoire. Nous avons des lettres crites par saint Paul lui-mme sur son ministre, lettres crites soit pendant la priode comprise dans l'histoire, soit aprs, mais en citant les vnements qu'elle renferme. Ces lettres n'empruntant rien de l'histoire, ni l'histoire de ces lettres, confirment d'autant plus tous les dtails contenus dans l'histoire, qu'elles n'ont point t crites dans ce but. Nous ne voulons parler ici que de la description des souffrances de l'aptre, et le tableau que l'histoire nous trace des dangers et des traverses qu'il eut essuyer, s'accorde

Ces concidences, de mme que plusieurs autres entre diverses parties de l'histoire de saint Paul, et toutes tires de sources indpendantes, non-seulement confirment la vrit de la narration sur l'objet particulier des travaux et des souffrances des premiers prdicateurs de l'Evangile, mais ajoutent beaucoup au degr de croyance que l'on peut accorder au rcit des autres faits, et appuyent la prtention de l'auteur, qui se dit tre le contemporain de celui dont il raconte
l'histoire, et

vnements Ce qu'on
sur
l'tat

les

l'avoir accompagn plus essentiels.

dans

les

non-seulement d'une manire gnrale avec que dit l'aptre, toutes les fois qu'il parle de sa vie et de son ministre, mais se trouve encore confirm dans plusieurs occasions par la correspondance spciale des temps, des lieux et de l'ordre des vnements
ce
Si l'historien raconte qu' Philippes l'aptre fut battu de verges, mis en prison, et trait d'une manire indigne et rigoureuse (Act., XVI, 24), nous voyons celui-ci dire, dans une de ses lettres (I Thess., II, 2) adres-

se aux nouveaux convertis d'une Eglise voisine que quoiqu'il et souffert auparavant et qu'on l'et indignement maltrait Philippes il avait eu le courage de leur annoncer l'Evangile de Dieu au milieu de grands combats. Si l'histoire rapporte que la premire fois que l'aptre vint Thessalonique
,
,

(Act., XVII, 57), la maison dans laquelle il logeait fut assaillie par la populace, et le propritaire tran devant le magistrat pour lui avoir donn asile, l'aptre, dans sa lettre

aux chrtiens de Thessalonique leur rap,

pelle qu'ils

avaient reu la parole accompa,

gne de grande affliction (Thess., 1 6). Si l'histoire parle de l'insurrection d'Ephse o l'aptre courut risque de la vie, nous le voyons dcrire lui-mme sa douleur et rendre grces Dieu de sa dlivrance (Act., XIX 23 II Cor., I, 8, 10), dans une lettre crite peu de temps aprs son dpart de celte ville. L'histoire nous apprend-elle que l'aptre fut chass d'Antioche en Pisidic
,
;

lit dans les Ep.tres des aptres de souffrance du christianisme se trouve expressment confirm dans les crits que nous conservons de leurs compagnons et de leurs disciples immdiats. Clment, dont saint Paul fait une mention honorable dans son Eptre aux Philippiens (Philipp., IV, 3), nous atteste la chose de la manire suivante Prenons exemple de notre sicle, dit-il,-par l'effet de l'envie et de l'animosit, les soutiens de l'Eglise les plus distingus par leur foi et par leur justice, ont t perscuts jusqu' la mort la plus cruelle. Ayons donc devant nos yeux les saints aptres : Pierre, par l'effet d'une injuste envie, a d endurer, non pas une ou deux souffrances-, mais plusieurs jusqu' ce qu'enfin devenu martyr, il a pris possession du sjour de gloire qui lui tait rserv. Paul a reu pour la mme cause et de la mme manire la rcompense de sa patience. Sept fois il fut mis aux fers, il fut fouett, il fut lapid ; il prcha dans l'Orient et dans l'Occident, laissant aprs lui la renomme glorieuse de sa foi : il enseigna la justice dans tout le monde ; voyagea dans ce but jusqu'aux extrmits de l'Occident , et souffrit enfin le martyre par l'ordre des gouverneurs ; il quitta la terre et se rendit dans la demeure de saintet, d'o il offre tous les sicles un exemple minent de pa:

tience.

ces saints aptres se sont joints


,

un

grand nombre d'hommes qui

bravant la m-

chancet, ont aussi endur plusieurs peines et plusieurs tourments, et nous ont laiss leur glorieux exemple. El non-seulement les hom* mes, mais les femmes ont endur la perscution pour celte cause, ont souffert des supplies rigoureux et ont termin la carrire di
,

707

DEMONSTRATION VANGELIQUE. PALEY.

708

leur foi avec fermet (Clem. adCorinth., ch. 5,6). Hormas, que saint Paul saluait dans son

Eptre aux Romains, s'exprime ainsi , dans un ouvrage qui a fort peu de rapports avec une narration historique Tels sont ceux gui ont cru, et qui ont endur la mort volontairement pour le nom de Christ, et qui ont fait de tout leur cur le sacrifice de leur vie (Le Ber:

dans les travaux, les dangers et les souffrances, auxquels ils se sont soumis volontairement par le seul effet de leur croyance ces miracles et pour les attester, et que par le mme motif ils ont suivi de nouvelles rgles
de conduite.
se prsente la suite de l'histoire dont
fortifient
les

Il

nous venons de donner un extrait, quelques


observations qui
propositions

ger d'IIermas, chap. 28). Polycarpe, disciple de saint Jean, quoique l'on n'ait conserv de tous ses ouvrages qu'une Eptre assez courte, ne laisse pas d'y faire mention de ces souffrances :Je vous exhorte tous, dit-il, obir la parole de justice,

que nous cherchons tablir. I. Quoique l'histoire de l'Ecriture abandonne une poque peu avance le rcit gnral de ce qui concerne tous les aptres, ne suivant que les dtails des travaux d'un seul, cependant la lumire qui en rsulte se rpand assez sur les autres pour nous faire connatre la nature de leur office. Aprs nous tre convaincus qu'un des aptre eut souffrir des perscutions en prchant le christianisme, nous ne pouvons nous persuader sans vidence que d'autres aptres aient pu remplir la mme mission la mme poque sans peine et sans pril et cette consquence, tire par la saine raison, est confirme par le tmoignage positif de ces lettres
:

vu l'exemple sous vos

exercer toute patience, comme vous enavez y eux, non-seulement des


et

bienheureux Ignace, Lorimus


:

Rufus

mais

d'autres au milieu de vous, et de Paul lui-mme et du reste des aptres pleins de confiance en ceci, c'est qu'ils n'ont pas couru en vain , mais dans la foi et la justice, tant alls dans la demeure qui leur tait rserve par le Seigneur, dont ils ont partag les souffrances ; car ils n'aimaient point le monde prsent,

mais Jsus-Christ qui est mort, et que Dieu a ressuscit pour nous (Polijc. ad Phil., ch.9). Ignace contemporain de Polycarpe, touche le mme sujet, brivement, il est vrai , mais d'une manire positive et prcise parlant de Pierre et de ceux qui taient avec lui lors de l'apparition de Christ, et qui s'taient convaincus de sa rsurrection par la chair et par l'esprit, en touchant son corps, il dit Pour cette cause ils ont mpris la mort, et se sont montrs plus forts qu'elle (XIX Epit.
,
: :

que nous avons

si

souvent

cites.

Leur au-

Smi/rn., ch. 3). Si l'on dsire de connatre le genre de perscutions de celte poque, on peut lire la lettre circulaire crite par l'Eglise de Smyrne

peu de temps aprs la mort de Polycarpe contemporain de saint Jean le titre de cette Relation du martyre de Vvgue lettre porte
,
;

Les souffrances de tous les autres Polycarpe. martyrs, endures conformment la volont de Dieu, ont t gnreuses et glorieuses ; car plus il est de notre devoir, nous qui sommes religieux que les autres, de lui attribuer le

pouvoir

et la direction de toutes choses. Eh! qui n'admirerait l'lvation de leur me, cette admirable patience et cet amour qu'ils ont manifest pour leur Matre Ils ont t fouetls jusqu' tre dchirs, et exposer aux yeux les veines et les artres de l'intrieur de leur corps, et cependant ils l'ont support. On en a vu d'autres aprs un long emprisonnement, condamns cire dvors par les btes sauvages, exposs aux plus cruels tourments, forcs de coucher sur des pointes aigus , et dchirs par divers supplices. Leurs tyrans espraient, si cela et t possible, de les forcer, par la dure de leurs souffrances rechap. 2). nier le Christ [Relut, mort. Polyc.
, , ,

teur fait allusion, dans un grand nombre de passages, non-seulement ses propres souffrances mais encore celles du reste des aptres, comme tant exposs aux mmes souffrances que lui Car je pense que Dieu nous a exposs publiquement, nous qui sommes les derniers aptres comme des gens condamns la mort, puisqu'il nous met en spectacle au monde aux anges et aux hommes : jusqu' cette heure nous souffrons la faim et la soif, et nous sommes nus, nous sommes soufflets et nous sommes errants et l, et nous nous fatiguons en travaillant de nos propres mains ; on dit du mal de nous, et nous bnissons; nous sommes perscuts, et nous le souffrons nous sommes blms, et nous prions; nous sommes faits comme les balayures du monde , et comme le rebut de tous jusqu' maintenant (I Cor., IV, 9 et suiv.). Ajoutons que dans le rcit abrg de ce qui concerne les autres aptres , et dans le court espace de temps que comprend cette narration du livre des Actes, nous y voyons d'abord deux des premiers disciples saisis ,
,
:

emprisonns, traduits devant le sanhdrin menacs d'autres chtiments (Act., IV 3 et 21), puis tous les autres aptres emprisonns peu Act., V, 18,40 ) et battus de verges
,
,

aprs, l'un de leurs adhrents lapid mort. Il survient ensuite une perscution si vive contre la nouvelle religion, que le plus grand nombre de ceux qui l'ont embrasse est oblig de s'enfuir. Peu de temps s'coule , et nous voyons l'un des douze ucapit, un autre condamn au mme sort ; et tout cela se

CHAPITRE

V.

passe dans la ville de Jrusalem, dans l'intervalle de dix ans depuis la mort du fondateur du christianisme et le commencement de
cette religion.

at suffisamment vident que plusieurs hommes, dclarant tre les premiers tmoins des miracles du christianisme, ont pass leur vie

pour

H. Nous ne voulons pas nous prvaloir le moment de la partie miraculeuse de

709

TABLEAU DES PREUVES DU CHRISTIANISME.

710

la narration, et nous n'insistons point sur l'exactitude de ses passages dtachs. Si l'his-

toire 'entire n'est pas un l'action un rve, si Pierre , et le reste des aptres, dont

roman
il

et

toute

Jacques
est

et

Paul
,

partie de notre proposition gnrale, laquelle est fortement probable et rsulte naturellement de cette nouvelle doctrine, savoir, que les premiers disciples de Jsus, en travaillant

parl, ne sont pas des personnages imaginaires si leurs lettres ne sont pas des pices supposes, et ce qui est plus encore, supposant des noms et des caractres qui n'existrent jamais
,

religion

nous possdons alors une vidence suffisante pour tablir le seul fait mis en question et que je dis encore tre fortement probable savoir, que les compagnons immdiats de Jsus-Christ ont fait de grands efforts pour rpandre sa religion, qu'ils ont couru de grands
,

dangers, et support de grands travaux et de grandes souffrances par une suite de leur entreprise.

et avec courage rpandre sa adoptrent en l'embrassant une forme nouvelle et particulire de conduite prive. Ds l'instant que leur Matre est enlev du milieu d'eux, nous apprenons qu'Ys persvraient unanimement en prires et en supplications (Act., 1, 14) qu'ils persvraient tous d'un accord dans le temple (Act., II, 46) ; que plusieurs tant assembls, faisaient des prires (Act., Xll, 12). Nous savons ce qui tait strictement prescrit aux nouveaux convertis par ceux qui les instruisaient dans

avec ardeur
,

quelque

lieu qu'ils allassent, le

premier mot

certitude gnrale de l'histoire apostolique se trouve fortement confirme par c'est que pour rendre cette considration raison d'effets qui certainement ont eu lieu, elle leur assigne des causes qui leur sont proportionnes, et qu'elle dcrit des consquences qui rsultent naturellement de situa111.

La

tions qui ont rellement exist. Les effets sont certainement ceux dont l'histoire indique la cause, l'origine et les progrs ; on ne peut douter que la religion n'ait commenc paratre dans le temps et dans le pays qu'elle indique, puisque cela est rapport par d'autres tmoignages que ceux des chrtiens: on comprendrait difficilement comment cette nouvelle doctrine aurait pu commencer et se dvelopper, sans que son auteur ou ses disciples se fussent donn aucune peine pour la rpandre. Or 1 histoire que nous possdons dcrit ce genre de peine et de travail, les personnes qui s'y sont employes les efforts qu'elles ont faits, les moyens qu'elles ont mis en usage, et leurs travaux pour remplir leur but. Ce que l'histoire nous raconte des traitements qu'ont prouvs les premiers propagateurs du christianisme, n'est que le rsultat naturel de la situation dans laquelle ils se sont indispensablement placs. On convient que la religion chrtienne tait entirement oppose aux opinions dominantes, aux esprances et aux dsirs du peuple auquel elle fut d'abord annonce, et qu'en s'lablissant,
,

de leur prdication tait, Repentez-vous. Nous savons que ce prcepte les obligeait rprimer plusieurs genres de licence que l'on ne regardait pas alors comme criminels. Nous connaissons quelles taient les maximes de bienveillance et les rgles de pure dont les chrtiens faisaient la lecture dans leurs livres. Nous nous bornons donc observer qu'une obissance, je ne dirai pas complte, ces rgles, mais quelque espce d'gard pour elles, devait produire chez eux un systme de conduite, et ce qui est plus difficile encore, une disposition d'esprit et une rgularit d'affections diffrentes de leurs habitudes ordinaires, et de ce qu'ils avaient pu observer chez les autres. Ce changementde murs, qui rsultait de leur nouveau caractre, nous est sans cesse prsent dans les lettres de leurs rformateurs Et lorsque vous tiez morts dans vos fautes et dans vos pchs, dans lesquels vous avez march autrefois suivant le train de ce monde, selon le prince de la puissance de l'air, qui est l'esprit qui agit mainte' nant avec efficace dans les enfants rebelles Dieu, entre lesquels aussi nous avons tous convers autrefois dans tes convoitises de notre chair, accomplissant les dsirs de la chair et de nos penses, et nous tions de notre nature des enfants de colre comme les autres (Ephs., Il, 1, 3 ; Tit., III, 3). Car il nous doit suffire d'avoir accompli la volont des gentils durant le temps de notre vie passe, quand nous nous
:
,

elle renversait le culte et la thologie

de toutes les autres nations. Nous ne devons pas trouver de difficult croire que lorsque les propagateurs d'un tel systme se rpandirent

ses,

dans

monde, non-seulement pour le pumais pour runir des proslytes en socits rgulires, ils durent trouver dans leur entreprise des oppositions pousses quelquefois jusqu'aux dernires extrmits. Notre histoire nous donne sur ces oppositions, sur les souffrances et les dangers auxquels les missionnaires du christianisme furent en proie, des dtails parfaitement conformes ce (pion devait raisonnablement prsumer, d'aprs la nature de leur entreprise, compare avec le caractre du sicle et du peuple
le

abandonnions aux impudicits aux convoiti l'ivrognerie, aux excs dans le manger et dans le boire, et aux idoltries abominables ; ce que ces gentils trouvant fort trange, ils vous blment de ce que vous ne courez pas avec eux dans un mme abandon de dissolution ( I
,

blier,

Pierre, IV, 3, 4).

Saint Paul, dans sa premire lettre aux Corinthiens, aprs avoir fait, selon sa coutume, l'numration des caractres vicieux , ajoute ces paroles: Et quelques-uns de vous tiez tels -mais vous avez t lavs, m<ds vous avez t sanctifis ( Corint., VI 11). Faisant
,

ailleurs allusion au mme changement d'affections et de conduite, il demande aux chrtiens de Rome : Quel fruit retiriez-vous donc alors des choses dont vous rougissez mainte-

elle fut excute. IV. Les tmoignages historiques que nous possdons dmo'itrent encore la seconde

YI, 21)? Le mme crivain nant ( Rom. indique au moins un nouveau systme de devoir, et probablement une nouvelle con

711

DEMONSTRATION EVANGELIQUE. PALE Y.

712

duite ds l'poque de la conversion , lorsque pour dcrire l'tat moral des chrtiens, compar avec leur condition prcdente, il emploie souvent des expressions telles que celles-ci nouveaut de vie ; tant dlivrs du la destruction pch, tant morts au pch du corps du pch , afin qu' l'avenir ils ne soient plus esclaves du pch , les enfants de la lumire et du jour opposs aux enfants de tnbres et de la nuit, ne dormant pas comme les autres, etc. Appliquons au sujet qui nous occupe le tmoignage que Pline rend la conduite des chrtiens de son temps , cinquante ans aprs celui de saint Paul. Voici le caractre que cet crivain leur attribue avec exactitude, puisqu'il considrait leurs principes moraux comme exigeant l'inspection du magistrat ; il dit l'empereur que quelquesuns de ceux qui avaient quitt cette secte , ou qui le disaient seulement pour obtenir grce affirmaient qu'ils avaient l'habitude de se runir de grand matin un four fixe ; qu'ils chantaient ensemble alternativement un hymne Christ comme un Dieu; qu'ils s'engageaient par serment ne commettre aucune action criminelle, s'abstenir d'infidlit, de vol, d'adultre , ne point manquer leur parole, rendre les dpts qui pouvaient leur
: ,

furent prononces et accomplies, ou que les historiens de la vie de Christ ont t entrans par l'vnement lui attribuer ces pr7 les lettres que nous possdons dictions , crites par quelques-uns des principaux missionnaires de l'Evangile, et qui s'accor;

dent parfaitement avec les grands travaux les dangers et les souffrances auxquels les auteurs de ces lettres et leurs compagnons furent exposs enfin quand on considre une histoire donne pour avoir t crite par le compagnon de voyage de l'un des nouveaux prdicateurs histoire qui par son exacte conformit avec les lettres de ce prdicateur vivant celte poque prouve qu'elle a t crite par un homme bien instruit de ce qu'il raconte histoire qui contient les dtails de ses voyages, des perscutions et des souffrances qu'il endura, d'une manire conforme ce que l'on devait prsumer: lors donc qu'on rassemble toutes ces considrations dont chacune prise part est exactement telle que je l'ai montr dans les chapitres prcdents, il ne saurait rester aucun doute qu'un certain nombre de personnesn'aientexistcettepoque dans le
,
: ,

monde,

annonant publiquement une histoire extraordinaire, et s'exposant volontairement aux plus grands dangers, dans le dessein d'tablir et de rpandre cette histoire, parcourant dans ce but les terres et
les

redemands. Ce passage prouve qu'on exigeait alors dans les socits chrtiennes une morale plus pure et plus exacte qu'elle ne l'tait gnralement. Et il me semble que la force de ce tmoignage peut tre recule jusqu'au temps des aplres, parce qu'il n'est pas probable que les auditeurs immdiats et les premiers disciples de Jsus-Christ aient t plus relchs que ne le furent leurs successeursau temps de Pline, ou que les premiers prdicateurs del religion l'aient t
tre

mers, dveloppant une grande activit,


et

aux mauvais traitements aux perscutions les plus cruelles. Il


se soumettant

est

galement prouv que ces mmes personnes, par un effet de leur persuasion, bien ou mal fonde se sont conformes un genre de vie particulier et nouveau pour elles plu,

plus que leurs lves.

sieurs gards. D'aprs ce qu'il y a de clair, et de reconnu pour tel dans ce que nous venons d'exposer,
je regarde

CHAPITRE

VI.

// est suffisamment vident que plusieurs hommes, dclarant tre les premiers tmoins des

miracles

du christianisme
,

ont pass leur

vie dans les

souffrances

travaux, les dangers et les auxquels ils se sont soumis volontairement par le seul effet de leur croyance ces miracles et pour les attester, et que par le mme motif ils ont suivi de
nouvelles rgles de conduite.

comme fort probable que l'histoire pour laquelle ces hommes se sont volontairement soumis aux peines et aux fatigues qu'ils ont endures devait tre une histoire miraculeuse; je veux dire qu'ils ont prtendu que l'vidence qu'ils en avaient reposait sur des miracles, et que c'tait l leur
,

Quand on considre 1 que la religion chrtienne est tablie aujourd'hui dans une grande partie du monde 2 les causes vraisemblables de son origine savoir, les travaux actifs de son Fondateur et de ses associs ; 3 les obstacles que ces travaux ont d ncessairement rencontrer ; k" le sort du Fondateur de cette religion, attest par les crivains paens, tout comme par les chr:

seul point d'appui ce n'tait qu'en attribuant des signes surnaturels Jsus de Nazareth qu'ils pouvaient caractriser sa personne, le distinguer de tout autre comme tant le Messie , et en faire le sujet de leur prdication. Ils ne pouvaient en appeler ici ni des victoires, ni des conqutes, ni des rvolutions; on ne voyait en lui
:

ni

ploits de

grandeur surprenante de fortune ni exvaleur ou de politique, ni dcouverte dans les arts et les sciences ni aucun
, ,

lan de gnie et d'habilet. Un simple artisan de Galile tait annonc au monde comme

tiens

5 le

tmoignage que

les

mmes auchrtiens

teurs rendent

aux souffrances des

contemporains ou successeurs immdiats du premier Fondateur du christianisme


;

un Lgislateur cleste un jeune homme n dans l'obscurit, d'une vie simple et sans clat, tait dclar le Messie du peuple juif, sans avoir opr aucune dlivrance en sa fa;

6 les prdictions qui lui sont attribues sur les souffrances de ceux qui s'attacheraient

lui

ce qui prouve

ou que ces prdictions

veur. Si les aptres n'avaient prsent aucune preuve de sa mission ( et quelles preuves auraient-ils pu prsenter, si ce n'taient des preuves surnaturelles ?) , une semblable

713

TABLEAU DES PREUVES DU CHRISTIANISME.


,

714

dclaration et t trop absurde pour qu'ils eussent os l'imaginer ou l'entreprendre et pour que personne et pu la croire. Par quelle espce d'argument pouvait-on rpondre celte premire question si naturelle Le Fils du charpentier de Nazareth est-il celui que nous devons recevoir et auquel nous devons obir ? Ce n'tait qu'en lui attribuant des miracles que l'on pouvait se flatter de soutenir sa prtention. Toute dispute et toute recherche sur son sujet devait prsupcar quoique cette quesposer les miracles tion, si Je'sus tait le Messie, pt d'abord et dt naturellement tre discute par le raisonnement d'une manire plus gnrale . sans citer la preuve des miracles que l'on cedisait accompagner sa mission cleste
: ; ,

pendant nous devons nous mettre dans l'espritque l'on n'aurait jamais puexaminercette question par la seule voie du raisonnement, si l'on n'avait pas commenc par supposer cette preuve tire des miracles. Ainsi par exemple, il tait naturel d'examiner si les prdictions que les Juifs appliquaient au Messie taient ou n'taient pas applicables 'Jsus de Nazareth et l'on pouvait pousser cette recherche sans avoir recours ses miparce racles sur chaque point de l'examen qu'il commenait par les supposer; mais je ne vois pas comment on aurait pu penser
, ; ,

traiter cette question par rapport Jsus de

Nazareth, s'il n'y avait eu en lui aucun capuisractre miraculeux, rel ou prtendu qu'il n'avait opr dans la condition publique de ce peuple aucun grand changement qui lui rendt applicable le sens que l'on donnait alors ces prophties. Nous lisons quApollos convainquait les Juifs avec une grande vhmence, dmontrant parles Ecritu,

qui embrassrent la religion, dut fixer leur attention et tre un des sujets de leurs crits. Je ne croirais pas cependant qu'occups de ces recherches, que leurs Eplres, leurs discours ou leurs traits en forme nous onteonserves, ils eussent d faire une mention frquente et directe des miracles. La preuve rsultante des miracles se trouvait au centre de tous leurs raisonnements. La supposition des miracles , et cette supposition seule, tait ds le principe leur unique point d'appui. Les pouvoirs miraculeux dont se prvalurent les chrtiens des ges suivants font encore lgitimement infrer que l'histoire originelle lait miraculeuse. Si leur prtention faire des miracles tait vraie ce n'tait que la continuation des mmes pouvoirs ; si elle tait fausse, c'tait une imitation des miracles, je ne dirai pas qui avaient t faits, mais qu'on annonait avoir t faits par les hommes qui les avaient prcds. L'imitation tait une suite de la ralit, et la fiction lait ente sur un fait vritable. Il est conforme au cours des affaires humaines et facilement croyable que si des miracles avaient t oprs ds l'origine du christianisme , on devait prtendre dans la suite en oprer encore. La supposition conlrairec t tout fait improbable savoir que les compagnons et les successeurs des aptres eussent prtendu un pouvoir miraculeux tandis que ni les aptres ni leur Matre ,ne se le seraient attribu.
,
,

CHAPITRE
Il est

VII.

res

que Jsus tait le Christ. Mais moins que Jsus n'et montr dans sa personne quelque chose qui la distingut, et quelque preuve d'un pouvoir surnaturel, l'argument tir des anciennes prophties n'aurait t d'aucun usage, et l'on n'en pouvait rien conclure en faveur de Jsus. Un jeune homme aurait pu prendre le nom de Fils de Dieu , rassembler une foule autour de lui, et donner des leons de morale, sans qu'il pt entrer dans l'esprit d'aucun Juif que ce jeune homme ft l'Etre dsign par cette longue suite d'anciens oracles, de l'accomplissement desquels ils se formaient des ides si magnifiques et si contraires ce qu'ils voyaient dans la personne de Jsus. Je ne pense pas que les Juifs pussent en avoir le inoindre soupon quand ils eurent sous les yeux le dveloppement complet de sa vie, quand ils le virent mis mort en rcompense de ses peines, et que par celte mort toute preuve
vonait cesser. De plus en supposant que Jsus ait t le Messie, l'effet de sa venue sur les Juifs et sur les paens, quant leurs relations rciproques, leurs prtentions la faveur de Dieu, leurs devoirs et leurs esprances ; quant la nature l'autorit , l'office, l'influence de Jsus, cet effet dut offrir une grande importance aux yeux des premiers
,
,

suffisamment vident que plusieurs hommes, dclarant tre les premiers tmoins des miracles du christianisme ont pass leur vie dans les travaux, les dangers et les souffrances, auxquels ils se sont soumis volontairement parle seul effet de leur croyance ces miracles et pour les attester et que, par le mme motif, ils ont suivi de nouvelles
,
,

rgles de conduite.

Aprs avoir prouv que les premiers propagateurs de la religion chrtienne ont dploy une grande activit, et qu'ils se sont assujettis de grands dangers et de grandes souffrances pour tablir une histoire extraordinaire, et j'ose dire, qu'ils croyaient miraculeuse, la grande question qui se prsente est de savoir si le rcit contenu dans nos Ecritures est bien cette mme histoire que ces hommes ont annonce, et pour laquelle ils ont travaill et souffert. Cette question se rduit savoir si l'histoire que les chrtiens possdent aujourd'hui est la mme histoire que les chrtiens, avaient alors. On peut le prouver par des considrations gnrales et antrieures toute recherche de raisons particulires ou de tmoignages qui appuient l'autorit de notre histoire.
1. Il n'existe aucun vestige d'une autre histoire du christianisme: il n'en est pas ici

comme

de
il

la

laquelle

s'agil de

mort du graild Cyrus sur combiner des narrations


,

Dmonst, Kvano. XIV,

(Vingt-trois.)

,,

715

DEMONSTRATION EVANGELIQUE. PALEY.


et

7 If.

opposes,
rents

de dcider du crdit de diffIl

leur rcit les caractres extrieurs de notre


histoire; nous y voyons les effets que produisit dans le monde la naissance de celle religion nouvelle, et la conversion d'une

historiens.

n'existe

pas

un seul
,

document, pas un seul fragment de narration depuis l'origine du christianisme ni dans les sicles suivants, qui parle de quelque histoire essentiellement diffrente de les celle que nous avons dans l'Evangile renseignements que l'on trouve sur la religion chrtienne dans les auteurs paens, aussi loin que l'on puisse remonter, s'accordent avec nous, quoiqu'ils n'en parlent qu'en peu de mots cl dune manire incidentcllc; ils rendent tmoignage la vrit des faits ils disent que Jsus fut l'auteur du christianisme qu'il fut mis mort Jrusalem comme un malfaiteur, par l'autorit de Ponce que la religion Piiate, gouverneur romain ne laissa pas de se rpandre dans celle ville et dans toute la Jude qu'elle s'tendit de l dans les pays loigns que les convertis laient Irs-nombreus qu'ils eurent souffrir pour leur religion de grands outrages et de cruels tourments et que tous ces faits sont arrivs la mme poque o nos livres les placent. Ils vont plus loin et dcrivent
:

grande multitude qui en embrasse les principes mais aucun dtail des vnements sur
;

lesquels elle se fonde, ni de ces caractres intrieurs , ni des preuves allgues par ceux qui engageaient les autres l'embrasser. Cependant, il n'en rsulte encore aucune opposition notre histoire nous n'apercevons aucun rcit qui la contredise ou qui en diffre; au contraire, cet accord qui se trouve entre les crivains paens et les chrtiens, confirme les faits principaux de l'histoire de l'Evangile. On peut tendre cette observation au petit nombre d'crivains juifs de cette priode et de la suivante, dont les ouvrages nous sont parvenus. Quelles que soient leurs omissions et quelque difficult qu'il y ait les expliquer, ils n'avancent sur l'tablissement du christianisme aucune histoire diffrente de.
;

murs des chrtiens en des termes parfaitement conformes aux dtails contenus dans l'histoire vanglique, savoir, qu'ils avaient coutume de s'assembler dans certains jours, qu'ils chantaient des hymnes Christ comme un Dieu qu'ils s'engageaient par serment ne commettre aucun crime, mais s'abstenir de vol, d'adultre, tenir scrupuleusement leur parole, rendre les dpts qu'on pouvait leur avoir confis (1). Us nous disent que les chrtiens adoraient celui qui avait t crucifi en Palestine, que leur premier Lgislateur leur avait enseign qu'ils taient tous frres; qu'ils avaient un grand mpris pour les choses de ce monde, et qu'ils les regardaient comme viles; qu'ils volaient au secours les uns des autres qu'ils nourrissaient les plus fortes esprances de
les
, ;

celle qui est admise parmi nous. Josphe, qui crivit ses Antiquits, ou Vllisloire des Juifs, environ soixante ans aprs l'origine. de la religion chrtienne, fait mention de

Jean sous le nom de Jean-Lapliste, dans un passage dont l'authenticit est gnralement reconnue il nous apprend qu'il prchait lu
;

vertu, qu'il
tait

baptisait ses proslytes,

qu'il

bien reu du peuple, qu'il fut mis eu prison et dcapit par l'ordre d'Hrode, qui vivait dans un commerce criminel avec Hrodias , femme do son frre (nliquit. I. XVUI, ch. 5. sect. 1, 2). Dans un autre passage que plusieurs admettent comme authentique, il nous parle de Jacques, frre de celui que l'on nommait Jsus, et de son supplice (Antiq. I. XX, ch. 9, sect. I). Dans un troisime passage, qui se trouve dans toutes les copies de l'histoire de Josphe, mais dont l'authenticit fut longtemps dispute,

l'immortalit, mprisant la mort et se rsignant aux souffrances (2). Voil ce que nous apprennent des auteurs fort loigns d'tre chrtiens, peu instruits

la

sur le fond de celte religion, et qui n'y prenaient aucun intrt. Nous trouvons dans
(1) Voyez la lettre de Pline. Bonnet, dans sa manire vive de s'exprimer, dit : En comparant la lettre de Pline avec la narration des Actes, il me < semble lire le mme auteur ; je crois continuel' la i lecture de l'historien de cette socit extraord nuire, i Ceci est un peu trop mais on ne peut disconvenir qu'il n'y ait de l'affinit, et toute celle qu'on pouvait tre en droit d'attendre. ("2) t 11 est incroyable quelle activit ils montrent quand un de leurs amis est dans la peine, et ils ne < ngligent rien dans de semblables occasions ; car ces malheureux ne doutent pas de leur immortalit;
;

nous trouvons un tmoignage positif de substance de notre histoire, en ces mois: A celte poque vivait Jsus, homme sage, si l'on peut Je dsigner par le nom d'homme; car il oprait des choses merveilleuses; il instruisait ceux qui aiment recevoir la la vrit; il attira lui plusieurs juifs et
plusieurs gentils. C'tait le Christ; et quand l'instigation des principaux d'entre nous, Piiate l'eut condamn au supplice de la croix, ceux qui s'taient d'abord allai lis

<i

<
<

i <

pourquoi ils mprisent la mort, ei plusieurs se rsignent aux souffrances. Outre cela, leur preinier lgislateur leur a appris qu'ils sont tous frres ds qu'ils ont renonc aux divinits des Grecs , ils adorent leur Matre, qui a t crucifi , et ils s'engagent vivre selon ses lois. Us ont aussi un souverain mpris pour toutes les choses de ce monde
c'est
les

lui, persvrrent dans cet attachement, car il leur apparut vivant au troisime jour les prophtes avaient prdit ces choses son sujet, et plusieurs autres choses tonnantes. La seele des chrtiens qui lire de lui son nom, subsiste aujourd'hui (Idem, l. XVIII, ch. 3, sect. 3). Quelque soit le rsultat des disputes leves sur l'authenticit de ce passage, soit que Josphe embrasse

toute notre histoire, ce qu'il aurait fait, en le passage authentique, soit qu'il n'eu reconnaisse que quelques traits au cas

supposant
le

que

regardant

comme

viles.
;

>

(Lucian,

(te

morte Pe-

regrini,

tome

I,

page 505

dit. Gracv.),

passage soit suppos, nous n'ensommes pas moins endroit d'affirmer qu'il n pr-, sente ni sur l'origine ni sur le fond du thristia.

717

TABLEAU DES PREUVES DU CHRISTIANISME.


:

78

nisrae aucune histoire diffrente de la ntre la contredise. Je crois aussi qu'on csl en droit de conclure, ou que le passage l'omission est csl vrai , ou que, s'il est faux

ou qui

laite

dessein. Car

comment peut-on suppo-

ser que la religion chrtienne et les faits sur lesquels elle s'appuyait fussent de trop peu d'importance pour fixer l'attention de Josphe et pour mriter une place dans son histoire , tandis que ans parler de ce que nos livres sacrs nous rapportent , Tacite, qui
,

crivait environ dix ans aprs Josphe, g d'environ trente ans, cette poque, nous dit

toute la suite des cri2. Allons plus loin vains chrtiens, depuis l'origine de. cette religion jusqu' ce jour, dans tous leurs traits, apologies, raisonnements et ouvrages de controverse, ne parlent que de celle histoire gnrale contenue dans nos Ecritures, et ne parlent d'aucune autre. Chez tous cesauteurs, les vnements et les acteurs principaux sont toujours les mmes; et cet argument paratra d'une grande force, lorsque nous serons remonts d'crivain en crivain, comme nous le promettons ici , jusqu' leur point de contact avec les livres historiques

qu'une grande multitude de chrtiens

fut

condamne Rome,

et qu'ils

tiraient leur

de Christ, mis mort comme criminel, par le procurateur Ponce Pilate, sous l'empir de Tibre; et que celte superstition s'tait

nom

du Nouveau Testament, et jusqu'au sicle des premiers missionnaires de la religion, poser anneau par anneau toute cette chane sans aucune interruption, depuis le

commencement jusqu'
titre ie

la fin.

rpandue non-seulement dans toute la Jude o elle avait pris naissance, mais qu'elle avait gagn Rome ? Comment Josphe qui vivait (iu temps des empereurs Claude cl N,

ron,

aurait-il

trouv le christianisme trop

peu important pour en parler, lorsque Sutone, historien contemporain de Tacite, nous dit que, sous le rgne de Claude, les Juifs occasionnaient des ayant pour chd' C lires
,

(roubles Rome (1). et qu'ils furent punis de divers supplices sons le rgne de Nron? lorsque Pline qui n'crivit sa fameuse lettre que trente ans aprs la publication de l'Histoire des Juifs, trouve le nombre des
,

chrtiens si multiplis dans la province de Bilhynie, qu'il se plaignait que cette contagion avait gagn les capitales, les villes les villages de manire entraner la dsertion des rites publics et cependant, comme nous l'avons observ rien ne porte croire que les chrtiens fussent plus nombreux dans celle province que dans le reste de l'empire romain. Peut-tre Josphe ne sut-il pas comment traiter un point si embarrassant, et retenu par ses difficults, il crut devoir le pas, , ;

ser sous silence. C'est ainsi qu'Eusbe, crila Vie de Constantin, ne fait aucune mention de la mort de Crisp'us, fils de cet empereur, quoique l'vnement ft assez marquant: on aperoit celte mme rserve chez Josphe au sujet du christianisme, lorsqu'il

vant

plus original que nous puissions Le avoir sont les lettres des aptres; quoiqu'elles aient t crites sans le moindre dessein de. Iran: mettre aux ges futurs l'histoire de Jsus-Christ et du christianisme, ni mme de la faire connatre leurs contemporains, elles nous instruisent incidenlellement des circonstances suivantes: de la gnalogie d Christ et de sa famille, de son innocence, de l douceur et' de la bont de son caractre; on y voit, comme dans une rcapitulation de l'histoire vanglique, la dignit de la nature de Jsus-Christ, sa circoncision, sa transfiguration, les contradictions et les souffrances qu'il endura pendant sa vie, sa patience, l'institution de l'eucharistie avec tous ses dtails, son agonie, sa confession devant Ponce Pilate, les coups qu'il reut, son sup.plice sur la croix, sa spulture, sa rsurrection, son apparition, aprs qu'il fut ressuscit, d'abord Pierre et ensuite aux autres ap^ 1res, son ascension dans le ciel, sa qualit de Juge du genre humain. Ces lettres nous instruisent encore de la rsidence fixe des aptres Jrusalem, des miracles oprs par les premiers prdicateurs de i 'livangile, qui elles avaient t les auditeurs de Christ ()
:

passe sous silence l'expulsion des Juifs sous Claude; tandis que Sutone en parle, l'attribuant Christ. De mme en est-il de son silence sur les enfants de Rethlhem (2). Quoi qu'il en soit de cette omission de Josphe (3) il n'en csl pas moins vrai qu'il n'a avanc aucune autre histoire sur la religion chrtienne ni seulement suppos qu'il y en
,

connu dans le m inde. Le Talmuil de Jrusalem, compil vers Fan 500, n'en parle presque pas non plus que le Talmiid (je Bbylone de l''n 500, quoique ces deux ouvrages traitent de matires
alors parfaitement
,

religieuses, ci quoique, l'poque de. la compilation du premier", la religion chrtienne loucht au moment
d'tre adopte pour la religion

celle

du dernier,

elle

lt

de l'empire, et que, depuis 200 ans la religion


si

dominante.
j

un

et d'autre.
(1) Judaeos, inpnlsqre Chrcsto, assidue lumulluanles, ttomn expulit (Suelon. Ctaudius Cear).
(2) Miclialisa calcul, et'ce qu'il parat
foi, qu'il

nous ngligeons d'tre annom e par le Seigneur, nous a t confirm par ceux qui Pavaient ou? Deu leur rendant aussi lmoi-

(l)Comment chapperons-nous
si

grand

saint,

qui, ayant

commence

de bonne

ne

prirent
(5)

y avoir qu'une vingtaine d'enfants qui par cette cruelle prcaution {Mickael. Indiii

molgnagu par des pYodiges et par des miracles et pardivrs autres efiets de sa puissance, et par les son Saint Esprit, selon sa volont distributions de aie cette EpUre; car (//Mr., Il, 5).J'allgu quels qu'aient pu tre les doute des protestai ts sur son auteur, ils n'en ont point form sur l'poque o elle fut
,

N. T.). La Mishna ou la collection des traditions juives, compiles vers Tau 180, ne l'ail aucune mention du christianisme, quoiqu'elle contienne un traittfe Culiu peregrino, sur les cultes trangers o idoltres ,> on ne saurait cependant nier que le christianisme ne lt
irod. lo tke

crite. Dahsjla collection des ptre ides aptres, il n'en squi offre des caractres plus vident da ex ison antiquit. Elle fait surtout he mention frquente du temple de Jrusalem comme subsislahl encore, de mme que du culte qu'on y rendait Dieu chaque jour. Vu mme que, si Jsus tait sur la terre, i|

719

DEMONSTRATION EVANGELIQUE. PALEY.


cette prdication,

720

nous parlent des succs de

des perscutions excites contre les chrtiens, de la conversion miraculeuse de saint Paul, des miracles qu'il opra miracles qu'il allgue lui-mme dans ses disputes avec ses adversaires, et qu'il cite dans des lettres crites des personnes au milieu desquelles il les enfin ces lettres nous disent avait oprs
,
;

miracles taient les signes ou les marques d'un aptre (1). Dans uneEptre portant le nom de Barnabas, Eptre probablement authentique, et qui appartient certainement cette poque, nous trouvons les souffrances de Christ, le choix et le nombre de ses aptres, sa passion, la robe d'carlate dont il fut couvert, le vinai-

que

les

gre, le fiel et les outrages dont il fut abreuv, son ct perc, le sort jet sur sa robe (Epist. Barnab., cap. 7), sa rsurrection le premier jour de la semaine, et l'institution de ce jour

comme un mmorial

de cet vnement ex-

traordinaire, son apparition aprs .tre ressuscit, son ascension. Ses miracles y sont aussi positivement rapports dans les paroles suivantes Enfin instruisant le peuple dls ral et faisant plusieurs signes et plusieurs miracles au milieu deux, il leur prchait et
:

leur montrait le grand

amour dont

il

tait

anim pour eux (Ibid., cap. 5). Dans une Eptre de Clment, l'un des auditeurs de saint Paul, quoique crite sur un
sujet qui avait peu de rapport avec l'histoire du christianisme, il est parl de la rsurrec-

tion de Christ et de la mission des aptres dans ces termes formels Les aptres nous
:

ont prch de la part de Notre-Seigneur car en Jsus-Christ et de la part de Dieu et tant pleinement ayant reu l'ordre convaincus par la rsurrection de Notre Seigneur Jsus-Christ, ils partirent, publiant que le royaume de Dieu tait proche (Epist. Clem. Rom., chap. 42). Cette Eptre parle de l'humilit et de la puissance de Christ (chap. 16) elle nous dit qu'il descendait d'Abraham, qu'il fut crucifi. Pierre et Paul nous y sont reprsents comme des colonnes de l'Eglise, distingus par leur foi et leur jusmention des nombreuses il y est fait tice souffrances de Pierre, des liens de Paul, des coups qu'il reut, de sa lapidation, et surtout de ses longs et continuels voyages. Polycarpe, disciple de saint Jean, dans une lettre qui n'est cependant qu'une courte exhortation, nous parle de l'humilit, de la patience, des souffrances, de la rsurrection et de l'ascension de Jsus-Christ; elle trace exactement le caractre apostolique de saint
a
;
,

assure qu'il lui a entendu raconter ce qu'il avait appris de tmoins oculaires concer nant le Seigneur, soit concernant ses mira des, soit concernant sa doctrine (Iren. ad Fior., apud Euseb., I. V, chap. 20). Les ouvrages que nous conservons encore d'Ignace, contemporain de Polycarpe, et plus nombreux que ceux de ce dernier, ne traitent pas plus directement de l'histoire du christianisme, mais font occasionnellement plusieurs allusions celte histoire. Il y est dit que Christ descendait de la famille de David, que sa mre se nommait Marie il y est parl de sa conception miraculeuse, de l'toile qui apparut sa naissance, de son baptme par saint Jean et du but de ce baptme, de ses citations des anciennes prophties qui l'annonaient, de l'onction rpandue sur lui, de ses souffrances sous Ponce Pilate et sous Ilrodc le ttrarque, de sa rsurrection et du jour du dimanche, ainsi nomm en mmoire de cet vnement de l'institution de l'eucharislie sous les deux espces il est parl de tous ces faits de la manire la plus claire l'auteur entre mme en divers dtails sur la rsurrection, nous disant que Christ but et mangea avec ses disciples aprs qu'il fut ressuscit, qu'ils touchrent son corps; et Ignace tire de cette dernire circonstance une rflexion bien juste Ils croyaient, tant galement convaincus par leur entende ment et par leurs sens c'est pourquoi ils mprisrent la mort et se mirent au-dessus d'elle (Ign. ad Smyrn., cap. 3). Voici le beau tmoignage que nous a laiss Quadratus , contemporain d'Ignace L'es uvres de Notre-Seigneur furent toujours remarquables, parce qu'elles furent relles, et ceux qui furent guris ou ressuscites furent vus non-seulement au moment de leur gurison ou de leur rsurrection, mais encore longtemps aprs ; non-seulement pendant son sjour sur la terre, mais de puis son dpart et longtemps ensuite de sorte que quelques-uns ont vcu jusqu' nos jours (Quadrat., apud Euseb., lib. IV,
; ;
:

cap. 3).

Paul
3
j

et 8).

(Polycarp., Eplt. aux Philip., chap. 2, Irne, parlant de ce mme Pre,

t t

< t

ne serait pas sacrificateur, pendant qu'il y a des sacrificateurs qui offrent des dons selon la loi lesquels faut le service dans le lieu qui n'est que l'image el l'ombre du ciel ( Jleb., Il, 3.) Nous avons un autel donl ceux qui le servent n'ont pas le pouvoir de manger (Hb., XIII, 10). (I ) Certainement les marques de mon apostolat ont i efficaces parmi vous, avec toute patience, par des signes, des prodiges el des miracles (II
; ,

Justin martyr parat un peu plus de trente ans aprs Quadratus, et nous trouvons dans ceux de ses ouvrages qui nous sont parvenus un dtail de la vie de Jsus-Christ assez complet et conforme en tous ses points celui que nous donne l'Evangile; dtail donl la plus grande partie est emprunte de nos saints livres, il est vrai, mais qui n'en prouve pas moins que notre histoire seule tait connue et reue dans ce temps-l On y trouve en particulier ce qui forme la partie la plus essentielle de l'histoire de Jsus-Christ, savoir, ses miracles, dont l'numration distincte se voit dans le passage suivant Il gurit ceux qui avaient t aveugles, sourds ou estropis ds leur naissance; sa parle ils sautaient, entendaient et voyaient. Il se fit connatre aux hommes de son temps en ressuscitant les morts et leur redonnant
:

rt

la vie (Justin., edit,


II

dialog.

cumTryphp,

v.

288,

ThirL).

Corinlh., XII, 12).

serait

inutile de

pousser ces citations

721

TABLEAU DES PREUVES DU CHRISTIANISME.


l'his-

?2

dans les anciens ouvrages des chrtiens que dans nos sermons modernes, que la substance en est toujours la mme, et telle que nos vanglistes nous l'ont reprsente. Et ceci n'est pas seulement vrai de tous les crits chrtiens qui passent pour authentiques, et dont l'autorit est gnralement reconnue, mais encore de tous les anciens crits qui existent, quoique quelques-uns aient pu tre attribus mal propos des auteurs auxquels ils n'appartenaient pas, quoiqu'ils contiennent des faits faux, et qu'ils n'aient jamais obtenu ni mrit aucun crdit. Quelques fables que ces auteurs aient pu mler leur narration, ils conservent cependant les parties essentielles et les faits principaux de l'histoire vanglique telle qu'elle est admise parmi nous. Et si cet accord sur divers points n'est pas une preuve de leur vrit, c'est du moins une dmonstration vidente que ces points taient fixs, reus et reconnus par tous les chrtiens du temps o ces livres furent crits. Enfin, l'on peut assurer que dans tous les passages o nous devions nous attendre trouver ces faits, s'ils ont exist, on ne dcouvre sur l'origine et sur les causes du
christianisme aucune trace d'histoire essentiellement diffrente de celle que nous admettons. Maintenant, vouloir supposer que l'histoire primitive de la religion chrtienne, telle qu'elle fut prsente par ses premiers prdicateurs, ait pu si compltement disparatre,

plus loin parce qu'aprs cette poque toire se reproduit aussi frquemment

cord dmontre que ces hommes ont agi d'aprs ce qu'ils nous racontent des instructions qu'ils ont reues. Noire histoire dit que le Fondateur de la religion voulut que ses disciples fussent baptiss, et nous savons que les premiers chrtiens le furent qu'il leur ordonna de former des assembles religieuses, et nous voyons qu'ils en eurent notre histoire nous apprend que les aptres s'assemblaient un certain jour de la semaine,
; :

et

nous savons par un auteur paen que


;

les

chrtiens du premier sicle avaient un jour fixe pour s'assembler elle nous parle de l'institution d'une crmonie que nous appelons la sainte Cne, et de l'ordre de la rpter sans interruption nous trouvons cette crmonie
;

ne restt aucun fragment et aucun mmorial de son existence, quoique l'on possde tant de fragments historiques du temps de cette institution; vouloir supposer qu'une histoire toute diffrente ait pu se glisser sa place et entraner exclusivement la croyance de tous ceux qui professaient cette doctrine, ce serait supposer une corruption historique sans exemple, mme dans les traditions orales, plus forte raison dans une histoire crite. Celle improbabilit, dj trs-grande en elle-mme, frappera bien plus encore si l'on rflchit que l'oubli total d'une histoire, et la substitution d'une autre sa place, est un changement qui n'eut jamais lieu dans aucune des priodes suivantes de l're chrtienne. Le christianisme a travers les sicles les plus ignorants et les plus agits, et cependant il est ressorti du sein de ces nuages essentiellement le mme qu'il y tait entr. On a sans doute ajout son histoire primitive bien des choses qui mritent plus ou moins de crdit on a insr diverses poques, dans la profession de foi, diverses erreurs de doctrine (1); mais l'histoireoriginelle subsiste encore, elle s'est maintenue toujours la mme, et ds son origine elle a t fixe dans toutes ses parties essentielles. 3. Les crmonies religieuses et les rites pratiqus par les premiers disciples de JsusChrist appartiennent l'histoire que nous avons en main et ils en dcoulent cet acqu'il
; ,
:

universellement observe par les premiers chrtiens. Ce n'est pas tout, nous voyons toutes les socits chrtiennes, de diverses nations places de de divers langages grandes distances les unes des autres, et dans des positions tout fait diffrentes, s'accorder entre elles dans l'exacte observation de ces crmonies. 1! est encore essentiel d'observer qu'il est impossible de supposer que l'on ait fabriqu nos livres pour les faire concourir avec des usages dj existants lorsqu'ils furent crits, et que les auteurs du Nouveau Testament, voyant ces usages tablis, ont forg une histoire pour rendre raison de leur origine. La partie historique de l'Ecriture sainle, particulirement sur ce qui concerne la sainte cne, est trop courte, et pour ainsi dire trop obscure, pour ne pas carter tout soupon de ce genre (1). Nous venons de dmontrer notre proposition, savoir: que l'histoire que nous avons aujourd'hui dans l'Evangile est exactement la mme que celle qui fut publie par les aptres et par les premiers prdicateurs de la religion. Il en rsulte une nouvelle vrit, c'est qu'il parat par les Evangiles que l'histoire qu'ils renferment tait dj publi,
,

lorsqu'ils furent crits, et que la socit des chrtiens possdait dj la substance et les principaux faits de cette narration. Les livres de l'Evangile n'ont pas fait natre la croyance l'histoire qu'ils contiennent, mais c'est ce c'est la croyance qui les a produits qui est expressment affirm par saint Luc, dans la prface si courte, niais si instructive et si importante, qu'il a mise la tte de son Evangile Parce que plusieurs, dit-il, se sont appliqus crire par ordre le rcit des choses qui ont t pleinement certifies entre nous, comme nous les ont donnes connatre ceux qui les ont vues eux-mmes ds le commencement, et qui ont t les mi nistres de la parole, il m'a aussi sembl bon, aprs avoir soigneusement examin toutes choses depuis le commencement jusqu' la fin, de t'en crire par ordre, trs-excellent

que

(I)

Le

caftrfltcisme a seul,

en effet, conserv pure

ta

doctrine de Jsus-Christ

(1) Les lecteurs auxquels ces recherches sont fa nul cres, n'ont qu' comparer la brivet <le ce que dit l'Evangile sur les rites dont on vient de parler avec les directions minutieuses et dtailles qui so trouvent dans les prtendues Constitutions des a|> trs, pour sentir la force de cotte observation, et la diffrence qu'il y a entre l'imitation et la vi
il

"723

DEMONSTRATION EVANGELQUE. PALEY


adoples par stoire vanglique ont t interruption depuis suite d'crivains sans l'origine du Jsus-Christ. 2 11 n'existe sur aucune trace de quelque auchristianisme la notre. 3 Il s est tre histoire diffrente de institutions religieuses tabli des rites et des de cette hiqui dcoulent essentiellement dont elle est crite stoire 4 La manire taient faits qu'elle contient

une

que tu connaisses la cer Thophile, {afin Vhoses'dont tu as cl informe.. ti ae des atteste que la subCelte courte introduction crire evangede l'histoire qu'allait stance chrtiens l'objet de la foi des tait dj fondait sur les dclarations Sue 'cette Ibf se des ministres do la Se tmoins oculaires et histoire contenait le lecit parole; que cette on inslru.sai les Se la rdigion dans laquelle reque le but de l'historien est de chrtiens de chaque parliculan 6, monter la source plusieurs choses de aer la certitude de On peut avait dj ou parler dont le lecteur tirer la mme consquence, historien y 1 alde saint Jean, de ce que 1 quoiqu il certains faits principaux, lusion nous en avons un exetnc les raconte pas ; au sujet de l Ascension Jfe bien remarquable ne parle point, ma sa la dont saint Jean adusion dans es uellc il fait manifestement sera-ce donc du sixime chapitre Que aro les ou U Fils de l'homme conter Vivons voyez le aussi Jean, 1 .1, 13 (voyez tait premirement plus positivement u. ms les ef XVI, 28)? Et met dans ta paroles que notre vangehstc Ne rsurrection bouche de Christ aprs sa eru^c point, car je ne suis poin retouche a mes frres, mont vers mon Pre; mais vas et vers voJe monte vers mon Pre

S
S

prouve que les connus et reus comme vrais a

circonstances sa publication". Ces quatre nous assurer que l'histoire que autorisent est la mme histoire que aujourd'hui

poque de nous

avons

anslEagc
1

les chrtiens

ont eue ds le commencement, ensemble, et dans ses fats princidans son les rpaux. Ainsi, par exemple, d'aprs doute point que flexions prcdcriles-, je rie Fondateur du christianisla rsurrection du histoire, me n'ait toujours fait partie de son a on pense que cette rsurrection ouand raconte, affirme ou suppose

toujours t descriptions des dans tous les crits et les parvenus jusqu' nous. chrtiens pourrions tenEt lors mme que nous ne fait particulier, dre l'vidence au del de ce de prsente toujours quelque chose i! nous qui n'a rien de semblaremarquable, cl
fort

te
de

qu'en persuasion que ceux crivait dans la ferme taient dj convaincus qui liraient son livre Ce te exp l'ascension de Jsus-Christ. Mataussi l'omission de saint justifie
ceci
,

leur dis: vers voire Dieu Pre vers mon Dieu et ne peut rendre raison Jean XX, 17). On reconnaissant que saint Jean

ble dans toute l'histoire de Tibre Csar, savoir, que sous le rgne ont entrepris un certain nombre d'hommes nouvelle relid'tablir dans le monde une ils se que pour russir dans ce projet,
;

du genre humain,

cation et le fait tait notoire, thieu sur ce sujet a en ne voyait pas de ncessi le soluiion seule suffiles dtails. Cette
:

Koricn

donner que Matthieu n. Jean rait pouf prouver la pei imagin les faits qui concernent p'onl Sauveur- Divers traits de Esonne de notre prsentent encore vangile de saint Jean nous que l'histoire gnrale du chrides^indices quand cet Evanstianisme tait dj connue son rcit par ces fut crit. 11 commence cile Jean a donc renau techap. 1, 15) paroles
1
:

gion dangers, ils ont sont exposs de grands des soufde grands travaux, endure soutenu et cela pour une Histoire frances cruelles, en tous miraculeuse qu'ils ont annonce dont une particularit constante lieux, et homme mort qu ils tait la rsurrection d'un vie: Je ne avaient accompagn pendant sa que la question ainsi pose vois rien dan. avec une apparence l'on puisse contredire
,

de fondement.

CHAPITRE
Il est

VIII.

disant, etc. paromoianaqc de lui, criant et lecteurs savaient qui supposent que les es
;

Jean-Baptiste. A.Ueurs, il rapdj qui tait comme par une pelle son emprisonnement, pas enrapide, car Jean n'avait parenthse prison; ce qui prouve quel c\ore t mis en fait comme parfaitecrivain envisageait ce Andr, en dinotoire. Quand il dsigne ment Simon-Pierre, cela lait voir sant Frre de connu, puisqu il nue Simon-Pierre tait bien mention de lui pas encore t fait de cet Evangile. La dans le commencement les fausses inRemarque de saint Jean sur gnralement que l'on donna t erp talions lui avait teaux discours que Jsus-Christ elle discours nu* prouve que les personnes qu'aient ete les taient dj publics. Quels historiques les exemauteurs de ces livres de citer dmontrent ples que nous venons tait que le fond de l'histo: va Salement ls livres on fussent crits. cfnnu avant que de 1Mles parties essentielles

Sa

homsuffisamment vident que plusieurs tre les premiers tmoins mes, dclarant ont passe des miracles du christianisme, dan, vie dans les travaux, les leur se .ont soumis souffrances, auxquels ils de leurs volontairement par le seul effet atteste,, ces miracles et pour les croyance mme motif ils ont suivi de et que par le nouvel- es rgles de conduite. d'exposer, je D'aprs ce que nous venons comme presque certain que l hi~ retarde avons dans l'Evangile est a s oi.'e que nous fut puquant au fond, que celle qui mme, aptres. Mais en descendait blie par les il particuliers de la narration

aux

TestaHit de savoir encore si le Nouveau livre notre confiance comme ment mrite les laits
historique,
si

dtails

nous devons regarder


, ,

vrais qu'il raconte comme ou qu'ils V sont contenus


faits
,
,

par cela
s.

mme

Ion doit conune relation de sidrer l'Evangile comme rellement


ont t qui vrais faux un mot si I on publis par les aptres en gards sur son aupeut compter ces divers peut rsoudre ces questions
;
,

Toutes

Mont. On ne

725

TABLEAU DES PREUVES DU CHRISTIANISME


de ce livre et de ses

726

que par l'examen

au.

teurs. A l'entre du raisonnement que lons faire sur ce sujet, il se prsente

nous alune pre,

mire observation fort importante savoir que les auteurs des quatre Evangiles ont t dans des circonstances de telle nature que, vrai, cela sufsi l'un des quatre se trouvait reconnu du firait pour notre but. L'auteur premier Evangile tait uu aptre et l'un des missionnaires primitifs de la religion cintienne. L'auteur reconnu du second habitait cette poque Jrusalem; c'tait dans sa
:

de Luc, en les supposant vrais, sont d'un degr plus loigne que les deux autres, parce qu'ils ne contiennent pas la narration de t moins oculaires. Mais c'taient cependant des crivains contemporains, associs au premier tablissement du christianisme. Marc
et

vivait

probablement dans
la principale
;

la

ville

o s'en

passa

maison que

les

aptres avaient coutume de

s'assembler, et lui-mme tait le compagnon de l'un des disciples les plus distingus. L'auteur reconnu du troisime Evangile tait constamment associ l'un des prdicateurs les plus habiles de la religion,

il

l'accompagna dans ses voyages et pendant leur cours il eut souvent occasion de se rencontrer avec les aptres primitifs. L'auteur reconnu du quatrime Evangile
,

tait l'un des

douze disciples comme l'auteur du premier. Les circonstances d'un historien ne sauraient prsenter une plus forte vidence de la vrit de son histoire que car les auteurs celie que nous avons ici de l'histoire des quatre Evangiles ont vcu dans le temps et dans le lieu de son origine deux de ces auteurs ont assist aux vnements qu'il nous racontent; ils ont vu les faits de leurs yeux, ils ont entendu euxmmes les discours ; crivant d'aprs leur propre connaissance et leur souvenir personnel; et, ce qui ajoute la force de leur tmoignage, crivant sur un sujet dont leur esprit tait fortement occup, et dont tous les dtails taient continuellement prsents leur mmoire , tant appels les raconter
, ;
:

scne tous deux taient unis cette socit, ils correspondaient avec ceux qui avaient t les tmoins des faits qu'ils racontent; et c'est pour cela que saint Luc nous dit dans sa prface que les choses qui taient l'objet de la croyance des chrtiens avaient t transmises par ceux qui en avaient t les tmoins oculaires ds le commencement, et ministres de la parole; qu'il avait remont la source avant de rien crire, et qu'il s'tait mis mme d'instruire ses lecteurs de la certitude des faits qu'il rapportait (1) : et saint Luc dit cela avec le ton de la sincrit, sans prtendre avoir vu les choses par lui-mme, et sans rclamer en faveur de son ouvrage une autorit plus grande que celle qui lui est due. On trouverait peu d'histoires crites dans un temps plus rapproch de l'vnement, dont les auteurs soient si troitement lis au sujet de leur narration, ou qui aient eu plus de lumires authentiques. Les circonstances o se trouvaient les crivains du Nouveau Testament, s'accordent aussi avec la vrit des faits qu'ils rappor1

tent; mais pour le moment nous ne voulons examiner qu'une partie de leur autorit comme tmoins, nous bornant dire que les faits vrais ou faux raconts dans les quatre Evangiles sont des faits, et les mmes faits que les premiers prdicateurs du christia-

frquemment

d'autres.

Quiconque

lit

les

quatre Evangiles dans ce but particulier, y voit, non-seulement une affirmation gnrale de pouvoirs miraculeux, mais des varis avec rcits de miracles nombreux tous leurs dtails, indiquant toutes les cirdu lieu et des perconstances du temps sonnes. Ainsi, dans les deux Evangiles qui portent les noms de Matthieu et de Jean nars'ils sont rellement les auteurs de ces rations, il faut, ou qu'elles soient vraies dans leurs parties principales, autant que l'on peut compter sur la mmoire de l'homme, ce qui suffit pour dmontrer des actes miraculeux ou ce sont des mensonges faits dessein. Mais en supposant que ce fussent des faussets les crivains qui les auraient controuves et publies, se trouvent cependant tre du nombre de ceux qui moins que tout l'ensemble de l'histoire de l'tablissement du christianisme ne soit un rve, auraient sacrifi leur repos et leur sret pour une semblable cause et dans un but absolument incompatible avec des intentions frauduleuses. Ils auraient t des menteurs infmes , sans autre dessein que celui de prcher la vertu, et des martyrs sans aueuu espoir d'honneur ou de rcompense. Les deux Evangiles qui portent les noms de Mare
,
,

nisme ont annoncs c'est l strictement le point que je veux dmontrer. Un petit nombre d'hommes a parcouru l'univers, publiant une histoire miraculeuse,
:

et qui devait l'tre

par la nature mme de la en consquence de la grandeur des faits qu'ils annonaient, ils ont sollicit les hommes renoncer aux diverses religions dans lesquelles ils avaient t levs, et embrasser dsormais un nouveau systme religieux et des nouvelles rgles de conduite. Ce qui est plus encore, ils se sont exposs des fatigues, des travaux continuels, des dangers et des souffrances pour tablir celte religion, et fortifier le tmoignage des faits miraculeux sur lesquels elle tait fonde. Nous dsirerions de savoir quels taient ces faits surnaturels publis par de tels hommes. Deux de ces premiers missionnaires nous en donnent le dtail; nous l'avons encore par un de leurs associs qui demeurait alors Jrusalem ; nous l'avons par un

chose

et

(I) Pourquoi n'ajotilerait-on pas foi lu prface simple et modeste de cel hisloieu aussi bien qu' celle qui se trouve dans la vie de l'empereur Commode par Dion Cassius 1 Ce que j'cris et ce que je

vais crire

le rapport des autres, connaissance et mes propres observations. Je ne saurais douter que ces deus. prfaces ne prsentent vritablement la position de leurs auteurs.

n'est point

d'aprs

mais d'aprs

ma

propre

727

DEMONSTRATION LVANGELIQUE. PALEY.

723

quatrime crivain qui accompagna dans ses voyages un des prdicateurs les plus actifs de cette religion nouvelle, qui se rencontra souvent avec les autres, et, ce qui est digne de remarque, qui commence sa narration par nous dire qu'il entreprend de rapporter les choses qui lui ont t communiques par ceux mmes qui furent les tmoins oculaires de l'vnement et les ministres de la parole. Je ne saurais me former l'ide d'une classe
d'historiens dont les lumires pussent tre plus compltes. Et peut-tre en sentirons-

lorsque l'on voudrait croire que les deux Evangiles de saint Matthieu et de saint Jean sont supposs, si l'Evangile qui porte le nom de saint Luc est en effet de sa composition ou de celle de toute autre personne dont les circonstances furent exactement les mmes que celles o cet auteur s'est trouv, ou bien, si l'Evangile qui porte le nom de saint Marc est vritablement de lui, nous possderions alors, en faisant mme les suppositions les moins favorables, des dtails donns par

un crivain qui
nistre
;

mous mieux

la

valeur

et

la

force,

si

nous

fut non-seulement le contemporain des aptres, mais associ leur miet

pensons tout ce que la part des historiens

nous aurions exig de du christianisme, s'ils

pour rsoudre

cette autorit parat suffisante cette simple question : Qu'est-

n'avaient pas eu tous ces moyens d'tre informs de ce qu'ils disent. Supposons donc
qu'il
soit

suffisamment prouv que

le chri-

ce que les aptres ont annonc ? Je crois essentiel d'insister sur celte observation et de la bien faire sentir. Le Nou-

stianisme que nous professons aujourd'hui, doit son origine la prdication et aux travaux d'un certain nombre d'hommes qui aient annonc dans le monde, il y a dix-huit sicles, un nouveau systme religieux, fond sur certains faits extraordinaires qu'ils ont dit tre arrivs un Etre miraculeux qui avait

veau Testament contient plusieurs diffrents dont un seul, reconnu pour vrai, peut presque suffire pour dmontrer la vritdela religion il renferme quatre histoires distinccrits,
;

paru dans la Jude; supposons qu'il soit suffisamment prouv que ces hommes se sont soumis des fatigues, des prils et des souffrances extrmes pendant le cours de leur ministre; mais supposons en mme temps que les faits qu'ils ont publis n'ont t mis par crit que quelques sicles aprs eux, et qu'il ne nous est parvenu que des histoires postrieures de trois ou quatre -cents ans aux premiers prdicateurs de l'Evangile nous dirions alors, et avec raison, que ces hommes ont bien eu vraisemblablement tous les caractres requis chez des tmoins, mais que nous n'avons pas aujourd'hui une vidence suffisante sur ce qu'ils peuvent avoir tmoign; nous dirions, avec raison, que pour donner une entire confiance leur tmoignage, il faudrait que les particularits nous en eussent t transmises par eux-mmes ou par quelqu'un de ceux qui auraient vcu et convers avec eux, par quelqu'un de leurs auditeurs et de leurs contemporains. Mais maintenant, nous avons tout cela; nous avons dans les auteurs de l'Evangile toutes ces sources de l'information la plus exacte dont nos esprits auraient pu concevoir l'ide et former le dsir, en supposant que nous en eussions t privs. Mais j'ai avanc que si un seul de nos quatre evanglistes se trouve vrai, nous avons, non -seulement un tmoignage historique direct sur l'objet qui nous occupe, mais encore un tmoignage qui, dans tout ce qui concerne cet objet, ne peut tre raisonnablement rejet. Si le premier Evangile a relleous ment t crit par saint Matthieu avons la narration de l'un de ceux qui pouvaient juger par eux-mmes de la nature des miracles que les aptres ont attribus Jsus. Lors mme que, par forme de raisonnement, nous supposerions que cet Evangile ft attribu mal propos saint Matthieu, si celui de saint Jean est authentique, notre observation reste dans toute sa force et
:

la vrit d'une seule tablit celle du christianisme. Si donc il y avait quelque risque de se tromper sur les noms des auteurs de ces livres, nous pourrions toujours nous prvaloir de l'avantage de tant de probabilits spares. Nous pouvons faire le mme

tes,

dont

raisonnement, lors mme qu'on souponnerait que quelques-uns des evanglistes ont connu les crits des autres et en ont fait usage circonstance qui terait quelque chose l'indpendance de leur tmoignage, dont l'autorit ne serait plus spare. Faisons donc
;

ici les

suppositions les plus dfavorables

ac-

cordons que saint Marc ait presque entirement puis son Evangile dans ceux de saint Matthieu et de saint Luc supposons encore un moment que saint Matthieu et saint Luc ne sont point les auteurs des deux Evangiles
;

qui leur sont attribus;

s'il

se trouvait vrai

cependant que saint Marc, contemporain des aptres, habituellement li avec eux, compagnon des voyages et des travaux de quelques-uns, et rellement crit l'Evangile qui porte son nom, il s'ensuivrait que les autres
crits d'aprs lesquels

sien, existaient dj

jouissaient mme des compagnons de ces premiers disciples voulut y puiser la matire d'une histoire. Qu'on appelle, si Ion veut, l'Evangile de saint Marc un abrg de celui de saint Matthieu; si un homme plac dans les circonstances o s'est trouv saint Marc a compos cet abrg, il en rsulte le plus fort tmoignage possible en faveur de l'Evangile original.

il aurait compos le du temps des aptres, et d'un si grand crdit, qu'un

On a fait aussi un parallle des sentences, des expressions et des termes rangs dans le mme ordre, qui se trouvent entre les deux Evangiles de saint Matthieu et de saint Luc, et l'on ne peut expliquer facilement cet accord qu'en supposant, ou bien que saint Luc a consult l'histoire crite par sain! Matthieu, ou bien, ce qui n'est pas incroyable, que quelques-uns des discours de Jsus-Christ et des vnements de sa vie avaient t mis par crit cettepoquedans des mmoires abrgs, et

r^o

TAHLEAU DES PREUVES DL CHRISTIANISME.

730

que ces nofes avaient servi aux deux auteurs dans la composition de leur histoire. L'une
de ces suppositions s'accordent parfaitement avec la mthode qu'employa saint Luc pour crire son Evangile il y dclare n'avoir point crit comme tmoin oculaire, mais qu'il est remont la source de tous les faits qu'il rapporte, ou de les avoir recueillis d'aprs les documents et les tmoignages les plus authentiques que sa liaison avec les disciples de Christ le mettait mme de se procurer. Ainsi donc, quand on accorderait que cet crivain a fait usage dans quelques occasions de l'Evangile attribu saint Matthieu, et quand on supposerait encore que saint Matthieu n'est pas l'auteur du livre qui porte son nom, nous n'en avons pas moins dans celui de saint Luc une histoire publie par un crivain immdiatement li au sujet mme de sa narration, et ses tmoins et tous les acteurs principaux de l'vnement; une histoire puise dans des sources que l'auteur, parfaitement plac pour en juger sainement, a trouves aussi sres qu'il pouet l'autre
:

sonne qui fait le sujet de l'histoire, je crois que la dcouverte de cette nouvelle source d'vidence nous ferait prouver un sentiment bien vif. Ce mme sentiment se renouvellerait la premire lecture de l'Evangile de saint Jean. Celui de saint Marc nous frapperait, comme tant un abrg de l'histoire dont nous avions dj connaissance et nous en tirerions cette consquence naturelle, que si cette histoire a t rduite en abrg par un homme du caractre de saint Marc, ou par toute autre personne d'un sicle aussi rapproch de l'vnement, il en rsulte le tmoignage le plus fort en faveur de cet ouvrage. La dcouverte de ces preuves successives nous convaincrait qu'il doit y avoir eu quelque ralit dans une histoire crite non par une seule personne, mais par plusieurs.
,

vait le dsirer.
sition

En un mot, quelque suppode saint

que
,

l'on puisse faire sur


,

Evangiles

si

celui

un ou sur trois Luc est authen-

tique nous y trouvons une vidence certaine sur l'autorit des autres que nous cherchons tablir. Il est reconnu que l'Evangile selon saint Jean est un tmoignage indpendant des trois quelque communication que autres ainsi l'on puisse supposer avoir exist entre les auteurs de ceux-ci je rpte encore ce que que si l'un des quatre est j'ai dit plus haut vrai, ce seul Evangile nous donne de fortes raisons d'tre persuads que nous possdons l'histoire publie par les premiers missionnaires du christianisme, vu le caractre et les circonstances de cet auteur. Aprs avoir envisag sparment les preuves crites du christianisme, nous devons encore les envisager runies. 11 se trouve dans l'histoire vangli'que une runion de plusieurs tmoignages, telle qu'on aurait peine en rencontrer de pareille dans aucune au; ,
,
:

maniredont nous avons sainte nous empche quelquefois de l'apercevoir. Lorsque nous lisons dans l'Eplrc de Clment Romain, dans celles d'Ignace ou de Polycarpe, ou dans quelques ouvrages de ce premier sicle, quelque passage qui se rapporte l'histoire de Jsus-Christ, nous sentons bien qu'il confirme celle de l'Ecriture sainte Voici un nouveau tmoin, disons-nous. Mais si nous avions t accoutums ne lire que le seul Evangile et que nous n'eussions de saint Matthieu connu l'Evangile de saint Luc que comme le
tre histoire;

mais

la

accoutum de

lire l'Ecriture

La seule existence de quatre histoires spares nous persuaderait que le sujet a eu quelque fondement; et lorsque au milieu de cette varit de matriaux dont les divers auteurs ont compos leur rcit, selon les informations qui! s ont prises, nous observerions que plusieurs faits sont les mmes chez tous, n'en conclurions-nous pas que ces faits taient accrdits et publics ? Si nous venions ensuite dcouvrir une histoire de la mme poque que les prcdentes, continuant la narration au point o elles l'auraient laisse, et racontant les effets que produisirent dans le monde les causes extraordinaires dont nous tions instruits, effets qui subsistent encore actuellement, cette nouvelle lumire n'tablirait-elle pas avec force la ralit de l'histoire originale? Si des recherches subsquentes nous faisaient dcouvrir successivement des lettres crites par quelques-uns des principaux acteurs de l'institution, et l'poque mme o ils en taient occups si ces lettres supposaientet confirmaient l'histoire originale du christianisme dans tout leur contenu, si leurs auteurs y discutaient les questions leves entre eux, s'ils sollicitaient remplir les devoirs qui rsultaient ncessairement de ces faits historiques, et donnaient des directions et des conseils ceux qui agiraient en consquence, ne conoit-on pas combienchacune de ces lettres appuierait la conclusion
;

que nous avons

tire

Aujourd'hui nous ne

faisons qu'entrevoir le poids de ces preuves successives ; l'vidence ne se prsente pas nous dans toute sa force, parce que, tant accoutums depuis notre enfance n'envisa-

ger le Nouveau Testament que comme un seul livre, nous n'y voyons qu'un seul t-

gnral des chrtiens connat les crits des anciens Pres de l'Eglise, savoir, leur existence elleur authenticit; lorsque nous viendrions le lire pour la premire fois, lorsque nous y verrions plusieurs des faits rapports par saint Matthieu, plusieurs autres faits du mme genre ajouts, et dans tout l'ensemble de l'ouvrage, la mme suite gnrale d'vnements, le mme caractre attribu la per-

moignage son ensemble ne nous offre qu'une seule source d'vidence, et ses diffrentes parties nous paraissent diffrentes portions l'un tout, et non des tmoignages diffrents. Cependant cette manire
;

de considrer ce livre est errone car les diffrences qui se rencontrent entre les divers
:

crits qui composent le volume, seraient une que nous n'en aurions pas preuve, lors d'autres, que ces crits furent distincts lors

mme

de leur premire composition,


part

furent composs uns des autres.

cl que la pluindpendamment, les

, ,

751 >n O

non! nrfa*nter cette P tait de vue Lorgne l'vnement poi premiers tmoins taient rcent, et que les relation; pendant Porte d'en donner la prcher, a aptres taient occupes a nue les a les reunir ovaecr, se faire des disciples aux obstacles qu on n socit, et rsister pendant qu'ils exeraient 1cm leur opposait, persministre sous le poids de frquentes continuelles; cutions, et au milieu d'alarmes
,

DEMONSTRATION VANGELQUE. PALEY. ceux auxquels elles ide sous un autre

'Si
,

il

si pas probable que dans une vie pnible et si prcaire, ils se soient pour d'abord occups crire une histoire public ou de la postrit (1), l'instruction du nrobablc que des circonstances , u Test SnnriueTont enaR melques-uns d'entre le sujet de leur eux rcrire des des so mission, soit des convertis, soit a convertis avec lesquelles ils soutecits de bien , naient quelque correspondance ; ou nouveaux qu'ils ont adress en gnral aux exhortations chrtiens des discours et des respect proqui taient accueillies avec un devait portionn au caractre de l'crivain. 11 mme poque, sur les choses circuler la dtails extraordinaires qui se passaient, des et avec plus ou moins de lumire crits L'Eglise chrtienne, a cause d'exactitude. plus de son tendue, ne pouvant recevoir

n'est active,

si

iXs^ur

longtemps l'instruction

de.

la

bouche

des

rpandre aptres, il dut naturellement se errones;, ce des narrations imparfaites et disciples qui aura engag quelques-uns des sur la publier des mmoires authentiques Matre. Lorsque vie et la doctrine de leur parurent, accompagnes de
ces mmoires l'autorit que leur

donnaient
*,

le

nom,

CTdU'7tlMdrcoMlince* de

leurs auteurs,

premiers pr(tvuutj pu' lvi< "r avous par les aptres et les accord avec dicateurs de la religion, et d ils eux dans tout ce qu'ils enseignaient ,

autres durent faire tomber dans l'oubli les mmoires imparfaits; et conservant la rpude vente tation que mritait leur caractre du temps, des recherches soutenant l'preuve ces mmoires authenet des controverses durent passer dans les mains des chrtiques tiens de tous les pays du monde. livres du NouC'est de cette manire que les
,

taient adresses nous ne devons y chercher que des allusions mcidentclles l'histoire vangelique. On peut cependant recueillir de ces divers documents plusieurs de ces attestations particulires dont nous avons fait l'numration ci-dessus ce qui offre le plus haut degr d'vidence que l'on puisse dsirer dans une preuve crite, surtout par rapport au temps o ces crits ont paru. Pour surcrot de lumire, nous avons encore dans le Nouveau Testament cinq histoires directes, portant le nom de personnes porte de connatre la vrit de font ce qu'elles racontent ; trois d entre elles connatre dans le corps de car histoire que sont elles qui les ont ecr, es nous savon que quelques-unes de ces histoires ont t dans les mains des contemporains des apimmtres, et que, dans le sicle qui les a diatement suivis, elles ont t dans les mains et reues par eux de tous les chrtiens avec tant de respect et de dfrence qu elles que se trouvent constamment cites sans lve le plus lger doute sur leur personne vrit; on en a pris tout le soin que menet taient des histoires de cette importance, tels auteurs. Nous trouvons publies par de dans la prface d'un des quatre Evangiles une insinuation sur l'existence de quelques anciens mmoires perdus aujourd'hui, et tonner: cette circonstance ne saurait nous grandeur et l'importance de l'vnement la devait produire un essaim de mmoires dont les plus exacts firent disparatre les autres. Les histoires que nous avons actuellement ont surnag elles ont promptement acquis une rputation et un caractre -de vrit dont aucune autre n'avait joui ym qu. forme en faveur de nos livres sacres une preuve unique dans son genre. Mais pour en revenir au point qui nous l'on considre a conduits ces rflexions si sous les livres du Nouveau Testament les vepoints de. vue sous lesquels nous
, ;
:

deux

se comveau Testament paraissent avoir d contenu , et poser, ce qui s'accorde avec son
contient, avec l'vidence qui l'accompagne. ! lieu, plusieurs lettres, de esen premier et pce dont nous avons parl ci-dessus soins ont t conserves avec tous les qui le respect avec leet la fidlit qu'exigeait qu'elles turent d abord il est probable
l

nous nons de les prsenter, on voit que non pas un tmoignage unique possdons mais une collection de plusieurs et isol qu ils tmoignages, et que la preuve crite est telle que nous devions nous prsentent natude l'ordre et de la marche
, ,

l'attendre
relle des

choses l'poque de

la
,

naissance

du christianisme.

doute un du Nouveau-Testament est sans parce que la point d'une grande importance
,

En

troisime lieu, l'authenticit des livres

quel

accueillies. tres n'tait

Mais

comme

le

pas de prouver
,

la

but de ces letvent de la

religion

chrtienne, comme nous le faiconaujourd'hui ni de transmettre la sons dont taient dj instruits naissance de faits
l'esprit d'Eusbe: Cette pense s'est offerte gure coupes a Les aptres de Christ ne se sont ministre plus crire des livres, tant occups on humain (Uni. excellent, et au-dessus tlu pouvoir uon Cne ch. XXIV).
> .

liv. 111, Fccl , nombre dcrits explique pourquoi il pnrul un si pedt l'Eglise. chrtiens dans le premier sicle de

auteurs, connaissance de la position de leurs avec l'vnement et. de a de leur relation la force de part qu'ils y ont prise, ajoute a bientt leur tmoignage; et nous prouverons solide que les livres du Noud'une manire par les auveau Testament ont t crits dont ils portent les noms. Cependant teurs pas on doit m'accorder que ce point n'est que jo tellement essentiel la question raisonnem'efforce d'tablir, que la force du ment en dpende. Cette question consiste a donnent 1 hisavoir si les Evangiles nous aptres et les premiers misstoire

que

les

TABLEAU DES PREUVES DU CHRISTIANISME.


sionriires

734
les

pour laquelle

de la religion et souffert ils ont travaill comme ils devaient le faire pour une histoire miraculeuse. Supposons maintenant que nous n'avons aucune connaissance du nom des auteurs de ces livres, mais que nous savons seulement qu'ils ont t crits par quelques-uns des premiers chrtiens ; qu'ils ont t connus et lus l'poque mme, ou une poque trs-fapprbche d celle o vivaient les 'ptfes primitifs de la religion qu'ils ont t reus par les chrtiens, instruits parles aptres, et par des socits chrtiennes que les aptres ont fondes; que ces livres ont t accueillis comme contenant des dtails authentiques des faits sur lesquels reposait toute la religion, et qui taient alors publiquement accrdits: l'accueil fait ces livrs par la premire gnration des chrtiens, quels que pussent en tre les auteurs, serait une preuve
;

ont publie,

et

dangers et les soufles ils se sont soumis volonfrances tairement par le seul effet de leur croyance ces miracles et pour les attester, et que par le mme motif ils ont suivi de nouvelles

dans

travaux, auxquels

rgles de conduite.

oe l'authenticit des critures.


Souvenons-nous toujours de ce que nous venons d'tablir, savoir que l'histoire van:

glique mriterait notre confiance, lors mme qu'un seul des quatre Evangiles serait reconnu pour vrai, et que, sans connatre le nom de leurs auteurs, nous ne saurions autre chose leur sujet, sinon qu'ils furent crits par les premiers chrtiens et reus avec respect par les premires Eglises chrtiennes; souvenons-nous surtout de la confiance que mrite le Nouveau Testament par la runion des tmoignages accumuls qu'il renferme.

Donnons maintenant
,

les

preuves distinctes

doctrine des aptres car s'ils n'eussent pas t d'accord avec 1er, choses que les aptres enseisolide qu'ils taient
;

conformes

la

gnaient

comment
dans
?

auraient-ils obtenu quel-

que

crdit

les Eglises

que

les

aptres

avaient fondes

La

certitude de
ils

cette premire poque


tation dont

l'existence de ces livres et de la rpu,


,

y jouirent

est

fonde sur

le

tmoignage d'anciens crivains qui spcifient mme le nom de leurs auteurs. Ajoutez ce que nous avons dj insinu, savoir: que deux des quatre Evangiles sans nommer prcisment l'crivain, dterminent cependant dans le corps de l'histoire quelle que l'un fut tmoin ocufut sa position et l'autre, laire des souffrances du Christ contemporain des aptres. Saint Jean, dans son Evangile, aprs avoir dcrit le supplice
, ; ,

de Jsus, et la circonstance particulire de son ct perc d'une lance, ajoute pour luimme Et relui qui l'a vu l'a tmoign, et son tmoignage est digne de foi et celui-l sait qu'il ait vrai afin que vous le croyiez {Jean, XIX, 35). De mme, aprs avoir rapporte la conversation entre Pierre et le disciple que Jsus aimait, il ajoute: c'est ce disciple-l qui rend tmoignage de ces^ choses et qui a crit ces choses (Jean, XX!, 24). Remarquons que, quoique ce tmoignage semble incomplet en ce qu'il ue nomm point l'auteur, il n'en est que plus digne de foi puisqu'il n'aurait pas manqu d'crire le nom s'il se ft propos quelque but frauduleux. Le troisime de nos Evangiles est donn comme tant l'ouvrage de celui qui a crit les Actes des Aptres et dans la dernire partie de ce second ouvrage l'auteur, pari, mt au pluriel, dans plusieurs endroits, dclare qu'il fut contemporain des et premiers prdicateurs de la religion le compagnon d'un des principaux d'entre eux.
:
, , , ;

qui tablissent non-seulement l'autorit de ces livres pris dans leur ensemble, mais l'autorit particulire de chacun d'eux, et combien il est probable qu'ils nous ont t transmis par ceux dont ils portent les noms. Il seprsente cependant quelques rflexions prliminaires propres mettre plus d'ordre dans les propositions sur lesquelles ce sujet repose. 1 Nous avons un grand nombre d'anciens manuscrits trouvs en divers pays, de grandes distances les uns des autres tous antrieurs l'art de l'imprimerie, dont quelques-uns remontent certainement sept o huit ans, et d'antres probablement jusqu' mille (1). Nous avons aussi plusieurs anciennes traductions de ces livres, dont quelquesunes sont dans des langues qui depuis longtemps ont cess d'tre vivantes. L'existence de ces manuscrits et de ces traductions prouve que l'Evangile n'a pu tre produit par quelque invention moderne elle prvient aussi cette espce d'incertitude o l'on est aujourd'hui sur les ouvrages rels ou supposs d'Ossian et de Ilowley dont on dfie les diteurs de produire les manuscrits et d'indiquer les sources d'o ils ont tir les copies. Le nombre des manuscrits du Nouveau Testament, suprieur de beaucoup celui des manuscrits d'aucun autre livre et leur dispersion en plusieurs lieux, est une preuve matrielle qu'autrefois comme aujourd'hui l'Evangile tait lu et recherch plus gnralement, en divers pays, qu'aucun autre livre que nous puissions possder. La plus grande partie des crits supposs des chrtiens sont entirement perdus et ce qui en reste ne se
,

CHAPITRE
// est

IX.

trouve que dans quelques manuscrits uniques. Le docteur Bentley l'ait une observation d'un grand poids c'est que le Nouveau Testament a t beaucoup moins altr par les fautes des copistes, qu'aucun auteur profane de la mme tendue et de la mme antiquit ce qui montre qu'il n'exista jamais d'ouvrage
:

suffisamment vident que plusieurs hommes, dclarant tre les premiers tmoins des du christianisme, ont pass leur vie

(l\

Le manuscrit d'Alexandrie, qui


crit
sicle,

Muse britannique, l'ut quatrime ou cinquime

se vo.il dans le vraisemblablement au

735

DEMONSTRATION EVANGEL1QUE. PALEY.


les

736
,

aient mis un plus vif intrt et plus de soins pour le conserver dans toute sa puret. 2" Un argument trs-fort pour ceux que leurs lumires mettent porte d'en juger, et pour toute autre personne qui voudra croire ceux qui sont instruits sur cette ma-

auquel

hommes

d'Apollonius de Thyane qui porte le nom de Philostrale, fut en effet crite par cet auteur.
4
Si

dans

les
il

premiers commencements

tire, c'est celui

que prsente

le style

et le

langage du Nouveau Testament. Il est crit prcisment dans le style que devaient employer les aptres et les crivains de leur temps, et que les crivains postrieurs n'auraient jamais employ. Ce n'est point le style des auteurs classiques ni celui des anciens Pres de l'Eglise; c'est la langue grecque, employe par des hommes juifs d'origine, abondante en tournures hbraques et syriaques, comme cela devait se trouver dans les crits d'auteurs crivant, la vrit, dans la langue ordinaire des pays o ils vivaient, mais qui cependant n'tait pas leur langue
,

et t facile de fabriquer des crits chrtiens, sous le nom d'auteurs supposs, de faire circuler et recevoir de tels ouvrages comme vrais, on en aurait vu paratre plusieurs sous le nom de JsusChrist lui-mme; on les aurait reus avec plus de respect et d'empressement que aucun autre par consquent on aurait t tent plus fortement commettre une semblable infidlit. Cependant, nous n'avons ou parler d'aucune tentative de cette espce qui mrite seulement qu'on en parle, l'exception de quelques lignes, qui furent si peu accueillies, que bien loin d'obtenir le crdit et la rputation des livres du Nouveau Tes;

du christianisme

maternelle. Cette particularit frappante dcrits n'ont pas t contrefaits car qui aurait pu les contrefaire? Les Pres de l'Eglise, dont la plupart ne connaissaient pas l'hbreu, n'auraient pu mler dans leurs crits des tournures hbraques ou syriaques le petit nombre de ceux qui possdaient cette langue, tels que Justin martyr, Origne Epiphane, ont crit d'un style qui n'a aucun rapport avec celui du Nouveau Testament. Les Nazarens qui comprenaient la langue hbraque ne faisaient presque usage que de l'Evangile de saint Matthieu et ne sauraient tre souponns d'avoir fabriqu les autres livres saints. Ce fait prouve leur antiquit; il prouve que ces livres appartiennent rellement au sicle des aptres, et qu'ils n'ont pu tre composs dans un sicle postrieur celui-l (1).

montre bien clairement que leurs


;

Pourquoi rvoquerions-nous en doute

l'authenticit de ces livres? Serait-ce parce


qu'ils contiennent des vnements surnaturels? Je crains bien que ce ne soit l dans car le fond la vritable cause de nos doutes si les crits qui portent les noms de Matthieu et de Jean no contenaient qu'une histoire ordinaire, on ne douterait pas plus que ces ouvrages leur appartiennent, que l'on ne doute de l'authenticit des ouvrages de Josphe ou de Philon c'est--dire que l'on n'en douterait point. Mais il fcul observer que cette raison , qui peut concerner le jugement ou 'la vracit de l'crivain, n'attaque que indirectement la question de l'authenticit
:

lament, nous ne trouvons dans les trois premiers sicles aucun crivain qui en fasse mention. Le lecteur instruit comprend que je veux parler de la lettre de Christ Abgare, roi d'Edesse, et qui se trouve dans l'ouvrage d'Eusbe, comme admise par cet auteur (Hist. eccls., tiv, 1, ch. 15), quoique l'on ait de grands sujets de croire que tout ce passage est une interpolation, et qu'on soit certain que cette lettre fut universellement rejete lorsque l'ouvrage d'Eusbe parut (1). 5 Si c'tait par supposition ou par conjecture qu'on et attribu les quatre Evangiles leurs auteurs respectifs on y aurait mis le nom d'aptres plus distingus. Cette observation regarde les trois premiers Evangiles; les auteurs dont ils portent le nom furent bien porte, par leurs circonstances, de se procurer de srs renseignements, et de mettre au jour un expos exact des choses dont ils taient instruits mais ils n'taient d'ailleurs distingus dans l'histoire du christianisme par aucun trait et par aucun loge particulier. Je ne connais aucun aptre dont il soit aussi peu parl que de saint Matthieu, ou dont le peu qui en est dit soit moins propre relever son caractre. Les Evangiles ne font aucune mention de Marc, et ce qui se trouve dans le livre des Actes sur un homme qui porte ce nom , ne lui at,
:

tribue ni loge ni dignit particulire. Il n'est parl de Luc qu'en passant, dans les Eplres de saint Paul. Il semble donc que si l'on a attribu ces trois Evangiles ces trois
(1) Augustin, AnnoDomini,393, de gel. c. 54, avait oui dire que les paens

de son ouvrage. Ceux de Bde contiennent des relations merveilleuses mais pour cela qui oserait douter que ce ne soit Bde qui les ait crits? On peut en dire autant d'une multitude d'auteurs. Ajoutons que nous ne demandons pas plus de faveur pour nos 'ivres que l'on n'en accorde plusieurs autres du mme genre. On ne rejette point l'authenticit du Coran on accorde que l'histoire
;

Consens. Evan-

croyaient avoir de Christ Pierre ei Paul; mais il ne l'avait point vue, et paraissait douter de l'existence de celte pice, vraie ou fausse. Aucun autre auteur ancien n'en parle. Ce mme Augustin fait seul mention, mais pour les rejeter, d'une Eplre attribue Christ par les manichens (Anno bomini, 270) et d'une

une

lettre

(t.)

Ce raisonnement

est
l

plus dveloppe dans


traduit par Marsh,

l'in-

troduction Lie Mihaclis , ch. 2, sect. 10. t'est de servations.

tome

I,

que

j'ai

emprunt

ces ob-

hymne que les priscillianisles lui attribuaient (Anno Domini, 578 ; contr. Faust. Mon. lib. XXVIII, cap. 4). L'poque tardive dans laquelle l'crivain l'ait mention de ces pices, la manire dont il en parle, et principalement le silence de tous les crivains prcdents, ne permettent pas de les prendre
courte
aussi

en considration.

731

TABLEAU DES PREUVES DU CHRISTIANISME.


pas par un choix prm-

758
:

auteurs, ce ne fut dit de leurs noms, mais parce qu'on avait en effet l'vidence que c'taient eux qui les
avaient crits.
6 0n voit que les Ecrivains et les Eglises des chrtiens ont t trs-promptemenl d'accord sur ce sujet sans l'intervention d'aucune autorit publique. Quand on pense la diversit d'opinions qui a rgn et qui rgne encore entre eux sur d'autres points, leur
,

sans preuves, ce serait lui ter sa force; car la persuasion que produit ce genre d'vidence, dpend du dveloppement des particularits qui la composent et des consquences qui en
le fait

du docteur Lardner

prsenter

rsultent.
j'offrirai

accord sur le canon du Nouveau Testament est des plus remarquables, et surtout d'un

comme tant l'effet de recherches libres et de dterminations particulires. Nous ne voyons aucune autorit intervenir dans cette question jusqu'au concile de Laol'an 363: il est probable que le ddice cret de ce concile dclara plutt qui! ne rgla l'opinion publique ou pour parler plus exactement, l'opinion des Eglises voisines, vu que ce concile ne fut compos que de trente ou quarante veques de Lydie et des contres d'alentour (LadnefsCred., t. VIII, p. 291). Il ne parat pas que son autorit se car nous voyons que soit tendue plus loin depuis ce concile plusieurs crivains chrtiens ont discut sur les livres qui pouvaient et cela avec tre mis dans le canon sacr une libert complte, d'aprs les vrais fondements de l'vidence, et sans consulter les dcisions de Laodice.
grand poids
,

Voici donc la mthode que je vais suivre d'abord au lecteur, sous un seul point de vue, toutes les propositions qui contiennent les divers chefs de notre tmoignage aprs quoi je reprendrai chacune de ces propositions pour les traiter en autant de sections distinctes en y joignant les autorits ncessaires chacune d'elles. I. Tous les auteurs chrtiens , dans une succession non interrompue, depuis ceux qui furent contemporains des aptres ou qui les ont immdiatement suivis jusqu' ceux de nos jours font mention des livres historiques du Nouveau Testament, c'est--dire des quatre Evangiles et des Actes des aptres, soit par des citations positives, soit par des allusions indirectes. IL Ces citations ou ces allusions sont toujours accompagnes de quelque expression particulire de respect, comme d'un livre sut generis, jouissant d'une autorit que l'on n'accordait aucun autre, et qui dcidait toutes les difficults et les controverses entra
:

les chrtiens.
III. Ds les premiers temps du christianisme les livres de l'Evangile furent rassembls en un volume distinct. IV. Ces crits sacrs que nous avons aujourd'hui fuient d'abord distingus par des noms qui leur taient propres et par des
,

considrations que nous venons ae prsenter mritent sans doute de fixer notre mais c'est dans des tmoignages attention crits que l'on doit puiser la substance et la force des preuves qui tablissent l'authenticit d'ouvrages anciens. 11 est ncessaire d'exposer ces tmoignages avec quelque dtail car les dfenseurs du christianisme reprsentent imparfaitement cette source de preuves quand iis disent que nous avons les mmes raisons de croire que les quatre Evangiles sont des auteurs dont ils portent le nom, que de croire que les Commentaires de Csar, les Harangues de Cicron, ou l'Enide de Virgile, furent crits par ces auteurs. Cela est vrai mais cette vrit est prsente d'une manire incomplte nous l'empotions de beaucoup sur tous les livres anciens par le nombre, la varit et l'anciennet des dates de nos tmoignages et nous pouvons allguer plusieurs preuves de ce genre en notre faveur, pour une seule qu'on allguera en faveur de l'ouvrage le plus clbre du plus illustre auteur grec ou romain. Il est vrai qu'il est plus important pour nos livres que pour les leurs, qu'on puisse les distinguer d avec des ouvrages supposs. J'espre que le rsultat de celte recherche satisfera ceux qui la feront avec sincrit; tnais. cette question est si importante, qu'elle rend. les recherches ncesI^es
; ;
,

litres

de respect. V. Les livres du Nouveau Testament ont t lus et expliqus publiquement dans les assembles des premiers chrtiens. VI. On a fait anciennement des commentaires sur ces livres des harmonies sur leur contenu, diverses copies collalionnes avec soin et des traductions en plusieurs langues. VU. Nos Ecritures ont t reues par les anciens chrliensde seclcs et d'opinions diffrentes par les hrtiques aussi bien que par les uns et les autres en aples orthodoxes pelaient frquemment l'autorit de ces livres sacrs dans les controverses qui s'levaient
, , :

alors. VIII. Les quatre Evangiles , les Actes des aptres treize Eptres de saint Paul la premire de saint Jean et de saint Pierre, ont t reues sans aucune apparence de doute ,
, .

mmes qui en tmoignaient sur les aulres livres compris dans notre recueil
par ceux
actuel.

saires.

IX. Nos livres historiques ont t attaqus par les adversaires du christianisme comme renfermant les faits sur lesquels il tait fond. X. On a fait des catalogues prcis des divers livres contenus dans nos saintes Ecritures, et nos livres historiques y ont toujours
,

Cependant il serait difficile, dans un ouvrage aussi abrg que celui-ci de dvelopper toutes les- preuves de ce genre. Pour entrer dans tous les dtails, il faudrait transcrire une grande partie des ouzo volumes
,

t placs.

XL Ces propositions ne peuvent s'appliquer aucun de ces prtendus livres historiques,

communment appels livres apocryphes du Nouveau Testament,

DEMONSTRATION EVANGEL1QUE. PALEY


SECTION PREMIRE.

740

Tous

les

Toi'non
les

furent contemporains

succs-^ auteurs chrtiens, dans une interrompue, depus ceux qui des aptres ,ou qui
,

ont immdiatement suivis des livres lustonde nos jours, font mention c'est--dire aues du Nouveau Testament Evangiles et des Actes des ap'des quatre citations positives, soit tres soit par des allusions indirectes. par des
,

jusqu

ceux

La substance de
cette tf re

d'une rvoque en doute ou prsente temps frauduleuse, et le laps du manire sa force. Par exemple ne eu tncnlui terde clans Vhisto.re de son "vque Burnct insre i :.i..c ovtr^ts tires ue tnisioiic "^ tomns nlusieuis cmicJh l|lw ces insertions prouvent a? lord Clarendon Clarendon existait a auc l'histoire de lord la sienne,
,
:

proposition

la preuve contenue ceptib.e est la moins su

dans

nonueo l'voque Burneteriva.t reconnue comme nue cekii-ci l'avait lue et et comme la
Touvrag de lord Clarendon, vnements dation authentique des et la preuve de ces fait le rcit
elle
:

Observons de plus sur les termes de .a tait Juii, citation, que l'auteur de lEptrc tait la formule et que la phrase il est crit qu'employaient les Juifs en citant leurs Ecrique l'auteur tures. 11 n'est donc pas probable phrase sans de la lettre et employ cette qualification, en parlant de livres qui autre livres n'auraient pas eu quelque autorit de crit se sacrs. Si ce passage d'un ancien Eplres de saint Paul, ft trouv dans une des tmoignageon l'aurait envisag comme un saint important en faveur de l'Evangile de rappeler que l ouil faut donc se Matthieu; postrieur vrage dans lequel il se trouve n'est saint Paul. de peu d'annes a ceux de due Barnabas en Outre ce passage, PEpitrc de dont le sens contient encore plusieurs autres mme que celui de divers passages de est le ou trois l'Evangile de saint Matthieu, et deux mmes exdans lesquels on reconnat les En particulier, l'auteur de cette

ont
diite

Ss

H ,ssi

mille ans, et points existera dans existeront. longtemps que ces livres

D mme

connu de vanit San de Cicron ce trait s. inqennrudices quid est in me I ssWe, Si exiguum, c est une auod sentio qum sit que la ''tangue qui com,

lorgne

Quiritilien

cite,

comme

pressions. Sauveur lettre rpte ce prcepte du demande [Matin., nex chacun ce qu'il vous Christ choiV k2). il dit que parmi ceux que son et pour prdicateurs de sit pour aptres qui avaient Evanile, il y eut des hommes pcheurs, a in t prcdemment de grands les n'tait pa* venu appeler qu'il

'^n-

dmontrer
justes,

mais

les

pcheurs la repentance

[id.

'iX '

preuve vidente

mence par cette phrase est en cronjorsmmequ'onenaura.teuqmde


effet

ouvrage

clairs peuvent nue doute. Des exemples si notre nature et la valeur de ffiewntir la nos lecteurs qui ne abonnement ceux de ce genre fe recher sont pas accoutums a tmoignages a 1 appui ne ches Voici les
i

"rjXtenoBpUro

attribue Rarnade Paul {Lardner s CredL, compagnon comme 53?/' 1755 t\,P- 23) ; elle est c.lce an de par Clment d'Alexandrie, fi'nt dTtai an de Jet par Ongne Je us-Christ 194; en fait mention, sus Christ 230. Eusbe an et Jrme sus-Christ 315 d a, comme d'un ancien de Jsus-Christ 392, ponant le nom ouvrage de leur temps, connu et lu parmi les cl. cSeBarnabas, par >e des quoique ne disant pas ffens lui eu ut u a F.-.iinrps On suppose quelle de Jrusalem peno n aprs la dduction qui la suivirent et cette dant les calamits caractre du sicle el e porte en effet le Eplre on Vatlribuc. Dans cette auauefon i > auquel un ,, Prpnnns
, ,

Clment, 2 Nous avons une lettre crite par crivains.afvque de Rome, que d'anciens mme Clfirment sans aucun doute tre le dont S. Paul ment (Lardner's Cred.t.l, p. 62) IV. 3) Avec Clment et mes fait mention (Phil. les noms sont autres compagnons oV uvre dont anciens font meninscrits au livre de vie. Les tant universeltion de cette Epitre comme Ircnc, pour en faire senlement reconnue. Clment dit qu'elle fut crite par tir le prix aptres, qui avait vu les bienheureux nui entendait encore avait convers avec eux, qui ses oreilles, et leurs prdications retentir ses yeux, telle nui avait leurs traditions sous l'Eglise de Connthe; et Litre est adresse montrer 1 authenticit, ce qui suffirait pour en Denys voque de Connthe, vers c'est que c'est--dire environ quatre-vingts
:
-,

13)

l'an 170,

tmoigne que des ans aprs sa publication de anciens temps on avait accoutum les plus
,

la lire

dans l'Eglise. digne, de reEntre autres passages bien Epitre contient ceux-ci 1 ou* marque, cette paroles que le Seirappelant spcialement les enseignant la docJsus pronona gneur
:

teur

comme il est i crit. narde au il ne nous arrive, d'appels, mais peu d dus. ? fyeTa beaucoup de ce e cxNous ,'" luu Hmb infrons avec..certitude n'a 1 poque -, a \t 9" * comme il est f Pr .L\ t pression p xif ex start 1 cette Epitre o vivait l'auteur de chrtiens, Usant un livre bien connu des contenant ce mots autorit parmi eux et d'appels, mais ptu>,dlu Il y en a beaucoup saint r c livre, c'est notre Evangile de rencondans lequel ces paroles se Matthieu, qu'on les trouve dans trent deux fois sans jours. autre livre connu de nos

>

Soyez, misLuc, VI, 37, 38; jfcfoHA., VII, 2): parafin d'obtenir misricorde ricordieux, pardonnera; comme vous donnez et Von vous comme vous donnez on faites il vous sera fait ; on vous judonnera; comme vousjugez vous vous vous montrerez ftienwijgera; selon que votre gard; del Umt on se montrera tel vo^mesu ra dont vous mesurerez on
,

et la

patience

car

il

dit

[Matth., ^ ,-7,

Tesure
aussi
;

ces rgles sur ces commandements et afin d obir que vous devez vous conformer, constamment ses saintes parles Rappelez votre Dans un autre endroit: Jsus car ti mmoire les paroles du Seigneur
c'est
,

aucun

7 il

TABLEAU
:

I>KS
le

PREUVES DU CHRISTIANISME.
ait

742

Malheur homme par qui arrive, il vaudrait mieux pour lui


a dit

scandale qu'il ne ft

pas n, que d'tre en scandale V in de mes lus ; il vaudrait mieux qu'on lui et attach une meule de moulin au cou et qu'on l'et noy dans la mer, plutt qu'il et scandalis l'un de mes petits (Matth., XVIII, G; Lite, XVII, 2). Nous voyons par ces deux passades le grand respect que l'on avait pour les paroles de Jsus -Christ, telles qu'elles sont rapportes par les vanglistes: Rappelez-vous les paroles du Seigneur Jsus, conformez-vous

entendu ces paroles de la bouche des aptres et des premiers prdicateurs du christianisme, cette supposition serait presque aussi concluante pour l'objet prcis que nous cherchons dmontrer, savoir, que les Ecritures contiennent ce que les aptres ont enseign.
3. Entre les personnes que saint Paul salue en terminant son Eptre aux Romains, il nomme les suivantes: Saluez syncnite Plilegon, Hermas, Palrobas, Herms cl les frres qui sont ave ux.'Noiis avons un livre de cet Hermas, indiqu dans ia liste des chrtiens de Rome, comme contemporain de saint Paul; ce livre porte son nom, et probable-

commandements et ces rgles pour obir constamment ses saintes paroles. Nous n'apercevons aussi dans Clment aucune espce de doute que ces paroles que nous lisons dans l'Evangile ne fussent les propres pa ces

ment

juste titre;

il

est

intitul

le

Berqer

roles de Jsus-Christ; et celte observation s'applique toute la suite des tmoignages,

surtout aux plus anciens. Toutes les l'ois que quelque passage de l'Evangile se trouve cit dans les crits des premiers chrtiens, il est toujours prsent comme une vrit reconnue, sans incertitude, ni doute, ni raisonnement pour le justifier. 11 faut observer encore que, comme i'ptre de Clment tait adresse au

(Lardner'sCred, t. , p. 111). Son antiquit est incontestable, d'aprs les citations qu'en fait Irne, an de Jsus-Christ 178; Clmcntd'Andrie, 194; Tertullien 200; Origne, 230. indications de temps qui se trouvent dans lire elle-mme, s'accordent avec le titre, avec les tmoignages qui s'y rapportent, car son auteur parle comme crivant pendant la vie de Clment.

nom
on

de l'Eglise de

doit

Rome celle de Corinlhc, l'envisager comme exprimant non la

seule opinion de Clment qui l'avait crite, mais celles des Eglises elles-mmes, du moins pour ce qui concerne l'autorit des livres qu'elle cite. On pourrait objecter que Clment ne disant point qu'il fait une citation, ces paroles il n'est pas certain qu'il ait tir de Jsus-Christ de quelque livre particulier, mais qu'il pourrait les avoir entendu prononcer aux aptres, et les avoir ainsi recueillies par une tradition orale. On a fait cette objection mais les (rois considrations suivantes prouvent que l'on ne peut tirer de citation. cette consquence du dfaut 1 Clment suit la mme mthode et ne parle point de citation quand il cite en effet un passage de I'Eptre de saint Paul aux Romains (Rom., 1,29); passage qui, par lasingularit et l'ordre de ses expressions, parat manifestement avoir t tir de ce livre. On peut faire la mme remarque sur quelques sentiments qui ne se trouvent que dans I'Eptre aux Hbreux. 2" On trouve dans la lettre de Clment plusieurs sentences de la premire Eptre de saint Paul aux Corinthiens, sans aucun signe de citation, et qui en sont cependant, car il parat que Clment avait sous les yeux I'Eptre de saint Paul, et que, dans un endroit, il en fait mention en termes trop exprs pour qu'on puisse lever le moindre doute cet gard Prenez en main I'Eptre du bienheureux aptre Paul. 3 Les anciens chrtiens, comme nous le verrons par la suite, taient en usage d'adopter les paroles de l'Ecriture sans indiquer leur source. Non seulement les analogies repoussent l'objection, mais elles prsentent encore une prsomption contraire et fournissent une preuve positive que les paroles dont ii s'agit ont t tires des endroits de l'Ecriture o nous les trouvons aujourd'hui.
;
:

Nous voyons dans cet ouvrage des allusions tacites aux Evangiles de saint Matthieu, de saint Luc et de saint Jean, c'est--dire, des penses et des expressions qu'on voit aussi dans ces Evangiles, sans que le livre ou l'crivain sacr d'o elles sont tires, soit cit. C'est ainsi que Hermas parle de confesser on de renier Jsus-Christ (Matt.,
X, 32 ou Luc, XII, 8, 9) de la parabole de semence (Malt., XIII, 3, ou Luc, VIII, 5); de la comparaison des disciples de Christ
;

la

avec des petits enfants; de celte sentence Celui qui renvoie sa femme et en pouse une autre, commet un adultre (Lac, XVI, 18) de cette expression particulire, ayant reu tout pouvoir de son Pre, allusion probable Matth. (XXVIII, 18); de Christ comme tant lu porte on le seul chemin d'aller Dieu, ce qui l'ait manifestement allusion Jean (XIV, 6 et X, 7, 9). On y trouve aussi une allusion aux Actes (V, 32). Cet ouvrage d'Hermas, composition faible et bizarre, n'est que le tableau d'une vision et n'a par consquent que fort peu de rapport avec le but pour lequel nous le citons. C'est le sicle dans lequel il a t compos qui rend ce tmoignage fort prcieux. 4. D'anciens auteurs chrtiens attestent que Ignace fut vque d'Anlioche trente-sept ans aprs l'ascension de Jsus-Christ. L'po: ;

que o

il

vivait, la ville qu'il habitait et le

poste dont il tait revtu, donnent lieu de croire qu'il a connu plusieurs des aptres
et

convers familirement avec eux.

Les

Eptres d'Ignace sont cites par Polycarpe,

Mais supposons,

si

l'on veut,

que Clment

son contemporain, et nous en avons encore aujourd'hui des passages cits par Irne, an de Jsus-Christ 178, par Origne, 230. Eusbe et saint Jrme nous expliquent en dtail ce qui donna lieu ces lettres; et l'on croit gnralement que ce qu'on appelle tes petites Eptres d'Ignace sont celles que Irne, Origne et Eusbe avaient lues [Matth., 111, ' 15 XI, 16).
;

743

DEMONSTRATION VANGLIQUE. PALET.

"4*

trouve dans ces Eptrs plusieurs allusions frappantes divers passages des Evangiles de saint Matthieu et de saint Jean, mais du genre, de celles dont il est parl dans les articles prcdents et sans aucune marque de citation. En voici quelques exemples Christ fut baptis par Jean, afin que toute justice ft accomplie en lui. Soyez sages
:

On

autre expression qui nous rappelle que ds les plus anciens temps, les paroles que l'Evangile attribue Notre-Seigneur taient ciles comme tant en effet sorties de sa bouche, et cela avec une si grande assurance de leur authenticit, qu'on ne jugeait pas ncessaire de nommer l'autorit dont elles
,

comme des serpents en toutes clioses, et simples comme des colombes [Lardner's Cred., 1. 1,
;;.

taient empruntes ni d'lever la moindre discussion ce sujet. Mais vous rappelant


,

L'Esprit ne peut tre tromp, tant de Dieu car il connat d'o il vient et o il va. Christ est lapo: le du Pre, par lequel entrent Abraham, Jsaac, Jacob et les aptres de
147;.
,

l'Eglise (Jean, 111, 8, et

Observons sur

la

X, 9). manire de

citer

que

Ignace parle de saint Paul en termes les plus respectueux, et cite par son nom son Eptre aux Ephsiens mais dans plusieurs autres
:

passages, il emprunte les ides et les paroles de la mme Eptre, sans la nommer; ce qui prouve que c'tait alors la manire gnrale de faire usage des livres apostoliques que l'on possdait et qui jouissaient de la plus

grande autorit. 5. Polycarpe avait


aptres
,

instruit

par

les

qui l'avaient nomm vque de Smyrne (Lardner's Cred., t. I, p. 192), et il avait vcu avec plusieurs d'entre eux. Voici ce que nous dit de Polycarpe Irne qui l'aJe pourrais vait connu dans sa jeunesse indiquer la place o Polycarpe tait assis
:

pour enseigner,
dont
il
il

la manire dont il entrait et sortait, ses habitudes, sa figure, les

instructions qu'il donnait au peuple, comment racontait ses conversations avec saint Jean et avec d'autres qui avaient vu le Seigneur, comment il rappelait leurs discours, et ce qu'il avait entendu de la doctrine et des miracles du Seigneur, et comment il en avait eu connaissance de la bouche des tmoins oculaires de cette parole de vie. Toutes ces choses que racontait Polycarpe taient conformes nos saintes Ecritures. Nous avons incontestablement une Eptre de Polycarpe qui tenait de si prs au sicle et la personne dos aptres, comme nous venons de l'attester; et cette lettre, malgr sa brivet contient prs de quarante allusions fort claires aux livres du Nouveau Testament; preuve vidente du respect que les chrtiens de ce temps avaient pour ces
,

ce que dit le Seigneur, Ne jugez point afin que vous ne soyez point jugs; pardonnez et on vous pardonnera ; soyez misricordieux et vous obtiendrez misricorde, de la mesure dont vous mesurerez on vous mesurera (Matth., VII, 1, 2,7, et V, 7; Luc, VI, 37, 38. Supposons que Polycarpe ait emprunt ces paroles des livres dans lesquels nous les lisons aujourd'hui, il s'ensuit qu'il reconnaissait ces livres comme contenant un rapport authentique des discours de Jsus-Christ, et qu'il pensait que ses lecteurs en jugeaient'de mme, ce qui est incontestable. Le passade suivant se rapporte d'une manire frappante au discours de saint Pierre dans le livre des Actes, quoique l'auteur de la lettre ne l'indique pas Dieu l'a ressuscit, ayant rompu les liens de la m ort (Ad., II, 24). G. Papias, auditeur de saint Jean et compagnon de Polycarpe, selon le tmoignage d Irne, vivait celle poque, comme chacun en convient ( Lardner's Cred., t. I, paq. 239). Dans le passage d'un crit, actuellement perdu et cit par Eusbe, Papias attribue expressment saint Matthieu et saint Marc les deux premiers Evangiles, et cela d une manire qui prouve qu' celle poque, et mme longtemps auparavant, ces Evangiles portaient publiquement les noms de ces deux auteurs car Papias ne dit pas que l'un a t crit par saint Matthieu et l'autre par
,
:

Marc; mais supposant le fait comme il nous apprend de quels matriaux saint Marc a form son histoire,
saint

parfaitement connu,

savoir, de la prdication de saint Pierre, et que saint Matthieu a crit son Evangile

livres.

Quoique les crits de saint Paul paraissent plus familiers Polycarpe que les autres livres de l'Evangile, on trouve dans sa lettre plusieurs allusions l'Evangile de saint Matthieu, d'autres des passages qui appartiennent galement saint Matthieu et saint Luc, et quelques-unes qui se rapprochent des expressions de ce dernier. Je distingue la suivante comme propre fixer l'autorit. de l'oraison dominicale et l'usage qu'en faisaient les premiers chrtiens. Si donc nous prions le Seigneur qu'il nous
,

hbreu. Que Papias ft bien ou mal inform a cet gard, son autorit n'en est pas moins complte sur l'objet pour lequel je produis son tmoignage, savoir, que les livres de l'Evangile portaient celle poque le nom des aptres. Les crivains que j'ai cits jusqu'ici, avaient tous vcu et convers avec quelques-uns des premiers disciples; les ouvrages qui nous restent d'eux sont en gnral des compositions trs-courtes, mais prcieuses par leur antiquit. Il n'en est aucune qui, malgr sa brivet, ne contienne quelque tmoignage important en faveur de l'histoire vanglique (1).
(I) La raison qui fail que les citations sont plus rares chez eux que dans les crits des sicles suivants, vient de ce que les livres du Nouveau Testament, vu leur publication rcente , n'taient et ne devaient pas tre encore une partie ordinaire de l'ducation chrtienne. L'Ancien Testament, que les

en

pardonne, nous devons aussi pardonner. Supplions instamment Dieu, qui voit tout, qu'il ne nous induise pas en tentation. Voici une

Juils et les chrtiens avaient accoutum de lire ds leur enfance, se ;iilait depuis longtemps leurs ides religieuses et a leur langage sur des matires.

745

TABLEAU DES PREUVES DU CHRISTIANISME

746

7. Peu de temps aprs, c'est--dire vingt ans tout au plus depuis le dernier de ces crivains, parat Juslin martyr (Lardner's red., t Y, pag. 258). Les ouvrages qui nous restent de lui sont de beaucoup plus volumineux qu'aucun de ceux, dont nous avons parl. Quoique la nature de deux de ses principaux ouvrages, dont l'un tait adress aux paens et l'autre tait une confrence avec un Juif, ne dt pas rendre ncessaires d'aussi frquentes citations des livres chrtiens, que s'il se ft adress des chrtiens nous ne laissons pas d'y trouver une trentaine de citations des quatre Evangiles toutes certaines, et des Actes des aptres
,

L'autre est une circonstance du baptme de Noire-Seigneur, savoir, l'clat d'une lumire qui brilla sur l'eau du Jourdain, et dont il doit tre fait mention dan l'Evangile aux Hbreux, d'aprs le tmoignage d'Epiphane, circonstance qui pourrait tre vraie, mais, qui vraie ou fausse, est rapporte par Justin d'une manire bien faible

en comparaison des citations qu'il appuie sur l'autorit de nos saintes Ecritures le lecteur en sentira la diffrence. El alors Jsus tant venu la rivire du Jourdain, o Jean baptisait, comme Jsus entrait dans l'eau,, un feu brilla dans le Jourdain, et quand il
;

sortit de l'eau, les aptres de notre Christ


crit

ont

claires et longues ; si on les comptait par versets, le nombre en serait plus considrable et bien plus encore si l'on comptait les
(1 ). Nous y trouvons des citalions des trois Evangiles dans l'espace d'une

expressions

demi-page, et entre autres paroles qu'il Allez loin de moi dans cite, on voit celles-ci les tnbres du dehors, que le Pre a prpares pour Satan et pour ses anges (Matth., XXV, 41); et dans un autre endroit :Je vous donne le pouvoir de fouler aux pieds les serpents, les
:

que le Saint-Esprit l'illumina comme une colombe. Toutes les citations de Juslin sont sans, aucun nom d'auteur; ce qui prouve que les livres d'o il les tirait taient parfaitement connus, et qu'il n'existait alors aucune autre histoire de Christ, aucune du moins qui ft assez accrdite pour qu'on crt devoir en

scorpions, toutes les btes la force de l'ennemi ( Luc, core cette prdiction de son supplice Le Fils de
:

venimeuses et toute X, 19). 11 cite enJsus-Christ avant l'homme doit souf-

une distinction. Mais quoique Juslin ne nomme point les auteurs, il cite cependant leurs livres Mmoires composs par les aptres; Mmoires composs par les aptres et leurs compagnons Ces titres, et surlout ce dernier, conviennent exactement ceux qui sonl reus aufaire
:

frir beaucoup, tre rejet des scribes et des pharisiens, tre crucifi, et il ressuscitera le troisime jour (Marc, VII, 31).

un autre endroit un pasnaissance de Jsus-Christ, tel qu'il se trouve dans saint Matthieu et dans saint Jean, et il appuie sa citation sur ce tJuslin cite dans
la

jourd'hui, d'Evangile de tel aptre, 'ou des Actes des aplres. 8. Hgsippe (Lardner's Cred,, 1. I, p. 314)

sage sur

moignage remarquable
seign

Comme

l'ont

en-

ceux qui ont crit histoire de NotreSeigneur Jsus-Christ, et nous avons confiance en eux. On y voit aussi des cita-

lestine Rome, il visita sur sa route plusieurs vques ; et que chez les uns et les: autres, dans chaque ville, on enseigne la mme

parut environ trente ans aprs Justin. Son tmoignage contient une particularit remarquable, savoir, qu'en voyageant de la Pa-

tions de l'Evangile selon saint Jean. Ce qui mrite encore d'tre particulire-

doctrine que la loi, les prophtes et le Seigneur ont enseigne. Celte attestation est importante, vu son autorit et sa haute antiquit..

que, dans tous les ouvrages de Justin, dont on pourrait extraire une vie complte de Jsus-Christ, on ne trouve que deux exemples de choses qu'il

ment observ,

c'est

lui

attribue,

comme

les

ayant

dites,

ou

lui

tant arrives, quoiqu'elles ne se voient pas dans l'histoire de l'Evangile; ce qui prouve que nos livres saints taient les seules autorits d'o les chrtiens d'alors liraient les instructions sur lesquelles leur confiance tait fonde. L'un de cesdeux exemples est une parabole de Jsus-Christ, que nous ne trouvons dans aucun livre existant aujourd'hui (2).
ne
religion.

On croit gnralement que par ce mot Seigneur, Hgsippe avait en vue quelque crit, ou quelques crits contenant les enseignements de Jsus-Christ; et c'esl le seul sens o; ce mot Seigneur se combine avec les autres mots de loi et de prophte, et qui dsignent des crits; la runion de ces mots admet alorsle verbe enseigne au temps prsent. Maintenant, ce qui montre combien il est probable que ces crits taient en tout ou eu partie ceux du Nouveau Testament, c'est que, dansles fragments des ouvrages d'Hgsippe conservs par Eusbe et par un crivain du neuque celle sentence a tcile par plusieurs crivains,. mais ipic Justin est le seul qui l'attribue Notre-Seigneur, peut-tre par dfaut de mmoire. Nous lisons souvent dans Ezchiel des expressions semblables
celles-ci
VII, 5 et
i

Dans

la suilc

devait s'y attendre, la vons alors des citations proportionnellement plus frquentes (Midi. Inlrod., cil. 11, secl. (j). (1 ) Il cite tous les livres canoniques que nous avons aujourd'hui, et particulirement les quatre Evangiles,

du temps, el aussitt qu'on mthode changea, et nous trou-

Je

les

jugerai
20).
Il

XXXIII,

d'aprs leurs voies (Exech. est remarquer que Justin:

environ deux cents fois. Jones'snew and [uUmetliod. lAppen., tome I, p. 589; dil. 172U). Dans l2) Le Seigneur Jsus (llirisi a dit aussi i l'tal o je vous trouverai, dans ce mme tat je vous < jugerai. > Juslin pourrait ici n'avoir pas eu le dessein de citer un texte, mais de prsenter le sens do plusieurs maximes du Sauveur. Fabricius remarque
:

venait prcisment de citer Ezchiel. Jones fonde une conjecture sur celle circonstance c'esl que Juslin se contenta d'crire: Le Seigneur a dit, prtendant ciler les paroles de Dieu, ou le sens de ces paroles., renfermes dans Ezchiel niais quelque copiste . croyant qu'elles taient sorties de la bouche de JsusChrist, insra dans sa copie l'addition de ces mots, Jsus-Clirisl (tome I, page 55 I),
;

Dmonst. vaNG, XIV.

(Vingt-iiuutre.)

7<i7

DEMONSTRATION EVANGELIOUE. PALEY.

748

vime sicle, on voit plusieurs expressions conformes au styl des Evangiles et des Actes des aptres; il y fait allusion l'histoire conlenue dans le second chapitre de saint Matthieu, et il cite un texte de cet Evangile, comme sorti de la bouche du Seigneur.
9.

terprte de Pierre, nous donna par crit les choses que Pierre avait prches : et Luc,

cette

poque

c'est--dire
et

vers l'an

de Vienne en France, envoyrent aux Eglises d'Asie et de Phrygie (Lardner's Cred., t. I, p. 332) une relation des souffrances de leurs martyrs. Eusbe nous a conserv cette Eplre en son entier; et ce qui fait remonter en quelque sorte le tmoignage de ces Eglises une poque plus recule, c'est qu'elles avaient pour vque Pholin, g de quatre-vingt-dix ans, et dont la jeunesse remontait au temps des aptres. On voit dans cette Eplre des allusions trs-claires divers passages des Evangiles de saint Luc et de saint Jean, et aux Actes des aptres, sous la mme forme que celles des articles prcdents. Voici ce qu'il Alors s'accomplit ce dit d'aprs sainl Jean qui avait t dit par le Seigneur, que quiconque vous mettra mort croira rendre service Dieu {Jean, XVI, 2). 10. Maintenant les preuves s'offrent nos yeux avec la plus grande vidence (Lardner, t. I, p. Skk). Irne fut le successeur de Photin dans l'vche de Lyon; il avait t dans sa jeunesse disciple de Polycarpe, qui l'avait t de saint Jean. La publication des Evangiles ne remontant qu' un sicle au del du temps o il vivait, il n'tait spar que d'un degr de la personne mme des aptres, par rapport son instruction. Il nous assure qu'il pouvait, de mme que ses contemporains, compter la succession des vques dans les principales Eglises depuis le premier (Advers. hres., I. III, c. 4). Je m'arrte plus particulirement ces dtails sur Irne, parce que son tmoignage en laveur des
170, les Eglises de
:

Lyon

compagnon de Paul, dposa dans un livre l'Evangile prch par Paul : ensuite Jean, le disciple qui reposait sur le sein du Seigneur, publia aussi un Evangile pendant qu'il demeurait Ephse, en Asie. Si un prdicateur moderne venait crire un livre sur l'authenticit des quatre Evangiles pourrait-il l'affirmer plus expressment, et prsenter leurs originaux plus distinctement que nei'a fait Irne, un peu plus d'un sicle de dislance depuis leur pu,

blication ?

avec

d'Irne dmontre encore grande prcision, l'accord qui existait de son temps entr la tradition orale et les livres du Nouveau Testament, de mme que sa transition successive par diffrents canaux depuis le temps le plus rapproch des aptres et par consquent combien il est probable que ces livres contenaient ce que les aptres avaient enseign. La tradition des aptres, dit ce Pre, s'est rpandue dans tout l'univers et tous ceux qui cherchent remonter la source de la vrit s'assureront que cette tradition a toujours pass pour sacre dans toutes les Eglises. Nous pourrions donner lalistc de tous ceux qui ont t nomms par les aptres vques de ces Eglises, et celle
la plus
,
, ,

Un autre passage

par

de tous leurs successeurs jusqu' ce jour. C'est celte succession non interrompue que nous est parvenue, la tradition tablie aujourd'hui dans l'Eglise, et la doctrine de vrit telle qu'elle fut prcite par les aptres (Iren. in hr. iiv. III, c. 3). On invite le lecteur obserrer que ce mme Irne, nui dans ce passage tablit la vrit et l'uniformit de la tradition, reconnaissait, dans le prcdent, de la manire la plus positive, l'autorit des crits sacrs; d'o nous sommes en droit de conclure qu'ils taient alors conformes la
,

livres

historiques du

Nouveau Testament,

tradition.
J'ai dit que le tmoignage d'Irne en faveur des Evangiles tait exclusif, par o je fais allusion un passage bien remarquable, dans lequel ce Pre s'efforce de prouver, par des raisons bien imaginaires , qu'il ne pouvait y avoir que quatre Evangiles, ni plus ni moins. Je n'examinerai pas la bizarrerie de son raisonnement; mais son simple expos prouve que de son temps on ne reconnaissait et on ne lisait que quatre Evangiles. Nous prouvons que ces quatre taient ceux que nous avons et tels que nous les avons d'aprs plusieurs passages de cet crivain outre celui que nous avons dj cit. Il rappelle comment saint Matthieu commence son Evangile, comment saint Marc commence et finit le sien et il en indique les raisons il fait une longue numralion de divers passages de l'histoire de Jsus-Christ contenus dans saint Luc, et qui ne se trouvent pas dans les autres Evang,
,
,

de leur autorit et des titres qu'ils portent, est exprs, positif et exclusif. Un des principaux passages o ce tmoignage est contenu, affirme prcisment la question fondamentale

que nous avons pose, savoir, que


renferme dans l'Evangile
celle
est

l'histoire

vritablement

aptres ont publie. Nous n'adit Irne, la connaissance de la voie de notre salut par d'autres que par ceux qui nous ont transmis l'Evangile lequel ils ont prch les premiers, et ensuite mis par crit par la triante de Dieu, afin qu'il ft dans les temps venir le fondement et la colonne de notre foi; car aprs que Noire-Seigneur fut ressuscit des morts, et que les aptres eurent reu d 'en-haut le pouvoir du Saint-Esprit descendu sur eux, ils eurent une parfaite connaissance de toutes choses. Ils s'en allrent alors aux extrmits de la terre, annonant aux hommes la bndiction de la paix cleste, dpositaires, soit en commun, soit en particulier, de l'Evangile de Dieu. Alors Matthieu, d'entre les Juifs, crivit un Evangile dans leur propre langue, pendant que Pierre et Paul prchaient l'Evangile Rome et y fondaient vne Eglise. Aprs eux, Marc, disciple et in-

que

les

vons pas reu,

listes; il tablit le but particulier que saint Jean se proposa en composant son vangile, et rend compte de ses motifs dans l'exposition de doctrine qui est la tte de sa nar

ration.

749

TABLEAU DES PREUVES DU CHRISTIANISME.


n'est
,

750

Le tmoignage d'Irne
positif sur le livre des Actes

pas moins

Marc

le

fut ensuite, et

sur son auteur et sur le degr de confiance qu'il mrite ; il rappelle l'histoire de la conversion de saint Paul etde sa vocation. Ceux-l (dit-il en parlant de ceux contre lesquels il crivait), ceux-l ne sauraient contester la confiance nue mrite celui qui nous a instruits de la vrit avec la plus grande exactitude. Ailleurs il rassemble les
diffrents textes dans lesquels l'auteur du livre des Actes est reprsent comme accompagnant saint Paul ; ce qui le conduit nous

amis de Pierre;

que
:

la sollicitation des celui de saint Jean

donner

des le sommaire chapitres presqu'en entier.

douze derniers

Parmi cette abondance de citations ou d'allusions aux saintes Ecritures , cet auteur n'en fait aucune aux livres apocryphes des ce qui tablit une distinction Chrtiens; frappante entre nos livres sacrs et ceux
qu'on a prtendu faire passer pour tels. Une observation qui ajoute encore une frande force aux divers tmoignages rendus cette poque que nous venons de parcourir, c'est qu'ils sont rendus par des crivains qui vivaient dans des contres fort loignes les unes des autres -.Clment vivait Rome Ignace Antioche, Poycarpe Smyrne, Justin martyr en Syrie, et Irne en France. 11. Nous laissons de ct Athnagore et Thophile, qui vivaient peu prs dans ce temps-l (Lard., t. I, p. 400), quoique les ouvrages du premier contiennent des rapports frappants avec saint Marc et saint Luc, cl que ceux du second, qui tait le sixime voque d'Antioche depuis les aptres, renferment des allusions trs-claires saint Matthieu et saint Jean, et des allusions probables saint Luc; ce qui est tout ce qu'on peut s'attendre trouver dans un ouvrage de ce genre, adress des
,

paens.

Nous observons aussi que les ouvrages de deux savants crivains chrtiens de ce temps, Miltiade et Pantne, sont perdus
(Lard.,
t.

fut crit le dernier nous dit qu'il avait il appris ces particularits des ancien-, d'un ge plus avanc. Ce tmoignage prouveles points suivants que ces quatre Evangiles taient alors publiquement reus et reconnus iur tre l'histoire de Jsus-Christ que l'poque, la cause et les circonstances de leur pubiicalion taient un objet d'attention et de recherche pour les chrtiens. Dans les ouv tiges de Clment, que nous avons encore, les quatre Evangiles sont frquemment cits sous le nom de leurs auteurs, et les Actes des aptres y sont formellement attribus saint Luc. Aprs avoir fait mention d'une circonstance particulire Clment ajoute uelque part ces paroles remarquables Ni, us ne trouvons pas ce passage dans les quatre Evangiles qui nous ont t transmis, mais dans celui selon les Egyptiens. Ce qui marque une distinction frappante entre les quatre Evangiles et toutes ies autres histoires, ou prtendues histoires de Jsus-Christ. Voici comment il exprime ailleurs l'a parfaite confiance avec laquelle il avait reu les Evangiles La vrit de ceci est manifest, vu qu'il est crit dans l'Evangile de saint Luc. Et encore : Je n'ai pas besoin de m'tendre sur ceci, mais seulement d'allguer la voix vanglique du Seigneur. Les citations de cet auteur sont nombreuses; il emprunte des quatre Evangiles toutes les sentences de Jsus-Christ, qu'il allgue, l'exception d'une seule qui prsente une citation vague d'un passage de saint Matthieu (1) 12. Terlullien est du mme sic'e (Lard., t. II, p. 501) que Clment cet crivain expose dans une courte phrase le nombre des Evangiles reus alors, avec les noms des vanglistes et leurs qualits particulires : Jean et Matthieu, d'entre les aptres, nous en:
j

seignent la foi;

Luc
la

et

Marc, d'entre

les

hom-

I,

p.

418, 450). Eusbe nous dit

que ceux du premier taient des monuments tic zle pour les oracles divins; et saint Jrme rend tmoignage au second d'avoir t un homme sage et savant dans la connaissance des Ecritures, aussi bien que dans celle de la littrature profane, et d'avoir publi sur les saintes Ecritures plusieurs commentaires qui existaient encore de son temps. Nous laissons, dis-je, de ct ces crivains, sans nous y arrter plus longtemps, pour venir Clment d'Alexandrie (Lurdner, t. II, p. 469), l'un des anciens auteurs chrtiens dont les ouvrages sont les plus volumineux. Clment n'est postrieur Irne que de seize ans, et peut tre envisag comme formant la suite du tmoignage sans interruption. Dans quelques ouvrages de Clment qui sont perdus, mais dont les fragments nous sont conservs dans Eusbe, on trouvait un dtail distinct de Tordre dans lequel les quatre Evangiles furent crits. 11 dit que les Evangiles qui contiennent les gnalogies lurent crits les premiers ; que celui de saiut

dveloppent. Dans le passage^ suivant de Terlullien, nous trouvons sur l'authenticit de nos livres, un tmoignage aussi complet qu'il est possible d'en imaginer. Aprs avoir fait l'numration des Eglises fondes par saint Paul Corinlhe, en Galatie, Philippes, Thessalonique, Ejdisc, de l'Eglise fonde Rome par Pierre et Paul, et d'autres Eglises fondes par Jean, il continue ainsi Je dis donc que, non-seulement les aptres, mais encore ceux qui ont t unis avec eux dans une mme foi, ont reu l'Evangile de Luc ds sa nremire publication, et qu'ils le maintiennent avec zle. El d'abord aprs il ajoute La mme autorit des Eglises aposto: :

mes apostoliques,

(I) Demandez de grandes choses, cl c>lles de moindre valeur y seront ajoutes. Clment prfre ici l'inlerjprta lion des paroles rie saint Matthieu letir citation littrale : et ceci se prouve sans aucun doute par un autre passage de Cfoient.q'ams lequel il donne la fois ie texte et l'explication, i Cherchez premirement
i

le

royaume des nen\


;

et

s.i

justice, car c'est

l lo

t
< < <

principal

mais

les

petites
.

choses,
seront
futl

les clioses

qui

concernent celle vie


dessus.
(

Jones'!,
>

mw

vous and

donnes parmelliud. tome l,


,

payejS.)

751

DEMONSTRATION EVANGELIQUE. PALEY.

752

ligues maintiendra tes autres Evangiles gue nous tenons d'elles et d'aprs elles, je veux dire ceux de saint Matthieu et de saint Jean, quoique aussi l'Evangile de saint Marc puisse tre envisage' comme tant de saint Pierre, dont il n'a

que ds

t que l'interprte. Tertullien assure ailleurs, le commencement, les trois Evangi-

les taient entre les mains de tout le monde, aussi bien que celui de saint Luc. Ce tmoignage remarquable tablit l'admission uni-

que par des citations et des fragments qui contiennent tous quelque renvoi aux Evangiles ainsi, par exemple, Hippoiyle, dans un fragment conserv par Thodoret, fait un extrait de toute l'histoire vanglique. Pour Origne d'Alexandrie (Lardner t. III, page 234), il a surpass les auteurs grecs et latins les plus laborieux, par l'tendue de ses ouvrages. Rien n'est plus dcisif sur le sujet
: ,

que nous
,

traitons, rien n'est plus satisfaisant

verselle et l'antiquit des Evangiles; ils taient dans les mains de tout le monde, et cela ds le commencement. Cette vidence se prsente une poque qui n'est postrieure que de cent cinquante ans leur publication; et quand Tertullien parle de maintenir (tueri) l'Evangile de saint Luc, le lecteur doit obser-

ver qu'il ne parle

ici

que de dfendre

l'int-

grit des copies de cet Evangile telles qu'elles taient reues par les Eglises chrtiennes ,

par opposition de certaines copies mutiles, et produites par Marcion, contre lequel crivait Tertullien.

Cet auteur cite frquemment les Actes des aptres sous ce mme titre: une autre fois il les dsigne sous le nom de Commentaires de saint Luc ; et il observe combien les Eptres de saint Paul confirmaient le contenu de ce
livre.

Aprs une vidence aussi gnrale,


,

il

serait
;

inutile d'ajouter de nouvelles citations

elles

se trouvent en si grand nombre que le docteur Lardner observe que les citations tires

du

petit

seul auteur chrtien

volume du Nouveau Testament par sont plus nombreuses


,

ce
et

plus tendues que celles que diffrents crivains ont faites de tous les ouvrages de Cicron pendant plusieurs sicles (Lardner, t. II, p- 647). Tertullien ne cite aucun autre auteur chrtien, comme ayant une autorit gale celle des livres de l'Ecriture, et il ne cite aucun des livres supposs ; ce qui nous fait encore observer une grande ligne de dmarcation entre nos livres sacrs et tous les autres. Nous remarquerons encore quelle grande distance se rpandit la rputation des quatre Evangiles et celle des Actes des aptres, et quel fut cet gard l'accord parfait de toutes quoique indpenles socits chrtiennes dantes et fort loignes les unes des autres. Nous ne sommes encore qu' cent cinquante ans de la mort de Jsus-Christ, et dans cette priode, sans l'appeler les noms des Pres contemporains des aptres, nous avons Justin martyr a Naples, Thophile Antioche rne en France , Clment Alexandrie, Tertullien Carthage, qui citent tous les mmes livres historiques de l'Evangile, et, je puis le dire, qui n'en citent point d'autres. 13. Un intervalle de (rente ans nous conduit Origne, qui jouit d'une grande clbrit dans l'antiquit chrtienne. Cet intervalle est rempli par plusieurs crivains chrtiens (1), mais dont les ouvrages se sont perdus, en sorte qu'ils ne nous sont connus
,
:

de la part d'un auteur si savant et si judiscieux que cette dclaration conserve par Eusbe dans un extrait de ses ouvrages Les quatre Evangiles seuls sont reus sans opposition par toute l'Eglise de Lieu qui est sous le ciel. Il ajoute cette dclaration une courte histoire des auteurs auxquels on les attribuait alors comme aujourd'hui. La manire dont Origne parle des quatre Evangiles dans tous ceux de ses ouvrages qui nous sont parvenus, correspond exactement avec le tmoignage que nous venons de citer, et celui qu'il rend aux Actes des aptres n'est pas moins positif: Luc embouche encore une fois la trompette pour raconter les Actes des aptres. La lecture des livres saints qui se faisait alors dans toutes les Eglises est clairement indique dans un passage de cet crivain, o il observe contre Celse, que ce n'est pas dans des livres particuliers, ou qui ne sont lus que par un petit nombre de personnes studieuses, mais dans des livres tus par tout le monde que l'on trouve ces paroles : Les choses invisibles de Dieu se voient distinctement depuis la cration du monde, tant considres dans tes choses qui sont faites. Il serait aussi long d'indiquer toutes les citations de l'Ecriture sainte qui se trouvent dans cet auteur, que d'indiquer celles que l'on voit dans les sermons du docteur Clarke les citations d'Origne sont tellement multiplies que si l'on possdait tous ses ouvrages on y trouverait peu prs le texte entier de l'Ecriture (Mill , Prolg., ch. VI, p. 66), selon l'expression du docteur Mill. Origne ne cite quelques Evangiles apocryphes que pour les condamner. Il en indique quatre de celte espce, et dans tous ses nombreux ouvrages il ne cite chacun de ces crits supposs qu'une ou deux fois, mais toujours avec quelque marque de rprobation, ou avec quelque avis ses lecteurs, qu'il ne leur accorde que peu ou point d'au:

torit.

14. Origne eut pour disciples Grgoire, vque de Nocsare et Denis d'Alexandrie mais leur tmoignage quoique entier
, ; ,

distinct, peut tre envisag comme une rptition dusien. Cependant la continuation de l'vidence se trouve dans Cyprien, vquetle Carthage, qui vivait vingt ans aprs Origne. L'Eglise , dit ce Pre , est arrose comme le paradis terrestre, par quatre rivires , e est-dire par quatre Evangiles. Cyprien cite aussi frquemment le livre des Actes des aptres
et

(1) Minulius

Fclix,
,

Apollonius,

Caius,

Aslerius,

Urbanus, Alexandre voque de Jrusalem, IlippoIvie, Animonius, Julius Africauus.

sous ce mme nom , ou sous celui d'Ecritures divines. Ses crits prsentent des citations si nombreuses et si abondantes de l'Ecriture, qu'on ne peut lever aucun doute sur cette partie de son tmoignage , et l'on n'y voit

755

TABLEAU DES PREUVES DU CHRISTIANISME.


d'crits chrtiens

754

aucune citation ou supposs.

apocryphes

15. Je passe sous silence une foule d'crivains qui ont suivi successivement Cyprien pendant l'espace de quarante ans et qui tous, dans ce qui nous reste de leurs ouvrages, citent les livres historiques du Nouveau Testament ou en parlent avec un profond respect (1) ; je me borne citer Viclorin, vque de Petaw en Allemagne, et je n'en parle qu' raison de son loignemenl d'Origne et de Cyprien, qui taient en Afrique ; son tmoignage runi au leur, prouve que l'histoire, et la mme histoire, de l'Evangile tait reue d'une extrmit l'autre du monde chrtien. Cet vque vivait vers l'an 298 (Lardner, t. V, p. 214); et dans un commentaire sur ce texte de l'Apocalypse Le premier ressemblait un lion, le second un veau le troisime un homme le quatrime il dit que par ces quatre i un aigle volant, cratures il faut entendre les quatre vangiles; el pour montrer la justesse de ces symboles, il rapporte le sujet par lequel chacun des vanglisles commence son histoire. Quelque imaginaire que soit son explication le fond de son tmoignage est positif; il cite aussi expressment les Actes des aptres.
,
,

du christianisme , depuis son origine jusqu'au temps o il vivait. Le tmoignage qu'il rend nos saintes
sidrables
,

une

histoire

Ecritures est celui d'un homme familiaris avec lout ce qui avait l publi par les chrtiens

pendant

les trois

premiers sicles

et

qui avait lu plusieurs ouvrages qui ne sont pas parvenus jusqu' nous. Dans un passage de sa Dmonstration vanglique, il

Arnobe et Lactance 16. Vers l'an 300 (Lardner, t. VII, p. 43 et 201) composrent des ouvrages mthodiques en faveur de la crdibilit de la religion chrtienne. Adressant leurs raisonnements des paens , ces auteurs s'abstiennent de citer les livres chrtiens par leur nom, et c'est la raison que l'un d'eux en donne mais quand ils tracent, pour l'instruction de leurs lecteurs, l'esquisse on comprend qu'ils de l'histoire de Christ tirent leur rcit des Evangiles el ne les tirent d'aucune autre source c'est alors qu'ils prsentent le sommaire de presque tout ce que les quatre vanglisles nous apprennent des actions de Jsus-Christ et de ses
, ; , ,
:

remarque avec beaucoup de discernement avec quelle dlicatesse deux des vanglisles ont parl de ce qui les concernait, et de celle de saint Jean, qui parait crire sous la direction de saint Pierre les choses qui regardent cet aptre. Le dveloppement de celte remarque le conduit de longues citations de ces vanglisles et tout ce passage est une preuve que non-seulement Eusbe et les chrtiens de son temps lisaient les vangiles, mais qu'ils en faisaient une tude exacte et rflchie. Dans un passage de son histoire vanglique il traite formellement et avee dtail des raisons pour lesquelles quatre Evangiles furent crits, et de l'ordre dans lequel ils l'ont l. Le titre de ce chapitre est De Vordre des Evangiles, et ii commence ainsi Observons les crits de l'aptre saint Jean, que personne n'a contests; occupons-nous en premier lieu de son Evangile bien connu, et admis par toutes les Eglises qui sont sous le ciel les anciens l'ont sagement plac le quatrime en rang pour les raisons suivantes. Eusbe continue montrer que Jean crivit le dernier des quatre, parce que son Evangile avait pour but de suppler aux omissions des autres, surtout dans la partie du ministre de Notie-Seigncur, qui prcda l'emprisonnement de Jean-Baplisle. Il observe que les aptres de Christ ne recherchaient pas les ornements de la composition, qu'ils n'taient point empresss crire, bornant
,
,
: :

miracles.

Arnobe, sans nommer ces historiens relve la confiance qui leur est due en observant qu'ils ont t tmoins oculaires des faits qu'ils racontent, et que leur ignorance dans l'art de la composition ajoute la force de leur tmoignage, bien loin de l'attnuer. Lactance fait aussi valoir en faveur de la religion, l'accord, la simplicit, le dsintressement, et les souffrances des historiens chrtiens, et par ce mot il entend les van,
,

glisles.

tous leurs soins remplir leur ministre. Ce savant auteur ne fait aucun usage des crits chrtiens faussement attribus aux aptres ou leurs compagnons. Nous terminons ici cette branche d'vidence, parce que depuis Eusbe, on ne peut plus lever d'objection sur ce sujet, les ouvrages des crivains chrtiens depuis cette poque tant aussi nourris des textes de l'Ecriture ou d'allusions ses passages que peuvent l'tre les sermons de nos thologien* modernes. Les tmoignages que nous pourrions continuer de rassembler en faveur de nos saints livres prouveraient seulement qu'ils n'ont jamais perdu leur caractre et
,

17. Nous terminons la srie de ces tmoignages par celui d'Eusbc (Lardner, t. VI11 vque de Csare, qui vivait l'an p. 33) 315, a peu prs dans le mme temps que les deux auteurs prcdents, ou lout au plus quinze ans aprs eux. Ce lumineux crivain, le plus diligent rdacteur des crits des autres, a compos, entre autres ouvrages con,

leur autorit.

section u.

Que

ces allusions,

ou

ces citations des saintes

Dinnysiiis, le

an de Jcsus-Cluist , 251. 270. Auatoli ii, df Laodice, 270. Thognoslus, 282. Mclhodius, de Lycic, L290. Phylas, d'Kyypic, i2%.
(i)

Novalus, de

Home,

Ecritures sont toujours accompagnes de. quelque expression particulire de re$i comme d'un livre unique dans son r possdant une autorit refis-: g lout autre, livre, et qui dcidait toutes 1rs dis les controverses qui s'levaient parmi les
; ,)

Rome, 25 (J. Commoitian

chrtiens.

Outre

la

tournure gnrale

'les

di\

755

DEMONSTRATION EV ANGELIQUE. PALEY.

756

citations de nos saints livres, rapportes cidessus , et qui distinguent constamment et avec force ces crits d'avec tous les autres,

auxquelles

les Eglises ajoutent loi

comme

nous prsenterons
jet.

les rflexions

comme un tmoignage
1.
t.

suivantes , plus prcis sur ce su,

Thophile (Lardner's Cred.


.

part.

II,

p. 429) , sixime voque d'Anlioche depuis les aptres et qui vivait un peu plus d'un sicle aprs la publication du Nouveau Testament, s'exprime ainsi en citant un de
I,

nos Evangiles Ce sont l les choses que nous enseignent nos saintes Ecritures, et ceux qui ont t anims du Saint-Esprit au nombre desquels tait Jean, qui dit :u commencement tait la parole, et cette parole tait avec Dieu. Et ailleurs Concernant la justice qui nous est enseigne par la loi, vous trouverez les mmes choses chez les prophtes et dans les Evangiles parce qu'tant tous inspirs, ils ont parl d'aprs le seul et mme Esprit de Dieu (Lardncr, t. I, p. 448). Aucune expression ne peut exprimer plus fortement que le plus profond respect que l'on celles-ci portait ces livres. 2. Voici les expressions qu'emploie contre Artmon (Lardncr, t.l, p. 40) un crivain qui peutavoircrit centcinquante-huit ans aprs la pubIicationdel'Evangile,et dontle passage est cit, parEusbe: Peut-tre que ce qui est avanc par nos adversaires aurait pu mriler quelque attention, si, en premier lieu, nos divines Ecritures ne les contredisaient pas, et ensuite les evils de certains frte res antrieurs au temps de Victor. Ces frres, indiqus parleurs noms, sont: Justin, Miltiade, Tatien, Clment, Irne, Melilo,et plusieurs autres qui ne sont pas nomms. Ce passage prou ve:lqu'il y avait alors un recueil appel les Divines Ecritures ; 2 que ces Ecritures jouissaient d'une plus grande autorit que les autres livres chrtiens les plus anciens et les plus clbres. 3. Hippolytc (Lardner, t. III, p. 112), qui vivait peu pi sdans le mme temps, donnant la personne laquelle il crivait des instrucdclare tions qu'elle lui avait demandes qu'il puise tout la source sacre, et qu'il ne lui communique que des choses tires des saintes Ecritures. Alors il cite immdiatement les Eptres de saint Paul Timothe, et ensuite plusieurs autres livres du Nouveau Testament. Cet avertissement, qui prcde ses citations, distingue d'une manire marque l'Ecriture sainte des autres
:

tant divines. Ces expressions tablissent avec une pleine vidence l'autorit particulire et exclusive dont jouissait le Nouveau Testament. 5. Cyprien, voque de Carlhage (Lardner, t. IV, p. 840), qui suit immdiatement Origne exhorte fortement les prdicateurs chrtiens remonter la source dans tous les cas douteux, et que si la vrit a t all re en quelque chose, recourir aux Evan giles et aux crits apostoliques. Et ailleurs il dit . Les prceptes de l'Evangile ne sont rien moins que des leons d'autorite divine, les fondements de notre esp( rance, les appuis de notre foi, les guides de notre route les sauvegardes de notre
, :

marche au
6.

ciel.
t.

Novatus (Lardner,

V,

;;.

102),

romain

d'origine, et contemporain de Cyprien, en appelle aux Ecritures comme l'autorit avec laquelle on doit dcider les disputes et combattre les erreurs Que Christ soit non:

seulement homme, mais encore Dieu c'est ce qui est prouv par l'autorit sacre des crits divins. L'Ecr ture divine dcouvre et rfute aismeut les fraudes des hr tiques. Ce n'est pas la faute des Ecri tures divines qui ne trompent jamais. On ne saurait employer de plus fortes asser
,

v<

tions.
7. A vingt ans de distance de Novatus, se prsente le savant Anatolius (Lardncr, t. V, p. 146) d'Alexandrie, vque de Laodice ; en parlant de la rgle suivre pour Gxer le jour de la clbration de la Pqu^, question que l'on traitait alors avec beaucoup de chaleur, il dit de ceux qu'il combattait Ils ne peuvent en aucune manire prouver leur thse par l'autorit de l'Ecriture di:

vine.
8.

livres.
4. Nos assertions et nos discours , dit .Origcne (Lardner, t. 111, p. 287) ne m ritent aucune confiance; nous devons prendre les Ecritures comme tmoins. Aprs avoir parl du devoir de la prire, il pour,

Les Ariens, qui parurent environ cinquante ans aprs, attaqurent fortement les mots de consubstantiel et d'essence, et autres phrases semblables, parce qu'on ne les trouvait pas dans l'Ecriture (Lardner, t. VU, p. 283). Appuy sur ce raisonnement un de leurs dfenseurs, dans une confrence avec Augustin, dbute de la manire suivante: Si vous proposez quelque chose de raison nabie, je dois m'y soumettre .si vous m'al lguez quelque chose tir de l'Ecriture sainte, qui nous est commune tous deux, je dois vous couter; mais les expressions qui ne sont pas tires de l'Ecriture qu extra Script uram sunt, ne mritent aucune attention. Le grand antagoniste de l'arianisme, Athanase, aprs avoir fait l'numration des livres de l'Ancien et du Nouajoute Ce sont ici les veau Testament sources du salut; les oracles qui y sont
,
;

son raisonnement Ce que nous venons de dire peut se prouver par les Ecritures divines. Voici ce qu'on lit dans son ouvrage contre Celse Notre religion nous invite chercher la sagesse; c'est ce qui peut se dmontrer, et par les ancien ns Ecritures des Juifs dont nous faisons usage, cl par les Ecritures depuis Jsus,
suit ainsi

:
>;

contenus satisferont l'me altre; eux " seuls proclament la doctrine du salut; que chacun se. garde d'y ajouter ou d'en re

trancher (Lardner,
9.

t.

XII, p. 182).

Cyrille,

vque de Jrusalem (Lardner,

VIII, p. 276), qui crivait vingt ans aprs l'exposition de l'arianisme , prononce ^ paroles remarquables ; Quant ce qui
t.

57

TABLEAU DES PREUVES DU CHRISTIANISME.


qu'il considrait

concerne les mystres divins et sacrs de la foi, on ne doit pas avancer le moindre
article sans l'appui des Ecritures divines."

comme

le

presbytre de toute
i
,

l'Eglise chrtienne.

Observons que environ

dont parle Cyrille est bien celle que nous possdons, puisqu'il nous a laiss un catalogue des livres qui la composent. 10. Saint Epiphane ( Lardner, p. 314 ) , vingt ans aprs saint Cyrille, dfie les ariens et les partisans d'Orignc de produire quelque passage de l'Ancien ou du Nou veau Testament qui puisse tre favorable
l'Ecriture

Nous sommes assurs que

quatre-vingts ans aprs cet les crits de saint Clment d'Alexandrie ( Lardn., t. II, pag. 510) nous fournissent une preuve directe que ces deux mots.i'ranf//eet aptres, taient les noms sous lesquels on dsignait d'ordinaire les crits du Nouveau Testament et leur
division.

opinions. 11. Psebadius, vque gaulois, qui vivait environ trente ans aprs le concile de Nice, tmoigne que les vques du concile commentrent par consulter les livres sacrs, et qu'ensuite ils dclarrent leur foi (Lardner, t. IX,

leurs

page
et

vque deCsare en Cappadoce, contemporain d'Epiphane, dit que les auditeurs que ion instruit dans l'Ecriture doivent examiner ce qu'avancent ceux qui les instruisent adopter ce qui est conforme aux Ecritures, et rejeter ce qui s'en carte (Idem, page 12k).
,

52). 12. Basile,

13. Le syrien Ephram clbre crivain de cette mme poque rend un tmoignage concluant en faveur de la proposition qui fait le sujet de ce chapitre. La vrit crite dans le livre sacr de l'Evangile est une rgle parfaite ; on ne pourrait, sans un grand crime, ce soit Jr ajouter ou y retrancher quoi que (Lardner, t. iX, page 202). 14. Si ces autorits nous joignons celle de saint Jrme, ce ne sera qu' cause de l'vidence qu'elle ajoute celle des sicles prcdents. Jrme observe sur les citations des anciens crivains chrtiens, c'est--dire des crivains qui passaient pour anciens l'an 400, qu'ils faisaient une distinction entre les livres ils en citaient quelques-uns comme
,

Voici un autre passage d'Isnace : Mais l'Evangile a qiulque chose en soi de plus excellent c'est la manifestation de Notre-Seigneur Jsus-Christ, de sa passion et de sa rsurrection [Idem, pag. 182). En voici un troisime Vous devez donner attentionaux prophtes, mais surtout l'Evang le, dans lequel sa passion nous a t manifeste et sa rsurrection consomme. Ce dernier passage tablit une association entre les prophtes et l'Evangile et comme il est hors de doute que par les prophtes Ignace entendait la collection de leurs crits, il est trsprobable qu'il donnait le mme sens au mot vangile, ces deux expressions tant videmment places en ligne parallle l'une avec l'autre. Un ouvrage peu prs de la mme antiquit confirme l'interprtation de ce mot vangile, c'est la relation du martyre de Polyearpc, donne par l'Eglise deSmyrne. Toutes les choses qui se sont passes prcdem,

ment l'ont t afin que le Seigneur pt nous donner le spectacle d'un martyr, selon l'Evan,

attendait d'tre dlivr comme en Ep.,c.\). El ailleurs Nous ne faisons pas l'loge de ceux qui se sacrifient ainsi parce que l'Evangile ne nous le commande pas [la., c. h). Il parat que dans ces deux passages l'Evangile signifie l'histoire de Jsus-Christ et de sa doctrine. Si c'est l le vrai sens de ces passages, ils nous offrent
gile: car
il
,

effet il le fut (Ign.

autorit, et d'autres comme n'en ayant point; observation qui a rapport aux livres de l'Ecriture, compars d'autres crits apocryphes ou paens (Idem, t. X, page 123).
faisant

non-seulement des preuves en faveur de notre proposition mais des preuves trsfortes et trs-anciennes de la haute estime qu'on avait alors pour les livres du Nouveau
,

SECTION

III.

Les livres du Nouveau Testament ont t runis en un volume distinct, ds les premiers
sicles
1.

Testament. 2. Eusbe nous apprend que Quadralus et d'autres successeurs immdiats des aptres, portrent les Evangiles avec eux dans les voyages qu'ils entreprirent pour prcher Christ, et qu'ils les communiqurent ceux
qu'ils avaient convertis; voici comment il s'exprime Ils s'acquittrent dans leur voyage dr la charge d'vanglistes mettant leur ambition prcher Christ el communiquer les crits des Evangiles divins (Lardner' s Cred., part. II, t. I, p. 23G). Eusbe avait sous ses yeux les crits de Quadralus et de plusieurs autres auteurs du mme ge, mais qui sont perdus aujourd'hui. On peut donc raisonnablement croire que son assertion tait bien fonde, d'autant plus qu'il nous parle ainsi des Evangiles environ soixante ans ;,prs
:

du christianisme.

Ignace, qui tait vque d'Antioche, moins de quarante ans depuis l'Ascension, et qui avait vcu et convers avec les aptres parle de l'Evangile et des aptres dans des termes par lesquels il entendait probablement par l'Evangile, le livre ou le volume des Evangiles, et par les aptres, le livre ou le volume de leurs Eptres. Il dit quelque part (Lard., Cred., part. II, /. I, page 180) Cherchant notre asile dans l Evangile comme tant la chair de Jsus et dans les aptres
,
:
,

tant le presbytre de l'Eglise ; ce qui d'aprs l'interprtation deLccIerc, signifierait

comme
que
tait
,

leur publication. Ii est donc vident que ces livres taient d'un usage gnral, non-seulement cette poque, mais longtemps auparavant, et qu

pour connatre

la volont de

Dieu
il

il

s'attachait
tait

aux Evangiles auxquels

pas moins de foi que si rvl lui, et aux

n'ajouJsus en chair s'crits des aptres

dans
qu'ils
le

les

ils jouissaient d'une haute estime Eglises fondes par les aptres; taient runis en un volume comme

le

sont aujourd'hui, et que les successeur

"759

DEMONSTIU TION EVANGLIQUE. PLEY.

760

immdiats des aptres le portaient avec eux en allant prcher la religion chrtienne ceux qui ne la connaissaient pas encore,
et le communiquaient aux nouveaux convertis. 3. Irne, l'an 178 ( Lardner, t.l.p. 383), runit les crits vangliques et apostoliques avec la loi et les prophtes indiquant mani-

aprs sa conversion, facilita la multiplication des copies des oracles divins, et les fit dcorer avec magnificence aux frais du trsor imprial (Id., page 432). Or ce livre que les chrtiens d'alors embellirent si richement dans leur prosprit, et qu'ils conservrent avectantd'allachement dans les perscutions,
c'est ce

mme volume du Nouveau


lisons aujourd'hui.

Testament

festement par
collection

les

premiers un code ou une


,

que nous

sacrs des chrtiens derniers un code ou une collection des crits sacrs des Juifs. 4. Melito, alors vquede Sardes, crivant un certain Onsime , lui dit qu'il s'tait procur une relation exacte des livres de l'Ancien Testament. Ces mots d'Ancien Testament ont t mis dans ce passage pour dmontrer, comme ils le dmontrent en effet, qu'il existait alors un volume ou une collection d'crits appels le Nouveau Testament. 5. Au temps de saint Clment d'Alexand'crits
les

comme

par

SECTION

IV.

Les livres du Nouveau Testament que nous possdons aujourd'hui furent d'abord distingus par des litres de respect qui leur taient propres.
1.

Polycarpe

dit

tes bien instruits

drie, environ quinze ans aprs le tmoignage prcdent, il semble que les livres sacrs des chrtiens taient diviss en deux parties, sous

car dans ces il est dit : Soyez en mais ne pchez point, et que le soleil ne se couche point sur votre colre. (Lardn., 1. 1, page 203). Ce passage esl trs-important il
colre,
;

dans Ecritures

J'ai l'assurance que vous les saintes Ecritures,

prouve que du temps de Polycarpe


porain

contem-

gnraux des Evangiles et des Aptres, et que toutes deux taient envisages comme une trs-grande autorit. Entre plusieurs expressions de saint Clment qui se
les litres

aptres, il existait des crits chrtiens distingus par le litre de saintes Ecritures ou d'Ecrits sacrs ; outre cela, les paroles qu'il cite se trouvent dans notre recueil actuel. Les autres citations de Polycarpe, accom-

ds

rapportent celle classification se trouve // existe un accord et une harmonie entre [a loi et les prophtes, entre les Aptres et l'Evangile (Lardner, t. II, page 216). 6. On retrouve dans Terlullien [Id., page 631 ), contemporain de saint Clment, cette mme division de Prophtes, ?Evangiles, d'Aptres; on y trouve l'indication du volume entier, le Nouveau Testament, et ses deux parties, Evangiles et Aptres, et il en dsigne la collection sous le nom d'instrument vanglique (Id., page 574).
,

celle-ci

7. Daes les ouvrages de plusieurs crivains du troisime sicle, et surtout de sainlCyprien qui vivait au milieu de ce sicle-l, on aper-

oit que les crits sacrs des chrtiens taient diviss en deux parties ou volumes >l'un appel les Evangiles du Seigneur, l'autre les Aptres, ou les pitres des aptres (Lard., t. IV,

comme nous l'avons dj remarqu, s'applique faire voir que c'tait juste litre que les anciens avaient plac l'Evangile de saint Jean le quatrime en rang et aprs les trois autres (Id., t. VIII, page 90) ; ce sont l ses propres termes, et son raisonnement prouve d'une manire incontestable que les quatre Evangiles ont t rassembls en un seul volume, l'exclusion de tout autre que leur rang dans ce volume a t d;

page 846). 8. Eusbe,

pagnes des mmes pilhtes. peuvent lre envisages comme tires certainement du Nouveau Testament, des Evangiles de saint Matthieu, de saint Luc, des Actes des aptres, de dix Eplres de saint Paul, de la premire de saint Pierre, et de la premire de saint Jean (Lard., t. I, page 223). Polycarpe s'exprime ainsi d;ms un antre endroit Quiconque pervertit les Oracles du Seigneur, selon ses convoitises, et dit qu'il n'y a ni rsurrection, ni jugement celui-l est le premier n de Satan (Ici., page 222). Qu'est-ce que Polycarpe pouvait entendre par ces Oracles du Seigneur, si ce n'est ces mmes saintes Ecritures, ou Ecrits sacrs, dont il avait parl? 2. Justin martyr, donl l'Apologie fut crite trente ans aprs l'Entre de Polycarpe, cite expressment quelques parties de notre histoire vanglique sous le nom d'Evangile, et
:
,

cela, non comme s'il tait le premier qui lui donnt ce nom, mais comme employant un litre sous lequel elle tait alors gnralement connue; voici ses paroles Car les aptres vous apprennent dans les mmoires composs par eux, qui sont appels Evangiles, que Je sus leur ordonna de prendre du pain et de rendre grces (Lardner, t. l.page 271 ). On ne peut douter que par ces mmoires dont parle Jus:

tin,

il

n'entendt nos Evangiles actuels, puis-

et que termin avec beaucoup d'attention cela s'est fait par ceux qu'Eusbe dsignait sous le nom d'anciens, au temps o il
,

qu'il les cite dans le cours de ses et qu'il n'en cite point d'autres.
,

ouvrages,
,

crivait.

Lors de la perscution sous Diodtien, l'an 303, on faisait la recherche des Ecritures et on les brlait (Lardner, t. VII, page 214) ;
plusieurs soutinrent la mort plutt que de s'en dessaisir, et ceux qui les livrrent leurs perscuteurs, furent envisags comme laps et apostats. D'un autre ct, Constantin,

3. Denis vque de Corinthe trente ans aprs Justin, et dont les ouvrages sont perdus, parle dans un passage conserv par Eusbe, des Ecritures du Seigneur ( Idem page 298.) 4. Et dans ce mme temps, ou bien prs, mais dans un lieu bien loign, Irne, v,

que de Lyon,

les nomme Divines Ecritures, Divins Oracles, Etritttres du Seigneur, Ecrite

701

TABLEAU DES PREUVES DU CHRISTIANISME.

7G2

vangliques et apostoliques (ld., page 343). Ces citations d'Irne prouvent videmment que les seuls Evangiles que nous possdons, et les Acles des aptres, taient les
livres
titres.

mmoires, et son silence sur tous les autres, nous prouve videmment que c'taient les mmes Evangiles que nous possdons aujourd'hui 2 Justin nous fait connatre l'usage
;

historiques qu'il

dsignait sous

ces

5. Thophile, vque d'Antioche et contemporain d'Irne, cite l'Evangile de saint Matthieu sous le litre de Voix vanglique {Lardver, t. I, page. 427); et les volumineux oupuhlis vrages de Clment d'Alexandrie quinze ans aprs, donnentaux livres du Nouveau Testament ces diffrents tilres, de Livres sacrs, d'Ecritures divines, d'Ecritures divinement inspires, d'Ecritures du Seigneur, de vrai Recueil vanqclique (ld., t. II, page 515). 6. Tertullien, contemporain de Clment, en adoptant la plupart des noms et des pilhtes que nous venons de citer, appelle les Evangiles nostra Digesta, paraissant faire allusion un recueil de lois romaines qui existait alors (ld. page 630). 7. Origne, qui parut trente ans aprs Tertullien, donne des tilres semblables etd'autres aussi distingus nos livres saints; de plus, cet crivain parle frquemment du Vieux et du Nouveau! estament, des Ecritures anciennes et nouvelles, des Oracles anciens et nouveaux (Lardner, vol. III, page 280). 8. Dans Cyprien, postrieur de moins de vingt ans, on lit Livre de l'Esprit, Fontaines divines, Sources de divine abondance (idem, vol. IV, page 844). Les expressions que nous venons de citer,
,
:

gnral de l'Eglise chrtienne 3 il n"en parle pas comme d'une institution rcente, mais il s'exprime comme on le fait en parlant de
;

coutumes
2.

tablies.

Tertullien, qui suivit Justin cinquante ans de distance , nous dit dans la relation qu'il donne des assembles chrtiennes de son temps Nous notes rassemblons pour retracer notre mmoire l'Ecriture divine ; par cette parole sacre (Lardner, t. II. p. 628) nous entretenons notre foi, nous ranimons nos esprances, nous confirmons notre confiance. 3. Eusbe rapporte d'aprs les lettres de
:

quelques vques contemporains d'Origne


,

que lorsque celui-ci fut en Palestine l'an 216, ou seize ans aprs le tmoignage rendu
par Tertullien, les vques du pays le prirent de lire et d'expliquer publiquement l'Ecriture dans l'Eglise, quoiqu'il ne ft pas encore ordonn prtre (Lardner, t. III, p. 68). Ce fait indique que l'usage de lire et mme d'expliquer l'Ecriture sainte existait alors dans toute sa force. Origne lui-mme en rend tmoignage en disant Nous faisons cela lorsque la lecture des Ecritures est acheve et que le peuple [idem, p. 302) a entendu le discours dans lequel on les explique. Et ce qui fortifie ce tmoignage, ce sont plusieurs ho- mlies sur le Nouveau Testament, rcites
:

dmontrent que

l'on avait

pour ces

livres

un

respect profond qui leur tait particulier, et


elles ont t employes dans les deux sicles qui ont suivi leur publication. Quelques-unes de ces expressions se lisent dans des auteurs contemporains des aptres et depuis le premier sicle de rtablissement de la religion chrtienne, le nombre et la varit de ces ti;

tres respectueux

augmente sous

la

plume de

par Origne dans les assembles de l'Eglise, et qui sont parvenues jusqu' nous. 4. Cyprien, plus rapproch de nous d'environ vingt ans, fait connatre son troupeau qu'il avait tabli pour lecteurs deux hommes qui avaient t prcdemment confesseurs de la foi, et la raison qu'il donne de son choix, indique le genre de lectures qu'ils devaient faire. Bien n'est plus convenable, dit Cyprien, que celui gui a fait une glorieuse confession

plusieurs crivains qui se suivent sans interruption.

section

v.

du Seigneur, soit charg de la lecture publique dans l'Eglise; que celui qui s'est montr prt souffrir le martyre, lise l'Evangile de Christ, pour lequel le martyre est endur (Lardner, /,
IV. p. 842).
5. Nous pourrions indiquer un grand nombre d'crivains qui ds le commencement des quatre premiers sicles, etpendantleur cours, nous laissent entrevoir la mme coutume. Je ne citerai qu'un seul de ces tmoignages , parce qu'il est positif et complet. Augustin , qui parut vers la fin de ce temps-l, montre les avantages de la religion chrtienne par la lecture publique de l'Ecriture sainte dans ies assembles de l'Eglise. L se runit une foule de toutes les classes et des deux sexes ; l on les instruit sur la manire dont ils doivent se conduire dans ce momie, pour mriter de vivre ternellement heureux dans l'autre. 11 dclare encore que cette coutume tait universelle: Les livres canoniques de l'Ecriture tant lus partout, les miracles qui y sont rapports sont bien connus de tous les peuples (Lardner, t.

Nos

saints livres ont t lus et expliqus publiquement dans les assembles religieuses des premiers chrtiens.

1. Justin martyr crivit l'an 140, c'est-dire environ quatre-vingts ans aprs la publication des premiers Evangiles, et moins

encore aprs celle du dernier. Voici un passage remarquable de sa premire Apologie, dans laquelle il donne l'empereur une relation du culte des chrtiens.
\.

On lit les Mmoires des aptres, ou les crits des prophtes, selon que le temps le permet et '4 lorsque le lecteur a cess de lire, le prsident fait un discours pour exhorter les auditeurs l'imitation de choses si excellentes (Lardner, 1. I, p. 273). Nous ferons sentir la force de ce tmoignage par quelques courtes rflexions. 1 Les Mmoires des aptres : Justin
,

nous dit expressment clans un autre endroit que c'tait ce qu'on appelle les Evangiles. Les nombreuses citations qu'il fait de ces

X,

p. 276).
Il

ne parait pas qu'on


livre

lt

publiquement
,

aucun autre

que

les

ntres

except

7G5

DEMONSTRATIOlN EV ANGELIQUE. PALEY.


p. "46), en appelle criture.

l'EpHre de Clment, qui tait lue dans l'Eglise de Corinthe, laquelle elle tait adresse, et dans quelques autres; et le livre du Berger d'Hermns qu'on lisait dans plusieurs Eglila ses. Mais celte exception n'affaiblit pas force de notre proposition d'une manire sensible, parce qu'on s'accorde croire que ces deux crits, en leur entier, appartiennent des hommes contemporains des aptres. Il n'existe pas la moindre preuve qu'aucun autre Evangile que les quatre reus aujourd'hui, ait joui de cette distinction.
,

lguaient les disciples d'Arlmon (Id. III, aux anciennes copies de V E6. Le mme Eusbe, aprs avoir dsign par leurs noms plusieurs crivains de l'Eglise de son temps, dit ce sujet: II existe

SECTION

VI.

encore plusieurs monuments des soins louables de ces anciens ecclsiastiques (c'est--dire de ces crivains chrtiens qui vers l'an 300 taient rputs anciens) j.tj ajoute: Il existe outre cela des traits de plusieurs autres dont nous n avons pu connatre les noms, hommes orthodoxes et attachs l'Eglise, comme le dmontrent les interprtations gue chacund'eux adonnes de l'Ecriture sainte (Lardner, t. Il,
p. 551).
7. Les cinq tmoignages ci-dessus se rapportent l'an 200. Aprs eux, une priode de trente ans nous conduit Julien d'Afrique, qui crivit une Eptre sur la diffrence apparente des gnalogies donne- par saint Matthieu et par saint Luc: il s'applique les concilier par la distinction qu'il fait entre

On

a fait autrefois sur le Nouveau Testament des commentaires, des harmonies de leur contenu, des copies collationnes avec soin et des traductions en diverses langues.

On ne peut donner une plus giande preuve du degr d'estime dont jouissaient ces livres
auprs des anciens chrtiens, et de l'importance qu'ils y attachaient, qu'en faisant voir et il avec quels soins ils taient conservs
;

descendance naturelle et lgale, et il suit son hypothse avec beaucoup d'art travers
la suite p. 170).

faut remarquer que le prix et l'importance de ces livres dpendait de leur intgrit et de leur vrit. Rien n'aurait pu engager un

de

ces

gnrations

(Id.

t.

III,

crivain y joindre une simple remarque, comme on l'aurait fait si l'on n'et envisag ces livres que comme des ouvrages de got et

posa,

d'imagination. Cela prouve encore qu'ils taient dj considrs alors comme livres anciens. On n'crit pas des commentaires surun ouvrage au momentde sa publication ;
ainsi donc, que les tmoignages que nous allons produire sur ce sujet, dmontrent que les crits vangliques sont beaucoup plus

anciens queleurs commentaires, et tent au sicle des auteurs auxquels


attribus.
1.

remonils

sont
vivait

Tatien, disciple de Justin, et qui

l'an 170,

composa une harmonie, ou une com-

paraison des Evangiles, qu'il appela Diatessaron sur les Quatre (Lardner, t. \,p. 307): le litre et l'ouvrage sont galement remarquables^ ce qu'ils montrent qu'alors comme aujourd'hui, les chrtiens reconnaissaient quatre Evangiles, et n'en reconnaissaient que quatre; et cette harmonie ne fut compose qu'un peu plus de cent ans aprs la publication des derniers Evangiles. Pantnus, de l'cole d'Alexandrie, 2. homme aussi distingu par sa rputation que par ses connaissances, parut vingt ans aprs
,

qui, de mme que l'ouvrage tre Evangiles de Talien, prouve qu' cette poque il exiet stait quatre Evangiles l'usage de l'Eglise, quatre. L'ouvrage qu'il n'en existait que d'Ammonius est une preuve du zle et de la sollicitude des chrtiens sur leurs crits sacrs (Lardner, t. III, p. 122). Origne fit plus que les prcdents il crivit des commentailires ou des homlies sur presque tous les Nouveau Testament, et il n'en a crit vres du sur aucun autre livre. Il travailla en particuet encore lier sur l'Evangile selon saint Jean, plus au long sur celui de saint Matthieu ; il donna aussi des commentaires et des homelies sur les Actes des Aptres ( Idem, p. 352,
,

Le savant Ammonius d'Alexandrie, comcomme Talien, une harmonie desqua-

192,202,245).
sicle nous prsente encore d'Alexandrie, homme trs-savant, qui Denis confronta avec beaucoup d'exactitude les rle temps de la cits des quatre Evangiles sur de Jsus-Christ, en ajoutant une rsurrection rflexion qui montre combien il faisait cas les de leur autorit. Ne pensons point que soient pas d'accord, ou qu'ils se Evangiles ne contredisent Vun Vautre, quoiqu'il se trouve cherentre eux quelque lgre diffrence ; mais des chons concilier ce que nous lisons par moyens honntes et de bonne foi (Lardner, vol.
8.

Le troisime

Tatien. Il crivit sur les saintes Ecritures plusieurs commentaires que saint Jrme nous dit avoir exist de son temps (Lardner, t.\,p. 455). 3. Saint Clment d'Alexandrie publia de courtes explications sur plusieurs livres de l'Ancien et du Nouveau Testament (Id.,
r. II.

lV.paq. 661). Vietorin, vque de Pelaw en Allemagne, de crivit des commentaires sur l'Evangile Matthieu (Idem, pagel9$). Lucien, evesaint vque gypqlSe d'Anlioche, et Hsychius,
du mme sicle quelesdeux prcdents, donnrent des ditions du Nouveau Testament, revues avec soin. le catalo9. Le quatrime sicle nous offre quinze crivains (1) qui consacrrent gue de
tien,
(1)

p. 462).

en appelle de l'autorit d'une traduction moderne en usage de son temps, l'autorit du grec authentique [Id. p. 638.) 5. Un auteur anonyme, cit par Eusbe,
4. Terlullien

qui parat avoir crit vers l'an 212, voulant rfuter quelques copies altres qu'aiet

Eusbe, an de Jsus-Christ 5)5, Jvencui

765

TABLEAU DES PREUVES DU CHRISTIANISME.


ment, corrige, pour
la

7<T

leurs veilles travailler sur !e Nouveau Testament, et dont les noms comme les ouvra-

partie des quatre

conservs jusqu' nos jours. Dans le bul que nous nous proposons, de montrer quels taient les sentiments et le genre d'tude des savants chrtiens de ce sicle-l, nous ne parlerons que des suiges se
sont
vants.

Eusbe

crivit,

au commencement du qua-

trime sicle, sur les diversits que l'on remarque dans les Evangiles. 11 publia un trait dans lequel il indique ce qui est rapport par les quatre vanglistes, ce qui ne l'est que par trois, que par deux et que par un seul [Lardner, t. VIII, p. 46). Cet auteur atteste (et c'est ici un point d'vidence bien important) que les crits des aptres avaient obtenu un tel degr d'estime, qu'on les avait traduits clans toutes les langues, grecques et barbares, et qu'ils taient devenus un objet d'tude suivie chez tous les peuples [Idem, p. 201). Ce tmoignage est de l'an 300, mais nous ignorons l'poque laquelle parurent les diverses traductions dont il parle. Damase, vque de Rome, fut en correspondance avec saint Jrme sur les sujets difficiles de l'Ecriture et dans une lettre conserve jusqu' prsent, il lui demande une explication claire du mot Hosanna, qui est dans le Nouveau Testament Damase ayant trouv des interprtations trs-diffrentes de ce mot dans les commentaires grecs et latins d'crivains catholiques qu'il avait lus (Lardner, t. IX, p. 108). Ces paroles l'ont connatre le nombre et la varit des commentateurs de ce temps-l. Grgoire de Nysse en appelle une fois au tmoignage des copies les plus exactes de l'Evangile de saint Marc; une autre fois il
;
:

Evangiles, sur des copies grecques qu'il disait tre anciennes. Enfin Chrysostome, comme chacun le sait, composa et publia un grand nombre d'homlies ou de sermons sur les Evangiles et les Actes des aptres. Il serait inutile d'tendre ces recherches des temps postrieurs; mais il est essentiel d'ajouter qu' l'exception d'un seul il n'existe aucun exemple d'crivain chrtien des trois premiers sicles qui ait compos des commentaires sur d'autres livres que sur ceux qui sont contenus dans le Nouveau Testament. Cet exemple unique est celui de Clment d'Alexandrie, qui commenta un livre intitul Rvlation de Pierre. Entre ies anciennes versions du Nouveau Testament, la syriaque est une des plus estimes. La langue syriaque tait celle qu'on parlait en Palestine l'poque de l'tablissement du christianisme; et quoique les livres du Nouveau Testament fussent d'abord crits en grec, afin de les rpandre hors de l'enceinte de la Jude, il est cependant probable

qu'on les traduisit bientt dans la langue du pays o l'on avait pos les premiers fonde-

compare ensemble

les diffrents rcits

que

les

ments de la religion. En effet il existe aujourd'hui une traduction syriaque, dont les habitants de la Syrie ont fait usage de tout temps, autant qu'on peut l'apercevoir, et l'on y dcouvre plusieurs caractres de la plus haute antiquit, qui reposent sur la tradition uniforme de l'Orient, et se trouvent confirms par la dcouverte de plusieurs anciens manuscrits dans les bibliothques de l'Europe. Il y a environ deux cents ans qu'un vque d'Anlioche envoya en Europe une copie de cette traduction pour la faire imprimer, et il parat que c'est depuis cette poque qu'elle a
t

quatre vanglistes ont donns de la rsurrection de Jsus-Christ, et il se propose de les concilier celte indication du nombre des
:

historiens prouve qu'il n'existait alors aucune autre Histoire de Jsus-Christ qui ft regarde comme authentique, ou qui jout de la mme autorit. Cet auteur observe assez judicieusement que les dtails sur la disposition des vlements dans le spulcre, sur le linge qui avait envelopp la tte du Sauveur et qui se trouvait plac part, n'annonaient pas la terreur et la prcipitation qu'auraient prouves des hommes qui seraient venus enlever frauduleusement le corps de Jsus; ce qui, par consquent, rfutait la fable de cet enlvement (Lardner, t. IX., p. 103). Ambrois, vque de Milan, remarque plusieurs variantes dans les copies latines du Nouveau Testament, et il en appelle l'original grec.
blia

gnralement connue dans celle partie du Le Nouveau Testament de l'vque d'Antioche contenait tous nos livres, except seconde Eplrc de saint Pierre, la seconde 1
globe.
:

et la troisime de saint

Jean, et l'Apocalypse.

Cependant ces
traduits en

livres ont aussi t trouvs cette langue dans quelques an-

ciens manuscrits d'Europe. Mais il ne parat pas qu'on ait jamais plac dans le Testament syriaque aucun autre livre que ceux qui sont contenus dans le ntre: et ce qui est digne d'attention, c'est que malgr l'loignement du pays el le dfaut de communication avec nous, le texte ne diffre que trs-peu du ntre et n'en diffre dans rien d'essentiel (Jones,

on

the

Canon,

vol.

1, c.

14).
Vil.

SLCTION

Et Jrme, sur la fin du mme sicle, pueu latin une dition du Nouveau TeslaThodore, de Ttirace, 334i
Hilaire,

d'Est'agne, 330

Nos Ecritures ont t reues par les diffrentes sectes des anciens chrtiens et par les hrtiques aussi bien que par les catholiques, qui en appelaient les uns et les autres Vautorit de ces livres dans les controverses que l'on
discutait alors.

Forlunalus, 340. Apollinaire, de Laotlice, 362. Damase, de Rome, 366. Grgi ire, de INvNsr. 371. Didyn e, d'Alexandrie, 370. Ainluoise, de Milan, 374. Diodore, 'I'' Tars , 378. Gaudence, de Thodore, de Cilicie, 3D4. Jrme, 592. Br

de Poiiicrs,

".;'..

,".88.

Les trois plus anciens sujets de controverse entre les chrtiens taient la ncessit d'observer la loi mosaque, l'origine du mal et la nature du Christ. Sur le premier de eel

7G7

DEMONSTRATION EVANGEL1QUE. PALEY.


aux deux prcdentes (Idem,
peut-tre du

m
temps. Quelques-unes de
ce

points on aperoit, ds l'origine de l'Eglise, une classe d'hrtiques qui rejetaient absolument l'Ancien Testament; et une autre qui soutenait l'obligation d'observer la loi des Juifs dans toutes ses parties et dans toute son tendue, si l'on voulait se rendre agrable Dieu. Quant aux deux derniers sujets, on vit s'lever, parmi ceux qui faisaient profession du christianisme, des opinions bizarres et sans fondements, nes d'une curiosit naturelle et peut-tre excusable dans son principe, mais inutile, aigre, impatiente, excite par la philosophie et les usages scolastiques de ce sicle, et source d'hypothses hardies et d'applications hasardes, cbezceuxmmes qui professaient la religion chrtienne. Rien ne nous porte croire que ces hrtiques fussent nombreux dans l'Eglise; et au sein des disputes que de pareilles opinions devaient

l'une des plus anciennes, de peu postrieure p. 309), ou

mme

leurs opinions ont du rapport avec

que

nous appelons aujourd'hui le socinianisme. Irne et Epiphane leur reprochent particulirement de corrompre un passage.de saint Matthieu ce qui est une preuve positive qu'ils admettaient cet Evangile (Jones, on the Canon., t. IX, p. 318) et la preuve nga,

ncessairement exciter, on a du moins la consolation de voir, par un grand nombred'exemles deux partis avaient recoursaux Ecritures. 1. Basilides vivait l'an 120 (1) et peut-tre auparavant poque assez rapproche des aptres [Jones, on the Canon., t. IX, p. 271).

ples,que

mmes

Il

rejetait

l'conomie judaque non

comme

fausse, mais comme procdant d'un tre infrieur au vrai Dieu. Il avanait aussi sur d'autres objets un plan de thologie trs-diffrent de la doctrine gnrale de l'Eglise chrtienne,
il s'tait form quelques disciples, vivement combattu par les crivains chrtiens du second et du troisime sicle. On voit manifestement par ces crits que

et
il

comme

fut

Basilides reconnaissait l'Evangile selon saint

Matthieu,

et

nous n'avons pas


rejett

onner
il

qu'il

aucun des

lieu de soup(rois autres ;

au contraire, qu'il crivit sur l'Evangile un commentaire assez tendu pour tre divis en vingt-quatre livres (Jones, on
parat,

Canon., vol. IX, dit. 1788, p. 305). Vers ce mme temps s'leva l'hrsie des valeniniens (Idem, p. 350) elle consistai' en certaines opinions sur la nature des anges, qu'il serait difficile de faire comprendre un lecteur moderne. 11 parait cependant que celle espce de sparatistes acquit autant d'importance qu'aucune autre de ce sicle. irne crivant contre eux, environ l'an 172, dit expressment qu'ils cherchaient, dans les Evangiles et les crits apostoliques (Joncs, on the Canon., t. I, p. 383), des arguments en faveur de leurs opinions. Hraclon, l'un des membres les plus clbres de cette secte et
the
2.
;

qui vivait probablement l'an 125, crivit des commentaires sur saint Luc et sur saint Jean (Idem, t. IX, p. 352). Origne (Idem, p. 353) nous a aussi conserv quelques-unes de ses observations sur saint Matthieu, et l'on ne saurait douter qu'il ne reconnt le Nouveau Testament dans son entier.
3.

ne sont point accuss par leurs adversaires de rejeter aucune partie du Nouveau Testament. 4JL.es sthiens, an de Jsus-Christ 150 (Id., pag. 34-8 482); les montanistes, 156; les marcosiens, 160; Hermogne, 180;Praxas, 196; Arlmon, 200; Thodote, 200, furent tous compris sous la dnomination ' hrtiques, tous engags dans des controverses avec les chrtiens catholiques, mais tous admettaient les livres du Nouveau Testament. 5. Tatien, vers l'an 172, se laissa entraner plusieurs opinions extravagantes. Comme fondateur de la secte des eucratites, il eut de vives disputes avec les chrtiens de ce sicle; mais il croyait les quatre Evangiles, sur lesquels il avait compos une harmonie. 6. Il paratrait , d'aprs un crivain de l'an 200 environ, cit par Eusbe, que ceux qui soutenaient alors la simple humanit de Christ, argumentaient d'aprs les Ecritures car cet crivain leur reproche d'altrer leurs copies, dans le dessein de favoriser leurs opinions (Jones, on the Canon., t. III, p. 46). 7. Les opinions d'Origne excitrent de grandes controverses; elles furent censures par les vques de Rome d'Alexandrie et (le plusieurs autres Eglises ; mais les Eglises d'Orient les adoptrent cependant il est dmontr que les partisans et les adversaires de ces opinions reconnaissaient galement la mme autorit de l'Ecriture sainte. A cette poque, c'est--dire cent cinquante ans aprs sa publication, il rgnait parmi les chrtiens plusieurs dissensions que Celse leur reprochait cependant Origne qui nous a fait connatre ce reproche, sans le contredire, ne laisse pas d'attester que les quatre Evangiles furent adopts sans dispute par toute l'Eglise de Dieu sous le ciel (Jones, on the Canon., t. IV. page 642). 8- Trente ans aprs Origne, on vit Paul de S imosate se distinguer dans les disputes sur la nature de Christ, au point que l'on assembla Antioche deux conciles ou synodes pour examiner ses opinions. Mais ces adversaires ne l'accusent jamais de rejeter aucun des livres du Nouveau Testament; bien au contraire Epiphane, qui cent ans aprs
tive,

c'est

qu'ils

une histoire des hrtiques nous apprend que Paul de Samosate s'efforait
crivit
.

L'hrsie des carpocraliens est aussi


emprunt
les

premire parlie de celle section de l'Histoire des hrtiques des deux premiers sicles, par le docteur Lardner, publie aprs sa mon avec des addil'ons du rvrend M. Iloog, d'Kxcester el insres dans le neuvime volume de l'dition de 1788.
(1) J'ai

matriaux de

la

d'appuyer sa doctrine sur des passages de et Vincent de Lrins, l'an 424 s'exprime ainsi au sujet de ce mme Paul et d'autres hrtiques de ce temps-l Ici peuttre quelqu'un demandera si les hrtiques se prvalent du tmoignage de l'Ecriture: cerl'Ecriture
:

tainement

ils

s'en prvalent explicitement et

G9

TABLEAU DES PREUVES DU CHRISTIANISME.

770

avec vhmence ; vous les verrez feuilleter tous les livres de notre loi sacre (Joncs, on the Canon., t, XI, page 158). 9. 11 existait dans ce mme temps une controverse entre les notiens, ou sabelliens qui paraissaient s'tre jets dans l'autre extrme du systme de Paul de Samosale et de ses adhrents. Cependant Epiphane nous dit expressment que Sabellius admettait toutes les Ecritures; et les crivains catholiques les allguent aussi constamment pour
,

341, dclarrent que si quelqu'un, en opposition la saine doctrine des Ecritures, osait dire que le Fils est une crature semblable aux autres cratn es, qu'il soit analhhne (Jones ,
the Canon, page 77). Les Ariens et les alhanasiens s'accusent mutuellement, de faire usige de phrases antiscripturaires , accusation par laquelle ils indiquent qu'ils reconnaissent lotis galement l'autorit dcisive de l'Ecriture sainte. 14. Les priscillianites, l'an 378 (Jones on the Canon., t. IX, page 325 , les plagiens, l'an 405 (Jones, on the Canon., t. XI, page 52) admettaient les mmes Ecritures que nous. 15. Le tmoignage de Chrysostome qui vivait vers l'an 400, est si positif en faveur de notre proposition, que nous allons le citer pour conclure notre raisonnement. La rception gnrale des Evangiles est une preuve de la vrit invariable de notre histoire : car
, ,

on

repoussent les arguments qu'elles puisaient dans des passages particuliers du Nouveau Testament. Nous avons donc ici la preuve que les partis les plus acharns et les plus irrconciliables reconnaissaient l'autorit de l'Ecriture sainte avec la mme dfrence. 10. On pourrait encore produire comme un tmoignage gnral sur ce sujet, ce que disait un des vques du concile de Cartilage , assembl peu avant celte poque Je suis d'avis qu'on regarde avec excration les hrtiques mchants et blasphmateurs qui

combattre ces deux sectes,

et

pervertissent les paroles adorables et sacres des Ecritures (Jones, on the Canon., t. XI, page 839). Il est hors de doute qu'ils recevaient ce qu'ils pervertissaient.

depuis leur publication, il s'est lev plusieurs hrtiques qui soutiennent des opinions contraires son contenu, quoiqu'ils reconnaissent en tout ou en partie la vrit de ces Evangiles (Jones, on the Canon., t. X, page 316). Ces paroles, en tout ou en partie, n'affaiblissent point, comme il le semble d'abord, le
,

clbration de la pque, fixrentaussi l'attention et divisrent les opinions des chrtiens de ces temps et des temps antrieurs. Observons en passant que quoique blmables toutes ces disputes quelques gards, montraient cependant avec quel zle on s'occupait de la religion ; mais les uns et les autres en appelaient toujours au tmoignage de l'Ecriture pour soutenir leurs opinions. Denis d'Alexandrie, qui crivait l'an '2kl, parlant d'une confrence ou d'une dispute publique avec les millnaires d'Egypte, quoiqu'il ft leur adversaire, convient cependant qu'ilssaisirent tout ce que F Ecriture pouvait leur fournir pour appuyer leurs raisonnements (Jones, on the Canon., t. IV, page
la
,

11. Le millsianisme, baptme des hrtiques,

le

novatianisme,

le

tmoignage de Chrysostome car lors mme que nous abandonnerions toutes ces parties
;

de nos Evangiles, cont< s'es par les hrtiques, celte concession n'terait rien l'origine miraculeuse de la religion par exemple, Epiphane nous dit que Crinthe admettait l'Evangile de saint Matthieu mais non dans son entier nous ignorons ce qu'il en reje: , :

et l'on croit communment que c'taient deux premiers chapitres; opinion qui nous parat tre errone (Jones, on the Canon., t. IX nage 322). Tous ceux qui nous ont parl de Crinthe, conviennent qu'il enseignait que le Saint-Lsprit descendit sur Jsus son baptme, et que ds lors il opra
tait

les

666). Novatius se fit remarquer l'an 251 par des opinions trop svres au sujet de ceux qui avaient reni la foi, et devint le fondateur d'une secle nombreuse ; dans le petit nombre d'ouvrages qui nous restent de lui, il cite l'Evangile avec autant de respect que les autres chrtiens quant ses disciples, le tmoignage que leur rend Socrales vers l'an 440, que dans les disputes qu'ils est positif, savoir avaient avec les catholiques , on s'appuyait de part et d'autre sur l'autorit des Ecritures divines (Jones, on the Canon., t. V, page 105). 12. Les donalistes, qui parurent l'an 328 , firent usage de nos mmes Ecritures. Produisez-nous leur disait Augustin, produiseznous quelque preuve tire de l'Ecriture, dont nous reconnaissons tous galement l'autorit (Jones on the Canon., I- VII page 243). 13. Il est de toute notorit que dans la controverse arienne, qui s'leva peu aprs , l'an 300, on en appela de part et d'autre aux
: : , ,

Ecritures en tmoignant la mme dfrence et le mme respect pour elles. Les Ariens dans leur concile d'Antiochc, l'an

mmes

plusieurs miracles, et qu'il apparut aprs sa mort. Soit que Crinthe entendt par le Saint-Esprit une personne, ou un pouvoir , il n'en reconnaissait pas moins la partie essentielle de l'histoire. Entre les anciens hrtiques le plus extraordinaire fut Marcion (Joncs, on the Canon., t. IX, sect. 2 cit. X, et Michael. t. I , sect. 18), qui vivait vers l'an 130. \)n ch. 1 de ses dogmes consistait rejeter l'Ancien Testament, qu'il croyait procder d'une divinit infrieure et imparfaite; et pour soutenir son hypothse, il mettait de ct, sans en donner aucune raison fonde sur la critique, tous les passages du Nouveau Testament dans lesquels l'Ancien Testament tait cit il ne faisait p.'s grce an moindre texte contraire son opinion, et il est naturel de penser que Marcion en agissait avec les livres comme avec les textes cependant, ce conlrovcrsisle tmraire et extravagant publia une dition revue et corrige de l'vangile de saint Lue contenant tous les principaux faits et lout ce qui est ncessaire pour l'authenticit de la religion. Cet exemple dmontre qu'il y avait toujours des points.
,
,

771

DEMONSTRATION EVANGELIQUE. PALEY.


,

772

principaux, l'abri de toute contestation quels que fussent la bizarrerie des brtiques, leur tmrit, leur p.ission de contredire et les excs de leurs controverses. Nous n'avons aucune raison de croire que Marcion, malgr toute son aigreur contre les chrtiens catholiques, les ait jamais accuss d'avoir falsifi leurs livres. L'Evangile d saint Mat-

nous dit-il, l'Eptre aux Hbreux, celde saint Pierre et de saint Jacques, aussi bien que. L'Ancien Testament en gnral sont des crits non pour les chrtiens, mais pour les Juifs. Celle dclaration nous fait connatre pourquoi Marcion mutilait ainsi l'Ecriture sainte c'tait uniquement par un effet de son aversion pour ces passages cl pour ces livres. Le docteur Lardner rcapitule ainsi l'examen gnral qu'il vient d faire de ce point d'vidence: Noius Paul de Samosale Sabellius, Marcells, Photinus, les noyatiens,
thieu,
les
, :

les

dona tintes

les

manichens

Faustus

Origne, environ vingt ans aprs Caus, aux Hbreux, en observant que, comme l'autorit de celle Eptre pourrait tre conteste, il croit devoir citer l'appui du mme sujet l'Evangile de saint Matthieu, les Acles des aptres et la premire Eptre de saint Paul aux Thessaloniciens ( Idem, p. 246), livres sur lesquels il n'existe aucun doute. Le mme auteur s'exprime ailleurs sur cette mme Eptre, en disant Les renseignements qui nous sont parvenus varient ; quelques-uns prtendent que Clment, alors vquede Rome, crivit cette Eptre ; d'autres la croient de Luc, auteur de l'Evangile et des Actes. Parlant de saint Pierre dans ce mme paragraphe, il dit: Pierre nous a laiss une Epitre reconnue : qu'on nous accorde qu'il nous en a laiss une seconde, quoiqu'on en ait quelque doute. Parlant de Jean Il nous a laiss une Eptre de peu de lignes : accordeznous aussi qu'il en ait crit une seconde et une troisime, car chacun ne convient pas de leur
2.
cite l'Eptre
: :

except, qui vcut vers l'an 384 ), les priscillianistes, except Arlmon, les audiens, les ariens et divers autres, ont tous admis tous ou la plupart des livres du Nouveau Testament reus par les catholiques, et se sont accords avec eux dans le. respect qu'ils ont eu pour ces livret, comme tant crits par les aptres ou par leurs disciples (1).

authenticit.

Remarquons

maintenant que

SECTION

VIII.

Les quatre Evangiles, les Actes des Aptres, treize pitres de saint Paul, la premire de saint Jean et la premire de saint Pierre, ont t reus sans aucun signe de doute par ceux qui en tmoignaient sur les autres livres compris dans notre recueil actuel.

parce que si prouve, elle fait voir l'importance que les premiers chrtiens attachaient aux recherches sur l'authenticit de nos livres saints, et que s'ils levrent quelques doutes sur ceux qui pouvaient y donner quelque lieu, cela fortifie de beaucoup le tmoignage qu'ils rendirent ceux de ces livres qu'ils reurent avec un entier acquiescement. 1. Saint Jrme rapporte, au sujet de Caus, qui tait probablement prtre de Rome, et qui vivait vers l'an 200, qu'il ne comptait que treize Epitres de saint Paul, disant que la quatorzime, adresse, aux Hbreux, n'tait pas de lui. Saint Jrme ajoute ce sujet Les Romains, jusqu' ce jour, ne la croient pas de Paul. Ceci s'accorde au fond avec ce que Eusbe nous apprend de ce mme auteur ancien et de son ouvrage, mais avec plus de mnagement: // est vrai que jusqu'aujourd'hui quelques-uns d'entre les Romains ne pensent pas que cette Epllre soit de cet aptre ( Lardner, t. III,
J'tablis cette proposition
la
,

Origne, qui fait ces distinctions, qui avoue ses propres doutes et ceux qu'on avait de son temps rend un tmoignage exprs aux quatre Evangiles Ils taient les seuls qui fussent reus sans opposition par toute l'Eglise de Dieu qui est sous le ciel ( Lardner, tom. III, pag. 234 ). 3. Denis d'Alexandrie, l'an 247, a des doules si le livre de l'Apocalypse a t crit par saint Jean il prsente la diversit des opinions qui rgnaient sur ce sujet, soit de son temps, soit avant lui Lardner, t. IV, pag. 670 ) mais ce mme Denis compare les quatre Evangiles et les cite d'une manire qui dmontre qu'il n'avait pas le plus lger doute sur leur autorit, et que ces livres seuls taient adopts comme tant les histoires authentiques de Jsus-Christ ( Idem,
: :

on

t.

IV, p. 661).
4.

Le titre de cette section n'y semble plac que pour faire connatre au lecteur deux passages remarquables de l'histoire ecclsiastique d'Eusbe le premier com;

ces mots : Observons les crits de l'aptre Jean, qui n'ont jamais : contredits; nous parlerons d'abord de l'Evangile qui porte son nom, comme tant reu d tous, et bien connu de toutes les Eglises qui sont sous le ciel. L'auteur expose ensuite les raisons de la publication des Evangiles; il explique pourquoi celui de Jean fut plac le dernier: quanl leur autorit el la certitude de leur source, il les met tous au mme rang (Lard., t. Vlll, p. 90). Le second passage est tir

mence par

page 240) (l)Tome XII, page 212. Le docteur Lardner a trouv un plus grand nombre d'exemples dans des recherches subsquentes.

d'un chapitre dont voici le litre Des Ecritures universellement reues, et de celles qui ne le sont pas galement. Eusbe commence ainsi son nmration En premier lieu, on doit placer les quatre Evangiles sacrs, les Actes des aptres, les Epitres de Paul ; viennent ensuite les Epitres nommes premire Eptre de Jean et premire Eptre de Pierre. qui doivent tre rputes authentiques. Vous plaons aprs, si on le juge convenable, l'Apocalypse de saint Jean, et nous rapporleronst quand l'occasion s'en prsentera, les diverse$
: :

773

TABLEAU DES PREUVES DU CHRISTIANISME.

opinions sur cet ouvrage. Quant aux crits qui sont contests, quoique bien connus et approuvs par le plus grand nombre, ce sont t'Epitre de Jacques, celle de Jucle, la seconde de Pierre, la seconde et la troisime de Jean; que ces ouvrages soient des vanglistes ou d'auteurs du mme nom {Idem, p. 89). Eusbe continue et parle de cinq autres ouvrages qui ne se trouvent point dans le canon, et qu'il dsigne quelque part par les pithtes de falsifis et de contests, qui, selon moi, ont le mme sens chez cet auteur (1). Il me semble manifeste, par ce passage, que les quatre Evangiles et les Actes des aptres, qui sont les livres auxquels nous attachons le plus d'importance, furent admis sans opposition par ceux mmes qui levaient des doutes ou des difficults sur d'autres

approuvs par plusieurs, quoique contests par quelques-uns, il nous offre non-seulement le jugement de son sicle, mais le rsultat de l'vidence qu'il s'tait procure par ses recherches, en consultant les crits des premiers sicles, depuis le temps des aplre.s jusqu' lui. L'opinion d'Eusbe et de ses contemporains parat avoir t fonde sur le tmoignage d'crivains qui taient dj anciens pour eux, et nous pouvons observer que ceux des ouvrages de cette poque qui confirment sont parvenus jusqu' nous pleinement le jugement que porte Eusbe et la distinction qu'il tabli!. Les livres qu'il
,

du mme recueil. Mais ce passage prouve quelque chose de plus l'auteur tait trs-vers dans la connaissance des crits
parties
:

appelle universellement reconnus, sont c^ls en eTet dans les ouvrages qui nous reslent des crivains chrtiens qui oui yPH pendant les deux cent cinquante ans couls depuis les aptres jusqu' Eusbe, et ils sont ciis plus frquemment et d'une autre manre

que

les livres

dont

il

dit

que
IX.

l'autorit tait

des chrtiens, publis depuis l'origine du christianisme jusqu'au temps o il vivait, et c'est dans ces crits qu'il avait puis la connaissance de la nature et de la rception des livres sacrs dont nous parlons. On voit, dans un passage du mme chapitre que nous venons de citer, qu'en effet Eusbe avait eu recours ce moyen de s'clairer, et qu'il avait soigneusement examin celte espce de preuve; il y dit, en parlant des livres qu'il appelle falsifis : Aucun des crivains ecclsiastiques, successeurs des aptres, n'a fait mention d'eux dans ses crits. Et, dans un autre passage du mme ouvrage, parlant de la premire Eptre de Pierre, il dit: tille a t cite dans les crits des prtres des anciens temps, comme tant indubiteiblanenl authentique ( Lardner, t. VIII, p. 99 ). Venant ensuile quelques autres ouvrages attribus Pierre Nous savons, dit-il, qu'ils ne nous sont pas parvenus comme tant du nombre des crits catholiques ; de manire qu'aucun crivain catholique des temps anciens ou du ntre, ne 1rs a produits en, tmoignage. Mais, en continuant son histoire, l'auteur ajoute : Nous allons indiquer, depuis les aptres jusqu' nous, quels ont t les crivains ecclsiastiques dp chaque sicle '{ui ont fait usage de ces livres sur lesquels on n'est pas d'accord, ce qu'ils ont dit des livres contenus
:

conteste.

SECTION

Les plus anciens ennemis du christianisme ont attaqu nos livres histoi iques comme contenant les faits sur lesquels lu religion tait
fonde,

le

paen, nomm Celse, vers milieu du second sicle, crivit un trait en forme contre le christianisme. Cinquante ans aprs, Origne rpondit celte attaque, et il cite frquemment dans sa rponse les expressions et les raisonnements de son adversaire. L'ouvrage de Celse est perdu, mais nous avons encore celui d'Origne il parat nous avoir transmis fidlenieni les propres termes de Celse, qua-. d il dit qu'il les cite, et une des raisons qui nous le persuade, est

Un philosophe

que

l'objection qu'il

met dans

la

bouche de

ce philosophe paen, est quelquefois plus forte que sa propre rfutation. Je crois aussi probable qu'Ori&ne nous adonn en dtail une grande partie de l'ouvrage de Celse : Afin, dit-il, qu'on ne nous souponne pas de glisser sur quelques chapitres, faute de rponses prtes, j'ai prfr de rfuter, selon ma capacit, tout cequ il avance, m' assujettissant moins l'ordre naturel des choses qu' l'ordre que cet auteur a suivi (Origne contre
Celse,
l.

dans

le

Nouveau Testament

et

reconnus de

l,sect. kl).

tous, et de ceux qui n'ont pas le mme avantage ( Lardner, t. VIII, p. 111 ). D'aprs cela, on peut raisonnablement croire que lorsque Eusbe parle des quatre Evangiles et des Actes des aptres, comme reconnus de tous sans contradiction ni difficult, lorsqu'il les

Ce

fut

environ cent ans aprs

la

publica-

tion des Evangiles que Celse publia son livre; ainsi toutes les notices qu'il nous en donne sont d'un grand intrt, vu l'antiquit

de ses
le

oppose non-seulement aux livres faux dans le sens que nous attachons ce mot, mais ceux qui taient un objet de controverse, et mme ceux qui taient bien connus et
qu'Eusbe n'a P iis attach an que nous y attachons aujourd'hui ; car en parlant (fans ce mme chapitre de l'Evangile dit: de Pierre, de Thomas, de Matthias et d'autres, Ce n'ost pas assez de les envisager comme falsifis, rejets comme absurdes ou impies < ils doivent lre i (tome VIII, page 98). i
(1)
Il

parait vident
l'ide

mot

falsifi

il

crits, etd'un plus grand encore, vu caractre de l'auleur; car il fallait que l'acceptation, l'autorit et la notorit des Evangiles ft bien tablie parmi les chrtiens pour que des trangers et des ennemis en lissent un sujet de censures et d'attaques ce qui met dans un grand jour la vrit de ce qu'observait Chrysostome deux sicles Les Evangiles, lorsqu'ils aprs, en disant parurent, ne furent pas cachs dans un coin, envelopps d'obscurit, mais ils furent com:
:

mimiques au monde

entier, aux yeux des ennemis comme ceux des autres, de mme qu'Ut

775
le

DEMONSTRATION VANGEL1QUE PALEY.


sont

776

aujourd'hui (In Malth.

Homil.

I,

sect. 7).
1.

frappe sur une joue, prsentez-lui aussitt l'autre ( Lardner's Jewish and heath. Test
parle des malheurs dnoncs et de sa maxime, qu'il est impossible de servir deux matres (/(/., p. 277). de la robe de pourpre, de la couronne d'pines, du roseau dans sa main, du sang qui sortit de son corps sur la croix ( ht. p. 280 ) circonstance qui n'est rapporte que par saint Jean enfin, ce qui est le plus dcisif pour le but que nous nous proposons, c'est que Celse parle de la diffrence des rcits des vangiistes sur la rsurrection, les uns parlant de deux anges au spulcre et les autres d'un seul (l., page 282). Il est trs-essentiel de remarquer que Celse en appelle toujours aux
t.

Celse,

ou
:

le

Juif qu'il

fait parler,

prime ainsi

Je pourrais dire, sur

ce

s'exqui con-

Il, p.

276)

il

par Jsus-Christ, de ses prdictions

cerne Jsus, bien des choses trs-diffrentes de ce que ses disciples en onl crit, mais c'est dessein que je les passe sous silence [Lardnefs Jewish and heath. Testim. t ll,page$7k). On a judicieusement observ sur ee passage, que si Celse avait pu contredir avec de bonnes preuves la narration des aptres dans des points essentiels, il n'et pas manqu de le faire, et que, selon la remarque d'Origne, son assertion n'est qu'une simple figure de rhtorique. 11 suffit, au reste, de prouver qu'au temps de Celse il existait des livres publiquement counus et attribus aux disciples de Jsus-Christ comme contenant l'histoire de leur Matre. Par le mol disciples, Celse n'entend pas tous ceux en gnral qui s'attachrent Jsus, car il dsigne ceux ci du nom de chrtiens ou de croyants,
.

dtails

ou d'autres semblables; mais ce mot ceux qui avaient t

il

entend par

instruits par

Jsus lui-mme, c'est--dire ses aptres ou ses compagnons. 2. Dans un autre passage, Celse accuse les chrtiens d'avoir altr l'Evangile (Lardner's Jewish and heath. Test., t. II. p. 275). Cette accusation regarde quelques variantes dans les copies sur quelques passages particuliers. Celse s'explique et dit que quand on pousse les chrtiens, et que l'on a rfut une de leurs copies, ils la dsavouent et ont recours une autre. Nous n'apercevons pas dans Ori-

gne que Celse

ait

spcifi

aucun exemple

particulier de cette accusation, ce qui fait qu'elle reste sans lorce ; mais nous pouvons

raisonnablement conclure de ceci qu'il existait entre les mains des chrtiens des histoires qui taient dj alors de quelque poids,
car les variantes de copies et des altrations ne peuvent avoir lieu pour des ouvrages rcents. Le lecteur se rappellera que la premire citation prouve que ces livres avaient t composs par les disciples de Jsus stric-

tement ainsi nomms. La seconde citation nous fait voir que quoique les adversaires du christianisme attaquassent l'intgrit des livres du Nouveau Testament, ils n'attaquaient point leur authenticit. 3. Dans un troisime passage, le Juif que Celse fait parler, termine un argument de Nous avons allgu ces chocette manire ses empruntes de vos propres crits, et sans avoir besoin d'autres armes (Lardner's Jewish and heath. Test., t. IL /) 276). 11 est donc manifeste que celle espce de bravade suppose que les livres dont l'crivain parat triompher, jouissaient d'une autorit que les chrtiens faisaient profession de reconnatre. h. On peut se convaincre que les livres dsignes par Celse taient bien ceux de nos Evangiles actuels, par plusieurs passages d ces livres auxquels il fait allusion. H dsigne dj lieux d nos Evangiles en parlant il des deux gnalogies de Jesus-Chrisl parie de ce prcepte Ne rsistez point celui qui vous fait du mut, et si un homme vous
:

contenus dans les quatre Evangiles sur ce qui concerne Jsus-Christ (1), qu'il n'en appelle jamais d'autres ouvrages, et qu'aucune de ses objections contre le christianisme ne roule sur des choses contenues dans les Evangiles falsifis. IL Ce que Celse tait au second sicle, Porphyre le fut au troisime. San ouvrage, qui n'existe plus, contenait un trait volumineux contre la religion chrtienne. Nous sommes donc borns recueillir ses objections en les cherchant dans les crivains chrtiens qui les oui tudies pour les rfuter ; il nous reste assez de lumire sur ce sujet pour donner la preuve complte que les critiques de Porphyre furent diriges contre le contenu de nos Evangiles actuels et des Actes des Aptres, parce qu'il sentait bien que la chute de ces livres entranerait celle de la religion. Ainsi ses objections roulent sur ce que saint Matthieu a rpt une gnration dans la gnalogie qu'il donne de Jsus-Christ sur la vocation de Matthieu sur un passage cit comme tant d'Isae et qui se trouve dans un psaume attribu Asaph ; sur le nom de Lac donn la mer de Tibriade; sur ces termes employs par saint Matthieu, h' abomination de la dsolation; sur la diversit qui se trouve entre Matthieu et Marc dans la citation de ce texte, la voix de celui qui crie dans le dsert: Matthieu citant ce passage comme tant tir d'Isae, et Marc comme tir des prophtes sur l'application du mot parole, faite par Jean sur ce que Jsus-Christ changea de dessein pour monter la fle des Tabernacles (Jean, VII, 8) ; sur le jugement dnonc par saint Pierre, contre Ananias et Saphira, et que Porphyre appelle une imprcation de mort (Jewish and page 166). Tous ces heathen l'est., t. 111 exemples donnent peu prs la mesure des objections de Porphyre; ils prouvent qu'il avait lu les Evangiles avec celte sorle d'attention que doit avoir un crivain qui les envisage comme les dpositaires de la religion qu'il attaque. Outre ces exemples, les crits des anciens chrtiens prouvent en genral que Porphyre avait fa/L des notes sur
:
;

(l)Gs pnriicular'us, dont nous n'indiquons que quelques-unes, sont recueillies avec soin par fil. Biiani, p;ige 140.

TABLEAU

T>

rS

PREUVES DU CHRISTIANISilL.
que

77*

un grand nombre de passages de l'Ecriture. Dans le nombre des exemples cits cidessus, Porphyre, parlant de saint Matthieu, l'appelle votre vungliste ; i! emploie aussi ce mme mot au pluriel. Nous pouvons ob-

ces livres portaient. Aucun de ces adversaires n'avance sur ce sujet une opinion diffrente de celle des chrtiens. Et quand

server sur Porphyre

la

mme

chose que sur

Celse, savoir, qu'il ne parait avoir pris en considration, comme ayant autorit chez les chrtiens, aucune autre histoire de Jsus-

nous pensons combien il leur aurait t avantageux de pouvoir jeter quelque doute surce point, combien ils paraissaient disposs profiter des moindres circonstances qu'ils croyaient leur tre favorables, quand nous pensons qu'ils taient tous des hommes saet capables de faire des recherches, leur aveu ou plutt leur suffrage sur ce sujet est d'un grand poids. Ces observations ont encore plus de force l'gard de Porphyre, parce qu'il chercha s'appuyer sur ce genre d'objection lorsqu'il put en trouver le moyen ou que sa subtilit lui en fournit le prtexte. C'est sous ce rapport de falsification qu'il attaque la prophtie de Daniel, soutenant qu'elle avait paru aprs Antiochus Epiphane, et il cherche justifier cette accusation par des remarques critiques tires de loin, mais fort subtiles. Quant aux

Christ que celle de nos Evangiles. 111. L'empereur Julien, dont l'ouvrage parut un sicle aprs Porphyre, fut un des plus clbres adversaires des chrtiens. Dans les longs et divers extraits que Cyrille et Jrme (Jcwish and heathen Test.., t. IV, p. 11) nous ont donns de son ouvrage, on voit que Julien dsigne par leurs noms Matthieu et Luc, en parlant de la diffrence qui se trouve entre les gnalogies de Christ; qu'il attaqua l'application que fait saint Matthieu de cette prophtie, J'ai appel mon Fils hors d" Egypte, {Malt.. Il, 15), et de celle-ci, Une Vierge sera enceinte (I, 23). Julien rptait les sentences de Jsus-Christ, et plusieurs passages de son histoire, dans les mmes termes que les vanglisles; il dit, entre autres, que Jsus-Christ gurissait les estropis et les aveugles, et chassait les dmons dans les villages de Bethsada et de Bthanie; qu'aucun des disciples de Christ ne lui avait attribu la cration du monde, except Jean que ni Paul, ni Matthieu, ni Luc, ni Marc, n'avaient os donner Jsus le nom de Dieu; que Jean crivit plus tard que les autres vanglistes, une poque o un grand nombre des habitants des villes de la Grce et de l'Italie taient convertis; il fait des allusions la conversion de Corneille et de Sergius Paulus, la vision de Pierre, la lettre circulaire envoye par les aptres et les anciens de Jrusalem; faits qui sont tous rapports dans le livre des Actes des aptres. En citant les quatre Evangiles, et n'en citant aucun autre, Julien donne connatre que c'taient bien l les livres historiques, et les seuls qui jouissent de quelque autorit parmi les chrtiens, comme tant des mmoires authentiques sur Jsus-Christ, sur ses aptres et sur la doctrine qu'ils avaient enseigne. Mais le tmoignage de Julien nous montre quelque chose de plus que le jugement de l'Eglise chrtienne de son temps il nous fait encore connatre le sien; il tablit expressment l'antiquit de ces mmoires; il les dsigne par les noms qu'ils portent aujourd'hui il suppose constamment leur intgrit sans la rvoquer jamais en doute. L'argument en faveur des livres du Nouveau Testament, tir de la manire dont en ont parl les plus anciens ennemis de la religion, est d'une grande force; il prouve que les mmoires que les chrtiens avaient alors sont certainement les mmes que nous possdons aujourd'hui, et que nos Ecritures ac;

vants

du Nouveau Testament, nous ne trouvons aucune trace d'un soupon semblable chez cet auteur (Mich. Intro.'to the N.T., v. I, p. 43. Marsh' s transi.).
livres

SECTION X.

Bans tous

les catalogues formels que Von a publis des livres authentiques, se trouvent compris les livres actuels de notre histoire

sainte.

Ce genre d'vidence est une suite des autres, parce qu'il n'tait pas naturel qu'on publit des catalogues d'une classe particulire de livres des chrtiens, avant que leurs crits fussent devenus nombreux, ou avant qu'il en part que leurs auteurs prtendissent revtir d'une autorit apostolique, ce qui ncessitait la sparation des livres d'une autorit reconnue d'avec les autres. Mais du moment o les livres se sont multiplis, on a la satisfaction de voir paratre des catalogues qui, malgr leur nombre et la grande distance des lieux dans lesquels ou les dressa, ne diffrent que trs-peu les uns des autres, et dans rien d'essentiel, contenant tous, sans aucune exception, ies quatre Evangiles. 1. Dans ceux des crits d'Origne qui subsistent encore, comme dans quelques extraits de ceux qui sont perdus, et que Eusbe nous a conservs, on trouve des numrations des livres de l'Ecriture sainte o les quatre Evangiles et les Actes des aptres sont spcifis

d'une manire aussi formelle qu'honorable; et l'on n'y trouve aucun autre livre que ceux Lardn. Cred., qui sont reus aujourd'hui
(

234, et v. VI11, p. 196). Le lecteur se rappellera que les ouvrages d'Origne datent de l'an 230.
v. 111, p.

2.

Alhanase donna

environ

un

sicle

tuelles

que

prouve encore ni Porphyre au troisime, ni Julien au quatrime, n'ont form de soupon contre l'authenticit de ces livres, ni mme insinu que les chrtiens fussent dans l'erreur sur le nom des auteurs
taient les leurs.
Il

ni Celse

au second

sicle,

aprs, un catalogue en forme des livres du Nouveau Testament, contenant nos Ecritures, et aucun autre ouvrage; il dit, leui sujet La doctrine de la religion est enseigne
:

dans

ces seuls livres;

ajouter ou d'y retrancher v. VIII, /;. 223).

que l'on se garde d'y Crcd.. ( Lardn.

D.MONST. EVANG. XIV.

(Vingt-cinq.)

779

DEMONSTRATION EVANGLIQUE. PALEY.


sonnes
I.

730

3. Vingt ans aprs Athanasc, Cyrille, vque de Jrusalem, publia un catalogue

peuvent
:

dsirer

d'tre

claires;
les trois

j'observe donc

des livres de l'Ecriture qui se lisaient alors

Que

l'on

ne rencontre dans

Jrusalem; catalogue parfaitement semblable au ntre,

publiquement dans

l'Eglise de

sicles qui ont suivi la naissance de

Jsus-

l'exception de l'Apocalypse. k. Et quinze ans aprs Cyrille, le concile de Laodice donna, avec l'autorit requise, un catalogue des Ecritures canoniques, semblable celui de Cyrille ot au ntre, l'Apocalypse prs (Larda., t. VIII, p. 270). 5. Les catalogues devinrent plus frquents ; dans l'espace de trente ans, depuis celte dernire date, c'est--dire depuis l'an 363 jusqu' la fin du quatrime sicle; nous en avons d'Epiphane [Lardn., t. VIII, p. 368), de Grgoire de Nazianze {Larcin., t. IX, p. 132), de Philaster, vque deBrescia, en Italie (Lardn., t. IX, p. 373), d'Amphilochius, vque d'Iconium ces catalogues sont quelquefois dsigns par le nom de purs, c'est--dire ne contenant aucun autre livre que ceux que nous admettons aujourd'hui; et tous sont semblables aux ntres pour ce qui concerne l'vidence historique (1). 6. Jrme, l'crivain le plus savant de son temps, donna dans le cours de cette mme priode un catalogue des livres du Nouveau Testament, adoptant tous les livres sacrs reus de nos jours, avec l'insinuation d'un doute sur la seule Eptre aux Hbreux, et il ne fait mention d'aucun livre qui ne soit pas admis aujourd'hui (Lardn., t. X, p. 77). 7. Augustin, en Afrique, tait contemporain de Jrme, qui vivait en Palestine; il publia aussi un catalogue du Nouveau Testament, sans y joindre aucun auteur ecclsiastique comme revtu d'autorit, et sans omettre un seul des livres actuellerant reus (Lardn., t. X, p. 213). 8. Un autre crivain, conTcmpjrain de ceux-ci, se runit avec eux; c'est llufen, prtre d'Aquile, dont le catalogue, semblable aux leurs, est complet, sans aucun mlange, et se termine par ces paroles reCe sont ici les livres que les marqu.ibles Pres ont compris dans le canon, et dans lesquels ils v, nient que nous puisions les preuves de la doctrine de la foi (Lardn., t. X, p. 187).
:

aucun crivain connu qui ait cit histoire chrtienne que nos quatre Evangiles et le livre des Actes, comme' ayant t crite par un aptre ou par quelqu'un de leurs disciples; ou que si l'on rencontre
Christ d'autre des citations de quelque autre livre. c est toujours avec des termes qui le condamnent et
le rejettent.
:

fait les

Je ne fais point celte assertion sans avoir recherches ncessaires, et je ne doute

SECTION XI.

On

ne peut appliquer l^s propositions prcdentes aucun des livres communment appels livres apocryphes du Nouveau Testament.

Je ne crois pas que l'objection tire des livres apocryphes soit aujourd'hui de quelque poids auprs des personnes instruites. apprenant qu'il a Cependant il en est qui exist dans les anciens temps diffrents Evangiles sous des noms d'aptres, pourraient s'imaginer que le recueil de nos Evangiles actuels a t form par un choix accidentel ou arbitraire, plutt que par une prfrence sage et bien fonde de telles per,

pas qu'un juge raisonnable el comptent ne trouve une preuve satisfaisante de celie proposition dans les passages cits par MM. Jones et Lardner sous les diffrents litres des livres apocryphes, de mme que dans les renvois l'endroit o il en est parl, ot dont la recherche est facilite par la table exacte que le rvrend J. Alkinson en a publie en 1773. S'il y avait quelque livre qui part faire exception ce que je viens de dire, ce srail l'Evangile hbreu* qui circula sous les diffrents titres d''Evangile selon les Hbreux, d'Evangile des Nazarens, des Ebionites, quelquefois des Douze, et que quelques-uns attribuent saint Matthieu. Cet Evangile est cit une seule fois par Clment d'Alexandrie, qui vivait la fin du second sicle, cl ce mme Clment cite presque chaque page de son livre l'un ou l'autre de nos quatre Evangiles. Origne, l'an 230, en fait mention deux fois, et chaque fois avec des termes de dsapprobation. Voil l'unique fondement sur lequel celte exception peut tre appuye; mais ce qu'il y a de plus important c'est que cet Evangile s'accorde pour le fond des choses avec celui que nous avons ee saint Matrhieu (1). Maintenant, si l'on compare ce que nous avons dit dans les sections prcdentes sur les livres canoniques, avec cet aperu des si l'on rappelle seuleivres apocryphes ment cette assertion gnrale et bien fonde du docteur Lardner, que dans les ouvrages de Clment d'Alexan existants d'Irne drie, de Tertullien, qui tous vivaient dans les deux premiers sicles, il se trouve des citations du petit volume du Nou\eau Teset plus tendues tament plus nombreuses qu'il n'en existe de tous les ouvrages de Cicron chez les crivains de tout genre pendant plusieurs sicles (Lardner, Crcd., si nous ajoutons que, mal t. XII, p. 53 gr la perte de plusieurs ouvrages des premiers temps du christianisme, nous avons dans cette priode des deux premiers sicles des fragments d'crivains chrtiens qui vivaient en Palestine, en Syrie, dans l'Asie Mineure, en Egypte, dans la partie de l'A
,

celle er(1) Epiphane omet les Acics des aptees reur ne. |ieni eue qu'accidentelle, soil de sa pari, soit de quelqu'un de ses copistes; car ailleurs il s'en rfre ce livre, el l'altnbue saint, Luc.
:

(I) En appliquant tel Evangile ce que Jrme nous lit la tin du quatrime sicle d'un Evangile hbreu , je croirais que nous le confondons quelquefois avec une copie hbraque de l'Evangile de saint Matthieu, qui existait alors, traduite sur l'original ou
l'aile

d'aptes

lui.

781

TABLEAU DES PREUVES DU CHRISTIANISME.


o
la

?8

langue latine tait en usage, en Crte, en Grce, en Italie, dans la Gaule, fragments qui contiennent tous des renvois nos ranglistes ces observations rflchies nous font apercevoir une ligne de dmarcation bien distincte et bien frappante entre nos livres et ceux auxquels on prtendrait attribuer une semblable autorit. II. Mais indpendamment de quelques histoires faussement attribues aux aptres,
rique
,

mais ceux des sicles suivants les ont aussi rprouvs d'un consentement presque universel.

Quoique ces observations dmontrent que ces livres apocryphes n'obtinrent jamais un degr de crdit ni mme de notorit qui pt
mettre en concurrence avec les ntres, par les crits du quatrime sicle, qu'il existait plusieurs livres de ce genre dans ce sicle-l et dans le prcden!. II n'est pas facile ? une si grande distance de rendre raison de leur origine. L'ex p'Itcalion la plus probable serait ptft-'lf qu'ils furent composs dans le but gnral de tirer quelque profit de leur vente tout ouvrage sur cette matire tait sr de trouver des acheteurs, cl c'tait un impt qu'on levait sur la religieuse curiosit des chrtiens ignorants. Dans le mme but on adapta plusieurs de ces ouvrages aux sentiments particuliers de quelques sectes particulires pour en favoriser la circulation chez leurs partisans. Aprs tout, ces livres furent peut-tre beaucoup moins connus que nous ne le croyons. Aucun de ces ouvrages, aprs l'Evangile aux Hbreux, ne fut aussi connu que celui des Egyptiens; nous avons cependant de fortes raisons i\ croire que Clment, prtre d'Alexandrie en Egypte, l'an 184, homme d'une 'ru'd'ioh presque universelle, ne l'avait j:im,:is vu (Jones, t. I, /;. 243). Du nombre des anciens livrer de cette espce tait un Evangile scion saint Pierre ;
les
il

parat cependant

dont la supposition est vidente, il s'est trouv quelques crits des chrtiens, historiques en tout ou en partie, qui, sans tre falsifis furent nomms apocryphes, comme ou n'en ne jouissant d'aucune autorit ayant qu'une incertaine. Je n'ai trouv que deux crits de celte seconde classe dont il soit parl dans les trois premiers sicles, sans des expressions qui les condamnent directement. L'un e>t i'ntlul Prdication de Pierre, et Clment d'Alexandrie le cite souvent, Pari 196 l'autre est nomm Rvlation de Pierre; Eusbe nous apprend que Clment d'Alexandrie crivit des notes sur ce dernier livre, cl nous le trouvons cit deux fois dans un de ses ouvrages qui s'est conserv. 3u conois donc que la proposition que nous avons avance, en l'accompagnant mme de toutes les exceptions possibles, ne laisse pas d'tablir une ligne de dmarcation bien prononce cuire nos livres historiques, et d'autres o l'on a prtendu donner la relation des mmes faits. Qu'il nous soit cependant permis d'ajouter: 1 Qu'il n'existe aucune preuve qu'il y ait eu des livres apocryphes ou falsifis dans le premier sicle de l're chrtienne, poque laquelle existaient tous nos livres historiques, comme nous l'avons prouv. Nous ne trouvons aucune citation de livres apocryphes dans les crits des Pres les plus tels que rapprochs du temps des aptres Barnabas, Clment de Rome , Hermas Ignace et Polycarpe, dont les ouvrages l'an 70 l'an remplissent l'intervalle de 108; tandis que quelques-uns d'entre eux ont cit tous nos livres sans exception. Je pardis ceci (ajoute le docteur Lardner) ce que je crois l'avoir prouv (Lardner, aCrcd.. t. XII, p. 158). 2 Ces livres apocryphes n'ont point t lus dans les Eglises des chrtiens. 3 Ils n'ont point t admis dans leur cacl
, ,
:

l'an

te

non sacr.
h" Ils ne se trouvent jamais dans les catalogues qu'ils ont faits des livres du Nouveau

Testament. 5 Leurs adversaires n'en font pas mention et paraissent ne les pas connatre. 6" Ces livres ne sont point allgus par
,

cependant S'rapioh voque d'Ariiioch', 200, ne l'avait jamais lu lorsqu'il apprifqu'un livre de ce nom se trouvait entre les mains des chrtiens de Rhossus en Ciliil nous dit que ci fucTqs sectaires qui s'en servaient lui permirent de. le voir (Lardner, Cred., t. Il, p. 557). Et quant l'Evangile aux Hbreux, que l'on place au premier rang dans ce catalogue, Jrme, sur la fin du quatrime sicle, s'estimait heureux d'avoir pu s'en procurer une copie par la faveur des Nazarens d Berce. Il n'a jamais pu arriver rien de semblable par rapport nos Evangiles. 11 faut observer sur (ous ces livres apocryphes des chrtiens qu'ils reposent toujours sur la mme histoire fondamentale de JsusChrist et de ses aptres, telle qu'elle nous est prsente dans nos saints livres tous affirment ou supposent la mission de Christ, son pouvoir de faire des miracles, et la communication qu'il en donnait ses aptres, sa passion, sa mort, et sa rsurrection les noms des auteurs auxquels ces livres sont at, ,

tribus, sont

les

noms d'hommes

clbres

les

pouvant
verses.

eh Retiens de diffrentes sectes faire autorit dans leurs

comme
contro-

un sujet de commende traductions, de remarques et de concordances. Enfin non-seulement les crivains chrtiens les trois premiers sicles n'en parlent pus, ou n'en parlent que pour les rejeter,
7 Ils n'ont point t

taires,

dans notre histoire vanglique; en sorte que ces livres no nous prsentent pas des contradictions, mais des additions sans autorit; les faits principaux y sont supposs, les principaux agents en sont les mmes ; ce qui prouve que ces points taient trop bien tablis pour qu'ils pussent' donner lieu a quelque altration, ou pour qu'on ost les
contredire.
Si

quelque

livre

de ce

genre parat en

avoir impos un

nombre considrable dq

733

DEMONSTRATION KV ANGELIQUE. PALEY.


prdictions

7$i

chrtiens instruits, ce sont les Oracles Sibyllins; mais en rflchissant sur les circonstances qui facilitrent cette imposture, nous cesserons d'tre surpris de la tentative et de son succs. On croyait gnralement alors qu'il existait un crit prophtique de ce genre, dont on cachait le contenu celte opi;

nion dut fournir quelques personnes l'ide et la facilit de publier sous ce titre un ouvrage qui ft d'accord avec la persuasion dj rpandue parmi les chrtiens et qui devait probablement trouver un accueil plus ou moins favorable dans ces circonstances. Nous avons peu de lumire sur cet ancien ouvrage videmment suppos ; ce que Ton en conserve aujourd'hui n'aurait d, selon moi, en imposer personne, car l'on n'y voit autre chose queThistoirede l'Evangile mise en vers. Peuttre ft-ce d'abord une fiction plutt qu'une
,

attribues au Fondateur du christianisme, et qui n'auraient pas t insres dans son histoire, ou n'auraient mrit aucune attention srieuse si elles n'avaient pas t d'accord avec l'vnement; et lors mme qu'on les aurait faussement attribues au Fondateur, on n'aurait pu le faire qu'autant que l'vnement aurait cadr avec elles; enfin par les vives et continuelles exhortations au courage et la patience, exhortations qui n'auraient pas eu lieu, s'il n'y avait pas eu dans ce tem^s-l quelques circonstances extraordinaires qui rendissent ncessaire l'exercice de ces vertus. Je crois avoir aussi suffisamment prouv que les prdicateurs de la religion et ceux qui l'embrassrent suivirent de nouvelles

de perscutions

supposition,

et

un exercice

d'esprit plutt

qu'un projet d'imposture.

CHAPITRE

Rcapitulation.

Le lecteur voudra bien se rappeler que les deux points qui font le sujet de celte discussion sont : 1 que le Fondateur du christianisme, ses associs et ses disciples immdiats ont pass leur vie dans un tat de peine, de danger et de souffrance; 2 qu'ils l'ont fait pour attester l'histoire miraculeuse rapporte dans nos saintes Ecritures et uniquement en consquence del conviction qu'ils avaient de la vrit de celte histoire. Je ne crois pas qu'il existe de fait historique plus certain que celui qui nous apprend que les premiers propagateurs du christianisme se sont volontairement assujettis une vie de faligue, de dangers et de souflrances pour remplir leur but. C'est ce qui parat fort probable quand on considre la nature de ce but, le caractre des personnes qui s'y sont employes, l'opposition que prsentaient leurs dogmes aux opinions enracines et aux esprances du peuple chez lequel ils les prchrent; la condamnation qu'ils prononaient hautement contre les religions de tous les autres pays ; leur dfaut tolal d'autorit, de force et de pouvoir. La probabilit s'aug-

habiludes dvie et de murs par une consquence de leur nouvelle profession. La grande question qui se prsente est de savoir pourquoi ils ont fait cela. Il me parat vident que ce fut pour une histoire miraculeuse d'une manire quelconque parce que le point fondamental de leur prdication consistant soutenir qu'une personne particulire, savoir, Jsus de Nazareih, devait tre reu comme le Messie, ou comme l'Envoy de Dieu, ils n'avaient et ne pouvaient avoir que des miracles pour appuyer leur assertion. C'est pour cette mme histoire miraculeuse que nous avons aujourd'hui, que les aptres ont endur tant de travaux et de souffrances; cela se prouve, en considrant que celte histoire nous a t transmise par deux des aptres, et par deux autres crivains intimement lis avec eux que l'on voit par les particularits de ces narrations que leurs auteurs ont prtendu en avoir les connaissances les plus dtailles, et les plus faciles se procu,

rer, d'aprs leur position

que du moins

ils

savaient certainement ce que leurs collgues, leurs compagnons ou leurs malres leur en avaient appris. Ajoutons que chacun de ces livres contient seul de quoi prouver suffisamment la vrit de la religion, qu'il suffirait que l'authenticit d'un seul ft reconnue, et que cependant celle de tous est clai-

mente, quand nous voyons que le Fondateur de celte religion fut mis mort cause de son entreprise, et que dans les trente premires annes on fit souffrir les plus cruels traitements ceux qui l'adoptrent. Ces deux points, attests par les crivains paens, ne permettent pas de douter que les missaires
primitifs de cette religion, exerant d'abord

rement dmontre, soit par les arguments gnraux qui tablissent l'authenticit des ouvrages anciens les mieux reconnus, soit par des preuves particulires et spciales, telles que des citations de ces livres dans des crits qui ont paru dans des poques contigues leur publication; le respect qu'avaient les premiers chrtiens pour leur autorit; les diverses manires dont ils l'ont tmoign, en recueillant ces livres en un seul volume distingu par des litres respectueux en les traduisant en plusieurs langues, en faisant sur leur contenu des commentaires et des harmonies, surtout en les lisant dans les assembles des Eglises de toutes les parties du monde l'accord d'un respect universel pour ces livres, tandis qu'on levait des doutes au sujet d'autres livres sur la mme matire; leur autorit galement appele en tmoignage par des sectes diffrentes; le silence des ennemis du christianisme qui
, ;

leur ministre au milieu du peuple qui venait de supplicier leur Matre et ensuite chez

ceux qui perscutaient les nouveaux convertis, ne purent chapper au chtiment ou poursuivre leur entreprise d'une manire Iranquille cl sre. Celte probabilit, fonde suides tmoignages trangers, devient une certitude historique par les preuves que nous fournissent nos propres livres, par le rcit d'un crivain qui fut le compagnon des personnes dont il raconte les souffances, et par les lettres de ces mmes personnes; par les

785

TABLEAU DLS PREUVES DU CHRISTIANISME.


sistent
;

780

n'ont pGirtt attaqu leur intgrit, mais qui en ont toujours parl comme du dpt de l'histoire sur laquelle la religion chrlienne .._ r ii_ -.1....: ..i r. i ,iest fonde; plusieurs catalogues formels de ces livres, et publis en diffrentes parties du monde chrtien fort loignes les unes des autres, comme tant des livres d'une autorit certaine enfin le dfaut total de ces caractres d'vidence dans les autres livres historiques sur le mme sujet. Ce sont ici de fortes preuves que ces livres taient certainement l'ouvrage des auteurs dont ils portent et dont ils ont toujours port les noms, car on n'a pas le moindre renseignement qu'ils en aient jamais port d'autres. Mais, de plus, l'exacte intgrit de ces livres n'est pas mme absolument ncessaire pour tablir noire proposition car en supposant que par le silence de l'antiquit ou par la perte de quelques ouvrages, nous ignorassions quels ont t les vrais auteurs des quatre Evangiles, il serait toujours suffisamment dmontr que les auteurs de ces livres, quels qu'ils puissent tre, ont publi la mme histoire qu'ont annonce les aptres, et pour laquelle ils ont endur tant de travaux et de souffrances; puisque ces quatre Evangiles ont t reus comme des mmoires authentiques de l'vnement sur lequel la religion repose, puisqu'ils ont t reus par les chrtiens contemporains des aptres, ou de l'poque qui en tait la plus rapproche, par ceux qui avaient reu leurs instructions,
; ;

aujourd'hui puisque ces quatre Evangiles cl le livre des Actes sont encore confirms par les lettres que les aptres eux _ .. -~A j .. mmes ont crites, dans lesquelles ils supposent non-seulement la mme histoire gnrale, mais ils font encore allusion des traits particuliers de celle histoire toutes les fois que l'occasion s'en prsente enfin les quatre Evangiles contiennent certainement l'histoire publie par les aptres, puisque s ils en avaient publi une diffrente, elle serait donc perdue et comme celle que nous possdons est la seule laquelle se rapporte une suite d'crivains chrtiens depuis l'ge des aptres jusqu' nous, la seule qui soit lie diverses institutions universellement tablies ds les premiers temps du christianisme parmi ceux qui l'avaient embrass, il est impossible de supposer que dans de temblables circonstances il ait pu s ope s'oprer un si
'

'

grand changement, que le serait l'oubli total de l'histoire prche par les aptres, et la substitution d'une histoire diffrente sa place. Cela tant dmontr, la religion chrtienne doit tre vraie ces hommes n'ont pu tre
:

des imposleurs; ils auraient vit toutes leurs souffrances et vcu tranquilles en renonant simplement publier leur tmoignage. Dans une position aussi cruelle que celle o se sont trouvs les aptres, des hommes prtendraient-ils avoir vu ce qu'ils n'ont point vu? Affirmeraient-ils des faiis dont ils n'ont aucune connaissance ? Courraient-ils le

par les socits qu'ils avaient fondes ; puisque ces livres fortifient mutuellement leur tmoignage rciproque, tant appuys eux-mmes par une autre histoire contemporaine qui reprend la narration au point o ils l'avaient laisse, et qui, dans un rcit fond sur celte histoire, rend compte des progrs du changement arriv dans le monde, et dveloppe une cause dont les effets subet

monde,

le

mensonge dans
la

la

bouche, pour

vertu ? et convaincus, non-seulement que Christ est un imposteur, mais encore que le supplice de la croix a t le seul fruit de son imposture, persisteraientils la propager, et attirer sur leurs ttes sans aucun motif, connaissant tous les dangers auxquels ils s'exposent, la haine publique, les perscutions et la mort ?

enseigner

DEL'EVIDENCE DIRECTE ET HISTORIQUE DU CHRISTIANISME.


6econbc proposition.

CHAPITRE PREMIER.
Notre premire proposition tait, qu'il existe une vidence satisfaisante que plusieurs hommes dclarant tre les premiers tmoins des miracles du christianisme, ont pass leur vie dans les travaux et les souffrances, auxquels ils se sont soumis volontairement par le seul effet de leur croyance ces miracles et pour les attester, et que par le mme motif ils ont suivi de nouvelles rgles
,

de mon raisonnement par dclarer jusqu'o s'tend ma croyance en fait d'histoires miraculeuses. Si les rformateurs du temps de

de conduite.

Wicleff ou de Luther, si ceux du temps d'Henri VIII et de la reine Marie, si les fondateurs des sectes religieuses qui ont paru de nos jours, tels que Whilfield et Wesley , s'taient assujettis une vie pnible, des fatigues, des prils, des souffrances, comme nous savons que l'ont fait les premiers prdicateurs de l'Evangile s'ils s'y taient
;

La seconde proposition que nous

assujettis

allons dvelopper est, qu'(7 n'existe pas d'vidence satisfaisante , que des personnes se disant tre les premiers tmoins d'autres faits d'une nature aussi miraculeuse que ceux-ci, aient agi de la mme manire pour les attester , et par le seul effet de leur croyance ces miracles.
Je

pour une

histoire

miraculeuse

c'est--dire s'ils avaient fond leur ministre public sur l'allgation de miracles oprs

leurs yeux, et sur des faits l'gard desquels ils ne pouvaient tre ni dans l'illusion ni dans l'erreur ; si toute leur conduite avait

montr
ajout

commenee

la tractation

de ectto partie

consquence de leur rcit, j'aurais leur tmoignage. Ou, pour citer un exemple familier tous mes lecteurs si feu M. Howard avait entrepris ses travaux
la
foi
,

g7
l'effet

DEMONSTRATION EV ANGELIQUE. PALEY.


de la persuasion
;

788
"

et ses voyages par miracle vident qui nu'il aurait eue d'un ses sens, et pour l'attester, serait tomb sous foi son tmoignage. l'aurais de mme ajout pour reprsenter la mme ide sous une Ou
,

rc et Jamblicus vivaient trois cents ans aprs Jsus-Christ les prodiges qu'on lit dans TiteLivc, les fables des sicles hroques, toute la

avait Tut troisime supposition, si Socrale Athnes profession d'oprer des miracles a amis Phdon , Cbs, Crilon, Simmias j ses a'itres de ses diset Platon, avec plusieurs que ces miciples, se fondant sur l'vidence auraient donne aux prtentions de racles la Grce aprs leur matre, avaient parcouru penl mort pour propager sa doctrine au sa et en taisant quelque sacntice de leur vie, repos si ces de leur bien-tre et de leur notre connaissance faits taient parvenus de Socrale de la mme manire que la vie nous a t transmise, c'est--dire par le cadisciples nal de ses compagnons et de ses pour dont les crits ont toujours t reconnus depuis 1 instant tre vraiment leur ouvrage, joui:, de leur publication jusqu' nos leur tmoij'aurais galement ajout foi ma gnage. El dans chacun de ces cas croyance se fortifierait si le sujet d'une paquelque influence reille mission pouvait avoir vie husur la conduite et le bonheur de la renfermait que si ce tmoignage ne maine ; droit d atce que le genre humain tait en des tendre d'une telle autorit; si la nature annonces exigeait la preuve des michoses
; , ,
,

proportionne a racles ; si l'excution tait digne de ces l'entreprise, et si le but tait Dans ce dernier cas ma loi grands moyens. acquerrait'plus de consistance, si les ellels encore d'une semblable mission subsistaient elle augmenterait s'il tait suraujourd'hui;

venu
les

celte

poque un changement dans

opinions et dans la conduite d'un assez fongrand nombre d'hommes pour jeter les dements d'une institution religieuse et cl un systme de doctrine qui ds lors aurait ete civiadopt par la majeure partie du monde cas j'aurais ajoute lis. Je dis que dans ces mais toutes ces supposifoi au tmoignage lever a la tions runies ne font que nous hauteur de l'histoire apostolique. droit de donner Si quelqu'un se croyait en assentiment, on le nom de crdulit un tel des exemserait autoris exiger qu'il citt prouver qu'une vidence de celle ples pour nature peut tre errone et c'est ici la question que nous allons examiner. En comparant nos preuves avec celles que nos adversaires pourraient leur opposer ,
; ;

nous diviserons en deux classes les distincqui se raptions que nous allons faire, celles rapporportent la preuve, et celles qui se miracles. tent aux nous pouvons 1 Quant aux premires d'abord mettre de ct des rcits d'vnements surnaturels qui se rencontrent chez des hisal etoriens postrieurs de quelques sicles venement, et qui le connaissaient presque histoire aussi peu que leurs lecteurs. Notre une histoire contemporaine. Cette seule de diffrence carte l'histoire miraculeuse avant qui vivait cinq cents l'ythagore, dont le < ri vains Porphyl'jir chrtienne,
,
l

mythologie grecque, romaine et gothique, une grande partie de l'histoire lgendaire des saints de l'Eglise romaine, dont les meilleurs tmoignages sont lires dos certificats produits pendant qu'on travaillait leur canonisation, qui n'a lieu ordinairement que cent ans aprs leur mort. Cette seule diffrence repousse les miracles d'Apollonius de Tyane, contenus dans une seule histoire de sa vie publie environ cent ans aprs sa mort, par Philostrale et dans laquelle nous ne pouvons savoir que. par le tmoignage isol et sans appui de cet historien s'il a eu pour guide quelque mmoire antrieur. Elle met aussi- de ct les miracles du troisime sicle, surtout l'histoire surde Grgoire, voque de Nocsarc nomm le Thaumaturge et qui se lit dans postrieur les crits de Grgoire de Nysse de cent ans au sujet de son pangyrique. L'histoire d'Ignace de Loyola, fondateur de l'ordre des jsuites (Douglas, Crilerion of miracle*, pan. 74), nous offre un exemple du prix que nous attachons celte circonstance. Sa vie fut publie environ quinze ans aprs sa mort parun de ses compagnons membre do son ordre. L'auteur de celte histoire bien loin d'y attribuer des miracles Ignace prsente avec adresse les raisons pour lesquelles ce pouvoir ne lui fut point donn. Celle vie fut rimprime quinze ans aprs, avec des additions de plusieurs circonstances que l'auteur dit tre le fruit de nouvelles recherches, et d'un examen plus approfondi jusqu'ici rgne un silence total sur les miracles. Soixante ans aprs la mort d'Ignace., les jsuites dsirant procurer au. fondateur de leur ordre une place dans le calendrier romain commencrent ce qu'il parat pour la premire fois, lui attribuer une suite de miracles qui ne pouvaient tre et que les chefs de aisment dsavous l'Eglise d'alors taient disposs admettre sur les plus faibles allgations. 2. Nous pouvons mettre de ct les mmoires publis dans un pays sur des faits arrivs dans une contre loigne sans aucune preuve qu'ils aient t connus et admis dans les lieux o ils doivent s'tre passs. Quant au christianisme, la Jude qui fut le thtre des faits, (ut aussi le centre de la mission l'histoire fut publie dans le lieu o la premire Eglise de elle s'tait passe Christ fut fonde Jrusalem, et les autres Eglises correspondirent avec elle ce fut de son sein que partirent les premiers missionnaires de la religion c'est l qu'ils tinrent leurs assembles; l'Eglise de Jrusalem, et plusieurs Eglises de la Jude subsistrent depuis l'origine du christianisme pendant plusieurs sicles (1) elles s'accordrent avec
, , ,
,

vques distingus (1) La succession de plusieurs de Jrusalem clans les trois premiers sicles a t soigneusement conserve, ici que Alexandre, qui succda, l'an 212, Narcisse, g pour lors de ceniseiM
ans.

<

780
les

TABLEAU DES PREUVES DU CHRISTIsNISME.

790

et les

autres Eglises recevoir les mmes livres mmes documents. Celte disliiu tion fait disparatre plusieurs histoires de miracles et en particulier de ceux d'Apollonius de Tyane, dont je viens de faire mention et dont la plupart doivent s'tre oprs dans l'Inde sans qu'il existe aucune preuve qu'on en ait jamais entendu parler dans ce paj s-l. Ceux de Franois-Xavier missionnaire des Indes et plusieurs autres du brviaire roc'est--dire main sont dans le mme cas que les dclarations qui en ont t donnes ne l'ont t qu' une grande dislance des lieux o l'on suppose qu'ils ont t oprs
, , , , , , ,

postrieurs ont t remplis de dtails sur les effets et les consquences qui ont rsult des faits miraculeux du christianisme qui s'y sont rapports , ou qui s'y fondent; enfin avec le nombre et la varit de ces livres et les diffrentes vues dans lesquelles ils furent crits ; avec leurs auteurs, qui nous prsentent assez de diversits pour loigner tout soupon d'intelligence entre eux, et assez d'accord pour dmontrer qu'ils partent tous d'un centre
,

commun,

c'est--dire d'une histoire essentiellement la mme. Que celte preuve paraisse satisfaisante ou non, nous ne voulons offrir ici qu'un surabondant d'vidence bien
diffrent d'un rcit
5.

pouglas, Crit., page 8i). 3. Nous cartons aussi du cas prsent les bruits passagers. A la premire annonce d'un vnement extraordinaire, ou mme ordinaire, celui qui n'en a pas connaissance ne peut savoir si le rapport est vrai ou faux, parce qu'il est au pouvoir de tout homme de ce n'est que par fiublier un tait quelconque a confirmation ou la ngation qui L'a suivi, par la permanence ou la cessation de la croyance qu'on y ajoutait, par son oubli total ou sa notorit croissante, par des rcits subsquents qui sont lis ce fait ou qui le rappellent dans divers crits indpendants les uns des autres, qu'on peut le reconnatre pour vrai, et le distinguer d'avec un mensonge passager. Celle distinction est encore en faveur du christianisme l'histoire n'en a point t abandonne; au contraire, elle a t accompagne d'une suite de faits et d'vnements qui se liaient avec elle; les mmoires que nous en avons furent composs aussitt que les premiers rcits de vive voix eurent
(
: :

nu

et isol.

pu

s'affaiblir; et l'on vit paratre alors

une

suite d'crits sur le sujet; ls tmoignages

historiques de l'vnement furent nombreux, varis, lis avec les lettres, les conversations, les controverses et les apologies qui taient une suile de ce mme vnement. k. Nous mettons encore de ct ce que j'appelle histoire nue (ou des rcils de miracles isols). On a dil que si les prodiges de l'histoire des Juifs ne s'taient trouvs que dans les fragmcnls de Manellion, ou de Brose nous y aurions donn peu d'attention; je suis dispos le croire. Si nous n'avions aucune
,

connaissance du fait que par ces fragments, si nous n'avions aucune preuve qu'on y et ajout foi et qu'on et agi en consquence dans le temps o il s'est pass; si nous n'apercevions aucun effet visible li avec celle histoire, ni de tmoignage contemporain ou subsquent qui la confirmt, je crois qu'alors elle ne mriterait aucune confiance. Mais ce n'est certainement point notre cas. Pour apprcier les preuves du christianisme, il faut combiner les livres avec l'tablissement de la religion et avec son tendue actuelle, avec l'poque et le lieu de son origine qui ne peuvent tre contests, avec les circonstances de son dveloppement et de ses progrs recueillis dans des histoires qui lui sont trangres, avec la certitude que nos livres actuels ont t reus par les sectateurs de cette religion ds son origine, que d'autres livres
,

Je vois encore, sous quelques rapports et jusqu' un certain point, un caractre de vrit historique dans les particularits de noms, de dates, de lieux, de circonstances, dans l'ordre des vnements qui ont prcd ou suivi celui qu'on rapporte tels sont, par exemple, tous les dtails du voyage et du naufrage de saint Paul, contenus au chap. XXVII des Actes on ne saurait en lire la description sans tre convaincu que l'crivain s'y trouvait tel est aussi, dans le chap. IX de saint Jean, le rcit de la gurison de l'aveugle-n, et de l'enqute qu'on fit ce sujet; on y aperoit toutes les marques d'une connaissance personnelle du fait de la part de l'historien (On devrait lire ces deux chapitres, ne fut-ce que pour cette observation). Je ne nie pas que l'on ne puisse insrer dans une fiction des dtails qui ressemblent la vrit, mais ces dtails de fictions sentent toujours le travail ou la contrainte et le but formel d'en imposer. Cependant comme il est dmontr par l'exprience que ce caractre n'appartient pas uniquement la vrit, je me suis born dire que les particularits ne sont des preuves de vrit que jusqu' un certain point, c'est--dire que la question se rduit ceci pouvons-nous compter ou non sur la probit de celui qui raconte un fait? ce qui est d'un grand poids dans notre raisonnement, car il y a bien peu de personnes qui aient accus nos vanglistes d'avoir voulu tromper, et ce n'est que dans ce cas que l'on peut rencontrer des particularits sans aucun fond vritable. Si l'historien convient qu'il a appris d'autres personnes ce qu'il peut savoir sur un fait, les dtails de son rcit montrent au premier coup d'il l'exactitude de ses recherches, et que ses lumires sont compltes. Celte remarque s'applique l'histoire de saint Luc; nous trouvons plusieurs exemples de ces dtails dans les quatre Evangiles, et l'on aurait peine
:

concevoir que les nombreuses particularits qu'ils prsentent partout fussent sorties du nant ou de la simple imagination des auteurs, sans aucun fondement de vrit (1).
(1)11 y a toujours un Coud vrai dans une relation quiconiicnl beaucoup de particularits, et celles-ci sont toujours en proportion avec le plus ou le moins de vrit. Ainsi les mmoires <le Mantlion mit l.s dyu sties gyptiennes , ceux de Clsias sur les roi* d%Vssyrie, ceux que des chronologistes techniques nous ""i donns sur les anciens royaumes de la Grce

, ,

191

DMONSTRATION VANGKLlyUG. PALET

92

6. Nous cartons encore ces histoires d'vnements surnaturels qui ne requirent de la part de l'auditeur qu'un assentiment passif, parce qu'elles ne sont lies aucun autre vnement, qu'elles n'offrent aucun intrt, et qu'o peut les admettre ou les rejeter sans

sacrifier une fable leur bien-tre, leurs fortunes et leur vie; et des multitudes de per-

sonnes se seraient-elles engages affronter


cette mme fable des contradictions , des dangers el des souffrances? Si l'on dit que la seule promesse d'un bonheur venir suffisait pour produire cet effet, je rpondrai que la seule promesse d'un bonheur venir sans aucune preuve qui pt l'appuyer, n'aurait jamais eu un succs pareil; un petit nombre de pcheurs errants et discourant sur la rsurrection des morls n'auraient pas pro luit d'effet dans le monde. Si Ton ajoute que les hommes se persuadent aisment ce qu'ils dsirent avec ardeur, je rpondrai que la proposition contraire me semble plus prs de la vrit des dsirs inquiets une attente vive , l'imporportent plutt les tance de l'vnement hommes ne pas croire douter, craindre qu'on ne les trompe se dfier de ce qu'on leur promet, et l'examiner avec soin. Lorsque la rsurrection de Noire-Seigneur

pour

consquence. Ces histoires obtiennent quelque crdit, si l'on peut donner ce nom cet assentiment d'insouciance qui les fait recevoir, plutt par l'indolence que par le juge-

ment de

l'auditeur

elles circulent

de bouche

en bouche sans qu'on daigne ou les examiner ou les contredire, et mme sans qu'on y c'est la vraie cause ajoute beaucoup de foi de ce que nous appelons l'amour du merveilleux. Je n'ai jamais vu qu'il entrant l'homme fort loin; on ne s'expose pas aux perscutions par amour pour le merveilleux. C'est de cette indiffrence que naissent la plu:

part des erreurs et des superstitions vulgaiet surtout des contes d'apparitions: res il n'en rsulte qu'ils soient vrais ou faux rien. Mais les miracles attribus JsusChrist et ses aptres n'ont certainement pis t de cette espce; en les supposant vrais ils dcidaient la question la plus importante sur laquelle l'me humaine pt avoir des doutes; ils donnaient le droit de rgler les opinions du genre humain sur des sujets non-seulement de l'intrt le plus majeur, mais contre lesquels on se roidissait gnralement. Dans un cas semblable, les hommes ne pouvaient pas tre insouciants; si c'tait un Juif qui admt l'histoire, sa partialit pour sa nation et pour sa loi en recevait une profonde blessure; si c'tait un paen, il en rsultait la pleine condamnation de son idoltrie et de son polythisme. quiconque admettait celte histoire Juif ou paen, ne pouvait chapper la rflexion suivante Si ces choses sont vritables, je dois renon cer aux opinions et aux principes dans les quels j'ai t lev et la religion dans la quelle ont vcu mes pres, et dans laquelle ils sont morls. 11 n'est pas concevable que dans ce cas un homme pt se dterminer admettre des faits miraculeux sur quelque rapport vague ou quelque communication frivole, sans une conviction pleine et satisfaisante de leur vrit. Mais il ne s'agissait pas de s'en tenir de simples opinions ceux qui croyaient au christianisme devaient agir en consquence plusieurs consacrrent leur vie on exigeait de ceux qui l'em le l'pandre brassaient un changement de conduite et de principes, un nouveau genre de vie, un renoncement leurs habitudes et leurs plaisirs, un assujettissement un nouveau systme et de nouvelles rgles de murs. Du moins les aptres avaienl-ils intrt ne pas
, , , :
,

fut

annonce pour
,

la

premire
,

fois

aux ap:

tres

crurent pas cause de la joie cela qu'ils en ressentaient, dit l'Ecriture tait dans la nature humaine et conforme
ils

ne

la

l'exprience.
7. Nous avons mis de ct les narrations qui ne demandent qu'un simple assentiment, et nous rejetons <!c mme les histoires de miracles qui n'ont d'autre but que de confirmer des opinions dj tout tablies. Il importe essentiellement de bien prsenter cette

On a longtemps observ cles de la religion catholique


ide.

que les miraromaine n'ont

lieu que dans les pays o elle est reue , et qu'ils n'y oprent aucune conversion ; ce qui prouve que ces histoires sont adoptes,

quand elles s'accordent avec des principes dj fixes, avec des sentiments partags par le public cl par les partisans des miracles tandis qu'on n'essaierait pas d'en publier en en opposition avec des face de l'ennemi dogmes dominants ou des prjugs favoris, ou lorsque l'admission de ces miracles exigerait qu'on renont ses prjugs , ses habitudes et ses murs. Dans le premier cas, on peut non-seulemenl admet,

mais entre une narration miraculeuse core agir et souffrir, non pour le miracle, mais pour la cause dont il est dj l'appui et par l'effet d'une persuasion qui lui est antrieure. Le miracle , et tout autre argument qui se borne confirmer ce que nous croyons dj peut tre admis sans beaucoup d'exa,
,

le monde moral comme dans le monde physique, c'est le changement qui sup-

men, Dans
pose

ncessairement

une

l'homme admet avec

facilit ce

cause relle qui confirme


:

nous prsentent un dfaut total de particularits de temps, <lc lieux et de personnes, et par consquent ils offrent un mlange <ie beaucoup de fictions et de mensonges avec quelques vrits: tandis que nous admettons gnralement comme vraies et trs-exacles les histoires de Thucydide sur la guerre du Ploparce ponse, et de Csar sur la guerre des Gaules que l'une et l'autre nous donnent des particularits de temps, de lieux el de personnes.
,

ses vieilles opinions, mais il admet bien difficilement ce qui l'en dtache. Maintenant quel rapport peuvent avoir ces rflexions

avec l'histoire du christianisme? Les miracles en furent oprs et publies au milieu de


ses ennemis, sous des magistrats et sous un clerg qui se dclarrent hautement et avec,
et contre violence contre leur publication les prtentions dont ces miracles taient l'ap,

7! 13

TABLEAU DES PREUVES DU CHRISTIANISME.

794

pui. C'tait comme seraient des miracles en faveur des protestants dans un pays catholique , ou en faveur des catholiques dans Un pays rform. Ils opraient un grand

changement;

ils

me une

socit

q.ui

formaient dans le lieu faisait profession


,

md'y

et ceux qui croire ; ils convertissaient taient convertis sacrifiaient leurs opinions les plus enracines et leurs prjugs les plus chers au tmoignage qu'ils rendaient ces miracles. Ceux qui travaillaient el qui souf-

fraient pour l'avancement de la cause, travaillaient et soutiraient pour les miracles ; car il n'existait aucune persuasion antrieure qui pt les influencer, aucun prjug, aucune partialit qui pt les soutenir. Jsus

un seul compagnon quand il se donner pour ce qu'il tait ; ses miracles donnrent naissance sa secte; aucune de ces circonstances n'est applicable aux preuves qu'on avance en faveur des miracles des paens ou de l'Eglise romaine. Et mme, ce caractre d'vidence manque aux miracles qu'on prtend avoir t oprs par les chrtiens du second et du troisime
n'avait pas

commena

sicle.

Ceci tablit une ligne de dmarcation entre V origine et les progrs du christianisme.

ruse pourraient s'tre mles sans que pour la religion cela elles eussent pu avoir lieu dans son origine cela me parat ainsi d'aprs toutes les lois connues de la conduite de l'homme. Qui aurait pu suggrer aux premiers prdicateurs du christianisme des pagers des artisans des pcheurs la pense de changer la religion du monde? Oui aurait pu les soutenir dans les difficults qu'une semblable entreprise entranait avec elle? Comment pouvaient-ils la faire russir? Ces questions se prsentent avec une grande force pour la mais avec naissance du christianisme moins de force pour les diverses poques de ses progrs subsquents. A entendre certaines personnes il semblerait qu'on voit lous les jours des exemples de religions fondes sur des miracles, tandis que toute l'histoire se prononce contre cette ide. Connal-on parmi les chrtiens quelque fondateur de secte qui ail prtendu oprer des miracles et qui ait russi dans sa prtention ? Ce pouvoir des miracles a-t-il t rclam ou exerc par les fondateurs des sectes des vaudois ou des albigeois? Wicleffen Angleterre, Huss et Luther en Allemagne Jrme en Bohme Zwingle en Suisse, Calvin en France, ou quelques autres rformateurs ont-ils jamais prtendu faire (1rs miracles {Campbell on mirac, pag. 120, dit. 17G0)? On vit au commencement du dix-huitime sicle des proet la

La fraude

au progrs de
:

lorsqu'on allgue des miracles pour appuyer une opinion prexistante, il peut arriver que ceux qui croient la doctrine propagent la croyance aux miracles, lors mme qu'ils ne l'ont pas c'est ici le cas de ce qu'on appelle fraude pieuse ; ce cas ne peut avoir lieu, selon mon avis que lorsqu'il s'agit de soutenir une opinion qui existe dj ; mais ceci n'affaiblit en rien l'histoire apostolique. Si les aptres n'avaient pas cru aux miracles , ils n'auraient pas cru la religion, et sans cette croyance quelle pit y aurait-il eu publier el attester des faux miracles en sa faveur, et comment pourrait-on trouver ici quelque mouvement qui et eu le moindre rapport avec la pit? Si l'on mdit qu'il se trouve des hommes qui propagent la foi une rvlation et quelque histoire en sa faveur, parce qu'ils croient que, bien ou mal fonde, elle peut tre d'une utilit gnrale et politique je rponds que s'il exista jamais des hommes trangers la politique el toute vue de ce genre ce furent certainement les fondateurs de la religion chrtienne. Ce qu'il y a de sr, c'est que si l'histoire publie par les aptres tait fausse, on ne siurait leur assigner aucun caractre qui pt expliquer leur conduite. Supposez-les vicieux, auraient-ils pris tant de peine pour propager la vertu ? et s'ils ont t des gens de bien auiaient-il couru l'univers pour y rpandre une foule de mensonges? Pour apprcier la confiance que mrite
: , ,
,

une

histoire miraculeuse

nous avons

fait

des distinctions relatives la preuve-; il en est d'autres trs-importantes qui se rapportent aux miracles eux-mmes , et que nous allons indiquer. 1 11 n'est pas ncessaire d'admeltre comme miracle ce qui peut tre l'effet d'un faux aperu. De ce genre taient le dmon de Socrate, les visions de saint Antoine elde plusieurs autres, la vision que lord Herbert de Cherbury nous dit avoir eue, celle du colonel Gardiner, rapporte dans l'histoire de
sa vie par le docteur Doddride. Un dlire momentan suffit pour expliquer ces effets; car un des symptmes caractristiques de la dmence ou du dlire est d'offrir l'esprit

phtes franais qui ruinrent leur cause par la tmrit qu'ils curent d'avancer la preuve des miracles. Quant aux religions de l'ancienne Rome , de la Turquie , de Siam ou de la Chine, on ne peut allguer un seul miracle opr avant leur tablissement (Adams on mirac, pag, 75).

des images que le patient n'aperoit point par le canal des sens [Balty, on Lunacy). Cependant on peut distinguer par des signes non quivoques les cas dans lesquels existent ces illusions, d'avec ceux o elles n'existent pas. Elles existent d'ordinaire quand il s'agit de visions et do voix; on peut rarement en atteindre l'objet; une vision n'est pas palpable, un second sens ne peut venir l'appui du premier; ce sont presque toujours des cas o le tmoignage est solitaire, vu qu'il est de toute improbabilit, et que l'on n'a peut-tre jamais vu d'exemple qu'il pt s'oprer dans les facults intellectuelles de diffrentes personnes un drangement si

semblable

qu'il offrt les


,

mmes

objets leur

ajoutons ce que nous venons d'ob&ervcr que sur l.i distinction qui nous occupe
.

imagination. Enfin ce sont presque toujours des cas de miracles momentans, ou de. courte dure, en comparaison de miracles dont les effets soni permanents.. L'apparilhm

1% DEMONSTRATION EVANGELIQUE. PALEY instruit par Paul et dans une autre ville; surnaturel sont d'un spectre, l'oue d'un son qui tait cette vision, il alla chercher Paul, momentans; apparition ou e miracles
7gg

des

des sens n existe son eessent-ils, la preuve venait Mais si une personne ne aveugle plus la vue, si un homme notoirea recouvrer memment perclus recouvrait l'usage de ses

lui

nous verbres si un mort revenait la vie, effets permanents opres par rions ici des changement a des moyens surnaturels. Le le sujet t instantan, mais la preuve et bien subsistent; l'homme guen ou du miracle tat prressuscit est l ; on connaissait son qui lui a et l'on peut examiner l'tat cdent, qu'un miracle de ce genre succd; en sorte

rest aveugle, il tendit les mains sur ces circonstances lices rendit la vue avec ce miracle ne permettent pas de confondre ce cas avec celui de miracles momentans ou d'autres que l'on peut expliquer par un faux aperu. Cette observation s'applique la vision qu'eut saint Pierre pour le disposer la vocation des gentils et de CorCorneille neille; elle se liait la vision que
lui et
:

lcls ne saurait passer pour un faux aperu, cependant la plupart des miracles rapsont Lorsque ports dans le Nouveau-Testament. vit Lazare fut ressuscit des morts, on ne le simplement se mouvoir, parler et cesser pas disparade vivre, ou sortir du tombeau et sa famille, et tre; il retourna chez lui, dans voyons vcut encore depuis; car nous le assis quelque temps aprs dans la mme ville surs; nous table avec Jsus, et avec ses a grand nombre de le voyons visit par un curiosit, et les Juifs comme un objet de moyen principaux d'entre eux cherchaient le tant sa prsence leur tait de le l'aire mourir, importune (Jean, XII, 1, 2,9) aucune illuces circonsion ne saurait rendre raison de des prostances. 11 y a quelque temps que Angleterre phtes franais annoncrent en
:

meseut aussi dans une ville loigne et au la vision sage qu'il fil faire saint Pierre pouvait tre un songe; mais le message n en de l'autre, tait pas un; les visions de l'un et illuprises sparment, pouvaient tre des
:

sions,

mais leurs rapports ne pouvaient avoir Heu sans une cause surnaturelle. A ce danger d'illusion que prsentent des l'tmmiracles momentans, se joint celui de Le rcit poslure, qui est plus grand encore.

dans d'un miracle ne pouvant tre examine o le miracle s'opre, le moment mnie de parce qu;' ce moment esl accompagne des presse et de confusion, il et facile a hommes marquants de donner du crdit a une histoire qu'il est de leur intrt de faire adopter. C'est le cas d'un des miracles les mieux attests de l'ancienne Home, je veux Poilus parler de l'apparition de Castor et de

dans

qu'un de leurs prdicateurs ressusciterait; point mais leur enthousiasme n'alla pas au vu en vie. de leur persuader qu'ils l'eussent JruCet aveugle-n qui recouvra la vue. a Jean, ne salem, selon le tmoignage de saint pas aux quitta pas la ville, et ne se droba contraire, on le vit les prveenqutes; au rpondre aux demandes qu on lui nir
,

adressa, satisfaire aux recherches, ennemis puissants les regards hautains des Lorsque le paralyet irrits de Jsus-Christ. saint tique eut l soudainement guri par 2 ) la porte du temple, il Pierre [Act., 111, pas dans son premier tat, il ne

affronter

ne retomba

vit disparut point de la ville, mais on le coun _ suivre les aptres avec dcence et suivant de lorsqu'ils lurent amens, le jour IV, Vt). le conseil des Juifs [idem, vant Quoique ce miracle ft soudain la preuve l'infirmit n'en fut pas moins permanente,
,

de cet homme avait l publiquement pounue, et sa gurison fut durable,- elle ne momentan, ni vait tre l'effet d'un dlire sa chez le boiteux, ni chez les tmoins de gurison. Nous pourrions en dire autant d'un grand nombre de miracles rapports dans l'Evangile. On voit encore des cas quoique d'une nature mixte, dans lesquels, quelmiracle principal soit momentan,
le

con-

ques-unes de ses circonstances sont permaidem, nentes. La conversion de saint Paul { IX), en est un exemple; la lumire sudont il fut bile, le bruit, la vision, la voix mofrapp sur le chemin de Damas furent mentans; mais sa ccit, qui en fut la consquence, dura trois jours; mais Ananias saint eut une vision indpendante de celle de

peut Latins auprs du lac Rgille. On ne douter que ce gnral n'ait rpandu aprs le combat le bruit de cette apparition personne supne put la nier dans le moment o elle fut pose, on ne pensa pas la nier dans la suite ou si quelqu'un en avait eu l'ide, comment au milieu de l'pouvante ou du tumulte d'une ou t?l bataille aurait-on os dcider que tel n'avait pas vu cette apparisoldat avait ou tion? Lorsque j'ai attribu de faux aperus miraculeuses, l'origine de quelques histoires prtendent avoir je n'ai pas parl de ceux qui des eu des inspirations des illuminations , directions secrtes, des sensations intrieubonnes ou res, ou prouv des influences parce que toutes ces choses ne mauvaises, reposant point sur des preuves externes, quelque persuasion que l'on puisse avoir de les mettre leurs diffrents effets, on ne peut par dans la classe de ce que nous entendons miracles vidents, et l'on ne peut y des ad aucroire qu'autant qu'elles sont runies donc ne point tres miracles. Nous pouvons discuter les prtentions de ce genre. 2 Il n'est pas ncessaire de comparer les qu'on miracles du christianisme avec ceux ou appeler d'essai c'est--dire les^ cas peut un succs aprs l'on peut quelquefois obtenir en un grand nombre de tentatives quoique on ne parle q-;c du succs, en les racontant tentatives laissant de ct toutes les fausses sont on voit assez que les exemples allgues nombreux en comparaison de ceux ou peu chou. Celte obserles mmes moyens ont anciens oravation est trs-forte contre les augures; on exalte cl Ion exacles et les et 1 oracle., gre les rapports entre l'vnement
: ;

la balaille

que Poslhumius

livra

aux

/97

TABLEAU DES PREUVES DU CHRISTIANISME.


rience fortuite
,

798

tandis qu'on supprime les exemples d'vnements qui n'ont pas justifi la prdiction, ou au '<Mi cherche leur donner quelque explication. Ceci s'appjjque de mme aux guriet sur les sons opres par des reliques tombeaux des saints, de mme que par l'attouchement du roi, auquel M. Hume parat mettre quelque importance. On n'allgue
,

rien en faveur de ces prtendus miracles qui ne soit allgu en faveur de divers secrets de mdecine , employs par des milliers de malades, mais attests seulement

par un petit

qui dclarent avoir t guris. On ne saurait donner une semblable solution des miracles de l'Evangile; il n'y a rien dans lo rcit qu'on en fait qui donne lieu de souponner ou de croire que Jsus-Christ ait fait plusieurs tentatives de. gurison rarement couronnes du succs, ou qu'une seule n'ait pas russi. 11 ne s'annona jamais comme prtendant gurir partout tous les malades au contraire, pour faire connatre aux Juifs le but de ses miracles, il leur dit que quoiqu'il y et plusieurs veuves en Isral au temps d'Elie, lorsque le ciel fut ferm trois jours et six mois, et qu'il survint une grande famine dans tout le pays, cependant Elle ne fut envoy qu' Sarepta ville de Sydon auprs d'une femme qui tait veuve; et qu'il y avait plusieurs lpreux en Isral au temps d'Elise mais qu'aucun ne fut guri le prophte sinon Naaman le Syrien (Luc, IV, 25). Par ces exemples Jsus faisait sentir que des miracles gnraux n'taient pas dans la nature d'une intervention divine, ou ncessaires son but et qu'il n'tait pas dans le cas de rpondre toutes les demandes de miracles qu'on pouvait lui faire, parce que c'aurait t fonder la foi sur la vue. Mais Jsus-Christ ne pronona jamais une parole qui ne ft accompagne de son effet (1) Il ne donnait pas sa bndiction des milliers d'hommes dont un petit nombre seulement

nombre

en recueillait

les

fruits

on dpose ses

pieds un seul paralytique au milieu de la foule qui l'environne; Jsus lui ordonne de

marcher

et

il

homme
dans
la

dont

la

marche (Marc, II, 3). Un main est dessche se trouve


,

la gurison de l'aveugle-n rsurrection de quelques la morts , sa marche sur la mer de grandes multitudes rassasies avec quelques pains et quelques poissons. 3 Nous pouvons carter de la question toutes ces histoires de phnomnes et de faits de la vrit desquels on convient, lorsqu'il est encore douteux qu'ils aient t de vrais miracles. C'est ici le cas de cette ancienne histoire de la lgion fulminante, des circonstances extraordinaires qui s'opposrent la rdification de Jrusalem ordonne par Julien, du cercle de flammes qui parut et du parfum qui se fit sentir dans le martyre de Pulycarpe de celte pluie soudaine qui teignit le bcher dans lequel on avait jet les critures pendant la perscution de Diocltien. C'est ici le cas du songe de Constantin , d'aprs lequel il plaa une croix sur ses tendards, et sur le bouclier de ses soldats; de la victoire et de la disparition du porte-enseigne, peut-tre aussi de l'apparition d'une croix clans le ciel, circonstance dont les preuves historiques sont imparfaites. C'est encore le cas de la liqufaction du sang de saint Janvier que l'on montre annuellement Naples, et dont la date n'est pas fort ancienne. Les rcils de gurisons surnaturelles de toutes les maladies dans lesquelles l'imagination peut agir, telles que l'hypocondrie et les maux de nerfs, doivent au^si tre accompagnes de circonstances bien particulires pour tre l'abri de ce genre de doutes. Les miracles du second et du troisime sicle sont pour la plupart des gurisons de malades, des expulsions de mauvais esprits miracles qui peuvent donner prise l'erreur ou la fraude. 11 n'y est point question d'aveugles qui recouvrent la vue, de sourds qui recouvrent l'oue, de boiteux auxquels la facult de marcher est rendue, de lpreux nettoys (Jortin's Remaries, vol. Il, p. 51 ). On trouve aussi chez des crivains chrtiens des exemples de prtendus" miracles qui n'ont t que des effets naturels mais inconnus alors ; tels taient les discours articuls par des gens dont une grande partie de la langue avait t cou;

telle fut

synagogue; Jsus lui dit en prsence de l'assemble Etends ta main et sa main


:

pe.
4" On peut ranger peu prs dans la mme classe ces histoires dans lesquelles le changement d'une lgre circonstance peut avoir

devient saine comme l'autre (Matth., XII, 10). On n'aperoit dans ces gurisons ni essai, ni rien que le hasard puisse expliquer. Observons encore que plusieurs des gurisons et des miracles que Jsus opra, taient de nature carter toute supposition d'exp-

On n peut allguer qu'un seulei unique exemdans lequel los disciples de Chrisi semblent avoir essay sans succs d'oprer une gurison. Trois des v.mglisles nous racontent ingnument ce fait: le
(1)

ple

transform en miracle quelque phnomne extraordinaire, ou la rencontre singulire de quelques vnements, en un mot, ces histoires qui peuvent n'tre que des exagrations. On ne saurait expliquer par ces diffrents moyens les miracles de l'Evangile. On peut y supposer une fiction totale; mais il est sans exemple que l'exagration la plus hardie,

ou l'imagination
,

la

plus exalle, ait ja-

ensuite guri par Jsus-Christ. Il parat cause do cet vnement fut la convenance qu'il y avait tablir I; supriorit de Jomis Christ sur h ceux qui opraient les miracles en son nom, et. il semblait ncessaire pc manifester par quelques preuves do ce genre la prminence du matre pendant son sjour sur la terre (Marc, IX, 14; Mallh..

patient fut
la

que

XVI, Je).

mais pu sur des donnes de faits naturels, produire les rcils de miracles que nous avons aujourd'hui. Le fait de cinq mille personnes rassassies avec quelque peu de pain et de poisson dpasserait les bornes de l'exagration. La rsurrection de L,;/;:rc et du fils de la veuve de Nam,de mme que d'autre gurisons opres par Jsus- Christ ne pi u-

799

DEMONSTRATION EVANGELIQUE. PALEY.


des
faits

800

mal revenl tre envisages comme prsents je veux, dire que l'on ne saurait assigner aucun arrangement de circonstances, quelque singulier qu'il ft, aucun accident naturel quoique extraordinaire, aucune bizarrerie de la nature, qui pt avoir servi de fondement au rcit de ces miracles. Aprs avoir fait ainsi l'numralion des divers cas qu'on doit excepter dans l'examen des miracles, il serait ncessaire, quand nous lisons l'Ecriture sainte, de faire celte remarque gnrale, savoir que quoique nous trouvions dans le Nouveau Testament des miracles auxquels l'une et l'autre de ces exceptions peut s'appliquer, ils sont cependant lis avec d'autres miracles auxquels elles sont inapplicables, et que la croyance qu'ils mritent repose sur cette union. Ainsi les visions et les rvlations que saint Paul nous dit avoir eues, si on les examine isolment, ne peuvent tre distingues de celles qui sont allgues par d'autres; mais voici la diffrence la prtention de saint Paul se trouve justifie par des miracles extrieurs qu'il opra lui-mme en faveur de la cause laquelle ses visions se rapportent ou pour parler plus exactement, la mme autorit historique qui nous donne la connaissance de l'un de ces miracles, nous donne aussi la connaissance de l'autre c'est ce qu'on ne voit gure dans les visions des enthousiastes, ni dans les histoires qui les rapportent. Nous convenons que quelques-uns des miracles de Christ furent aussi momentans tels que sa l'apparition et la voix qui transfiguration descendit du ciel son baptme, une voix qui dans une autre occasion Jean, Xll, 30 se fil entendre dans les airs. Nous ne disconvenons pas que l'vidence de ces derniers miracles ne paraisse affaiblie par la distinction que nous avons faite de ceux de ce genre; mais bien loin que Ions les miracles de Jsus-Christ soient compris dans celte classe, elle n'en contient qu'une trs-petite partie. Ainsi, quelle que soit la force de l'objection, Jsus a fait un grand nombre de miracles auxquels on ne peut l'appliquer cl ceux mme qui seraient dans le cas perdent peu de leur vidence, parce qu'ils se trouverait peu de personnes qui, ayant admis les autres miracles, voulussent rejeter ceux-ci. S'il y a dans le Nouveau Testament des miracles qui donnent prise quelqu'une des exceptions que nous avons classes sous diffrents chefs nous nous bornerons rpter la mme remarque. C'est ici un des points de vue sous lesquels la foi au christianisme est renforce par le nombre et la varit des miracles attribus Jsus-Christ, et dont il n'existe aucun autre exemple; il serait impossible de les expliquer ou mme d'y supposer quelqu'une de ces explications que l'imagination ou l'exprience donnent sur quelques miracles isols. Ceux de Jsus-Christ ont t aussi varis (1) dans
;
, : :

leur nature que dans leurs circonstances, et la manire dont ils furent oprs ils le furent Jrusalem, chef-'.ieu du peuple juif et de sa religion dans diffrentes parties de la Jude et de la Galile, dans des villes, dans des villages dans des synagogues, dans des

dans

maisons particulires, d'ans les rues, sur le grands chemins avec quelque prparation comme dans le cas de Lazare, ou accidentellement, comme dans le cas du fils de la veuve
;

de Na.n; Jsus a opr ses miracles lorsqu'il tait suivi de la multitude, ou lorsqu'il se trouvait seul avec le patient, au milieu de ses disciples, et en prsence de ses ennemis; entour du commun peuple ou devant les scribes, les pharisiens et les chefs des synagogues. En ne comparant point avec les miracles de l'Evangile ceux que nous avons carts par les observations prcdentes, je prsume, qu'il en restera peu examiner, et c'est ceux-ci que j'applique celle dernire distinction c'est qu'il n'y a pas de preuve satisfaisante que ceux qui ont prtendu tre les tmoins oculaires de ces miracles aient pusse leur vie dans des travaux, des dangers et de$ souffrances volontairement endures pour rendre tmoignage l'histoire qu'ils en ont faite et par une consquence vidente de la foi qu'ils y ont ajoute.
; , ,

CHAPITRE

II.

Les personnes avec lesquelles nous raisonnons ont sans contredit le droit de choisir leurs exemples. M. Hume, cet adversaire si
savant
et si subtil,

compare avec

les

miracles

du Nouveau Testament trois exemples que nous avons lieu de regarder comme ce que l'histoire du monde a pu lui offrir de plus remarquable; c'est, 1 la gurison d'un aveugle et d'un estropi, opre Alexandrie par l'empereur Vespasien, et rapporte par Tacite; 2 le rtablissement d'une jambe un homme attach au service d'une glise en Espagne,
rapporte par
3 les gule cardinal de Retz risons que l'on dit avoir eu lieu sur la lombe de l'abb Paris, vers le commencement du
;

dix-huitime
1.

sicle.
:

comment s'exprime Tacite Un homme du commun peuple d'Alexandrie, connu


Voici

pour avoir une maladie d'yeux, suivant conseil que lui donna le dieu Srapis, dont

le le

culte l'emporte dans cette ville sur celui des autres dieux, se prosterna aux pieds de l'empereur; l il le sollicitait de le gurir de sa ccit, le suppliant d'oindre d sa salive ses paupires et le globe de ses yeux. Un autre homme estropie d'une main vint prier l'empereur, par le conseil du mme dieu, de vouloir bien la toucher de son pied. Vespasien se moqua d'abord de celte demande et refusa de s'y prter ;
Malin., XIV. 25; calmanl la tempte, Mauli., VIII, 26; Luc, VIII, 23; voix cleste son baptme, app.iriiion miraculeuse. Mal th., III 17; Jean, XII, 28; Luc, IX, transfiguration, Mailli., XVII Marc, IX Il Pierre, I, 16; trois exemples de rsurrection de morts, Mailh.. IX, 18 Mare, V, 22; Luc, VIII, 41. cl Ml, 14 Jean, XI.
, ;
;
;

Non-seulement gurissant tonte espce de maladie, mais changeant l'eau en vin, Jean, H; rassa(I)

siant des multitudes, Malili.,XIV,


[.uc, .IX. 12;

H;

Jean, IV, 5;

marchant sur

Mare, VI, 35; la mer,

SOI

TABLEAU DES PREUVES DU CHRISTIANISME.


la

88-2

mais press par leurs sollicitations, il craignit que Von n'attribut son refus la vanit, et
ensuite les instances du patient et les insinuations de ses flatteurs lui firent esprer de rus-

ordonna ses mdecins d'examiaveugle et cet impotent pouvaient tre guris par des moyens naturels. Ils dirent plusieurs choses dans leur rapport; que chez l'aveugle, Vorgane de la vue n'tait pas dtruit, et qu'on pouvait le rtablir en le dgageant de ses obstacles ; que chez l'impotent, les jointures affectes pouvaient se remettre en y appliijuant quelques remdes ; que les dieux approuveraient peut-tre que l'empereur fit l'essai de ces gurisons, qu'il tait dsign par eux pour les oprer; qu'enfin si l'entreprise russissait, la gloire en appartiendrait l'empereur, et si elle chouait, le ridicule en retomberait sur les malades. Vespasien, convaincu que tout tait soumis l'influence de sa fortune, au point que rien ne devait paratre incroyable, excuta gaiement ce qu'on lui demandait, aux yeux de la multitude qui l'entourait et qui attendait l'vnement avec imsir.

Enfin
si cet

il

ner

particularit pouvait aisment s'tre mle circulation d'une histoire qui venait d'un pays loign et trente ans de distance; il pouvait tre vrai que la maladie d'yeux ft notoire, sans qu'on en et dtermin la nature et le degr; cas qui certainement n'est pas rare. L'embarras de l'empereur pouvait tre aisment contrefait, et peut-tre n'taitil pas d'abord dans le secret. Je ne mets pas beaucoup d'importance l'observation de Tacite, que ceux qui avaient t prsents

patience. Sur-le-champ l'estropi recouvra l'usage de sa main, et l'aveugle la lumire. Ceux qui furent prsents ces gurisons les ont racontes, et les racontent encore prsent que le mensonge ne leur apporterait aucun profity(Tacit., Jlist., liv. IV). Maintenant, quoique Tacile ait crit cette

relation vingt-sept ans aprs

que

le

miracle

doit avoir t opr, et qu'il ait crit

Home

ce qui s'est pass Alexandrie, quoiqu'il ne l'ait crite que sur des rapports, et sans qu'il paraisse l'avoir examine ou la croire luimme (tout au contraire), son tmoignage ne m'en parat pas moins suffisant pbur prou-

ver que cet vnement a eu lieu, par o j'entends qu'en effet ces deux hommes se sont adresss Vespasien, qu'ils en ont t touchs de la manire dont on le raconte, et qu'on a publi que leur gurison tait l'effet de cet attouchement. Mais toute cette affaire donne lieu de forls soupons d'un accord d'imposture entre les malades, les mdecins et l'empereur, et cette solution est d'autant plus probable, que tout semblait concourir suggrer et favoriser ce plan. Le rsultat du miracle devait tre d'honorer l'empereur il fut opr au milieu des et le dieu Srapis courtisans et des flatteurs qui accompa:

continuaient raconter l'histoire, quoique le mensonge ne pt leur tre d'aucun avantage. Ceci ne prouve autre chose sinon q.ue ceux qui avaient d'abord racont l'histoire continuaient le faire. Le point essentiel connatre tait la disposition d'esprit des tmoins et des spectateurs de ce temps-l. On ne voit rien dans cette relation de Tacile qui puisse donner quelque fondement aux'loges de sagesse et de pntration que M. Hume donne cet historien, qui ne parat pas mme avoir ajout foi son rcit. La manire dont il parle du dieu Srapis, au pouvoir duquel on attribue le miracle, ne nous permet pas de supposer qu'il crt le miracle rel sur l'avertissement du dieu Srapis, auquel cette nation superstitieuse (dedita superstilionibus gens) rend des adorations plus particulires qu' tous les autres dieux. Pour qu'on pt comparer ce miracle suppos avec ceux de Jsus-Christ, on devrait montrer une. personne de basse condition qui, place au milieu de ses ennemis, ayant loule la puissance du pays arme contre eiie, environne de gens fortement prvenus contre ses prtentions, ou intresss les rejeter et attaquer son caractre, aurait soutenu cependant qu'elle avait opr ces gurisons qui aurait exig de ceux qui en auraient t les tmoins de renoncer leurs esprances et leurs opinions les plus enracines, pour marcher sa suite au milieu d'preuves et de dangers de toute espce pour tablir cette comparaison, il faudrait encore prouver que plusieurs des tmoins de ces gurisons en ont t tellement frappes, qu'ils ont obi l'invitation qui leur a l adresse, en sacrifiant toutes les opinions dans lesquelles ils avaient t levs, de mme que leur repos, leur sret et leur rputation, et que c'est de tels commencements qu'il faut at; ;

gnaient Vespasien dans une ville et parmi une populace dj dvoue aux intrts et au culte du dieu, et o l'on aurait envisag
;

tribuer un grand

changement arriv dans

le

comme

tratre et

blasphmateur quiconque

aurait refus de croire cette gurison ou seulement os la rvoquer en doute. Il faut observer encore que le rapport des mdecins fut tel qu'il ne supposai! aucune marque extrieure de maladie, et que par consquent elle pouvait facilement tre contrefaite ce rapport disait que l'organe de la vue n'tait pas dtruit chez l'aveugle, et que l'infirmit de l'impotent tait dans les jointures. Remarquons d'ans le rapport de Tacite une circonstance importante, savoir, que le premier
:

celte poque, et dont les effets subsisteraient encore aujourd'hui. Certainement un fait de celle nature ne ressemblera gure, ni par ses circonstances, ni par ses effets, celui que nous prsente la relation de Tacite.
2.

monde

est

Le second exemple allgu par M. Hume une histoire tire des Mmoires du cardi; :

la voici Les chanoines me montrrent dans l'glise de Sarragosse un homme occup allumer les lampes, et ils me dirtnt que cet homme avait cl plusieurs annes c) la porte, n'ayan.t alors qu'une jambe (Liv. IV,

nal de llelz

malade

notus labe oculorum connu comme ayant une maladie d'yeux mais cette
tait
, ;

an de Jsus- Christ 1G5V). M. Hume convienl que le cardinal n'ajouta pas foi celle histoire il ne parat pas qu'il
;

805
ait

DEMONSTRATION EVANGELIQUE. PALEY


une

804

examin la jambe de cet homme, ni qu'il ait adress aucune question lui ou d'autres sur ce sujet. Une jambe artificielle faite avec art dans un pays o l'on n'aurait jamais
entendu parler de cette invention, suffisait pour avoir fait natre et rpandre le bruit de ce miracle. Les ecclsiastiques du lieu devaient favoriser

un

rcit qui relevait l'hon-

neur de leur saint et de leur glise; et l'on n'aurait pas imagin de contredire, au milieu du dix-septime sicle, une histoire qu'ils admettaient elle ne favorisait pas moins les anciens prjugs du peuple que ceux des chefs de l'Eglise en sorte que le prjug tait soutenu par l'autorit, et tous les deux rencontraient une trs -grande ignorance pour assurer le succs de l'imposture. Si,
: ;

multitude innombrable de gens qui allaient chercher leur gurison prs de la tombe et dont plusieurs taient agits par de fortes convulsions un trs-petit nombre prouva du soulagement et ce fut surtout par un effet sur les nerfs et sur les glandes. 11 n'est pas mme ncessaire d'expliquer par ce moyen quelques-unes de ces gurisons et la premire de celles dont on a donn le catalogue diffre peu d'une gurison nalurelle.il s'agissait d'un jeune homme dont un il tait enflamm et l'autre perdu l'inflammation se dissipa sans que l'il perdu
, , , , :

se rtablt; on avait commenc la diminuer par des lotions de laudanum pendant que le jeune homme se rendait prs de la tombe. Ce

comme

l'invention d'un membre nouvelle, le cardinal luimme n'auriiit pas dout du miracle, surtout vu l'insouciance avec laquelle il couta ce conte, et le peu de disposition qu'il se sentait rechercher la fraude ou la dvoiler. 3. La mme solution peut expliquer les
je
l'ai dit,

artificiel tait alors

la

miracles qu'on nous dit avoir t oprs sur tombe de l'abb Paris. Les malades qui
visitaient celle

tombe taient

si

fort agits

par leur dvotion, par l'attente de ce qui allait arriver, par la solennit, par le local et surtout par la sympathie de la foule dont ils taient environns, que plusieurs d'entre eux tombrent dans des convulsions violentes qui, dans certains cas, firent cesser des maux occasionns par des obstructions. Celle solution peut tre plus facilement adopte aujourd'hui que l'on a vu des effets de ce genre la suite du magntisme animal et que le rapport des mdecins franais sur ce remde mystrieux est applicable au cas dont il s'agit ils nous disent que ceux qui exercent cet art ont souvent occasionn des convulsions en travaillant sur l'imagination de leurs malades; et que celles de ce genre sont un des remdes les plus actifs que puisse prouver la constitution humaine mais aussi le plus incertain et le plus difficile
, : ,

qui est encore plus remarquable c'est que l'inflammation reparut au bout de peu de temps. Une autre gurison fut celle d'un jeune homme qui avait perdu la vue par la piqre d'une alne, et par l'coulement de 'humeur aqueuse qui en fut la suite sa vue qui se rtablissait graduellement, fut fortifie dans les visites qu'il fit la lombe, et probablement mesure que de nouvelles serlions remplaaient l'humeur qui s'tait coul .>. 11 faut observer que dans ces deux cas les con-r vulsions ne semblaient pas de nature ponvoir oprer une gurison. J'accorderai que sous un point de vue, on ne saurait confondre ces miracles avec ceux qui sont rapports par Tacite et par le cardi- na'l de Retz ils n'taient soulQnus ni par les prjugs ni par l'autorit dii pays o ils se manifestrent; c'taient les miracles d'un parti en dispute avec un autre et une lutte entre les jansnistes et les jsuites; ils furent
, : : , .

diriger.

Voici les circonstances qui justifient cette explication des miracles de l'abb Paris 1 Ils ont t faits par essai. L'histoire avoue de ces miracles ne donne que neuf gurisons sur plusieurs milliers de malades et d'infirmes qui frquentaient la tombe. 2 On convient qu'on y prouvait des convulsions. 3" Que la plupart des maladies taient d'un genre occasionn par des obstructions ou par le dfaut de mouvement, telles que l'hydropisie, la paralysie et quelques tu:

et examins par le parti contraire, ce qui fit dcouvrir plusieurs faussets, et voir qu'il se mlait beaucoup de fraude quelque chose d'extraordinaire et s'il se trouva des cas que l'on ne pt pas suffisamment expliquer dans le temps, cela vient de ce que l'on ne connaissait pis bien encore les effets des fortes affections spasmodiques. Enfin loin que la cause des jansnistes ait obtenu quelque succs par le moyen de ces miracles elle n'a fait que tomber dans l'oubli, quoiqu'elle et dj de nombreux partisans avant l'poque o l'on voulut en tablir
: , ,

donc contredits,

la

persuasion.

Rappelons-nous que l'histoire ne nous prsente aucun miracle d'une aussi grande force que ceux-ci; qu'elle n'en produit aucun qui soit exempt iVi'quiroi/ies
,

meurs.
h Les gurisons taient graduelles quelques malades suivaient le remde plusieurs jours d'autres plusieurs semaines, d'autres plusieurs mois. 5 Les gurisons de plusieurs taient incompltes.
;

qui ait renvers les prjugs tablis et les croyances reues, qui se soit accrdit malgr les oppositions et la force de l'autorit on n'en a point vu qui ait entran les hommes contre leurs opinions prcdentes, dans une vie de mortification de dangers et de souffrances ; on n'a vu nulle part des gens les attester au prix de leurs fortunes et de
:
,

leurs vies (1).


(1) On pourrait croire que M. Mongeion, qui a publi les miracles de l'abb Paris, fait une exception

D'autres n'taient que passagres.


:

tout ce que cette histoire offre de merveilleux se rduit ceci c'est que sur Ainsi,

ce que je viens d'allesier

il

parat qu'il prsenta son

805

TABLEAU DES NIEE \ ES DE CHRISTIANISME.

800

j&iamfc

parti*.

PREUVES AUXILIAIRES EN FAVEUR DU CHRISTIANISME.

CHAPITRE PREMIER.
Prophties.
Isae,
et

LU,
:

13.

LUI.
il

Voil,

mon

servi-

sera fort lev, Usera haut il a t pour plusieurs un sujet dtonnrment, tant il a paru abject et infrieur mme aux plus petits des hommes ; teur prosprera,

puissant

comme

ainsi sera-t-on frapp d'lonnement, quand il rpandra sa lumire sur plusieurs nations : les rois garderont le silence devant lui, parce qu'ils verront ce dont on ne leur avait rien
dit, et qu'ils

comprendront

ce

dont

ils

n'a-

nous n en avons fait aucun cas. charg de nos maladies, il a pris sur lui nos douleurs et le voyant atteint de ses maux, nous avons cru que c'tait Dieu qui le frappait el qui l'affligeait ; mais il tait perc pour nos forfaits, et froiss pour nos iniquits; le chtiment qui nuits procure la paix est tomb sur lui, et c'est par ses meurtrissures que nous sommes guris. Nous tions tous comme des brebis gares; chacun de nous suivait son propre chemin, et l'Eternel a fait tomber sur lui l'iniquit de nous tous il a t opprim et afflig, cependant
et

de ddain,

Cependant

il

s'est

vaient point ou parler. Qui a cru notre prdication, et par qui le bras de l'Eternel a-l-il t reconnu? Il a

il

n'a point ouvert la bouche,

il

a t conduit

comme un agneau, devant celui qui doit l'gorger, et comme une brebis muette, devant celui
qui doit la tondre; il n'a point ouvert la bouche. Il a t tire de l'oppression et dlivr de la condamnation ; qui pourra exprimer sa, dure ? Il a t retranch de la (erre des vivants ; mais c'est cause des pchs de mon peuple qu'il a l frapp : on avait ordonn son spulcre avec les mchants, et il a l avec le riche aprs sa mort : car il n'avait point commis de violence, et il n'y avait point eu de fraude dans sa bouche. Nanmoins l'Eternel a voulu qu'il fut froiss, il l'a expos aux souffrances ; mais aprs qu'il aura donn sa vie en sacrifice pour le pch, il se verra

paru devant

lui

une

faible plante et

comme

rejeton qui sort d'une terre aride ; il n'y a en lui ni beaut ni clat ; nous l'avons vu, et nous n'avons rien trouv qui nous attirt vers lui : mpris, mis peine au rang des hommes, homme de douleur, et qui a connu les souffrances, semblable ceux dont on dtourne les yeux, il a t un objet
au roi avec le pressentiment que celle dmarlut che l'exposerait (incline danger en effet, renferm quelque femps aprs, el ne soi lit jamais de prison. Si ses miracles avaient l sans quivoque, si la eouviciiou de M. de Mongeron en et l la consquence, .j'en aurais fait une exception, el j'aurais, je crois, dfendu seul la cause de nos adversaires; mais indpendamment des rflexions que nous avons faites sur le peu decerlude de ces miracles, l'expos que en M. de Mongeron nous a donn de sa conversi nous montrant l'ai de 'on me nous l'ail connalre que sa persuasion ne reposait pas sur des miracles nous externes. Il entrait peine dans le cimetire
livre
;

un

il

une nombreuse
jours,
et les

postrit',

il

prolongera

ses

desseins de bienveillance de l'Eternel s'accompliront heureusement entre ses mains: il verra le fruit de ses peines, il en sera pleinement satisfait; mon Serviteur juste justifiera Un grand nombre d'hommes par la

<

<
i

i t

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t
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qu'il se sentit saisi de respect et d'effroi n'ayant jamais entendu de prires exprimes avec auianl de ferveur que celles que les suppliants pvononaienl sur la teinte. S'lani jet genoux, les coudes appuys sur la pierre du tombeau, le visage couvert de ses mains, il lil la prire suivante toi, par l'intercession duquel tant de miracles ont t oprs ! s'il est vrai qu'une portion de toi-mme siuvive dmis te tombeau, el que tu aies (/ueliiue influence sur le Tout-I'uissanl aie piti des tnbres de mon entendement, et obtiens de sa misricorde de les dissiper! Il nous dit qu'aprs celle prire plusieurs penses commencrent se faire jour dans son esprit, et que son attention fut si profonde qu'il demettra qualre heures sur ses genoux sans que la foule des suppliants qui l'entouraient lui caust
dit-il,
:

i

i

aucune distraction. Pendant cei intervalle, tous les arguments qu'il avait lus ou entendus en laveur du clirisiianisnie, se prsentrent son espnl dans un
it

< i

degr de forte et de conviction, qu'il rentra chez lui pleinement convaincu de lajvrU de la religion en gnral, de mme que del saintet et de la puissauce de et homme qui, ce qu'il supposait, avait engag la bont divine clairer son entendement d'une manire aussi soudaine (Douglas, tinter, of
tel
i

miracles, pag. 214).

connaissance qu'ils auront de lui, et il se chargera de leurs iniquits. C'est pour cela que je lui donnerai sa portion parmi les grands il partagera le butin avec les puissants, parce qu'il se sera offert lui-mme la mort, qu'il aura t mis aux rang des criminels, qu'il aura port les pchs de plusieurs, et qu'il aura intercd pour les coupables. Les premires paroles de ce livre annoncent les prdictions d'un crivain qui vivait s;>pt cents ans avant l're chrtienne, et celte prophtie nous offre incontestablement ce qui est essentiel ce genre de preuve, savoir, qu'elle a t crite et publie avant l'vnement auquel elle se rapporte, et que cet vnement ne pouvait tre prvu par aucun moyen naturel. Les archives ont t sous la garde des adversaires du clirisiianisnie. Les juifs , comme l'a observ un ancien Pre de l'Eglise, ont l nos bibliothcaires cette prophtie se trouve dans leurs copis, comme dans les ntres. Plusieurs d'entre eux ont tent de lui donner une autre explication, mais aucun n'a essay d'affaiblir son authenticit. Ce qui ajoute sa force, c'est
, ;

807

DEMONSTRATION EVANGELIQUE. PALEY


:

qu'elle est tire d'un crit annonc comme prophtique, et dont l'auteur dchire qu'il va dcrire les vnements futurs et les changements qui surviendront dans le monde, pour autant qu'ils sont lis au sort et Ce pasaux inlrls de la nation juive. sage n'est point tir d'un livre d'histoire ou de dvotion ; ce n'est pas, en consquence, de quelques lgers rapports avec des vnc menls futurs que nous le tenons pour prophtique. Is.ie en pronona les paroles en qualit de prophte, et avec la solennitque . _. .1 _* i_ i..:r.. .. l.,o demandait ce caractre; et les Juifs, en les lisant, ne doutrent jamais qu'elles ne se rapportassent des vnements qui devaient avoir lieu aprs la vie de l'auteur. l'Ecclsiastique nous donne connatre quelle tait l'opinion gnrale des Juifs sur le but

rabbins l'ont applique au Messie qu'ils attendaient (Hulse, Theol. Jud.. p. 430). Mais
leurs interprtes modernes s'accon'ent y voir une description de l'tat malheureux et du rtablissement de la nation juive dsigne, di>ent-ils, sous le caractre d'un individu; interprtation qui ne peut tre' justifie par aucune critique raisonnable. Nous lisons la fin du verset 8 C'est cause des pchs de mon peuple qu'il a t frapp ; la traduction plus littrale porte Le coup a port sur lui, et les Juifs traduisent pour le forfait de mon peuple le coup a port sur eux. ils allguent, pour justifier cette altration, que le pronom hbreu est susceptible d'une signification au pluriel, aussi bien qu'au singulier, c'est-dire peut s'accommodera leur interprtation aussi bien qu' la ntre (1). C'est l le seul point sur lequel ils disputent, ne s'carlant en rien de notre manire de traduire le reste de la prophtie. Nous nous contenterons d'en appeler au bon sens de tout lecteur attentif pour apprcier la probabilit d'une explication qui me semble offrir des difficults insurmontables. Dans la supposition que le peuple Juif est le patient dsign dans la prophtie, ne pourrait-on pas demander aux interprtes juifs de nous expliquer au nom de qui le prophte parle, quand il dit Il s'est charg de nos maladies, il a pris sur lui nos douleurs; et le voyant atteint de ses maux, nous avons cru que c'tait Dieu qui le frappait et qui l'affligeait, mais il tait perc pour nos forfaits et froiss pour nos iniquits, le chtiment qui nous procure la paix est tomb sur lui, et c'est par ses meurtrissures que nous sommes guris. Et quel rapport apercevraiton entre l'histoire juive et le contenu du ver: :

des crits d'isac II vit, par un grand don de l'esprit, les choses qui devaient enfin arriver, et il consola ceux qui lamentaient en Sion il montra les choses venir jusqu' la choses caches avant les fin des temps, et qu'elles fussent faites (Chap. XLVI1I, 24). Un autre avantage de cette prophtie, c'est de n'tre entremle d'aucun autre sujet, d'tre entire, dtache et dirige sans interruption vers un point unique. L'application de celte prophtie l'histoire vanglique est simple et prcise; point de double sens, point d'expressions figures elle est la porte de l'intelligence de toute espce de lecteurs. Les obscurits, par o j'entends ces expressions qui demandent la connaissance de la langue du pays et des allusions ses usages, y sont en petit nombre et de peu d'importance. Je n'ai pas remarqu que des variantes de copies ou des constructions trangres l'original produisissent aucune altration sensible dans le sens que nous offre cette prophtie. On s'en convaincra en comparant nos traductions ordinaires avec celle de l'vque Lowlh. Les diffrences que nous laisse apercevoir le rsultat fidle de ses recherches, ne font que rapprocher un peu plus la prophtie de
:

7? Il a t opprim et afflig ; cependant il n'a point ouvert la bouche ; il a t conduit comme un agneau devant celui qui doit l'gorger, et comme une brebis muette devant celui gui doit la tondre. La mention faite au verset
set

du nouveau Testament. C'est ainsi qu'au verset k du chap. LUI, au lieu du mot frappait qui se trouve dans notre Bible, on julit dans la traduction du savant vque diciairement frapp au lieu de ces paroles
l'histoire
:

du verset

a t tir de l'oppression et dlivr de la condamnation, on y lit il a t enlev par un jugement oppressif. Au lieu de ces paroles qui pourra exprimer sa dure ? on y lit qui racontera sa manire de vivre? c'est--dire qui est-ce qui se prsentera pour sa dfense? Au lieu de cette phrase on avait
8,
il
:

9 de spulcre, ne saurait s'appliquer aux rvolutions d'une nation, non plus que la fin del prophtie au verset 12, qui nous peint les souffrances comme tant volontaires, et le patient comme intercdant pour les oppresseurs Parce qu'il se sera offert lui-mme la mort, qu'il aura t mis au rang des criminels, qu'il aura port les pchs de plusieurs, et qu'il aura intercd pour les coupables. L'Ancien Testament nous prsente d'autres prophties que les chrtiens appliquent l'histoire vanglique, et qui nous paraissent mriter un grand respect et beaucoup d'al:

les mchants, et il a t avec le riche aprs sa mort, \erset 9, on sa fosse y lit, en conformit avec l'vnement, fut prpare par les mchants, mais son tom-

ordonn son spulcre avec

beau a t avec l'homme riche. Il est naturel de rechercher quelle tournure les Juifs ont donn celte prophtie (1). On a de fortes preuves que les anciens
(i) Yuticiniuni

hoc

Isai;e est

ruin,

de quo

aliqui

Judici

camificina rabbinoinil confessi sunt, rab-

binos sims ex prophelicis Scripluri> facile se extricare potuisse, modo t sains taruisset? (Ilulse, Theol. Jud., Qunled by Ponle in locum). pag. 518. (I) J'ai supprim une longue note du docteur Paley, qui se borne justifier l'adoption i|iie l'vque Loxvili et le docteur Kennicot ont faii de la version des LXX , qui an lieu de traduire la fin du f 8 par < Mais c'est cause des pchs de mon ces mots peuple qu'il a happ dit pour la transgression ;s i! : napp mort, i Origne de mon peuple prouve que les Juifs de son temps traduisaient ainsi I mssage.

m)

TABLEAU DES PREUVES

1)L

CHRISTIANISME.

810

tention. phtie ci-dessus, parce qu'elle me parat la plus claire et la plus forte de toutes, et parce que la plupart des autres demanderaient, pour en faire sentir la force avec fidlit, des

Je me

borne prsenter la pro-

discussions qui ne sauraient s'accommoder

nature de cet ouvrage. trait de l'vque Chandler ce sujet prsent avec ordre et expliqu avec clart. 11 voudra bien se rappeler ce que les dfenseurs du christianisme ont souvent mis en avant et avec vrit, c'est qu'on ne trouve dans l'histoire aucun autre personnage minent, la vie duquel tant de circonstances puissent s'appliquer. Nous invitons ceux, qui objecteraient que ces applications doivent une partie de leur succs au hasard, la subtilit dans les rapprochements, la diligence dans les recherches, nous les invitons essayer le succs de ces tentatives, en se proposant Mahomet ou quelque autre personnage comme pouvant tre l'objet de cette prophtie de l'Ancien Testament. 11. Les prdictions de Notre-Seigneur sur la ruine de Jrusalem, que trois des vanglistes ont publies, nous offrent une seconde source de preuves prophtiques. Luc, XXI, 5-25. Quelques personnes lui disant que le temple tait bti de belles pierres, et orn de dons prcieux, il leur rpondit : Il viendra un temps o tout ce que vous voyez

avec

les

bornes

et la

Le lecteur trouvera dans un

salem investie par une arme, sachez qu'elle est prs de sa ruine. Alors que ceux qui sont en Jude s'enfuient aux montagnes, que ceux qui se trouveront dans la ville en sortent, et que ceux qui seront dehors n'y rentrent point, parce que ce sont l les jours de la vengeance, afin que tout ce qui est crit s'accomplisse. Malheur aux femmes qui en ce temps-l seront enceintes, et celles qui auront des enfants la inamelle ; car ce pays sera rduit une grande extrmit, et la colre de Dieu tombera sur ce peuple. Ils tomberont sous le tranchant de l'pe, et on les mnera en esclavage

parmi toutes les nations, et Jrusalem sera foule aux pieds par les nations, jusqu' ce
que
le temps des nations soit accompli. Cette prdiction se trouve nonce au chap. XXIV de saint Matthieu et au XIII de saint

Marc dans des termes trs-ressemblants. Saint Luc nous a conserv chap. XIX 41, ,

44, les expressions touchantes de sensibilit que la perspective de ces calamits arracha

au Sauveur dans une autre occasion


qu'il

Lors-

fut proche de la ville, en la voyant, il pleura sur elle, et dit : Ah! si tu avais recon-

ici sera tellement dtruit, qu'il n'y sera laiss pierre sur pierre. Ils lui firent alors cette

question

: Matre, quand est-ce que cela arrivera, et quel signe connaitra-t-on que ces choses sont sur le point de s'accomplir? Jsus leur rpondit : Prenez garde ne pas vous laisser sduire; car plusieurs viendront qui prendront mon nom, disant : C'est moi qui suis le

Christ. Le temps est proche, ne les suivez donc point. Lorsque vous entendrez parler de guerres et de tumultes, n'en soyez pas consterns; car il faut que ces choses arrivent auparavant, mais ce ne sera pas sitt la fin. Il leur dit aussi : Une nation s'lvera contre une autre contre un autre et un royaume nation royaume. Il y aura en divers lieux de grands tremblements de terre , des famines et des pestes, et dans le ciel il paratra des choses pouvantables et de grands signes; mais avant tout cela, on se saisira de vous, on vous perscutera, on vous livrera aux synagogues, on vous emprisonnera, on vous tranera devant les rois et devant les gouverneurs cause de mon nom ; cela vous arrivera, afin que vous me rendiez tmoignage mettez-vous donc dans
,
;

nu, au moins en ce jour qui t'est donn, les choses qui appartiennent ta paix ? mais maintenant elles sont caches tes yeux car il viendra un temps malheureux pour toi, o tes ennemis t'environneront de tranches, t'enfermeront et te serreront de toutes parts ; ils te dtruiront entirement, toi et tes enfants qui sont dans tes murs ; et ils ne te laisseront pierre sur pierre, parce que tu n'as pas connu le temps auquel tu as t visite. Ces passages renferment des prdictions formelles et directes. On reirouve dans plusieurs autres discours du Sauveur des allusions au mme vnement, dont quelquesunes sont claires et d'autres paraboliques ou figuratives {Matth., XXI, 33-46 XXII, 1-7; Marc, XII, 1-12; Luc, XIII 1-9. XX, 9-20.
: ; ,

XXI

5-13).

On

n'a jamais dout

que

cette

description ne ft d'accord avec l'vnement, ou que l ruine de la nation juive, la prise de Jrusalem, n'aient eu lieu sous Vespasien, trente-six ans aprs la mort de Christ. Plusieurs savants nous ont montr ce mme accord dans plusieurs articles de dtail, et plusieurs circonstances de la prophtie. L'histoire dtaille de cet vnement par Josphe, historien juif et contemporain, facilite nos
et donne un appui notre raisonnement. Sous ce rapport il ne peut exister aucun doute. Mais cette prophtie a-t-elle rellement t annonce avant l'vnement? C'est sur ce point unique que rouleront mes observations, parce que c'est la seule chose qu'il nous importe d'examiner. 1. Quoique L'antiquit varie dans la fixation de la date prcise des trois Evangiles que nous avons cits, elle ne laisse pas de

recherches

de ne point prmditer ce que vous aurez dire pour votre dfense; car je vous mettrai dans la bouche des discours pleins d'une sagesse, laquelle tous vos adversaires ne pourront rsister, ni rien opposer. Vous serez livrs mme par vos pres et par vos mres, par vos frres, par vos parents et par vos amis, et l'on fera mourir quelques-uns d'entre vous. Vous serez has de tout le monde a cause de mon nom; cependant il ne se perdra pas un cheveu de votre tl ; possdez vos mes par votre patience. Quand vous verrez Jrul'esprit

s'accorder les reconnatre comme publis avant la destruction de Jrusalem (Lardner,


t.

XIII).
2.

Nous tirons du cours de la vie humaine une forte probabilit en faveur du jugement de l'antiquit. La destruction do Jrusalem eut lieu la soixante et dixime an [Vingt-six.)

DMONST. EVANO. XIV.

811

DEMONSTRATION VANGLIQUE. PALEY.


raif-on qu'un crivain se
fiction

8i

ne de la naissance de Christ. Nos trois vanglistes dont l'un tait son compagnon immdiat, et les deux autres associs avec ne devaient pas tre de ses compagnons beaucoup plus jeunes que lui. Ils auraient donc l bien avancs en ge lors de la prise de Jrusalem et l'on ne saurait assigner la raison qui leur et fait diffrer si longtemps
, ,

de publier leurs histoires. 3. {Leclerc, Diss. 111, dequal. Ev., num VII, . 5kl). Si la destruction de Jrusalem et t connue des vanglistes l'poque o ils crivirent leurs Evangiles, esl-il probable que voyant dans cette catastrophe le plein accomplissement des prophties il ne leur ft pas chapp un mot de cet accomplissement, quand ils publirent ces prdictions ? Lorsque saint Luc rapporte la prdiction que Agabus l d'une famine, il ajoute ces mots et en effet elle arriva sous Claude Csar (Act., XI, 28) ; tandis que ces prophties distinctement annonces dans un chapitre de chacun des trois Evangiles, auraient l rappeles dans diffrents passages de ces Evangiles , sans qu'on pt y entrevoir la moindre insinuation de leur accomplissement. Je conviens qu'un imposteur, dans l'intention de persuader ses lecteurs que le livre avait prcd l'vnement, et supprim toute insinuation semblable mais le caractre des auteurs de l'Evangile les met l'abri de ce soupon ; la ruse leur tait trangre. Jamais crivain ne s'occupa moins qu'eux prvenir les objections. On ne trouve pas une phrase qui insinue que leurs crits aient prcd les guerres des Juifs ; ce qu'ils eussent cherch persuader en les supposant des imposteurs. Aucun mot ne tend indiquer au lecteur que leurs mmoires ont t crits avant le destruction de Jruce qu'un sophiste et cherch salem faire. On n'y aperoit aucune trace de l'accomplissement des* prophties qu'ils avaient publies, ce qu'un crivain sans artifice n'et pas manqu de laisser entrevoir d'une manire- ou d'un autre , s'il et crit aprs l',
:

permt une telle l'poque, ou trs -prs de l'vnement, ce qui est la supposition la plus dsavantageuse qu'on puisse admettre sur le temps de la publication de nos Evangiles 1 Comprendrait-on qu'crivant des Juifs des Juifs convertis ce qui certainement est le cas de saint Matthieu ) il et dclar que les sectateurs de Christ n'avaient point fait usage au moment du danger, des avertissements qu'ils avaient reus, malgr l'intrt qu'ils avaient les connatre et les apprcier? Lors mme que les prophties ne seraient parvenues la connaissance des vanglistes que par la voie de la tradition elle devait avoir exist avant l'vnement; car supposez que sans nulle autorit , sans avoir mme une tradition pour guide, ils eussent forg ces passages ce serait leur imputer un degr de fraude et d'imposture dont leurs ouvrages repoussent tout soup, ( ,
,

on.
5. Je croirais aussi qu'en supposant les prophties composes aprs l'vnement elles eussent contenu plus de particularits. On y aurait insr le nom ou la description de la puisance ennemie, les noms du gnral et de l'empereur. On y aurait dtermin l'poque d'une manire plus prcise; et je me fortifierais dans mon opinion en observant que les prophties supposes des oracles sibyllins celles des douze patriarches n'ont t que des et d'autres de ce genre faits hi toriques annoncs sous une forme prophtique. On nous objecte que la prophtie sur la destruction de Jrusalem se trouvant entrmle d'expressions qui se rapportent au jugement dernier, le lecteur est tent de lier ces deux vnements l'un l'autre mais celte objection n'attaque pas mon raisonnement, lors mme que la prophtie aurait combin ce que le Sauveur a pu dire sur des sujets analogues, sans indiquer l'ordre avec exactitude, et sans avoir toujours marqu la tran,

vnement. h. Quel sens auraient ces conseils que Christ donne ses disciples de prendre la
fuite (1), si ces prophties avaient l fabri-

du discours. !1 nous suffit que le Sauveur y ait rellement annonc la destruction de Jrusalem.
sition

CHAPITRE
Quoique mon but dans

II.

ques aprs l'vnement ? sige qui menaait Jrusalem les chrtiens en sortirent ou n'en sortirent pas. Dans le premier casils devaientavoirconnaissancede la prophtie. Si l'poque du sige ils n'en avaient pas connaissance, s'ils n'ont fait aucun usage de cet avertissement, imagine,

A l'approche du

Morale de l'Evangile.
ce chapitre soit de de la morale de l'Evangile une preuve de sa vrit, je conviens 1 que le premier but de la mission n'a pas t d'enseigner la morale ; 2 que celte science, soit dans l'Evangile, soit dans tout autre livre, ne saurait tre prsente proprement parlant , comme un sujet de dcouverte. Si j'avais dterminer en peu de mots le but du christianisme envisag comme rvlation (1), je dirais qu'il a l donn pour
tirer
,

<
t

i < i i

El quand vous verrez J(I) Luc, XXI, 20, 21 rnsalem tre environne d'annes, sachez alors que sa dsolation est proche. Alors que ceux qui sont en Jude, s'enfiii'iit aux montagnes; et que ceux qui sont dans Jrusalem s'en reiirenl et que ceux qui sont aux champs, n'entrent point en elle (}lallk.,Wl\, 1(>, 17, 18). Alors que ceux qui seroui en Jude, s'enfuient aux montagnes; et que celui qui sera sur la maison, ne dpende point pour emporter quoique ce soit du sa maison et que clui qui est aux champs, ne retourne point en arrire pour emporter ses habits.
:

(I) La mission de Christ, et surtout sn mort, peuvent tre la source de grands et d'ifl estimables bieufails, sans dcouler du .christianisme envisag comme rvlation, c'est--dire que ses bienfaits auraient pu exister et' avoir leur efl'ct quoiqu'ils ne nous eussent
,

M'a

TABLEAU DES PREUVES DU CHRISTIANISME.


la

814

conduite de. la vie humaine, pour tablir la preuve d'un tat i'utur de peines et de rcompenses, pour mettre en vidence la vie et l'immortalit'. Son but direct serait de prsenter des motifs et non des rgles, une sanction et non des prceptes. Et c'est l ce qui tait le plus ncessaire au genre humain. Les membres d'une socit civilise peuvent assez bien juger comment ils doivent se conduire dans tous les cas ordinaires ; mais sans la connaissance d'un tat futur, ou ce qui est la mme chose, sans des preuves videntes de cet tat, ils manquent ils de motifs pour remplir leurs devoirs manquent du moins d'une force de motifs suffisante pour rsister celle des passions et aux tentations qui naissent de l'intrt prsent. Leurs rgles de conduite sont sans autorit. Le plus grand bienfait que l'espce humaine pt attendre et recevoir, et qu'une rvlation divine pt se proposer, tait la manifestation d'une existence future. El quoiqu'en remplissant ce but Dieu et pu donner occasionnellement, par le ministre de son Envoy, des prceptes moraux, des exemples et des dveloppements de prceptes moraux d'un prix inestimable, toutefois on ne saurait les envisager comme tant le but primitif de la mission. Secondement, on ne peut dire que la morale contenue dans l'Evangile ou dans tout autre livre soit proprement un sujet de dcouverte; par o j'entends qu'on ne saurait y apercevoir rien d'analogue ce qui, dans la philosophie naturelle, dans les arts de la vie et dans quelques sciences, porte le nom de dcouvertes telles que le systme de l'univers, la circulation du sang, la tendance de l'aiguille aimante vers le ple, les lois de la gravitation, l'criture alphabtique, l'arithmtique dcimale et d'autres semblables; en un mot, on ne saurait y apercevoir des faits, des preuves des inventions totalement inconnues et auxquelles on n'avait jamais pens. Celui-l donc qui la lecture du Nouveau Testament s'attendrait tre tonn par des dcouvertes en morale, comme il s'est

exercer une influence sur

sujet rend impossible; et je fonde mon opinion sur ce que les qualits des actions dpendent de leurs effets qui de tout temps ont t soumis l'exprience de l'homme.

Du moment

qu'il a t
la

quel principe, que

admis, n'importe sur vertu consiste faire du

bien, le reste n'est qu'un calcul. Mais comme chaque action particulire ne peut tre soumise ce calcul, on a tabli des rgles inter-

mdiaires, l'aide desquelles on rend la, morale plus aise, car nous n'avons alors
qu' rechercher si leur tendance conduit au bien; quant nos actions, nous n'avons qu' nous assurer si elles s'accordent avec la rgle. Nos actions se rapportent aux rgles,
et les rgles au bonheur public. Maintenant on ne saurait apercevoir dans la formation de ces rgles de place pour une dcouverte proprement ainsi nomme; mais un vaste

champ se prsente aux dveloppement de la sagesse, du jugement et de la prudence. En consquence de ces observations, sans chercher faire le pangyrique de la morale de l'Evangile, je me borne l'apprcier par le raisonnement. Et je crois que cette morale, si nous remontons sa source, nous paratra bien extraordinaire, et qu'on ne saurait en rendre raison si l'on se refusait admettre quelque caractre de divinit dans la religiou chrtienne. Je consens ne pas me prvaloir de toute la force de ce raisonnement, mais je dis que cette morale de l'Evangile ne peut appartenir quelques traditions de sicles et de peuples barbares, des doctrines fondes sur l'extravagance, quelque production de l'imposture, ou aux carts de l'enthousiasme. Les recherches que nous allons faire se prsentent sous deux chefs les choses enseignes et la manire dont elles ont t enseignes. Si la nature et les limites de mon ouvrage
,

me

l'eussent permis, j'aurais aim transcrire en entier tout ce que l'auteur du livre

senti frapp, ou plutt comme le monde a d tre frapp en acqurant pour la premire
fois la

connaissance de quelqu'une des dcouvertes dont nous venons de parler, un tel homme attendrait un effet que la nature du
point t rvls dans celle vie,

vent avoir une grande tendue

ils

Ces bienfaits peupeuvent intresser


Je crois

mme

d'autres classes d'ires intelligents.

que l'opinion qui admet que les effets salutaires de la mort de Christ s'lendent toutes les espces humaines, est une opinion gnrale, et je l'ai ds longtemps adopte. Je crois <|ne cette mort e>t la rdemption du inonde. < Car c'est lui qui est la victime do propitia lion pour nos pches, et non-seulement pour les ntres, mais aussi pour ceux de tout le monde {Jean, 11,8), > Il aal probable que le bonheur I'u
tur , et peut-aire la future existence des e-pces, l'acceptation do tous auprs de Dieu des conditions plus favorables, dpend de celle mort, ou peut tre

de l'Evidence interne du christianisme a crit sur la morale de l'Evangile, et parce que ses opinions sont conformes aux miennes, et parce qu'on ne saurait les exprimer plus nettement. Ce profond observateur de la nature humaine, que je crois sincrement converti au christianisme, me semble prouver d'une manire satisfaisante ces deux propositions. I. C'est que l'Evangile ne fait nulle mention de quelques qualits qui ont t gnralement l'objet des loges et de l'admiration du genre humain, parce que dans la ralit et dans leurs effets ordinaires elles taient prjudiciables. II. C'est

obtenu par elle. Or, ces effets, quels qu'ils soient, n'appartiennent pas au christianisme comme rvlatien, parce qu'ils existent pour ceux-l mme qui le
christianisme n'eut pas rvl.

que l'Evangile relve quelques vertus de la plus grande valeur intrinsque, et qui avaient t gnralement mconnues ou mprises, L'amiti le patriotisme , le courage actif sont les exemples dont cet auteur appuie sa premire proposition, en prenant ces qualits dans leur acception et dans leurs effets ordinaires.
,

Le courage
frances
,

la

passif ou le support des soufpatience dans les injures, l'hutni-

815

DEMONSTRATION EVANGLIQUE. PAEEY.

816

jit, la rsignation, la douceur sont les vertus que sa seconde proposition a en vue. il est certain qu'on peut ranger le genre humain sous deux classes gnrales. L'une se dislingue par la vigueur, la fermet, la rsolution se montre entreprenante, active, susceptible, jalouse de sa rputation pasinflexible sionne dans ses attachements dans sa marche et violente dans ses ressen;
,
,

timents. L'autre est douce, indulgente, prte cder, pardonner lente agir, dispose souffrir; silencieuse, modre lorsqu'on l'outrage, cherchant se rconcilier lorsque n'opd'autres exigeraient une satisfaction posant aucune rsistance aux attaques de l'homme impudent , elle se plie avec indulgence aux prjugs comme aux caractres emports et intraitables avec lesquels elle peut se trouver compromise. Le premier de ces caractres est et a toujours t admir dans le monde; c'est le caractre des grands hommes. On y trouve une dignit qui force gnralement au respect. Le dernier est rput pauvre en esprit, faible et abject. Toutefois c'est ce dernier caractre que le Fondateur du christianisme n'a cess de recommander par ses prceptes et par son exemple, tandis qu'il ne paraissait faire aucun cas du premier. C'est ce dernier caractre qui se trouve trac dans ces prceptes remarquables Ne rsistez point celui qui vous maltraite ; que si quelqu'un vous frappe sur la joue droite, prsentez-lui aussi l'autre; si un homme veut vous faire un procs pour avoir votre tunique abandonnez-lui aussi votre manteau; si quelqu'un veut vous contraindre faire un mille avec lui, faites-en deux; aimez vos ennemis, bnissez ceux qui vous maudissent, faites du bien ceux qui hassent, et priez pour ceux qui vous maltraitent et vous perscutent (Matth., V, 39). Certainement celte morale nest pas puise dans des lieux communs, on ne peut contester qu'elle ne soit originale, et qu'elle ne suppose (et c'est dans ce but que nous en parlons) que rien n'est plus loign du hros, selon le raoili, que le caractre du chrtien. L'auteur dont je prsente les ides ne s'est pas born montrer celte diffrence avec plus de force que ne l'avait fait aucun crivain avant lui; mais sans tenir compte des premires impulsions de l'opinion populaire, des loges prodigus par les orateurs et les potes, mme du suffrage des historiens et des moralistes, il a prouv que ce dernier caractre estd'nn plus grand prix, soit parce qu'il est plus difficile acqurir et conserver, soit parce qu'il contribue plus efficacement au bonheur et la tranquillit de la vie
, ,
:

trouve tre que partielle, comme le fait le prouve, si un petit nombre de personnes de ce second caractre se trouvent jetes au milieu d'hommes du caractre oppos , on verra que les querelles, ce flau du bonheur et cette source du malheur de l'homme (pour autant que son bonheur ou son malheur peuvent dpendre de l'homme) sont prvenues, concilies, termines en proportion qu'il se trouvera des hommes de notre seconde classe confondus avec la premire.

Sans ce mlange, les inimitis seraient nonseulement frquentes, mais, une fois dclares, seraient ternelles; car chaque vengeance tant une injure nouvelle, exigeant en consquence une nouvelle satisfaction, la mort seule qui termine la vie de l'homme, qui du moins fait cesser ses rapports avec ses semblables, pourrait mettre fin cette rciprocit d'injures et ce dveloppement de haine toujours croissante. On dira que le premier de ces deux caractres peut tre occasionnellement utile, qu'il entre essentiellement dans la formation d'un grand gnral, d'un grand homme d'Etat dont les travaux pourront tre avantageux au genre humain. Mais on peut en dire autant de plusieurs dispositions reconnues pour vicieuses. L'envie en est un exemple. N'estelle pas l'aiguillon le plus actif au dveloppement de nos forces n'est-ce pas ce ressort que nous sommes redevables de plusieurs savants, de plusieurs grands capitaines, de plusieurs artistes distingus? Mais elle n'en est pas moins gnralement rpute vicieuse, ou du moins les moralistes sages
;

sociale.

Voici
I.

comment

il

raisonne

Si cette disposition

tait universelle, la
;

le monde ne qu'une socit d'amis. Tandis qu'en supposant la disposition contraire universelle, il en rsulterait une scne de contestation gnrale. Le monde ne pourrait con-

question serait bientt dcide


serait

tenir

IL

Si-,

une gnration de tels hommes. au contraire, cetie disposition ne se

sont loin d'en faire l'loge, parce que ses effets sont le plus souvent nuisibles. Le Sauveur montra la prfrence qu'il donnait au caractre de dbonnairet dont nous soutenons la cause, par le soin qu'il prit de corriger l'ambition de ses disciples, par les frquents avertissements qu'il leur donna de chercher leur grandeur dans l'humilit, et par les censures qu'il adressa si souvent aux principaux de sa nation pour leur reprocher leurs prtentions de supriorit et leur avidit pour de vaines distinctions. Ils (les scribes et les pharisiens) aiment avoir les premires places dans les festins et les premiers siges dans les synagogues, tre salus dans les places publiques, et tre appels par les hommes, Notre matre, notre matre. Mais vous, ne souffrez pas qu'on vous appelle matre, car vous n'avez qu'un Matre, qui est le Christ, et vous tes tous frres. N'appelez personne sur la terre votre pre, car vous n'avez qu'un Pre, qui est dans le ciel. Ne vous faites pas appeler docteurs, car vous n'avez qu'un seul docteur, qui est le Christ. Le plus grand d'entre vous doit tre votre serviteur. Celui qui s'lve sera abaiss, et celui qui s'abaisse sera lev (Matth., XXIII, 6; Marc, XII, 39; Luc, XX. k'3, XIV, 7). Je ne fais pas d'autres remarques sur ces passages, parce qu'ils n'offrent que la rptition de la doctrine ou quelque varit dans l'expression des principes que nous avons dj tablis. J'excepte

cependant

les conseils

que donne

le

Sauveur

$17

TABLEAU DES PREUVES DU CHRISTIANISME.


festin

818

[Luc, XIV, 7), qui me semblent tendre la rgle de conduite jusqu' ce que nous appelons civilit ; et loin de croire ce genre de conseils au-dessous de la dignit de la mission du Sauveur, comme on pourrait le penser au premier coup d'il, j'y verrais plutt le dveloppement des prceptes prcdents, car le manque de civilit est un manque de morale. On comprend aisment que les prceptes que nous venons de citer, ou plutt la disposition que ces prceptes cherchent faire natre en nous, doit nous diriger dans noire conduite prive et lorsque nous agissons par des motifs purement personnels, d'aprs une impulsion qui provient de nous-mmes ou qui se rapporte nous-mmes. Mais si nous venons considrer ce qui peut tre ncessaire au hien public, dans le cas o il ne s'agit que du bien gnral, dans la position o se trouvent des hommes d'Etat, les rgles cidessus ne pourront alors servir de boussole. Cette distinction est assez sensible, et quand elle le serait moins, il n'en rsulterait jamais de consquence bien fcheuse, parce qu'il est rare que dans le commerce de la vie prive les hommes aient agir en vue du bien public et gnral, et que la rgle indique dirigera toujours les motifs personnels de

aux convives d'un

la pense ou l'action que le frein doit tre impos. Notre Sauveur s'est prononc sur celte question dans les texte que nous avons cits. Le gouvernement de la pense lui parat essentiel la puret intrieure est tout pour lui. Et je crois que cette discipline seule peut avoir du succs , ou qu'un systme de morale qui prohiberait les actions en laissant la libert aux penses , serait sans efficace. Ceci tant une suite de l'exprience et de la connaissance de la consavoir
si

c'est

humaine j'offre en preuve le jugement de ceux qui ont paru s'tre occups
stitution
,

leurs actions. Cette prfrence donne la patience sur l'hrosme et dont le lecteur peut trouver le dveloppement dans l'ouvrage que nous lui avons indiqu, est un caractre distinctif de la morale chrtienne; et je le prsente comme la premire preuve d'une sagesse bien suprieure ce qu'on devait prsumer des circonstances et de l'esprit national de son
,

avec attention de ce sujet et qui ont eu les qualits requises pour nous en donner de justes ides. Boerhave nous rappelle celte dclaration du Sauveur Quiconque regarde une femme avec des yeux de convoitise, a dj commis l'adultre dans son cur. Il pense, ainsi que nous, que ces paroles sont une injonction rprimer nos penses, et il rptait souvent que notre Sauveur connaissait mieux la nature humaine que Socrate. Haller en nous rapportant ce propos de Boerhave, l'accompagne de quelques rflexions (Lettres sa fille) :Le Sauveur n'avait pas manqu d'observer que la plus sre dfense contre le vice tait l'loignement des mauvaises penses ; car lorsqu'un dbauch nourrit son imagination d'images impures, les ides licencieuses qu'il se retrace aiguillonnent ses dsirs avec une
,
:

auteur.
tirons une seconde preuve en famorale du Nouveau Testament de l'importance qu'attache le Sauveur rgler nos penses. Je place ici celte considration, parce qu'elle so lie avec la prcdente. La premire se rapportait aux actions tendantes a faire du mal; celle-ci aux actions tendantes la volupt leur runion prsente le caracII.

violence irrsistible. Cet tat est suivi de l'abandon au dsordre, moins que quelque obstacle extrieur ne l'empche de se livrer au pch qu'il a rsolu de commettre. Tous les 7noments que l'on donne projeter une mauvaise action augmentent la force de l'objet dangereux qui s'est empar de notre esprit ? Je pense que ces rflexions ne seront dmen-

Nous
la

ties

par personne.

veur de

III.

Troisimement

supposez qu'on et

demand un moraliste un principe gnral


quelques rgles abrges de conduite, et et rpondu Conformez constamment vos actions ce que vous croyez tre la volont de votre Crateur; ayez constamment en vue non votre propre intrt mais le bonheur et le soulagement de ceux avec qui vous vivez. Certainement cette rponse el paru judicieuse aux yeux des moralistes les plus sages eldans loutes les poques du monde, En
et

qu'il

tre entier. C'est du cur que viennent les mauvaises penses, les meurtres les adultres, les fornications, les larcins, les faux tmoignages , les blasphmes ; c'est l ce qui souille l'homme (Matth., XV, 19). Malheur vous, scribes et pharisiens! hypocrites, pat ce que vous nettoyez le dehors de la coupe et du plat, pendant qu'au dedans vous tes pleins de rapine et d'intemprance. Vous ressemblez des spulcres blanchis dont le dehors parat beau, mais dont le
,

dedans

est rempli d'ossements de mort et de toute sorte d'ordure. C'est ainsi qu'au dehors vous paraissez gens de bien aux hommes et qu'au dedans vous tes remplis d'hypocrisie et d'injustice (Matth., XXlll, 25, 27 28). Voici
,

une autre expression bien forte Quiconque regarde une femme avec des yeux de convoitise, a dj commis l'adultre m son cur (Matth.,
:

V,

que

28). Celui qui voudra rflchir conviendra les penchants de notre nature doivent lre assujettis une rgle; mais il s'agit de

prsente d'abord le seul motif qui agisse sans variation, uniformment, en public et en secret, dans des cas ordinaires et au fort de la tentation. Secondement, elle tend corriger ce qui demande le plus l'tre dans le caractre de l'homme, l'goisme ou le mpris de tout ce qui concerne les convenances ou les jouissances dos autres hommes. Lorsque nous voulons apprcier une rgle de morale, nous devons, indpendamment du devoir particulier qu'elle peut avoir en vue, en saisir l'esprit gnral ne pas y voir seulement ce qu'elle nous indique de faire, mais le caractre gnral qu'elle voudrait nous faire revtir. Ainsi dans l'exemple que nous venons de donner, la rgle portera celui qui veut s'y conformer tre attentif non-seulement aux. droits de ses semblables , mais leur sensieffet, elle
, ,

819

DEMONSTRATION VANGLQUE. PALEY


et la fin

g20

bilit dans ce qui concerne et le corps et l'me, dans les grandes comme dans les petites oc-

casions; s'occuper de leur aise, de leurs commodits, de leurs jouissances dans tous les points sur lesquels il peut influer, et surtout vis--vis de ceux qui sont dans sadpendancc ou sous son autorit. Maintenant ce qui et pu sortir de la bouche du plus clbre philosophe dans le sicle le plus clair, ce qui et t rput digne de sa sagesse et de son caractre, c'est ce que le Sauveur a prononc dans une occasion semblable celle que nous avons suppose Et l'un d'entre eux qui tait doclui fit cette question pour le teur de la loi surprendre : Matre lequel est te grand commandement de la loi ? Jsus lui dit : Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cur, de toute ion me et de toute la pense. Celui-ci est le premier et le grand commandement ; et le second semblable celui-l est: Tu aimeras ton prochain comme toi-mme. De ces deux commandements dpendent toute la loi et les prophtes (Matth., XXII, 35, 10). Ce second prcepte se trouve rpt par saint Matthieu
:

casion. Dans ces deux derniers exemples, la question propose tait Que frai-je pour mriter la vie ternelle? Dans ces diverses rencontres le Sauveur me parat avoir exprim avec prcision ce que j'ai mis dans la bouche d'un philosophe moraliste. Et je ne pense pas que cette rponse perde de son parce que son contenu se lit dans le prix code mosaque. Car le Sauveur seul a su mettre si j ose m'exprimer ainsi , le doigt sur ces prceptes, les dtacher d'une institution volumineuse, et les distinguer comme tant les plus importants, comme tant la substance des autres; il a su en un mol, les proposer ses auditeurs pour leur servir de rgle et de principe. Et ce que le Sauveur pronona dans celte occasion, me semble avoir fix l'opinion de ses disciples; car saint Paul dit expressment (Rom., XIII 9) S'il y a quelque autre commandement, il se trouve sommairement compris dans cette parole : Tu aimeras ton prochain comme toi-mme; el ailleurs (Gai., V, \k) Car toute la loi est renferme dans ce seul prcepte: Tu aimeras ton prochain comme toimme. SaintJean (I Ep. IV, 21) Et c'est ici que le commandement qui nous vient de lui celui qui aime Dieu, aime aussi son frre. Saint Pierre prsente la mme ide (I Pier., 1, 22) -.Ayant donc purifi vos mes en obissant la vrit, par le Saint-Esprit, ctimez-vos fortement les uns les autres avec un cur pur, en sorte que vous ayez un amour fraternel et
: ,

de toutes leurs instructions; de l, comme d'une source, jaillissent tous les devoirs de dtail, et c'est l qu'ils vont toujours qu ils toujc se runir comme un centre commun. Le plus ancien et le plus estim des crits apostoliques existants , l'ptre de Clment Romain atteste que tous les premiers chrtiens lurent anims pour un temps de celte charit fraternelle. Cette excellente composition respire par tout cette douceur qui est l'essence du caractre du chrtien. Il s'agissait de concilier les dissensions qui rgnaient dans l'Eglise de Corinlhe, et le vnrable disciple des aptres ne nglige pas d'extraire les plus beaux passages de leurs crits, pour bien tablir le principe de 1 charit. Il rappelle l'Eglise de Corinlhe les vertus qui dans le commencement avaient distingu les membres de leur socit. Vous tiez tous, leur dil-il humbles d'esprit ne vous glorifiant de rien, prfrant l'tat de sujet celui de matre, aimant mieux donner que de recevoir, contents des biens que Dieu vous avait dpartis, prtant une oreille attentive sa parole; vos entrailles n'taient point A l'troit au dedans de vous les souffrances de votre Matre taient sans cesse sorts vos yeux ; vous faisiez vos efforts nuit et jour en faveur de vos frres, afin qu' la faveur d'une sympathie mutuelle et d'une bonne conscience le nombre des lus de Christ pt tre sauv ; vous tiez sincres, exempts de toute offense les uns envers les autres vous vous affligiez des pchs que commettait votre prochain comme des vtres propres (Ep. Clem Rom., 2, c. 58). Il prie ensuite pour qu'ils aient revtir l'esprit de paix, de rsignation et de patience. Les conseils qu'il adresse ceux qui avaient t occasion de trouble dans
.

l'Eglise, respirent le vrai esprit el la parfaite

connaissance du caractre du chrtien. S'il en est parmi vous qui montre de la gnrosit, s'il en est qui soit m par la compassion, anim

par

la charit, qu'il dise si je suis la cause de cette sdition, de ces troubles, de ce schisme, et l'instant je pars, je vais o vous m'ordonne-

rez d'aller, je suis prt faire ce que vous me commanderez, pourvu que le troupeau de Christ soit en paix sous la garde des anciens qui le surveillent. Celui qui se conduira ainsi se couvrira d'honneur auprs de Christ il sera bien reu partout, car la terre et tout ce qu'elh contient appartient au Seigneur. C'est ce qu'on fait , el ce que seront prts faire tous ceux qui s'approchent de Dieu, et leur conduite ne sera point accompagne de repentir
, ,
,

sans hypocrisie. Cet amour, cette charit, ou en d'autres termes, cette attention au bien-tre de nos semblables se trouve exprime dans les crits apostoliques sous tant de formes, recommande par tant de prceptes que les citations deviennent superflues. C'est le but de toutes leurs exhortations, le commencement
,

[Ep. Clem. Rom., c. 5i). On retrouve dans tous les crils de ce sicle ces pressantes exhortations la patience, ia douceur et au pardon des injures. Les citations que font les Pres apostoliques de textes relatifs ces vertus, sont plus nombreuses que sur aucun aulre sujet. Les paroles de Christ les avaient frapps. Ne rendant point, dilPolycarpe, disciple de Jean, le mal pour le mal, les railleries pour les railleries, les coups pour les coups, les maldictions pour les maldictions (Polyc, Ep. ad Phil., c. 11). Parlant ailleurs de gens dont la con duite avait donn un grand scandale. Soyex
:

821

TABLEAU DES PREUVES DU CHRISTIANISME.

822

modrs, dit-il, dans cette occasion ; ne regardez point de telles personnes comme vos ennemis, mais ramenez-les au bien comme gens malades et gars, afin de sauver ainsi le corps
entier.

raisons bien sages ; car quoique nous soyons obligs de motiver nos conseils et nos prceptes sur le soin de la rputation, sur le respect de l'opinion publique ou du moins des honntes gens, sur le plaisir de se voir ac-

Opposez la douceur leur

colre, disait

Igna-

ce, compa?npn de Polycarpe, l'humilit leurs vanteries, la prire leurs blcsphmes et la persvrance dans la foi leurs erreurs;
se montrent cruels, soyez modres, ne suivez point leurs voies, ne cessez de vous montrer leur frre par votre conduite sage, accompagne de toute espce de bons offices, tant les imitateurs de Christ ; eh! gui fut plus
s'ils

que lui injuri, dlaiss et mpris ? IV. La morale de l'Evangile se fait encore remarquer dans le peu de prix qu'elle meta
la

d'une manire avantageuse, moins certain que la vraie vertu met ces considrations absolument de ct, n'ayant au fond du cur que le seul but de plaire Dieu. C'est l du moins la vertu que le Sauveur a enseigne, et dans ses enseignements il a cherch ne fixer la vue de ses disciples que sur la juste mesure et le seul principe du devoir de l'homme et en cela il a agi d'une manire analogue l'ofil
,

cueilli et connu n'en est pas

fice d'instituteur cleste qu'il

avait remplir.

rputation et la clbrit.

Prenez garde de ne point faire votre aumne devant les hommes, dessein d'tre vus, autrement vous n'en recevrez aucune rcompense de votre Pre gui est au ciel ( Mat th., Mais vous, lorsque vous voudrez VI, 1). prier, entrez dans votre cabinet, et aprs en avoir ferm la porte, priez votre Pre, qui est avec vous dans ce lieu en secret et votre Pre qui voit ce qui se fait dans ce lieu en secret, vous rcompensera publiquement (Matth., "VI, 6). Cette mme rgle s'tend par une juste consquence toutes les autres vertus. Non que je croie que dans ces passages, ou dans tout autre du Nouveau Testament, la recherche de la rputation soit suppose tre un vice; nous y voyons seulement qu'une action, pour tre vertueuse, doit tre indpendante de ce motif. C'est l'ostentation et non la publicit qui nous est interdite ce n'est pas le mode, mais le motif de l'action qui doit tre rgl. Un homme de bien pourra prfrer le mode, aussi bien que le genre de

Nous avons parl des enseignements du Sauveur voyons maintenant sous quelle forme il les donnait sa manire, quoique
, :

parat avoir t exactement adapte son caractre et sa situation. Ses leons n'taient pas des recherches, des essais de morale ce n'taient pas des sermons ou des traits sur diffrents points indiqus. Lorsqu'il donnait un prcepte , il
trs-singuiire,
,

me

l'accompagnait rarement de preuves ou de raisonnements, plus raremenl encore des restrictions et des distinctions que les prceptes requirent. Ses enseignements consistaient en sentences courtes et marquantes, en rflexions que la circonstance faisait natre, et en maximes claires. Je ne croirais pas qu'un moraliste ou un philosophe et d choisir celte mthode comme la plus naturelle, ni que ce ft celle que nous dussions suivre

bienfaisance qui le mettront mme de produire le plus grand effet et dans ce but il pourra quelquefois publier et quelquefois cacher ses bienfaits. L'un ou l'autre de ces moyens pourra tre le mode de ses actions selon le but qu il a en vue. Mais quant au motif, nous ne devons jamais nous proposer celui de donner bonne opinion de nous pour en recueillir les avantages et une action sera plus ou moins vertueuse, selon que nous mettrons plus ou moins de ct notre intrt. Cette exclusion de l'opinion publique n'apporte aucun changement au devoir qui nous est recommand, mais seulement aux motifs qui nous dterminent, et cette diffrence ne laisse pas d'tre majeure. Lorsque nous nous proposons de donner un avis, nos leons se motivent sur les avantages du caractre que nous voulons faire revtir, sur le respect que nous devons avoir pour les apparences et pour l'opinion, sur ce que le monde, et surtout le- honntes gens et les gens du bon ton peu vent dire et penser, sur le prix del'etinie publique et sur les qualits qui peuvent nous
:
,

dans nos enseignements mais elle convenait au caractre que Christ s'tait attribu et la situation dans laquelle il se trouvait plac. Se donnant pour un envoy de Dieu, la vrit de ce qu'il enseignait tait sous la sauvegarde d'une grande autorit (1). Ayant donc fait choix de ce mode d'enseignement, il dut se proposer de faire impression et de
;

fonder la conviction, qui est le but principal de tous nos discours sur une base extraordinaire, sur le respect d sa personne et son autorit. Cherchant donc faire uniquement et exclusivement impression (par o je n'entends pas la conviction de l'entendement), rien n'tait plus propos que des maximes pleines de force sur lesquelles il insistait et qu'il rappelait frquemment la pense de ses auditeurs. Sous ce rapport qu'et-il pu dire de mieux que Faites aux autres comme vous voudriez que l'on vous fil vous-mmes. Le premier et le grand commandement est : Tu aimeras le Seigneur ton Dieu ; et le second gui lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-mme. Rappelons-nous encore que le ministre du Sauveur, en le supposant d'un ou de trois ans de dure, tait bien court, compar la lche qu'il avait remplir; que danse court espace de temps il avait parcourir bien des lieux et s'adres:

l'assurer.

donne

le

Mais les instructions que nous Sauveur diffrent essentiellement

(I)

moi moi

|o
je

des ntres, et cette diffrence repose sur des

Mais moi , je vous dis, no jurez point mais vous dis, ne rsistez point au niai; mois vous dis , aimez vos ennemis (Muith., Y, 34,
;

50, 1>).

$25

DMONSTRATION EYANGELIQUE. PALEY.


:

ser des auditeurs sans cesse diffrents

rappelons -nous qu'il tait habituellement entour d'une foule de peuple; que les perscutions l'obligrent quelquefois quitter
le lieu

il
il

occasions

enseignait, que clans d'autres crut de la prudence de se sou-

straire aux mouvements de la populace. Que pouvait-il donc faire de mieux dans ces cir-

constances que de donner parlout des leons concises de morale, d'noncer ses instructions d'une manire abrge? C'est sous ce point de vue que nous devons envisager son sermon sur la montagne. Il ne s'agit donc pas de rechercher si l'on et pu prononcer sur la morale un discours plus entier, plus achev, plus systmatique, appuy sur plus de raisonnements; mais de savoir si l'on et pu dire plus de choses dans le mme lieu, si l'on et pu dire des choses mieux adaptes aux besoins des auditeurs, mieux calcules dans le but de faire impression. Ce sermon du Sauveur m'a toujours paru admirable sous ce rapport et je crois, contre l'opinion du docteur Lardner, que lo Sauveur nona ce discours entier dans le lieu et de la manire dont le raconte saint Matthieu; mais que ces mmes rgles et maximes furent souvent dans sa bouche et qu'il les rpta dans d'autres occasions, selon que les circonstances l'y invitrent. Un tel mode d'instruction morale ne reposant pointsur des preuves et sur des recherches, mais sur l'autorit et sur un commandement, devait offrir des rgles conues en termes absolus, et abandonner la raison de
, ,

des rgles que nous prescrit le Sauveur, c'est qu'elles ne nous garent jamais et que quand elles viendraient nous garer, il n'en rsulterait aucun mal. Je pourrais indiquer cent occasions o l'application littrale de celte rgle de faire aux autres ce que nous voudrions qui nous ft fait, nous garerait ; mais, je ne n'ai pas encore rencontr d'homme qu'elle ait effectivement gar. Et quoique le Sauveur aitdil ses disciples Ne rsistez point celui qui vous maltraite; par donnez celui qui vous offense, non pas sept fois, mais septante fois, le monde chrtien n'a que peu souffert jusqu'ici dbonnairet et de celte patience. Je le rpte donc encore, ces rgles n'ont pour but que de diriger les motifs personnels de la conduite de l'homme. Ces observations nous mettent mme d'offrir sous son vrai point de vue la conduite du Sauveur envisag comme instituteur de morale. Considrons que des recherches sur cette science n'appartenaient point son but, que des enseigemonts moraux n'y entraient que comme secondaires, et que sa grande affaire tait de nous donner, ce qui nous importerait le plus une sanction de morale plus forte et une assurance plus positive d'un juge:

futur (1). Plusieurs paraboles de nos Evangiles feraient l'ornement de tout autre livre, si ce
style et la diction, du moins choix des sujets, la narration, la justesse, la convenance et la force des circonstances qui s'y trouvent. Celle du bon samaritain, de l'enfant prodigue, du pharisien et du peager nous prsentent un ensemble de naf et de pathtique qui serait la marque d'un jugement exquis dans les meilleures productions de l'esprit humain. L'oraison dominicale nous paratra unique et au-dessus de toute autre composition de ce genre parles grandes penses qu'elle renferme , parce qu'elle fixe notre attention sur un petit nombre d'objets, mais du plus grand intrt, parce qn'ello s'accommode toutes les conditions qu'elle comprend tous nos besoins, qu'elle est concise sans obscurit et qu'elle contient des demandes importantes et d'une
n'est,

ment

quant au
le

pour

l'auditeur leur application et les dislinclions qui en dcoulent. On devait s'attendre que ces rgles ayant heurter des penchants naturels et habituels, seraient nonces de la manire la plus forte et la plus nergique. Aussi

retrouve-t-on cette manire dans le sermon sur la montagne Si quelqu'un veut vous frapper sur la joue droite, prsentez-lui aussi l'autre. Si quelqu'un veut vous faire un procs pour avoir votre tunique, abandonnez-lui encore votre manteau. Si quelqu'un veut vous contraindre de faire mille pas avec lui, faitesen deux mille. Quoique ces pages paraissent sous la forme de prceptes particuliers, ils n'offrent que le trait d'une certaine disposition et d'un certain caractre. L'obissance exacte ces prceptes serait de peu de valeur, mais la disposition qu'ils tendent inculquer est d'un prix inestimable. Celui qui se contenterait d'attendre et d'observer littrairement la rgle, lorsque l'occasion se pr:

utilit relle.

est-ce
(f)

Et d'o nous sont venues ces ides ? O que cet homme a puis sa sagesse ? On voudrait qu'un sysime de

senterait, ne ferait rien ou pis que rien ; mais celui qui voit dans ces prceptes le caractre
qu'ils tendent inculquer,
et

qui place sous

ses

yeux
il

luquel

celte disposition comme un modle doit se conformer, suit peut-tre la

meilleure mthode pour avancer dans lchante, et pour calmer et rectifier son temp-

ramment. Vous me

dites qu'une telle disposition est hors de notre porte; mais n'en est-il pas de mme de toute espce de perfection, et pour

religion, ou que donnent connaissance, continssent les directions les plus minutieuses pour toutes les circonstances de la vie. "Voil, dit on, ce qui rendait parfaite une rvlation qui se propose de rgler la conduite de l'homme. Nous prouverons par un seul exemple, combien celle tentative et t incomplte et fastidieuse. < Les religions indoue et musulmane sont des instituts de lois civiles qui dterminent dans les plus petits dtails toutes les questions de proprit, et tout, en un mot, ce qui peut tre port la connaissance du magistrat. Nous pouvons donner une ide des longueurs qu'entrane une pareille entreprise, par ce que nous apprend une autorit respectable au sujet du code musulman, c'est qu'il s'y trouve
les

livres qui en

cela le moraliste devra-t-il

imperfections? Ce qui

des montre l'excellence

recommander

mulgus jusqu' ce jour tlie Hcdaue, or Guide).

soixante et quinze mille prceptes traditionnels proTranslation / ( HamiltoH's

825

TABLEAU DES PREUVES DU CHRISTIANISME.


cette

82fi

Ce Jsus aurail-il t un philosophe trs-inslruit, tandis qu*on s'accorde nous le prsenter comme un artisan sans instruction ? Dirons-nous que quelques-uns des premiers chrtiens, gens de got et d'une ducation soigne, ont compos ces ouvrages en les attribuant Christ? Mais sans parler de ce qu'une telle allgation offre d'incroyable, nous nous bornons dire, avec le docteur Jortin, que c'est ce qu'ils n'ont pas pu faire. Nous ne connaissons rien dans les crits que nous ont laisss les chrtiens du premier sicle, qui nous autorise les en croire capables. Et si l'on jette les yeux sur les plus anciennes traditions ou compositions juives, on se convaincra que les concitoyens elles compagnons de Christ n'ont pas t mme de l'aider dans cette entreprise. La collection entire

mme

religion
le

dnature entre nos

mains, avec

mrite bizarre attribu au

clibat, la solitude, la pauvret volontaire, avec les vux de la vie monastique, les disciplines, les veilles, les prires nocturnes, le silence, la tristesse et les mortifiet

cations pratiques par les ordres religieux par ceux qui aspirent la perfection en

fait

de religion.

Le Sauveur n'a montr aucune dvotion passionne. Sa pit et la manire dont il l'exprimait, n'tait point exalle; on n'y
III.

du Talmud nous

offre

une preuve con-

aperoit ni jaculations vhmentes et extatiques, ni urgence outre dans les prires. L'oraison dominicale est un modle de dvotion calme. Les paroles qu'il pronona dans le jardin n'ont rien d'affect; elles respirent une pil profonde, mais raisonnable. Il ne manifesta jamais celte exaltation, cet

tinue de leur extravagance, toutes les fois qu'ils s'cartent de la Bible, et de leur incapacit donner des leons semblables celle

chauffement que l'on observe chez

la

plu-

part des enthousiastes. Je respecte les

de Christ.

thodistes, je pense qu'on trouve chez eux une pil sincre et la profession du chri-

Examinons maintenant les discours du Sauveur sous un point de vue ngatif, non sous le rapport de ce qu'ils contiennent, mais
ne contiennent pas. I. Nous n'y trouvons aucune description particulire du monde invisible. Le bonheur futur des gens de bien et la misre des mchants, le seul point dont la certitude nous ft ncessaire, nous y sont directement et positivement annoncs et reprsents par des mtaphores et des comparaisons qui nous sont donnes pour telles. Quant au reste, tout est envelopp d'une rserve solennelle. La question qui fut adresse au Sauveur concernant la femme marie sept frres, pour savoir quel d'entre eux elle appartiendrait la rsurrection, tait bien faite pour l'entrouveront f;agcr disserter sur l'tat o se es hommes dans la vie venir. Le Sauveur ferma la bouche ceux qui lui avaient adress cette question, par une rponse qui condamnait la fois leur curiosit et devait plaire ceux qui se formaient sur ce sujet Ceux qui seront des ides raisonnables
de ce
qu'ils
:

stianisme, quoique mle quelquefois

un

cependant je ne suis jamais sorti de leurs assembles sans rflchir combien ce que je venais d'entendre tait diffrent de ce que j'avais lu je ne parie pas de leurs dogmes, qui n'entrent pas ici dans mon plan, mais de leur manire d'enseigner; on y chercherait en vain ce calme, celte gravit, ce bon sens, cette force, cette autorit qui caractrisaient les discours du Sauveur. IV. Il est assez ordinaire l'homme de vouloir soutenir une cause particulire par la vivacit et la chaleur, plus que par une morale sage et rgle. Il est dans la nature il est dans la politique qu'un chef de secte ou de parti encourage celte disposition chez ses partisans. Christ ne l'ignorait pas; mais quoiqu'il se mil dcidment la tte d'une nouvelle institution, il ne parle de celte disposition d'esprit que pour la condamner.
d'alliage
; ,
:

peu

jugs dignes de la rsurrection, seront comme les anges de Dieu dans le ciel. Je fais remarquer celte rserve, parce qu'elle repousse c'est sur des tout soupon d'enthousiasme sujets de ce genre que cette disposition d'esprit aime discourir, et qu'elle s'gare en dtails extravagants. C'est un sujet auquel on prte avidement l'oreille. Celui qui dans ses enseignements cherche ramener sur lui l'attention, s'y laisse aisment entraner. La moiti du Coran nous en offre la preuve.
;

disent: Seigneur, Seigneur, n'entreront pas tous au rogaume des cicux ; mais ceux-l seulement qui font la volont de mon Pre, qui est au ciel. Plusieurs me diront en ce jour-l, Seigneur, Seigneur, n'avons-nous pas prophtis en ton nom ; ' avons-nous pas chass des dmons en ton nom ; et n'avonsnous pas fait plusieurs miracles en ton nom ? Alors je leur dirai ouvertement : Retirez-vous de moi, vous qui faites des oeuvres d'iniquit [Malth., VII, 21, 22).

Ceux qui me

austrit

IL Le Sauveur ne nous impose aucune non-seulement il n'en enjoint aucune comme devoir absolu, mais il n'en recommande aucune comme pouvant lever l'homme un plus haut degr de faveur auprs de Dieu. Placez le christianisme, sous ce rapport, ct d'autres religions entes sur le fanatisme de leur fondateur ou de leurs premiers disciples; comparez sous ce rapport la religion chrtienne telle que Christ nous l'a donn connatre, avec
:

L'auteur du christianisme donna la preuve de sa sincrit et de son jugement, en n'achetant jamais l'attachement de ses disciples au prix de quelques principes, ou de sa condescendance tolrer des erreurs, lors mme que le zle pour son service et paru les
justifier.

V. Le Sauveur ne parut point influenc par les habitudes vicieuses de son pays et la pente naturelle, suite de son ducation. Quoique lev dans le judasme et dans les principes d'une religion extrmement technique, dans un sicle et au sein d'un peuple plus attach aux crmonies qu' toute autre partie de la religion, il ne laissa pas de pu-

827
blier

DEMONSTRATION EVANGELIQUE. PALEY


une
,

828

institution religieuse, moins charet plus simple qu'aucune de celles qui ont t prsentes et reues dans le monde. Je sais que l'on a vu des exemples d'enthousiastes qui ont mis de ct toute

ge de

rites

quel esprit vous tes anims Luc, IX, 55). VIII. Enfin, nous compterons au nombre des qualits ngatives de notre religion, telle qu'elle sortit des mains du Sauveur et de ses aptres, ce renoncement complet toute

espce d'observances externes mais la manire dont le Sauveur s'exprime sur la religion de son pays, et la nouvelle institution qu'il apporta au monde, ne nous offrent rien de semblable. Il censura la vrit des scrupules outrs ou une affect ition de scrupules sur l'observation du sabbat; mais sans dcrier l'institution en elle-mme, il se contenta de dclarer que le sabbat avait t fait pour V homme, et non pas l'homme pour le sabbot ; voulant dire parla que le sabbat devait tre subordonn au but de son institution, qui n'avait en vue que l'avantage de ceux qui laient attachs la loi. Il se conduisit de mme en parlant de cette affectation des pharisiens payer la dmed'objets de peu d'importance tandis qu'ils ngligeaient la justice, la fidlit, la misricorde. il Il leur reproche des scrupules dplacs ne parle point avec mpris de la loi des dmes ou de son observance, mais il se borne classer chaque devoir d'aprs son importance morale, et lui assigner sa place. On et pu attendre peut-tre tout cela d'un philosophe instruit, calme, judicieux, mais non d'un Juif sans lettres ou d'un enthousiaste
; , :

espce de gouvernement ecclsiastique ou Christ donna suffisamment connatre sa manire de penser ce sujet, en dclarant, ainsi que saint Jean le rapporte, que son royaume n'tait pas de ce monde. Trois des vanglisles nous racontent comment il chappa cette question insidieuse, s'il falcivil.

payer ou non le tribut Csar? Dans une autre occasion, on voulait qu'il interpost son autorit dans une matire civile qui
lait

chauff. VI. Rien de plus bizarre que les commentaires et les interprtations des docteurs juifs d'alors, rien de si puril que leurs distinctions. Leur manire d'luder le cinquime commandement, d'interprter la loi du serment, nous donnent un chantillon de leur manque de lumire en fait de morale; tandis que dans le grand nombre de paroles sentencieuses du Sauveur, dont plusieurs se rapportaient des prceptes de la loi judaque, on n'aperoit ni sophismes, ni fausses subtilits, ni rien de semblable. VII. Le caractre national des Juifs tait intolrant, troit, exclusif. Jsus nous montre au contraire, dans ses leons et dans son exemple, la bienveillance la plus expansive. Le but principal de la parabole du bon samaritain tait de mettre en scne un binfaiteur soulageant un homme qui, dans ses rapports nationaux et religieux, tait son ennemi dclar. Le Sauveur proclama l'quit de l'administration divine , lorsqu'il dit aux Juifs tonns de l'entendre Que plusieurs viendraient de r Orient et de VOccident pour se mettre table avec Abraham, Isaac et Jacob dans le royaume du ciel, tandis que les enfants du royaume seraient jets dans les tnbres (Matth., VIII, 11). H fil connatre la douceur de son caractre et de sa religion en rprouvant le zle inconsidr de ses disciples qui, pour venger un affront fait leur Matre, voulaient faire descendre le feu du ciel sur les coupables. 11 apprit comment on doit en agir vis--vis des ennemis mme les plus draisonnables. Voici les expressions dont il se servit dans la rprimande qu'il adressa se-> disciples Tous ne savez pas de
: :

concernait la proprit : Homme rpondiiil, qui m'a tabli votre gouverneur ou votre juge? Il se refusa, nous dit saint Jean, exercer l'office djuge criminel dans le cas de la femme surprise en adultre, et ces exemples nius montrent quelle tait la manire de penser du Sauveur ce sujet. Le christianisme ne se refuse pas moins toute espce de discussion sur la politique, en prenant ce mol dans son sens ordinaire; et tandis que les politiques disputent sur les monarchies, les aristocraties et les rpubliques, l'Evangile s'accommode toute forme de gouvernement, se rapproche de tous, se montre utile tous: car, 1 il tend rendre l'homme vertueux, et, quelle que soit une constitution, il est plus ais de gouverner les bons que les mchants. 2 Il ordonne qu'on obisse aux gouvernements dans les cas ordinaires, non comme simple soumission la force, mais comme devoir de conscience. 3 Il inculque des dispositions favorables la tranquillit publique, car le premier devoir du chrtien doit tre de poursuivre paisiblement sa route au travers de la vie pour tendre une meilleure, h" Le chrtien est tenu prier pour tous les corps politiques et ponttous les chefs de ces corps, quelle que soit leur dnomination.'et cela avec une sollicitude et une ferveur proportionne l'influence qu'ils peuvent avoir sur le bonheur de l'homme. Voil ce que la raison devait enseigner. Si l'Ecriture se ft prononce sur des matires politiques ou analogues la politique, quels qu'eussent t ses principes, on en et trangement abus. Si donc nous considrons Christ sous le rapport d'un instituteur de morale, tout en nous rappelant qu'elle n'a t que le but secondaire de son office, ne pouvant par sa nature donner lieu des dcouvertes proprement dites; si nous rflchissons ce qu'il a enseign et ce qu'il n'a pas enseign, la substance et la forme de ses instructions, la prfrence qu'il a donne aux vertus solides sur celles que le monde admire, et un genre de caractre gnralement mprise sur celui qui est universellement exalt si nous pensons qu'il a mis avec discernement le frein la licence en rprimant la pense, qu'il a subordonn tous les devoirs de l'homme deux rgles bien combines, l'amour de Dieu et celui du prochain, qu'il a attach ces rgles la plus grande importance, en les
1

TABLEAU DKS PREUVES


rptant et en les inculquant dans l'me de ses disciples; si l'on se rappelle qu'il condamna toute recherche d'ostentation dans ce qui concerne la pit, les aumnes et les
autres vertus: que d'aprs

illUISI

\MSME.

circonstances ses en-eigiiements de manire produire une impression, qu'il les donna sous la forme de paraboles, dont le dveloppement et le choix feraient honneur toute espce de compoles

il

se trouvait,

il

communiqua

de diffrents philosophes donns dans des lieux et des poques diffrentes? Et quels coadjuteurs eut-il dans cette entreprise? Qui furent ceux qui aprs sa mort se chargrent du soin de propager sa religion? Quelques pcheurs , vivant sur les bords du lac de Tibriade, gens aussi destitus d ducation, aussi peu qualifis que leur matre, pour former des rgles de morale. Si la mission a t relle, il n'existe aucune difficult; on cesse d'lre surpris de la disproportion entre la capacit des auteurs et leurs productions, entre leur caractre et leur entreprise.

sition littraire; si nous le voyons exempt de tout symptme d'enthousiasme et de tout

mouvement exagr

de

dvotion

exempt

d'austrit dans ses institutions et rserv dans ce qu'il annonce sur un tat futur ; si, sans tre entach des vices de son sicle et de son pays, il se montre sans superstition au milieu d'hommes superstitieux, il ne bl-

Mais

si

la ralit

de la mission n'existe

pas,

point les observances externes, mais les rappelle avec sagesse leur principe et leur place dans l'chelle des devoirs de l'homme,

me
il

instruit sans sophismes et sans purilit au milieu de docteurs entachs de ces dfauts; si nous le voyons franc, distingu par ses ides librales dans le jugement qu'il portait des autres nations quoiqu'il appartnt une socit qui, se croyant l'objet unique de la faveur divine, montrait en toute occasion sa duret et sa partialit pour les autres: quand nous rflchirons que cette religion ne se proposa point d'lever uue hirarchie ou d'influer sur les gouvernements humains en un mot, quand nous comparerons le christianisme, tel qu'il sortit des mains de son auteur, aux altrations que d'autres mains y introduisirent ou d'autres religions, pourra-t-il se trouver un homme
,
;

a Christ n'tait plus le fils d'un charpentier ,' et ses aptres n'taient plus de simples pcheurs. Les observations que nous venons de faire n'ont pas puis ce sujet; elles nous l'ont prsent sous une face qui peut admettre un ^raisonnement suivi; mais nous pouvons encore intresser l'attention du lecteur par des rflexions d'une nature moins prcise. Le caractre de Christ fait partie de la morale de lEvangile, et il est remarquer qu'on n'y aperoit aucun vice personnel ni dans la manire dont ses disciples nous l'ont trac ni dans celle dont ses ennemis l'ont attaqu. Celte rflexion esld'Origne Quoique les ennemis de Jsus aient publi contre lui des mensonges et des calomnies sans nombre, aucun ne lai a reproch un seul acte d'in, ,
:

comment comprendre qu'un tel systmei pu tre l'ouvrage de tels hommes? Alors

qui se refuse reconnatre la probit et le bon sens de ceux qui nous devons ce bienfait, et qui ne croie que de tels hommes mritent d'tre couts, lorsqu'ils nous dclarent qu'ils tiennent celte religion de Dieu, et qu'en preuve de leur tmoignage, ils en appellent aux miracles qu'ils ont oprs , ou qu'ils ont vu oprer? Ce que nous venons d'observer sur le caractre de celte religion, nous devrait paratre extraordinaire, quel qu'et t son fondateur mais notre surprise augmente en rflchissant quel il a t. Qu'tait Jsus, considr quant sa condition extrieuse? Un artisan juif, fils d'un charpentier, qui jusqu'au moment o il se montra sous un caractre public, vcut auprs de son pre et de *a mre, dans une province retire de la Palestine. 11 n'eut aucun matre pour l'instruire et le former. Il ne connut d'autres livres que ceux de Mose et des prophtes. 11 n'avait frquent aucune ville distingue par les lumires. Il n'avait t instruit ni par Platon, ni par Sacrale. Son got ou son jugement ne semblait pas devoir tre suprieur celui de ses compatriotes et des gens de sa condition. Supposons ce qui ne peut tre accord c'est que Jsus et pu puiser ses prceptes de morale dans les crits grecs ou ro; :

temprance {Or. Ep. Cels., I. 111 n. 36 d. Bened.). On ne trouve dans les cinq sicles qui ont suivi sa naissance, aucune censure del moralit de son caractre, aucune imputation, aucune insinuation de la moindre faute contre la puret et la chastet, et l'exemption de ce dfaut paratra plus extraordinaire qu'on ne pense, par le contraste que prsente la morale, ou la moralit do presque tous les autres instituteurs et de tous les autres lgislateurs (1). Le stoquo Zenon et le cynique Diogne se dshonorrent par la plus sale impuret et Socrato mme en est plus que souponn. Solon se contentait de dfendre aux esclaves les crimes contre nature. Lycurgue tolra le vol comme faisant partie de l'ducation. Platon
, ,

recommanda

la

communaut

des femmes.

Aristote tablit

droit gnral toute guerre contre les barbares. Caton l'ancien se fit remarquer par sa cruaut envers ses esclaves. Caton le jeune rpudia sa femme. On

comme un

'

aperoit quelques principes relchs chez presque tous les moralistes paens. Les crits de Platon , de Xnophon de Cicron, de Se,

nque, d'Epictle, nous en offrent la preuve, dans les conseils qu'ils donnaient leurs disciples de se conformer la religion et aux rites religieux de tous les pays o ils pourraient se trouver, lin parlant de fondateurs de nouvelles institutions pourrions,

mains; ces

crits

lui

taient inconnus, et
les

(I)

comment

et-il

rassembl

enseignements

Qrolius, du
livre, p.

Voyez-en plusieurs exemples rassembls par Voit., dans les noies de son seco-uj

H9.

Pocock's edit.

Kl

DMONSTRATION VANGLIQUE. PALEY.


,

832

nous passer Mahomet sous silence ne connat ce que tous les crivains ont puet

qui

bli sur ses transgressions licencieuses aux rgles licencieuses qu'il avait donnes , sur l'abus qu'il fit du caractre qu'il s'tait attribu et du pouvoir qu'il avait usurp pour autoriser une criminelle indulgence ses passions? Qui ne connat ses prtentions un privilge man du ciel et qui lgitimait son excessive sensualit?
lieu, les histoires qui nous ont donnes de Christ, quoique trs-courtes, quoique en forme de narration et non de pangyrique nous montrent non-seulement l'absence de toute apparence de vice mais des traces de dvotion, d'humilit, de bnignit, de douceur, de patience et de prudence. Je dis des traces de ces qualits, parce que nous ne pouvons les saisir qu'occasionnellement, que les mots mmes qui les dsignent ne se trouvent point dans la bouche de Jsus-Christ et que son caractre n'a t rgulirement dessin par aucun des auteurs du Nouveau Testament. C'est ainsi que nous apercevons sa disposition la dvotion dans ses frquentes retraites pour prier seul (Malth., XIV, 23, IX, 28, XXVI, 36), dans l'habitude o il tait de rendre grces [Malth., XI, 25; Mare,\lll, 6; Jean, VI, 23; Luc, XXII. 17) et de rapporter la bont de la Providence les beauts et les bienfaits de la nature (Malth., VI, 26, 28), dans ses prires ardentes son Pre, surtout dans celle qui prcda la rsurrection de Lazare (Jean, XI. kl), dans la profonde pit qu'il manifesta dans le jardin la veille de sa mort (Matth., XXVI, 46, 47). Son humilit se dcouvre dans les censures qu'il constamment de toute recherche de sufit priorit (Marc, IX, 33). Sa bnignit, l'extrme bont de son naturel se montrrent dans son attachement pour les enfants (Marc, X, 16), dans les larmes qu'il rpandit sur les malheurs qui menaaient sa patrie (Luc, XIX, kl), et sur la mort de son ami (Jean, XI, 35), dans l'attention qu'il donna la pit de la veuve (Marc, XII, 42), dans ses paraboles du bon Samaritain, du serviteur in-

pais ; ne vouloir point prendre part aux affaires civiles de son pays, comme le prouve sa conduite vis--vis de la femme adultre (Jean, VIII, 1), et le refus qu'il fil de dcider des questions qui concernaient un hritage (Luc, XII, 1k). On connat la sagesse d sa rponse sur le tributdaux Romains (Matth.,

XXII,

19),

comme au

sujet des difficults

que

En second

prsentaient nos relations terrestres dans l'tat venir (Luc, XXII, 28j. La mme sagesse dicla sa rponse ceux qui lui demandaient par quelle autorit il agissait, il mit par une seule question ses ennemis dans l'embarras o ils avaient insidieusement cherch le mettre (Matth., XXI, 23). Indpendamment des observations que nous venons de faire, les prceptes du Sauveur rappellent souvent l'esprit, avec le plus vif intrt, les sujets les plus importants des devoirs de l'homme et des mditations humaines, tels que les principes d'aprs lesquels la sentence sera prononce au dernier jour (Matth., XXV, 31) tels que l'importance majeure de la religion (Marc, VIII, 33; Matth., VI, 31; Luc, XII, 16, 21, k, 5); tels que la repentance laquelle il sollicite l'homme avec tant de force (Luc, XV); tels que le renoncement soi-mme (Matth., V, 29), la vigilance (Marc, X11I, 37; Matth., XXIV, 2k. 42, XXV, 23), le pardon des injures (Luc, XVII, k; Matth., XVIII, 33), la confiance en Dieu Malth. , V, 25, 30), le prix du culte spirituel (Jean, IV, 23, 2k), la ncessit de l'obissance morale, et la direclion de cetle obissance l'esprit et an principe de la loi, en opposition ces subterfuges fonds sur une construction machinale de mots (Matth., V, 31). En tendant nos rflexions sur d'autres
;

parties

du Nouveau Testament, nous pou-

les passages suivants comme tant les rgles les plus courles, et les meilleures descriptions de vertu qui aient t donnes pour la conduite de la vie. La religion pure et sans tache envers notre Dieu et notre Pre, c'est de visiter les orphelins et les veuves dans leurs afflictions, et de se conserver purs de souillures de ce monde (Jacq. I,

vons

offrir

du pharisien et du peager, paraboles qui ne purent tre la composition d'un homme destitu d'humanit. La douceur de son caractre se fit connatre dans la manire dont il rprima le zle inconsidr de ses disciples contre les habitants d'un village samaritain (Luc, IX, 55), dans sa rponse Pilale (Jean, XIX, 11), dans sa prire en faveur de ses ennemis au moment de son supplice (Luc, XXIII, 3k), prire qui, quoique frquemment et bien justement imite, tait alors vraisemblablement la premire de ce genre. On reconnat sa prudence, alors que la plupart des hommes en manquent, dans des occasions difficiles, dans des rponses des questions artificieuses ; ainsi nous le voyons souvent se mettre de ct au premier symptme de tumulte (MallA., XIV, 22; Luc, V, 15; Jean, V, 13, VI, 15), dans le but, comme nous le dit saint Matthieu (Malth., Xll, li>'. de poursuivre son ministre en
grat,

27).

Or

la (in

du commandement

c'est la charit'

qui procde d'un cur pur et d'une bonne conscience, et d'un cur sincre (1 Tim., I, 5). Car la grce de Dieu salutaire tous les hommes a t manifeste, nous enseignant qu'en renonant l'impit et aux passions mondaines , nous vivions dans ce prsent sicle sobrement, justement et religieusement (Tite, II, 11,12). Saint Paul nous donne aussi dans trois ptres adresses des chrtiens convertis, des dfinitions de vices et de vertus trsjustes et trs-exactes (Gui., V, 29; Colos., III, 12; 1 Cor., XIII). Le mme crivain nous fait connatre les devoir relatifs des maris et des femmes, des pres et des enfants, des matres et des serviteurs, des paslcurs et de leur troupeau, des souverains et des sujets, non dans toute l'abondance do dtails, avec toutes les distinc-

835

TABLEAU DES PREUVES DU CHRISTIANISME.

54

lions d'un moraliste qui entreprendrait aujourd'hui d'crire un trait par chapitre sur ce sujet; mais il nous prsente les rgles

religion vraie ou fausse, qu' fabriquer l'histoire ds le principe, qu' donner simple-

principales et les fondements de chacun de ces devoirs avec vrit, et comme ayant autorit le faire. Enfin, le volume entier du Nouveau Testament respire la pit et les vertus de dvotion, inconnues

ment leur dposition comme tmoin, ou si comme historiens ils n'avaient voulu que la mettre en uvre de manire prvenir les
objections. A la distance

o nous nous trouvons de l'poque de l'vnement, peut-tre cette narration est-elle plus croyable qu'elle ne l'et t si les aptres l'eussent prsente diffrem-

aux philosophes paens

il

respire le plus profond respect pour Dieu, un sentiment habituel de sa bont et de sa protection, une ferme confiance dans le rsultat final de ses dispensations et de ses dcrets, une disposition recourir dans toutes les circonstances sa misricorde, pour obde lui des secours dans nos besoins, un appui dans nos dangers, l'absolution du chtiment et le pardon de nos pchs.

CHAPITRE

III.

Candeur des crivains du Nouveau Testament.


Cette candeur se manifeste dans la publication de divers passages et de plusieurs circonstances qu'un crivain ne saurait avoir invents, et qu'il et au contraire supprims pour prvenir les objections, s'il se ft cru en libert d'imaginer plaisir les particularits de son histoire, et de les contourner son choix pour produire l'effet qu'il devait se

ment, parce que la connaissance de la candeur de l'histoire donne plus de force au tmoignage, que n'en donnerait la preuve le changement dans cette circonstance de la narration mais c'est l un effet que les vanglistes n'ont pu prvoir, et qui ne pouvait exister lors de la composition de leurs livres. M. Gibbon a plaid en faveur de l'authenticit du Coran, en s'appuyant des aveux qu'il contient et qui paraissent tre au dsavantage de la cause des mahomtans (Vol. IX, chap. 50, not. 96) Son raisonnement tablirait aussi l'authenticit de nos Evan;

giles, et

sans qu'il en rsultt de prjug

christianisme. Nous voyons les vanglistes raconter dans d'aulres occasions des choses qui taient leur dsavantage. Saint Matthieu et saint Luc ( XI, 2, Vil 18 ) nous apprennent que Jean ayant ou parler dans sa prison des actions de Christ, envoya deux
le
,

contre

proposer. Les vanglistes nous donnent une preuve bien forte et bien connue de leur bonne foi, quand ils nous racontent unanimement qu'aprs la rsurrection leur Matre ne se montra qu' ses seuls disciples; non qu'ils aient pris ce mot seuls dans un sens absolu mais il n'en est pas moins vrai qu'ils se bornent nous raconter diverses apparitions dans lesquelles Christ ne se montra qu' ses disciples. Tous leurs raisonnements, toutes leurs allusions cet effet reposent sur cette supposition; ce qui faisait dire Pierre, l'un d'en,

de ses disciples pour lui dire Es-tu celui qui devait venir, ou devons-nous en attendre un autre? N'tait-ce pas donner prise des objections que de supposer ce doute chez Jean:

Baptiste, que d'en donner la preuve? Mais la vrit comme la vertu ngligent les apparences. L'apostasie de Judas nous prsente

une observation semblable


Ds
lors,

(1).

plusieurs de ses disciples se retirrent et n'allrent plus avec lui (Jean, VI, 66). Un crivain suspect de dguisement et-il

tre

Mais Dieu l'a ressuscit le Iroisime jour, et a voulu qu'il se ft voir non tout le peuple, mais aux tmoins qui avaient t auparavant choisis de Dieu, nous, qui avons mang et bu avec lui aprs

eux

rsurrection (Act.,\, 40,41). L'homme plus born comprendra que celle histoire de la rsurrection aurait paru avec plus d'avantage si les vanglistes eussent dit que Jsus s'lait montr aprs sa rsurrection ses ennemis comme ses amis, aux scribes, aux pharisiens au conseil des Juifs et au
sa

le

consign cette anecdote dans ses crits. Ou celle-ci que saint Matthieu rapporte Et leur incrdulit fut cause qu'il fit peu de miracles en ce lieu-l (Malth., X11I, 58). Ce mme vangliste fait dire Jsus Ne croyez pas que je sois venu pour abolir la loi ou les prophtes ; je ne suis pas venu pour les abolir, mais pour les accomplir. Car je vous dis, en vrit, que tant que le ciel et la terre subsisteront, il riij aura rien dans la loi qui ne s'accomplisse, jusqu' un seul iota, ou un
: :

gouverneur romain.
laiss

Si du moins ils eussent entrevoir en termes gnraux , que

Christ s'lait montr en public, au lieu de placer toujours ses disciples dans toutes ses apparitions, do manire faire souponner que Christ ne se prsenta jamais qu' eux. Si les aptres se fussent occups de toute autre

chose quo de

la vrit du fait tel qu'ils le comprenaient et qu'ils le croyaient, ils auraient omis celte restriction dans les divers passages o ils racontent les apparitions de

Christ; car
s'ils

la choso d'une

pouvaient sans contredit crire manire comme d'une aulre n'eussenl cherch qu' faire adopter la
ils
,

(I) J'ai eu occasion de parler d'un exemple de mme genre, c'est lorsque saint Matthieu nous raconte l'apparition du Sauveur sur une montagne de Galile El quand ils le virent, ils l'adorrent; mais quel ques-uns tmoignrent des doutes (XXVIII, 17 ) Je me suis convaincu d'aprs un irail du docteur Townseiid sur la rsurrection i|iie Christ paru! d'a bord distance, le plus grand nombre l'adorrent au moment o ils l'aperurent, mais d'antres dans ce premier moment, c'est--dire o ils taient loigns de l'objet, eurent des doutes; sur quoi le Sauveur Vint (I eux, xai TtpotstlOwY ' ti<toc ^iy>j<rsv ro;; ; ce qui indique qu'il se trouvait d'abord loign, du moins de quelques-uns des spectateurs, et leur i parla. Ce doute ne fut donc que momentan et occasionn par l'loignement de l'objet Christ le. dissipa en se rapprochant d'eux et en leur adressant la parole
:
:

835
seul point (Id. V, 17, 18).
giles parurent,
il

IiMONSTItATION EVANGLIQUE. PALLY.

856

Lorsque
la

les

Evan-

mission de Christ dt affaiblir l'autorit du rode mosaque, et telle tait l'opinion des Juifs eux-mmes. La vrit seule pouvait donc engager saint Matthieu attribuer Christ des paroles qui dans leur premier aperu combattaient l'opinion
crit.

semblait que

du

sicle

o l'Evangile

fut

(Luc, IX, 59; voyez aussi Matlh., VIII, 21). Cette rponse exprimait sans doute a\ ce force l'importance majeure des intrts de la religion, mais d'une iniredure tre* oussanle; et si Christ ne l'et pas ainsi exprime, on ne la lui et pas attribue, ou du moins on et choisi quelque autre exemple. Je crois pour la mme raison , qu'il e^t

Aussi voyons-nous Marcion altrer ces paroles en intervertir le sens, pour prvenir les objections qu'elles devaient faire
,

natre.

Remarquons encore ce passage Ses accusateurs ne le chargrent d'aucun des crimes dont ie pensais qu ils l'accuseraient ; ils avaient seulement je ne sais quelle dispute avec lui touchant leurs superstitions et touchant un certain Jsus mort, que Paul affirmait tre vivant (ct., XXV, 18,1). Rien ne saurait mieux peindre le caractre d'un gouverneur romain que ces paroles; mais ce n'est nas sous ce point de vue que je les prsente. Un simple pangyriste, un narrateur peu sincre n'eussent jamais parl, ou fait parler, un pre:

mier magistrat dans la cause qu'ils auraient pouse, avec ce ton d'indiffrence et de mpris. Nous faisons la mme observation sur le discours qu'on fait tenir Gallio Mais s'il est question de paroles et de mots et de votre loi, vous y mettrez ordre vous-mmes, car je ne veux point tre juge de ces choses [Act., XV1II,14). Enfin quelle plus forte preuve pourrionsnous donner de candeur et d eloignement de toute exagration, que la fin de celte mme
:

impossible que le passage suivant ait pu cire une production d'artifice prmdit. Mais moi je vous dis : que quiconque se met en colre sans raison contre son frre, mrite d'tre puni par les juges ordinaires ; que celui qui dira son frre Raca, mrite d'tre puni par le sanhdrin ; et que celui qui lui dit fou , mrite d'tre puni par le feu de la ghenne (Matth., V, 22). Ce passage a une grande emphase ; il est pressant, bien calcul pour faire impression mais il ne laisse apercevoir chez celui qui nous le rapporte, ni artifice, ni craintive circonspection. Voyez la courte rponse du Sauveur Marie-Madelaine aprs sa rsurrection: Ne me touchez pas, car je ne suis point encore mont vers mon Pre (Jean, XX, 17). Ces pa; ,

roles me semblent tre la suite, ou taire allusion quelque entrelien prcdent, dont

noire ignorance nous drobe

le

sens

mais

celte obscurit me semble tre un caractre de vrit; car qui et forg une pareille r-

ponse? Le contenu du chapitre VI de

saint Jean ne peut avoir t contrefait, et surtout ce que dit le Sauveur du verset cinquantime au
:

histoire? L'vangliste nous y apprend que saint Paul , lors de son premier voyage

Rome, y prchait aux


et
il

ajoute

Et

les

Juifs du matin au soir, uns furent persuads par

les choses qu'il disait, et les

autres n'y croyaient

point. Nous allons maintenant prsenter nos lecteurs quelques passages qui ne se seraient pas naturellement offerts l'esprit d'un crivain de mauvaise foi ou d'un fabuliste.

leur rpondit : En vrit, je vous que si vous aviez une foi exempte de doute, non-seulement vous feriez ce que je viens de faire ce figuier, mais mme si vous disiez cette montagne : te-ioi de l, et va te jeter dans la mer, cela se ferait. Et tout ce que vous demanderez avec foi dans la prire, vous l'obtiendrez (Matth., XXI, 21; voyez aussi Matlh., XV11, 20; lue, XV11, G). On aurait peine me persuader que ces paroles eussent t mises dans la bouche de Christ, s'il ne les et pas profres. Le mol de foi indique ici une connaissance intrieure qui avertissait les aptres du pouvoir qu'ils avaienld'oprer

Et Jsus

cinquante-huitime. Je n'en citerai que ces mots Je suis le pain vivifiant qui suis descendu du ciel; si quelqu'un mange de ce pain, il vivra ternellement, et le pain que je donnerai, 'c'est ma chair, que je donnerai pour la vie du monde. Qu'on me permette de dire, sans vouloir exprimer aucun doute sur les explications qu'on nous donne de ce passage, qu'il prsente une obscurit que n'aurait jamais affecte volontairement un auteur qui aurait fait parler ses personnages. Ce discours parut obscur mme alors qu'il fut

dis,

prononc;
crivain
,

c'est ce

que nous

atteste le

mme

en finissant par nous dire qu' l'oue de ces paroles plusieurs disciples du Sauveur dirent Ce discours est dur, qui peut
:

l'couter ?

Jsus-Christ donna une preuve dcisive de la boul de son caractre et qui exprimait bien l'espril de sa religion, lorsqu'il plaa un jeune enfant au milieu de ses disciples diviss par leurs prtentions (Malt,, XV111, 2). Cetle belle pense ne se prsentait pas naturellement l'esprit, et je ne sache pas qu'aucun auteur ancien nous en

lel cit

ou
le

tel

miracle. Cetle interprtation clair-

texte. Mais ces paroles offraient au pre nier coup d'il une difficult qu'aucun crivain n'et cherch faire natre volon-

donn l'ide. Le rcit de l'institution de l'eucharistie offre un caractre frappant de vrit. S'il l
ait

. fait plaisir,

il

et t plus dtaiil, plus

tairement. Jt dit un autre : Suivez-moi ; et il lui rpondit : Seigneur, permettez que j'aille auparavant ensevelir mon pre. Et Jsus lui dit : Laissez les morts ensevelir leurs morts ; mais pour vous, allez annoncer le rgne de Dieu

charg de crmonies; il se serait rapproch de la manire dont on clbra ce sacrement dans les premiers sicles et dont on le
clbre aujourd'hui. C'est ainsi que l'ouvrage suppos qui parut sous le nom do Constitutions apostoliques recommandait
,

837

TABLEAU

1>KS

PREUVES DU U.RISTiMSME.
se,

338

une grande partie du rituel en usage au cond et au troisime sicle, et avec autant de dtails qu'en et pu offrir une rubrique modans derne. Tandis que saint Matthieu l'histoire qu'il nous donne de l'institution de
,

la cne,

ne prescrit pas mme le commandede la rpter ; ce qui certainement ne ment montre i>as d'artifice. Je crois aussi qu'une histoire faite plaisir et vit la difficult que prsente cette expression concise du Sauveur Ceci est mon corps. L'explication qu'en donnent les protestants est sans doute satisfaisante; mais pour la trouver, il a fallu comparer avec soin ces paroles avec de semblables formes d'expressions usites et surtout employes par dans l'Ecriture Jsus-Christ dans d'autres occasions. Et quel crivain et mis arbitrairement et sans ncessit son lecteur dans un embarras dont il ne pouvait sortir que par le secours de l':

nous prsentent sous un caractre de vrit auquel l'art ne saurait atteindre le combat que livre dans le cur d'un pre d'un ct la sollicitude pour la conservation de son enfant, et de l'autre une espce de dfiance involontaire que Christ n'et pas le pouvoir
,

de

le gurir.

Le contraste que prsente l'empressement du peuple introduire avec honneur JsusChrist dans Jrusalem et la demande que
,

fit

peu aprs ce mme peuple qu'on le crucifit, voyant qu'il ne rpondait pas aux ides qu'il s'tait faites de lui, ce contraste loin de donner prise aux objections nous dpeint
,

la

rudition et de la critique
tire de ces
ticit

Remarquez maintenant que

la preuve , exemples, s'applique l'authen-

des livres, comme la vrit del narration; car il serait galement improbable que celui qui aurait forg une histoire sous le nom d'un autre, ou que les auteurs dont ces livres portent les noms, y eussent s'ils n'avaient pas cru insr ces passages
,

qu'ils taient l'expression del vrit. C'est avec raison que le docteur Lardner, cet avocat du christianisme, si franc et si

circonspect dans ses recherches , nous dit Les chrtiens doivent tre ports croire aux crivains de l'Evangile vu que leurs crits marqus au coin de la pit et de la probit , ne laissent apercevoir aucune trace de ruse, Vous n'y renconde finesse ou d'artifice. trez, nous dit le Dr. Beattie, aucune remarque qui tende prvenir des objections , aucune de ces prcautions qui distinguent le aucun effort tmoignage d'un imposteur pour justifier aux yeux du lecteur ce qui peut se rencontrer d'extraordinaire dans la narra: ,

tion.

faveur populaire comme le flux et le reflux d'une vague, et telle que l'exprience nous la montre ( Matlh., XXI, 9 ). Nous voyons Christ rejet par les chefs de la nation et par les pharisiens tandis que plusieurs personnes du commun peuple le reconnaissent; c'est ce qu'on devait attendre des prjugs existants alors parmi les Juifs. Et la raison que donnent ceux qui contestaient la mission de Christ, pour se justifier aux yeux de ceux qui l'admettaient, est prcisment celle qu'on doit atteindre de celte Est-ce que que' qu'un des classe de gens magistrats ou des pharisiens a cru en lui [Jean, VII, 48)? Dans la conversation que le Sauveur eut prs du puits, il avait tonn la Samaritaine , en faisant allusion une circonstance particulire de sa vie Vous avez eu cinq maris , et celui que vous avez prsentement n'est pas votre mari. Sur cela la femme court la ville et appelle ses voisins ( Jean, IV, 18 et 29): Venez, voyez un homme qui m'a dit tout ce que j'ai fait. Si l'on rflchit l'agitation o dut se trouver cette femme , celte exagration paratra bien dans la nature. Remarquons aussi la subtilit de ce docleur de la loi, dans la distinction qu'il cherche fait sur le mot de prochain dans ce prcepte Tu aimeras ton prochain comme toi-mme. Cette subtilit tait aussi natu,
:

Voici un autre tmoignage (Duchal, p. 27) qui exprime bien la rflexion que ce sujet fait natre: Une parat pas que ces crivains se soient jamais occups se demander comment telle ou telle action s'offrirait l'esprit du lecteur, et quelles objections elle pourrait faire natre. Ils nous racontent des faits sans s'inquiter s'ils nous paratront croyables ou non. Si le lecteur se refuse croire leurs tmoiqnage, leur tche n'en est pas moins remplie, ils ont dit la vrit, et n'ont pens qu' la dire. Certainement tien ne ressemble plus la sincrit, rien ne prouve mieux qu'ils n'ont publi que ce dont ils taient eux-mmes convaincus. Plaons encore ici en forme de supplment plusieurs traits rapports dans le Nouveau Testament, et qui portent avec eux un caractre qui est bien dans la nature. Si vous pouvez croire, dit Jsus tout est possible pour celui qui croit. Et aussitt le pre de l'enfant s'cria, les larmes aux yeux je crois. Seigneur! Aidez-moi dans la faiblesse de ma foi ( Marc IX 23, 24- ). Ces paroles
,
:

relle

que

le fut la

veur

(Luc,

rponse dcisive du Sau29 ). Observons que cet

homme

de loi tait un thologien juif. Nous avons dj parl de la conduite de GalVio ( Act., XVIII, 12, 17), et de celle deFeslus ( Act., XXV, 18, 19). SaintPaulse monlre toujours lemme dans
toute la suite de son histoire ; cette chaleur cette activit, ce zle qui taient dans son caractre, se manifestent d'abord contre les chrtiens puis en faveur de la cause des chrtiens, et cet ensemble est la marque de
,

la vrit.

ques convenances,

aperoit aussi dans les Evangiles quelcomme on pourrait les appeler, c'est--dire des circonstances qui, quoique isoles, s'accommodent la situation, au caractre et l'intention de leurs auteurs respectifs. C'est ainsi que saint Matthieu qui habitait la Galile, et n'tait entr dans la socit de Christ que lorsque le Sauveur se rendit dans cette province pour y prcher, ne nous communique tiuc pou df faits antrieurs cctt

On

839

DMONSTRATION VANULIUUE. l'ALEY.


,

U0

priode. Saint Jean, au contraire, qui avait et qui crivit pour t converti plus tt suppler aux omissions des autres vanglistes, nous apprend plusieurs particularits remarquables qui avaient eu lieu avant que le Sauveur se rendt de Jude en Galile p. 103). ( Harlley's Obs. .II, Saint Matthieu ( I, ) nous parle du reproche que les pharisiens tirent aux disciples de Jsus de ce qu'ils mangeaient sans se laver les mains. Saint Marc nous rapporte le mme fait( VII, 1 qu'il avait vrai-

XV

semblablement emprunt de saint Matthieu mais il ajoute: Car les pharisiens et tous les Juifs ne mangent point sans se laver les mains
;

jusqu'au coude gardant en cela la tradition des anciens ; et lorsqu'ils reviennent des places publiques, ils ne mangent point qu'ils ne se soient lavs. Il y a plusieurs autres choses qu'ils observent selon l'usage reu comme de laver les coupes les pots , les vaisseaux
,

que

d'airain et les lits. Remarquons maintenant saint Matthieu n'tait pas seulement

mais on voit encore par la tournure de son Evangile et par ses nombreuses allusions l'Ancien Testament, qu'il crivit
Juif,

pour les Juifs. Ainsi donc l'explication que donne saint Marc et t dplace dans saint Matthieu, et superflue aux lecteurs qui il s'adressait. Mais cette addition avait son
propos dans saint.Marc, qui voulait faire circuler sa narration plus au loin, et entreprendre lui-mme de longs voyages pour porter au dehors la connaissance de l'Evangile.

puisse pas maintenir un mme caractre au milieu d'une grande varit d'incidents et de situations ; mais les vanglistes n'ont pas t des crivains dramatiques; ils n'en ont point eu le talent, et on ne saurait les souponner d'avoir tudi l'uniformit de caractre, d'y avoir mme pens lorsqu'ils nous ont transmis l'histoire de leur Matre. Si cette uniformit existe , ce ne peut tre que accidentellement; et si l'on aperoit, comme je le prtends, une ressemblance remarquable rie caractre dans des passages, dans des discours trs-distincts, transmis par des historiens qui ne se sont point imits les uns les autres, et n'ont point fait d'allusions l'un l'autre, il en rsulte une prsomption, que ces discours et ces actions sont bien rellement, et comme on nous le dit, d'une mme personne, et que les vanglistes ont crit d'aprs des faits , et non d'aprs leur imagination, C'est dans la manire d'enseigner du Sauveur que je trouve surtout cette harmonie , dans le talent particulier qu'il eut de dvelopper sa doctrine d'aprs les occasions de tirer des rflexions d'aprs les objets et les incidents qui s'offraient lui, et de faire sortir des instructions gnrales d'entreliens particuliers et accidentels. Je vais montrer ce caractre dans les trois premiers vanglistes, pour rechercher ensuite si cette mme manire ne se retrouve pas dans divers exemples que saint Jean nous a conservs des dist
,

cours du Sauveur.

CHAPITRE

IV.

Uniformit du caractre de Christ.

Dans les exemples que nous allons offrir nous indiquerons les rflexions du Sauveur par des lettres italiques, et l'occasion qui leur donne lieu par des lettres ordinaires.
,

La preuve que
pitre, s'aperoit

prsente le litre de ce cha-

principalement dans la comparaison entre les trois premiers Evangiles et celui de saint Jean. Tous ceux qui ont lu l'Ecriture avec soin , savent que si Ion excepte ce qui concerne la passion et la rsurrection, l'histoire quesaint Jean a publie sur Christ diffre souvent des autres vanglistes. On a donn ds longtemps une bonne raison de cette diffrence savoir, que saint Jean ayant crit aprs les autres, voulut supple*" ce qu'il crut qu'ils avaient omis, surtout dans les entretiens du Sauveur avec les Juifs de Jrusalem, cl dans celui qu'il eut avec les aptres la veille de sa mort. J'observerai donc en comparant ces variations , que, quoique saint Jean diffre des autres vanglistes dans ce qu'il nous a transmis sur les actions et les discours de Christ, on aperoit cependant , mme dans celte diversit , une ressemblance de caractre qui indique que ces actions et ces discours appartiennent la mme personne. J'aurais fait peu de cas d'une rptition d'actions substantiellement semblable ou de discours contenant les mmes expressions parce que celte espce de ressemblance peut tre aussi bien une imitation mensongre comme un caractre de vrit. Non que je prtende qu'un auteur dramatique ne
, , ,

Et quelqu'un lui dit : Votre mre et vos frres sont l dehors qui demandent vous parler. Mais il rpondit celui qui l'en avait averti : Qui est ma mre et qui sont mes frres?
,

Puis tendant sa main vers ses disciples ; Voici, dit-il ma mre et mes frres; car quiconque fait la volont de mon Pre qui est au ciel celui-l est mon frre, ma sur et ma mre
,

{Matth., XII, kl, 50). Ses disciples qui taient passs l'autre bord, avaient oubli de prendre du pain, et Jsus leur dit : Voyez et donnez vous de garde du levain des pharisiens et des saduceens. Sur quoi ils pensaient en eux-mmes , et disnient : c'est parce que nous n'avons pas pris des pains. Ne comprenez-vous point encore que ce n'est pas de pain que je partais quand je vous ai dit : gardez-vous du levain des pharisiens et des saducens. Alors ils comprirent que ce n'tait pas du levain du pain qu'il leur avait dit de se garder, mais de la doctrine des pharisiens et des saducens[Mallh., XVI, 5). Alors des scribes et des pharisiens vinrent de Jrusalem Jsus et lui dirent : Pourquoi vos disciples transgressent-ils la tradition des anciens? car ils ne se lavent point les mains quand ils prennent leur repas. S'adressant ensuite au peuple, il dit : Ecoutez et comprenez ceci Ce n'est pas ce qui entre. dans la bouche qui souille l'homme ; mais ce qui sort de la bouche c'est ce qui le souille.
,

811

TABLEAU DES PREUVES DU CHRISTIANISME.


les

842

Alors Pierre prenant la parole, lui ait : Expliquez-nous celle similitude. Et Jsus lui
tcs-vous sans intelligence ? encore que tout ce qui entre dans la bouche descend dans le ventre, et ensuite est jet au secret? Mais ce qui sort
dit
:

Vous aussi

Ne comprenez-vous pas

occasions. On voit encore dans ce mme chapitre deux aulres exemples de conseils que le Sauveur donne l'occasion d'un festin, et de la conduite des convives.

dans

Voyons maintenant si nous retrouverons l'histoire que sain! Jean nous donne de

de la bouche vient du cur

et

c'est

ce qui

Christ celle

mme

manire.

souille l'homme. Car du eur sortent les mauvaises penses, les meurtres, les adultres, les

fornications,
souillent
les

les

larcins

les

faux tmoigna-

ges, les blasphmes; ce sont l les choses qui

Vhommc

mains

laves, cela ne souille

(Matth., XV, 1 occasion, embrasse un cercle plus grand que de coulume; son discours offre plus de divisions; mais la sentence qui le termine ramne celte suite de penses l'incident que prsentait le premier verset, savoir, la question accompagne de reproches des phaet fait sentir que le discours entier risiens est une suite de cette circonstance. Et on lui prsenta de petits enfants afin qu'il les loucht; mais les disciples repreet Jsus naient ceux qui les prsentaient voyant cela en fui fch et leur dit : Laissez venir moi ces petits enfants et ne les empchez point : car le royaume de Dieu appartient ceux qui leur ressemblent. En vrit je vous dis que quiconque ne recevra pas le royaume de Dieu avec les dispositions d'un enfant, n'y entrera point (Marc, X, 13, 14,
,

mais de manger sans avoir point l'homme 20). Le Sauveur, dans celle

del de la mer, ils lui dirent : Matre, quand et es-vous venu ici? Jsus leur rpondit et leur dit: vrit, je vous le dis, vous me cherchez, non parce que vous avez vu des miracles, mais parce que vous avez mang des pains et que vous avez t rassasis. Travaillez pour avoir non un aliment qui prit, mais un aliment qui se conserve jusque dans la vie ternelle, et que le Fils de l'Homme vous donnera (Jean, VI, 25). Cependant les disciples prirent leur Matre de prendre quelque nourriture. Mais il leur dit :J'ai une nourriture prendre que vous ne connaissez pas. Sur quoi les disciples se disaient entre eux: Quelqu'un lui aurait-il apport manger ? Jsus leur dit : Ma nourriture est que je fasse la volont de celui qui

Et Voyant trouv au

En

m'a envoy,
(

et

que j'accomplisse son uvre.


).

Jean, IV, 31

15).

Et comme
,

il

marchait prs de

la

mer de

Galile ii vit Simon cl Andr son frre, qui jetaient leurs filets dans la mer, car ils taient pcheurs ; et Jsus leur dit : Suivez-moi et
je

Et comme Jsus passait, il vit un homme aveugle ds sa naissance. Et ses disciples l'interrogrent, disant : Matre, qui apch, celuici, ou son pre, ou sa mre, pour tre ainsi n aveugle? Jsus rpondit : ]\i celui-ci n'a pch, ni son pre, ni sa mre; mais c'est afin que les uvres de Dieu soient manifestes en lui. Il me faut faire les uvres de celui qui
m'a envoy, tandis qu'il est jour. La nuit vient, en laquelle personne ne peut travailler. Pendant que je suis au monde, je suis la lumire du monde (Jean, IX, 1-5).
Jsus apprit qu'ils l'avaient chass l'aveumentionn) dehors; et l'ayant rencontr, il lui dit : Croyez-vous au Fils de Dieu? Cet homme lui rpondit, et dit : Qui estil, Seigneur, afin que je croie en lui? Jsus et c'est lui mme qui lui dit : Vous l'avez vu vous parle. Alors il dit : J'y crois, Seigneur , et il se prosterna devant lui. Et Jsus dit : Je suis venu dans le monde pour rendre ce jugement, c'est que ceux qui taient aveugles, voient; et que ceux qui voyaient deviennent aveugles ( Jean, IX, 35-40 ). Maintenant, que le lecteur compare ces exemples emprunts de saint Jean avec ceux qui sont tirs des autres vanglisles , et qu'il juge s'ils n'offrent pas un mme ensemble dans le caractre de Jsus-Christ. Pour mieux faire sentir notre raisonnement, nous avons distingu l'occasion de la rflexion. Plusieurs crivains (1) nous ont
(

vous ferai pcheurs d'hommes [Marc 16, 17).

Or

il

arriva,

comme

il

disait ces

choses

qu'une femmede la troupe, levant la voix, lui et dit : Heureux les flancs qui l'ont port heureuses les mamelles qui t'ont allait : Mais plutt, reprit Jsus, heureux ceux qui coutent la parole de Dieu et qui la mettent en pratique ( Luc, XI, 27 ). En ce temps-l, quelques-uns qui se trouvaient l prsents, lui racontrent ce qui tait arriv des Galilens, dont Pilate avait ml le sang avec leurs sacrifices. Sur quoi Jsus leur dit : royez-vous que ces Galilens fussent plus grands pcheurs que tous les auautres Galilens, parce qu'ils ont souffert de telles choses ? Non, vous dis-je mais si vous ne vous repentez, vous prirez tous de la mme manire. Ou croyez-vous que ces dixhuit sur qui la lourde Silo tomba et les tua, fussent plus coupables que tous les habitants de Jrusalem ? Non, vous dis-je; mais si vous ne vous repentez, vous prirez tous aussi bien qu'eux (Luc, XIII, 1, 5). Et un de ceux qui taient table, ayant entendu ces paroles, lui dit : Heureux celui qui sera du festin dans le royaume de Dieu. Et Un homme fit un grand souper Jsus dit et y convia, etc., etc. (Luc, XIV, 15). Celle parabole trop longue pour linsrer en entier, nous offre un exemple frappant de la manire dont Christ raisonnait d'aprs
,

gle ci-dessus

donn un recueil curieux et tendu d'exemples qui semblent indiquer que Christ dans ses entretiens avait coulume de faire allusion quelque objet, quelque circonstance prsente, quoique l'histoire omette souvent cette circonstance el cet objet. Je me borne observer que ces exemples so
aussi
(I)

Newton on

Daniel,
1

page

118, note

a. Jortiij

Dis., page 215. Bischo

Law's

Life of Christ.

DMJONSl\

I'AAJ(U.

XIV.

(Vingt-sept.

845

DEMONSTRATION EVANGELIQUE. PALEY


de saint

811
se tenait
(

trouvent dans l'Evangile aussi bien que dans les trois autres. Je termine cet article en remarquant que excepte les discours attribus au si l'on en Sauveur, on ne retrouve plus celte manire dans les discours rapportes au livre des Actes ou ailleurs. Otto, manire ne devait pas
se prsenter l'esprit d'un contrefacteur ou d'un fabuliste l'crivain qui l'et eboisie oblig de tirer la fois de sa tte les matriaux, les incidents et les observations, y et trouv de grandes difficults. Un fabuliste ou un contrefacteur auraient mis dans la bouche de Christ des discours en termes gnraux, pour exhorter les hommes la vertu et les dtourner du vice. Jamais il ne ft entr dans leur esprit d'entasser, comme nous le voyons dans le discours sur la monau lieu et tagne, des allusions au temps d'autres petites circonstances que la prsence seule des objets pouvait suggrer ( See Bischop Law's Life of Christ ). II. Je crois voir une affinit dans celte partie de l'histoire de Christ, o trois vanglistes (Matth., XVIII, 1; Marc. IX, 33; Luc, IX, 46 ) nous racontent qu'il plaa un petit enfant au milieu de ses disciples, et celle o saint Jean nous dit Jean, XIII, 3 ) qu'il leur lava les pieds. Les faits n'ont sans doute pas de ressemblance mais la morale de ces deux histoires est la mme on y aperoit 1 la rivalit qui existait entre les disciples de Christ, et le soin qu'il prenait l'touffer. En second lieu, un chantillon de la mme manire d'instruire, par des actions, manire attribue emblmatique bien particulire au Sauveur par les trois premiers vanglisles et par saint Jean, dans des occasions tout fait diffrentes et qui cartent tout soupon d'imitation et d'emprunt. HE Remarquez aussi une expression singulire usite par Christ, rapporte par tous les vanglistes, et insre dans des discours qui sont particuliers l'Evangile de saint Jean c'est la qualification de Fils de l'Homme;
; , , ( ;
:

Jean

maladies.
sert,

Mais

il

retir dans

le

d-

pour y prier Luc, V, 15, 16 ). Comparez ces passages avec ce que nous
Jean.
,

dit saint

celui qui avait t guri ne savait pis car Jsus s'tait chapp, de la qui c'tait foule qui tait en ce lieu- l ( Chap. V, 13 ).

Mais

Mais Jsus sachunl

qu'ils

devaient venir

l'enlever, afin de le faire roi, se relira seul une seconde fois sur la montagne, (Jean, VI, 15).

Saint Jean, dans ce dernier exemple, nous donne connatre le motif de la conduite de Christ; ce que ne font pas les autres vanglistes, qui se bornent nous parler de sa
conduite.

V. Le ministre de Christ fut encore remarquable par la manire circonspecte avec laquelle on le vit agir dans certaines occasions et pour un certain temps, cherchant faire connatre sa mission cleslc et la dmontrer par ses uvres plus que par ses discours. On a donn des explications bien
justes de cette rserve ness of chrislianity )
;

Locke's Rcasonablese

mais on ne

serait

pas attendu la rencontrer chez le Sauveur. Saint Matthieu nous dit ( XVI, 20) Alors il commanda expressment ses disciples de ne dire personne qu'il ft le Christ. Dans une autre occasion (Marc, III, 11 ) : Et les esprits immondes, quand ils le voyaient tombaient ses pieds en criant : ^'ous files le Fils de Dieu ; mais il leur dfendait avec de grandes menaces de le faire connatre. Saint Luc, IV, 41 nous offre un autre exemple semblable ce dernier et ce qu*' ces trois
:

vanglistes nous

apprennent saint Jean nous le confirme X, 24 ): Et les Juifs l'environnrent et lui dirent : Jusqu' quand nous
, (

qualification que Christ seul se donne dans mais que personne tous les vanglistes n'emploie en lui parlant, ou en parlant de lui. Elle se rencontre dix-sept fois dans l'Evangile de saint Matthieu douze fois dans celui de saint Marc, vingt-et-une fois dans celui de saint Lac, et onze fois dans celui de sain! Jean, et toujours avec la mme restric, ,

tiendrez-vous l'esprit en suspens ? Si vous tes Christ, dites-le nous franchement. L'occasion dont il nous parle tait diffrente de toutes les autres, elle tait indirecte. Nous n'y voyons la conduite de Christ qu' travers les reproches de ses adversaires mais ceci donne plus de force notre raisonnement. Je prfre saisir une correspondance dans quelque allusion dtourne plutt qu' l'apercevoir dans une dclaration male
; ,

nifeste.

VI. Les communications du Sauveur avec


ses disciples

nous offrent une pai iicularil


:

tion.
IV".

Ces diffrents historiens nous

mon-

trent une exacte conformit dans la conduite de Christ, ils nous disent tous qu'il se retirait l'cart, du moment que la mullilude laissait apercevoir quelque disposition au
j

tumulte. Incontinent aprs, Jsus obligea ses disciples de monter dans la nacelle, et de passer avant lui de l'autre ct, pendant qu'il congdierait le peuple. Et quand il l'eut congdie' l'cart sur la montague pour il se retira

digne de remarque c'est la difficult qu'ils avaient le comprendre, lorsqu'ils les entretenaient de quelques vnements futurs de son histoire, et surtout de sa passion et de sa rsurrection. Celte difficult leur faisait dsirer et solliciter des claircissements ; quelquefois aussi la crainte d'offenser leur Matre les empchait de les demander. Saint Marc et saint Luc nous exposent distinctement ces circonstances, lorsque le Sauveur leur apprit ( probablement pour la premire fois ) que le Fils de l'homme allait tre livr dans les mains des hommes. Ils n'entendaient
pas,
sait
les vanglistes, ce qu'il ditellement obscur pour eux qu'ils n'y comprenaient rien; et ils apprhendaient mme (le l'interroger sur ce sujet (Lue,
;

nous disent
cela
tait

prier

Matth. XIV, 22).


,

Et comme
plus en plus,
l'entendre, et

sa

rj>ulation se rpandait de peuple venait en foule pour pour tre guri par lui de ses
le

IX, 45; Marc, IX,

32). Saint

Jean nous pari*

845

TABLEAU DES PREUVES DU CHRISTIANISME.


nous nommons l'agonie du Sauveur, c'est-dire son dvouement dans le jardin peu avant qu'il ft arrt ; et ils placent lous celle prire dans sa bouche Que cette coupe passe loin de moi ; ils lui attribuent lous l'emploi de cette mtaphore. Saint Matthieu ajoute (XXVI, 42) Mon Pre, s'il n'est pas possible
:
:

dans son Evangile de ce mme embarras comprendre, de celle mme curiosit, et de cette mme rserve; mais dans une occasion et pour un sujet diffrents. Dans pende temps, vous ne me verrez plus ; et peu de temps aprs, vous me reverrez ; car je m en vais mon Pre. Et quelques-uns de ses disciples dirent entre eux: Que veut-il nous dire par l, dans peu de temps vous ne me verrez plus, et peu de temps aprs vous me rverrz ; car je m'en vais mon Pre ? Ils disaient donc : Que veut dire ce peu de temps dont il nous parle? nous ne savons ce qu'il veut dire. Jsus connaissant
quilsvoulaieut l'interroger, leur XVI, 16 et suivants ).
,

dit..

Jean,

VII. La douceur que Christ montra dans cl que les trois premiers ses souffrances vanglisles nous peignent si bien, se retrouve aussi dans saint Jean, mais appuye sur des exemples diffrents. Les paroles que saint

Jean met dans la bouche de Christ en rponse une question que lui adressait le souverain sacrificateur sur ses disciples et sa doctrine j'ai J'ai parl ouvertement tout le monde toujours enseign dans les synagogues et dans le temple, o les Juifs se rendent de tonte part, et je n'ai rien dit en cachette : pourquoi m'interrogez-vous? Demandez ceux qui m'ont entendu parler ce que je leur ai dit; ces gensl savent ce que j'ai dit (Jean, XVIII, 20). Ces paroles semblent faire partie de celles qu'il adressa la troupe arme qui l'avait saisi, et qui nous sonl rapportes par saint Mare et par saint Luc {Marc, XIV, 48; L\XX1I.52). Vous tes venu me prendre avec des pc'es et
:

dboire cette coupe, ta volont soit faite. Mais saint Jean n'indique point le jardin comme le lieu de la scne il nous dit que Pierre voulant rsister ceux qui venaient saisir son Matre, il fut dsarm par Remettez votre pe ces paroles du Sauveur dans le fourreau; ne boirai-je pas la coupe que mon Pre m adonne boire (Jean, XVIII, 11)? Il y a ici plus qu'accord, il y a concidence ; car il tait bien naturel que Jsus qui, avant d'tre saisi, venait de prier son Pre pour que cette coupe passt loin de lui, qui cependant avait ajout celte pieuse restriction sa demande S'il n'est pas possible que j'vite de boire celte coupe, ta volont soit faite, il tait, dis-je, bien naturel que la mme personne venant tre saisie, exprimt celte rsignation qui tait dans sa pense, dans les mmes termes qu'elle venait de profrer : Ne boirai-je pas la coupe que mon Pre m'a donne boire? Cette concidence existe entre les crivains qui, loin de prsenter dans leurs crits des marques d'imitation, en offrent d'une grande dissemblance. Second exemple de correspondance entre les \a5iglistes. Matthieu et Marc nous apque
j'vite
;
:

comme si j'tais un voleur ; j'tais tous les jours parmi vous, enseignant dans le temple. Je vois dans ces deux rponses le mme calme et la mme allusion ses enseignements publics. Les plaintes qu'il adressa deux fois Pilate avec tant de douceur et que saint Jean nous rapporte, sont exprimes
des btons

avec le mme calme que celles qu'il fit entendre dans les derniers moments de sa vie et quo les autres vanglisles ont fait connatre. La rponse que saint Jean (Jean, XVIII, 23) nous apprend qu'il fit l'officier qui l'avait frapp de sa verge, Si j'ai niai et si parte, faites voir ce que j'ai dit de mal j'ai bien parl, pourquoi me frappez-vous?
,

prennent que la condamnation du Sauveur fut motive sur la menace qu'il avait faite de dtruire le temple Nous lui avons ou dire : je dtruirai ce temple bti par la main des hommes, et dans trois jours j'en rebtirai un, autre qui ne sera point fait par la main des hommes (Marc, XIV, 58). Mais ils ne nous apprennent point la circonstance qui avait donn lieu cette calomnie. Saint Jean (ch. II, 19) nous instruit de cette circonstance il nous dt que lors du premier voyage du Sauveur Jrusalem, les Juifs lui ayant demand Par quel miracle nous montrez-vous
:

tait bien celle

que devait profrer celui qui, marchant au supplice, disait ceux qui le
suivaient de ne pas pleurer sur lui, mais sur eux-mmes, sur leur postrit et sur leur pays (Luc, XXIII, 28), et qui, suspendu la croix, priait pour ses meurtriers Car ils ne savent pas, disait-il, ce qu'ils font. Saint Jean et les autres vanglisles s'accordent aussi nous parler d'une circonstance particulire, savoir des instances des juges et des perscuteurs de Jsus pour extorquer de sa bouche quelque justification, et de son refus se prter leurs demandes (Jean, XIX, 9 ; Mallh., XXVII, 14 Luc, XX1I1 9). Il existe encore deux rapports entre l'histoire de saint Jean et celle des autre;; ranglistes, d'un genre un peu diffrent de ceux dont nous venons de parler. Les trois premiers vanglisles nous racontent ce que
:

que vous ayez le droit de faire de telles choses ? Il rpondit : Abattez ce temple, et je le relverai dans trois jour s. On ne saurait raisonnablement trouver ailleurs que dans la vrit la raison de cet accord. Certainement saint Jean n'a pas cherch faire cadrer sa narralion avec celle des autres vanglisles on voit que ce but n'est point entr dans sa pense. Voici un exemple de cette correspondance, plus marqu et plus gnral que les prcdents. Les trois premiers vanglisles ont racont la vocation des douze aptres (Matlh., X, 1 Marc, III, 14: Luc, VI, 12), et nous ont donn le catalogue de leurs noms. Jean ne parle point de cet tablissement, mais il suppose dans toute sa narration quo Christ tait accompagn d'un parti de disciples choisis, et que leur nombre tait de douze (Jean, VI, 71). Quand il lui arrive de faire mention de l'un d'entre eux [Jean, XX, 24, VI, 71) , relui qu'il dsigne est bien un de ceux indiqus dans le catalogue, ol les noms des per->
;
;

DEMONSTRATION EVANGELIQUE. PALEY.


sonnages qui se rencontrent le plus souvent dans son Evangile, sont tirs de la liste des aptres. Celle correspondance se trouve entre tous les Evangiles, entre tous les chapiet ne serait-ce pas l une tres de l'Evangile
;

848

marque de

vrit?

CHAPITRE
Sur une particularit du

V.

caractre de Christ.
,

Les Juifs, fonds ou mal fonds avaient compris que leurs prophties annonaient l'arrive d'un personnage qui, soutenu d'un pouvoir surnaturel lverait leur nation un tat de splendeur, de prosprit et d'indpendance.
,

Si

Jsus et t

un enthousiaste,

il

est pro-

bable qu'il et adopt cette illusion populaire, et que s'annonant tre la personne dsigne par les prophties il et revtu le caractre que, d'aprs l'opinion gnrale, ces
,

prdictions lui attribuaient. Si Jsus et t un imposteur, son intrt tait de flatter l'attente gnrale de la nation parce qu'elle et servi d'instrument ses succs et attir les Juifs autour de sa
,

personne. Mais laissons


faits

puisque les les conjectures parlent et que nous voyons que tous les messies prtendus se sont conduits ainsi. Josphe nous aprend qu'il en parut plusieurs. Quelques-uns furent probablement des imposteurs qui crurent pouvoir tirer parti de l'opinion publique. D'autres furent peut-tre des enthousiastes dont l'imagination, dirige par les discours et les sentiments qui animaient la nation , avaient embrass cette ide. Mais, imposteurs ou enthousiastes ils se prsentrent tous avec le caractre sous lequel les Juifs s'attendaient les voir paratre, comme restaurateurs et librateurs
, ,

occasionnellement, ou auxquels elle se rapporte, avec ce que nous apprennent des mmoires trangers de la mme poque et qui nous semble tre n'ont point t contests un argument qui pris sa juste valeur, est d'un grand poids. Cette conformit prouve que les crivains du Nouveau Testament ont eu une sorte de connaissance locale qui ne pouvait se trouver que chez les habitants du pays vivants cette poque. Cet argument bien tabli par des exemples donne presque la preuve complte que les crits sacrs n'ont point t altrs; il fait remonter ces crits au temps o leurs auteurs ont vcu, et o il et l difficile de faire recevoir par la gnralit des chrtiens des ouvrages supposs sous le nom de ces auteurs. Il n'existe d'ailleurs aucune trace qu'on ait tent de publier cette poque des ouvrages falsifis. Ceci prouvedu moins que ces livres, quels qu'aient t leurs auteurs ont l composs par des personnages vivants dans le temps et dans le pays o les choses se. sont passes, et qui ont pu, d'aprs leur situation, tre bien instruits des faits qu'ils racontent. Cet argument appliqu nos Ecritures aura plus de force qu'employ en faveur de presque tout autre ouvrage, raison des allusions que le Nouveau Testament renferme. La scne de l'action n'y est pas concentre dans un seul pays, elle embrasse les plus grandes cits de l'empire romain on y trouve des allusions aux murs et aux principes des Grecs , des Romains et des Juifs. Cette varit et rendu la fraude plus difficile, surtout aux crivains d'un ge postrieur. Un Grec ou un Romain du second ou troisime sicle n'aurait pas connu la littrature juive un Juif converti celle mme poque et pareillement t tranger aux connaissances rpandues dans la Grce et Rome (Michaelis's Introd. to
,

de la nation.
expliquer pourquoi Jsus, en le supposant enthousiaste ou imposteur, suivit une autre marche et se refusa faire cadrer son caractre et ses prtentions avec l'opinion gnrale ? Une mission, dont le but et les avantages se rapportaient une autre vie, ne semblait point avoir t dsigne par les prophtie:). Jsus en se donnant pour Messie, mais sous une apparence absolument contaire l'attente gnrale, devait repousser la persuasion, loin de la faire natre, et n'offrir que des prtentions extraordinaires et bizarres. Comment donc celle conduite s'allierait-elle avec l'enthousiasme et l'imposture, qui devaient, ainsi que l'exprience nous en a donn la preuve, se conformer aux opinions rgnantes alors parmi les Juifs? Que si l'on objectait que Jsus aprs avoir essay de russir par ce moyen en avait

the

New

Test.).
,

Comment

Nous ne pouvons, au reste prouver ceci que par l'induction qu'on peut tirer de plusieurs particularits. La forcede cet argument
dpend de
la runion des exemples sur lesquels il repose, et que nous invitons le lecteur suivre avec attention et dans leur dtail. Je vais les placer distinctement et un un sous ses yeux me bornant donner l'abrg du premier volume de la premire partie de la Crdibilit de i Histoire de V Evangile, par le docteur Lardner. J'ai resserr le champ qu'embrasse son ouvrage, 1 en supprimant quelques sections dans lesquelles la correspondance qu'il veut prouver ne me semblait pas assez bien tablie, ou qui traitaient des sujets qui n'taient pas assez appropris la quesU tion ou assez circonstancis 2 en concentrant chaque section dans le moindre nombre des mots possible , me bornant presque toujours une simple apposition de passages enfin, en omettant plusieurs recherches qui, quoique exactes et savantes, ne me paraissaient pas ncessaires la clart ou la vrification de son raisonnement. Josphe est l'crivain qui a le plus fourni notre travail. Il naquit Jrusalem quatre ans aprs l'ascension de Christ. Il crivit ''histoire de la
, ,
;

'

nous rpondons que cette objection est sans fondement et contre tout fondement que tous les faux messies eussent pu faire la mme tentative mais qu'aucun d'eux ne pensa la faire.
choisi

un

autre,

CHAPITRE
La
conformit des
fails

VI.

dont l'Ecriture oarle

849

TABLEAU DES PREUVES DU CHRISTIANISME.

850

des Juifs quelque temps aprs la destruction de Jrusalem , qui eut lieu la soixante et dixime anne de 1re chrtienne, et la trente-septime anne depuis l'ascension

guerre

termina l'an 93, c'est--dire soixante ans aprs l'ascension. J'indique en tte de chaque article la page du volume du docteur Lardncr, o se trouve la section dont nous donnons l'extrait. L'dition dont nous avons fait usage est celle de
il

du Sauveur, et

la

1741.

(Josphc) eut appris Jude, la place d'Hrode, son pre, il craignit d'y aller; et ayant reu en songe un avertissement du ciel il se retira en Galile (Matth., II, 22).
I.
il

(Page 1k.) Quand

qu Archlaiis rgnait en

En conformit avec ceci, Josphe nous apprend qu'Hrode le Grand dont la domination s'tendait sur tout le pays d'Isral dsigna Archlaiis pour son successeur en Jude, et disposa du reste de ses Etals en faveur d'autres fils il nous dit que cette disposition fut ratifie quant au principal, par l'empereur romain (Antiq., lib. XVII, c.
,
:

8, sect. 1).

Saint Matthieu dit qu'Archlas rgnait, en Jude, et Josphe nous apprend aussi qu'Hrode tablit Archlaiis non-seulement pour son successeur en Jude , mais
tait roi
,

qu'il l'tablit avec le titre de roi


,

et le

mme

qu'emploie l'vangverbe grec fi*.<rezi liste pour dnoter le gouvernement et le rang d'Archlas, est employ par Josphe. La cruaut du caractre d'Archlaiis que l'vanglisle donne connaire assez clairement se retrouve dans plusieurs particularits de l'histoire de Josphe. La dixime anne de son gouvernement le chef des Juifs et des Samaritains ne pouvant endurer plus longtemps sa cruaut et sa tyrannie adressa contre lui des plaintes Csar (Antiq., lib. XV1J,
,
, ,
,

c. 13, sect. 1).

(Page 19.) La 15 e anne de l'empire de Hrode tant ttrarque en Tibre Csar, Galile et son frre Philippe ttrarque dans La la contre dltnure et de Trachonite, parole de Dieu fut adresse Jean (Luc, III, 1). En vertu du testament d'Hrode le Grand, confirm par le dcret d'Auguste ses deux fils furent nommes, l'un (Hrode Antipas) ttrarque de la Galile et de la Pre et l'autre (Philippe) ttrarque de la Trachonite et des contres d'alentour (Ant., lib. XVII, c. 8, sect. 1). Ces deux personnes sont donc la place que leur assigne saint Luc, et elles y taient la quinzime anne du rgne de Tibre. Un autre passage de Josphe nous apprend en d'autres termes que ces princes furent en possession de leur territoire et de leurs titres jusqu' celte poque et par del. Car parlant d'Hrode, il dil que Caligula, successeur de Tibre, le dpossda (Id., lib. XVIII, c. 8, sect. 2) il nous apprend que Philippe mourut la vingtime anne de Tibre, ayant gouvern trente-sept ans la Trachonite, la Balance et la Gaulanile (Id., lib. XVIII, c 5, sect. 6). III. (.Page 20.) Car Hrode avait envoy
II.

prendre Jean, et Vavait fait lier dans une prison, cause d'Hrodias, femme de Philippe son frre, qu'il avait pouse (Marc, VI 17Matth., XIV, 1 13; Luc. III, 19). Comparez ce passage avec Josphe (Ant., I. XVIII, c. // (Hrode le ltrarque) 6, sect. 1) fit une visite son frre Hrode. L, tant devenu amoureux d'Hrodias femme dudit Hrode, il se hasarda lui faire des propositions de mariage (1). La fille d'Hrodias tant entre et ayant dans (Marc, VI, 22). Comparez ce passage avec Josphe (Ant., lib. XVIII, c. 6, sect. 4) Hrodias tait marie Hrode, fils d'Hrode le Grand. Ils avaient une fille nomme Salom. Aprs sa naissance, Hrodias, foulant aux pieds les lois du pays abandonna son mari qui vivait encore, et pousa Hrode le ttrarque de Galile qui se trouvait tre frre de son mari, du ct paternel. IV. (Page 29.) En ce mme temps le roi Hrode se mit maltraiter quelques-uns de l'Eglise (Actes, XII, 1). La fin de ce mme chapitre nous apprend que la mort d'Hrode suivit de prs cette perscution. L'exactitude de notre historien, ou plutt celte concidencenaturelle de sa narration avec la vrit est bien remarquable. Il ne se trouve aucune poque dans les trente annes antrieures cette perscution, et dans toute la suite des temps o l'on ait vu un roi Jrusalem, une personne exerant en Jude l'autorit royale ou qui ce litre pt convenir,exceptdans les trois dernires annes de la vie d'Hrode, et c'est dans cette priode de temps que la narration de ce fait se trouve indique dans le livre des Actes. Ce prince tait le petit-fils d'Hrode le Grand il est dsign dans les Actes par son nom de famille; Josphe le nomme Agrippa. Cet historien nous fournit la preuve la plus complte qu'il tait roi justement ainsi nomm. Caligula l'ayant fait appeler dans son palais, lui mit une couronne sur la tte, et rtablit roi de la ltrarchie de Philippe, se proposant de lui donner encore la ttrarchie de Lysanias (Ant., XVIII, c. 7, sect. 10). Un autre passage du mme Josphe nous apprend que ce ne fut qu'aprs ceci que la Jude fut runie sa domination. II nous dit que Claude confirma par un dcret l'autorit que Caligula avait confre Agrippa, ajoutant son domaine la Jude et Samarie dans toute leur tendue, et telles que son grand-pre
,
: ,

(I)

Le rapprochement de
;

vident
lisle

mais
le

il

s'y

donne

nom

ces deux narrations est trouve une diffrence. L'vangde Philippe au premier mari d'H-

que Josphe le nomme Hrode. Celle de peu de consquence si l'on se rappellcque danses temps, la mme personne portait souvent deux noms: j Simon, qui est nomm Pierr Lobbe, surnomm Thadde Thomas, appel !>i dyme; Simon se nommait aussi Niger, et S. ml Paul, s La solution de celle difficult devienl plus j aise encore en pensant qu'Hrode eut des enfants de se,>i ou huit femmes, et que Josphe en dsigne trois du mne nom d'Hrode. H tait donc vraisemblable ces trois frres avaient un nom additionnel , au que moyen duquel on pouvait les distinguer l'un de l'a urodias. taudis
difficult paratra

(Lard., vol. H, page 897).

m
Jrode
SCt
1
)

les

avait
32.)

DEMONSTRATION VANGEL1QUE. PALEY. Mais comment possdes {Id., XIX c. 5,


,

855
l'histoire de cette

poque

arrta ; et dans un jour mar royaux, qu Hrode, revtu de ses habits un discours en s'agit sur son trne, et leur fit Voix d'un miblic; sur quoi le peuple s'cria : Et l'instant Dieu, et non point d'un homme !

(Pae

Et

il

(Hrode) alla de Jude

Csar e, et s'y

un ange du Seigneur

le

frappa

parce qn

il

correspond - elle avec la narration? Cet Agrippa dont il est ici parl tait fils d'IIrode Agrippa, dont nous avons fait mention l'article prcdent. Josphe nous apprend qu'il ne succda point au royaume de son pre, qu'il ne recouvra pas mme la Jude qui en faisait partie, quoique la mort d'Hrode, Claude eut eu l'intention de le mettre

n'avait point donn gloire Dieu; rong de vers (Act., XII, 19-23).

et il

mourut

immdiatement
tage
;

de Csar ee : l il Il s'en alla dans la ville Csar ; et, clbra des ftes en l'honneur de lise au second four de ces divertissements, thtre de bon malin, vtu d une robe rendit au rayons du d'argent d'un travail prcieux. Les
soleil levant , splendide, lui

en. possession de cet hril'empereur apprenant qu'Agrippa n'avait que dix-sept ans, changea d'ide, et nomma Cuspius Fadus prfet de la

mais

Jude
c.

et

de tout

le

royaume

Ant.,

XIX,
Tibc-

que rflchissait cette parure donnrent une apparence majesl appeltueuse et solennelle. Les spectateurs Dieu, et le sollicitrent de vouloir leur rent jusqu'ici restre propice. Nous vous avons homme ; mais pect, lui dirent-ils, comme un nous reconnaissons que vous tes aujourd'hui pointes plus qu'un mortel. Le roi n'carta ces impies flatflatteurs et ne repoussa point
,

9). Ce Fadus eut pour successeurs rius Alexander, Cumanus, Flix et Festus XX, de la Guerre des Juifs, liv. II). ( id., Mais quoique Agrippa n'et pas t mis en possession du royaume de son pre, dans le-

quel la Jude tait comprise, pas d'tre lgitimement appel

il

ne laissait

roi.

La mme

autorit nous apprend qu'il possdait des Juterres considrables sur les confins de la aprs plusieurs donations successide car
;

ves de terrritoire,
<i

teries.

Immdiatement aprs

il

fut

saisi

de

douleurs les plus violentes dans les entraides grande clrit Il fut transport avec la plus de soufdans son palais, o, aprs cinq jours expira (Josefrances cruelles et continues il
,

phe, Ant., liv. XIX, c. 8, sect. 2). deux Le lecteur remarquera l'accord de ces de narrations dans plusieurs circonstances place (Csare), le jour dtails, comme la les marqu, la magnificence des vtements paracclamations de l'assemble, la tournure
,

Claude, dans le temos envoyait Flix comme proeude Chal rleur en Jude, appela Agrippa grand royau cis la possession d'un plus me. lui donnant la ttrarcliie qu'avait eue de Lysa Philippe; il y joignit le royaume appartenu a nias, et la province qui avait

mme

il

Varus

De

la

Guerre des Juifs,

liv.

II,

c.

12).
qu'il
tait
Juif.

Saint Paul, s'adressant ce persounage,

suppose

ticulire des flatteries,

la satisfaction

qu en

de la prouve Hrode, l'atteinte soudaine Josphe ne parle pas de vers, comme maladie. sait que ces anile fait saint Luc; mais on maux sont ordinairement un des symptmes c est-ade la maladie que dcrit Josphe, d'entrailles. dire d'une violente douleur aprs, t elix VI. Pag. kl). Quelques jours Csare avec Drusille sa tant revenu Paul (Act., femme, qui tait juive, fit venir Agrippa donna sa sur Drusille XXIV, 24).
(
,

Agrippa que tu y Agrippa, que crois. Il tait fils d'Hrode Josphe nous reprsente comme un Juif plein qu il de zle et il est naturel de supposer que son pre. tait dans les mmes principes Mais ce qui est plus important remarquer,
roi
l

crois-tu

aux prophtes?

Je sais

comme
ci, (Act.

c'est

tant plus prcis et plus circonstanque saint Luc, parlant du pre

XII, 1), l'appelle le roi Hrode, et nous donne un exemple de l'exercice de son Act., tils autorit Jrusalem. Parlant du XXV, 13), il l'appelle roi, mais non pas de
{

ds en mariage Azizus, roi de l'Emesne, ce mariage qu'il se fut fait circoncire mais tarda pas a tre de Drusille avec Azizus ne
;

la

Jude; distinction conforme l'histoire.


VIII.
l'le

qui est parfaitement

dissous, et voici

comment: Flix,

tant pro:

voir, curateur de la Jude, eut occasion de la perdument amoureux elle et en devint de son pays et se laissa aller violer les lois Ant., iiv. XX, pouser Flix (Josphe, c. 6, sect. 1,2). Nous voyons dans cette citation la place et qu'occupait Flix, le nom de sa femme , ce qui jusqu' la religion qu'elle professait de s'accorde exactement avec la narration
.

la traduction sul
et
'y

l'vanglisle. , , le VII. (Page 46). Quelques jours aprs, Csare roi Agrippa et Brnice vinrent

Ce pour saluer Fcstus (Act., XXV, 13). roi, passage nous apprend qu'Agrippa tait pas de la Jude car il vint pour mais non rsidait a saluer Festus, qui, cette poque, nislra"sare, o il tait charg de l'ad m
;

tion du pays.

ce mot. noire observation se fonde sur deux sortes de provinces dans avait il appartenaient a l'empire romain, celles qui appartenaient au l'empereur, et celles qui premier portait le snat. Le reprsentant du celui du snat de protitre de proprteur, et rgle. Mais .1 consul. Cette distinction tait Cassiis hb. LFV ad A. U. parat d'aprs Dion Chypre, qui avait 732), que la province de enassigne l'empereur, passa d'abord t de quelques echansuite au snat, la suite
(

(Page 5t.) Ayant ainsi travers (Chypre) jusqu' Paphos, ils y trouprophte, vrent un Juif magicien et faux qui tait avec le dpute nomm Bar-Jsu, sage el du pays, Sergius Paulus, homme Act., XIII, 6). prudent (, dans Le mot de dput que nous trouvons passage, signifie proconde ce

853

TABLEAU DES PREUVES DU CHRISTIANISME.


teur, escarp de tous les cts.

U
Du

ges; et qu'alors le gouverneur romain prt le titre de proconsul. (Page 55.) Mais Gallion tant dput

d'Achae (Act. XVIII, 12). titre de proconsul, donn Gallion dans ce passage, est encore plus prcise car la province d'Achae, aprs avoir pass du snat l'empereur, avait t vendue par l'empereur Claude au snat, six ou sept ans avant l'poque dont le passage fait

proconsul

La justesse du
;

mention 1, 61),

(Suet.,
et

in

Claud.,

c.

25,

Dion.,

son gouvernement tait devenu proconsulaire; et ce qui montre l'exactitude de celte dsignation, c'est que, sous le rgne suivant, l'Achae cessa d'tre une province romaine. IX. ( Page 152. ) 11 parat, d'aprs la constitution gnrale des provinces romaines, et d'aprs ce que Josphe nous dit de l'tat de la Jude en particulier (Ant., lib. XX,
c. 8, sect.

ct o dit se runissait aux portiques du temple, il y avait des escaliers qui communiquaient chaque portique, et par o la garde descendait. C'est l qu'une lgion romaine tait toujours casernc ; de l elle plaait des sentinelles armes en diffrents postes sous les portiques, elle surveillait le peuple dans les jours de fte pour prvenir le dsordre : ainsi le temple protgeait la ville et la tour Antonia protgeait le temple (Josphe Guerre des Juifs l. V,c, 5, sect. 8). XII. (P. 224.) Mais comme ils parlaient au peuple, les sacrificateurs le capitaine de la garde du temple et les saducens survinrent
,

(Act. IV, 1). Nous voyons ici un officier public, sous le litre de capitaine du temple, qui tait probablement Juif, puisqu'il ac-

compagnait

les prtres et les

saducens qui

allaient saisir les aptres.

5, e. 1, sect. 2), que le gouverneur romain avait exclusivement le droit de que nanmoins les Juifs vie et de mort avaient un conseil et des magistrats investis d'une autorit municipale et subordonne. On retrouve le mme tat de choses dans tout ce que les vanglistes nous apprennent du crucifiement du Sauveur. Cependant les Eglises X. ( Page 203. jouissaient de la paix dans toute la Jude Act., IX, 31 ). la Galile et la Samarie Ce repos concide avec l'poque o Caligulase proposa de faire placer sa statue dans
;

temple de Jrusalem. La menace d'un pareil outrage rpandit une telle consternation parmi les Juifs qu'elle dtourna pour un
le
,

Elazar, fils du grand prtre Ananias jeune homme plein de courage et de rsolution et qui tait alors capitaine, se trouvant dans le temple persuada ceux qui remplissaient le ministre sacr de ne point recevoir les dons ou les sacrifices des trangers (Josphe, Guerre des Juifs, liv*, chap, 17, sect. 2). XIII. (P. 225.) Alors Festus, aprs en avoir Vous en confr avec son conseil, rpondit avez appel Csar, vous irez Csar (Act, , XXV, 12). Nous voyons parle passage suivant de la harangue de Cicron contre Verres que les prsidents romains avaient ordinairement un conseil compos de leurs amis et des principaux Romains qui se trouvaient dans la province Illud ngare posses
, :
, :

temps leur attention de tout autre objet (JoGuerre des Juifs, liv. XI, chap. 10, sphe
,

section 1).
I

Et ayant saisi Paul ils le tranrent hors du temple, et on ferma aussiet comme ils cherchaient le tt les portes tuer, le bruit vint au commandant de la coXI.
(P. 218.)
,

horte que toute la ville de Jrusalem tait en trouble. El aussitt il prit des soldats et des cenleniers, et courut ces gens-l gui, voyant le commandant et les soldats, cessrent de battre Paul ; alors le commandant s' tant approch, se saisit de lui, et l'ayant fait lier de deux chanes, il demanda gui il tait et ce
qu'il avait fait.

Mais dans
et les

cette foule, les

uns

autres une autre ; et voyant donc qu'il ne pouvait rien en apprendre de certain, cause du tumulte, il commanda
criaient une chose,
la forteresse. Quand fut sur les degrs , il fut port par les soldats cause de la violence de la populace

qu'on ment Paul dans

Paul

aut mine negabis, le, concilio tuo dimisso, viris primariis, qui in consiiio C. sacerdotis remotis, de re f itrant tibique esse volcbant judicata iudicasse ? XIV. (P. 235.) Et ( Philippes) le jour du sabbat, nous sortmes de la ville, et allmes au lieu oit l'on avait accoutum de faire la prire prs du fleuve (Act., XVI, 13), c'est-dire dans le lieu o se trouvait un proseucha , un oratoire une place destine aux prires Remarquons celle particularit qui indique la situation de la place o l'on tait en usage de faire la prire, prs de la rivire. Philon dcrivant la conduite des Juifs d'Alexandrie dans certains jours solennels, raconte que de bonne heure au malin, ils sortaient en foule hors des portes de la ville, pour aller aux rivages voisins (car les prosciwh taient dtruites), et l, se plaant dans le lieu le plus propre, ils levaient leur voix d'un commun accord (Philo in Flacce, p. 382).
,
,

(Act.

XXI,

30).

Celte cilalion nous apprend qu'il y avait un corps de soldats romains Jrusalem, que leur office tait de rprimer les tumultes; elle fait mention d'un Chteau d'escaliers qui paraissaient tre ct du temple. Voyons si ces mmes particularits se retrouvent dans quelque histoire publie dans ce temps cl dans ce mme pays, Antonin tait btie l'angle des portiques d'orient, et du nord du temple extrieur. Elle tait sur un roc de cinquante coudes de hau,

dcret de

Josphe nous donne connaissance d'un la ville d'Halicarnasse qui permettait aux Juifs de btir des oratoires nous y lisons ces paroles Nous ordonnons </ur les Juifs hommes ou femmes, qui voudront
;
: ,

acquitter des rites suloi, aient btir des oraloires sur les bords de \amov (Jos., Ant.,
le et s

observer
crs
I.

sabbat

ordonns par
c.

la

XIV,

10. sect. 24).

Tertulien, faisant mention des rites et usages juifs, comme fcles sabbats , jenes pains sans levain, parle des orationcs litto,

855

DEMONSTRATION VANGLIQLE. PALE Y.


les

856

raies, c'est--dire des prires sur liv. I, c. 13). la rivire (Tertull., ad Nat., XV. (Page 255.) J'ai suivi la secte des pha-

bords de

d'un village appel Gina, sur les bords de Samarie et de la grande plaine, qui les assaillirent et en turent plusieurs (Jos., Ant., liv.

risiens, qui est la plus exacte de noire religion

(ilct.,XXVI.5).
Les pharisiens taient rputs les plus religieux d'entre les Juifs, et les plus exacts, comme les plus habiles expliquer les lois (Jos., Guerre des Juifs, lib.l, c. 5, sect. 2).

XX, c. 5, sect. 1). XX. (Page 278. )Nos pres, dit la Samaritaine, ont ador sur celte montagne-l, et- vous dites que Jrusalem est le lieu o il faut adorer (Jean, IV, 20).
se runir lui sur le qui est leurs yeux (des Samaritains) la plus sainte de toutes les montagnes (Jos., Ant., liv. XVIII, c. 5, sect. 1). XXI. (Page312.)yi/ors les principaux sacrificateurs et les scribes, et les anciens du peuple s'assemblrent dans la salle du souverain sacrificateur nomm Caphe (Matth., XXVI, 3).
,

une correspondance nonseulement dans le sens mais encore dans


1

Leur ordonnant de

11

se trouve
;

ici

mont Grizim

l'expression

le

mme adjectif grec

dans l'original de ces deux citations

se trouve xpfa:

XVI. (Page 255.) Les pharisiens et mme tous les Juifs ne mangent point sans se laver les mains jusqu'au coude, retenant eneelala tradition des anciens. Il y a plusieurs autres obsersont chargs (Marc.Yll, 3, k). vances dont Les pharisiens ont fait connatre au peuple plusieurs institutions reues par tradition de leurs pres, mais qui ne sont point crites dans la loi de Moise {Jos., Ant., liv. XIII
ils se
,

c.

10,

sect. Gj.
les

XVII. (Page 259.) Car

saducens disent

esprit ; qu'il n'y a ni rsurrection, ni ange, ni pharisiens reconnaissent l'un el l'aumais les
tre

(Ac*.,XXHI,8).
,

aine de tous Ils (les pharisiens) croient que l mais que celle des gens de est immortelle

bien, seule, passe en

d'autres corps; tandis l'me des mchants est condamne des que chtiments ternels (Jos., Guerre des Juifs (Ant., liv. liv. II, c. 8, sect. 14). Ailleurs XVIII c. 1 sect. h) Les saducens croient
,

que l'me prit avec le corps. XVII. (Page 268.) Alors le souverain sacriparti, lesquels ficateur et tous ceux de son taient de la secte des saducens, furent remnous inplis d'envie (Act., V, 17). Saint Luc sinue ici que !e grand prtre tait saduceen, trouver un et l'on ne se serait pas attendu homme de cette secte dans une place si distingue cependant quelque extraordinaire que soit cette circonstance elle n'est pas
; ,

Nous prouvons par le tmoignage que nous allons citer que ce Caphe tait grand prtre, et qu'il remplit cet office pendant toute la prsidence de Ponce Pilate. Ayant cl nomm grand prtre par Valrius Grail fut dtus, prdcesseur de Ponce Pilate pos par Vitellius prsident de la Syrie, aprs que Pilate eut t renvoy de la province de Jude. Voici comment Josphe nous raconte l'lvation de Caphe celte dignit Gratus confra la grande prtrise Simon celui-ci, avant qu'une anne fils de Camithus se ft coule dans l'exercice de sa place, eut pour successeur Joseph, qui tait aussi appel Caphe (Ant., liv. XVIII c. 11, sect. 2). Aprs ceci Gratus qui avait sjourn onze ans en Jude, se rendit Rome, et Ponce Pilate lui succda. Josphenousinslruitaussi du dplacement de Caphe, qu'il lie une
, , , :
,

circonstance qui en
fin

fixe l'poque aprs la

du gouvernementdePilate. Vitellius, nous dit-il, ordonna Pilate de se rendre Rome


;

aprs quoi il se rendit lui-mme Jrusalem , o il donna des directions sur plusieurs objets. Il destitua

seph,
trise

nomm
(

ensuite le grand prtre JoCaphe. el lui ta la grande prAnt., liv. XVIII, c. 5, sect. 3).

sans exemple. Jean Ilyrcanus

grand prtre des Juifs , pharisiens la suite de quelque mcontentement et se runit au parti des sasect. c. 10 ducens (Jos., Ant., liv. XIII grand prtre mourut cent sept 6, 7). Ce
,

XXII. Et ceux qui taient prsents lui dirent : Osez- vous dire des injures au souverain sacrificateur de Dieu ? Et Paul dit : Mes frres, je ne savais

abandonna

les

ficateur (Michaclis

XXIII,

k).

souverain sacri11, sect. 11) (Act., Les recherches faites sur l'histoire
qu'il ft
c.
,

pas

ans avant

8. sect. 1).

chrtienne (Ant,, liv. XX, c. Cet Ananus le jeune, qui, comme nous venons de le dire, avait t revtu de fier et hautain la grande prtrise, se montra dans sa conduite, le plus hardi et le plus entreprenant des hommes; il appartenait de
l're

plus la secte des saducens. Ce grand prtre vcut environ vingt ans aprs le fait, dont il des est question dans le passage du livre Actes que nous venons de citer. XIX. (Page 282.) Lorsque le temps approse chait auquel il devait tre enlev du monde, il mit en chemin, rsolu d'aller Jsusalem (Lue,

LX,51).

Les Galilens qui se rendaient dans la ville^ sainte l'poque des ftes, avaient accoutum de traverser le pays de Samarie. Ils rencontrrent dans leur marche quelques habitants

cette poque, prouvent qu'Ananias dont il est parl, n'tait point dans le fait grand prlre quoiqu'il en fil l'office et siget au tribunal comme tel. Il avait t revtu de cette dignit auparavant, mais avait t dpos ; son successeur avait t assassin et l'on n'avait pas encore nomm cette place. Dans cet tat de choses, Ananias prit sur lui de remplir cette charge (Jos., Ant.. liv. XX, c. 5, sect. 2; c. 6, sect. 2; c. 9, sect. 2) pendant que le sige tait vacant. Cette circonstance particulire se trouve dans l'intervalle de la mort de Jonathan, que Flix fit assassiner, et la nomination d'ismal, que Agrippa investit de la grande prtrise. C'est dans ce mme intervalle que saint Paul fut saisi et conduit devant le conseil des Juifs. XXIII. (Page 323.) Cependant hs princi, ,

paux

sacrificateurs,

les

anciens

et

tout

8>7

TABLEAU DES PREUVES DU CHRISTIANISME.


lieu de la

853

conse,, cherchaient quelque faux tmoignage contre Jsus (Matth., XXVI, 59). Alors on et vu les principaux sacrificateurs eux-mmes, ayant des cendres sur leur tte, et la poitrine nue(Jos.,Ant., liv. XVIII,
c.

15, sect. 3, 4).

L'accord que ce passage nous offre avec le texte de saint Matthieu, consiste parler des principaux sacrificateurs, ou grands sacrificateurs car le nom est le mme dans l'original, au pluriel, tandis que dans le fait
,

cour et de l'assemble avec un crit qui donnait connatre la cause de su mort ; aprs quoi ils le crucifirent (Liv. IV). O taient crits ces mots en hbreu, en gre et en latin (Ibid.). Josphe nous apprend que c'tait aussi la coutume Jrusalem d'afficher les avertissements en diffrentes langues. En parlant d'un message que Tite fit
faire

aux
:

Juifs

au moment o

la ville

tait

n'y avait qu'un principal sacrificateur; ce qui nous prouve que les vanglistes taient habitus la manire de parler usite alors, et qu'ils l'employaient lors mme qu'elle
il

ni exacte. Je ne cite pour n'tait ni juste abrger, qu'un seul exemple o Josphe s'exprime ainsi au pluriel; mais c'tait sa ma,
,

prte tomber en son pouvoir, il lui fait dire N'avez-vous pas lev des piliers avec des inscriptions en grec et dans notre langue? Que personne ne passe au del de ces bornes. XXV. (Page 352.) Et, aprs avoir fait fouetter Jsus, il le leur livra pour tre crucifi (Matt., XXVII, 26).

Nous
Josphe
fis
24-"

lisons
:

les

passages
citadelle

nire ordinaire. Jos. (Page 871 .)La quinzime anne de i'empire de Tibre-Csar. Anne et Ca'phe tant souverains sacrificateurs la parole de Dieu fut adresse Jean (Luc, III, 1). Nous lisons dans Josphe un passage parallle et qui
,

Ayant t battus,
de
la

ils

suivanls dans furent cruci(

vii--vis

Page 1247

dit.Huds.).

carte l'objection qu'on pourrait faire l'vangliste d'avoir donne le titre de grand prtre deux personnes en mme temps. Quadratus envoya deux des personnages les plus accrdits parmi les Juifs comme aussi
,

Ayant commenc par le foueller avec des fouets, il le crucifia (Page 1080, 45 e dit.). Il fut brl vif aprs avoir t battu (Page 1327, 43= dit.).

Nous pouvons joindre ici un passage de Tile-Live, 1. XI, c. 5. Productique omnes, virgisque caesi, ne securi percuasi.

Un exemple moderne
sujet. C'est

claircit

encore ce

grands prtres Jonathan et Ananias (la Guerre des Juifs, liv. XI, c. 12, sect. 6). On peut conjecturer que Anne tait un personnage minent, et dont l'autorit tait gale ou rapproche de celle du grand prtre, proprement ainsi nomm puisque saint Jean racontant dans son Evangile l'histoire du crucifiement, nous dit que les soldats le con(Jean, duisirent d'abord auprs d'Anne XVIII 13). Et ceci peut tre remarqu comme un exemple d'accord non prmdit
les
; ,

un usage inconnu en Angleterre que de faire prcder une excution mort par des chtiments corporels mais cet usage existe ailleurs, du moins dans quelques oc;

entre les deux vanglistes. (Page 870.) Anne est ici appel grand prtre, quoique Caphe remplt alors les fonctions de la grande prtrise. Josphe parle de

mme
sect. 3).

(la

On

chef de la

Guerre des Juifs, liv. II c. 20, choisit alors pour gouverneurs en le ville, Joseph fils de Gorion, et
,
,

grand prtre Ananus (Act., IV, 6). Cependant cet Ananus, quoique dsign sous le litre de grand prtre, n'en remplissait pas alors les fonctions. La vrit est que l'Evangile donne un sons assez indtermin ce titre quelquefois il l'assigne exclusivement la personne qui en remplissait alors les quelquefois une ou deux de fonctions plu-s, parce que probablement elles se les
;

les prtres qui

partageaient; quelquefois aussi tels d'entre se trouvaient tre distingus par leur caractre ou leur place (Marc, XIV, 53). Et nous voyons que Josphe parle sur ce sujet d'une manire aussi indtermine. XXIV. (Page 347.) Or Pilule fit un criteau qu'il mit sur la croix (Jean, XlX, 19,20). Sutone et Dion Cassius nous apprennent que c'tait un usage des Romains dans de casemblables occasions. Patrem fami lias nibus objccit cum hoc tilulo, impie locutus parmularius (Sul. Domit.,c. 10). Et Dion Cassius nous dit Ils le conduisirent au mi-

casions, comme le prouve l'exemple assez rcent de l'excution d'un rgicide en Sude. Supposons qu'un crivain se donnant pour Anglais, et racontant l'excution d'un Anglais, et insr cette circonstance dans sa narration, il en rsulterait non-seulement un doute sur la vracit du fait, mais encore cette circonstance invaliderait la prtention de l'auteur, au caractre et au nom d'Anglais qu'il aurait pris. Tandis que dans la narration d'un Sudois, cette mme circonstance donnerait du poids son rcit, et ferait croire l'authenticit du livre dans lequel elle serait consigne: cela prouverait du moins que l'auteur, quel qu'il ft, avait les connaissances et l'instruction ncessaires pour remplir sa tche. XXVI. (Pag. 353.) Ils prirent donc Jsus et remmenrent, et Jsus portant sa croix vint ( Jean, XlX, 16 ). Chaque espce de vice porte avec soi lo le chtiment qui lui est propre, ainsi qu'un malfaiteur conduit au supplice porte sa propre croix (Plutarq., De iis qui sero pu tnunlur, p. 554, Paris, 1624). XXVII. Les soldats donc vinrent clrom pirent les jambes l'un de ceux qui tait crucifi avec lui, cl ensuite l'autre (Jean, XlX, 32). Constantin abolit le supplice de la croix Un crivain paen, faisant l'loge de cp.I dit, rappelle la circonstance de casser les jambes Eo pius, ut etiam velus veterrimumque sup plicium palibulum, et cruribus suuringen dis, primus removerit ( Aur. Vict. Ces., cai.
,

42).

859
r'
</

DEMONSTRATION EVANGELIQIE. PALEY.


457.)

8M
Il vint aussi

XXVIII. (Pag.

Et

comme

Pierre et
,

XXXII. (PagekQO.)

lui des
12).
Il

Jean moulaient ensemble au temple l'heure de la prire, qui se faisait neuvime heure du jour Act. III 1).
(
,
,

la

pagers pour tre baptiss (Luc,

III,

parat d'aprs celte citation, ainsi que d'aprs l'histoire de, Lcvi et de Matthieu (Luc, V

Les prtres faisaient deux fois le jour leurs fonctions l'autel, le matin et la ((neuvime heure (Jos., Ant., lib. XXV, c. 7,
sect.

).
>c

Quant Mose, de462.) puis plusieurs sicles, il y a dans chaque ville des gens qui le prchent dans les sy nagogues, o on le lit tous les jours de sab

XXIX. (Page

bal (Ad., XV, 21). 11 ( Mose ) nous a donn

la Loi
11

la plus

pas lecture une fois, deux fois, ou souvent; mais il a voulu niellant de ct tout autre travail, que
excellente des institutions. born nous en prescrire
,

ne

s'est

la

Zachc (Luc, XIX, 2), que les pagers, ou receveurs d'impts, taient toujours, ou souvent, Juifs; et comme le pays tait gouvern par les Romains, et les impls pays aux Romains, celte circonstance semble exlraordinaire. Toutefois un passage de Josphe confirme ce fait. Mais Florus n'employant point son autorit pour rprimer ces abus, les principaux d'entre les Juifs, parmi lesquels se trouvait Jean le pager, ne sachant quel parti prendre, s'en furent auprs de Florus, et lui donnrent huit talents d'argent pour discontinuer la construction de l'difice (Guerre des Juifs, liv. II,
c.

29) et celle de

14, sert. 45).

te

nous nous rencontrassions ensemble chaque semaine pour l'entendre lire, et pour en acqurir la parfaite intelligence (Jos. contre

XXXIII. (Page
li

496.)

Et quand

ils

l'eurent

App.,

liv. II
(

).

avec des courroies, Paul dit au cenlenier qui tait prs de lui : Vous est-il permis de baltre.de verges un homme romain, sans qu'il
ait t jug (Act.,

hommes

Nous avons ici quatre un vu, prends-les avec toi, purifie-loi avec eux et engage-les se raser la tte (Art., XXI, 23).
Pag;> 465.)

XXX.

qui ont

fait

XXII, 25)? civem romanum scelus verberari (Cic. in Verr.). Cdebatur virgis, in medio foro Messan, civis romanus,
Faseinus
est vinciri
:

Il est d'usage que ceux qui ont t affiigs par quelque maladie, ou se sont trpufassent, trente vs dans un tat critique jours avant d'offrir les sacrifices, le vu de s'abstenir de vin, et de raser les cheveux de leur tte (Jos., Guerre des Juifs, liv. XI, c.

judices,

cum

vox

alia, islius miseri, inter

interea, nullus gemitus, nulla dolorem, crepi-

15).

Prenez-les avec vous, et purifiez-vous avec eux, et contribuez la dpense avec eux, afin qu'ils se rasent la tte (Ibid., V, 24). Et lui (Hrode Agrippai s tant rendu Jrusalem, offrit des sacrifices d'actions de grces, et n'omit rien de ce qui tait prescrit par la loi. Il prit soin aussi ce qu'un grand nombre de Nazarens fussent rass (Jos.,

tumque plagarum, audiebatur, nisi hc, Civis romanus sum. XXXIV. (Page 513.) Et le tribun vint Paul et lui dit Dites-moi, les-vous Romain ? Et il rpondit : Oui, je le suis (Act., XXII, 27). Remarquez qu'un Juif se trouvait lre
:

citoyen romain. Le consul Lucius Lentulus annona qu'il aidait renvoy de son service les citoyens romains juifs, qui observaient Ephse les rites de la religion juive (Jos., Ant., liv. XIV,
c.

10, sert. 13).

Ant.,liv.Xi\,c.Q). Nous voyons ici que c'tait un acte de pit parmi les Juifs, de dfrayer ceux qui avaient fait le vu de nazarat, des dpenses que son accomplissement pouvait occasionner. Le sens de la phrase est afin qu'ils
:

le tribun lui dit : J'ai acquis cette bourgeoisie grand prix d'argent (Ib.,vers. 28). Ce privilge, qui s'achetait autrefois si chrement, fut si bas prix par lu suite, que Von avait coutume de dire qu'un homme pouvait tre fait citoyen romain pour qucl-jues

Et

morceaux
liv.

de

verre

cass

(Dion Cassius,

puissent tre rass. Ainsi, l'usage aussi bien que l'expression, mritent d'tre remarqus l'un et l'autre sont en parfaite conformit
;

avec l'Ecriture. XXXI. (Page 474.) J'ai reu des Juifs, en quarante coups cinq occasions diffrentes moins un (II Cor., XI, 24). Que si quelqu'un vient contrevenir ceci, il recevra quarante couns moins un de l'ex,

(Page5Zl.)(Et lorsque nous fmes arrivs ci Rome, le cenlenier livra les prisonniers au prfet du prtoire; mais quant Paul, il lui fut permis de demeurer en son particulier, avec un soldat qui le gardait
(Art.,

LX XXXV.
).

verset 20

XXVIII, 16). Runissez ce passage au : Car c'est pour l'esprance d'Isral

que

cuteur public (Jos., Ant., IV, c. 8, sert. 21). Celte concidence est d'aulanl plus singu-

quarante coups-. // donc battre de quarante coups, et non au del (Deut., XXV, 3), Ceci prouve que 'l'auteur de l'Eptre aux Corinthiens n'a pas crit d'aprs des livres, mais d'aprs des faits; son rcit s'accorde avec la coutume tablie, lors mme que, cette, coutume s'carterait de
lire q'ie la loi autorisait
le fera

charg de cette chane. cadeni catena, et custodiam, et militem copulat, sic ista, quae tam dissimilia sunt, pariter incedunt (Snque.
je suis

Quemadmodum

Ep. V).
Proconsul a?stimare solet ulrum in carcesit persona an militi irademla (Clpinn, liv. I, sert, de Custod. et

rem recipienda
exhib. reor.).

la loi crite, et de ce qu'il aurait appris s'il n'et consult que le Code juif, tel qu'il est

'dans l'Ancien

Testament.

Lorsque Agrippa fut renferm par l'ordre de Tibre, Antonia fit en sorte que le centurion qui commandait la garde, et que le soldat avec lequel Agrippa se trouvait li

861

TABLEAU DES PREUVES OU CHRISTIANISME.

862

fussent des

hommes

d'un caractre doux.

Lorsque Calcula parvint l'empire, Agrippa obtint, ainsi que Paul l'avait obtenu, la permission de demeurer dans sa propre maison, mais comme prisonnier (Jos., Ant.,
liv.

XVIII,

c. 7, sect. 5).

(Page 531.) Or aprh qu'il eut t Italie, ils rersolu que nous naviguerions mirent Paul avec quelques autres prisonniers un nomme Jules [Act., XXVII, 1).

XXXVI.

Puisque nous voyons que non-seulement


Paul, mais encore un certain nombre d'autres prisonniers taient transports par le mme vaisseau en Italie, ce texte donnerait entendre que l'on tait en usage d'envoyer des personnes de la Jude Rome pour y tre juges. Et en effet, Josphe nous en donne un grand nombre d'exemples, entre lesquels le suivant se rapproche de celui de notre texte, et par l'poque et par le sujet. Flix, pour quelque lgre offense, mit aux fers et envoya Rome plusieurs prtres de sa connaissance, gens bons et honntes, qui devaient se justifier devant Csar (Jos., in Vit.,
sect. 3).

date de l'vnement , c'est sous la prsidence de Flix, et une poque qui ne pouvait tre loigne de celle o saint Luc avait crit les paroles que nous avons cites. Voil plusieurs traits qui correspondent; mais il s'en trouve un, seul la vrit, qui n'offre pas le mme accord, c'est le nombre des insurgs ; saint Luc le fixe quatre mille, et Josphe trente mille. Mais outre que les noms de nombres sont plus exposs que les autres mots aux erreurs des copistes, nous mettons d'autant moins d'importance dans ce moment concilier Josphe avec l'vanglistc que Josphe ne se trouve pas en accord avec luimme; car quoique, dans le passage ci-dessus, il fixe le nombre trente mille, qu'il
,

nous dise qu'un grand nombre, ou que

le

XXXVII. {Page 539.) En ce temps-l quelques prophtes vinrent de Jrusalem Anlioche; et l'un d'eux, nomm Agabus, anim par
par tout
et annona une grande famine pays ce qui arriva en effet sous Claude-Csar {Act., XI, 27). De leur temps (c'est--dire vers la cinq ou sixime anne de Claude), une grande famine survint en Jude {Jos., Ant., liv. XX, c. k,

plus grand nombre (car le texte offre ees deux sens) furent dtruits ; ce mme crivain nous parle dans ses Antiquits de quatre cents tus dans cette mme affaire, et de deux cents faits prisonniers: ce qui certainement n'et pas t la plus grande partie, ni une grande partie , ni un grand nombre compar trente mille. 11 est donc vraisemblable que Lysias et Josphe parlrent de celte expdition diffrentes poques Lysias voulut indiquer ceux des habitants de Jrusalem qui avaient suivi l'Egyptien, et Josphe tous ceux qui de diffrentes parties du pays se rassemblrent autour de lui. XLI. (Lardner's Tmoignage des Juifs et des paens, vol. 111, page 21.) Paul tant donc
:

l'Esprit, se leva
le

sect. 2).

avait

XXXVIII. (Page 555. Parce que Claude command que tous les Juifs sortissent de Rome (Act., XVIII, 2).
)

leur dit: Hommes athniens ! je vous vois comme trop dvots en toutes choses; car ayant regard en passant les objets de votre culte, j'ai trouv mme un

au milieu de l'aropage

Judos, impulsore Chresto, assidue tumultuantes,


le

Roma

expulit (Sut. Claud.,


lui

c.

25).
et
il

XXXIX.

(Page 66k.) Aprs

parut Judas

Galilen au jour

du dnombrement,

attira un grand peuple (Act., V, 37). //(c'est--dire celui qui dans une autre place est nomm par Josphe, Judas l Galilen ou

Judas de Galile) en persuada plusieurs de ne point se faire enregistrer lorsque le censeur Cyrnius fut envoy en Galile (Josphe, Guerre
des Juifs
,

au dieu inconnu donc que vous honorez sans le connatre, c'est celui que je vous annonce (Act., XVII, 22). Diogne Larce, qui crivait l'an 210, rapporte le fait suivant dans l'histoire qu'il nous a donn d'Epimnide, qu'on croit avoir vcu six cents ans avant Jsus-Christ; il dit que, tant invit Athnes pour dlivrer la ville de la peste il y russit de la manire suivante Ayant pris plusieurs brebis, partie
autel avec cette inscription
celui
: ; ,
:

liv.

VII).

seriez-vous point cet Egyptien qui, ces jours passs, excita une sdition, et qui mena au dsert avec lui quatre mille brigands (Act., XXI, 38) ? Mais le faux prophte gyptien attira sur

XL. (Page 942.) Ne

cet imles Juifs une calamit plus fcheuse posteur tant entr dans le pays se donna pour prophte, et parvint rassembler trente mille hommes qu'il avait sduits. Les ayant
;
,

conduits du dsert la montagne des Oliviers, se prpara attaquer la ville de Jrusalem ; mais Flix tant survenu avec les soldats romains , prvint cette attaque. Les plus grand nombre des sectateurs du faux prophte perdit la libert ou la vie (Jos., Guerre des Juifs,
il

blanches et partie noires, V les conduisit sur puis les laissa aller o elles voul'aropage lurent, ordonnant ceux qui les suivaient que l, o elles se coucheraient, elles fussent sacrifies en l'honneur du Dieu qui la place se trouverait tre consacre ; c'est ainsi qu'il fit cesser la peste. C'est d'aprs cela, dit l'historien, que l'on trouve jusqu'aujourd'hui duns les faubourgs d'Athnes des autels anonymes qui taient des mmoriaux de l'expiation faite alors (In Epimenid. , lib. 1, sect. 110). Ces autels furent sans doute nomms anonymes, parce qu'ils ne portaient le nom d'aucune
,

divinit.

liv. II, c. 13, sect. 5).

dans ces deux passages la dsignation de l'imposteur, un Egyptien sans son nom propre, te dsert, son vasion, quoimio ses adhrents eussent t extermins, la

On

voit

Pausanias, qui crivit avant la Gn du second sicle, parlant dans la description d'Athnes d'un autel consacr Jupiter Olympien, ajoute Et prs de l se trouve un autel de dieux inconnus Pau*. lib. V pag. M2).
:

Il

parle ailleurs d'autels de dieux appels inlib. I,

connus (Ibid.,

Philoslrale, crivant

page k). au commencement du

S?5

DEMONSTRATION EVANGELIQUE. PALEY.

864

troisime sicle, rappelle une observation d'Apollonius de Tyane , qui disait qu'il tait sage de parler avec respect de Ions les dieux, surtout Athnes o l'on levait des autels aux dmons inconnus (Philos. Apoll. Tian., lib. VI, c. 3). L'auteur du Dialogue Philopatris, que plusieurs attribuent Lucien, qui crivait vers l'an 170, et d'autres un paen anonyme du quatrime sicle, fait jurer Critias par les dieux inconnus d'Athnes, et sur la fin du Dialogue il s'exprime ainsi Mais tchons de dcouvrir le Dieu inconnu Albnes, et pour lors levant nos mains au ciel, offions-luinos louanges et nos actions de grces (Lucien in Philop., tom. Il Grv., pag. 767 et 780] Cette concidence est bien importante et mrite toute notre altention. Il parait hors de
: ;

doute qu'au temps o l'on nous dit que saint Paul se trouva Athnes, il y existait des autels avec cette inscription. Il parat de plus qu'une telle inscription tait particulire Athnes. Uien ne nous porte croire qu'il ait exist ailleurs d'aulels au Dieu inconnu. Supposons donc que l'histoire de saint Paul
soit une fable, un crivain tel que l'auteur des Actes des aptres et-il saisi une circonstance aussi extraordinaire, et l'et-il approprie son sujet l'aide d'une allusion si bien adapte au caractre et la mission de

rapprochements ? Je vais prsenter les principales, avec les solutions qui ont t donlit'i't: iiniit' I.^A. niA nes pour loc claircir, mniLi avec la brivet les iw'l.iii'i'ii' mais mm/* qui s'accorde mieux avec les bornes que j'ai assignes cet ouvrage qu' ce que demanderaientdes arguments de controverse. .Quant aux preuves historiques de mes assertions, et quant aux remarques critiques tires de la langue grecque, sur lesquelles quelquesunes s'appuient, je renvoie mon lecteur au second volume de la premire partie du grand ouvrage du docteur Lardner. I. Le dnombrement l'poque duquel le Sauveur naquit fut premirement fait, ainsi que nous le lisons dans notre traduction de saint Luc, pendant gue Cyrnius tait gouverneur de la Syrie (Luc, II, 2). Mais il est reconnu que Cyrnius ne fut gouverneur de la Syrie que douze ans, ou plutt dix ans aprs la naissance de Christ, et qu'une leve de taxes ou un dnombrement, ou une cotisation eut lieu en Jude lorsqu'il commena remplir les fonctions de gouverneur. On accuse donc l'vanglistc d'avoir commis une erreur de dix douze ans, en plaant mal la date du dnombrement auquel ce fait se rap1
-i

porte.

Nous trouvons une rponse

cette accu-

saint Paul?

Les exemples que nous venons de rassemnous convaincre que les auteurs de l'histoire chrtienne avaient quelque connaissance de leur sujet, et les
bler peuvent suffire

sation dans le mot premire : Et cette premire description fut faite. En supposant une erreur commise par saint Luc, ce mot n'aurait aucun sens; il et t dplac dans sa narration, parce qu'en rapportant ce mot premier ce que l'on voudra, taxe, cens,

considrations suivantes ajouteront un nouveau poids la preuve qui vient d'tre tablie.
I. Cet accord ne se montre pas seulement dans des parties de l'histoire connues du public, mais quelquefois il se montre dans de petites circonstances, dans des circonstances caches et trs-particulires et c'est alors qu'un crivain qui invente est aisment dmasqu. IL La destruction de Jrusalem, qui eut lieu quarante ans aprs le. premier tablissement du christianisme, produisit un tel changement dans l'tat du pays et dans la condition des Juifs, qu'un crivain qui aurait ignor les circonstances de la nation avant cet vnement, aurait eu peine se prserver d'erreurs en voulant entrer dans les dtails des vnements lis avec ces circonstances il n'et retrouv aucun exemplaire vivant qui pt lui servir de modle. III. Nous remarquons chez les crivains du Nouveau Testament une connaissance des affaires du temps que l'on chercherait en vain dans les auteurs des sicles qui ont suivi. Plusieurs crivains chrtiens du second et du troisime sicle nous donnent de fausses notions sur l'tat o se trouvait la Jude
; ;

dnombrement, enregistrement, cotisation, ce mot suppose que lcrivain avait en pense plus d'une opration de ce genre. L'accusation tombe donc. Car on ne saurait dire qu'il n'a eu connaissance que de la taxe qui fut leve lorsque Cyrnius entra dans son gouvernement. Et si, comme ce mot premier le prouve, l'vangliste a eu connaissance de

quelque autre taxe ou dnombrement, il ne serait pas juste que, pour le trouver en faute, on tablt comme un fait, qu'il a voulu dsigner ce dnombrement-/ir), et non un autre. On peut rendre ce passage de saint Luc de Celle-ci fut la premire coticelte manire sation, ou le premier enregistrement de Cyrnius, gouverneur de Syrie (1). Ces mots gou-> verneur de Syrie peuvent tre placs aprs le nom de Cyrnius, comme une addition ou un titre. Ce litre lui tant bien d l'poque o
:

la

ment

narration fut crite, put assez naturelle-* cire joint son nom, quoiqu'il ne ft nomm gouverneur qu'aprs le fait dont il est question. Un crivain moderne qui ne serait pas trs-exact pourrait aisment en parlant des affaires de l'Inde, dire que telle
,

(I ) Si au lieu de traduire premier, on traduisait avant, ce qui au jugement de plusieurs est compatible avec l'idiome grec la difficult s'vanouirait ;
,

de Christ (Larcin., part. I, v. 2, p. 960! et la destruction de Jrusalem. Ils n'auraient donc pas eu les connaissances ncessaires pour composer nos histoires. El serions -nous surpris de rencontrer quelques difficults au milieu de tant de
entre
la nativit

car pour lors

sens de ce passage serait : c Ce d nombrement lut fait avant que Cyrnius ft goude la Syrie ; > ce qui s'accorderait avec verneur la chronologie. Mais je prfre montrer que quel que soit le sens dans lequel on prenne ce mol premier, on ne saurait en attacher aucun qui ne combatte
le

l'objection.

86S

TABLEAU DES PREUVES DU CHRISTIANISME.

866

chose fut faite par le gouverneur Hastings, quoiqu'elle et eu lieu avant qu'il ft par-

venu cette dignit. Et nous croyons que une inexactitude de ce genre qui a donn lieu cette difficult dans saint Luc. Quoi qu'il en soit, d'aprs la forme de l'expression de saint Luc, on voit qu'il avait deux leves de taxes ou deux enregistrements dans la pense. Et si l'on envoya Cyrnius en Jude avant qu'il et t nomm gouverneur de la Syrie (supposition qui n'est contredite par aucune preuve, tandis qu'on a plutt une preuve externe qu'un enregistrement eut lieu celle poque, dirig par Cyrnius ou quelque autre personne (1), alors le dnombrement qui, d'un aveu gnral, eut lieu au commencement de sa prfecture, se trouverait tre un second dnombrement, qui aurait port saint Luc dsigner celui dont il parle par l'pilhte de premier. II. Le commencement du chapitre III de
c'est

das qui se disait tre quelque chose ; il y eut environ quatre cents hommes qui s'attachrent lui; mais il fut tu, et tous ceux qui s'taient joints lui se dissiprent et furent rduits rien (Act., V, 36). Josphe nous parle d'un imposteur nomm Theudas, qui occasionna quelques dsordres et fut tu ; mais d'aprs la date qu'il nous donne, et sur laquelle Josphe peut s'tre tromp (Michaelis's Introd. to the N. T. [Marsh's transi.], vol. I, p. 61), cet vnement dut arriver sept ans aprs le discours de Gamaliel, dont ce texte fait parlie. On rpond (Lardn. Part., c. 11, p. 922) qu'il peut y avoir eu deux imposteurs du mme nom, et celle rponse acquiert plus de probabilit raison de deux exemples du mme genre. On prouve par le tmoignage de Josphe que, dans l'espace de quarante ans, il s'est trouv quatre personnes portant le nom de Simon, et trois celui de Judas dans l'espace de dix ans qui tous furent chefs
,

(Lardn., part. I, vol. II, p. 768) donne lieu une autre objection chronologique. La quinzime anne de l'empire de Tibre Csar, Jsus commenait attei idre l'ge de trente ans. Mais supposant que Jsus tait
saint

Luc

n du temps d'Hrode, ainsi que saint Matthieu et saint Luc lui-mme le rapportent, il devait, d'aprs les dates que nous trouvons dans Josphe et dans les historiens romains, avoir au moins trente-un ans la quinzime anne de Tibre s'il naquit, ainsi que l'insinue saint Matthieu, un an ou deux avant la mort d'Hrode, il aurait eu cette qoque trente-deux ou trente-trois ans. Voil la difficult; sa solution tient un changement de construction dans le grec; l'opinion gnrale des savants e>t que ces paroles de saint Luc ne signifient pas que Jsus commenait atteindre l'ge de trente ans, mais qu'il tait g d'environ trente ans quand il commena son ministre. Celte construction tant admise , l'adverbe environ nous donne toute la latitude dont nous avons besoin, et par de l, surtout se trouvant attach comme dans l'exemple prsent, un nombre dcimal; car de tels nombres, mme
: ,

historien nous apprend qu' la mort d'Hrode le Grand, dont l'poque correspond avec celle du dsordre dont parle Gamaliel, et avec la manire dont il en tablit la date avant ce temps-l, il y eut des (roubles sans nombre en Jude (Anliq., lib. XVII, c. 12, sect. k). L'archevque Usher croyait que l'un des trois Judas ci- dessus mentionns tait le Theudas (nnals, p. 797) dont parle Gamaliel changement dans le nom moins remarquable que celui dont les Evangiles nous donnent un exemple lorsque saint Luc dsigne un des douze aptres du nom de Ju;

d'insurrection. Ce

mme

sans le secours de cet adverbe, se trouvent souvent employs dans un sens moins prcis que celui sur lequel on dispute (2). III. Car il y a quelque temps que parut TheuJosphe nous offre un passage qui mrite allenAlors toute la nation juive prta serment d' ire fidle C^ar et aux intrts du roi. Ceci correspond, comme il parat par le cours de l'histoire, avec l'poque de la naissance de Christ. Ce qui est appel cens, cl que nous rendons par le mot de taxe confiait indiquer par serment sa proprit. Et il se pouvait qu'un serment de fidlit lt renouvel cette occasion, ou que Josphe et confondu cette dclaration par serment avec un serment de fidlit
(I)
lion.
<
,

das tandis que saint Marc l'appelle Thadde {Luc, VI, 16. Marc, III, 18). Origne croyait qu'il avait exist, avant la naissance de Christ, un imposteur nomm Theudas (Origne, Cont. Cels, p. k-k), mais nous ignorons sur quel fondement. IV. Voil je vais vous envoyer des prophtes des sages et des scribes; vous ferez mourir et crucifier les uns, vous ferez fouetter et vous les les autres dans vos synagogues perscuterez de ville en ville. Afin que retombe sur vous tout le sang innocent qui a t rpandu sur la terre depuis le sang du juste Abel jusqu' celui de Zacharie fils de Barachic, que vous avez tu entre le temple et l'au" tel (Matlh., XXIII, 3k, 35). mention au second livre des Il est fait Chroniques d'un Zacharie et de sa mort, d'une manire qui cadre avec l'allusion du Sauveur (1) mais ce Zacharie tait fils de Jhojahah. On connat encore le prophte Zacharie qui tait fils de Barachiah , c'est le nom qu'il
, , , ,
,

c.2, seel. G). parlant du la paix que la conduite (2) Lile-Live de Uotnulns avait procure l'Etal pendant tout le rgne de son successeur (Numa), s'exprime ainsi
{Anl.,
1.
:

XVH,

s i
t

Ab Mo
ibi

enini

profeilis
cteinde

viribus

qnadr.igiiila

aimos,

Cependant dans ce

mme

tanlum valuit, ul tutam pacem Imberet. chapitre, il dit liomulus


dalis
:

wpicm
tinitt.

cl

triginla rcgnavil (innos,

Numa

1res

el

(juadra-

(1) En ce temps-l, Zacharie, fils du sacrificateur Jhojahah fut inspir par l'Esprit de Dieu il se Voici ce que Dieu a prsenta au peuple, cl lui dit prononc Pourquoi transgresses vous les ordres de l'Eternel? Vous ne prosprerez point, et l'Elcrvous abandonnera parce que vous l'avez abannt donn. Celte censure produisit une conspiration contre Zacharie, et ou le lapida par l'ordre du roi, dans le parvis de la maison de l'Eternel (\f Citron** XXIV, 20,21).
, ; :

867

DMONSTRATION EVANGELIQUE. PALEY.


prouve
la

m
les les

porte en tte de sa prophtie. Mais nous n'avons aucune connaissance de sa mort. Je suis presque convaincu que le Zacha-

mentionn par le Sauveur est le premier de ces deux, et que le nom de son pre a t ajout ou chang par quelque copiste qui l'a emprunt du titre de la prophtie ce tirie
,

manire avec laquelle ils sont cachs, leur pou d'importance, leur obliquit, la convenance des circonstances dans lesquels ils consistent avec les lieux o ces cirdcouvre, tout dmontre que ces ouvrages ne sont point le fruit de la mditation ou d'un mensonge prpar avec adresse. Nous ne pouvons attribuer de telles causes ces concidences elles sont trop nombreuses, trop prcises pour qu'elles aient pu se rencontrer accidentellement dans une fiction, et on ne peut s'empcher d'y reconnatre un caractre de vrit. Cet argument qui ne prsuppose rien, sinon l'existence de ces livres, ma paru tre d'une si grande force, que je l'ai dvelopp dans un examen suivi des treize Eptres de saint Paul, dont j'ai donn le rsultat sous le litre d'flor Paulin. Mais comme tout raisonnement qui repose sur le rsultat de plu,

constances se prsentent, et dlournes l'aide dcsquelleson

allusions

tre lui

tant plus

connu que

l'histoire des

Chroniques.
fils de Baruch avoir t tu dans le temple, peu de temps avant la destruction de Jrusalem. On a voulu insinuer que les paroles mises dans la bouche du Sauveur se rapportaient cet vnement, et avaient t composes par quelque crivain qui confondit celle poque avec celle de l'ge du Sauveur, ou qui par ngligence laissa glisser cet anachronisme.

Il

y a aussi

un Zacharie,
dit

queJosphe nous

Supposons le cas supposons que ces paroles furent suggres par le fait que Josphe nous a racont, et qu'elles ont mal propos t attribues Christ, remarquez
,

quelles concidences extraordinaires l'erreur d'un contrefacteur l'expose mme ac,

cidentellement,
sent.

comme

sieurs particularits dtailles, parat faible lorsqu'on en supprime les exemples, j'avais tent d'insrer ici mon travail en abrg, ainsi quej'ai insr dans le chapitre
.

le

prouve

le

cas pr-

1 Il se trouve au livre des Chroniques un Zacharie dont la mort et le genre de mon correspond avec l'allusion.
,

le nom du pre de ce persontrouve mal propos insr dans l'Evangile nous pouvons cependant donner une raison de cette erreur, en faisant voir dans les livres sacrs des Juifs un autre Zacharie plus connu que le premier, dont le nom du pre se trouve tre le mme que celui indiqu dans le texte.

Quoique
se
,

nage

Quiconque voudra

rflchir ceci

con-

viendra que ce sont l des circonslances qui n'auraient pu se rencontrer dans une erreur, si cette erreur n'avait pas t occasionne par les circonstances mmos.
Je crois avoir parl de toutes les difficulde ce genre. Il y en a peu on rpond aux unes par des solutions solides aux autres par des solutions probables. Le lecteur voudra bien comparer ces difficults avec le
ts
:

prcdent l'ouvrage du doceurLardner; mais n'ayant pu concilier la clart avec un retranchement quelconque, je me vois forc de renvoyer mon lecteur l'ouvrage dont je viens de parler, le priant d'tre attentif mes observations sur les trois premires Eplres. J'ose croire qu'il se convaincra que ces Eptres fournissent la preuve d'un -accord qui n'a point t prmdit, et que cette preuve est suffisante lgitimer notre conclusion en faveur de l'authenticit de ces crits, et de la vrit de leur contenu. Nous nous bornons montrer ici comment cet argument s'applique la question gnrale de l'histoire chrtienne. 1 Saint Paul affirme dans ces Lettres de la manire la moins quivoque, avoir opr des miracles il affirme, et ceci mrite notre attention que les miracles taient lesmay-ques de l' apostolat (Rom., XV, 18, 19 I16'or.,XII, 12). Si celle dclaration est bien de saint Paul, elle est d'un prix inestimable, et comment en doulerais-jc, en ayant la preuve sous lesyeux ?
;
: ;

nombre,

la varit et la

cou

ion

alisfai-

sante des exemples de conformii que nous avons rassembls il voudra bien se rappeler les bornes de notre intelligence et les difficults qui sont la consquence de l'imperfection de nos lumires.
:

2" Celle dclaration montre que cette continuit d'actions, qui nous est prsente dans les Eplres de saint Paul, a t relle et c'est ;

CHAPITRE

VII.

Concidences non prmdites.


aperoit plusieurs traits de corresponles Eptres qui porlent le nom de saint Paul, cl l'histoire de cet aplre contenue dans le livre des Actes. Il suffit de lire

On

dance entre

cesouvrages, pourseconvaincreque l'histoire


n'a point t faite d'aprs les Eptres, ni les Eplres d'aprs l'histoire. Les rapports qu'on y aperoit, et qui n'ont pu tre prvus, ce que

fondement de la proposition contenue la premire partie de notre ouvrage, savoir, que les premiers tmoins de l'histoire chrtienne ont pass leur vie dans les travaux, les dangers et les souffrances, par le seul effet de leur croyance la vrit de cette histoire, et pour en communiquer la connaissance aux autres. 3 Celte dclaration prouve que saint Luc, ou l'auteur, quel qu'il soit, des Actes des aptres (car quoique nous n'ayons aucune raison de douter que saint Luc soit l'auteur de ce livre, noire raisonnementest indpendant du nom de l'auteur), stait bien instruit de l'histoire de saint Paul, et qui' tait probablement ce qu'il dit avoir t, ij compag-uoa
l le

dans

869

TABLEAU
;

Di.S

PREUVES DU CHRISTIANISME

870

ce fait, suppos de voyage dp saint Paul vrai, ajoute considrablement la confiance que mrite son Evangile, vu que son auteur vcu, par sa s'est trouv par l'poque o il a situation, par ses relations, mme d'tre exactement instruit de ce qu'il nous raconte. Je n'aurais pas de peine fairc l'Evangile t de saint Luc l'application le ce qui a prouv pour les Actes des Aptres, en envisa-

geant ces deux ouvrages comme les deux parties d'une mme histoire; car quoiqu'il partie existe des exemples o la second d'un ouvrage ait t forge, je n'en connais

aucun o

la seconde partie tant vraie, la ne le soit pas. premire En suivant ce raisonnement, j'observeune ressemblance remarquable entre le style de l'Evangile de saint Jean et celui de sa premire Eptre, tandis qu'il n'en existe pas entre celte Eptre et celles de saint Paul, quoiqu'ils aient tous deux une manire d'-

aptres, tous les auteurs contemporains des aptres ou de la gnration qui a succd aux aptres, tous les crits vrais ou supposs, pour ou contre le christianisme, publis s'accordepuis les aptres aujourd'hui dent reprsenter la rsurrection de Christ comme une partie de son histoire, reue sans aucun doute, sans aucune contradiction, par tous ceux qui ont port le nomde chrtiens, annonce ds le commencement par les propagateurs de la religion et comme le point central de leur tmoignage. Dans le nombre des faits que nous n'avons pas t mme de voir ou d'entendre, aucun n'est plus certain que celui-ci. Je ne veux pas dire que rien ne puisse tre plus certain que la rsurrection de Christ mais qu'il n'existe rien de plus certain que la dclaration donne par les aptres et les premiers missionnaires du christianisme de cette rsurrection. On peut lever des doutes sur d'autres parties
,
, ,

crire trs-particulire, tandis qu'il n'en existe pas avec les Eplres de saint Jacques ou de saint Pierre. Mais la ressemblance de cette

Eptre est aussi frappante que possible, moins peut-tre dans la narration que dans les
rflexions, et dans la manire dent les discours sont reprsents. Des crits aussi circonstancis portent sparment la preuve de leur vrit, et se la communiquent rciproquement. Cette correspondance a d'autant plus de prix, que l'on trouve dans celte Eptre de saint Jean, une dclaration qui est bien dans sa manire, par laquelle il nous annonce assez clairement que l'crivain possdait une connaissance personnelle de l'histoire de Christ. Ce qui tait ds le commencement, ce que nous avons ou, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contempl, concernant la et que nos' mains ont touch, parole de vie ce que nous avons vu, dis-je, et ce que nous avons ou, nous vous l'annonons. Qui ne dsirerait de rencontrer chez un historien cette masse de lumires, et qui n'en sentirait pas le prix?
;

de l'histoire vangelique, et demander si les choses qu'on nous raconte de Christ sont exactement celles que les aptres et les premiers prdicateurs nous ont transmises son Et la solution de ces doutes dpend sujet. des preuves que nous avons que nos livres
n'ont

point t

altrs,

ou

plutt,

peut?-

CHAPITRE

VIII.

Histoire del rsurrection.


L'histoire de la rsurrection de Christ fait partie de la preuve du christianisme ; mais je doute qu'on sente bien en quoi consiste la force et quelle est la juste valeur de celte

partie de

l'histoire

chrtienne

envisage

comme preuve

principale. Ce n'est pas que la rsurrection offre comme miracle des preuves plus dcisives d'intervention surnace relle que n'en offrent d'autres miracles n'est point parce que ce miracle est mieux attest que les autres dans les Evangiles , mais son importance repose sur ce qu'il est de toute certitude que les aptres de Christ et les premiers prdicateurs du christianisme ont affirm ce t'aie. Et cette certitude existe;

rail,

lors mmo que les quatre Evangiles auraient cl perdus., lors mme qu'ils n'auraient jamais t crits. 11 n'est aucune parlie de l'Ecriture qui n'atteste la rsurrection. Toutes les Eptres et les Eptres de tous les
,

preuves de leur antiquit, de la confiance donl ils ont joui, et del manire dont ils ont t accueillis lorsqu'ils ont t publis. Mais quant ce qui concerne larsurreclion, toute discussion est superflue, attendu qu'il n'a jamais exist de doute ce sujet. Le seul ct qui puisse exiger un examen, c'est de savoir si les aptres ont volontairement publi une imposture ou s'ils ont t eux-mmes tromps c'est de savoir si l'une ou l'autre de ces suppositions est admissible. La premire est assez gnralement mise de ct. Comment pourrait-on la soutenir, quand on rflchit la nature de l'entreprise, au caractre de ceux qui s'en sont chargs, l'extrme invraisemblance que de tels hommes se soient engags dans cette affaire comme dans un projet quand on rflchit aux fatigues, aux dangers, aux souffrances qu'ils ont endurs par leur attachement cette cause l'emploi de tout leur temps consacr cet objet la chaleur de leur zle dpouill de toute affectation , et la vhmence avec laquelle ils attestent leur sincrit. La seule objection qui mrite de nous occuper, serait celle qui chercherait trouver dans l'enthousiasme l clef de la conduite des aptres, et confondre l'histoire de la rsurrection de Christ avec toutes celles qui existent d'apparitions de morts. Mais la narration nous offre des circonstances qui ne peuvent admettre un semblable rapprochement. Christ n'a pas t vu par une seule personne, mais par plusieurs: ceux qui l'ont vu n'ont pas l spars les uns des autres, mais runis ensemble; ils l'ont vu non-seulement de nuit mais aussi de jour; non pas seulement de loin, mais aussi de prs; non pas une fois, mais plusieurs fois non-seulement ils l'ont vu mais ils l'ont louch, mais ils ont convers ave<J
tre, des
, ,

871
lui, ils ont

DMONSTRATION VANGL1QUE. PALEY.

872

mang avec

lui

ils

ont examin

sa personne pour dissiper leurs doutes. Ces particularits sont dcisives, mais je conviens qu'elles ne reposent que sur la confiance que nous accordons l'histoire des aptres. Je voudrais donc rpondre l'insi-

en avoir l'intenlion , et des hommes quoique tromps, ce qui au rait t le cas des aptres dans la supposition qui nous occupe n'eussent jamais
fallait

sincres,

nuation qu'on nous fait d'enthousiasme, par une circonstance qui dcoult de la nature mme de la chose, et dont la ralit ne pt tre mconnue par tous ceux qui conviennent de ce qui ne peut tre contest c'est que la rsurrection de Christ vraie ou fausse, a t affirme par ses disciples ds le commencement et celle circonstance essentielle, c'est qu'on n'a jamais produit en public le corps mort. Nous lisons dans notre histoire, ce qui ne pouvait tre que la consquence de l'histoire de la rsurrection c'est que le corps ne st trouva point dans le spulcre; nous y lisons que les Juifs prtendirent que les disciples de Christ avaient enlev le corps (1); et cette explication, quoique accompagne des plus grandes improbabilits, telles' que la situation o se trou, , ; ,

tent d'enlever ce corps. La prsence comme l'absence du cadavre ne peuvent se concilier avec l'hypothse de l'enthousiasme-; si le cadavre est l. l'enthousiasme cesse s'il n'y
;

est

pas

il

peut avoir t enlev par fraude


,

mais non par enthousiasme. Nous allons plus loin en nous bornant admettre d'aprs le tmoignage correspondant de toutes les histoires que la religion de Jsus fut premirement annonce Jrusalem que dans le lieu mme ou Jsus avait t enseveli, et peu de jours aprs qu'il avait t enseveli, on commena par attester qu'il tait ressuscit; on ne peut douter que les Juifs n'eussent produit son cadavre si l'on et pu le trouver, parce que cette rponse
,

vaient les disciples les craintes qu'ils devaient avoir en ce moment pour leur propre sret, le peu d'esprance qu'il y avait russir, les diliculls qui s'opposaient la russite (2), leur perle invitable s'ils eussent t dcouverts ou s'ils eussent chou dans la tentative celle explication qui reposait entirement sur la supposition de fraude, tait cependant la plus naturelle que les Juifs pussant essayer de donner. Mais quelle explication douncra-t-on sur ce cadavre, si l'on s'attache la seconde supposition, celle de l'enthousiasme ? 11 n'est pas possible que les disciples du Sauveur aient pu croire qu'il tait ressuscit des morts, s'ils ont eu son cadavre sous les yeux. Jamais l'enthousiasme ne s'leva un tel degr d'extravagance un esprit peut bien tre une illusion mais un corps est un objet rel, un objet qui tombe sous les sens, et qui ne peut donner lieu l'erreur. Dans toutes les histoires de spectres, le corps continue tre couch dans le tombeau. Et quoique le corps de Christ et pu tre dplac par fraude et dans 1g but d'accrditer une imposture , il
,

et t la plus courte et la plus dcisive. Cette rfutation et port un coup mortel la tentative des aptres. Notre observation aura plus de force en admettant, sur l'auto rite de saint Matthieu, que les Juifs prvenus de ce qu'attendaient les disciples de Christ, avaient pris en consquence les prcautions convenables , et consign son cadavre la surveillance d'une garde dsigne et publique; car les Juifs, nonobstant leurs prcautions et quoiqu'ils fussent prpars et prvenus ne purent point produire ce corps au moment o les disciples de Christ annoncrent qu'il tait ressuscit, cequ'ilsfirentimmdiatement aprs ils ne purent point le produire au moment o ladclaralion de ce fait devint la base ,1e fondement de leur prdication au nom de Jsus et d'un rassemblement des nouveaux convertis. C'est alors que les Juifs cherchrent invalider le tmoignage des aptres par une rponse qui, sans rie offrir d'impossible no peut se concilier avec leur intgrit ou en d'autres mots avec la supposition qui voudrait expliquer la conduite des aptres en les reprsentant comme des enthousiastes.
, ,
:

CHAPITRE

IX.

Propagation du christianisme.

Et ce bruit, dit saint Matthieu, a couru parmi jusqu'aujourd'hui (XXVIII, 15). i L'van gliste en disant ceci mrite conliauce, mme au pi es de ceux qui la lui refuseraient sur d'autres points et ce point snfiu prouver que le corps ne se trouva
(I)
i <

les Juifs

point.

Le docteur Towsend
dans son Discours sur
l'histoire des
i

judicieusement remarqu

gardes

Rsurrection, page 12(>, qut portait avec elle son dsaveu


lu

Ses disciples sont venus de nuit et ont enlev son corps pendant que nous tions endormis. Do tels hommes, dans celle circonstance, n'eussent jamais
fait la dclaration le leur ngligence, s'ils n'eussent t assurs par avance de protection et d'impunit,
{'!) t Surtout l'poque de la pleine lune, la ville tant remplie d'un peuple nombreux dont plusieurs passaient toute la nuit en plein air, comme l'avaient passe Jsus et ses disciples, et le spulcre tant si prs de la vilie qu'il se trouve aujourd'hui dans

<
c

i
l

l'enceinte de

ses

murs

(Prieslleu on

ilte

Resurrect,

uag 21).

La preuve que nous prsentons dans ce chapitre repose sur un fait il s'agit de connatre quel degr, en combien de temps , et jusqu'o le christianisme a t propag. Voici ce que nos livres nous apprennent. Les disciples peu de jours aprs l'ascension de leur Matre forment une assemble Jrusalem d'environ cent vingt personnes (Act, I, 5). Ces cent vingt personnes n'taient probablement qu'une petite association de croyants rassembls, non pas uniquement comme croyants mais comme lis entre eux et attachs personnellement aux aptres. Quel qu'en ft alors le nombre Jrusalem on ne saurait tre surpris d'en rencontrer si peu dans cette premire assemble ; car rien ne prouve que les disciples de Christ eussent jusque-l form de socit , que cette socit et t assujettie
: ,

87]
les

TABLEAU DES PREUVES DU CHRISTIANISME.


rgles
,

874
laissa pas de se rpan-

que

l'on et alors l'ide d'intro-

Le christianisme ne

duire une nouvelle religion (en attachant ce mot son sens ordinaire) dans le inonde, ni que l'on st comment ceux qui professeraient cette religion pourraient tre distingus du reste des hommes. La mort de Christ avait naturellement d laisser la plupart de ses disciples dans l'incertitude sur ce qu'ils avaient faire et sur ce qui allait arriver.
,

comme nous Cette assemble eut lieu l'avons dit, peu de jours aprs l'ascension de Christ; car dix jours aprs cet vnement,
,

de la Pentecte (Act., II, 1) nous prsente dans la personne des aptres un grand exemple de l'intervention divine, la suite duquel environ trois mille dmcs furent ajoutes la socit des chrtiens (Act., II, 41). Non que ces trois mille personnes eussent t converties par un seul miracle, mais plusieurs de ceux qui croyaient dj en Christ professrent alors publiquement le christiala fte

dre Jrusalem, et ses dveloppements furent aussi rapides que ses premiers succs; car nous lisons au chapitre suivant des Actes La multitude de ceux qui croyaient au Seigneur, tant d'hommes que de femmes s'augmentait de plus en plus. Cet accroissement de la nouvelle socit s'aperoit la lecture du premier verset du chapitre VI ce temps-l le nombre des disciples se multipliant. il s'leva un murmure de la part des Juifs hellnistes, contre les Hbreux, sur ce que les veuves taient, etc.; et dans ce mme chapitre il est expressment dit, verset 7 Le nombre des
: , :

En

nisme, c'est--dire que voyant qu'il fallait former une socit au tablir une religion nom de Christ, la gouverner par ses lois, qu'il fallait dclarer sa foi sa mission, s'unir ensemble , se sparer du reste du monde d'une manire visible, en consquence de la conviction qu'on avait dj, et de ce qu'on avait entendu, vu et connu de l'histoire de Christ c'est alors qu'ils se mon, :

augmentait considrablement dans Jrusalem, un grand nombre aussi de sacrificateurs obissaient la foi. C'est ici la premire priode de la propagation du christianisme; elle date de l'ascension de Christ, et embrasse un peu plus d'une anne depuis cet vnement, comme on peut l'infrer de quelques notices incidentelles sur ce laps de temps (1). Il parat d'aprs nos documents , que le christianisme ne fut prch pendant cette priode que dans la ville de Jrusalem. Et voici quels furent les succs de cette prdication. La premire assemble des disciples dont nous ayons connaissance et qui se tint peu de jours aprs que le Christ eut quitt la terre, fut compose de cent vingt personnes.
disciples
,

trrent

aux yeux du public comme membres


,

de celte socit.

Nous lisons auIV'ch. v. 4, des Actes, que bientt aprs ceci le nombre des hommes , c'est--dire de ceux qui professaient ouvertement leur foi en Christ tait d'environ cinq mille. Voici donc en peu de temps une augmentation de deux mille. Et il est probable qu'il y en avait alors plusieurs, comme il y en eut par la suite, qui ne jugrent pas ncessaire de se joindre celte socit , quoiqu'ils eussent aussi la foi en Christ, ou qui voulurent attendre les vnements. Gamaliel, dont l'avis donn dans le conseil des Juifs nous a t conserv (Act. , V, 34), apparteet peut-tre aussi Niconait celte classe dme et Joseph d'Arimathie. Saint Jean, au chapitre XII de son Evangile , parat aussi avoir dsign cette classe d'hommes , le rang qu'ils tenaient, et leur caraclre, quand il dit Il y en eut nanmoins plusieurs, mme des magistrats, qui crurent en lui ; mais ils ne se dclaraient point cause des pharisiens , et de crainte d'tre chasss de la synagogue car ils aimaient mieux la gloire qui vient des hommes que celle qui vient de Dieu. Ces personnes admettaient les miracles de Christ sans se croire pour cela obligs de faire immdiatement une profession publique du christianisme au risque de tout ce qui les attachait la vie, et de la vie mme (1).
, ,
:

Environ une semaine aprs, trois mille s'y joignirent dans un seul jour. Bientt aprs , le ombre des chrtiens baptiss ouvertement , et formant ensemble une association publique, fut de cinq mille ; des multitudes d'hommes et de femmes s'y joignirent; les disciples multiplirent considrablement, et il y avait mme un grand nombre de prtres juifs qui obissaient la foi, et tout ceci dans l'espace de moins de deux ans , partir du premier tablissement. A la suite d'une perscution excite contre l'Eglise de Jrusalem, les convertis chasss de la ville , et disperss dans la Jude et dans la Samarie (Actes , VIII, 1), portrent partout avec eux la religion qu'ils venaient d'embrasser; car notre historien nous apprend que ceux qui avaient t disperss allaient de lieu en lieu, et qu'ils annonaient la parole. On peut juger du succs de cette prdication par ce qu'observe l'historien la suite de sa narration (Actes, IX, 31)
: :

rvlation divine, mais de grands inconvnients eussent accompagn une profession publique, ils ne se sentaient pas le courage de les braver, de dsobliger leurs amis et leur famille, de ruiner leur fortune, de perdre leur rputation , leur libert, leur vie. Ils taient ports croire qu'en s'efforant observer les grands prceptes de morale que Christ

avait/ecommands comme le point principal, comme le sommaire et la substance de la religion, qu'en


,

c
t

1
i

<

qui professaient et de ceux qui rejetaient le christianisme il devait s'en trouver un grand nombre qui n'taient ni entirement chrtiens, ni entirement incrdules. Ils avaient du christianisme une opinion favorable, mais des considrations mondaines les empchaient de se prononcer; plusieurs circonstances pouvaient les porter croire que le christianisme tait une
(1)

Indpendamment de ceux

respectant l'Evangile qu'en s'abslenant de toute insulte contre les chrtiens, qu'en leur rendant ions.' en leur pouvoir, mais sans se compro les services t mettre, Dieu se contenterait de cela, cl voudrait excuser et pardonner leur ngligence sur < bien d'autres points (J or tin' s Disc, on the Christ. Ret., i t page 91, d. 4). lib. XVIII, c. 7 (1) Vide Pearson's Anliq., Benson's Histonj of Christ, lib. I, p. 148.

c
;

DMONST. EVANG. XIV.

(Vingt-huit.)

87;

DEMONSTRATION EVANGELIQUE. PALEY.


tre

876
;

Alors, dit-il (c'est--dire trois ans aprs celle perscution) , les Eglises jouissaient de la paix et s'affermissaient en Jude, en Galile et en Samarie ; et marchant dans la crainte du Seigneur, elles se multipliaient par l'assistance du Saint-Esprit. Voil le rsultat de la se-

un an

et

demi

voici ce qui

nous

est in:

conde priode, qui comprend environ quatre


ans. Jusqu'ici la prdication de l'Evangile n'avait t adresse qu'aux Juifs, aux proslytes juifs et aux Samaritains. Et je ne puis m'empcher d'insrer ici une observation de Les M. Bryant , qui me parat trs-fonde juifs subsistent encore, mais qu'il est rare de pouvoir faire chez eux un seul proslyte! On a lieu de croire que les aptres en convertirent plus d'un seul jour qu'on n'en a pu convertir dans l'espace de mille ans (Bryant on the truth of the christ, relig. p. 122). Les aptres ignoraient encore alors qu'ils eussent la libert d'annoncer leur religion au genre humain en gnrai. Ce mystre, comme saint Paul l'appelle {Ephes. 111, 3), et comme en effet il Ttait cette poque ce mystre fut rvl Pierre par un miracle particulier. Il parat que ce ne fut que environ sept ans aprs l'ascension de Christ (Benson's, Hist. Christ. ,b. II, p. 236) que l'Evangile fut prch aux gentils de Csate. Un an aprs , un grande multitude de gentils fut convertie Antioche en Syrie. Voici les exUn grand nombre pressions de l'historien crurent et se convertirent au Seigneur, et un grand nombre de personnes se joignirent au Seigneur. Les aptres Barnabas et Paul enseignrent un grand peuple (Ad., XI, 21, 24, 26). A la mort d'Hrode, qui arriva l'anne
: , ,

d'aprs (Benson, b.ll, p. 289), on observe : La parole de Dieu faisait des progrs et se rpandait (Ad., XII, 24). Trois ans aprs ceci, Paul

sinu sur le succs qu'il eut dans cette ville Plusieurs des Corinthiens crurent et furent baptiss. Le Seigneur dit Paul en vision durant la nuit qu' avait un grand peuple dans cette ville (Ad., XVIII, 8-10). Il ne s'tait pas encore coul une anne depuis le dpart de saint Paul deCorinthe, qu'il se fixa Ephse pendant plus de deux ans, poque qui se rapporte la vingt-cinquime anne de l'ascension (Benson, b. III). L'effet de son ministre dans cette ville et les lieux voisins, arrache cette rflexion l'historien Ainsi la parole du Seigneur se rpandait de plus en plus, et acqurait une grande autorit (Ad., XIX, 20). C'est sur la fin de cette priode que Dmtrius, la tte d'un parti alarm des progrs de la religion, se plaignait que ce Paul (Ad., XIX, 26), par ses discours, avait dtourn un grand nombre de personnes du culte des dieux, non-seulement Ephse, mais presque par toute l'Asie (c'est-dire la province de Lydie et la contre autour d'Ephse). Outre ces faits, l'historien parle incidentellement des convertis de Rome, d'Alexandrie, d'Athnes, de Chypre, de Cyrne, de Macdoine et de Philippes. Nous venons de parcourir la troisime priode de l'accroissement du christianisme, de l'an 7 de l'ascension, jusqu' l'an 28; rapprochons maintenant ces trois priodes, en observant la manire dont les progrs de la religion nous sont reprsents. Cette religion, qui ne parat commencer s'tablir qu'au moment o son auteur quitte la terre, se trouve, avant que trente ans soient couls, rpandue dans la Jude, la Galile, la Samarie, dans presque tous les nombreux di:

stricts
les

ayant prch Iconium, mtropole de la Lycaonie, une grande multitude de Grecs et de Juifs crurent (Ad., XIV',1) .El dans le cours de cette prdication il est reprsent comme faisant plusieurs disciples Derbe, ville principale de ce mme district. Trois ans aprs (Benson, b. III), c'est--dire seize ans aprs
l'poque de l'ascension les aptres crivirent de Jrusalem une lettre gnrale aux convertis qui se trouvaient Antioche, en Syrie et en Cilicie. Paul en fut le porteur; dans le voyage qu'il t dans ces contres, il y trouva les Eglises affe7~mies dans la foi, et croissant en nombre chaque jour (Ad., XVI, 5). De l'Asie, l'Aptre passe dans la Grce; arriv en Macdoine, il se montre aussitt Thessalonique, et dans cette ville, quelques,

de l'Asie Mineure, dans la Grce et les de la mer Ege, sur les ctes d'Afrique ; elle pntre jusqu'en Italie et Rome. On nous peint les convertis qui se trouvent Antioche en Syrie, Jopp, Ephse, Corinthe, Thessalonique, Bre, Iconium, Derbe, Antioche en Pisidie, Lydde, Saron, comme formant un grand nombre, une grande multitude, un grand peuple. On nous parle aussi, mais sans dsignation de nombre (1), des convertis de Tyr, de Csare, de Troas, d'Athnes, de Philippes, de Lystre et de

Damas. Pendant
tait le centre

tout ce temps

Jsusalem

de la mission , et le principal sige du christianisme; car lorsque saint Paul y retourna sur la fin de la priode dont nous nous occupons, les autres aptres
(1) Si on pense l'extrme concision de plusieurs parties de l'histoire chrtienne, on ne saurait tirer aucune consquence du silence qu'elle garde sur le nombre des convertis. Nous n'y trouvons rien sur tendue des conversions opres Philippes ; cependant saint Paul adressa une Epire celle Eglise. Les Eglises de Galalie, et les intrts de ces Eglises furent assez importants pour tre l'objet d'une autre

uns des Juifs crurent, comme aussi un grand nombre de Grecs craignant Lieu (Ad., XVII, 4). Nous entrevoyons encore une insinuation accidentelle du progrs gnral de la mission chrtienne dans cette exclamation des Juifs tumultueux de Thessalonique Ce sont l
:

ces gens qui ont troubl toute la terre, et qui

sont venus

Bre, o saint Paul se rendit immdiatement aprs, l'historien, qui tait prsent, nous dit que : Plusieurs des Juifs crurent. L'Aptre passa de l Gorinthe, o il continua son minisici

(Ad., XVII,

6)

Eptreet des sollicitudes de saint Paul; cependant il n'est lait aucune mention de ses succs, ni mme de sa prdication dans celte province, si l'on en excepte la lgre notice contenue dans les Actes (XVI, 6), en pajp Puis ayant travers laPhrygie elle ces mots de Galatie... ils essayaient d'aller en Bilhjiiie.
:

877
lui

TABLEAU DES PREUVES DU CHRISTIANISME.


:

878

insinurent comme un motif qui devait Vous voyez, le porter se plier leur avis frre, combien de milliers de Juifs {myriades, dix mille) ont cru (Act., XXI, 20). Tirons de cet extrait, et du livre qui nous en fournit la matire, quelques observations importantes. I. Nous tenons cette relation d'un crivain qui tait intress dans une partie des faits qu'il raconte, et contemporain de tous; d'un crivain qui vivait Jrusalem dans la socit de ceux qui avaient t chargs, et l'taient encore de tous les grands intrts de la religion. J'avance ceci comme un fait positif; car lors mme que les tmoignages les plus anciens ne parleraient pas en faveur d'un ouvrage aussi prcieux, en voyant la manire; simple et sans affectation avec laquelle l'auteur indique sa prsence dans certaines occasions, en voyant le manque absolu de tout artifice dans sa narration, je ne douterais pas que cet auteur, quel qu'il ft, n'et rellement exist dans le temps, n'et t dans la position o il nous dit avoir t. Et quand je dis quel qu'il ft, je n'entends pas qu'il existe de doute sur le nom de l'crivain auquel l'antiquit a attribu les Actes des aptres (car je ne connais aucune raison qui pt justifier un tel doute); mais je veux seulement observer que dans le cas prsent, le temps o a vcu l'auteur, et la situation dans laquelle il s'est rencontr, importent plus que son nom. Et c'est l prcisment ce que l'ouvrage nous donne connatre, de manire carter toute espce de

soupon.
II. Cette histoire est trs-incomplte dans ce qui concerne la prdication et la propagation du christianisme. Et si ce qu'on y lit est vrai, nous sommes fonds dire qu'il y a sur ce sujet beaucoup plus que l'histoire ne donne connatre. Car quoique le rcit dans lequel nous puisons nos connaissances porte le nom d' Actes des aptres, il ne contient cependant l'histoire des douze aptres que pendant le court espace de temps o ils furent ensemble Jrusalem et ce rcit est mme trs-concis dans ce court espace. L'ouvrage offre ensuite quelques parties peu importantes du ministre de saint Pierre, du discours et de la mort d'Etienne, de la prdication du diacre Philippe; le reste du volume, c'est-,

des convertis et des succs de la prdication des aptres, parat presque toujours l'tre incident ellement; ce n'est que par occasion que l'historien en parle; c'est au sujet des murmures des Grecs convertis, du repos qui succda une perscution de la mort d'Hrode, de l'envoi de Barnabas Anlioche et de la demande qu'il fit Paul de venir l'assister, de l'arrive de Paul dans un lieu o il trouve des disciples des clameurs des Juifs, des plaintes d'un parti d'ouvriers intresss au maintien de la religion dominante, des motifs par lesquels on cherche engager Paul calmer les chrtiens de Jrusalem. Et si ces occasions ne se fussent pas prsentes, il est probable que plusieurs des passages qui nous laissent apercevoir les progrs de la religion, n'eussent point t insrs dans cette histoire des Actes des aptres; ce qui loigne de l'auteur tout soupon d'exagration et de mensonge. Nous avons dans les lettres de saint Paul et d'autres aptres des tmoignages qui correspondent avec l'histoire. Celles de saint Paul sont adresses aux Eglises de Corinthe, de Philippcs, de Thessalonique, l'Eglise de la Galalie, celle d'Ephse, si celte dernire adresse est exacte; et l'histoire fait mention de son ministre dans toutes les places que nous venons de nommer. Saint Paul crivit aussi l'Eglise de Colosse , ou plutt aux Eglises unies de Colosse et de Laodice, qu'il n'avait point encore visites. Dans ces Eptres, il est fait mention des Eglises de Jude, de celles d'Asie, et de toutes les Eglises des gentils
,

(Thess.,

II,

14).

(Rom.,

XV,

Dans l'Eptrc aux Romains 18) l'auteur est entran par son

sujet parler de l'loignement des lieux jusques auxquelsilaporte sa prdication, deson efficace et de la cause laquelle il l'attribue
:

pour soumettre les gentils son obissance par la parole et par les uvres par la vertu des miracles et par la puissance de l'Esprit de Dieu ; de sorte que j'ai rpandu V Evangile de
....
,

dire les

deux

tiers

du

tout,

renferme

la

con-

version, les voyages, les enseignements et l'histoire du nouvel aptre Paul, et i se trouvent encore des portions de temps considrables qui ne sont claires que par quelques
faibles notices. III. Cette histoire mrite d'autant plus de

croyance dans tout ce qu'elle contient, que si le but de l'auteur avait t de dvelopper les premiers progrs du christianisme, il aurait certainement recueilli ou publi ce qui concernait la prdication des autres aptres qu'on ne peut supposer avoir vcu dans le silence et l'inaction et auxquels il est naturel d'attribuer quelques-uns des succs qui avaient couronn les travaux de
,

Jsus-Christ depuis Jrusalem et les lieux d'alentour jusqu'en Jllyrie. Nous apercevons dans l'Eplreaux Colossiens (Col., 1,23) une indication bien expresse de l'tat o paraissait tre alors la mission chrtienne aux yeux de saint Paul Pourvu que vous demeuriez fermes et inbranlables dans la foi, et que rien ne vous fasse abandonner les esprances de l'Evangile que vous avez entendu, lequel a t prch toutes les cratures qui sont sous le ciel. Il leur rappelait au commencement de son Eplre que cet Evangile tait parvenu jusqu' eux comme il est rpandu dans tout le monde (Col., I, 6). Ces expressions sont sans doute hyperboliques; mais l'crivain qui employait ces hyperboles, tait sans contredit persuad des progrs rapides de la mission chrtienne. Saint Pierre adressa sa premire lettre aux chrtiens disperss dans les provinces du Pont, de la Galatie, de la Cappadocc de l'Asie et de la Bithynic.
:

leurs collgues. IV. Ce qui nous est racont

du nombre

87!)

DEMONSTRATION EVANGEL1QUE. PALEY.


qu'il devait tenir vis--vis des chrtiens. lettre qu'il crivit ce sujet, date d'un

880

quel Il nous reste considrer jusqu' pointes faits se trouvent confirms ou dvelopps par d'autres tmoignages. Tacite nous apprend, dans la relation que nous avons dj mise sous les yeux du lecteur, au sujet de l'incendie qui eut lieu Rome la dixime anne de Nron, poque qui concide avec la trentime anne depuis l'as-

La
peu

moins de quatre-vingts ans depuis l'ascension du Sauveur. Celle lettre nous fait connatre les mesures que le gouverneur
avait dj prises, et la raison qui le portait recourir aux conseils et l'autorit de l'empereur J'ai suspendu toute procdure judiciaire pour m'adresser vous et solliciter vos conseils ; car vu le grand nombre de ceux qui se trouvent exposs au chtiment, la circonstance me parat mriter une srieuse attention ; un grand nombre de tout ge, de tout rang, de tout sexe, sont dj accuss ow vont Vlrc. Celle superstition contagieuse ne s'est pas seulement rpandue dans les grandes villes, mais encore dans les petites et dans 1rs campagnes. J'ai cru nanmoins qu'elle devait tre rprime et punie. Il est certain que les temples qui taient presque abandonns, commencent tre frquents, et que les solennits sacres, longtemps interrompues, reprennent leur clat. Partout (passim) on achte des victimes, tandis que pendant un temps il ne se trouvait que peu d'acheteurs. On peut conjecturer de l quel est le nombre de ceux qui ont rclamer le pardon, si on l'accorde tous ceux qui se repentent (C. Plin. Trajano Imp., lib.X, ep.97). Observons que le passage de la lettre de de Pline, que nous venons de citer, prouve non-seulement que les chrtiens taient trsnombreux dans les provinces du Pont et de la Bilhynie, mais qu'ils y taient depuis un
:

cension de Christ; il nous apprend que l'empereur voulant dtourner les bruits qui le dsignaient comme auteur de celte calamit, en fit accuser les chrtiens. Cethistorien, appel par son sujet parler du christianisme, nous en fait connatre les particularits suivantes qui sontd'un grand intrt: Leur nom vient de celui de Christ, qui avait t puni du dernier supplice sous V empire de Tibre, par

son lieutenant Ponce Pilate : cette fatale superstition, comprime pendant quelque temps, clatait de nouveau non-seulement en Jude, o ce mal avait pris naissance, mais dans Rome mme. On se contenta d'abord de saisir ceux
qui confessrent appartenir la secte, et par leur moyen on en dcouvrit une grande multitude. Ce tmoignage est d'une importance majeure quant ce qui concerne les premiers progrs de la propagation du christianisme; c'est le tmoignage d'un historien trs-clbre, et qui vivait peu d'loignement de cette poque d'un historien qui non-seulement n'appartenait point cette ce tmoireligion, mais en tait l'ennemi gnage vient immdiatement la suite de la narration contenue au livre des Actes. Taque la recite y tablit les points suivants ligion commena Jrusalem qu'elle se rpandit dans la Jude, qu'elle pntra jusqu' Home et qu'elle y eut un grand nombre de cet tat de choses se trouve posconvertis trieur de six ans l'Eptre que saint Paul crivit aux Romains, et de deux ans son arrive, Rome. Les convertis se trouvaient alors en si grand nombre dans la capitale, qu'une grande multitude (multiludo ingens) fut dcouverte, et arrte, d'aprs les informations que donnrent les premires victimes de la perscution. Il est vraisemblable que cette compression momentane qu'prouva le christianisme, comme le dit Tacite {repressa in prsens), se rapporte la perscution qui eut lieu Jrusalem aprs la mort d'Etienne (Act., VIII), et qui fit disparatre en quelque manire la socit des chrtiens, en dispersant les nouveaux convertis. La rintgration de cette socit dans la mme ville, et peu de temps aprs, montre la persvrance et la fermet de gens qui connaissaient en qui ils avaient mis leur confiance, et prsente tous les caractres de la vrit. A la suite de Tacite, et en suivant l'ordre des temps, se prsente Pline le jeune, dont le tmoignage nous parat tre d'une plus grande importance. Pline tait gouverneur de deux districts considrables au nord de l'Asie, du Pontet de la Bilhynie. La situation dans laquelle il trouva sa province l'engagea s'adresser l'empereur ( Trajan ), pour solliciter des directions sur la conduite
,

temps assez considrable.


il,

// est certain, dit-

temples qui taient presque abandonns ( expression qui indique clairement la dsertion du culte dominant, remplac par le culte chrtien), commencent tre frquents, et que les solennits sacres, longtemps interrompues , reprennent leur clat.
les

que

On

voit encore deux articles dans la premire partie de sa lettre, qui prouvent la mme chose; l'un, par lequel il dclare n'avoir ja-

mais assist aux procdures contre les chrtiens, et ignorer en consquence quel tait
le

la

sujet ordinaire des recherches, quelle tait punition, et jusqu'o on portait l'une et l'autre. Le second article est celui-ci D'au:

ont d'abord confess tre chrtiens, puis l'ont ni ensuite; d'autres disent avoir t chrtiens il y a trois ans, d'autres depuis plus lon<jtemps, d'autres depuis environ vingt uns.,11 parat aussi que Pline parle des chrtiens comme d'une classe d'hommes bien connue celui qui il s'adresse. Il commence par dire Je n'ai jamais t prsent aux procdures contre les chrtiens. Il fait mention des chrtiens sans aucune explication prparatoire, ce qui prouve que ce mot tailgah ment familier et celui qui crivait, et l.i personne qui il crivait. Si cela n'et pas t ainsi, Pline aurait commenc sa lettre par dire l'empereur qu'il venait de trouver dans son gouvernement une certaine classe d'hommes que l'on dsignait du nom de chrtiens.
:

tres,

nomms par un dnonciateur,

Nous avons donc

ici

une preuve frappante.

881

TABLEAU DES PREUVES DU CHRISTIANISME.

882

des progrs de la religion chrtienne, et dans un court espace de temps. Il ne s'tait pas coul quatre-vingts ans depuis le crucifiement de Christ, lorsque Pline adressa sa lettre Trajan il ne s'en tait pas coul soixante etdix depuis que les aptres avaient
;

commenc

annoncer Jsus aux gentils. La Jude, qui tait le centre d'o la religion s'tait rpandue, tait une grande distance du Pontet de la Bithynie, et cependant le christianisms existait depuis longtemps dans ces provinces. Les chrtiens y taient alors

en

si grand nombre, que le gouverneur romain crut devoir instruire l'empereur, qu'il

s'en trouvait non-seulement dans les villes , mais dans les villages et les campagnes , de tout ge, de tout rang et de toute condition ; qu'ils taient si nombreux que les temples paens paraissaient dserts; que les animaux qai'on amenait aux marchs pour l'usage des sacrifices ne trouvaient que peu d'acheteurs que les solennits taient ngliges c'est par ces dtails que Pline cherchait donner l'empereur une ide de l'influence el du nombre des sectateurs de l'institution
; :

chrtienne.

Rien ne prouve que les chrtiens fussent plus nombreux dans les provinces du Pont el de la Bithynie, que dans d'autres parties de l'empire romain, et l'on ne saurait trouver de raison qui expliqut pourquoi cela await eu lieu. Le christianisme n'avait pas commenc dans ces provinces ni dans leur voisinage: quand donc aucun document ne nous serait parvenu ce sujet, nous ne serions pas en droit de borner ces provinces la description que Pline nous donne de l'tat o se trouvait la nouvelle religion dans son gouvernement et nous pouvons lgitimement voir dans cette lettre la confirmation de ce que des crivains chrtiens de ce sicle et du sicle suivant nous ont racont. Justin martyr, qui crivait trente ans aprs Pline, et cent six ans aprs l'ascension, profre ces paroles remarquables // n'existe pas de nations grecques ou barbares ou de quelque autre dnomination mme de celles composes de tribus vagabondes et qui passent leur vie sous des tentes, du sein desquelles il ne
,
: ,
,

pas t vrai et notoire qu'il se trouvait alors dans la plus grande partie de l'empire romain une grande multitude de convertis de tout ordre et de tout rang. Ce mme Tertullien, cherchant dans un autre passage faire connatre jusqu'o s'tendait le christianisme indique entre plusieurs autres pays, les Maures et les Gtuliens d'Afrique, les frontires de l'Espagne plusieurs natiolns de la France, des parties de la Grande-Bretagne, o n'avaient pu pntrer les Romains les Sarmates, les Daces, les Germains, les Scythes (Adv. comme soumis aux lois de Jud., chap. 7) Christ. Et ce qui importe plus que l'loignement des lieux o la mission tait parvenue, c'est le nombre des chrtiens qui se rencontraient dans ces diffrents pays, et qu'il nous donne connatre par ces expressions Quoique tant si multiplis que dans presque toutes les villes nous formons le plus grand nombre, nous passons notre temps modestement et en silence (Ad Scap., chap. 3). Clment d'Alexandrie qui avait prcd Tertullien de peu d'annes, compare les succs du christianisme ceux des plus clbres Les philosophes, institutions philosophiques dit-il, taient relgus dans la Grce, et n'avaient que leurs adhrents particuliers ; mais la doctrine du Matre du christianisme n'a pas t confine dans la Jude comme la philoso phie l'a t dans la Grce; cette doctrine s'est rpandue dans tout le monde chez toutes les nations, dans toutes les villes et les villages
,

s'lve

des actions de grces au Pre et Crateur de l'univers au nom de Jsus crucifi (Dial. cum 7>7/p/t.).Tertullien, qui parat cinquante ans aprs Justin , en
prires
et
,

des

appelle aux gouverneurs de l'empire romain, leur dit Nous ne sommes que d'hier et il nous remplissons vos cits, vos les, vos villes, vos bourgs, vos camps votre snat votre forum. Ils (les adversaires paens) se lamentent de voir dans les deux sexes, dans tous les ges, dans toutes les conditions parmi les personnes de tout rang, des convertis au nom de Jsus (Tertul. Apol., cltap. 37). Je conviens que ces expressions sont vagues, et peuvent tre appeles dclamatoires; mais la dclamation a ses bornes et cette vanterie publique sur an sujet connu de tout lecteur et t inutile et draisonnable , si la vrit lu fait n'et pas t en grande partie en accord avec la description si du moins il n'et
: , ,
, ,

grecs ou barbares, entranant la fois des familles entires et des individus isols, et rappelant la vrit , mme plusieurs philosophes. Si l'on en vient prohiber la philosophie grecque, l'instant elle se dissipe ; tandis que ds la premire prdication de notre doctrine, on avules rois, les tyrans les gouverneurs, les prsidents avec toute leur suite seconds de la populace, aids de toute leur puissance, s'efforcer nous dtruire; mais notre doctrine n'a fait que prosprer de plus en plus (Clem. Al. Strom. lib. VI ). Origne, qui suit Tertullien trente ans de distance, nous donne presque le mme rsultat. Vous trouverez dit-il, dans toutes les parties du monde, dans toute la Grce chez toutes les nations d'innombrables, d'immenses multitudes qui, abandonnant les lois de leurs pays et les dieux qu'elles avaient adores ont embrass la loi de Mose et la religion de Christ ; et cela en s'exposant aux plus cruels ressentiments de la part des idoltres, qui les mirent souvent la torture et quelquefois les firent mourir. Il est tonnant que dans un si court espace de temps, la religion ait pu s'tendre au milieu des chtiments, de la mort, et de tout genre de torture (Orig. in tels., lib. 1 ). Ailleurs, Origne compare avec franchise l'tat du christianisme de son temps, avec l'tat o il se trouvait dans les deux premiers sicles. A l'aide de la bon* ne providence de Dieu, la religion chrtienne a fleuri, et n'a cess de s'tendre, au point que nous la prchons aujourd'hui sans tre inquits, quoique des milliers d'obstacles se soient opposs la rception de la doctrine de Jsus dans le monde ; mais comme Dieu voulait qua
,
,

883
les gentils

DEMONSTRATION EVANGELIQUE.
en partageassent
les fruits,

PALEY.

bS4

tous

hs

conseils des hommes dirigs contre les chrtiens ont t dissips ; et plus les empereurs, les gou-

verneurs de provinces, et le peuple de toute part ont cherch les humilier, plus ils se sont
accrus, et plus la supriorit qu'ils ont acquise a t extraordinaire (Orig. cont. Cels., /.Vil).

environ quatre-vingts ans aprs l'poque dont nous parlons, l'empire, ayant Constantin pour chef, embrassa la religion des chrtiens et il est probable que ce prince se dclara en leur faveur, parce qu'ils formaient le parti le plus puissant; car Arnobe crivant immdiatement avant que Constantin parvnt l'empire, nous parle du monde entier comme rempli de la doctrine de Christ, de son tendue dans tous les pays , d'une innombrable quantit de chrtiens rpandus dans des provinces loignes, de la rvolution tonnante survenue dans l'opinion il nous apprend que les plus grands gnies, orateurs, grammairiens, rhtoriciens, avocats, mdecins, avaient adopt cette religion, et mme au mpris des menaces, des supplices et des tortures (Arnob. in Gentes , lib. I et IX). Et vingt ans aprs que Constantin fut devenu entirement matre de l'empire, on voit Julius, Firmicus, Maternus, sommer les empereurs Constance et Constant d'extirper les restes de l'ancienne religion ; voici comment cet crivain nous parle de sa dgradation et de sa chute Licet adhucinquibusdam regionibus idololatri morientia palpitent rnembra, tamen in eo res est, ut a christianis omnibus terris pestiferum hoc mg.ly.mfunditus amputetur. Et ailleurs : Modicum tamen superest ut legibus vestris extincta idololatri pereat funesta contagio (De error. profan. relig., chap. 21 p. 172). Qu'on ne pense pas que je cite cet crivain pour faire l'loge de son caractre ou de son jugement; je ne veux que montrer l'tat comparatif du christianisme avec le paganisme. Cinquante ans aprs, Jrme nous reprsente le dclin du paganisme par des expressions qui nous offrent l'ide d'une extinction prochaine Solitudincm patitur et in urbe genlilitas. DU quondam nationum cum bubonibus et noctuis, in solis cidminibus remanserunt [Jerom. ad Lect., cp. 57). Jrme triomphait en voyant l'adoption universelle d'une cause qu'il avait soutenue avec tant de zle Maintenant, ditil, toutes les nations clbrent dans leurs crits la passion et la rsurrection de Christ ; je ne parle pas des Juifs des Grecs et des Latins ; mais les Indiens, les Perses, les Golhs les Egyptiens philosophisent, et croient fermement l'immortalit de Vme et aux rcompenses futures; tandis qu'auparavant les plus grands philosophes rejetaient ces vrits, ou les obscurcissaient par leurs doutes et par leurs disputes. La fiert des Thraces et des Scythes s'est adoucie la voix touchante de l'Evangile, et partout Christ est tout en tous (Jer., ep. 8, ad Heliod.). Quand donc les motifs de la conversion de Constantin seraient problmatiques, la facilit qu'il eut, ainsi que ses successeurs immdiats tablir la religion chrtienne sur les ruines du paganisme
sait
,
, ;

On

que

prouve les progrs qu'avait faits cette religion dans l'poque prcdente. On pourrait ajouter que le rival de Constantin, Maxcnce, s'tait montr l'ami des chrtiens : ainsi donc, malgr les obstacles extrieurs de toute espce, le christianisme avait acquis un tel degr de force qu'entre les deux rivaux l'empire du monde, l'un lui prodigua ses faveurs, et qu'il
,

est apparent que l'autre et embrass son parti, qui ne convenait pas moins ses intrts (Lard., X,V1I, p. 380). Il est du moins certain que pendant le dveloppement de cette importante affaire, ds son principe jusqu' ce moment, les grands et les puissants furent entrans par l'opinion publique, bien loin de la diriger. Le tableau du grand nombre des crivains chrtiens qui fleurirent dans ces temps peut nous fournir quelque ide, sinon de l'tendue et des progrs du christianisme, du moins du caractre, du mrite littraire et des travaux de plusieurs chrtiens des premiers ges. Saint Jrme nous donne le catalogue de cinquante-six crivains qui pa-

rurent dans les trois premiers sicles, et dans les six premires annes du quatrime; et de cinquante-quatre, depuis cette poque celle o il crivait, an de Jsus-Christ 392. Jrme accompagne ce catalogu de celte judicieuse rflexion Que ceux qui disent que l'Eglise ne compte pas dans son sein des philosophes ou des hommes savants et lo:

quents, veuillent bien observer ce qu'ont t ceux qui l'ont fonde, qui l'ont tablie, et qui en ont t l'ornement .-qu'ils cessent d'accuser notre foi de rusticit, et qu'il conviennent de leur erreur (Jer. Prol. in lib. de Scr. Ecc). Dans le nombre de ces crivains, plusieurs,

Clment d'AlexanBardesanes, Hippolyte, Eusbe, nous ont laiss des ouvrages volumineux. C'est surtout vers l'an 178 que ces crivains abondrent. Alexandre, vquede Jrusalem, fonda une bibliothque dans celte ville, an de Jsus-Christ 212. Pampliile, l'ami d'Origne, en fonda ne Csare, an de Jsus-Christ 294. Diffrents dfenseurs de la religion en donnrent des apologies dans les trois premiers sicles. Quadratus et Aristide, dont, quelques fragments prs, les ouvrages sont perdus, en publirent dans les quatre premiers sicles
tels

que

Justin, Irne,

drie, ertullien, Origne,

depuis l'ascension de Christ, et vingt ans aprs il en parut de Justin martyr, dont nous conservons les ouvrages. Quadratus et Aristide les prsentrent Adrien; Justin Antonin le Pieux, et une autre MarcAntonin. Mliton vque de Sardes, Apollinaire, vque de Hirapolis, et Miltiades, hommes de grande rputation, adressrent vingt ans aprs de semblables apologies
,

Marc-Antonin (Eusb.,
Lardn., vol.
II,

hist., liv.

IV,

c.

26,

et

p. 666). Dix ans aprs, Apollonius, qui souffrit le martyre sous l'empereur Commode, composa une Apologie de la foi, dont il fit la lecture au snat, et qui Eut

ensuite publie

Quatorze ans aprs

(Lardn-, vol. II, p. 687). la publication de cet ouvrage, Tertullien adressa aux gouverneurs

880

TABLEAU DES PREUVES DU CHRISTIANISME. nouvelle religion, mme par un petit nombre romain un ouvrage sous ce mme titre et qui est parvenu d'hommes, mme par une seule nation. Il est
des provinces de l'empire
,

jusqu' nous. Vers ce mme temps, Minulius Flix publiait une dfense de la religion chrtienne que nous conservons encore, et peu aprs la fin de ce sicle, Arnobe et

Laetance offraient aussi deux volumineuses apologies du christianisme.


SECTION
11.

difficile sans doute de rformer quelques erreurs qui peuvent s'tre glisses dans une religion, ou d'y insrer de nouveaux rglements lorsqu'on en eonserve en entier et sans branlement les parties essentielles; toutefois il faut souvent un concours extraordinaire de circonstances pour russir dans une

moins

Rflexions sur ce qui prcde.

telle

entreprise,

et

on a chou mille

dans

cette tentative.

Mais

fois quelle difficult ne

En parcourant les progrs du christianisme, notre premire attention doit se fixer sur le nombre de ceux qui furent convertis Jrusalem immdiatement aprs la mort du Fondateur, parce que ce premier succs clata dans le temps et dans le lieu o s'tait passe la plus importante partie de cet vnement. Nous avons ensuite considrer la prompte organisation de plusieurs socits nombreuses de chrtiens en Jude et en Samarie, pays qui avaient l le lieu de la scne des miracles et du ministre de Christ, et o l'on devait conserver la mmoire rcente et nette de tout ce qui s'tait pass, ainsi que la connaissance de tout ce qui avait t affirm ce sujet. Ea troisime lieu, nous devons nous rappeler les succs que les aptres et leurs compagnons obtinrent dans les diverses places o ils se transportrent au dedans comme au dehors de la Jude, parce qu'ils nous prouvent la confiance que l'on donna aux tmoins originaux, qui en appelaient sur la vrit de leurs rcils, ce qu'ils avaient vu et entendu. L'effet de leur prdication confirme aussi la vrit de ce que notre histoire raconte positivement et circonstantiellement: c'est qu'ils dployrent aux yeux de leurs auditeurs des tmoignages surnaturels de leur mission. Nous avons enfin remarquer l'accroissement et la propagation subsquente de la religion, qui se prouve par une suite de tmoignages
et occasionnels,

prsente pas l'introduction d'une nouvelle croyance, d'une nouvelle manire de penser et d'agir ; quelle difficult persuader plusieurs nations de quitter la religion dans laquelle leurs anctres ont vcu, dans laquelle ils sont morts, qui de temps immmorial leur a t prche, mconnatre et mpriser des divinits qui ont t l'objet habituel de leur respect et de leur adoration ? C'est alors que l'ducation, la politique mondaine, la superstition offrent une rsistance presque invincible^or tin' s Disc, on the Christ, rel. p. 107). Si nous voyons aujourd'hui les hommes professer le christianisme par suite de leur ducation, par soumission l'autorit ou

par condescendance l'usage, rappelonsnous que dans les commencements le cas premire tait absolument contraire. La gnration de chrtiens, ainsi que les millions de convertis qui la suivirent, embrassrent cette cause en rsistant tous ces motifs, tout le pouvoir, toute la force de celte influence. Ainsi donc tous les raisonnements, tous les exemples qui tablis-

sent la force des prjugs d'ducation et les effets presque irrsistibles de ces prjugs, tous ces raisonnements que les aptres du disme se plaisent dvelopper, sont dans confirmation des preuves du le fait une christianisme. Pour apprcier de bonne foi l'argument

qu'on

tire

du prompt dveloppement du

christianisme, comparons -le avec les succs des missions chrtiennes dans les temps

indirects, qui, quoique gnraux ne laissent pas d'tre satis-

modernes. Nous

apprenons que dans

la

nous conduire l'tablissement du christianisme. Nous ne trouvons rien dans l'histoire de semblable ce que nous offre chacune de ces poques; car nous ne traons pas ici les progrs, nous n'exposons pas l'ascendant d'une opinion fonde sur des raisonnements philosophiques ou critiques, sur des consquences uniquement tires de la raison,
faisants et de

complet

et final

mission des Indes orientales, protge par la socit destine tendre la connaissance du christianisme, on est quelquefois parvenu baptiser dans le cours d'une anne trente ou quarante personnes, dont la
plupart taient des enfants. Quant aux convertis adultes, le nombre en est trs-petit. Nonobstant les travaux des missionnaires pendant environ deux cents ans, et les tablissements forms chez plusieurs nations chrtiennes pour prolger ces missions, il chrn'existe pas plus de douze mille Indiens tiens, qui presque tous sont des bannis (2). Je dplore autant que personne le peu de progrs que le christianisme a fait dans ces contres, et le peu de succs qui a couronne mais jy les travaux de ses missionnaires; de vois une forte preuve de l'origine divine aptres la religion. Quels avantages ont eu les
(l)Sketrlies rlaiiflg to ihe hisl.'iry, lenrnin:;. Kobcriof the flindoos, p. 48. Quoied l>y 2 <> b soii, hist. Disc concerning ancienl India, P:m<l

ou de l'interprtation d'crits anciens (telles que sont plusieurs thories qui en diffrents temps ont obtenu un assentiment gnral
dans
le

dpartement des sciences

et

de

la

ou l'autre de ces classes qu'on pourrait comprendre les dogmes qui sparent les Eglises chrtienlittrature, et c'est sous l'une

nes)

base

d'un systme dont la reposent sur le caractre surnaturel attribu une personne particulire ; sur une doctrine dont la vrit s'appuie entirement sur des faits alors r;

mais

il

s'agit

ici

et la supposition

mnnners

cents. Il est trs-difficile de faire recevoir

une

>87

DEMONSTRATION Y ANGLIQUE. PALEY.


les assister

8S8

dans cette propagation, que n'aient pas eus ces missionnaires? Si la pit et le zle eussent suffi, n'ont-ils pas possd tes qualits dans un haut degr? car aucun autre motif que la pit et le zle ne pouvait

pour

De

part et d'autre on voit une religion

dominante solidement tablie; elle tait, dans la Grce et Rome, intimement incorpore avec l'Etat. Le magistrat tait en mme temps prtre. Les grands officiers du gouvernement
remplissaient

les intresser cette entreprise ; si la saintet des murs pouvait attirer eux, leur conduite a t exempte de blme; si les avan-

dans

tages de l'ducation et du savoir doivent tre compts, il n'existe pas un de ces missionnaires modernes qui ne l'emportt cet gard sur les aptres, et cela absolument, mais encore, ce qui est plus important, relativement, c'est--dire en les comparant avec ceux au milieu desquels ils devaient exercer leur office. Si la religion s'est propage l'aide de son excellence intrinsque, de la perfection de sa morale, de la puret de ses prceptes, de l'loquence, de la touchante expression, de la sublimit de diffrentes parties des crits sacrs, ces avantages sont les mmes aujourd'hui. Si l'on attache quelque prix au caractre et aux circonstances des missionnaires au moment o ils s'introduisirent dans les pays o ils allaient porter l'Evangile, l'avantage sera tout entier du ct des modernes. Ils arrivrent d'un pays et du sein d'une nales aptres tion que les Indiens respectent pntrrent chez les gentils sous le nom seul de Juifs, et ce nom n'offrait leurs personnes que comme des objets de mpris et de dri:

fonctions les plus distingues Le service du culte tabli se trouve aussi, dans l'Inde, exclusivement dans les mains d'une caste puissante et nombreuse; cette caste est, en consquence, dvoue ce service et intresse le maintenir. De part et d'autre la mythologie manquait de preuves, ou plutt son origine reposait sur une tradition qui remontait des sicles antrieurs l'existence de toute histoire digne de foi et de toute langue crite.
les

les

rites publics.

La chronologie indienne compte


par millions,
et la vie des

les

poques
mil-

hommes par

liers (1) d'annes, et c'est des temps antcdents que remonte l'histoire de leurs divi-

De part et d'autre, la superstition tablie tenait la premire place dans l'opinion publique, c'est--dire qu'elle jouissait du mme crdit auprs de la masse du peuple (2), tandis que les hommes instruits et les savants de la communaut s'en moquaient ou croyaient
nits.

devoir
utilit

la maintenir en considration de son publique (3). Et quand on accorderait que les anciens paens taient moins attachs leur religion que ne le sont la leur les Indiens d'aujour(1) i LeSuiec-Jogue, ou l'ge de puret, a dur trois millions et deux cent mille ans; ils croient

l'tait

christianisme, il ne du temps des aptres de s'enrler parmi ceux (/nos, perflagitia invisos,

sion. Si l'on regarde l'Inde d'embrasser le

comme honteux dans


<

pas moins,

vulgus christianos appellabat. Si l'on rflchit la religion que les chrtiens avaient combattre, la diffrence ne paratra pas sensible. La thologie des gentils tait assez semblable celle des Indiens ce que les premiers attribuaient Jupiter, Neptune, Eole, Mars, Vnus, est attribu, dans la mythologie orientale, l'action d'Agrio, le dieu du feu; de Varoon, le dieu de l'Ocan ; de Yayoo, le dieu des vents; de Cama, le dieu de l'amour (Baghvat Geela, p. %. Quoted by D. Robertson Ind. dis., p. 306). Les rites sacrs du polythisme occidental taient gais et licencieux; les rites de la religion publique de l'Orient ont le mme caractre, avec une indcence plus ouverte (1). Bans toutes les crmonies pratiques dans les pagodes, comme dans toutes les processions publiques, des femmes instruites cela par les br amins sont obliges de danser devant l'idole et de chanter des hymnes son honneur ; et il serait difficile de dcider lequel est le plus indcent de leurs gestes ou des vers qu'elles rcitent. Les murs de leurs pagodes prsentent des images d'une composition qui ne blesse pas moins la dlica:

qu' cette poque la vie de l'homme tait de cent mille ans de dure ; mais il existe entre les crivains indiens une diffrence de six millions d'annes dans la supputation de celle re {Ibid.).

j
j

<

4
4 4

tesse (2).
trouve dans l'Orient d'autres divinits d'un caractre austre et sombre, que l'on se rend propices par des victimes, quelquefois par des sacrifices humains, et des tourments volontaires les plus recherches. (2) Voyage de Gentil, lome I, page Ui. Prface to code of Gentoo La\rs, page 57. Quoted by D. Robertson, p. 320.
(1)

On

Quelque absurdes que les articles de foi adopla superstition puissent tre quelque peu sanctifiants que soient les rites qu'elle prescrit, les premiers sent reus de tout temps et dans tous les pays avec un plein assentiment parla grande misse du peuple, et les derniers sont observs avec une scrupuleuse exactitude. Nous sommes ports nous garer dans nos raisonnements sur ls opinions et les pratiques qui diffrent essentiellement des ntrs. Ayant t levs dans les principes d'une religion qui se montre sous tous les rapports digne de celte divine sagesse qui nous lsa communiqu.';, nous paraissons tonns de la crdulit des nalions qui ont embrass des systmes de foi qui nous semblent si directement opposs la droite raison, et nous en venons souponner que des dogmes si extravagants ne sont pas rellement l'objet de leur foi. Mais l'exprience nous dmontre la vanit de notre tonnemeut et de nos soupons; nous ne voyons pas qu'aucun article de la religion publique ail jamais l mis en doute par les peuples de l'ancienne Europe dont nous connaissons le mieux l'histoire, ni qu'ils en aient rejet aucune des pratiques tablies. D'un autre ct, toutes les opinions qui tendaient diminuer le respect pour les dieux du pays , dtourner les hommes de leur culte, excitaient chez les Grecs et les Romains ce zle d'indignation naturel tout peuple attach sa religion, en consquence d'une ternie persuasion de sa vrit (Ind. Disc, p. 521). (5) Sur ce que les bramines de l'Orient sont les
(2)
i

ls par

distes raisonnables, et sur ce qu'ils rejettent en secret la thorie tablie et les rites qui en sont la con-

squence,
son'sind.

les

envisageant

comme
le

l'utilit politique

demande
324.

des inventions dont maintien, voyez Robcii-

dis., p.

889

TABLEAU DES PREUVES DU CHRISTIANISME.


la

890

d'hui, je suis loin de penser que cette circonstance et rendu l'entreprise des aptres plus facile que ne l'a t celle de nos missionnaires modernes. Il me parat, et j'attache de l'importance celte remarque, que des hommes
(jui

ne croient pas la religion de leur pays ne sont pas pour cela disposs en recevoir une autre, mais qu'il en rsulte plutt chez eux un mpris habituel pour toutes les croyances religieuses. Une incrdulit gnrale est le sol le plus difficile exploiter pour les propagateurs d'une nouvelle religion. Pense-t-on qu'un mthodiste ou un Morave persuaderait plus aisment un Franais esprit fort qui se moquerait dans son pays du papisme, qu'un mahomtan fidle ou un Hindou? Croit-on que nos chrtiens incrdules d'aujourd'hui courent pour cela quelque risque de devenir mahomtans ou hindous? Voit-on que les Juifs, qui avaient une masse de preuves historiques prsenter l'appui de leur religion, qui, de plus, celte poque, attendaient ouvertement un tat futur, aient tir de grands avantages, pour propager leur systme, du mpris que montraient pour la religion du peuple plusieurs paens de leur voisinage? Ces observations s'appliquent particulirement l'tat et aux progrs du christianisme chez les habitants de Y Inde; mais nous trouverons le mme effet en parcourant l'histoire des missions chrtiennes dans d'autres contres, lorsque l'efficace de ces missions n'a t que le rsultat de la conviction opre par la prdication des trangers partout vous reconnatrez la faiblesse et l'impuissance des moyens humains. On publia en Angleterre, il y a prs de trente-cinq ans, la traduction d'une histoire du Groenland, crite en hollandais, qui contenait les dtails d'une mission que YUnitas Fratrum, ou les Moiaves, avaient continue pendant trente ans dans ce pays, et il n'est aucune partie de cette relation qui ne confirme l'opinion que nous avons donne. Rien n'et pu surpasser, peine galer le zle et la patience de ces missionnaires. Toutefois, voici la rflexion la plus encourageante que l'historien ait pu hasarder en terminant s-on histoire Tout homme qui aura connu les paens, qui aura vu le peu de fruit qu'on peut recueillir des plus grands efforts consacrs leur instruction, qui se sera assur que les missionnaires ont perdu l'un aprs Vautre toute esprance de convertir ces infidles, que mme quelques-uns ont pens que, sans oprer des miracles, comme au temps des aptres, il tait inutile de songer leur conversion, car c'tait ce que les GronI (indais attendaient el demandaient ceux qui 1rs instruisaient ; quiconque, dis-je, voudra rflchir ces choses, sera moins surpris du peu de succs qu'ont eu ces jeunes missionnaires que de leur constance opinitre, malgr toute espce de misres, de difficults, d'ob;
:

prdication des missionnaires modernes et celle de Christ et de ses disciples, et cela dans des circonstances semblables, ou du moins pas tellement dissemblables qu'elles puissent expliquer cette diffrence, nous pouvons raisonnablement tirer cette conclusion en faveur des disciples de Christ c'est qu'ils avaient, ainsi que nos histoires nous l'apprennent, des moyens de conviction que nous n'avons pas, et qu'ils en appelaient des preuves qui nous manquent.

du christianisme

section

m.

Succs du mahomtisme.

La propagation du mahomtisme est le vnement connu dans l'histoire qui puisse tre compar celle du christianisme. La religion mahomtane a eu des progrs
seul

rapides son histoire est rcente , et repose sur le caractre surnaturel et prophtique que s'est attribu son fondateur. Sous ce point de vue nous convenons de ses rapports mais nous voyons avec le christianisme aussi dans ces deux religions des faces si diffrentes, qu' celte vue toute comparaison
; ;

disparat.
1 Mahomet n'a point fond ses prtentions sur des miracles proprement ainsi nomms, c'est--dire sur des preuves d'actions surnaturelles , mme d'tre connues et attestes par des tmoins. Le Coran mme justifie cette assertion des chrtiens , puisque non-seulement Mahomet n'y affecte point la prtention faire des miracles , mais qu'il

la

repousse les passages suivants en donnent la preuve. Les infidles disent: A moins que le Seigneur ne fasse descendre sur lui un signe d'en haut, nous ne croirons point ; tu n'es qu'un prcheur {Sale' s Coran, c. XIII, p. 201. d. quarto). Ailleurs: Rien ne nous et empch de l'envoyer avec des miracles, si ce n'est que les nations qui ont prcd les 17 , Chap. ont envelopps d'impostures p. 232). Enfin ils disent: A moins que le Seigneur n'envoie un signe sur lui, nous ne croirons point rponds : Les miracles sont cl je ne suis dans le pouvoir de Dieu seul qu'un prcheur public. N'est-ce pas assez pour eux que je leur aie envoy le livre du Coran pour leur tre lu (Chap. 29, p. 328) ? Outre ces dclarations j'ai remarqu treize endroits diffrents dans lesquels Mahomet place dans la bouche des mcrants celte objection (A moins qu'un miracle, etc.), et dans aucun de ces passages il n'allgue de miracles sa rponse est que Dieu communique le pouvoir de faire des miracles, quand, et qui il lui plat ( Chap. 5, 10, 13, deux fois); que quand il ferait des miracles ils n'en croiraient pas davantage (Ch. 6); qu'ils avaient rejet Mose Jsus et les prophtes,
; (

stacles internes et externes, et de leur persvrance croire la conversion de ces malheureux possible, malgr taule l'apparence de l'impossibilit (Hist.

ofGreenland, vol. 11, /;. 371!). D'aprs des effets si disproportionns entre

qui avaient fait des miracles (Chap, 3, 21,28) ; que le Coran est un miracle (Ch. 16). Je ne crois point que les visites secrtes de Gabriel que le voyage nocturne de Mahomet au ciel que la prsence de l'arme invisible des anges range en bataille, m, ,

891

DEMONSTRATION EVANGELIQUE. PALEY

892

ritent le nom de miracles sensibles ; le seul passage du Coran d'o l'on pourrait infrer une prtention un miracle la porte des sens, se trouve au chapitre 54; voici les expressions: L'heure du jugement approche, et la lune a t fendue en deux ; mais quand les mcrants voient un miracle, ils se tournent de ct et disent : Ceci est un charme

ce qui est susceptible d'avoir t connu ou attest (ce qui serait admettre tout ce qu'on peut infrer de la rception du Coran), et toutefois Mahomet pourrait encore tre imposteur ou enthousiaste , ou l'un et l'autre. Mais admettez comme vraie quelque partie

puissant. Les interprtes mahomtans ne sont pas d'accord dans l'explication de ce passage; quelques-uns croient qu'il y est
la lune fendue en deux d'un des signes futurs qui prcderont l'approche du jour du jugement d'autres prtendent qu'il s'agit d'un effet miraculeux qui avait t rellement opr ( Vide Sale, in locum). Une me paratrait pas improbable que Maliomet et tir parti de quelque halo extraordinaire ou de quelque autre phnomne de ce genre qui parut celte poque et donna occasion ce passage, ainsi qu' l'histoire qui en fut la consquence. Aprs ces confessions authentiques du Coran plus dcisives que n'et t le silence, nous ne saurions tre branls parles histoires miraculeuses qu'Abulfda a insres dans la Vie de Mahomet crite six cents ans aprs la mort de cet imposteur, ou qui se trouvent dans la lgende de Al-Jannabi qui parut deux cents ans aprs (1). Nous concluons plutt, en comparant ce que Mahomet a crit et dit, avec ce que ses sectateurs ont ensuite racont, que ce ne fut que lorsque sa religion eut t tablie parles conqutes et seulement alors, que l'histoire de ses miracles commena paratre.
fait

mention de

comme

que vous voudrez de l'histoire de JsusChrist j'entends de son histoire publique et porte d'tre connue de ses disciples , et Christ doit tre un envoy de Dieu. Lorsqu'il n'est point question d'une matire de fait|, lorsqu'on n'allgue point de miracles , je ne vois pas que le progrs d'une religion soit une meilleure preuve de sa vrit, que la rception gnrale d'un systme sur la religion naturelle, la morale ou la mdecine, ne le serait de ce systme. Nous savons que ce genre d'argument n'est admis dans aucune branche de la philosophie.
,

Vous me direz Si une religion peut se propager sans miracle pourquoi une autre ne 1 que ce le pourrait-elle pas? Je rponds
:

n'est pas ce dont il est question ; la question n'est pas de savoir si une institution reli-

Maintenant cette diffrence seule me semble rendre impossible toute espce de rapprochement entre le Coran et l'Evangile. Le
succs d'une religion qui est fonde sur une
histoire miraculeuse a ajout foi cette

nous prouve que


histoire
,

l'on
foi

et

cette

avec laquelle des

capables de connatre la vrit et intresss }a chercher l'ont adopte, est une preuve de la ralit et par consquent de la de cette histoire vrit de la religion. Mais quand on ne met en avant aucune histoire miraculeuse, il n'y a lieu aucune application d'un semblable raisonnement. Nous convenons qu'un grand nombre d'hommes ont reconnu les prtentions de Mahomet; mais ces prtentions ne reposant sur aucune preuve miraculeuse nous savons qu'elles n'ont aucun fondement solide qui ait pu lgitimer la persuasion de
,

hommes

ses sectateurs, et que leur exemple ne saurait tre d'aucune autorit pour nous. On pourrait admettre comme vrai l'ensemble de l'histoire authentique de Mahomet, dans tout
(1) 11 ne parat pas que ces historiens aient pu s'appuyer sur aucune narration crite plus ancienne que le Sonnah, qui tait un recueil de traditions rassembles par ordre des califes , deux cents ans aprs la mort de Mahomet. Mahomet mourut an de Jsus Christ 652; Al-Bochari, l'un des six docteurs qui avaient compil le Sonnah, tait n au de JsusChrist 809, et tait mort en 869. (Prideaux, Vie de

Maliomet, page 192, sept. dit.

gieuse ne peut pas s'tendre sans miracle : mais si une religion ou un changement de religion qui se fonde sur des miracles aurait pu russir sans aucune ralit pour appui. Je crois ces deux cas bien diffrents et que Mahomet, n'ayant pas pris cette marche , nous donne une preuve entre plusieurs autres, que la chose tait difflcile, sinon imposil n'ignorait certainement sible excuter pas la valeur et l'importance de la preuve tire des miracles; car il est remarquer que dans le mme volume, et quelquefois dans les mmes chapitres o il rpte n'avoir point le pouvoir de faire des miracles , sans cesse les miracles des proil rappelle phtes qui l'ont prcd. On croirait, enque l'tablissement tendre certaines gens d'une religion fonde sur la prtention un est une chose qu'une pouvoir miraculeux exprience journalire conGrme ; tandis que jecroisque, si on en excepte les religions juive et chrtienne, il n'existe pas de document authentique d'une semblable tentative. II. L'tablissement de la religion de Mahomet a t effectu par des causes qui n'ont influ en rien sur l'origine du christianisme. Mahomet, durant les douze premires annes de son entreprise n'eut recours qu' c'est ce dont chala voie de la persuasion cun convient. Et d'aprs son peu de succs nous avons lieu de croire que, s'il se ft born ce moyen pour propager sa religion , nous n'eussions jamais entendu parler ni d'elle ni de lui. Trois annes silencieuses s'coidrent pour la conversion de quatorze proslytes. Les progrs lents et pnibles de sa religion furent concentrs pendant dix ans dans l'enceinte de la Mecque. On peut calculer qi la septime anne de sa mission le nombre de ses proslytes montait quatrevingt-trois hommes et dix-huit femmes qui se retirrent en Ethiopie (Gibbons Hist., chap. 50). Mais encore ce progrs, quelque faible qu'il ft, parat tre en partie d des
, ,
:

893

TABLEAU DES PllEUVES DU CHRISTIANISME.


3*

894

rsultaient de la , qui siluation o se trouvait Mahomet, de la manire dont il conduisit son plan, et de la nature de sa doctrine. 1 Mahomet tait le petit-fils d'une des plus honorables et des plus puissantes familles de
la mort prmature de pas laiss un patrimoine qui rpondt sa naissance, il avait rpar ce dsavantage par i avantageux. longtemps avant qu'il et commenc sa mission. Un homme distingu par ses richesses, d'une famille illustre, troitement alli aux chefs du pays, ne put que fixer l'attention et attirer des sectateurs ds qu'il se fut annonc comme prdicateur d'une religion. 2 Mahomet suivit son plan, surtout quant l'extrieur, avec beaucoup d'art et de prudence. Il se conduisit en politique rus qui aurait form une conspiration. Il s'adressa d'abord sa famille il gagna l'oncle de sa femme, qui tait la Mecque, un personnage considrable et son cousin Ali jeune homme d'une grande esprance distingu par son attachement Mahomet, par son imptuosit et son courage (1) et qui remplit dans la suite, avec distinction, la place de caiife.il s'adressa ensuite Abu-Beker, un des hommes les plus marquants d'entre les Koreishites, par ses richesses et son crdit. Son exemple entrana cinq autres des premiers personnages de la Mecque qui, par leurs sollicitations, en enrlrent cinq autres du mme rang. Ce fut l'ouvrage de trois annes, et pendant ce temps tout se passa dans le secret. C'est avec le secours de ces allis, et la puissante protection de sa famille, dont quelques membres dsapprouvaient la vrit son entreprise et se moquaient de ses prtentions, mais qui pour cela n'eussent pas permis qu'on et insult un orphelin de leur faaflllc, le rejeton d'un frre chri ; 'est avec cet appui que Mahomet commena prcher publiquement, et les successeurs qu'il eut pendant les neuf ou dix annes d'un paisible ministre, ne dpassrent pas ce qu'on devait raisonnablement attendre d'une position d'autant plus avantageuse qu'il n'existait alors la Mecque aucune religion fixe contre laquelle il et lutter. Nous ne saurions dterminer le moment o il dcouvrit ses premiers adhrents le secret de son ambition l'empire, non plus que celui o il en conut la premire ide. Mais l'vnement fut tel/*g,ue ses premiers sectateurs finirent par obtenir des richesses, des honneurs par commander des armes , et par gouverner des royaumes (Gibbon, ch. 50).

avantages importants

la

Mecque, et quoique
lui et

son pre ne

Les Arabes tiraient leur origine d'Abraham par Ismal. Les habitants de la Mecque et probablement aussi les autres tribus de l'Arabie, reconnaissaient, comme on peut s'en assurer parla lecture du Coran, une divinit suprme laquelle ils avaient associ plusieurs objets auxquels ils rendaient un culte religieux. Le grand point de doctrine que Mahomet annona fut l'unit exclusive de Dieu. Il dit aux Arabes que cette grande vrit avait t proclame par leur illustre anctre Abraham, par Ismal, pre de leur nation par Mose lgislateur des Juifs, et par Jsus, l'auteur du christianisme; mais que leurs descendants ayant corrompu cette vrit, il avait reu la com, ; ,

mission de la rtablir dans le monde. S'tonnerait-on que pendant la dure du ministre pacifique de Mahomet une doctrine si spcieuse et eu quelque faible dveloppement, se trouvant appuye sur l'autorit de personnages dont les uns ou les autres jouissaient de la plus haute vnration dans l'esprit de diffrents auditeurs, et annonce par un missionnaire qui recherchait la faveur du peuple? 4 Quant aux prceptes positifs qui accompagnaient cette doctrine fondamentale de Mahomet, et au Coran qui renfermait ces prceptes: on y aperoit sans cesse deux buts l'un de faire des proslytes , et l'autre de faire de ses proslytes des soldats les particularits suivantes, entre plusieurs autres, prouvent suffisamment celte assertion. 1. Quand Mahomet commena prcher , il dbuta par dire aux Juifs aux chrtiens et aux paens arabes, que la religion qu'il enseignait n'tait pas diffrente de celle qu'ils avaient pratique dans l'origine : Nous croyons en Bien, et nous ne mettons point de distinction entre ce qui nous a t communiqu et ce qui a t communiqu Abraham, Ismal lsaac Jacob et aux tribus, et ce qui a t communiqu Mose et Jsus, et ce qui a t communiqu aux prophtes de la part du Seigneur (Sale's Coran, c. 11, p. 17). Il vous a destin la religion qu'il avait recommande No et que nous t'avons rvle, 6 Mohammed, et que nous avons donne Abraham, Mohe et Jsus, disant : Observez cette religion, et ne soyez point diviss (C. k% p.393). // vous a choisi, et la religion qu'il vous impose ne prsente aucune difficult ; c'est la
: ;

religion de votre pre

(1)

M. Gibbon nous en a conserv


:

la

preuve sui-

vante

<

Quanti

Mahomet demanda dans une assem:

tre 50.

Qui d'entre vous veut tre mon compagnon et mon vizir? Ali fig pour lors de quatorze ans, rpondit l'instant prophte, je suis cet homme je briserai les dents j'arracherai les yeux, j<- casserai les jambes, j'ouvrirai le venire de quiconque s'lvera contre toi. prophte veux tre ton vizir pour les contenir. > (Chapii<v
,
: ; , !

ble de sa famille

'

futures des mcrants, leur leur repentance, regrets Celte partie de son livre est la mieux travaille. Ses tableaux, capables d'mouvoir mme les lecteurs qui n'ont en main que la traduction du Coran durent produire un plus grand effet sur l'esprit de ceux qui ils furent immdiatement prsents. La terreur qu'inspirent ces descriptions devait faire une profonde impression sur plusieurs caractres. 3. D'un autre ct , voyez ce paradis voluptueux, ces vtements de soie, ces palais de marbre, ces ruisseaux, ces ombrages, ce
, , ,

L'auteur de dre les angoisses dsespoir leurs leurs tourments.


2.

Abraham (C. 22, p. 281). Coran ne cesse de dpein-

*9

DEMONS TKATION tfVANGE"LlQUL\ PALEY.

8l)f,

grottes,ces lits, ces vins, ces mets dlicats; puis ces soixante et douze vierges d'une, beaut resplendissante, d'une jeunesse ternelle,

assignes chaque fidle. Comment Mahomet n'et-il pas chauff l'imagination et enflamm les passions de ses sectateurs

du vin, mais accorda une licence sans bornes dans l'usage des femmes. Quelle amorce pour le soldat arabe que d'tre autoris la possession de quatre femmes, de pouvoir les changer volont (C. h, p. 63), de pouvoir
leur associer toutes ses captives (Gibbon., c. 50). Dieu a voulu, dit-il, en parlant sur ce sujet, que sa religion ft lgre car l'homme a t cr faible. Qu'elle est diffrente cette doctrine de la puret sans alliage de l'Evangile ? Comment Mahomet et-il eu des succs , si sa bouche et prononc ce prcepte Quiconque regarde une femme pour la convoiter, adj commis un adultre dans son cur ? Ajoutons que Mahomet n'osa hasarder la prohibition de l'usage du vin que la quatrime anne de l'Hgire ou la dixseplimedesa mission (Mod. Un.Hist.,v. I, p. 126) et lorsque ses succs militaires eurent consolid son autorit. Nous faisons la
,
:

orientaux? h. Mais le plus lev des cieux tait rserv ceux qui combattaient avec lui et prodiguaient leur fortune au maintien de sa cause Ces croyants qui restent assis chez eux, sans prouver aucun mal, et ceux qui consacrent leurs personnes et leur fortune au service de Dieu, ne seront point traits galement. Dieu distingue ceux qui vouent leur fortune et leurs personnes la dfense de la cause, de ceux qui restent chez eux. Dieu a sans doute promis chacun un paradis, mais il prfre ceux qui combattent pour la foi ceux qui sont en repos ; une grande rcompense sera donne aux premiers, savoir,
:

mme remarque
rinage de
la

sur

le

jene du

Ramadan

diffrents degrs d'honneur, et de plus le pardon et la misricorde (C. h, p. 73). Pensezvous que donner boire aux plerins , que visiter le saint temple, soient des actions aussi mritoires que de croire en Dieu et de combattre pour sa religion? Ces actions ne seront point gales aux yeux de Dieu. Ceux qui auront cru, qui auront fui de leur pays et sacrifi leur fortune et leurs personnes la dfense de la vraie religion de Dieu , seront au

(lbid., p. 112) et sur la partie la plus onreuse de son institution, je veux dire le ple-

Mecque

(1).

Tout ce que nous venons d'offrir, et que nous avons puis dans l'histoire musulmane, comprend les douze ou treize annes de la
paisible prdication de Mahomet, et cette partie de son histoire ou de son plan ne saurait offrir la plus faible ressemblance avec le christianisme. Mais une nouvelle scne

plus haut degr d'honneur auprs de Dieu; ce sont ceux-li qui seront heureux. Le Seigneur leur enverra d'heureuses nouvelles de sa misricorde de son bon vouloir, il leur destinera des jardins dans lesquels ils goteront
,

des plaisirs durables. C'est l qu'ils continueront vivre toujours, car les grandes rcompenses sont auprs de Dieu [C. 9, ;;. 151). Vraiment, Dieu a achet les mes des vrais croyants et leur substance, leur promettant la jouissance du paradis, sous la condition qu'ils

s'ouvre ici. La ville de Mdine, dix journes de distance de la Mecque, se trouvait alors dchire par les prtentions hrditaires de deux tribus ennemies. Cet tat de discorde tait exaspr par les perscutions mutuelles des Juifs, des chrtiens et des diffrentes sectes de chrtiens qui habitaient
cette ville (Mod. Un. hist. v. I, p. 100). La religion de Mahomet offrait une espce de rap-

prochement entre des opinions


elle

si

divises:

combattront pour la cause de Dieu; qu'ils soient tus ou qu'ils tuent, la promesse n'est pas moins assure d'aprs la loi, d'aprs l'Evangile, et d'aprs
5.
le

Coran
la

(1).

prdestination tendait fortifier et exalter le courage des adhrents de Mahomet, qui sut en profiler Si quelque chose nous tait survenu, nous n'aurions pas t tus ici. Rpondez : Quand vous auriez t dans vos maisons, ceux qui taient prdtermins seraient sortis pour combattre, et auraient pri la mme place o ils sont
:

La doctrine de

admettait des principes qui taient reus de tous; chaque parti y trouvait la profession ouverte du dogme fondamental de son systme. Quant aux Arabes qui professaient le paganisme, oure qu'ils taient plus ou moins imbus des sentiments et des lumires de leurs concitoyens juifs ou chrtiens, ils ne dmlaient rien de prjudiciable ou de trop absurde dans cette nouvelle thologie. Aussi le

Coran

fut-il

mieux

accueilli

Mdine

qu'il

morts

chauds e penchant des sexes est plus vif, tandis que la passion pour les liqueurs enivrantes est modre. D'aprs celte diffrence, Mahomet restreignit l'usage
!

Dans

(C. 3, p. 54). les climats

ne l'avait t la Mecque, malgr les douze annes de pnibles efforts de son auteur; toutefois ses progrs n'y furent pas considrables. Son missionnaire n'y put rassembler que quarante personnes (lbid. page 85), et ce fut l'aide d'une association politique et

non pas religieuse, que Mahomet s'introdui Mdine. Les habitants de celte ville, harasss par la continuit de leurs factions et dgots de leurs disputes, virent qu'en se soumettant l'autorit du prophte ils mettraient une fin aux misres qu'ils avaient souffertes et aux violences de parti dont ils avaient
sit
cl avait pris

i <

c <

une goutte de sang vers pour la cause de L'ieu, une mit passe sous 1rs armes, ont plus de prix ses yeux que deux omis de jene et de prire. Les pchs seront pardonns au jour du jugement quiconque prira dans la bataille; ses blessures resplendiront comme
l'enfer;
le
la

(1) Ch. 9, page 114. est la clef du ciel et de

L'pe

disait

Mahomet,

vermillon, elles embaumeront


perle de ses

comme

le

musc;

scia remplace par des ailes d'anges cl de chrubins (Cibb., c. 50).

membres

tait dj usit par les Arabes, naissance dans leur excessive vnration pour la Caaba. Ainsi la loi de Mahomet tait cet gard plus une condescendance qu'une innovation (Sale'sProlim., p. 12-2).
(t)

Ce plerinage

898 TABLEAU DES PREUVES DU CHRISTIANISME. participaient aux privilges, aux droits et appris connatre la fureur. Ainsi donc aux honneurs des fidles. Vous, chiens de aprs une ambassade compose de croyants
307
et de mcrants (Mod. Un. Hist. v. I, p. 85), de dputs des deux (ribus qui formrent en-

semble une troite alliance, Mahomet

fit

son

chrtiens, vous connaissez le choix qui vous : le Coran, le tribut ou l'pe (Gibb., c/i.50). La corruption o tait tomb le chrisest offert

entre publique Mdine, et y fut reu en souverain. Ds ce moment, ou incessamment aprs, l'imposteur changea de langage et de conduite. Ayant une ville sous ses ordres o il pouvait armer son parti et le diriger avec scurit, il adopta un nouveau plan. Il prtendit avoir reu du Ciel l'ordre d'attaquer les Infidles, de dtruire l'idoltrie et d'tablir la nouvelle foi par l'pe (Ibid., p. 88). Il dbuta par remporter une victoire sur une arme suprieure la sienne, et tablit ainsi la rputation de ses armes et de son caractre personnel (Victor;/ ofBedr. p. 106): les annes qui suivirent furent remarquables par des batailles ou des assassinats. On peut juger quelle fut l'activit des entreprises de Mahomet, en calculant que dans les neuf annes qui suivirent, il commanda en perbatailles gnrales (Un. Hist. v. I, p. 255), et entreprit sous sa conduite ou celle de ses lieutenants, cinquante expditions militaires. Ds ce moment il ne nous reste expli-

tianisme au septime sicle, la discorde qui rgnait entre ses diffrentes sectes, se runissant malheureusement avec la crainte que les chrtiens avaient de perdre leur vie et leurs fortunes, en portrent plusieurs renoncer leur religion. Ajoutez que les victoires de Mahomet, quoique offrant des effets naturels, furent constamment reprsentes aux yeux de ses amis et de ses ennemis comme tant des dclarations authentiques de la- faveur cleste. Le succs devait tenir lieu d'vidence. La prosprit, indpendamment de son influence naturelle, tait donne comme preuve. Vous avez dj, disait-il aprs la bataille de Bedr, aperu un miracle dans le sort de ces deux armes opposes l'une l'autre; l'une combattait pour la vraie religion de Dieu, mais l'autre tait compose
d'infidles (Sale's Koran, c. 3, p. 36). Ce n'est pas vous qui avez mis mort ceux qui ont pri Bedr, c'est Dieu qui les a mis mort. Si vous dsiriez que ce procs fut jug entre nous, vous venez d'en apprendre la dcision
c. 8, p. 141). serait superflu d'extraire, l'appui de ce que nous venons de dire, d'autres pasIl

sonne son arme dans huit

(Idem,

quer que les faits suivants: comment Mahomet rassembla une arme, comment cette arme
fit

des conqutes, et

comment

sa religion se

dveloppa avec ses conqutes. L'exprience ordinaire ne nous permet pas d'tre surpris d'aucun de ces effets, outre que chacun d'eux fut facilit par des circonstances particulires. On vit de toute part les Arabes errants accourir en foule sous les tendards de la religion et du pillage, de la libert et de la victoire, des armes et du brigandage. In-

sages du Coran. Le succs de Mahomet pendant cette priode de son histoire, comme
les priodes futures, offre si peu de traits de ressemblance avec la propagation prompte du christianisme, qu'on ne saurait en tirer aucune consquence qui affaiblisse les preuves que prsentent les chrtiens. Car comment tablir une comparaison entre un artisan de Galile accompagn d'un petit nombre de pcheurs, et un conqurant la tte d'une arme? Comparerions-nous Jsus, sans force, sans pouvoir, sans appui, sans aucune circonstance extrieure qui pt attirer lui, remportant la victoire sur les prjugs, la science, la hirarchie de son pays, sur les anciennes opinions religieuses dcores de toute la pompe mondaine, sur la philosophie, la sagesse, l'autorit de l'empire romain, et l'poque la plus claire, la plus brillante de son existence? compa*^ rerions-nous, dis-je, Jsus avec Mahomet, qui se fit chemin au milieu des Arabes, rassembla des sectateurs au sein des conqutes et des triomphes, dans l'poque la plus obscure du inonde, et au milieu de nations enveloppes de la plus sombre nuit et cela quand le succs de ses armes n'tait pas seulement attribu la supriorit des chefs qui dirigeaient ces heureuses entreprises, mais tait envisag comme un tmoignage certain de l'approbation divine? Et nous serions surpris que des multitudes entranes par ce faux raisonnement eussent march sous les tendards de ce chef victorieux ; que de plus grandes multitudes, sans mme aucun raisonnement, se fussent prosternes devant une puissance irrsistible! Aperoiton dans tout ceci quelque rapport avec les
;

pendant

dpendamment des jouissances charnelles d'un paradis que Mahomet avait reprsent
sous des couleurs si attrayantes, il rcompensait ses sectateurs sur la terre par un partage gnreux du butin et par celui des femmes captives (Gibb., c/t.50). L'tat de l'Arabie habite par de petites tribus indpendantes, exposait ce pays aux attaques et l'obligeait cder aux progrs d'une arme forte et courageuse. Aprs avoir soumis la pninsule o il avait pris le jour, il trouva dans la faiblesse des provinces romaines du nord et du couchant, aussi bien que dans les dchirements de l'empire des Perses l'orient, des circonstances qui facilitrent ses succs quand il tenta de pntrer dans les pays qui l'avoisinent. On sera peu surpris que la religion de Mahomet se soit tendue avec ses conqutes, quand on connatra les conditions qu'il offrait aux vaincus. Les idoltres n'avaient de choix qu'entre la conversion ou la mort. Abattez leurs ttes, coupezleur toutes les extrmits des doigts (Sale's Coran, c. 8, p. 140), tuez les idoltres parlotit ou vous en rencontrerez. L'alternative qu'il laissait aux Juifs et aux chrtiens tait moins svre ceux qui persistaient dans leur religion devenaient sujets et payaient un tribut, tandis que lo apostats
;

890

DMONSTRATION VANGLIQUE. PALEY.


toute sa force.

900

causes auxquelles on doit l'tablissement du christianisme? Ainsi donc les succs de la religion de Mahomet n'empchent point la conclusion que nous tirons de la propagation de la religion chrtienne: c'est que, vu les circonstances et les moyens, cette propagation est unique. Un artisan juif a renvers la
religion
J'ai

Il n'en est pas moins vrai qu'un grand nombre d'hommes vivant sur les lieux, lis personnellement aux vnements et l'auteur de la religion, ont t

du monde.

cru nanmoins devoir placer la propagation du christianisme au nombre des preuves auxiliaires de sa vrit parce que, soit que cette religion ait prvalu ou non, soit qu'on puisse rendre compte ou non de ses succs, l'argument direct reste dans
:

entrans d'aprs ce qu'ils ont entendu, vu et connu, changer non-seulement leurs opinions, mais faire le sacrifice de leur temps, de leurs aises, traverser sans relche les mers et les royaumes, s'exposer aux plus grands dangers, affronter les souffrances les plus cruelles, et cela uniquement en consquence et l'appui de leur croyance des faits qui, supposs vrais, tablissentla vrit de la religion, et, supposs faux, doivent avoir t reconnus tels leurs yeux.

EXAMEN ABRG DE QUELQUES OBJECTIONS REBATTUES.

CHAPITRE PREMIER.
Diffrences qui se trouvent entre les Evangiles.

Il existe une contradiction remarquable au sujet de la mort du marquis d'Argyle, sous

Je ne crois pas qu'on puisse abuser de l'entendement d'une manire plus formelle et plus antiphilosophique , qu'en rejetant la substance d'une histoire parce que les circonstances que l'on en rapporte diffrent quelquefois entre elles. Le caractre ordinaire

du tmoignage humain, c'est de prsenter une vrit principale, accompagne de quelques varits dans les circonstances; c'est ce qu'une exprience journalire nous montre dans les cours de justice. Quand les dtails d'un vnement sortent de la bouche de diffrents tmoins, il est bien rare qu'on n'aperoive pas des contrarits apparentes ou relles dans leurs dpositions. Ce sont ces variations que l'avocat de la partie adverse s'tudie faire ressortir, mais sans que les juges y attachent une grande importance; bien au contraire, c'est en voyant un accord serr et minutieux que l'on est port souponner la connivence et la fraude. Comparez des

mmoires diffrents crits l'poque mme d'un vnement, leur comparaison confirmera presque toujours la remarque que nous
venons de faire. On y apercevra des variations nombreuses et quelquefois importantes

rgne de Charles II. Lord Clarendon nous raconte qu'il fut condamn tre pendu et qu'il le fut le mme jour ; tandis que Burnet, Woodrow, Halh, Echard, s'accordent dire qu'il fat dcapit et qu'ayant t condamn le samedi, il fut excut le lundi suivant(ToyezlaBiog. britan.). Mais s'est-il jamais rencontr un lecteur assez sceptique qui, d'aprs cela, ait os mettre en doute si le marquis d'Argyle avait t excut ou non ? Cependant d'aprs la manire dont on a quelquefois attaqu l'histoire chrtienne, le fait devrait rester douteux. Le docteur Middleton a prtendu que la varit que saint Jean, compar avec les autres yanglistes, prsente dans l'heure du jour o Christ fut crucifi ne peut admettre l'explication qui a t donne par des savants et il en tire cette conclusion Nous sommes forcs, aussi bien que plusieurs autres critiques, de laisser cette difficult telle qu'elle s'est prsente nous, expose toutes les consquences d'une contradiction manifeste (Middleton's Reflections Ansswer'd by Benson ,
le
, ,
:

quelquefois mme des contradictions , bien relles; toutefois ni les unes ni les autres ne pourront branler la crdibilit du fait principal. Ainsi Philon place l'poque de la moisson l'ambassade que les Juifs envoyrent Claude pour demander la rvocation de l'ordre qu'il avait donn de placer sa statue dansleur temple. Josphe, au contraire, nous dit que ce fut dans la saison des semailles

Hist. Christ, v. III, p. 50). Mais quelles sont ces consquences ? Ce ne peut tre de rvoquer en doute le fait principal raison d'un manque d'accord

dans

le fait a

la dsignation de la partie eu lieu, lors que l'on

mme

rtablir cet accord l'aide nire diffrente de compter les heures.

du jour o nepourrait de quelque ma-

tous deux taient crivains contemporains. Se trouverait-il un lecteur qui d'aprs cette contradiction ost mettre en doute la ralit de cette ambassade, ou celle de l'ordre
;

donn par Claude? Nous trouvons des exemples semblables dans l'histoire d'Angleterre.

On aperoit dans les Evangiles plusieurs de ces diffrences qui proviennent d'omission ; de ce que tel fait ou passage de la vie de Christ se trouve tre rapport par un crivain et omis par un autre. Mais on s'est refus de tout temps croire qu'un fait omis pt tre une base suffisante une objection. Ces omissions s'aperoivent non-seulement en comparant diffrents crivains, mais lo nitne crivain avec lui-mme. Ainsiplusieurs

901

TABLEAU DES PREUVES DU CHRISTIANISME.


le

902

particularits, dont quelques-unes sont assez importantes, ont t consignes par Josphe dans ses Antiquits, et auraient d se retrouvera leur place dans sa Guerre desJuifs(Lard.,

verrez, comme il vous l'a dit (Chap. XVI, 7). Nous serions ports infrer de ces paroles que ce fut l que pour la premire fois ils purent le voir nous pourrions du moins
:

Sutone, Tacite et Dion Cassius ont tous trois crit le rgne de Tibre ; chacun d'eux a racont plusieurs faits omis par les autres [Idem, p. 74-3), et cependant on n'en a tir aucune consquence contre la vracit respective de leurs histoires. Et si la comparaison n'tait pas dplace, il n'y a pas je dirais que nous avons lu longtemps, la Vie d'un personnage minent, et quoiqu'on y crite par trois de ses amis apert une grande varit dans les incidents qu'ils avaient recueillis, quelques contradictions apparentes et peut-tre relles, toutefois cela n'a point port atteinte la vrit substantielle de leur histoire l'authenticit de leurs livres , et la confiance accorde aux lumires et la fidlit gnrale de ces
part.
I,

v. II, /j.735).

avec autant de raison que l'on croit pouvoir le faire des expressions de saint Matthieu cependant l'historien lui-mme ne s'est pas aperu qu'il allait porter son lecteur tirer cette conclusion: car, au douzime verset et aux deux suivants, il parlede deux apparitions qui, d'aprs l'ordre des vnements, ont t antrieures celle de Galile. Il apparut ensuite sous une autre forme deux d'entre eux, qui taient en chemin pour aller
l'infrer
;

la

campagne

: :

ceux-ci

le

vinrent dire

aux au-

crivains. Mais ces diffrences devront tre plus nombreuses quand on crira non pas des histoires , mais des mmoires; ce qui est le vrai nom que nousdevons donner et la vraie ide

mais ils ne les crurent pas non plus. Enfin, il apparut aux onze qui taient table, il leur reprocha leur incrdulit et la duret de leur cur, parce qu'ils n'avaient pas cru ceux qui l'avaient vu ressuscit. Cette mme observation sur le but particulier qui dirigeait l'historien, pourrait nous tre utile lorsque nous comparerions plusieurs autres passages de l'Evangile.
tres disciples
,

CHAPITRE

II.

que nous devons attacher nos Evangiles c'est--dire lorsque des crivains n'auront pas entrepris, ne se seront pas propos de raconter selon l'ordre des temps, une histoire rgulire et complte de toutes les choses importantes qu'a pu faire ou dire le personnage qui est le sujet de leur histoire mais ne se seront propos que de prsenter, entre plusieurs, quelques actions ou discours qui
,
,

Opinions errones imputes aux aptres.

n'est pas toujours

L'examen qu'on fait de l'Ecriture sainte accompagn d'une espce

ont plus particulirement fix leur attention, se sont prsents leurs recherches, se sont retracs leur mmoire, ou leur ont t suggrs par le but particulier qu'ils se proposaient en prenant la plume. Ce but particulier s'aperoit quelquefois, mais pas toujours, pas mme souvent. Ainsi je pense que le but particulier de saint Matthieu, eu crivant l'histoire de la rsurrection, fut d'attester le fidle accomplissement de la promesse que Christ avait laite ses disciples de les prcder en Galile, parce qu'il est le seul, except saint Marc (qui parat en avoir parl d'aprs lui), qui ait fait mention de cette promesse, et se soit born nous prsenter la seule des i\[)[ alitions de Christ ses disciples, qui eut lieu en accomplissement de sa promesse. C'tait ses yeux la manifestation prmdite, la grande, la manifestation la plus publique de la personne du Seigneur. C'est ce qui avait fait impression sur l'esprit de saint Matthieu et tout son rcit se rapporte ce
,

de loyaut avec laquelle on convient qu'on examiner tous les autres livres, je veux qu'on ne distingue pas toujours le jugement de l'auteur de son tmoignage. Il est rare que nous attaquions la confiance que l'on doit un crivain pour quelque opinion qu'il peut avoir avance sur des sujets qui n'ont pas de rapport avec ses preuves, et mme sur les sujets qui se lient son histoire, ou qui s'y trouvent confondus; nous croyons devoir sparer alors les faits des opinions, !e tmoignage ds observations, et la narration du raisonnement. En jugeant les livres sacrs des chrtiens d'aprs un principe aussi quitable, nous remarquerons qu'ils ont sou vent t attaqus sur
doit dire

des citations que le Nouveau Testament a faites de l'Ancien quelques-unes de ces citations, nous dit-on sont appliques dans un sens et des vnements diffrents de ceux dont il est question diffrents de ceux auxquels elles
; , ,

appartiennent dans l'original.

que

fait.

Mais il n'existe rien dans ce que dit saint Matthieu qui rejette la ralit d'autres apparitions, ou qui donne lieu de croire que celle qui cul lieu en Galile en consquence de la promesse du Sauveur, fut la premire ou la seule, et c'est ce que prouve l'Evangile de saint Marc; car quoique celui-ci parle de l'apparition en Galile dans les mmes termes que saint Matthieu, il ne laisse pas de citer deux apparitions antrieures celle-ci.
Allez dire ses disciples et Pierre, qu'il s'en ta devant vous en Galile, c'est l que vous

Mais je crois crivains du Nouveau Testament n'ont fait usage de plusieurs de ces citations que comme convenances. Us ont cit des passages de l'Ecriture qui convenaient, qui s'adaptaient aux conjonctures qui taient sous leurs yeux, sans prtendre vouloir toujours affirmer que ces conjonctures taient celles que l'auteur des paroles cites avait en vue. Nous trouvons chez les crivains de tous les pays, de semblables applications de passages tirs d'auteurs anciens, surtout de ceux dont les ouvrages sontdans les mains de tout le monde; mais c'est surtout dans les crits juifs que l'on devait s'attendre en trouver, parce que leur littrature lait presqu'entirement renferme dans leurs Ecritures. Quant aux prophties qui sont cites avec plus de solennit.
les

803

DEMONSTRATION EVANGELQUE. PALEY.

901

qui sont accompagnes d'une dclaration prcise qui annonce qu'elles avaient en vue l'vnement actuel, je crois qu'elles sont cites avec justesse. Mais quand il en serait autrement, croira-t-on que le degr de jugement qu'auront montr les auteurs du Nouveau Testament dans l'interprtation des passages de l'Ancien ou dans l'admission d'interprtations reues, influerait sur leur vracit ou sur les moyens qu'ils avaient d'tre instruits de ce qui se passait de leur temps, au point qu'une erreur de critique bien avre dt renverser ou affaiblir leur crdit comme historiens ? Une telle erreur auraitelle quelque rapport avec leur vracit lui porterait-elle quoique atteinte? On a imput aux premiers chrtiens une autre erreur, c'est d'avoir cru le jour du jugement prochain. Je prsenterai cette objection conjointement avec une remarque sur un exemple semblable. Le Sauveur parlant Pierre au sujet de Jean dit Si je veux que qu'il demeure jusqu' ce que je vienne vous importe (Jean XXI 22) ? Ces paroles furent si mal interprtes, qu'un bruit courut entre les frres que ce disciple ne mourrait point. Supposons que celte fausse interprtation nous et t transmise au nombre des opinions adoptes par les premiers chrtiens, et que la circonstance qui donna lieu cette erreur ft tombe dans l'oubli (ce qui humainement parlant devait vraisemblablement avoir lieu), il se trouverait aujourd'hui des gens qui citeraient celte erreur comme attaquant tout le systme de la religion chrtienne. Mais la connaissance de ce qui donna lieu cette erreur, et qu'on nous a conserve, nous montre quelle et t l'injustice d'une telle conclusion , ou plutt d'une telle prsomption. Ceux donc qui penseraient que l'Ecriture nous induit croire que les premiers chrtiens, et mme les aptres, attendaient de leur temps la venue du jugement dernier, sont pris de se rappeler la rflexion que nous venons de faire sur cette erreur au sujet de la vie de saint Jean; erreur moins gnrale la vrit, et passagre, mais tout aussi ancienne. Et ne pourrait-on pas dire qu'en supposant cette erreur, elle et d empcher ceux qui l'eussent adopte de jouer le rle de fourbes ? Mais voici la difficult que prsente le sujet de ce chapitre. En admettant que les aptres ont pu errer dans leur jugement, o nous arrterons-nous, et sur quoi pourronsnous compter?Il suffit au dfenseur du christianisme, qui aurait raisonner avec des incrdules sur la vrit fondamentale de l'histoire chrtienne et sur cette vrit seuleAccordezment, il lui suffit de rpondre moi le tmoignage des aptres, et je n'ai pas besoin de leur jugement; donnez-moi les faits, et ma scurit, quant toutes les consquences qui me sont ncessaires, lest com, , ,
:

fondes, je crois, sur les distinctions les plus raisonnables, dissiperont toutes les incertitudes qui pourraient nous inquiter sur ce
sujet.

La premire prcaution

serait de sparer

ce qui a t l'objet del mission apostolique, et dclar comme tel, de ce qui lui a t tranger, ou ne s'en est rapproch que inoidenlellement nous n'avons rien dire sur ce qui est dcidment tranger la religion mais nous pouvons faire quelques rflexions sur ce qui se trouve incidentellement li avec
: ;

elle.

Les possessions de dmons sont un de

me permettrai pas d'mettre sur leur ralit, ne pouvant entrer ici dans cet examen, ni produire les raisonnements pour ou contre cette question cette recherche ne me parat pas d'ailleurs ncessaire. Ce qu'il m'importe d'observer, c'est que mme ceux qui croient que les obsessions de dmons taient une opinion gnrale, mais errone dans ces temps, et que les auteurs du Nouveau Testament en accord avec les crivains juifs, ont adopt sur ce point la manire de parler et de penser qui tait alors gnralement reue, ne doivent pas tre alarms de cette concession, comme pouvant donner lieu d'attaquer la vrit du christianisme. Cette doctrine n'est point de celles que Christ a apportes au monde; on la trouve incidentellement et accidentelleces points: je ne

mon jugement

ment dans les mmoires chrtiens, comme tant une opinion du sicle et du pays o Christ exera son ministre. Aucune partie de sa rvlation ne tend dterminer l'action des substances spirituelles sur les corps. Celle
aucune connexion avec le tun sourd-muet a pu par un mot recouvrer l'usage de la parole, il importe peu de connatre la cause de sa surdit; et nous en dirons de mme des autres gurisons opres surceux qui sontdits avoir
matire
n'a

moignage.

Si

t possds. La maladie tait relle, la gurison a l relle, quelle que soit l'explicacation, juste ou fausse, que le peuple ail pu

donner de la cause. Le fait, le changement, pour autant qu'il tait du ressort des sens, ou du tmoignage, se trouve le mme dans l'un ou l'autre cas. Seconde prcaution. Nous devons, la lecture des crits des aptres, distinguer leur doctrine de leurs raisonnements. La doctrine leur fut communique par rvlation proprement ainsi nomme. Mais ils taient accoutums, lorsqu'ils exposaient ces doctrines par crit ou de bouche, de les claircir, de les appuyer, de les renforcer par telle analogie, raisonnement et considration que leurs propres ides leur suggraient. Ainsi la vocation des gentils, c'est--dire l'admission des gentils au christianisme, sans aucun assujettissement pralable la loi de Mose, avait t communique aux aptres par rvlation, et atteste par les miracles qui accompagnaient leur ministre. Les aptres avouent que c'est sur ce fondement que reposait leur foi celte vocation des gentils nanmoins saint Paul, lorsqu'il en vient trailer ce sujet, prsente une grande varit
.

plte.

Mais quoique l'apologiste chrtien puisse raisonnablement faire cette rponse, je ne pense pas pour cela qu'on ne puisse en faire d'autres. Les deux prcautions suivantes,

905

d'ides tablir doute tre

TABLEAU DES PREUVES DU CHRISTIANISME. de mme. Mais vouloir rendre l'existence pour en dvelopper la preuve et en du christianisme entier responsable de toutes la certitude. La doctrine doit sans
les vrits

reue; mais serait-il ncessaire que pour soutenir la cause du christianisme, nous nous crussions obligs de maintenir la convenance de toutes les comparaisons, la solidit de tous les arguments que l'Aptre a pu employer dans celte discussion? Celte mme remarque s'applique d'autres exemet me parat trs-fonde. Quand des crivains inspirs raisonnent sur quelque sujet, nous sommes toujours tenus adopter les conclusions de leurs raisonnements, comme faisant partie de la rvlation divine; mais nous ne sommes pas tenus de prouver, nimme de donner notre assentiment, toutes les prmisses dont ils ont pu faire usage et toute leur tendue, moins qu'il ne paraisse manifestement qu'ils affirment ces propositions aussi expressment que les conclusions dont ils ont donn la preuve [Burnet's Expos.,

ples,

de circonstances de chacun des passages spars de l'Ancien Testament, de l'authenticit de chaque livre, de l'instruction, de la fidlit du jugement de chacun de ses auteurs, ce serait charger tout le systme, je ne dirai pas seulement de grandes difficults, mais de difficults dont on n'est pas oblig de le charger. Les livres de l'Ancien Testament taient universellement reus par les Juifs du temps du Sauveur, et ils' en
faisaient publiquement la lecture. Christ ses aptres et les autres Juifs les ont fr-

quemment
ont
fait

art. 6).

CHAPITRE

III.

Connexion du christianisme avec


des Juifs.

l'histoire

est certain que le Sauveur a prsuppose mais la divinit de l'institution mosaque indpendamment de cette autorit, je conceIl
;

cits, y ont fait des allusions, en usage. Toutefois, except les occasions o le Sauveur attribue expressment une autorit divine des prdictions particulires, je ne sache pas que nous puissions strictement tirer d'autre consquence de l'usage et des citations de ces livres hors celle ne peut tre contredite c'est que qui ces livres taient publis et reus alors. Sous ce rapport nos Ecritures offrent un tcmoi<rua<re de grand poids en faveurdes Ecritures juivesmais il faut bieu comprendre la nature de ce tmoignage il est bien diffrent de ce qu'on prtend quelquefois qu'il doit tre, quand
: :

on nous

cause de l'origine

vrais difficilement qu'on pt assigner d'autre et de l'existence de celte


:

donne comme la ratification spchaque fait et de chaque opinion, particulire, et non-seulement de chaque fait
le

ciale de

institution, surtout en pensant cette singulire circonstance c'est que les Juifs professrent l'unit de Dieu, tandis que toutes

autres nations se laissrent aller au polythisme; c'est qu'ils se montrrent hommes en fait de religion, tandis qu'en toute autre chose ils n'taient que des enfants, et qu'tant en arrire de toutes les nations par rapport aux arts de la paix et de la guerre, ils furent suprieurs aux plus distingues dans leurs notions et leurs principes sur la Divinit (1). Il n'est pas douteux que le Sauveur ne reconnaisse le caractre prophtique de plusieurs de leurs anciens crivains. Nous somles

jugements de louange ou de blme qui ont t distribues ces actions. Saint Jacques dit dans son Eptre, chap. V: Vous avez ou parler de la constance de Job, et vous savez la manire dont le Seigneur a termin ses souffrances. Mais nonobstant ce texte, la ralit de l'histoire de Job, el mme de son existence a toujours paru ouvrir un champ

particulier, mais encore des motifs assigns chaque action, ensemble avec les

mes donc
(\)
t

tenus,

comme chrtiens,

d'en faire

cussions et aux recherches des thologiens chrtien,. L'autoril de saint Jacques est regarde comme faisant preuve de l'existence du livre de Job cette poque, et de sa rception dans les Ecritures juives mais elle ne prouve rien de plus. Saint Paul prsente dans la seconde Eptre Timolhe, chap
;

aux

dis-

cl:ins leur doctrine sur l'imil, toute-puissance, la Imiie-science, la loule-nrsence, la sagesse el la bont de Dieu ; < dans leurs opinions sur la Providence, la cration, ki prservation ci le gouvernement du inonde. (Ciinpbelt, on mir.) Nous ourlions encore ajouter qu'ils lurent suprieurs aux nations les plus claires en ce que leur religion fut exemple de toute cruaut et de lon'te impuret, exempte de celte espce de superstition qui dominait d.ms l'ancien monde, et qui se trouve peut-tre dans loules les religions fondes sur l'ai Milice cl la crdulit; par o j'entends des liaisons imaginaires entre certains phnomnes, entre certaines actions, et la destine des nation-, et des individus, (.'tait sur ces niaiseries que reposait la doctrine des augures et des aruspices, c'est dire une grande partie de ce qu'il y avaii de plus srieux d ois
<

Par exemple,
la

111, celle

comparaison

l'ternit,

Mambr

Et comme Janns

ont rsist Mose, ceux-ci de mme rsistent la vrit. Ces noms ne se trouvent point dans l'Ancien Testament, et l'on ne sait si saint Paul les emprunta de quelque livre apocryphe existant alors, ou de la tradition Mais il n'est entr dans l'esprit de personne que saint Paul garantisse l'autorit du livre,
si c est un livre qu'il a cite, ou l'authenticit de la tradition, bien moins encore qu'il s'incorpore tellement avec ces questions, jusqu' taire dpendre la confiance que mrite sa propre histoire et sa mission de celle anecdote Janns et Mambr ont-ils ou n'ontils pas rsist Mose? Je ne veux pas dire el je suis loin de penser que les autres parties de histoire juive n'aient pas un
:

et

(s

charmes

la Grce el de Home, ainsi que les enchantements que le commun peuple pratiquait dans ces pays. La religion des Juifs tait seule exemple de tomes ces erreurs... (Vide Prietlleifs Lectures oj the trulh of the J evvish and Christian

religions de
et 1rs

ment

Jaunes

rvlation, 1794).

Dmonst. Eving. XIV.

el Mambr; mais je veux dire que de ce qu un passage de l'Ancien Testament se trouve cite dans le Nouveau, cela n'en
(

fondeplus solide que l'histoire de Job, ou de

Vingt-nwfA

07

DEMONSTRATION EVANGELQUE. PALEY.

908

fixe pas tellement l'autorit jusqu' exclure toute espce de recherche sur sa crdibilit ou sur les diffrentes raisons qui rtablissent
;

serait une rgle qu'on ne saurait justifier et qui serait dangereuse, que de vouloir admettre pour l'histoire juive ce qui n'a Jamais t admis pour aucun autre livre : c'est que tous les dtails doivent en tre
et

que ce

ou que le tout en est faux. cru devoir tablir clairement ce point, parce que Voltaire ci les disciples de son cole ont renouvel avec succs l'usage d'attaquer le christianisme par le judasme. Plusieurs difficults de cette nature se fondent sur des interprtations vicieuses, quelques-unes sur des exagrations; mais elles reposent toutes sur ce qu'on suppose sans
vrais,
J'ai

Messie. Divers passages de l'histoire vanglique nous le donnent clairement connatre, li parat que, dans l'opinion des crivains du Nouveau Testament, les miracles n'entranaient pas irrsistiblement ceux qui en taient les tmoins adopter la conclusion qui en tait le but, ou ne foraient pas leur assentiment au point de ne laisser aucune place au doute ou l'effet des prjugs. Et sur ce point les vanglistes ne peuvent qu'avoir t des tmoins srs, parce que l'exagration ou le dguisement les auraient ports en sens inverse. Si l'on pouvait souponner leurs histoires de fraude, ils eussent plutt exagr qu'affaibli les effets des miracles.
J'ai fait une vous vous en tes tous tonns. Mais vous, parce que Mose vous a donn la loi de la circoncision, vous ne laissez pas de circoncire le jour mme du sabbat. Que si, pour ne pas violer la loi de Moise, on circoncit au jour du sabbat, pourquoi vous mettez-vous en colre contre moi de ce que j'ai guri un homme dans tout son corps le jour du sabbat ? Ne jugez point sur les apparences, mais jugez suivant la justice. Quelques personnes de Jrusalem dirent alors : N'est-ce pas celui qu'ils cherchaient faire mourir? et ils ne lui et le voil qui parle librement disent rien; les chefs de la nation n'auraientils point en effet reconnu qu'il est vritablement le Christ? Nanmoins nous savons bien d'o

Jsus rpondit
le

et

leur dit
cl

preuves que le tmoignage que l'auteur et les premiers prdicateurs du christianisme ont rendu la mission divine de Mose et
des prophtes, doit comprendre toutes les parties de l'histoire juive, et les embrasser de manire rendre le christianisme responsable ses prils et risques, de la vrit de chaque circonstance, je dirai presque de l'exactitude critique de chaque narration contenue dans l'Ancien Testament.

uvre

jour du sabbat,

CHAPITUE
Que
le

IV.

christianisme a t rejet par plusieurs V poque o il a paru.


la religion

Nous convenons que, quoique


chrtienne
ait

converti de grandes multilu des, elle n'a cependant pas entran une conviction universelle ni mme gnrale dans le sicle et dans les contres o elle a paru. Et c'est ce manque d'un succs plus complet et plus tendu que l'on nomme le rejet de l'histoire chrtienne, et de ses miracles. Aussi quelques crivains ont cru en tirer une forte objection contre la ralit des faits contenus

au lieu que quand le Christ viendra, personne ne saura d'o il est. Jsus cependant continuait les instruire, et criait dans le temple, enseignant et disant : Vous me connaissez, et vous savez d'o je suis ; ce n'est pas de moi-mme que je suis venu, mais celui
est celui-ci,

dans

cette histoire.

Celte objection prsente deux faces, selon qu'on l'applique aux Juifs ou aux paens, parce que diffrentes causes peuvent avoir influenc la disposition d'esprit de ces deux lasses admettre ou non le christianisme. Les Juifs s'offrent d'abord notre examen, parce qu'ils sont les premiers auxquels Jsus s'adressa. Quant ce qui concerne la vrit de la religion chrtienne par rapport nous, seule question se prsente, savoir, si les

qui m'a envoy est digne de foi, et vous ne le connaissez point. Pour moi, je le connais, parce que je viens de lui, et que c'est lui qui m'a envoy. Ils cherchaient donc l'arrter; mais personne ne mit les mains sur lui, parce que son heure n'tait pas encore venue. Cependant plusieurs du peuple crurent en lui, et Quand le Christ sera venu, ferails disaient t-il de plus grands miracles que ceux qu'a
:

faits cet

homme

(Jean, VII, 21, 31)

?
;

une mi-

racles ont rellement eu lieu? L'admission

des miracles nous conduit immdiatement l'admission du tout. 11 ne peut exister aucun doute entre ies prmisses et la conclusion.

Ce passage mrite d'tre observ nous y voyons un miracle reconnu pour rel par des personnes de tout tat, et les raisonnements que ces diffrentes personnes tenaient ce sujet. Quelques-uns pensaient qu'il y avait dans tout cela quelque chose de bien extraordinaire, sans toutefois admettre que Jsus pt tre
le Christ,

parce qu'il se trouvait

nous croyons les uvres ou quelquesunes des uvres, nous croyons par cela mme en Jsus; et cette manire de raisonner est devenue si universelle et si familire, que nous ne. saurions comprendre que cela et jamais pu tre autrement. Mais il me parat certain que la manire de penser d'un Juif au temps du Sauveur tait totalement diffrente. Aprs avoir reconnu la ralit d'un miracle, il avait encore beaucoup faire pour se persuader que Jsus tait le
Si

une circonstance dans sa venue qui contredisait une opinion dont ils taient imbus ds
l'enfance , et sur la vrit de laquelle ils n'avaient aucun doute savoir lorsque le Christ viendra, personne ne saura d'o il est. Il s'en trouvait d'autres qui taient ports le reconnatre pour le Messie mais ces gensl mme ne raisonnaient point comme nous eussions raisonn, ils ne pensaient pas que dcidt la le miracle , en tant que miracle question, et qu'tant une fois recopnu, toute autre discussion dt cesser; mais ils l'on;
:

909

TABLEAU DES PREUVES DU CHRISTIANISME.


:

910

daient leur opinion sur une espce de raiLorsque le Christ sonnement comparatif vi-ndra, fera-l-il de plus grands miracles que
celui-ci n'a fait ?

Nous trouvons, dans le mme vanglisle un autre passage qui mrite attention sous
ce point de vue: c'est celui qui rapporte la rsurrection de Lazare. Jsus (nous est-il dit, XI, 43, 44 ), aprs qu'il eut ainsi parle', cria haute voix : Lazare, sors. El le mort sortit, ayant les mains c! les pieds lies de bandes ; et son visage tait enveloppe d'un linge. Jsus dit ceux qui taient l : Dliez -le, et le laissez aller. On se serait attendu que tous ceux du inoins qui taient autour du spulcre lorsque Lazare ressuscita, auraient cru en Jsus. Mais l'vangli.ste ne nous reprsente pas ainsi la chose. L-dessus plusieurs des Juifs qui taient venus voir Marie, et qui avaient vu ce que Jsus avait fait, crurent en lui ; mais quelques autres s en allrent trouver les pharisiens, et leur rapportrent ce que Jsus avait fait. Nous ne pouvons pas supposer que l'evangliste ail voulu, par ces paroles, insinuer son lecteur que quelquesuns des assistants eussent des doutes sur la ralit du miracle. Loin de l, il suppose le miracle compltement opr; mais ceux-l mmes qui ne le contestaient pas, conservaient encore, au dire de l'vangliste, des sentiments hostiles contre Jsus Croire en Jsus n'tait pas seulement croire qu'il faisait des miracles, mais qu'il tait le Messie. Nous ne mlions point de diffrence entre ces deux choses, mais les Juifs en mettaient une trsgrande, et on l'aperoit dans le cas prsent. Si saint Jean nous a reprsent avec vrit la conduite des Juifs dans celle occasion (et comment en douter, puisque son rapport est son dsavantage?;, nous y voyons clairement sur quels principes portait leur jugement. Que la narration de saint Jean soit vraie ou non, elle ne nous fait pas moins connatre l'opinion que l'crivain avait de ces principes, et cela seul est d'une grande autorit. Le chapitre qui suit, nous offre une rflexion de l'vangliste qui s'applique Mais quoiqu'il et fait b'ien au cas prsent beaucoup de miracles devant eux, ils ne croyaient point en lui (XII, 37). L'vanglisle n'entend point imputer leur manque de foi aucun doute sur la ralit des miras les, mais ce qu'ils ne voyaient pas ce que nous voyons tous aujourd'hui, ce qu'ils auraient vu si des prjugs enracins n'eussent pas aveugl leur entendement, savoir, la preuve infaillible que les uvres de Jsus donnaient de la realit de ses prtentions. Le chapitre IX de l'Evangile de saint Jean contient un dtail circonstanci de la guri son d'un aveugle, d'un miracle soumis toutes les enqutes, tout l'examen que pourrait demander un sceptique, Quand un incrdule moderne et t charg de l'interrogatoire, je doute qu'il et pu tre plus captieux et plus adroit. Cette mme relation
: :

tention, savoir, la rsistance la force d'un miracle, et la conclusion qu'on tente de tirer lorsqu'on n'a pu affaiblir l'vidence du miracle Nous savons que Dieu a parl Mose; mais pour celui-ci nous ne savons de la part de gui il vient. ^Voil par quelle rponse les Juifs se tranquijlisaient; et on comprend qu' l'aide de beaucoup de prjugs, et d'une grande rpugnance cder la conviction, ils pouvaient y russir. Au contraire, le miracle produisit son effet naturel sur l'esprit du malheureux qui avait recouvr la lumi:

parce qu'il lait moins domin par les prjugs, et n'prouvait aucune rpugnance croire C'est une chose trange, disait-il, que vous ignoriez de quelle part il vient, et cependant il m'u ouvert les yeux. Or nous savons que Dieu n'exauce point les mchants; mais si quelqu'un l'honore et fait sa volont, c'est celui-l que Dieu exauce. On n'a jamais ou dire que personne ait ouvert les yeux un aveugle-n. Si cet homme ne venait pas de la part de D ! eu, il ne pourrait rien faire de semblable. Nous n'apercevons pas que les principaux des Juifs aient pu faire d'autre rponse ces paroles, que celles que les gens en autorit sont assez disposs faire Tu te mles de nous faire des leons l Si l'on eh vient demander comment une manire de penser si diffrente de celle qui prvaut aujourd'hui put tre adopte parles Juifs anciens, noire rponse se trouve dans deux opinions qu'on prouve avoir exist alors parmi eux l'une tait l'attente d'un Messie sous une apparence absolument contraire celle dans laquelle parut Jsus ;
re,
:

les

du pouvoir que dmons avaient de produire des effets surnaturels. Nous ne supposons pas ces opil'autre tait la persuasion

pour appuyer notre raisonnement, videmment avoues par les crits des Juifs comme par les ntres remarquons encore que les Juifs d'alors en taient imbus ds leur enfance, que probablement peu
nions
elles sont
:

lions

communique une confrence curieuse

entre les gouverneurs Juifs et le patient. y voit ce qui fixe dans ce moment notre

On

eux s'taient occups rechercher sur quels fondements elles reposaient, tant leur vrit leur paraissait hors de doute. Je crois maintenant que nous pouvons trouver dans ces deux opinions runies l'explication de leur conduite. La premire les portait chercher quelque moyen de justifier le refus qu'ils faisaient de reconnatre Jsus sous l caractre dans lequel il prtendait devoir tre reu ; la seconde leur fournissait l'excuse dont ils avaient besoin pour se justifier. Jsus pouvait multiplier les miracles leur rponse tait prte: il les oprait par le se cours de Rcelzebuth. On ne pouvait faire cela d'autre rponse que celle que leur faisait le Sauveur, en leur montrant que, le but de sa mission se trouvant en opposition avec Beelzebulh il n'tait pas raisonnable de croire que Satan agt contre son intrt. Le pouvoir d'oprer des miracles ne suffisait donc pas rfuter les Juifs, parce que, du moment qu'ils admettaient l'interposition d'agents invisibles, qui pouvait fixer les limites de leur influence? Nous pourrions penser aujourd'hui que ces opinions taient
d'entre
; ,

01

DMONSTRATION LVANGLL1QUE. PALE\.

912

trop absurdes pour avoir t srieusement reues. Je ne suis pas tenu disputer sur la elles taient pour le crdibilit des opinions moins aussi raisonnables que la foi qu'on donne la sorcellerie. Ces opinions avaient t inculques ds l'enfance dans l'esprit des et ceux qui ne croiraient pas Juifs d alors cette cause suffisante expliquer leur conduite vis--vis du Sauveur, ne considrent pas combien de telles opinions peuvent deveet quelle peut nir gnrales dans un pays tre l'opinitret avec laquelle on les dfend lorsqu'elles ont acquis ce caractre. Dans le doute qui pouvait exister chez quelques-uns sur ces opinions et les prjugs qui en taient
; ;
,

au premier moment qu'ils en prirent connaissance, qu'il ne dt leur paratre peu philosophique attendu qu'il ne se prtait pas aux raisonnements et aux discussions dont ils avaient l'habitude de faire usage. Ce que l'on
,

la

consquence

il

est

sincre et

humble de cur
;

probable que l'homme se ft dcid en

faveur de Jsus mais les caractres fiers et obstins, aimi que les tourdis et les inconsquents devaient se prononcer contre lui. Ces opinions existantes chez les Juifs peuvent servir de rponse ceux qui s'tonnent de ce que les Juifs ont pu rejeter les miracles dont ils ont t tmoins, tandis qu'ils attachaient une si grande importance la tradition des miracles conserve dans leur propre histoire. 11 ne parat pas qu'il ft jamais entr dans la tte de ceux qui vivaient au temps de Mose et des prophtes d'attribuer leurs miracles l'action surnaturelle de quelques mauvais esprits on n'avait pas invent alors cette solution. L'autorit de Mose et des prophtes tant tablie, tant devenue le fondement de la police nationale on ne devait pas attendre et de la religion que les Juifs du temps du Sauveur, levs dans le respect pour la religion et les institutions politiques, voulussent appliquer leur histoire un raisonnement qui aurait renvers par les fondements la religion juive avec la chrtienne. et surtout II. L'incrdulit des gentils de ceux d'entre eux qui taient distingus par leur rang et par leurs lumires peut tre explique par un principe qui sulit rendre compte du manque d'efficace de toute
,

racontait de Jsus-Christ, de sa nature , de son office, de son ministre, devait tre absolument tranger toutes leurs conceptions thologiques. Le Rdempteur et Juge futur de la race humaine se trouvait tre un pauvre jeune homme mis en croix Jrusalem avec deux voleurs. La langue mme dans laquelle la doctrine chrtienne tait annonce , devait paratre rude et barbare leurs oreilles/Quelles ides pouvaient-ils se faire de la rdemption, de la justification , du sang de Christ vers pour les pchs des hommes, de la rconciliation de la mdiation ? Le christianisme roulait sur des points auxquels ils n'avaient jamais pens, sur des mots qu'ils n'avaient jamais entendu pro,

noncer.
Celte doctrine se prsentait encore l'imagination des paens instruits avec dsavantage, raison de sa connexion relle ou apparente avec le judasme; elle partageait donc le blme et le ridicule dont les Grecs et les Romains couvraient cette religion. Le Jhovah tait leurs yeux l'idole de la nation juive, et ils le confondaient, d'aprs ce qu'ils en entendaient dire, avec les divinits tutlaires des autres pays. Les Juifs avaient

veux
Cette

je espce de raisonnement ou de preuve dire le mpris qui prcdait l'examen.


:

disposition devait tre une consquence des opinions religieuses chez les Grecs et chez les Romains. Denis d'Halicarnassc remarque qu'il y avait six cents diffrentes espces de religions ou de rites sacrs pratiqus Rome [Jorlins Remaries on Echist. t. I ,p. 371). Les premires classes de la socit les envisageaient comme des fahles serions-nous tonns que le et christianisme ft compris dans ce nombre,
oles,
, ;

faisait pas de recherches sur son mrite particulier, non plus que sur les fondements de ses prtentions ? Il pouvait d'aprs le peu d'attention qu'on y donnait tre vrai ou faux. Celle religion n'avait en
,

vu qu'on ne

aucun caractre qui dt immdiatement appeler leur attention ; elle ne se mlait point avec la politique, elle ne produisait aucun
soi

crivain brillant, elle n'offrait aucune spculation curieuse. Je ne doute pas que ce systme ne dt leur paratre extraordinaire

de plus leurs yeux un ridicule particulier, celui de la crdulit; de manire que tous les rapports de miracles qui venaient de la Jude, taient censs convaincus d'inconsquence et de mensonge. Lorsque les Grecs et les Romains entendirent parler du christianisme, ils n'y virent qu'un schisme entre les Juifs au sujet de quelques articles de leur superstition. Ayant donc toujours tmoign un grand mpris pour le syslme entier des Juifs, iis n'tait pas probable qu'ils donnassent une grande attention quelques disputes de dtail, non plus qu'au mrite qu'un parti pouvait prtendre avoir sur l'autre. Un exemple de quelque poids, car c'est Tacite qui nous le fournit, prouve le peu de connaissance que les paens avaient sur ce sujet, et le peu de rflexion avec lequel ils prononaient sur cette matire. Cet historien raconte srieusement en parlant de l'histoire des Juifs, qu'ils adoraient l'effigie d'un ne (Tac, Hist., lib. V, c. 2). Ce passage prouve combien les savants de ces temps-l taient ports entasser sans preuves tout ce qui pouvait ajouter au mpris et la haine que l'on avait pour cette nation. Plutarque rpte avec assurance celte ridicule accusation (Sympos., lib. IV, qust. 5). 11 faut remarquer que ces considrations taient de nature influer fortement sur les premires classes de la socit, sur les personnes distingues par leur ducation, sur cette classe du public laquelle les auteurs appartiennent d'ordinaire, sur les caractres philosophiques comme sur les irrligieux, sur les Antonin et les Julien, comme sur les Nron et les Domitien. Ces considration,'
,

1)13

TABLEAU DES PREUVES DU (JHIUSIANISME


sur celle
superslitio
,

91

devaient influer particulirement


classe

nombreuse

et polie

d'hommes qui g-

nralement ne se croyait tenue qu' pratiquer les devoirs de la morale, et adorer la Divinit more patrio. Cette manire de pentoute releve qu'elle puisse paralre, fermait la porte tout raisonnement en faveur d'une nouvelle religion. Et ces considrations acquirent plus de force, vu le prjug que les hommes distingus par leur rang ou par leurs connaissances manifestent contre tout ce qui tire son origine d'une classe d'hommes obscurs et sans lettres. Malgr cela les chrtiens se propageaient; et, en pensant aux obstacles qui se trouvaient en leur chemin, la difficult qu'ils avaient d'obtenir audience, de fixer sur eux quelque attention, les succs actuels du christianisme doivent causer plus d'tonnement qu'on n'en saurait avoir de ce qu'il n'a pas universellement triomph des mpris et de l'indiffrence, fix la lgret d'un sicle voluptueux, de ce qu'il ne s'est pas forc un passage travers des nues de prjugs hostiles pour arriver au cur et l'esprit des gens de lettres de ce temps-l. Le mpris que les paens professaient pour le christianisme explique le refus que les premires classes en rang ou en lumires chez eux firent de l'embrasser, ainsi que leur silence sur cette religion. S'ils l'eussent rejete d'aprs un examen, ils en eussent rendu raison dans leurs crits. Mais quand un homme rejette une chose d'aprs un prjug fixe, d'aprs un mpris prononc contre les personnes qui proposent cette chose, ou
ser,
,

mots, par lesexiliabilis quels il prononce sur le mrite ou le dmrite de cette religion, nous prouvent videmment combien peu il connaissait ou s'tait occup connatre cette religion. Je ne crois pas tre contredit en assurant qu'il ne se trouverait pas un incrdule aujourd'hui qui ost donner cette pilhte au christianisme du Nouveau Testament, ou qui ne convnt
ces

la

manire dont on

la

propose,

il

n'crit

point sur ce sujet, ou n'en fait gure mention lorsqu'il crit sur d'autres sujets. Les lettres de Pline le jeune nous offrent un exemple de ce silence, et nous en font en quelque sorte connatre la cause. Nous apprenons, par sa correspondance clbre avec Trajan, que la religion chrtienne tait

pas qu'elle tait injuste. Lisez les instructions donnes par un des grands prdicateurs de la religion ces mmes Romains convertis dont parle Tacite, donnes peu d'annes avant l'poque dont il fait mention instructions, observez bien, qui ne formaient point un recueil de belles sentences, extraites de diffrentes parties d'un grand ouvrage, mais qui se trouvent dans un passage entier d'une lettre publie sans aucun mlange d'une seule pense hasarde ou frivole. Ayez en horreur le mal et attachez-vous fortement au bien. Aimez-vous rciproquement iVune affection fraternelle. Prvenez-vous les uns les autres par honntet. Ne soyez point paresseux rendre service. Soyez fervents d'esprit. Servez le Seigneur. Rjouissez-vous en esprance. Soyez patients clans V affliction. Persvrez dans la prire. Faites part de ce que vous avez aux saints qui sont dans le besoin. Empressez-vous exercer l'hospitalit. Bnissez ceux qui vous perscutent ; bnissezles et ne les maudissez point. Rjouissez-vous avec ceux qui sont dans la joie, et pleurez avec ceux qui pleurent. N'ayez tous ensemble qu'un mme esprit. N'aspirz pas des choses trop releves ; conduisez-vous par des penses modestes, et ne prsumez pas de vous-mmes. Ne rendez personne le mal pour le mal. Qu'il paraisse tous les hommes que vous vous appliquez faire ce qui est honnte. S'il est possible, et autant qu'il dpend de vous, vivez en paix avec tout lemonde. Ne vous vengez point vous-mmes, mesbien-aims, mais laissez agir
: ,

considrablement rpandue dans la province qu'il prsidait, qu'elle avait excit son attention, qu'il avait pris son sujet les informations que devait naturellement prendre un gouverneur romain, comme de savoir si celte religion ne contenait point d'opinions dangereuses pour le gouvernement mais il ne s'tait pas donn la peine de s'informer avec quelque soin cl quelque exactitude de ses dogmes, de ses preuves cl de ses livres. Ainsi, quoique Pline et examin le christianisme de plus prs que ne l'avaient fait la plupart de ses compatriotes instruits, il l'avait examin avec une telle ngligence, avec un tel ddain dans tout ce qui ne concernait pas son administration, qu'il n'en fait aucune mention dans plus de deux cent quarante lettres que nous conservons de lui. Et si celle qu'il crivit Trajan et la rponse de ce prince eussent t perdues, avec quelle assurance et combien peu de vrit on et infr du silence de Pline que la religion chrtienne tait alors dans l'obscurit? Le nom bt le caractre que Tacite a donn au christianisme, de superstition pernicieuse
;

Dieu ; car il est crit : C'est moi vengeance appartient, et c'est moi qui ferai justice, dit le Seigneur. Si donc votre ennemi a faim, donnez-lui manger ; s'il a soif, donnez-lui boire : car. agissant de la sorte, vous amasserez des charbons de feu sur sa tte. Ne vous laissez point vaincre par le mal; mais surmontez le mal par le bien. Que toute personne soit soumise aux puissances suprieures : car il n'y a point de puissance qui ne vienne de Dieu, et celles qui subsistent ont t tablies de Dieu. C'est pourquoi celui qui s'oppose aux puissaners, s'oppose un ordre que Dieu a tabli ; et ceux qui^ s'y opposent attireront sur eux la condamnation; caries princes ne sont pas craindre lorsqu'on ne fait que de bonnes actions, mais seulement lorsqu'on en fait de mauvaises. Voulez-vous donc ne point craindre les puissances? faitesbien, et elles vous loueront: car le prince est le ministre de Dieu pour voire bien ; mais si vous faites mal, craignez, parce que ce n'est pas en vain qu'il porte l'pe, tant le ministre de Dieu, pour exercer savengeanec contre les malfaiteurs. Il faut donc ncessairement lui tre soumis, non-seulement par la crainte
la colre de

que

la

915

816 DEMONSTRATION EVANGELIQUE. PALEY. romain, un Etre inconnu dans le calendrier lui repar un motif de qu'on de la punition, mais aussi etciue ce caractre pernicieux raison que vous que son oppoconscience: C'est par la mme prochait, n'tait autre chose princes, parce voyez aussi des tributs wu> polythisme tabli. Au reste, celle sition au de Dieu, qui s applion devait atau'ils sont des ministres manire de voir tait celle qu

Rendez donc quent sans cesse leur emploi. tribut qui chacun ce qui lui est d : le vous devez le tribut, les impts qui vous crainte qui vous devez devez les impts, la vous devez l honla crainte, l'honneur qui
neur.
.

d aprs tendre d'un crivain qui,


la secte,

le

qu'il ni

est soyez redevables personne, si ce n les uns pour de l'amour que vous devez avoir car celui qui aime les autres a acles autres

Ne

compli

la loi.

En

effet,

ces

commandements
;

Tune commettras point d'adultre

point ; ras point ; tu ne droberas tu ne convoiras point de faux tmoignage; commanpoint ; et s'il y a quelque autre teras compris en abrge dans celte dement, tout est comme toiparole : Tu aimeras ton prochain de mal au La charit ne fait point mme. est donc l'accomplissela charit

lu ne tuetu ne di-

avait pour mot.ls qui dirides fondements, ni des conduite de ses membres. geaient la peu de Secondement. Nous voyons ici le personnes du juconfiance que mritent les elles progement le plus pntrant, quand qu'il leur a purennoncent sur des sujets juger indignes de visager avec mpris, et de eut ele Si le christianisme leur! recherches. eu la fasa naissance, et n'eut pas
touff
cilit

ne

s'tait

mpris occupe

prochain ; ment de la loi. somDplus, considrez le temps ou nous de notre mes : voici l'heure de nous rveiller nous sommeil car le salut est plus prs de lorsque nous avons commenc qu'il ne l'tait, le jour croire. La nuit est prte finir, uvres de s'approche laissons donc l les convientnbres, et prenons les habits qui avec honnent la lumire. Conduisons-nous est jour. iVe ntet, comme on fuit quand il aller aux dbauches et a vous laissez point tmpudiciles, l'ivrognerie, la luxure et aux
; ;

propre de faire connatre sa reprla postrit sous la il aurait pass pernicieuse, d asentation d'une superstition accorde a Inisprs la confiance qu'on a la clbrit, ainsi que la foire de Tacite; et crivain, eussent sagacit reconnue de cet grand poids son .jugement. donne un Le mpris qui prcde
I

histoire,

Troisimement. don les l'examen, est un vice intellectuel , de 1 ame ne sont pas touplus belles facults pas mme si les jours exemptes. Je ne sais plus sougrands gnies n'en sont pas le plus se sentent places sur une Ils

minence

aux

querelles

et

l'envie

{Rom., XII, J

et

SlV*)

YexiLisez ces passages, et rappelez-vous


!

des d'opposer l'autorit de nos livres a celle du moins livres paens, on nous permettra l'autre. de confronter leurs livres l'un avec Que nous apprend Pline de cette pernisuperstition? que lui reprochait-il parut avoir lorsque, appel par son office, il conduite et les fait quelque recherche sur la auprincipes de cette secte? Il ne dcouvrit chose sinon qu'ils avaient coutume de se
cieuse
tre

tiabilis superstilio

Ou

si

l'on

nous re usait

vent entachs. i, de leur a? to l'humanit, ils dessous d'eux les folies de ddain gnral et comme envisagent avec un opinions qui galement absurdes les diverses lutte ret s'puisent par une s'affaiblissent de penser, quoique ciproque. L'habitude s y laisse a 1er satisfaisante l'esprit qui aux hommes doues de quoique naturelle que detre grandes qualits, ne laisse pas propre extrmement dangereuse , et plus disposition a nous tant qu'aucune autre opinions des porter sur les personnes et les pai prcipits et mprisants, et
;

5"BSS.*5:

jugements consquent errons. elic Quatrimement. Nous ne saurions crivains silence que plusieurs surpris du
.

de ce sicle ont gard sur

le

christianisme

en ont parle quand nous voyons que ceux qui son

rassembler dans un jour fixe avant le jour, Chnst de chanter ensemble un hymne comme Dieu, de se lier ensemble par serment ne commettre aucune mauvaise acni d'infidtion, ne se rendre coupables ne point menlit, ni de vol, ni d'adultre, rendre un dpt tir, ne point se refuser
la premire demande.
tablir d'aprs les paroles Tacite les observations suivantes de Premirement, nous sommes bien autori d'o les sases regarder le point de vue christiavants de ce sicle ont envisag le nisme, comme tant distance et enveloppe d'obscurit. Si Tacite et un peu mieux connu le christianisme, ses prceptes, ses eut devoirs, sa constitution, ou son but, il en dcrdiler l'histoire, mais il en eut

nature et ont entirement mconnu sa consquence de ce caractre, et l'ont, en ngligence et faux jugement, envisag avec
U1

Nous pouvons

savants chez La'plus grande partie des jamais lu n'avait probablement les paens et ne connaissait les livres des chrtiens, publique lis leur histoire que parla voix de ds longtemps 1 habitude avaient pris
rejeter indistinctement tous forme tranchante ce renre. Et d'aprs cette faire vrit ne pouvait se de conclusion, la oreilles. Celte histoire exiles

rapports de

pu

l respect les principes. Il et pu rejeter diffremment. religion, mais il en et parl avons suffisamment montr que la su-

perstition des chrtiens consistait adorer

Nous

entendre leurs mais comment congeait du discernement; ? se refusent a examiner vaincre ceux qui quoique sa vente Elle pouvait tre vraie, ne restt cache ceux qui ^"Ti'l mme dans les point. On trouve souvent, reu, des hompays o le christianisme est par leur rang, leur fortune mes distingus d'une igooranee ou leur eprit, qui sont la wn sur la religion et ce qui tonnante

yi?

TABLEAU DES PREUVES DU CHRISTIANISME.


il

918
particuliers, de forti-

cerne;

s'en trouvait aussi plusieurs chez

ou des espces de vices

Jes paens. Leurs penses avaient une autre direction ; ils s'occupaient de rputation, de gloire, de richesses, de pouvoir, de sensualit,

de plaisirs, d'affaires, ou d'tudes. lis croyaient que la religion de leur pays n'-

fier les disciples, de les encourager snppurter constamment les preuves auxquelles ils taient exposs. La matire que les aptres traitent dans

tait

que

fable,

mensonge
tait

et absurdit,

et ils

pensaient qu'il en
religions.

de

mme

des autres
les aptres

De

l vint

que quand

prchrent l'Evangile et firent des miracles pour confirmer une doctrine tous gards digne de Dieu plusieurs des gentils n'en eurent que peu ou point de connaissance , et ne se donnrent pas La moindre peine pour la connatre; l'histoire ancienne nous en donne la preuve complte ( Jorlin's Disc, on the Christ. rel.,p. 66). Je ne crois donc pas draisonnable de supposer que les paens distingus par leur rang et leur ducation se trouvrent partags en deux classes, dont l'une mprisait le christianisme ds le principe et dont l'autre
,

conformment cette dividut se trouver des crivains dans ces deux classes, dont les uns gardrent le silence sur cette religion, et dont les autres furent chrtiens. Un homme de bien, qui donl'avait

embrass

sion,

il

leurs Eptres, ne comportait pas une mention frquente de miracles. Ils ne se proposaient pas d'y donner les preuves de la vrit du christianisme ou de la divinit de la mission du Sauveur fondes sur les miracles, mais de faire connatre la nature de sa personne, sa puissance, le but de sa venue, l'tendue, le prix et le genre des avantages qu'elle procurait au monde. Sans doute la preuve des miracles servait de base tous leurs raisonnements car rien n'et l plus absurde que de voir les disciples de Jsus raisonner entre eux ou avec, d'autres personnes, sur son ofiiee eu sa nature, s'ils n'eussent pas t convaincus par des s gnes surnaturels que l'un et l'autre taient extraordinaires. La preuve tire des miracles n'tant pas l'objet, mais la premire base de leurs raisonnements, s'ils la laissent apercevoir, s'ils y font incidentellement allusion, ce n'est
;

nait une attention suffisante au christianisme, devenait chrtien, et pour lors son tmoignage
cessait d'tre celui d'un paen, il devenait le tmoignage d'un chrtien ( Hartley Obs., p. 119). 3 'ajouterai encore que je crois suffisamment prouv que les adversaires paens tiraient parti de leurs ides de magie dans
, ,

sens que les Juifs faisaient valoir l'action des dmons. Justin martyr se justifie par cette raison de ce qu'il puisait ses arguments dans les prophties plutt que dans les miracles. Origne reproche Oise ce genre d'vasion, Jrme en accuse Porphyre, et Laclancc les paens en gnral. Nous produirons au chapitre suivant ces difle

mme

frents tmoignages. Ne pouvant cependant pas dterminer jusqu' quel point celle notion de magie prvalait, surtout dans les premires classes des paens nous avons donn une autre cause suffisante expliquer leur incrdulit; mais ilest probableque, dans plusieurs occasions, ces deux causes durent oprer de concert.
,

CHAPITRE
Que
les

V.

premiers chrtiens n'ont pas racont ou rappel les miracles du christianisme aussi compltement et aussi frquemment qu'on et t en droit de l'attendre.

deux rapEptres des aptres; 2 avec les crits des chrtiens dans les precelte objection sous
les

Examinons
:

ports

avec

miers sicles. Les Epllres des aptres contiennent des exhortations ou des raisonnements. Nous ne saurions exiger qu'elles rappelassent plus frquemment les miracles lorsque leur but tait de prcher des devoirs, de, donner des rgles pour l'ordre public, de censurer des dsordres gnraux , des vices dominants
,

qu'autant que. le sujet le demande; caria vrit de l'histoire est toujours suppose. J'ajouterai, en examinant l'objection qu'on lve sur ce que les Eptres des aptres ne contiennent pas des rcits de miracles aussi frquents ou aus: directs et circonstancis qu'on aurait d les attendre, que les Lettres des aptres ressemblent cet gard leurs discours. Ces discours nous sont rapports par un crivain qui fait une mention distincte des nombreux miracles oprs par les aptres eux-mmes et par le Fondateur de la religion en leur prsence et l'on ne saurait admettre que l'omi-sion ou le peu de rcits de miracles qui se trouve dans ces discours, dt faire rejeter la ralit de ces miracles; tandis qu'on voit que les discours des aptres sont immdiatement lis l'histoire de ces miracles. Ainsi donc on ne peut rien conclure des omissions que l'on prtond trouver dans leurs discours, sans contredire l'e.nsenyble du livre qui les contient, non plus que dans leurs Lettres, qui, cet gard, ne peuvent tre envisages que comme des discours Pour prouver celte ressemblance entre les Eptres et les discours des aptres sur laquelle porle notre raisonnement, remarquons que, quoique dans l'Evangile de saint Luc l'aptre saint Pierre soit indiqu comme ayant t prsent plusieurs miracles vidents de Christ, et quoique la seconde partie de cette mme histoire attribue d'autres miracles galement frappants oprs par saint Pierre, comme la gurison d'un boiteux la porte du temple (Act., III, 1), la mort d'Ananias et vit Saphira (Act., V, l),Ia gurison d'rie (Act., IX, 34), la rsurrection de Dorcas( .L7., IX. 40); cependant, dans le nombre de six discours de saint Pierrej conservs au livre des Actes, je n'en connais que deux dans lesquels il fasse quelque allusion aux miracles oprs par Christ, et un seul o il rappelle les pouvoirs miraculeux
i

9l<)

DEMONSTRATION EVANGELIQUE. PALEY,

920

dont il avait cl revtu. Dans son discours le jour del pcnlecto, saint Pierre s'adresse Isralites! ses auditeurs avec solennit coutez ce que je dis : Jsus de Nazareth a t un homme qui Dieu a rendu parmi vous un tmoignage authentique par les miracles, les merveilles et tes prodiges qu'il a faits par lui au milieu de vous, comme vous le savez vousmmes, etc. [Act., II. 2-2). Dans son discours sur la conversion de Corneille, voici comment il atteste les miracles oprs par Et nous sommes tmoins de toutes les Christ choses qu'il a faites dans le pays des Juifs et dans Jrusalem (Act., X, 39). On n'aperoit dans ce dernier discours aucune allusion aux miracles que saint Pierre avait oprs, et cependant les miracles dont nous avons cidevant parl, avaient eu lieu avant qu'il tnt ce discours. Dans celui qu'il pronona au sujet de l'lection de Matthias (Act., III, 12), on n'aperoit aucune allusion distincte aucun des miracles contenus dans l'histoire de Christ, except sa rsurrection. On peut en dire autant de son discours lors de la guaurison du boiteux la porte du temple tant de son discours en prsence du snnhdrin (Act., IV, 9); autant de celui qu'il profra lors de sa seconde apologie devant la mme assemble. On ne trouve aucune allusion aux miracles dans le long discours que
:

Eptres attribues saint Paul, de continuelles allusions la rsurrection de Christ et de frquentes sa propre conversion nous en trouvons trois positives aux miracles qu'il avait oprs, et sur le mme sujet quatre aumoins directes, mais trs-probables ; tres mais si nous demandons des rcits plustendus ou plus circonstancis, nous n'en trouvons aucun. Ainsi donc la ressemblance entre les discours de saint Paul et ses Lettres est cet gard suffisamment tablie; et la raison de celte ressemblance est que partout prsuppose l'histoire miraculeuse ce qui il occupait donc la pense de l'orateur, comme de l'crivain, tait que, la vrit de l'histoire de Jsus tant tablie, il devait tre reconnu
; ;

pour le Messie promis; il ne restait pour lors qu' dvelopper les consquences qui dcoulaient de celte grande vrit, et examiner
fruits.

l'objet

de sa mission et ses heureux

pronona Ktienne, quoique le livre qui nous a transmis ce discours nous rapporte expressment et immdiatement avant ce discours qu'il avait fait de grands miracles et de grands prodiges parmi le peuple (Act., VI, 8). Remarquons encore que quoique le livre des Actes attribue formellement saint Paul des miracles, d'abord, et d'une manire gnrale Iconium (Act., XIV, 3), dans le cours de son voyage travers la haute Asie (XIV, 27; XV, 12), Ephse (XIX, 11, 12); en second lieu, dans plusieurs occasions particulires, comme l'occasion de la ccit d'Elymas Paphos (Act., XIII, 8), de l'impotent de Lyslre (Act., XIV, 8), de la Pylhonissc Philippes (Act., XVI, 16), d'une dlivrance miraculeuse de prison dans la mme ville (Act., XVI, 20), du rtablissement d'Eulhyche (Act., XX, 10), de la prdiction de son naufrage (Act., XXV1, 1), de la vipre Malte (Act., XXVlil, 6), de la gurison.du pre de Publius (Act., XXVill, 8); miracles auxquels, l'exception des deux premiers, nonobstant, l'historien se trouvait prsent dis-je, ces miracles attribus positivement saint Paul, ses discours ne nous en prsentent que des allusions rares et incidenlelles, quoiqu'ils soient renferms dans le mme livre qui raconte ces miracles et rappelle le pouvoir qu'il avait d'en opr r. Dans le discours qu'il profra Anlioche en Pisidie (Act., Xlil, 16), il ne rapporte que le miracle de la rsurrection. 11 n'en rappelle aucun dai.s son discours Miiel, aucun dans sa harangue Flix (Act., XXIV, 10), aucun dans celle Fcstus (ici., XXV, 8), si l'on en excepte les miracles de la rsurrection de Christ et de sa propre conversion. Ainsi donc nous trouvons dans les treize
:

L'observation gnrale que nous venons de faire sur les crits apostoliques, savoir, que leur sujet ne demandait pas des narrations directes de l'histoire chrtienne, s'applique galement aux crits des Pres apostoliques. L'Eptre de Barnabas ressemble par son sujet et par son plan gnral l'Eptre aux Hbreux; c'est une application allgorique de plusieurs passages de l'histoire des Juifs, de leur loi, de leur rituel, des parlies de la dispensation chrtienne, dans lesquelles l'auteur apercevait quelque ressemblance. L'Eptre de Clment fut crite dans le seul but de calmer les dissensions qui s'taient leves entre les membres de l'Eglise de Corinthe, et de les porter revlir cet esprit de modration, ces sentiments dont leurs prdcesseurs en Christ leur avaient donn l'exemple. L'ouvrage d'Hermas est une vision il ne cite ni l'Ancien ni le Nouveau Testament, mais se borne adopler de temps en temps le langage, les tournures des discours qu'il a lus dans les Evangiles. Le but principal des Eplrcs de Polycarpe et d'Ignace tait de pourvoir l'ordre et la discipline des Eglises auxquelles ils s'adressaient. Cependant, malgr ce cadre peu favorable, les points fondamentaux de l'histoire chrtienne s'y trouvent compltement rappels l'esprit. C'est ce que nous avons fait voir plus haut (col. 719, 720).
;

Il

est
le

dont

mme

cependant une classe d'crivains silence ne pourrait se justifier de la manire c'est celle des anciens apo:

dont le but indiqu tait de dfendre le christianisme et d'exposer les raisons qui qui l'avaient embrass. justifiaient ceux Voyons si l'objection aurait quelque prise sur ces crivains. Quadratus est le plus ancien des apologistes, et nous n'avons que trs-peu de connaissance de ses ouvrages. Il vcut soixante et dix ans aprs l'Ascension, et prsenta son Apologie l'empereur Adrien. Il parai', d'aprs un passage de cet ouvrage que nous a conserv Eusbe, que l'auteur en appel lit directement et formellement a.;x miracles dq
logistes,

921

TABLEAU DES PREUVES DU CHRISTIANISME


,

32i

dans des termes aussi exprs et aussi afflrmatifs qu'on pouvait le dsirer. Voici le passage que nous avons dj cit Les uvres de Notre-Seigneur furent toujours
Christ, et
:

remarquables, parce qu'elles furent relles, et ceux qui furent guris ou ressuscites furent vus non-seulement au moment de leur gurison ou de leur rsurrection, mais encore longtemps aprs, non-seulement pendant son sjour sur la terre, mais depuis son dpart et longtemps ensuite ; de sorte que quelques-uns ont vcu jusqu' nos jours (Eusb., Hist., I. IV, c. 3). On ne pouvait rien dire de plus raisonnable et de plus satisfaisant. L'apologiste chrtien, Justin martyr, dont nous possdons l'ouvrage, et qui parut trente ans aprs Quadratus, parle si frquemment de l'histoire de Christ, que nous pourrions extraire de ses crits un dtail assez complet de sa vie. Le passage que nous allons citer atteste les miracles du Sauveur d'une manire aussi positive et aussi forte que la langue puisse le permettre Christ gurit ceux qui avaient t aveugles, soimls ou estropis ds leur naissance ; sa parole ils sautaient, entendaient et voyaient. Il se fit connatre aux hommes de son temps en ressuscitant les morts et leur redonnant la vie (Jusl., Mal., p. 258, d. ThirL). Dans sa premire Apologie [Ap. prim., p. kS) Justin nous donne expressment les raisons pour lesquel es il avait recours aux preuves tires des prophties plutt qu'aux preuves tires des miracles de l'histoire chrtienne c'tait, dit-il, parce que ceux avec qui il discutait, auraient attribu les miracles la magie De peur que quelqu'un de nos adversaires n'en vnt dire: Qui sait si celui qu'on nomme Christ n'a pas t un homme n d'homme, et si les miracles qu'on lui attribue n'ont pas t oprs par la magiel La raison qu'il nous donne me semble toucher le vrai point de l'objection, surtout quand nous voyons l'exemple de Justin suivi par d'autres crivains du sicle. Irne, qui parut environ quarante ans aprs, nous parle de ce mme subterfuge employ par les adversaires du christianisme, et il l'attaque par le mme argument Mais s'ils en viennent dire que le Seigneur a opr ces choses t'aide d'une apparence illusoire ( P * T <riw u t ), conduisons pour lors nos adversaires aux prophties, et montrons-leur que toutes les choses ont ainsi t prdites son sujet, et ont eu leur paifait accomplissement [Ir., I. Il, c. 57). Laclance, qui vivait un sicle aprs, nous parle dans une semblable occasion de la mme manire // opra des miracles. Nous pourrions le supposer un magicien, ainsi que vous le dites, et ainsi que les Juifs l'ont prtendu, si tous les prophtes anims d'un mme esprit n'eussent pas prdit que le Christ ferait ces choses (Lact., V, 3). Mais pour en revenir par ordre aux apologistes chrtiens Tertullien nous dit Cet homme que, d'aprs la bassesse de sonapparence, les Juifs ont vainement imagin n'tre qu'un homme, Us l'ont ^ensuite, regard comme un magicien quand il a manifest leurs yeux un grand pouvoir, quand ils l'ont vu chasser d'un
: :
:

rendre la seul mol les il mu us hors du corps vue aux aveugles, nettoyer des lpreux, fortifier les nerfs de ceux qui taient paralytiques, quand ils l'ont vu enfin rappeler sa voix les morts la vie ; quand ils l'ont vu forcer les lments ci lui obir, calmer les temptes, marcher sur les mers, prouvant par l qu'il tait la Parolede Dieu [Tcrtull., Apol., p. 20, d. Prierii, Par. 1G75). En suivant le catalogue des apologistes chrtiens, nous trouvons Origne qui publia une justification formelle de la religion chrtienne dans sa rponse au paen Cclse, qui l'avait attaque. Je ne connais point d'expressions qui puissent en appeler plus clairement aux miracles du christianisme que Oui, sans doute, celles qu'emploie Origne nous le reconnaissons pour te Christ et pour le Fils de Dieu, parce qu'il a guri les boiteux et les aveugles; et ce qui est crit dans les prophties nous confirme dans cette persuasion : Alors les yeux des aveugles seront ouverts, les oreilles des sourds entendront, et les boiteux sauteront comme un cerf. Mais ce qui prouve qu'il a aussi ressuscit des morts, et que ce n'est point l une fiction de ceux qui ont crit les Evangiles, c'est que si c'et t une fiction, on aurait dit qu'un grand nombre avait t ressuscit, de ceux mmes qui avaient t longtemps dans la tombe. Mais ceci n'tant point nue fiction il n'est parl que d'un petit nombre de rsurrections, comme de la fille du gouverneur de la synagogue, de laquelle il dit .Elle n'est pas (je ne sais pas pourquoi) morte, mais elle dort; voulant sans doute exprimer par l quelque chose de particulier cette fille et qui n'tait pas commun toutes les personnes mortes ; comme du fils unique de la veuve, dont il eut compassion, et qu'il ressuscita ayant ordonn celui qui emportait le corps de s'arrter; comme de Lazare, qui avait t enseveli quatre jours ( Orig. cont. Ce/s., lib. Il, sect. k8). N'est-ce pas affirmer positivement les miracles de Christ, faire mme des commentaires leur sujet, et cela avec beaucoup d'exactitude et de franchise? Nous trouvons dans tin autre passage du mme auteur le mme reproche de magie fait par les adversaires de la religion pour expliquer les miracles de Christ. Celse, dit Origne, sachant bien qu'on pouvait affirmer que Jsus avait fait des uvres surprenantes, prtend accorder que les choses racontes a ce su* jet sont vraies, comme d'avoir guri des ma:
, : ,

lades, ressuscit des morts , rassasi des multitudes avec quelques pains, dont il tait reste
cir

grands morceaux. Mais Celse repoussait

ces preuves de la mission du Sauveur en attribuant ces phnomnes la magie; en effet, Origne commence ainsi sa rplique: Vous voyez que Cclse parr.lt en: ire en quelque manire la magie (Lard., Jvtcish and heath. Test., vol. Il, p. 294-, d. quarto).
Il semble aussi, d'aprs le tmoignage de saint Jrme, que Porphyre, le plus savant et le plus habile des crivains paens qui ont attaqu le christianisme , avait recours la mme solution. A moins, dit-il, parlant de Vigilantius, que d'aprs la manire des gentils

923

DMONSTRATION LVNGELIQUE. PALEY.


,

9-24

et des profanes, de Porphyre et d'Eunomius vous ne prtendiez que ce sont l des tours du dmon (Je'rm. cont. Yiy.). Nous voyons bien aujourd'hui quu celle magie, ces dmons, ces apparences illusoires, ces comparaisons avec les lonrs de jongleurs, au moyen desquels on expliquait si aisment alors les miracles des chrtiens, ce qui les mettait souvent dans la ncessit de puiser leurs preuves dans d'autres sources et surtout dans les prophties, qui taient l'abri d'une semblable solution nous voyons, disjc aujourd'hui que ce n'taient l que de grossiers subterfuges. Mais en rflchissant que de telles explications taient alors srieusement prsentes et srieusement rfu; ,

celui-ci

ment
sans
frir

aurait pu faire passer insensibleau ciel les individus de notre espce


;

il

les assujettir la mort; il aurait pu ofau sens de chaque homme un miracle particulier; il aurait pu tablir un miracle toujours subsistant; il aurait pu faireoprer des miracles dans chaque sicle el dans chaque pays. Ces moyens, et bien d'autres que nous pouvons supposer lorsque nous lchons la bride noire imagination, ces moyens, autant que nous pouvons en juger, auraient

t pralica! les.
n'est donc pas de savoir si christianisme possde le plus haut degr d'vidence, mais de savoir si nous sommes en droit de rejeter l'vidence qui nous a t communique sous prtexte que nous eussions pu en avoir une plus grande. Lorsqu'on met en question si une dispensation quelconque provient de Dieu, ou non, la raison exigerait qu'on la compart avec d'aulres choses que l'on reconnat provenir du mme conseil, lre produites par la mme cause. Si la dispensation dont il est qucslion ne prsente que les dfectuosits que l'on croit apercevoir dans d'aulres, ces dfauts apparents ne nous justifient pas d'av.oir mis de ct les preuves que nous avions de l'authenticit de cette dispensation si d'ailleurs elles taient de nature mriter notre assentiment. Or, dans tout cet ordre de la nature dont
le
,
,

La question

tes, on peut en conclure que la mode peut donner une sorte de lustre et de vernis toute

espce d'opinion. Ainsi il rsulte que les miracles de Christ envisags comme nous le faisons dans leur sens littral et historique, ont t attests positivement cl avec prcision, que les apologistes du christianisme en ont appel cctle preuve, et que l'objection s'vanouit. Je serais cependant prt convenir que les anciens dfenseurs du christianisme n'ont pas insist sur la preuve des miracles aussi

frquemment que
fui

je

l'eusse

fait.

Leur

sort

d'avoir lutter avec les prjugs de la magie, prjugs qui taient de nature ne pouvoir tre dissips par la seule exposition des faits de manire convaincre leurs adversaires. Je ne sais pas s'ils la crurent suffisante dcider la controverse; mais puisque celle exposition des faits est prouve, je conois que s'ils ont lait usage de cette preuve avec une espce de retenue, on ne peut l'attribuer ni leur ignorance, ni aucun doute sur ces faits. Dans tous les cas cette objection ne pourrait invalider la vrit de l'histoire, mais seulement le degr de jugement de ses dfenseurs.
,

CHAPITRE
Que
Je

VI.

Dieu est l'auteur nous apercevons un systme de bont; mais nous ne pouvons que rarement, ou peut-tre jamais, y apercevoir un systme d'optimisme. Je veux dire qu'il existe peu de cas dans lesquels, lorsque nous nous garons dans les possibles, nous ne puissions supposer quelque chose de plus parfait, de mieux l'abri de la critique, que ne l'est ce que nous voyons. La pluie qui tombe en terre est reconnue tre un moyen employ par le Crateur pour la conservation des animaux et des vgtaux qui se trou,

christianisme n'est pas connu et admis universellement , ses preuves manquant de


clart.

On a prtendu que les preuves d'une rvlation qui vient de Dieu, devaient tre pour toutes les gnrations tellement publiques et manifestes, qu'elles ne pussent tre ignores par aucune portion de l'espce humaine, et qu'il ne pt y avoir aucun entendement qui ne ft entran par leur conviction. Les dfenseurs du christianisme, n'attribuent pas ces deux qualits aux preuves de leur religion. Ils conviennent qu'on pourrait concevoir que Dieu dans sa puissance aurait communiqu au genre humain un plus iiaul degr de cerlilude, et qu'il aurait donn celte communication une influence plus active et plus tendue. Car pour autant que nous pouvons le concevoir, Dieu aurait pu crer l'homme de manire qu'il et saisi les vrits de la religion intuitivement; il aurait
pu
tablir

une communication avec

monde pendant quo nous

l'autre tions placs dans

vent sur sa surface. Toutefois ce bienfait n'est-il pas accord parlielleinent el irrgulirement? Combien n'en tombe-t-il pas dans la mer o elle n'est d'aucun usage, et combien de fois ne nous est-elle pas refuse lorsqu'elle nous serait de la plus grande utilit? Quelles portions considrables de pays ne se trouvent pas inhabites par le manque d'eau? Ou, sans parler de semblables extrmes combien ne voit-on pas de pays habiles tre en souffrance par le dfaut de pluie, ou parce qu'elle tombe trop tard? Nous pourrions imaginer, s'il nous appartenait d'imaginer quelque autre manire de combiner celle dispensation, nous pourrions concevoir des pluies qui ne tomberaient que dans les lieux et dans la saison o elles pourraient tre utiles, toujours propos toujours en quantit suffisante distribues de manire ce qu'il ne pl pas se trouver un champ sur la surface du globe, qui ft brl par la scheresse, pas une plante qui !t fltrie par le manque d'humidit. Mais \\ diffrence que nous apercevons entre le cas
, , ,

rel et le cas

que nous imaginons

ou

mmo

925
l'infriorit

TABLEAU DES PREUVES DU CHRISTIANISME.


relle.

926

apparente de l'un vis--vis de l'autre, nous autoriserait-elle dire que la disposition prsente de l'atmosphre n'est point au nombre des buts ou des desseins de Dieu? Cela empcherait-il que nous ne pussions tirer des consquences de la bont reconnue de ce bienfait? ou cela nous porterait-il cesser d'admirer les moyens employs pour nous en faire jouir? Cette observation que nous avons cherch claircir par un seul exemple tir de la pluie qui tombe du ciel, pourrait l'tre par presque tous les phnomnes de la nature et la conclusion que nous sommes forcs d'adopter est que toutes les dcisions fondes sur des recherches de ce que Dieu pourrait avoir l'ait ou pourrait faire ou mme, comme nous avons quelque fois la prsomption d'oser dire aurait d faire, ou dans des cas hypothtiques aurait fait que toute semblable est dcision oppose l'vidence des faits inadmissible. Celte manire de raisonner ne peut tre reue ni dans l'histoire naturelle, ni dans la religion naturelle, et ne saurait par consquent l'tre dans la rvlation. Elle peut avoir quelque fondement quant quelques ides spculatives des attributs divins dduites a priori, mais elie n'en a aucun dans l'exprience et l'analogie. Le caractre gnral des ouvrages de la nature est de prsenter d'un ct la bont dans le but et dans les effets et de l'autre une porte ouverte aux difficults et aux objections si l'on doit admettre comme objections des raisonnements tirs de ce qu'il nous semble que les ouvrages du Crateur sont incom;
,

Je me rappelle avoir entendu un incrdule dire que si Dieu avait donn une rvlation, il l'aurait crite dans les cieur Les vrits de la religion naturelle sontelles crites dans les cieux, ou dans une langue commune tous? Est-ce ainsi que nous avons t instruits dans les arts les plus utiles et dans les sciences les plus ncessaires la vie humaine? Les habitants d'Olati ou les Eskimaux n'ont aucune ide du christianisme, mais connaissent-ils mieux les principes du disme et de la morale? et cependant, malgr leur ignorance, ces principes ne laissent pas d'tre vrais, importants et certains. La connaissance de l'existence de Dieu est le rsultat d'observations que ne font pas tous les hommes, qu'ils ne sont peut-tre pas tous capables de faire en conclura-t-on que Dieu n'existe pas, parce que il s'il et exist se serait montr nous , ou se serait manifest aux hommes l'aide de preuves qui n'auraient pu chapper l'attention et qu'aucun prjug n'aurait pu
; ,

affaiblir.
Si

l'on considre le christianisme

comme

un instrument employ par la Providence l'amlioration du genre humain, ses progrs


propagation pourront ressembler aux progrs et la propagation d'autres causes qui tendent perfectionner la vie humaine. Nous ne voyons pas une plus grande diversit dans la religion, ni plus de lenteur dans ses progrs, qu'on en voit dans ce qui tient aux sciences, la libert, aux gouvernements aux lois. La Divinit n'a pas trac l'ordre de la nature en vain. La religion juive a produit de grands et de permanents effets ; la religion chrtienne en a fait autant elle a prpar la rformation du monde, elle a il n'est point mis les choses en bon train improbable qu'elle devienne universelle , et que le monde jouisse si longtemps de cet tat, que la dure de son rgne universel fasse disparatre celle o son influence n'a
et sa
,
:

Le christianisme participe ce double caractre. Le vrai rapport cuire la nature et la rvlation consiste en ce que l'une et l'autre conservent des marques frappantes de leur original; mais l'une et l'autre offrent aussi des apparences d'irrgularit et de dfectuosit qui n'empchent pas que le vrai systme de l'univers dans ces deux cas ne puisse tre un systme strict d'optimisme. Ce que je soutiens c'est que la preuve est voile pour nous, que nous ne devons pas prtendre dcouvrir dans la rvlation ce que nous pouvons difficilement, dcouvrir dans toute autre chose ; que nous devons tre contents de celte bont dont nous potirons juger, et que l'optimisme, dont nous ne pouvons pas juger, ne doit point tre l'objet de nos recherches. Nous pouvons juger de la bont parce qu'elle se montre dans des effets soumis noire exprience dans les rapports entre 1rs moyens dont nous apercevons l'action, et le but qui en est le rsultat. Nous ne pouvons pas juger de l'optimisme, parceplets et n'atteignent pas leur but.
, , ,

que

partielle.

Quand on va jusqu'
nisme
doit
,

dire

que

le

christia,

ncessairement tre vrai parce on va peut-tre trop qu'il est avantageux loin d'un ct; et srement trop loin de l'autre, quand on conclut qu'il doit tre faux, parce que son efficace n'est pas aussi tendue que nous l'aurions pu supposer. Ce genre d'argument manque des deux cts de force. Nous ne pouvons juger de la vrit de la religion que d'aprs les preuves qui lui sont
propres. L'vidence

(comme

l'a

judicieuse-

ment observ Pvqu Butler) dpend d jugement que nous formons de la conduite humaine dans crrlaiiics circonstances donnecs, et dont nous pouvons avoir quelque connaissance : tandis que l'objection repose sur la conduite suppose de Dieu sous des rapports que nous ne connaissons pas. il ne serait pas ais de prvoir quel serait l'effet de celle vidence toule-pnissante, que nos adversaires requirent d'une rvlation nous n'en pouvons parler que comme d'une dispensation dont nous n'avons aucune exprience. Il en rsulterait probablement quel*
,

:1 faudrait pour cela comparer ce e,ui a t prouv avec ce qui ne l'a pas t, comparer s consquences que nous voyons avec celles que nous imaginons, cl dont plusieurs nous sont prob iblement et quelques-unes
e, 1

olurncnl inconnues. L'objection n'aura pas plus de poids si nous essayons de comparer le christianisme avec tal et les progrs de la religion natul

927

DEMONSTRATION

EV. \NGELIQUE. PALEY.

928

qucs consquences qui ne paraissent pas convenir une rvlation divine. L'une serait qu'une preuve irrsistible restreindrait trop l'influence de la volont, ne s'accommoderait point avec un but d'preuve et d'examen, n'exigerait ni candeur, ni attention,
humilit, ni recherches, ni obissance de passions, d'intrts, de prjugs l'vidence morale, des vrits probables; ne demanderait aucune habitude de rflexion, aucun dsir antcdent de connatre la volont de Dieu et de lui obir; c'est ! cependant la pierre de touche de tout principe vertueux, c'est ce qui porte l'homme se conformer avec soin et avec respect toutes les intentions de c.elle volont sainte, renoncer aux avantages et aux plaisirs du moment, lorsque parla nous pouvons raisonnablement esprer de nous concilier la faveur divine. L'preuve morale laquelle l'homme est appel, est peuttre de s'assurer s'il est dispos s'instruire par un examen impartial et agir en consquence d'aprs l'vidence qu'il a pu acqurir. Nous voyons par exprience que c'est en cela que consiste souvent noire preuve dans nos rapports ici -bas IButlcr's Analogy part. IL c.6). II. Ces moyens irrsistibles de communication seraient incompatibles avec l'vidence intrieure, qui doit peut-tre entrer en grande partie dans la preuve d'une rvlation, parce que celle espce d'vidence s'allie avec la connaissance, l'amour et la pratique de la vertu, el qu'elle a plus ou moins de force en proportion qu'elle trouve plus ou moins de ces qualits dans le cur de l'homme. Les chrtiens bien disposs sont fortement mus par l'impression que fait sur leur esprit la lecture de nos saints livres. Celte impression ajoute leur conviction et peut-tre est-ce l un des effets que le christianisme devait produire. Et quoiqu'il n'entre pas dans le plan de mon ouvrage de parler de la doctrine chrtienne quant ce qui concerne la grce et ses secours, de parler de cette promesse de Christ Que, si quelqu'un veut faire sa volont, il connatra si sa doctrine vient de Dieu (Jean, VII, 17) je crois qu'on peut dire avec certitude, quelle qu'en soit la cause, que tout homme qui s'efforce sincrement d'aprs ce qu'il croit, c'est--dire d'aprs le juste rsultat des probabilits, ou si vous prfrez, d'aprs ce qui parat possible dans la religion naturelle et rvle, d'aprs une estimation raisonnable des consquences, surtout d'aprs l'effet de ces principes de gratitude et de dvotion que fait natre dans un esprit sage la seule vue de la nature, je crois qu'un tel homme fera des progrs, et cet effet peut aussi avoir t un des buts de la rvlation. Ne pourrait-on donc pas dire qu'une vidence irrsistible confondrait tous les caractres et toutes les dispositions, renverserait le plan de Dieu, qui est de traiter les agents moraux comme tels, et non d'obtenir une obissance qui, diffrant peu d'une contrainte mcanique, ne serait que rgularit et non verlu el ressemblerait cette soumission des corps inanims aux lois imprimes par la
ni
,
, :

nature. Le but des conseils divins est que les lumires et les motifs soient de nature et distribus de manire que leur influence dpende de ceux qui les reoivent. // ne convient pas de gouverner des agents libres et raisonnables in via par la vue et les sens. Il n'y aurait ni preuve, ni mrite au pcheur le plus sensuel de s'abstenir de pch, si le ciel et l'enfer taient sous ses yeux. Cette vision spirituelle et cette jouissance doit tre notre apanage in patria (Baxter's Beasons, p. 357). Il peut y avoir du vrai dans cette pense, quoique exprime rudement; il me parat tre de la plus grande improbabilit que l'espce humaine occupe le premier rang dans l'univers, et que la nature anime, qui du plus humble reptile s'lve par gradation jusqu' nous, n'ait pu aller au del. S'il existe audessus de nous des classes d'intelligences raisonnables, elles doivent jouir de manifestations plus claires, ce doit tre l une de leurs prrogatives, et ce pourra tre un jour la ntre. III. Ne pourrait-on pas aussi demander perspective distincte d'un tal futur si la
,

d'existence serait compatible avec l'activit

que demandent

et le les occupations civiles succs des affaires humaines? Je comprendrais aisment que celle impression pourrait qu'elle pourrait s'emparer lire trop forte ellemenl de nos penses, qu'elle ferait cestoutes les occupations ser tous les soins des hommes dans leurs diffrentes situations, toufferait toute sollicitude sur le bonheur mme sur les besoins de la vie , temporel el n'offrirait pas un aiguillon suffisant l'industrie du monde prsent (1). Nous lisons
,
,

Le traducteur pense qu'on retrouvera avec, plaisur ce sujet le passage suivant de M. de SaintPierre (FAudcs de la nature, tome I). Que si Pou de mande pourquoi nous n'avons maintenant, que des pressentiments d'une vie future, c'est j dsirs, des n'en comporte pis de plus que noire vie terrestre L'vidence sur ce point entranerait les sensibles.
(1)
sir

< <
i

i
*

inconvnients que celle de l'existence de Dieu. Si nous tions assurs par quelque tmoignage vident qu'il exisie pour nous un monde venir, je suis persuad (pie dans l'instant tontes les occupalions i\u monde prsent finiraient. Cette perspective de flicii divine nous jetterait ici-bas dans un ravissemenl lthargique. Je me rappelle que quand j'arrivai en France sur un vaisseau qui venait des lmlt-s, ds que les matelots eurent distingu parfailement la terre de la pallie, ils devinrent pour la

mmes

t
i

plupart incapables d'aucune manoeuvre. Les uns la regardaient sans en pouvoir dtourner les yeux, d'autres mettaient leurs beaux habits comme s'ils avaient t au n ornent d'y descendre , il y en avait qui parlaient tout seuls, d'autres qui pleuraient. A mesure que nous en approchions, le trouble de
leur tte augmentait. Comme ils en taient absents depuis plusieurs annes, ils ne pouvaient se lasser d'admirer la verdure des collines, etc.; les clochers des villages o ils taient ns, qu'ils reconnaissaient an loin dans les campagnes et qu'ils nommaient Mais l'un aprs l'autre, les remplissaient d'allgresse. quand le vaisseau entra dans le port, qu'ils virent leurs mres, sur les quais leurs amis, leurs pres leurs femmes, leurs enfants qui leur tendaient les bras en pleurant, les appelaient par leurs noms, il lut impossible d'en retenir un seul bord, ii fa'lut
,

<

<
t
t

<

929

TABLEAU DES PREUVES DU U1KISTIANWME.


qu'ils

930

l'occasion des premiers chrtiens, persvraient ensemble dans la foi, pvssdaicnt tout en commun, qu'ils vendaient leurs possessions et leurs biens et les distribuaient tous, selon que chacun en avait besoin ; quils persvraient tous d'un accord dans le temple ; et rompant le pain de maison en maison, ils prenaient leurs repas avec joie et avec II, 4-4-46). Tout simplicit de cur (Act. ceci lait bien naturel; c'est ce qu'on devait attendre de cette masse d'vidence miraculeuse qui pour lors arrivait aux sens avec une grande force; mais si cet tat et t universel ou et dur longtemps je doute fort que les affaires du monde y eussent gagn. La culture des arts ncessaires la vie sociale et t nglige, la charrue et la naon et t vette eussent t dans l'inaction les manuloin de voir fleurir l'agriculture factures, le commerce et la navigation, si tant est qu'on s'y ft appliqu. Laissant de ct toute affaire et toute industrie raisonnable, l'homme se serait consacr la contemplation et la vie asctique. Aussi saint Paul crut-il ncessaire de rappeler ceux qu'il avait convertis aux travaux ordinaires, i! et aux devoirs domestiques de leur tat crut devoir leur donner lui-mme l'exemple de l'application aux travaux de la vie prsente. La manire dont on invite la religion aujourd'hui permet ceux qui l'embrassent, les sollicite mme, chercher leur sans que cette salut dans le christianisme recherche doive interrompre la prosprit et le cours des occupations humaines.
, ,
,

La premire

c'est qu'ils

voient l'influence

CHAPITRE
On comprend
refusent
,

VII.

Effets qu'on attribue au christianisme.


qu'il y ait des hommes qui leur assentiment une religion
,

quoique, sous quelque forme qu'elle soit prche elle s'accorde annoncer finalement des rcompenses la vertu et des chtiments aux vices, en nous donnant sur le vice et sur la vertu des notions reconnues pour tre justes, par les hommes les plus sages et les plus instruits mais on ne comprend pas qu'il s'en trouve qui osent soutenir qu'elle ne produit aucun bien, mais qu'au contraire le plus ou moins d'attachement au christianisme produit des effets plus ou moins prjudiciables au bonheur public. Cependant plusieurs auteurs ont soutenu ce paradoxe et on s'est permis, pour en prouver la vrit, d'en appeler hardiment l'histoire et l'ex;

prience. Je crois apercevoir deux sources d'erreur dans les conclusions que ces auteurs tirent de ce qu'ils appellent exprience.
i

<
< i i <

i <

suppler aux besoins du vaisseau par un autre quipage. Que serait-ce doue, si omis avions l'entrevue sensible de celle pairie cleste, habite ce que nous avons le plus aim ei ce qui seul mrite de l'tre! Toutes les laborieuses ci vaines inquiIndes de celle-ci finiraienl. Le passage d'un momie l'autre tant la porte de chaque homme, il serail bientt franchi, mais la nature l'a couvert

de la religion o elle n'est pas. La seconde, c'est qu'ils chargent le christianisme de consquences dont il n'est pas responsable. I. Il ne faut pis s'attendre que la religion influe sur les conseils des princes sur les dbats ou les rsolutions d'une assemblo populaire, sur la conduite des gouvernements vis--vis des sujets, ou sur les relations des Etals et des souverains vis--vis les uns des autres, non plus que sur les conqurants la tic de leurs armes, ou sur des partis qui intriguent pour arriver au pouvoir; et ce sont l cependant les sujets qui fixent l'attention et remplissent les pages de l'histoire. L'influence de la religion s'aperoit, si tant est qu'elle puisse tre aperue, dans le cours silencieux et secret de la vie domestique. Je vais plus loin l mme son influence chappe souvent l'observation ses elels extrieurs se bornent rprimer jusqu' un certain point l'intemprance personnelle, montrer de la probit dans une transaction, tablir la douceur et l'humanit dans les murs sociales, porter quelques individus des actes de bienfaisance pnibles ou coteux. Le royaume des cieiix est au dedans de nous. L'essence del religion, ses esprances, ses consolations, son association avec toutes nos penses de jour et de nuit, cette dvotion du cur, ce frein qui modre nos penchants, cette direction ferme de la volont vers les commandements de Dieu, tout cela est ncessairement invisible, et c'est cependant de l que dpend la vertu et le bonheur de plusieurs millions d'hommes. D'aprs cela, la manire dont l'histoire reprsente ce qui concerne la religion devra tre plus dfectueuse et plus infidle que la reprsentation de tout autre sujet. La religion opre le plus sur ceux que l'histoire connat le moins sur les pres et mres dans leurs famiilcs sur les domestiques, sur le marchand sage, sur le villageois tranquille sur le manufacturier son travail, sur le laboureur dans ses champs. L'influence de la religion pourra tre collectivement d'un prix inestimable sur celte classe d'hommes, sans que pour cela elle s'aperoive chez ceux qui figurent sur le thtre du monde. Ceux-ci pourront la mconnatre, ils pourront refuser d'y croire, ils pourront tre mis en action par des motifs plus imptueux qu^ ceux que la religion peut offrir. St rait-il donc trange que cette influence ne pt tre saisie par le pinceau de l'histoire gnrale qui n'est appel tracer que les succs les revers les vices les folies, les querelles de ceux qui luttent dans la carrire pour disputer les premires places? J'ajouterai que celle influence secrte de
,
: :

la religion

se faisant plus sentir dans les temps de calamits gnrales que dans ceux de prosprit et de scurit publique, il en rsulte une plus grande incertitude sur les Opinions que nous pouvons nous en former

d'obscurit, clc>

d'aprs l'histoire. Celte influence ne peut point tre calcule par les effets qu'elle nous

931
:

DEMONSTRATION EVANGELiQUE. PALEY.


que pays que
les

032

prsente ce n'est pas que nous attribuions celte influence un pouvoir ncessaire et irrsistible sur les intrts des nations jusqu' croire qu'elle prdomine l'action de toute autre cause. La religion chrtienne agit aussi sur les usages et sur les institutions publiques par une opration secondaire et indirecte. Le christianisme n'est pas un code de lois civiil ne peut atteindre les institutions pules bliques que par l'entremise des individus. Son influence peut donc tre grande sur les individus, quoiqu'on voie subsister plusieurs usages et institutions qui rpugnent ses
,

chrtiens se trouvent , ils ne cdent pointa V influence de lois immorales et de mattvaises murs. Socrale ne fit point cesser l'idoltrie a

n'apporta pas le plus lger chanles murs de son pays. Le raisonnement auquel je reviens , c'est que les bienfaits de la religion, se faisant principalement sentir dans l'obscurit des conditions prives, chappent ncessairement l'observation de l'histoire. A compter depuis la premire manifestation gnrale du christianisme jusqu' aujourd'hui il y a
;

Athnes

il

gement dans

principes.
le

Pour

les

faire cesser,

il

faudrait

concours de toute la socit; mais il doit s'couler bien du temps avant que les personnes qui la composent puissent revtir le caractre de chrtien, au point de se runir pour cooprer ensemble la suppression de certaines pratiques auxquelles on s'est accoutum, ainsi qu'on s'accoutume tout par habitude et par intrt. Toutefois les effets du christianisme mme sous ce point (le vue ont t importants. On lui doit d'avoir rendu les guerres moins rigoureuses et le traitement des captifs moins svre, d'avoir adouci l'administration des gouvernements despotiques ou de ceux qui en ont le nom, d'avoir aboli la polygamie, d'avoir restreint la licence du divorce, d'avoir fait cesser l'exposition des enfants et l'immolation des esclaves. On lui doit la suppression des combats
(1) et de l'impuret dans les d'avoir banni des crmonies religieuses vices contre nature, ou empch qu'ils ne fussent tolrs. Le christianisme a considrablement amlior la condition de la classe

eu dans chaque sicle des millions d'hommes dont nous n'avons jamais entendu prononcer les noms, et dont la conduite et les
dispositions ont t amliores par sa lumire; des millions d'hommes qui ont t rendus plus heureux non pas ant dans leurs circonstances extrieures comme dans ce qui est inter prcordia, dans ce qui mrite le nom de. bonheur, je veux dire la tranquillit et la consolation de leurs penses. Le. christianisme a procur ds son com,

de gladiateurs

la plus active et la plus

nombreuse de

la

so-

en lui assurant un jour de repos dans Tous les pays chrtiens ont la semaine. offert de nombreux tablissements pour le soulagement des pauvres et des malades, et dans quelques-uns des revenus rguliers leur ont t assigns par la loi. Le christianisme a fait cesser l'esclavage dans l'empire romain et il travaille, j'ose dire avec esprance de succs, faire cesser l'esclavage
cit,
;

le bonheur, et avanc la vertu de millions et de millions d'hommes. Eh qui pourrait ne pas souhaiter que son fils lut chrtien ? On peut encore affirmer que le christianisme a obtenu dans tous les pays o il est profess, une influence sensible quoique imparfaite, sur le jugement public qu'on porte del morale. Et ce point est bien important; car si l'opinion publique n'tait pas occasionnellement corrige par une autorite fixe sur la morale, qui peurrait prvoir quelles extravagances on se laisserait aller? L'assassinat pourrait devenir aussi honorable que le duel; les crimes contre nature pourraient paratre excusables, ainsi
!
,

mencement

que nous voyons que


rait

bien plus cruel qui dentales.

existe

aux Indes

occi-

Un
seb.

crivain chrtien (Bardesanes, ap.


,

Eu-

Prp. Evmig., VI 10) du second sicle nous atteste dj la rsistance que le chri-

stianisme opposait alors des pratiques licencieuses autorises par la loi et par l'usage. Dj, dit-il, on ne voit plus chez les Parttes (es chrtiens, quoique Parttes eux-mmes, faire usage de la polygamie ; on ne voit point ceux qui, Persans d'origine, vivent en Perse, pouser leurs filles; on ne voit point ceux qui vivent au milieu des Baclres et aes Gaulois, violer la saintet du mariage ; dans quelnssure (Sal. b. \, c. 12) que les specgladiateurs cofnieut quelquefois l'Europe vingl Ireive mille hommes p:>r mois, el (pie noti(1) Lipsius
<le

d peut-tre plusieurs qui, sans tre eux-mmes chrtiens, sont retenus dans l'ordre par le christianisme. Ils peuvent tre guids par une espce de rectitude quj la religion coinmuniqUe l'opinion publique. Leur conscience peut les clairer sur leurs devoirs, et ces suggestions qu'ils attribuent un sens moral ou la capacit naturelle de l'entendement humain, ne sont dans le fait autre chose que opinion publique dont leur esprit s'est clair opinion qui a t en grande partie modifie par les leons du christianisme. // est certain. et en ceci nous

la fornication le tre aujourd'hui. Et sous ce point


il

pa-

vue,

en

est

tacles

seulemeni les hommes, mais mme les femmes de (nul rang se montraient passionnes pour ce genre je spectacle ( Voyez fEvque Porleus, serin, 13.).

croyons dire beaucoup, que la gnralit mme de la classe la plus basse et la plus ignorante du peuple, des connaissances plus vraies et plus dignes de Dira, des ides plus justes de ses perfections, un sentiment plus profond de ta diffrence entre le bien et le mal, un plus grand respect pour les obligations morales et pour les devoirs ordinaires cl les plus ncessaires de la rie une attente plus ferme et plus universelle d'un tat futur de rcompenses et de chtiments que n'en ont eu dan., les contres paennes un petit nombre d'hommes choisis Clark. Ev. Nat. Rcv. r p.
,
.
(

208, cd. 5).

933

TABLEAU DES PREUVES OU CHRISTIANISME.


valeur du

934

Aprs tout, n'apprcions pas la christianisme d'aprs ses effels temporels. Le but de la rvlation est d'influer sur la conduite de l'homme dans cette vie ; mais la somme de bonheur qui peut rsulter de celte influence ne peut tre estime qu'en prenant la totalit de son existence prsente et fucomme ture. Il pourrait se trouver alors nous l'avons dj observ, que le christianisme aurait de grandes consquences sur qui n'en la masse entire du genre humain dcouleraient pas sous son rapport de rvlation une portion de celte masse. Les de l'action effels de la mission, de la mort prsente et future de Christ quant au salut de l'homme, pourraient tre universels lors mme que la religion ne serait pas universellement rvle. Secondement je soutiens que l'on charge le christianisme de plusieurs consquences dont il n'est pas responsable. Je crois que les motifs religieux n'ont pas plus influ sur la formation (les neuf diximes des lois d'intolrance et d perscution en fait de religion, qu'elles n'ont influ en Angleterre sur les lois concernant la chasse. Les mesures prises paraissent bien avoir la religion chrtienne en vue, mais le principe qui les dicte n'appartient pas au christianisme; ce principe n'est autre chose, sinon que ceux qui sont en possession du pouvoir font lout ce qu'ils peuvent pour le conserver. Le christianisme ne peut tre responsable d'aucun des maux que la perscution a pu occasionner, except de ceux qui onl l ordonns par des perscuteurs consciencieux. Mais ceux-ci n'ont peut-tre jamais l nombreux ni puissants. Ce n'est pas mme au christianisme qu'on est en droit d'imputer leurs erreurs. Ce qui les a gars ne provel'erreur appartenait pas de ses principes nait leur philosophie morale, et non la religion. Us se sont attachs des cas particuliers sans rflchir aux consquences gnrales. Dans la persuasion o iis taient que certains articles de foi, que certaines pratiques du culte taient utiles peut-tre essentielles au s;. lut, ils se sont crus obligs de forcer lous ceux qu'ils onl pu les adopter. Us s'y sont crus obligs, sans penser quel serait l'effet de leur conclusion lorsqu'on viendrait l'adopter comme une rgle gnrale de conduite. Si, comme le Coran, la loi chrtienne et contenu des prceptes qui eussent autoris la contrainte en fait de religion et la violence vis--vis des incrdules , le cas srail bien diffrent; alors nous n'eussions pas fait celle distinction, ni entrepris la dfense de cette cause. Je ne fais l'apologie d'aucune espce et d'aucun degr de perscution, mais je n'en crois pas moins que les faits ont t exagrs. L'esclavag des Ngres fait prir plus d'hommes en un an que inquisition n'en a fait prir dans un sicle, n'en a fait prir peut-tre depuis sa fondation.
, ,

sans en tre le motif; je rpondrai que si les passions malveillantes existent, les occasions ne leur manqueront jamais cet lment nuisible trouvera toujours un conducteur capable d'en fixer l'explosion. Celle admission gnralesi vante del thologie paenne prserva-t-elle l'empire romain de guerres?
;

oppressions, les proscripet les dvastations? Est-ce la bigoterie qui conduisit Alexandre dans l'Orient, et Csar dans les Gaules? Aperoiton que les nations chez lesquelles le christianisme n'a pas pntr, ou dusendsque les il a t proscrit, soient exemptes de querelles ? et leurs querelles sont-elles moins dsastreuses moins sanglantes? Est-ce au christianisme plutt qu'ati manque de christianisme qu'on doit attribuer l'tat o se trouvent les plus belles contres de l'Oiieul, ces contres inter quatuor maria, la pninsule de la Grce, une grande partie des ctes de la Mditerrane, qui ne sont aujourd'hui qu'un dsert ?lmpulera-t-on au christianisme l'anarchie froce, les hostilits continuelles qui ne cessent de ravager les contres o le Nil maintient une fertilit que | ngligence du culti valeur ne peut suspendre, ni la guerre faire cesser? L'Europe n'a pointeu de guerres de religion depuis plusieurs sicles; mais peine a-t-elle l un moment sans guerres, impulcrez-vous au christianisme les calamits qui ont pes sur elle il n'y a pas longtemps? Le royaume de Pologne est-il tomb sous les coups d'une croisade chrtienne? Sont-ce les amis ou les ennemis de la religion qui onl renvers pour un temps en France toute espce d'ordre civil et de scurit? Parmi les terribles leons qu'offriront au genre humain les crimes et les malheurs de ce pays, n'oublions pas celle-ci c'est qu'on peut lrc perscuteur sans tre bigot; qu'en fait de rage et de cruaut, de mchancet et de destruction, l'incrdulit l'emporte encore sur le fanatisme. Enfin, en voyant sous nos yeux combien les guerres que se font les nations, sont moins cruelles el moins
les

prvint-elle

tions, les

massacres

ruineuses qu'elles n'taient autrefois, on ne pourra s'empcher de reconnatre que le christianisme, pi us qu'aucune autre eau se, a opr ce changement. Oui, mme souscel affligeant
point de vue, le christianisme a l utile au monde; il a adouci, par plus d'humanit, Jes calamits de la guerre, et a cess de la pro-

voquer. Les effets que les diffrences d'opinions, qui ont exisl dans tous les sicles parmi les chrtiens, ont produits, nous ramnent aux deux sources d'erreurs que nous avons indiques. Si nous tions revtus du caractre dont le christianisme s'efforce de nous pntrer, ces diffrences d'opinions m; causeraient que peu de mal. Et au dfaut le ce caractre, d'aulrcs causes sans cell s qnc la re'.igiou peut fournir, n'existeraient-, .les pas toujours pour mettre en action des passions malveillantes? La diversit des opinions sera pour
l'ordinaire innocente, utile mme, lorsqu'elle sera accompagne de cette charit mutuelle-

Si l'on

nous objecte, comme je m'y attends,


il

que
les

le

christianisme est responsable de lous


a

malheurs dont

pu

tre

l'occasion,

dont

le

christianisme ne nous dispense

ja-

5S

DMONSTRATION LYANGLLIQUE. PALEY.

9J

mais. Cette diversit encourage les recherches, les discussions et les lumires; elle nous est utile pour fixer notre attention sur des sujets religieux, pour nous y faire prendre intrt; tandis que le calme et le silence,

suite d'un accord gnral, produisent un effet contraire. Je ne crois pas qu'on puisse soutenir que l'influence de la religion soit plus

grande, l o
les opinions.

il

y a le moins de varit dans

<&Qntl\\$\0n.
Lorsque nous nous proposons de faire des recherches sur la religion, comme sur tout autre sujet, le point important est de les faire avec ordre. Celui qui prend en main un systme de thologie, qui dans son opinion dj forme est suppos compltement vrai ou faux, aborde la discussion avec un grand dsavantage. Il n'est aucun systme fond sur l'vidence morale qui pt courir les d'un pareil examen; nanmoins risques nous commenons tous, jusqu' un certain point, l'tude de la religion avec un semblable prjug, et cela ne peut se faire autrement. On ne peut s'empcher de communiquer quelques opinions et quelques principes la premire jeunesse, vu la faiblesse
du jugement humain cette poque et l'extrme susceptibilit qu'elle a de recevoir des impressions. El quand on ne se proposerait pas de le faire, quand on ne s'efforcerait pas de le faire, le mme effet aurait lieu, par cette tendance qu'on aperoit dans l'me adopter la manire habituelle de penser et de parler qui rgne autour de nous. 11 est impossible de maintenir cet tat d'indiffrence et de suspension, cet quilibre que quelques-uns voudraient obtenir dans les matires et que d'autres demanderaient religieuses cela dans toute la marche de l'ducation n'a pas t accord la condition de l'homme. D'aprs cet tal de choses, les dogmes de la religion prcdent chez nous ses preuves prsentent nous avec un mlange ils se d'explications, de consquences dont aucune
, :

tance.

Cette

marche

de

l'entendement

conforme toutes les rgles d'une logique sage, serait le soutien du pur christianisme , mme dans les pays o il est sous des formes qui peuvent donner le plus de prises aux difficults et aux objections. Cette marche aurait encore l'avantage de nous prserver des prjugs qui s'lvent naturellement dans notre esprit au dsavantage de la religion, la vue des controverses nombreuses qui existent parmi ceux qui la professent elle disposerait notre jugement la douceur et la modration, dirigerait dans ce mme esprit notre conduite vis--vis de ceux qui, dans le parti qu'ils ont pris sur ces controverses, se trouvent en opposition avec nous. Ce que le christianisme prsente de clair, nous paratra suffisant ctd'un prix inestimable; ce qu'il prsente de douteux, ne nous paratra pas d'une importance gale ne nous semblera pas mme ncessiter une dcision; ce qu'il prsente de trs-obscur, nous engagera supporter les opinions que d'autres peuvent s'tre formes sur le mme sujet. Nous dirons ceux qui s'cartent le plus de nos ides, ce que saint Augustin disait de son temps aux plus dangereux hrtiques llli in vos sviant, qui nesciunt cum quo (aboie xerum inveniatur, et quam difficile caveantur errorcs qui nesciunt, cum quanta ctifficullate semetur oculus inlerioris hominis qui nesciunt quibus suspiriiset gemitibus fit, ut ex quantulacumque parte possit intelligi Deus [Aug. contr., Ep. Fund. c. Il, n. 2). Lorsque notre jugement se trouverait suffisamment satisfait de la vrit gnrale de la religion il pourrait, non-seulement admettre des distinctions dans ses enseignements, mais il aurait acquis un degr suffisant de force pour vaincre la rpugnance qu'on prouve admettre des articles de foi qui prsentent des difficults l'entendement, si ces articles de foi lui paraissaient faire vraiment partie de la rvlation. Ne devaiton pas s'attendre que ce que la rvlation prtend nous dcouvrir, et qu'elle nous dcouvre si elle est vraie, concernant l'conomie et les habitants d'un monde invisible, nous offrirait des aperus loin de toutes nos analogies, loin de la porte de notre esprit, dont toutes les idi s procdent des sens et de l'exprience? J'ai cherch, dans l'ouvrage que je prsente, sparer avec le plus grand soin possible les preuves d'avec les enseignements, d'carter de la question primipale toutes les considrations qui lui ont t jointes sans ncessit, et d'offrir une dfense du christia.-
tabli
;

profession de foi ne peut se passer et l'effet qui rsulte trop frquemment de cette manire d'offrir le christianisme notre intelligence, est (iue si notre conception vient se refusera quelques articles qui nous semblent les caractres faire partie de la religion
; ,

vifs

et

prsomptueux
Mais
,

ment

le loui.

rejettent indistincteest ce l tre juste, soit


soit

envers soi-mme

envers

la

religion?

Que

donc un tre raisonnable en commenant l'examen d'un sujet d'une importance aussi reconnue ? Il donnera toute son
fera

attention et uniquement la vrit gnrale et substantielle d< s principes de la religion ;


et lorsqu'il

aura trouv un fondement, lorsqu'il aura dcouvert que l'histoire de celte religion est digne de foi il pourra avec sret s'avancer jusqu' l'interprtation de ses registres et jusqu'aux doctrines qui on ont t tires. Notre foi mme ne courrait aucun risque, nos motifs l'obissance n'prouvequand nous vienraient aucune altration drions apercevoir que ces conclusions repo,

sent sur diffrents degrs de probabilit et se

prsentent sous diffrents degrs d'impor-

95 ?

TABLEAU DES PREUVES DU CHRISTIANISME.


lies

938

nisme qui pt tre lue par tout chrtien, sans qu'il y apert les dogmes qu'il a l appel par son ducation attaquer et dcrier et j'ai eu la satisfaction de voir que ce plan tait praticable, de voir qu'il y a peu de nos controverses rciproques, qu'il n'y en a peut-tre point qui attaquent les preuves de notre religion, et que la sparation ne va
;

jamais jusqu'aux fondements. La vrit du christianisme repose sur ses faits principaux, et ne repose que sur eux. Nous avons sur ces faits une vidence qui doit nous satisfaire, du moins jusqu' ce qu'on nous montre que le genre humain a pu tre tromp par un degr semblable d'vidence. Nous avons des points incontestables, et qui n'ont point t contests, et tels que l'histoire de l'espce humaine n'a jamais

rien prsent de semblable. Un Juif obscur a la religion du monde, et cela sans force, sans pouvoir, sans appui, sans aucune

chang

circonstance qui pt offrir d'attrait, qui pt avoir de l'influence, qui pt faciliter le succs. Aucun exemple semblable n'a exist. Aprs avoir t supplici raison de son entreprise, ses compagnons, se fondant sur les uvres surnaturelles qu'il avait opres, lui ont attribu des qualits surnaturelles et pour attester la vrit de leurs dclarations, c'est--dire en consquence de la conviction qu'ils avaient de celte vrit et dans le des,

de son sein. Car nous avons des lettres, des discours crits par des contemporains, par des tmoins, par des personnes qui ont fait partie des vnements; nous avons d'autres crits qui, ds cette premire poque, se sont suivis dans une succession rgulire jusqu' nous. La religion professe aujourd'hui par la plus grande partie du monde civilis a pris, sans aucun doute, sa source Jrusalem, et cette poque on doit s'attendre quelques dtails sur son origine, on doit assigner quelque cause de son accroissement. Tous les dtails que nous trouvons de cette origine, toutes les explications de ces causes, soit que nous les empruntions des crits des premiers qui embrassrent cette religion (et c'est bien l qu'on devait s'attendre de rencontrer les dveloppements les soit des notices que d'autres plus prcis) ouvrages de ce sicle ou du suivant ont pu donner occasionnellement partout les mmes faits mentionns ci-dessus sont expressment indiqus comme les moyens par lesquels la religion s'est tablie, ou bien son origine nous est dpeinte d'une manire qui s'accorde avec la supposition de ces faits, et qui atteste leur vrit et leur efficace.
, ;

sein d'en communiquer la connaissance aux autres, ils se sont volontairement dvous une vie de peine et de souffrance, et, pleinement instruits du danger auquel ils s'exposaient, ils se sont rsigns aux plus cruelles perscutions. Il n'existe aucun exemple qu'on puisse comparer celui-ci. Bien plus, peu de jours aprs l'excution publique de leur Matre et dans la ville o il avait t enseveli , ces mmes compagnons ont dclar unanimement qu'il tait ressuscit, qu'ils l'avaient vu et touch, qu'ils avaient mang

avec lui, convers avec lui en consquence de leur persuasion ils ont prch sa religion, posant pour fondement ce fait extraordinaire en prsence de ceux qui l'avaient fait mourir, et qui, revtus de tout le pouvoir, devaient tre naturellement et ncessairement disposs traiter les disciples comme ils avaient trait le Matre. Aprs avoir fait cette dclaration dans le lieu mme o le fait s'tait pass, ils annoncent le mme fait au
:

dehors, sans tenir compte des difficults et des obstacles ils l'annoncent l o leur mission ne semblait devoir leur promettre que drision, insulte et outrage. Ceci est encore sans exemple. Je crois ces trois faits certains; ils le seraient presque lors mme que les Evangiles n'eussent pas l crits. L'histoire chrtienne n'a jamais vari sur ces points. Aucune autre ne l'a contredite. Ces faits sont reprsents de la mme manire, soit dans les lettres, les discours, les controverses entre les membres de la socit, soit dans les livres qu'ils ont crits depuis le commencement jusqu' aujourd'hui, dans toutes les parties du monde o celte religion a l professe soil par lottes les seeles qui sont sor;

Ces propositions Seules offrent un fondefoi; car elles prouvent l'existence d'une chose dont mme l'ensemble gnral ne peut tre expliqu par aucune supposition raisonnable si ce n'est celle de la vrit de la mission. Mais il nous importe beaucoup de connatre les particularits, le dtail des miracles ou des prtentions aux miracles (car ces prtentions ont ncessairement d exister) sur lesquels repose un pour lequel ces hommes fait sans exemple ont agi et ont souffert, comme nous savons qu'ils ont agi et souffert. Nous avons ce dtail puisai la source, communiqu par les acteurs eux-mmes; nous l'avons dans des mmoires crits par des tmoins oculaires placs sur la scne, par leurs contemporains et leurs compagnons; nous l'avons, non pas dans un seul livre, mais dans quatre, dont chacun contient suffisamment ce qu'exige la vrification de la religion ces quatre livres sont en accord sur toutes les parties essentielles de l'histoire. L'authenticit de ces livres repose sur des preuves plus nombreuses et plus fortes que celles de la plupart des anciens livres quelconques, sur des preuves qui les distinguent nettement de tout autre qui pourrait prtendre une semblable autorit. Et quand on aurait quelques doutea sur les noms des auteurs auxquels ces livres sont attribus (ce qui n'est pas, vu qu'ils n'ont jamais t assignes d'aulres, et que nous avons la preuve que, peu aprs leur publication, ces livres ont port les mmes noms qu'aujourd'hui), leur antiquit qui n'a jamais l conteste, la rputation et l'autorit dont ils ont joui auprs des premiers disciples de la religion, et qui n'est pas moins incontestable, nous donneraient la preuve la plus solide que, du moins quant au principal, ils ont t en accord avec ce e/i >

ment notre

ptuuvsv. Kvang.

XIV-

[Trente.)

939

DEMONSTRATION EV ANGELIQUE. PALEY.


fait

940

premiers prdicateurs de la religion ont annonc. Quand nous portons nos regards sur ces livres anciens, que nous les examinons s-

parment ou que nous les comparons ensemble, nous y voyons l'empreinte de la vrit. Ces crivains avaient certainement quelque
lumire de ce qu'ils mettaient en crit, car ils montrent une connaissance des circonstances locales, avec l'histoire et les usages de ces temps, qui ne pouvait se trouver que chez un habitant du pays, vivant cette mme poque. Dans tout ce qu'ils racontent, on aperoit la simplicit et la franchise, l'air et le langage de la vrit. Si nous comparons en-

semble ces crits, nous y apercevrons assez de diversit pour carter toute ide de collusion, mais assez d'accord dans cette varit pour montrer que ces divers rcits ont eu une chose relle pour fondement commun. Souvent on les voit attribuer diffrentes actions ou discours la personne dont ils nous donnent l'histoire, ou plutt dont ils nous donnent des mmoires appartenant son histoire; mais ces actions, mais Ges discours sont si ressemblants qu'ils nous peignent toujours le mme caractre; et cette concidence, dans des crivains de celte classe,

des miracles, avoir t l'objet de ces miracles, ou d'une assistance surnaturelle pour propager la religion, nous en viendrons peuttre croire que leur histoire mrite par cela mme un plus haut degr de confiance , ou une espce de confiance diffrente de celle que peut obtenir un tmoignage purement humain. Mais nous ne pouvons faire usage de cet argument vis--vis des sceptiques et des incrdules il faut tre chrtien pour en sentir la force. L'inspiration des crits historiques, la nature, le degr et l'tendue de cette inspiration, sont sans contredit des sujets qui demandent la plus srieuse discussion; mais ils ne peuvent tre discuts qu'entre chrtiens, et non entre chrtiens et ceux qui ne le sont pas. Celte doctrine n'est pas mme ncessaire pour tablir la croyance au christianisme, laquelle doit, en premire instance du moins, reposer sur les maximes ordinaires de la crdibilit historique (Voyez Powell's Disc, dise. XV,
:

p. 245). Si nous

prouve qu'ils crivaient d'aprs des faits et non d'aprs leur imagination. .Ces quatre narrations ne comprennent que l'histoire du fondateur de la religion et finissent avec son ministre. Mais puisqu'il est certain que l'entreprise a eu des suites, nous devons tre curieux de savoir comment elle s'est dveloppe. Cette connaissance nous est communique dans un ouvrage, dont l'auteur s'annonce comme un des agents de l'entreprise pendant les premiers pas de ses progrs. Cet ouvrage reprend l'histoire au point o les prcdents mmoires l'avaient laisse. Il poursuit la narration quelquefois dans ds grands dlails et partout avec l'empreinte du bon sens (1), de la connaissance des faits et
de la candeur, indiquant partout l'origine, et la seule origine probable des effets qui ont

examinons les diffrents miracles rapports dans ces livres, nous nous assurerons de l'impossibilit o l'on est de les expliquer par la supposition de fraude ou d'erreur. Us n'ont point t oprs en secret, ils n'ont point l d'un moment de dure ils n'ont point t faits paressais, ils n'ont point t quivoques ils n'ont point eu lieu sous la protection de l'autorit, point en prsence d'hommes ports les admettre, point pour consolider des dogmes, ou des pratiques dj tablies. Nous verrons encore que la preuve qui "les accompagne et qui a l reue par un grand nombre d'hommes est d'une espce diffrente des preuves sur lesquelles reposent les narrations d'autres
,
, ,

miracles. Cette preuve tait contemporaine elle lait publie sur le lieu mme elle tait
,
,

incontestablement eu lieu, en mme temps que les consquences des situations qui ont incontestablement exist. Cet ouvrage se trouve confirm, du moins quant la substance de la narration, par tout ce que le tmoignage peut ajouter de force une histoire, je
tes

d'une dure continue , elle embrassait des intrts et des questions de la plus hante importance. Cette preuve lait en opposition avec les opinions fixes et les prjugs des personnes auprs de qui on la faisait valoir. Elle forait ceux qui consentaient l'admettre, non un simple assentiment d'indolence mais un changement subit de principes et de conduite. Elle les forait se soumettre aux consquences les plus
,

veux dire des Lettres originales cripar la personne qui se trouve tre le
;

principal sujet de l'histoire

crites sur les

vnements auxquels elle se rapporte, et pendant ou peu aprs la priode qu'embrasse cette histoire. Qui osera dire que cet ensemble n'offre pas une masse de fortes preuves
historiques? Et si nous rflchissons que quelques-uns des auteurs de ces livres sont supposs avoir
Voyez le discours de saint Pierre, quand il guun estropi (Act 111, 18 ), le concile des aptres (XV), le discours de saint Paul Aihaes (XVI!, 2-2), devant Agrippa (XXVI). ia cite ces passages comme preuve de bon sens, comme exempis de la pins lgre apparence d'enthousiasme.
(1)
rit

srieuses et les plus effrayantes telles que perte de leurs biens, les dangers , les insultes, les outrages et les perscutions. Comment cette histoire et-elle pu tre fausse; ou en la supposant telle, comment dans de telles circonstances et-elle pu se propager? c'est ce qui ne saurait s'expliquer. Telle a t cependant l'histoire chrtienne, telles ont t les circonstances dans lesquelles elle s'est manifeste, et c'est d'une masse de semblables difficults qu'elle a triomphe On devait s'attendre ce qu'un vnement aussi li la religion et au sort du peuple, juif, tel que prsentait la venue d'un homme de cette nation, n dans son sein, tablissant son autorit et ses lois sur une grande partie du monde civilis, on devait s'atlendre qu'un tel vnement aurait t dsign dans les
,

la

94!

TABLEAU DES PREUVES DU CHRISTIANISME.


gaires, ni les

912

crits prophtiques de cette nation, surtout lorsque cet homme et sa mission firent reconnatre la divinit de la loi mosaque par ceux-l mmes qui l'avaient compltement rejele auparavant. Aussi existe t-il dans ces crits plusieurs indications qui s'appliquent la personne et l'histoire de Jsus, avec une telle prcision, que les passages de ces livres ne sauraient convenir aucun autre personnage, except celui qui a opr cette grande rvolution dans les affaires et les opinions du genre humain. La force de quelques-unes de ses prophties dpend beaucoup de ce rapprochement d'autres nous of:

sparment une grande force; telle est surtout celle qui contient une description complte, et qui dsigne manifestement un caractre unique et une scne de choses unique. Elle se trouve dans un crit ou dans
frent

une
elle

collection d'crits dclars prophtiques; s'applique au caractre de Christ et aux circonstances de sa vie et de sa mort avec une grande prcision, et d'une manire telle qu'aucune diversit dans l'interprtation n'en peut affaiblir la force. Je croirais que la venue de Christ et ses consquences n'ont pas t rvles plus distinctement dans les livres sacrs des Juifs, parce que s'ils eussent eu une connaissance plus exacte de la chute de leur institution, s'ils eussent t plus clairement instruits qu'elle devait se confondre avec une lispensalion plus parfaite et plus tendue, cette connaissance et refroidi et relch leur attachement, leur zle pour celte institution et c'est cependant de ce zle que dpendait le maintien, pour une suite de sicles, de quelques restes de vrits religieuses
;

dans

le

monde.

Voici la seule question qu'on puisse faire sur les connaissances qu'une rvlation pu communiquer au genre humain Etait-il essentiel l'homme d'avoir ces connaissances ou d'en avoir une plus grande certitude ? Si l'oue de cette demande, nous fixons nos penses sur la grande doctrine chrtienne concernant la rsurrection des morts et le jugement futur, comment pourrait-on tre dans le doute? Celui qui me donne les riches:

opinions populaires: elle n'excuse point les pratiques accrdites, mais elle offre dans ses instructions tout ce qui peut avancer le bonheur de l'homme, et de la manire la plus propre faire impression et produire de l'effet. L'auteur de cette morale, quel qu'il et t, aurait fait preuve de son bon sens, de son intgrit, de la rectitude de son entendement et de l'honntet du but qu'il se proposait. Celte morale sous tous ses rapports tait beaucoup plus parfaite qu'on ne devait l'attendre des circonstances et du caractre del personne qui l'annonait aussi le genre humain en recueille et a recueilli les plus grands avantages. Il a donc plu Dieu d'accorder un tmoignage miraculeux dans la circonstance la plus importante qui pt se rencontrer et pour un but d'un prix inestimable. Aprs avoir protg l'institution, lorsque ce grand moyen pouvait seul en fixer l'autorit et favoriser ses premiers progrs, Dieu a confi ses progrs futurs aux voies ordinaires des communications entre hommes et l'influence des causes qui dirigentleur conduite et les affaires humaines. La semence dpose en terre a t abandonne aux lois de la vgtation, et le levain une fois plac, celles de la fermentation l'un et l'autre effet ont t soumis aux lois de la nature, lois disposes et contrles par cette Providence qui dirige les affaires de ce monde, quoique par une influence imperscrutab'e et qui se drobe nos regards. En ceci ie christianisme nous offre une analogie avec presque toutes les autres mesures prises pour notre bonheur. La provision est dpose dans les magasins, puis sa distribution est soumise des lois qui, faisant partie d'un systme plus gnral,
:

dirigent ce sujet particulier ensemble avec plusieurs autres.

Ne cessons jamais de rappeler notre esnos observations sur les plans, le but, sagesse des ouvrages de la nature d'o dcoule notre foi l'existence d'un Dieu , et pour lors tout deviendra ais comprendre. Serait-il improbable qu'un tat futur et t dtermin dans les conseils d'un Etre qui possde le pouvoir et la disposition de volont qu'on ne peut refuser au Crateur de l'univers et serait-il improbable qu'il nous en et donn la connaissance? Un tat futur replace tout dans l'ordre; car si les agents moraux doivent tre un jour heureux ou malheureux, d'aprs leur conduite dans leur premire condition, et d'aprs les circonstances dans lesquelles ils auront t placs, il ne saurait tre bien important de savoir en vertu de quelles causes, de quelles rgles, ou si vous voulez de quelle chance ou caprice, ces conditions ont pu tre assignes et leurs circonstances dtermines. Cette hypothse rsout toutes les objectious (pie peut faire natre contre la Providence et la bont de Dieu, la distribution ingale du bien et du mal. Je ne parle pas de l'ingale distribution d'avantages douteux, tels que les richesses et la grandeur, mais de ce qui est bien important, de la sant et des;
prit
la
,

ses et les honneurs ne fait rien pour moi; celui qui me donne la sant fait peu de chose auprs de celui qui me donne des raisons fondes de croire la rsurrection et au jugement dernier : et c'est ce que le christia-

nisme
Il

a donn des millions d'hommes. est d'autres articles de la foi chrtienne

quoique d'une importance infinie, lorsque nous les comparons quelqu'un des objets de nos recherches humaines, ne sont cependant que des consquences et des circonstances de ces deux grandes vrits, toutefois .es articles nous semblent encore mriter ju'une source divine nous en ait donn la connaissance. Ainsi la morale de la religion, telle que nous l'offre l'exemple ou les prceptes de son Fondateur, ou les leons de ?cs premiers disciples qui nous paraissent Jcouler des instructions de leur Matre celte morale prsente partout la sagesse et la puret, clic ne flatte ni les prjugs vul^ui,
,

9ic

DMONSTRATION EVANGELIQUE. PALEY.

maladies, de la force et des infirmits, des jouissances qu'prouve le corps ou de ses douleurs, de la gaiet de l'me ou de son abattement. Oui, cette seule vrit change 3 la nature des choses, rtablit l'ordre au M sein de la confusion, et ne fait du monde physique et moral qu'un seul tout. Il fallait nanmoins un plus haut degr d'assurance que celle dont peut tre susceptible cet argument ou tout autre tir des lumires de la nature, surtout pour triompher du choc que devaient produire sur l'imagination et les sens la prsence et les effets de la mort, ainsi que les difficults dont elle enveloppait l'attente d'une vie continue ou future. Et quoique ces difficults se prsentent avec force l'esprit, je crois qu'elles tiennent plus nos habitudes de crainte,

nature sont invisibles. La gravitation, l'lectricit, le magntisme, quoique sans cesse prsents, exerant sans cesse leur influence, quoique placs au dedans de nous, prs de nous et autour de nous, quoique rpandus dans tout l'espace, quoique couvrant la surface, pntrant la contexture de tous les corps dont nous avons quelque connaissance, ces grands pouvoirs dpendent de substances et d'actions qui chappent compltement nos sens. Et n'est-ce pas ainsi que l'Intelligence suprme se prsente nous ?

Mais

soit

que ces explications ou d'autres

qu'au sujet mme, et que si, malgr tant d'assurances raisonnables, nous nous laissons aller l'abattement, c'est plutt par une faiblesse de notre imagination que par toute autre cause. A considrer la chose abstraitement, c'est--dire sans faire attention aux effets que l'habitude peut avoir sur nos facults et sur notre propension la crainte,
je ne vois pas plus de difficult la rsurrection d'un mort qu' la conception d'un enfantai ce n'estque l'un arrive dans le monde

le but de tranquilliser l'imagination, aient quelque rapprochement avec la vrit, ou soit que l'imagination qui, comme je l'ai dit, n'est que l'esclave de l'habitude, puisse tre satisfaite ou non lorsque nous voyons qu'un tat futur et la rvlation de cet tat ne se trouve pas seulement tre en parfait accord avec les attributs de cet Etre qui gouverne l'univers, mais bien plus, quand par ce moyen nous voyons s'vanouir toutes les apparences de contradictions que prsentent les actes del volont divine vis-vis des cratures capables de mrite ou de
:

donnes, dans

qui lui est destin avec un systme de conscience intrieure, que ne peut avoir l'enfant. Et qui oserait croire connatre assez ce sujet mystrieux pour que cette circonslancetabltune diffrence dans ces deux cas, de sorte que l'un se trouvt ais et l'autre impossible ; que l'un ft dans la nature mais non pas l'autre? La succession des es,

pces a d tre pour le premier homme aussi incomprhensible que la rsurrection peut l'tre pour nous. Que s'il se trouvait un homme qui ne pt pas" saisir l'ide d'une substance purement immatrielle, c'est--dire sans tendue ni solidit, ne concevrait-il pas du moins qu'une particule, telle qu'une particule de lumire, dont la petitesse se drobe toutes les dimensions, pourrait aussi bien tre la dpositaire, l'organe, le vhicule du sentiment intrieur, comme peut l'tre la runion des substances animales dont notre corps ou dont le cerveau humain est compos? que cela tant, cette particule pourrait transmettre une identit suffisante tout ce quoi
elle pourrait tre unie, que cette particule pourrait subsister au milieu de la destruction de toutes ses enveloppes, pourrait servir de lien entre ce qui est physique et ce qui est spirituel, entre le corps corruptible et le corps glorifi. Si l'on nous dit que ce mode et ces moyens sont imperceptibles nos sens , nous dirons qu'il en est de mme des agents et des productions d'effets les plus importants. Tous les grands pouvoirs de la

dmrite comparatif, de rcompense et de chtiment lorsque nous voyons qu'il existe une masse d'vidence historique, confirme par beaucoup de caractres intrieurs de vrit et d'authenticit, pour nous convaincre qu'une telle rvlation nous a t donne quand, dis-je, nous voyons ces choses, ne nous rassurerions-nous pas en pensant que Dieu ne saurait manquer de ressources dans sa sagesse cratrice, ni d'expdients pour excuter ce qu'il s'est propos de faire; qu'il pourra l'aide d'une influence nouvelle et toute-puissante faire revivre le sentiment intrieur qui tait teint, ou que dans le nombre de ces tonnantes conceptions dont l'univers abonde, et dont quelques-unes nous montrent par plusieurs exemples la vie animale reprenant de nouvelles formes d'existence, acqurant de nouveaux organes, de nouvelles perceptions, de nouvelles sources de bonheur; que dans ce nombre de conceptions il aura t pourvu ce que, par des mthodes qui nous sont caches, ainsi que tous les grands procds de la nature, les objets du gouvernement moral de Dieu puissent aussi tre amens l'aide de plusieurs changements ncessaires une distinction Gnale de bonheur ou de misre, distinction qu'il nous a dclar devoir tre la consquence de l'obissance ses lois ou de leur transgression, de la vertu ou du vice, du bon ou du mauvais usage des facults qu'il nous a donnes, des circonstances dans lesquelles il a jug propos de nous placer, et par lesquelles il a voulu nous soumettre un tat d'preuve ?
:

945

RFLEXIONS SUR UNE MTHODE THEOLOGIQUE.

9i5

*Uxlon
SUR LA METHODElINTRODUITE PAR GEORGES HERMES
DANS LA

THEOLOGIE CATHOLIQUE,
ET SUR QUELQUES ERREURS PARTICULIRES DU MME
EXTRAITES DU SEIZIME VOLUME, LIVRE
DES
XLVII,
,

ANNALES DES SCIENCES RELIGIEUSES,


PAR
J.

PERJIONE

(1).

TRADUIT DE L'ITALIEN PAR M. LABRE TH.

B.,

CUR DE DOMAZAN

(Gard).

La mthode est tout en philosophie est la doctrine certainement fausse et


et des

telle

condamnable modernes philosophico-thologiques d'Hegel


clectiques ductrine dont elles se prvalent mal propos pour rduire toute la mtaphysique la pure logique, la ralit de pures ides abstraites enfin pour mtamorphoser Dieu lui-mme en un tre de raison qui par suite de progrs produits selon les rgles de la dialectique , sedveloppe indfiniment dans l'histoire de l'humanit dans la religion , dans les siences et dans les arts; d'un autre ct, cependant il est vrai qu'en fait de science le bon ou le mauvais succs dpend en grande partie de la mthode employe pour acqurir les connaissances qui sont l'objet de notre sollicitude. La mthode est pour le savant ce qu'est la carte pour le hardi navigateur qui parcourt les mers elle lui fixe le point de dpart et le rivage o il doit aborder; elle lui indique d'une manire sre le chemin qu'il doit suivre dans sa longue et prilleuse navigation.
:

trsenseigne dans quelques coles

dans ses propres forces s'enfonce dans les profondeurs mystrieuses de la religion, de de la thologie catholique o les fondements et les principes ne sont point le fruit spontan de la raison naturelle, mais l'manation immdiate de l'infaillible autorit del rvlation qui a Dieu pour auteur o les vrits sont si leves au-dessus de l'esprit humain o manquer d'atteindre le but s'carter du droit sentier ne diminue pas seulement la rputation de celui qui s'gare en lui attirant l'pilhte d'esprit faux comme cela arrive dans les autres sciences, mais o son erreur entrane dans lui et dans les autres la perte du trsor prcieux de la foi ? Il est donc important de diriger prudemment sa course sur celte mer hasardeuse de suivre une bonne et sage mthode, bien accommode la nature de la science divine que l'on traite. Autrement on courra videmment le danger d'aller se briser contre
,
, ,

de nombreux cueils et de naufrage.

faire

un

triste

Dans

le

douzime

sicle fiorissait

un hom-

Mais

carte est perfide et infidle , comment esprer de russir, pour me servir de l'expression de notre Dante , entrer glosi la

rieusement dans le port? Or s'il fut jamais en fait de science une navigation ardue et
,

prilleuse pour l'intelligence humaine , n'estce pas celle o l'homme, plein de confiance
(I) Celle dissertation fui lue dans l'Acadmie de la religion catholique Rome, le 1" septembre 1842, par

d'un gnie subtil et profond, qui, occu tout entier des spculations philosophiques de ce temps entrait d'un pied hardi dans le champ de la thologie catholique et y faisait d'tranges ravages. Comme vous pouvez facilement le penser, messieurs, je veux parler d'Abailard. Ce n'est pas qu'Abailard ne professt du respect pour l'autorit suprme de l'Eglise, qu'il et directement l'intention de
,

me

reyrendissime pre Jean Perrone de la compagnie de Jsus, professeur de thologie au collge Romain,
le

consulleur de la sainte congrgation de la propagande et des affaires ecclsiastiques extraordinaires, examinateur des voques, etc.

corrompre son enseignement mais ce fut la mthode qu'il suivit en thologie q;ii IV; ara; il regarda la foi comme une hypothse une estimation ) c'est--dire une opinion dort on dmontre la force et la certitude par des preu: [

DEMONSTRATION EV ANGELFQUE. PERRONE.


ves ralionnellos il traita les dogmes comme autant de problmes il discuta dans chacun le pour et le contre , le sic et le non, comme il intitula son livre que le professeur Victor Cousin faisait paratre Paris, quelques annes aprs, avec d'autres crits d'Abailard; en un mot, il rendait en tout la foi divine dpendance de ses opinions philosophiques du jugement de sa raison; et", pour me servir des paroles de son illustre et redoutable antagoniste saint Bernard il finit par parler en arien de la Trinit, en plagien sur la grce, elil raisonna comme un nesloiien
; ; , , ,
,

943

dition catholique dans l'enseignement de la thologie, ne cherchent qu' tenter de nouveaux essors et se frayer des voies qui n'aient pas t battues! Quand Georges Herms commenait s'ocla partie apologtique et dogmatique de la religion, il trouvait d'un ct le scepticisme et le rationalisme de Kant et de Fiente, de l'autre le sentimentalisme de Jacobi, l'antagoniste de Kant; ct de ce dernier se plaait, pour ainsi dire, Schilling, avec son intuition seniimcntale et immdiate de l'absolu, qui se perdait dans la philosophie

cuper de

sur

messieurs, j'appelle aujourd'hui votre attention sur le ntre, sicle beaucoup plus digne de notre estime par l'amnit des murs et par les nobles progrs des sciences et des arts, mais aussi beaucoup plus fcond en toutes sortes d'erreurs. Pour ne point m'carter du sujet que je me suis propos de traiter, je vais vous donner une preuve bien triste, mais une preuve rcente, incontestable des errements insparables d'une mthode arbitraire,

personne du Christ. Je quitte le douzime sicle,


la

trompeuse,
sciences

dangereuse, suivie dans les thologiques. Georges Herms se propose pour but le ses investigations, non de saper les fondements de la religion, mais de la consolider; il veut donner une dmonstration invincible de la religion chrtienne en gnral et de la religion catholique

de Y identit ou le panthisme. Herms, ennemi de toute espce de sentimentalisme, et admirateur de Kant et de Fichte, mais en mme temps connaissant trs-bien la nature sceptique de leur philosophie et son hoslilit la religion rvle, s'effora de combattre les principes du kantisme et du fchlisme, en leur substituant un systme philosophique d'aprs lequel il pt rigoureusement dmontrer la vrit du christianisme et du catholicisme, et sur lequel il pt solidementasseoir Desle grand difice des dogmes catholiques. sein excellent et neuf s'il et employ une
autre mthode et d'autres armes dans cette
lutte prilleuse.

Que croyez-vous donc qu'a choisi Herms pour tre le fondement et la premire pierre du grand difice qu'il voulait nouvellement
reconstruire? Le doute positif,
versel, perptuel.
11
fit

absolu, uniet
il

en particulier; il se propose d'difier un systme thologique lumineux par la clart


de ses principes et de ses conclusions, solide par l'enchanement serr et bien coordonn de ses parties, en un mol tel qu'il puisse forcer les ennemis eux-mmes de la foi en reconnatre la vrit et la beaut!... Mais que vois-je? il s'enveloppe lui-mme dans les filets de la philosophie de Kant, tandis qu'il cherche la combattre de toutes ses forces connaiset qu'il se flatte de l'avoir vaincue sant mal la nature de cette foi divine qu'il veut dfendre, et plein de confiance dans l'orgueil subtil de sa propre raison, il mprise les apologistes anciens et modernes et en gnral toute autorit thologique, et il ne se fonde que sur une mthode trompeuse qui l'gar et lui fait obtenir des rsultats entirement contraires. Tel est le sujet que je vais dvelopper autant que le permettent les bornes d'un discours. Et pour que mon plan- ne manque point d'ensemble et d'unit, je le rsume dans les propositions suivantes: Herms, en vertu de la mthode qu'il a adopte et fidlement suivie: 1 pose pour fondement du christianisme et du catholicisme un systme qui entrane dans l'incrdulit. 2 Par ce principe, mme l'aide duquel il cherche dmontrer la vrit de l'un et de l'autre il enlve tout moyen de prouver leur vrit historique. 3 Enfin il se jette dans un sy:*tme thologique qui dtruit et renverse les doctrines les plus essentielles de la thologie catholique. Puisse cet exemple servir de leon salutaire ces esprits inquiets et superbes qui, ddaignant comme vieilles et uses les mthodes approuves par la tra:
,

une

loi

imposa

svrement
:

celte

loi

comme une

condition

indispensable tous ceux qui se feraient ses disciples nous devons douter de tout, constamment, entirement et toujours, tant que la force de la raison ne nous contraint pas de reconnatre et d'admettre quelque chose

comme

vrai. (1)

Quand je dis douter de tout, je prends ce mot dans le sens littral; il s'tend Y objet comme au sujet, commencer par la conscience elle-mme, qu'il commena par regarder
tique.

chose de problmaconstamment, ceci doit s'entendre d'un doute qui n'est chas;., comme on a coutume de dire, que par une

comme quelque
je dis

Quand

par ces vritable et pressante ncessit; enfin entirement et toujours, il faut entendre mois psycholoun doute qui embrasse les vrits giques, mtaphysiques, morales, religieuses,

un thologiques; ce doute doit exister dans par inGdle comme dans un chrtien, lequel, consquent, afin de remplir la condition indispensable, absolument requise pour resa construire en lui-mme raisonnablement croyance, serait forc de douter srieusement

bonde ia vraie foi dans laquelle il a eu le heur de natre et d'tre lev. Ensuite Herms exige rigoureusement de ses disciples,
ments
dveloppelecteur trouvera de. plus longs que je ua des preuves plus dtailles de ce article surlncrici dans mon second fais au'indiquer Annales des science msianisme, insres dans les que dans la irtnvol. IX, livrais. 27, ainsi
(1)

Le
et

religieuses,

Pic.ue partie

I!,

an. Il, de mon trait de bas theologicts, la philosophu j'ai parl avec tendue de d'Herms*

9i9

RFLEXIONS

SUIi

UNK MTHODE THOLOGALE.


feint et hypothtique,

950
sitt

non pas, il est vrai, dans sa prface de l'Introduction philosophique, mais dans la Mthodologie par o il commence son Introduction positive la Dogmatique chrtiennecatholique, il exige que, se dpouillant de toute conviction religieuse, mmecalholique, ils disposent leur esprit pour tre dans un tat d'galit et d'indiffrence parfaites envers un systme quelconque thologique et religieux, pour se rendre ainsi aptes embrasser et suivre celui que leur raison, aprs avoir triomph de tous les doutes et atteint le but de ses investigations, leur prescrirait ncessairement, sous peine de pcher gravement contre la raison en faisant le contraire (1).

abandonn par

le

Herms ne

mme

se rtracte point, il exige la condition dans sa Mthodologie qui

prcde sa Dogmatique spciale; mais toujours fidle ses principes et voulant que Je mme esprit rgulateur dirige tout son systme philosophico-thologico-religieux, il dclare que la mthode prcdemment tablie doit s'appliquer la recherche de chaque

philosophe franais, diffre trop essentiellement de ce doute absolu et rel enseign et suivi dans la philosophie et la thologie d'Herms. Examinons maintenant comment, d'aprs Herms est produite cette vraie et pressante ncessit d'admettre avec certitude une chose comme vraie et relle, de telle sorte que le doute perptuel disparaisse. H divise la raison en thortique et pratique ; cette distinction, comme personne ne l'ignore, est ancienne dans les coles philosophiques elle remonte au philosophe de Stagyre. Elle passa ensuite dans les coles mmes catholiques, et souvent on la retrouve dans le grand saint Thomas. D'ailleurs, autre est la facult de connatre dans l'homme autre est la raison et celle-ci tire ces noms divers de thortique et de pratique de la manire diverse dont elle considre son objet, des diverses fonctions qu'elle exerce, soit la connaissance et la pure contemplation du vrai , soit en appliquant la vrit qu'elle connat l'acte libre de la volont l'uvre l'ac, ,
, : ,

dogme en
Ce
suffit

mthode Herms pour nous faire comprendre que celleci ressemble la mthode d'Abailard. Car marche toujours le doute d'Herms qui entre le pour et le contre pour la dcouverte d'une vrit quelconque, n'cst-il pas l'image du sic et du non de ce dissertateur rationaliste du sicle de saint Bernard? Mais que dis-je? Je m'aperois qu'Herms, si vers dans la connaissance des ouvrages de Kant, a puis sa mthode, comme tant d'autres choses, la source rationaliste du sophiste de Knigsberg. Qui ne connat l'antithtique de Kant? Qui neconnatses fameuses antinomies (oppositions) au moyen desquelles le vrai et le faux

particulier (2). principe radical de la

tion (1).

De l la division de la philosophie en spculative et pratique, ou morale, et pareillement celle de thologie en spculative ou


dogmatique et en pratique ou morale. En cela donc rien de nouveau, rien de rprhensible; mais il n'en est pas de mme du sens, de la vertu, des fondions qu'Herms accorde sa double raison, comme nous allons le dmontrer. Nous ne suivrons pas ici Herms dans ses innombrables et mystrieux dtours, dont nous avons suffisamment parl ailleurs (2), o il
,

proquement

s'assimilent, se balancent, se dtruisent rcil'un l'autre? Je sais quelesher-

soulve celte question Si la raison spculative peut jamais d'une manire certaine regarder une chose comme vraie et relle; mais nous nous contenterons de dire qu'il assigne proprement la raison spculative une certitude
:

msiens nous opposent le doute mthodique de Descartes; mais Herms s'loigne tropde Descartes sous tous les rapports, et ce doute
(1) Voici les rgles

seulement pour les vrits me ((/physiquement ncessaires; que celle certitude elle-mme se rsout ensuite en une ncessit subjective, et rien de plus, de lenir la chose pour vraie et
(1) Le passage suivant o un illustre philosophe chrtien, le cardinal Gerdil, expose largement la doctrine de saint Thomas, donnera plus de clart noire

ions,

mme
qui

que suit Herms et qu'il prescrit aux croyants et aux minisires du sanc-

veulent tablir raisonnablement leur foi d'aprs sa mthode. 1 nous devons renoncer ions les sy>lmes soit de thologie, soit de religion, si nous ne les avons certainement ou thoriquement reconnus pour vrais rsultai que nous pourrons obtenir lorsque nous aurons l'ail natre dans notre esprit, l'intime Conviction que ni le catholicisme, ni le christianisme en gnral, n'est vrai parce nous sommes ns dans son sein, mais lorsque, suivant les justes et saintes inspirations uV la conscience, nous embrasserons ce systme de religion qui nous sera dsign comme vrai par la raison, car elle cM l'unique rgle que railleur de notrelre,nous a donne, mme ds la naissance,dnnsl cours de la vie par cette manifestation intrieiire qui rclame imprieusement que nous la suivions par tout o elle voudra bien nous conduire. l nous devons tre prts suivre l'oracle de la ra son, qu'elle soit en contradiction on non avec tes doctrines lliologiqucs ou religieuses enseignes jusqu'ici; car autrement nous pcherions contre nuire raison, etc. (Introduction potilive Munster, 1829, p. 30,31).
tuaire
;
,

Voyez Dogmatique spciale chrtienne-catholique, part. I, 30, p. 99 ci ailleun

pense. Cette douille fonction donne lieu distinguer la raison en spculalive et pratique. La premire se, borne la recherche, la connaissance et la pure contemplation du vrai, la seconde applique la connaissance l'action. Mais celle distinction ne met aucune diffrence dans la manire de connatre. L'entendement pratique, dit un de nos docteurs les plus respectables (saint Thomas) connat le vrai tout comme l'entendement spculatif, ou pluii ce n'est qu'un seul cl mme entendement, qu'on nomme spculatif, quand il se borne la contemplation du vrai, et qu'on nomme pratique quand il rapporte la connaissance l'action. Ainsi ces deux dnominations ne dsignent pas deux diffrentes facults, mais seulement* deux vues ditl'rcnies sous lesquelles on envisage une seule cl mmo facult, i (De l'homme considr sous l'empire de la loi, ch.2.) (-2) Voyez le second article cil plus haut dans ces Annales, et la troisime partie de Locis theologicis,
l'endroit galement
(

ii.

951

DEMONSTRATION EYANGELIQUE. PEP.RONE.

as2

relle; que nous sommes enchans, vendus cette ncessit, pour me servir de ses expressions, par une violence physique insurmonta-

avoue en mme temps d'une manire vidente que la chose toutefois pourrait bien n'tre en soi ni vraie ni relle; mais tout autre que ce que la ncessit nous a forcs ducroire
ble. Il

qu'elle tait (1).

plus haut degr de certitude et objective accorde l'homme , d'aprs Herms tel est, et celui-l seul le vritable domaine de la raison spculative. Et cette mme certitude se rsout ensuite,

Tel est

le

de ralit

d'aprs Herms, en une foi ou croyance celte ralit, foi qui doit tre prcde d'un acte de connaissance ncessaire de la chose, mais de sorte que cette simple connaissance ncessaire ne suffirait pas pour nous faire regarder la chose comme vraie et relle si elle n'tait accompagne d'un acte de foi ncessaire. Or quel sera pour lui le fondement de la certitude physique et de la morale? Comment nous assurer, sans danger de nous tromper, de l'existence des faits physiques ou historiques? Or c'est ici que commence prdominer la raison pratique d'Herms, lequel en dclarant que la raison spculative ne peut jamais arriver lacerlitude dans de semblables vrits, ni loigner entirement de soi le doute, accorde la raison pratique cette fonction si ncessaire. Voil donc que celte raison pratique ou morale, qui est par ellemme, comme on l'a dj observ, identique avec la raison spculative, laquelle ne peut par elle-mme s'assurer de la ralit et de la vrit objective des choses, ce qui appartient toujours la raison spculative, mais qui doit seulement prescrire ces rgles destines diriger l'opration de l'homme, devient dans les mains d'Herms le fondement de la ralit objective. Or, qui n'aperoit ici un vritable germe de la doctrine de Kant et de Fichte, qu'Herms lui-mme s'efforce de
,

combattre? En effet n'est-ce pas Kant qui a invent d'avoir recours la raison pratique, pour suppler par elle l'impuissance de la raison spculative louchant la vrit et la ralit objective des choses? Fichte ne suivit-il pas la mme voie, lorsque n'atlendanl plus rien de sa raison spculative, il se dcida en dsespoir de cause tenir tout pour vrai et pour rel sur la foi de la raison pratique ? Il est vrai qu'Herms ne va pas si loin, il n'enlve pas la raison spcidative toute certitude, il lui en accorde une partie , si toutefois on peut regarder comme une vritable certitude celle d'Herms ; mais l'autre il l'attribue seulement la raison pratique II tombe ainsi vritablement dans le vice radical de Kant et de Fichte il partage ainsi vritablement avec eux, comme on l'e;

claircira mieux tout l'heure, la pauvre raison humaine en deux raisons comme une espce de royaume divis en lui-mme qui ne peut manquer de prir. Mais il importe trop de connatre com,

ment celte raison pratique, d'aprs Herms , peut nous dterminer tenir pour vrai ce dont il nous sera toujours permis de douter en vertu de la spculative. Cette raison pratique pour l'cole de Kant, comme pour Her-

ms est autonome et lgislatrice souveraine. Par Vimpralif catgorique absolu et ordonnant, elle commande l'homme en son propre nom Reprsente-toi simplement en toi et dans les autres, et conserve la dignit de l'homme; ensuite elle lui impose comme un devoir absolu d'user de lous les moyens ncessaires pour arriver cette fin. Or supposons, d'aprs Herms, que cette raison impose quelque devoir ou envers Dieu, ou envers soi , ou envers les autres hommes devoir auquel il ne peut satisfaire s'il n'admet comme vrai et rel ce dont il pourra douter d'aprs la raison spculative, dont la base est le doute, voil donc devenu ncessaire le devoir moral d'admettre la vrit et la ralit objective de la cause, malgr la rpugnance de la raison spculative, et cela pour ne pas manquer un acle obligatoire et moral qu'il doit faire, pour ne pas dgrader la dignit de la nature humaine, et pour ne pas se rendre coupable de lse-humanit. Choisissons un exemple trs-clair, qui nous fera bientt connatre le fondement solide sur lequel repose la certitude historique d'aprs Herms. La raison spculative, dit-il, ne pourrait jamais arriver par elle-mme acqurir une telle certilude d'un fait historique quelconque; elle pourra obtenir une vraisemblance plus ou moins grande, mais la certitude jamais, parce qu'elle pourra toujours spculalivement douter de la vrit de ce fait. Mais d'un autre ct la raison pratique faisant l'homme un devoir de reprsenter simplement en soi et dans les autres la dignit de l'homme, il suit de l que parmi les moyens ncessaires pour arriver cette fin on peut donner celui de devoir recourir l'exprience des autres. Car si l'homme n'a pas en lui-mme toutes les connaissances requises pour bien agir moralement, comment pourra: ,

chose pour vrai je que la chose soit en elle-mme autre que ce que je la liens La chose est cl elle doit rester pour moi telle que je dois la tenir, de sorte que je doive la tenir pour telle , quoi qu'il en puisse tre de la chose en elle-mme... Cette conviction ncessaire peut bien tre en soi un pur phnomne, une illusion; quant nous nous ne pouvons
\)
t

Quand

je dis tenir quelque

ne puis nier certainement

la possibilit

connatre, ni dmontrer le contraire Jntrod. philos., p. 191, 1!)2). Voil le dernier rsultat de toute la philosophie spculative d'Herms. Et ici je dois faire

observer que, pour ce qui concerne la certitude que nous appelons physique, quoique notre philosophe
l'attribue
il

la

raison et

la

certitude spculative

quand

en gnral de la spculation sensible et extrieure, nanmoins, quand il s'agit de dterminer la certitude de quelques faits en particulier, il rclame ei soumet celle certitude physique au critrium ( l'examen) de la raison pratique; car d'aprs Herms, dans les laits particuliers physiques ou sensibles, nous ne pouvons jamais tre spculalivement certains que nous ne sommes pas le jouetdes sens. J'ai donc raison de conclure qu'au fond la seule ncessit mtaphysique et logique peut, d'aprs Herms, engendrer
s'agit
la

certitude spculative, c'est--dire

la

certitude vri-

table.

953
t-il

REFLEXIONS SUR UNE MTHODE THOLOGIQUE

954

remplir celle obligation, s'il ne les recherche pas chez les autres? Or l o suffit l'exprience de ceux qui vivent, des contemporains, il n'est pas ncessaire de passer outre; niais bien souvent on exige, pour s'acquitter de celte obligation morale, que l'on consulte l'expricncedes anciens, des sicles passs, et cette exprience n'est-elle pas dpose tout entire dans les souvenirs de l'histoire? Donc si dans ce cas-l quelqu'un ne croyait pas la vracit de l'histoire, il serait priv de cette condition qui lui est indispensablement ncessaire pour accomplir ce devoir moral. Donc celui-ci, par l'impratif de la raison pratique, sera tenu d'admettre pour vraie et relle Vhistoire, quoiqu'il puisse et doive spculalivement douter de sa vrit et de sa ralit. Ce n'est pas mon intentiou d'entrer ici dans le dveloppement des autres cas ou
conditions o cette raison pratique hermsienne devient mre de la certitude, ce qui me mnerait trop loin (1) et j'entends en moi-mme l'impratif catgorique de cette raison pratique, qui me commande de ne pas abuser de l'aimable indulgence de mon auditoire. S'il veut bien y consentir, je ferai
,

comme dans un champ clos deux raisons qui se rpugnent et se combattent rciproquement ; l'une, c'est--dire la spculative, rpugne tenir quelque chose, un fait historique, par exemple, pour vrai et rel; elle ne peut jamais se dfaire entirement de son doute spculatif. L'autre raison, au contraire, c'est--dire pratique, prescrit que dans ce cas, on doit absolument l'admettre pour
tel et

pas autrement.

Or comment dans ce
la

conflit de

deux raisons, ou pour parler avec


raison

plus de vrit, dans ce conflit de

avec elle-mme, pourra reposer une certitude quelconque? car je soutiens que la certitude, de quelque nature qu'elle soit, c'est-dire ou mtaphysique, ou physique ou morale, est toujours une adhsion raisonnable et inbranlable la vrit d'une chose que l'on connat, qui exclut tout motif de douter du contraire. Or je rsume ici ce que j'ai dit en faveur de ma premire proposition. Herms pose pour base de sa dmonstration du christianisme et du catholicisme, mme de toute la thologie catholique, un systme qui demande d'un ct un doute positif, absolu, universel, perptuel, tant qu'une vritable ncessit ne contraint par la raison admettre une chose pour vraie et relle; de l'autre cte les rgles qu'il donne pour arriver la vrit et a la certitude et pour dissiper ce doute sont telles, que du ct de la raison spculative elles ne produisent qu'une ncessit subjective, du ct de la raison pratique elles ne peuvent faire natre qu'un simple acquiescement qui n'est nullement la certitude n'ai-je donc pas eu raison de dire qu'Herms pose pour base de sa dmonstration vanglique et catholique un systme qui conduit au scepticisme? Je passe maintenant ma seconde propole court dveloppement que je vais sition lui donner jetera un nouveau jour sur ma thse. La rvlation divine est un fait les miracles et les prophties par lesquels Dieu a voulu nous la rendre si vidente et si digne de notre foi, sont des faits; l'existence de la fondation Jsus-Christ et des aptres du christianisme, l'institution de son Eglise, et la prodigieuse propagation de sa doctrine sont galement des faits. Et tous ces faits sont pour nous historiques parce que autrement nous ne pourrions les connatre que par les monuments incontestables de l'histoire. 11 est donc vident que l'auguste difice de la religion repose sur la certitude historique, et que si celle-ci s'affaiblit et se dtruit, par cela mme s'affaiblissent et se dtruisent toutes les preuves et toutes les raisons qui servaient de base sa croyance. Ces prliminaires poss, on voit disparatre tout coup, d'aprs le systme d'Herms, la certitude historique de la raison spculative, laquelle seule doit et peut appartenir loutc vritable certitude. Elle ne peut jamais croire avec une intime et ferme conviction la vrit cl la ralit de l'histoire de manire exclure tout doute spculatif. Donc la raison pratique est le seul moyen qui peut et doit dfendre, d'aprs Herms, la vrit et la certitude des
,
:

seulement quelques rflexions pour prouver la force de ma premire thse. El d'abord, qu'est-ce que c'est que cette certitude engendre par le commandement del raison pratique? Ce n'est qu'un acquiescement pratique avec lequel l'homme agit comme si la chose tait vraie et relle pour lui, mais qui n'ajoute aucun nouvel lment, aucun nouveau poids la certitude touchant la ralit et la vrit de la chose. C'est donc une demande gratuite de la volont, c'est donc une demande plus subtile, mieux pallie, si l'on veut mais la manire de celle de Kant la manire de celle de Fichte, pour le diie en peu de mots la manire d'un si grand nombre d'acataleptiques anciens et de sceptiques modernes qui attaquant ou infirmant la certitude spculative eurent recours cet acquiescement pratique, comme une planche de salut aprs !e naufrage, comme une chose ncessaire dans tous les besoins communs et indispensables de la vie. En outre, toute cette prtendue certitude dpend de celte hypothse vraie et relle que la raison pratique de l'homme puisse par elle-mme lrc autonome et lgislatrice, sans aucun gard au souverain lgislateur, et qu'elle lire d'elle seule ncessairement celle obligation dont l'homme ne puisse et ne doive jamais la sparer moralement. Je sais bien que telle est la morale rationnelle du kantisme, mais pour tous ceux qui ne se contentent nas des principes de morale de Kant, il s'en suivra qu'il n'y a plus obliga,
,

tion d'admettre la certitude historique fonde sur ce catgorique impratif. Mais jedis plus, et je soutiens que cellecerlitude est une pure illusion ; on introduit ici
(l)J'ai trait plus longuement del fonction de cette raison pratique d'aprs Henns, dans l;i troisime partie de locis theologicis, dj cite. De Hernie

iianismo pliilosophico.

955

DEMONSTRATION EVANGEL1QUE. PERRONE.


lorsqu'elle n'existera pas,
fait

956

preuves du christianisme et les fondements de la thologie catholique. Aussi il ne s'en cache pas et il le dclare ouvertement. Et nanmoins dans son Introduction philosophique il proteste qu'il voit bien qu'il doit renoncer cette vrit et cette certitude du
,

ou

qu'il n'y

aura

christianisme que les chrtiens (ce sont ses expressions) ont admises jusqu'ici c'est-dire renoncer la certitude spculative (1) mais en avoir une autre, c'est--dire celle de la raison pratique; qu'il faut ensuite chercher si celle-ci peut s'appliquer efficacement aux preuves du christianisme. Si celle-ci est encore impuissante ( il tire ailleurs cette conclusion),nous ne serons plus obligs d'admettre le christianisme comme une religion que Dieu nous a donne (2). Il fait donc tous ses efforts pour dmontrer comment la raison pratique par ses commandements moraux peut prouver la certitude des miracles de la vracit de Jsus-Christ etdes aptres, de l'authenticit des livres saints etc., mme pour nous qui sommes spars par tant de sicles des faits que se soin passs durant la vie mortelle de Jsus-Christ et des aptres. Or je m'arrte ici et voici comment je raisonne Le seul principe en vertu duquel Herms dmontre que l'on doive admettre comme vraies les preuves du christianisme et du catholicisme (puisqu'ici la simple probabilit, la seule vraisemblance ne suffit pas), c'est leur certitude garantie par les commandements de la raison pratique. Mais cette certitude pratique, comme je l'ai dmontr dans ma premire proposition, n'est nullement une certitude. Donc Herms en vertu mme de son principe, sur lequel il s'appuie pour dmontrer la vrit du christianisme et du catholicisme, renverse les preuves qui leur servent de fondement c'tait ma seconde proposition. Mais prouvons encore par de nouvelles dmonstrations la futilit et l'absurdit d'un tel systme. Si la raison pratique n'oblige admettre un fait historique comme vrai et rel que lorsqu'on ne pourrait sans cela remplir un devoir moral, dont cette admission est une condition indispensable, qui ne voit pas que,
, ,
:

point cette connexion ncessaire entre un historique et un devoir moral, ds lors cessera d'exister l'obligation d'admettre ce fait comme vrai et rel? Donc si quelque vnement prodigieux, comme un miracle, une prophtie, n'a aucune connexion ncessaire avec le devoir que j'ai actuellement remplir, comme, par exemple, de faire l'aumne ou de demander un conseil, la raison pratique ne m'oblige pas par cela mme l'admettre comme vraie. Or avec, un tel principe qui ne voit qu'on peut impunment n'admettre comme vrai, l'un aprs l'autre, aucun des miracles aucune des prophties par lesquels l'Homme-Dieu a prouv la divinit de sa mission ? Comment prouver qu'admettre comme vrai un fait qui s'est pass il y a un si grand nombre de sicles, comme la rsurrection glorieuse du Sauveur, la gurison du paralytique, la dlivrance du possd, l'action de faire sortir du tombeau Lazare vivant aprs quatre jours de spulture, soit une condition indispensable pour remplir un devoir qui m'obiige actuellement et moralement faire ou ne pas faire une action honnte ou criminelle? On peut dire la mme chose de la mort et de la rsurrection du Sauveur ; car pour tous les faits milite la mme raison d'autorit historique, et si le principe n'est pas admissible pour un vnement miraculeux, il ne le sera pas moins pour tous les
,

autres.

Quand je pense aux misrables subterfuges auxquels il a fallu que l'esprit philosophique d'Herms et recours pour rattacher les miracles du Rdempteur avec nos devoirs moraux, je ne sais s'il faut se contenter de prendre en piti la pauvre raison humaine, ou se laisser emporter par une noble indignation en le voyant ainsi renverser les fondements de notre foi divine. Il est reconnu que la certitude du miracle d'un mort rendu la vie,
s'appui , d'aprs Herms, sur le devoir moral qui nous oblige d'ensevelir les morts, afin que l'air ne soit pas infect d'o il suit que nous ne sommes tenus de reconnatre la v:

(\) Voyez dans les Annules second article sur l'hrmsinnisme dj cii plusieurs t'ois , o

mmes

mon

;e

irouve
(2)

rapporl

tom an long ce passage d'Herphilosoph., 4b, p. 258,


et

ms.

Voyez Flnlroduet.

dans le passage cit: Nous ne serons plus obligs, etc., et dans d'antres semblables. Remarquez celle flucumion d'esprilconlinue,srieuse, rflchie, dans laquelle Herms, en vertu de sa mthode, lient quiconque veui le suivre dans ses dt m s,
ignorant
si

Icrcsultat final d'une investigation

si

compli:

quesen en faveur du christianisme rvl de Dieu ou contre lui, en un mot si elle aboutira difier ou
qu'on a vu , ce condition indispensable, sous peine de lseniajesi de la raison humaine, que son disciple se dpouille rellement (Je toute persuasion , de tome
dtruire. El cela, aprs avoir exig

comme

affection pour

sard

il

ment

celle

cur

mme catholique, si par haCelui qui voudra suivre fidlemthode pourra-l-il conserver dans son a croyance et l'habitude infusede la vraie foi ?
la

religion
!

la

professe

rit du grand prodige opr par le Sauveur dans la rsurrection de Lazare que parce que sans cela nous ne devrions jamais donner la spulture aux cadavres mme en putrfaction ce quoi nous oblige la raison pratique, pour la sant publique. Dans ce cas, messieurs, vous observerez sans peine que les fossoyeurs, spcialement chargs d'enterrer les cadavres, seront assurs, plusque tous les autres hommes, d'une plus grande certitude et auront une raison plus puissante admettre comme vraie la rsurrection de Lazare. Mais laissons de ct la plaisanterie dans un sujet d'une si grande importance. Chacun voit quelles sont les rgles de certitude sur lesquelles reposent, d'aprs Herms, les miracles du Sauveur, ces miracles que JsusChrist ne cessait de donner comme une preuve infaillible de sa mission divine; ces miracles qui se trouvent sans cesse dans la bouche des
,
,

voila le grand avantage de la miliode analylico-eumUque proclame par Herms et par son cole
I

aptres, des Pres de l'Eglise et sous la plume d. tous les apologistes, et qui sont la seule

057

REFLEXIONS SIK UNE METHODE TIlOLOGiQUE.

958

nase fondamentale de la divinit du christianisme. Or, Herms en rptant avec les incrdules, qu'on ne peut point connatre toutes les vertus caches de la nature , et par consquent qu'on ne peut jamais savoir d'une manire certaine s'il faut chercher dans la nature, ou dans une raison surnaturelle, la cause d'un vnement quelconque qui sort des lois ordinaires; Herms, dis-je, regarde cette dcision comme un principe indubitable, comme une difficult insurmontable; et nanmoins pour protger la certitude des miracles qu'il renverse, il a recours un moyen, disons mieux, un palliatif, qui ne peut jamais engendrer la certitude. Ainsi en vertu mme de son principe les miracles perdent tout leur efficace cl tout leur poids, considrs comme preuve. Mais agissons libralement avec Herms, afin d'exposer un plus grand jour l'absurdit de son systme applique sa prtendue dmonstration chrtienne et catholique. Accordons-lui que sa raison pratique ait quelque fois le pouvoir de faire admettre comme vrai cl rel ce que la raison spculative ne peut reconnatre pour tel; je dis avec assurance que cela pourra tre au plus un besoin re-

comme, les partisans du kantisme, il confesse de temps en temps l'impuissance de la raison. Ensuite ( qui le croirai!, si cela n'tait plusieurs fois rpt dans son Introduction philosophique ?) tandis que, d'un ct, il veut dmontrer thoriquement et ne pas se contenter d'admettre par lu raison pratique comme Kant, l'existence d'une cause premire, absolue, ncessaire, ternelle dans une parole de Dieu; de l'autre, il soutient que la raison spculative ne peut savoir ni affirmer si ce Dieu est infini dans ses attributs. On pourra bien dire, d'aprs lui, que la science et l'intelligence de Dieu sont trs,

grandes que Dieu est souverainement puissouverainement sain t et bon ; mais on ne pourra pas dire qu'il est d'une science , d'une puissance d'une saintet et d'une bont infinies (1). Donc la raison peut spculaiivcment reconnatre en Dieu, qui est la plnitude de Vtre, un dfaut mtaphysique dans ses divins attributs. Maintenant, si l'homme peut raisonnablement se persuader que la rvlation soit l'ouvrage d'un Dieu dont la science, la saintet, la bont peuvent avoir des limi;

sant,

ne pourra jamais prouelle-mme est absolument vraie et relle on pourra dire que, pour les uns, existe cette union que l'on suppose entre ce fait historique et physique et leur obligation morale; mais on pourra dire que, pour d'autres, celte union et ce besoin moral n'existent point. Or, qui ne voit les consquences absurdes quis'cnsuivent?Donc les preuves du christianisme auront une cerlatif et individuel, et ver que la chose en
;

sujettes des dfauts, comment pourra-t-il se croire oblig de l'accepter? Un Dieu limit dans ses perfections ne pourraitil pas tromper et vouloir tromper? La proposition contraire ne rpugne nullement
tes et tre
:

ainsi s'est anantie l'autorit infaillible de la vrit premire de Dieu rvlateur, unique

une valeur purement relative. Donc il y aura pour les uns une obligation morale de le regarder comme vrai, et il n'y en aura point pour les autres, quoique les uns et les
titude,

motif et objet formel, comme parlent les thologiens, de notre foi dans une rvlation surnaturelle. Mais poursuivons notre raisonnement quelle foi Idologique peut-il exister dans le systme d'Herms? Une foi qui laisse subsi:

ster dans l'esprit (sans pouvoir l'empcher) le doute thorique et spculatif d'un senti-

autres connaissent les raisons videntes qui le rendent croyable. Celui-ci aura besoin, cause de ses obligations morales, de consulter l'exprience des sicles passs, 1 histoire; celui-l aura l'obligation morale de croire la vracit de telle autre chose, et ensuite la vrit historique du christianisme. Mais celui qui ne sera pas moralement oblig de tirer ses connaissances de l'lude de l'histoire; celui qui, sans ce secours, pourra honntement satisfaire ses obligations morales, sera dispens de tenir les faits historiques pour vrais et rels, et pourra, par

ment entirement oppos. D'aprs Herms,


Nous citerons ici le raisonnement sophisti(1) que d'Herms sur la puissance et sur la science de Dieu ; il servira plus tard mieux faire comprendre ce
vines.

qu'il dit

de

la

saintet et de

Si quelqu'un nie

demande

si la

la bont dipuissance de

consquent, rejeter comme n'tant pas certaine la rvlation du christianisme. Je pense qu'on n'exigera pas que, j'ajoute quelque chose la dmonstration de ma seconde proposition.

Dieu est infinie, e'est- dire si c'est la louie-puissauce, je me trouve forc d'avouer que sans une rvlation surnaturelle, je ne puis le prouver; car le monde cr fini, l'unique source de connaissance qui soil en mon pouvoir, ne nie fournit aucun motif ncessitant pour \mc telle affirmation. Donc pour l'empirique philosophie liermsicnne ilesprinci? j pes ncessaires, immuables eta priori de l'orlhologie iiesont pas une source de connaissances, mais seue ment ci' qui est phnomne sensible, comme le veut
i

le

Toutefois, qu'on me permette de puisera une autre source un argument trs-fort, pour montrer comment le principe d'Herms renverse et dtruit la vrit du christianisme. Quoique cet auteur, pour se dlivrer des doctrines de Kant, dans les filets duquel il se trouvait trop embarrass, accorde la raison spculative quelque vertu touchant la Vrit et la ralit objective des choses, tomme nous l'avons dj dit; nanmoins,

kantisme Je dois donc me contenter de ceci c'est--dire de ne savoir autre chose sur celte malire, sinon que la puissance de Dieu, raison le son
i

extension, excite en nous la lus grande admiration par cil :-mme et par sa nature, ei que comme puissauce cratrice, c'est la plus sublime que puisse imaginer la raison le l'homme, mais de laquelle l'entendement humain ne peut avoir une ide ulirieure (Introt. Philos, p. 456). Je dois rpondre galement celui qui me demandera encore si dans Dieu la facult de connatre est infinie, que sans le secours d'une rvlation surnaturelle je ne puis le prouver, et cola par la mme raison dwine plus haut, p. 465.

959
et

n'en soyez pas toujours douter spculativement si le Christ s'est tromp, ou s'il a t vridique si les aptres galement sont tombs dans l'erreur, et s'ils ont voulu tromper les autres. 11 est trs-vraisemblable que non, dit notre philosophe; mais il n'y a point de certitude, mais le doute thorique et spculatif subsiste toujours. Maintenant, je le demande, un acte de foi thologique (1 est-il possible lorsqu'on doute spculativement que la chose que l'on croit ne soit ni vraie ni relle? Celte proposition suivante n'a-t-elle pas t condamne l'assentiment surnaturel de la foi peut-il exister avec une connaissance et une persuasion probables et nullement certaines que Dieu ait rellement parl l'homme (2)? Si ces principes sont vrais, il s'ensuit que le systme d'Herms rend impossible toute croyance au christianisme. lime semble avoir victorieusement dmontr que l'hermsianisme qui repose sur le principe fondamental de la raison pratique, est comme un colosse aux pieds d'argile qui tombe et se brise si la moindre pierre vient frapper sa base fragile. Et c'est sur un fondement si faible qu'Herms ( qui se proccupe fort peu du vulgaire et de la foule des croyants ) prtendrait que les thologiens et les philosophes reconstruisissent en eux-mmes leur croyance aprs l'initiation mistagogique au doute universel, absolu et perptuel! Telle est donc cette vrit nouvelle du christianisme, ignore jusqu'ici par les thologiens et par les apologistes mme par les Pres etles docteurs de l'Eglise, qu'il est venu Telle est faire briller aux yeux des mortels cette dmonstration qu'il appelle le principe et la condition indispensable d'une foi humble et pieuse (voyez V article II sur hermsianisme, dj cit ) Je m'arrte, et j'abandonne votre sagacit et votre critique, vnrables messieurs, les autres rflexions qui se prsenteront d'elles-mmes votre esprit ; j'ai hte de prouver ma troisime proposition, en vous montrant comment Herms, par sa fausse et dangereuse mthode, est venu bout de traveslir les dogmes les plus essentiels de la thologie catholique. En vertu de celte mthode identifie avec le doute, il parle de ces dogmes, comme d'autant de problmes, de la mme manire qu'Abailard dans son ouvrage intitul Sic et non. Comme Abailard, qui puisait aux sources de l'Ecriture etde la tradition, et citait des textes
, ) : , , , ! l
!

DLMONSTRATON EVANGELIQUE. PERRONE. surpris, messieurs, on peut pour et contre; comme

3G0

(1) Voici divine de Jsus-Christ. Toutefois la raison spculative ne regarde nullement comme impossible d'admettre que l'assurance qu'il (Jsus-Christ) donne sur sa mission divine, par cela mme sur V origine divine de son enseignement, provienne en lui-mme d'une connaissance errone ou encore d'un dessein bien prmdit de tromper (Introduct. philos, p. 576), il en dit autant des aptres (Introduct. positive, p. 535). (2) Assensus lidei supernluralis ei utilis ad sala

<

comment s'exprime Herms sur

mission

Abailard, qui professait de reconnatre la suprmatie de l'Eglise en matire de doctrine: Herms dclare aussi que dans la dogmatique spciale catholique il faut puiser aux sources qui lui sont propres c'est--dire l'Ecriture, la tradition et l'enseignement de l'Eglise. De mme qu'Abatlard donnait ensuite un libre champ sa raison, en sorte qu'elle avait dcider ce qu'elle devait admettre ainsi Herms, aprs mille dtours aprs avoir discut pour savoir ce que renferment les sources de la rvlation relativement chaque dogme, demande la raison ce qu'elle est force de croire et dans quel sens. De l il arrive que, au lieu de plier la raison au dogme, il soumet bien souvent le dogme la raison, c'est--dire sa raison propre et individuelle, et il arrive au moins o Abailard fit un triste naufrage, c'est-dire un rationalisme thologique. Il est vrai que le rationalisme d'Herms procde avec plus de subtilit et de rserve; car Abailard, d'un esprit iev et pntrant, visait plus directement l'intelligence et la conformit positive du dogme avec la raison; tandis que Herms professe en apparence que dans la connaissance intrinsque du dogme, l'usage del raison est purement ngatif, c'est--dire qu'il veut montrer qu'il n'est pas contraire la raison; mais en effet, dans la suile. celte raison d'Herms, sous le beau voile d'une mthode analylico-euristique qui veut tout rduire ses lments les plus simples et dterminer ses conceptions sa manire, dcide en souverain arbitre dans le domaine de la foi. Si pour prouver ma proposition je voulais examiner une une les erreurs si nombreuses et si varies que Herms en vertu de sa mthode, a dissmines dans sa Dogmatique, il me faudrait faire une uvre de longue haleine. J'ai donc rsolu de prendre une voie qui, il est vrai, sera plus abrge, mais qui me permettra de pntrer, pour ainsi dire, jusque dans le cur de la thologie hermsienne etde connatre l'esprit qui l'anime. Je me bornerai donc la mthode suivante je dsignerai les principales doctrines errones d'Herms, je montrerai, par un troit enchanement des principes et de leurs consquences, comment l'une drive de l'autre comment elles s'enchanent l'une l'autre et forment ainsi dans leur ensemble un systme qui travestit et dtruit la vritable thologie catholique. Ce sera, messieurs, vous montrer la logique de l'erreur; certes je ne nierai point qu'Herms, aprs avoir pos de faux principes, soit logique dans ses dductions, quoique sous ce rapport vous ayez souvent l'occasion de remarquer ses inconsquences contraires la dialectique. Et d'abord vous
,
:

lutem stai

cum notifia solum probabili revelationis, imo cum formidine qua quis iormidet ne non sit (Prop. XXI damn, ab Innocent. locutus Deus.
xrj.
i

observerez comment Herms, quoique l'antagoniste de Kant, imbu comme il l'tait des thories de ce dernier, a tir, en grande partie de Yautonomie de la raison pratique du kantisme quelques principes dominants dans la thologie chrtienne de son invention. Il avait dj appris de Kant, comme nous l'avons rappel plus haut, que cette raison pra-

961
tique,

RFLEXIONS SUR

UlNE

MTHODE THOLOGIQUE.

962

souveraine lgislatrice dans l'homme,


il

n'avait nullement besoin do l'ide quelcon-

dans la justice qui punit, le maintien de ses propres droits; de mesurer enfin tous les divins attributs

une moune obligation parfaite. Il avait appris de Kant, ce catgorique impratif, que celte raison tire, par je ne sais quelle vertu mystrieuse, de son fond, propre par elle-mme lier inviolablement l'homme et lui donner une sanction efficace; il avait appris de Kant que l'homme sans le secours de Dieu pouvait arriver une que l'homme est saintet morale parfaite autotls et vraiment sa fin lui-mme; que que de Dieu, quand rale parfaite, une
s'agit d'tablir
loi

moraux

et

le

mode d'oprer

parfaite,

dans Dieu d'aprs les seules rgles des attributs de la raison pratique et de l'opration de l'homme; mconnaissant ainsi les vrais caractres de la Divinit et renversant l'co-

reprsenter en soi et maintenir cette dignit de l'homme c'est le dernier but de l'homme moral qu'ensuite l'tre humain ne peut pas
:

mais seulement par un autre tre quelconque, quoique infiniment suprieur lui et quand on dit fin, on doit l'entendre d'une fin dertre
.pris
,

comme moyen

comme

fin

nire et entire, car d'aprs

Herms, partisan

de Kant, qui

dit fin prochaine et secondaire dit dj moyen pour une autre fin, et par consquent, non pas vritable fin. Je sais bien que d'autres philosophes, et mme quelques thologiens catholiques, ont attribu la raison humaine, considre, soit dans ses rvlations intrieures, soit dans l'ordre intrinsque des choses manifestes par elle, la force d'obliger

l'homme moralement; mais ils le firent avec la plus grande rserve, montrant comment cette morale sans Dieu serait faible et imparfaite,

comment elle serait inefficace pour l'action, et comment la raison morale elle-mme demande grands cris que l'on commence
par reconnatre
le
le

bien souverain et absolu,


cette loi divine, ter-

suprme Lgislateur,

nelle, origine de toute loi, laquelle les philosophes les plus instruits du paganisme ont

tendu de

si

clatants

hommages. Aucun
la raison

n'a

la hardiesse de dire

que

morale n'a
,

pas besoin de Dieu, comme le fait Herms dont la philosophie morale toute concentre en elle-mme, comme la spculative, ne sait s'lever l'ordre ternel tabli par l'intelligence et la sagesse d'un Dieu, et ne respire que l'orgueil de ce stocisme de Kant, qui finit par tre l'idoltrie de la raison humaine. Or sur de telles bases quelles relations entre l'homme et Dieu pouvait-on difier? Herms est forc de placer la fin dernire de tout ce qui est cr dans l'homme et de faire converger, pour ainsi dire, toutes les lignes vers ce centre; il est forc par consquent d'exclure de la fin de la cration la gloire de celui qui meut tout ; de prescrire la Divinit des devoirs pressants et imprieux dans sa bont et dans la distribution de ses dons envers l'homme; de refuser Dieu l'autorit d'obliger immdiatement, par des dfenses ou par des prceptes formels et rvls, l'homme dans le sanctuaire de la conscience, mais de faire dpendre celte obligation de l'examen dtaill que la raison doit faire de la droiture interne et de la justice d'un tel commandement; d'assujettir Dieu aux droits de l'homme; de refuser Dieu dans la justice toute considration envers lui-mme d'loigner de pieu, soit dans la justice dislribulive, soit
;

nomie de la thologie naturelle et rvle. Voil l'abrg de ces doctrines qui, dans le systme thologiqued'Herms, furent successivement produites par les principes qu'il avait adopts ce que je vais prouver en dtail en citant plusieurs passages, tirs nonseulement de cette Introduction philosophique la thologie chrtienne catholique, o il parle en philosophe, mais encore de sa Dogmatique spciale, o il prtend puiser aux sources mmes de la rvlation divine. Je suis un tre raisonna ble , dit Herms et comme tel je suis ma fin moi-mme car la raison me prescrit comme un devoir V estime de la raison. Donc Dieu aussi a d me vouloir comme fin et n'a pu me vouloir cornme simple moyen parce que je ne puis avoir des devoirs remplir qu'autant que Dieu aussi observe saintement ce que ma raison me commande et Dieu n'a pu avoir d'autre dessein que celui de me rendre heureux, etc. (Inlrod. philosoph. 71 p. 4.83-484). Dieu doit vouloir le bien de tous les tres capables de flicit hors de soi et il doit vouloir leur bien sans aucun gard pour soi et en gnral sans intention ultrieure, c'est--dire il doit vouloir le bonheur de ces tres comme fin et jamais seulement comme moyen (Jbid., 70, p. 476). Mais quel est le bonheur que Dieu doit vouloir dans les cratures? Tout le bonheur qu'il connat et dont elles sont susceptibles, rpond Herms. Car c'est l ce que nous commande notre raison et elle nous rejette comme profanes ds que nous nous cartons tant soit peu de cet ordre (Introd. philos., p. 476). Dieu doit vouloir pour ses cratures dans le plus haut degr, tout le bien qu'il connat et que ses cratures peuvent recevoir ; car la saintet parfaite demande un parfait amour, et l'amour peut-il avoir des bornes ds qu'on exclut toute considration personnelle (Ibid., 71, p. 490). Mais tandis qu'ici la raison autonome prescrit Dieu une dispensa tion illimite de bien ses cratures, voyons, d'un autre cl quelles sont les bornes qui sont poses la saintet de Dieu en elle-mme, la science de Dieu, tant pour ce qui regarde le bien moral que pour ce qui regarde le bien que les coles allemandes appelleut eudmonologique, ou qui rend les cratures heureuses. La saintet de Dieu est comme nous avons vu, par sa nature intrinsque absolument parfaite mais quant l'extension elle peut bien tre limite; car il a t dmontr que Dieu veut tout le bien moral qu'il Connat; mais nous, nous ne pouvons prouver Villimitation de sa connaissance (de Dieu) Ensuite il est toujours possible que celle-ci soit Iviii:

te, et

par consquent quelque chose serait


lui (Dieu), si cette

moralement bonne pour


connaissance
tait

illimite, laquelle

chose

9GS

DMONSTRATION EVANGELIQU. PERRONE


(

96'4

Ibicl., maintenant n'existe pas pour lui Dieu comme son amour, p. 475). La bont de peut toupour ce qui regarde, l'extension limite (et en voici l'unique preuve jours tre parce qn il est qui sert le dmontrer) Dieu soit possible que la connaissance de ensuite parce qu'il est bien poslimite et pas toute la flisible que Dieu ne connaisse
,

toute sa volont qui peut admettre un rapport bienfaisant avec les autres cratures ,
lui

accorde un

tel

rapport, ou autrement

qu'il doit toujours vouloir l'avantage le plus grand possible des cratures [Doqm. spcial.,

p. I, droit

p.

478, 479).
si

On peut encore

juste,

cit

dont un tre hors de lui (c'est--dire cre p.kib). par lui) peut tre capable [Ibid., aprs avec encore C'est ce qu'il affirme peu
plus d'instance.

cette bont est absolument grande. !a plus grande ou si elle est infiniment Or cette demande et la mme que celle-ci

demander

Dieu

est-il si

on me demande ende Dieu est core de nouveau si la bont connaissance infinie, je dois, malgr la maintenant, rparfaite que nous en avons dmonpondre toutefois que je ne puis le Nous n'avons pu montrer que la trer connaissance dans Dieu soit illimite, tout le bien par consquent qu'il connaisse pour les cratures. Or donc, puisque possible ne peut tre limite, la connaissance de Dieu possible en on doit aussi admettre comme une limitation de sa bont [Inextension rorf. p/it/osop/i., p- 490-W1). admirable cette N'est-elle pas en effet bien
Si

veuille bien possible,

bon envers les cratures qu'il toujours pour celles-ci le plus grand
qu'il connaisse

d'une science

doute ; parfaite, absolue ? et cela est hors de car, comme nous l'avons dj dmontr, il a une bont pure pour elies, c'est--dire une bont telle qu'elle ne connat aucune consi,

et pourtant rien ne dration relative soi {Ibid., p. 480, 481 ). Donc nous la limite savons dj que Dieu fait pour les cratures des uvres de bienfaisance aussi nombreuses et aussi grandes qu'il est possible [ibid., ses princip. 485 ). Ensuite pour concilier pes avec la diverse distribution actuelle des

d'un ct lve philosophie qui abaisse tant crature raisonnable de Vautre laquelle essentielle de la Divinit Pide tirer du nant cette crature pourra bien moral qui mais ignorer peut-tre tout le bien qui convient et tout le bien dlectable lui
, ,

si

haut

la

pourrait la rendre heureuse? llioJusqu'ici nous avons entendu Hernies qu'on me passe cette expression, en sopher, rationnel, bien qu'il annonce que

grces surnaturelles que Dieu fait chaque individu dans l'ordre du salut ternel , il a recours son rve thologique, c'est--dire ne doit limiter il prtend que rien ne peut et la bont divine dans une telle distribution que sa considration pour les autres hommes. maximum Donc il doit y avoir un terme, un au del duquel il ne puisse lui donner l'homme de nouvelles grces plus grandes, parce que sa sagesse et sa bont ( de Dieu )
, ( )

pour

philosophe
,

l'en les autres hommes [Ibid., p. 553). y Voici comment

empchent
il

explique

rvlala thosophie sera aux qu'on le remarque bien , il puisque, tion philosophique la crit une Introduction chrtienne catholique. Mais maintetholoqie attributs nant .-oulons-le raisonner sur les lorsque claire divins dans sa Dogmatique, en flambeau de la rvlation il parle
ordres de la
:

d'aprs ces principes le mystre de la prdestination et rsout l'objection que l'on fait,
et

par

le

vritable thologien. Dans la premire partie de sa


,

Dogmatique

de l'amour de Dieu envers les crail traite passage de saint Jean tures et expliquant le nonnovxt (EpislXc. IV, S): Qui non diliqit, deil se est -quoniam Deus chantas Ditm D.eu mand en quel sens l'aptre appelle Evidemment ce n est charit, et il rpond mais bien par lui-mme nas par rapport donc certain rapport aux autres tres. Il est selon la pense de saint Jean, nue Dieu, regarde les audans toute sa volont qui et qu'il ne donne a toute tres est amour que lui peut adsa volont que la direction le degr le mettre , et qu'il est amour dans consparfait. Cela pos, voici les olus Donc 1 aptre lire Herms quences qu'en de toute la place Yessence de Dieu du cl par rapport aux autres dans l'amour volont considpour ceux-ci, l'exclusion de toute c'est--dire dans le ration envers soi-mme, amour pour les cratures : et non-seule, :

explique comment elle se concilie avec la bont et l'amour essentiel de Dieu pour l'homme, sans aucun gard pour soi et sans acception de personnes. 11 pose pour base comme consquence de son principe que Dieu mrites veut rendre heureux par le moyen des moraux le plus grand nombre possible d'hommes, dans le plus haut degr possible (Dogm. 1 que spcial., p. 557 ). D'o il conclut Dieu ne choisit pas quelques hommes pour perdre la gloire, mais que s'il les laisse se n'exposeront c'est parce qu'il prvoit qu'ils les pas leur salut ternel, malgr toutes qu'il peut leur donner sans que le nomgrces bonbre des bienheureux ou le degr de leur heur soit pour cela chang, altr. 2 Et au
,

contraire,

ceux
avec

gloire il choisit et prdestine la salut qu'il prvoit devoir oprer leur sans ces grces qu'il peut leur accorder,

que pour cela le nombre des bienheureux ou le degr de leur bonheur puisse tre diminu (1). A Dieu ne plaise que nous cherchions l'amour de affaiblir l'ide de la bont et de pour l'homme dont nos livres sacres Dieu
.

jwr

ment
,

cela,

considre sous Dieu ce pur amour de Dieu,

parfait, et parfait possible, c'est--dire

appartient l'essence de ce point de vue, que ait le degr le plus encore en extension le plus qu'il soit

mais

il

que Dieu dans

avertit ( nous devons par (1) Toutefois Herms ion) qu'il ne aetour pour la vrit faire cette observai vritable mou! veut pas dire que ce soit dans Dieu le toujours de la prdestination des lus, laquelle don Chacun provenir de la pure boul de Dieu (lbut.). que sans cela ce ne srail s'aperoit abment qu'un mauvais plagiamsme.

905
et toute

RFLEXIONS SUR UNE MTHODE TUEOLOCiQUE.


l'conomie sublime de notre sainte
!

!)GC

Comment

concilier ensuite avec la libert

religion parlent si haut Mais devcns-nous pour cela abandonner ce que la nature et les attributs de Dieu rclament essentiellement, selon l'esprit de la thologie orthodoxe? Srement Dieu est amour par essence : Deus carilas est ; et non-seulement, comme l'entend Herms, du ct de sa volont pour l'homme, mais il est charit essentiellement en lui-mmo, connue il est puissance, sa-

essentielle de

Dieu dans

les

uvres que

les

gesse, bont essentiellement en lui-mme, car tout est essentiel et il n'y arien d'accidentel en Dieu. Il est charit essentielle, parce

Dieu s'aime lui-mme d'un amour de complaisance comme souverain bien infini; et, s'il aime toutes les cratures, il les aime prcisment parce qu'il s'aime infiniment luimme il les aime d'aprs ce degr de bont
,
;

qu'il a

communique lui-mme libralement


;

en limant cette bont en eux, il aime en eux sa bont elle-mme; plutt c'est cet amour mme de Dieu, qui rpand, pour me servir des expressions du Docteur anglique. la bont dans 1rs choses. Enfin pour parler comme saint Thomas Voluntas divina necessariam habitudinem liabet ad bonitatem suam, qu est proprium ejus objeAlla autem a se Deus vult in quanctum tum ordinantur ad suam bonitalcm ut in finem en (P. I, (/. 19, art. 3). Bien loin que Dieu aimant (es cratures ne doive avoir aucune considration pour soi-mme, c'est que celte considrai ion en Dieu est essentielle; Dieu ne pourrait pas aimer hors de soi sans ce rapport avec lui-mme, et sans prendre dans son amour la mesure cc l'amour de tout tre qui n'est pas Dieu. Or cela tant autre chose est exclure de Dieu toute utilit propre, tout amour de soimme, toute affection, en un mot, qui sent l'imperfection, la bassesse, l'indigence autre chose est enlever Dieu cet ordre essentiel par lequel, en voulant et en aimant une chose distincte de lui il doit rapporter cet amour et tout ce qu'il aime soi-mme ; ce qui n'empche pas qu'en aimant in ordine, et par rapport soi-mme, mme les cratures intelligentes il ne les aime d'un amour d'amiti vrai et trs-parfait. Herms ne fait pas cette distinction; pour lui sa raison pratique ou morale est une rgle xmivcrsclle qui doit entirement galer ce qui convient Dieu d'aprs ce qui convient l'homme, sans distinguer entre une bont communique et finie qu'on peut rgler de sa nature et qui est rgle d'aprs la bont par essence et cette bont essentielle qui ne peut, sans qu'on dtruise sa nature tre rgle et subordonne autre chose qu' elle-mme. N'est-ce pas l mesurer les divins attributs d'aprs la rgle unique et tablie par Kant Si tu veux savoir ce que c'est que Dieu, observe ce que V homme doit tre d'aprs ce qui est prescrit par la raison pratique (1) ?
chacune
et ainsi,
: ,

thologiens appellent ad extra avec sa bonl libre et gratuite dans la communication de ses dons, les principes poss par Herms que Dieu doit vouloir tous les tres raisonnables tout ce bien toute cette flicit qu'il connat possible et dont ils sont capables et celle-ci dans le degr le p lus parfait? Si on n'assigne point d'autres limites cette bont de Dieu envers les cratures que la connaissance de Dieu et la capacit de l crature, il s'ensuivra ncessairement que puisque Dieu connat que l'lvation l'tal et au bonheur surnaturel vaut mieux pour elle que l'tat naturel comme d'un autre ct la crature raisonnable a la capacit (ou comme disent les coles la puissance d'obissance ) d'tre leve cet tat il s'ensuivra, dis-je, que Dieu devail lui accorder cette lvation , s'il ne voulait manquer son attribut essentiel; on peut raisonner de la sorte sur tous les au trs dons de Dieu. Comment accorder pareillement avec cette mme libert divine la loi que la raison pratique d'Herms impose arbitrairement Dieu; c'est--dire que d'un cl il doit toujours donner tous les hommes des grces nouvelles et autant qu'il peut en donner sans nuire aux autres et d'un autre ct que dans ce prtendu tort ou dommage d'autrui il trouve un maximum, un terme au del duquel il ne lui soit plus permis d'en donner qui que ce soit? Sont-ce l les ides que la saine thologie nous donne d'un Dieu qui n'tant dbiteur de ses grces personne, les accorde comme il veut qui il veut et dans la mesure qu'il lui plat de les accorder, selon le dessein toujours juste et droit de sa volont : Omnia operalur secundum consilium voluntatis suce (Eph., I, 11)... dividens sinqulis prout vult (1 Cor., XII, 11); c'est--dire, comme l'explique saint Ambroise Pro libero voluntatis arbitrio, non pro necessitatis obse~ quio [Lib., II de fide c. 6) ? Et c'est sur ce systme tmraire que serait fond le profond mystre de la prdestination Mais nous en parlerons plus lard. Chacun peut voir comment se lie troitement ou, disons mieux comment s'idenlifie avec les doctrines que nous venons d'exposer l'autre principe si souvent inculqu par Herms que Dieu n'a pas pu, n'a pas d diriger son uvre de la cration, comme vers une fin dernire vers sa gloire et la manifestation de ses attributs; mais que cette fin dernire ne pouvait et ne devait tre autre que la flicit des cratures intelligentes, et ensuite, par consquent, qu'il cra Vhomme pour l'homme, et que tout le reste se
: , ,

(1)

Kant dans

sa Mefapliysica

terminos tolius niiionis.

On

pre Andr Drafchetli


bec. Ill, cap. 3;,

teligh iiilcr poui voir entre autres h


et

mnrum

fpii

le

combat

(Itiliica,

l.

11,

1735, rt.im Mais voyons encore comment s'exprime Herms sur ce sujet dans sa Dogmatique : Si au contraire nous soutenions la propo-. sition de la plupart des thologiens qu.J

rapporte l'homme. N'est-ce pas l le systme qui fut vant par Bayle et les autres incrdules pour en tirer ensuite les consquences les plus impies [Bayle, Rp. A un provinc. Voyez aussi les Mmoires deTrvoux.

967

DMONSTRATION VANGLIQUE. PERRONE


la gloire de

963
soient les

Dieu comme tablit en principe , la fin dernire dans la cration, nous la trouvons entirement oppose ce que nous dicte la raison (Dogm., page 11, 177, page 101). a Mais regardera- 1- on la gloire de Dieu

monde, quelque nombreux que

philosophes et les thologiens qui dfendent ce sentiment. La raison rejette cette fin, et la rvlation dans aucvn endroit ne l'assure
(lbid., 2, p. 106). p !1 va mme plus loin, il soutient que la rvlation est toute en faveur de son systme rationnel. Celte conformit elle-mme de la rvlation avec ces prescriptions del raison devient vidente pour* nous lorsque nous considrons dans leur ' totalit les rvlations que Dieu a faites
,

comme la fin la plus leve , la plus parfaite qui se puisse atteindre, que Dieu puisse se proposer, parce qu'il est lui-mme l'tre le plus absolument parfait ?... Quiconque ferait quelque chose parfaitement pour faire connatre en cela son habilet et ses talents, serait nanmoins un ambitieux, et par consquent Dieu pousserait l'ambition au suprme degr. // suit de l que quiconque travaille, serait-ce Dieu lui-mme, avec toute la perfection possible, mrite d'tre condamn au tribunal del raison (Dogm., p. 102). Herms applique toujours Dieu cette rgle trompeuse de sa raison pratique, qui ne sait pas discerner dans Dieu entre agir pour obtenir quelque fin et disposer et diriger son utile soi-mme uvre vers une tin dernire digne de soi. Certainement ce premier genre de fin ne peut convenir Dieu, puisque Dieu tant essentiellement et infiniment heureux el par consquent se suffisant lui mme, il rpugne qu'il puisse jamais tre pouss c agir parune cause qui'lui soit extrinsque. Donc celte gloire elle-mme comme extrinsque n'a pu tre pour lui un motif engageant et dterminant de crer le monde; dans ce sens il n'y
,

aux hommes pour nous rendre manifeste la tendance commune de toutes ces rvlations
:

nous trouvons en effet dans toutes (ce qu'o ne peut s'empcher de reconnatre) un rapport la flicit des hommes mais nul rapport absolument universel une autre chose quelconque. Et dans celle conformit si claire,
,

parfaite des textes de l'Ecriture avec les lumires de la raison concernant la mme fin de la cration , nous trouvons un motif suffisant, avant la raison, de soutenir que la rvlation elle-mme tablit comme cause finale de la cration de l'homme, celte fin dernire elle-mme que dicte la raison (lbid.,
si

p. 109). C'est ainsi qu'Herms dnature une doctrine ouvertement insinue dans tant de passages de TEcriture, garantie par l'autorit de l'Eglise (1), familire aux saints, aux Pres et

aux docteurs, entirement conforme au sentiment catholique, soutenue par la foule des thologiens, et mme par les philosophes les plus illustres du christianisme et tout fait conforme aux lumires de la raison. Mais lirons quelques consquences qui naissent

a d'autre cause finale que celle qu'admet le grand Augustin quia voluit(de Gnes., conDieu a tr. manich., cap. 2). Mais puisque voulu librement que le monde et l'homme existassent, ne pouvait-il pas disposer, diriger et rapporter son uvre vers une fin digne de lui laquelle ne peut tre que lui-mme? Donc il pouvait ne pas avoir l'intention de manifester et de communiquer sa bont , de sorte que les cratures raisonnables, connaissant et glorifiant ses divines perfections, elles en et trouvant en cela leur bonheur, retirassent elles-mmes tout l'avantage. Aupropre tre chose est vouloir et chercher sa gloire dans l'homme, autre chose dans Dieu l'homme la veut et la cherche, mais pour son Dieu la veut et l'exige mais pour sa utilit perfection essentielle. sans qu'il en relire au:

cun avantage, dont il n'a nullement besoin. raison C'est pourquoi saint Thomas dit avec Drus gloriam suam non qurit propter se, sed propler nos (2, 2, p. 132, art. 2, ad 1), c'est-dire pour notre avantage et notre utilit. Mais que fait Herms pour luder tous les passages de nos livres sacrs qui dmontrent Dieu c'est et prouvent que la cause finale dans principe sa propre gloire? H a dj pos pour cela rpugne aux prescriptions de laraique son: il faut donc que l'autorit rvle s'accommode et se soumette la raison. Et pourtant pour ce qui regarde les textes sacrs, garde le silence sur les uns, il s'efforcede don
:

naturellement de l'hermsianisme oppos, qui est le sentiment contraire. Si le bonheur de la crature raisonnable fut la vritable raison dterminante et la dernire fin complte de Dieu dans la cration, on est forc d'en infrer que Dieu a donc pu vouloir quelque chose de cr el de fini (car tel est le bonheur de toute crature) uniquement pour elle-mme, ou, pour me servir du langage des coles, ratione sui ; donc il a pu la vouloir sans la rapportera soi; donc ce quelque chose de cr a pu tre le terme final et le centre o s'est arrte la volont de Dieu et mme un objet de jouissance pour elle, parce que tout cela entre dans la nature et la raison de la fin dernire. Or ici, au nom de la droite raison elle-mme et de la foi, saint Augustin nous adressera cette demande: Quomodo ergo diligil (nos) Deus ? ut nobis utatur an ut fruatur? Sed si fruitur, egel bono nostro,
, , ,

quod nemo sanus dixerit. Omne cniin bonum noslrum vel ab ipso est.... Non ergo fruitur
nobis, sed utitur (de Docl. christ., liv.l, cap. 3). On voit qu'il y a opposition fla-

ner aux autres un sens forc, et il conclusion avec une entire confiance Il est donc certain que la propre gloire de Dieu ne peut tre prise pour sa fin dernire dans conservation du la cration, ni mme dans la
:

tire cette

(1) Le concile de Trente, sess. VI, cliap. 7 , nous Noslr justifwalionis causa finalis est dchire que Gloria dei et christi et vita wlerna. Or, si la gloire de Dieu est la fin dernire el premire de l'uvre de la justification, qui regarde plus prochainement el plus directement le bonheur de l'homme, plus forte raison, elle doit l'tre galement de l'acte de la cra lion dans le sentiment de l'Eglise.
:

069

RFLEXIUNS

SUIl

UNE MTHODE THOLOGIQllE.


I

9~'j

grante entre saint Augustin et Herms Le saint docteur proteste que Dieu ne peut nous aimer, nous et notre bien, de sorte qu'il en sa /n ,'ouisse, c'est--dire regardant cela comme dernire, mais seulement pour en user, c'est-dire rapportant nous et notre bonheur, comme fin prochaine, immdiate, secondaire, la fin dernire et premire de sa gloire,

lui-mme. Herms, au contraire, soutient, au nom de sa raison pratique, que Dieu n'a pu nous prendre, nous et notre bonheur, comme moyen, ni comme fin secondaire (pour lui comme c'est tout un), mais bien uniquement devait entire, parfaite, dernire, ou qu'il fin centre et qu'il a d tablir .l'homme comme le de ses volonts, en un mot ut fruatur nobis, non pas seulement ut ulatur : autrement la raison humaine a le droit de le rejeter loin
d'elle

n'tant pas Lieu. Je vais plus loin et je demande

comme

Dans

le

systme d'Herms quelle fut la fin dernire de Dieu dans la cration de ces tres intelligents et libres, qui s'carlant par leur faute de la fin du bonheur, encoururent et encourent quec'est la damnation ternelle? Je sais bien partisans l l'cueil o firent naufrage d'autres de la thorie d'Herms qui finirent par nier
,

l'ternit des peines (1).

Herms, qui veut passer pour thologien chrtien catholique, ne tient pas certainement la mme voie, mais il arrive un autre point excessivement condamnable et erron,

que

je

paroles

vais signaler en citant ses propres Par la (prsente) recherche, on :

Dieu n'a plus pour ceux-ci (les anges) la fin dernire primitive, celle de la flicit, qu'il se proposa dans la cration ou dans la conservation des anges ; ou pour parler avec plus d'exactitude, Dieu a vraiment la mme fin dernire immuable , mats celle fin n'est point et n'a jamais t la flicit des anges prvaricateurs. Il a peut tre cr ces anges en mme temps que les autres, et dcrt ensemble leur conservation pour procurer ainsi le bonheur de ceux qui n'ont pas prrarii/u. Comme il a laiss natre les rprouvs, selon la doctrine de la prdestination (1), pour le bonheur des lus (Ibid., p. 129). De celte doctrine thologique d'Herms, il 1 que suit donc pour ce qui concerne les anges rprouvs ainsi que les hommes non prdestins Dieu en les crant n'eut dans aucun sens pour fin dernire leur flicit; 2 que Dieu par consquent n'a point et qu'il n'a jamais eu la volont srieuse , sincre, positive de les sauver ; 3 qu'il eut par consquent , en les crant , l'intention de les faire servir au bien et la flicit des autres, ou autrement qu'il les prit purement comme un moyen qui devait conduire les anges et les lus ta flicit, leur fin dernire. Je laisse, messieurs, l'esprit catholique qui vous anime , le soin de juger de l'orthodoxie de ces doctrines. Quant moi, je ne puis m'empcher de remarquer comment Herms, qui trouve si inconvenant si immoral, si absurde, au tribunal de sa raison pratique, que Dieu ait pris l'ange, ou
:

veut faire observer que nous sommes autoriss prendre la fin dernire dans la cration... comme Gn dernire aussi dans la conservation , moins que nous ne trouvassions dans la rvlation , ou que nous ne dussions conclure pour des motifs tirs de la raison , qu'aprs la cration quelques cratures particulires de Dieu sont entres dans une autre voie que celles que Dieu a voulues; et que Dieu, par consquent, ne veut plus, par rapport elles, la fin dernire primitive; ou comme lui (Dieu) a vraiment, ds le principe prvu cette autre relation et comme sa volont est ternelle et immuable, par rapport elles il n'aurait pas voulu une telle fin mais seulement il l'aurait voulue, si celte nouvelle relation ainsi existante n 'et t prvue. Par consquent, sa fin dernire (de Dieu) dans la cration elle-mme de ces tres c'est--dire cls le principe et toujours depuis, aurait t une autre fin ( Ibid., p. 100). Mais quelle est donc cette autre fin? Herms va nous l'apprendre en parlant des anges rprouvs car ce qu'il en dit, par la mme raison peut
, , ,
:

prenne l'homme

de quelque manire qu'il

l'entende, comme moyen pour manifester sa gloire, bien que Dieu ait voulu et veuille toujours vraiment et sincrement comme fin prochaine et immdiate la flicit des anges ou des hommes mme de ceux qui se sont perdus ou qui se perdent. Comment Herms, dis-jc, ne trouve pas qu'il rpugne que Dieu subordonne l'ange l'ange l'homme l'homme, ou qu'il fasse servir les uns comme
, ,

moyen
le

et

comme

instrument pour procurer

bien et le bonheur des autres, comme leur fin dernire. Voil un exemple de ces inconsquences qui heurtent de front la dialectique, que j'ai signales en commenant mon discours inconsquences qui se rencontrent dans notre philosophe quoique en gnral
, ,

s'appliquer
(1)

aux hommes qui

se

damnent:

Outre Bayle qui, partant de ce. principe, arriva cette consquence, comme je l'ai montr dans mes prolgomnes (Tract, de Deo crt., part. III, n2"2G, in tifftu; et ibid., n" 779 seq.). Voyez encore, dans les Mmoires de Trvoux, anne 1755, art. HG, l'examen
critique de

logique en dfendant l'erreur. Je vais maintenant drouler un autre anneau, s'il m'est permis de parler ainsi, de la chane de la doctrine d'Herms qui regarde et spcialement cello la justice dans Dieu qu'on appelle la justice qui venge ou qui punit. Je sais qu'un grand nombre de disputes se sont leves cuire les thologiens sur la nature de la justice qu'il faut admettre entre Dieu et l'homme, savoir s'il y a en cela quelque rapport de stricte justice si on doit se rapporter ce genre de justice, etc. C'est pourquoi si Herms ne ft pas sorti du cercle des diverses opinions de l'cole, je
il

soit

l'ouvrage

anonyme

d'un Anglais, lequel


(1) C'esi--dire la doctrine d'Herms que nous avons expo c loul l'heure sur la manire dont it entend la prdestination.

adoptant un principe semblable celui d'Herms, en dduit l'impossibilit de l'ternit des peines de
l'enfer.

DMONST. KVANG. XIV*.

{Trente

et

une.)

97!

DMONSTRATION RVANCLIQUE. PERRONE.

97*

garderais le silence sur ce sujel; mais il franchit loule limite et attaque l'essence mme de renseignement catholique. Suivant son systme, d'aprs lequel tout ce qui se fait est coordonn entre Dieu et l'homme, il ne reconnat d'autre ide de
justice
La justice dans Dieu que celle-ci de Dieu est ce principe de la volont divine qui subordonne toutes les actions de Dieu, par rapport aux cratures, au droit absolu
:

n'aurait pas t illimite, parce que l'usage qu'ils en feraient d'une autre manire serait moralement mauvais, rpugnant la saintet de Dieu, car cela n'arriverait que par le caprice de Dieu. Aussi ceux qui souffriraient une pareille limitation de leur libert, pourraient s'en plaindre ajuste droit (Ibid., p. 454). J'arrive aux rcompenses. Voici ce que demanderait la justice, ainsi conue Qu'il (Dieu) n'accorde jamais une rcom:

part. I , et relatif des cratures ( Dogm., p. 470, 471). H ne nie pas que ce droit

crature ne tire entirement son oribont et de la misricorde mme de Dieu (Ibid,). Il ne nie pas que Dieu ne doive exiger de la reconnaissance pour sa saintet, du respect pour sa dignit, de la part de la crature, ni qu'il ne puisse se montrer indiffrent envers celui qui lui obit ou envers mais il nie tout fait celui qui l'outrage que de l puisse natre dans Dieu aucune ide de justice. Il nie qu'il y ait dans Dieu aucune justice, en vertu de laquelle il doive avoir ou il ait strictement gard son droit; mais qu'il (Dieu) doive proprement subordonner son droit ses actions envers les cratures, ou que vritablement il le fasse, c'est une chose qu'on ne peut nullement d-

dans

la

gine de

la

pense moindre que celle qu'il a promise, et que, sans acception de personnes, il mesure les rcompenses de tous, d'aprs cette rgle que par la rcompense qu'il accorde l'un, il ne blesse point le droit de l'uulr;. Mais il est encore manifeste que cela n'est point exig par la justice, qui veut que Dieu ne nuise pas son droit, mais qu'il ne nuise point au droit de la crature, ni absolument, ni re:

lativement (Ibid., p. 462). Voil, d'aprs Herms, la seule ide que les divines Ecritures nous donnent de la justice de Dieu De ces principes il tire cette
!

conclusion logique , que l'ide que l'on a communment de la justice de Dieu qui punit, est limine comme une ide dont on ne peut

dmontrer la

montrer

(Ibid.).

Cela pos, voyons, d'aprs Herms, quel est l'office de cette justice seule admissible en Dieu. Elle nat de l'estime que Dieu doit avoir de la nature raisonnable (Ibid.) , et elh doit svrement empcher que Dieu , en agissant envers une crature raisonnable, ne blesse le droit d'une autre ( Ibid., 45G). Donc, premirement, dans tousses dons qui regardent d'une manire prochaine un individu ou plusieurs, il (Dieu) devrait avoir gard tous, et proprement prendre garde que, par ce qu'il donne ou par la manire dont (que ces dons soient des il donne l'un moyens pour mriter, ou des rcompenses de mrites dj acquis), Vattenle des autres ne soit pas trompe, au moins s'ils venaient dans toutes ses dle savoir. Secondement par rapport chaque inditerminations vidu (qu'il veuille punir ou non), il devrait prendre garde de ne blesser ni le droit respectif de celui-ci , ni le droit de tout antre qui se trouverait dans le mme cas. Or, cela peut arriver en punissant, comme en ne punissant pas ; et voici de quelle manire en punissant, si Dieu punit la mme faute plus svrement dans l'un que dans l'autre; en ne punissant pas, si Dieu, en gnral, avait menac de punir les actions moralement coupables de ses cratures (ceci s'entend soit dans l'ordre surnaturel de la rvlation, soit, comme dans l'ordre naturel prescrit par la raison de l'homme, d'aprs les rgles de la raison humaine) et si toutefois il ne punissait pas les actions coupables de
,
, :

ralit (Ibid., p. 473). Il poursuit toujours et dveloppe ainsi sa pense: 11 est reconnu qu'on se figure communment dans Dieu une telle justice, d'aprs laquelle Dieu doit punir tout mal moral autant
qu'il le mrite,

pour pour

par rapport lui-mme, soit ne perde rien de son droit, soit qu'il venge sa saintet, qui fait qu'il dteste tout mal au suprme degr. Cette justice, qu'on appelle avec raison vindicative, fait videmment partie de celle dont j'ai dmontr l'inadmissibilit dans Dieu; donc il faut l'liminer par les raisons que j'ai donnes prcdemment Certainement Dieu punitchacun, comme je l'ai suffisamment dmontr, selon le degr de sa culpabilit (je ne veux pas dire, selon le degr absolu de sa culpabilit , parce que nous l'ignorons, et cela est d'ailleurs bien invraisemblable pour plusieurs raisons ; mais d'aprs le degr relatif de sa faute, ou autant que toute faute particulire mrite d'tre punie selon la mesure des peines une fois tablie de Dieu). Nanmoins Dieu ne la punit point par rapport lui-mme, mais par rapport aux cratures : d'ailleurs cette mesure de la peine en tant qu'elle correspond la grandeur de la faute, n'est pas primitivement dicte par sa justice , mais par sa bont pleine de sagesse, quoiqu'elle soit inflige comme la peine du pch en gnral ; et sa justice (toujours envers les hommes) ne la rclame que dans la prsupposilion de la dtermination d'une telle peine venant d'une autre source et rellement prise d'aprs cette inspiration. Donc la justice de Dieu n'est pas le motif qui a primitivement dtermin la peine, et qui l'a dtermine dans sa proporqu'il
,

quelqu'un ou s'il les punissait moins que dans d'autres, quoiqu'il punt toujours les
,

autres d'aprs leurs fautes. Il blesserait ainsi le droit relatif qu'ont les autres l'exemption oes peines, et en outre l'usage illimit de leur libert; parce que alors leur libert

tion avec la grandeur de la faute (ibid., p. 473). Mais n'y a-t-il pas dans l'Ecriture un nombre infini de passages de la dernire vi-

dence, qui nous montrentda ns Dieu cette invitable justice qui punit ? et ces uassasres

973

RFLEXIONS SUR UNE MTHODE TIIOLOGIQUE.


peut
Dieu.
tirer,

974
,

ne prouvent-ils pas la vrit du sentiment contraire, de manire qu'on ne peut soutenir ce que nous avons dj dit savoir que Dieu, ou plutt son droit exige strictement qu'il punisse, sinon pour son propre intrt, du moins cause de sa saintet (Ibid., p. 463 et suiv.) ? Herms se fait ailleurs cette demande, et voici ce qu'il rpond Que Dieu mais pour doit svrement punir le vice
, :

d'aprs lui

des passages de l'E-

criture

louchant la justice vindicative de

Maintenant voici le rsum de ce nouveau systme thologique. 1 Dieu est strictement oblig, en justice, de respecter tous les droits de la crature raisonnable dans toutes ses uvres qui la regardent et il doit faire en sorte de ne point les blesser ; cette obligation
,

exercer sa justice envers les hommes jamais jamais pour tre juste envers lui-mme parce que le pch, comme offense de la majest divine , mrite en soi une telle punition. Voici le passage tout au long Dieu doit certainement punir le vice... mme pour tre juste; mais pour tre juste envers les hommes et en particulier envers ceux qui pratiquent la vertu, non pourl'tre envers luimme , ou bien pour faire respecter son droit, ou parce que les vices mritent un tel chtiment... S'il ne punissait pas les vices, ou s'il ne les punissait pas d'aprs la menace qu'il en a faite , il aurait induit les hommes en er, , :

s'tend mme la dispensalion des moyens extrieurs et intrieurs de salut, comme la grce , la prdication , la foi . les sacrements, etc.; de telle sorte que Dieu blesserait trs-certainement les droits d'autrui ou les droits d'un tiers , en accordant ces dons ou ces moyens de salut , s'il ne se contenait riles bornes tablies. D'aprs cette obligation les justes ont le droit d'exiger que Dieu punisse avec une parfaite

goureusement dans

reur, et il aurait ainsi bless le droit des hommes , ce qui rpugne entirement sa justice leur gard. Et en particulier il doit d'ailleurs les punir pour tre juste l'gard de ceux qui sont vertueux: car ceux-ci se laissrent effrayer par la punition dont les menaaient la raison et la rvlation , et ils oprrent leur salut en remportant sur eux-

galit les coupables , autrement ils pourraient, avec raison , se plaindre de Dieu, do ce qu'il les a tromps en les soumettant une loi injuste et arbitraire, et en les forant de triompher d'eux-mmes et de leurs passions criminelles. 2 De l'autre cl , de la part de Dieu, aucune obligation, aucun droit, d'aprs la justice, de punir le mal moral comme il le mrite ; aucun droit de punir 1j

pch cause de sa malice et de son drglement intrieurs, pour l'injure trs-grande


qu'il fait la majest divine; aucun droit d'exiger de l'homme satisfaction pour les offenses qu'il reoit de l'homme. En presui" vanl les peines en les exigeant, eu les rglant , Dieu ne compte pour rien la justice elle intervient seulement comme excutrice, et cela uniquement en faveur de l'homme, afin que Dieu ne nuise point aux droits de la crature, et qu'il n'excite point les justes rclamations des hommes, comme s 'tant rendu coupable d'avoir viol la justice leur gard. Et l'on soutient celle doctrine , non pas seulement comme tant dicte par la droite raison , mais comme parfaitement conforme la manire dont les divines Ecritures parlent de la justice de Dieu ; l'on soutient mme que c'est la seule ide qu'on peut s'en former, et que l'on doit condamner la foule des thologiens catholiques (ce qui s'applique
,

mmes une grande

victoire

en triomphant

de leurs penchants, qui les entranaient au mal, et ils oprrent leur salut avec crainte et tremblement. Celle difficult de se vaincre soi-mme , cette crainte, qui considres en elles-mmes, sont des maux, Dieu, dans ce cas, les leur aurait imposes sans une fin raisonnable simplement pour leur faire illusion... Or il est vident que les hommes pieux auraient eu le droit de ne pas souffrir des maux qui ne pouvaient tre que l'effet d'une erreur injuste en elle-mme et Dieu aurait offens leur droit... On peut donc soutenir d'aprs l'Ecrilure, ou du moins il est vrai, que Dieu mme , raison de sa justice doit punir le vice comme il en a fait la menace dans la rvlation. Mais de l ne dcoule pas la consquence qu'on en (ire communment, que Dieu doit agir de la sorte pour maintenir son droit ou si l'on aime mieux pour satisfaire sa saintet , en tant quelle exige qu'il respecte sa propre dignit , ou mme qu'il dleste la mchancet des hommes (1). C'est la seule conclusion qu'on
, ,
,

< '

aux Pres

comme

et aux docteurs de l'Eglise ) ayant introduit sur ce sujet une docJ'ai expos mes-, trine fausse et arbitraire sieurs, les principes d'Herms dans celle partie , et je pense qu'il suffit de les avoir
I ,

<
i

<
i

parmi tant d'autres, un passage analogue. En outre si Dieu, qui est plein de bont et de sagesse, cause de la libre omission et transgression de leurs devoirs, a inflig aux hommes des peines po. suives pour les aider remporter la victoire sur euxmmes, en triomphant de la concupiscence, et mme pour les exciter, au moyen de cette concupiscence, faire des efforts plus srieux pour acqurir la sainlei cl les faire arriver ainsi plus srement leur (in, qui est lu llicil, et les faire jouir de celle flicii dans un plus haut degr (et cela pourrait bien tre la raison principale pour laquelle Dieu a dtermin deschti(1) Voici,

i <

pable, parce qu'il le doit, et cette hypothse d'ailleurs s'accorde avec les louanges que l'Ecriture fait de la justice divine) , il suit de celle dtermination de la

t i

sagesse elde la bonlde Dieu, de l'ide que nous devons avoir galement de sa fidlit et de sa vracil, qu'il doit
ils

rellement punir les coupables

comme
que

l'ont mrit, el qu'il doit infliger les peines


la faute

<
< <

menu pour
(ail

te vice,

raison aussi solide que celle qu'on

valoir de l'obligation o est Dieu de punir le cou-

de chacun (non pas absolument, mais relativement) ici mme la justice de Dieu ne doit pas tre regarde comme un principe qui excite, mais qui dirige, c'est- dire qu'il ne doit punir personne ni plus ni moins que selon qu'il le nirilc relativement. Et c'est encore ce qu'exige vidminent la justice l'gard des cratures el non la justice par rapport Dieu (Ibid., p. 402).
mrite
:

975

DEMONSTRATION
qu
ils

f]V

VKGLIQUE. VEHRONE.
et

976

sont pour les avoir fait connatre lels victorieusement combattus. Que chacun contouchant la sidre l'ide qui en rsulte majest cl la saintet de Dieu et la nature du pch. Nous verrons dans peu comment
, ,

alors entrer dans ces sentiments en soi-

Herms est forc en adoptant un tel sentiment touchant la justice divine changer
,
,

ou, pour mieux dire, anantir !a doctrine concernant la rdemption et la saailleurs


,

de Jsus-Christ. Enfin je parlerai en peu de mots d'un antre rejeton qui sort du tronc de l'arbre si fertile de la raison autonome d'Herms. Nous apprendrons ensuite que Dieu ne peut d'aucune manire,
tisfaction
,

ici

pur

ses

commandements

positifs

et
,

rvls,

prescrire immdiatement l 'homme ni certaines dispositions de l'esprit, ni certains sentiments du cur; seulement il le pourrait pour les actions matrielles et extrieures, si celles-ci ne devaient tirer toute, leur rleur morale des dispositions intrieures ou actes de la volont ensuite mme ces ordres positifs de Dieu qui commandent ou dfendent des actions (extrieures) ne peuvent pas mme comme obligatoires par eux tre reconnus mmes (Introduct. philosop., 6, pag. 30, 35).
;

Si donc l'on trouve dans la rvlation surnaturelle de tels ordres positifs de la part de Dieu, on ne doit nullement les regarder comme des principes immdiats de la thologie pratique, mais simplement comme des admonitions, des encourai/ements, des secours, des rgles; car l'on peut et l'on doit commencer par reconnatre quelque chose comme devoir d'aprs les principes de la thologie spculative, et ensuite le mettre en pratique. Une rvlation rvle d'une manire surnaturelle ne peut pas mme donner de tels principes immdiats de thologie pratique, parce qu'ils devraient tre des commandements immdiats, positifs, divins. Or, par le moyen d'tm ordre positif, on ne peut rendre obliga-

mme.

toires

immdiatement

les

dispositions et les

important que je fasse observer ici se ft content de dire que tout prcepte positif rvl de Dieu doit prsupposer dans l'homme, pour qu'il puisse et doive obir, la ferme persuasion que Ce prcepte est vraiment de Dieu, qu'il est rvl de Dieu et en outre l'obligation stricte et naturelle de devoir obir aux prceptes positifs rvls de Dieu il ne dirait rien que n'aient affirm et que n'affirment encore tous les thologiens orthodoxes au point que chacun regarde comme ncessaire pour l'acte de foi la persuasion pralable que Dieu a rvl
Il

est

que

si

Herms

sentiments de l'me. Donc tous les prceptes positifs du christianisme qui sont dans ce cas, comme, par exemple, le prcepte de l'amour de Dieu, de l'amour du prochain, de l'abngation de soi-mme, etc., sont si loigns d'tre de tels principes pratiques immdiats, qu'ils n'ont par eux-mmes aucune force immdiate d'obliger, mais seulement une force mdiate, et ne sont immdiatement que des encouragements, des instructions, des rgles, et seulement mdiat ement ont de la valeur comme
prceptes (Ibid
,

p, 34).
:

'

ou telle vrit, et que Ion doit croire pleinement l'autorit d'un Dieu rvlateur. Mais ici Herms vise un but trop lev. Il prtend tirer du sein de sa raison une vrit nouvelle qui convainque d'erreur tous les thologiens qui l'ont prcd et changer entirement de face la thologie morale dans la pratique. Laissons le parler lui-mme Les dispositions de l'esprit et les sentiments intrieurs ne peuvent tre immdiatement prescrits par des ordres positifs de Dieu. Celte proposition, qui doit exercer une influence dcisive sur la mthode de la thologie pratique, a besoin deprenve, (ensuite vient celte preuve, qui consiste dire que nous ne sommes pas matres ni libres dans nos sentiments et nos affections, et qu'ils peuvent seulement tre dtermins par la connaissance des objets relatifs.) Il est donc certain qu'il ne peut y avoir aucun commandement positif de Dieu qui prescrive immdiatement l'homme certaines dispositions et
telle
,

conclusion, qui dcoule logique de son systme Une thologie pratique rvle qui voudrait adopter pour principes des ordres ou des prceptes positifs et divins, pourrait s'tendre d'abord sur la partie la plus accidentelle de l'acte moral de l'homme, c'est--dire seulement sur les actions extrieures prises dans le sens le plus limit (c'est--dire matriellement); et, en second lieu, elle ne pourrait dmontrer tout fait comme obligatoires les prescriptions qu'elle ferait ce sujet, et mme, proprement parler, elle ne pourrait donner
lire celle

Herms

d'une

manire

aucun commandement

(Ibid.).

Or
sitif

quelles sont, en rsum, ces doctrines

hermsiennes? Le voici. Aucun prcepte pode Dieu ne peut par lui-mme obliger l'homme, quoiqu'il reconnaisse que ce prcepte est vraiment man d'une autorit et d'une rvlation divines. Il ne suffit pas que la raison sache que Dieu commande positivement tel ou tel acte intrieur ou extrieur pour tre assure que l'objet n'en peut tre que digne de Dieu, que Dieu ne peut commander une chose qui ne soit juste et vraie, et ensuite pour obir de tout son cur au commandedivin; il convient sur toutes choses que raison examine d'abord quelle est la nature intrinsque de l'objet de tel commandement divin et moral, qu'elle examine si elle a quelque rapport avec elle, quel est ce rapport, en un mot s'il est conforme la vrit, la justice, et alors seulement elle pourra dcider si elle doit ou non se conformer intrieurement ce qui est expressment ordonn de Dieu, et ce qu'elle reconnat comme tel. Avant cet examen, avant ce jugement dfinitif de la raison pratique, ces commandements divins, quoique l'on sache de

ment
la

certains sentiments de l'esprit, c'est--dire qui immdiatement une obligation; mais tous ces prceptes obligent immdiatement reconnatre les objets des dispositions et des sentiments noncs, les examiner, , juger de leur vrit, et par l se convaincre enfin de la possibilit et de la vrit des dispositions d'inondes et des sentiments intrieurs,
lui en fasse

977

RFLEXIONS SIR UNE MTHODE TIIOLOGIQUE.


soit aussi, et la

37
est

science certaine qu'ils sont divins, n'auront d'autre force que celle d'une exhortation ou d'une rgle suivre, mais jamais celle d'une loi obligatoire. v Or, d aprs une telle thorie, que deviendrait 1'obcV sanec formelle qui est due Dieu en sa qualit de lgislateur vrai et infaillible? O srail dsormais le mrite surnaturel de l'action vraiment chrtienne, qui repose tout entire sur cette obissance formelle? Tandis qu'ici tout se bornerait au contraire une action philosophique et rationnelle? Et la religion rvle n'esl-elle pas remplie de prceptes positifs dont l'obligation ne peut natre immdiatement que de la rvlation divine? Le prcepte positif d'obir l'Eglise et au pontife de Rome, le prcepte qui oblige le chrtien faire les actes des vertus thologales, celui qui l'oblige sanctifier les fles, recevoir les sacrements, et tant d'autres, ne sont-ils pas tous de celte nature? Donc, d'aprs Herms, ils ne seront plus pour le chrtien des prceptes qui obligent par eux-mmes. mais seulement des rgles suivre, des exhortations, et ils ne deviendront prceptes obligatoires que lorsqu'ils auront t sanctionns par l'autorit de la raison philosophique. Et les hommes ignorants et grossiers, qui sont les plus nombreux dans le christianisme, comme ceux qui ne seront pas capables de faire cet examen intrinsque de la raison pratique, ne seront donc pas tenus l'observance de ces prceptes divins. Voil les consquences qui sont le fruit de cette nouvelle doctrine; je pourrais en numrer un grand nombre d'autres semblables; mais je ne puis nanmoins passer sous silence une autre considration trs-importante. Car remarquez avec moi, messieurs, que les prceptes positifs et divins de l'Evangile, mme en fait de morale, appartiennent, comme les autres vrits que nous devons croire, aux dogmes contenus dans le dpt del rvlation divine; qu'en outre l'autorit infaillible de l'Eglise s'tend galement ceux-ci et ceux-l. Ainsi vous voyez comment se manifeste avec vidence cet esprit de rationalisme cach dans le systme d'Herms. Puisque le principe hermsien doit s'appliquer aux prceptes ou aux vrits morales, il doit, pour la mme

consquence

entirement

rationaliste et destructive de toute vritable foi qui vient de Dieu. Je ne dirai rien sur la hardiesse d'Herms, qui a limin la thologie morale chrtienne rvle comme prive de ses propres principes rvls. Or, messieurs, d'o ont pu natre tant de doctrines thologiques si diffrentes, si errones, mais si troitement lies ensemble, si ce n'est de la source que je vous ai dj signale, je veux dire de Vaulonomie de la raison

humaine prchc par Herms et le philosophe de Knigsberg? Je ne veux pas m'tendre davantage sur ce sujet, parce qu'il me reste parler sur d'autres dogmes thologiques essentiels cependant je terminerai l'examen des sujets sur lesquels j'ai discouru, en faisant observer comment, dans la condamnation par le sainl-sige des crits d'Herms, on a proscrit ses erreurs, circa Dei sanctitatem, circa Dei justitiam, retribulionem precmiorum et pnarum, circa Dei liberlatem, donorum dislributionem, circa Dei finem in omnibus qu a theologis vocantur ad extra etc. Je continue, messieurs, suivre la mthode que j'ai employe jusqu'ici par rapport aux doctrines thologiques d'Herms, et je me dispose vous montrer une autre srie de vrits catholiques qu'il a essentiellement altres, prcisment parce qu'il a err en
;

tablissant leurs premiers principes.

concernant l'homme plac paradis, louchant l'tal de nos premiers parents avant leur chute, est proprement, comme je l'ai montr dans mes Prolgomnes de thologie, ce premier anneau qui, mal pos, cause naturellement la ruine de tant d'autres vrits qu'il unit troitement, concernant le pch, la grce, la rdemption, la justification, etc. Pelage, Luther, Calvin, Baus, Jansnius, Quesnel partirent de l; et forcs, pour ainsi dire, par les consquences qui suivaient naturellement et ncessairement les erreurs fondamentales qu'ils embrassrent touchant celte vrit catholique, ils en vinrent attaquer toutes les autres dont nous avons parl, qui en dpendent. Or, voyons si Herms, fidle sa mthode, n'a pas
dans
le

La doctrine

ts

'&

suivi la

mme

marche.

raison, s'appliquer
si,

aux

vrits de la foi.

Or

pour les unes, toute la raison formelle qui nous oblige nous y conformer intrieurement n'est pas l'autorit de Dieu, i/ui rvle
qui ordonne, et si elle consiste les trouver, par notre examen, conformes, dans leur objet moral intrinsque, avec notre raison, conformes la vrit, la justice, de sorte que si nous ne faisions point cet examen, elles ne nous obligeraient nullement; par la mme raison, pour ce qui regarde les autres vrits, toute la raison formelle qui nous obligera
et

Je mettrai sous vos yeux comme un abrg de la thorie de notre thologien philosophe, en citant les passages originaux les plus remarquables de ses crits; ensuite j'ajouterai quelques considrations thologiques. Herms reconnat dans l'homme, avant sa chute, deux diverses images ou ressemblances avec Dieu, innes et cresen mme temps que, lui. 11 appelle l'une phgsico-spiriluelle, et. l'autre monde (Dogm. spciale, p. 111, p. 15 et
suiv.).
ts

les croire

intrieurement,

ci'

ne sera pas l'au-

Dieu qui rvle et qui ordonne, mais la conformit avec notre raison dans leur objet intrinsque, que nous aurons trouve par notre propre examen. La raison pour ces deux sortes de vrits est identique; il faut donc ncessairement que la Consquence le
torit de

La premire consistait dans les faculde l'intelligence ou del volont essentielles l'homme, par lesquelles l'homme se rendait kaisoxnaulf. et capable de moRALIT la seconde consistait dans une rectitude naturelle de ta volont humaine louchant la moralit. Je ne dirai pas autre chose do (die premire ressemblance mais j'expliquerai la seconde. La rretitwh dojji Ue-l ici question, d'aprs
: ;

979

DEMONSTRATION VANGLIOUE. PERRONK.


faisait

980

Herms lui-mme,

que dans l'homme les sens taient pleinement soumis la raison, et que la volont par consquent tait trsbien dispose pour la moralit, et l'intellect
entirement affranchi de toute erreur mme matrielle qui pouvait avoir trait celle moralit.

Or,

cette rectitude, dit

Herms,

tait

inne dans l'homme et cre avec lui ; car si l'homme dans ses commencements et t sujet aux drglements de la concupiscence, Dieu n'aurait pas convenablement plac l'homme pour la manire d'agir qu'il demandait de
lui, c'est--dire

de justice et de saintet. Voil dans quel sens, conclut Herms , l'homme fut cr dans un tat de justice et de saintet ou dans le sens d'une rectitude physique pour la moralit. Ce n'est qu'ainsi qu'il faut entendre ces paroles de l'Ecclsiaste : Fectt* hominem rectum; ainsi qu'il faut entendre ce passage de l'Aptre : Creatus est in juslitia et sanctitate. C'tait le seul tat dans lequel l'homme pouvait tre cr ; par lui l'homme tait juste et saint . car en vertu de cette loi physique inne avec lui, il pouvait, quand il le voulait, faire des
actes justes et saints (1). Cette rectitude taitelle

pour

qu'il agt d'aprs

la loi

de sa raison

(1).

Outre cela Dieu

vit tout

ce

qu'il avait fait, et ill'approu va comme trs-bon; mais l'aclion de la cration de l'homme, dit il, n'aurait pas t bonne sans cette rectitude

quelque chose de suprieur l'tat de nature ? Etait-elle gratuitement accorde l'homme comme un privilge spcial

morale inne en lui. Mais de plus les Ecritures nousdisent ouvertement Deus frcit hominem rectum (Ecclesiast., ch. Vil, 30). Saint Paul dit du premier homme: Qui secundum Deum
:

l'homme innocent? Herms rpond qu'elle n'tait pas essentielle l'homme en ce sens, c'est--dire que mme sans elle ride essentielle d'homme subsiste;
Vesseme de l'homme; que ceux qui attribuent cette rectitudek la grce sanclifianteXontappele inexactement surnaturelle ;qu'onpeut l'appeler proprement morale, et rien de plus; qu'enfin elle fut gratuite, car l'homme n'avait nullement mril d'tre physiquement plac dans cet
ainsi elle s'levait au-dessus de
tat (2).

creatus est in juslitia et sanctitate veritatis. Cela pos, quelle tait la nature de cette rectitude? Une rectitude ou direction que Dieu donna l'homme , qu'il cre en lui pour le rendre moral, ne pouvait tre que physique, dit Herms, c'est--dire elle devait consister dans la loi droite et physique des facults de l'me, qui sont la raison cl les sens lesquelles influent sur la moralit (2). Donc, en vertu de cet tat physique de ces facults, la raison dans le premier homme fiait exempte de toule loi de concupiscence, il lail, en un mot, i,ui rsiste sans cesse : lans un tat de nature parfaite dans un tat
, ; ,
t,
'

Jusqu'ici Herms a plac l'homme avant sa chute dans un tat de droiture, de justice,
< i i

nos premiers parents avaient l ds leur origine sujets aux drglements de lu concupiscence, et
(1) Or,
si si

<
<

d'un aulre ct leur volont libre avait l entrane par elle, ou du moins si la raison et la volont eussent l trop faibles pour pouvoir moralement
la

longtemps rsister

concupiscence opinitre, Dieu n'aurait pas plac l'homme, le matre de tous les objets ci s qui sont sur la terre, d'une manire convenable pour la fui qu'il lui

prpondrance de

la

.'.vail

prescrite, et

il

le lui

aurait fut connatre


Il

;w

la loi

convient nanmoins de re^ marquer quesi Dieu avait plac l'homme dans cet tat, Dieu certainement ne lui aurait pas refus les secours ncessaires au moyen desquels il pt rsister la prpondrance de la concupiscence, comme renseignent les thologiens. (2) Une direction que Dieu a donne la volont c humaine doit avoir prcd toule manifestation de la libert de l'homme (pour ce qui regarde la li berl, l'homme lgle lui-mme sa volont) : donc elle ne peut avoir t que physique et par cons< quenl seulemoii el uniquement pour l'lut oriqinel de ces facults de l'me, (la raison elles sens), qui, par < lesco.nnaissanci'Sihoriiquesetlesordres pratiques, libre moralit, el cherchent ainsi c influent sur la donner celle-ci une direction. Donc Dieu a d avoir rgl les Inculte- le l'me du premier homme de manire ce qu'elles dirigeassent matriellement
de sa raison (lb., p. 18)
t

Donc justice et saintet signifient, l'une : un de ngation absolue de toute volont contraire au devoir ; l'autre un tat de ralit absolue au moins de toule volont conforme au devoir, et toules les deux, ainsi entendues d'aprs saint Paul, ont d tre cres la fois dans le premier homme. En tant qu'elles renferment l'usage de la libert, il lail d'ailleurs aussi impossible qu'elles, on leurs contraires, fussent cres ensemble dans l'homme, qu'il est impossible qu'une libre direction, comme il par consquent a l prouv, fut cre avec lui riiomme mme peut avoir l seulement cr dans ces deux tats , de manire que, en venu de la constitution existant avec lui, sitt que sa volont libre venait se manifester moralement, lui,l'homme, fil en effet des actions justes et saintes. C'est pourquoi ces deux tats ont pu seulement tre crs avec l'homme par le moyen de la constitution primitive physique de ces facults de l'me (la rai(1)

tat

<
<

son et les sens) qui influent sur la libert de la volont, et par consquent sur la justice et la sainlcl de l'homme (Ibid., p. 22, 23). homme (2) < Il est certain pourtant oue le premier ne sortit pas des mains du Crateur ayanl en partage une ressemblance avec Dieu qu'on a coutume
d'appeler naturelle, parce qu'elle est insparable^ la nature humaine physico-spirituelle; mais |qu'en lui fut cre une seconde image de Oieu, qui consistait dans la direction moralement droite de sa voloni, ou, ce qui est la mme chose , dans la justice el la saintet

(nous appelons celle seconde surnaturelle, parce qu'elle surpasse tout ce qui apparsans tient essentiellement la nature humaine, et quoi V homme ne serait plus homme. Maison ne do.l l'appeler proprement ni naturelle ni surnaturelle,

et

* t

seulement vers ce qui est droit pour l'homme, la volont libre, quand il s'agissait de moralit, pour que, autant que cela dpendait de ces facults, elles favorisassent encore le choix formel de l'homme; el, par opposition qu'eles n'excitassent d'aucune manire la volont quelque chose de mat.

mais physique
suite avec

et morale.
le

raison

nettement contraire cela, et qu'elles secondassent positivement le choix formel de celle-ci. >

qu'elle fut regarde surnaturelle (Ibtd, p. 25, 26). toujours une grce Malgr cela, cet tat demeurait gratuite de la pari de Dieu (non mrile),car Dru y avait plac les hommes sans aucun mrite de leur

Ou lui a donn dans la nom de surnaturelle, parce comme un produit de la grce

parl(/6irf.,36).

981

REFLEXIONS SUN UNE MTHODE T1IOLOG1QUE.


tait la a restait

982
tel tat

de saintet; mais toujours dans l'ordre moral et naturel, et rien de plus. Mais l'homme eutla grce il dans cet tat la grce sanctifiante proprement surnaturelle? fut-il plac dans cet tat d'lvation au-dessus de celui quedcmande sa nature? Herms se met ici attaquer maltraiter
, ,

cause.

Mais malgr cela un

toujours vraiment une grce nonm rite (gratuite), mais dans un sens tout difparce que Dieu dans le principe frent avait plac les hommes dans cet tat sans aucun mrite de leur part (lbid., page 35,
,

36).
Il est ncessaire de citer encore tout au long le passage suivant: De ce systme par lequel Dieu aurait accord au pre micr homme, en le crant, cet tat par-

tous ces thologiens, ou du moins la plus grande partiedes thologiens, qui soutiennent. que la grce sanctifiante que Dieu accorda libralement et gratuitement l'homme, au premier instant de sa cration, fut la source, le principe et le fondement des autres dons accords l'homme, qui ne pouvaient tre conservs sans cette grce, et que l'on comprend sous le nom gnrique de justice ori-

fait

au moyen de sa constitution naturelle... (en un mol, qu'il lui aurait accord, en le crant, une nature parfaite dans le sens propre du mol) , il rsulte , il est vrai, vile

dminent que

premier homme, pouvant

une hypothse gratuite il dit mme qu'il esl impossible que la grce sanctifiante ft inne dans l'homme; impossible que l'homme ft cr dans un tat
ginelle;
il
:

soutient que c'est l

de nature sainte (dans ce sens) cl leve; qu'on ne trouve rien de cela dans l'Ecriture ni dans le concile de Trente (t). Qu'enseigne donc Herms sur cette grce sanctifiante par rapport l'homme dans l'tat primitif? 11 accorde qu'il l'a eue, il accorde mme qu'il l'a eue ds le premier instant de son existence. Mais de quelle manire et dans quel sens ?
,

Laissons-le parler lui-mme : La chose tant donc ainsi crit- il, on peut, sans tre tmraire, embrasser le sentiment suivant, quoique diffrent, sur l'tat de nos premiers parents en rejetant l'autre sentiment que nous avons dj
,

expos c'est--dire, que c'tait rellement pour nos premiers parents avant
:

l'tal

leur chute par la simple loi de leur nature, moral dj dcrit, o la raison dominait, les sens obissaient, et o ils taient eux-mmes justes et saints; mais d'un autre ct, la grce intrieure, surnaturelle, sanctifiante, ou la bienveillance de Dieu envers l'homme (laquelle tait tout fait propre cet tat et par laquelle Adam et Eve taient appels les fils chris de Dieu). Bien loin d'tre la cause efficiente de cet
,

parfaitement par sa nature tre morale ment bon, devant persvrer dans le bien constamment et dans toutes les circonstan ces, mme dans le cas o surviendrait une tentation extrieure, pouvant non-seule ment persvrer, mais mme vouloir formellemeut le bien moral par le choix ac tuel de son libre arbitre ; il est vrai, dis-je, qu'il avait cependant besoin d'un secours actuel de Dieu, et que par consquent il ne pouvait pas, sola virtute nalur pur, tre bon et persvrer : ce qu'enseignent plu sieurs Pres, enlre autres saint Augustin, et les conciles, enlre autres celui d'Oranges dans son dix-neuvime canon. Toutefois il ne faut pas chercher le prouver par le besoin que nous avons nous-mmes d'un a pareil secours, mme dans l'tal de grce sanctifiante, ni mme, comme cherche aie prouver saint Auguslin t parla comparaison d'un il sain, priv de lumire. Mais ce se cours actuel, (Hein, ne pouvait manquer au premier homme, parce qu'il avait en effet , ds le premier instant de son existence, la grce sanctifiante que Dieu lui avait uccoret

i<

*<

de.

'

tat, elle tait


(1) L'lat

elle-mme
de justice

l'effet

et cet tat

de saintet, cl d'exemption de mut mouvement drgl de la concupiscence, dj dmontr ei toujours cru par la
originel
et
l'Eglise catholique, a t souvent d'autres fois et est

encore maintenant communment entendu par les thologiens, en ce sens qu'ils regardent comnie vraie celte hypothse que les premiers hommes l'u relit crs dans la grce sanctifiante surnaturelle de Dieu, que par elle leur raison fut dominante elsouc mit les sens, et qu'ainsi ils fuient justes et saints. Mais comme on ne peut mme se ligurer que queli qu'un reoive la grce sanctifiante nu moment de ta i cration, (cependant l'tal originel dont nous par Ions fut cr en mme temps (pic l'homme), et comme d'ailleurs on ne peut dmontrer ni par la nature de ta chose, ni par la sainte Ecriture ni par les coud les que la grce surnaturelle sancti liante ail t la cause efficiente de ce rapport entre la raison et les i sens; cl comme on peut seulement dmontrer par la nature elle-mme de la chose, que les premiers hommes aient eu dans ccllat primitif la grce sur naturelle sanctifiante, donc adopter celte opinion * hypothtique des thologiens n'appartient ouint a la foi orthodoxe, etc. (lbid,, pige 51,52). >
<
,

Observation 3. C'est pourquoi puisque le premier homme, outre l'image ou la res s ambiance morale, dont nous avons dj parl, rsultant de la loi de ses facults spi rituelles, suprieure et infrieure, et de leur rapport.... avait la grce sanctifiante a, ou qu'il tait ami de Dieu, il tait aussi en relation d'amiti avec Dkucl tait son <c imagesurnaturclle(lbid., p. 37, 38). Voil tout ce que dit Herms de la grce sanctifiante par, rapport nos premiers parenls. Je crois avoir, quoique en abrg, expos fidlement le systme d'Herms sur l'tal de l'homme avant sa chute, voyons maintenant quelles considrations thologiques en dcoulent naturellement. Sans m'arrter aux diverses opinions de l'cole, je ne parlerai que de ce qui regarde proprement la saine doctrine catholique. C'est pourquoi je passe sous silence l'opinion scolasliquc, cilc par Herms* qui veut que le don de perfection dans le premier homme, n'exprimant que l'assujettissement des sens la raison, lt dans son origine indpendant du don de la grce sanctifiante, cl confr par priorit da temps avant celui-ci, sentiment qui a l rellement dfendu par quelques vieux scoa.

983

DMONSTRATION

V.\ NCEL1QUE.

PERRONE.

984

lastiques, et qui n'a pas t condamn par le concile de Trente. Nous ne ferons pas un crime Herms de le suivre, quoique nous ayons occasion de voir par la suite combien il s'loigne essentiellement de celte vieille opinion de l'cole : et quoique d'un autre ct, le sentiment contraire qu'il traite, avec tant de hardiesse, de gratuit, d'erron, d'insoutenable, soit enfin celui qui est adopt par la foule des thologiens, comme solidement appuysur l'autoritdes Ecritures, des Pres et des conciles. Mais arrivons au point

mme sens mme, les dons purement naturels, mme les facults toutes dues la nature

humaine

peuvent vraiment se dire

gratuitement donnes, parce que Dieu les a accordes l'homme, sans aucun mrite prcdent de sa part ? Et peut-tre Pelage lui-mme n'admeltait-il pas la grce dans ce sens? Ici donc encore, la mme amphibologie et Herms n'avoue nulle part que cette
:

rectitude,

ou perfection,

soit gratuite,

comme

important.
1* Herms traite ici sous le nom de droiture physique par rapport la moralit, du vritable don de perfection accord nos premiers parents, et dans tout son discours il n'exprime nulle part en termes clairs et prcis que cette perfection primitive tait un don spcial ajout libralement par Dieu la condition naturelle de l'homme, qui n'tait pasd

accorde l'homme par un don spcial de la Divinit, que ne rclamait point la condition de sa nature, et qui ne lui tait point d. Mais qu'est-il besoin d'insister davantage, messieurs? Quand mme ces rflexions nous laisseraient dans le doute sur le vritable sentiment d'Herms, quand mme nous voudrions ici tout interprter clans le sens le plus favorable , nous l'entendrons bientt lui-mme nous faire connatre ouvertement sa manire de penser. Bientt

la nature humaine, et que celle-ci ne pouvait nullement exiger; c'est ce qu'enseigne a doctrine catholique. Il parat mme, d'aprs le systme entier d'Herms, comme il le reconnat lui-mme, que cela tait d la nature primitive de l'homme innocent, car celle-ci exigeait que Dieu l'tablt ainsi physiquement et moralement. Ensuite il nous dit qu'autrement Dieu n'aurait pas convenablement plac la nature de l'homme pour la

nous l'entendrons dire expressment, en parlant du pch originel, que cette rectitude et cette perfection appartenaient la nature humaine, et que la concupiscence dsordonne tait quelque chose ( mme sans supposer aucune faute morale de sa part, ni mme aucun rapport quelque faute ), qui aurait rendu l'homme pervers et injuste dispos seulement l'injustice dan<; un tat intrieur propre l'homme coupable objet de
, , ,

manire d'agir moralement que demandait


la loi de sa raison.
11

en parle toujours

comme
la

d'une chose qui rsultait simplement de

constitution naturelle, originelle, physique, des facults qui influent sur la moralit. 11

dplaisir pour un Dieu saint , et dans le sens le plus naturel par nature fils de colre. Or, tout cela ne signiGe-t-il pas ouvertement que Dieu n'aurait pas pu absolument crer le premier homme innocent, sans celte recti,

ne veut pas qu'on

l'appelle

autrement que

droiture morale. Il appelle la nature humaine ainsi constitue nature pure, ce qui signifie un tat dans lequel elle n'a que ce qui lui est d d'aprs la nature de son tre. Enfin, il combat Scot, parce que celui-ci ne l'a pas reconnue comme proprit de la nature humaine, etqu'il a voulu qu'elle et pour cause quelque chose de surnaturel dans l'homme, quoique dislinctde la grcesanctifiante (Voy. p. 32-33, du liv. cit une longue note sur Scot).

tude que rclamait sa nature d'une manire absolue ? Je sais, messieurs ( et je fais cette observation pour ne pas m'carter de mon dessein de retrancher dans cette matire ce qui est opinion de l'cole), je sais que les thologiens disputent pour savoir si l'homme, dans l'tat de pure nature, aurait pu tre sujet la lutte de la concupiscence, comme nous
le

que

est vrai que Herms dit ouvertement celte droiture n'tait pas essentielle la nature humaine, il dit qu'elle tait gratuite. Mais en pesant attentivement ses paroles, on voit qu'il nie qu'elle soit essentielle, en ce sens qu'elle n'est pas requise pour l'essence de l'homme, pour l'ide essentielle de l'homme; mais il avoue qu'elle tait ncessaire pour la constitution intrinsque et physiq\ie
Il

sommes dans l'tat de la nature tombe; que quelques-uns d'entre eux tiennent pour la ngative le plus grand nombre pour l'affirmative. Je sais aussi que quelques c,

lbres thologiens, en petit nombre, ont parl de cet tat de pure nature, comme en

excluant la possibilit, au moins, de puissance ordonne et ordinaire de Dieu , comme ils l'appellent. Mais comme le remarque le
trs-illustre

due
la

la nature humaine. En un mot, il ne reconnat pas comme essentielle, mais il la reconnat comme due ; et cette distinction avait t dj trop employe pour luder la doctrine catholique. Pareillement, si Herms appelle celte rectitude gratuite, il l'appelle ainsi seulement parce que l'homme ne mrita d'aucune manire d'tre plac dans cet tat. Mais qui ignore que, dans ce sens, Baus, Jansnius, Quesnel, reconnaissaient aussi comme gratuite la grce surnaturelle, quoique regarde par eux comme propre la pture humaine? Qui ne voit que dans ce

cardinal Gerdil, qui travaille concilier l'opinion de ces thologiens avec la doctrine catholique, ils veulent certaine-

ment parler d'une espce de convenance en Dieu d'un certain ordre bienveillant de sa providence, mais ils ne prtendent pas soutenir que Dieu devait, comme une chose rclame imprieusement par la nature humaine, affranchir l'homme avant sa chulo de la lutte naturelle des sens. Absit dit-il utquod ordini divin Providenti ex aliqua
, ,

decenliraliove congruere intelligitur, illu creatur ipsi debilum dicatur; et il cite le tmoignage du cardinal Noris un des dfenseurs les plus renomms <\e ce sentiment
,

985

RFLEXIONS SUR UNE METHODE TIIOLOGIQUE.


Donc, d'aprs
,

$86

qui, condamnant avec l'Eglise catholique les propositions 55 et 26 de Baus, dit: Quasi subjectio concupiscenti non fuerit ex dono Creatoris, sed ex exigenlia naturali human substanti tanquam propria passio ejusdcm quod falsum est. Nam hc duo distinguenda sunt : concupiscenti subjectionem datant homini ex exigentia rei creat, vel ex pura puta decentia: primum enim ncgalur, alterm a nobis asseritur ( Voir Noris, Vindic. Augusl., col. 923) (1).
,

Quoi

qu'il

en

soit

donc de

cette opinion

particulire, il demeure toujours constant qu<>, d'aprs la doctrine catholique, cette rectitude ou perfection originelle accorde l'homme avant sa chute quelle qu'en fut la
,

grce surnaturelle fut produit, comme par son principe par une cause qui appartient la efficient donc l'lvation de nature de l'homme l'homme fut la consquence de la cration et de la constitution naturelle de l'homme erreur subversive de tout l'ordre surnaturel, condamne dans Baus et dans Quesnel. Je n'ignore pas que les partisans d'Herms ont voulu le disculper sur ce point en disant que ses expressions doivent recevoir une autre explication, c'est--dire que Herms avait avanc que la grce sanctifiante avait le l'effet plutt que la cause efficiente de celte perfection et rectitude qui constituait une
lui, le

don de

la

cause efficiente, fut certainement un don spcial fait libralement la nature humaine, que celle-ci ne pouvait rclamer et qui ne lui tait point d. Et cela tant ainsi, on voit comment toute la doctrine d'Herms sur cette rectitude s'loigne de l'enseignement catholique, et comment celte fois-ci , elle est identique avec les propositions dj condamnes dans Baus ou comme elle s'en rapproche (26) Integritas
la
,
:

source ou

nature parfaite dans Adam, pour montrer une opposition plus vidente au sentiment thologique qu'il combattait, qui consiste dire que la grce sanctifiante accorde Adam l'instant de la cration avait t le principe et la source de ce don de perfection. Qu'en somme Herms n'a pas voulu dire aulre chose sinon que la nature parfaite prcda et la comme grce sanctifiante suivit ensuite quelque chose d'ajout la cration (1).
, ,

crealionis non fuit indebita human natur exaltatio, sed naturalis ejus conditio, et (79) Falsa est dociorum sententia, primum hominem poluisse a Deo creari et institui sine justifia naturali. Mais le venin de ce systme hermsien se manifeste bien davantage, quand on l'envisage par rapport au (ion de la grce sanctifiante. Pour Herms, la rectitude ou perfection de nos premiers parents, tait une chose purement naturelle et morale. Or, quelle liaison tablit-il entre cet tat d'ordre naturel et celui de la grce surnaturelle et sanctifiante? Il dclare que, bien loin que celle-ci ait t le principe et la cause efficiente de celui-l, celle-ci, c'est--dire la grce surna:

prim

il parle de cau^e en tarit qxCeffectrice et efficiente. Eu outre dans ce mme passage, dj cit plus haut littralement, il rfute les thologiens qui font la grce sanctifiante cause efficiente de celle droiture originelle, et veut

posilion wirkuna (effel), c'est pourquoi

mme

le

contraire.

Donc

le

contraire est que celte


la

cause efficiente de la grce sanctifiante (Voyez au liv. cit p. 579). (1) Voici comment le professeur Balizer. de Breslaw dfend Herms: Tout lecteur sens, dit il, ob servera bientt qu'Herms a choisi cne phrase, absolument impropre, seulement par opposition, elc.
cette droiture originelle est
,

relle, fut effet, et cet tat

de droiture naturelle cause, c'est--dire la cause efficiente , car c'est de celle-l que parle ici Herms (-2).
fut la
(I) El ici Gcrdil continue : Cerle aliud bomini cuique naltirn ptoprie dcbilm dici pnicsi quant quod naturali ejus exitjenii sru condition! rcspuilct proindesiiniegritas primi hominis ejusdemque sublimaiio ex dono Creatoris profluxit, non ex natioalt exigentia hiunamr. subslantire, neutra proprie dibita fuit. Nec vero ad inducendum ejusmodi deliiluiii valet, quod utramqiie deenerit in prima crealioiie homini conleiri ; quippe longe abest a ralione veri dehili quidquid men tanlum decenliae referttir acceptuni. D'o il lire celle conclusion: < Ilinc si proplcr eam decenliam deqtia superius dicium est, divlnac Proridenliac ordini maxime consenlanem praeslantcs non dsuni iheologi qui siatum natune pur impossibilem dicere non dubilaverint. id eb sensu alibis dictum inlelligi par csi,quem a NorNio supra exposilum vidimus; non quasi lalis sltilusvel Dei polemia? vel hominis nalurce absolule repugnet , cuin et Auusliiius (Lib. III de lib. Arbil , <.' |2), coin ranianicb;eas professus site! (/ Retracl. cap. 0)! senex confirmaverit, quamvis ignoranlia et difltultus essenl hominis primordia natralia, nec sic culpandum, sed poiius taudahdum Denm fuisse (de. qralia Dei commeniariolum Opp. edil. Itum. vol. XIX page 35, 36).
: ,

mm

i
<

i <
t
i

4 i

(pie nous ayons l'intention de blesser cet aunous devons dire que nous ignorons quels sont les lecteurs senss qui, ne s'en tenant pas aux paroles , mais embrassant l'ensemble du sysime d'Herms, peuvent partager son avis. Nous dirons aussi, la louange de ce mme professeur, que, quoiqu'il ait autrefois chaud partisan de l'hermsianisme, il momie maintenant plus de modration et quelque impartialit dans les jugements qu'il porte sur cette nouvelle doctrine. Nous avons profil de quelques-unes de ses rflexions sur Herms dans la troisime partie de Locis iheologicis. D'un aulre ct, nous sommes tonns que dans le passage de ses crits auquel nous faisons allusion, il taxe de panthisme l'opinion de Bellarinin, qui ne distingue pas la nature parfaite de la grce sanctifiante comme deux choses diverses, mais les confond ensemble, ou plutt l'opinion Idologique qui vent que le premier homme, ds l'instant de sa cration, ail eu la grce sanctifiante. Il est vrai qu'il proteste < Quoique je n'aie pas pour cela voulu dire que Bellarmin ail i panthiste ce qui nous < et paru fort trange Mais sans m'.irrler Bellarmin, sans m'arrtera prouver que l'opinion dile bellarminique est l'opinion communment suivie par tous les thologiens, je dirai mme par les l'res ci les docteurs les plus illustres, entre autres par saint Augus-

Sans

teur,

Thomas, il faut ceries vouloir trouver partout le panthisme pour le voir ici, L'cole hernisienne, qui ne sait pas avec Herms concevoir la grce sanctifiante comme inhrente l'homme , mais seulement comme une ^bienveillance extrinsque de Dieu, veut Irop exclure en vrit toute communication intime surnaturelle le l'homme avec Dieu, sons prtexte de panthisme Que le docteur Ballzcr se tienne donc pour averti (Voyez Beylrage, etc., ou
tin et saint
!

(t)

Herms emploie

le

mot unache

(cause) par op-

Documents povr

porter un

jugement

sr touchant

le

'J7

DEMONSTRATION VANGELIQUt). PERRONE.


il

988

resterait toujours avr (et les partisans d'Herms en conviennent avectoute leur charitable interprtation) que cet auteur qu'ils regardent comme le nec plus ultra de la thologie (1) , lors mme qu'il a voulu blmer et rejeter l'opinion commune des thologiens sur l'tat d'innocence, question si dlicate pour la doctrine catholique, et si

Nanmoins

pleine d'erreurs condamnes par l'Eglise, il se serait servi d'expressions si grossirement inexactes et fausses, qu'il a donn plein droit aux autres de l'accuser lui-mme d'erreur trs-grave. Mais la chose n'en reste pas l ;

car quand mme nous accorderions qu'Herms, en employant ces paroles d'effet et de cause efficiente, n'a pas entendu parler d'une vritable union causale, qu'il n'a pas voulu dire que la grce surnaturelle dcoule proprement des principes physiques de la condition naturelle de l'homme dans cet tat de nature innocente, je me dispose prouver par tout l'ensemble de la thorie hermsienne, qu'il reconnat vraiment la grce sanctifiante comme effet de cet tat , parce qu'elle tait due d'aprs lui l'homme dans cet tat d'innocence. Qui ne voit par l qu'il enseigne toujours l'erreur dj condamne dans les propositions de Baus et deQuesnel? Maintenant je raisonne de plusieurs manires. Et d'abord Herms avance que la grce sanctifiante tait entirement propre cet tat de nature innocente dans lequel Adam
fut cr (voyez du liv. cit p. 379) il avance de plus qu'on peut seulement prouver par la nature elle-mme de la chose, que nos premiers parents, dans cet tat primitif, eurent aussi la grce surnaturelle sanctifiante
;

dans une bienveillance de Dieu pour l'homme agrable ses yeux en vertu de laquelle Dieu accorde les secours surnaturels ncessaires pour bien agir moralement. Ne nous arrtons pas ici, messieurs, relever les nombreuses et graves erreurs que renferme cette dfinition de la grce sanctifiante, ce que nous ferons dans la suite; qu'il nous suffise pour le prsent de connatre d'une manire sre cette doctrine thologique d'Herms. Prenons maintenant pour sujet de notre examen le passage cit, dans lequel Herms nous dit que les secours surnaturels de Dieu, ncessaires pour bien agir et persvrer dans le bien ne pouvaient manquera nos premiers parents, parce que ceux-ci taient rellement, ds le premier instant de leur cration, dans la grce sanctisuite,
,
,
<<

fiante.

Or, on demandera comment

cette

grce sanctifiante pouvait, pour Herms, se trouver dans l'homme innocent mme ds le premier instant de son existence ? N'a-l-il pas nergiquement combattu le sentiment des thologiens, qui soutenaient qu'Adam avait t cr avec la grce sanctifiante? Ne soutient-il pas que la rectitude naturelle et morale de la nature parfaite prcda la nature leve ? Je rponds que tout cela est trsmais Herms concilie tout dans son vrai systme. Il veut que l'homme ait reu en naissant, en vertu des principes physiques de sa nature, la perfection ou rectitude naturelle et morale entirement indpendante de la grce sanctifiante; mais il veut en mme temps que, paruneunionimmdiate, la grce sanctifiante ait t ajoute celte perfection ds le premier instant de l'existence de
,

(voyez ibid. la note). Or, je le demande, comment peut-on appeler propre cet tat
,

l'homme. Mais comment


la

le prouve-t-il ?

Par

la grce sanctifiante si elle n'tait pas due ? El bien plus, comment peut-on prouver par

la
.

nature elle-mme de la chose, ce qui signifie la nature de cet tat naturel-moral primitif, que nos premiers parents avaient tout fait cette grce sanctifiante, si celle-ci n'tait pas par elle-mme due cet tat? Donc d'aprs Herms elle tait rellement due. Mais pour en avoir une preuve plus vidente, il faut se rappeler le systme d'Herms sur la grce sanctifiante. 11 consiste d'a(>rs lui, comme on a dj pu le voir plus taut et comme on le verra mieux dans la

par

nature elle-mme de la chose. Et voil selon tous ses principes sa dmonstration sans rplique. Cet tat phy sic o -moral, naturel-moral, cr avec l'homme, constituait l'homme, ds le premier instant de son existence, juste et
saint (voyez au liv. cit, p. 379). Donc l'homme ne pouvait par cela mme ne pas tre agrable Dieu; donc il devait tre l'objet de la bienveillance de Dieu : mais la grce sanctifiante consiste dans cette bienveillance de Dieu; donc cette grce sanctifiante devait tre donne l'homme ds le premier instant de son existence. Ds que l'on suppose la grce sanctifiante, il faut ncessairement supposer

catholicisme et le protestantisme, liv. I, Breslaw, 1839, page 152 et suivantes, dans la note). (1) Nous dirons ici la louange du professeur ltoltzer qu'il fait autant qu'il est en lui une protestation contraire : Je suis bien loign, dit-il, de dclarer, < ce que d'autres n'ont que trop fait, de dclarer Her mes un nec plus ultra, j'expliquerai plus tard ma pense ce sujet. > Et en effet il a reconnu lui-

mme avecingnuitdans ce philosophe-thologien des


cercles vicieux, logiques et psycologiques, des princi-

que Dieu accorde l'homme les secours surnaturels actuels pour faire le bien moral. Donc ces secours , comme consquence de cette grce sanctifiante, ne pouvaient manquer l'homme. Vous voyez , messieurs , comment tout l'enchanement ncessaire de la preuve d'Herms consiste en ce que cet tat primitif, quoique naturel, exigeait indispensablement la grce sanctifiante, prcisment parce que c'tait un tal de justice et de
aussi
saintet, quoique purement naturel. Sans celte exigence, et si la grce sanctifiante n'tout tait pas due cet tat, on verrait crouler
le

pes problmatiques, absurdes, l'objecti\ continuellement pris pour le subjectif, le rel pour le formel , et pour ce qui regarde la thologie quelques assenions entaches de semi-plagianisme, pour ne rien dire de plus ( Voyez notre troisime partie de Locis llieolog.). Aussi a-t-il enflamm le courroux des partisans les plus chauds de l'hermsianisme.

raisonnement d'Herms

raisonnement

qu'il regarde, lui,

comme

trs-solide, sur le-

quel repose l'unique preuve qu'il donne pour

989

UEl L XIlNS SUR UNE

METHODE THEOLOGIQUE

990

souten'r que ncs premiers parents avaient les secours surnaturels actuels dont ils avaient besoin. Donc, je puis de nouveau conclure avec une plus grande assurance Pour Her:

ms
due

cette grce sanctifiante tait entirement

En youlons-nousune autre preuve? voyons


comment
l'tat primitif

paile dans un autre endroit de des anges, et notre proposition n'en deviendra que plus incontestable. Il
il

s'agit des dons accords aux anges au moment de leur cration, et il dclare que c'est une question sur laquelle les Ecritures nous laissent dans l'obscurit la plus pro-

fonde , et sur laquelle nous devons nous abstenir de rien dcider {Dog., p. II, p. 133). Il ajoute nanmoins qu'on doit regarder comme prouv que tous les anges durent, par suite de leur tal originel, tre bien disposs pour le bien moral et par consquent avoir encore la bienveillance de Dieu, ou la grce sanctifiante, comme nous l'appelons dans l'hommerachet [Ib., p. 134). Voil dans ce passage le mme enchanement indissoluble profess par Herms, c'est -dire entreun tat primitif naturel de rectitude morale et la grce sanctifiante; le mme raisonnement tir de l'existence de l'une pour prouver que l'autre consquemment devait ncessairement exister. Comment donc pouvoir nier

entendre celte bienveillance spciale qni est propre au seul tat de grce sanctifiante et qui constitua l'amiti de l'homme avec Dieu(l).On voitdonccombiens'carledusentiment du saint docteur, Herms, qui prtend que cette grce sanctifiante est tellement lie avec l'tat naturel physico-moral de l'homme intgre et droit, qu'il la regarde comme une chose due, qui en est la consquence ncessaire ; lui qui prtend que cet tat de justice et de saintet rendait par lui-mme l'homme l'objet de cette bienveillance spciale de la part de Dieu , au point qu'il le plaait dans l'tat de grce sanctifiante et de vritable amiti avec Dieu. El en lisant le saint docteur
,

on

dirait

que celui-ci a

choisi l'erreur

qu'aux yeux d'Herms ces deux choses, l'une de l'ordre naturel, l'autre de l'ordre surnaturel sont lies d'une manire indissoluble dans l'ange innocent, et dans l'homme innocent. El d'aprs cela je tire cette conclusion Gomment l'hermsianisme pourra-l-il se soustraire la condamnation prononce contre la vingt et unime proposition de Hauts:
, :

Human
gritati
lis

natur sublimatio
,

consortium divin natur

et exaltalio in dbita fuit inle-

prim condilionis, et proinde naturadicenda est et non supernaturalis ; et contre la trente-cinquime de Quesnel Gra:

lia

Adami

est

sequela creationis, et erat dbita

soutenue par Herms, pour la combattre expressment. Qu'il nous suffise de ces quelques mots que nous avons dits sur l'tat d'innocence tel d'ailleurs qu'il a t enseign par Herms je ne puis, dans un raisonnement, me livrer un grand nombre de rflexions qui se prsentent naturellement sur ce sujet. Je terminerai en vous rappelant que cette doctrine circa protoparentum statum se trouve dsigne comme errone dans le dcret apostolique qui condamne les uvres d'Herms. I.a doctrine du pch originel se trouve troitement lie avec celle qui regarde l'tat d'innocence aussi Herms , qui comprenait bien cet enchanement, nous dit ouvertement que son systme sur l'tat de nos premiers parents avant leur chute serait expos avec plus de clart et trouverait une application plus vraie quand il parlerait du pch originel. Voyons donc ce qu'il enseigne sur la nature de ce pch. Aprs avoir prouv par l'Ecriture et par la tradition l'existence du pch originel voici par quelles paroles il commence ses recherches sur sa nature Il est vident que la doctrine jusqu'ici pleinement expose d'aprs tous les principes distinctifs de la
;
:

natur san et integr ? Il est bon, messieurs , de faire ici l'observation que je faisais loul l'heure, que Herms s'loigne prodigieusement de l'opinion scolastique (le saint Bonaventure, de
Haies, de Scot etc. sur laquelle il s'appuie avec tant d'assurance. Je ne parlerai que de saint Bonaventure; sa manire de penser
,
,

thologie chrtienne catholique, et suffisamleurs dterminations , concernant la culpabilit communique tous

ment dmontre selon


les

hommes (pch

originel)

toutefois n'est

suffira

pour

faire

connatre celle des autres.

saint docteur soutient que l'homme fut d'abord cr sans la g>dce sanctifiante, el que
celle-ci
lui

Ce

(1) Voici les paroles du saint docleur, in lib. II, sent. dist. 19, ar. 1, q. 1, concl. : Hupliciter acceplari a Deo. Uno modo < conligii dicerc nliquid i qnad.iin acceptatione generali, ut idem sit acceplaro in bono conser< aliquid quod reputare boniim , et

fut

accorde aprs.

Mais peut-

tre veut-il qu'elle ail t due

l'homme

in-

nocent ? Point du tout. Il veut mme que l'homme, en faisant le bien moralement avec les secours actuels de la grce, ait d d'abord se disposer en quelque sorte la recevoir : il va plus avant, il traite expressment cette question, savoir, si dans cet tal naturel moral primitif l'homme sans la grce sanctifiante, fut un objet de bienveillance aux yeux de Dieu. Or le saint admet cela si on parle d'une bienveillance gnrale, peu prs dans le sens que Dieu afine toutes les cratures ; mais il le nie fortement si on veut
,

lantum acceptatur < vare : el bac acceptatione non <jcreaiura rationalis, sed omne opus Dei. Est etiam alia accepiatio specialis, quadicilur Deus acceplare < illml <|uod digniiin repiilalur xlerna beatiludine: et acceptatione non acceptt Deu* nisi crealuram < ta i ralionalem.. banc aulem creaturam ralionalem lune < acceptai cum consecrat in templum , et adoptai in liliuni, et assainit in conjiigium... Primum genus superaddi donum gratis*. acccplaiionis non requirit i n Ki a ea qux> sunt de comliiioue natura?. Secundunt non polest non esse gra vero gmis acceptai ionis
1 i .

item,
in

<

luitum, iiun propter gratuilain Dei condescensiotutu propter crature exaltationem ultra terminos, sive status natur... El sic palet quod bomo
statu innocenli.e gralia

gralum facicnle indiguil


,

ad boc ut Deo placeret. Et hxc ncessitas surapta etc. est ex parte mo'li acccplandi

8!H

DMONSTRATION EVANGELIQUE. PERRONE.


,

992

pas encore fermement tablie tant qu'on ne saura pas qu'on ne peut pas dmontrer qu'il
existe quelque contradiction entre cette doctrine la raison et les autres doctrines rv,

les (Dogm., p. III, p. 14-1). Ce commencement nous rappelle la rgle inbranlable de

l'hermsianisme qu'un dogme catholique, quoique enseign comme article de foi par l'Eglise, et prouv thologiquement par tou:

bien attentivement le systme de ces thologiens on voit qu'ils piacent proprement la nature i\i\ pche d'origine dans le dfaut de la grce sanctifiante seulement. Car c'est de la grce sanctifiante qu'avait le premier homme qu'ils font driver la justice et la saintet qui furent cres avec lui et c'est
;

sources de la rvlation n'est pas encore fermement tabli, c'est--dire, ne pourrait, aux yeux de la raison spculative et pratique, exiger la croyance de celui qui veut fonder raisonnablement sa foi, si l'on ne commence par prouver, comme condition indispensable, qu'il ne rpugne pas la raison (1). Ceci est dit en passant comme transition. Ainsi le chemin tant ouvert sous ses pas pour arrivera son but, aprs avoir combattu le sentiment de ces thologiens qui soutinrent l'existence d'un dcret de la part de Dieu d'un pacte obligatoire avec Adam
tes les
,

admettent dans l'homme d'abord un tat moral imparfait, et de l une concupiscence dsordonne, si celle-ci n'a^ vait t comprime au moyen de la grce sanctifiante ou plutt au moyen des grces actuelles qui provenaient de celle-ci, et si de cette manire il ne s'tait form dans l'homme
qu'ils
,

pour cela

tat moral parfait. Donc le positif qui se trouve dans leur dfinition du pch originel

un

rfute l'opinion d'autres thologiens qui firent consister le pch d'origine dans la privation del grce sanctifiante comme dans sa forme, et dans la concupiscence dsordonne comme dans sa partie matrielle (Ibid. ,
il

eux-mmes ds le commencement dans l'homme (1). Par consquent ce positif n'est pas une qualit positive coupable dans l'homme (2), mais seule elle est tout au plus une qualit ou disposition insuffisante pour arriver au but prescrit l'homme il faut par consquent la distraire de l'ide du pch originel et alors il ne restera que le
tait d'aprs
;
,

ngatif, c'est--dire le dfaut de la grce sanctifiante, et c'est ce qui forme sa nature.


Or peut-on placer l'ide d'un tel pch dans l'absence de la grce sanctifiante? Peut-on la concilier avec la raison et avec la rvlation ? Peut-on admettre que Dieu refuse tous les descendants naturels d'Adam sa grce sanctifiante, ou bien ce qui est la mme chose, qu'il n'ait aucune volont de propension pour eux sans supposer par cela mme quelque chose de leur part, quelque chose de prexistant et
, ,

importe d'entendre parfi. er Herms lui-mme sur ce sujet, parce que nous comprendrons mieux ensuite son vritable systme (2). D'autres thologiens dit-il ont abandonn cette ide sur la nature du pch originel et l'ont plac dans la concupiscence dsordonne jointe au dfaut de la grce
et suiv.).
Il
, ,

148

sanctifiante (3) ou au dfaut d'un secours suffisant pour rsister aux drglements de
la

concupiscence

(h).

Mais

si

on examine

(1) Je sais que le devoir du thologien est de prouver aussi ngativement l'incrdule comment les dogmes rvls ne rpugnent pas la raison; mais l'audra-t-il dire pour cela qu'un chrtien, qu'un thologien, tandis qu'il connat comme cerlain tel ou tel article expressment rvl et propos pour tre cru comme tel par l'Eglise, doive suspendre sa croyance jusqu' ce qu'il se convainque qu'il ne rpugne pas la raison ; qu'il doive faire dpendre sa foi d'une telle condition? Et ne doit-il pas tre dj assur que s'il est rvl et comme tel propos par l'Eglise, il n'est pas possible qu'il soit jamais oppos la raison? Herms, au contraire, exige rigoureusement qu'on s'assure pralablement si celte condition existe. (2) Pour abrger et pour tre plus clair, j'ajouterai quelques petites notes aux passages d'Herms. (3) C'est--dire non avec un simple dfaut ngatif ou absenc4 del grce sanctifiante, mais avec une privation positive de cette grce qui, quoique nullement due la nature humaine, toutefois, cause de l'lvation gratuite de celte nature dans le premier homme innocent, devait, par ordre de Dieu, se trouver dans les descendants d'Adam connue participant de

d'aprs eux, ds le premier homme; mais il aurait pu // tre , si Dieu par une laveur gratine et spciale n'avait accord ce premier homme la juslice originelle, laquelle, outre la grec sanctifiante connue son principe, contenait les autres dons qui avaient lajouis, entreaulres celui de l'intgrit, ou comme l'appelle Herms, de la rectitude morale, d'e naissait la parfaite tranquillit ei la subordination des puissances infrieures de i'Iiomme aux puissances suprieures. (2) Ce positif n'est pas une qualit positive, coupable dans l'homme ; je dislingue si par positif on entend le formel du pcli, ce qui renferme la vritable et propre raison du peb , certainement non. Mais si l'on entend le matriel, ce qui renferme la raison de lu matire ou comme la matire du peb, rien n'empche qu'on ne l'appelle, avec saint Thomas, une qualit posivice, une tive coupable, c'est--dire un maladie, une corruption de nature, \\i\ drglement posinf; et afin d'enlever aux autres Liiblogiens toute occasion d'abuser de ces expressions, j'ai prfr la plyeer
(1)

C'est--dire

il

n tait pas,
le

commencement encore dans

cette nature.

La grce sanctifiante n'est pas un simple moyrn pour rsister aux drglements de la concupiscence, mais un don qui lve l'homme Tordre surnaturel . qui l'tablit dans un tat d'amiti avec Dieu, qui le rend capable d'uvres mritoires pour la vie ternelle. Herms, suivant toujours son systme, ne considre jamais la grce sanctifiante (quoiqu'il l'appelle surnaturelle) que dans l'ordre naturel moral
(<i)

suffisant

que parmi h-s parties constituquant au fond, revenant au mme; d'autant plus que le concile de Trente refusa d'adopter la formule scolasliquc de matriel du f-ieb, comme nous t'atteste Pallavicin. Noos savons comment l'hrtique Mathias d'Illyrie abusa de celle opinion sur le matriel du pch pour justifier en quelque sorte son erreur, soutenant que le pch originel est la substance mme de l'me. Mais Bellarmin rpondait avec beaucoup d' propos: c Sed in j bac senlentia theologorum expheanda mollis moilis
parmi
tives
les effets plutt

du pch,

cela,

peccai.
peccati

Primum

eniin ihcologi parlent materialem

t i

cl

voudrait reprocher ici aux autres thologiens cacatholiqucs une erreur si grossire !
il

non existimanl esse peccalum proprie, sed ideo diei peccalum, quia est ffeclus peccati. Poecaluin cniin
prop'rii:
in

privdtiune justiiia: originalis

1)93

REFLEXIONS SUR UNE METHODE TllEOLOGIQUE.


tic

994

qui motive cette volont de Dieu leurgard; mais seulement parce que leur premier pre \iola le prcepte divin (1)? Ceux qui soutiennent ce sentiment, raisonnent de la sorte: Adam devait, selon la volont de Dieu, mriter^) la grce sanctifiante pour ses descendants naturels mais il ne l'a pas fait; donc l'on comprend bien que ceux-ci ne la reoivent pas, ce qui se concilie parfaitement avec les attributs de Dieu. Mais j'adresse celte question Peut-on supposer qu'avant la raison et la rvlation Dieu ait expressment inclination et immdiatement subordonn son ou bienveillance envers les hommes qui devaient exister, l'tat de la volont libre du premier homme (3)? que celui-ci ait d mriter pour eux? La raison et la rvlation demandent il est vrai, que Dieu ait aim, et qu'il dcrta ait d aimer tous les hommes dont il la future existence par le moyen de la crationdes deux premiers (except qu'ils fussent d'ailleurs des tres tels que, parleur tal naturel, Dieu avait form nos premiers parents) et qu'il ait voulu par amour leur future existence ; mais il n'tait pas ncessaire que cet amour, que celle bienveillance ft comme il mrite pour les descendants n'tait pas ncessaire, qu'aucun autre la ml'Introduction ritt aux premiers ( Voyez philosophique sur la fin que Dieu s'est propose dans la cration et la premire par: :

de la Dogmatique sur la bont de Dieu) (1). Donc on ne pourra jamais admettre l'hypothse de ce dcret mais comme rpugnant la raison quand mme il ne rpugnerait pas la rvlation, il doit tre rejet. D'aulres font ce raisonnement Adam per;
, :

grce sanctifiante : donc elle ne fut pas transmise comme hritage ses descendants. Il est donc trs-convenable et mme trs-ncessaire que ceux-ci naissent sans elle. Ce raisonnement serait solide si la grce sanctifiante appartenait la nature de l'homme, elsi la perte de cette grce devait transformer cette nature de l'homme en une autre nature (2). Alors on comprendrait, si Adam l'avait conserve, comment il aurait pu la transmettre ses descendants, par cela
dit

pour

lui

la

mme
dans

qu'ils

taient
,
:

hommes

et

comment,

consiiluunt, elc. (De amiss. gral. I. V, cap. 5). (i) Ce parce que n'est pas la seule raison , il y en a une autre plausible et prexistante dans les descendants d'Adam qui leur fait refuser de la part de Dieu la j^ice sanctifiante. Et quelle est-elle ? C'est d'avoir contract cette mme nature qui , dans Adam coupable, fut dpouille et prive de ces dons gratuits dont le principal tait la grce sanctifiante. Ensuite il est

faux que la privation de cette grce sanctifiante soit une mme chose que le dfaut de volont bienveillante de la part de Dieu leur gard, ce qui ferait ncessairement supposer que Dieu refuse aux enfants d'Adam louie espce de grce ou de secours mme dans
l'ordre
("2)

ne pourrait passer sa postrit ou bien encore si Adam avait pu disposer de la grce sanctifiante, comme un testateur, en faveur de ses descendants; mais la grce sanclifianle n'est pas quelque chose qui appartienne la nature humaine mais quelque chose de surnaturel (3). 11 n'est donc pas permis de penser, du moins par aucune raison solide et na* turelle, qu'elle puisse tre laisse en hritage aux descendants. Que dans la suite, il et pu la transmettre comme un hritage par un titre positif, c'est--dire par un droit que Dieu lui aurait accord, ce privilge rentre dans le principe que nous avons dj examin et que nous avons trouv oppos la raison et la rvlation, savoir: que Dieu ait pu subordonner sa bienveillance ou son amour pour les hommes qui devaient exister l'tat de la volont libre de l'homme, ou, en d'autres termes, que le premier homme dt me* riterpour ses descendants l'amour de Dieu (4). (1) Voici comment Herms, liant ensemble toutes
l'tat [actuel

elle

ses doctrines, prend


qu'il

purement moral.
mriter,

Non pas proprement

mais conserver

ces dons dont la nature humaine avait t libralement et gratuitement enrichie dans sa personne, de manire qu'ils fussent transmis avec cette mme nature ses descendants. (3) Certainement Herms, qui fail consister la grce sanctifiante dans la bienveillance ou propension de Dieu envers l'homme, et qui veut que celle bienveillance
soit

pour fondement des principes veut inculquer ici, ceux qu'il a djlablis comme nous avons vu sur la lin de Dieu dans la cration et sur la bont de Dieu envers les cratures. Nous avons vu que Dieu devait prendre pour sa fut dernire la flicit de l'homme, et la flicil la plus grande possible qu'il pt connatre pouvoir tre accorde l'homme. Or, ce devoir tant suppos dans Dieu, il rpugne certainement ses attributs qu'il ft dpendre cette plus
,

due

la

constitution naturelle

droite

de l'homme,

pas comprendre comment Dieu put lier la conservation de la grce sanctifiante pour les enfants d'Adam la volont libre de celui-ci , comme chef et reprsentant de la nature humaine tout entire. Mais celui qui, avec toute la thologie catholique, regarde la g'ce sanctifiante comme n'tant nullement duc mme la nature parfaite et innocente de l'homme, comme un don entirement gratuit que Dieu pouvait trsbien refuser l'homme mme moralement trs-droit'; celui qui professe avec l'Eglise catholique une distinction essentielle entre l'ordre naturel et surnaturel, et par consquent entre une bienveillance et un amour gnral de Dieu envers ses cratures, cl celte bienveillance spciale et cet amour par lequel Dieu veut en leur confrant la grce sanctifiante , les lever un ordre au-dessus de leur nature, la participation de la nature divine; celui-l sait bien, dis-je, trouver raisonnable et juste ce que, d'aprs ses principes gratuits et faux, il trouve si absurde.

ne

sait

grande flicil possible pour les hommes, c'est--dire le bonheur surnaturel, de la Volont libre de l'homme. Mais si pareil devoir n'existe point si Dieu fut parfaitement libre de donner ou de refuser ce plus grand bonheur l'homme, il pouvait bien le subordonner ces conditions qui convenaient le mieux sa volont
;

toujours sage et toujours juste. (2) Nous verrons qu'il faut raisonner dans un sens tout fait contraire. (5) Nous recueillons volontiers celle dclaration d'Herms, que la grce sanctifiante n'appartient pas la nature humaine; mais rappelons-nous en mme temps, 1 que, selon son systme, elle est due toutefois L'tat Je nature intgre et innocente; 2 que, d'aprs le mme systme, elle ne consiste pas proprement dans une chose surnaturelle inhrente l'homme, mais dans la bienveillance de Dieu. Va celles cela tant
,

ainsi,

comment Henns, s'il est consquent avec luimme, pourra-l-il dire qu'elle appartient la nature
humaine si celle grce n'est nullement dans l'homme, mais seulement dans Dieu ? (i) H tpte toujours la mme chose: confond
,

il

995

DEMONSTRATION YANGLIQUE.

EHI.ONE.

906

Par ce long passage d'Herms, il vous est facilede vous apercevoir, messieurs, comment, selon son habitude, il juge et dnature les
les plus reues des thologiens catholiques, pour lever ensuite sur leurs ruines son fameux systme thologique. Jugeant tout d'aprs la rgle invariable de ses principes , qui lui servent de point de dpart et

opinions

nous a t transmise, nous devons remonter jusqu' l'tat moral dans lequel nos premiers parents furent cres, et qu'ils perdirent ensuite par le pch. Ce qu'ils avaient en eux-mmes ante lapsum, sous le rapport moral, au moyen de
leur cration, c'est--dire
,

qualit coupable qui

comme

apparte-

qu'il regarde comme un rocher inexpugnad'absurdit, ble, il taxe d'inconsquence, d'erreur, tout ce qui s'en loigne.
i

continue Entre ces deux opinions autant que j'ai pu m'en convaincre, jusqu'ici les thologiens sont partags touchant l'ide du pch originel. Donc, ou nous devons abandonner comme un mystre inexplicable la nature de cet tat coupable transmis tous les hommes, ou nous devons chercher trouver une manire de l'envisager, ou une ide de la chose entirement nouvelle. Or, cause du grand avantage que produirait une ide vraie et indubitable de l'tat coupable transmis aux hommes (car elle servirait beaucoup, notre avis, expliquer la doctrine rvle touchant le pch originel, et particulirement faire concevoir plus clairement la rdemption du genre et jeter une grande humain par le Christ lumire sur la doctrine de la grce), cause de ce grand avantage je vais essayer de prsenter cette nouvelle ide (lbid. p. 15fc,155). Voil donc que, par dcision expresse d'Herms, tout ce qui a t crit par tous les thologiens jusqu' lui sur la nature du pch originel, n'est qu'une suite d'erreurs qui rpugnent la raison et la rvlation. Il convient de mettre au jour une ide entirement neuve de ce pch, qui se concilie avec les principes de la raison ; autrement notre crance la doctrine rvle, sur ce point, ne serait pas fermement tablie. C'est de lui enfin qu'il faut attendre cette conception entirement nouvelle qui doit rpandre, au reste, un grand jour sur le principe de la rdemption et sur l'conomie de la grce bienfait inapprciable, en vrit, rendu la doctrine catholique, la science thologique Et remarquez bien, messieurs, qu'Herms nous dit clairement qu'il veut nous prsenter une ide entirement nouvelle sur le pch d'origine, comme il nous dclare ailleurs qu'il prsente une ide entirement neuve de la justice divine qui punit, de la rdemption et de la satisfaction du Christ, de la grce sanctifiante, et ainsi du reste. Or que penser des partisans d'Herms, lorsque, pour le sous
: ,

dit-il,

nant la nature humaine et ce qu'ils perdirent de celte nature post lapsum, et qu'ils n'eurent jamais plus en eux-mmes, pas mme lorsqu'ils se furent repentis de leur pch, et que leur cur fut nouvellement converti Dieu c'est cela et cela seul qui doit nous conduire la nature du pch originel. Car celte perte fut un changement de nature, et comme telle, elle pouvait, sans l'intervention de Dieu et des hommes, passer leurs descendants. Dans nos recherches sur l'tat originel de nos premiers parents et sur leur tat aprs leur chute, nous voyons rellement que Dieu cra, dans le premier homme, au moment de son existence une qualit ou disposition morale qui fut perdue pour toujours par le pch, moins que Dieu, par un effet de sa toute-puissance, voult la leur rendre (ce que nous ne voyons pas: nous avons mme des preuves du contraire). Cette disposition consistait en ce que la raison, dans eux. dominait et que les sens obissaient. M <is aprs la chute ce rapport fut ananti pour toujours. El c'est prcisment cause de ce rapport entre la raison et les sens qu'ils avaient t justes et saints ante lapsum et c'est aussi parce que ce mme rapport cessa d'exister, qu'ils furent injustes
:

traire la condamnation du saint-sige, ils osent avancer, malgr cette protestation expresse de leur matre, qu'il n'a enseign que la doctrine de tel ou tel Pre, de tel ou tel scolastique, et, pour ce qui regarde le pch originel, qu'il n'a fait que marcher sur

Augustin? Mais arrivons notre sujet. Il est clair, dit-il, que pour dcouvrir la nature de la
les traces de saint
toujours l'ordre naturel et surnaturel, ce qui est d et ce qui n'est pas d l'tat naturel de l'iioiunie, lus

mots mriter

et conserver, etc.. etc.

et pervers et c'est pour cette raison qu'ils auraient t et qu'ils seraient tels, quand mme ils n'auraient pas t coupables de la faute d libre dsobissance envers Dieu. Or, si ce dfaut d'quilibre ou ce rapport dsordonn entre la raison et les sens que le pch avait produit en eux, et pass pour tout le temps venir leurs descendants lialurels, ceux-ci, prcisment parce qu'ils seraient venus au monde comme des tres qui n'taient nullement disposs pour la justice et la saintet, comme des tres dont l'tat interne est proprement celui du pcheur, auraient t, cause de cette nature, sans aucune disposition pour le bien moral, dj par eux-mmes, c'est--dire par la disposition elle-mme de leur nature d'homme sans aucun rapport quelconque avec le fait d'Adam, un objet de dplaisir pour Dieu ; car un tre raisonnable et dou des sens, ainsi constitu, ne pouvait que dplaire un Dieu saint, qui ne l'avait pas cr ainsi. Donc nous serons dans le sens le plus vrai, comme le dit saint Paul (Eph., II, 3), par notre nature, enfants de colre, c'est-a-dire un objet de dplaisir pour Dieu ( lbid. p. 155, 156). Il est donc certain que la nature de la qualit coupable qui nous a t transmise peut consister dans une disproportion entre la raison et les sens, ou pour tre plus court, dans une concupiscence dsordonne dont nous hritons ; ou pour parler avec plus de prcision , dans une disposition ou capa~ cit naturelle hrditaire en nous, qui fait n;
,

'

997

REFLEXIONS SUR UNE METHODE TI1OLOGIQUE.

998

cessairement natre en nous, quand notre ge te dveloppe, cette disproportion et cette concupiscence dsordonne. Je dis, pour le prsent, qu'il est certain que c'est en cela qu'elle du moins j'ignore compeut consister ment on pourrait prouver le contraire. Cela
suffirait:

mais

comme

la

connaissance de

cette nature influe sur la connaissance de la rdemption, sur notre coopration cette

uvre
il

divine, et sur la doctrine de la grce, important de dmontrer que c'est asolument dans cela qu'elle consiste (1). Herms ayant expliqu lui-mme sa thorie, recueillons les prcieuses vrits thologiques qu'il nous enseigne avec emphase. Il recherche, en thologien, l'essence et la nature du pch originel, c'est--dire ce qui constitue proprement la culpabilit transmise aux descendants naturels d'Adam; il cherche, en un mot, pour parler comme l'cole, proprement le formel de ce pch, qui, d'aprs le concile de Trente, est mors anim. Or : 1 Pour dcouvrir en quoi consiste celte mort de l'me, commune tous les descendants naturels d'Adam, il veut que l'on examine ce qui appartenait la nature humaine avant le pch, et qui, aprs le pch, fut perdu pour toujours et qui la changea intrinsquement, de sorte que nos premiers parents ne purent plus le recouvrer, pas mme lorsqu'ils se furent convertis Dieu. Or, c'est prcisment en cela, dit Herms, que consiste la nature du pch d'origine, et ce
est

n'est aulre chose que le dfaut d'quilibre entre la raison et les sens, la concupiscence dsordonne. Je dis que ce principe rpugne la doctrine catholique. Si le formel du pch, si la mort de l'me se trouve dans la perte de cette chose, de manire qu'elle ne puisse jamais plus tre recouvre par la nature humaine, cette mort de l'me devra toujours durer dans les descendants d'Adam, ce pch ne pourra jamais plus tre effac, et l'me ne pourra plus tre rendue la vie ; mais la

doctrine catholique enseigne au contraire que Dieu a institu un moyen qui enlve entirement tout ce qui constitue proprement le pch ou en d'autres termes, qui rend pleinement la vie l'me. Donc le principe catholique enseigne, au contraire, que le formel de ce pch doit se trouver non dans la perle d'une chose qui appartenait la nature humaine, quelle perdit pour toujours, perle qui transforma intrinsquement la nature humaine , mais bien dans la perte d'une chose elle gratuitement accorde dans nos premiers parents, de sorte qu'elle devait se transmettre, par ordre de Dieu, tous leurs descendants , et que, perdue par leur faute, elle pt, par une rparation divine et gra,

rendue aux descendants d'Adam, indpendamment de cette inclination mautuite, tre

vaise qui tait toujours inhrente la nature humaine. L'enseignement d'Herms est donc

diamtralement oppos au principe catholique. 2 11

afGrme qu'Adam

et

Eve

taient, ante

163,464. Ensuite vient celte dmonstration dfinitive fonde sur des arguments tirs de l'autorit et de la raison. Pour ce qui regarde l'autorit, il choisit les passages de l'Aptre (Ep. Rom.) o il parle de la concupiscence , c'est--dire prcisment ces passages dont les novateurs ont si souvent abus pour prouver par l'autorit de l'Ecriture que la concupiscence est proprement pch , et que c'est dans elle qu'il faut pincer toute l'essence du pch originel , comme le prtend expressment Herms, (/est pourquoi il suffit de renvoyer un si grand nombre de thologiens clbres qui ont crit contre les novateurs, comme Bellarmin. L'argument de raison est en somme celui-ci : La qualit ou disposition coupable dans laquelle on doit faire consister le pch originel, n'a pas exist en nous par un acte de notre propre volont mais il ne peut aussi consister dans une soustraction de la bienveillance divine , qui aurait lieu immdiatement en nous cause d'une action libre et non morale d'Adam, sans y contribuer de notre ct. Donc il doit se transmettre en nous physiquement quelque chose de la disposition qui dplaisait Dieu dans Admit, et qui nous rende immdiatement coupables et dsagrables Dieu. Mais ce qui se transmet physiquement doit tre quelque chose de physique, mais doit cire en mme temps spiriluel-mo(I) /6i'd.,page
;

lapsum, justes et saints prcisment cause de ce rapport harmonique qui existait entre la raison et les sens, et que, post lapsum, ils furent injustes et pervers prcisment parla cessation de cette harmonie de ces facults naturelles. Mais le principe catholique enseigne que nos premiers parents ont t proprement et principalement saints et justes par la grce sanctifiante dont ils avaient t orns, par les dons surnaturels qu'ils avaient reus, dons de foi et d'esprance, en un mot pour avoir t crs pour jouir d'un bonheur surnaturel, et pour devenir participants de la nature divine. Certainement le concile do Trente, en disant d'Adam : Sanctitatcm et juslitiam in qua constitutus fuerat amisisse, acceptam a Deo sanctilatem et juslitiam, quam perdidi', sibi soli et non nobis etiam perdidisse, n'a pas voulu dire qu'Adam fut ante lapsum, juste et saint proprement, parce que sa justice et sa saintet taient naturelles, ou

pour lui et pour nous proprement celte justice et cette saintet naturelles, pas
qu'il perdit

influe sur la moralit et dispose la non-moralit. Or, q. telle qualit coupable phybico-spiriluelle-morale se transmet-il, si ce n'est la concupiscence dsordonne? Comme celle-ci, conclut Hernies, a t celle qui naquit dans Adam et Eve avec 'e pch, et resta toujours en eux-mmes lorsque leur ur fut converti Dieu, qu'elle les aurait rendus coupables et un objet de dplaisir pour Dieu mme sans la faute de la libre transgression du commandement divin ; elle (ut donc celle qui changea la nature humaine que Dieu cra, en une nature plus mauvaise et objet de dflaisir pour Dieu. Donc la concupiscence forme loule essence et la nature du pch originel.
rai, c'est--dire qui

mme
core

surnaturelles. Donc Herms heurte ende front l'enseignement catholique. 3 Il soutient que nos premiers parents, par la cessation de ce rapport entre la raison et les sens, ou cause de la concupiscence
ici

dsordonne, auraient t injustes et pervers se seraient pas rendus coupables de la faute de libre dsobissance envers Dieu; ce qui veut dire mme sans avoir commis un acte moral formellement coupable a\ ce une y olonl pleine et entire, mais seulement en vertu de ce drglement habi*

quand mme ils ne

999

DMONSTRATION EVNGELIO.UE. PERROSE.


11

100C

tuel et matriel de leurs faculls.

ne se con-

causa;

et

originis,

ulrum omne peccatum

pas de cela: il affirme de plus que ce drglement par lui-mme, mme sans aucun rapport la faute actuelle (V Adam, par cela mme qu'il aurait pass ses descendants, aurait suffi pour placer ceux-ci proprement dans l'tat des pcheurs, les rendre un objet d'abomination aux yeux de Dieu, et, dans le sens le plus rigoureux, par nature fils de colre. Mais si cette concupiscence habituelle et drgle, si celle inclination physique au mal moral, mme sans l'intervention d'un acle libre quelconque et formellement coupable, suffisait pour rendre par ellemme l'homme pcheur un objet d'abomination aux yeux de Dieu, fils de colre par nature dans le sens le plus rigoureux, et par consquent mritant la damnation ternelle, donc cette concupiscence est par elle-mme, toute seule, proprement et vraiment un pch Or, qu'y a-t-il de plus directement oppos la doctrine catholique, qui enseigne, avec saint Augustin, que etiamsi vocatur peccatum, non utique quia peccatum est, sed quia peccato facta est, sic vocatur ( Lit). I cunt. n. 27 ). qui duus epist. Pelag, cap. 13 enseigne avec le Concile de Trente flanc concupisccntiam, quam aiiquando Apostolus
tente

mme

debcat esse volunlarium (1). Je ne veux pas m'tendre davantage sur cette matire ces quelques considrations
;

prouvent videmment que cetle ide entirement neuve du pch originel dont Herms a voulu enrichir la thologie catholique, n'est en rsum qu'un ensemble de doctrines, sinon identiques, du moins ayant beaucoup de rapport avec celles de Luther, de Calvin, de Baus de doctrines opposes aux rgles infaillibles que nous prescrit le concile de Trente sur celte matire. Mais Herms, imi;

tant parfaitement la conduite de ces novateurs, aprs avoir annonc avec emphase une ide entirement nouvelle, inoue jus-

'.

que-la, cherche un refuge sous l'gide de saint Augustin, en nous disant : Je dois encore observer que le Pre le plus renomm sur cette doclrine, saint Augustin, faisait consister en cela le pch originel. Il crit (/.II,

depeccat.Meril.,c.k)

Concupiscenlialanin

quam

lex peccali

immanens

membris

cor-

peccatum appellat... dclarai Ecclesium cathoUcam7iunquamintellexisse peccatum appellari, quod vere et proprie in renatis peccatum sit : sed quia ex peccato est et ad peccatum inclint ( Sess. V, c. 5 ). Quelle doctrine
pourrait mieux favoriser les erreurs des luthriens et des calvinistes ? Nos autem, dit Calvin, illud ipsum pro peccato habemus quod aliqua omnino cupidilate contra legem, Dei homo litillatur, imo ipsam pravitatem qu ejusmodi cupiditates gnrt, asserimus esse quia in eorum carne residel illa peccatum concupiscendi pravilas qu cum rectitudine pugnat ( Lib. III Institut., cap. 3, n. 10). k" Mais poursuivons. Si, aux yeux d'Herms, pour constituer la nature du pch originel celte transmissi n seule de la concupiscence dsordonne suffit, comme suffisant seule nous rendre par elle-mme fils de colre, c'est- -dire mritant la mort ternelle; et si, ses yeux, dans celte concupiscence doit rsider toute la nature du pch originel, de sorte que le rapport l'action libre d'Adam n'influe en rien sur celle-ci, ils'ensuitqucle pch originel est proprement pch, sans aucun gard la volont dont il tira son origine. Mais si c'est l la vritable doctrine enseigne par Herms, c'est aussi la doctrine condamne en termes exprs dans la propositionquarante-huilimcdcBaus Peccatum originis vere habit ralionem peccali, sine ulla ratione ac respeetu ad voluntatem a qua originem habuit. Il suit en outre que pour fixer l'ide de pch, il n'est point ncessaire, aux yeux d'Herms, d'avoir aucun gard l'acte d'une volont libre ; doctrine pareillement condamne dans la proposition quarante-sixime du mme Baus Ad rationem et definitionem peccali non pertinet voluntarium, needefinitionis quaestio est, sed
:

poris morlis hujus cum parvulis nascitur, in panulis baptizatis a reatu solvitur, ad agorelinquitur (Part. 111, p. 169, 170;. Mais si saint Augustin appelait la concupiscence lex peccali, il ne plaait pas pour cela en elle la propre et vritable raison du pche, ce pch formel que veut Herms. Si sainl Augustin disait que la concupiscence tait jointe la culpabilit dans ceux qui n'taient pas rgnrs, et qu'elle tait spare de la faute dans ceux qui taient rgnrs, il distinguait par cela mme l'une de Vautre, il distinguait dans le pch, de la partie matrielle, comme on dirait la concupissence, sa panie formelle el principale, celle qui constitue la culpabilit ; el celle-ci, d'aprs sainl Augustin, pouvait-elle consister en quelque autre chose que dans la privation del grce sanctifiante, et de la charit par laquelle l'me lait jointe Dieu, et qui se trouve dans l'aversion habituelle de Dieu, parce qu'elle se

mm

trouve dpouille de cetle grce en naissant?

que tous les thologiens catholiques vraiment orthodoxes, mme ceux de la respectable cole augustinienne, ont entendu ces passages du saint docteur pour confonC'est ainsi

dre les novateurs, toujours appliqus donner ses crits un sens forc et corrompu (2).
.

<
<

(dit tres- propos Rel ce sujei) essenlialiler habcl ordinem ad volunialem lih'eram, ita ut .si aliunde quam a volun-

(I)

Omne vcrum pcccalum

larmiii

laie libra nascaur, pcccalum non sil. ttqne an volmilaritim esse debeal non soluni caus;e sed el < essenti qustio esl; ne ullo modo iihputari poail ciilpam, quod millomodo a \oluntate li< lesl liera proccdil(/)e amiss. graii , liv. V, cap. 18). t Bcllarmin, ni Bcan, ni le sa(-2) Je ne citerai ni vain tle Riibeis, ni l'rudil Tricassin, tous en cela d'accord avec sainl Thomas qui explique dans ce sens saint Augustin, mais un thologien irs-connu de l'cole augustinienne, le pre Rerli qui interprtant divers passages de saint Augustin qui ont trait ce

en particulier celui-ci Concupiscentiam manere octu cl prierire realu... concupiscemi reatus in baptismale solvilnr, sed infirmilas manci, eril ainsi : Solvitur auletn in baptismale a reatu, quoniam per < graliamsanciificahlem lollilur al) anima aveisio habisujet, et
:

1001
>

REFLEXIONS SUR DNE METHODE TIIEOI.OGIQUE.


vers
le

1002

Mais comment Herms pourra-l-il chapper l'anafhme que lance le concile le Trente contre celui qui affirme que, par la grce du baptme, nontolli totum ide/uod vcram et propriam peccati rationem habet ? Et
certes celui qui place entirement tlans la concupiscence dsordonne la vraie et propre raison au pch originel, comment peutcatholique que par il professer avec l'Eglise le baptme s'enlve tout ce qui est vraiment et proprement la raison du pch, si toutefois la concupiscence se trouve encore dans ceux qui ont t baptiss? Herms prvient luimme cette objection insoluble et voici comment, je ne dirai pas il dlie, mais il tranche le nud de la difiicult.
;

La concupiscence sans la grce rend Vhomme coupable et un objet de dplaimal.


sir

ne rend plus

concupiscence avec la grce et un objet de dplaisir pour Dieu ou bien dans le sens
la

pour Dieu;

Vhomme coupable
,

d'uerms l'homme est dlivr du pch originel. Et pour tre consquent avec luimme, il nous dit ailleurs que, aux yeux de
:

l'aptre saint Paul, tre dlivr de la conu-' piscence c'est tre dlivr du pch originel p. 168). Or ici comme cela est evi ( Ibid. ,
,

dent,

On nous opposera,
du pch
,

dit-il,

contre

la

nature

originel,

que nous avons dj d,

montre que la concupiscence drgle reste encore dans ceux qui ont t baptiss et que ceux-ci nanmoins, d'aprs saint Paul et le concile de Trente sont dlivrs du pch originel. C'est pourquoi je rponds Quoique la concupiscence dsordonne sans la grce attire Vhomme vers le mal et par consquent vers une disposition qui dplat Dieu comme l'enseigne expressment saint Paul (Rom., VII), il demeure cependant constant que, ds l'instant que la grce est reue la concupiscence ne peut plus faire le mal, que par consquent elle ne rend plus Vhomme cou, :
,

pable
la

et un objet de dplaisir pour Dieu... Donc on ne peut d'aucune manire rejeter la

nature du pch originel que nous avons


(Ibid.
,

prouve

p. 171).

Ainsi il croit en deux mots avoir mis la doctrine catholique l'abri et avoir en mme temps si bien assis son systme que personne ne puisse dsormais l'attaquer. Mais Herms ne fait qu'accumuler ici des ides toujours plus errones. Examinez , messieurs, les propositions renfermes dans La concupiscence sans la <ce peu de lignes qrce attire l'homme vers le mal mais la concupiscence avec la grce ne tire plus Vhomme
,
1
,

concupiscence habituelle et non de Yactuelle. J'adresse donc celle question Herms Ceux qui ne sont pas baptiss les infidles adultes, ont-ils la grce actuelle ncessaire pour vaincre en eux cette concupiscence habituelle qui les entrane vers le mal afin de faire le bien naturel et moral ou bien ne l'ont-ils pas ? S'ils ne l'ont pas donc ils pchent ncessairement donc il existe un pch ncessaire, ce qui est oppos la doctrine catholique la doctrine expresse de saint Augustin. S'ils ont, quand il le faut, l'aide de la grce, donc en eux la grce se joint la concupiscence donc celleci n'entrane plus au mal, donc ils ne sont plus dans un tat coupable et qui dplat Dieu ; donc, d'aprs les principes du systme hermsien, ils sont dlivrs du pch originel sans le baptme. Si Herms venait nous dire qu'il entend parler de la grce sanctifiante et non de la grce actuelle, je rpondrais d'abord 1 donc, d'aprs lui, la grce sanctifiante empche que la concupiscence entrane au mal enlve la concupiscence dsordonne habituelle, ce qui est faux, quia relinquitur ad agonem; 2"donc, si l'homme baptis perd la grce sanctifiante, la concupiscence entranera de nouveau au mal, el elle deviendra de nouveau dominante, et par conil

s'agit

de
:

la

intdis a

Deo.

in

qua aversione macula


est, et

el

formalis

ratio peccati

sit.i

<

baplizaiorum atuue item a captivitate daenionis libcratur. Renia


net lainn actu,

per clwritatem, qu;c in corde diffundilur, anima Deo conjungilur,


-

<

qnoniam manel adhuc niala affectio ac permrbatio facultaium anima: qmc, licet non sit mois spirilualis, est Lamen quasi aniini languor et

niala aniini valeludo, etc. i El il prouve ici qu'ils ont entendu dans le mme sens cel'e culpabilit de la concupiscence, ou le pch originel, ei le Matre des Sentences, et saint Bonaveniure, ei Grgoire de Rimini, et conclut en souscrivant pleinement la doctrine de saint Anselme de concept u Virginia c. 27 Hoc. peccatum, quod originale; dico, aluni intelligre nequeo in eisdem infanlihiis, nisi ipsain quam < supra posni, factam per iuubedicntiam Ada? justitic t dbita nudilaUm per quam omnes lilii sunt ir;e
, : <

De theolog. disciplinis, lil>. XIII, c. 5. ) > C'est donc vainement que les partisans de riiernisianismc

cherchent un appui dans saint Augustin, nu dans ces scolasiiques; et surtout aprs le concile de Trente, d'aprs lequel je soutiens qu'aucun lllolog en vraiment catholique ne peut oser affirmer que Vessence ou le formel de ce pch est dans l.i concupiscence dsordonne-

squent, d'aprs Herms, elle reparatra, dans sa vritable raison formelle, le pch originel de quelque manire qu'on interprle cette doctrine de l'hermsianisme, nous n'y trouvons qu'opposition directe aux doctrines catholiques les plus expresses, et des rapports prononcs avec les systmes errons des novateurs qui tous unanimement appellent proprement la concupiscence un pch formel en elle-mme, et qui font rsider en elle la vritable essence du pch originel. Demandez-le plutt Mlanchton qui, comme Herms, se fonde sur l'autorit de saint Augustin il vous rpondra Disputant ( les catholiques j concupiscentiam pnam esse, non peccatum : Lutherus dfendit peccatum esse supra dictum est Auguslinum dfinire peccatum originis quod sit concupiscenlia. Exposlulent cum Augustino, si quid habet incommodi hc sentrntia. (In corpore doctrin christian p. 6.) Nous avons vu jusqu'ici Herms, imitant les novateurs placer Vessence du pch originel dans la concupiscence dsordonne et dans elle seule. Or faudra-t-il maintenant s'tonner si nous le voyons enlever au pch originel l'ide de faute , et, par consquent, dtruire en lui l'ide de vritable pch ? Non, messieurs, rlonnement cesse pour celui qui
:

Dkmonst. Evaing. XIV.

{Trente-deux.

1003
la vraie et

[iMONSTUATlOJS EVANGELIQUJE. PEBKONE.


,

10O4

judicieuse observation se rappelle <je Bellarmin sur les novateurs, qui, faisant consister le pch originel dans la cotteupiscvnce ont fini par l'anantir, en le prenant dans Je sens impropre et mtonymique (1).
,

cause d'une faute qui a t commise mais parce que nous sommes des tres qui, parleur
disposition d'esprit hrditaire, sont;seulement ports vers une volont actuelle moralement

Le pch Maintenant coulons Herms originel ne renferme aucune perversit morale actuelle de la volont, ni par consquent aucune faute (alsoauch KeineSchuld) cowtracter une telle perversit et y persvrer. Qu'on n'exige pas, et qu'on ne puisse mme supposer dans les descendants d'Adam pour
:

mauvaise 1 ), et par consquent nous ne pouvons que dplaire un Dieu saint, non pas c mime hommes mais comme des' hommes
f
,

aucun acte contracter la faute originelle formellement moral, c'est--dire libre tout le monde l'accordera Herms; mais que, en le contractant, on ne contracte aucune faute, et que, en restant dans cet tat, on ne soit pas dans un tat coupable, aucun thologien vraiment catholique ne lui fera cette concession, , 'imputation aurait donc lieu sans faute, et l'essence du pch originel serait rduite un pur effet, c'est--dire une peine mrite, ce qui est directement oppos tout l'enseignement catholique? Par consquent, poursuit Herms, la premier et vrituble effet de la satisfaction du Christ, c'est--dire le pardon, n'a aucune application par rapport lui, car ce qui nous mettrait dans l'obligation de recevoir le pardon n'existe pas. Je rponds
, ,

f lacs dans cet tat ; d'o il faut conclure (car ce n'est que par le pch d'origine que nous sommes privs de la bienveillance positive de Dieu), que Dieu ne peut pas tre bien port envers nous, sans nous donner en mme temps le secours ncessaire pour rsister aux dr-

glements de

la

concupiscence

car sans cela,

c'est--dire sans la volont de Dieu de nous donner ce secours, quand et comme il sera

ncessaire pour vaincre la concupiscence dsordonne , nous aurions toujours en nous ce qui cause principalement le dplaisir de Dieu, et par consquent toute bienveillance de sa part vers nous serait impossible. Voil comment Herms partant de ses principes, 1 que, pour trouver l'essence du pch originel, il ne faut nullement avoir gard la faute actuelle d'Adam ; 2 qu'il ne doit pas tre question de la grce sanctifiante; 3 que la concupiscence habituelle dsordonne, par elle-mme et elle seule, c'est--dire la disposition physique elle-mme pour le mal moral, constitue toute la nature du pch originel voil, dis-je, comment il en vient par uneconsquence naturelle retrancher de celui-ci toute ide de pch ou de faute (2). Voil pourquoi il l'appelle toujours qualit on dis position coupable, et jamais proprement pch ou faute. Voil pourquoi il accuse saint Augustin d'avoir le premier admis une faute dans le pch originel comme dans l'actuel ,
;

donc que unum Oaptisma in remissionem piccalorum ne regarde pas mme les enfants (2)? 11 n'y a d'aprs Herms aucune faute, aucun pch remettre en eux? Mais, ajoute- l-il, nous pouvons bien dans le pur tat de pch originel tre rendus partieipants de l'inclination positive de la volont de Dieu, que j'ai place en premier lieu, avec le pardon, parmi les effets de la satisfaction du Christ. Car nous avons vraiment besoin de cette bienveillance positive de Dieu ou de la grce sanctifiante mme pour le simple pch originel, ds l'instant que pour l'avoir nous trouvons un obstacle en nous non
,

Voyez le parallle spirituel (pie lait Bellarmin doctrine de Zwinglc, des luthriens et des catholiques (deamiss. arutue, lib. IV, cap. 5). Zwingle soutenait ouvertement que le pch originel n'est pas proprement un pch , mais seulement dans le sens ligure. Or pourquoi tait-il force faire cet aveu? parce qu'd le faisait consister dans la concupiscence dsordonne, cl, d'un aulrecl, parce qu'il ne pouvait considrer la concupiscence proprement confine tm pch, mais,sculeineiil dans le sens figur, seulement comme effet ou cause de pcli, en qimi, comme l'observe Bellarmin, il s'accordait parfaiienicnt avec les catholiques. Luther, au contraire, et ses partisans partaient de ce principe, qm: la concupiscence tait pch. El comme d'un autre cot ils ne voulaient pas reconnatre comme graluilemeni accord et non d le don de la justice originelle, ni par consquent la privation de celle-ci, ils plaaient tous le pch originel dans la concupiscence; mais que s'en suivait-il? Ecoutons Bellarmin i Ex quo sequiiur, ut eliam ipsi < Luthcrani peccaluin originis negent, quamvis acriler pro eo asserendo contra Zwinglium pugueiit. Nani, (ut diximus paulo ante, et suo loco iufra probabimus), coiicnpisccntia illa non est peccatumnisimelo ntjmice (ioirf.), i)u'on examine bien l thorie liermsieime, et l'on 'erra la ressemblance. (g) Outre saint Cyprieii, Origne, saimJean Chrysos(I)
la

de

tome, Anaslase Sinate, saint Jrme, saint Augustin on peut voir le tmoignage rapp ri par Josse Cocceius dans son Trsor catholique, U>n\e\l, Cologn., KiOl, p. 515 et suivantes, |ui tous d'une voix unanime aflirment que le baptme est confr aux enfants in remissioniin peccalorum; le concile de Mi v, clbr l'an 410, condamne expressment et anaihmalise, dans le cliap. 2, quiconque ose nier que l'on confre le baptme aux enfants in remissionem veccatorum,ca qui est encore confirme par innocent I" dans sa lettre crite au mme concile. ue le lecteur fasse attention ce mot seule(1) ment, et qu'd compare ce passage avec les passages suivants (I tiennes qui sont crits dans le mme sens. P.ir le pcli originel nous dplaisons Dieu non par une perversit actuelle morale de noire volont, mais parce que, par une disposition de l'esprit qui nous a t transmise, c'esi--dire par la concupis cen.e dsordonne dont nous avons hrit, nous i sommes ports vers la perversit actuelle de la voet d'autres dont
,

<

lont, cl ports vers elle seule (Part.


t

III, p.

55*2).

Leur concupiscence (il parle d'Adam et d'Eve dans leur pch ) eut alors de la prpondrance contre la raison, c'est pourquoi elle lut non pas celle lois seulement victorieuse, mais encore elle devint dsordonne pour l'avenir, c'est pour cela qu'ils taient si peu disposs se relever de ce profond
tat d'abaissement, que,
tuelle

mme

par

la

condition ac-

de leur nature, ils taient uniquement portes rpter de pareils actes immoraux (Ibid., page 3'0).
1 1

(2) Ibid., p. III, p. 334, 535. Nous parlerons plus tard sur la doctrine que l'on enseigne ici sur manire

dont

le

pcli originel est efface ou sur

la

juttiratin.

i!

ItLFLliMONS SUU UNE METHODE THLOLOGIQIE.


les thologiens, c'est--dire

lotit,

d'avoir mal entendu Vin quo omnes peccaverunt. Voil pourquoi il attaque ouvertement tous les thologiens qui, marchant sur les ont adopt toutes traces de saint Augustin ides errones. Voil pourquoi enfin il ces prtend que le concile de Trente lui-mme a exclu l'ide de faute du pch originel (1) C'est ainsi qu'Herms traite saint Augustin, ce mme saint Augustin qu'il louait tout Yheur? comnvlc- Pre qui s'est le plus d isiinqu sur celte matire, et dont il empruntait l'autorit pour donner du poids son nouveau systme. Ainsi Herms suppose dans tous
,

sur ce sujet les passages sui(1) Que l'on compare La Bible et la tradition (lisent en vants d'Herms parlant du pcb originel pie, par le pch du pre< mier homme, une espce de corruption morale s'est < rpandue en nous, que par elle nous avons reu u coupable. Maintenant, depuis saint A
:

une qualit

qui a commenc le premier, on a coulume d'appeler cette qualit coupable pch originel, et par cotis ment, de l'envisager comme si nous eus<;usliii,

sions

pch dans Adam de la mme manire que nous lchons aujourd'hui (Dogmat., p.I, page 33,
la

dans

Mthodologie).

<
_

i
<

De ce qu'Augustin admet une faute dans le pch originel comme dans le pch actuel, il s'ensuit enfants qn'it doit condamner des peines relles les morts sans baptme. L'Eglise n'admet nullement sess. V, son systme. Le concile de Trente Si realum peccati origiimlis, mais non can, 5, dit p. 111, realuni culp peccali originalis ( Ibid.
,

dans la tradition catholique, depuis saint Augustin jusqu' [unis, dans 1 s souverains pontifes eux-mines l'occasion des propositions condamnes sur cette manire, une erreur crasse et formelle sur un point si essentiel de la doctrine catholique; il suppose un vritable. obscurantisme dans l'Eglise, et il s'attribue lui-mme la vritable intelligence des paroles de l'A plre, annonce comme orthodoxe sa doctrine sur la nature du pch originel, c'est--dire sa nouvelle dcouverte thologique, qu'il ne contient aucune faute et qu'il n'est point un pch (1). El aprs cela, qui osera dfendre, comme on l'a fait, celte thorie d'Herms, prtendant que, puisque le concile de Trente a laiss chacun une libert entire de penser comme plat sur la na lure du pch originel, il lui pourvu qu'on ne touchai pas au dogme de son exislence et de sa propagation, Hernies pouvait bien exprimer librement son opinion Ihologique? Celui qui lira les contro\ erses du cardinal Bellarmin trouvera que Martin Kemnilz opposait aussi celte libert de penser sur le pch, laisse par le concile de Trente, quoique dans une autre inlenlion, quoique. dans une intention diffrente pour accuser le sacr concile d'avoir laiss mettre, sans
,

les

condamner

les

opinions,

les

plus profint

s.

<

page 15-4). Mais les thologiens, au moins depuis saint Auguslin, n'ont pas raisonn de la sorte, lisent conu cette disposition hrditaire coupable sous le nom de pch commis activement par l'homme, gars en cela, comme il parait, par une fausse inierprtalion du passage (liant. V, 12) in quo omnes peccacar ils interprtrent sans scrupule ce verunl peccare, pcher activement.-. Augustin se prononce d'une manire expre-.se et pleine d'assurance sur la nature du vice hrditaire contre les plagiens, et
,

Mais Bellarmin ferme la bouche cet hrtique, en montrant comment celle vnrable. assemble, quoiqu'elle ait vraiment respect tout ce qui lienl la pure dispute scolastiquc, a condamn, par ses canons, toutes les opinions profanes
fix des
et anticalholiques et par l bornes que ne peut franchir selon
,

< < <

ses caprices la thologie scolastiquc (Dcaniiss. grafiai, Ub. V, cap. 5). Or, qu'a fait autre chose Herms, sinon franchir ces barrires, cl, sous l'apparence d'une prtendue ide tiouvelle,

fabrique contre eux la-dessus tout son systme aupart. 111, page 113). L'aceusaiion absurde que lait ici Herms contre saint Augustin et les thologiens en gnral depuis
thropologiqtie [Ibid.,

rajeunir des erreurs condamnes et

saint Augustin, d'avoir regard le pch on</i/<(7 comme un pch actuel commis par chacun des enfants d'A-

dam, montre ou
lotit

ne connat pas ou qu'il entend sentiment de saint Augustin et les Patentai thologiens. Ce saint docteur lui aurait dil non proprielule voluntatis sed origine reos teneri ( Iletract., lib. 1, c. 15, n" 5;. Kl S'il et consult saint [Thomas , suivi sur ce point par la l'oule des thologiens, le Docteur Anglique lui aurait enseign que autre tait culpam naiur, autre eulpam persouw: Ad culpam persona; requ'ui voluntaUmi persqiKB : palet in culpa aluali (pue per uctum per< sicut ad culpain vero natur non son commiilitur t par coiitrequirilur uisi voltmias in natura illa i
qu'il

de travers

le

qui ruinent la pure doctrine catholique? Mais je me suis dj trop tendu sur ce sujet, messieurs; qu'est-il besoin enfin que je vous rappelle que celte doclrine hernisienne sur le pch originel se trouve encore parmi (lies qui oui t expressmeut censure* dans le dcret apostolique Dijutlicartint ecanescerc auctoreiu in coijitalionibus suis, jiluruque in dictis oprribus conle.rrrr absu.rdu, et a doctrina catholic llcclrsi alina : pr<rserlini circa peccatwn originale. Je serai plus court, messieurs, dans l'examen des autres erreurs dogmatiques d'Herms troitement lies les unes aux autres,
:

qtient

dclcclus origmalis jie-tiliic qus honiiui in sua crealione collata est ex voluniale hominis aeei privation dil; > d'o il conclut que le mme d faut ou se trouve : < in qiiolibel homme rntioncm culp;e ba
<
i

vous monterai comme je me le suis propos, en vous exposant ses doctrines, la source de ses aberrations. A la chute de
et je
,

bel quia

per volnntaleni priucipii natur, prinii hdmins, inducs est taira defectus.
dis'..

id

est

sentent.,

31,

p 1, art. 2.

51, q.

I,

ail.

1,

et

ailleurs.
in

lu 2 > Voyez aussi disl. Sed per volunlalent

(I) Innocent VI, dans sa lettre crite Porchev que d'Vorck, condamne comme tant dans l'erreur quiconque assure qnod peccatum originale non est culpa, et quod pro ipsonnllus est culpnndus (Voyez dajis lla\-

n dd., d. de Luc.,
<!28, col. 2).

17.'>0,

t.

<

natura factm est ut hoc per(ieieltir, <;t ideo hic defectus comparals ad nattirain ralionaiv culp;e habel in omnibus in qiiibus inve-

personi tiistentis

Eugne IV dans son instnn

VI, an. 1335, n* 28, pagfl lion pour

les

nitur Cfliisdiialtira accepta a ncrsoiiapeccuiiie(/6irf.,

<

disl.31, art. I)

>

Armniens, dit: llujus saciamenli eflectns est remissio omuis culpai oYiginalis et actualis. > Dana On pourrait citer un llarduin, tome IX. col. (38 Irs-grand noiiilue <t'.iiilin !..
i
i

1007

DEMONSTRATION VNGELIQU. PERRONE.


,

10M

l'homme succde l'immense


rtablissement

bienfait de son grce la satisfaction de J-

tuer une autre hypothse beaucoup plus con-. ciliable avec l'esprit de l'Evangile et la foi

sus-Christ. Tout le monde sait que la doctrine catholique enseigne que Dieu, justement irrit contre l'homme, soit cause du pch originel soit cause des pchs actuels, ne voulut tre apais et se rconcilier avec lhommeque par la victime d'expiation, qui devait s'offrir volontairement dans la
,

orthodoxe

la voici

personne de son Fils unique lui-mme, revtu de notre nature. Tout le monde sait que par
ce sacrifice, o Jsus-Christ s'offrit rellela creix pour nous, il paya le prix de notre rdemption, donna une digne salisfaction la justice divine offense apaisa son Pre cleste et nous mrita les secours ncessaires au moyen desquels nous pussions, en cooprant de notre ct, obtenir notre recon-

point pour satisfaire i sa justice que Dieu exigea une peine pour les pchs des hommes ou une satisfaction, comme condition pour tre de nouveau plein de bienveillance leur gard. Il est vrai que la nature corrompue de l'homme lui dplaisait, et beaucoup plus encore le pch, parce qu'il est saint; mais il n'tait pas irrit contre les hommes, parce qu'il est Dieu. Il
,

Que

ce ne fut

ment sur

pour montrer aux hommes en droit de leur faire subir ou pour leur montrer quelle uvre tait ncessaire, et celui qui devait en tre l'auteur pour satisfaire Dieu, et mriter en effet son pardon et sa bienveillance positive, de madonc
,

exigea
,

quelle peine

il

tait

et obtenir, en persvbien, la vie ternelle. Tout le inonde sait enfin, par quels sophismes les sociniens s'efforcent d'luder la vrit et l'efficacit de cette satisfaction, et de l'expliquer dans un sens impropre et mtaphorique. Maintenant arrivons Herms. 11 traite longuement du dogme catholique de la salisfaction de Jsus-Christ; il s'applique dmontrer ce que l'Eglise catholique croit et enseigne, que. Christ a satisfait la justice divine pour les pchs du monde (Part., 111, il enumre tous les effets qui 254, 255) sont la consquence de la vritable satisfaction du Christ [Ibid., 258, 259). Mais quoi ? Lorsqu'il propose les deux difficults des sociniens contre la satisfaction que JsusChrist a donne Dieu pour nous, savoir: 1 qu'il est impossible qu'un autre satisfasse Dieu pour nos pchs; 2 qu'il est encore plus impossible que Dieu se donne satisfaction lui-mme, Herms nous dclare solennellement que ces objections, d'aprs l'ide commune de l'uvre de la rdemption et de sa ncessit, d'o elles drivent, ont des raisons si plausibles en leur faveur que je crois que, pour ce qui concerne cette ide, on ne peut les Ibid., rfuter d'une manire satisfaisante 261, p. 348). Vous devinez facilement, messieurs, o doit aboutir cette dclaration prliminaire d'Herms. Elle aboutit dire que tous les thologiens catholiques jusqu' Herms , entendant de travers l'uvre de la rdemption et de la satisfaction du Christ, n'ont ni su , ni pu rsoudre les difficults des sociniens, et que par consquent ceux-ci auraient eu enfin raison de rejeter une doctrine jusqu'alors si mal comprise; elle aboutit en un mot insinuer, selon la coutume qu'il suit en thologie qu'il y a une espce d'obscurantisme dans la tradition catholique et dans l'Eglise de Jsus-Christ, qui ne peut tre souille par aucune tache, ni obscurcie par

ciliation

avec Dieu
le

rant dans

nire que, mme en justice, il devait s'apaiser envers les hommes et tre prt leur accorder pour leur salut, tous les secours ncessaires et il voulut leur donner celle preuve extraordinaire de l'amour qu'il avait poui eux, car de cette manire il procurait leur salut d'une manire beaucoup plus efficace que par une restauration gratuite. Or, aprs avoir pos comme fondement celte ide nouvelle de la rdemption, voici comment Herms s'efforce de triompher compltement des
;

objections des sociniens. Or, si la satisfaction ne devait pas avoir lieu parce que la justice de Dieu exigeait une peine pour le pch, mais bien parce que Dieu voulait nous montrer quel chtiment il aurait pu nous infliger, et s'il voulut cela par amour pour nous, c'est--dire afin que nous conussions une juste ide de la dignit et de la majest de Dieu, du pch qui attaque la loi divine, de la saintet de la loi, du dplaisir caus Dieu, afin que dsormais, effrays la seele ide de pch, nous fussions excits par l conserver prcieusement la grce qui nous tait rendue et en user fidlement; s'il voulut cela, dis-je, par ce motif, un autre pouvait bien satisfaire ou subir la peine pour nous, et mme cela tait ncessaire pour que le but que Dieu se proposait ft parfaitement atteint et qu'il pt mieux prouver en
cela son
Si

amour.
,

Dieu pareillement ne se tenait pas pour offens et en effet il n'tait pas irrit contre les hommes de manire ce qu'une expiation ft ncessaire de son ct; mais si, uniquement par amour pour l'homme, pour lui procurer tous ces bienfaits, il fallait une uvre satisfactoirc telle que dans le sens le plus rigoureux elle apaist le Pre, rien n'empchait que Dieu lui-mme pt faire celle uvre ce qui lui donnait le plus haut degr de perfection imaginable, prcisment parce que Dieu lui-mme en lait l'auteur (Dogm.,
i
:

aucune erreur dans


C'est

la doctrine.

pourquoi, poursuit-il, je crois pouvoir, arec plein droit, non-seulement abandonner l'ide commune de l'uvre de la rdemption
,

et

de sa ncessit pour

la

restauration

(ce que personne ne peut me contester, ceci tant purement hypothtique), mais je crois pouvoir en outre substi-

du genre humain

348-360). Je vais maintenant, messieurs, runir tous ces prcieux lments dont se compose le systme hermsien et les comparer avec la vritable doctrine catholique. Herms, il n'y a pas lieu d'en douter, reconnat ici avec tous les catholiques la satislaction relle opre paf le Christ, et avoue en mme temps
p. 111, p.

10:>:J

REFLEXIONS SUR UNE METHODE THOLOGIQUE.

1010

qu'elle tait ncessaire; il reconnat aussi que celte satisfaction tait propre apaiser Dieu, mme dans le sens d'une stricte justice. Comment s'loignc-t-il donc de ce qu'il appelle l'ide commune de la satisfaction cl de sa ncessit, de l'opinion de tous les thologiens, de sorte que celte opinion ne soit pas
la sienne 9
Il admet que la satisfaction du Christ tait convenable et qu'elle tait propre apaiser le Pre; mais le Pre dut-il vouloir et voulut-il rellement tre apais pur elle? Herms dit que non, car 1 il pose comme un principe incontestable que Dieu n'tait pas indign contre les hommes, qu'il n'lut pas irrit contre eux cause de leurs pchs parce que, quoique les pchs lui dplaisent parce qu'il est saint, nanmoins, comme Dieu, il aime les hommes, mme lorsqu'ils sont pcheurs. 2 Par consquent Dieu, de son ct, n'avait pas besoin d'expiation et il ne devait point par justice exiger quelque peine personnelle de la part de l'homme, et il ne l'a point exige par consquent dans la satisfaction du Christ. Donc 3 le Christ, en souffrant et en mourant pour l'homme, n'a pas subi ces peines comme dues en effet pour nos p,

hommes l'amour de Dieu pour eux, pour leur inspirer une haute ide de la majest de Dieu, l'horreur du pch, l'amour de la vertu, comme il nous le dclare lui-mme, et dans ce sens mme il rtablit la nature humaine, mrita la grce aux hommes. Mais toutes ces choses jusqu'ici n'indiquent point un paiement, une dlie acquitte par le Christ par une vritable substitution. Donc le Chrisl n'a pas pay dans le sens propre, n'a pas rellement sold le prix d la justice divine par l'homme pcheur; en un mot il ne fut point dans le sens propre le rdempteur de l'homme, prcisment ce que veulent les sociniens.
prement

Le Christ apaisa-l-il provritablement Dieu l'gard de l'homme par sa satisfaction. La doctrine catholique dit absolument oui; mais, d'aprs les principes d'Herms, on devrait rpondre non. 11 faut ncessairement supposer que celui qui s'apaise l'gard de quelqu'un se regarde comme offens, soit indign, irrit conlre la personne qui il pardonne. Mais Herms nous dit en termes clairs et prcis que Dieu ne se regardait pas comme offens
2 Je
:

demande
et

par

les

hommes,

qu'il n'tait

nullement

irrit

chs, comme demandes en divine afin que la colre

effet

par

la justice

de

Dieu

conlre

l'homme ft apaise; mais il les a souffertes pour montrer l'homme ce que Dieu aurait pu exiger de l'homme dans l'hypothse qu'il
et voulu les exiger, ce qu'il n'a point fait, pour lui montrer ce qui aurait t ncessaire pour apaiser pleinement Dieu, dans l'hypothse qu'il et t irrit contre l'homme, ce qui n'tait pas et le tout pour que l'homme apprt par l'a mieux connatre la grandeur de la Divinit offense et concevoir une horreur salutaire du pch. Or, si c'est l la thorie d'Herms, j'affirme qu'il dtruit d'un ct ce qu'il lve de l'autre que tandis qu'il combat les sociniens pour dfendre la doctrine catholique, il attaque celte mme doctrine et se rapproche des erreurs des sociniens. Et, en effet, 1 je demande Le Chrisl a-t-il proprement et vritablement paye la justice divine, par une vritable substitution, les peines que l'homme devait rellement encourir? La doctrine catholique rpond absolument oui. Mais, d'aprs les principes d'Herms il f.iudra dire non. Si la justice divine n'exigeait aucune peine extrieure el relle de la pari de l'homme, parce quelle ne se tenait pas offense par le pch commis par lui, comment le Christ pouvait-il, par une, propre et vritable substitution, payer pour l'homme Dieu ce que Dieu n'exigeait nullement de la part de l'homme? Si Dieu ne voulait pas demandera l'homme pcheur, pour satisfaire sa justice, quelque peine, quelque dette acquitter, comment le Christ, ne remplissant pas la condition, a-t-il pu dire qu'il s'tait substitu l'homme comme son garant pour payer la detle que celui-ci devait acquitter? Donc le est mort vritableChrist a souffert il ment pour l'homme, mais dans un sens tout diffrent, c'est--dire pour manifester aux
; ; , : ,

contre eux cause de leurs pchs, qu'il n'avait pas besoin, pour ce qui le concerne, d'tre apais, qu'il aimait les hommes, quoique pcheurs et mme comme pcheurs. Donc le Christ n'apaisa pas vritablement et rellement le Pre. Il est vrai que, d'aprs Herms, les souffrances du Christ auraient t une digne satisfaction pour apaiser Dieu mais toujours dans l'hypothse que Dieu se lt tenu pour offens par l'homme et qu'il et t irrit contre lui. Or ce cas n'exislail pas. Donc il n'a pas t rellement apais dans le sens propre du mot, mais seulement, si l'on veut, dans un sens tout autre; c'est--dire que Jsus-Christ, par ses souffrances, servit Dieu d'instrument pour montrer son amour ineffable pour l'homme, pour lui inspirer une haute ide de sa majest divine, pour exciler en lui l'horreur du pch, l'amour de la vertu et de la saintet, etc. Donc il faut entendre dans le sens impropre tous ces passages des Ecritures qui nous parlent de rconciliation, de pacification opre par le Christ. Donc il faut enlendre dans le sens impropre ces prires que l'Eglise adresse au Pre ternel dans sa liturgie Deus qui prelioso Filii lui sanguine placari voiuisti (in officio pretiosiss. sanguinis).Co fui donc seulement dans le sens impropre que Jsus-Christ fui pacificateur, caution et rdempteur des hommes. Les sociniens veulent-ils autre chose? TQuiconqueexamineavec soin l'uvre factice d'Herms ne trouve plus dans la grande uvre de la satisfaction et de la rdemption de l'homme qu'une espce de feinte et d'ostcntalion de la part de Dieu, et s'il m'est permis de le dire, une espce de scne de thtre. Dieu ferait connatre les chtiments qu'il pourrait exiger dans sa justice de la part des hommes pcheurs par la passion et la mort de son Fils revtu de l'humanit, mais en ralit il n'exigerait rien de leur part. Dieu ferait connatre aux hommes ce
:

ivl
ijui aurait t ncessaire p:iscr, et nanmoins il
1

1>EM0NSTRATI()N EVANGEL1Q0ET. PF.tUlONT.


(

1012
,

pour pouvoir l'ane voudrait point tre, et cela n'aurait pas t ncessaire de ^on ct Dieu ferait semblant d'tre offens, irrit par les pchs des hommes, et cause d'eux il frapperait son Fils innocent revtu de la forme humaine, et il ne serait nullement irrit; que dis-je? il ne cesserait mme pas d'aimer les pcheurs! Quel contraste dans ces ides 4 Mais que dire du principe fondamental sur lequel Herms btit tout ce nouveau systme de la rdemption et de sa ncessit, principe d'aprs lequel Dieu ne se regarde point offens par l'homme cause du pche, et n'est point pour cela irrit contre lui ? II est trs-vrai que Dieu aime toutes les cratures comme tant l'oeuvre de ses mains, et qu'il aime plus particulirement l'homme cr son image; mais cela n'empche pas que Dieu hasse, non-seulemeut le pch, mais la qualit de pcheurs dans les hommes qui en sont coupables et par consquent, il est galement trs-vrai qu'ils sont en concret l'objet Ac l'aversion, de" l'indignation et de la punition Dieu, tant qu'ils restent tels. N'est-ce pas l ce que disent les Ecritures dans ces phrases et d'autres semblables Odio sunt Deo impius et impie/as ejus Deo odibiles; odisli omnes qui ope;
!

thrien Calovius Seripla ynli-socinian p 11, 1G77, lit. III, de Salsfct. Christi, p.
123, 199).

Mais o Herms a-l-il pu trouver celte prtendue ide nouvelle de la rdemption Remontons, messieurs, jusqu' ses principes, et nous en dcouvrirons aisment la source. Comme vous l'avez vu, il ne voulut jamais reconnatre en Dieu autre chose qu'une jus'!

tice

qui

favorisait les droits de

l'homme,

rantur iniquitalem

abominatio Domino cor

pravum,
fient

N'est-ce pas l ce que signisupplications que l'on adresse Dieu quand on le prie d'loigner de son peuple pcheur iram indignalionis suce; quand on menace les pcheurs de la colre du Seigneur irrit lis qui sunt ex contentione, et qui non acquiescunt verituti, credunt aulem iniquitali, ira et indignatio; Rcvelutur ira Dei de clo super oninem impie! at e m el iniquitalem hominum eorum qui veritatem Di in
etc. ?

mais jamais une justice qui punit, d'aprs laquelle Dieu offens se devait lui-mme la rparation de ses droits mconnus. Comme on l'a vu, il ne voulut pas admettre la gloire de Dieu comme fin dernire de l'uvre de la cration; il tablit seulement comme fin dernire la flicit Aa l'homme, et la plus grande possible, et par consquent Dieu devait d'aprs lui diriger lout vers celle fin, par pur amour pour homme, et sans avoir aucun gard pour lui. Or, aprs avoir pos ces deux principes, il comprit bien que la doctrine enseigne jusque-l par la tho'ogie sur la rdemption et la satisfaction tait incompatible avec ses principes. Que faire donc? les abandonner ? Jamais car ils sont Vigoureusement exigs par la raison pratique. Il fallait plutt changer la doctrine sur la satisfaction et la rdemption, de manire ce qu'elle s'adaptt ces principes. Voil comment, au moyen du fil indicateur qu'Herms nous met dans la main, nous pouvons aisment par1
;

les

courir tous

les dtours,

comme
le

il

les appelle

lui-mme, de son labyrinthe philosophicothologique, et en trouver


et la fin.

commencement

injuslitia detinent, etc. quand Dieu se plaint hautement d'tre dshonor, outrag, mpris par le pcheur? En un mot, le langage que
;

tiennent nos livres sacrs n'est-il pas entirement oppos ce principe d'Hernies, que

Dieu ne se regarde nullement comme offens par l'homme, qu'il n'est point son ennemi, qu'il n'est point irrit contre lui cause du pch ? Or, messieurs, pensez dans votre sagesse si une thorie comme celle que je viens de vous exposer-sur la satisfaction el la rdemtion du Christ, ne serait pas accueillie avec les plus grandes dmonstrations de joie par les sociniens? Quiconque connat les subtilits et les sophismes auxquels il ont recours pou r luder la vrit de la satisfaction de.JsusChrist la place de celle de l'homme, ne s'apercevra malheureusement que trop que les
principes sur lesquels Herms vomirait lever la doctrine catholique sont prcisment ceux que les sociniens ont invents et qu'ils nous opposent avec confiance pour la dtruire. Je ne veux pas, pour appuyer mon assertion, renvoyer aux uvres des catholiques sur celte matire; mais j'invoquerai le tmoignage d'un protestant qui combattit courageusement les sociniens colui du lu,

A celte chane d'erreurs thologiques qu'il enseigne sur la rdemption de Jsus-Christ, j'ajouterai un nouvel anneau qui se rattache naturellement notre sujet. Je veux parler de la descente de Jsus-Christ ad inferos, et de l'tat de bonheur dont jouissait son me avant de monter vers son Pre. Sans plus tarder, coutons quelques dcisions qu'Herms nous donne comme rgle de la foi orthodoxe. 1 L'me du Christ alla, en se sparant
du corps, vers
le

monde
sens

infrieur

(commude

nment

l'enfer), c'est--dire elle entra dans Vlal commun toutes les mes humaines s-

pares. Tel est


foi,

le

littral

de

l'article

et

par consquent

c'est dj

un dogme

Mais au moins elle entra dans un tat naturellement heureux que pouvait l'tre celui dont pouvait jouir en cet endroit la plus sainte de toutes les mes humaines spares. Ceci est certain comme observation thologique mais non comme un dogme
aussi
,

dfini. 2

elle ne jouissait pas tandis qu'elle tait dans le monde infrieur de la vision inluilive de Dieu ; ceci est certain d'aprs la Bible, mais non comme dogme dfini {Partie 111, 2G9, /). 395). Voil ce qu'il a\.iuce. Je ne m'arrterai

dfini. 3

D'un autre ct
,

encore

pas au premier canon, certainement de fabrication nouvelle et contraire l'opinion gnrale des Pres el de ceux qui ont expli,

*013

RFLEXIONS SUR UNE MTHODE THOLQIQUE.


le

10
;

que

symbole, c'est--dire que descendu ad

inferos, dans le sens littral entendu par l'Eglise, ne signifie autre chose, sinon que l'aine

oe Jsus-Christ enlra dans


toutes
les

['tat

commun

mes spares, ce qui vent dire, comme chacun voit, que Jsus-Christ mourut, et supposerait que dans le sens de l'Eglise l'me de Jsus-Christ, hyposlatiquement unie la divinit, dut partager entirement le sort que rserve la loi gnrale toutes les mes des simples mortels; tandis que, sans citer d'autres preuves, le catchisme romain, en expliquant ce passage du symbole, observe expressment que l'me de Jsus-Christ dut descendre ad inferos pour tout autre motif que les autres mes spares (1). Mais le sujet sur lequel je suis forc d'ap.

deux natures en Jsds-Chrisl dans les sublimes prrogatives communiques la nature humaine de Jsus-Christ par celte intime et ineffable union; el d'o naquirent les difficults proposes par les Pres et par les docteurs pour concilier les souffrances et les douleurs de Jsus-Christ avec le bonheur dont il jouissait, bonheur qui provenait de la vision intuitive de l'essence divine? Et, quoique l'on employt divers raisonnements pour rsoudre ces difficults vint-il jamais dans l'esprit de quelqu'un, je ne dis pas de nier, mais seulement de mettre en doute que l'me sainte du Christ jout d'une telle vision? Et quel est le fondel'union des
U'
,

peler votre attention, messieurs, ce sont les

deux propositions suivantes, par lesquelles Herms n'accorde l'me de Jsus-Christ


dans les limbes des saints Pres autre chose qu'un bonheur naturel aumoins tel qu'il pouvait convenir l'me la plus sainte, et lui refuse expressment la vision batifique de Dieu, comme il l'enseigne encore ailleurs d'une manire trs-prcise (!). Et il ne balance pas appeler celte opinion certaine d'aprs le tmoignage de la Bible. N'est-ce pas
l

ment bibliqued'aprs lequel Herms annonce comme certain, quoique non dfini, son sentiment trange el erron? Serait-ce ce que dit le Sauveur Madeleine Noli me tangere, nondum enim ascendi ad Patremmeum ?
:

attaquer directement

et vilipender l'ensei-

gnement catholique? Qui ignore parmi les thologiens que les Pres et les docteurs enseignent que l'me de Jsus-Christ, ds le
premier instant de sa conception, jouit de la vision intuitive de Dieu ? Qui d'entre eux ignore que celte doctrine a un fondement inbranlable, 1 dans l'union hypostalique par laquelle l'me de Jsus-Christ, ds le premier instant de sa cration, fut choisie, comme la foi l'enseigne pour exister .et subsister dans la personne du Verbe di2 dans l'identit de la nature et de vin la personne divine dans laquelle et par laquelle existait la 1res -sainte humanit 3" dans de Jsus -Christ la doctrine de
, ;
, ;

a-t-il de commun entre ce passsge vision batifique du Christ avant son ascension? Examine qui voudra les commentateurs qui ont expliqu ce texte, et cela ne ne servira qu' prouver que quiconque s'carte de l'enseignement catholique, quoiqu'il cherche s'appuyer sur l'Ecriture ne fait qu'en abuser et lui donner un sens force pour lui faire dire ce qu'il veut. Mais si Herms refuse l'me de JsusChrist la vision intuitive avant l'ascension au ciel, il semble de plus refuser son corps sacr, au moment de la sparation, l'union indissoluble avec la divinit? De l, ditil, naissent deux questions. La premire O resta l'me du Christ, lorsqu'elle fut spare du corps aprs la mort de la croix ? Je parle de l'me du Christ unie la divinit,

Mais qu'y
et la

(1) Herms ne nie point que Trne de Jsus-Christ en descends ni ad inferos ail piravoir une mission spciale, il l'admet mme expressment mais celle mission, dit-il, est prouve comme consquence tire d'un anIre principe, elle descendit ad inferos dfini par l'Eglise ne dit autre chose, sinon que Jsus-Christ lut sujet la loi commune de toutes tes mes spares el qu'il y aurait galement sujet quoique sa descente ne se tt pas jointe une iiu particulire. Il taxe par coiis |iieni de sentiment erron celui qfti veut que Jsus-Christ ail <l aller ad inferos pour un inoiii'dill'renl de celui des autres mes sentiment positive ment exprim par le catchisme romain que nous avons cit. (i) Ibid., page 390. El il eu donne la raison < car si, d'pis la volonl du Pre, l'homme Jsus (?) de v.ul jouir le premier de la vision batifique de Dieu, < donc, lundis que Jsus-Chrisl tait dans le monde infi ieur, c'i'si -dire avant la rsurrection, aucun mme de ceux qui taient les plus jusies, m; jouissail de la vision de Dieu, prcisment parce que
;

car la divinit lait insparablement unie avec son me humaine; avec le corps aussi, mais seulement au moyen de l'me (Ibidem, p. 306). Or si la divinit lait insparablement unie seulement avec l'me, et si elle l'tait ensuite seulement au moyen de l'me, donc, l'me tant spare du corps, la divinit, insparablement unie avec celle-ci, se spara du corps du Christ. Doctrine formellement contraire la dclaration de l'immortel Pie VI. dans sa bulle dogmatique Anctorem fidei contre le synode de Pistoie, o il dtermine le sens de la proposition LX1I1 de ce synode. Item in eo quod cultores cordis Jesu hoc eliam nomine argut (synodus) quod non adverta)it sanctissimam carnem Christi, aut ejus partent aliquam, aut etiam humanitalem lotum cum separationc, aut prcisione a divinilate adoQuasi fidles rari non posse cultn latri. cor Jesu adorarent cum separationc, vel prcisione a divinilate, dum illud adorant ut est

<

Jsus (?) alors n'avait pas eu encore ta vide Dieu, comme le prouvent d'une manire certaine ces paroles expresses de J^usr.hrlsi, cites par saint. lean (XX, 17), qu'il adressa
sion
rcite

Vlwmme

cor Jesu, cor nempe personte Yerbi, cui inscparabililer unitum est, ad eum modum quo esangue corpus Christi in triduo morlissine separationc aut jinccisione a divinilate adorabile fuit in septtlcro. capliosa etc.. 11 paral clairement, par les paroles d'Herms, qu'il n'a point saisi le sens, mais qu'il a plu> DU abus de ce principe adopt par les Pres,

Marie-Madeleine

<

Je ne

suis pas encore

mont

que

le

Verbe

pril le corps

vers

mon Pre.

ces expressions devant lre entendues

medianle anima, dans

1015

DEMONSTRATION EVANGEL1QIE. PERRONE.


tout diffrent,

lu'.*}

peut le voir dans Ptau ou, si l'on veut, dans saint Thomas. Quel jugement faut-il porter sur celui qui s'gare de la sorle dans une matire si dlicate; c'est votre perspicacit et votre sagesse prononcer. Reprenons maintenant le cours des erreurs d'Herms. Il importe de voir comment sa doctrine sur la justification, comme la fleur qui crot sur la lige, n'a t que le fruit des doctrines qu'il avait avances sur l'tat de l'homme avant sa chute, sur le pch originel et sur la rdemption.
C'est ainsi, dit-il, que nous devons comprendre que nous sommes dlivrs du pch

un sens

comme on

mais parce que ce sacrement accomplit une


condition positivement impose, celle d'tre runi extrieurement l'Eglise du Christ. De l ilestfacile de comprendre qae, n'ayant pas une ide convenable du pch originel, par consquent point d'ide dtermine sur la manire dont l'homme en est dlivr, Pelage n'ait jamais pu se figurer qu'il ft possible

originel. Pour les hommes qui, par suite des dispositions hrditaires de leur esprit, ne sont pas ports vouloir rellement le bien moral et par consquent dplaisent Dieu, Dieu, cause de la satisfaction de JsusChrist, ade nouveau lavolont positive porte leur accorder interieurcment.soni.ecoMr.ssMr-

que tous les hommes fussent justifis et lavs du pch originel par le Christ (comme l'enseigne saint Paul Rom. V,18), et nanmoins que lous ne fussent pas sauvs, quoiqu'ils n'eussent pas commis des fautes graves, comme il arrive aux enfants morts sans baptme (Part. III, p, 338 et suiv). Faisons une courte analyse des lments thologiques que renferme la thorie que je viens d'exposer. Et d'abord, messieurs, vous remarquerez avec moi comment, vers la fin, Herms, qui se vante d'avoir retrouv, aprs tant de sicles, une ide nouvelle et la seule
vraie sur le pch originel, sur la rdemption et la satisfaction, etc., dogmes sur lesquels rgnait avant lui un vritable obscurantisme dans la thologie catholique, a les mmes prtentions pour ce qui concerne h} justificaIl dit sans dtours comment, pour ne pas avoir des ides justes sur ces dogmes, on avait regard jusque-l comme incomprhensible le sens de l'Aptre (Rom. V, 18). c'est--dire qu'on ne pouvait comprendre comment tous les hommes sont justifis par le Christ, quoique lous ne se sauvent pas, mme sans avoir commis des fautes graves. Vritablement le concile de Trente croyait avoir suffisamment clairci la question ,

naturel pour vaincre la concupiscence dsordonne (pour vaincre en eux le pch originel), en reconnaissance etexcutiondc la doctrine et de l'exemple de Jsus-Christ, eu gard la loi naturelle, quand et de la manire qu'ils ont besoin d'un tel secours. C'est pourquoi ils ont de nouveau la capacit de vouloir rellement le bien moral, et ils sont par consquent de nouveau l'objet de la bienveillance de Dieu et hritiers du ciel, s'ils vitent d'ailleurs tous les pchs graves et s'ils observent tous leurs devoirs, ce qu'ils peuvent taire avec la capacit qui leur a t accorde d'une manire surnaturelle. Celle-ci renferme ou suppose la dlivrance de la mort et de l'esclavage du dmon. Telle est la justification habituelle correspondante l'ide du pch originel, laquelle, par rapporta JsusChrist, s'tend tous les hommes, comme le pch originel, cause d'Adam, s'tend aussi tous les hommes; d'un autre ct, par un ordre exprs de Dieu, elle existe premirement dans l'individu par le sacrement de rgnration en Jsus-Christ et non sans lui; au moins, aucun de ceux qui l'Evangile a t annonc ne peut tre dlivr du pch originel et tre justifi s'il n'a reu ce sacrement ou s'il ne dsire le recevoir. On peut
tre justifi par le moyen de la sanctification intrieure seulement, c'est-dire par le parfait amour de Dieu. Ce sacrement doit donc tre considr comme con-

tion.

quand

il

disait:

omnibus mort nus


bus

Verum ctsi ille (Christus) pro est, non omnes lamen mords
,

ejus beneficium recipiunt

sed

ii

duntctxat qui-

meritum passionis ejus communicatur (Sess., VI, c. 3). Mais le concile de Trente n'entendait rien cette mthode analyticoeuristique, qui devait jeter un si grand jour
sur tous les dogmes catholiques, et il resta, par consquent, lui aussi, envelopp dans cet obscurantisme thologique qui rgnait partout (1) Or, quel est ce systme nouveau ? Herms dislingue une double justi ficat ion, l'une habituelle, qui regarde tous les hommes et les dlivre du pch originel; l'autre actuelle, propre aux seuls adultes. Oui ne
!

nanmoins

non comme intgration de la justification. La justification habituelle doit


dition
et

mme devenir justification


fication...
telle

actuelle et sanctiest

dans celui qui

direction,

c'est--dire

capable d'une dans celui qui

est capable draison; car la rhabilitation actuelle et morale de l'homme comme cire rai-

(1) Les divers exemples pie nous avons cils prouvent avec vidence que toute la thologie d'Herms ne sert qu' confirmer ce qu'il avanait d.ms la premire page de la prface, soo Introduction philosophique, savoir que ce ne fui qu'aprs un trs-grand nombre d'annes de recherches qu'il s'tait fermement convaincu que tous les dogmes, mme les plus connus de la thologie taient galement recouverts d'un
:

sonnable est son dernier but.... Que le sacrement de rgnration puisse tre reu, mme avant la foi. c'est--dire par celui qui n'a pas l'usage de la raison, cela se comprend , car il ne fait atteindre la juslification (habituelle) aucun perfectionnement,
(puisqu'il ne

demande, pour

tre

complte-

ment reu, aucune coopration de l'homme);

sens resierail cach , cl sujet des quivoques, si chacun d'eux n'tait envisag comme partie intgrante d'un .-ysime complet, et si on ne se ci dt ce syslme par la voie de l'investigation (entendue dans un sens contraire la mthode synthtique qui est si commune), et s'il ne nous taisait passer par tous les dtours du doute. Voil le s^eul moyen qui pouvait sauver la thologie catholique et par consquent l'Eglise catholique de ce voile pais d'obscurantisme !
voile, (pie leur vritable

1017
voit

RFLEXIONS

SIJK

UNE MTHODE THOLOGIO.UE.


se fait d'une

i(M8

que ces expressions thologiques sonl ici employes d'une manire impropre, pour ne rien dire de pire? La justification, quand
elle a lieu,

n'esl-elle pas toujours actuelle, qu'elle regarde les adultes ou les enfants? N'est-elle pas, proprement parler, le renouvellement ou la sanctification de l'homme, un passage du vritahle tat du pch celui de la justice et de la saintet? Donc el'e doit se produire par acte et non par habitude, quoiqu'elle soit insparable d'un tat habituel de saintet et de justice , tant qu'on y persvre. La diffrence de la justification dans ceux qui son', incapables de l'usage

manire surnaturelle et qui peut seule rendre l'homme capable de faire non-seulement le bien simplement moral, mais le bien surnaturel et qui mrite la vie ternelle. Lorsque Herms ne cesse de nous parler du bien moral, et qu'il nous dit que la
fin

dernire de la justification est la rhabilitation morale de l'homme comme tre raisonnable, et autres choses semblables que l'on

de la

raison et dans les adultes qui en sont capables consiste dans les dispositions qui, pour ces derniers, doivent tre actuelles, comme aussi dans les fruits de la justification qui peuvent actuellement tre produits dans les seuls adultes, je veux parler des bonnes uvres, qui conservent et
,

trouve chaque phrase de son systme thologiquc ne confond- il pas et ne mconnat-il pas la diffrence essentielle qui existe entre l'ordre naturel et l'ordre surnaturel? 3 La justification qui s'opre par l'anantissement du pch originel, mme dans
,

les enfants, n'cst-elle pas, d'aprs les princi-

pes

catholiques, intrinsque

l'homme?

N'est-ellc pas pour l'homme une rgnration intrieure et un passage de l'tat de pch celui de justice, rgnration par la-

augmentent la justice habituelle. Mais poursuivons examinons en quoi consiste, aux yeux d'Herms, celte justifica:

tion habituelle, qui dlivre du pch originel. Elle consiste dans une volont positive ou dcret de Dieu d'accorder l'homme les secours internes, actuels, ncessaires, quand
et de la manire qu'il en aura besoin pour vaincre la concupiscence dsordonne, ou
,

ouvertement Herms, pour vaincre en soi le pch originel. Or 1 si l'anantissement du pch originel consiste dans la volont positivedeDieu d'accorder l'homme, dans un temps favorable, la grce actuelle pour vaincre en lui le pch originel, donc ce pch, qui n'est pas encore vaincu, et qui ne peut l'tre que par la grce donne dans un temps plus opportun existe encore et se cache, mme dans celui qui a t lav dans
dit
,

comme

sommes pas seulement rpumais nous sommes vritablcmenljus/es, comme dit le concile de Trente? Or, d'aprs Herms sa prtendue justification, opre par la destruction du pch originel, consiste tout entire dans la volont de Dieu, dans un dcret de Dieu relativement une grce qui ne s'accorde pas actuellement, mais qui sera accorde l'homme quand il en aura besoin et de la manire qui lui conviendra. Comment donc l'homme pourra-t-il se dire, dans le sens catholique, intrieurement justifi et sanctifi par cela seul, quand il ne s'oprera rien intrinsquement en lui ? Serat-il donc justifi par cette non-imputation extrinsque du pch originel? Telle est la consquence naturelle du principe de l'hermsianisme; mais c'est prcisment la doctrine des novateurs formellement condamne par
quelle nous ne
ts,
,

le concile de

Trente.

l'eau de la rgnration. 2" L'homme qui est sous le poids du pch originel n'a-l-il pas, absolument parlant, la capacit de vaincre la

dirai-je encore de celte justification universelle, qui s'tend tous les hommes en

Que

concupiscence dsordonne et de vouloir actuellement le bien moral? La doctrine catholique rpond que oui; autrement l'homme
pcherait ncessairement,
ailleurs.

gnral et chacun en particulier, correspondant au pch originel, qui s'tend aussi

tous les

hommes

enfants

d'Adam

Que

dirai-

comme

il

a t dit

souvent il ne le peut moralement, cause de la difficult de la chose en elle-mme, de son violent penchant pour le mal des tentations ou d'autres obstacles internes ou externes, ne reoit-il pas deDieu cette grce mdicinale qui, d'aprs la doctrine catholique, s'accorde mme aux infidles par les mrites de Jsus-Christ, grce par laquelle on peut vaincre ces obstacles, et rparer l'intgrit perdue pour faire simplement le bien mural? Les infidles seront-ils donc justifis et dlivrs du pch originel? Seront - ils donc Vobjel d'une bienveillance positive, de la part de Dieu, par cela seul qu'ils auront la capacit de faire purement le bien moral? Ce sont les consquences naturelles du systrr.c hermsien mais ce ne sont pas celles de la doctrine catholique, qui fait consister en tout autre chose le pch originel la mort de l'me que contracte tout enfant d'Adam et qui ne peut disparatre que par cette rhabilitation relle, en Jsus-Christ, qui
si
,

Que

veut que cette justification, quoique universelle, pour se raliser dans l'individu, par un ordre positif de Dieu, soit insparable du baptme? de ce principe qui fait regarder le baptme, au reste, comme une simple condition, et non comme partie intgrante de la justification, qui n'est qu'un signe de l'agrgation extrieure l'Eglise? Je ne dirai que quelques mots sur ce sujet. 1 La doctrine catholique admet-elle une justification qui ne soit pas une justification? Or telle est celle que rve ici Herms. Que Dieu, par les mrites de Jsus-Christ, veuille vritablement et sincrement sauver tous les hommes, et que, dans l'ordre impntrable et toujours juste de sa sagesse, il prpare et, s'il s'agit des adultes, il accorde d'une manire plus ou moins prochaine ou loigne les moyens ncessaires pour les faire arriver tous ad agnitionem veritatis, quoique un grand nombre n'y arrive pas, c'est lace qu'enseigne l'Eglise catholique; mais qu'on soutienne que tous les hommes puissent se dire justi^
je de cet autre principe qui

(019
fis,

DEMONSTRATION VANGLIQUE. PEHKONE.


quoiqu'ils ne parv iennent poinl \ajus-

10-20

tificalion, pi qu'ils restent

toujours dans le

pch originel,
catholique.

c'est l, il faut le dire, une ide vritablement nouvelle dans la thologie


jt. nanmoins, c'est l -dessus qu'Herms fonde sa nouvelle dcouverte du

vritable sens de l'A poire., et qu'il veut faire la leon au concile de Trente, qui dclare l'endroit prcit Sicut rvera nomip.es j nisi
:

ex semine

Adw
(

nascrentur

ivjusti...

renascerentur non en acte) nunquam justi ftcarentur (Sess.,


,

propageai nascerentur, non ita nisi in Christo c'est--dire en puissance

bien qui nous est donn par ceXiebienveillance. faut se figurer la premire par rapport Dieu comme existant en lui, et vraiment comme un tal (als ein zustand) et par rapport a nous, comme une simple relation avec Dieu qu'elle tablit en nous. Il faut se figurer au contraire la seconde, encore par rapport Dieu, comme manant de lui, comme un acte de lui; et, par rapport nous, comme une opration transcunte en nous ou mme nous, et par consquent existant en nous
Il

immdiatement ou mdiatement. Il suit de l que la premire, par rapport Dieu, tant

VI

c.

S).

Trouve-t-ohdans l'enseignement catholique que le baptme est une pure condition. et non partie intgrante, de la justification? Si le baptme ne signifie pas seulement mais
2"

comme un tat, faut se la figurer encore comme durant et permanente, et faut mme faire la mme chose par rapport nous
il il
;

contient et produit la grce, ex opre operato i comme tous les autres sacrements; s'il est vritablement un moyen, un instrument de rgnration, de saintet, qui purifie et sanctifie vritablement; s'il imprime un caractre indlbile dans l'me de celui qui le reoit 'i. pour toutes ces raisons, il est ncessaire aux enfants de ncessit de moyen, aux adultes de ncessit de prcepte ou in re, ou in. voio, n'est-ce pas une erreur bien grande que de le considrer comme une simple con;

mais l'autre tant un acte de Dieu, il faut se la figurer galement comme permanente, et par rapport nous comme transeunte en
,

dition, c'est--dire comme, une chose purement extrinsque la justification ? .1 Trouve- l-on dans l'enseignement catholique que le baptme soit un pur signe de la runion extrieure l'Eglise? N'est-il pas vrai que par le baptme le fidle n'est pas seulement extrieurement joint au corps de l'Eglise, mais qu'il appartient intrieurement l'aine de celle Eglise? Et cette doctrine, qui considre le baptme comme un pur signe d'une agrgation extrieure, n'esl-elle pas conforme celle des novateurs qui a t condamne par le concile de Trente [Sess., VI, cun. G ), doctrine par laquelle ils enseignent que les sacrements ne sont que des signes extrinsques ou des marques de profession du christianisme, qui distinguent extrieure-

ment les fidles des infidles? J'aurais beaucoup dire sur cette justification hermsienne, mais je dois nie rappeler les bornes que je me suis prescrites en commenant ce
discours. Mais, comme je vous ai promis, messieurs, de vous dire quelque chose sur la partie du systme d'Herms qui regarde la grce sanctifiante, je terminerai par l mes considrations , quoiqu'il soit ais de deviner quelle est sa manire de penser sur ce sujet, puisque la nouvelle ide de sa grce sanctifiante sert de fondement toutes ses erreurs que

consquences de cette opration continuent en nous ou pour nous. A cause de. sa dure universelle, les thologiens ont appel la premire gratia habitualis..., on la nomme encore gratia aclualis (P. 11!, p. 425). La grce permanente ou habituelle est une bienveillance de Dieu envers l'homme, cause des mrites (satisfaction) du Christ (Ibid., p. 428). Je parlerai d'abord de la transeunte et ensuite de la grce permanente, car celle-ci est le fondement et la condition de factuelle, et par consquent c est par la ncessit de celle-l qu'on peut mieux prouver la ncessit de celle-ci {Ibid., p. 430). Ce passage suifit pour noire dessein ; contentons-nous d'en faire l'analyse. Herms admet ici, lune distinction essentielle entre la grce habituelle ou sanctifiante et la grce transitoire ou actuelle; 2 il enseigne que la grce habituelle ou sanctifiante rside uniquement en Dieu, comme son mode d'tre, comme son tat, mais non pas dans l'homme; '3 qu'il ne faut se la figurer dans l'homme que comme un simple rapport qu'elle tablit envers Dieu k" que la grce sanctifiante ou habituelle est le fondement et la condition de Yactuelle. Est-ce l la doctrine catholique, ou plutt n'est-ce pas le renversement de ce que la doctrine catholique enseigne sur la grce
ce sens
les
;

nanmoins que

sanctifiante? Je ne m'arrte pas ce qui, sur sa nature, peut fournir matire aux disputes de l'cole; mais j'affirme, i que, d'aprs l'enseignement catholique, la grce sanctifiante doit tre intrinsque , inhrente au juste: elle doit tre une intime communication de Dieu avec son

me, qui

la purifie,

l'illumine,

lui

donne

la

vie et la sanctifie formellement, et par consquent y tablit d'une manire spciale son

nous venons de

rfuter.

Nanmoins

pour

prouver

ce

que

j'ai

avanc, je vais cilei un passage d'Herms o il traite exprs de la grce sanctifiante en tant qu'elle se dislingue de la grce actuelle: La grce, crit-il, par rapport au bien que Dieu accorde l'homme, se divise premirement en deux espces principales, savoir, en celle qui consiste dans la bienveillance de Dieu envers nous, et en celle qui consiste dans un

Est autem gratia (dit le catchisqui expliqueleconeile de Trente), quemadmodum tridentina synodusab onmibus credenilum, pna unathematis proposita, decrevit, non solum per quam peccatorum fit remissio.sed divina qualitasin anima inha?rens, ac veluti splendor quidam et lux, qu animarum nostrarum maculas omne? delet, ipsasqua animas pulchriore* et sphndidiores reddit (In
habitation
:

me romain

tract, de Bapt.).

que nous donnent de

Telle est l'ide magnifique la grce sanctiflanta

loii

RFLEXIONS SUR UNE MTHODE TwEOLOl.iylE.


le

10-22

tes saintes Ecritures et les Pres de l'Eglise, qui vont jusqu' dire que l'Esprit saint, par elle, s'unit substantiellement, o*-,oJ;;,rme

champ

du juste

(1).

Or

tout le (ion de la grce sanc-

pour Herms, de la part de l'homme, un simple rapport avec Dieu, c'est-dire une chose extrinsque l'homme, et qui ne rside pas, n'est pas inhrente en lui. Elle se rduit une bienveillance extrinsque, une faveur extrinsque de Dieu, et parconsquenlqui n'est quedans Dieu seul et qui l'excite accordera l'homme, selon ses besoins, les secours actuels ncessaires pour faire le bien moral. En un mot que l'on compara la
tifiante se rduit

doctrine catholique sur la grce sanctifiante avec la doctrine des novateurs, et l'on verra que la thorie hermsienne s'loigne d'autant plus de celle-l qu'elle s'approche davantage de celle-ci. 2 La grce sanctifiante est, d'aprs Herms, le fondement et la condition de la grce Gc/e//c;etil ne peuten tre autrement si pour iui la premire de ces grces n'est qu'une bienveillance positive de Dieu, qui lui fait accorder quelquefois l'homme les secours actuels internes c'est pourquoi si celle grce sanctifiante, ainsi entendue, n'existaitd'abord, Dieu n'aurait point des raisons vraies et lgitimes pour pouvoir ou vouloir accorder l'homme la grce actuelle. Mais, s'il faut ad;

dcret apostolique de condamnation, ce philosophico-thologique est trop fertile en erreurs de ce genre. Mais aussi j'ai la confiance que, dans l'exposition cl l'examen de ces doctrines errones, vous aurez pu facilement connatre leur origine, leur dveloppement, leurs liaisons et leur analogie car il tait trs-important de jeter le plus grand jour sur l'esprit et le vritable systme d'un crivain tel qu'Herms, qui ne marche comme il l'avoue lui-mme, que par des circuits et des dtours Or si, en terminant, nous nous demandons nous-mmes d'o sont pro venues toutes ses aberrations sur des points de doctrine d'une importance vitale pour la foi orthodoxe et la thologie catholique, o pouvons-nous en trouver la raison si ce
;
, !

n'est principalement dans celte tueuse et perfide qu'il a suivie

mthode dans les


:

tordis-

putes thologiques

observateur de imposes l'une d'un doute universel et perptuel, doute contraire la saine philosophie, mais beaucoup plus encore la nature divine de la foi et de la science thologique; l'autre de n'admettre rien comme vrai tant qu'il n'y tait pas contraint par sa double raison individuelle, il fit passer, pour ainsi dire parcelle filire tous les dogmes catholiques, et voulut les prouver et les purer dans ce creuset. Aussi,
?

Rigide

deux

lois qu'il

s'tait

mettre celle thorie, il s'ensuil que si l'homme n'est pas d'abord Yobjet de celte bienveillance positive de la part de Dieu, ou, pour parler le langage d'Herms, s'il n'a pas d'abord celle grce sanctifiante, il ne peut recevoir de Dieu le secours de la grce actuelle. Quel sera donc le sort des infidles, de ceux q*i n'ont pas t rgnrs, le sort des pcheurs? Ils seront entirement privs des secours actuels de la grce divine. Telles sont les consquences qui dcoulent directement du principe d'Herms, et ces consquences ne sont pas seulement contraires renseignement catholique, mais de plus elles sont contradictoires d'autres assertions, par lesquelles Herms lui-mme reconnat que des grces actuelles sont accordes avant la justification. Donc, de quelque ct que l'on examine celte thorie sur la grce sanctifiante, clic ne prsente qu'absurdit, qu'erreurs contraires la doctrine catholique, et nous n'a\ons vu malheureusement que trop comment, applique constamment par Herms aux autres dogmes, elle a suffi pour les dnaturer et leur faire perdre et leur beaul et leur orthodoxie. Je termine, messieurs, je n';ii parl que de quelques vrits catholiques altres par lierms, car, comme je le ferais observer en

quoiqu'il puist

au besoin aux deux

vrita-

bles sources de la science thologique, les livres saints et la tradition, il le fit toutefois de manire que souvent, au lieu de sou-

mettre respectueusement la raison l'objectivit rvle, la doctrine vraiment catholique, il voulut que celle-ci se plit cl s'accommodt la rgle suprme qu'il avait

choisie pour son guide unique dans sa mthode Idologique, c'est--dire sa raison individuelle; ce qui fit dire quelques-uns, non sans fondement, qu'Herms avait dict une thologie a priori. Par celte mthode, j'admets qu'il le fit sans en prvoir les suites funestes, il introduisit un rationalisme subtil

videmment au dans le camp catholique dtriment de la foi et de la vritable doctrine Idologique, qui peuvent seules donner aux lves du sanctuaire, et pour eux et pour les autres, la chaleur et la vie. Ainsi Georges Herms, de nos jours, renouvela sous plu,

commenant

ce discours, et

comme

le

dclare

(I) Voyez entre noires choses ce qui a cl recueilli sur ce sujet par l'lan et Tlioinassin. Que l'cole heriisii'inie ne craigne point que le piinlltisme suit la consquence naturelle d'une telle doctrine sur la grce saiiciHiante, ou plutt, qu'elle condamne, si elle cil, tous ces saints Pres Gomme panirisies! (Voyez mon traii du loc.tlieolog. part. I, cap. 2, n. H, put.
III,

rapports les erreurs thologiques d'Abailard et laissa une grande leon aux sicles prsents et futurs, nous apprenant par ses aberrations comment, surtout dans la la thologie catholique, l'esprit doit tre contenu dans de jusles bornes, modrer la hardiesse de ses spculations, marcher avec respect sur les traces toujours sres de la vnrable antiquit, et couter l'enseignement unanime tics coles catholiques. Ainsi un grand fleuve, retenu naturellement par ses bords, coule majestueux et paisible cl portant enrichit les contres qu'il arrose
sieurs
,
,

art.

2,num.

123).

l'abondance dans les champs et l'aisance dans les cits commerantes mais si la fureur de ses ondes brise et franchit les digues qui le retiennent captif, il se prcipite
;

10-2"

DEMONSTliATION EVAtNGELIQUE. PERRONE.

lu'il

et l

rommo un
vagabondes

torrent
cl

1res et

aux eaux noirn'apporte aux campa-

d'alentours que la dsolation, la terreur et les ruines

gnes qu'il traverse

et

aux

,>ays

99

H bssevtatum
SUR LE TITRE

D'GLISE CATHOLIQUE,
QUE S'ATTRIBUENT LES COMMUNIONS SPARES

DE L'EGLISE ROMAINE,
Lue l'Acadmie de
la

Religion

Rome

le

8 juin 1843,

PAR LE

R. P.

JEAN PERRONE,
B.,

TRADUIT DE L'ITALIEN PAR M. L'ARBE TH.


.>

CUR DE DOMAZAN

(Gard).

Un difice lev et magnifique va se perdre dans les nues il est pos sur un rocher immobile pendant une longue suite de sicles,
;
:

ses

son

marques distinctives, ses prrogatives, nom mme. Dmontrer comment, contre toute apparence
,

les

furieuses temptes les inondations plus dvastatrices l'ont battu de toutes parts pour le faire crouler. Inutiles efforts loin de s'branler, il ne s'est que plus solidement assis en bravant toutes les forces des puissances contraires. II se montre avec majest par les marques seules de son antique origine, el, attirant ainsi sur lui dans tous les ges les regards des mortels, il offre un asile sr et ami chacun de ceux qui cherchent dans son sein un refuge dans leurs prils. Telle est, si je ne me trompe, messieurs, la plus fidle image de l'Eglise catholique fonde sur Pierre par le Sauveur. Toujours frappe, mais jamais abattue; toujours la
les plus
, :

mme
est

en magnificence
,

et

en stabilit depuis

plus de dix-neuf sicles de dure, cette Eglise

toujours debout conservant toujours l'empire des temps et des lieux. Jetons au contraire nos regards sur les sectes non catholiques de toutes les gnrations; nous leur trouverons une parfaite ressemblance avec d'informes habitations jetes comme au hasard sans aucune rgle d'architecture sur un sol peu solide ou un sable mouvant. Au moindre souffle des vents, la moindre irruption des eaux, elles se rduisent en une masse informe de matires; et ces matriaux, quoi serviront-ils leur tour, si ce n'est lever d'autres constructions plus chtives

et mme contre toute vraisemblance, les sectes que la foi ou la communion spare de l'Eglise romaine s'obstinent toutes galement s'attribuer le titre glorieux d'Eglise catholique, tel est l'argument et le but de la dissertation qui nous occupe. Et d'abord pour ne laisser aux ennemis de l'Eglise aucun subterfuge nous renfermons notre sujet en trois propositions. Dans la premire nous montrons que le titre de catholique est un titre incommunicable et propre uniquement Y Eglise romaine; dans la seconde, qu'aucune communion spare de Rome ne peut, sans une honteuse contradiction, s'arroger un tel titre; et dans la troisime, que la seule appropriation de ce litre constitue, de lapait de ces sectes, et la preuve la plus irrfragable de la vrit de l'Eglise romaine, et la plus formelle condamnation

de vrit

de leurs propres Eglises. Dans la grande lutte religieuse qui en ce moment agite le monde et notre sicle, et laquelle l'esprit et le cur ont tant de part, dans cette lutte qui doit dcider du retour de tant de personnes qui

encore

et

auxquelles

le

mme

sort est in-

failliblement rserv. Et cependant qui le croirait? ce sont ces sec tes qui ont port et portent encore la suffisance jusqu' vouloir faire contraste avec celte mme Eglise de Jsus-Christ, jusqu' s'attribuer ses proprits,

incessamment entre la vrit et l'erreur, je me persuade bien, je suis mme assur, que celle discussion ne sera pas sans quelque utilit, qu'elle portera quelques fruits de salut. Ces fruits d'ailleurs ne peuvent manquer d'tre le partage des mes droites fatigues de tant de controverses pleines de partialit, troubles par d'interminables contestations, elles ne cherchent plus que le repos et la paix avec elles-mmes et avec Dieu.
flottent
:

Il

s'agit donc ici d'une question vitale d'une importance infinie, d'une question de fait et

1025

PKElfifSTIOiN l*ES

HRTIQUES A LA CATHOLICIT
connaissant d'autres bornes que celles de notre globe. Je dois dire la mme chose de l'universalit de temps; car la mesure de la dure de cette mme Eglise doit, depuis son origine, s'tendre jusqu' la consommation de toutes choses. Je pourrais fortifier celle vril par le tmoignage de la Bible et de !a
tradition

de droit qui marque et mesure l'immense distance qui spare toutes les fausses Eglises d'avec l'unique et la vritable Eglise de Jsus-Christ. Ce point, une fois bien connu de celui qui s'est loign du droit sentier, doit, son grand bonheur, infailliblement l'y ra-

mener.

Employer sur sa propre autorit un titre dont on n'a pas une juste ide, c'est s'exposer le transporter d'un objet un autre et mme en faire l'application des choses tout fait disparates et diamtralement opposes. C'est ce qu'on vitera si d'abord on en dtermine la signification el que l'on en saisisse la juste valeur. Quelle est donc dans la dernire rigueur du mot l'ide renferme dans le titre d'Eglise catholique? 11 faut commencer par observer qu'il y a la plus troite union entre l'imit el l'universalit (1) que, pour parler mme avec plus d'exactitude, Vunit est comprise dans l'universalit, de sorte qu'en dsunissant, qu'en sparant ces deux lments, la signification du mot catholique disparat tout fait. Distinguons, en effet , pour un instant l'unit de l'universalit, il ne nous reste plus dans le mot ca, ;

unanime

l'une el l'autre, un consentement reconnat, n'ont jamais ce mot catholique attach d'autre ide que celle que
:

le

nous prsentons. Si le Sauveur nous entretient de son royaume, de sa bergerie, de son Eglise, c'est toujours d'un seul royaume,
d'une seule bergerie, d'une seule Eglise qu'il parle c'est un royaume qui s'tend sur toute la terre, une bergerie qui embrasse l'ensemble de tous les croyants, c'est une Eglise qui est de tous les ges. C'est toujours aussi un seul corps mystique, une seule Epouse vierge et sans tache de Jsus-Christ, que l'aptre nous signale. Tous les saints Pres, depuis l'illustre Ignace, martyr, ne distinguent l'unique et vritable Eglise que par le nom du catholique. Les martyrs n'employaient
:

galement que ce mot pour

faire

comprendre

tholique que l'ide de dispersion, de diffusion, de dissipation c'est l'ide que l'on pourrait se faire, par exemple, d'une immense alluvion laquelle on appliquerait fort mal le nom de fleuve, de lac, de mer, mais trs-bien celui d'irruption, de dbordement, d'inondation, parce qu'il y a ici l'ide de dsordre. Si vous distinguez donc l'universalit de l'unit, il ne reste plus, comme on le voit, que l'ide d'isolement, de sparation, de solitude.
:

que le mol catholique est un mot synthtique ou compos; c'est l'intime et harmonique rsultat de l'union des deux ides que je viens de prsenter sparment. Et d'abord j'ai dit unit cl non union, parce que je n'ai pas voulu faire entendre seulement une unit matrielle ou une aggrgation quelconque, mais l'unit que dans nos coles nous appelons formelle el dont l'essence est

De

il

suit

constitue par le duit. En ce sens celle de vrit visible', unique.


:

l'ide

principe mme qui la prode l'unit correspond c'est une ide simple, indi-

leurs perscuteurs l'unit de l'Eglise dont ils taient membres et laquelle, par l'effusion de leur sang, i.s rendaient tmoignage. Les paens ne l'appelaient- ils pas eux-mmes catholique, dominante? Celait le ternie dont ils se servaient pour indiquer le but que devaient atteindre leurs traits. Se mirenl^-ils jamais en peine d'attaquer les sectes dissidentes, comme l'atteste fort bien Eusbe? Tandis qu'ils inondaient la terre du sang catolique ils souffraient tranquillement que les hrtiques passassent leur vie dans le sein de la paix. Quant aux crivains du quatrime et du cinquime sicle, nous avons d'eux des traits entiers sur ce tire catholique. Citerons-nous ceux d'Olatius, de Pacien, d'Augustin, qui se sont propos de combattre les novatiens et les donatistes ? Qu'il nous suffise de signaler le plus important de tous, celui du grand Cyprien contre les hrtiques et les schismatiques de son temps. Mais la division
,

que nous avons adopte ne nous permettant


pas de dvelopper fond cette question, c'est assez pour nous de l'avoir en peu de mots rattache notre sujet. De ce que l'ide d'unit est renferme dans celle d'universalit il suit clairement que le titre dont il s'agit n'appartient qu' une seule,

Par rapport au sujet que

nous traitons, le principe de l'unit drive essentiellement de l'identit de foi entre tous les membres qui composent la mme Eglise, et qui, par l'identit de la mme communion, forment tous ensemble un corps moral, un et indivisible. Et ainsi ni la multitude des lieux, ni la suite des sicles ne peuvent droger une telle unit. Dire donc Eglise catholique, c'est dire Eglise indivisible, une, de tous les temps, de tous les lieux. J'ai dit en second lieu universalit, parce que j'entends parler ici de celle Eglise qui de sa nature cl par ses tendances doit embrasser tout l'univers, en sorte qu'elle ne saurait tre circonscrite ni limite par aucun lieu, ne rc(1) Universalit drive

communion

seul tout, el signifie : qui est de mme de catholique


tout.

de versus, vers, cl nuuni, un forme un seul loin. H en /*t*, vers, cl iUi, un seul
:

une seule socit, et qu'ainsi toute socit, toute communion spare de celle-ci, qui es! unique, ne sauraity prtendre: ce titre seul tablit formellement leur exclusion Voil cequi montre que toutes ces socits ne sont infailliblement que de vritables sectes rprouves par le divin fondateur de celte Eglise unique, la seuie catholique et par consquent la seule vritable. El, en vril, mme en passant sur loute autre considration, comment pourrait on ;iltribuer plus d'une socit le litre de catholique? Ne seraiton pas forc pour cela ddire que l'Eglise ne
,

serait
les

qu'un assemblage dctoules les erreurs, plus contradictoires pour la plupart, une agrgation de toutes les sectes qui s'excluent

10-27

DEMONSTRATION VANGL1QUE PERRONE.


condamnent mutuellement
?

<028

et se

Ce serait,

iiimiiic l'a imagin de nos jours l'anglican Palmer, uneEglise forme la manire d'une mosaque, de diverses pices et de diverses couleurs. Or qui ne voit combien est absurde une semblable ide? quelle est enfin, nous diraS'il en est ainsi t-on celte unique Eglise laquelle appartient exclusivement un litre si glorieux et qui lui srail tellement propre qu'il ne conviendrait qu' elle seule? La rponse est facile, et,
,

l'autorit et la sollicitude de Pierre, qu'il tablissait ainsi le pasleur de toute sa bergerie ; c'est Pierre qu'elle nous dclare avoir t donne la charge de confirmer dans la foi ses frres; c'est lui qui, le premier,

quoique cela puisse leur dplaire, il faut bien que les sectes le sacbent l'Eglise romaine est seule cette Eglise; il ne peut y en avoir d'autre. Et, pour faire disparatre une misrable quivoque laquelle ses ennemis n'ont
:

pas quelquefois bont de recourir, il faut bien observer que par le litre d'Eglise romaine nous ne voulons pas dsigner l'Eglise particulire de ce nom, le diocse de Rome mais bien toutes les Eglises particulires runies celle de Rome comme leur chef et leur centre commun, et qui ne forment avec elle, par l'identit de foi et de communion, qu'une seule bergerie, qu'un seul corps, une seule Eglise. Cela pos, si nous faisons l'application de l'ide que nous avons attribue au mot catholique c'est--dire de l'unil dans ide conforme aux saintes l'universalit Ecritures au sentiment de l'antiquit la nature mme des choses, si nous montrons qne cette ide convient parfaitement l'Eglise romaine, nous aurons d'une manire invincible prouv notre assertion. Je dis donc que celle Eglise, jouit seule de l'unit que j'ai appele formelle, ou qui s'engendre et dcoule de son principe: ce principe est ici l'autorit infaillible que le S mveur, ainsi que le eonfessnt unanimement tous les catholiques, a communique au chef du corps piscopal uni ce corps. Sur ce point il n'y a pas diversit d'opinions. De ce principe dcoule ncessairement l'identit de foi dont, tous les individus de cetle Eglise doivent unanimement faire profession sous peine de l'anathme et de la sparation d'un tout si parfait. Du mme principe suit encore que tous les membres de ce grand corps sont lis entre eux et unis en mme temps au chef visible de ce mme corps sous une gale peine d'analhme et de sparation qui les ferait cesser d'tre catholiques : C'est dans ce lien intime que consiste identit de communion. De plus, l'origine du principe dont nous parlons remonte aussi haut que celle de l'Eglise de Jsus-Christ et sa dure doit tre la mme que celle de cette Eglise, essentiellement une et perptuelle. Ainsi, parsa constitution comme par sa nature, l'Eglise romaineest une el en dure et en tendue ; elle porte donc en elle le caractre de l'unit dans l'universalit n'estce pas dire par l que de sa nature elle est
, , , ,
,

usant de ce pouvoir, ouvre les portes del naissante Eglise aux Juifs et aux paens c'est lui qui visite toutes les Eglises fondes parles autres disciples c'est lui qui prside au premier concile et y donne sa dcision, qui est reue de tous avec respect; c'est lui qui approuve les Eplres de saintPaul;et enfin, comme le royaume de Dieu, dans les desseins impntrables de la Providence devait tre enlev l'ingrate Jude pour tre transfr aux gentils Jrusalem cessant d tre la mtropole de la religion antique, c'est encore par Pierre que Rome celte mtropole des superstitions idoltres , va tre constitue la mtropol ternelle de la religion du Sauveur. Ds l'instant o Pierre porte l'tendard de la croix sur les cimes du Capitole Rome est reconnue, elle est publie la capitale elle centre de l'Eglise catholique.
;

Depuis lors il n'est jamais survenu dans quelque vnement d'importance dont les successeurs de Pierre n'aient t i'me et la vie. C'est au tour de ce cenlre que de l'Orient l'Occident, du Midi au Septentrion, toutes les Eglises particulires viennent se grouper. Deux cent quatre-vingts pontifes se succdent pendant prs de dix-neuf sicles et gouvernent tour tour avec une
l'Eglise

suprme autorit

la catholicit,

que

l'on voit,

sous les auspices de ces pontifes suprmes et en vertu de la mission qu'ils confrent, s'largir et s'tendre en proportion des nouvelles plages dcouvertes de sorte qu'il n'y a point de lande si inhospitalire poinl de contre si loigne o les souverains pontif<s ne comptent des sujets. Et ce qui est bien digne de notre admiration, c'est que, par unedeslinee unique dans les annales de l'univers, Rome ait t choisie de Dieu pour gouverner le inonde paen par la force, et le monde chrtien par l'autorit! Mais il est temps de rassembler lesdiverses parties ou les fils disperss de notre dmonstration, de les rejoindre et d'en serrer le nud de l'argument qui forme le sujet de notre premire proposition nous avons dmontr que le titre de catholique renferme ncessairementdans l'ide qu'il prsente l'unil dans l'universalit, qu'en ce sens ce litre est incommunicable toute socit divise de l'unique socit laquelle il convient et doit uniquement convenir nous avons gale; , : ;

ment montr que


l'Eglise

celte

socit

n'lait

que

romaine. Concluons-en que le litre de catholique est uniquement propre la seule Kglise romaine el qu'aucune socit spare de celte Eglise ne pourra jamais y
prtendre.

culltoli</ue?

cette vrit avec les historiens cits qui l'ont tous si solidement tablie. L'Ecriture, qui nous donne l'origine de l'Eglise du Sauveur, nous la reIl

serait inutile de confirmer

ici

prsente fonde sur Pierre elle nous rapporte que le Christ lui-mme l'a confie
:

Ce n'est pas tout pourtant, car je dois ajouque les sectes ne peuvent sans une honteuse contradiction s'airoger un pareil litre. Et quand je parle, messieurs, de contradiction, j'emploie ce mot d'une manire gn' raie en effet, il se rencontre ici des contra'
ter
:

1059

PRTENTION DES HRTIQUES A LA CATHOLICIT.

10.-0

dictions de toute espce : contradiction de droit et contradiction de l'ait, contradiction

d'origineel contradiction dedveloppemcnts, contradiction de temps et contradiction de lieux, contradiction de doctrine, contradiction d'organisation et enfin contradiction de nom. Et ces contradictions ont toutes un caractre si frappant d'absurdit, qu'elles doivent couvrir de honte les sectes qui prtendent ainsi s'appliquer elles-mmes le titre incommunicable d'Eglisecatholiquc. Il nous sera aussi avantageux que facile de relever ici une une toutes ces contradictions; la vrit de notre seconde proposition n'en apparatra que sous un plus grand jour. C'est ce que nous allons entreprendre aprs une courte rflexion que nous croyons de rigueur. Ce n'est pas d'aujourd'hui mais de tout temps, que les sectaires , tant hrtiques que schismaliques, ont mpris d'abord le litre de catholique; leur conscience aurait trop souffert, elle aurait cri trop haut, s'ils avaient commenc par se l'attribuer. Ils ont donc prfr assaillir de mille noms odieux les catholiques: ils les ont appels psychiques, c'est de ce nom qu'usaient contre eux les montanistes tantt ils les qualifiaient de tratres comme firent les donatisles, tantt de superstitieux et d'ignorants, comme affectaient
, ; ,

leurs catchismes ce mot appliqu l'Eglise dans le symbole des aptres, et lui substiturent celui de chrtienne : bien plus, dans

confrence qui se tint Altembourg en 1568 entre les luthriens, les lecteurs de celle secte, ayant adopt, comme de Luther, certaines paroles par lesquelles cel hrsiarque aurait assur que tel sens tait le sens
la

de le faire les gnosliques et les manichens ; ianiid'impurs ct' immondes, comme faisaient les novaliens ils les nommaient omusiens (ou consubstantiels) avec les ariens, anlhropoIdtres (ou adorateurs de l'homme) avec les apollinarisles, melchites avec les eutyehens, traduciens et manichens avec les plagiens; c'est ainsi que les novateurs modernes se plaisent les appeler encore romanistes , papistes pontificaux , etc. Les anciens sec; ,

taires frmissaient d'indignation,

comme

les

nouveaux frmissent encore, en entendant les


orthodoxes se traiter de catholiques. Les premiers en poussaient les hauts cris, comme le l'ont encore ces derniers. Mais, s 'apercevant bientt que tous leurs efforts taient inutiles et que le litre de catholique n'en restait pas moins fortement fix celte Eglise unique et perptuelle, dont l'origine remonte aux apont t donnes des marques de distinction d'avec les socits anlichrliennes qui s'appropriaieut faussement la dnomination d'Eglise chrlienne ils ont chang de tactique. Ne pouvant donc enlever cette qualification honorable l'Epouse du Christ, ils ont essay de s'en orner eux-mmes. C'est ce qu'onllait les donatisles, les ariens et les novaliens c'est ce que dans les temps suivants firent aussi les autres hrtiques. C'est pour dvoiler leurs trames que lessainls docteurs fixrent des rgles certaines, propres a distinguer la vritable Eglise catholique d'avec les sectes impures qui, contre toute justice, se paraient d'un tel nom. Parmi ces docteurs nous comptons saint Cyrille de Jrusalem, saint Pcien , saint Augustin. Les sectes modernes ont suivi la marche des anciennes elles se sont d'abord dchanes contre le nom de catholique; d lin seul trait elles rayrent en premier lieu de
tres et laquelle ds le principe
, ;
:

calholique de l'Ecriture Cette phrase qu'on doive entendre quelque chose catholiquement, n'est pas de Luther, rpliqurent incontinent les luthriens saxons; tant tait connue des partisans de Luther l'horreur qu'il portail cette parole catholique, pour eux si odieuse (Voyez lesuvres de Stapleton, t.l, p. 2, coutroc. 1 ,quest. k, art. \,p. 572). Pleins de ces sentiments, les mmes sectaires ont condamn hautement le clbre Fulke, membre deleursocil, qui a prouv, quoique sa propre confusion, que l'Eglise de Jsus Christ devait tre catholique et de nom et de fait (In Nov. Teslam. p. 378). Calvin, qu'on ne peut accuser de pcher par timidit arriv dans ses constitutions l'exposition du symbole, pour n'avoir pas l'air d'oublier le litre de catholique affect l'Eglise se rsout s'en dbarrasser par quelques mots qu'il en trace pniblement, prfrant se borner l que de se couvrir de honte en dfigurant le symbole. Beze croit se tirer d'affaire, en dclarant simplement que le mol catholique est un mol vide de sens (Prf. in Nov.Testam.). D'autres se consument d'efforts pour le dtourner de sa vraie signification, pour lui en appliquer d'autres aussi varies que nouvelles ; i's l'entendent tantt de ceux qui admettent l'Evangile, comme l'a fait la confession d'Augsbnurg, tantt de ceux qui professent le symbole d'Alhanasc, ainsi que le veut Muscolo, tanllde ceux qui conservent pleine et entire la vritable doctrine, ou de ceux qui ne sont niHbreux ni infidles, comme l'onlsoulenu plusieurs luthriens et calvinistes (Voyez Stapleton, cl); il en est enfin qui l'ont entendu de ceux qui soutiennent la succession de la doctrine qui nous a t transmise sans l'intermdiaire des successeurs des aptres et parmi ceux-ci il faut compter un grand nombre d'anglicans modernes. Toutes ces interprtations avaient dj t inventes par les donatisles et par les plagiens, et elles leur sont attribues par saint Augustin. Mais cet artifice ne leur russissant pas davantage, les sectaires en sont venus en dsespoir de cause, ainsi que leurs devanciers, s'attribuer simplement eux-mmes le litre illustre d'Eglise catholique. On a donc vu tout coup les Eglises catholiques pulluler de toutes parts; elles semblaient natre comme par enchantement. On n'enlcndait parler que de l'Eglise catholique lu Ihriennc, de l'Eglise calholique rforme, de l'Eglise catholique anglicane, de l'Eglise calholique grecque, de l'Eglise calholiquo grco-russe, de l'Eglise catholique vang!ique,de l'Eglise calholique d'Utrechl et enfin de l'Eglise calholique de ChTel, car nous nous abstiendrons de citer une foule d'autres Eglises prtendues catholiques de moindre
: ,

101

DMONSTRATION VANGLIQUE. PERRONE.

1032

importance, dont cependant sont remplis les crits modernes. C'est ici surtout que se manifestent ces contradictions multiplies que nous avons numrcs et dont il est temps de vous entretenir. Nous avons dil contradiction de droit. N'est-ce pas en effet sans preuves, sans documents, et mme contre la nature des choses, que les sectes prtendent rendre commun aune foule de socits divises et oppo-

mme entre elles un litre un et indivisible, que cel ui d'Eglise universel le, ti Ire qui, dans l'ide qu'il prsente, embrasse et renferme
ses
tel

tout entire la socit laquelle il convient? dire du mme sujet cl sous le mme raport qu'il est universel et particulier, de un et tous les lieux et d'une seule; rgion multiple, n'esl-ce pas en donner deux ides qui s'excluent mutuellement et qui renferment une contradiction manifeste? Contradiction de fuit. Quand un sectaire vient de rciter ces paroles du symbole Je crois l'Eglise catholique, si vous l'interpellez en lui disant Vous tes donc catholique, ne vous rpondra-t-il pas aussitt Je suis au contraire protestant, je suis mthodiste, je suis anglican, je suis russe, etc.? Les sectaires, se voyant donc ainsi comme pris au glis3'ilet et voulant se tenir sur ce terrain sant, rpondront alors qu'ilssonl catholiques,

Mais

recours divers subterfuges? Mais c'est en vain. Ils ont produit, il est vrai, le systme de l'Eglise invisible, celui de l'Eglise des/ saints, celui de l'Eglise des lus ; ils ont all- { gu les solennelles protestations que de temps en temps ou d'ge en ge firent entendre, contre l'Eglise romaine les prtendus zlateurs de la pure doctrine. Mais ils ne font ainsi que se dbattre, pour ainsi dire, contre la glu, dont ils voudraient se dgager, ils s'y enveloppent et s'y attachent de plus en plus. Comment, en effet, dans un tel systme, distinguer qui de saint Elienncou deses bourreaux appartenait la vritable Eglise catholique ? Si l'Eglise est invisible ou n'est que la runion
des lus et des saints comment les sectaires peuvent-ils affirmer que leurs socits peuvent tre catholiques, puisqu'elles devraient, leurdire, rester invisibles ? Si, parce que de temps autre ou d'ge en ge les zlateurs prtendus de la pure doctrine se sont levs pour prolester contre l'Eglise romaine, l'on conclut que les socits des novateurs modernes existaientdj.etds les premiers temps; et si l'on dit que ces novateurs n'ont fait autre, chose que tirer ces socits de l'oppression dans laquelle ellesgmissaient.il faut du moins alors que leurs Eglises comprennent lessecles mmes qui professent une doctrine toute contraire leur propre doctrine , celles, par exemple, des gnostiques, des sahelliens, des ariens des plagiens, des manichens et tant d'autres, que pourtant ils abhorrent. Si ces novateurs ont tous galement protest contre l'Eglise romaine en faveur de la pure doctrine, il s'ensuit que l'Eglise romaine, par son origine, remonte au temps des aptres. La consquence est ncessaire, puisque le premier et le chef de tous les autres zlateurs fut Simon le Magicien, qui prolesta contre la doctrine de Pierre, el que d'ailleurs la succession fconde de Simon le Magicien s'est propage jusqu' nos jours, o les protestants elles schismatiques la perptuent encore en protestant pour la pure doctrine contre l'Eglise des papes. Qu'ajouterai-je ? Des chels eux-mmes du protestantisme et de l'Eglise anglicane ont formellement allaqu ces divers systmes Luther, dans la prface de
, ,
:

ils sedmententeux-mmesen ne renonant pas davantage au complot commun et permanent et la confdration qu'ils ont forme contre le catholicisme; on les voit au contraire s'tudier dtruire celui-ci par toutes sortes d'arguments impuissants et avec une persvrance et une fureur peine croyables, maintenant surtout qu'ils se dsoilent tous la vue des pertes incessantes qu'ils font de leurs partisans. N'avons-nous pas vu nagure, dans la Syrie s'unir contre les catholiques, dansl'intenlion de les ananles grecs les tir, les juifs, les musulmans les anglicans et les protestants de russes toutes les nuances ? Les feuilles publiques sont pleines des rigueurs et des cruauts que dans la Polynsie ocanique les mthodistes m'ont cess d'exercer jusqu' ce jour contre il y a l de quoi couvrir les catholiques d'infamie le protestantisme, si ardent justiifier son barbare monopole ('t7n(W.s, 9, 10, 21

mais

ses uvres, crit qu'au commencement il tait seul; Calvin , dans sa cent soixante et on-

184-3). C'est ainsi que les sectaires dmentent parleurs actes leur prtendue catholicit. Contradiction d'origine: on effet, l'uni ver-ali de l'Eglise comprend tous les temps

mai

zime

lettre

avance que

les

premiers pro-

aussi les pages de l'histoire marquent-elles av<>c la dernire prcision le sicle et l'anne o chaque secte s'est spare de l'Eglise catholique. L sont crits les noms de ces agitateurs des peuples qui arrachrent au centre de l'unit des individus ou des nations entires. Les annales des hrsies sont toujours l pour jes condamner. Faut il s'tonner que pour se, soustraire l'opprobre que ce dfaut
d'a.uciennet fait retomber si directement sur les .novateurs, en mme temps qu'il rvle les .contradictions de tous ceux qui preten-

testants furent forcs de rompre avec le monde entier; et dans une homlie sur les cueils de l'idoltrie l'Eglise anglicane affirme que laques et clercs doctes et ignorants, tous les ges, toutes les sectes et tous les ordres
,

furent plongs pendant plus de huit cents ans dans une abominable idoltrie aussi dteste de Dieu que digne de l'excration des hommes (Milner, Excellence de la religion catholique. Paris, 1835, tomei, lett. 17). N'estce pas l confesser ouvertement que malheureusement pour eux telle poque leurs
sectes n'existaient pas. Et qu'ainsi l'universalit de temps ne saurait leur convenir.

dents'arroger
faut-il

dnomination de catholique s'tonner que les sectaires aient eu


la

Contradiction de dveloppements, soit quo l'on considre la varit successive de l'en-

seignement dans

les

communions spares

035

PRETENTION DES HRTIQUES

AU CATHOLICITE.

1034

de l'Eglise romaine, ou les phases diverses auxquelles tour tour elles ont t et sont encore assujetties. En effet, si l'ide de catholique renferme l'unit et la stabilit de l'enseignement en ce qui tient la foi et aux murs, qui ne reconnatra une contradiction manifeste dans les sectes qui veulent s'attribuer le titre d'Eglise catholique? Les quinze livres de Bossuet sur les variations, livres susceptibles d'un dveloppement assez long, capable mme de doubler l'ouvrage, ne sontils pas une preuve vidente des mutations perptuelles auxquelles n'a pas encore cess d'tre condamn le protestantisme ? L'Eglise anglicane n'a pas t en cela plus heureuse: elle a subi dans son enseignement et dans sa forme tous les caprices des chefs qui exercent la fois sur elle le pouvoir spirituel et temporel. Il faut en dire autant de l'Eglise russe tour tour fozienne et antifozienne grecque, russe et grco-russe, tantt dpendante d'un patriarche et tantt libre, ou, pour mieux dire, toujours sous la volont de fer des synodes permanents, composs en grande partie et entirement gouverns par les ministres et officiers impriaux, soumis eux-mmes par le poste qu'ils occupent l'arbitraire et la volont d'un seul. Aussi le despotisme de celui-ci prtend-il s'tendre sur les mes comme sur les corps, sur les consciences comme sur les individus , sur l'intelligence comme sur la volont de ses sujets. Que dirons-nous desphases qu'ont subies toutes cesEglises catholiquesde nouvelle invention ? Nous avons eu d'abord le luthra , ,

raient s'attendre une meilleure destine quo les anciennes. Celles-ci furent, sans contredit, aussi nombreuses que celles de nos jours ; elles furent d'ailleurs souvent professes et soutenues par des rois, des empereurs puissants qui se succdrent pendant une longue
suite de sicles. Nous en avons une preuve dans l'arianisme qui, durant plusieurs si-

maintint sur le trne des Csars, et passa de l sur celui desGolhs, des Visigolhs et des Vandales; nous en avons une autre preuve dans la secte des iconoclastes , qui domina, elle aussi, sur le trne de Byzance;et une autre encore dans le mani chisme, qui pendant plusieurs sicles, envahit sous diverses formes l'Orient ainsi que l'Occident. Que sont devenues toutes ces sectes ? Elles ont tellement disparu qu'elles n'ont pas mme laiss sur la surface du globe des traces de leur existence. C'est ainsi qu'ont aussi pass et que passent tour tour les sectes modernes. A leur apparition le monde s'agita et parut un instant en suspension entre l'ancienne et la nouvelle croyance la moiti de l'Europe se spara de l'unit; le protestantisme, sous diverses formes, occupa l'Angleterre et l'Amrique septentrionale il parut menacer d'engloutir le reste du monde entier; les choses allrent au point que Luther, enivr de ce triomphe, et comme s'il tenait dj l'univers entre ses mains, voulut que sur sa tombe on gravt cette inscripcles, se
, : ;

tion

Prstis

eram vivens, moriens cro mors


j'tais la pesle, ici je suis ta
(

lua, papa.

nismepur et orthodoxe,comme ils le nomment,


ensuite le luthranisme rform; bientt ni l'un ni l'autre, mais un luthranisme neutre, surnomm vanglique, puis, nous avons vu
celui-ci

Vivant

mon, pape.
cil, p.

Voyez Milner, au passage

341

).

setransformerenmysticismeetenpiveuirenfin se briser contre le ratio-

tisme

et

nalisme et les systmes de Hegel et de Strauss. Nous avons eu de mme le calvinisme rigide et le calvinisme radouci aprs la disparition de celui-ci, voil le protestantisme rform, auquel a succd le mthodisme. Tel est encore lesortdc l'anglicanisme d'abord demi-calholique, il est devenu successivement puritain,
;
:

Mais le Dieu juste qui gouverne les choses humaines avec tant de sagesse et de douceur, s'il permit que ce tourbillon dvastateur ft un instant dchan, il l'arrta aussitt dans
sa course. Si le cleste poux de cette Eglise unique et chrie permit pour quelques instants qu'une furieuse tempte agitt et tourmentt sa nacelle mystique; si lui-mme il parut dormir au dedans oublieux de son gouvernail, voil que tout coup, pour me servir des paroles du clbre lyrique italien que le christianisme a produit de nos jours ,
,

protestant, antiprotestanl, lgal, rformiste


il

puseysme moderne, et dans ce dernier systme que d'instabilit encore, que de variations En voil assez pour donner une ide des continuels changements de toutes ces sectes nouveaux Proest enfin

tomb dans

le

Come un
Il

forle inebriato
:

Signor sirisvegli
fort

Comme un
et

dans l'ivresse

Le Seigneur

se rveille;

tes, elles

les formes ; sous ont tellement chang qu'il est impossible de les reconnatre. On peut ainsi s'expliquer le motif qui aura dtermin leurs orateurs faire enlever de tous cts les croix pour y subsistuer des girouettes , emblmes de la perptuelle mobilit de leur doctrine au moindre vent qui souffle, doctrine toujours prompte recevoir l'impression et le mouvement de la part du dernier qui a su la dominer. Contradiction de temps, non-seulement par la date de leur origine, comme nous l'avons dj vu, mais encore par leur peu de dure. Les sectes modernes en effet ne sau-

prennent toutes
elles

peu d'annes

peine de sa voix puissante il a comvents et aux temptes, que le calme renat. Le seizime sicle touchait son terme, et dj les conqutes du schisme et de l'hrsie avaient cess. Depuis, aucun royaume aucune province aucun tat n'a plus reu de secousse. Cependant l'Eglise, comme la vigne que le cultivateur habile vient de tailler, jette de plus vigoureux rameaux; elle les fait parvenir jusqu'aux terres les plus loignes et les plus inconnues.

mand aux

Le royaume du Christ s'accrot s'tend, et voit le ombre de ceux qui professent sa foi
,

augmenter, de l'aveu

mme de ses adversaires, jusqu'au double de ce qu'il tait avant


(Trente-trois.)

DMONST. EVANG. XIV.

,,

1035

DEMONSTRATION LVANGLIQUE. PERRONE.

1036

l'apparition de Lutner (Voyez Macauly, Vicissitudes du catholicisme dans les trois derniers sicles, dans la Revue d'Edimbourg h oct. 1840). Pleine d'une nouvelle vie , l'Eglise catholique ragit fortement sur les
,

Chaque prince

est alors
:

en

mme

temps emde

pereur et pontife il rgle la pline; il dtermine le culte et la mme manire qu'il rgle

foi et la disci-

la liturgie

les contrats et

sectes qui lui avaient dchir le sein , et rcupra ds lors, au dire mme de ses ennemis, la moiti de ses pertes. De jour en jour on vit dans elle se dvelopper une vigueur gnreuse et vitale qu'elle semblait n'avoir jamais eue, mme dans ses jours les plus flo-

les droits de successions. Il faut mme avouer que souvent ces papes de nouvelle faon ont des moyens de sanction plus efficaces que les anathmes du Vatican; car l'clat des baonnettes le bruit du bronze tonnant et l'horreur des prisons impriment dans le cur de l'homme une terreur telle, qu'il en perd jus,

rissants et les plus heureux (Ibid.). De savants controversistes continuent encore aujourd'hui de poursuivre l'erreur dans ses retranchements les plus reculs , de sorte que, sur tous les points, ils en ont rduit les ministres au silence ou des dfaites absurdes, jusqu' ne pouvoir plus rien dire de vraisemblable et se rfugier dans un mysticisme inaccessible la discussion, pour se soustraire ainsi aux controverses pleines de vie que leur opposent avec tant de puissance

qu' la plus lgre tentation de rsistance. C'est ce qui est arriv , il y a peu d'annes,

Tout prsage un retour lent, vous voulez, mais progressif et certain; tout contribueraffermirl'opinion, qui maintcnanta prvalu, de ce retour les nouvelles que nous recevons de tous cts les querelles amres des sectaires, l'agitation-, les
les catholiques.
si
:

cabales des sectes , sont comme des symptmes des efforts que dans cette lutte il faut
qu'elles fassent pour se traner et se dbattre entre la vie et la mort. Tout au plus s'il restera bientt d'elles quelques dbris, et l disperss, pour servir de souvenir du vaste et terrible incendie qui a dsol le monde; et l'inscription spulcrale du luth-

ranisme servira prouver quel misrable renversement l'ange de l'orgueil expose la folie humaine.
Contradiction de Heu. Eglise catholique, ou Eglise universelle, c'est une seule et mme chose ; or toutes les communions particupour lires se plaisent se dire catholiques que chacune d'elles pt s'harmoniser avec il faudrait donc une telle qualification qu'elle jout de l'universalit de lieu ou du moins qu'elle y aspirt ; mais parmi elles y en a-t-il une seule qui y aspire, bien loin d'en jouir? C'est une loi aussi sre qu'invariable que quiconque se soustrait l'auto,
:

lorsqu'on voulut runir et confondre ensemble deux croyances rivales et opposes en faisant adopter une espce nouvelle d'agenda ou de liturgie. Les Eglises dont nous parlons sont tellement persuades de celle vril qu'elles l'ont adopte et rduite en principe c'est ce qui leur a fait recevoir et rpterla clbre devise Cujus est regio, illius estreligio tel pays, telle religion. Il suit de l que de semblables communions doivent, par rapport leur tendue, subir les mmes vicissitudes que l'islamisme, il faut que chacune d'elles croisse ou diminue, selon que s'agrandiront ou se rtrciront les Etats de son chef politique. Si par exemple l'anglicanisme tendit , il y a peu de temps, sa foi sur les rgions de l'Amrique septentrionale en mme temps que l'empire de son chef s'y tablissait, aussitt que les Etats-Unis eurent secou le joug politique , le gouvernement spirituel croula aussi tout coup dans ces pays ; de sorte qu'aujourd'hui les moindres vestiges de l'Eglise anglicane y sont effacs; sa place, il s'y est lev une sorte d'piscopalisme tout fait indpendant de la
,

spirituelle du pontife romain ou du centre de l'unit tombe par l mme sous c'est ainsi le pouvoir des princes temporels que, d'aprs les lois de la physique, les corps qui se dtachent de leur centre naturel et commun, jusqu' se soustraire son action, doivent ncessairement se prcipiter vers un autre centre particulier qui leur est tranger. Il faut donc que toutes ces sectes deviennent autant d'Eglises locales, territoriales, nationales; de sorte qu'aux limites de l'Etat viennent tre marques les limites de chacune de ces Eglises ; et, ainsi l o les douaniers exigent l'impt, on exige aussi une autre foi, une autre obissance; il n'en peut pas tre autrement, puisque aucun prince ne voudrait souffrir que ses propres sujets fussent, pour le mme objet, galement sous le pouvoir d'un autre prince.
rit
:

et de la juridiction anglicane. Ainsi, puisque ces qualifications particulire et gnrale, territoriale et universelle appliques une mme Eglise , offrent des ides tout fait disparates , il convient d'avouer que le titre de catholique, que toutes ces sectes particulires, ces prtendues Eglises s'attribuent, est pour elles un litre contradictoire et qui rpugne. Contradiction de doctrine. L'unit de foi est la seule marque que 1 Aptre nous signale pour discerner la vritable et unique Eglise des Eglises impures qui, divises d'avec celleci, affectent pourtant cette unit et veulent paratre la possder una (ides. Et celte unit de foi, saint Paul nous la prche de manire

hirarchie

nous
qu'il

faire bien

comprendre que

de

mme

n'y a qu'un seul baptme qui nous en ouvre le sein, et un seul Seigneur qui la rgit dans toute son tendue et son universalit, de mme sa profession doit tre unique de la part de tous ceux qui lui appartien-

nent Unus Dominus, una fides, unumbapUsma, unus Deus et Pater omnium: un seul Seigneur, une seule foi un seul baptme, un seul Dieu, qui est le Pre de tous. Or quand on parle d'unit de foi, on n'entend pas seulement une foi subjective mais principale:

ment une foi objective qui doit tre simultanment unique pour tous ceux qui la professent. Cela pos, que faudra-t-il dire des secle

1037

PRETENTION DES HERETIQUES A LA CATHOLICITE


,

1038
ils

peu contentes de s'lever contre la foi tenue et professe par l'Eglise dont elles se sont spares , de se constituer mme en flagrante collision les unes contre les autres trouvenl encore impossible que les membres d'une mme communion puissent entre eux conserver une croyance unique, la mme pour tous? Aprs avoir rejet l'infaillibilit de l'Eglise, il fallait de toute ncessit tomber dans le systme du sens priv, ou, comme on dit prsentement, de la libert d'examen. Mais comme il tait trop absurde de vouloir s'attribuer ce qu'on refusait l'Eglise universelle, l'Eglise mre, les sectes convinrent de permettre chacun d'admettre comme de loi ce qu'aprs son examen priv il aurait pens devoir tenir pour objet de foi et rvl de Dieu. La premire consquence qui dcoule ncessairement de ce principe, c'est qu'il devient impossible qu'une mme foi puisse en aucune sorte tre simultanment professe pardivers individus : plusieurs pourront bien s'entendre pour rqui
,

les articles

sur lesquels

diffrent de l'E-

glise romaine , les Russes vivent en pleine libert de croyance, chacun pouvant son

ide croire un article condamn, sans que les autres s'en inquitent beaucoup (Voy. Rozavon, l'Eglise catholique justifie, Lyon, 1822, page 74, etc.). Il ne manque chez eux que le levain de la science pour faire fermenter et germer tant de croyances diverses dont le nombre gale celui des dogmatiseurs. Que

dirai-jedu protestantisme? Ici le champ est vaste et ouvert. Voici un fait qu'on peut assurer avec toute scurit et sans crainte
d'tre jamais dmenti : c'est qu'on aurait une peine infinie rencontrer deux prolestants

parfaitement d'accord sur


foi

la

profession d'une
,

positive. Je dis positive, car sur la foi ngative, dans laquelle l'orgueil il faut bien dire, se complat si fort , ils s'entendent tous

parfaitement (pour nier il ne faut que de l'ignorance). C'est au point qu'un grand nombre d'entre eux en est venu jusqu' tout
nier, sans

citer

un livre convenu et exprimer un symbole; mais ce ne sera que par une pure convention mutuellement accepte, et jamais par un principe qui leur serve de rgle. Les faits d'ailleurs prouvent assez combien peu a de force une pareille convention les anglicans qui, sous un feint accord, admirent leurs trente-neuf articles, ne convinrent point de
:

en excepter l'histoire du Christ; et parmi ceux qui ont encore retenu quelque

chose de

leurvrai sens; selon les uns, leur Eglise doit rgler la foi; selon les autres, cette foi doit
les articles
si l'on en croit Newman, convenus contiennent simplement la doctrine du concile de Trente; ils s'en loignent infiniment, si l'on coule Palme si vous interrogez des professeurs d'Oxford

rester indpendante

positif, il y a autant de sentiments divers que d'individus. Aussi, pour se donner quelquediverlissement agrable, il suffit, en en venant aux prises avec quelqu'un d'entre eux d'exiger d'abord de lui une profession de foi sur laquelle toute la secte laquelle il appartient soit d'accord. Contradiction d'organisation. On n'ignore point que le mot Eglise, dans la langue dont il drive, signifie assemble, runion, union ou agrgation de plusieurs personnes; mais
,

une assemble, pour tre catholique ou universelle , doit tre tellement constitue qu'elle ne forme qu'un seul tout la faon
,

plusieurs vous diront qu'avec l'ensemble des Ecritures on doit encore admettre la tradition; d'autres soutiendront au contraire que celle-ci a t la source de tous les abus mme contradiction sur les autres articles : je ne crois pas qu'il s'en trouve un seul sur lequel il y ait un parfait accord ; nul moyen de jamais parvenir la solution du grand problme ( Voy. Paley, Philosophie, liv. III, page 1, chap. 2). Qui ne connat les schismes et les scandales suscits nagure dans l'glise anglicane par le quatre-vingtdixime des opuscules d'Oxford [dits petits traits), uvre de Newman ? Et nouvelle, ,
:

fondateur de la nouvelle cole d'Oxford n'a-l-il pas t suspendu pour deux ans des fonctions du ministre, pour avoir soutenu la prsence relle et substantielle de Jsus-Christ dans l'eucharistie, quoiqu'il part en mme temps rejeter l'ide de transsubstantiation? Ne fautil pas en dire autant de l'Eglise grecque ou grco-russe, qui n'a d'autre unit de foi que celle qui nat de la volont de ceux qui la rgissent. Nous en avons des preuves dans les ouvrages de Stourdza, de Platon archevque de Moscou, et de Filaret, mtropolile
, , ,

ment encore

fameux Pusey

d'une machine complique o tout se tient. Aussi le nom d'Eglise catholique renferme dans sa signification l'ide de l'ordre, et sans celte ide il n'aurait plus de sens. L'ordre provient d'une telle disposition des parties, que les unes prsident et que les autres soient soumises et reoivent l'action des premires, au moyen de la connexion qui existe entre loules. Cet ordre doit particulirement clater dans une socit dont l'me et la vie rsident essentiellement selon les desseins de son divin fondateur, dans l'unit de foi et de gouvernement. Si dans une socit l'autorit ncessaire manque d'un ct et de l'autre la soumission, qui ne voit que, prive de lien rciproque entre les membres qui la composent, l'ordre lu imanque aussi, et que le titre de catholique ne lui est pas applicable? Voil justement le dfaut de toutes les communions spares de celle de Rome. Elles n'ont pas l'autorit lgitime pour rprimer
,
,

l'anarchie des esprits aussi laissent-elles chaque individu le funeste pouvoir d'innover sa guise, sans que les autres puissent le troubler dans la possession o l'ont plac
;

les

auteurs de

la

secte. N'aurait-cc pas t

tain actuel du mme sige; nous y apprenons que souvent des chefs protestants et luthriens ont t gnralement substitus ceux de l'Eglise grecque, et que si l'on en excepte

une prtention ridicule pour les premiers rformateurs que de vouloir planter des colonnes d'Hercule, au del desquelles il ne ft
plus permis d'avancer? Aussi dans le monde religieux et moral qu'ils ont voulu fonder,

JQ3

n-t-on

physique

1040 DEMONSTRATION EVANGELIQVJE. PERRONE. subordination que celle qui regarde le civil. monde vu s'accomplir, comme dans le Ainsi, il est vident qu'il y a une flagrante
le

chante ironiquement

le

pote

Tempo verra che an d'Ercolei segni, industn. Favola vile ai naviganti


dominateur iour le nautonnier. du Sourira, franchissant les limites

contradiction appliquer l'organisation des sectes le caractre et le titre de catholique.

Un

de l'onde, monde.

L'impulsion tait donne

; il

ne

restait plus

ses luthriens, assez de pouvoir Luther sur sur ses calvinistes, ni a Zwmge ni Calvin empcher de sur ses zwingliens, pour les et de tolie poursuivre l'uvre de destruction
si

Enfin contradiction de nom. C est une antique observation des Pres, que les. anciens hrtiques ou schismatiques aux noms de chrtien ou de catholique ont toujours ajout d'autres dnominations; comme pour se traprehir et se dmentir eux-mmes. Ils les naient ou du nom mme des inventeurs de
,

valeureusement commence par eux-msi ce n est une mes. Que devait-il s'ensuivre, confusion des doctrines qui de touhorrible

leur secte
sabeliiens

du nom

ce qu'ont fait les crinthiens , les les donatistes, etc.; ou , de la contre o ils sigeaient par, ,

les ariens

Comme lorsque s eleve tes parts s'levrent? divergentes, s aun essaim qui, par des lignes gauche, avant, en arrire, a droite, a vanceen heurtrent de toutes parts, ils les esprits se renouves'entendirent plus, et l'on vit se
ne

ticulirement, comme ont fait les cataphryetc.; qiens, les ppuziens, les montansiens, de quelque doctrine particulire qui tantt
les caractrisait, comme les anthropomorphites , les monothlites , les iconoclastes, innovation, etc.; tantt de quelque action, ou ou qualit qu'ils s'attribuaient, comme les gnostiques, les encratites les cathares etc.; prtenet ainsi ils dtruisaient leur absurde tion ce titre de catholique par eux si conmarquait voit. Le nom seul de leur secte sous tout rapport ses troites limites ; de
, ,

de Sennaar, sans 1er le prodige de la plaine l'arrter Et, en vent si moyen de pouvoir

'.

un Henri

'.

a pu, comme la dit Evangile dans quelqu'un, trouver un nouvel Boulen, pourquoi d aules veux d'Anne de en dcouvrir de noutres ne pourront-ils pas

agrablement

veaux encore

'

viennent et tout diffrents, s ils remplis d at fixer des yeux non moins trouver les bonnes traits? Si Luther a pu la justification, comment uvres inutiles de les procladfendrait-on aux antinomiens prcher nuisibles, et aux familistre mer utiles, que les adultres nue les pchs sont nous surabonder a et les homicides font en pourrait en dire autant de mille grce. On impies dictes par autres folies immorales et mme esprit de libert et par cette prtence

sorte

que

le

catholicisme ne pouvait nulle:

ment tre leur proprit. Il en arrive autant aux sectes modernes elles reoivent leur nom ou de leurs auteurs, comme celles des luthriens, des calvinistes , des zwingliens, soudes weslcyens, etc.; ou du lieu o on les cossaise, tient, comme les Eglises anglicane, morave, etc.; ou de quelqu'une de leurs pratiques, comme les anabaptistes, les indpendants, les quakers, etc.; ou de quelque action ou innovation, comme les protestants , les

saint-esprit , due inspiration intrieure du tous incroyables, folies que nous croirions n'avaient eu soin de siles sectes elles-mmes
les enregistrer.

Au dfaut

tels excs ? cipe, quel remde de du pounlus d'autre que l'intervention rest nos jours , le roi de , de voir public : ainsi un edit, arPrusse a d, par l'intervention d publication des crits anlichretiens rter la hegelisles. Ce publis sans nombre par les par rapport la foi, on doit le

de rgle et de prinil n en

rforms rigides, mitigs, etc. En un mot, si l'on voulait rassembler toutes ces dnominations diverses, on en formerait un crit d'une assez longue haleine, puisqu'on n en compte pas moins de sept cents seulement

depuis Luther. Comment donc concilier le ou d'unititre et la proprit de catholique des qualifications restreintes et versel avec exclusives? Prtendre seulement un tel nom, n'est-ce pas de la part des sectaires que j'ai dit une vidente contradiction? Et cependant par rapport a 1 autorit du dire galement dans les plus rcents de leurs crits ils font, c'est-a-dire par gouvernement ecclsiastique, sans se douter des coups dont ils se frappent, front, par rapport la juridiction. De quel pomet en parlant d'eux-mmes, des phrases l'archevque de Cantorbery oseexemple, peuses sur l'Eglise catholique britannique ou la part des everait-il exiger l'obissance de anglicane, sur l'Eglise catholique orientale lui-mme ques subalternes, ayant secou ou russe , sur l'Eglise catholique d'Utrecht , souverain pontife? Si Pholius et l'autorit du leur et ainsi de suite. Mais par cela seul que pouvoir briser les Michel Crulaire ont cru Eglise, Eglise est britannique, il s'ensuit qu'elle de 1 liens qui les soumettaient au chef elle galement n'est pas catholique; elle est orientale, d'autres vques n'auront-ils pas n'est donc pas catholique, elle est A'Utrecht, les soumettent qui le droit de rompre ceux Moscou elle n'est donc pas catholique autrement au patriarche de Constantinople, de on pourrait dire un cercle carr, un trianpermanent? A quoi tientet du saint synode ctes. sparation, gle quadrilatre un polygone sans n'effectuent cette il encore qu'ils encore plus en vidence la vanit Ce qui met huit millions de livres si ce n'est aux sept ou c'est et l'absurdit d'une telle prtention revenu du sterlings qui forment l'exorbitant que toutes ces communions abhorrent comme epee du clerg anglican, ou la puissante Sibrie ? une injure ou un outrage impardonnables czar, ou aux dserts glaces de la comme faite. Dans le nom qu'on leur donne d'hrtiques ou de Mais en soi la chose est schismatiques. Il est vrai que nous, levs dit, ou manle protestantisme proprement selon les murs antiques nous avons coutels freins, on ne voit plus d'autre quent de
;
:

1041

PRTENTION DES HERETIQUES A LA CATHOLICIT.


les

1042

tume de nommer

choses par leur

nom

v-

ritable , il n'est pas surprenant que leurs oreilles en soient quelquefois blesses. Ce-

et multiplies contradictions dont il leur a fallu ensuite subir la honte pour pouvoir se

l'approprier, nonobstant le ridicule qu'elles

pendant, pour leur pargner un si vif dplaisir, et parce que nous nous piquons de politesse, disons mieux, de charit chrtienne, nous les nommons souvent encore acatholiques ; et telle est la magie de la parole qu'ils nous en savent gr, et qu'eux-mmes, pour marquer la sparation qui est entre eux et nous, ont coutume d'adopter les expressions de catholique et de acatholique mais tre acatholique, qu'est-ce sinon n'tre point catholique, c'est--dire la ngation de la catholicit ? C'est ainsi qu'ils en sont enfin venus jusqu' reconnatre eux-mmes que le nom de catholique ne leur est point convenable ; c'est ainsi qu'ils tombent dans la plus rvoltante contradiction en ne cessant point en mme temps de vouloir se l'atlribuer. Je crois, messieurs, que difficilement on pourrait, dans tout autre sujet, rencontrer un amas de contradictions aussi frappantes que celles que jusqu' prsent j'ai signales dans celui-ci. 11 ne faut donc pas s'tonner la dsi, pour maintenir leurs prtentions nomination de catholique, les sectes spares de nous ont eu besoin de se perdre en
:

assument par
est

l'affectation d'un titre qui leur


si

pourtant en

mauvaise odeur
,

malgr

tout cela, si les sectes dis-je ambitionnent encore ce mme titre et tiennent tant se l'arroger, il faut convenir qu'elles reconnaissent en lui le caractre infaillible de l'unique et vritable Eglise du Sauveur. Mais cet illustre titre a toujours t l'immuable devise de l'Eglise romaine, ou pour mieux dire, de l'Eglise universelle qui est en communion avec l'Eglise de Rome, son centre; parmi les sectes qui ont apparu dans tous les temps, il n'en est aucune qui n'ait mme
,

constamment reconnu, du moins de


romaine
fait elle

fait

celte Eglise pour catholique. C'est ainsi que toutes ont t rduites rendre l'Eglise
le plus clatant tmoignage que de a toujours t, et qu'elle est l'unique et vritable glise, l'unique pouse immacule de Jsus-Christ. J'ai dit, messieurs, qu'en tout temps les sectes spares de l'Eglise romaine l'ont elles-mmes,tdu moins de fait, reconnue pour seule vraiment catholique. N'est-il pas vrai, en effet, que les sectes modernes pratiquent prcisment ce que Cyrille d'Alexandrie Pacien, Augustin nous assurent Otatius avoir t pratiqu de leur temps par les anciennes ? Qu'un voyageur catholique vienne passer par Londres, ou Ptersbourg, ou Genve, ou Berlin, et que, ^'adressant aux premiers protestants qui s'offriront sa lencontre, il leur demande o est l'glise catholique ou bien le temple des catholiques ; certainement ils n'iront pas lui montrer un temple des sehismatiques, ni des rforms , ni des vanglisles , bien assurs que ce n'est pas l ce qu'on veut leur demander, mais ils dsigneront aussitt et uniquement le temple propre, l'glise des catholiques, tant il est vrai qu'eux-mmes reconnaissent et sentent qu'ils ne sont pas catholiques. Ainsi, quand dans leurs discours, dans leurs crits,
,

expdients.

Et par
rit de

encore devient manifeste la v-

troisime proposition, c'est-dire que l'appropriation d'un tel titre, de la la preuve la constitue part des sectes plus irrfragable de la vrit de l'Eglise romaine comme la plus formelle condamnaet voici mon tion de leurs propres Eglises raisonnement Il est certain que ces sectes ne peuvent , sans s'aveugler elles-mmes , dissimuler leur rcente origine, puisqu'elle leur est proclame par les noms de leurs fondateurs, proclame par les murs des temples qu'elles ont enlevs au culte antique, proclame par leurs cimetires mmes dont les fosses reclent encore dans leurs profondeurs les dpouilles des aeux catholiques dont elles ont rpudi la croyance et la communion. 11 est certain qu'elles ne peuvent se dissimulera elles-mmes leur instabilit dans la croyance, instabilit assez haut proclame par leurs divisions, par leurs livres, par leurs ministres, par leurs guides, qui ne s'accordent en aucun point. Elles ne peuvent se dissimuler la ruine qui les menace de toutes et encore que quelques-uns de leurs parts partisans, dans l'aveugle enivrement de leur
, ; : ;

ma

proclamer les prochaines obsques d'un grand culte, c'est--dire de l'Eglise catholique , elles sentent pourtant
folie, se plaisent

les

irrparables pertes
et elles

qu'elles font inces-

dans leurs ordonnances ils affectent si hautement le litre glorieux de catholiques, ils lvent, sans s'en apercevoir, le plus beau monument la vrit de l'Eglise romaine. Mais c'est peu encore pour mon dessein: j'ai ajout qu'en usurpant une telle dnomination les sectes se condamnaient formellement elles-mmes, et voici clairement ma pense. Pour s'approprier un litre insparable d'une dure perptuelle ces sectes ont d premirement se jeter dans le systme de l'Eglise invisible, et en second lieu se proclamer unies de communion avec toutes
,

tremblent dans l'attente de plus grandes encore. Voil d'o vient que les projets multiplis qu'elles renouvellent de jour en jour ne leur servent de rien, parce qu'ils ne peuvent pas changer Vjl nature des choses , ni comprimer la force de la vrit, qui prvaut. Maintenant si les sectes spares, en dpit de tout cela, nonobstant leur ancienne affectation de mpris pour le nom nonobstant les rvoltantes de catholique

samment,

les sectes

anciennes. Or, ici, comme je l'ai outre que Eglise dj montr plus haut invisible et Eglise catholique sont deux notions qui se choquent de front et s'enlredlruiscnt, on ne s'aperoit pas qu'avec la communion de ces sectes varies on adopte l'infamie, non-seulement de toutes leurs erreurs, mais encore de toutes les bassesses et de toutes les turpitudes dont elles se rendirent coupables. On ne s'aperoit pas que
,

043

DEMONSTRATION VANGcLIQIE. PERRONE.


,

1041

ayant disparu du monde Tune aprs l'autre, parce qu'elles taient prives de vie et de vrit, sont devenues comme autant de pronostics du mme sort qu'on devait s'attendre subir soi-mme, n'ayant plus de \ie ni de vrit. On ne s'aperoit point que ces anciennes sectes ont t l'objet des anathmes et de l'excration de cette vnrable
ces sectes
antiquit, de ces sicles d'or
,

aucunement en peine des opinions des conciles, des Pres des Eglises des vques et d'autres personnes, qui n'ont pas eu, ajoutait-il plus d'inspiration que je n'en ai moi-mme ( Mmoires de l'vque Watson
,

comme on

se

pendant lesquels on plat les appeler, vit fleurir dans toute sa puret et dans son intgrit celte Eglise laquelle on prtend appartenir et dont on croit professer la doctrine.

Ce qui dcouvre encore plus l'inconsidration des sectaires divers qui sont venus
aprs la malencontreuse rformation , c'est que, tandis que d'un cl, tout en s'approils vantent la priant le titre de catholique communion des anciens ges, de l'autre, par une inconsquence peine croyable, ils ont affect et ils affectent pour la plupart de ne point tenir compte des Pres el de leur doctrine, ni par consquent de la doctrine des six premiers sicles au moins, de la primitive Eglise. On connat trop le profond mpris de Luther pour tous les Pres, qu'il appelait les falsificateurs de la pure parole de Dieu; ce mpris allait jusqu' lui faire dire qu'il se serait peu souci d'avoir eu contre lui mille Cypriens et mille ugustins. On connat trop galement les amres drisions de Calvin envers ces mmes Pres. Mlanchton et Zwingle suivirentplusou moins leurs traces , comme le rappelle souvent Bossuet dans ses Variations. Si, dans leurs coles, les luthriens et les calvinistes lvent bien haut les noms de Beausobre , de Brucker de Leclerc, de Barbeyrac dans leurs ils professions de foi et dans leur morale lvent bien plus haut encore leurs maldictions contre les Pres. C'est ce qui faisait avouer un professeur moderne d'Oxford, au sieur Powel, en parlant du protestantisme en gnral: Que c'est une chose reconnue, sans nier pourtant quelques particulires exceptions, que la grande masse des thologiens protestants a manqu en ce point de science thologique ( il s'agit de la doctrine des Pres). Bien plus ( remarquons bien ces paroles), selon les principes qui prvalent assez parmi eux, celte science a t considre sous tout rapport comme une chose de peu d'importance, et par une partie notable des leurs, tout ce genre d'tude a t absolument rprouv et tenu en discrdit (Tradition dvoile. Londres el Oxford, 1839). Et dans l'Eglise mme anglicane, o cependant un reste apparent d'autorit hirarchique a d faire procder avec plus de mesure, combien ne s'en est-il pas trouv, mme parmi le haut clerg, qui se tenant fortement attachs au principe protestant,
,

par lui-mme, p. 39 ). Aprs que leurs fondateurs eurent expressment rejet la doctrine des Pres comme source de tradition, quelques protestants, il est vrai voyant l'inconvnient du dsaccord ainsi avou entre leurs doctrines et celles des Pres firent quelques efforts pour donner croire que ceux-ci taient en plus grand nombre de leur ct que du ct des
crits
, ,
,

catholiques. On sait le fameux dfi port ces derniers par Jowel , vque de Salisbury Qu'ils nous montrent, crivait-il, un seul Pre , un docteur, une phrase deux lignes ,
: ,

l'Ecriture et l'Ecriture seule

n'ont profess

qu'une insouciance complte pour la doctrine des Pres? On pourrait ici citer les noms des Middlelou des Whitby, des Watson, des Burnel et de tant d'autres. L'vque Walson a dit en propres termes qu'il ne
,
:

de bataille est eux . Or, celte vaine jactance n'a servi qu' scandaliser les protestants raisonnables et instruits ; tous se sont rcris et entre autres le docteur Humphrey, l'historien de sa vie: il se plaint qu'il ait par l donn la victoire aux papistes et qu'il ait gt sa cause el celle de l'Eglise protestante. De telles hypocrisies, jointes aux rvoltantes falsifications dont on remplissait les citations des Pres, suffirent pour occasionner la conversion du docteur Guillaume Beynoid ministre prbende, un des plus habiles crivains de son temps. Bien plus l'incohrence de leurs principes fora les protestants d'avoir recours aux Pres pour appuyer leurs propres doctrines contre les formidables adversaires que d'autres sectes qui les pressaient de prs et sans quartier leur opposaient. Les piscopaux furent ainsi assaillis par les presbytriens, les luthriens par les anabaptistes les prolestants en gnral par les sociniens. De l chez eux l'tude de la palrologie les travaux des Calov , des Bull des Parson des Bvridge. De l les uvres de Cave les ditions que Grab, que Fell que Potier ont reproduites d'un ou de plusieurs Pres ; de l encore les productions d'Albertin, de Salmase de Scaliger, et d'autres semblables. Mais, aprs tous les coups que sur le mme sujet leur ont ports les auteurs de la Perptuit de la Foi, ainsi que Plau,Toutte, Maran, Massuet et tanl de gnreux dfenseurs du catholicisme, les protestants ne devraient-ils pas enfin abandonner un champ qui leur est tranger et rentrer une fois pour toutes dans leurs tranches c'est--dire dans la Bible entendue leur faon. Je sais, messieurs, qu'aujourd'hui ceux de l'cole thologique d'Oxford, tout honteux de la dcadence gnrale du protestantisme et de la ruine imminente et totale de leur Eglise, usent de toute leur puissance pour rhabiliter l'tude des Pres, en raviver la doctrine, et pour exalter la tradition catholique. De l leur ardeur rditer les Pres qui prcdrent la sparation de l'Orient d'avec l'Occident. Mais, pour ne rien dire de la manire avec laquelle est conduite cette dition (1), toute modele sur leurs principes,
el le
,
,

champ

voulait tudier

que

la Bible

sans se mettre

(l)On peut

voir sur ce sujet

deux

articles savants

1 qui ne sait d'Oxford dans l'autre parti anglican aussi nombreux qu'impitoyable, qui rejette absolument la tradition comme un reste de papisme et persiste toujours dans le principe de l'criture seule? Et, si mme l'cole d'Oxford adopte la doctrine des Pres quand il s al'intergit simplement de l'exposition et de prtation du sens des Ecritures , n'est-il pas vrai qu'elle la mconnat ensuite et la repour jette par une manifeste contradiction tout ce dont traitent les crits des Pres, ds que ce n'est point contenu dans la Bible, quoique appartenant par la tradition au dpt divin de la foi? Mais coutons ce que nagure un zl ministre anglican le chapelain de la reine , le lord Hook proclamait du haut de la chaire devant une nombreuse assemble, la face de l'Angleterre entire comme disait-il Qu'on ne persiste plus on fait parmi nous depuis plus de trois sicles, dcrier et tourner en ridicule ce culte (le culte catholique) ; qu'importerait cela en effet, maintenant que son immense efficacit est prouve et reconnue? Et nous, qui nous plaisons dans un tel persifflage, qu'offrons-nous nos adversaires, si ce n'est le triste spectacle de nos profondes dissensions quand il s'agit de la foi, et de nos innombrables dviations quand il s'agit d'interprter les saintes Ecritures; tandis que, pour trouver leur vrai sens, nous devrions, par les explications que nous en donnent les Pres, remonter jusqu'aux sicles de Vire apostolique et prendre les doctrines
, , ,
:

PRTENTION DES HUTO.CS A LA CATHOLICIT. condamnation ? Est-ce que l'opposition qu' trouve cole

104(5

les Pres n'ont pas t la portion la plus noble et la plus glorieuse de l'Eglise antique, qu'ils ont tous honore par leurs doctrines et par leur saintet par leurs grandes actions et par Throsme de leurs souffrances? Est-ce que la srie non interrompue des Pres, pendant les six premiers sicles, ne condamne point d'un commun accord tous ces anciens sectaires comme hrtiques et schismatiques,
,

ainsi que les a toujours traits et condamns l'Eglise romaine? En voyant d'un ct l'autorit des Pres si grande, et de l'autre leur accord avec l'Eglise romaine si parfait, de

part et d'autre l'identit de doctrine si frappante et la rprobation de toutes les sectes anciennes si unanime, ne faut-il pas que les sectaires modernes confessent de fait, quoiqu'en se faisant leur propre procs, que l'Eglise romaine est vraiment l'Eglise catholique et par l'antiquit des temps et par l'universalit de doctrine, c'est--dire que l'Eglise catholique persvre toujours et que c'est dans l'Eglise romaine qu'elle ne cesse de persvrer. Et si cette misrable et vaine dnomination d'Eglises catholiques a t par eux achete un prix si haut qu'il leur ait fallu se reconnatre en communion avec les anciens sectaires, exclus en tout temps de l'Eglise catholique et par elle condamns, n'affirment-ils pas de fait qu'ils ne sont pas catholiques et ne se condamnent-ils pas ainsi
,

de ces Pres, qui sont

les

doctrines primitives,
,

pour la rgle des ntres ( Voyez l'Univers, 13 mai 1843). Et certes messieurs, qui ne voit combien c'est une chose qui rpugne l'esprit de l'anglicanisme et du protestantisme entier, que de prendre les primitives
doctrines des Pres pour la rgle des leurs? Cependant , pour ce qui regarde les preuves essentielles de la foi , la nouvelle cole anglicane professe toujours dans le fond le principe protestant, qui n'en reconnat point d'autres que la Bible. C'est donc un fait qui n'est que trop incontestable en gnral (et par lequel je reprends
et je

formellement eux-mmes? Maintenant, pour runir en peu de mots tout ce qui a fait le sujet de ce discours, je crois, si je ne me trompe, avoir dmontr jusqu' l'vidence que le titre d'Eglise catholique est

un titre incommunicable de l'Eglise romaine, qu'aucune communion spare de l'Eglise romaine ne peut, sans une honteuse
contradiction, s'arroger un pareil titre, et qu'enfin la seule appropriation d'un tel titre, de la part des sectes, constitue la preuve la plus irrsistible de la vrit de l'Eglise romaine, comme la plus formelle condamnation de leurs propres Eglises c'tait l justement le but que je voulais atteindre. A Dieu ne plaise que, pour cela, je veuille faire injure ceux qui sont en dissidence avec la communion catholique; je sais trop bien que ce n'est pas eux , mais leurs anctres qu'il faut accuser d'avoir bris l'anneau de communication qui les rattachait l'Eglise romaine, centre de la catholicit, et cela sous prtexte de quelques abus, qui, par un effet
:

rsume mon argument) que


,

l'indiff-

rence des sectes spares de nous je dirai mme leur aversion pour les Pres de l'Eglise et pour leurs doctrines, ainsi que l'insouciance de ces sectes pour toutes les sources de la tradition. Comment en sont-elles venues l, si ce n'est parce qu'il leur tait vident qu'elles ne pouvaient adopter les doctrines des Pres sans accrditer celles de l'Eglise romaine, professes en tout temps et toujours enseignes? Aprs s'tre spares de la doctrine et de la communion des Pres, quand pour autoriser leur prtention la catholicit, elles ne se font pas scrupule de se proclamer en communion avec les anciennes sectes, qui ne voit qu'elles prononcent ainsi contre elles-mmes la plus formelle

de l'humaine fragilit, s'taient introduits dans l'Eglise et qu'ils voulurent prendre pour des abus de /'Eglise elle-mme, quoique toujours elle et condamn ces abus comme elle
les

condamne encore.

Je sais quelle

force

pleins de force dans l'estimable journal catholique lievue de Dublin, n, \~>eil't. Aot el novembre 1859.

exercent sur les curs humains les prjugs dont on a t imbu ds l'enfance, combien concourent former un voile pais devant les yeux des plus clairvoyants les liens de famille et de patrie, combien rendent difficile et tardive la connaissance de la vrit tout entire, d'une part, les moluments et les honneurs, et de l'autre les railleries et les privations. Je n'ignore point de quelles aoi-

1047
-

DEMONSTRATION EVANGELIQUE. PERRONE.

104?

foule de livres que , dans cette voit clore, on peint les usages, d'les rites, les murs des catholiques, afin loigner ainsi de la runion les esprits droits

res couleurs

chaque jour

votre doctrine ftais dans mon aveuglement furieux pour vos erreurs (Saint Augustin contre l'Eptre dite unamcnlmn, ch. III, t'.3)? Ainsi, sans parler de (a trs-pure sagesse laquelle ici-bas peu d'intelligences savent atteindre ..., et que vous ne croyez pas se rencontrer dans l'Eglise catholique, il y a bien d'autres raisons qui me retiennent troitement fix dans le sein de cette Eglise; j'y suis retenu par le consentement des peuples et desnations; j'y suis retenupar l'autorit ne avec les miracles, nourrie par l'esprance, accrue parla charit, confirme par l'anciennet j'y suis retenu par la succession du sacerdoce depuis le sige de l'aptre
;

'

qui sentent en eux-mmes, une impulsion et attrait qui les y poussent. Je sais bien tout cela , et c'est justement ce qui en moi excite pour nos frres dissidents la plus tendre commisration. Maintenant plus que jamais grand nombre, ils prouvent, ou du moins en une vive agitation dans le cur ils sentent, dans leur comils sont l pour l'avouer, que chose et en il leur manque quelque munion l'tat, effet ils s'agitent, ils se dbattent dans

un

pour ainsi dire, anormal o ils se voient, o trouver. De l ils souponnent du moins se
drive cette sollicitude inquite qui les pousse s'honorer du titre glorieux de catholiques, ou d'Eglises catholiques, quoiqu'ils ne puissent mconnatre que ce

Pierre, qui

le

recommanda

Seigneur, aprs sarsurrection, de patre ses brebis jusqu' l',

pour eux une


celte

titre n'est nullement Par un mouvement de charit ardente dont tout cur catho-

ralit.

lique doit brler, je devrais leur adresser ces bglise paroles Dsirez-vous faire partie de 1 de cette unique et vritable catholique pouse du Sauveur de celte Eglise sortie de son ct et de son cur percs ? Confrontez avec ceux de votre propre Eglise les caracautretres que le saint d'Hippone reconnut abandonfois l'Eglise catholique, lorsque, nant une secte qui, elle aussi, se disait catholique il se couvrit de gloire par sa reunion celte Eglise qui ne se donnait pas seulement pour telle, mais qui Ttait de fut;
: , , ,

caractres auxquels il protestait se tenir si fortement, si invariablement attache, qu aucune hallucination, aucune sduction, ne pourrait jamais l'en sparer. Moi qui aprs avoir t si longtemps et si le saint fortement agit (dit en propres termes docteur en parlant de lui-mine), ai pu enfin reconnatre ce qu'tait cette vrit dpouille qui de tout rcit fabuleux; moi, misrable, peine ai su, avec Vaide de Dieu, me mettre audessus des vaines imaginations qu'avaient reud ernies dans mon esprit tant d'opinions et
,

reurs diverses; moi qui, pour dissiper cestnbres de mon me me suis si tard soumis aux sollicitations empresses et flatteuses du tant plus charitable des mdecins; moi qui ai larmes, afin que l'immuable et immavers de livres cule substance, par V entremise des divins, daignt me persuader intrieurement ; pour toutes ces fictions auxquelles qui
,

enfin,

%me longue habitude vous

tient

attachs

et

asservis, ai fait de si minutieuses recherches, crues qui les ai coutes avec tant d'attention, avec tant de tmrit, persuades qui ]c poules rais avec tant d'instances, tandis que je fendais de toutes mes forces et avec opini-

'

comment t contre ceux qui les attaquaient, nirrais-je en aucune manire svir contre mis, moi qui dois maintenant vous supporter tomme alors je voulais qu'on me supportt? Comment pourrais-je ne pas tre patient votre /jard moi qui eus besoin d'une si lente patience de la part des autres, lorsque professant
r
,

piscopat de nos jours ; j'y suis enfin retenu par le nom mme de catholique, que parmi un si grand nombre d'hrsies cette Eglise seule a obtenu, et non pas sans motif, d'une manire si exclusive, que mme parmi les hrtiques qui tous pourtant veulent tre dits catholiques, il n'en est pas un seul qui, cette demande d'un tranger : oti est l'glise catholique ? aille lui dsigner sa propre basilique ou sa propre demeure (Ibid., c. IV, v. 5). C'est vous tous, nos ffres spars, que saint Augustin adressait ce discours, ou, pour mieux dire, c'est nous qui vous l'adressons avec Augustin. D'aprs les paroles de ce docteur, si brillantes de vrit, pouvezvous reconnatre vos sectes et leur appliquer de bonne foi les caractres qu'il indique comme les seuls qui autorisent une Eglise s'appeler catholique, et qui tous conviennent si exclusivement l'Eglise de Jsus-Christ, l'Eglise catholique et romaine? Si donc vous n'aspirez pas un vain titre qui ne peut vous servir, mais uniquement la vrit et la ralit de la chose signifie par un titre si glorieux, expliquez-vous-en je vous en conjure. Etes-vous par malheur de ces naufrags qui cherchent inquiets le port o ils puissent se reposer en paix aprs de longues angoisses? Eh bien! levez voire regard vers ce phare lumineux qui s'lve au haut du Vatican; dirigez de ce ct votre course allez-y jeter l'ancre. Etes-vous par hasard de ces tribus nomades, tournant et l, errantes par le dsert de cel exil, et qui cherchent un guide assur pour les conduire au terme? Eh bien! tournez les yeux vers cette flamboyante colonne qui, au milieu d'paisses tnbres, brille d'une si claire lumire, et elle vous conduira joyeux la terre de promission si dsire.... Etes-vous enfin de ces brebis gares qui ont perdu les traces de l'aimable pasteur qui les nourrit et les dfend? Eh bienl jetez-vous dans les bras du pasteur auquel le Christ a commis et assur la garde de sa tendre bergerie altachez-vous lui, puisqu'il vous y invile si tendrement lui-mme, et vous ne formerez plus ensemble qu'une seule bergerie et uu seul pasteur Fict unum ovile et unui
, ,

pastor.

1019

DISSERTATION SUR L'IMMACULE CONCEPTION.

1050

ABREGE
EN FORME D'ANALYSE
DE LA DISSERTATION POLEMIQUE
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JCmbui#tffM,
etc.,
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VQUE DE SABINE, BIBLIOTHCAIRE DE LA SAINTE GLISE,


SUR

L'MD JLCULEE CONCEPTION

TRADUIT DE L'ITALIEN PAR M. L'ABBE TH.

B.,

CUR DE DOMAZAN

(Gaho).

L'opinion catholique do tous les temps, de tous les lieux, est en faveur de Marie. Les Pres de l'Eglise, les docteurs les plus illustres, les thologiens les plus pieux et les plus savants, dans tous les sicles, ont consacr leur plume et leur gnie lhonorer. Tout ce qui concerne les mrites, les gloires, l'amour de la Vierge, rveille daus le cur des vritables fidles les motions les plus douces et les plus tendres; il existe en eux un vritable transport d'amour; de sorte qu'on peut dire, sans sortir des bornes de la

qu'une ardente sollicitude et un affectueux empressement accrotre les gloires de Marie forment, pour ainsi parler, la marque distinctive du vritable esprit cathovrit,

lique,

aussi la froideur, l'indiffrence le dsir coupable de dprcier et d'obscurcir ses prrogatives, fut toujours la compagne insparable de l'erreur

comme

pour

elle,

ou plutt

et des hrsies

anciennes

et

modernes.

Faut-il s'tonner que, de nos jours, un clbre cardinal, non moins illustre par les hautes dignits o il est lev que par ses connaissances spciales en thologie et par cette pit aimable et solide dont il a donn des preuves dans les uvres asctiques qu'il a publies, malgr les soins importants et continuels qu'il est oblig de donner aux affaires du saint-sige ait voulu composer
,

fermir et rendre plus clatant ce singulier privilge del Vierge, de l'autre, il sera regard comme un monument imprissable de cette dvotion ardente dont brle pour la mre de Dieu son illustre auteur. Aussi nou3 dclare-t-il lui-mme dans les premires pages de son livre, qu'il ne s'est livr une si pnible occupation que dans le seul but de rveiller et de nourrir cette dvotion salutaire dans tous les curs. Cette dissertation, en forme de controverse, du trs-minent cardinal Lambruschini pouvait-elle paratre dans un temps plus opportun ? En ce moment, dans le centre de l'Allemagne, une cole philosophicothologique,qui se dit catholique, s'applique obscurcir l'clat de l'immacule conception de la Vierge. Et quoiqu'il ne se soit point expressment propos de la combattre, nanmoins il prvient et rsout avec tant de sagacit toutes les difficults dont le malencontreux fondateur de cette cole cherche s'layer pour attnuer la vrit de notre pieux sentiment qu'on dirait qu il n'ait point eu d'autre vue et qu'il s'est propos de faire une rfutation complte de tous ses vains raisonnements Sans s'loigner jamais de la doctrine enseigne par la thologie, il a su runir dans
,

ouvrage sur l'immacule conception de Marie? Utile et saint travail s'il en fut

un

petit

celte dissertation, d'ide, une solidit

avec une

grande clart remarquable de raison-

jamais

Car, d'un ct,

s'il

contribue af-

nement et un ordre admirable, tout ce qu'il y a de plus emportant, de plus fort, de plus

mi
giens qui,
sujet
fort

DEMONSTRATION EVANGELIQUE. PERRONE.


sainte

1052

pressant qui se trouve rpandu dans les crits volumineux des plus clbres tholo diverses poques, ont trait ce
et revendiqu pour la Vierge un privilge qui ne tourne pas moins son honneur qu' celui de son divin Fils. Pour donner plus de valeur et de prix son uvre, l'illustre auteur y ajoute des observations pleines de justesse et de sagacit, qui trahissent autant la pntration desprit de l'crivain que l'intrt et l'amour qui ont conduit sa plume. Dans la chaleur mme de la polmique, il sait rpandre l'onction de cette pit suave qui respire dans tous les crits dont cet illustre cardinal a enrichi le monde asctique, de sorte qu'en mme temps

au long

Vierge de plusieurs passages qui. sens mystique et spirituel, confirment d'une manire convaincante cette mme vrit. Et d'abord c'est avec raison qu'il cite et dveloppe ce texte clbre de la Gense, appel prolvangile (premier Evangile), par lequel Dieu annonce au serpent, ou, pour

dans

le

mieux dire, au dmon, la victoire qu'une femme devait remporter sur lui, par ces paroles Inimicilias ponam inter te et mulierem, et semen tuum et semen llius ; ipsa con:

caput tuum, et tu insidiaberis calcaneo ejus (Gen., III, 15). Cet oracle n'aurait pu se vrifier pleinement si la sainte Vierge n'et t exempte de la tache originelle. Car
teret

lecteur reoit une instruction salutaire, il sent pntrer dans son me les sentiments de la plus affectueuse dvotion. Mais afin que l'on puisse mieux apprcier l'esprit, la tournure et les divers mrites de ce

que

le

ouvrage, il m'est doux et honorable d'en faire, de mon mieux, une exacte analyse. Et d'abord, pour loigner toute quivoque et faciliter l'intelligence des Pres et des docteurs, prenant pour guide l'immortel Benot XIV et la foule des thologiens, l'minent prlat dislingue avec soin le double sens du mot conception. Car on prend le mot conception, soit dans le sens actif, pour signifier l'acte mme de la gnration et de la conception matrielle, soit, dans !e sens, passif, pour exprimer l'animation du ftus. Or, il fait observer que, quand on parle de la conception immacule de la Vierge, on ne prend pas ce mot dans le premier sens, dans lequel la conception n'a pas lieu, mais dans le second, car son me sanctifiante se runit au corps, mais exempte, depuis l'instant de sa cration, de la moindre tache oripetit

dans l'hypothse contraire, il ne lui aurait pas seulement tendu des piges, mais il aurait rgn sur elle de la mme manire qu'il rgne sur les autres enfants d'Adam, tant qu'ils ne sont pas purifis et dlivrs des liens du pch. A l'autre genre de preuves tires de l'Ecriture, qui confirment sa proposition, appartiennent les textes sacrs que l'Eglise, toujours guide par l'esprit de Dieu dans la clbration des ftes de la sainte Vierge, applique Marie, quoiqu'ils doivent s'entendre littralement de la sagesse
incarne.

Et ici, le savant auteur va adroitement audevant des difficults que l'on pourrait tirer
des propositions gnrales de l'Ecriture, qui semblent regarder tous les hommes, descendants naturels d'Adam, comme Vin quo omnes peccaverunt, et autres du mme genre. Il prouve que des propositions semblables souffrent des exceptions; qu'aulrement il s'en suivrait, si on raisonnait de la sorte, qu'on devrait refuser la sainte Vierge des privilges qui trs-certainement lui ont t accords. Car on lit aussi dans nos livres sacrs que Dieu dit la femme In dolore paries ; faudra-t-il conclure que Marie a t soumise un semblable arrt ? Il faut dire

ginelle. L'tat de la question tant ainsi pos et par cela mme clair ci , il dmontre par toutes sortes d'arguments, tirs de la raison et de l'autorit de l'Ecriture et des Pres, la vrit de sa proposition , savoir que l'on
:

doit regarder comme immacule la conception passive de la Vierge. L'argument de raison est tir de tous les divers motifs pour lesquels il tait si convenable que Dieu ne refust pas la sainte Vierge un privilge qu'il tait si facile de lui

que semblait ne pas moins revendiquer en quelque sorte la dignit de Mre de Dieu, que le triomphe complet sur le dragon de l'enfer, et l'honneur mme de celui qui daigna dans son sein se revtir de la l'orme mortelle. Celte preuve, tire de la raison, quoiqu'elle ne soit pas dmonstrative, a toujours t trs-propre persuader mais la pieuse opinion que nous dfendons quelle ne sera pas sa valeur, si nous la joignons l'autorit de l'Ecriture et des Pres, qui la protgent de toutes parts ? L'auteur descend dans cette noble arne, et pour ce qui (oncerne l'Ecriture, il montre qu'elle insinue de deux manires la vrit de notre pieux sentiment, dans son sens littral et dans l'application que l'Eglise fait la
accorder, et
;

mme chose d'un grand nombre de lois gnrales qui, d'aprs les sentiments reus parmi les catholiques ne regardent point Marie. Ceci se trouve plus particulirement confirm par la dclaration expresse du concile de Trente. Le plus grand nombre des Pres de celte vnrable assemble taient ports, comme nous l'atteste Pallavicin, prendre une dcision relative l'opinion que nous dfendons ; ils furent nanmoins arrts par des considrations justes et prudentes, mais qui ne regardaient que cette poque, et ils se contentrent de faire connatre indirectement leur pieuse manire de penser ce sujet dans la clbre clause qui est toute l'appui de notre asserlion ; car le concile, dans la cinquime session, aprs avoir rendu un dcret sur le dogme de la transmission du pch originel dans tous les enfants d'Adam , ajoute Dclart tamen hc ipsa sancta synodus non esse su inlentionis cemprehendre in hoc decreto, ubi de peccato vriginali agitur. beatam et immaculatam Virginem Mariam, bei genitricem, sed observandas esse constitutions felicis reccrdalionis
la
,
:

mz

DISSERTATION SU II L'IMMACULE CONCEPTION.

4054

Sixtipap IV, sub pnis in ejus constitutionibus contentis qnas innovt. Certainement le concile de Trente connaissait les expressions gnrales de l'Ecriture : en ne voulant pas que la sainte Vierge ft comprise dans son dcret, par cela mme il a prouv qu'elle n'tait pas non plus comprise dans les propositions gnrales de l'Ecriture. Outre cela, le mme concile dans cette clause ayant appel la Vierge immacule, et l'ayant ainsi qualifie cause de sa dignit de Mre de Dieu, il a clairement fait connatre qu'il penchait vers notre sentiment, donnant entendre que par raison de convenance Dieu devait confrer ce privilge la sainte Vierge. Quoique le concile renouvelle et confirme les constitutions de Sixte IV ( une de ces constitutions dfend de taxer le sentiment contraire de faux et d'erron), cela ne nuit en rien notre cause. Car, comme l'observe trs-spirituellement notre illustre auteur, de cette confirmation, on ne peut raisonnablement infrer qu'une chose, savoir que le concile n'a pas voulu dfinitivement trancher ce que tout le monde avoue. la question Celte dcision ne sert mme qu' mieux faire connatre la propension des Pres du concile de Trente regarder Marie comme exempte de la moindre tache originelle dans sa conception. En effet personne n'ignore que les constitutions de Sixte sont plutt favorables que nuisibles notre pieuse opinion; personne n'ignore aussi que ce mme pontife a rpandu parmi les fidles le culte de la sainte Vierge sous le titre d'immacule, en permettant la messe et l'office propre, o se trouve une oraison qui fait une mention expresse d'un titre si glorieux et de l'exempen ouvrant ce trsor des tion ab omni labe indulgences tous ceux qui honoreraient sous ce litre la Mre de Dieu en frappant des censures et des peines les plus graves quiconque enseignerait ou prcherait quelque chose de contraire ce privilge. Les successeurs de Sixte IV, saint Pie V, Paul V, Grgoire XV, Alexandre VII ne s'arrtrent pas l, et, marchant sur les traces de Sixte et des Pres de Trente, ils concoururent tous, qui d'une manire, qui d'une autre, consolider., raviver et rpandre le culte de la Vierge honore d'un titre si glorieux, et dfendre que. mme dans les en:
:

de tmoignages pris, non-seulement chez les Pres grecs et latins, mais encore dans les liturgies les plus anciennes, o se trouve clairement exprime l'opinion commune de l'Eglise sur ce rare privilge dont Dieu a voulu honorer sa Mre. Dans cette courte analyse, je ne puis citer celte longue srie de Pres et de docteurs, qui se lie troitement et s'tend jusqu'au treizime sicle, comme il est facile de s'en convaincre en lisant la dissertation du savant prlat. Et, quoique quelques-uns des nombreux passages allgus puissent peut-tre fournir matire la critique, qui pourrait, en les considrant dans leur ensemble, runis comme une phalange en ordre de bataille, qui pourrait, dis-je, se soustraire au poids si grave de leur imposante autorit? Arriv au sicle o vivait le saint abb de Clairvaux,que suit de prs le granil Thomas d'Aquin, il s'arrte pour examiner avec la plus grande attention et la critique la plus impartiale quel fut le sentiment de ces deux saints, que les partisans de l'opinion oppose prtendent avoir l contraires celle qu'on soutient ici. Et d'abord, pour ce qui concerne saint Bernard, il fuit observer que, dans sa lettre clbre adresse aux chanoines de Lyon, il ne s'oppose pas tant l'introduction de la nouvelle fte, comme il l'appelle, qu' la manire dont on l'a introduite, c'est-dire sans consulter l'Eglise romaine. En outre,
il

est trs-vraisemblable
le

que

le

par

mot de conception, n'entendait pas

saint docteur, la

tretiens particuliers, il ft permis d>; rvoquer en doute ce privilge de Marie. L'accord de tant de grands papes fournit notre

clbre cardinal un nouvel argument en faveur de sa proposition.

Ainsi fort, d'un ct, de l'autorit de l'Ecriture, qui

sertdefondementnolreopinion, aprs avoir mis en poudre la seule objection

l'on pourrait tirer des propositions gnrales qu'elle contient, de l'autre, fort de l'autorit non moins imposante des Pres et des docteurs de l'Eglise, notre illustre auteur reprend sa mche d'un pas assur. El c'est ici que, dployant une vaste rudition, il passe en revue tous les sicles du christianisme, et forme un corps admirable

que

conception passive, mais bien l'active- Aprs celle observation, l'illustre cardinal a raison de conclure qu'on ne doit pas meltre ce saint au nombre des adversaires de sa doctrine; que du temps de saint Bernard le mot de conception fut employ dans le sens actif ; Mabiilon lui-mme en convient, et il cite mme pour le prouver divers tmoignages des auteurs contemporains (Voy. Not fusiores in opra sancti Bernardi, ad t. 1, in epist. 17i ad canon. Luijdun., n. 141). D'ailleurs nous avons des tmoignages directs du saint lui-mme, qui rendent vidente sa manire de penser sur le sujet qui nous occupe, et qui confirment notre prcdente interprtation. Enfin, puisque le saint docteur, en recommandant l'observation de la fte clbre dans toute l'Eglise, de la naissance de Marie, en lirait cette conclusion, qu'une telle naissance doil tre pure et sainte, nous sommes en droit de conclure, par un raisonnement analogue, que, s'il et vcu de nos jours, il se serait regard certainement comme trs-heureux de pouvoir chanter, de conTola pu'chra es, cert avec l'Eglise entire Maria, et macula non est in te. Et cela avec d'autant plus de raison qu'il termine a lettre en soumettant tout ce qu'il crit sur ce sujet l'irrfragable autorit de 1 Eglise romaine, la mre et lamalresse de toutes les Egides. Il faut faire la mme observation l'gard de saint Thomas, dont le savant prlat examine ensuite le sentiment. Mais, de plus, il est certain, d'un cl, que le Docteur ange:

1055

DEMONSTRATION EVANGELIQUE. PERRONE.


saints
les

1056

lique, dans ses autres crits, enseigne ouvertement que la sainte Vierge a t exemple de toute souillure, soit personnelle, soit originelle, et il l'enseigne en particulier dans le premier livre des Sentences, dist. kk, q. 1, art. 3, et ailleurs; d'un autre ct, il est aussi certain que plusieurs savants de l'ordre clbre de saint Dominique se plaignent hautement de ce que, dans les ditions subsquentes des uvres du saint docteur, on a tronqu et altr plusieurs passages, d'aprs
il semble professer une doctrine conDans cet tat des choses, il faut ncessairement, ou que ce saint se soit grossirement contredit, ou qu'il ait chang de senti-

plus remarquables de tous les ordres qui ont fleuri depuis celte poque jusqu' nos jours, et il cite en particulier saint Bernardin, saint Laurent Justinien, saint Thomas de Villeneuve, saint Alphonse de Liguori, qui, embrass d'un zle ardent pour honorer la Mre de Dieu, ne cessaient de prcher qu'elle a toujours t pure, toujours

immacule.

lesquels
traire.

ment, ce qu'il n'est pas facile de supposer dans un homme si grave. Donc nous sommes forcs de conclure, avec notre illustre auteur, que ses uvres ont t altres; mais, quoiqu'il en soit de cette altration, il est hors de doute que dans la Somme mme, o il semble le plus s'loigner de notre pieuse croyance, le docteur anglique y pose des principes tels, qu'il est permis d'en tirer videmment cette consquence, que s'il et crit de nos jours, il et soutenu un sentiment entirement oppos car voici ses pa,
;

Dubitari non posse beatissimam Virginem sine peccato originali natam esse, quia Ecclesia ejus nativitatem clbrt. Aujourd'hui l'Eglise, obissant aux dcrets des souverains pontifes, clbre la fte de la Conception de la mme manire que celle de la Nativit, et elle se contente de substituer le mot nativit celui de conception, pour se conformer au statut de Pie V. Donc, si saint Thomas et vcu de nos jours, en vertu de ses principes, il aurait soutenu notre pieux sentiment. C'est ainsi que raisonnait, d'une manire trs-logique, un flambeau de l'cole thomiste, Jean de saint Thomas, et voici ses propres paroles cites par notre clbre carPostquam Eccl. romana clbrt fedinal slum Conceptionis, loquendo in vi doctrin D. Thom oportet vice versa dchis sententiis censere, et sic divus Thomas censeret. Aprs celle explication, qui n'est pas sans importance, parce que l'loquent abb de Clairvaux et le saint religieux d'Aquin sont, aux yeux de nos adversaires, les plus fermes soutiens de leur opinion, l'illustre disserlateur, propos de saint Thomas, expose la doctrine de l'ordre vnrable des pres prcheurs sur le sujet qui nous occupe. Et, commenant par le saint fondateur lui-mme, il dmontre, par des documents incontestables* qu'il a dfendu la pieuse opinion de l'immacule conception de Marie. 11 numre ensuite les principaux membres de cet institut clbre qui ont brill et par il dresse leurs vertus et par leurs talents une longue liste de tous ceux qui se sont accords pour maintenir intact ce glorieux privilge de la Vierge; il la clture par Nol Alexandre et Vincent Juslinien, rapportant au long leurs raisonnements graves et solides, qui prouvent invinciblement sa proroles
:
:

Le parallle qu'il fait ensuite des thologiens qui ont combattu pour l'un ou pour l'autre de ces deux sentiments opposs est tout notre avantage car il en rsulte clairement que ceux qui dfendent le privilge de Marie, tant par leur autorit imposante, que par leur grand nombre, l'emportent de beaucoup sur ceux qui le nient. En effet, parmi ceux-ci on en compte peine cinq qui aient quelque rputation, tandis que ceux-l sont si nombreux et non moins clbres que, vouloir les nommer tous, serait commencer une uvre dont on ne verrail jamais la fin. Mais ce n'est pas seulement aux individus que se restreint le nombre de ceux qui ont revendiqu pour la Vierge la prrogative dont nous parlons, il l'tend encore aux ordres tout entiers le savant auteur fait une mention particulire de l'ordre des chartreux, des Tranciscains, el de la compagnie de Jsus, dont les membres, comme nous
; ;

pre Georges, ont dfendu ce rare privilge de Marie, semper et ubique. Parmi ces derniers, il en choisit trois, dont il cite les paroles, et qui sont minemment distingus par leurs talents, Suarez, A-Lapide, Ptau il leur joint Barradas et Bellarmin, qui ne sont pas moins clbres. Et, quoique ce dernier ne l'ait pas expressment enseign
l'atteste le
;

dans ses

crits, il dclara nanmoins qu'il dfendait le privilge de la Vierge, non-seulement dans ses controverses, mais encore, d'aprs le tmoignage du cardinal Sfrondali, dans l'assemble de trente-six cardinaux qui se tint ce sujet en prsence du souverain pontife Paul V. Il devait naturellement parler des clbres thologiens barnabites, qui ont fait cause commune avec tous les dfenseurs de l'immacule conception. De ce nombre se trouve le plus savant d'entre eux, le cardinal Gerdil, qui, par le grand nombre de
le

ses crits, n'illustra pas moins son ordre que sacr collge, le sige apostolique et l'Eglise entire. Gerdil, dans les observations et

notes qu'il a ajoutes l'ouvrage de l'illustre vque d'Arezzo, monseigneur d'A!bergotti, ouvrage intitul La voie de la Sainles

connatre sa manire de penser et ardent qui l'animait pour propager la pieuse croyance que nous dfendons il insiste mme pour que l'on insre dans les leons de saint Maxime le passage o ce mme Pre enseignait la puret originelle de Marie voici ce passage Eamque idoneum plane Christo habilaculum, non pro habita corporis, sed pro gratia originali prtet, fait

dploie
;

le zle

dicavit.

position. Il joint ces

noms

illustres les

noms

des

Notre savant dissertateur poutsuit sa marche un vaste champ s'ouvre devant lui il s'agit d'numrer les universits les plus ce;
:

1057

DISSERTATION SUR L'IMMACULE CONCEPTION.

1058

lbres de l'Europe, mme du monde catholique, qui ont voulu s'astreindre par des constitutions et mme par serments dfendre notre cause sacre de citer les vques, les cardinaux, les souverains pontifes eux-mmes favorables l'immacule conception; de parler des monarques, enfin de tous les peuples catholiques rpandus sur la surface du globe qui, par les transports de la dvotion la plus affectueuse et la plus tendre,
;

par des abstinences rigoureuses et volontaires, se prparent clbrer dignement la fte de la Vierge immacule. Ici, le savant auteur rapporte tout au long un document prcieux sur le tmoignage du pre Georges, dont nous avons parl plus haut, homme d'une vaste rudition. Ce document prouve que, sous le pontificat de Clment XII, tandis que le catholicisme tait dans un tat florissant, le corps piscopal presque tout entier fit les plus grandes instances pour que le mme pontife dfint
solennellement la vrit de notre pieuse croyance, de sorte que personne ne pt la mettre en discussion ni avoir un sentiment contraire. Les originaux pleins d'intrt qui renferment le vu de ces prlats, des acadmies et des sujets de ce royaume, originaux retrouvs en 1801, furent prsents l'immortel Pie VII, qui les reut avec la plus grande joie, comme le prouve clairement la lettre adresse par le mme cardinal au pre Georges, du consentement de ce pontife. Ici notre auguste dissertatcur, pour donner plus de poids cette masse de tmoignages
historiques, les accompagne des rflexions les prend pour guide saint il plus judicieuses Augustin, qui, dans sa cent quarante-troisime lettre, adresse au comte Marcellin, et dans sa cent soixante-quatrime, adresse l'vque Evodius, tablit clairement que l'on doit regarder comme vrai ce qui a l'assentiment commun des fidles, quand mme l'Ecriture garderait sur ce point un profond
:

silence.

Le pre Ptau dveloppe longuement et dmontre la justesse de celte proposition par quelques exemples que lui fournit le saint vque d'Hippone, exemples dont il se sert pour prouver que Dieu se plat, par des rvlations secrtes, ou, si l'on veut, par des inspirations, rpandre une connaissance plus distincte de quelques vrits qui restaient enveloppes auparavant d'une certaine obscurit. Les Grecs ont coutume d'appeler celte connaissance plus claire ^rifoipopu-j, et les Latins, ferme persuasion, ou conviction, qui consiste croire fermement comme vraie

quelque chose qui n'est pas encore devenu un dogme catholique (De incarnat., lib. XIV, c. 3, 10 et 11). Or ce consentement si unanime, si imposant des fidles, louchant le privilge de la Vierge, qu'ils regardent exemple de la moindre souillure, o peut-il avoir sa source, si ce n'est dans l'esprit de Dieu, qui
claire et dirige l'Eglise catholique? Aussi notre illustre cardinal avoue, avec autant do candeur que de justesse, que, pour ce qui le regarde, il a t port adopter celle pieuse

croyance, principalement cause de ce consentement unanime des fidles, corrobor par l'assentiment des papes et du concile de Trente. En effel, celui qui aura prsente son esprit la srie des preuves que nous ne faisons qu'effleurer, et qui sont si largement exposes dans l'ouvrage que nous analysons, conclura sans peine que la pieuse opinion de l'immacule conception de Marie est, pour me servir d'une figure connue, comme un rejeton faible dans son origine et ses commencements, mais qui, se dveloppant successivement, sous la salutaire influence de la tradition et des Pres, pousse, grandit, devient un arbre majestueux qui couvre tout l'univers catholique de son verdoyant feuillage, de sorte que, d'un bout du monde l'autre, des bouches fidles rptent le litre glorieux de Vierge toute pure, toute sainle et immacule. Et d'un autre ct, ne semblet-il pas que Dieu lui-mme se plaise confirmer de plus en plus cette conviction gnrale? N'est-ce pas l ce que prouvent les nombreux prodiges, ces prodiges insignes, oprs par l'intercession de la Vierge invoque sous ce titre? N'en trouvons-nous pas des preuves clatantes dans cette vision tonnante dans laquelle la Mre de Dieu daigna apparatre, il y a quelques annes, une humble fille de France? Dans la mdaille miraculeuse o se trouve grave l'effigie de la Vierge immacule; dans son tonnante et rapide propagation; dans les nombreuses et clatantes conversions qu'elle opre dans tous les rangs de la socit? Dans celic, entre autres, dont nous fmes nagure nousmmes les tmoins Rome, qui a eu avec raison tant de retentissement, et qui a excit une admiration gnrale; dans la conversion du jeune isralite de Strasbourg? Ce jeune homme, c'est Alphonse Ralisbonne, qui, de cruel ennemi du nom chrtien qu'il tait, est devenu un fervent catholique, parce que, cdant aux instances d'un ami, il a consenti porter sur lui cette mdaille, et a invoqu la sainte Vierge, quoique ce ft contrecur. Et le vicaire de Jsus-Christ, l'immortel Grgoire XVI, n'ajouta-t-il pas un nouveau prix toutes ces faveurs du ciel, si propres confirmer la cerlitude et l'utilit du culte de la Vierge, conue sans souillure, en accordant, en vertu d'un induit, par l'organe de la congrgation des rites, toutes les Eglises de France, d'Amrique, d'Angleterre, d'Allemagne et d'Italie, qui la demandrent, la permission d'ajouter dans la prface du 8 dcembre, comme le fait l'ordre de SaintFranois, ces paroles Et te in immacnlala
:

conceptione. Tous ces


:

fails,

par
prit
et la

l'illustre cardinal, font natre

convenablement clairs dans l'es;

la conviction la plus solide et dvotion la plus tendre en sorte qu'aucun cur vraiment catholique ne peut, mon avis, s'empcher de partager les vux ardents dont il couronne son uvre, fruit d'une pit claire et d'une science profonde. Mais citons cesopropres paroles, car

du lecteur

1059

DMONSTRATION VANGELIQUE. PERRONE.


dessus
le silence, et qu'il
:

1068

nous ne pouvons leur en substituer de p'us Nous entranantes, ni de plus nergiques n'avons pas besoin, dit-il, d'exprimer quels
sont les vux ardents qui s'chappent de notre cur. Oui, si le saint-sige, toujours guid par les lumires du Saint-Esprit, jugeai! propos de dfinir le point si important de l'immacule Conception de Marie, alors nous fermerions plus volontiers nos yeux la lumire, nous sortirions en paix de ce monde; et nous avons la ferme confiance que cet acte serait le signe avant-coureur des grces sans nombre, des misricordes infinies, des douces bndictions, qui, la prire pleuvraient abondamment sur de Marie Rome, sur l'Eglise entire, qui la regarde comme son avocate et sa prolectrice sp,

ciale.

Je n'ai

fait

qu'baucher
;

le

magnifique ta-

bleau trac de main de matre par notre ilmais maintenant revenant lustre auteur sur mes pas, sans m'carter nanmoins de ses traces, il me reste prouver ce que j'ai avanc en commenant celte analyse, savoir que dans sa dissertation polmique, il a prvenu et rsolu les objections que fait valoir le fondateur d'une nouvelle cole allemande pour attnuer et obscurcir la vrit de notre pieuse croyance. Le lecteur rflchi, dj un peu prvenu, devine ma pense ; il comprendra que je veux parler d'Herms et de son cole. Or, quoique Herms n'ait pas la hardiesse d'attaquer ouvertement le sentiment commun, car il aurait trop heurt de front le concile de Trente et les constitutions pontificales, il ne laisse pas toutefois, quoique sourdement, de manifester sa manire de penser sur le sujet qui nous occupe. Et comme en gnral, dans son enseignement thologique, il ne s'appuie que sur la raison individuelle, et qu'il mprise l'autorit des thologiens, il manifeste clairement sur ce point son individualisme rationnel, que je ne puis
:

autrement
faire

qualifier.

Mais

il

faut

auparavant
:

connatre ce qu'on

lit

en particulier

sur ce sujet dans sa Dogmatique La sainte Eglise enseigne donc, d'aprs lui, 1" que tous les hommes ont t, indpendamment de toute action qui leur soit propre, infects du pch dans Adam, et cela, parce que celui-ci transgressa le commandement qui lui fut donn de Dieu, et qu'ainsi il pcha; 2 que ceux-ci, cause de leur origine de ce premier homme, Adam, par ce pch, deviennent comme lui coupables. Observation. 11 y a donc un pch originel dans le sens propre de ce mot, ou, si l'on veut, une qualit ou disposition coupable dans tous les descendants naturels d'Adam. Duns Scot, le pre mer, et aprs lui quelques thologiens ont cherch dmontrer que la seule Vierge Marie, comme mre du Sauveur, a t conue et ne sans ce pch, donnant cette raison parce que cela tait trs-convenable. Or nous ne savons pas prcisment ce qui est convenable aux yeux de Dieu mais puisque le concile de Trente, dans le cinquime chapitre de la cinquime session de Pecata oritj., veut expressment que l'ou garde la:

renvoie chacun la constitution de Sixte IV qui est relative cette question , aucun particulier ne doil prendre sur ce sujet une dcision quelconque (1). Il ne faut pas regarder comme une dcision de l'Eglise l'introduction de la fte de l'immacule Conception de Marie, faite par le souverain pontife , sans opposition aucune de la part des autres voques; car dans le sens catholique donn au mot vnration des saints, ce n'est pas le titre, quel qu'il soit de la fte, mais les vertus du saint qui sont l'objet de la vnration c'est pourquoi le litre d'une telle fle, dans son introduction, est. quelque chose d'accidentel, qui no se prend mme pas du tout en considration. D'ailleurs, comment la conception sans pch, ainsi que la naissance de Marie, seraientelles l'objet de notre vnration? Quand l'Eglise de Lyon commena la premire en France, de sa propre autorit, clbrer la fte de l'immacule Conception de Marie, parce que, comme elle le prtendait, la Vierge avait dclar, dans une lettre tombe du ciel, que celte fte lui serait agrable, saint Bernard crivit ce sujet l'Eglise de Lyon, c'est--dire aux chanoines de Lyon ad canopour s'opposer leur nicos lugdunenses conduite et la dsapprouver nergiquement. Cette lettre rpand tant de lumire sur cette question et mme sur la premire origine de cette question agite plus tard, qu'elle mrite d'tre iue en entier trs-attentivement. Ici finit la citation d'Herms. D'abord, les claircissements que donne l'illustre cardinal sa manire d'exposer scrupuleusement les choses, prouvent qu'il y a plusieurs erreurs historiques et des assertions trs-hardies dans ces quelques lignes d'Herms. Celui-ci assure que Duns Scot est le premier qui ait parl de l'immacule conception de la Vierge, comme si ce rare privilge de Marie n'avait pas t plus ou moins explicitement insinu, signal ou dfendu par les Pres et les docteurs de l'Eglise. Il cite ensuite d'autres thologiens qui marchrent sur les traces de Scot, comme s'ils taient en petit nombre et de peu de considrai ion, tandis qu'il devaitdire La foule des thologiens les plus distingus et les plus clbres. Il dit que le concile de Trente a voulu que l'on gardt le silence sur la question qui nous occupe, tandis que le concile de Trente, au contraire, dclare qu'il n'a pas l'intention de comprendre dans son dcret sur le pch originel la bienheureuse et immacule Vierge Marie , et qu'il ordonne d'observer rigoureusement, non pas seulemeut la constitution, mais bien les constitutions de Sixte IV , sous peine d'encourir les censures qu'elles contiennent et qu'il renouvelle. Voici les Dclaexpressions de l'auguste assemble rt tamen hc ipsa sancta synodus non esse su intenlionis comprehendere in hoc decreto ubi de peccato originali agitur beatam et im: , , : :

(l) 11 ne peut tre ici question de Noire Seigneur Jsus-Christ, puisqu'il est dmontr <pi il n'est pas descendant naturel d'Adam.

1061

DISSERTATION SUR L'IMMACULE CONCEPTION.


fit

1062

maculalam VirginemMariam, Deigenitricem;


sed observandas constitutiones felicis recordulionis Sixli pap 1 V, sub pnis in eis constitulionibus contentis quas innovt. Or , Sixte promulgua doux constitutions, la pre-

pas, d'aprs Herms, pour prouver la sanc-

tification de la Vierge, de sorte

dire qu'elle est ne sainte.

Donc

qu'on puisse ce n'est pas

mire en 1476, par laquelle il accorde ceux qui auront assist la messe et clbr l'office le jour de la Conception, les mmos indulgences qu'Urbain IV avait acecordes ceux qui assisteraient la fte du corps et du sang de Jsus-Christ. Sixte fit paratre l'autre constitution en 1483 il y dfend, sous peine d'excommunication, d'attaquer comme erron ou hrtique l'un des deux sentiments contraires. Que dire ensuite de la lettre qu'on prtendait tombe du ciel ? Dans l'Eptre de saint Bernard on lit seulement ces paroles sed profertur scriptum supern ( ut aiunt ) revelationis. Or il peut se faire que le saint fit allusion non pas une lettre tombe du ciel, mais un crit contenant quelque rvlation, comme l'observe Mabillon, qui prtend qu'il a exist un crit de ce genre, attribu un abb anglais appel Elsin. En effet parmi les uvres douteuses ou apocryphes qui se trouvent dans l'appendice des uvres de saint Anselme (dition de SaintMaur ), il y a deux opuscules de Conceptione B. Mari o l'on raconte qu'un personnage majestueux apparut l'abb Elsin et lui enjoignit de clbrer la fle de la Conception s'il voulait chapper un danger imminent de faire naufrage. Il n'est donc pas question de lettre tombe du ciel. Mais ceci soit dit seulement en passant pour rectifier les faits
;
:

sans raison qu'il parle de la mme manire de la conception et de la nativit de la mre du Sauveur. Et certes il n'est aucun catholique qui ait le moindre doute sur la saintet de la Vierge au moment de sa naissance , c'est ce que l'Eglise regarde comme une chose certaine. Le sentiment des fidles et des pasteurs est unanime sur ce point , en sorte que, si quelqu'un tait assez hardi pour refuser ce privilge Marie, il ne serait pas seulement tmraire, mais il serait trs-

condamnable. Donc, si la convenance, et la convenance seule fonde entirement, pour


,

servir d'une expression familire Herms, une preuve solide de la sanctification de Marie dans le sein de sa mre, pourquoi ne pourrait-elle pas la fonder pour ce qui

me

regarde l'exemption du pch? La raison est identique la Vierge a t sanctifie avant sa naissance, parce que cela tait trs-convenable cause de sa dignit de mre du Sauveur ; l'un n'est pas plus difficile Dieu que
:

et

faire disparatre le ridicule qu'Herms voulait jeter sur notre opinion. Arrivons au fond de la question. Herms affirme que Scot et d'autres thologiens ont
(

Que si au contraire cette convenance ne fonde pas une raison solide pour exempter Marie du pch originel prcisment parce que nous ne savons pas au juste ce qui est convenable aux yeux de Dieu, elle ne la fondera pas non plus pour la sanctifier dans le sein maternel. Et voil le venin cach dans la doctrine hormsienne touchant Marie, venin qui n'infecte pas moins sa concepiion <jue sa naissance; ce qui s'appelle, dans le eus catholique, sortir des bornes. Mais il est certain que la convenance n'est
l'autre.
,
;

cherch dmontrer qu'elle Marie ), comme mre du Sauveur, a t conue et qu'elle est ne sans ce pch par cette raison : parce que cela aurait t convenable. Or nous commencerons par faire observer qu'il ne parle pas seulement de l'exemption de la tache originelle dans la conception de la Vierge, mais encore de l'exemption de ce mme p h dans sa naissunce, ce que prouvent videmment les paroles par lesquelles il joint nsenibje la fte de la Conception et celle de la Nativit de Marie que l'Eglise clbre solennellement. Et dans cette manire de procder, Herms ne serait point blmable nos yeux, puisque, pour qui veut subtiliser, la raison elle-mme de convenance qu'on fait valoir pour l'immunit, est celle qui milite en faveur de l'exemption du pch d'origine aprs la conception et avant la naissance. L'Eglise
n'a rien dcid sur ce point; l'Ecriture n'en parle pas, et mme, si nous voulions prendre clans l'acception rigoureuse des mots les textes sacrs o il est question de la transmission du pch originel, nous serions forcs de convenir qu'ils regardent la conception et la naissance de tous les enfants ou descendants naturels d'Adam. Ils est reconnu que les Pres parlent indistinctement de la conception et de la nais ance de Marie la clbration de la fle de sa naissance ne suf;

pas la seule, ni la principale raison, comme le voudrait Herms, qui sert de fondement notre pieuse croyance. Avec notre illustre prlat, nous la voyons reposer sur les b ;scs les plus solides: sur l'Ecriture interprte dans ce sens littral et dans le sens spirituel conforme l'application qu'en fait l'Eglise dans les ftes qu'elle clbre pour honorer les gloires de la Vierge. Nous la voyons reposer sur la doctrine commune des Pres et des docteurs, et surtout sur le fondement inbranlable de l'assentiment des fidles, justifi et approuv par l'Eglise, parla clbration solennelle de la fte de la Conception de la bienheureuse Vierge car si on enlve Marie l'insigne privilge dont nous parlons, cette fte, comme je le dmontrerai plus longuement, serait sans objet. Je passe l'autre proposition d'Herms Ce n'est pas une dcision le l'Eglise, dit-il, que l'introduction de la fte de rimmacule Conception de Marie, faite par le souverain pontife sans avoir reu aucune opposition de la part des vques. Car, dans le sens catholique donn au mol vnration des saints, ce n'est pas le titre, quel qu'il soit, de la fle, mais les vertus du saint qui sont l'objet de la vnration. C'est pourquoi le titre d'une telle fte, dans l'introduction de la fle, est quelque chose d'accidentel, qui ne se prend mme pas en considration. D'ailleurs comi.ieut la conception sans pch, ainsi que lu
; : ,

DMONSTRATION tiVANGLIQUE. PERRONS.


n issance de Marie, seraient-elles l'objet de notre vnration ? Et voici encore de nouveaux travestissements des faits historiques. Mais parle-t-on avec exactitude en disant qu'un souverain pontife a introduit proprement la fte de l'imdevrions, par rpondre que non, et dire seulement que Clment XII a ordonn de clbrer dans toute l'Eglise, comme de prcepte, la fte de la Conception de la Vierge immacule. On a tir ensuite cette conclusion thologique, non pas du simple titre, comme le suppose l'crivain hardi que nous combattons, mais de la clbration de cette fte, que la conception mme de Marie avait t immacule. A entendre Herms, il semble en outre que les vques n'ont fait autre chose que ne pas s'opposer au souverain pontife qui introduisait la susdite fte. Mais pourquoi ne pas dire que les vques de presque tous les points du monde chrtien, comme le prouve clairement notre illustre auteur, se montrrent pleins de sollicitude pour dfendre le privilge de Marie, et qu'ils firent ce sujet les plus vives instances auprs du sige apostolique, faisant connatre par l quels taient les sentiments et les vux de leurs troupeaux? Mais allons au fond de la proposition d'Herms. Peut-on regarder comme vrai ce qu'il ne cesse de rpter avec emphase, savoir que le titre d'une fte dans l'introduction de la fte est quelque chose d'accidentel qu'on ne prend mme jamais en considration? Donc, d'aprs le fondateur de cette nouvelle cole thologique, lorsque l'Eglise introduit et clbre la fte des principaux mystres du Rdempteur elle n'a pas eu, et elle n'a pas gard, en assignant ou en conservant le litre de la fte, tel ou tel mystre en particulier qu'elle a voulu et qu'elle veut expressment rappeler et clbrer sous tel ou tel titre ?Ce sera donc la mme chose de clbrer la fte de Nol ou clbrer celle de la Transfiguralion, de la Rsurrection, de l'Ascension, ainsi de suite? Donc le litre particulier de la fle ncessairement ne dira rien aux fidles de l'esprit et de l'intention de l'Eglise dans la clbration de toutes les solennits particulires? Qui ne voit la fausset de ces assertions tranges, qui sont les consquences rigoureuses d'une telle proposition? Donc l'objet propre du culte que l'on rend aux saints, ce sont les vertus du saint, ou, pour mieux dire, le saint lui-mme illustr par ces vertus, c'est--dire non pas {'abstrait, comme semblerait l'insinuer Herms, mais le concret. L'objet de ce mme culle est encore Dieu lui-mme, admirable dans ses saints, sur lesquels il a daign verser l'abondance de ses dons les plus prcieux. Mais nanmoins le titre qui divise le culte en diverses ftes ne dcvra-t-il pas faire partie de ce mme culte en ce sens que tel titre reprsente telles vertus, telles actions des saints, par lesquelles Dieu a manifest sa gloire, ou tel vnement ou pieux souvenir que l'Eglise propose la vnration des fidles? Il faul dire la mme
tes

1061

chose des solennits que l'Eglise a introduien l'honneur de la Vierge. Certainement quand elle clbre la conception ou la nativit, elle n'a pas l'intention de clbrer son Annonciation ou son Assomption; on ne peut pas dire que ces divers titres sont pure-

macule Conception?

Nous

ment accidentels,
rendre prsent
les, l'objet

puisqu'ils sont
l'esprit et

amour pour

la vrit,

donns pour au cur des fid-

de la fte et de la dvotion partil'on doit avoir pour Marie, selon l'esprit de l'Eglise, dans sa conception, dans
culire

que

la nativit, et ainsi

du

reste.

Mais

ici
:

question ou la naissance de Marie, etc., seraient-elles l'objet de notre vnration? Certainement si on prend ces mots dans le sens abstrait, comme il le voudrait, la conception non plus que la naissance de la Vierge ne saurait tre l'objet de notre vnration, comme ne pourraient l'tre galement la naissance ou la rsurrection du Sauveur, ou la descente du saint Esprit sur les aptres, ou tout autre mystre. Mais est-ce ainsi qu'il faul entendre rigoureusement ces expressions selon l'esprit de la sainte Eglise? Non ;

Herms nous adresse celte grave Comment la conception sans pch

donnons-leur leur vritable sens, celui que l'Eglise a l'intention qu'on leur donne, c'est-dire le sens concret : alors l'une comme l'autre pourront tre l'objet de notre vnration, comme le sont la naissance et la rsurrection du Sauveur. C'est pourquoi la bienest toujours l'objet de notre culle, soit parce que la conception, comme le pense Bellarmin, rveille le souvenir de la joie ineffable que la conception de la mre de

heureuse Vierge

cause au monde (Controv. t. II, lib. parce que, comme le remarque avec plus de vi-t Suarez pour des raisons que le savant pape Renot XIV regarde comme trs-graves, parcequel'Eglise a l'intention de clbrer le privilge spcial de l'exemption de la lche originelle dont Dieu a voulu favoriser Marie (In III part. S. Thom, t. II, qust. 27, art. 2). On peut dire la mme chose de sa naissancedontl'Egliseclbrelafte. Eten vrit,

Dieu

III, c. 10), soi;

que

le titre, ainsi

que

la clbration

de la fte

delaConception, fournissent un puissant motif pour en dduire l'exemption de la tache originelle dans Marie, c'est-l la consquence naturelle des paroles de saint Bernard luimme, dont Herms finit par nous engager lire la lettre, comme rpandant sur la question mme, ds son origine, la plus grande lumire. Docile son conseil, je l'ai lue avec attention et me suis arrt, en la lisant, deux passages qui m'ont paru convenir merveilleusement notre cause. Le premier est au n 3; voici les expressions du saint Sed
:

et

ortum Virginis didici nihilominus

in

Ec-

clesiaet ab Ecclcsia indubitanler habere feslivum atque sanctum, firmissime cum Ecclcsia senliens, in utero eam accepisse ut sancta prodiret. L nous voyons que, par sa manire de raisonner, le saint abb de Clairvaux

croyait que

la clbration

de la fte de la

Nativit, sous ce litre, suffisait pour en conclure que la Vierge avait t sainte dans sa

naissance,

et

ensuite qu'il pensait

que

le ti-

10G5
trc

DISSERTATION SUR L'IMMACULE CONCEPTION


n'est pas aussi quelque chose

1060

d'une fte

^accidentel, et qu'on ne doit pas prendre en considration, ce qui, comme chacun voit, est en opposition ouverte avec les principes qui servent de fondement la doctrine d'Her-

ms.

En

outre nous

sommes endroit de conla fte de la Conn'aurait aucune ren a Herms, croire


il

clure, d'aprs les expressions elles-mmes du saint, que, s'il vivait de nos jours, o l'Eglise universelle clbre

ception, certainement

pugnance, comme l'immacule conception de Marie, mais

qu'il la dfendrait par la mme raison qu'il dfend la saintet de sa naissance. Nous dirons la mme chose de saint Thomas et de tous les

bore par l'assentiment de l'Eglise et celui du commun des fidles. L'autorit de saint Bernard donne un nouveau poids ces assertions voici ce qu'il crit au n 5, dans la lettre qu'on nous oppose, concernant les deux privilges dont nous avons parl plus haut Quoditaquevel paucismortalium constat fuisse collatum fas certe non est suspicari lant virgini esse negalum per quam omnis morlalitas emersit ad vitam (Voil la convenance). Fuit procul dubio et mater Domini ante sancta quam nota : nec fallitur omnino sancta Ecclesia sanctum reputans ipsum nativitatis ejus diem et omni anno cum exultalione univers terr
; :

autres qu'on a coutume de nous opposer comme contraires l'insigne prrogative de la Vierge, lesquels toutefois concluent qu'elle a t sainte dans le sein de sa mre, parce qu'on clbre la fte de sa naissance. L'autre passage trs-remarquable de la lettre de saint Bernard, est celui qui se trouve au n 9, par lequel il termine ce qu'il avait dit ce sujet Qu autem dixi, absque prjudicio sane dicta sint sanius sapientis. Roman prsertim Ecclesi auctoritali alque examini totumhoc, sicut et ctera qu ejusmodi sunt universa reservo : ipsius, si quid aliter sapio, paratus judicio emendare. Il rsulte videmment de ces paroles que l'intention du saint tait que, s'il et vu cette fte adopte par l'Eglise romaine, et surtout s'il et vu qu'elle ordonnt toute la chrtient de la clbrer comme fte d'obliga:

votiva celebritale suscipiens (Voil le sentiment de l'Eglise). Et pour ce qui regarde le

premier privilge touchant la sanctification de Marie pour ce qui regarde le second, touchant l'exemption de toute faute actuelle, le saint docteur poursuit ainsi Decuit nimirum reginam virginum singularis privilegio
,
:

sanctitatis absque omni peccato ducere vitam; qu dum peccali mortisque. pareret perempto-

rem, munus vil et justifiai omnibus obtinuerit. Voici encore la dcence ou la convenance. Pour ce qui concerne le sentiment de l'Eglise, il ne peut exister le moindre doute. Je pourrai faire le mme raisonnement sur saint Thomas, surtout puisque celui-ci affirme qu'il n'y a rien eu dans la sainte Vierge de tout ce qui pouvait rveiller la concupiscence, et
ainsi

du

reste.

Mais que ce

cou-t

expos nous
:

suffise.
le

tion, ainsi

que nous voyons

bre aujourd'hui, il seul instant reconnatre dans la Vierge le privilge de son immacule conception, et la clbrer avec l'Eglise elle-mme. Nous conclurons donc qu'Herms s'loigne tout fait du sentiment du saint docteur, prcisment lorsqu'il croit s'appuyer de son autorit pour infirmer notre pieuse croyance. Je ne m'arrte pas l; et ayant gard aux vux pieux et ardents que manifeste notre illustre crivain de voir terminer ce point de controverse je choisis ce que nous oppose Herms, pour en infrer que, sans la moindre difficult, en toute sret et mme en s'appuyant sur les raisons les plus solides, le sige apostolique pourrait prononcer le d,

qu'elle la cln'aurait pas hsit un

Je reprends nanmoins et je dis Puisque souverain pontife peut en toute assurance, sans qu'aucun catholique le conteste, dfinir

que la bienheureuse Vierge est ne sainte, qu'elle n'a jamais t souille d'aucune faute actuelle, qu'elle a t exempte de tout ce qui
pouvait nourrir la concupiscence, et qu'on n'a nanmoins pour lui assurer de tels privilges, d'autre raison que celle qui milite en faveur de l'immacule conception donc on est forc de conclure parla mme qu'il pourrait aussi, en toute assurance, rendre un dcret dfinitif qui proclame que Marie dans sa conception a t exempte de tout pch d'origine. Cette conclusion, si je ne m'abuse, me parat
:

cret dfinitif
et

s'il jugeait le moment favorable opportun. Et voici comment je raisonne Aux yeux d'Herms on doit mettre sur la mme ligne l'immacule conception et la sanctification de Marie dans sa naissance.
:

Or
,-.

tous les catholiques


le

c'est--dire

mme

ceux qui sont


i

moins ports croire au

privilge de l'exemption de Marie, regardent comme certain que sa naissance a t sainte et que l'Eglise pourrait dcider ce point, quand mme il serait ni ou rvoqu en doute par quelques-uns. Nous pourrions dire la mme chose pour ce qui regarde l'excmplion dans la Vierge de la moindre faute actuelle. Or l'un et l'autre de ces privilges n'ont pas un fondement plus solide que celui qu'a le privilge de l'exemption de la tache originelle, c'est--dire, la convenance corro

inattaquable. On pourrait dire seulement qu'il existe une raison particulire qui fait natre quoique disparit entre la conception immacule et la sanctification de Marie, et voici quelle est cette raison la sanctification de Marie peut bien se concilier avec la ncessit de la rdemption opre par le Sauveur , laquelle suppose le pch ou originel ou actuel qu'elle fait disparatre mais on ne peut en dire autant de la conception. Tout le monde connat la rponse victorieuse faite par les tbologiens celte objection, savoir qu'un tel privilge ne sert qu' rendre plus grande, plus sublime l'uvre de la rdemption, et lui donne un
:

nouveau prix. Car elle se serait accomplie d'une manire beaucoup |plus noble, puisqu'elle aurait pour vertu non pas seulement de dlivrer, mais de prserver mme du pch. Ensuite cette difficult tombad'elle-mmej de sorte que les adversaires du privilge dont
(Trente-tjuatre.)

DMONST EVANG. XIV.

1007

DEMONSTRATION EVANGELIQUE. DORLEANS.


le

10fl8

nous parlons, n'eurent plus


reproduire.

courage del
fait

cet abrg, quel que soit son mrite, j'prouve une joie bien douce, et je

En terminant

Donc

le

raisonnement que nous avons

plus haut reste dans toute sa force, et confirme admirablement, si je ne me trompe, la remarque du clbre Suarez sur le passage Veritatem cit par notre savant cardinal hanc, scilicet virginem esse conceptam sine peccato originali.posse definiri ab Ecclesia quando id expedire judicaverit (in III parte s. Thom., qust.XYU.art. 2, sect. VI). C'est ainsi que, marchant sur les traces brillantes de notre illustre auteur, nous avons dissip les nuages perfides et les insinuations funestes qu'Herms avait rpandus contre ce glorieux privilge de la Vierge; cet Herms qui ne trouvait nulle part, mme dans la thologie, son grand critrium de la raison thor tique ou de la raison pratique ; qui ne comptait pour rien cette autorit imposante des thologiens anciens et modernes, pour rien l'assentiment gnral des fidles confirm par l'esprit et l'intention de l'Eglise. Et nous pourrions ici dmontrer comment il a cherch obscurcir, en suivant sa trompeuse mthode, les gloires les plus clatantes de Marie. D'o nous pouvons rigoureusement conclure que sa doctrine sur la thologie exercera ncessairement l'influence la plus dangereuse et la plus nuisible pour la vritable pit et en particulier pour la dvotion la sainte Vierge, contre le sentiment catholique et l'esprit de l'Eglise, sur tous ceux qui iront s'abreuver ces sources corrompues et empoisonnes. Nous ne descendrons pas des preuves de fait car nous voulons respecter
:
:

dois particulirement en savoir gr notre savant prlat, qui, par sa belle et pieuse dissertation, m'a fourni l'occasion favorable de manifester ici l'intime conviction de mon esprit et tous les sentiments de mon cur, sur un sujet qui m'est d'autant plus cher et prcieux qu'il doit contribuer la gloire de la Vierge et celle de son divin Fils. J'aurais ardemment dsir en parler dans mes Prolgomnes thologiques ; mais mon intention bien forme de -m'en tenir au dogme et de laisser de ct, le plus qu'il m'tait possible, les questions controverses entre les catholiques, ne me permit pas de descendre dans cette arne. J'avais nanmoins dans mon esprit form le projet d'crire sur cette matire, ne duss-je mettre au jour que quelque petit
trait thologique; mais quand je connus qu'un travail polmique avait t entrepris sur le mme sujet par un prlat si illustre, d'un si grand crdit, en qui se trouvent si merveilleusement runies et la scienee et la pit, et surtout quand j'eus parcouru son ouvrage, je trouvai mes dsirs pleinement satisfaits, et j'abandonnai mon dessein.

Marchant toujours sur les traces de notre pieux auteur, qui finit son travail en l'offrant Marie avec une tendre effusion d'amour, il ne me reste qu' offrir mon tour cette lgre et grossire bauche de son tableau si
parfait celle que je reconnais, aprs Dieu, tre la source de toute grce et de toute fa-

veur clestes, la saluant avec le grand pote chrtien par ces paroles si suaves, si douces :
Femme,
la gloire esi grande, et grand est Ion pouvoir. Qui l'oublie, et du Ciel veut des grces nouvelles, Voulant qu'il vole et moule, te au dsir ses ailes. Tu secondes nos vux, mais tu sais les prvoir; El du faible souvent devanant la prire, Ta voix touchante arrive et gmit la premire.

personnes mais nous dplorons du fond du cur ces funestes consquences, et nous prions instamment le Seigneur que si dans la catholique Allemagne la doctrine d'Herms compte quelques partisans opinitres, ceuxles
;

ci daignent entrer dans nos sentiments, dicts par le vritable esprit de charit pour nos frres et par l'amour dont nous brlons pour l'pouse sans tache de Jsus-Christ,

En

loi

sont runis, vierge, notre espoir,

Et la munificence et la misricorde, Et tous lesdons pieux qu'un Dieu bon nous accorde.
(Parad. c.35).

ViE
DORLEANS
Bourges en 16kl
.

DE DORLEANS.
ont essuyes depuis cette poque, ont sans doute projet de sacrifier l'histoire au fana-' tisme de la philosophie. Histoire des rvolu* lions d'Espagne. Paris, 1734, en 3 vol. in-4", et 5 vol, in-12 ; avec la continuation par les pres Rouill et Brumoi. Cette Histoire est di- gne de la prcdente. Le style est pur, lgant; les portraits brillants et corrects; les r les faits bien flexions justes et ingnieuses choisis. Peu d'historiens ont saisi comme ce jsuite ce qu'il y a de plus piquant et de plus intressant dans chaque sujet. Une Histoire curieuse des deux conqurants tartares, Chun* chi et Camhi, qui ont subjugu la Chine, in-8; La Vie du pre Cotton, jsuite, \n-k ; Les Vies des bienheureux Louis de Gonzague la Vie de Cunstanct et Stanislas Kostka, in-12
; ;

(Pierre-Joseph), jsuite, n Aprs avoir profess les belles-lettres, il fut destin par ses suprieurs au ministre de la chaire. S'tant depuis consacr l'histoire, il travailla en ce genre jusqu' sa mort, arrive Paris le 31 mars 1G98. Ses principaux ouvrages sont Histoire des rvolutions d'Angleterre, dont la meilleure dition est celle de Paris, 1693, 3 volumes in-4, et k volumes in-12. Le pre Dorlans avait une imagination vive, noble et leve aussi estim elle parat dans cet ouvrage pour l'exactitude que pour la manire de l'auteur. Ceux qui lui ont reproch de n'avoir pas supprim ou dguis les scnes sanglante* qui ont suivi le schisme de Henri VIII, et les diverses perscutions que les catholiques
:

1069

MTHODE POUR DISCERNER LA VR.ME RELIGION.


roi de
; ,

1070

elle Siam, in-12 est infiniment prfrable celle que Deslandes publia en 1755; deux volumes de Sermons, in-12, qui, quoiqu'ils ne soient pas du premier mrite, offrent quelques traits loquents un excellent petit Trait de con;

premier ministre du

d'avec les fausses. L'ordre la clart, la simplicit et i'vidence des rflexions, entranent et persuadent tout lecteur que le pr* jug n'aveugle pas. Nous n'avons rien de mieux en ce genre, considrer la brivet et le laconisme de l'ouvrage sinon, peut,

troverse, intitul Mthode courte et facile pour dicerner la vritable religion chrtienne
:

tre, le petit trait de Lessius

De capessenda

vera Religione.

HODE
COURTE ET FACILE
POUR DISCERNER LA VRITABLE RELIGION CHRETIENNE
D'AVEC LES FAUSSES QUI PRENNENT CE
PAR LE PRE DORLANS

NOM

AUJOURD'HUI.

(1).

y$vH&ce.
La
vrit que j'entreprends d'tablir a dj

M. Abadie
fait;

plus grands hommes et les plus habiles auteurs. Outre les saints Pres, qui doivent tenir le premier rang, les cardinaux Bellarmin du Perron et de Richelieu, Elizalde , Maimbourq , Segneri les pres eaux et Bagot, et Dez, jsuites, feus MM. de de Cambrai, M. Nicole, le pre Thomassin, M. l'abb d Argentr aujourd'hui vque de Tulle, sans parler de quantit d'autres, ont soutenu et prouv avec force la religion chrtienne. Mais de ces livres, les uns sont en latin et thologiques, d'autres sont de gros volumes qui ne se lisent gure par le commun des fidles, quelques-uns sont devenus rares, plusieurs ne parlent de la religion chrtienne qu'en gnral, sans tablir la vrit de la religion catholique en particulier, et de ce dernier genre est l'ouvrage que M. Abadie, ministre protestant, a donn au public il y a dj plusieurs annes. C'est pour cela que j'ai cru faire plaisir au public si je donnais un abrg de ce que ces divers ouvrages ont d'essentiel et de plus important, qui ft intelligible et la porte de tout le monde, pour prouver non-seulement la religion chrtienne en gnral, mais en particulier la religion catholique , apostolique et romaine ; ce que
t traite

par

les

pour

et plusieurs autres n'ont point car ce n'est pas assez d'tre chrtien

tre

sauv

eutychens faisaient tous profession du christianisme, cependant ils n'taient pas dans la vritable religion ncessaire au salut. Un homme ne sera pas moins damn, s'il a t hrtique, quoique chrtien, que s'il avait

les ariens, les nestoriens, les

Turc ou paen.

religion chrtienne, tablirait ensuite quelle est cette vritable religion parmi tant de sectes chrtiennes qu'il y a eu dans le monde et qu'il y a encore aujourd'hui ; et on ne doutait

Le public s'attendait donc que M. Abadie dont l'ouvrage a t fort lu et assez 'universellement approuv, quoiqu'il ne soit pas sans erreurs, aprs avoir tabli la vrit de la

point qu'il ne s'effort de prouver que

ne pourrait jamais tablir prfrablement toutes les autres sectes hrtiques , et qu'il n'avait nulle raison nul motif de crdibilit pour nous convaincre que sa religion l'emportait sur toutes les religions chrtiennes. Or ce qu'il n'a pas os entreprendre pour la secte de Calvin, je vais le faire en faveur de la religion catholique et romaine , aprs avoir expos les principales preuves de la religion chrtienne en gnral, et les plus solides pour ne
,

la sienne, c'est--dire la calviniste, puisqu'il en faisait profession. Mais ce ministre protestant avait trop d'esprit pour ne pas sentir le faible du calvinisme, qu'il

c tait

(I) Nous insrons dans ce volume les ouvrages des pres Dorlans et Campicn, qu'une omission involontaire n carts de leur rang chronologique. En attribuant au pre Dorlans la Mthode courte et facile, nous suivons l'opinion de plusieurs bibliographes et avants que nous avons consults. Feller, Querard l'ont adopte. Plusieurs auteurs fout honneur de cet ouvrage au pre. Lombard.

'

aucun doute sur ce sujet. Ainsi cet ouvrage sera xme mthode infaillible, quoique abrge, pour connatre la vritable religion; tilile non-seulement pour dsabuser les noulaisser

!071

DEMONSTRATION VANGL1QUE. DORLANS.

107-2

veaux convertis de leurs anciennes erreurs, mais encore pour affermir les anciens catholi-

ques dans leur religion. C'est ce que j'entreprends avec le secours du Seigneur.

METHODE COURTE ET FACILE


POUR DISCERNER LA VRITABLE RELIGION

Comme la religion humilie l'orgueil de notre esprit et qu'elle gne les penchants de notre cur, de l vient qu'elle a t de tout temps un sujet de contradiction. Ce sont les passions drgles des hommes qui ont t l'unique source de tant de disputes et de divisions qu'on a vucg natre sur ce point dans tous les sicles, et qui ont port tant d'esprils
contentieux
et libertins,

son cur tant infinis et immenses, lui prchent un Dieu, en lui faisant comprendre qu'il ne peut tre satisfait que par un bien immense et infini et que si la volupt est capa,

ou

faire passer la

religion pour une invention humaine, ou en introduire de nouvelles dans le monde. Parmi tant de sectes etde partis, il est de la dernire importance de bien tablir la vrit d'une religion et de bien dmler la vritable d'avec les fausses, puisqu'elle est absolument ,ncessaire au salut. La mthode que je vais suivre pour en venir l se rduit la preuve de ces trois vrits la premire contre les athes , qu'il y :a un Dieu, premier principe de toutes choses ; la seconde contre les distes que Dieu a effectivement parl, et que, outre la loi naturelle et mosaque, il en a rvl une autre, qui est la loi chrtienne la troisime contre les hrtiques, que la religion chrtienne, catholique, apostolique et romaine, est la seule religion qui ait t rvle de Dieu. De ces trois vrits bien tablies je
.

amuser etde l'tourdir pour quelques moments, ce n'est que pour le replonger dans ungrandvideet pour lui laisser son avidit tout entire, des que le;prestige est dissip et que les passions sont assouvies. Les pressentiments de son me lui prchentunDieu -car
ble de
1

tirerai

quelques

consquences

capables

d'affermir les anciens catholiques dans leur religion, de ramener les schismatiques dans le sein de l'Eglise, et mme d'ouvrir les yeux aux infidles. Voil en peu de mots le dessein gnral de mon ouvrage et l'impression qu'il doit naturellement faire sur l'esprit de mes lecteurs, s'ils veulent agir de bonne foi, suspendre leurs prjugs et ne point chercher

chicaner mal propos.

PREMIRE VRIT.
L'existence de Dieu.

ARTICLE PREMIER.
Il

y a un Dieu, premier principe de toutes choses.

temprance, la dissolution, le libertinage la corruption des murs, le drglement des passions, et surtout le dbordement de l'impuret. Et sur quoi se fondent ces dbauchs et ces libertins? sur de vaines subtilits sur de chimriques ides, sur de captieuses et de Involes raisons, sur les garements de leur esprit, ou pour mieux dire, sur la dpravation de leur cur. Ne sont-ce pas l des oracles bien autoriss, des tmoins bien

prompt et si naturel, que d'ordinaire il prvient toute rflexion. La mort mme laquelle il se sent condamn lui prcheun Dieu puisqu'elle le tient malgr lui dans de continuelles inquitudes, qu'aprs cette vie il ne se trouve un Juge vengeur deses iniquits. Enfin toutes les cratures qui l'environnent lui prchent un Dieu, puisqu'elles lui crient a haute voix, qu'elles ne se sont pas faites elles-mmes, mais que c'est le Crateur qui 86 fecit nos et non nos IX )' ty con squent, si l'on ne veut Par ( se dclarer contre toutes les lumires de la raison, contre tous les pressentiments de son ame, contre tous les tmoignages de sa conscience, et contre tous les mouvements de son cur, ln est pas possible l'homme d'effacer de son esprit l'ide et la conviction de l'existence d'un premier Etre, puisque les preuves en sont tires de son propre fonds, et qu'il ne peut sans changer de nature, ni les contredire, ni les dmentir. Mais, qui soutient le contraire ? c'est
si

dans les moindres dangers de la vie, ils le portentaleverlesyeuxau ciel parun mouvement

nvAwC
L
,

>

l'in-

n'est rien dans l'homme qui ne lui prche la ncessit et l'existence d'un premier Etre,
Il

d'un Etre souverain, principe de tous

les

au-

tres: sa raison, qui se perd dans cet abme de merveilles qu'elle voit rpandues dans tout
le monde, lui prche un Dieu, en le portant rechercher la cause de toutes ces merveilles dont il est frapp. Sa naissance lui prche un Dieu, en lui dcouvrant le nant d'o il a t tir par une puissance suprieure aussi bien que tousles autres hommes. Les dsirs de

Et comment pourraient-ils tre de quelque poids et de quelque crdit dans le monde, puisquilsse contredisent eux-mmes dans leur impit, et que leurs sentiments dmentent leurs paroles? Car lors mme qu'ils blasphment avec plus de hardiesse contre la Divinit devant les hommes, ce n'est que par vanit et par ostentation ce n'est gure que dans la lureur de la passion et de la dbauche c'est par un principe de prsomption et d orgueil: persuads qu'ils passeront dans le
;

croyables et des docteurs bien dignes de

foi''

1073

MTHODE POUR DISCERNER LA VRAIE RELIGION.


esprits rares et suprieurs, et

1074

monde pour des


qu'ils se

tures, qu'il faut de toute ncessit qu'il y ait


et ncessaire, un Etre infiniment puissant qui a tir ce monde du nant; infiniment clair, qui en a si bien, arrang toutes les parties; infiniment sage, qui a rgl le cours des astres et des saisons avec tant de justesse, que rien ne se dment jamais ; infiniment prvoyant, qui a prvenu tous les accidents et toutes les rvolutions capables de troubler cet ordre miraculeux ; infiniment habile, qui a form si artistement les organes du corps humain et de tous les animaux, et qui a si abondamment pourvu tous leurs besoins. Cet tre si parfait, c'est

rendront redoutables aux hommes, en paraissant ne point craindre Dieu. Voil o se rduit tout ce mystre d'iniquit, les impics ne sont impics que de cur et non pas d'esprit: je veux dire qu'ils ne se sont pas persuades dans le fond qu'il n'y a point de Dieu mais ils voudraient qu'il n'y en et point, pour pouvoir s'abandonner avec plus de hardiesse et moins de remords la ils ne voudraient fureur de leurs passions point de tmoins de leur conduite, ni de juges de leurs actions ni de vengeur de leurs crimes 'est pour cela qu'ils ont recours tant de rveries et de chimres, pour s'tourdir sur l'existence d'un Dieu, et pour effacer de leur mmoire le souvenir de ce souverain et suprme Arbitre de l'univers. Aussi c'est dans son cur corrompu, dit le prophte, que l'impie a profr ce blasphme Dixit insipiens in Il n'y a point de Dieu corde suo Non est Deus {Ps. XIII). Mais il ne l'a pas dit dans son esprit, parce qu'il n'en a jamais pu teindre les lumires, qui lui retracent sans cesse l'ide et l'existence d'un Dieu. C'est aussi ce qui me persuade qu'il n'y a jamais eu un athe de bonne foi, ou que s'il s'est trouv de ces monstres, ils ont t bien rares ils n'ont du moins jamais fait un corps, ni compos un peuple, puisqu'on n'a jamais dcouvertune nation entire qui ft profession de l'athisme car si quelques relations nous apprennent qu'il y a des peuples qui n'ont nulle ide de Dieu, c'est que ces faiseurs de relations, ou n'entendaient pas bien la langue de ces peuples, ou que ces peuples abrutis par leurs vices ne raisonnaient plus, puisquel'ide d'un Dieu est grave dans tous les hommes, comme dit le prophte Signalumest super nos lumen vultus tui Domine ( Ps. IV] Il y a lieu de prsumer que ceux qui les ont crites confondent le dfaut deculte extrieur avec un pur athisme intrieur, dont ils ne sauraientnous assurer, n'ayant pu lire dans le cur de ces peuples pour y dcouvrir celte qui serait inexcusable horrible impit dans quelque personne qu'on puisse supposer qu'elle se trouve, ft-ce dans un sauvage nourri toute sa vie dans les bois, loin du commerce de tous les autres hommes. Il n'y a personne, en effet, qui Dieu puisse tre inconnu, parce que ses perfections invisibles, suivant le raisonnement de saint Paul, sont devenues visibles depuis la cration du monde, parla connaissance que ses ouvrages nous donnent de cet Etre infini et indpena creatura Invisibilia enim ipsius dant mundi, per en qufacta sunt, intcllecta, conspiciuntur ( Rom., Y, 20 ). L'Aptre veutdire qu'il n'est rien de visible qui ne nous fasse connatre ce Dieu invisible. Toute la nature publie qu'il y a un Dieu les cieux nous racontent sa gloire, le firmament tale sa grandeur, celte prodigieuse varit de cratures manifeste sa puissance, l'ordre qui y rgne dcouvre sa sagesse; en un mot, l'univers entier, avec toutes les partics qui le composent nous crie hautement et par autant de vois, qu'il renferme de cra;
:

un Etre indpendant

Dieu nous ne le voyons pas en lui-mme, nous ne saurions ne pas le voir dans ses ou:

vrages.

Ajoutons que, pour douter de l'existence d'un Dieu, il ne faut pas seulement tre parvenu un aveuglement d'esprit bien prodigieux, mais encore une extrme corruption de cur, puisque ce ne sont uniquement que les passions drgles des hommes qui ont introduit dans le monde l'idoltrie, le paganisme, l'infidlit, les schismes, les hrsies et toutes sortes d'erreurs. Cela est si vrai que s'il tait permis aux hommes de s'abandonner leurs passions, ils consentiraient croire tout ce qu'on voudrait : la crance d'un Dieu ne leur ferait aucune peine, pourvu que ce Dieu ne gnt point leurs inclinations; mais les passions sontelles des oracles qu'on doive couter et des guides qu'on doive suivre, surtout lorsqu'il s'agit du salut et de l'ternit? Ce sont-l cependant les guides et les oracles de la plupart de ceux qui sont corrompus dans leurs murs. Et c'est ce qui me confirme toujours davantage dans la persuasion o je suis, que l'athisme n'est que dans le cur, et nullement dans l'esprit. On tche de se persuader qu'il n'y a point de Dieu, parce qu'on voudrait qu'il n'y en et point. Mais ce qui prouve invinciblement l'existence d'un Dieu, c'est qu'absolument il faut admettre un premier principe de toutes choses, c'est--dire un Etre qui existe ncessairementetindpendamment d'aucune cause : un tre qui soit immobile et qui ait imprim le mou-

vementtoutle reste. Tout cequenous voyons dans le monde sont des tres contingents, qui ont pu tre ou n'tre pas; par consquent il est
d'une ncessit absolue qu'ils aient reu l'tre d'un principe qui existe ncessairement par lui-mme et qui n'ait point t produit par un autre ; car s'il n'y avait jamais eu que tics tres contingents, quelque progrs infini qu'on veuille admettre dans leur succession, il est clair que jamais aucun de ces tres n'aurait exist, parce que tout ce qui a pu tre ou n'tre pas, n'a pas pu se donner il l'a donc reu de l'tre lui-mme quelque autre qui ne soit pas un tre contingent, mais un tre ncessaire. C'est donc en vain que les athes prtendent que cette succession d'hommes a t de toute ternit. Quand cela serait, encore faudraitpremier il de toute ncessit admettre un principe , ncessaire , immobile , indpen;

1075
,

DEMONSTRATION EV/iNCELlQUE. DORLEANS.


crs.

1076

La raison est qui les et dant que, dans toute celte multitude d'hommes, qui auraient t de toute ternit, il n'y en aurait aucun qui ne ft contingent, qui n'et pu tre ou n'tre pas. Qui les aurait donc dtermins tre, puisque rien ne peut agir avant qu'il soit ? Recourir une matire
subtile, invisible, ternelle est

une pitoyable

ressource et sujette aux mmes inconvnients. Quand cette matire subtile, invisible aurait
t ternelle, elle aurait t sujette aux mouvements et aux rvolutions puisque c'est de ces rvolutions et de ces mouvements que les athes prtendent que tout le reste du monde visible a t form mais ces rvolu:

semble? Aprs cela, n'a-t-on pas raison d'insulter aux picuriens, au Ireu de s'occuper rfuter leurs rveries? Ils prtendaient que tout ce monde avait t form par un concours fortuit d'atomes et qu'il n'tait gouvern que par hasard. Des hommes et des philosophes ont-ils pu s'entter d'une si grossire extravagance? Mais quelles tnbres les

portent chacune en particulier et que chacune en particulier se rapporte toutes en-

dans

l'esprit
fois

une

hommes, quand elles ont corrompu leur cur? Tchons de

passions des

ne rpandent-elles

pas

tions auraient t contingentes, ces mouvements auraient pu tre ou n'tre pas. Il faudrait donc que celte matire et reu ce mouvement de quelque tre immobile. Cette matire elle-mme aurait t contingente, parce que tout ce qui est sujet au mouvement et aux rvolutions, a pu tre ou n'tre pas. Et ainsi il faudrait toujours que cette

et que je consulte seulement mes lumires naturelles, il me parat que je douterais de ma propre existence aussitt et , plutt que de celle de Dieu. De ce principe lirons maintenant quelques consquences.

moi-mme

bien vivre, et notre foi sur ce premier article sera en sret. Pour moi, quand je rentre en

ARTICLE

II.

matire et reu l'tre et le mouvement d'un Etre ncessaire, immobile, indpendant et qui existe ncessairement par lui-mme, outre qu'il faudrait accorder cette matire subtile, qu'on la subtilise tant qu'on voudra, tous les plus grands attributs de la 1 Que cette matire Divinit. 11 faudrait ft ncessairement et d'elle-mme, sans au:

Les consquences.

cun principe 2 qu'elle ft ternelle, c'est dire, qu'elle n'et jamais pu ne pas tre 3 qu'elle ft immense sans aucunes bornes: 4 qu'elle ft toute -puissante, pour
; ;

avoir produit tout cet univers; 5 qu'elle ft infiniment sage, pour l'avoir si bien arrang 6 qu'elle ft inGniment prvoyante, pour prvenir tous les accidents qui pourraient troubler cet ordre si merveilleux que nous voyons dans l'univers. Il faudrait, en un mot , de celte matire , toute matire
;

qu'elle est, en faire un Dieu et lui donner perfections de la Divinit, ce toutes les qui serait inniment et ridicule et extravagant. Il faut de plus que ce soit un Etre intelligent car l'ordre merveilleux que nous
:

voyons

dans l'arrangement

qui compose

toutes les parties de l'univers, est ncessairement l'ouvrage d'une intelligence, et plus cet ordre est merveilleux, plus cette intelli-

gence doit tre parfaite. Or l'ordre du monde par consest trs-exact et trs-universel quent il ne peut tre que l'ouvrage d'une intelligence suprme et infinie. Il faut donc admettre un premier agent intellectuel, qui ait arrang tous les tres renferms dans l'ordre
:

du monde. La matire, n'tant pas


gente, ne peut pas avoir
fait cet

intelli-

ordre si miraculeux , qu'il est incomprhensible car qui pourra imaginer un ordre plus surprenant que celui que nous voyons dans les rvolutions des cieux, dans le mouvement dsastres, dans le flux et le reflux de la mer, dans le cours des rivires? Qui pourra imaginer un ordre plus utile que celui par lequel l'utilit de tous les tres est tellement lie, que toutes les parties ensemble se rap:

Premire consquence. Puisqu'il y a un Dieu, il s'ensuit que c'est un Etre ncessaire, qu'il n'a pas pu ne pas tre, qu'il est de lui-mme, qu'il n'a point de principe car si on lui en donnait un, on demanderait ensuite Et ce principe, de qui a-t-il reu l'tre? Et il faudrait remonter de principes en principes l'infini, jusqu' ce qu'on en et trouv un qui n'et point de principe lui-mme et qui ft le principe de tous les autres. La seule lumire naturelle nous fait connatre que puisqu'il y a un Dieu il faut absolument qu'il soit un tre ncessaire, qui n'ait point de principe et qui soit le principe de tous les autres tres qui ne sont que des tres contingents, puisqu'ils pouvaient n'tre pas, et qu'ils ont reu leur tre de ce premier principe. Seconde consquence. Puisque Dieu est un Etre ncessaire, il est ternel; il est luimme son ternit, c'est--dire qu'il n'a point pu avoir de commencement et qu'il ne peut point avoir de fin. Troisime consquence. Puisqu'il est le principe de toutes choses, c'est lui qui de rien a cr le ciel et la terre et tout ce qu'ils contiennent. Sa puissance est infinie, il peut tout ce qu'il veut; sa puissance est sans bornes, parce que rien ne lui peut opposer des digues ou des obstacles. Quatrime consquence. Il faut par consquent que sa sagesse soit infinie pour au ir si bien arrang toutes les parties de ce vaste univers, sans qu'il y en ait aucune qui se drange depuis tant de sicles. C'est la providence divine qui gouverne tout rien n'ar: :
:

au pch prs qu'il dfend sous une peine ternelle, que par la volont de ce premier Matre souverainement
dominant,
il

rive dans le monde,

abaisse les uns,

il

lve les au;-

tres selon ses vues et ses desseins, et ainsi tout ce qu'on appelle dans le monde fortune, hasard, destin, ne sont que des mots qui ne signifient rien. Rien ne se t'ait nar hasard ou

ion

MTHODE POUR DISCERNER LA VRAIE RELIGION.


lorsqu'il

f078

par les arrts d'un destin invitable , ce sont des chimres que l'ignorance ou l'impit des hommes ont forges. Rien ne se fait par hasard l'gard de Dieu, qui connat tout il n'en est pas ainsi l'gard des hommes,
:

donna la loi crite ce patriarche, il accompagna cette rvlation de tant de grands prodiges, que tout le peuple en tait
constern. Dieu a encore parl dans la suite des sicles par ses prophtes, et ce qu'ils prdisaient tant vrifi par les vnements qui arrivaient dans le mme temps et de la mme manire qu'ils les avaient prdits, tait autant de preuves videntes que Dieu avait parl par leurs bouches. Enfin, Dieu a parl dans la loi chrtienne par son Fils unique, par lequel il a rvl aux hommes tout ce qu'il voulait rvler.
C'est cette vrit

qui ignorent la cause des diffrents vnements. Enfin Dieu est le comble de toutes les perfections possibles et imaginables, et dans un degr infini, sans aucun mlange de dfaut pour petit qu'il puisse tre, ou qu'on puisse se l'imaginer. Par consquent la vil racit est encore une de ses perfections est la vrit mme, comme Jsus-Christ, qui tait Dieu aussi bien qu'homme, l'a dit dans
;

que

je vais tablir

l'Evangile Je suis la voie, la vrit et la vie , Ego sum via et veritas et vita (Jean, XIV, 6), c'est--dire, que lorsque Dieu parle il ne peut rien dire de faux. Si Dieu pouvait dire faux et mentir, ce serait un horrible dfaut et une affreuse imperfection dans lui ; cette seule ide fait horreur et rvolte toutes les lumires de la raison ; car il suit de l que Dieu pourrait pcher, le mensonge tant mauvais et dfendu par
:

preuves qui sont incontestables,


sens, sans rplique.

et,

par trois mon

SECONDE VRIT.
Dieu a parl, et outre la loi naturelle, il en a rvl une autre, qui est la loi chrtienne.

lui-mme et ne pouvant tre jamais permis en aucune circonstance. Quelle ignominie, mme selon le monde, quand un homme passe pour menteur? D'ailleurs si Dieu pouvait mentir,
les
il

hommes ne
quand

croire rvle

perdrait toute son autorit et seraient pas obligs de le il parle et surtout quand il leur
,

des mystres qui surpassent les lumires de leur raison: ils craindraient toujours qu'il ne les voult tromper. Disons donc que quand Dieu parle, il ne peut rien dire qui ne soit trs-vrai, puisqu'il
est la vrit

Je dmontre videmment cette vrit par trois raisons qui me paraissent invincibles. La premire est que le plan de la religion chrtienne est divin ; la seconde, que la manire dont elle a t rvle est divine ; la troisime, que les effets qu'elle a produits sont pareillement divins. Nul homme, ni tous les hommes ensemble n'ont jamais pu inventer, ni tablir, ni perptuer une religion du caractre de la religion chrtienne, par consquent elle a t rvle de Dieu seul, au lieu qu'il ne se voit rien dans toutes les autres religions qui n'en dmontre la fausset.

ds l'origine des sicles. qu'il avait Il rvla Adam le remde destin pour son pch et celui de toute sa postrit. Outre la loi naturelle qu'il avait grave dans le cur de tous les hommes, il leur donna encore une loi positive par laquelle il leur ordonnait de lui offrir des sacrifices, et de quelle espce devaient tre ces

mme, Or Dieu a parl

la vrit essentielle.

ARTICLE PREMIER.
Le
plan de
la

religion cheiienne est divin.

Tmoins les sacrifices qu'Abel et Can offraient au Seigneur. La providence de Dieu tait admirable, lorsque, dans ces premiers temps, elle prolongeait la vie des patriarches jusqu' neuf
sacrifices.

Ce que la religion chrtienne nous enseigue des grandeurs de Dieu, de la dernire fin de l'homme, des moyens admirables qui est une doctrine conduisent cette fin qui est toute cleste, une doctrine qui est infiniment suprieure toute intelligence cre, une doctrine qui n'aurait ja,

mais pu tre connue,


vle

si

Dieu ne

l'avait r-

cents ans, afin qu'il y et des


,

hommes

qui

ayant vu Adam, ou quelques-uns de ses enfants pussent perptuer la crance de la cration du monde et du premier Etre et la loi des sacriGces jusqu' No. Aussi, ds que ce patriarche fut sorti de l'arche aprs le dluge, il offrit Dieu des sacrifices, et cela se perptua par une constante tradition jusqu' Abraham, qui Dieu rvla que le Messie natrait de sa postrit,
,

car cotte doctrine ne nous a pas seulement rvl tout ce qui peut tre dcouvert par la lumire naturelle et tout ce qui peut tre compris par la raison la plus pure, elle s'tend encore infiniment au del de ces bornes, puisqu'elle va fouiller tnme dans l'intrieur' et la profondeur de la Divinit Profunda Dei (I Cor.,
: :

aux hommes

II, 10).

En
Dieu

effet,

pourrait-on imaginer des choses

aussi sublimes que celles

que

la

religion

chrtienne nous

et qu'il la multiplierait ciel ; et tout cela arriva

comme

les toiles

du

? Qu'il est ces troispersonnes sont rellement distinctes

apprend de la nature de un en trois personnes , que

de point en point.

Dieu encore parla Mose, et ses rvlations furent soutenues par tant de miracles, et si surprenants, que Mose fit en Egypte avec une seulo baguette, que le peuple d'Isral ne pouvait pas douter que ce fussent
des effets de
la

toute-puissance de Dieu, et

essence, qu'il est le comperfections possibles sans aucun mlange de dfaut ni d'imperfection ; qu'il est le premier principe et la fin de toutes choses, qu'il est dans une absolue indpendance de tous les Etres, qu'il exerce qu'il un empire absolu sur tout l'univers

dans une

mme

ble de toutes les

1079
joint

DEMONSTRATION EVANGELIQUE. DORLEANS.


une
parfaite
,

1080
si

immutabilit avec une


,

trs-grande libert qu'il a l'ternit sans l'immensit sans extension de succession parties, une infinie sagesse qui rien n'est cach, ni pass, ni futur, parce que tout une puissance infinie dans lui est prsent ses oprations, une prudence sans bornes
;

auraient-ils pu apprendre, leur avait rvls?

Dieu ne

les

le gouvernement du monde, une saintet trs-minente dans les commandements qu'il nous fait. Et c'est dans la possession de cet Etre infini en tout sens, que la reli-

dans

gion chrtienne tablit la premire fin de l'homme ce n'est pas dans la possession des richesses, des honneurs et des volupts, qui ne peuvent que rendre l'homme misrable, bien loin de le rendre content, au lieu que la possession de Dieu seul est seule capable de le rendre vritablement et ternellement heureux. L'esprit humain pouvait-il imaginer des mystres si relevs par rapport la Divinit, une fin si noble, si sublime par rapport l'homme , sans une rvlation de Dieu ? Est-il rien de plus saint que ce que la religion chrtienne prescrit aux hommes pour parvenir cette dernire fin d'aimer Dieu sur toutes choses et de lui rapporter toutes nos actions, d'aimer le prochain comme nous-mmes, et d'tre son gard comme nous voudrions qu'il ft au ntre ? Et parce que la nature corrompue nous porte sans cesse toutes sortes de prvarications, qui nous loignent de Dieu , cette religion nous commande de rprimer nos cupidits, de dompter nos passions, de mortifier nos sens , de mpriser les richesses, les honneurs, qui sont des appts du vice, et de renoncer gagner tout l'univers plutt que de perdre notre me. Enfin, cette religion prescrit tout ce que l'humanit, la pil, la justice, la raison exigent de l'homme et tout cela par rapport au service de Dieu, qui tout doit se rapporter comme notre dernire fin. Et quels sont les moyens que la religion chrtienne nous propose pour faire et pour consommer notre salut ? Moyens admirables les plus propres et les plus efficaces pour arriver cette fin. La prsence d'un Dieu qui veille sans cesse sur toutes nos actions et qui pntre les plus secrets replis des curs l'attente d'un jugement terrible, o l'on rendra compte de toutes ses actions: l'exactitude et la svrit du souverain Juge, qui ne laissera aucun mal sans punila tion, ni aucune vertu sans rcompense
:
:

Mais la connexion et la liaison qui se trouve entre tous les mystres que la religion chrtienne enseigne, n'est pas moins merveilleuse car si Dieu est le premier principe de toutes choses , que s'ensuit-il de l si ce n'est que Dieu seul est de toute ternit, qu'il a tir du nant tout l'univers , qu'il est le seul Matre souverain de tous les hommes. Si Dieu est la dernire fin de l'homme, que sensuit-il de l, si ce n'est que les mes sont immortelles , que les corps ressusciteront un jour , que ce n'est pas dans ce monde qu'il faut chercher sa flicit, que tout ce qui nous conduit Dieu,
:

quand

d'ailleurs il serait dur et difficile, doit tre regard comme un bien, que tout ce qui

nous loigne de Dieu, quand

commode et agrable, comme un mal. Enfin,


ment bien

mme il serait doit tre regard il n'est rien dans la

religion chrtienne qui ne soit admirable-

mme

grandeur des rcompenses pour les justes la grandeur des supplices pour les pcheurs , l'un et l'autre pour une ternit. Outre cela, de quels secours ne nous sonl pas les exemples de Jsus-Christ, notre Dieu, notre roi, notre Sauveur, qui marche devant nous dans la voie du salut, qui nous l'a marque de son sang, qui est mont au ciel, o il rgnera ternellement, et qui du haut de son trne nous invite la couronne et la gloire Encore une fois des moyens si pro, 1

pres, si admirables, si efficaces, ont-ils pu tre invents par les hommes? Et d'o les

li et qui ne se rapporte la qui est Dieu. Que si la loi nous propose des mystres infiniment levs au-dessus de toute intelligence cre, comme les mystres de la Trinit et de l'Incarnation du Verbe, cela mme est trs-conforme la raison, parce que la raison nous apprend que nous devons avoir des sentiments de Dieu infiniment levs au-dessus de noire porte, que jamais nous ne connaissons Dieu plus parfaitement que lorsque nous comprenons que ses perfections et ses attributs sont incomprhensibles tout esprit humain que Dieu ne serait pas Dieu si nous pouvions le comprendre dans toute l'tendue de ses perfections. Et voil le plus grand motif de crdibilit, et la plus invincible raison qui prouve incontestablement la vrit et la divinit- de la religion chrtienne c'est la rvlation du mystre del Trinit, qui contienltout l'intrieur de Dieu intrieur qui n'tant connu et ne pouvant tre connu que de lui seul, ne peut jamais et rie pourra jamais tre pntr par aucun effort si Dieu ne le rvle aux hommes en leur parlant vritablement. Par consquent, le principal fondement d'une religion vraiment divine et la preuve la plus incontestable que Dieu a rvl cette religion c'est la rvlation du mystre, parce que nul autre n'a pu le rvler quelui. Quoi de plus conforme encore la raison que l'Incarnation du Verbe Ne fallait-il pas que le mdiateur entre Dieu et les hommes ftDieu et homme tout ensemble? Dieu, pour nous apporter le remde homme pour nous donner l'exemple. Et de l il est ais de comprendre en premier lieu, combien la justice de Dieu est redoutable puisqu'elle n'a pu tre pleinement satisfaite que par un Homme-Dieu. Il est ais de comprendre en second lieu combien la misricorde de Dieu a t excessive, puisqu'il a bien voulu subir la mort pour racheter des esclaves. Il est ais de comprendre en troisime lieu, combien la sagesse de Dieu a t admirable

fin,

1081

MTHODE POUR DISCERNER L\ VRAIE RELIGION.


nombrement des grandeurs de Dieu,

1082
il

mal et du pch mme. Que les incrdules nous disent maintenant, de quelle source est mane une doctrine
d'avoir ainsi tir le bien du
si admirable? quel esprit si sublime a puinventer un systme de ce caractre? quel gnie tonnant et prodigieux a pu dcouvrir tous ces hauts mystres dans la Divinit? Quel est donc cet homme si extraordinaire? en quel pays est-il n? en quel temps a-t-il vcu ? Peut-tre a-t-il tir ce plan des diverses sectes des anciens philosophes mais ne se sont-ils pas toujours combattus et contredits les uns les autres? Ont-ils jamais pu s'accorder sur la dernire fin de l'homme, qu'ils ont tablie dans les choses les plus basses et les plus honteuses? Une bonne partie de leurs prtendues vertus, dont ils faisaient tant de bruit, taient-elles autre chose que des vices raffins ? Qu'ont-ils jamais produit dans leurs coles, que des disciples superbes et vicieux ? Et que leur ont-ils appris, qu'une sagesse purement humaine, qui n'tait, la bien prendre, qu'une moindre folie ? Mais la doctrine de la religion chrtienne a toujours t constante, invariable, pleine conforme d'une sagesse toute cleste toute vrit et si merveilleuse dans sa morale, que si elle tait bien observe, ce monde jouirait d'une paix inbranlable. N'est-il donc pas vident qu'une telle doctrine n'a pu tre rvle que de Dieu ?
;
,

ajoute :

Aprs cela il a t vu sur la terre, il a convers avec les hommes Post hc in terris visus est et cum hominibus conversalus est
,

(#/-., III).

Troisime prophtie. Ce Messie devait tre

David toute l'Ecriture est remplie des promesses que Dieu fit David, Jacob, Isaac, Abraham et Jsus-Christ est partout appel le Fils de David Jesu Fili David. Quatrime prophtie. Isaeavait prdit qu'il natrait d'une vierge Ecce virgo concipiet, et parie t filium, et vocabitur nomen ejus EmJuif, de la race de
;
; : :

manuel (Is., VII). Cinquime prophtie. Le Messie doit natre Bethlhem, selon le prophte Miche Et tu, Bethlehem, terra Juda, nequaquam minima es in principibus Juda : ex te enim exiet dux
:

ARTICLE

II.

La manire dont celte doctrine a t rvle est divine. Pour la prouver solidement, je me borne aux prophties et aux miracles.
Section premire.

Les prophties.

Je suppose d'abord ce principe incontestable, qu'il n'est que Dieu seul qui puisse infailliblement prdire l'avenir parce que lui seul le voit et le peut faire arriver ; les hommes ne peuvent prdire l'avenir que par hasard, parce qu'ils ne le voient pas et qu'ils ne savent pas s'il arrivera (Col., II, 17), et qu'ils ne peuvent pas faire qu'il arrive. Tous les mystres de la religion chrtienne ont t figurs par la religion des Juifs, dont la loi, comme dit l'Aptre, n'lait que l'ombre de la loi future c'est--dire l'image et le commencement d'une loi plus parfaite: et il est constant par tous les oracles des prophtes, que tous les mystres de la religion chrtienne ont t prdits jusqu'aux plus
, ,

qui regat populum meum Isral (Mich., V). C'est de cette prophtie dont les princes des prtres rendirent compte Hrode. Sixime prophtie. David assurait que les rois d'Orient viendraient l'adorer et lui offrir des prsents Reges Arabum et Saba dona adducent (Ps., LXXI). Septime prophtie. Jrmie a prdit le massacre des Innocents Vox in Rama qudita est, ploratus et ululatus multus. Les vanglistes en ont fait mention. Huitime prophtie. Le Seigneur, dit Isae, entrera en Egypte, et les idoles seront renverses devant lui Ecce Dominus ascendet super nubem levem, et ingredietur Mgyptum, et commovebunlur simulacra Mgypti a facie ejus (Is., XIX). Celte prophtie fut accomplie lorsque l'enfant Jsus se retira en Egypte, pour fuir la perscution d'Hrode. Le. prophte Ose a prdit son retour Ex JEgypto vocavi Filium meum (Ose, XI).
:

Neuvime prophtie. Isae dcrit pompeusement l'arrive des rois mages Jsusalem
:

Surge, illuminare Jrusalem ; et mme l'toile qui conduisait ces rois Quia venit lumen tuum, et gloria Domini super te orla est, et ambulabunt reges in splendore ortus tui
:

LX). Dixime prophtie. Malachie avait prdit que Dieu enverrait un ange pour prparer les voies du Messie Ecce ego mittam angelum meum qui prparabit viam ante faciem luam (Mal., III). Cette prophtie s'est accomplie dans la personne de saint Jean-Baptiste
(Is.
:

d'une manire si ces prophtes voyaient ces mystres de leurs yeux. Premire prophtie. Jacob prdit que la tribu de Juda dominerait, que le sceptre ne
petites circonstances , claire, qu'on dirait
et

ainsi le prophte Isae l'appelle la voix do celui qui cric dans le dsert : Vox clamantis in deserlo.

que

lui serait point l que celui qui faisait l'attente des nations ne ft venu, comme il est arriv lorsque Jsus est n Non auferetur sceptrum de Juda, et dux de femore ejus, donec veniat qui mittendus est, et ipse erit expectalio gentium (G en., XLX). Seconde prophtie. Le prophte Baruch a prdit l'incarnation du Verbe dans le chapitre troisime, o, aprs avoir fait un grand d:

Onzime prophtie. Seigneur, s'criait Isae, envoyez-nous cet Agneau qui doit dominer sur la terre Mitte. Domine, Agnum dominatorem terr (Is., X). Voil, disait saint Jean en montrant JsusChrist, voil l'Agneau de Dieu. Douzime prophtie. Alors, ajoule Isae, les
:

yeux des aveugles seront ouverts, les oreilles des sourds seront ouvertes, le boiteux tressaillira comme le cerf, la langue des muets sera dlie Tune aperientur oculi ccorum, aures surdorum patebunt, lune saliet sicut cervus claudus, et aperietur linqua mutorum
:

083
[Is. f

DEMONSTRATION EV ANGELIQUE. PORLEANS.

1084

Voil les miracles que JsusChrist a oprs dans toute la Jude. Treizime prophtie. Voire Dieu viendra lui-mme pour vous sauver: Deusipseveniet, et salvabit vos {Is., XXXV). Quatorzime prophtie. Le temps viendra, Dieu par Jrmie, que j'enverrai des

XXXV).

ne peut assez admirer, qui dveloppe la passion de Jsus-Christ. Vingt-deuxime prophtie. Zacharie avait prdit qu'il serait abandonn de ses disciples Percute paslorem, et dispergentur oves(Zach., XIV). Lorsque le pasteur sera frapp, les brebis seront disperses. David l'avait aussi prdit Noti quoquerecesserunt a me; et mme Isae avait prdit un abandonnement gnral:
:

disait

pcheurs pour pcher les mes d'Isral Mittam piscatores multos, et piscabunt eos (Jer., XVI). C'est ce que Jsus-Christ dit ses apVenite tres lorsqu'il les appela sa suite post me, faciam vos piscatores hominum. Quinzime prophtie. David avait prdit que pour exle Messie se servirait de paraboles Aperiam in parabolis ses mystres pliquer
:
: :

Et

os

meum

(Ps. XIII).

Seizime prophtie. Isae avait prdit que Messie prcherait Capharnam et Zabupopulusqui lon : Alleviata est terra Zabulon, est sedebat in tenebris vidit lucem magnam. C pour cela que saint Matthieu dit Hc locuadimpleretur tus est Jsus in parabolis , ut quod dictum est per prophelam {Is., XL). Dix-septime prophtie. Jol avait prdit que le Messie ferait des miracles pour rassaFilii Sion, ltamini in Dosier son peuple Deo vestro, quia comedetis vescenles et mino saturabimini, quia fcit mirabilia (Jol, II). C'est ce que fit Jsus-Christ en multipliant cinq petits pains dans le dsert pour nourrir
le
: :

de gentibus non est vir mecum {ch. LXIV). Vingt-troisime prophtie. La trahison de Judas. David dnote mme le disciple qui mangeait avec le Sauveur Etenimhomo pacis me qui edebat panes meos, magnificavit super me supplantationem (Ps., XL). Vingt-quatrime prophtie. Zacharie marque mme la somme de trente deniers que Judas devait tirer de sa trahison Appende:
:

runtmercedemmeam
XVII).
prdit

triginla argenteis (Zach.,

Vingt -cinquime prophtie. David avait qu'il serait accus par de faux t:

Insurrexerunt- in me testes iniqui, et mentita estiniquitas sibi (Ps., XXVI). Vingt-sixime prophtie. J'ai abandonn mon corps ceux qui me frappaient, et mes arrachaient le poil de la joues ceux qui barbe ; je n'ai point dtourn mon visage de ceux qui me couvraient d'injures et de cra-

moins

plus de cinq mille

hommes.

prdit

prophtie. Zacharie avait Messie entrerait dans Jrusalem mont sur un ne, pour faire triompher sa pauvret Ecce Rex tuus veniet tibi justus et salvator, ipse paupcr, ascendens super asinum (Zach., XIX). N'est-ce pas dans cet quipage que Jsus-Christ entra dans Jrusalem? Dix-neuvime prophtie. David a prdit que les grands de la terre se soulveraient Astiterunt reges terrce, et contre le Messie principes convenerunt inxinum, adversus Dominum, et adversus Christum ejus {Ps., II). Nous voyons celle prophtie accomplie lorsque Pilate et Hrodc, les Juifs et les gentils se soulevrent contre Jsus-Christ. Vingtime prophtie. Les prophtes ont prdit que le Messie se chargerait de nos pchs, qu'il souffrirait pour nous Isae expose ce qu'il devait souffrir, et avec quelle patience il souffrirait, et en explique toutes

Dix -huitime
que
:

le

chats c'est ainsi que parlait Isae dans la personne du Sauveur. Et n'est-ce pas justement de la sorte qu'il a t trait? Corpus meum dedi percutientibus, et gnas meas vellenlibus; faciem meam non averti ab mere:

pantibus, et conspuentibus in me (Is., L). Vingt-septime prophtie. Les impies devaient s'assembler et s'animer mettre mort le Juste, parce qu'il se dit Fils de Dieu Circumveniamus justum, gloriatur se patrerti habere Deum, morte turpissima condemnemus eum (Sap., II). Peut-on voir une prophtie
;

plus claire et plus videmment accomplie? N'est-ce pas parce que Jsus-Christ se disait prtres le conFils de Dieu, que les grands

damnrent une

honteuse mort ? Vinqt-huitime prophtie. David parlant qu'il dans la personne du Sauveur, disait coups de fouet Ego tait prt recevoir les
si
,
:

autem

manire que les les circonstances de la vanglistes nous les ont racontes : Dolores noslros ipse portavit, altritus est propter scelera nostra; oblatus est, quia ipse voluit,

mme

fouet sans meserait accabl de coups de Congregala sunl super me flagella sure le Sauveur en (Ps XXXIV). Effectivement, mesure. Quand David parlait reut sans mme qu il ainsi, n'est-ce pas du Sauveur jamais reu l'entendait, puisque David n'a

in flagella paratus

sum

et

mme qu

il

et

non aperuitos suum; sicut nem ductus est {Is., LVI).

ovis

ad occisio-

Vingt et unime prophtie. Daniel a prdit mis a le temps auquel le Messie devait tre mort Post hebdomadas septuaginta duas oc:

de coups de fouet ? disait Vinqt-neuvime prophtie. Ce Messie, couronn de tribulation .CoroIsae, sera (ls., *xii}. nans coronabil te tribulatione Jesusprophtie fut accomplie lorsque
:

cidetur Chrislus {Dan., IX). Tout ce que Jsus-Christ a souffert a t prdit plusieurs sicles avant sa naissance si prcisment, que ces prophties peuvent passer pour un Evangile qui raconte ce qui est arriv mais prles prophtes ne se sont pas contents de dire sa mort et ses souffrances en gnral ;
;

Cette Christ fut couronn d'pines. prdit Trentime prophtie. Jrmie avait Saturabitur qu'il serait sol d'opprobres Sauveur avait opprobriis (Thren., III). Et le serait expose aux dri:

dit

ils

sont encore entrs dans un

dtail,

qu'on

densions de tout le peuple Factussumin III, H). Cette populo (Thren. sum omni Pilate exposa prophtie s'accomplit lorsque
: ,

par Jrmie qu'il

108o

flETHOUB POUR DlSCERiMiU LA VRAIE RELIGION.

1086
dabis sanctum

Jsus-Christ sur un balcon la vue du peuple juif.

animam meam in inferno, nec tuum videre corruplionem.


taille
;

Trente et unime prophtie. Daniel a prdit que le peuple juif renoncerait le Messie Et non erit ejus populus qui eum negaturus est (Dan., IV). Cette prophtie s'accomplit lorsque le peuple juif dit Pilate qu'il ne connaissait poit>t d'autre roi que Csar. Trente-deuxime prophtie, Isae a prdit Et qu'il serait mis au nombre des sclrats cum sceleratis reputatus est (Is., LUI, 12). Cette prophtie s'accomplit lorsque JsusChrist fut mis entre deux voleurs. Trente-troisime prophtie. Le serpent d'airain, lev dans le dsert pour la gurison des Isralites, tait la figure du Sauveur sur la croix; c'est ainsi que le Sauveur luimme s'en est expliqu dans l'Evangile ses aptres : Sicut Moyses exaltavit serpentem in deserto, ita exaltari oportet filium hominis
: :

Voil la passion de Jsus-Christ bien dpar les prophtes on ne doit pas s'en tonner Dieu ne pouvait pas faire trop comprendre aux hommes le dessein qu'il avait de sauver les hommes par la mort d'un Dieu; il tait de sa providence d'en marquer et d'en prdire toutes les circonstances longtemps avant que ces faits arrivassent c'est pour cela que les vanglistes ont dcrit sa passion avec tant d'exactitude, pour faire voir aux incrdules que toutes ces prophties ont t accomplies clans la personne de Jsus-Christ. Mais poursuivons les prophties jusqu' la fin.
:

(Jean. III, 14).

Quarante et unime prophtie. Isae avait encore prdit sa glorieuse rsurrection Et erit sepulcrum ejus glorosum (XI, 10). Et David dans la personne du Sauveur Ego dormivi, et soporatus sum, et exurrexi, quia
: :

Trente quatrime prophtie. J'ai t afflig par une multitude de mchants ; ils ont perc mes mains et mes pieds, ils ont compt tous mes os; c'est ainsi que le Sauveur parlait dans le psaume XXI Foderunt manus mcas et pedes meos ; dinumeraverunt omnia ossa mea.
:

Bominus

suscepit

me

(Ps. III).

Trente-cinquime prophtie. Ils m'ont condans le mme psaume, ils ont partag mes vlements, et ils les ont jets au sort Consideraverunt et inspexerunt me : diviserunt sibi v estiment a mea, et super veslem meam miserant sorlem (Ps. XXI). Peut-on mieux dpeindre les soldats qui jouaient aux pieds de la croix les habits de
sidr, poursuit-il
:

Quarante-deuxime prophtie. David avait encore prdit qu'il monterait au ciel, et qu'il mnerait avec lui les captifs Ascendens inaltum, captivant duxit captivitatem(Ps. LXVII). Et ailleurs Ascendit Dcus in jubilo, et Dominus in voce tub (Ps. XLVI). Quarante-troisime prophtie. David avait encore prdit qu'il serait assis la droite de
:

Jsus-Chrisl!

Dieu. Dixit Dominus Domino mco : sede a dexlris meis (Ps. C1X). Quarante-quatrime prophtie. Je rpandrai, dit Dieu par Zacharie, sur la maison de David, et sur Jrusalem un esprit de grce Effundam super domum David, et super Jrusalem spirilum grati (XII). C'est le jour de la Pentecte que s'est accomplie celte pro:

me voyaient mme psaume,


,

Trente-sixime prophtie. Tous ceux qui continue le Messie dans le se sont moqus de moi ils ont secou la tte Il avait mis son esprance au Seigneur, disaient-ils, qu'il le dlivre, et Omnes videnles me qu'il vienne le sauver deriserunt me, et moverunt caput : sptfavit in
;
:

phtie.

Quarante-cinquime prophtie. Isae a prdit

que

le

salut devait venir des Juifs:

De

Domino,
les

eripiat

eum

(Ibid.). C'est ainsi

que

grands prtres Sauveur en croix.

et les Juifs insultaient le

Sion exibit lex, et verbum Domini de Jrusalem (II, 3). En effet, la premire Eglise n'tait compose que de Juifs convertis la foi. Quarante-sixime prophtie. Daniel avait prdit quele peuple juif serait rprouv pour avoir fait mourir le Messie, que le temple
serait dlruit, la ville renverse, les sacrique la dsolation serait entire : Et civitatem, et sanctuarium dissipabit populus cum [duce venluro et finis ejus v asti tas , et posl fmem bclli staluta desolalio ( IX , 20). Celte prophtie s'accomplit depuis dix-sept
fices abolis,

Trente-septime prophtie. Ils m'ont encore donn du fiel manger et du vinaigre boire; c'est toujours le Messie qui parie par

prophte Dederunt in escam meam in siti mea polavcrunl me aceto. Trente-huitime prophtie. Saint Jean rend tmoignage que les soldats brisrent les os des deux voleurs, mais non pas ceux de Jsus-Christ afin que cette parole de l'Ecriture ft accomplie Vous ne briserez aucun des os de l'agneau pascal, qui tait la figure de de Jsus-Christ Os ejus non confrinnent (Num., IX). Trente -neuvime prophtie. Le prophte Zacharie avait prdit qu'il serait crucifi: Aspicient ad me quem confixcrunt (XII, iO). Quarantime prophtie. David, dans son psaume XV, expose sa spulture et son incorruptibilit dans le tombeau, et sa descente dans les limbes Insu/irr et tto mea requiesect in spe, quoniam non derelnques
le
:

mme

fcl, et

cents ans.

Quarante -septime prophtie. Tous les prophtes ont prdit la vocation et la conversion des gentils et ont attribu ce grand ouvrage la venue du Messie. Voici comme Dieu parle au Messie par le prophte Isae Je vous ai choisi afin que vous soyez mon serviteur, pour soutenir les tribus d'Isral, et que vous soyez la lumire pour clairer toutes les nations, et le salut de tous les peuples jusqu'aux extrmits de la terre: Ut sis mihi servus ad suscilandas tribus Jacob, dedi te in lucem gentium ut sis salas mea usque ad etremum (XLIX). Tout cela s'esl accompli, aprs l'ascension de Jsus-Christ, par les aptres, cl s'accoin:

4087
plit

DEMONSTRATION EVAWGtfUOUE. DORLANS.


les incrdules diront

10 8*

tous les jours par leurs successeurs; et ce que Dieu avait dit par le mme prophte, s'accomplit encore J'enverrai de ceux qui auront t sauvs vers les nations dans les mers, dans la Lydie, dans l'Afrique dans les peuples arms de flches, dans l'Italie, dans la Grce, dans les les les plus recules Mittam ex eis qui salvali fuerinl ad gentes in mare, in Africain, cl Lydiam, lenclentes sagitlam ; in Italiam et Grciam, ad insulas
:

'longe

LXVI

).

Quarante-huitime prophtie. Le prophte Daniel a prdit l'tablissement de l'Eglise, et qu'elle devait durer toujours Au temps de ces royaumes-l dit Daniel, Dieu suscitera un royaume, qui ne sera jamais dtruit et qui sera ferme ternellement In diebus autem regnorum illorum suscitabit Deus
:

cli regnum, quod in ternum non dissipabitur, et ipsum stabit in ternum ( II, kk ).

Quarante-neuvime prophc'tie. Les prophtes


n'ont pas seulement prdit que l'Eglise serait tablie sur les ruines de la synagogue et de l'idoltrie mais encore qu'au lieu des
;

que ces prophties ont forges par les chrtiens, aprs que toutes ces choses sont arrives? Mais ce sont les Juifs, les plus grands ennemis des chrtiens, qui nous ont transmis ces prophties ; l'Ancien Testament tait compos , et ces prophties taientannonces aux Juifs, avant que jamais il y et des chrtiens dans le monde. La Providence divine a rpandu les Juifs par toute la terre, dit saint Augustin, pour porter contre eux-mmes et en faveur de la religion chrtienne un tmoignage incontestable et ternel, puisque tout ce que leurs prophtes ont prdit a t accompli dans la personne de Jsus-Christ. Aprs cela je demande aux incrdules qui est-ce qui a pu prdire avec tant de certitude et d'assurance tant de mystres, si surprenants, si singuliers, par tant d'hommes, et en tant de temps si diffrents, et faire qu'ils arrivassent aprs avoir t prdits?
t
, ,

Ce

n'est

que Dieu

seul,

aux yeux duquel

tout est prsent, l'avenir comme le pass, et qui tient entre ses mains les curs des hou

anciens sacrifices, qu'on n'offrait que dans le temple de Jrusalem, on offrirait dans tous
les lieux

mes,

qu'il

peut tourner

La manire dont

comme il lui plat. la religion chrtienne a t


,

du monde une hostie pure

et sainte

nations converties partout, depuis le lever du soleil jusqu'au couchant. Mon affection n'est point en vous, disait Dieu aux Juifs par le prophte Malachie je ne recevrai point de prsents de vos mains car depuis le lever du soleil jusqu' son couchant mon nom est grand parmi les nations, et on offre en mon nom une oblation trspure dans tous les lieux du monde Et munus non suscipiam de manu vcslra, ab ortu enim solis usque ad occasum magnum est nomen meum in gentibus et in omni loco sacrifiles
: ;
: ,

parmi

rvle est donc divine. Les prophties accomplies en sont une preuve vidente aussi bien que les miracles qui la confirment.
Section
II.

Les miracles.
:

catur, et offertur
(

nomini meo oblatio munda

Les vrais miracles sont une preuve invinreligion or j'appelle vrais miracles ce qui surpasse toutes les forces de la nature, et il n'y a que Dieu seul qui puisse faire ces miracles, comme il en a et par luifait un nombre innombrable, mme et par ses saints. Dieu ne peut pas faire de vrais miracles pour confirmer une
cible de la vritable

Malac,

1).

Cinquantime prophtie. Daniel a prdit que le Messie ne serait pas seulement le Saint des saints mais encore qu'il tablirait la justice et la saintet sur la terre Ut adducaturjustilia sempiterna... et ungalur Sanctus sanctorum ( IX ). Que de saints et de saintes que de martyrs de l'un et de l'autre sexe
,
:

fausset et une fausse religion, parce que ce serait se rendre complice du mensonge et autoriser l'imposture et les imposteurs. Or il est constant que la religion chrtienne a et si t confirme par de vrais miracles
;

depuis Jsus-Christ Cinquante et unime prophtie. Enfin tous les prophtes ont prdit qu'il viendrait la fin des sicles avec une grande puissance et avec une grande majest pour juger les vivants elles morts. C'est ainsi qu'en parlent David dans plusieurs de ses psaumes Judicabit orbem terr in quitatc ( Ps. IX ), et Isac In ign Dominas judicabit ( LXVI ). Cinquante-deuxime prophtie. Enfin, qu'il rgnera ternellement dans la gloire avec les saints Etregnabit Dominus illorum in per! ,
: : :

grandeur, la multitude et la fin de ces miracles, on sera forc d'avouer qu'ils n'ont pu tre que l'ouvrage de Dieu. Sans parler des prodiges oprs par Mose prodiges qui confiret par les prophtes ment mme la toi chrtienne parce que la rvlation faite par Mose se rapportait la rvlation faite par Jsus-Christ comme
l'on considre la
:

sa fin, c'est--dire comme ce qui est imparfait sa perfection, et ce qui est commenc sa consommation; sans remonter, dis-je, jusqu' ces premiers temps, combien de miracles et quels miracles Jsus-Christ n'a-t-il pas faits

petuum

(Sa^.'lII, 8).

Or, puisque tous ces faits sont arrivs, et qu'ils ont t prdits longtemps avant qu'ils arrivassent, ne sommes-nous pas obligs de croire que c'est Dieu seul qui a inspir tous ces prophtes, puisqu'il n'y a que Dieu seul qui puisse infailliblement prdire l'avenir et faire qu'il arrive? Car je ne vois pas par quel dlour et quel artifice on peut luder la force d'une dmonstration si vidente. Est-ce que

chassant les pour confirmer son Evangile dmons, gurissant les malades, rendant la vue aux aveugles, ressuscitant les morts et des morts ensevelis depuis quatre jours ; commandant la mer, aux vents et aux temptes, voyant et rvlant ce qu'il y avait de plus cach dans les curs ? Je n'entreprendrai pas ici un dtail qui serait infini. Mais pour tout dire en un mot, combien de
:

dans quels sicles ne s'est pas vrifi la lettre ce qu'il avait prdit que ceux qui croiraient lui feraient mme de plus
fois et
:

1081

METHODE POUR DISCERNER LA VRAIE RELIGION.

1090

grandes choses que lui? Pouvons-nous lire sans tonneraient cette multitude innombrable de faits miraculeux que nous rapportent et en mme temps les plus grands saints saint les plus grands hommes du monde Athanase dans la vie de saint Antoine, saint Grgoire de Nysse dans la vie de saint Grgoire le Thaumaturge, saint Augustin dans son livre de la Cit de Dieu, Svre Sulpice dans la vie de saint Martin, saint Grgoire le Grand dans ses dialogues, et beaucoup d'autres crivains qui l'on ne saurait raisonnablement se dfendre d'ajouter feu? sans parler des miracles plus rcents, comme ceux qui ont t faits par saint Benot , par saint Franois d'Assise, par saint Franois de Paul, pa'r saint Franois Xavier dans les Indes et par tout le monde, et de nos jours ceux qui ont t faits en par le B. Rgis tous les temps par l'intercession de la sainte car le don des miracles a Vierge Marie toujours subsist dans l'Eglise catholique.
, : ; :

se rapportent les miracles , si c'est l'ambition ou au vice, ou bien la vertu et la pit ; les faux miracles se rapportent toujours quelque vice, et les vrais miracles ont toujours pour fin quelque vertu. Est-il par consquent une preuve plus convaincante de la vrit de la religion chrtienne, puisque, pour autoriser cette religion
:

il

Il

est vrai, dit-on, que l'autorit des miracles est grande et qu'ils sont des tmoigna-

ges vidents del Divinit; mais n'y a-t-il pas de faux miracles qui rendront suspects les vritables? On ne peut pas disconvenir qu'il n'y ait eu des miracles fantastiques ; mais nous avons des rgles sres pour discerner les vritables d'avec les faux. Premire rgle: Toutes les fois qu'il y aura c!es miracles contraires les uns aux autres, ceux qui viendront de il est infaillible que Dieu prvaudront sur les autres, et que Dieu ne se laissera pas vaincre par le dmon. C'est ainsi qu'en Egypte les miracles de Mose l'emportrent sur ceux des magiciens de Pharaon. C'est ainsi qu' Rome saint Pierre vainquit Simon le Magicien. Deuxime rgle Hors du concours des miracles, il faut avoir gard la multitude; car il est de la Providence divine, que les vritables miracles soient plus frquents et que les faux miracles soient rares. Aussi
:

s'est fait un grand nombre de miracles qui effacent tous les signes des autres sectes, de mme que le soleil obscurcit les toiles par son clat? Car parmi ces miracles, il s'en trouve un grand nombre qui sont du premier ordre les morts ressuscites les dmons chasss, les aveugles -ns guris, les secrets des curs rvls, et plusieurs autres de ce caractre, qui par leur grandeur surpassent infiniment toute ,1a puissance des dmons, et qui de leur nature concourent la gloire deDieu, l'utilit des hommes, au salut des mes, la saintet des murs et au culte du vrai Dieu. Ne serait-ce donc pas un affreux renversement de raison et une horrible impit de vouloir se persuader que Jsus-Christ, que les aptres , que ces saints hommes, qui ont t si vnrables aux chrtiens et mme aux infidles parleur admirable pit et par leur manire de vivre toute cleste, ont t les instruments du dmon, et non pas de Dieu, pour faire de si grands miracles? Le dmon n'opre pas des prodiges pour sanctifier les
, ,

hommes,
Dieu
;

pour quelques prodiges imaginaires, nous en voyons un grand nombre de rels. Troisime rgle Il faut avoir gard la grandeur des
:

car tout ce qui passe la force des tre attribu l'art maaussi de tels miracles sont-ils alors gique des tmoignages infaillibles de la toute-puissance deDieu. Quatrime rgle: Il faut considrer le genre et la qualit de l'ouvrage. Le dmon n'opre des signes que dans des choses inutiles et ridicules, et qui ne sont de nul profita personne. C'est ainsi que Simon le Magicien faisait paratre sa vertu en voltigeant en l'air, en faisant marcher des statues, et aboyer des chiens de bois. Mais JsusChrist et les aptres gurissaient les malades, chassaient les dmons, rendaient la vue aux aveugles et faisaient plusieurs autres miracles qui taient d'une grande utilit aux hommes. Cinquime rgle 11 faut bien considrer les murs de ceux qui oprent ces prodiges; pour l'ordinaire, Dieu se sert chacun des saints, et le dmon des impies emploie les instruments qui lui conviennent, pnfin, il faut avoir gard quoi tendent et

miracles
;

dmons ne peut pas

ni pour augmenter le culte de mais bien plutt pour pervertir les mes et les entraner dans l'erreur. Que si quelqu'un veut rvoquer en doute les miracles de Jsus-Christ, miracles cependant qui n'ont pas t faits dans l'obscurit, ni dans le secret, mais la vue du public, la vue de Jrusalem, la vue de cette nombreuse nation miracles qui ont t crits par tant d'hommes tmoins oculaires et tout fait dignes de foi, puisqu'ils ont sign ces vrits de leur propre sang; miracles qui n'ont jamais t rvoqus en doute aprs la mort de Jsus-Christ, non pas mme par les Juifs, qui y avaient cependant tant d'intrt ; si quelqu'un, dis-je, rvoquait en doute ces miracles, il pourrait galement douter s'il y a jamais eu un Caton Rome si Csar
;

et

sont disput l'empire , si Auguste a rgn, si Alexandre le Grand a t ; car les miracles, avous dans tous les sicles, rapports dans les monuments des plus fidles histoires, sont aussi certains qu'aucune chose le puisse tre. N'cst-il pas admirable, et mme plus que surprenant, de s'imaginer qu'on en doive plutt croire aux crivains de l'histoire romaine, qu'aux crivains des faits miraculeux de Jsus-Christ et de ses aptres ? Quoi j'ajouterai plus de foi Sallusle, Titc-Live, qu' saint' Matthieu, qu' saint Jean, qu' saint Athanase, qu' saint Ambroise, qu' saint Augustin qu' une infinit de grands hommes Je ne douterai point de la vrit de l'histoire romaine, qui n'a t confirme par aucun prodige, et je douterai de l'histoire de JsusChrist, qui a t autorise par tant de mirase
1 1

Pompe

091
cls,

DEMONSTRATION EVANGELIQUE. DORLEANS.


de
trois mille
1

1092

et des miracles si grands, signe du sang de tant de millions de martyrs Mais si l'on s'obstine encore dans son incrdulit, du moins l'on ne pourra pas contester le miracle que propose saint Augustin dans le livre XXII de la Cit de que la religion qui oblige Dieu. Le voici

martyrs. Cela parat, en second lieu, dans cettcmultitude innombrable d'hommes de tout rang de tout sexe , de tout ge , qui, aprs avoir renonc toutes les superstitions de l'idoltrie et de toutes les pompes
,

croire des mystres si incroyables et pratiquer des choses si dures n'a pu tre reue par toute la terre sans miracle. Quiconque aprs cela demande encore des prodiges pour croire est lui-mme un grand prodige. Que, sans voir aucun miracle, le monde ait cru des mystres si difGciles croire , et qu'il se soit soumis des choses si pnibles pratiquer, c'est l, sans contredit, le plus grand de tous les miracles. Et surtout que le monde ait t port croire des mystres qui sont si levs au-dessus de la raison, et excuter des choses qui sont si contraires

du monde se retiraient dans les solitudes , pour s'y consacrer entirement JsusChrist; aussi saint Augustin, parlant de ce grand nombre d'idoltres convertis la foi ne faisait pas difficult de dire que si quelqu'un et cri haute voix ce qu'on disait dj de son temps la messe Sursum corda : Elevez vos curs on et pu rpondre de
,
: ,

toutes les villes, de tous les bourgs, de toutes les montagnes, de toutes les forts de toutes les solitudes on et pu rpondre de tous ces en;

Nous avons nos curs au Seigneur : Habemus ad Dominum. Tanl la religion chrdroits
:

tienne avait dtach les


et les avait attachs

hommes

de la terre,

la nature ; que le monde, dis-je, y ait t port par des hommes simples, grossiers, ignorants, dpourvus de tout secours humain; n'est-ce pas le prodige des prodiges? Et voil ce qui nous conduit aux effets prodigieux qu'a produit la religion chrtienne.

au service du vrai Dieul Ce qu'il y a encore de bien singulier et de bien remarquable est que ces merveilleux changements se sont faits mme dans les plus mchants, les plus vicieux, les plus sclrats. Avec deux ou trois paroles de Dieu, dit Lactance, on changeait les plus grands pcheurs en de grands saints les plus sen;

ARTICLE
Les
effets qu'a produits

III.

la religion

chrtienne sont di-

vins.

L'idoltrie dtruite, les paens convertis connaissance et l'amour du vrai Dieu, une incroyable saintet de murs dans toutes
la

suels pratiquaient les austrits les plus surprenantes et les plus dlicats mprisaient les tortures et la mort. Et comment ne reconnatrait-on pas dans des changements si
,

divine,

sortes de personnes, sont des effets admirables pour la confirmation de la religion chrtienne.
Si

on pse bien tous ces effets, eu gard aux circonstances du temps, on reconnatra qu'ils ne peuvent point avoir d'autre auteur que Dieu; car avec quelle prodigieuse rapidit est-ce que la religion chrtienne ne s'est pas
,

rpandue dans le monde ? Ds le commencement du second sicle, saint Justin martyr, atteste qu'il n'y avait aucune nation ni romaine ni grecque, ni barbare, non pas
,

si prodigieux, l'efficace de la vertu qui a rduit l'empire romain sous l'empire de la croix de Jsus-Christ, qui a oblig tant de rois et d'empereurs de se soumettre l'autorit de cet homme crucifi, qui a aboli l'impit et l'idoltrie en renversant les temples des faux dieux , en adoucissant en dtachant les les curs des barbares hommes des affections terrestres, en les portant se jeter dans les dserts, pour y mener une vie toute cleste? Et tout cela sans force, sans violence sans armes sans aucun secours humain et tout cela par la pauvret,

inous

les peuples les plus reculs, qui se servaient de chariots pour maisons, o la foi de Jsus-Christ n'et pntr et n'et t reue. Presque ds ce mme temps Tertullien assure que l'empire romain ne s'tait jamais tendu si loin par la force des armes, que la religion chrtienne par la prdication des aptres et de leurs disciples; donc on pouvait dire ds lors que la religion avait pntr jusqu'aux extrmits de la terre, comme prophte. In omnem il avait t prdit par le terram exivit sonus eorum, et in fines orbis terr verba eorum.

mme

l'humilit, les souffrances, le martyre! Peut-

on attribuer des vnements

si

miraculeux

Mais

les

changements merveilleux que

la

religion chrtienne a produits dans les hommes, et dans les hommes idoltres et dans les hommes charnels, sont encore plus admira-

Gela parat en premier lieu dans la constance des martyrs qui ont vers jusqu' la dernire goutte de leur sang pour soutenir les intrts de Jsus-Christ. Martyrs en i erand nombre que, ds le quatrime sicle, au'tmoignage de saint Jrme l'Eglise en comptait dj assez pour pouvoir clbrer chaque jour de l'anne la mmoire de plus
bles.
,

puissance de Dieu? Et surtout si l'on fait encore rflexion que la religion chrtienne ne s'est pas seulement attach des hommes de la lie du peuple, mais des princes, des souverains, des savants, des philosophes, des plus grands gnies du monde et, ce qui est tonnant, convaincus parle moyen de quelques pauvres pcheurs, obscurs, ignorants, mpriss; mais tellement convaincus, qu'abjurant leurs erreurs, ils ont cru les mystres les plus sublimes de la religion chrtienne, et ils les ont cru d'une foi si ferme, si vive, qu'ils taient toujours tout prts eux-mmes rpandre jusqu' la dernire goutte de leur sang pour en soutenir la vrit et la gloire Il est donc vident, d'une vidence morale proprement dite que la religion chrtienne vient de Dieu soit qu'on la considre par rapport elle-mme, soit qu'on la considre par rapport aux autres religions, c'est r -dire

un autre principe qu'

la

qu'il est vident

que cette religion a t rvle de Dieu, puisqu'elle seule a toutes le*

1093

METHODE POUR DISCERNER LA VRAIE RELIGION.


les
Juifs

!05

marques de Divinit par


discerner
la

lesquelles on peut vritable religion d'avec les fausses. Or telle est la religion chrtienne selon sa nature; et elle parat tellement divine selon le plan de sa doctrine, que jamais rien d'approchant n'a t et n'a pu tre invent par les hommes, parce que tout cela surpasse infiniment la porte de leur esprit. Nulle religion du monde n'a t prdite par tant d'oracles ni confirme par tant de miracles. Nulle religion du monde n'a produit
,

des effets si surprenants, ni d; s changements si prodigieux dans les hommes. Nulle religion du monde n'a tant de motifs de crdibisi puissants, ni lit, et des motifs si grands tant de marques de divinit et des marques
,

que

videntes, si infaillibles. Il est donc vrai la religion chrtienne n'a pu tre rvle que de Dieu, et que toutes les autres
si

n'ont pas voulu reconnatre le Messie, sur la venue duquel roulait toute leur religion par leur opinitret ils se sont eux-mmes spars de celte religion que Dieu leur avait rvle par Mose et ses prophtes. Cette religion rvle n'a pas pri pour tout cela, mais elle a t perptue dans Jsus-Christ dans ses aptres, et dans ses c'est--dire dans la religion successeurs chrtienne. Aussi les Juifs portent partout, comme graves sur leur front, les marques de lenr rprobation, errants par le monde, sans prtres, sans sacrifices; et tout cela leur avait t prdit ils ne servent plus qu' porter malgr eux des tmoignages authentiques en faveur de la religion chrtienne, qu' tre l'opprobre et les esclaves de toutes les nations, maudits de Dieu et des hom, ,
,

religions ont t inventes par les C'est ce que je vais dmontrer.

hommes.

ARTICLE
La

IV.

fausset dos autres religions.

Les vrits que je viens d'exposer tant il n'est pas moins constant indubitables qu'il n'est point de religion dans le monde qui puisse disputer la prfrence la religion chrtienne. Toutes les autres religions l'idoltre, se rduisent trois principales
,
:

la juive, et

la

mahomlane.

Il

est visible

que la religion de paens n'est pas seulement purement humaine et toute charnelle, mais
encore qu'elle est ridicule et mme affreuse danscettcmultitudeconfusededivinits fabupeuples grossireleuses et chimriques ment aveugles qui adorent des dieux qu'ils ont eux-mmes forgs ; religion outre cela abominable qui adore des dieux coupables des plus grands crimes et des plus grandes abominations ; et c'est pour autoriser les drglements de leurs p ssions, que les paens se sont fait des dieux impics. D'ailleurs la seule lumire naturelle ne nous fait-elle pas comprendre qu'il n'y peut avoir qu'un seul Dieu et un Dieu saint. La religion juive apporte avec elle sa condamnation dans ses prophties, puisque les prophtes leur avaient prdit la venue du Messie ; qu'ils leur avaient marqu comme
: ,

mes. Tout ce qu'on peut dire de plus favorable la religion juive, c'est qu'elle a du moins la marque d'antiquit. Mais je rponds en premier lieu, que la religion chrtienne pardessus celle-l a plusieurs autres marques de vrit et de divinit, que la religion juive n'a pas. J'ai dit par dessus celle-l; car tout ce qu'il y avait d'essentiel dans la religion juive, rvle parles prophtes, se perptue dans la avec cette seule diffreligion chrtienne rence, que leur religion n'tait qu'en figures, et que la ntre a les ralits. Et ainsi la religion chrtienne est aussi ancienne que la religion juive. Je rponds, en second lieu, que
,

les Juifs depuis Jsus-Christ n'ont pas celte marque d'antiquit, parce qu'ils se

mme

sont spars de leur ancienne religion, en ne voulant pas reconnatre le Messie. Et ainsi ils professent maintenant une autre religion que celle que professaient leurs pres puisque le point capital et essentiel de leur religion tait le Messie qui devait venir ils ne l'ont pas voulu reconnatre quand il est venu ; par consquent les Juifs d'aujourd'hui sont infidles, et ils ont une autre religion. Mais la preuve la plus invincible contre les Juifs, c'est que cet Homme qu'ils ont crucifi comme l'opprobre et l'anathme de toute la terre, qu'ils ont crucifi entre deux voleurs pour rendre sa mmoire infme et odieuse
; ;

la

postrit
le

que ce

mme Homme nan-

moins se

soit fait

je l'ai fait voir, le lieu , les circonstances, le temps de sa venue ; qu'iis leur avaient dcrit

comme
cet
fait

adorer par tout l'univers vrai Dieu et le seul vrai Dieu ; que

sa vie, ses prdictions, ses miracles sa passion , sa mort sa rsurrection et tout cela d'une manire si claire, qu'on et ditqueles prophtes faisaient plutt des rcits du pass, que des prdictions de l'avenir. Mais ce qui fait le sujet de leur plus grande condamnation, est qu'avant la venue du Messie les Juifs interprtaient ces prophties dans le mme sens que nous les interprtons aujourd'hui car les docteurs de leur loi dclarrent Hrode que le Messie devait natre Belh, ,
.

Ibcm

c'est--dire dans

un

lieu
,

pauvre

et

misrable, et que la prophtie sur ce point, tait manifeste Us n'ont faussement altr et malignement interprt ces propblies qu'aprs la mort de Jsus-Christ. Or comme

crucifi comme un sclrat ait croire aux hommes des mystres qui sont si fort levs au-dessus de toutes les lumires de la raison, et qu'il leur ait fait embrasser une religion qui combat tous les sentiments de la nature, toutes les inclinations de l'homme, tous les penchants de ses passions; que ce seul Homme ail adir celte religion si auslrc, si mortifiante, tant de peuples et de nations, tant de royaumes et d'empires qu'il ne proet mme l'empire des Romains mette cependant ses sectateurs que des croix, des souffrances el des perscutions ; que les rcompenses qu'il leur fait esprer, ne soient que pour l'autre vie, et qu'av c tout cela il ait t suivi de la plus grande partie de l'univers ; que cet Ilo.i:mo en lia
. ;

Homme

*09S
n'ait

DEMONSTRATION EVANGEL1QUE. DORLANS.

1096

opr tous ces grands et inconcevables prodiges qu'aprs sa mort, et par le ministre de quelques hommes, pauvres, grossiers, inconnus ; et que sur leur simple parole une infinit de personnes de tout sexe et de toute condition aient renonc tout, aient vers leur sang pour cet Homme mort sur une
croix. En faut-il davantage pour confondre l'incrdulit des Juifs? Et qu'appelle-t-on le

les luthriens, les zwingliens.les calvinistes, et plusieurs autres sectes diffrentes sorties

plus grand et le plus incomprhensible de tous les miracles, si celui-l ne l'est pas ? A l'gard de la religion des Turcs, postrieure la religion chrtienne de prs de sept cents ans, sa nouveaut toute seule ne fait-elle pas bien voir qu'elle a t invente

par les hommes ? Et comment sont-ils venus bout de l'tablir? comment la conserventils encore? Par la violence des armes. Un Turc est forc de croire aveuglment, et sans que sa crance soit claire, ni appuye d'aucune raison. Un chrtien au contraire a de grands motifs, et des motifs divins pour croire ces mystres quoique en eux-mmes incomprhensibles. Enfin ce qu'il y a d'affreux dans la religion des Turcs, c'est ce mlange monstrueux du judasme avec quelque peu de christianisme; c'est cette sensualit infme dont elle fait profession c'est ce paradis charnel qu'elle promet ses partisans. 11 est bien facile de suivre une religion qui flatte si agrablement les passions de l'homme, et surtout la plus honteuse, pour laquelle il a le plus de penchant. De sorte qu'on n'a qu' se rduire au rang des btes pour se faire Turc, en soumettant l'entendement en aveugle et en corrompant le cur en bte. De tout ce que je viens de dire, il est ais de conclure que parmi toutes les religions qu'on professe dans le monde, il n'est que la
,

de ces trois dernires. Autrefois l'Eglise a t partage, tantt par les ariens, les nestoriens,les eutychiens, tantt par les novatiens, les plagiens, et de temps en temps par de nouvelles sectes qui se sont leves dans le christianisme. Il n'est aucune de ces sectes qui ne prtende avoir l'avantage sur toutes les autres, et qui ne soutienne qu'elle est la vritable Eglise de Jsus-Christ. Cependant il faut ncessairement que toutes ces sectes qui se disent chrtiennes, se trompent, hors une seule, parce que Dieu ne peut avoir rvl deux religions contradictoiremenl opposes l'une l'autre par exemple Dieu ne peut pas avoir rvl quelemystre mme est et n'est pas qu'il y a trois personnes dans Dieu, et qu'elles n'y sont pas que le Verbe ternel s'est incarn et qu'il ne s'est pas incarn ; que Jsus-Christ est rellement dans l'eucharistie et qu'il n'y est pas rellement; que l'enfer sera ternel et qu'il ne sera pas ternel, et ainsi de tous les autres articles de la foi Dieu, dis-je, n peut avoir rvl ces contradictions parce qu'il aurait menti dans l'une ou dans l'autre, par consquent il ne peut y avoir qu' une seule religion qui soit vritable, et c'est uniquement celle qui a t rvle de Dieu. Or, pour la distinguer de toutes les fausses religions, je suppose ce principe incontestable puisque Dieu a rvl une religion aux hommes et qu'il leur a impos une obligation indispensable de la croire, de la suivre et de la pratiquer dans tous ses points, il faut que
:

seule religion chrtienne qui soit divine, et

par rapport l'lvation de ses mystres qui n'ont pu tre imagins par les hommes , et par rapport l'infaillibilit de ses proph,

l'ait rendue visible et si clatante, qu'elle l'emporte sur toutes les autres. La religion vrilable doit tre revtue de certaines marques qui fassent connatre aux hommes qu'elle est divine, que le Seigneur en est l'auteur et le principe. Sans cela les

Dieu

qui ont prdit ces mystres tant de sicles auparavant, et par rapport la multitude des miracles qui ont confirm cette religion, et par rapport aux effets prodigieux qu'elle a produits, et qui surpassent infiniment toutes
ties

les forces

humaines

et naturelles.

Mais, comme la religion chrtienne est divise en plusieurs sectes diffrentes, il est d'une extrme importance de bien dmler la vritable d'avec toutes les autres. Je dois aussi m'arrter plus longtemps ce dernier article pour les raisons qu'on a vues dans l'avertissement qui est la tte de ce trait.

seraient excusables de ne pas professer une religion qui n'aurait nulle marque de vrit ou qui n'en aurait que d'ambigus et de communes plusieurs autres sectes : ou bien si Dieu avait permis qu'une fausse religion ft distingue de toutes les autres par de certains caractres frappants, et qu'il et laiss la vritable religion comme ensevelie dans les tnbres et l'obscurit, ne serait-ce

hommes

pas lui qui nous aurait tromps? La Providence ne nous aurait-elle pas manqu dans
le point le plus capital et le plus essentiel?

TROISIME VRIT.
ha
religion catholique, apostolique et romaine seule religion qui soit vritable; toutes les autres religions chrtiennes sont fausses.
est la

Serions-nous coupables de suivre une religion fausse en elle-mme, mais que nous verrions protge de Dieu plus spcialement que la vritable? Et comme on ne peut pas dire sans blasphme que la Providence nous ait manqu, ou que Dieu nous ait voulu tromper, il est galement vrai ddire que

La religion chrtienne est aujourd'hui divise en plusieurs partis, qui sont les catholiques (quoique ce mot de parti, non plus que celui de secte, qui sont des mots odieux en fait de religion, ne puissent proprement convenir la religion vrilable et catholique),

marques et les caractres qui distinguent vritable religion doivent prvaloir toutes les autres marques et tous les autres caractres qui distinguent les religions fausses. Ce principe tant indubitable, je raisonna de la sorte : Dieu nous a rvl une religion, et c'est la religion chrtienne, je l'ai dmon.
les

la

4097
:

METHODE POUR DISCERNER LA VRAIE RELIGION.


<

1008

Dieu veut que nous suivions cette reli tr gion, sans cela il ne nous l'aurait pas donne, de quoi servirait-elle ? On nous propose
plusieurs religions chrtiennes, mais diffrentes en beaucoup d'articles essentiels laquelle embrasserons-nous? Je dis que nous sommes obliges d'embrasser celle o il y a le plus do marques de vritable religion Cette proposition est vidente; car nous serons bien moins obligs de croire que la v: :

d'erreurs. C'est ce
,

que

les protestants disent

eux-mmes que tout homme est sujet au mensonge. Or comment est-ce que l'esprit particulier de chaque homme, qui est si born et si dfectueux, sujet tant de menpourrait tre la rgle de notre foi, et d'une foi inbranlable, exempto qui doit tre ferme du moindre doute et de la moindre perplexit? Si l'esprit particulier tait la rgle de notre foi, il y aurait autant de religions que de ttes, puisque ces esprits particuliers se contredisent presque tous les uns les autres. J'en appelle l'exprience. Il est donc visible qu'on ne peut discerner la vritable religion chrtienne d'avec les fausses, que par les marques extrieures qu'elle a de vrit et de divinit, marques qui soient suprieures toutes les autres, et qui soient la porte de

songes sre et

et d'erreurs

infaillible

ritable religion est celle o il y a moins de marques de vrit ; au contraire c'est cela mme qui nous doit obliger la croire fausse.

La raison est que nous ne pouvons discerner la vritable religion d'avec les trangres, que par les marques qu'elle a de vrit et de divinit, marques suprieures toutes les
autres. Car, en premier lieu, nous ne pouvons pas connatre la vritable religion par la discussion et l'examen des mystres en particulier, parce que ces mystres sont infiniment au-dessus de la porte de nos lumires, et que c'est par cette tmraire discussion

tout le monde. C'est ce que saint Paul nous a dclar, quand il a dit que la foi tait une

que tant
sont

d'hrtiques se sont gars et se

perdus

dans ces abmes.

Comme

ils

n'ont pu comprendre ces mystres, ou ils les ont altrs selon leurs vues, ou ils les ont traits de visions et de chimres ; et ils ont vrifi cet oracle de l'Ecriture: que les esprits superbes et prsomptueux, qui par une Insolente hardiesse entreprennent de sonder la majest de Dieu, seront accabls du poids de sa gloire: Scrutator majestatis opprimetur gloria (Prov., V, 27). On distingue la vrit, la religion chrtienne de toutes les autres par la grandeur et l'lvation de ses mystres, parce qu'tant infiniment au-dessus de l'intelligence de l'homme, ils n'ont pu tre rvls que de Dieu. Mais comme plusieurs de ces mystres sont communs diverses sectes chrtiennes, on ne peut pas discerner par ces mystres quelle est la vritable religion chrtienne. Il faut d'autres motifs et
d'autres

mais une soumission raisonsoumission nable Ralionabile obsequium vestrum(Rom., XII, 1) ce qui veut dire que nous avons de grandes raisons et de puissants motifs pour croire ces mystres, quoiqu'en eux-mmes incomprhensibles. La proposition que j'ai avance est donc vidente que nous sommes obligs de croire que la vritable religion est celle o il y a plus de marques de vritable religion. Or estil que dans la religion catholique, apostolique et romaine il y a plus de marques de vritable religion, et des marques plus grandes, plus visibles, plus clatantes plus singu, :

lires,

marques: hors de l chaque secte chrtienne pourrait se glorifier d'tre la vritable, parce qu'il n'en est aucune qui ne croie quelques mystres rvls. En second lieu, nous ne pouvons pas discerner la vritable religion par l'Ecriture toute seule , parce que l'Ecriture, dans sa plus grande partie, n'est autre chose que la ainsi chercher la religion religion par crit dans l'Ecriture, c'est chercher la religion dans la religion mme, et vouloir prouver la religion par la religion ; ce qui serait absurde et ridicule. D'ailleurs l'Ecriture a t, contre les desseins de Dieu, la source de toutes les hrsies ; toutes les sectes hrtiques se sont fondes sur l'Ecriture explique selon leur sens et leurs prventions, ce qui a donn et donnera toujours lieu des contestations ternelles, parce que chacun s'en tiendra toujours son interprtation. En troisime lieu, nous ne pouvons pas discerner la vritable religion par l'esprit particulier, parce que l'esprit particulier, mme aid de la grce, est toujours born dans ses vues et dfectueux dans ses connaissances, et sans cette grce il est sujet toutes sortes
|

pour ainsi dire plus divines, que dans aucune autre religion chrtienne ; par consquent nous sommes obligs de croire que la religion catholique et romaine est la seule vritable religion que Dieu a rvle aux hommes. Pour prouver cette seconde proposition, sur laquelle roule prsentement toute la difficult, je n'ai qu' exposer les marques de la vritable religion, qui caractrisent, qui distinguent la religion romaine, et qui la rendent infiniment suprieure toutes les sectes chrtiennes, parce que c/^s marques ne conviennent qu' elle seule, et que ce sont des marques de divinit. J'examinerai aprs cela quelles marques de vrit
et
,

les sectaires prtendent trouver

dans leurs

religions, et quelles

marques de fausset on

y dcouvre. D'o je tirerai enfin des consquences qui ne laisseront plus rien dsirer sur cette matire.
ARTICLE PREMIER
Les marques de
la

vritable religion.

Premire marque de vrit. L'antiquit de la religion romaine: c'est la plus ancienne religion du monde. Elle subsiste depuis Adam le premier homme jusqu' prsent, puisque la religion romaine fait profession de croire et d'observer la loi naturelle, et tout ce qu'il y avait d'essentiel dans la loi des Juifs. Ce qu'il y avait d'essentiel dans leur religion iait les prceptes du dcalogue et la venue du Messie, qui devait substituer les ralits aux ligures.

Les prceptes crmoniaux

et judiciels

que

DMOXST. EVANG

XI V.

[Trente-cinq.)

1099

1100 DEMONSTRATION EVANGLLQEE. DORLEANS. point d'autre source que Jsus-Christ. n'taient que pour Mose leur avait donns, Troisime marque de vrit. La fermet de purifications un temps, non plus que leurs cette religion. Elle a t attaque par toutes n'tait ordonne que jusl les. Tout cela les puissances de la terre et de l'enfer. Les qui devait perfecqu' la venue du Messie, empereurs paens n'ont rien oubli puur l'les realoi, en faisant succder

tionner cette

lits

Ainsi leur circoncision, que des figures leurs purifications n'taient sacrements que le Messie devait instituer des essentiel son Eglise. Ce qu'il y avait d

aux

figures.

touffer dans sa naissance

plusieurs autres

dans donc perptue dans la religion des Juifs s'est Jsus-Christ, dans ses aptres et dans dans aptres, lesquels ne se les successeurs des que dans la religion romaine. El les trouvent

puissances ont diverses fois saccag Rome, massacr ou chass ies papes plus de deux cents sectes hrtiques ont attaqu l'Eglise romaine , et pour ne pas remonter des pas sicles trop loigns du ntre, que n'ont
; ,

Jsus-Christ, et qui Juifs qui ont t depuis des dserteurs sont a prsent, ont t et sont ont pas religion juive, parce qu'ils n

de la voulu reconnatre

les deux dernires hrsies , si redoutables par le grand nombre de leurs sectateurs , et soutenues par tant de puissances souveraines? N'ont-elles pas employ, l'espace de cent ans, le fer et le feu pour exterfait

le

Messie,

qui faisait le
les

miner
sige

auchrtiennes se sont leves dans tres sectes


Toutes point capital de leur religion.
le

dans la suite. maine, comme je le dmontrerai

monde aprs

l'tablissement de

Eglise ro-

Et ainsi

romaine est la religion catholique et religion du sans contredit la plus ancienne

monde, puisqu'elle

est ds l'origine des siloi naturelle, la oi cles, quelle observe la d'essentiel, et a oi crite en ce qu'elle a ou vanglique. Mais cette loi

n est qu une naturelle, crite et chrtienne, origine religion mane de Dieu des 1 seule au commencement, a la vente,

chrtienne

du monde moins parfaite, mais


:

qu'il a plu a

Dieu de
la suite

perfectionner successivement dans en temps des sicles, en rvlant de temps hommes jusqu a de nouveaux mystres aux pertechon, ce qu'il l'ait porte sa dernire Saucomme il a fait par son Fils unique notre tous de veur Jsus-Christ, qui est le centre passs que futurs, la un de
les sicles, tant la loi, selon l'aptre
:

Finis

emm legis Chnstus


.

(Rom., X, h). roDeuxime marque de vente. L Eglise Jesusmaine subsiste invariablement depuis une succession Christ jusqu' prsent par
,

pour renverser le les catholiques de Rome? Il n'est pas jusqu'aux schismes domestiques qui n'aient de temps en temps dchir cette Eglise par de funestes divisions. Et quoi ont servi toutes ces formidables attaques qu' la rendre toujours plus ferme et plus inbranlable? Voil un miracle vivant un miracle perptuel. Quatrime marque de vrit. C'est que toutes ces sectes qui ont attaqu l'Eglise romaine, et qui se vantaient d'tre la vritable Eglise de Jsus-Christ, sont toutes tombes , parce qu'elles n'taient fondes que peine en resle-l-il sur le sable mouvant quelques misrables vestiges en Orient , encore s'y est-il gliss tant d'autres erreurs , que ce ne sont plus les mmes sectes. L'Eglise romaine seule subsiste depuis dixsept sicles. El qui la soutient? Si elle tait fausse, ou qu'elle ft tombe dans l'erreur, comme le publient, et l'ont toujours publi tous les novateurs, Dieu la soutiendrait-il avec tant d'clat? Et cependant c'est la seule qu'il soutient. Quoi! Dieu soutiendra l'espace de dix-sept sicles une religion qui est
, , ,
;

et d econtinuelle de souverains ponlites aucune vques, sans qu'on en puisse vrifier Nous le savons certainement par interruption marquent cette toutes les histoires, qui nous non-seulesuccession perptuelle de pasteurs en sicle mais d'anne en anment de sicle demeurerait plune car quand mme on un mois ou plusieurs annes sans lire sieurs s'il s'levait des antipapes, nouveau pape, ou comme il est arriv quelquefois , cet interla succesvalle n'interromprait nullement je corps des sion, parce que alors le clerg et Eglise , et voques subsiste toujours dans 1 dans l'intention de donner un suctoujours temps le cesseur au pape dfunt ds que le Eglise et permettra. Comme dans la primitive fal ait un dans les quatre premiers sicles il
.

fausse, et qui est tombe dans l'erreur, pendant qu'il crasera la vritable religion, ou qu'il la rduira presque rien? Cinquime marque de vrit. L'Eglise romaine n'a jamais soutenu et ne soutient encore aujourd'hui sa religion que par des armes spirituelles que par les menaces des jugements et des vengeances de Dieu. Toutes soules autres ne se sont tablies et ne se tiennent que par le secours des factieux, que par le nombre des esprits libertins, que par cela, loin la force des armes ; mais en tout d'y avoir quelque chose de divin et de surnaet d'huil n'y a rien que de naturel turel main , et les plus grossiers barbares en feraient autant que les plus furieux hr, ,

tiques.

Sixime marque de

vrit.

Toutes

les

autres

sectes sont sorties de l'Eglise

romaine par

pour lire un nouveau pontite il et quelfallait du temps pour s'assembler, temps cause de la tureur quefois un long interdes perscutions. Cela nanmoins n rompait point la succession, puisque 1 hglise romaine tait dans sa puret selon le sentimme de nos adversaires. Enlin nous
intervalle
,
,

rodes divorces scandaleux, mais l'Eglise maine n'est sortie d'aucune autre, parce qu'elle n'a point d'autre origine que Jesusdire Christ et ses aptres, et l'on ne peut pas que le papisme est sorti de la religion chrtienne des quatre premiers sicles; car pour

ment
Ir^a

savons

le

commencement de
mais
la

sectes)

toutes les aureligion pon&vH na

dans les quatre il faudrait montrer que premiers sicles ii n'y a point eu de papes, qu au anet que le papisme n'a commenc
cela

HOI
quime
sicle

METHODE POUR DISCERNER LA VRAIE RELIGION.

1102

; mais il est vident par toutes les histoires et nos adversaires mmes ne nous le contestent pas, qu'il y a eu des papes dans les quatre premiers sicles, qui depuis saint Pierre, le premier pape, ou vicaire de Jsus-Christ, se sont succd les uns aux autres. Les papes du cinquime sicle ont succd aux papes du quatrime sicle, ceux du sixime ont succd ceux du cinquime, et ainsi jusqu' prsent par une suite nonin ter rompue. Les chrtiens romains n'ont donc jamais t que catholiques et que papistes, ils ont t avant toutes les sectes et

c'est sous h? pontificat toutes les hrsies de saint Pierre qu'ils ont pris naissance Rome, et par consquent leur religion n'est sortie d'aucune autre. Mais tous les hrsiarques avant leur rvolte ont tous t catholiques et papistes. Simon le M;igicien, premier hrsiarque et premier auteur d'hrs'iant fait baptiser, tait de la relisie gion de saint Pierre, premier pape tabli
:

dont l'Evangile a t le premier, ne rcrivit que l'anne 42 de Jsus-Christ. Avant qu'on et traduit en diverses langues cet Evangile, dont l'original tait en hbreu, il fallut bien des annes et avant qu'on et fait un grand nombre de copies pour tre distribues toutes les Eglises du monde, bien des annes s'coulrent encore. Saint Jean ne composa son Evangile que l'an 97. De sorte que le Nouveau Testament ne fut rendu commun toutes les Eglises que sur la fin du premier sicle, ou qu'au commencement du second. Et ainsi la foi d'un grand nombre d'Eglises ne s'est conserve dans toute son intgrit l'espace de prs de cent ans que par la seule tradition, et par les dcisions de l'Eglise contre les hrtiques de ce temps-l. Or ces dcisions en matire de foi ou taient infaillibles , ou elles ne l'taient pas.
;
,

Si elles taient infaillibles, elles le sont

en-

Simon tait donc pason hrsie, et les papistes taient dj avant Simon et par consquent avant toute secte. Arius tait prtre de l'Eglise romaine, Luthertaitmoine de l'Eglise romaine, Calvin tait chanoine, Zwingle archidiacre de l'Eglise romaine, tablie sous les papes.
par
le

Fils de Dieu.

piste avant

ces chefs de parti, aussi bien que tous autres, avant qu'ils eussent commenc leur secte, taient tous papistes, tous soumis au souverain pontife de Rome, tous en avaient fait une profession publique. Ils se sont donc tous spars du papisme, et tous sont sortis de l'Eglise romaine, et l'Eglise romaine, aussi bien que ces papes, ne sont sortis que de Jsus-Christ et de saint Pierre le premier de tous les papes. Que nos adversaires n'ajoutent pas que l'Eglise romaine s'est spare de la religion chrtienne des quatre premiers sicles, parce qu'elle a abandonn sa crance et qu'elle est tombe dans l'erreur au cinquime sicle dis-jc, qu'ils n'ajoutent pas cette raison puisqu'elle se dtruit d'elle-mme; car si l'Eglise romaine a t la vritable Eglise de Jsus-Christ dans les quatre premiers sicles, comme ils l'avouent, elle l'a t encore dans le cinquime, dans le sixime, dans tous les autres, et elle le sera toujours jusqu' la consommation des sicles pourquoi ? Parce qu'il est impossible que la vritable Eglise de Jsus-Christ puisse errer. La raison est que, si elle pouvait errer, nous ne serions pas obligs de la croire, ni de la suivre les premiers chrtiens mmes n'auraient pas t obligs d'ajouter foi l'Eglise primitive car si elle a pu errer dans la suite, elle pouvait galement errer ds le commencement et ds les premires annes du premier sicle. Nos adversaires ne peuvent pas dire que la foi se conservait alors dans sa puret par le moyen du Nouveau Testament, qui, selon eux, devrait tre aujourd'hui la seule rgle de la foi ils ne sauraient, dis-je, recourir cette dfaite parce que dans ces premiers commencements le Nouveau Testament n'-

Tous

les

core aujourd'hui; nous en avons autant et encore plus besoin, ce semble, que les premiers fidles, parce que nous sommes plus loigns du temps des aptres. Si elles n'estaient pas infaillibles, les premiers fidles n'taient obligs ni de les croire, ni de les suivre. Comment auraient-ils pu croire d'une foi inbranlable des gens sujets l'erreur et au mensonge? Ces premiers chrtiens ne pouvaient pas recourir au Nouveau Testament; il n'y en avait point encore par crit. Encore un coup, le moyen d'ajouter foi, et une foi ferme et certaine, une Eglise qui peut errer ? Si elle peut errer en un seul point dogmatique, elle peut errer dans tous les autres ; car il ^y a pas plus de raison qu'elle puisse errer dans un que dans tous par consquent nous ne serons point obligs d'ajouter foi rien de tout ce qu'elle nous propose de croire et de pratiquer, puisqu'elle peut errer en tout et partout, et toujours. Ainsi quand mme ou Luther, ou Calvin, ou Zwingle au-^ raient rtabli la vritable Eglise de JsusChrist, encore ne serions-nous pas oblig.s de croire leur Eglise, parce que selon leur doctrine la vraie Eglise peut errer ; et que mme selon eux, elle a err ds le cinquime sicle elle peut donc encore errer, et elle le pourra toujours; et par l, elle ne sera jamais croyable, ou pour mieux dire, il n'y
;

aura d'autre religion que celle que l'enttement dictera. Telle a t dans tous les temps
la

tait

pas encore mis par crit: saint Matthieu,

conduite des hrtiques. Ils n'ont jamais entrepris d'introduire leurs erreurs, qu'ils ne commenassent par soutenir que ('Eglise romaine avait dgnr; et Luther et divin en lui faisant ce reproche impie, n'ont fait qu'imiter tous les hrsiarques qui les avaient prcds Ebion voulait que l'Eglise romaine et err ds le premier sicle Marcion soutenait qu'elle avait err au second sicle; Arius disait qu'elle avait err au troisime; Neslorius prtendait qu'elle avait err au quatrime; Luther et Calvin ont avanc qu'elle n'avait err qu'au cinquime. Un novateur (l'abb de Saint-Cyranj de ces derniers temps a eu la tmrit de soutenir qu'il n'y avait plus de vritable Eglise depuis
;

nos
lo

DEMONSTRATION LV ANGELIQUE. DORLANS.


les

110

onzime sicle. Quel homme n'a pas aulant de droit que tous ces gens-l de se soulever contre l'Eglise, et de la faire errer quand il lui plaira, au temps que bon lui semblera selon ses vues, ses intrts, et ses
caprices ?

article n.
Conlinualion du

mme sujet.

maine

Septime marque de vrit. L'Eglise roest la seule qui porte l'Evangile aux infidles, et qui convertisse les idoltres, non par la force des armes, mais par la seule force de la parole de Dieu. Toutes les autres sectes ne s'occupent qu' sduire, et qu' corrompre les anciens catholiques dans la mme Eglise dans laquelle ils sont ns euxmmes semblables en cela, dit Lactance, ces vermisseaux, qui rongent le bois dans lequel ils naissent. Pourquoi de tant de pasteurs, de ministres, de prdicanls, ne s'en voit-il point qui entreprenne d'attirer sa religion quelque peuple idoltre, et qui ait le courage de s'exposer au martyre pour la propagation et pour la gloire de sa foi, parmi les nations barbares? Ce dfaut de zle n'estil pas une preuve vidente, qu'ils n'ont pas l'esprit de Dieu ni des aptres, qui prchrent l'Evangile tous les peuples du monde, selon le commandement qu'ils en avaient reu de leur Matre? Prdicate Evangclium omni creatur (Marc, XVI, 15). Au contraire, ce 7le apostolique fut toujours hrditaire dans car sans parler des cinq l'Eglise romaine premiers sicles, il est certain qu'au sixime sicle, Augustin, moine, envoy par saint Grgoire, pape, convertit les Anglais la foi de Jsus-Christ. Au septime sicle, les Flamands furent convertis par des prdicateurs que le pape leur dputa. Au huitime sicle, les Allemands furent convertis par les missionnaires que les papes leur envoyrent. Au neuvime sicle, les Bulgares, les Vandales, les Sclavons, les Polonais, les Danois, les Moraves, furent convertis par les aptres de l'Eglise romaine. Dans le onzime sicle, les Hongrois avec leur roi, nomm Etienne, furent convertis par les prdicateurs que divers papes leur envoyrent. Au commencement du douzime sicle, des chanoines rguliers de l'ordre de saint Ruf furent envoys en Afrique sous la protection de Raymond Brenger, comte de Barcelonne et puis de Prolibralit de ce ils y firent par la vence rince deux tablissements, un Tripoli, ? autre Alger, et y convertirent beaucoup d'infidles. Sur le milieu du mme sicle, le pape Eugne III envoya en Danemarck et en Norwge, en qualit de lgat, le cardinal Nicolas Beakipar, qui avait t chanoine et abb gnral de saint Ruf, et qui fut ensuite pape sous le nom d'Adrien IV. Il y travailla pendant sept ans efficacement la conversion des Danois et des Norvgiens, qui taient encore la plupart idoltres, et y tablit des voques. Vers le commencement du treizime sicle, Innocent III envoya dans la Morccun grand nombre de chanoines de saint Ruf, il
:

tablit dans ^t ; par leurs travaux apostoliques, ils convertirent l'obissance de l'Eglise romaine un grand nombre de schismatiques et d'infidles. Dans le mme sicle, une grande partie des albigeois fut ramene l'Eglise par le grand saint Dominique, et beaucoup de frres prcheurs et de frres mineurs envoys par les papes, firent des conversions merveilleuses dans la Tartarie et ailleurs. Au quatorzime sicle, les Sarrasins furent convertis par saint Vincent Ferrier. Aux deux derniers sicles, saint Franois Xavier et plusieurs autres missionnaires, tous envoys par les papes, ont converti la foi de Jsus-Christ, et ont amen l'obissance du souverain pontife, un plus grand nombre de nations idoltres, que les derniers hrsiarques n'ont perverti de catholiques. De nos jours combien de saints prtres, et de fervents missionnaires de tous les ordres vont dans l'Amrique, les Indes et la Chine, tablir la crance cathola cathdrale de Patras

lique

Huitime marque de
divisibilit

vrit. L'unit et l'in-

de crance, qui n'est que dans l'Eromaine. J'appelle unit de crance en premier lieu, celle o ds son tablissement on a toujours cru tous les articles rvls par Jsus-Christ, par ses vanglisles et ses aptres en second lieu, celle qui n'a jamais vari dans sa profession et ses formules de en troisime lieu, celle qui a une rgle foi sre et infaillible pour conserver son unit; en quatrime lieu, celle qui retranche d'abord de sa communion tous ceux qui altrent, ou qui retranchent, ou qui ajoutent un seul
glise
;
;

article.

Or

l'Eglise

romaine

a toujours cru et

croit

encore tout ce qui a t rvl par Jsus-Christ et ses aptres; et partout o il y a des hommes de sa communion, c'est lu mme crance elle n'a jamais vari dans ses professions et ses symboles de foi; car lorsque les conciles ont dcid quelques points de doctrine, ils n'ont pas rvl un nouvel article mais ils ont dclar que cel article avait t rvl. Elle a une rgle sre pour conserver l'unit de sa foi, et ce sont les dcisions des conciles, confirms par le saintsige, ou, faute de conciles, que l'on ne peut pas toujours assembler, celle du mme saintsige, comme je le montrerai dans la suite. Et ces conciles, ainsi confirms, n'ont jamais vari, parce que depuis le concile des aptres jusqu' prsent, il ne s'est point tenu de
: ;

concile lgitime, qui n'ait toujours commenc par approuver et confirmer toutes les dcisions des conciles prcdents. Enfin l'Eglise romaine retranche de sa communion, quiconque se dment d'un seul article de foi, quiconque altre, ou retranche un seul point de foi. C'est ainsi qu'elle conserve une parfaite unit dans sa crance. Mais toutes les autres sectes n'ont jamais eu celte unit dans leur foi car 1 ils ont cru certains articles dans un temps, qu'ils n'ont pas crus dans un autre ils ont augment ou diminu les points de leur foi, selon les intrts de leur secte, et la ncessit des
; ;

temps, comme quand

les calvinistes

pprou-

H05

MTHODE POUR DISCERNER LA VRAIE RELIGION.


:

vrent la doctrine des luthriens, quoique fort diffrente de la leur, pour forlier leur parti par l'union des luthriens. 2 Les protestants ont souvent vari dans leurs formujamais leurs ministres n'ont pu les de foi s'accorder sur le nombre des points fondamentaux les uns en voilaient dix, les autres n'en voulaient que six, quelques-uns seulement quatre. Est-ce une unit de crance? 3 Toutes les autres sectes n'ont point de rgles sres pour conserver l'unit de leur foi, puisqu'elles croient leurs synodes mmes
;
:

l'erreur. Et c'est pour cela que les les arminiens en Hollande sont demeurs en possession chacun de sa doctrine aprs le synode de Dordrecht et voil une diversit de crance dans la mme religion. Enfin, nous ne voyons pas qu'ils retranchent de leur communion ceux qui diffrent en quelques articles, comme ils n'ont pas retranch ni les gomaristes, ni les arminiens, qui sont cependant opposs dans leur
sujets

gomaristes et

doctrine

bien loin de
sectes,

l, ils s'allient

mme

avec d'autres

quoique diffrentes en plusieurs points. Toutes ces sectes se dchi-

rent et se battent entre elles, et se runissent toutes contre l'Eglise romaine. Mais malgr les hrtiques, ce n'est que dans cette Eglise qu'il y a toujours une parfaite unit de crance, une foi, un baptme, un Dieu Una
:

imumbaptisma ,unus Deus{Ephs.,\N',5). Neuvime marque de vrit. La religion romaine est de toutes les religions la plus sainte. Toutes les autres donnent beaucoup la chair et au sang, au libertinage de l'esprit et la corruption du cur, en refusant la soumission, l'obissance l'Eglise et aux
fides
.

puissances ecclsiastiques tablies par Dieu, en inspirant un esprit de rvolte mme contre les souverains de la terre que Dieu a galement tablis pour commander aux peuples, en retranchant les austrits les abstinences, les jenes, les sacrements les plus pnibles. On n'a qu' les confronter avec la religion romaine, et l'on trouvera que celle-ci est la plus pure et la plus sainte de toutes les religions. L'Eglise romaine ne se contente pas de prescrire des maximes austres en ide , elle les rduit en pratique puisque c'est la seule religion o l'on pratique tant d'austrits et de mortifications, si recommandes dans l'Ecriture, et surtout dans tout le Nou, , , ,

toujours visible sans cela les raient excusables de ne pas entrer dans la communion d'une Eglise qui serait invisible, et qui ne paratrait nulle part. Comment serions-nous coupables de ne pas professer et suivre une religion qu'on ne pourrait trouver en aucun endroit du monde? Il est donc vident que la vraie Eglise, qui seule renferme la voie du salut , doit tre toujours visible (Matth., IV, 25). L'autorit confirme la raison; car, selon les oracles de Jsus-Christ, la vraie Eglise est une ville situe sur une montagne qui est vue de tout le monde elle est un grand flambeau mis sur le chandelier, qui claire tous les peuples. Mais les protestants, qui en savent plus que Jsus-Christ, prtendent que la vraie Eglise depuis le quatrime sicle a disparu, qu'elle s'est sauve dans le dsert, qu'elle s'est niche dans quelque trou de rocher jusqu'au quinzime sicle qu'il a plu Luther et Calvin de la retirer des tnbres, et de la porter comme en triomphe l'un au milieu de Wittemberg et l'autre au milieu de Genve. Mais l'Eglise romaine a toujours t visible, toujours clatante, mme parmi les plus furieuses perscutions, et au milieu des plus horribles temptes, sans que rien ait jamais pu renverser cette ville, ni teindre ce flambeau. Onzime marque de vrit. La perptuit de cette Eglise. J'ai dj touch ce point; mais comme il est de la dernire importance et des plus dcisifs, je crois qu'il est ncessaire de le dduire plus au long. L'Eglise tablie sous l'autorit du pontife romain, est la seule Eglise qu'on puisse appeler perpet parce qu'on tuelle, pour deux raisons n'en peut pas assigner le commencement ni l'origine, et parce qu'on en dmontre la succession perptuelle et invariable. Elle seule a, de sa nature, un principe de dure ternelle; et de celte dure sans interruption, comme d'un signe visible, on infre videmment qu'elle est la vritable Eglise de Jsus:

H06 hommes se-

Christ.
l'ivraie aussi prcd l'hrsie. Effectivement dans toutes les autres sectes nous pouvons assigner le nom et le caractre de l'auteur, en quel lieu, en quel temps il a commenc tablir sa secte. L'hrsie arienne , dont l'auteur a lArius, prtre, a commenc en Egypte l'an 316. L'hrsie nestorienne, dont l'auteur a t Neslorius, vque, a commenc en T h race l'an V29. Nous savons le temps et le lieu auquel Luther a commenc se dchaner en Allemagne, Calvin en France , et Zwingle en Suisse et ainsi de tous
le
,

Comme

bon grain prcde

la vritable Eglise a

(I Tim., II, 5), o l'on fait profession d'observer les conseils vangliques et cela dans tant de communauts d'hommes et de femmes. Si dans les autres religions il se pratique quelque chose de semblable ce n'est que l'ombre de ce qui se pratique et s'est toujours pratiqu dans l'E; ,

veau Testament

les autres.

Mais que

les protestants

nous mon-

glise romaine.
t

Vixime marque de vrit. La visibilit de Nos adversaires conviennent que la vraie Eglise doit cire quelque part parmi tant de diffrentes sectes chrtiennes qui rgnent dans le monde car puisque Dieu veut que tous les hommes se sauvent, qu'ils viennent tous la connaissance de la vrit, dit saint Paul, et qu'il n'y a point de salut hors
l'Eglise.
;

l'Eglise romaine; qui a t l'auteur de la secte catholique, en quel temps et en quel lieu il a commenc

trent

quand a commenc

tablir des papes. Avant deux cents ans o taient les Eglises des luthriens et des calvinistes ? Nulle part. Mais l'Eglise romaine et rgnait dj avant tous ces temps-l
,

de la vraie Eglise,

il

faut

que

cette Eglise soit

avant le temps de Ncstorius d'Arius, de Crinlhus d'Ebion, et de tous les hrtiques, et nous dfions nos ennemis de pou,

mme

1107

DEMONSTRATION EVANGELIQUE, DORLANS.


du psaume
LVII

1103

voir depuis les aptres assigner un temps auquel l'Eglise romaine ne ft pas encore. C'est en vain que les protestants ont recours cette frivole raison, que leur EgliSe a t fonde par Jsus-Christ, mais que durant dix sicles elle a cess d'tre visible qu'elle avait demeur cache dans le cur de quelques fidles qui n'avaient pas flchi le genou devant Baal jusqu'au temps que Luther et Calvin l'ont heureusement tire des tnbres. C'est un temps bien long que l'Eglise, hors de laquelle il n'y a point de salut, ait disparu l'espace de mille ans, et que les hommes qui ont vcu durant tout ce temps-l, n'aient jamais pu trouver cette Eglise, parce qu'elle tait ensevelie, endormie, pour parler ainsi, sans aucun signe de vie. Voil un sommeil bien long, une lthargie bien opinitre l'espace de mille ans. Saint Augustin par cette mme raison confondait les donatistes. Votre Eglise leur disait-il, qui vient de paratre tout coup, ou elle tait morte et ensevelie, et maintenant elle est ressuscite et sortie
, ,
:

de son tombeau ou sible, et maintenant


;

elle tait

cache
,

et invi-

elle est sortie des

tn-

bres.

Que

si

elle

tait
,

morte

la vritable

Eglise est donc prie contre la promesse authentique de Jsus-Christ, qui nous assure dans l'Evangile (Malth.,Y, 15) que les portes de l'Enfer ne prvaudront jamais contre elle. Que si elle tait invisible et cache, elle n'tait donc pas visible , contre ce que dit Jsus-Christ dans l'Evangile, que l'Eglise est une ville situe sur une haute montagne, qui ne peut tre invisible ni cache; qu'elle est un flambeau allum mis sur le chandelier, un flambeau dont on ne peut teindre la lumire ; sa lumire est donc toujours visible. Choisissez lequel des deux il vous plaira ajoutait saint Augustin, l'Eglise de JsusChrist est une ville situe sur une haute montagne, si ferme, qu'elle ne peut pas tre renverse; si leve, qu'elle ne peut pas tre cache. La vtre ou tait morte, ou tait cache elle n'est donc pas l'Eglise de Jsus:

Christ.

Mais l'Eglise catholique et romaine n'a jamais t cache et son flambeau n'a jamais t teint, ds qu'il a t une fois allum par Jsus-Christ, et mis par saint Pierre sur le chandelier Rome: de l il a toujours rpandu sa lumire dans tout le monde c'est--dire depuis saint Pierre, qui le premier a tabli son sige Rome jusqu' Clment Xll qui occupe aujourd'hui le mme sige nous trouvons une succession perptuelle de souverains pontifes, sans qu'elle ait jamais t interrompue. L'empire a t transfr des Lathis aux Grecs la forme du gouvernement a souvent chang dans Rome: tantt elle a t sous la puissance des empereurs, tantt sous celle des rois, tantt sous celle des exarques. La ville a t souvent prise, pille, saccage, brle, et cependant parmi de si horribles temptes et de si furieux orages , le seul sige de saint Pierre sans aucun secours humain, est demeur ferme et immobile. Aussi saint Augustin expliquant ce verset
,

: Ils viendront rien, qui passe Ad nihilum devenient tanquam aqua decurrens. Ne vous effrayez pas mes frres, disait ce Pre son peuple, ne vous effrayez pas de certains dbordements d'eau qu'on appelle torrents. Ces eaux qui se prcipitent avec imptuosit excitent un grand bruit qui s'vanouit bientt ; cette rapidit cette violence ne peut pas durer longtemps. Combien d'hrsies sont dj mortes qui roulaient dans ces canaux avec fureur, et qui semblaient devoir inonder toute la terre ? Et bientt aprs, ces torrents se sont schs, peine en reste-t-il la mmoire. Saint Augustin comptait dj de son temps quatre-vingt-huit hrsies, qui, la rserve de quelques-unes, taient dj toutes teintes. Nous en pouvons compter plus de deux cents, dont il reste peine quelques vestiges, si ce n'est dans les dcrets des conciles o elles ont t condamnes , proscrites et foudroyes. Combien de ces hrsies soutenues de la force des armes, de la protection des princes, et de la fureur d'une infinit de factieux, ne menaaient rien moins que d'exterminer l'Eglise romaine o sont-elles cependant ces sectes si redoutables ? On ne voit que l'Eglise romaine qui seule demeure ferme, perptuelle, toujours visible. Et il n'y a pas lieu de s'tonner que les sectes des hrtiques naissent et meurent vicissitudes parce par de continuelles qu'elles n'ont pas en elles-mmes un principe de perptuit, je veux dire cette union de tous les membres avec le chef de l'Eglise universelle, par l'autorit duquel les pasteurs soient maintenus dans l'ordre de la succession, et les fidles conservs dans l'unit de la foi. Novatus n'a succd personne, disait saint Cyprien, mais il s'est soulev et s'est tabli de lui-mme. Luther et Calvin n'ont succd personne; mais l'un et l'autre, aprs avoir mpris l'autorit du souverain pontife , se sont tablis euxmmes les chefs de l'Eglise, et ils ont interprt les Ecritures selon leur esprit particulier^, ajoutant, changeant, retranchant dans la religion tout ce qui leur plaisait. Ainsi, comme disait Tertullien les valentiniens ont le mme droit que Valenlin ; les marcioniles ont le mme droit que Marcion et par consquent puisque Luther, qui tait sous l'autorit du pontife romain, s'est spar de son chef, chaque luthrien n'a-t-il pas le mme droit de se sparer du sien, de se soulever contre lui cl de lui dclarer la guerre quand il lui plaira ? De l vient que toutes les sectes des hrsiarques sont toujours divises en plusieurs autres, et ainsi affaiblies par ces divisions ; faut-il s'tonner si elles tombent enfin en ruine? Les principes leur des catholiques sont bien diffrents premire et inviolable loi est de s'en tenir dans toutes les controverses au jugement de l'Eglise romaine, et de ne jamais se sparer de la chaire de saint Pierre, dans

comme une eau

laquelle,

comme dit saint Augustin , rside l'autorit et la principaut de la chaire apos-

ii09

METHODE POUR DISCERNER LA VRAIE RELIGION.

1110

tolique, et qui est le centre de l'unit. Saint Optt dclare que la chaire piscopale a t
tablie Rome , afin que dans cette unique chaire l'unit ft conserve partout, et que celui-l ft dclar schismatique et pcheur, qui contre cette unique chaire en rigerait une autre (,. II, contra Parmenion.,

de toutes les nations. Par consquent la seule Eglise catholique peut tre appele univer-

du moins successivement. sans nous en tenir la succession, non-seulement elle est plus tendue que chaque secte en particulier, mais encore que
selle,

Et

mme

num. 2). Douzime marque de

vrit. L'universalit. L'Eglise, tablie sous l'autorit du pontife romain, est la seule en faveur de laquelle se soit accomplie la promesse que Dieu avait faite l'Eglise de Jsus-Christ : Je te donnerai les nations pour hritage, et ton domaine s'tendra jusqu'aux extrmits de la terre : Dabo tibi gnies hreditalem tuam, et possessionem tuam terminos terr (Ps. II, 8). C'est aussi en elle que s'est accompli le commandement que Jsus-Christ fit ses aptres : Allez par tout le monde, enseignez tous les peuples, prchez l'Evangile toutes les nations : untes docete omnes gentes... (Matth., XXVIII, 19). Euntes in mundum universum

toutes les sectes chrtiennes de nos jours prises ensemble. Car si l'Italie, o est le fondement inbranlable de la chaire apostolique, vous joignez la Sicile, la Sardaigne, les les voisines, la France, l'Espagne, le Portugal, la Savoie, la Lorraine, la moiti des Pays-Bas, la plus grande partie de l'Allemagne, de la Hongrie, de l'Irlande, les nouveaux catholiques dans l'Amrique, les Eglises orientales fondes par les missionnaires, presque toutes les Indes, et tant de nouvelles Eglises tablies dans ces pays trangers par les aptres de nos jours ; qui est-ce qui osera

prdicate Evangelium omni creatur (Marc, XVI, 15). Et ainsi elle est la seule laquelle convienne vritablement et proprement le signe visible d'universalit. En effet la promesse que Dieu a faite l'Eglise, qu'il lui donnerait pour hritage les nations de la terre, est tellement accomplie, qu'il est trsvrai de dire aujourd'hui que toutes les nations du monde ont t en divers temps sous l'autorit du pontife romain. Il n'est pas concevable combien l'empire des Romains s'tait tendu en Afrique, en Asie et en Europe. Cependant saint Lon assure que dj de son temps l'Eglise romaine avait tendu son empire au del de ces bornes. Depuis ce tempsl elle a fait

grande multitude de peuune si grande tendue de pays avec quelques factions de luthriens ou quelques misrables restes de nestoriens ? Les hrtiques de nos jours ne sont que dans quelques parties du Septentrion; les anciens hrtiques ne sont que dans quelques parties de l'Orient. L'Eglise romaine s'tend de tous cts au Midi et au Septentrion, l'Orient et l'Occident. Outre que partout o sont les hrtiques les catholiques y sont aussi; mais les calholiques sont en cent rgions diffrentes, o l'on ne sait pas seulement le nom
si

comparer une

ples et de natious, et

des hrtiques et quand mme il serait vrai, ce qui n'est pas, que l'Eglise est partout et que l'hrsie est aussi partout , encore par ce titre mme l'Eglise serait infiniment suprieure, parce que l'Eglise est partout une et la mme, et que les hrsies sont partout si
:

beaucoup d'autres acquisitions. Je serais trop long si j'entreprenais le dnombrement de toutes les provinces qui lui ont t successivement agrges. Il suffit de dire en un mot qu'il n'est point de nations qui n'aient t autrefois ou tout entires, ou en partie soumises l'autorit des papes. Ce que les hrtiques de nos jours occupent, et ce que les hrsies d'autrefois ont occup,
tait

diffrentes qu'elles ne se connaissent pas les unes les autres et qu'elles n'ont nulle liaison

ensemble. Les luthriens ne sont point de la religion des calvinistes, puisque les luthriens n'ont jamais voulu recevoir les calvinistes leur communion. Les zwingliens ne
sont ni luthriens ni proprement calvinistes sur le point de l'eucharistie. Les piscopaux d'Angleterre ne sont nullement calvinistes, ils diffrent mme en bien des articles que Luther a tablis comme des points de foi on n'a qu' lire les crits de cet hrsiarque. Les trembleurs et les anabaptistes ne sont d'aucune de ces sectes elles se sont toutes dclar la guerre entre elles. Les misrables restes d'ariens et de nestoriens qui sont en Orient ne sont d'aucune de ces sectes qui sont en Europe, et mme les luthriens sont diviss entre eux entre les luthriens rigides et les luthriens mitigs il y a de la diffrence. Les ministres calvinistes n'ont jamais t d'accord sur une formule de foi uniforme, qui ft approuve gnralement de tous les consistoires. Sont-ce l des Eglises univer
: :
:

soumis

l'Eglise

romaine avant que

les

hrsies le lui eussent ravi ou par fraude, ou par violence, quelques petits endroits prs du nouveau monde, dont les derniers hrtiques se sont d'abord empars. Nulle autre secte chrtienne ne saurait rien produire de semblable. Que Luther, que Calvin et tous les autres sectaires fassent voir que c'est leur Eglise que Dieu a dit, par le prophte Je le donnerai les nations pour hritage, et ton domaine s'tendra jusqu'aux extrmits de la terre (Ps. II, 8). Qu'ils fassent par tous les ges le dnombrement des royaumes et des provinces que leur Eglise a conquis dans tous les sicles, ils n'en pourront presque point compter d'autres que ce qu'ils possdent prsentement encore l'ont-ils enlev de vive force presque tout l'Eglise romaine, et seulement depuis environ deux cents ans car avant ce temps-l ils n'taient pas, ou ils taient invisibles, ce qui est bien loign de l'universalit de tous les lieux et
:
:

selles
Il

comme

l'Eglise

romaine?
parti et se faire

est vrai

que

les luthriens et les calvi-

nistes,

pour grossir leur

une

espce de gnalogie, soutiennent que albigeois et les vaudois taient de leur r gion cependant il est constant que les v dois et les albigeois taient diffrents en plu
;

1111

DEMONSTRATION fcVANGLLIQUE. DORLANS.

|113

sieurs articles; mais les luthriens et les calvinistes, pour se tirer de cet embarras, disent, quoique sans fondement, que ces sectes n'erraient pas dans des points essentiels. Cependant, par ce grossier artifice, ils pourraient associer et agrger leur Eglise toutes les sectes hrtiques qui ont jamais t dans le monde; ils n'auraient qu' dire qu'elles ne diffraient de la leur qu'en des

soumis aux curs, les curs aux voques, les vques aux mtropolitains, les mtropolitains

souverain pontife,
,

et les patriarches au chef de toute l'Eglise. Elle est aussi la mme par rapport la forme judiciaire c'est--dire qu'on peut appeler du jugement des vques au tribunal du souverain pontife, comme il est constant

aux patriarches,
le

choses de moindre consquence, que les albigeois, qui niaient la rsurrection des morts, qui condamnaient le mariage, qui permettaient indiffremment l'usage des femmes, qui rejetaient tout l'Ancien Testament, que tout cela n'tait pas des points importants'; que les ariens, qui rejetaient la consubstantialit du Verbe, que les nestoriens, qui ne reconnaissaient pas la divinit de Jsus-Christ, que tout cela n'tait pas des points fondamentaux; et ainsi il ne dpendra que des
luthriens et des calvinistes d'riger les mystres de la religion et les articles rvls en points fondamentaux ou non fondamentaux, comme il leur plaira, et de se former une gnalogie par tous les hrtiques qui ont t depuis Jsus-Christ. Treizime et dernire marque de vrit. La conformit de l'Eglise prsente avec l'Eglise primitive. L'Eglise romaine qui existe de nos jours a tous les signes visibles de conformit avec l'Eglise primitive de Jsus-Christ, par rapport la forme sensible et les autres sectes qui subsistent prsentement ont tous les signes visibles de conformit avec les conventicules des premiers hrtiques. C'est ce que je vais dmontrer.
;

par l'appel que firent saint Athanase et saint Chrysoslome, qui avaient t dposs par les vques d'Orient, et qui furent rtablis par les souverains pontifes. Elle est la mme par rapport ses rites, ses crmonies, la manire de clbrer la messe, d'administrer les sacrements, de ddier des basiliques de consacrer des autels,
'

d'observer les jenes, les veilles, les prires, les ftes des saints quoiqu'il y ait eu en divers temps des changements en ces sortes de choses du consentement de la mme Eglise. Elle est la mme par rapport la forme extrieure de tous les Ordres du christianisme, des laques, des clercs, des religieux, des cnobites des moines qui font profession des conseils vangliques, et de chanter jour et nuit les louanges de Dieu, soit dansles villes, soit dans les solitudes la campagne. Elle est la mme par rapport l'esprit intrieur de saintet, qui ne change point dans
, ,

l'Eglise

ARTICLE
La conformit do
mitive
et
le

III.

quoique la discipline change quelquefois, comme il parat dans la vie et la conduite des saints, comme d'un saint Benot, d'un saint Bruno, d'un saint Franois, d'un saint Dominique, d'un saint Ignace , d'un saint Xavier; comme aussi de tant de saints vques, de saint Charles Borrome, de saint Franois de Sales , et de plusieurs autres grands prlats d'une saintet minente,qui
,

romaine d' prsent avec la priparallle des hrtiques d'aujourd'hui


l'Eglise

avec
1

les anciens.

L'Eglise romaine se nomme aujourd'hui autrefois l'Eglise catholique ainsi en parle saint Auguslin dans son livre de la vritable Religion, ch. VIL Elle est catholique, disait-il, et s'appelle catholique, non-seule-

comme

ment par
mis
;

les siens,

mais encore par ses enne-

hrtiques mme, malgr eux, quand ils sont non pas avec leurs sectaires, mais avec des trangers, l'appellent catholique. Et cela est si vrai, ajoute ce Pre, que si un tranger demande un hrtique o est l'glise des catholiques, il lui montrera nos glises, et non pas ses temples. Elle est la mme dans la succession continuelle de ses pasteurs, dont saint Irne dduit la suite depuis saint Pierre jusqu' Eleulhrc saint Optt la dduit jusqu' Sirice; saint Auguslin jusqu' Anastase; et depuis Anastase, tous les crivains ecclsiastiques la dduisent jusqu' Clment XII, qui reconnat aujourd'hui tous ses prdcesseurs comme lgitimes vicaires de Jsus-Christ, qui croit tout ce qu'ils ont cru et dfini, qui condamne lout ce qu'ils ont condamn, et approuve tout ce qu'ils ont
les
;

ont t de grands ornements de l'Eglise romaine les hrtiques mmes ne sauraient le dsavouer. Elle est la mme par rapport l'esprit de zle, qui anime aujourd'hui tant d'aptres de tous les Ordres porter les lumires de l'Evangile tant de nations barbares, au travers des mers les plus orageuses, et des dangers les plus horribles la mme par rapport l'esprit de charit, qui a port de nos jours tant de missionnaires souffrir le martyre pour la foi de Jsus-Christ et pour le salut des infidles dans le Canada, dans le Japon,
: :

et ailleurs.

approuv.
Elle est la mme par rapport la forme sensible du gouvernement, selon laquelle, autrefois comme aujourd'hui, les fidles taient

Enfin elle est la mme dans la manire d'honorer et de reconnatre les saints, et dans du moins la forme de leur canonisation quant l'essentiel. Il n'y a de diffrence entre l'Eglise primitive et la ntre sur ce point, qu'une plus grande prcaution qu'elle prend aujourd'hui pour cela; car on n'y rapporte aucun miracle qui n'ait t juridiquement examin par un tribunal des plus svres, confirm par toutes sortes de preuves, et dclar tel par une autorit lgitime. 2 Il n'est pas moins ais de faire voir que la conduite des hrtiques a t la mme daus les seconds ont t semblatous les temps bles aux premiers, et les derniers aux seconds car le propre des hrtiques a toujours t de quitter le nom de catholiques, et
,
:

MM

MTHODE POUR DISCERNER LA VRAIE RELIGION.


:

1114
I)?

de prendre celui de l'auteur de leur secte les Ariens d'Arius, les nestoriens de Nestoles luthriens de Luther, et les calvirius nistes de Calvin. Les hrtiques mmes qui sont de diffrentes sectes ne s'appellent mutuellement que du nom de leurs auteurs. Les luthriens et les calvinistes ne donnent pas le nom de catholiques aux sectateurs d'Arius et de Nestorius; ils les appellent ariens et nestoriens. Les ariens et les nestoriens de nos jours, leur tour, ne donnent pas le nom de catholiques aux sectateurs de Luther et de Calvin; ils les appellent luthriens et calvinistes. Tous ceux qu'on appelle marcionites, valentiniens, disait saint Jrme, ne sont pas de l'Eglise de Jsus-Christ mais de la synagogue de l'Antchrist. Et lorsque les protestants nous appellent papistes, ils nous font plus d'honneur qu'ils ne pensent; car les chrtiens, les martyrs, les confesseurs de la primitive Eglise taient tous papistes, ainsi que je l'ai montr plus haut. D'ailleurs, les hrtiques ont toujours eu cela de commun, de quitter l'Eglise romaine, flans le sein de laquelle ils taient ns, de s'icver contre son autorit, et de la noircir par toutes sortes d'invectives et d'impostures. L'Eglise catholique florissait avant la naissance d'Arius. C?.t esprit audacieux se dchane contre la consubstantialit du Verbe; il trouve des sectateurs les catholiques s'opposent celte nouveaut; on dispute de part 't d'autre, les deux partis ont recours au jugement de l'Eglise pour terminer cette importante contestation. Le concile assembl Nice sous l'autorit du souverain pontife, o ses lgats prsidrent, condamne solennellement la doctrine d'Arius et de ses sectateurs. Les ariens rclamrent d'abord contre le concile et crirent partout que celte condamnation tait manifestement contre la parole de Dieu qu'il fallait se sparer de l'Eglise romaine, laquelle n'tait plus que le sige de l'Antchrist. Nous avons dans les ariens un exemple de l'origine de toutes les autres sectes; car c'est ainsi qu'en usrent les nestoriens et tous les autres hrtiques. Et n'est-ce pas de la mmesorlequ'enont us, en dernier lieu, les luthriens, les calvinistes, les zwingliens. Ils demandrent d'abord un concilepour terminer les diffrends quitaient entre eux et les catholiques et ds qu'ils furent condamns au concile de Trente, ils dclamrent contre les dcisions de ce concile, prtendant qu'elles n'taient pas conformes la pure parole de Dieu, que l'Eglise ro, , ;
,

porter entre eux et iers prdcesseurs?

deux cents
dans
le

sectes diffrentes qu'il y

eu

jusqu' prsent, il n'en est aucune qui n'ait prolest partout qu'elle tait condamne injuste nent, qui n'ait mi avoir des raisons pour se sparer de l'Eglise romaine, et cependant il y en a dj plus de cent-quatre-vingt-seize qui ont t rprouves et dont peine aujourd'hui trouve-t-on quelques misrables restes. Les dernires sectes qui subsistent encore par un terrible jugement de Dieu, peuvent-elles avoir un autre sort? Mais ce qui n'est pas concevable, c'est que les luthriens et les calvinistes aient la hardiesse de traiter d'hrtiques les ariens et les nestoriens, puisqu'ils sont eux-mmes dans le mme cas, qu'ils ont tous t condamns au mme tribunal et tous frapps des

monde

mmes analhmes. Pourquoi Arius

sera-t-il

maine

tait

tombe dans l'erreur,

qu'il fallait

la quitter et s'en loigner

comme

d'une Ba-

bylone.

Quels violents prjugs contre les sectaires denos jours! Car depuis les aptres jusqu' Luther et Calvin, on a toujours tenu pour hrtiques tous ceux qui ne se sont pas soumis aux dcisions de l'Eglise tablie sous le pontife romain et les voques. Les luthriens et les calvinistes n'ont pas voulu se soumettre aux dcisions du concile de Trente. Peut-on les regarder autrement que les autres? Quelle diffrence peuvent-ils ap-

hrtique, si Luther ne lest pas? Pourquoi Donatsera-t-il schismatique, si Calvin ne l'est pas? Les calvinistes diront-ils qu'ils voient clairement dans l'Ecriture, que les ariens sont hrtiques? Les ariens leur rpondront de leur ct qu'ils trouvent videmment dans cette mme Ecriture, que ce sont les calvinistes qui sont hrtiques. On voit de part et d'autre les mmes raisons. Ds les premiers temps de l'Eglise, que disaient ces anciens hrtiques, Valentin, Mnes, Arius, Nestorius? Ils disaient les mmes choses que disent aujourd'hui les nouveaux que c'tait chez eux que se trousectaires Eglise de Jsus-Christ; vait la vritable qu'ils retenaient la vritable foi, puise des plus pures sources de l'Ecriture, et non pas des traditions humaines, comme les catholiques qu'ils avaieut retranch des dogmes nouvellement introduits dans l'Eglise, et qu'ils l'avaient purge de ses erreurs. A ces raisons spcieuses, mais frivoles, que rpondaient les saints Pres de ces temps-l? Ce que nous rpondrons avec ces saints Pres aux que la vritable sectaires de nos jours Eglise est perptuelle et persvre toujours sans interruption, pendant que toutes les autres sectes naissent et meurent successivement les unes aprs les autres qu'elle est universelle, puisqu'elle a t tendue chez toutes les nations par les aptres et que c'est pour cela qu'elle est appelle catholique, qu'elle est une par l'union de toutes les autres Eglises au centre de l'unit, c'est--dire la chaire de saint Pierre, que les hrsies au contraire sont des conventicules obscurs, dont les pasteurs ne succdent personne, et qui se sont rigs en pasteurs de leur propre autorit que ce sont des royaumes diviss qui, aprs avoir secou le joug de l'autorit lgitime, se partagent et se divisent en cent factions diffrentes; de nouvelles herbes qui sortent tout coup de terre et schent peu peu, des torrents qui pendant quelque temps font du bruit et qui s'coulent bientt aprs. Voil donc les marques de vrit qui distinguent l'Eglise romaine de toutes les autres sectes chrtiennes. Voil les raisons et
:

1115
les motifs

DEMONSTRATION EVANGELIQUE. DORLANS.


que nous avons de croire
qu'elle
la vritable

4H6

est

ces

marques sont

Eglise de Jsus-Christ. Et visibles, plausibles, ta-

les dans toutes les histoires, sans qu'on en puis contester aucune, pourvu qu'on veuille agir de bonne foi et non par de pures chicanes et de pitoyables sophismes, comme ont coutume de faire tous les hrtiques, qui ne rpondent jamais au point capital et dcisif, qui ne font pour ainsi dire que voltiger de branche en branche, qui ne s'tudient qu' embarrasser la difficult par quan-

renoncer leur secte particulire et de se runir l'Eglise romaine. Outre cela, il faut que les raisons qu'ils ont de persvrer dans leur secte ne conviennent pas toutes les autres sectes hrtiques car sons prouvent aussi bien
;

si

la

ces mmes raireligion des

de citations tronques, de passages ambigus et un amas confus de paroles qui ne font rien la question. Ils s'attachent des minuties et des bagatelles pour amuser leurs peuples, parce qu'ils sont rduits ne pouvoir ni rpondre directement et prcisment aux difficults qu'on leur oppose, ni rsoudre les horribles contradictions qu'ils sont forcs d'admettre dans leur religion, ni allguer en leur faveur aucune marque de vrit et de divinit, comme le fait l'Eglise
tit

romaine.

Avant de finir sur ce point, remarquons deux choses. La premire est que les motifs de crdibilit changent selon la diversit par exemple, au commencedes temps ment de l'Eglise, les catholiques ne pou:

vaient pas avoir dix-sept sicles de succession et de perptuit, comme nous les avons prsentement mais ils avaient un grand nombre de mirades qui supplaient ce motif de crdibilit. On pourrait dire aussi qu'ils avaient dj ce mme motif dans leur foi, parce qu'ils taient bien persuads que l'Eglise subsisterait jusqu' la fin du monde. Dieu a toujours distingu son Eglise de telle manire qu'elle ft reconnaissable et suprieure toutes les autres. La deuxime chose remarquer est qu'il ne faut pas prendre ces remarques de vrit sparment les unes d avec les autres, mais qu'il les faut prendre toutes ensemble et dire: tju'on propose une autre religion qui ait tant de marques et tant de motifs de crdibilit et des marques si grandes, si convaincantes et des motifs si puissants, si vidents. 11 me semble que je puis dfier tous les sectaires du monde de pouvoir m'allguer une autre religion qui ait de tels ou de semblables motifs de crdibilit, en si grand nombre et d'un si grand poids. Et pour en venir la preuve, examinons les motifs de crdibilit (u'ont les autres sectes chrtiennes.
,

ariens ou des nestoriens, que celle de-Calvin ou de Luther, ilssont galement obligs d'embrasser toutes ces religions, ou n'en suivre aucune, puisque les raisons seraient les mmes de part et d'autre tout cela est vident, et ils n'en peuvent pas disconvenir eux-mmes. Qu'il me soit donc permis d'adresser ici la parole aux protestants, et de leur demander avec tout le zle que le vrai christianisme m'inspire pour leur salut, quelles sont les puissantes raisons qui les arrtent dans l'erreur. 1 Direz-vous, mes trs-chers frres, que votre religion vient en droite ligne des aptres ? Mais o tait votre Eglise avant Luther et Calvin ? Vous lchez de remonter ici jusqu' Jean Huss, Jrme de Prague, Wicleff, aux albigeois, aux vaudois. Mais les religions de ces gens-l taient diffrentes de la vtre et il y a eu un long intervalle entre la fin de ces sectes et le coinmencermnt de la vtre. Ces sectes que vous ne sauriez nier qui ne fussent composes pour la plupart de misrables et de sclrats, ne se sont soutenues durant quelque temps que par des guerres civiles, et par des massacres dont on ne peut lire sans horreur les rcits lamentables qui ont grossi les histoires de ce tempsl. Mais puisqu'il vous plat de vous associer ces sortes de sectes, qui trs-assurment ne vous font pas beaucoup d'honneur, du moins depuis le quatrime sicle jusqu' ces sectes, o tait votre Eglise? Vous dites qu'elle tait invisible maisje vous ai dmontr qu'une Eglise invisible n'tait qu'une
; ; :

chimre, et je le dmontrerai encore mieux dans la suite. Tous les hrtiques du monde ont prtendu aussi bien que vous, que leur
religion venait

immdiatement des aptres

mais sans pouvoir jamais prouver leur succession, comme vous ne prouverez jamais la
vtre.
2* Direz-vous que vous croyez tout ce que contient la pure parole de Dieu, que vous trouvez clairement votre religion dans l'Ecriture, que vous avez confront passage avec passage ?Mais il n'y a jamais eu d'h-

ARTICLE

rtiques, du moins aprs que le Nouveau Testament a t mis par crit, qui n'ait dit la mme chose: qu'il s'en tenait la pure pa-

IV.

Quelles marques de vrit ont les autres religions.

demment fonde dans

role de Dieu, qu'il trouvait sa religion vil'Ecriture, qu'il avait

Parmi tant de sectes diffrentes qui sont dans le christianisme, je me persuade qu'il n'en est aucune que ses partisans ne croient d?voir prfrer pour cela il faut qu'ils aient de grandes raisons et de puissants motifs. Il leur faut mme des motifs suprieurs aux treize marques de vrit et de divinit qui distinguent avec tant d'clat la religion romaine; car si leurs motifs sont moins forts ou moins nombreux que les ntres, ils sont obligs par le principe aue ''ai tabli, de
:

confront passage avec passage. Tous gnralement ont interprt cette Ecriture selon leur sens et leur sens particulier comme vous. Les ariens et les nestoriens prtendent tre mieux fonds que vous sur l'Ecriture : et par cette raison vous devez vous dclarer aussi bien ariens et nestoriens, que luthriens et calvinistes, puisque la raison est la mme de part et d'autre. Ajoutez tant qu'il vous plaira, que les ariens n'entendent pas l'Ecriture les ariens disent que c'est vous
,
:

4117

METHODE POUR DISCERNEK LA VRAIE RELIGION.


;

1118

qui ne l'entendez pas mme raison.

et voil

toujours la

aprs son baptme impunment toute

sorte

3 Direz-vous que vous croyez bien des mystres de la religion chrtienne, et tous les mystres qui sont ncessaires au salut? Mais il n'y a jamais eu une secte hrtique qui n'ait publi qu'elle croyait tout ce qui tait ncessaire au salut. Ainsi cette raison vous est commune avec tous les hrtiques et mme il se pourra faire que deux sectes croiront les mmes mystres, et cependant toutes deux seront fausses, ou parce qu'elles ne croiront pas tous les mystres rvls, ou parce qu'elles en auront ajout qui n'auront pas t rvls. 4 Direz-vous que votre religion a quantit de bonnes choses, qu'elle dfend les blasphmes, les larcins, les homicides, les adultres ? Mais cela vous est commun avec la plupart des sectes hrtiques, et mme avec la religion des Turcs. Ainsi cette raison ne regardant pas plus votre secte que toutes autres, ne suffit pas pour faire prfrer la
;

de crimes, parce que tout cela lui a dj t remis par avance dans le baptme. Et ce qui est souverainement impie, c'est qu'au bout d'une vie si infme et si abominable, ce sclrat est aussi assur de son salutque JsusChrist mme. 6" Direz-vous que votre religion est la plus universelle? Mais elle n'est renferme qu'en quelques pays, et chaque secte en particulier occupe peine quelque petit terrain par rapport la vaste tendue des provinces et des royaumes que possde l'Eglise romaine dans tout l'univers. Il y a eu mme d'autres sectes, que vous traitez d'hrtiques, qui ont t bien plus rpandues que la vtre. Ces sectes auraient donc encore plus de raison que vous, de se croire la vritable Eglise de Jsus-Christ.
7 Direz-vous que votre religion a t confirme par de grands miracles? Mais o sontils? Vous dites vous-mmes qu'ils ne sont plus ncessaires, et qu'ils ont disparu depuis les aptres. Serait-ce Luther, l'auteur de presque toutes les dernires sectes de l'Eu rope,qui aurait fait de ces grands miracles? Il n'tait pas un assez grand saint pour oprer de tels prodiges, lui qui a pous publi-

vtre toutes les autres. 5 Direz-vous que votre religion est la plus sainte ? Mais vous avez retranch les austrits du corps, les mortifications de la chair, les jenes et les abstinences le clibat, les conseils vangliques vous avez trait tout cela de superstitions regardant l'observation des conseils de Jsus-Christ comme une invention sortie de la boutique de Satan et par consquent cette raison bien loin de justifier votre religion, la condamne comme une religion sensuelle qui favorise la chair et le sang; et vous vous tes laisss emporter des excs encore plus horribles. Vos prtendus rformateurs ne se sont pas contents de retrancher toutes les mortifications, ils ont encore autoris tous les vices; car ils ont soutenu comme un dogme de leur religion que nul pch n'tait imput ceux qui ont la foi, et Calvin, votre grand patriarche, a eu l'impudence d'avancer cette affreuse impit qu'un homme qui a la foi, de quelque crime dont il ft coupable , tait aussi assur de son salut que Jsus-Christ lui-mme. Quesi vous prtendez vous inscrire en faux contre ce blasphme de Calvin, il est ais de vous en convaincre par ses propres termes Nous pouvons nous promettre avec toute assurance, dit-il , que
,

quement une
le
;

religieuse,

quoique l'un

et l'au-

tre eussent fait

vu d'une

chastet perptuel-

la vie ternelle est ntre, et

que

le

royaume

des cieux ne peut non plus nous manquer qu' Jsus-Christ mme N obis secure s pondre audemus vilam ternam esse nostram , nec regnum clorum posse nobis magis excidere quant ipso Christo. Et Calvin parle consquemment cet autre dogme impie qu'il a tabli Que le baptme ne remet pas seulement tous les pchs passs, mais encore tous les pchs venir, de quelque normit qu'ils puissent tre. Voici comme il s'explique Neque existimandum est baptisma in prterilum dunlaxat tempus conferri, ut novis lapsibus in quos a baptismale cecidimus, qurenda sint alla nova cxpiationis rem:

lui qui a permis au landgrave de Hesse d'pouser deux femmes la vue de tout la monde, pour introduire la polygamie dans sa religion, comme Mahomet dans la sienne car, en permettant d'pouser deux femmes, il pouvait galement permettre d'en pouser vingt et trente. Exemple inou dans le christianisme et si horrible, que les protestants les plus dissolus en ont rougi pour lui, et jamais os imiter ce drglequ'ils n'ont ment, tant il leur paraissait infme et affreux C'est l cependant le grand et le premier patriarche de cettetumultueuse rforme, et de tous les prtendus rforms de l'Europe. 8 Direz-vous que c'est un grand miracle, que cette rforme ait d'abord trouv un si grand nombre de sectateurs et qu'elle se soit si fort tendue en peu de temps? Mais, par malheur pour vous, les ariens ont fait ce mme miracle, et un plus grand miracle encore, puisque leurs sectateurs taient en plus grand nombre, et que leur hrsie s'tait bien plus tendue. Voil donc le mme miracle fait par les ariens que vous reconjj
!

dia

lib.

IV,

Instil. c. 1

5, 3).

De

sorte

qu'un calviniste

baptis peut

commettre

naissez vous-mmes pour hrtiques. D'ailleurs il n'est pas fort difficile, il est mme trs-ais et trs-commode de suivre une religion qui retranche toutes les mortifications, toutes les abstinences, tous les sacrements les plus pnibles, qui soustrait ses sectateurs de l'obissance qu'on doit l'Eglise, qui les met dans l'indpendance de toute juridiction, qui donne aux princes les biens de l'Eglise pour acheter leur foi et leur protection, qui invite les prtres et les moines se marier, pour les attirer par la sensualit, et qui leur promet encore aprs cela le paradis, vt autant d'assurance et de certitude (pie s il \ taient dj. Certainement, bien loin qu il y ait

III9

DEMONSTRATION VANGELIQUE. DORLANS.

1120

rien en tout cela de surnaturel et de miraculeux, il n'y arien que de naturel, rien que d'humain, rien que de charnel et que de trs-

conforme la nature corrompue. Allguezmoi une raison qui soit spcifique et singulire votre religion qui ne soit point
,

j'attends de votre zle que vous m'apportiez cette raison, ce motif qui caractrise votre religion, et qui l'emporte sur tous les motifs

de crdibilit qui distinguent l'Eglise romaine. En attendant ce chef-d'uvre de


votre part, souffrez, mes trs-chers frres, que pour contribuer vous clairer, j'observe les marques de fausset qui paraissent

tant de sectes hrtiques, et qui l'emporte visiblement sur toutes les raisons qu'ont les autres Eglises chrtiennes. 9 Direz-vous donc enfin que vos rformateurs ont purg l'Eglise de ses erreurs, de ses superstitions de son idoltrie qu'ils
,

commune

dans

vos

religions

prtendues rformes

j'en ai dj touch plusieurs, mais je crois qu'il ne sera pas hors de propos de les runir

toutes

l'ont purifie, rforme, rtablie

dans sa premire puret? Mais il n'y a jamais eu d'hrtiques qui n'aient prtendu rformer l'Eglise romaine, qui ne se soient vants d'avoir rtabli la religion dans sa premire puret. Voil encore la mme raison de part
quelle autorit avaient Arius, aussi bien que Luther et Calvin, pour rformer l'Eglise universelle? Qui taient ces gens-l? d'o venaient-ils? de qui avaient-ils reu cette pleine puissance? Il n'est point d'homme factieux et brouillon qui jie puisse aussi bien queux s'riger en r ->rma(eur de toute l'Eglise, il aura tout autant de droit et d'autorit qu'en avaient Luther et Calvin et il pourra rformer son tour leur rforme, comme ces deux rformateurs ont eu pouvoir de rformer l'Eglise romaine. Il sera mme absolument ncessaire de rformer encore leur rforme, puisqu'ils avouent qu'ils sont sujets l'erreur et au mensonge d'o il s'ensuit qu'ils ont pu se tromper dans leur rforme mme. Ainsi, selon leurs principes, il faudra riger des rformateurs de rformateurs l'infini, et jusqu' la fin des sicles, sans qu'on puisse jamais savoir quelle rforme a
,

yeux

les

ensemble et de les exposer vos unes aprs les autres.


,

ARTICLE V.
Les marques de fausset qu'on dcouvre dans les autre
sectes chrtiennes.

et

d'autre.

De plus

Marcion

et

Premire marque de fausset en matire de religion. La nouveaut. On sait en quel temps, en quel lieu, en quelles annes toutes ces sectes ont commenc paratre dans le monde; on sait le nom de leurs auteurs, de leurs adhrents et de leurs premiers sectateurs. Or toute religion nouvelle, par l mme qu'elle est nouvelle, ne peut tre que trsfausse. C'est en vain que les sectaires tchent de se faire une gnalogie depuis les aptres on trouve bien des sicles 'vides et interrompus, o leur religion ne paraissait nulle part, comme je l'ai montr. On n'avait jamais entendu parler de ces sortes de religions, et mme elles ne se sont rendues fameuses, que par les horribles troubles et les affreuses dissensions qu'elles ontexcitsdans
;

t la

bonne et la vritable. Avouez, mes trs-chers frres, que je n'oude tout ce qui peut favoriser votre

blie rien

religion, et qu'avec tout cela je n'y puis rien

dcouvrir qui ne vous soit commun avec tous les hrtiques. Vous tes donc bien loigns d'avoir d'aussi grandes raisons et d'aussi puissants motifs de crdibilit que ces treize marques de vrit et de divinit qu'a l'Eglise romaine, bien loin d'en avoir de suprieures, puisque vous n'en avez aucune qui vous distingue de tous les hrtiques. J'ose mme avancer que vous-mmes, et tous ensemble, ne sauriez m'allguer une seule raison, un seul motif en faveur de votre religion, que toutes les sectes hrtiques que vous reconnaissez vous-mmes pour telles, ne puissent allguer aussi bien que vous en faveur de la leur. Et par l vous devez embrasser toutes ces sectes, et vous faire marcionites, donalistes, anabaptistes , ariens, nestoriens, aussi bien que luthriens et calvinistes , puisque ce sont les mmes raisons de part et d'autre ou n'tre d'aucune, et renoncer toutes ces sectes ; car si vous les professiez toutes ensemble vous
; ,

les catholiques sont corleurs murs, le libertinage de l'esprit suit le libertinage du cur. Les hommes dissolus changent aussi facilement de religion que de modes et d'habits l'ancienne religion leur devient rebutante et odieuse, parce qu'elle condamne leurs dsordres. Les nouvelles religions, qui flattent les passions, ont pour les libertins des charmes admirables , et surtout quand ces charmes se prsentent leurs yeux sous le spcieux masque de rforme et de svrit ; mais d'une svrit et d'une rforme qui n'est qu'en paroles; et c'est de ce masque dont se sont servis tous les hrsiarques pour imposer aux peuples. C'est pour cela que les novateurs font gloire d'tre des disciples de ces nouveaux venus, comme ressuscites par miracle des cendres des vieux des disciples de Luther, des disprophtes ciples de Calvin, des disciples de Zwingle , et mme des disciples prtendus de saint Augustin; car Calvin se vantait hautement que saint Augustin tait tout pour lui. Tant de beaux prtextes, de maximes austres de morale svre qu'il vous plaira nouveaut en matire de religion, marque de fausset. Ils ont beau dire que leur doctrine n'est pas nouvelle, qu'elle est trs-ancienne, et pour rendre plausible son antiquit, citer saint Augustin, saint Prosper, les anciens

l'Eglise.

Ds que

rompus dans

professeriez un horrible amas de contradictions monstrueuses choisissez.


:

et les Pres de l'Eglise. Tout parti qui s'opinitre et qui chicane toujours aprs

canons

Mais aprs tout,


peut-tre

comme vous
religion

entendez

mieux votre

que moi

que l'Eglise romaine l'a condamn, qu'un parti hrtique.

n'est

i!2l

METHODE POUR DISCERNER LA VRAIE RELIGION.


lieu de croire qu'ils
trois, puisqu'il

-22

Seconde marque de fausset. Leur tablissement. Jamais aucune de ces sectes ne s'est tablie, ni tendue que par de malignes intrigues, et par des conventicules secrets
les factions, les sditions, les guerres civiles, et la force des armes. La seule secte de Luther, qui a

au commencement, ensuite par

se sont tromps tous n'y a pas de raison croire que le troisime ait eu le Saint-Esprit, prfrablement aux deux autres. Du moins le troisime a pu galement se tromper, puisque, selon les protestants, tout homme est sujet l'erreur. II ne peuvent donc ajouter
foi aucun des trois, parce que tous trois ont pu se tromper et tre tromps. Mais peut-tre que l'un des trois ne s'est pas tromp. Mais aussi peut-tre qu'il s'est tromet dans p, puisqu'il pouvait se tromper cette incertitude, leur foi se rduira un
:

source de toutes les autres, a fait gorger en Europe *.anl de millions d'hommes, qu'ils sont innombrables. Dans le seul royaume de France, les sectateurs de Calvin ont livr dix-sept batailles ranges contre leurs lgitimes souverains. Quelle religion Quelle rforme! Quel vangile! Toutes les sectes qui n'ont pas t assez puissantes pour pouvoir prendre les 'armes, sont tombes presque ds leur naissance quelquesunes se sont entretenues durant plusieurs annes comme un feu sous la cendre, toujours disposes produire quelque incendie, ds que l'occasion deviendrait favorable. Ces hrtiques masqus se voyant dans l'impuissance d'clater force ouverte, ne se sparent pas ouvertement de l'Eglise pour la miner sourdement, et infecter d'autant plus srement les mes, que plus ils pat la
!

raissent zls catholiques. Troisime marque de fausset. Leurs varialions. On n'a qu' en parcourir l'histoire crite par feu M. l'vque de Meaux, pour y voir celte horrible confusion, cet affreux chaos aujourd'hui une formule de foi, demain une autre; on en a mme vu paratre comme si ce la fois plusieurs diffrentes qui tait hier une vrit de foi, ne l'tait plus
:
:

peut-tre. Les calvinistes diront qu'ils voient clairement dans l'Ecriture que c'est Calvin qui ne s'est pas tromp mais les luthriens et les zwingliens disent aussi qu'ils voient videmment dans l'Ecriture que c'est Lulher et Zwingle qui ne se sont pas tromps. Les calvinistes secroient-ils plusinfailliblesque les luthriens et les zwingliens? n'avouent-ils pas eux-mmes que tous sont galement sujets l'erreur? Ne faut-il pas ncessairement que de ces trois sectes, pour le moins deux se trompent et soient trompes, puisque leurs opinions sont contradictoires? Et quelle raison y aurait-il de croire que la troisime ne se trompe pas aussi bien que les deux autres?
;

Que

si les

matres et

les

rformateurs ont pu

se tromper, plus forte raison les disciples


et les rforms. Les protestants ne sauraient donc ajouler une foi entire, ni leurs auteurs, ni eux-mmes. Ainsi la foi des protestants ne peut tre qu'une foi douteuse et chancelante, ou pour mieux dire, ils n'ont point de foi, parce que la foi qui est mle de doutes et d'incertitudes n'est qu'une foi ima-

aujourd'hui, parce que les temps et les intrts ont chang. Et pourquoi toutes ces variations sinon parce que les hrtiques n'ont point de rgle sre ds qu'ils onl abandonn les dcisions de l'Eglise, et qu'ils se sont soustraits son autorit? Ils s'abandonnent tous les garements de leur esprit particulier, et deviennent leurs propres juges en matire de religion. Quatrime marque de fausset. La diversit de leurs sentiments sur l'Ecriture et les diffrentes explications qu'ils en font. On en a recueilli plus de soixante sur ce seul passage de l'Evangile: Ceci est mon corps (Matth., XXVI, 26). Lulher soutenait que JsusChrist est rellement dans l'eucharistie avec le pain; Zwingle disait au contraire que Jsus-Christ n'y tait qu'en figure Calvin a prtendu, ce semble, concilier ces deux opinions, en disant que Jsus-Christ est rellement dans l'eucharistie par la foi. Mais je demande tous les prolestants du monde, qu'ils me disent prcisment lequel des trois a bien rencontr, lequel des trois a eu le SaintEsprit ; car tous les trois ne peuvent pas avoir dit vrai, puisque leurs explications sont contradictoires, c'est--dire que l'une nie et dtruit ce que l'autre tablit et assure. II faut donc ncessairement que de ces (rois
, ;

interprtes, deux pour le moins se soient tromps, cela est vident. Or les protestants ne peuvent pas savoir lequel des trois ne
s'est

pas tromp

ils

croire.

Que

si

deux

ne savent donc qui en se sont tromps, ils ont

ginaire et chimrique. Cinquime marque de fausset. La forme bizarre de leurs jugements et de leurs dcisions. Je m'explique. Dans ces sectes chacun est juge de la religion chacun interprte l'Ecriture selon son esprit particulier; chacun se dresse un tribunal o il dcidelui-mmede sa crance; il y a parmi eux autant de tribunaux que d'hommes; et ces tribunaux particuliers ne sont pas subordonns un tribunal souverain et suprieur, parce qu'il n'y en a point chaque tribunal particulier est souverain et ne dpend d'aucun autre. Que s'il y a parmi eux des consistoires, des colloques, des synodes provinciaux et nationaux, tous ces diffrents tribunaux ne dcident pas souverainement des points de foi; ils se contentent de faire des rglements de police, d'imposer silence aux deux partis pour prvenir les troubles et les sditions mais ils laissent les deux partis en possession de leur crance intrieure comme il arriva au synode de Dordrecht. Ces synodes n'ont garde de rien dcider en matire de foi, parce que chaque particulier aurait droit d'en appeler des dcisions du synode l'Ecriture et son esprit particulier, puisque leurs synodes eux-mmes ont dcid que chaque esprit particulier pouvait interprter et s'en tenir son interprtation. Il est vrai que leurs synodes nationaux
;

1123

DEMONSTRATION VANGL1QUE.

DORLEAiN'S.

obligeaient les peuples acquiescer intrieurement leurs dcisions, mais en mme temps les ministres assembls leur dclaraient que ces synodes n'taient pas infaillibles, et qu'ils taient sujets l'erreur. Quelle bizarre contradiction d'exiger une crance ferme et intrieure pour un tribunal qui a pu se tromper, qui s'est peut-tre trompj, et qui, de leur propre aveu, est sujet mille illusions ? Mais l'esprit particulier de chacun n'est-il pas plus infaillible que toutes ces assembles? Oui sans doute, puisque ces synodes nationaux ont eux-mmes dclar que chacun devait s'en tenir au sentiment et aux interprtations de son esprit particulier, que chacun lait oblig en conscience de s'enqurir des Ecritures. De quoi servaient donc les synodes? ou, s'ils taient ncessaires pour accorder les esprits, d'o vient donc que tous les ministres protestants ont toujours cherch dcrier les conciles de l'Eglise romaine, comme des assembles inutiles, pernicieuses, sujettes aune infinit d'erreurs?

puisque de rduire et de soumettre la religion au jugement de l'esprit particulier


c'est

ouvrir
il

c'est autoriser

car

porte toutes sortes d'ern-urs, toutes sortes de mensonges n'est point de fausse religion qu'on ne
la
;

justifie

par l'esprit particulier. Sixime marque de fausset. Le mauvais usage que tous les hrtiques ont fait de l'Ecriture. Les luthriens et les calvinistes
ont suivi la route que leur ont marque tous ces anciens hrsiarques qui les ont prcds. Tous ces sectaires, tant anciens que modernes, ont donn de diffrentes explications l'Ecriture, chacun selon le plan qu'il s'tait form de sa nouvelle religion, et tous ont condamn mutuellement les explications

uns des autres. Les calvinistes condamnent les explications des ariens, puisqu'ils les regardent comme des hrtiques; mais parla mme raison ils devraient aussi condamner les leurs, puisqu'ils ne sont ni plus clairs, ni plus infaillibles que ne l'taient
les les ariens; et si, selon les calvinistes,

chacun

Et cependant ils ont t fon es eux-mmes d'avoir recours des synodes provinciaux ou nationaux pour terminer leurs diffrends sur la religion l'Ecriture seule ne suffit donc et pas pour accorder les divers sentiments pour pacifier les esprits et cependant ils ont dclar cent et cent fois que l'Ecriture seule tait plus que suffisante parce qu'elle tait claire d'ellc-mme.Voil la contradiction l'Ecriture seule suffit, etelle ne suffit pas, puisqu'il faut encore des synodes nationaux ; et ce qu'il y a de bizarre, c'est que des dcisions de ces synodes, ils en appellent ensuite l'esprit particulier de chacun, comme au dernier et souverain tribunal. protestants soit Il faut que la cause des puisqu'ils ont t forcs, bien mauvaise pour dfendre leur religion, de recourir l'esl'esprit particulier de chacun. Quoi prit particulier d'un ignorant, d'un artisan, souvent d'un dbauch d'un sclrat sera plus infaillible dans ces dcisions sur l'Ecriture que ne l'a jamais t toute l'Eglise universelle, que ne l'ont jamais t tous les conciles depuis les aptres jusqu' prsent! On se perd dans ces absurdits. Les procar selon testants vont encore plus loin eux tous ces grands conciles ont err; au moins depuis le quatrime sicle, ils sont tous tombs dans des erreurs grossires, tous ont t livrs au mensonge. Il n'est que l'esprit particulier de cet ignorant, de ce laque, de cet homme de la lie du peuple d'une femme mme, qui soit l'oracle infaillible, l'oracle de tous les sicles, l'oracle de toute vrit. Enfin la bizarrerie de la con:

d'interprter l'Ecriture, les ariens avaient donc ce droit incontestable, aussi bien que les calvinistes ; par consquent les protestants doivent, selon leur principe , ou condamner leurs propres explications sur l'Ecriture, ou approuver aussi celles des ariens, puisque le droit est le mme que l'autorit est la mme de part et d'autre.
,

adroit

Outre que de
l'Ecriture

cette

manire on trouve dans

tout ce qu'on veut, chacun la tourne comme il lui plat: on invente tant d'explications, qu' force de chicanes on la fait enfin venir son sens particulier. On

tradiction
est les

est

que chaque

esprit particulier

infaillible

dans ses dcisions, quoique

dcisions de ces esprits particuliers soient presque toutes contradictoires, toutes diffrentes, toutes opposes les unes aux autres sur un mme passage de l'Ecriture. Je m'tonne que les prolestants ne rougissent pas de ces tranges contradictions qui sont l'opprobre de leur secte et qui leur font voir si manifestement la fausset de leur religion,

a recours quelques hbrasmes, quelque mot ambigu, quelque texte grec ou syriaque qu'on n'entend pas, ou qu'on n'entend qu' demi, et l'on fait dire Dieu dans l'Ecriture ce qu'il n'a pas dit. Enfin on fait de la Bible, contre les desseins de Dieu, un abme intarissable de disputes et c'est dans cet abme que tous les hrtiques se sont perdus. Septime marque de fausset'. C'est que tous les hrtiques ont toujours commenc par invectiver contre l'Eglise tablie sous l'autorit du pontife romain. Les luthriens et les calvinistes ont encore en ceci copi fidlement et mme surpass leurs prdcesseurs. Les horribles blasphmes que Luther et Calvin ont vomis contre l'Eglise romaine, font horreur tous les gens de bien et rvoltent mme les honntes gens de ces sectes. Ils ne sont gots que des libertins et d'une populace insense. Mais comment ceux qui rougissent des emportements de leurs docteurs, ne dlestent-ils pas leur doctrine ? l'Esprit de Dieu, qui est un esprit de paix, de douceur et de charit, pouvait-il animer des aptres si turbulents, si emports, je n'ose pas dire si furieux, puisque leur haineeontre le souverain pontife allait jusqu' la fureur? Pour se convaincre de ces horribles excs, on n'a qu' lire leurs crits. Je demande Luther et Calvin quel tort leur avait fait le vicaire de Jsus-Christ, pour le dchirer
,

avec tant de cruaut? C'est

qu'ils

nepressen-

H25
taient

MTHODE POUR DISCERNER LA VRAIE REL1GOM.


que trop que leur nouvelle
et

1126

fausse

doctrine serait condamne ce souverain tribunal. C'est pour cela qu'il tait de leur intrt de prvenir les peuples sur ce point, et de noircir ce tribunal par toutes sortes d'invectives et d'outrages. Ainsi en avaient us tous les autres hrtiques jusqu' eux. Huitime marque de fausset. C'est que tous les hrsiarques, pour mieux autoriser leur secte, ont toujours calomni l'Eglise romaine : non contents de l'accabler d'injures et d'outrages, comme on vient de le voir, ils

outre cela, accable de calomnies et d'impostures. Il n'en est aucune que Luther et Calvin n'aient renouvele; ils en ont mme invent de nouvelles suivant eux, le
l'ont,
;

pasteurs, bien loin de les dputera des fonctions apostoliques les ont solennellement excommunis et chasss de l'Eglise comme des loups qui ravageaient le troupeau de Jsus-Christ. Ils n'ont pas eu non plus la mission extraordinaire ; car o sont les miracles que Dieu a oprs par leur ministre? Ils n'ont donc pointeu d'autre mission que celle qu'ont eue tous les hrsiarques, c'est--dire celle qu'ils se sont donne eux-mmes et que chacun peut se donner galement. Je dfie qu'on puisse me dire pourquoi Arius et Nestorius n'ont pas eu la mission, si Luther et Calvin l'ont eue.
,

pape

tait l'Antchrist

l'Eglise

romaine

Babylone, la prostitue dont parle les papistes n'taient que l'Apocalypse, des idoltres. Mais quoi, si, selon saint Jean, il ne doit jamais y avoir qu'un Antchrist et seulement la fin du monde, il y a dj eu bien des antechrists, puisqu'il y a dj eu avant et depuis Luther et tant de papes Calvin et la fin du monde devrait dj tre venue depuis bien des sicles que l'Eglise romaine autorise l'idoltrie. Les protestants n'ont qu' lire le concile de Trente, qui est la rgle de notre foi, pour y dcouvrir visiblement les impostures de leurs ministres. Ils reprochent aux catholiques qu'ils adorent du pain dans le sacrement de l'autel. Mais comment y adoreraient ils du pain puisqu'ils croient que le pain est dtruit au moment de la conscration ? On n'adore pas ce qui n'est plus. Et quand mme le corps de Jsus-Christ ne serait pas rellement dans l'eucharistie, encore les catholiques ne seraient-ils pas idoltres, parce que leur culte et leur adoration se terminerail toujours au corps de Jsus-Christ, quelque part qu'il ft. Ils nous reprochent que nous adorons les images comme des divinitait la
, ,
:

Dixime marque de fausset. La sparation de l'Eglise universelle. C'est une marque de fausset si vidente, que tous les hommes ont toujours t reconnus dans le monde chrtien pour de vritables hrtiques, lorsqu'ils se sont spars de l'Eglise tablie sous le pontife romain et les voques. On n'a qu' parcourir tous les sicles pour se convaincre de ce fait. Les luthriens et les calvinistes se sont spars de l'Eglise romaine, peuvent-ils donc n'tre pas regards comme des hrtiques? Us n'ont pas plus de privilges que tous les autres. La sparation d'avec l'Eglise universelle est une marque de fausset, et cela est si vrai, que toute sparation a toujours t regarde, soit dans la
naturelle, soit dans la loi crite, soit dans de grce, comme une erreur digne d'analhme et de proscription.
loi

la

loi

Onzime marque de

fausset. L'invisibilit

de leurs Eglises. Lorsqu'on demande aux


ariens, aux donatistes, aux luthriens, aux calvinistes, en quelle part du monde taient leurs Eglises avant qu'Arius , que Donat,

que Luther, que Calvin eussent tabli leurs sectes, ils pondent que leurs Eglises taient
invisibles qu'eux taient inconi us parmi les catholiques qu'ils conservaient dans leurs curs la puret de la religion de Jsus-Christ jusqu' ce que le temps ordonn de Dieu pour se dclarer ft vcnu Mais j'ai dj dmontr que l'Eglise de J-

alors

cela est si visiblement faux, que la plupart des protestants en sont aujourd'hui dsabuss, aussi bien que de plusieurs autres calomnies qui taient l'indigne ressource de leurs ministres et le moyen le plus sr dont ils se servaient pour infatuer le pauvre peuts
;

ple,

en

lui

dfigurant l'Eglise romaine.


fausset.

Neuvime marque de

C'est

que

tous ces rformateurs, Luther, Calvin, Zwinglc et les autres, n'ont jamais eu aucune mission. Ils se sont riges d'eux-mmes en aptres; ils n'ont point eu d'autre autorit que celle qu'ils se sont donne et que chacun peut se donner soi-mme aussi bien la qu'eux. Il y a deux sortes de missions mission extraordinaire, lorsque Dieu choisit un ou plusieurs hommes pour manifester ses volonts, et qu'il autorise ce choix et cette mission par des miracles clatants , comme mission de Mose dans l'anil autorisa la cienne loi, et la mission des aptres dans la loi nouvelle ; ou bien la mission ordinaire, lorsqu'on est dput par les pasteurs de l'Eglise. Or nul de ces rformateurs, ni Luther, ni Calvin, ni aucun autre, n'ont eu la mission ordinaire , puisque leurs lgitimes
:

sus-Christ devait tre visible. J'ajoute ici qu'il n'est point de fausse religion que je ne puisse tablir sur ce principe ; car quand on nous demandera o nous tions avant que nous nous fussions dclars dans le

monde, nous rpondrons comme les calvinistes, que nous tions invisibles jusqu'au temps que Dieu nous avait marqu pour nous dclarer hautement et qu'ainsi nous
,
,

descendons en droite ligne des aptres. On sera bien habile si l'on peut, nous trouver dans l'invisibilit, qui sera toujours l'asile o pourront se rfugier toutes les fausses
religions.

Douzime marque de fausset. C'est que toutes les diffrentes sectes qu'il y a eu dans le monde , sont toutes sorties de l'Eglise ro-

maine; mais l'Eglise romaine n'est sortie que de Jsus-Christ et des aptres elle n'a point d'autre origine. Qu'on remonte jusqu' sa source, on y trouvera une succession per;

ptuelle de souverains pontifes, depuis saint

4127

DEMONSTRATION EVANGELIQUE. DORLEANS.


;

\m

Pierre jusqu' prsent

mais

j'ai

dj assez

prouv

cette vrit.

Treizime marque de fausset. C'est que toutes ces sectes, surtout les plus considrables, sont venues comme des torrents; elles ont d'abord fait de grands ravages elles ont d'abord trouv une grande foule de partisans. Les mauvais chrtiens qui ont toujours t le plus grand nombre, et surtout dans de certains sicles extrmement corrompus, tel que l'tait le sicle de Luther et de Cal;

mutuellement d'hrtiques, malgr tant de mnagements, d'adoucissements dont on s'tait servi pour faire ce clbre accord. Je ne dis rien ici qui ne soit de notorit publique.

Or

je

demande

tant soit peu agir de

crement

tout protestant qui veut bonne foi, s'il peut sinet srieusement se persuader que

vin les mauvais chrtiens, dis-je, embrassent avec empressement ces nouvelles religions qui favorisent les inclinations de la nature, qui les tirent de la sujtion pour les
;

mettre dans un tat d'indpendance


;

mais

bientt ces grands torrents ont tari et n'ont plus fait de progrs aprs leur premire fureur, ces sectes sont toujours alles en dcadence jusqu' leur dernire destruction. Celles qui subsistent encore n'auront pas un autre sort, puisqu'elles sont de mme caractre ; mais l'Eglise romaine a toujours fait

de nouveaux progrs et quand elle perd d'un ct par les hrsies, elle gagne de l'autre par la conversion des idoltres comme il arriva du temps de Luther et de Calvin, parla conversion des Indiens la foi
,

catholique.

Quatorzime marque de fausset. C'est que fameuse rforme qui ont cxtraordinairement de Dieu, comme l'assurent les protestants dans leur confession de foi tous ces grands rformateurs, quoique suscites de Dieu, se sont
les auteurs de celte tous t suscits
;

Dieu, pour rformer l'Eglise, ait suscit extraordinairement ces hommes qui se sont tous contredits, dchirs, noircis, excommunis les uns les autres s'il peut se persuader que Dieu ait parl par l'organe de Luther, quand il a dit que Jsus-Christ tait rellement dans l'eucharistie avec le pain ; que Dieu ait aussi parl par l'organe de Zwingle, quand il a dit que l'eucharistie n'tait qu'un simple signe; que Dieu ait encore parl par l'organe de Calvin, quand il a dit que Jsus-Christ y tait rellement, mais par la foi? Enfin Dieu peut-il avoir parl par l'organe de tant d'autres rformateurs, qui ont t tous opposs en des choses essentielles et qu'ils jugeaient eux-mmes essentielles leurs religions, puisqu'ils se traitaient mutuellement d'hrtiques? Dieu, disje, peut-il avoir parl par l'organe de tous ces geus-l et leur avoir fait dire tant de contradictions? Ne serait-ce pas accuser Dieu de mensonge et d'imposture? On doit le dire: ils parlaient, non pas inspirs de Dieu, mais du dmon. Ils parlaient selon leurs caprices, leurs intrts et leurs passions ; et ieu a permis cette affreuse diversit de sentiments et d'opinions pour les confondre par eux;

nanmoins tous contredits, dchirs, noircis, excommunis les uns les autres. Us n'ont jamais pu s'accorder sur plusieurs points de
doctrine qu'ils croyaient essentiels et fonda-

mmes.
Aussi est-ce de l qu'on a vu natre une grande multitude de sectes diffrentes, qu'elles sont presque innombrables. Luther a commenc le premier dogmatiser; il a
si

mentaux. Les injures qu'ils se sont dites les uns aux autres sont si atroces, qu'ils paraissaient tre au dsespoir de ne pouvoir pas
trouver des termes assez outrageants, assez infamants pour se dcrier rciproquement dans le monde. Le dchanement et la fureur entre ces clbres rformateurs, suscits de Dieu d'une manire extraordinaire, taient monts un si haut degr, que leurs partisans mmes en rougissaient pour eux. Et ce fut aussi pour couvrir la honte du parti qu'on eut recours tant de confrences tenues en Allemagne et honores de la prsence de plusieurs princes luthriens, parce qu'ils voyaient bien que celte diversit de sentiments et de crance tait une marque vidente de la fausset de leur religion. Avec tout cela on n'a jamais pu accorder Luther avec Zwingle chacun est demeur ferme et opinitre dans ses sentiments chacun voulait tre le juge souverain de l'Ecriture, l'arbitre absolu de la religion; chacun prtendait que tous les autres se soumissent
: ;

fray le chemin aux autres. De sa secte sont sortis: l g Les adiaphoristes, dontMlanchlon, disciple de Luther, a t l'auteur; 2 Les carlostadilesellescolampadites, dont Carlostad et OEcolampade, tous deux aussi disciples de Luther, ont t les chefs; 3 Les calvinistes, car Calvin fut au commencement perverti par un luthrien, mais ensuite il traa un autre plan de religion; k Les zwingliens, Zwingle s'lant rig aussi en chef de parti contre Luther; 5 Les luthriens rigides et les lutbriens mitigs; 6 Les ubiquistes, qui soutenaient que l'humanit de JsusChrist tait partout aussi bien que sa divinit; 1" Les majoristes, qui tiraient leur nom de

ses dcisions; chacun voulait avoir la gloire d'tre chef d'un parti ; ils s'ennuyaient d'tre toujours disciples, ils voulaient aussi tre matres leur tour. Luther tait dsol de voir que tous ses disciples s'rigeaient comme lui en patriarches. Enfin chacun a eu ses

adhrents, et au fond

ils

se sont tous traits

Georges Major, disciple de Luther ils enseignaient quelesenfants mmesne pouvaient pas entrer en paradis sans bonnes uvres; 8" Les oziandristes, ainsi nomms d'Andr Oziandcr, luthrien, qui soutenait que le corps de Jsus-Christ souffrait dans l'eucharistie et qu'il y mourait rellement tout de nouveau; 9" Les davidistes, qui tiraient leur nom de David Georges, hollandais, qui se disait lui-mme le Messie, et assurait qu'il tait envoy pour mettre en lumire la vraie doctrine; 10 Les sabnataires, qui rejetaient le jour du dimanche, parce qu'il n'tait pas command dans Ecriture et soutenaient que
:

<L29
le

METHODE POU II DISCERNER LA VRAIE RELIGION.


ticulier, et se
lui
fait

4130

jour seul du sabbat tait saint. Enfin les augusliniens en Bohme, les stancariens Manloue, les adamites, les mennonites, les distes, les antitrinitaires, les antinomiens, les bguiniens, les hutistes, les invisibles et plusieurs autres que je passe sous silence, parce que le dnombrement de toutes les diffrentes sectes qui ont pris naissance dans celle de Luther serait infini. La Hollande est l'asile de toutes sortes de sectes, o se rfugient tous les sclrats excommunis par l'Eglise romaine. Eu Angleterre, combien de partis diffrents? les piscopaux, les presbyconformistes, triens, les trembleurs, les Quelle confusion les non-conformistes. quelle diversit de religions! N'est-ce pas l vritablement la confusion de la tour de Ba!

une religion comme bon

bel, o chacun parlait une langue si diffrente qu'ils ne s'entendaient plus les uns

semble, et parle ensuite une languedsffrente de celle des autres. Mais les aptres et les conciles de l'Eglise romain.e ont tous parl le mme langage, parce qu'ils taient anims de l'esprit de Dieu; et preuve vidente qu'ils taient inspirs du Saint-Esprit, c'est qu'ils ont tous t de mme sentiment sur les articles rvls dans tous les sicles, dans tous les conciles, quoique composs de tant de nations diffrentes, de tant d'esprits divers. Jamais il ne s'est tenu un concile dans l'Eglise qui n'ait toujours commenc par confirmer et ratifier tout ce qui avait t dcid par les prcdents conciles comme article de foi. Et tout cela en vertu de la promesse de Jsus-Christ, qui a promis son Eglise que les portes de l'enfer ne prvaudraient jamais contre elle.

autres? Et qu'ils ne disent pas que dans l'Eglise romaine il y a aussi plusieurs sectes de thologiens, dont les uns s'appellent scotistes, les autres thomistes, et plusieurs autres qui sont parlags en diffrentes opinions ; caria rponse est facile tous ces gens-l ne diffrent dans aucun article de foi dcid par
les
:

l'Eglise;

ils

ne diffrent que dans

la

manire

d'expliquer certains points sur lesquels l'Eglise n'a rien dcid, mais ils conviennent tous sur tous les articles dcids comme de foi. Ds qu'ils se dmentent d'un seul, on les retranche de l'Eglise, comme on a retranch de nos jours les jansnistes et les qunellistes.

Mais ce qu'il y a de surprenant dans ce chaos de religions, c'est que ces diffrentes sectes, d'ailleurs si animes les Unes contre
les autres, se runissent nanmoins toutes contre l'Eglise romaine et ce qui est encore plus tonnant, c'est qu'en Hollande, en Angleterre, on souffre l'exercice public de toutes les autres sectes il n'est que l'exercice public de la seule religion catholique qui y soit dfendu et proscrit, nonobstant que plusieurs de leurs ministres aient dclar qu'on pouvait se sauver dans cette religion. Mais d'o vient une si grande haine contre l'Eglise romaine? C'est que les hrtiques de ces pays-l ne veulent pas avoir sous leurs yeux une religion dont ils se sentent tre les dserteurs et les apostats c'est qu'ils craignent une religion qui commande l'obissance aux puissances ecclsiastiques, la soumission aux puissances sculires. Ils craignent une religion qui commande la mortification de la chair, qui ordonne des carmes et des abstinences, qui oblige dompter ses passions, confesser ses pchs et en faire pnitence. Voil tout le secret de ce mystre d'iniquit voil la source de la haine que tous ces sectaires ont conue contre l'Eglise romaine; voil l'origine de tant de diffrentes sectes on veut secouer le joug d'une religion si sainte et si mortifiante t'est pour cela qu'on s'en forge de plus commodes, qu'on lche ensuite de les autoriser
;
:

Quinzime marque de fausset. C'est que tous les hrtiques ont toujours voulu tre juges et parties dans leur propre cause. Les luthriens et les calvinistes se sont attribu la mme autorit que s'taient attribue ceux qu'ils reconnaissent eux-mmes pour hrtiques. Et qu'ils ne disent pas que l'Eglise romaine est galement juge et partie dans sa propre cause qu'ils ont autant de droit qu'elle de juger de la saine doctrine, et qu'ainsi les choses sont gales de part et d'autre car je rponds qu'il s'en faut bien que les luthriens et les calvinistes aient le mme droit, parce que l'Eglise romaine est en possession depuis les aptres djuger de toutes les controverses. C'est l le tribunal souverain et le tribunal en dernier ressort que Jsus-Christ a tabli c'est de lui que ce tribunal a reu l'autorit suprme, et c'est cette autorit que les aptres commencrent exercer dans le concile qu'ils tinrent Jrusalem ; et c'est cette autorit que l'Eglise tablie principalement sous les pontifes romains, c'est--dire sous les successeurs de saint Pierre, a exerce dans les premiers sicles, contre tous les hrtiques de ces temps-l et dans tous les sicles suivants. Mais Luther et Calvin, aussi bien que leurs adhrents, de qui auraient-ils reu cette autorit? Ils n'ont jamais eu d'autre autorit que celle qu'ils se sont donne euxmmes, et que chacun peut se donner aussi bien qu'eux.
;
:

romaine n'est que juge nullement partie. Je m'en vais le dmontrer dans un exemple tir du quatrime sicle. Lorsque Arius commena enseigner que le Verbe n'tait pas consubstantiel son
D'ailleurs l'Eglise
et

Far l'Ecriture

tout le monde parmi eux interprte selon son sens et son esprit oar;

Pre, plusieurs autres docteurs s'opposrent vivement sa doctrine. On disputait fortement de part et d'autre. Pendant ie temps de ces disputes, l'Eglise regardait encore les uns et les autres comme ses enfants, qui taient entre eux dans quelque contestation. Mais les deux partis ne pouvant s'accorder, ils en appelrent au jugement de l'Eglise. L'Eglise n'tait pas partie; mais c'tait elle de juger les sectateurs d'Arius et leurs adversaires, qui taient les deux parties qui plaidaient devant ce tribunal. L'Eglise, dis(Trente-six.)

D. Kvanq.XIV.

\\U
je, n'tait

DEMONSTRATION LVANGELIQUE. DORLNS


si elle l'et t,
il

H52

pas partie ; car faudrait dire aussi que l'Eglise de Jrusalem tablie sous l'autorit des aptres, tait juge et partie. Or l'Eglise dcide contre les ariens en faveur de leurs adversaires. Voil le jugement prononc, et l'arrt en dernier ressort. Tous ceux de part et d'autre qui se soumirent cet arrt furent regards comme <*e vritables enfants de l'Eglise et tous ceux qui refusrent de se soumettre cette dcision furent excommunis comme des
:

concile universel, publiant et criant partout qu'ils taient condamns injustement, et que les dcisions du concile taient manifeste ment contre la parole de Dieu qu'ainsi l'Ecriture seule devait tre le juge de toutes les controverses. Mais ne leur a-t-on pas dj dmontr cent et cent fois que c'tait de l'Ecriture sainte que naissaient toutes les difficults que la malignit des hommes avait
;

hrtiques. Voil une vritable image de ce qui s'est pass l'gard de Luther. Tandis que les docteurs luthriens disputaient contre les docteurs catholiques, l'Eglise regardait encore les uns et les autres comme ses enfants. L'Eglise n'tait donc que juge de ces diffrends. Elle prononce en faveur des uns convoil le procs vid et tertre les autres min. Tous ceux de part et d'autre qui se soumirent cet arrt fnrent regards comme de vritables fidles, et tous ceux qui refusrent de se soumettre ce jugement furent excommunis comme des hrtiques et par consquent il est trs-faux que l'Eglise, dans les controverses qui surviennent de temps en
;
:

pris occasion de l'Ecriture mme de former et de soutenir des hrsies ; que c'tait le Testament sur lequel on avait toujours plaid, et sur lequel on plaidait encore de part et d'autre; qu'il n'est point de secte qui ne

temps parmi
;

les

fidles, soit

juge

et partie.

prtende que le Testament est en sa faveur; et que par consquent il faut un autre juge qui dcide souverainement en faveur de quel parti est le Testament? L'Ecriture est juge, la vrit, mais un juge muet; car, quand il survient des difficults sur le sens d'un passage, l'Ecriture ne dit pas : 11 faut m'entendre dans ce sens et non pas dans celui-l. On a beau confronter passages avec passages pour en trouver la vritable intelligence, un autre qui confrontera les mmes passages y trouvera un sens tout oppos. Encore une fois, il faut donc un autre juge qui termine tout en dernier ressort, et ce juge, c'est l'E-

L'Eglise universelle n'excite jamais de controverses ce sont les particuliers, et c'est l'Eglise terminer ces diffrends. L'Eglise n'est donc que juge, mais juge souverain et infaillible tabli par Jsus-Christ. C'est ce qu'il nous dclare en termes exprs dans l'Evangile Si quelqu'un n'coute pas l'Eglise,
:

que Jsus-Christ a tablie pour dcider toutes les controverses qui natraient de l'Ecriture. Sans cela, on disputerait sur la mglise,

me
a

Ecriture jusqu'au jour du jugement, sans qu'on pt jamais savoir qui a raison ou qui
tort.

dit-il, regardez-le comme un paen et un publicain Si aulcm Ecclesiam non audicrit, sit tibi sicut ethnicus et publicanus (Mal th.,
:

XVII). Aussi

Seizime marque de fausset. C'est la dcadence et la ruine de toutes ces sectes. Rieu ne prouve mieux la fausset d'une religion que sa ruine, parce que la vritable religion de Dieu et la vraie Eglise de Jsus-Christ doit
subsister inbranlable, invariable et toujours visible jusqu' la fin des sicles. Il y a eu plus de deux cents sectes diffrentes depuis Jsus-Christ jusqu' Luther et Calvin, qui prtendaient toutes dtruire l'Eglise romaine, qui l'accusaient toutes d'erreur et de prvarication, qui se disaient toutes la vritable Eglise de Jsus-Christ. Ces sectes nanmoins il n'en reste sont presque toutes teintes plus de vestige que dans l'histoire, o l'on voit leur ruine, aussi bien que leur honte et leur opprobre ternel. Les dernires secte9 de Luther et de Calvin, depuis leur premire fureur, n'ont plus fait de progrs elles sont mme toujours alles en dcadence et ce n'est pas tre prophte tmraire que de leur prdire leur chute et leur ruine, qui arrivera infailliblement un jour, comme elle est arrive aux sectes de leurs prdcesseurs, puisque, durant seize sicles, nous avons dj vu prir toutes ces diffrentes religions qui
:

je n'ai

jamais pu comprendre

la bi-

zarrerie de la demande que firent les luthriens, lorsqu'ils voulurent un concile pour pacifier les troubles; mais un concile, disaient-ils, qui ne dcidt rien que selon la pure parole de Dieu. Cela veut dire qu'ils prtendaient encore tre eux-mmes les juges du concile, et qu'ils se rservaient le droit de juger si le concile avait bien jug selon la parole de Dieu. Et ainsi, quoique le concile dcidt, s'il n'avait pas dcid selon leurs opinions, ils auraient toujours eu le droit de dire que le concile n'avait pas dcid selon la parole de Dieu. Pourquoi donc en

appeler un juge qu'ils prtendaient encore juger? pourquoi recourir un juge dont ils voulaient encore tre les juges eux-mmes et pouvoir casser les arrts, s'ils ne leur taient pas favorables ? comme si le tribunal de l'Eglise universelle assemble n'avait t qu'un tribunal subalterne et infrieur, qui et t subordonn au leur, et dpendant de celui de Luther et de Calvin une si bizarre contradiction ne fait-elle pas piti? C'est pour
:

s'taient souleves contre l'Eglise romaine, pendant que l'glise romaine seule subsiste

cela que, ds que l'Eglise eut condamn leurs opinions, aussi bien que la doctrine de Luther et de Calvin, ils se rcrirent contre le concile de Trente, comme se rcrirent les ariens contee le concile de Nice ils s'la;

toujours, malgr la fureur de toutes les hrsies et les efforts de toutes les sectes nouvelles.

blireni

eux-mmes

les

juges souverains du

Or puisque l'Eglise romaine a elle seule toutes les marques visibles de la vritable religion, et que toutes les autres secles chrtiennes n'ont que des marques de fausset,

U33

MTHODE POUR DISCERNER LA VRAIE RELIGION.


,

au

de ces principes indubitables je tire quelques consquences qui sont videntes. Premire consquence. On est oblig de
croire que l'Eglise romaine est la vraie religion que Dieu a rvle aux hommes, la vraie Eglise que Jsus-Christ a fonde sur la terre. Qu'est-ce que Dieu pourra me reprocher son jugement, quand je lui dirai Seigneur, j'ai suivi la religion o j'ai vu plus de marques de vrit et de vraie religion, et j'ai dtest toutes les autres o je n'ai trouv que des marques de fausset et d'erreur. Si
:

brass cette nouvelle religion, parce que sous prtexte de rforme elle retranchait les mortifications, les abstinences, la confession, les pnitences tu l'as donc suivie, parce
;

qu'elle favorisait ta sensualit, et qu'elle te rendait indpendant de toute juridiction? Mais n'est-ce pas cela mme qui fait le sujet de la plus grande condamnation ?

Seconde consquence. Puisque l'Eglise romaine est la vraie Eglise de Jsus-Christ, elle est par consquent infaillible dans ses dcisions et elle ne peut pas errer en ma;

romaine tait fausse, pourquoi donc, mon Dieu, l'avez-vous revtue de tant de marques de vrit si visibles, si clacette religion

tire

de

foi

car

si

Jsus-Christ a fond une

tantes, de tant de motifs de crdibilit si puissants, si convaincants ; de tant de caractres de divinit si incontestables, si dcisifs? Pourquoi, si ds le quatrime sicle l'Eglise romaine tait tombe dans l'erreur, pourquoi l'avez-vous soutenue, l'espace de tant de sicles, contre tant d'attaques si frquentes, si

Eglise, comme les hrtiques en conviennent aussi bien que nous, il faut qu'il l'ait rendue infaillible sans cela il l'aurait tablie sur des
:

fondements ruineux.

formidables? Pourquoi l'avez-vous toujours favorise de votre protection, pendant que vous avez laiss tomber toutes les autres sectes chrtiennes, qui l'attaquaient de toutes leurs forces et qui l'accusaient d'erreur? ne deviez-vous pas aussi craser cette Eglise, si ce n'tait pas la vtre? Et cependant c'est la seule que vous avez soutenue sans aucune interruption, et que vous soutenez encore avec tant d'clat par tout l'univers. C'est cette seule Eglise que vous avez rendue perptuelle, inbranlable, immobile, ternelle. Si une religion si admirable, si prodigieuse, et la seule si visiblement protge du Ciel tait fausse, ce serait donc vous, mon Dieu, qui m'auriez tromp, qui m'auriez tendu un pige, qui m'auriez fait tomber dans l'erreur.

On voit cela videmment car lorsqu'il survient des controverses parmi les fidles, qui dciderait les difficults, si l'Eglise mme de Jsus-Christ tait sujette l'erreur; qui les dciderait, dis-je? Serait-ce l'Ecriture? mais n'est-ce pas de l'Ecriture comme je l'ai dj dit, et comme on ne peut assez le rpter, n'est-ce pas de l'Ecriture que naissent toutes les difficults? n'est-ce pas de
: ,

l'Ecriture mal explique que toutes les hrsies ont pris naissance? n'est-ce pas de l'Ecriture mal entendue que s'est rpandue dans le monde cette affreuse confusion d'opinions diffrentes, de sentiments bizarres, de contrarits pitoyables, de mille et mille

Au contraire, qu'est-ce qu'un homme pourra rpondre, quand Dieu lui dira Pourquoi t'es-lu spar de l'ancienne religion, que tu voyais toujours subsistante, toujours triomphante, o tu trouvais tant de motifs
:

de crdibilit, tant de caractres de divinit, tant de marques de ma protection, pour suivre une nouvelle religion, o tu ne voyais que dissensions, que sditions, que guerres,

que variations, que contrarits, que contradictions, et tant de marques de lausset; o tu voyais une si grande confusion de sectes

o ceux de

diffrentes, toutes sorties d'une seule, et la mme secte ne s'accordaieut pas, et se divisaient en plusieurs autres? Cet homme pourra-t-il s'excuser sur ce que ces rformateurs lui faisaient voir la vrit dans l'Ecriture ? Mais Dieu ne lui rpond ra-l-il pas Par cette raison tu devais donc aussi embrasser toutes les autres sectes , puisqu'elles taient toutes galement fondes sur l'Ecriture; ou plutt, tu devais aussi l'riger
:

toi-mme
secte,
et te

en

patriarche

d'une

nouvelle

une religion ta mode, puisque tu avais pour cela autant de droit que les rformateurs que tu as suivis? Et tu as mieux aim couter des novateurs qui n'avaient nulle autorit que d'couter l'Efaire
,

glise universelle, qui

ment depuis

les

subsistait invariableaptres? Tu as donc em-

contradictions extravagantes? Si Jsus-Christ n'avait pas tabli dans son Eglise un juge vivant, parlant, infaillible, c'est--dire qui ft inspir du Saint-Esprit, qui dcidt infailliblement sur toutes les contestations, et qui nous dclart de la part de Dieu Voil ce qui est une vrit de foi et voil ce qui est une erreur: c'est en ce sens qu'il faut entendre ce passage de l'Ecriture, et non pas en celui-l; nous serions toujours Huilants dans nos doutes et nous ne ferions, pour ainsi dire, que roulerd'opinions en opinions. Il n'y aurait point de religion sre dans le monde; les uns en prendraient une au hasard; les autres en choisiraient une selon leur caprice tout le monde en forgerait une selon ses inclinations. Pour prvenir de si grands dsordres, pour rendre la vritable religion ferme, et l'Eglise invariable, pour conserver le dpt de la foi dans toute sa puret, il tait ncessaire encore une fois que Dieu tablt un juge vivant , parlant et infaillible, qui dcidt infailliblement et en dernier ressort de toutes les controverses et de toutes les difficults qui natraient parmi les fidles jusqu' la consommation des sicles. Quel horrible dsordre serait-ce dans le monde civil, s'il n'y avait point de juge qui et le pouvoir et l'autorit de pacifier les querelles et de terminer les procs? Les plus puissants l'emporteraient de vive fonce. Ou bien, s'il n'y avait dans le monde que des volumes de lois et d'ordonii;:nees et. qu'il n'y et point de juge tabli par le souverain, pour expliquer ces lois, chacun prtendrait que la loi est en sa faveur ; chacun l'expliquerait selon ses intrts et alors l'injustice
:

, ,

4i3

DEMONSTRATION EVANGELIQUE. DORLEANS.


et

nr.

et l'iniquit l'emporteraient sur la vrit

la justice.

De mme,

si

Dieu n'avait

tabli

un

tribunal pour prononcer infailliblement sur les matires de la foi, la religion ne serait plus qu'une confusion de sentiments captieux, et et chacun se ferait une religion opposs sa mode, comme l'ont fait de tout temps les si Jsus-Christ s'tait novateurs. Ou bien content de nous donner un grand nombre de lois dans l'Evangile, et qu'il n'et point tabli de juge dans l'Eglise pour expliquer ces lois et cette Ecriture, chacun interprterait cette Ecriture et cet Evangile en sa faveur, et selon le plan qu'il se serait form de sa secte, comme l'ont toujours pratiqu tous les hrtiques. Et ainsi Dieu aurait livr l'Ecriture et la religion tous les caprices, toutes les bizarreries toutes les opinions il vagues et errones de l'esprit humain l'aurait abandonne, l'orgueil, aux enttements aux emportements et toutes les passions des hommes. Il est certain d'ailleurs que beaucoup de Bibles ont t falsifies. Il fallait donc un juge assist du Saint-Esprit qui dtermint non-seulement quelle tait la vritable Ecriture , mais encore quel tait le vrai sens de cette Ecriture et quelles sont les rgles de
; ,
, :

qui les ont crits. La seconde est, que nous soyons srs de la fidlit des copies et des versions qu'on en a faites. La troisime est que nous soyons galement srs du sens qu'on doit donner aux textes de ces livres. Il faut dire proportion la mme chose de la parole de Dieu non crite ou des traditions divines et apostoliques. Pour ce qui regarde le nombre et la canonicit des livres divins il est certain qu'il s'est trouv des livres qui avaient quel, ,

inspirs ces

hommes

que ressemblance avec

les

livres

saints
,

l'Evangile selon saint Thomas et l'Evangile selon saint Barthlemi , et qui ont

comme

cependant t rejels comme apocryphes. Et mme parmi les livres saints communment reus, il s'est trouv des hommes qui en ont rejet certains comme apocryphes que les autres recevaient comme canoniques. Pour ce qui regarde les versions qui ont t faites de la Bible, il est sans doute qu'en beaucoup d'endroits il y en a qui sont contraires les unes aux autres. Enfin pour ce qui est de l'interprtation et du sens des textes, quelle affreuse varit! Il faut donc que nous ayons
,

une rgle claire, infaillible, universelle, qui nous rende srs et certains du nombre et de
l'autorit des livres divins, de la fidlit des versions et du vrai sens des textes. Le Fils de Dieu nous prescrit cette rgle dans l'E-

la vraie foi c'est ce que je vais le reste de cet ouvrage.


;

montrer dans

QUATRIME VRIT OU SUITE DES V,

vangile,
l'Eglise

quand
:

il

nous

dit

Adressez-vous
Si
,

RITS PRCDENTES.
Les rgles de
Si,

Die Ecclcsi.

Voil l'oracle.
:

la vraie foi.

quelqu'un n'coute pas l'Eglise ajoute-t-il regardez-le comme un paen Si autan Ecclesiam non audierit {Matth., XVIII, 17).
,

outre la loi naturelle, Dieu a rvl une autre loi, qui n'est autre que la loi chrtienne, c'est--dire la religion catholique, apostolique et romaine, la seule vritable de toutes celles qui prennent le nom de chrtiennes, >elle doit avoirdesrglesdesa foi. Pour les expliquer et les tablir contre les hrtiques qui nous les disputent ou toutes, ou en partie, distinguons d'abord la foi divine d'avec la foi hu-

sit

tibi sicut

ethnicus

ARTICLE PREMIER.

De

I.

la parole de
la

Dieu crite
sainte.

et

non

crite.

De

parole de Dieu crite,

ou de l'Eerilure

maine.

La parole de Dieu srement et infailliblement bien explique, n'est point la parole de


Dieu explique par chaque particulier
voici les preuves.
:

La
non

foi

la parole des

qui est

humaine est celle qui est fonde sur hommes. La foi divine est celle fonde sur la parole de Dieu, crite ou
ou sur la apostolique. Or il faut que

en

crite, c'est--dire sur l'Ecriture

tradition divine et la rgle soit, 1 claire; 2 infaillible,; 3 universelle. Qu'elle soit claire, car si elle tait obscure, elle serait inutile; bien loin de terminer les difficults, elle en ferait natre de nouvelles si les dcisions taient obscures notre foi serait toujours chancelante. Qu'elle soit infaillible, qu'elle ne puisse pas errer , sans cela elle pourrait nous tromper. Enfin qu'elle soit universelle, c'est--dire qu'elle soit infaillible sur toutes les vrits rvles, sans cela elle ne pourrait pas terminer toutes les contestations. La parole de Dieu explique de la sorte d'une manire claire, infaillible, universelle, est la rgle de la foi divine qui est absolument ncessaire pour nous instruire srement de trois choses , sans lesquelles la foi divine ne peut pas subsister. La premire est, de l'autorit et du nombre de livres, o l'on prtend que Dieu a pari, cl qu'il les a
: ,

La premire, qu'il faudrait pour cela que chaque particulier ft infaillible. Or il est vident que si chaque particulier avait le don
d'infaillibilit,
il n'y aurait jamais eu de dissensions parmi les fidles, ni sur le nombre et la canonicit des livres saints, ni sur la diffrence des versions ni sur le sens des textes tous, inspirs du Saint-Esprit, auraient tenu le mme langage. Les aptres, qui taient tous inspirs du Saint-Esprit, ont tous dit et enseign les mmes choses et ne se sont jamais contredits. Il faut donc chercher ailleurs celte infaillibilit; elle ne peut tre que dans l'Eglise, il n'y a point de milieu. Dieu a voulu conduire les hommes par d'autres hommes, pour humilier l'orgueil de de notre esprit et confondre l'homme charnel. L'orgueilleux se persuaderait aisment qu'il n'a besoin que de ses propres lumires. L'homme charnel interprterait les Ecritures selon le got de ses passions. Jsus-Christ ayant terrass saint Paul sur la route de Damas, pouvait bien l'instruire lui-mme; ce, :

1157

MTHODE POUR DISCERNER LA VRAIE RELIGION.


foi

1138

pendant il l'envoya Ananie pour apprendre le lui ses volonts. L'ange qui parlait Corneille pouvait aussi l'instruire par lui-mme, cependant il l'adressa saint Pierre. Le Sauveur s'est dclar lui-mme sur ce point

n'est

qu'une

foi

purement humaine

de uniquement sur ces hommes ignorants qui les ont sduits.

fonfourbes ou
,

section
Diffrends sur
le

m.

Quiconque n'coute pas rprouv comme un paen Quiconque mprise les pasteurs de et que Qui vos son Eglise le mprise lui-mme

quand

il

dit

sens des textes.

l'Eglise, qu'il soit


:

me spernit; et que Ceux qui les coutent, l'coutent lui-mme Qui vos audit, me audit (Luc, X, 16). Est-il rien de plus
spernit
,
:

dcisif?

La seconde preuve, que les particuliers ne peuvent pas srement et infailliblement interprter la parole de Dieu se tire des diffrends qu'on a vus natre entre les protestants
,

et entre tous les hrtiques, et sur le nombre des livres saints, et sur la diversit des versions, et sur le sens des textes.

SECTION PREMIRE.
Les diffrends sur
la divinit

des livres

saints.

de saint Jacques; les centuriateurs de Magdebourg prtendent mme y trouver des erreurs; Kemnilins, un des plus ardents disciples de Luther, rejette aussi l'Eptre de saint Jacques, la seconde de saint Pierre, la seconde et la troisime de saint Jean. Luther soutient que l'Apocalypse est apocryphe Calvin soutient le contraire. Cette persuasion intrieure est donc sujette l'erreur; et ainsi les protestants ne peuvent avoir qu'une foi douteuse et ambigu sur le nombre des livres saints.
rejette l'Eptre
;

Luther

C'est en ce point que se trouve encore un plus grand chaos de contradictions. J'ai dj fait voir que les hrtiques ne s'accordaient point sur le sens des textes. Sur ce passage : Ceci est mon corps (Mutth. XXVI, 16), remarqu plus de soixanle explications ditttf* rentes. Luther l'a interprt de la ralit, mais le pain y subsistant toujours. Zwingle, au contraire soutient que ces paroles ne doivent s'entendre que de la simple figure du corps du Sauveur. Calvin a prtendu, ce semble concilier ces deux interprtations , et on ne sait picismeut ce qu'il a voulu dire, quand il a dit que le corps de JsusChrist tait rellement dans l'eucharistie mais seulement par la foi. La foi des protestants ne peut donc tre que douteuse flottante, sans savoir quoi s'en tenir. El cependant tous ces clbres rformateurs, Luther Zwingle, Calvin, Bze, Carlostad
,

disciple de Luther, chef des anabaptistes Mlanehthon et une infinit d'autres en aposasiant de l'Eglise romaine se vantaient tous d'avoir une parfaite intelligence de l'Ecriture et bientt aprs ils se sont diviss en autant de sectes diffren-

OEcolampade, Muntzer,
et
, ,

tes. Cette affreuse diversit d'interprtations

SECTION

II.

Diffrends scr les versions.

Luther fit une version de l'Ecriture en langue vulgaire; mais Zwingle, aprs l'avoir examine, publia qu'elle corrompait la parole de Dieu. Les luthriens dirent la mme chose de la version de Zwingle. OEcolampade
thologiens de Ble firent une autre version; mais si nous en croyons le fameux Bze, elle est impie en plusieurs endroits. Ceux de Ble dirent la mme chose de la version de Bze. Castalion, fameux protestant , soutient hautement qu'il faudrait i\n volume entier pour corriger les erreurs qui sont dans la version de Bze. En effet, ajoute du Moulin fameux ministre, il y change; le texte de l'Ecriture, et parlant de la version de Calvin il dit que Calvin fait violence la lettre vanglique, qu'il la transpose et qu'il y ajoute du sien. Les ministres de Genve se crurent obligs de faire une version exacte; cependant Jacques 1 er roi d'Angleterre, dclara, dans le colloque d'Antoncour, que de toutes les versions elle tait la plus mchante et la plus infidle. Quelle ide peuvent donc se former les protestants de. ces prtendus rformateurs, qui corrompent si visiblement la parole de Dieu, qui en allrent le sens, qui y ajoutent du leur, qui entremlent leurs erreurs parmi les vrits rvles de Dieu? Leur foi ne peut donc tre que fort douteuse par rapport ces diffrentes versions, et leur
et les
,
,

souvent sur le mme passage, n'est-ell* pas une dmonstration vidente que c'tait un esprit de vertige et d'erreur qui les possdait, et non pas l'esprit de Dieu qui est partout uniforme et que, par consquent, les protestants, ni tous ceux qui ne se soumettent pas aux dcisions de l'Eglise, ne sont jamais srs de rien, ni du nombre des livres saints, ni de la fidlit des versions, ni du
et
,

vrai

sens des
foi

qu'une
forme,

textes, et que leur purement humaine?

foi

n'est

cette prtendue rnovateurs se scandalisaient de ca que la foi seule ne suffisait pas sans les uvres; ils allguaient les passages de l'Eptre de saint Jacques, qui dit expressment que ia foi sans les amvres est une foi morte (11,26). Luther, pour se tirer de cet embarras commena par rejeter l'Eptre de saint Jacques, et pour avoir un passage de l'Ecriture qui favorist son erreur, dans sa version allemande, il corrompit ce passage de saint Paul aux Romains, o cet aptre dit -.Nous croyons que Vhomme est justifi par la foi, sans les uvres de la loi ( 111, 28 ). Luther, dans sa version dit que la seule foi justifie, quoique ce mot seule ne soit ni dans le texte latin , ni dans le grec. C'est ainsi que ton- les anciens hrsiarques ont tch de fonder leurs fausses religions sur l'Ecriture, ou falsifie, ou interles

Au commencement de

prte

selon leurs
le

caprices.
n'tait

prouver que
citait ce

Verbe
:

passage Mon que moi [Jean, XIV, 28),

Arius, pour qu'une crature, Pre est plus grand


et cet

autre passaga

U39
de saint

DEMONSTRATION EVANGLLIQUE. DORLEANS.


:

1U0

mme
c'est

Jstis-Christ Paul qui dit que pour nous (Eptre aux Rom.) ce n'est pas le Crateur qui prie, ajoutait Arius,

les enfants

prie
la

crature.

Fils de

Dieu ne

s'tait

Mans soutenait que le pas fait homme, qu'il


:

n'en avait pris que la figure, fond sur ce passage de saint Paul Que Jsus-Christ s'est ananti lui-mme, prenant la figure d'un psclave {Ep.aux Philip. II, 7). Apollinaire s'est imagin que le Verbe en s'incarnant avait pris un corps comme le ntre ; mais que dans ce corps il n'y avait point dame, fond sur ces paroles prises la lettre Le Verbe s'est fait chair (Jean, I, lk). Ebion voulait que saint Josepn ft le pre de Jsus-Christ, fond sur ce que la sainte Vierge dit Jsus, lorsVoil qu'elle l'eut trouv dans le temple que votre pre et moi nous vous cherchions (Luc, II, 48). Helvidius ne voulait pas que Marie ft vierge, fond sur ces paroles: Voil votre mre et vos frres dehors qui vous cherchent (Marc, III, 32). Pelage niait le pch originel, fond sur ces paroles du prophte Que le fils ne portera pas l'iniquit du pre (Ezch., XVIII 20 ). Nestorius ne voulait pas qu'on appelt Marie Mre de Dieu, sur ce que l'Evangile ne l'appelle que Mre de Jsus. Tous les protestants regardent avec nous tous ces gens-l comme de monstrueux hrsiarques; mais aussi tout cela leur fait voir combien ces interprtations particulires , et ces persuasions intrieures sont sujettes une infinit d'erreurs. Les protestants ne doivent donc pas se laisser surprendre ces pompeuses protestations que font Luther, Calvin Zwingle et tous les autres de ne s'attacher qu' l'Ecriture , qu' la pure parole de Dieu. Ces protestations leur sont communes avec tous les anciens hrsiarques. D'ailleurs ces protestations ne sont qu'un leurre pour imposer aux peuples, puisqu'en faisant profession de ne suivre que la pure parole de Dieu ils se sont tous contredits sans pouvoir jamais
:

ne sont pas capables de ces enseignements. Henri VIII, roi d'Angleterre, fit un schisme en conservant nanmoins l'piscopat , et la forme extrieure de l'Eglise et tous ses autres dogmes. Quelque temps aprs les sacramentaires, qui se glissrent en Angleterre sous le nom de puritains, voulaient
,

s'accorder. Luther tenait la ralit dans l'eucharistie Zwingle n'y trouvait qu'une simple figure. Calvin au commencement tait de ce sentiment contre Luther, mais dans la suite il soutint que nous recevions le vrai corps de Jsus-Christ par la foi contre Zwingle quoique les calvinistes de nos jours soient tous devenus zwingliens. Servet avait aussi entrepris de dbiter ses erreurs en Espagne ; mais, craignant l'inquisition il se
, ,

sauva Genve auprs de Calvin qui il dit qu'il s'arrtait en beau chemin qu'il n'avait plus qu'un pas faire pour exterminer entirement l'idoltrie que ce pas consi, ,
;

nier la divinit de Jsus-Christ, parce que dans sapersonne on adorait une pure crature; c'est que Serve! tait arien. Thomas Muntzer et Nicolas Slork criaient partout qu'on
stait

manquait au principe tous ceux qui avaient


: ,

qu'il fallait rebaptiser t baptiss dans l'en-

abolir l'piscopat comme un antichristianisme. Le parti des indpendants ne voulait ni les puritains, ni les piscopaux. Qu'avonsnous faire de tous ces gens-i, disaientils ? le Sauveur ne dit-il pas dans l'Evangile L o il y a deux ou trois personnes assembles en mon nom je me trouve l au milieu d'elles (Matth., XVIII, 20)? Pourquoi sept ou huit personnes ne feront- elles pas une Eglise aussi bien gouverne, que si elle huit mille? le tait compose de sept ou Saint-Esprit ne souffle-t-il pas o il veut ? Et si sept ou huit personnes suffisent pour former une Eglise, pourquoi un moindre nombre ne suffira-t-il pas galement ? Aussi Johasen anglais, avait dans sa maison Amsterdam une Eglise compose de quatre personnes et encore elle fut bientt divise et rduite deux car Johasen excommunia son pre et son frre , qui de leur ct l'excommunirent aussi lui-mme. Un historien calviniste assure que ;dans une seule paroisse de Londres on avait dcouvert jusqu' onze sectes diffrentes, que dans i'Angleterre il se trouvait plus de soixante sectes toutes opposes les unes aux autres ou , pour mieux dire, il y a parmi les protestants autant de religions que de ttes, parce que chacun interprte l'Ecriture comme il iui plat, selon son esprit particulier, selon son got et ses passions. On se souvient encore en Allemagne de la terrible guerre qu'excitrent les paysans qui soutenaient que tous comme les biens devaient tre communs dans la primitive Eglise. Enfin on a vu natre de la seule secte de Luther plus de cent religions diffrentes, ou plutt un si grand nombre, qu'elles sont innombrables , et chacune toujours fonde sur quelque passage de l'Ecriture mal expliqu. Voil l'affreuse confusion de religions et de sectes que produit cette licencieuse libert d'interprter selon son esprit particulier, et de s'en tenir sa persuasion intrieure. Troisime preuve. Cette persuasion intrieure n'est pas capable de tranquilliser la conscience d'un homme sage car pour se calmer sur ce point, il faudrait qu'il se c t lui seul plus infaillible que l'Eglise universelle , ce qui srail une grande folie et cependant il faut bien qu'il en soit persuad, puisqu'il prend sa persuasion intrieure pour la rgle de la foi ; mais tous les autres hrsiarques disent que c'est la leur qui est infaillible, et que toutes les autres interprtations sont fausses. Et voil toujours une foi
:
,

fance; fonds sur ce que Jsus Christ dit ses aptres Allez enseignez toutes les nales baptisant (Mat th. , XXVIII, 19). donc, ajoutent ces deux hrsiarques, les enseigner avant que de les baptiser, et

douteuse qui n'est sre de rien. Outre que , pour parvenir cet tat de tranquillit , il
faudrait examiner toutes les controverses tous les points de foi, tout ce qui a jamais t dcid dans tous les conciles , et s'tablir

tions

Il faut

1141

METHODE POUR DISCERNEE LA VRAIE

RELIGION.

ilf

ensuite le juge de tout l'univers. Mais qui ne voit que tout cela est impossible et chimrique ? ce qui forme une preuve vidente qu'il faut un juge infaillible, qui dcide souverainement ; sans cela les controverses seraient icrnclles et ne finiraient jamais. La vraie Eglise reu de Dieu le don d'infaillibilit pour dcider srement quel est le vrai sens des textes de l'Ecriture, quel est le canon des livres saints et quelle est la fidle version et le vrai sens. Ainsi les catholiques ne sont point agits de ces doutes et de ces incertitudes; leur foi est ferme et indubitable parce qu'ils se soumettent aux dcisions de la vritable Eglise, bien convaincus que la vraie Eglise ne peut pas errer en vertu des promesses de Jsus-Christ. Les catholiques sont galement srs de leur foi pour ce qui regarde les traditions divines et apostoliques quand il faut les discerner des traditions fausses et purement humaines.
, ,

livre divin, et que c'est la parole de Dieu , est une foi divine, et, selon les protestants,
le

fondement de tous

les

autres points de

foi.

C'est pour cela que l'Eglise romaine et universelle a toujours reconnu une parole

II.

Del parole de Dieu


le

uon crite et de

la tradition.

chrtien il y a une vraie foi, c'est--dire une foi divine, fonde sur la parole de Dieu contenue dans les deux testaments ; mais il y a aussi une parole de Dieu non crite , et qu'on appelle tradition divine et apostolique, ou simplement tradition. De quelque manire que Dieu s'explique, il a toujours la mme autorit. Avant Mose il n'y avait point de parole de Dieu crite. Pendant plus de deux mille ans les vritables fidles ne se sont conservs dans la vraie religion que par les seules traditions. Les aptres mmes ont prch l'Evangile avant qu'il

Dans

monde

de Dieu non crite. On voit, dit saint Chrysostome. par le passage de saint Paul dans que les l'Eptre II aux Thessaloniciens Aptres nous ont enseign plusieurs choses qui ne sont pas dans l'Ecriture et que nous ne sommes pas moins obligs de croire : Hinc palet quod non omnia per Epistohim tradita sunt ; et multa alia etiam sine lilteris ; eadem fide tam isla quam Ma, digna sunt {Chnjs. Or. IV). Tous les saints Pres et les saints docteurs ont tabli la doctrine des traditions. C'est par la doctrine des tradilions, dit Origne, que nous savons qu'il n'y a que quatre Evangiles, et que nous croyons les autres livres canoniques. Saint Augustin proteste hautement qu'il ne croirait pas l'Evangile sans Ego vero Evangelio l'autorit de l'Eglise non crederem, nisi Ecclesice cathoiic me commoveret auctoritas (Epist. CLVII). C'est la tradition qui enseigne l'Eglise qu'il faut baptiser les petits enfants, et qu'il ne faut pas rebaptiser les hrtiques quand ils reviennent l'Eglise; qu'au lieu du sabbat
,
,

faut clbrer le dimanche. Le jene du carme est d'institution apostolique, dit saint Jrme (Epist. LIV, ad Marcellam). Les protestants croient aussi bien que les catholiques que dans Jsus-Christ il n'y a qu'une
il

Aussi saint Paul disait aux Thessaloniciens Mes frres, gardez les traditions que vous avez apprises, soit par nos discours, soit par nos lettres (II Thess., II, 14). Ce qu'il prchait de vive voix n'avait pas moins de
ft crit.
:

force,

moins d'autorit que ce

qu'il crivait

seule personne, qui est la divine, contre Nestorius , qui soutenait que dans ce divin Sauveur il y avait deux personnes; et nous croyons tous qu'il y a deux natures en JsusChrist, la divine et l'humaine, contre Eutychs qui n'en admettait qu'une. Ces deux articles de foi ne sont pas cependant clai,

et l'on ne peut nier qu'il n'y ait plusieurs choses qui ont t rvles , et qui ne sont pas dans l'Ecriture, lesquelles on a t cependant oblig de croire: par exemple, que quatre vangiles les que les quatorze Epilrcs de saint Paul que les trois de saint Jean, que son Apocalypse, que tous ces livres, dis-je, ont t inspirs du Saint-Esprit. Les catholiques et les protestants sont d'accord sur ce point. Or si les protestants le croient d'une foi divine, il faut que Dieu ait rvl que tous ces livres sont divins. Ldessus je demande aux protestants o se trouve cette rvlation ? Il est constant qu'elle ne se trouve pas dans l'Ecriture: il n'y a aucun endroit dans toute la Bible o l'on fasse le dnombrement des livres saints. On en a rejet plusieurs qui portaient les
, ,
:

rement exprims dans l'Evangile nous les croyons sur les dcisions des conciles, qui
,

avaient appris de la tradition apostolique, c'est--dire de la parole de Dieu transmise aux aptres et par les aptres l'Eglise. Saint Paul commande expressment aux Thes saloniciens, dans l'endroit que j'ai dj cit, d'observer les traditions il le leur commande encore dans le chapitre troisime de la mme Eplre Nous vous ordonnons, mes frres, au nom de Jsus-Christ, de vous sparer d'entre ceux de nos frres qui se conduisent d'une manire drgle, et non selon la tradition
les
; :

mmes titres, l'Evangile selon saint Thomas, l'Evangile selon saint Barthlemi. Si cette rvlation du nombre des livres saints ne se trouve pas dans l'Ecriture, comme elle ne s'y trouve certainement pas, il faut de toute ncessit reconnatre une parole de Dieu non crite, qui est la tradition, puisque cette rvlation, sur laquelle est fonde la foi par laquelle nous croyons que la Bible est un

Le mme aptre, crivant Timothc (II Tim., III, 10 et 14), ne lui dil-il pas, qu'tant bien instruit de la doctrine qu'il lui a enseigne, de sa conduite, de ses desseins, de sa foi, de sa charit, etc., et il s'en tienne ce qu'il a appris de lui ce qui lui a t confi? Saint Paul ne lui dit pas la doctrine qu'il lui a donne par crit, mais qu'il lui a apprise et confie, c'est--dire de vive voix et par tradition. De tout cela, qui est incontestable, je lire quelques consquences. La premire, est que, puisque les protestants rejellent les traditions de l'Eglise, il
qu'ils ont reue, de nous.
,

143

DEMONSTRATION EVANGEL1QUE. DORLLANS.


le

ou
:

faut aussi qu'ils rprouvent tament, qui autorise ces traditions


;

Nouveau Tes-

prit, qui
les

comme

des sources pures qu'ils rprouvent mme toute la Bible, qui n'est venue que par tradition jusqu' nous de sicle en sicle. La religion par crit, ou la religion de vive voix, n'est-ce pas toujours la mme religion? et si la religion par tradition peut tre altre, ne le peut-elle pas tre galement par crit? Quand mme il n'y aurait point d'Ecriture, la vritable religion ne laisserait pas de subsister et de se perptuer, comme elle a subsist l'espace de deux mille ans, depuis Adam jusqu' Mose; et mme la vritable religion chrtienne a subsist, dans toute sa puret, l'espace de cent ans pour le moins, puisque le Nouveau Testament n'tait pas encore crit, ni cette Ecriture rpandue partout o il y avait des fidles. La seconde consquence, que je tire de ce que je viens de dmontrer de la parole de Dieu crite et non crite est qu'il faut de toute ncessit que Dieu ait tabli un juge de sa parole pour terminer les difficults qui pourraient survenir, et touchant le nombre des livres saints et par rapport la fidlit des versions, et par rapport au sens des textes; et il faut que ce juge soit vivant, parlant, perptuel et infaillible, inspir ou dirig par le Saint-Esprit, pour nous rendre certains de ces trois choses du nombre et de la canonicit des livres saints, et de la fidlit de leurs versions , et du sens des textes, puisque, comme je viens de le dmontrer, les protestants ne se sont jamais accords sur ces trois points. Chacun rejetait du nombre des livres saints ceux qu'il croyait opposs sa secte, chacun falsifiait les passages qui combattaient sa secte enfin chacun interprtait les passages selon les intrts de sa secte et tous prtendaient fonder leur secte sur l'Ecriture explique selon leur sens. Il faut donc encore une fois de toute ncessit Un juge infaillible qui dcide souverainement et infailliblement de tous ces points, qui termine irrvocablement toutes les controverses.
, , ,
, :

pronont infailliblement sur toutes controverses et qui dcidt srement


:

Voil ce qui est une vrit de foi, et voil ce qui est une erreur voil en quel sens so doit entendre ce passage de l'Ecriture , et non pas en celui-l sans cela, dis-je, nous serions toujours flottants dans le doute et l'incertitude, toujours errants d'opinions en opinions; il n'y aurait point de religion sre les uns' en prendraient une au hasard, les autres une selon leurs intrts, ou qui serait la mode; ceux-ci selon leur caprice ceux l selon leurs passions et tous sans jamais tre srs de rien. C'est donc pour prvenir de si horribles dsordres, et pour rendre la religion ferme, l'Eglise invariable, et la foi des chrtiens inbranlable, et pour conserver le dpt de la foi dans toute sa puret et son intgrit jusqu' la fin des sicles , qu'il tait absolument ncessaire que Dieu tablt un juge infaillible, perptuel, et qui ne pt pas errer dans les matires de la foi. Quels affreux dsordres ne verrait-on pas dans un royaume de la terre s'il n'y avait point de juge qui et l'autorit d'apaiser les querelles et les dissensions de terminer les procs; ou bien s'il n'y avait dans ce royaume que des volumes de lois et d'ordonnances chacun prtendrait que la loi serait en sa faveur, et l'interprterait selon ses intrts les plus puissants opprimeraient les faibles l'injustice la violence prvaudraient sur la justice et l'quit en un mol, tout y serait dans une horrible confusion. De mme, si Dieu n'avait pas tabli un juge pour dcider souverainement en matire de religion les points de foi la religion chrtienne ne serait plus qu'une confusion de sentiments captieux, opposs et contradictoires comme on l'a vu en tout temps dans les novateurs qui n'ont pas voulu se soumettre aux dci:
:

ARTICLE

II.

Du

juge de

la foi, outre l'Ecriture.

I. Ncessit

de ce juge.

Les protestants ne veulent point d'autre juge des diffrends en matire de religion, que
l'Ecriture, laquelle, disent-ils, doit tout terminer. Mais n'est-ce pas de l'Ecriture que naissent toutes les difficults? n'est-ce pas de cette Ecriture mal explique qae toutes les hrsies ont pris naissance ? n'est-ce pas de l'Ecriture mal entendue qu'est sortie cette affreuse confusion de sentiments impies, de schismes scandaleux, de contrarits pitoyables , de contradictions extravagantes, enfin ce chaos horrible d'hrsies innombrables?

On a beau confronter passages avec passages


la vrit, les adversaires confrontent les mmes passages, et y trouvent un sens tout oppos. Or si Jsus-Christ n'avait pas tabli un juge vivant, parlant, perptuel et infaillible, soutenu, inspir du Saint-Es-

pour trouver

sions du tribunal que Dieu a tabli ou bien, Jsus-Christ s'tait content de nous donner un grand nombre de lois et de nous rvler des mystres sublimes dans le Nouveau Testament, et qu'il n'et point tabli de juge pour expliquer srement et infailliblement ces lois et ces mystres chacun les interprterait selon le plan qu'il se serait form de sa secte, et c'est ce qu'ont toujours fait les hrtiques; et ainsi Jsus-Christ aurait livr son Evangile tout les caprices , tous les enttements et toutes les imaginations errones de l'esprit humain et surtout toutes les passions des hommes. Une seconde raison qui prouve la ncessit absolue d'un juge dirig par le Saint-Esprit, est que quantit de bibles ont t falsifies en plusieurs endroits les rabbins ont falsifi l'exemplaire hbreu surtout les prophties qui regardaient le Messie. Les saints Pres d'Orient se plaignent que les hrtiques de leurs temps avaient falsifi l'exemplaire grec. Les rformateurs des sicles passs, Luther et Calvin, comme je l'ai dmontr, ont falsifi l'exemplaire latin. Il n'est pas jusqu' la version du Nouveau Testament imprim Mous, qui n'ait t falsifie, et malignement tourne en plusieurs endroits. On a
;

si

11-15

MTHODE POUR DISCERNER LA VRAIE RELIGION.

1146

compos des volumes entiers pour en dmontrer les falsifications et les tours malins. Et depuis cette funeste version ne s'en est-il pas fait en France deux ou trois favorables aux derniers hrtiques, les jansnistes. C'est le grand artifice de tous les novateurs, qui sont ordinairement des esprits superbes et prsomptueux. Ils se font un point d'honneur de soutenir leurs opinions contre l'autorit la plus respectable, qui est celle de l'Eglise. On les voit obstins quand ils se sont une fois avancs mal propos, ils ne veulent pas qu'on dise dans le monde qu'ils se sont tromps; et, pour soutenir leurs erreurs, lorsqu'ils sont condamns, leur plus grande ressource dans cette extrmit est de faire des versions de l'Ecriture sainte et d'en corrompre les endroits qui condamnent trop visiblement leurs faux dogmes ensuite ils composent des petits livres en langage fleuri; ils ont soin qu'ils soient proprement relis et bien imprims le titre qu'ils leur donnent sert en imposer au peuple. Ce sont Notes sur l'Ecriture, Paraphrases sur les Evangiles, Analyse sur les Eptres de saint Paul, Rflexions morales sur chaque verset des Evangiles, comme s'ils prtendaient autoriser leurs notes, leurs paraphrases, leurs rflexions errones et hrtiques par l'autorit des livres saints. C'a t de tout temps le plus malin artifice des hrtiques. Luther, Calvin et leurs partisans remplirent d'abord loute l'Europe de ces sortes de livres, composs avec tout l'artifice et toute la malignit dont l'esprit humain sduit est capable, avec les litres les plus pompeux et les plus captieux, selon l'E:

toutes les controverses, ou plutt c'est l le seul point de controverse qu'il y a jamais eu entre les catholiques et les hrtiques ; et c'est parce qu'on n'a pas voulu et qu'on ne veut pas encore se soumettre aux dcisions de ce juge infaillible, qu'il y a eu et qu'il y a encore aujourd'hui tant d'hrsies. Toute la difficult consiste maintenant savoir quel est ce juge que Jsus-Christ a tabli pour terminer en dernier ressort toutes les controverses, et quelles en doiventtreles qualits.

II.

Quel e

ce juge et quelles qualits

il

doit avoir.

Quel

est ce
le

juge qui Jsus-Christ a comd'infaillibilit? Voici


la fin

muniqu

don

disputes, et o se rduisent toutes les contestations : voici ce qui rend ma foi ferme, certaine, inbranlable, et qui dissipe tous mes doutes, toutes mes inquitudes et toutes mes perplexits. Car suppos que ce juge est assist du Saint-Esprit, comme je le dmontrerai, et que je croie fermement qu'il ne peut pas errer dans les matires de foi, je n'ai plus qu' me soumettre ses dcisions, sans examiner si ce qu'il a dcid est bien ou mal. Eu effet, ce serait une grande folie et une grossire contradiction, de croire d'une part que ce juge ne peut pas errer, et de l'autre d'examiner ce qu'il a dcid, comme s'il pouvait errer ; outre que ce serait s'tablir le juge du juge mme. Or ce juge n'est pas l'Ecriture seule, puisqu'elle est le testament sur lequel on plaide, et qui fait le sujet de loules les disputes et de toutes les controverses, comme je l'ai dj
fait voir.

de toutes les

Ce juge

criture

et les

Pres, etc.,

et tout

cela

pour

ticulier

puisqu'ils

blouir les simples et les ignorants, les esprits faibles et surtout les femmes, naturelle-

comme

n'est pas aussi chaque parse contredisent tous ,

je l'ai dmontr videmment. Ce juge ne peut donc lre que l'Eglise, car il n'y a

ment curieuses,

et beaucoup plus celles qui veulent passer pour savantes et qui se piquent de bel esprit livres empoisonns que les partisans de l'erreur, avec leurs missaires, rpandaient partout , et qu'ils envoyaient mme par prsent aux frais de la bourse commune. Or il n'est pas concevable combien l'hrsie se rpandit et fit de progrs
:

point de milieu.

par celte manuvre infernale, combien ces livres pervertirent de catholiques. Ce n'tait
plus que disputes, que mauvaises chicanes, que dbats, que controverses la plus vile populace s'en mlait, les plus ignorants s'rigeaient on docteurs. Qui ne voit, aprs cela, qu'il faut de toute ncessit un juge infaillible qui, dans ces conjonctures et ces contestations, nous dclare Voil quelle csl la parole de Dieu et quel en est le vrai sens. Sans cela, encore une fois, il n'y aurait dans le inonde qu'une confusion de religions diffrentes, qu'une foi douteuse, incertaine. On disputerait sur l'Ecriture jusqu'la fin du monde, sans jamais savoir quoi s'en tenir, ni qui en croire; on roulerait en aveugles d'erreurs en erreurs. Si Jsus-Christ n'avait pas tabli un juge infaillible, il aurait fond son Eglise sur des fondements ruineux, il n'aurait pas suffisamment pourvu la conservation du dpt de la foi. D'o il est visible que c'est ce seul point que se rduisent
;
:

Mais puisque c'est l'Eglise qui est ce juge, Eglise laquelle Dieu a attach le don d'infaillibilit, il est ncessaire qu'elle ait certaines qualits ou prrogatives, non-seulement qui la distingues!, mais qui en assurent la foi. Ainsi il faut 1 qu'elle dure toujours, parce qu'il faut, dit saint Paul (I Cor. II, 19) qu'il y ait des hrsies ; il faut donc aussi toujours un oracle infaillible pour les connatre elles condamner. 2 11 faut que cette Eglise soit gouverne par le Saint-Esprit, sans cela nous ne serions srs de rien. 3 11 faut que ce soit pour toujours que le SaintEsprit la gouverne, car si ce n'tait que pour un temps , Dieu n'aurait pas suffisamment pourvu la conservation de la foi des fidles. k a II faut que le Saint-Esprit claire cette Eglise sur toutes les vrits rvles que nous devons croire, et sur la canonicit et le nombre des livres saints, et sur la fidlit des versions et sur le sens des textes, et sur les traditions, qui sont vraiment divines et apostoliques car si elle n'tait claire que sur quelques vrits, nous ne serions pas srs des autres. 5 Il faut que cette Eglise soit toujours visible, parce qu'une Eglise invisible ne peut pas enseigner, ni tre consulte. 6 Enfin il faut que cette Eglise soit ellemme convaincue qu'elle est assiste du
:

1U7
:

DEMONSTRATION EVANGELIQUE. DORLANS.


une Eglise
infaillible

1148

exige et Saint-Esprit suppose toutes ces prrogatives. Aussi JsusCiirist a eu grand soin qu'on marqut tous points dans l'Evangile. c

pas seulement cet Esprit-Saint pour les quatre premiers sicles, mais pour tous les sicles
:

Ut mancat vobiscum in ternum (Ib., XIV, 16)


et voil la perptuit de

III. Quelle esl l'Eglise a laquelle seule Dieu a communiqu le don d'infaillibilit.

celte infaillibilit. Jsus-Christ ajoute : Cet esprit de vrit vous enseignera toutes les vrits : Elle Spiritus veritalis docebil vos omnem veritatem. Voil

Parmi tant d'Eglises nommes chrtiennes


y a eu dans le monde depuis JsusChrist, el qu'il y a encore, ce n'est pas l'Eglise arienne , ni la nestoriennc, ni la plagienne, ni aucune de tous ces anciens hrtiques, que Dieu a donn l'infaillibilit, puisqu'elles sont toutes tombes en ruine, et
qu'il

vraie Eglise doit tre perptuelle jusfin des sicles. Ce n'est pas non plus ni ni calvinienne l'Eglise luthrienne zuinglienne, ni socinienne, ni anglicane, puisque toutes ces Eglises sont nouvelles qu'elles se sont toutes contredites et combattues les unes les autres, et que mme dans chacune de ces Eglises il y a eu tant de variations et de contradictions, et qu'elles n'ont que des marques de fausset. Ce don d'infaillibilit ne peut donc avoir t communiqu qu' la seule Eglise catholique, apostolique et romaine, puisqu'elle a elle seule toutes les marques de vrit tous les molifs de crdibilit, comme je Us ai dduits: et encore ce n'est pas chaque particulier de celte Eglise, parce que ce serait une confusion, un labyrinthe dont on ne pourrait sortir. C'est pour cela que Jsus-Christ, qui est la sagesse incarne, n'a attach ce don d'infaillibilit qu'aux seuls premiers pasteurs de j'appelle premiers pasteurs de l'El'Eglise glise, les vques, qui communiquentavec le souverain pontife, qui est le chef de l'Eglise universelle, le vicaire de Jsus-Christ sur la terre, et le centre de l'unit ecclsiastique. Je vais tablir solidement, et, comme jelespre, invinciblement cette vrit.

que

la

qu' la

universelle pour toutes les vremarquer que dans tous ces endroits Jsus-Christ ne parlait qu'aux seuls aptres, et dans leurs personnes, tous leurs successeurs qui sont les seuls vques et le pape, successeur de saint Pierre. Il fallait que Jsus-Christ et bien cur cet arlicle de notre crance pour dclarer et spcifier si prcisment tout ce qui peut y avoir du rapport et cela pour prtenir tous les doutes , toutes les chicanes toutes les contestations. Aussi c'est le point dcisif qui termine toutes les controverses. En effet, quand on croit fermement ce point de foi tout est fini; on n'a qu' se soumettre cet oracle infaillible, clair du Saint-Esprit, et qui ne peut errer en vertu des promesses de Jsus-Christ: on est sr de sa religion. Sans cela comme je l'ai dj dit, ce ne serait jamais qu'une confusion d'opinions diffrentes, qu'un chaos de religions diverses, forges selon le caprice,
l'infaillibilit

rits.

Or

il

faut

les

enttements

les

prventions

et les

pas-

sions des esprits brouillons. C'est pour cela que le Fils de Dieu n'a rien oubli pour inculquer profondment dans l'esprit des hommes cet article de noire foi. Il compare encore son Eglise une ville situe sur une haute montagne qui est vue de tout le
,

un flambeau mis sur le chandelier, qui rpand partout sa lumire. Voil la visibilit de celte Eglise infaillible et encore il dit ses aptres : Allez enseignez toutes
et
; ,

monde,

Premire preuve

que
,

les

premiers pas-

teurs sont les seuls qui aient toutes les quaque j'ai dduites cilits de juge infaillible dessus. 1 Jsus-Christ parlant saint Pierre, comme au souverain pontife de l'Eglise catholique, apostolique et romaine, lui dit Vous tes Pierre, et sur cette pierre je btirai mon Eglise, et les portes de l'enfer ne prvaudront point contre elle (Malth., XVI, 18). Voil la fermet inbranlable de cette infaillibilit contre toutes les puissances de la terre et de l'enfer et contre toutes les erreurs. Jsus-Christ, aprs avoir parl au peuple, appela ses aptres en particulier, el leur dit Allez, enseignez toutes les na eux seuls tions... et voil que je suis avec vous tous les iours, jusqu' la consommation des sicles (Matth., XXVIII, 19). Voil la dure perptuelle de cette infaillibilit et sans interruption, puisqu'il sera avec eux tous les jours. Jsus-Christ promet ses aptres le Saint:

nations, les baptisant, etc. (Mutin., XXVIII, On ne prche pas, on n'administre pas les sacrements dans une Eglise invisible. Et il leur ajoute Et voil que je suis avec vous tous les jours, jusqu' la fin des sicles, c'est-dire avec vous , prchant , enseignant, dcidant; et voil la visibilit perptuelle de l'Eglise et la perptuit de son infaillibilit pour tous les sicles. C'est encore pour cela que Jsus-Christ ordonne tous les fidles d'couter l'Eglise sous peine d'en tre retranchs comme des paens. C'est dans celle vue que saint Paul crivait Timothe, que l'Eglise tait l'appui et la colonne de la vrit Columna et firmamentum veritatis
les

20).

(I.

77m.,

Enn

III, 15). l'Eglise doit

elle-mme

tre persuadit

Esprit

l'Esprit de vrit pour gouverner infailliblement son Eglise, afin qu'il demeure
i :

dans l'Evanpour l'en convaincre; les aptres ont appris leurs successeurs comme ils devaient parler dans ces conjonctures 11 a sembl bon au SaintEsprit et nous Visum et.7 Spiritui Sancto et nobis (Act., V, 28). C'est pour cela que les aptres, quoique chacun et reu la plnide de son
infaillibilit. Elle voit

gile tout ce

que Jsus-Christ a

avec eux ternellement El ego rogabo Paet alium Paracletum dabit vobis, ut ir cm maneal vobiscum in ternum Spiritus veritalis (Jean, XIV, 16). Jsus-Christ ne promet
,

tude du Saint-Esprit, el que chacun en pari pu dcider cette fameuse question touchant l'observation de la loi de Mose; cependant, pour donner l'Eglise un modela de la conduite que devaient tenir les premiers
ticulier et

li!)
ils

METHODE POUR DISCERNER L\ VRAIE RELIGION.


corps de l'Eglise de Jsus-Christ
et

1150

voulurent s'assembler Jrusafiastenrs, pm pour dcider la question qui commenait diviser les fidles, et c'est ainsi qu'on en a us dans tous les sicles, lorsqu'il s'est lev des hrsies qui causaient de grands troubles et de grandes divisions dans l'Eglise.

avec eux, ont toujours t retranchs du


n'y ont

jamais t compris, parce qu'ils n'avaient point de chef, toujours regards avec raison comme des schismatiques ou des hrtiques. Le premier concile se tint Jrusalem,

que JsusChrist a promis le don d'infaillibilit aux seuls premiers pasteurs de son Eglise, c'est que s'ils taient sujets l'erreur quand ils dcident unis au saint-sige, il faudrait dire, ou que Jsus-Christ les aurait tromps en leur

La seconde

raison, qui prouve

promettant dans la personne des aptres ce grand don, ou qu'il ne l'aurait promis que pendant la vie des aptres, ou qu'il n'aurait pas eu le pouvoir d'accomplir sa promesse ; ce qui serait autant d'horribles blasphmes, car il leur avait promis plusieurs fois que son Eglise subsisterait jusqu' la fin des sicles. Les protestants avouent que la doctrine de l'Eglise catholique romaine tait dans sa puret durant les quatre premiers sicles mais que dans le cinquime elle tait tombe dans de grossires erreurs, mme dans l'idoltrie. Il faut donc aussi qu'ils disent que JsusChrist a t cet homme insens, dont il parle lui-mme dans l'Evangile, qui a bti sa maison sur le sable mouvant et que les temptes ont renverse; ainsi ce divin Sauveur n'aura pas mieux fond son Eglise, puisqu'elle est tombe en ruine et en dsolation; ou il se sera tromp et aura tromp saint Pierre, quand il lui disait Vous tes Pierre, et sur
;
:

compos des aptres; leur tte tait saint Pierre, le chef de l'Eglise universelle. Aprs qu'on eut examin la question qui regardait l'observance de la loi de Mose, saint Pierre, en qualit de souverain pontife, conclut ainsi: Il a sembl bon au Saint-Esprit et nous de ne vous charger de rien davantage que de ce qui est ncessaire (Act., XV, 28). Ce concile a t dans la suite le modle de tous les autres. Durant les premiers sicles de l'Eglise, il n'y eut point de concile gnral, cause des frquentes et violentes perscutions, quoique les hrtiques fussent en grand nombre ; mais ils taient condamns par le jugement des
vques et du pape. Au quatrime sicle, l'an 325, on assembla le premier concile de Nice, compos de trois cent dix-huit vques la tte desquels taient les lgats du pape saint Silvestre. Qu iques vques, avec les laques, qui ne se soumirent pas, furent excommunis comme
,

hrtiques.

mon Eglise, et les portes de l'enfer ne prvaudront pas contre elle (Mallh., VII, 26) ou il aura t contraint de la laisser tomber faute de pouvoir tout autant d'affreux blasphmes contre sa puissance et ses promesses. Ou bien il faut qu'ils soutiennent que Jsus-Christ ne faisait ces grandes promesses qu'aux seuls aptres
cette pierre je btirai
; :

Environ cinquante-cinq ans aprs, Macaprs donius vque de Constanlinople avoir dogmatis contre la divinit du SaintEsprit, fut condamn au premier concile de Constanlinople, compos d'vques qui communiquaient avec le saint-sige. Les ariens y furent condamns pour la seconde fois avec
,

les

anomens et d'autres hrtiques. Dans le cinquime sicle, Nestorius,


,

aussi

vque de Constanlinople soutenant que dans Jsus-Christ il y avait deux personnes,


l'humaine, et qu'ainsi la sainte pas mre de Dieu, fut condamn dans le concile d'Ephse, confirm par le pape. Dans le mme sicle, Eulychs. moine archimandrite Constanlinople, c'est-dire abb, donna dans une hrsie oppose, soutenant qu'il n'y avait qu'une seule il fut condamn nature dans Jsus-Christ dans le concile de Chalcdoine, sous le pape
la divine et

Vierge

n'tait

mais

je

dmontre

qu'il les faisait

galement
;

leurs successeurs aussi bien qu' eux car lorsque Jsus-Christ leur disait: Voil que je suis avec vous tous les jours jusqu' la fin des sicles (Mallh., XXI, 20), le Saint-Esprit de-

meurera ternellement avec vous; JsusChrist savait bien que les aptres ne vivraient pas jusqu' la fin du inonde il parlait donc aussi leurs successeurs et ainsi dire que l'Eglise que Jsus-Christ a fonde est tombe dans l'erreur, n'est pas seulement un grand blasphme, mais encore la plus
:

saint Lon.

Vers le milieu du sixime sicle, le second concile de Constanlinople condamna


les

erreurs d'Origne et les trois fameux chala fin

pitres.

Sur
liles

haute de toutes

car il faudrait dire, ou que le Sauveur n'a point fond d'Eglise, ce qui est videmment faux; ou que s'il en a fond une, il l'a rendue ferme, inbranlable, infaillible, sans que jamais aucune erreur en matire de foi pt prvaloir contre elle; et
les folies
;

furent

du septime sicle, les monothcondamns Constanlinople, sous


sicle,
le

le

pape Agathon. Vers la fin du huitime

clastes furent
cile

condamns dans

les iconosecond con-

de Nice, par Irois cent quatre-vingt-dix


le
le pape Adrien I". neuvime sicle on clbra un

vques, sous

nous voyons
puis
a
dijt-s'ept

celle

promesse accomplie de-

Dans

cents ans.
le

La troisime raison, qui prouve que Dieu

communiqu

don

d'infaillibilit

aux

seuls

premiers pasteurs de son Eglise, c'est--dire auxvques unis leur chef, qui est le pape, est que ce sont les seuls qui ont toujours <oi: damn toutes les hrsies et que tous ceux qui n'taient pas unis de mme crance

quatrime concile Constanlinople, contre l'intrusion du schismaliquc Photius, sous le pape Adrien IL Dans le douzime sicle on clbra le premier concile; de Lalran, au sujet de la collation des bnfices. Le second de Lalran fut contre Victor et Anaclel, antipapes; > les erreurs de Pierre de Bruis et d'Arnaud de

ilol

DEMONSTRATION EYANGELIQUE. DOKLEANS.


celui qui ne croit pas

1152
est dj jug et con18). D'ailleurs, puisque

Bresse, disciple de Pierre Abailard, furent condamnes l'an 1139. Au troisime concile de Lalran, les erreurs des vaudois et des albigeois furent condamnes , sous le pape

damn (Jean nous sommes

III,

Alexandre III. Le quatrime concile de Lalran se clbra sous le pape Innocent III , l'an 1215 compos de plus de quatre cents pres, o les erreurs des albigeois furent encore condamnes et foudroyes, o se fil ce clbre dcret contre Brenger et les premiers sacramentai,

certains que les premiers pasteurs unis au saint-sige ne peuvent errer dans la foi, et cela en vertu des promesses de Jsus-Christ, qui ne peut ni tromper, ni tre tromp, et qui a promis ces premiers pasteurs l'assistance du Saint-Esprit jusqu' la fin des sicles, cela ne doit-il pas dissiper tous nos doutes, toutes nos inquitudes, et

res.

Jsus-Christ le prtre et la victime, son corps et son sang sont vritablement contenus dan le sacrement de l'autel, sous les espces du pain et du vin le pain tant transsubstanci en son corps, et le vin en son sang. Personne ne peut faire ce sacrement, s'il n'a t ordonn prtre dans toutes les formes, en vertu des clefs de l'Eglise que Jsus-Christ a donnes ses aptres et leurs successeurs. Dans ce mme sicle se tint Lyon un concile sous le pape Innocent IV, au sujet de l'empereur Frdric o fut rsolue l'expdition de la Terre-Sainte, l'anne 1245. assembla un autre L'an 1274, Grgoire concile dans la mme ville, o les Grecs furent runis aux latins aprs la condamnation de leurs erreurs et aprs que leur patriarche eut chant deux fois: Qui ex Pater Filioque procedit. L'an 1311, le pape Clment V convoqua un concile Vienne en Dauphin, o la doctrine des bguards et des bguines, peu prs semblables celle des quitisles de nos jours,
voici
:

Le

mot mot

calmer entirement nos consciences? Sans cela, comme je l'ai dj dit et que je ne puis assez le rpter, nous ne serions jamais srs de rien, nous ne saurions quoi nous en tenir, ni qui en croire il y aurait autant de religions que de ttes, comme il y en a parmi les protestants. Quand mme il nous paratrait que ces premiers pasteurs se sont tromps, nous devons abandonner nos lumires, et soumettre notre esprit leurs dcisions. Pourquoi? pareeque nous sommes certains d'une part que nos lumires sont faibles
; ;

fut

condamne.

l'an 1438, le pape Eugne IV assembla un concile Ferrare, lequel se finit Florence contre les erreurs des Grecs qui se runirent encore aux Latins. Le cinquime concile de Lalran, qui fut commenc sous le pape Jules II, fut termin sous Lon X, cinq ans avant la rvolte de Luther, contre lequel on assembla le concile

Au quinzime sicle,

de Trente. Vit-on jamais un article de foi mieux soutenu dans tous les sicles depuis Jsus-Christ jusqu' prsent, que l'infaillibilit des seuls premiers pasteurs de l'Eglise? Y a-t-il jamais eu tradition plus ancienne, plus constante, plus universelle? En effet, ce n'a pas seulement toujours t l la crance des simples fidles, mais encore des plus grands saints et des plus grands docteurs de l'Eglise; car saint Augustin enseigne (Epist. CLXII) que le concile est le dernier tribunal, duquel il n'est jiamais permis d'appeler, et saint Alhanase, dans son Apologie contre les ariens, assure qu'on ne peut changer les dcisions de l'Eglise, sans tomber dans l'erreur; que c'est le Saint-Esprit qui parle par l'Eglise, et que tous ceux qui ne s'y soumettent pas sont hrtiques. De tout ce que je viens de dire, il est ais de conclure que nous devons nous soumettre sans rpartie et sans examen aux dcisions de l'Eglise, sous peine d'tre dclars hrtiques et de damnation ternelle, puisque le Sauveur nous dclare dans son Evangile que

dfectueuses et sujettes une infinit d'erreurs et que de l'autre nous sommes encore certains que les lumires, que le jugement de ces premiers pasteurs sont infaillibles sur tous les points qui regardent la foi que leurs dcisions sont aulantd'oracles du SaintEsprit et cela toujours en vertu des promesses de Jsus-Christ. Quand mme on vous ferait voir par des passages de l'Ecriture ou des Pres par de spcieuses raisons, par de subtils raisonnements le contraire de ce qu'ils ont dcid, tenez-vous toujours inviolablement attachs au sentiment de l'Eglise, et soyez toujours bien persuads que tout ce qu'on y oppose ne sont que des faussets que des erreurs, que des subtilits manes do l'esprit de mensonge. Il faut toujours soumettre toutes ses lumires et toutes celet les des novateurs, quelque brillantes clatantes qu'elles paraissent, aux dcisions de l'Eglise. C'est l la foi et la soumission que Dieu exige de tous les fidles tout le reste n'est qu'un amas de supercheries, de vaines subtilits, de sophismes, ou pour tout dire en un mot, de vraies friponneries. Combien de mystres dans la religion chrtienne qui sont incomprhensibles, et mme en apparence contraires aux lumires de la raison nous nous y soumettons cependant, parce que nous sommes persuads par les dcisions de l'Eglise que Dieu les a rvls. Mais comme l'Eglise catholique apostolique et romaine, que je viens de prouver tre infaillible dans ses dcisions en matire de foi, doit l'tre non-seulement quand elle est as;
:

les

semble dans un concile cumnique, ce que novateurs de ce temps ne nous disputent pas, mais encore quand elle est disperse ou non assemble, il me reste tablir contre eux cette vrit de foi qu'ils nous contestent avec opinitret, et les variations les plus pitoyables dans leur sentiment; ce qui seul en
fait

dj sentir toute l'absurdit.

article
L'Eglise disperse eslinfaillible

m.
comme
l'Eglise assemble.

C'est le sentiment d'un assez grand

nombre

1)53

METHODE POUR DISCE


,

'..NT!',

\A

Vf

AIE

KEL

ION

d'Eglises catholiques particulires, que le pape, assist de son conseil de Rome lorsque par une bulle dogmatique, il propose l'Eglise universelle une vrit de foi croire, ou qu'il condamne quelque erreur, est infaillible et ne peut se tromper. La plupart mme de ceux d'entre les catholiques franais de ces derniers temps qui sont les moins favorables l'infaillibilit du pape, et tels sont les Dailly, les Launoy, les Nicole, les Vigor, les Dupin, sont comme forcs de reconnatre dans l'Eglise particulire de Rome dont le pape est l'vque, une indfectibilit en mac'est--dire une assistance sptire de foi ciale du Saint-Esprit, qui fait que cette Eglise n'a jamais manqu et ne manquera jamais dans la foi. En effet sans celte indfectibilit, il n'est pas possible d'expliquer tout ce que nous trouvons de tmoignages et de faits sur ce sujet dans l'Ecriture et dans la tradition. Mais comme cette Eglise particulire de Rome ne peut pas avec fondement, selon quelquesuns , tre suppose indfectible sans son chef, cette indfectibilit, aprs tout, ainsi explique, revient assez l'infaillibilit du pape. Cependant comme ce point n'a pas enje n'y entre point, outre core t dcid qu'il n'est pas ncessaire au dessein de cet ouvrage. Je ne puis m'empcher toutefois d'expliquer ici brivement, ce qui reviendra mon sujet, comment c'est que Jsus-Christ a fond son Eglise sur saint Pierre, et eu sa personne sur ses successeurs, puisque cette Eglise, aprs la mort de ce premier vicaire de Jsus-Christ, devant durer jusqu' la consommation des sicles, devait aussi avoir toujours le mme fondement. Vous tes Pierre, lui dit le Sauveur, et sur cette pierre je btirai mon Eglise. Je vous donnerai les clefs du
, ,
,

in

quo primatus apostolorum tam excellenti

gralia preminet (Lib. II, de Baptismo). Et saint Optt ajoute qu'on l'a dclar le chef des aptres pour conserver l'unit dans l'Elgnorantia tibi adscribi non potest, glise
:

royaume des deux (Matlh., XVI, 18). Quoi de plus clair et de plus formel pour la primaut de Pierre? Jsus-Christ est essentiellement le premier et le principal fondement de l'Eglise, comme il en est la pierre angulaire, qui devait

runir les Juifs et les gentils. Saint Pierre en est, par privilge, un fondement avec Jsus-Christ. Il a reu les ce n'est pas asclefs du royaume des cieux sez, Jsus-Christ, aprs sa rsurrection, l'tablit le pasteur de ses agneaux (Jean, XXI), qui sont les simples fidles, et de ses brebis, qui sont les pasteurs dont le devoir est de nourrir les agneaux. Voil donc saint Pierre le premier des pasteurs, et le pasteur commun de toute l'Eglise. Les noms des douze aptres sont ceux-ci, dit Le premier est Simon, sursaint Matthieu nomm Pierre (Mat th., X); il n'tait pas le premier en ge, ni en vocation apostolique Andr, qui tait son an, avait t appel avant lui on dclare nanmoins que Pierre esl le premier, sans marquer ni de second, ni de troisime; c'est que tous les autres taient gaux entre eux, il n'y avait que P^rre qui on et donn la primaut. C'est en lui, dit suint Augustin, que celle primaut la des prminences qu'on lui a accordes par une grce singulire. Apostvlum Pctrum,
: :

: in urbe Iiotna Petro primo cathedram episcopalem esse collatam, in qua sederit omnium apostolorum caput Petrus in quo uno cathedra; uni tas ab omnibus servaretur (Parmen., lib. II). Ce n'est pas Andr, dit saint Ambroise, quia reu la primaut, c'est Pierre Primatum non accepit Andras, sed Petrus (II Cor.) Aussi voit-on dans l'Ecriture Pierre exercer en chef ses fonctions d'abord aprs l'ascension du Sauveur. C'est Pierre qui parle le premier dans l'assemble de tous les disciples pour choisir un aptre la place de Judas (Act., V) c'est Pierre qui, le jour de la Pentecte, prche le premier Jsus-Christ crucifi (Act., X) c'est Pierre qui le premier rend raison de la doctrine vanglique en plein conseil (Act., XIII) c'est Pierre qui connat le premier, par rvlation divine, qu'on devait recevoir les gentils dans l'Eglise c'est Pierre qui prononce le premier, au concile de Jrusalem, qu'il ne faut pas obliger les chrtiens la circoncision. Et lorsque dans la suite des sicles les successeurs de Pierre ont assembl leurs frres dans un concile universel pour dcider des points de foi qui taient contests, on a toujours cru constamment, sur les promesses que Jsus-Christ a faites Pierre, l'obligation de se soumettre aux dcisions du concile, et on a regard tous ceux qui refusaient de les accepter, comme des hrtiques rebelles au Saint-Esprit mme. Les saints voques de Rome, qui ont vcu dans les premiers sicles, n'ont tabli l'autorit qu'ils avaient dans l'Eglise, que sur la qualit de successeurs de saint Pierre. C'est pour cela mme que les docteurs grecs et latins se sont soumis cette autorit. C'est Pierre, dit Sirice, qui soutient en nous un si pesant fardeau Hc portt in nobis beatus Petrus apostolus, qui nos in omnibus administralionibus protegit ac tuetur hredes (Epist. ad Elmeritum.). C'est par le sige de Pierre, ajoute saint Lon, que Rome est devenue la capitale du monde Per beati Ptri sedem Roma caput orbis effecta (Serm. I, in Nat. Apost.).

scienti

ne, laquelle

C'est l'Eglise principale, s'crie saint Iril faut que toutes les autres soient unies. C'est Pierre qui l'a fonde: Ad

hanc EcclesiamRomanampr opter potentiorem principalitatem necesse est omnem convenire Ecclcsiam(Iren., I. III). II n'y a qu'un Dieu, qu'un Christ, ajoute saint Cyprien, qu'une Eglise , qu'une chaire fonde sur Pierre par la parole du Seigneur mme Dcus unus est, et Christus unus, una Ecclesia et cathedra una super Petrumvocc Domini fundata (Epist., I ad plcbem univers.). C'est cette chaire de* Pierre que je m'attache, dit saint Jrme au pape Damase, et que je m'unis; je sais que celte Eglise est btie sur celle pierre; il faut manger l'agneau dans cette maison , si l'on ne veut passer pour profane; et quicomjin:
:

1133

DEMONSTRATION EVANGELIQUE. DORLEANS.


le
:

i!S6

ne se retire pas dans celte arche , prira par Communione cathedr les eaux du dluge Ptri consortior, saper illam Petram dificatam Ecclesiam scio. Quicunque extra hanc domum agnum come.ierit , profanus est ; si quis in arca Noe non fuerit, peribit rgnante diluvio. Et crivant contre Rufin, il lui disait: Sachez que la foi romaine, loue par la bouche de l'Aptre, ne se laisse pas surprendre par vos prestiges et vos supercheries Scito Romanam F idem, apostoiica voce laudatam, hujusmodi prstigias non recipere. Le saintsige, dit Thodoret, tient comme les rnes
:

corps des pasteurs catholiques, qui est le vrai corps de l'Eglise dont la tte est le souverain pontife, est toujours infaillible en matire de foi et de murs et cela , soit que les vques soient assembls en concile, soit qu'ils ne le soient pas. Voici les preuves de ce point de foi. 1 Jsus-Christ a dit son Eglise,, ou aux premiers pasteurs en la personne des aptres Allez, enseignez toutes les nations Je suis avec vous tous les jours jusqu' la con,
:

sommation des

pour rgir toutes

les Eglises

du monde,

soit

sicles (Matlh., XXVIII, 19). Donc les premiers pasteurs, rpandus dans le monde chrtien, mais unis leur chef, ou

parce qu'elle est la premire et la souveraine de toutes les Eglises soit parce qu'elle n'a jamais t atteinte d'aucune hrsie Tenet sancta illa sedes gubernacula regendarum totius orbis Ecclesiarum, tumpropteralia, tum quiahretici furorissemper expers fuit(Epist., ad Renat.). Ce qui me retient dans l'Eglise, disait saint Augustin, c'est la succession des pasteurs de l'Eglise dans la chaire de saint Pierre : Tenet me in Ecclesia ab ipsa sede Ptri aposloli, cui pascendas oves suas Dominus commendavit, usque ad prsentem episcopatum sacerdotum successio (Epist. I c. Ep. Fund. I. h). L'ancienne Rome, dit saint Grgoire de Nazianze, a toujours tenu la vraie foi et la retient toujours, comme il convient celte ville, qui prside tout le monde : Vtus Roma ab antiquis temporibus habet rectam fidem,el semper eam tenet, sicut decet urbrm, qu toli orbi prsidel (Carmen in vita
, : , ,

l'Eglise disperse est infaillible ; car, puisque selon ses paroles , Jsus-Christ est tous les jours, c'est--dire en tous temps, avec son

Eglise, pour l'clairer, pour l'assister enseigner toutes les nations sans se tromper, il est vident qu'il faut que ce soit avec l'Eglise disperse , autrement il serait faux qu'il ft avec son Eglise tous les jours; JsusChrist ne pouvant tre tous les jours avec l'Eglise assemble en concile, n'y ayant des conciles que fort rarement. C'est l ce que
l'on peut appeler une dmonstration complte en cette matire. 2 L'Eglise disperse, ou le corps des v-

sua).

Saint Pierre tant ainsi le chef de l'Eglise, dont il a la primaut de rang et de puissance l'Eglise de Rome tant ainsi le chef
,

centre de toutes les Eglises particuliest de l encore vident quoique je l'aie dj prouv, que les vques ou les premiers, pasteurs unis ce chef visible, sont infaillibles en matire de foi et de murs. C'est l le vrai corps de l'Eglise. Tous les autres corps spars de celui-l ne sont que des corps acphales comme on les appelle, c'est--dire des corps sans tte ce ne sont que des monstres car un corps qui n'a point de tte est un monstre. En effet, on ne dira pas que trois cents vques ariens assembls en conciliabule Constantinople ni que ce grand nombre d'vques donalistes unis en Afrique, et plusieurs autres assembles de ce caractre, donl l'histoire de l'Eglise nous parle; on ne dira pas, dis-je, que ce fut l le corps de la vraie Eglise. Bien loin de l, tous les autres vques du monde, unis de communion au saint-sige, les ont toujours excommunis et foudroys, ces corps et il n'y aura jamais aucun vque vritablement catholique qui ne les excommunie et ne les foudroie toujours, en les regardant comme des membres gts et spars du corps de l'Eglise par leurs schismes et leurs hrsies. Or si trois cents vques, dsunis de communion du saint-sige, ont t compts pour rien, bien moins doit-on compter pour quelque chose quatorze ou quinze vques rfraclaires. Je dis donc encore une fois oue
et le

res

il

ques rpandus dans leurs diocses, et unis de communion au saint-sige, sont proprement et vritablement l'Eglise universelle, laquelle les promesses de Jsus-Christ ont t faites. Le concile cumnique n'est en un sens que la reprsentation de celte Eglise, ou cette Eglise reprsente. C'est pour cela que les pres de ces sortes de conciles ont coutume de parler ainsi Nous, reprsentant V Eglise universelle. etc. Or si la reprsentation de l'Eglise, ou l'Eglise reprsente en concile est infaillible, parce qu'elle a le pouvoir et les prrogatives de l'Eglise univer: ,

selle, il est vident, plus forte raison, que l'Eglise prise en elle-mme, qui est l'Eglise

disperse ou rpandue par tout


infaillible. 3 Il est certain
,

le

monde,

est

et les novateurs en conviennent malgr leurs variations l-dessus , que le consentement commun, quoique tacite des premiers pasteurs, imprime une

dcision du saint-sige

dogme de

le caractre sacr de Mais le consentement commun et tacite des premiers pasteurs, n'est que le consentement des mmes pasteurs, disperss, et non point assembls en concile, puisque le consentement des premiers pasteurs assembls en concile, est un consentement forfoi.

mel, solennel, exprs, et non point tacite ou de silence; car on ne s'assemble pas en concile pour ne rien dire, mais pour dcider solennellement donc le consentement commun des pasteurs disperss imprime une dcision du saint-sige, un caractre de dogme de foi et par consquent l'Eglise disperse
:

dmonstrations, joignons une sans rplique, que nous fournit saint Augustin. Dans les trois premiers sicles de l'Eglise, plusieurs hrsies ont t condamnes. Dar des condamnations Anales et

est infaillible. 4 ces trois

preuve de

fait

4157

METHODE POUR DISCERNER L\ VRAIE


;

RELIGION.

1158

concile ) irrvocables, sans

donc

l'Eglise dis-

perse est

infaillible.

La premire proposition

l'on s'en tiendrait ce que l'Eglise de Rome et les vques qui y taient assembls en or-

est vidente qui n'ignore pas l'histoire de l'Eglise ; car il est certain que, dans ces trois premiers sicles, cause des frquentes et

violentes perscutions, on ne put point assembler de concile universel; le premier de


cette espce, aprs celui des aptres, fut le concile de Nice, tenu seulement l'an 325.
les hrsies de Saturnin, de Mnander, de Valenlin, de Marcion, de Mans,

donneraient. Le pape Corneille crivit si fortement Fabien, vque d'Anlioche, qu'il l'obligea de renoncer l'hrsie de Novatus. Comme on conduisait le saint prlre Hippolyte au martyre, interrog par quelques chrtiens qui il fallait s'en tenir, il rpondit qu'il fallait s'en tenir la chaire de saint
Pierre. C'est--dire

Cependant

que dans ces


les

sicles,

des encralisles, des moritanists, des adamites, des paulianistes, etc., ont t condamnes dans ces premiers sicles, et leurs auteurs regards de tous les fidles comme des sectaires rebelles l'Eglise. Mais qui est-ce qui condamnait alors ces hrsies irryocalement, puisqu'il n'y avait point de concile bl nral? Celaient les vques disperss unis g a u pape. Les premiers pasteurs dcouvraient les hrtiques; ils voyaient que ce qu'ils ;s avanaient taient des dogmes pervers, des ils lnouveauts profanes, des hrsies chaient d'en arrter le cours ils avertissaient, ils conjuraient, ils avaient patience, mais
" ;
;

Calvin lui-mme et naissent la puret de


faillibilit,

protestants reconla doctrine dans l'Eglise, les martyrs parlaient, sur le point de son inle

mme
le

langage que

les saints

Pres, et c'est par ce


saint-sige,

moyen de

la dcision

du

que

les fidies

hrsies

sans

dcouvraient les secours d'aucun concile

plnier. A ces exemples dcisifs pour l'infaillibilit de l'Eglise disperse, joignons-en d'autres

enfin
et

ils

les

condamnaient;

le

pape

ratifiait

confirmait leur jugement; aprs quoi on disait, comme saint Augustin le dit aprs, Causa finila est, l'occasion des plagiens cause est finie. Les catholiques recevaient avec une profonde soumission ces condamnations, regardes ds lors de toute l'Eglise comme des dcisions finales et irrvocables, tout comme si elles eussent t portes dans un concile plnier et cumnique.

qui ne prouvent pas moins celle vrit. Quelques vques de l'Asie Mineure, sur La fin du second sicle, persistant contre les dfenses du pape Viclor clbrer la fle de Pques la manire des Juifs, le quatorzime de la lune, ce pontife les excommunia. L'glise acquiesa son jugement, quelques rfractaires prs; et le concile de Nice, marchant sur les traces du saint-sige, dclara hrtiques les quarlodcimans, et ordonna que la pque se ferait toujours le premier dimanche aprs le quatorzime de la lune, qui arrive au 21 de mars, ou peu aprs. Il se fit encore un plus grand clat sur le milieu du troisime sicle, dit Vincent de

Souvent

le

pape commenait

la

condamna-

tion, les vques la recevaient avec respect, et tout tait fini pour l'Eglise. Les vrais fidles

ne s'avisaient pas de demander des conciles pour se soumettre. Il est vrai que les premiers
hrtiques publiaient alors ce qu'ont publi ceux des derniers sicles: que l'Eglise ancienne, l'Eglise romaine, tait tombe dans l'erreur; mais on leur disait: Taisez-vous, les vques, de concert avec le saint-sige de Rome, vous ont condamns; il ne vous reste d'autre parti que la soumission et le silence. Vous prirez si vous n'tes pas dans la barque de Pierre, et vous en sortez quand vous n'acquiescez pas son jugement, applaudi de celui des vques. Donnons des exemples dans le dtail de celle conduite de l'Eglise disperse, et toujours infaillible. Cerdon et Marcion, deux fameux hrtiques du diocse d'Anlioche, ayant sem leurs erreurs, furent cits par le pape Rome; ils y comparurent, et y furent condamns, et leur condamnation reue de toutes les glises d'Orient et d'Occidenl, sans concile. La cause de Montan, autre hrsiarque, fut porte Rome; l'hrsiarque y fut jug et condamn, et le jugement reu de toute l'Eglise. Paul de Samosale ayant t condamn dans une assemble d'vques tenue nlioche, fut dpos [Eusbe, llisl. eccl., liv. VII, c. 30); usais comme il ne voulait pas cder son sige Domnus, lu en sa place, on eut recoins L'empereur Aurlicn,
qui, loul
infidle

Lrins ( Common., c. 9) un grand nombre d'vques, soit d'Orient, soit d'Occident, ayant saint Cyprien leur tte, soutenaient qu'il fallait rebaptiser les hrtiques quand ils se convertissaient et revenaient l'Eglise catholique, quoique dans leur baptme on et garde la matire et la forme prescrite ils Je pratiquaient de la sorte dans leurs Eglises. Le pape saint Etienne s'y opposa toujours fortement comme une nouveaut, disant ces paroles remarquables Qu'il ne fallait rien innover contre la tradition Nihil innovetur, nisi uuodtraditumcst (Episi.adAfric). Et toute l'glise, malgr un concile de plus de trenle vques tenus Carthage en faveur de la rebaptisation, acquiesa enfin, sans aucun concile gnral, au sentiment et la dcision du pape, aprs quoi on n'a jamais regard les rebaptisants que comme de vrais
:

lie reliques.

Non-seulement dans
sicles,

les

Irois

premiers

mais dans

les suivants, l'Eglise dis-

perse a
rsies.
tifices

condamn en dernier ressort les hle monde sait les ruses et les arde Pelage pour luder sa condamnaTout

lion

gage touchant

pit apparente, termes radoucis, lanla grce conforme celui des

catholiques, formules de foi captieuses, protestations de se soumettre, tout 1 imaginable fut employ pour faire passer son hrsie.

qu'il

lait,

ordonna que

Cependant Pelage fut condamn par les vques d'Afrique; et sa condamnalion envoye au pape Zozime, fut approuve et ratifie par ce pontife. Mais IbereMe ne saurai! se lairej

1159
les plagiens

DEMONSTRATION EVANGELIQUE. DORLANS.


;

dl6U

condamns par l'Eglise disperet se, en appelrent un concile gnral c'est cette occasion que saint Augustin
:

leur dit ces paroles si souvent rapportes par Qui tes-vous pour les auteurs catholiques vouloir avoir la gloire d'assembler toute l'E-

par des conciles particuliers approuvs p;ir le pape; et cela longtemps avant que d'avoir t condamns par les conciles gnraux, troisime et quatrime de Latran, l'un en 1139, l'autre en 1215. Dans le treizime sicle ce fut Alexandre IV, qui condamna les erreurs de Guillaume de Saint-Amour, avec l'applaudissement de l'Eglise.

Vous tes condamns par l'approbation pape a donne aux dcisions des vques. La cause est finie plt Dieu que l'erreur fint aussi : Duo rescripta venere Roma, causa finita est, utinam finiretur error (Serm,
glise ?

que

le

Au quatorzime
vit la secte des
d'Italie.

sicle,

fralricelles,

Jean XXII proscriqui reconnais,

verb. apost. ). Voil comment parlait saint Augustin en faveur de l'infaillibilit de l'Eglise disperse. Voil comment on a proII de

saient pour chef

un

nomm Herman

natif

cd dans

les premiers sicles pour condamner les hrsies, sans qu'il ait t besoin d'assembler pour cela des conciles plniers. Aussi y a-t-il eu beaucoup plus d'hrsies condamnes par l'Eglise disperse que par l'Eglise assemble. En un mot le sainl-sige et le plus grand nombre des vques unis de communion, voil l'autorit souveraine pour prononcer infailliblement en matire de foi voil l'Eglise infaillible. et de murs Ce que j'ai dit des premiers sicles est encore vrai des sicles postrieurs , que je n'ai garde d'abandonner aux novateurs touchant quantit d'hrsies condamnes par la seule Eglise disperse. Ce serait certainement trop embrasser, que de vouloir les rapporter toutes, et il n'est pas d'ailleurs ncessaire. Marquons-en pourtant quelques-unes. Les smiplagiens dans le cinquime sicle n'ont pas t condamns par des conciles plniers, mais par le pape saint Clestin et l'Eglise disperse nous voyons la mme chose au sujet des
: ;

pape condamna les erreurs de Jean Eccard, docteur de Cologne. Dans le mme sicle on assembla quelques vques par l'ordre de Benot XII, pour condamner les erreurs des arminiens. Le pape Clment VI, successeur de Benot, inform des erreurs des flagellans, qui troublaient l'Allemagne, envoya une bulle l'archevque de Mayence, par laquelle il condamnait leurs erreurs; elle fut aussi envoye l'vque de Magdebourg et ses suflraganls et ces hrtiques furent ainsi proscrits sans concile. L'an 1368, le cardinal Langhan, anglais de nation, archevque de Cantorbry, assembla, par ordre d'Urbain V, quelques archevques, des thologiens et des canonistes et condamna jusqu' trente erreurs, dont une des plus affreuses, tait que Dieu le Pre tait fini, que Dieu le Fils l'tait aussi et que le Saint-Esprit seul tait infini. Environ l'an 1372, Grgoire XI condamna la secte infme des turlupins ou cyniques. Dans le quinzime sicle, le pape Nicolas V condamna l'hrsie de Matthieu Palmier, et Sixte IV, celle de Pierre de Osma. Les papes Callixte 111 et Paul II condamnrent aussi d'autres hrsies Gaut., Chron. sec. 15 ); et l'Eglise disperse a applaudi toutes ces condamnations, sans qu'il ait t besoin de
, , , (

Le

mme

prdestinatiens. Il y a eu des hrsies dans les sixime et septime sicles, qui n'ont pas t condamnes non plus par des conciles. On en peut voir le dtail dans un auteur clbre ( Gaut., Chron. ). Les hrsies de Flix d'Urgel et d'Epilandus au huitime sicle ne furent pas condamnes par des conciles gnraux. Il en est de mme de Gotescalc dans le neuvime sicle. Le dixime n'a point eu de nouvelles hrsies.

concile.

Dans le seizime sicle, toute l'Eglise juet condamna Luther comme un hrtique aprs la bulle de Lon X, avant que le congea
cile de Trente ft assembl. Enfin, sans pousser cette recherche plus loin, dans le sicle pass, qui est le dix-septime, n'est-ce pas l'Eglise disperse qui a prononc irrvocablement dans la cause de Baus, de Jansnius et de Molinos, et en dernier lieu dans celle de Quesnel touchant le livre des Rflexions morales? Tous les vrais fidles se sont soumis ils ont applaudi la condamnation de ces hrsies, persuads que la plus grande partie du corps des vques, soit assembls, soit disperss, unis avec le pape, a le don d'infaillibilit en matire de foi et de murs, et que ses dcisions sont des oracles du Saint-Esprit. Il n'est donc rien de plus invinciblement tabli dans la religion chrtienne, que l'infaillibilit de l'Eglise catholique, apostolique et romaine, en quelque tat qu'elle se trouve. Autrement il faut que les
:

Dans

le

onzime

sicle l'hrsie de

Bren-

ger, chef des sacrnmentaires, ne fut d'abord proscrite par aucun concile cumnique ; et cependant elle a pass dans l'Eglise pour une vritable hrsie par la seule condamnation qu'en firent.les vques, approuve parle pape Lon IX, en 1030, et puis par celle d'autres vques auxquels se joignit Nicolas IL en 1059, avant que la transsubstantiation ft dclare au quatrime concile de Latran sous Innocent 111, l'an 1215, dans celui de Constance, session XIII, de Florence, session XXV, et enfin dans le concile de Trente, qui a si solennellement dcid la ralit du

corps

et

du sang de Jsus-Christ dans

l'eu-

charistie, contre Calvin et les

nouveaux sa-

cra m en ta ires. Tous ces hrtiques du douzime sicle, les plrobusiens, henriciens, patarins, vaudois, albigeois, elc, furent rejets de l'Eglise comme vrais hrtiques, ds l qu'ils eurent t condamns par les vques disperss, ou

novateurs soutiennent que la cause n'est point finie ni dcide en dernier ressort moins qu'elle ne le soit dans un concile cumnique. Il faut qu'ils soutiennent que lou,

lilll

MTHODE POUR DISCERNER LA VRME


nion de la

RELIGION.
foi

11G2

abominables hrsies tle CerJon, de Marcion, de Valentin, des gnostiques, de Mnes et plusieurs aulres de ce genre que les hrsies de Baus, de Jansnius, de Molinos et de Quesnel, qui n'ont t condamnes que par l'Eglise disperse, n'ont pas l suffisamment condamnes, parce qu'elles ne l'ont pas t par des conciles plniers, et que par Consquent on peut revenir contre le jugement que l'Eglise en a port, et les soutenir encore, ce qui serait abominable. Et que les novateurs ne nous disent pas
les ces
;
:

universelle, si ce n'est de prfrer la sant de tout le corps un membre empest et corrompu ? Quid igilur fuciet christianus catholicus, si se aiiqua Ecclesi particula ab universalis fidei communione prciderit ; quid itaque, nisi ut pestifero corruptoque membro sanitatem universi corporis

anteponat

tout cela il est ais de conclure combien l'erreur de ces novateurs de nos jours
est grossire (Voyez la lettre de M. de Soissons M. cFAuxerre, n. 2), lorsqu'ils soutiennent qu'il n'y a point de dcision finale, que ce ne soit par un concile gnral; ou du

De

Si l'Eglise disperse est infaillible, les conci-

cumniques sont donc inutiles? Car ils doivent avoir appris de saint Augustin, que ces conciles sont ncessaires pour vaincre, s'il se peut, l'opinitret des hrtiques par
les

moins qu'il faut le consentement parfaitement unanime des premiers pasteurs sans
,

un jugement
glise

solennel,

et faire

voir

que l'E,

pense toujours de mme dans les dcisions de foi, soit qu'elle soit assemble soit qu'elle ne le soit pas. Les conciles plniers sont encore ncessaires pour rgler la discipline ou la rtablir, corriger les abus, formerdes canons ce qui ne se faii pas si commodment hors des assembles. Qu'ils ne disent pas non plus qu'il fau;

drait

au moins un consentement parfaitement unanime des piemiers pasteurs, sans qu'aucun s'oppose la dcision car rien
:

n'est
il

plus faux qu'une pareille prtention ; suffit, scion la pratique constante de l'E-

qu'un seul soit d'un avis contraire consentement, selon eux, qui doit tre donn par voie de jugement juridique et d'examen authentique. Doctrine, dit un grand prlat, qui est videmment contraire la parole de Jsus-Christ, et qui alarme l'Eglise. 11 est ais de conclure enfin que l'Eglise est toujours infaillible, soit qu'elle soit assemble ou qu'elle ne le soit pas, et qu'on n'est pas moius oblig de se soumettre ses dcisions purement et simplement dans quelque tat de ces deux-l qu'elle prononce, sous peine d'tre hrtique ou schismatique. Une autre preuve trs-puissante de cette
:

consentement formel ou tacite soit du plus grand nombre. Autrement il faudrait rejeter presque tous les conciles, puisque dans tous ou presque tous, il s'est trouv plusieurs opposants au sentiment de la pluglise,

que

le

Jsus -Christ n'aurait pas suffisamcar il et notre foi prvoyait bien qu'il se trouverait presque toujours des vques rfractaircs. Mais coutons, sur un point de celte importance, Vincent de Lrins. Voici ses paroles dans son Commonitoire, elles sont admirables In ipsa calholica Ecclesia magnopere enrandum est, ut id teneamus, quod ubique, quod semper, quod ab omnibus tradilum est ; hoc est enim vere proprieque calhoHcum si sequamur univcrsalilatem, antiquitatem, consensionem : sequemur autem universalitatem hoc modo si hanc unam fidetn veram esse fateamur, quam tota per orbem terrarum confilclur Ecclesia; antiquitatem vero ita, si ab his nullatenus sensib.us recedamus ?uos sanctos majores ac Patres nostros celralit.

ment affermi son Eglise

vrit est que si le concile gnral tait toujours abs lument ncessaire, ou pour condamner une erreur, ou pour confirmer un article de foi, le dpt de la foi serait en danger car en attendant la dcision de ce concile, ce dlai pervertirait une infinit de catholiques. Les hrtiques feraient alors de grands progrs, parce que souvent il est impossible d'assembler un concile de toutes les.
:

parties

si fcheux, les guerres si universelles et si allumes, les souverains si opposs les uns aux autres* leurs intrts si diffrents et si incompati-

du monde chrtien. Les temps sont quelquefois

bles

qu'il n'y a ni sret, ni

moyens con-

russe manifestum est ; consensum quoque itidem, si in ipsa velustate, omnium, vel certe

pne omnium sacerdotum pariter et magistrorum definilioncs senlentiasque sectemur (liibl.

Palrum,

t. IV, c. 10). Que dois-je tenir et croire, selon ce Pre, pour catholique? ce qui a t tenu et cru en tous lieux, en tout temps et partout. C'est l l'universalit, l'antiquit et le consentement gnral qui doit me servir de rgle consentement, dit Vin:

venables de convoquer tous les vques. Combien d'annes se passrent, combien de peines et d'embarras fallut-il essuyer avant que l'on pt assembler le concile de Trente contrles protestants? Et encore les guerres, les difficults et les maladies contagieuses qui survinrent, l'interrompirent plusieurs fois; et ce seul concile a dur plus de dixhuit ans. Or si pendant un si long temps il tait permis aux chrtiens de croire ce qu'il leur plairait, la chose n'tant pas encore dcide en dernier ressort, celle libert, ou plutt ce libertinage en pervertirait une infinit, et fortifierait de plus en plus le parti hrtique et ds qu'une fois ils auraient pris
;

cent de Lrins, de tous ou presque tous les matres de la foi, c'est--dire, comme il l'explique aprs, du plus grand nombre. Que fera donc le catholique, dit-il, si quelque portion de l'Eglise vient quitter lacommu-

le concile dciderait conne se soumettraient pas, comme il arriva aprs le concile de Trente. Les protestants avaient souvent demande et avec instance, un concile gnral pour terminer les diffrends sur la religion. Leur doctrine avait dj t condamne par la bulle de Lon X. Ils en appelrent au concile; et quand ce concile assembl les eut cftn lam-x

parti,
tre

quand mme
ils

eux,

DMnNbT. Evang. XIV.

(Trente-sept.

!C2

DEMONSTU'.iciN YANGLIUUE. DOP.LANS.


Ire

1164

ns, s'y soumirent-ils ? rien moins. \\y furent d'abord recours une infinit d'artifices pour luder l'autorit du concile et de ses dcisions ; ils composrent des livres, qu'ils intitulrent Anliconcilex, et plusieurs autres libelles. Fra Paolo, ce clbre apostat, composa une his'oire maligne du concile de Trente, pour rendre ses dcisions douteuses et suspectes: et les protestants, aussi bien que ceux qui s'taient laisss sduire et pervertir pendant ce temps-l, demeurrent plus obstins dans leurs erreurs. Tel est le malin artifice des novateurs, qui veulent un concile gnral, ou qui y appellent lorsqu'ils n'ont plus d'autres ressources car ce n'est pas pour se convaincre de la vrit du dogme, ni pour se mettre en repos de conscience, ni pour se soumettre l'au:

plusieurs erreurs;
l'on vient

mais

comme

celles

que

dnommer

sont arrives suc-

cessivement, il aurait fallu ou les laisser se rpandre, ou assembler coup sur coup plusieurs conciles gnraux ce qui visiblement et t impossible. l u Un sicle entier n'aurait pas suffi pour les terminer. 2 Dans quelle confusion n'auraient pas t toutes les
,

Eglises particulires? 3 Il faudrait que les vques fussent presque toujours assembls: et que deviendront alors leurs troupeaux? k Enfin, ds qu'un concile serait fini, il n.;

torit

du concile,

qu'ils y appellent;

qu'ils le demandent, ou ce n'est uniquement que

pour gagner du temps, que pour rassurer


leurs adhrents, que pour fortifier leur parti; c'est dans l'esprance de trouver dans la convocation du concile quelques nullits pr-

tendues, quelques nouvelles chicanes par exemple, que la plupart de ceux qui composaient^ concile taient des ignorants qu'ils n'ont pas bien examin la question; qu'ils n'ont pas seulement compris la difficult ; qu'il n'y a point eu de libert dans ses suffrages; qu'il n'y a eu que brigues, que cabales, et cent, autres pareilles chicanes, comme firent les prolestants l'gard du concile de Trente. Il en est de mme de ces fausses paix que les hrtiques font quelquefois avec l'Eglise. Ce ne sont que de captieux et que de frauduleux accommodements pour se mettre couvert des foudres de l'Eglise, sous une paix apparente, puisqu'ils se rservent toujours quelques faux-fuyants quelques malignes ressources pour se relever dans la suite, et soutenir avec encore plus d'opinitret leur fausse doctrine. D'ailleurs si Jsus-Christ n'avait point fourni l'Eglise d'autre moyen pour condamner les hrsies qu'un concile universel, il n'aurait pas, ce semble, suffisamment pourvu la conservation de la foi, parce que ce serait une multiplication de conciles, qui ne produirait qu'une trange confusion parmi les fidles. Je dis multiplication de conciles gnraux car seulement depuis le concile de Trente il et fallu assembler un concile gnral contre Baus, un autre contre Jansnius, un autre contre Molinos et les quitistes, un autre pour examiner le livre des Maximes des saints, un autre contre le cas de conscience, un autre contre le Silence respectueux , un autre contre l'abb de SaintCyran, qui soutenait que depuis le onzime sicle il n'y avait plus d'Eglise un autre contre les erreurs de Quesnel un autre enfin contre un novateur de nos jours qui dans un libelle soutient que pour une dcision valable, le jugement des voques avec le pape
:

dpendrait que d'un libertin, d'un petit docteur, d'un demi-savant, d'inventer exprs quelque nouvelle erreur pour avoir la gloire d'obliger encore toute l'Eglise s'assembler. Je demande maintenant, durant cette confusion de conciles, et celte absence des pasteurs, en quel tat serait la religion catholique? Chacun ne croirail-il pas ce qu'il lui plairait? Les paens et les hrtiques n'auraient-ils pas un spcieux prtexte d'insulter notre religion, et de nous reprocher que nous ne savons plus ce que nous croyons? Concluons donc de toutes ces raisons, et del pratique constante de l'Eglise, que, pour condamner en dernier ressort une erreur, une hrsie, ou pour confirmer un point de foi, le concile gnral n'est p;;s ncessaire, qu'il suffit que la plus grande partie des voques accepte ou expressment, par mandements, ou par lettres, ou bien tacitement, en ne rclamant pas la condamnation porle par le pape contre une hrsie, ou le point de foi qu'il propose toute l'Eglise. Qm> si les vques sont les premiers condamner

une erreur, ou une hrsie, il suffit que le pape ratifie leur condamnation car alors cette dcision est autant infaillible que celle d'un concile cumnique, laquelle tous doivent se soumettre de cur et d'esprit et ceux qui n'y sont pas soumis ont toujours
:

regards comme des hrtiques retranchs des Eglises cathot, sont et seront toujours

liques.

Mais il faut bien distinguer les bulles dogmatiques, qui renferment des dogmes de toi, et qu'on est oblig de croire quand ces bulles sont acceptes du plus grand nombre des Eglises, d'avec les bulles qui ne sont que de simple discipline ou de pure police, qu'on peut ou accepter ou ne pas accepter, sans tre hrtique, selon les liberts et les usages des royaumes, ou des Etals particuliers. Il me reste examiner quelles condi-

communiqu le don d'inaux premiers pasteurs de son Eglise, pour affermir notre foi contre les supercheries, les mauvais prtextes et fausses
tions Jsus-Christ a
faillibilit

raisons des hrtiques.

ARTICLE

IV.
l'in-

quelles conditions esl-ce que Jsus-lirist a promis faillibilit aux premiers pasteurs.

ne suffit pas, mais qu'il faut encore l'approbation du clerg, et mme du peuple. Il est vrai "u'un seul concile peut prononcer con-

1 Est-ce condition que ces premiers pasteurs qui devaient dcider en dernier ressort de toutes les controverses, seraient tous des saints? Mais Jsus-Christ n'aurait pourvu rien oarce que, la saintet resi:

H65
le

MTHODE POUR DISCERNER LA VRAIE RELIGION.


cur
et

11G6

personne n'en pouvant dant dans tre le juge ici-bas, nous ne pourrions jamais savoir qui sont ceux qui sont saints et ceux qui ne le sont pas car tel qui parat un grand saint, est quelquefois un grand hypocrite, et il n'y en a que trop aujourd'hui, comme il y en a toujours eu un grand nombre, surtout la naissance des nouvelles hrsies, pour imposer aux peuples: si donc
;

attention les matires sur lesquelles il prononce. Et il est de notorit publique que cela se fait de la sorte dans les conciles et
;

cette condition tait ncessaire, notre foi serait toujours douteuse. 2 Est-ce condition qu'ils seront tous savants? Mais Jsus-Christ n'aurait encore

rien, p. rce que nous ne pouvons pas savoir s'ils sont assez savants, ou quel degr de science il faut avoir pour bien dcider, et ainsi noire foi serait toujours in-

pourvu

certaine. 3 Est-ce condition qu'ils auront tous une droite intention, et n'agiront que par des motifs purs et surnaturels? Mais JsusChrist n'aurait encore rien fait, parce que

nous ne pouvons pas pntrer

l'intention

d'aulrui, et ainsi il n'y aurait pour nous qu'incertitude et que doute. 4 Est-ce condition que tous les vques du monde chrtien donnassent leur voix? Mais Jsus-Christ n'aurait pas suffisamment affermi son Eglise et notre foi. 11 prvoyait bien qu'il se trouverait presque toujours, dans les dcisions, des vques opposants. II savait que la diversit des esprits produit pour l'ordinaire la diversit des sentiments, que chacun abonde en son sens, et qu'il est

moralement impossible que dans des questions difficiles, tous pensent de mme. Effecil n'y a presque jamais eu de consoit trouv des vques ciles o il ne se qui ont pris un parti diffrent de celui des autres. Combien qui on! embrass l'erreur,

tivement

l'ont soutenue opinitrement! Il s'est trouv jusqu' trois cents vques ariens en Orient, et beaucoup plus encore d'vques donatistes en Afrique. 5 Est-ce condition que dans ces assemet

'Rome, quand le pape fait une constitu tion, surtout en matire de foi, on y apporte toujours tous les soins imaginables: ce sont examens sur examens, consultations sur consultations, prires publiques et particulires pour avoir l'assistance du Saint-Esprit, quoiqu'e puissent dire les novateurs indociles. Mais aprs tout, ce n'est pas cette condition que Jsus-Christ a promis l'infaillibilit ai ;iiers pasteurs, parce toujours qu'ils n'eussent pri et notre foi par consquent lit j uni i. ferme. 7 Est-ce condition que la difficult sele dans un concile universel? Mais o est-ce que Je.a parl de concile universel ou particulier? Il nous renv de e, mais il- ne dit pas que ce soit 1' ife et j'ai dmontr qu'une infinit d'hrsies ont t lgitimement ond. r l'Eglise disperse, et que Jsus-Christ a pourvu son Eglise d'un n galement sr et plus court pour r le pro erreurs, et conserver dans son intgrit le dpt sacr de la foi. 8 Est-ce condition qu'on observera toutes les forma Mais Jsus-Christ n'aurait pas suffisamment affermi notre foi car quand on les aurait toutes observes, ces formalits, les hrtiques condamns inventeraient de nouvelles formalits qu'ils assunt tre ncessaires pour une valable dcision. Ils diraient, comme ils ont dit, que la plupart des voques ont reu la bulle en aveugles, et sans l'examiner," ou qu'ils ne l'ont pas reue de la mme manire, que leurs mandements ne sont pas uniformes, que leur jugement intrieur n'est pas conforme avec le jugement intrieur du pape, sur le sens des propositions, et cent autres chicanes qu'ils forgeraient, et ainsi nous serions toujours incertains de la validit de
;
]
|

il

bles il n'y aurait ni intrigues ni brigues, ni cabales ? Mais Jsus-Christ n'aurait pas bjen pourvu la conservation du dpt,
,

parce que quand mme il n'y aurait point eu de brigues publiques et clatantes, nous craindrions toujours qu'il n'y en et eu de secrtes; il n'y aurait donc rien de sr pour Sa foi dans la dcision, elles hrtiques; (condamns ne manqueraient pas de se prvaloir de ce prtexte. 6' Est-ce condition qu'on examinerait bien la question controverse, que le jugement de chaque vque serait prcd d'un
suffisant, qu'ils auraient confront le point propos avec l'Ecriture et les monuments de l.i tradition, et que cela soit notoire ? Mais comment pourrions-nous savoir
l'ont fait? Les hrtiques condamns ne se sont-ils pas toujours rcris qu'on n'avait pas bien examin la question, qu'on n'avait pas compris la difficult? Il faut sans doute qu'un examen srieux prcde la dcision. Un voque serait coupable, qui prononcerait sans avoir discut avec une grande
s'ils

condamnation. beaucoup moins condition que le clerg donnera son approbation et le peuple mme son consentement ce sont l des nouveauts inoues forges par les novateurs de nos jours, puisqu'il n'y a jamais eu que les vques avec le pape q-ui ai.nt eu
la

9 C'est

examen

voix dcisive, lorsqu'il s'est agi de la foi. Les ecclsiastiques dputs par les vques qui ne pouvaient pas assister aux conciles ou aux assembles par maladie ou par vieillesse, ces dputs, dis-je,n'laicni pas l pour donner leur Vvi\ mais seulement celle de leur vque. Et lorsque les lgats du saintsige se sont laiss corrompre ou par menaces ou par prsents, papes les ont tous jours dsavous et svrement punis. C'est clerg et aux peuples et tous les laques a une obligation indispensable de se soumettre aux dcisions de ces premiers pasteurs, auxseuls Dieu a communiqu le don d'in, I

faillibilit.

10. Est-ce enfin condition

pasteurs

que ces premiers prononceront sincrement, sans

1167

DMONSTRATION YANGLIQUE. DORLANS.


,
,

1108

aucun gard la politique aucune considration humaine? Est-ce condition que


ce ne sera pas par crainte ni par complaisance pour quoique puissance ni pour faire leur cour au p;ipo, ni par aucun intrt, ni
, ,

sentiment avec le pape, une dcision de cette nature , dis-je rend notre foi ferme, certaine , exempte de tout doute, de toute inquitude , de toute incertitude , et de toute
perplexit voil l'infaillible rgle de notre crance. Nul catholique n'en disconrient , parce que telle a toujours t la rgle de toute l'Eglise et nul n'en peut disconvenir sans se dclarer hrtique ou schismatique. C'est ce seul point que se rduisent toutes les controverses qu'il y a jamais eu et qu'il y aura dans le monde. Voil le dernier et souverain tribunal, duquel il n'est jamais per: ,

par aucune vue humaine? Il est vrai que c'a t l de tout temps le ridicule prtexte des hrtiques condamns pour ne pas se soumettre. Mais si c'tait celte condition que l'infaillibilit a t promise l'Eglise, nous ne serions jamais srs de rien; nous craindrions toujours que les vques n'eussent prononc que par politique que par crainte ou que par quelques vues intresses ; et nous douterions toujours de la validit de leur jugement. Ce n'est donc aucune de ces conditions que l'infaillibilit a t promise l'Eglise les promesse-; de Jsus-Christ sont absolues et indpendantes de toute condition. L'infaillibilit est attache la dcision du plus grand nombre des vques unis de communion et de mme sentiment avec le pape. Et ainsi que ces premiers pasteurs soient saints, savants ou qu'ils ne le soient pas qu'ils soient assembls ou disperss, qu'ils aient eu une droite intention ou non; qu'il y ait eu des qu'ils brigues ou qu'il n'y en ail point eu aient prononc par politique par intrt ou qu'on prtexte qu'on a manqu dans la non forme canonique, dans l'uniformit des sentiments, que le jugementdes vques n'a pas t prcd d'un examen suffisant, qu'on n'a pas confront la question avec les Ecritures et avec les monuments de la tradition, que la plupart des vques se sont soumis en aveugles la dcision du pape, parce qu'ils enfin qu'on accule croyaient infaillible;
,

mis d'appeler. Et certainement l'Eglise de Jsus-Christ


serait

un corps bien dfigur


,

et

bien mal

n'y avait ni chef ni juge qui termint infailliblement toutes les difficults et tous les diffrends qui naissent de l'Ecriture sur les matires de la religion. C'est pour cela que toutes les autres religions qui se disent chrtiennes ne sont que des corps monstrueux, parce qu'ils n'ont ni chef ni
s'il

affermi

juge qui puisse terminer srement et infailliblement leurs doutes et leurs difficults;
ils

n'ont pour rgle que l'Ecriture sainte, qu'ils falsifient, qu'ils tournent comme il leur plat, et qu'ils interprtent selon leur sens,

mule

tous les prtextes, toutes les chicanes, tous les tous les dtours toutes les finesses artifices, toutes les subtilits imaginables; qu'on dise que la procdure a t irrgulire, que le jugement n'a pas t canonique, et tout ce que pourra inventer la malignit de
, ,

l'esprit

humain et hrtique quoique l'Eglise dans ces conjonctures o il s'agit de la foi n'oublie rien de tout ce qui est ncessaire pour rendre sa dcision certaine indubita,

ble et irrfragable.

Encore une

fois les
.

promesses de Jsus-

Christ sont absolues indpendantes de tontes ces conditions. Dequelque manirequesoient disposs les premiers pasteurs qui prononcent sur la foi leur dcision est toujours infaillible et un oracle du Saint-Esprit quand ils sont unis au centre de l'unit catholique, et qu'ils prononcent avec le pape: car alors la providence divine disposera immanquablement les esprits de telle manire qu'ils dcideront toujours conformment la vrit, et cela en et jamais en faveur de l'erreur vertu des promesses de Jsus-Christ, qui ne peut ni tromper ni tre tromp et qui a sans doute le pouvoir d'accomplir ses pro, , , : , ,

caprices et leurs passions toujours toujours incertains sur ce qu'-ils , doivent croire ou ne pas croire. De l vient qu'il y a parmi eux presque autant de sectes que de ttes, qu'ils se sont toujours combattus les uns les autres, qu'ils se combattent encore et se combattront toujours, et toujours sans tre srs de rien jusqu' la fin des sicles mais les catholiques, runis sous l'autorit des premiers pasteurs et de leur chef, assembls ou disperss, sont srs qu'ils ne peuvent pas errer en matire de foi, et que les dcisions de ces premiers pasteurs sont des oracles du Saint-Esprit. Les hrtiques sont semblables ces mauvais plaideurs qui ont perdu leur procs: que ne disent-ils pas contre les juges qui les ont condamns? qu@ la plupart taient des ignorants, qu'il y a eu des intrigues et des cabales, que les uns ont t gagns par des prsents, que les autres n'ont prononc que par politique, que par intrt, que pour ne pas dplaire un puissant solliciteur, au" d autres n ont pas compris leurs raisons ni le point de la difficult, enfin qu'on n'y a gard aucune forme de justice. Que ne dirent pas les luthriens contre la bulle de Lon X et contre le concile de Trente, aussi bien que les calvinistes contre le mme concile? que ce n'avait t qu'un brigandage, qu'il n'y avait eu que brigues et que caleurs
:

flottants

messes. Si cela n'tait pas ainsi, nous ne serions jamais srs de rien non pas mme de ce qui a t dcid par les conciles gnraux. Mais une dcision claire et prcise du plus grand nombre des vques unis, de mme
,

'

bales , qu'on n'y dcidait rien que ce que voulait le pape, qu'on ne les avait pas voulu entendre. En un mot, ils n'pargnrent ni faussets, ni impostures contre cette sainte assemble. Que ne dirent pas les jansnistes contre la bulle d'Innocent lorsque ce condamn la doctrine de Jans, pontife eut nius ? Que ne publirent-ils pas de vive voix et par crit? qu'on savait assez comment le choses s'taient passes Rome, qu'il n'y

OG9

METHODE POUR DISCERNER LA VRAIE REUGION.


:

JI70

avait eu que cabales et qu'intrigues , qu'on n'y avait pas gard les formalits ncessaires, qu'on n'y avait pas seulement compris la doctrine de Jansnius, qui tait la pure doctrine de saint Augustin, que le pape n'entendait pas la thologie. Ne publirent-ils pas dans leurs journaux cent faussets et cent mensonges? Que n'ont pas dit et ne disent pas encore les novateurs de nos jours, j'entends ces vieux obstins jansnistes, qui n'ont jamais abjur sincrement leurs erreurs, et ceux qui se sont joints eux ? que ne disent-ils pas contre la bulle Unigenitus? On a vu la France, et presque l'Europe entire remplie de leurs libelles; ils les ont fait passer dans
les Indes, et jusque dans Chine, tchant de sduire ces nouveaux chrtiens, et de les faire rebeller contre le saint-sige: libelles remplis, d'une part, de pures chicanes de plaintes injustes, de formalits forges plaisir, qu'ils soutiennent tre ncessaires, et auxquelles ils disent que l'on a manqu; et de l'autre, de blasphmes contre le pape et contre la bulle, qu'ils accusent de renverser le premier commandement de Dieu, d'anantir la foi, et de renverser la discipline. Que n'ont-ils pas dit contre les vques de France? qu'ils s'taient laiss entraner, les uns aux menaces de Louis XIV, comme si ce grand roi avait jamais sur ce point menac personne, les autres par l'esprance des bnfices que c'taient d'indignes flatteurs qui avaient voulu faire leur cour aux dpens de la religion et voil comme avaient parl les calvinistes. Ils ont dit qu'il n'y avait point d'uniformit dans le jugement que les vques ont port de la bulle, non plus que dans les mandements qu'ils ont faits pour l'accepter; qu'on ne savait pas ce que le pape et eux avaient condamn, n'y ayant point d'objet prcis de la bulle, qui proscrit en bloc les cent et une propositions. Ils ont dit des vques trangers qu'ils n'avaient rien examin, parce qu'ils taient infatus de l'opinion de l'infaillibilit du pape comme si ce reproche ridicule n'avait pas lieu pour

d'autres tant qu'il leur plaira le pape avec le plus grand nombre des vques a prononc l'arrt et port le jugement, ils n'ont point d'autre parti prendre que de se soumettre de cur et d'esprit la dcision, ou qu' se dclarer hrtiques obstins. Le Fils de Dieu , qui prvoyait bien qu'elle serait la malignit des hrtiques, a confondu par avance toutes les chicanes, quand il a Les scribes et les pharisiens, qui taient dit de grands sclrats, sont assis sur la chaire de Mose, faites donc tout ce qu'ils vous diront. Et ainsi quels que soient les premiers pasteurs, en matire de religion, ce sont vos soumettez-vous donc ce qu'ils oracles vous disent Qucumque dixerint vobis ser:

l'Amrique, dans
la

vate et facite

[Mat th., XX11I, 3). Ceux qui ont perdu leur procs devant
,

les

tribunaux sculiers, ont beau crier l'injustice l'arrt est port, tout est fini. Il en est de mme au tribunal de l'Eglise, avec cette diffrence, que les tribunaux sculiers peuvent se tromper et tre tromps. Mais le tribunal de l'Eglise ne peut tre ni sduit,
ni

corrompu,

ni

se

tromper

il

est infailli-

ble, cela en vertu des promesses absolues de Jsus-Christ, promesses souvent ritres afin que personne n'en pt douter. Si cela n'tait pas de la manire que je viens de sr l'exposer, nous n'aurions rien de ni d'affermi clans la religion; et tout ce qui t dcid dans l'Eglise jusqu' prsent a
,

aucune force. En deux mots, quand le pape avec le plus grand nombre des vques ont parl, ont
n'aurait presque
fini. Voil l'Eglise parlante, enseignante, avec laquelle le Saint-Esprit ou plutt il parle et enet enseigne seigne par l'ordre des premiers pasteurs. Que cette Eglise soit assemble ou disperse, elle a toujours la mme autorit: sans cela, comme j'ai dj dit, toutes ces horribles hrsies des premiers sicles, et plus de cent hrsies dans la suite des sicles, qui n'ont t condamnes que par l'Eglise non assemble, n'auraient pas t suffisamment condamnes; il s'ensuivrait qu'on pourrait encore soutenir toutes ces erreurs. Aprs quoi nous n'avons point d'autre ressource, que de nous soumettre de cur et d'esprit l'autorit et aux dcisions de l'Eglise catholique, apostolique et romaine, puisqu'il est de foi qu'elle est infaillible en matire de foi. Avec celte Eglise on ne s'garera jamais; avec tout autre guide on se perdra infailliblement tous les fidles qui jusqu'ici l'ont fait sont tombs dans les hrsies parce qu'ils n'ont pas voulu se soumettre aux dcisions de cette Eglise; ils ont voulu contenter leur tmraire curiosit, savoir les secrets mystres de ces nouveaux aptres. De l qu'arrive-t-il? On a assez d'esprit pour tonner des doutes, surtout en matire de religion; niais on n'en a pas assez pour les rsoudre, ni pour dmler les sophismes, les captieuses raisons, les malins artifices les faux raisonnements des novateurs, cl on

dcid, tout est

pense

assemble , ou pour les conciles. il n'est chicanes et faussets qu'ils n'aient inventes et publies contre l'autorit lgitime qui les condamne mais des chicanes qui ne sont que de vieilles rapsodies des luthriens, des calvinistes, et de tous les anciens hrtiques car ce sont l les auteurs chris qu'ils copient, et les illustres modles de leur conduite, modles dignes d'eux. Mais l'Eglise ne saurait manquer, ni se tromper. Qu'ils runissent tous les mauvais prtextes, toutes les chicanes, toutes les fausses subtilits, tous les dtours, tous les artifices, tous les sophismes, tous les faux raisonnements qu'ils pourront: qu'ils aient mme recours des- malignits, des dguisements, des fourberies, et toutes les impostures que tous les anciens hrsiarques ont jamais inventes jusqu' prsent pour luder leur
l'Eglise

Enfin

s'gare.

condamnation;

qu'ils

en

imaginent

mme

En

effet, ils

dguisent avec tout

l'artifice

1171

DEMONSTRATION EVANGELIQUE. DORLENS.

1172

leur mauvaise doctrine; ils lchent (Se la soutenir par des passages de l'Ecriture mal expliqus et dtourns leur sens; ils font parade de je ne sais combien de passages tronqus des saints Pres, et surtout de saint Augustin; enGn ils ornent, ils embellissent, ils fardent, pour m'expliqur ainsi, leur perverse doctrine avec tant d'habilet, que les ignorants et les esprits faibles la prennent pour une doctrine saine et apostolique. Ensuite, pour mieux tromper les gens de bien, ils dbitent leurs erreurs ainsi prpares avec un air si dvot, un visage et un

raient sincrement dvots, mortifis, pnitents, humbles, ce qui n'est certainement pas, de quoi leur servirait cela au tribunal de Jsus-Christ, s'ils n'ont pas la foi s'ils meurent entts et opinitres dans leur dsobissance l'Eglise ? Loin de nous un si affreux tat attachons,
;

nous l'Eglise catholique, apostolique et romaine, la colonne de la vrit, la pierre


fondamentale, la seule vritable Eglise de Jsus-Christ, hors de laquelle il n'y a point de salut esprer, et contre laquelle iront toujours se briser l'orgueil et l'opinitret de tous les hrtiques et de tous les schis.uatiques. C'est dans cette seule Eglise que s'enseigne la vritable et la saine doctrine. Et ainsi quand on vous ferait voir le contraire, et que cela semblerait plus clair que le jour; ds le moment que c 0| ibiohs et ces sentii

ne n'exhalent que la pit et que la rforme ce qui a toujours t un des plus sduisants artifices de presque tous les novateurs, accompagnant avec cela leurs discours de soupirs, de gmissements sur les malheurs d l'Eglise, prsente, sur l'indolence et la ngligence des pasteurs sur les relchements dans la morale. Tout est perdu, si on les en croit la vritable doctrine altre, les anciens Pres de l'Eglise abandonns, l'Evangile renvers. Voil les mom; ries qui blouissent et qui sduisent plusieurs ca qui branlent mme quelquefois les meilleurs esprits, les faux dvots, et sui tout les femmes, qui se laissent aisment prendre pares spcieuses apparences, et ces dehors trompeurs, faute d'avoir assez d'esprit et de capacit pour dcouvrir la malice des novateurs d'o il arrive qu'elles boivent le poison sans le sentir et sans le connatre et, ce qui es! dplorable, on eh a vu d'enttes ce point, d'ajouter plus de foi aiix discours pernicieux d'un directeur jansniste, qu'aux instructions de leur lgitime pasteur, et aux dcision du pape mme. Il est vrai qu'aujourd'hui on en est beaucoup revenu. La plupart de ceux qui sont un peu au fait, sont assez convaincus qu'un bon jansniste n'est rien moins qu'un homme dvot. Ils en ont donn tant de preuves de tous cts, et de tant d sortes, qu'il est rare qu'ils trouvent sur ce point encore des dupes, except parmi le peuple. Ils font rire le monde quand on leur entend dire, ou qu'on lit dans leurs libelles, que les jansnistes ou les disciples de saint Augustin comme ils s'appellent, sont les plus pieux les plus savants, les plus sincres, (eux qui aiment le plus l'Eglise, et qui s'attachent le plus ses pratiques. Un tel discours n'a plus rien de srieux; le masque en est lev; ils peuvent chercher un autre inonde. C'est le propre de l'hrsie djouer rle. Les protestants firent tout comme eux. Ce ne furent d'abord qu'abus corriger, que pnitence
si

maintien

composs, qu'on

dirait qu'ils

respirent que la saintet,

qu'ils
:

ments qu'on es ceux de


ni

l'Eglise,
qi

ne sont pas cnsoyez toujours


intds
iii

p suads

er'i

et des hrsies.

Quand un ange

ciel, dit
le

saint
tr

Paul, vous

oncer

coh1

re
'.,

de ce
j
:

qi

\ n le croyez pas
'-.ne
s,

preuve
irti

tout parti ('.ans t' -outre lui-i

que

c'est

hrtique, surtout depuis sa con-

damnation.

Au
|

reste, ce

que

l'on a dit des conditions

auxquelles Jsus-Christ n'a point astreint les r miers quand ils form ni 's
,

une dcision

conditions ou dre toujours sans pr u ;iies requises quand l'Egiise a-t. mble ^ conciles irononcer, c'est lniqes on peut les voir d mis 1-s thologiens et les canoitistes. Celles-ci paraissent ordinairement ncessaires 1" ii faut que tous les vques soient appels et convoqus, en sorte, dit Bcllarmin (I)e('onc, 1. 1, h se fasse dans les 9-17), que la coni cs principales parties du monde chrtien; -2" aucun vqne n'en doit tre exclu sans cause, pue ou schismatique s s. rail d'tre hre:
;
: i
:

notoire, ou

excommuni;

ii

faut qu'il

des vques au moins de Ici ces; 4 le p| princip n cm par se ce serait un corps s ;ns tte, qui ne re: n terait pas l'Eglise; o il faut qu'il ne soil pas dissons par le pape c. te condition suit de la prcdente; caralors te pape n'y prsidant plus par iui-mme, ni par ses lgats, le concile ne subsiste plus; 6' il faut que lalrbel des suffrages y soit c nserve; 7 quand il et c'est ce fini, H doit tre confirm par l pape qui assure les fidles de sa lgitimit, et que canoniquemeiit: tout s'y es
.

que rforme; on ne nous rappelait qu'aux premiers sicles on ne. vit jamais plus de
,

rserve; leurs soldats

n<*
s

pr<

re

Il

CONCLUSION DE CE TRAIT. me semble que j'ai dmontr que l'Eglise


jui lui lise

que aucun jurement dan

bientt ce ne fut plus cel is la licence n'alla plus loin. Pourquoi? parce que quand
la foi

est perdue,

il

est

comme

impossible

que

les

murs ne
les

tout,

quand

corrompent pas. Aprs novateurs de ce temps sese

so it unies de crance. de Jsus-Christ; qu'elle" seule est assiste du Saint-Esprit; qu'elle ne peut pas errer dans les matires de foi; que
!

le

plus grand

nombre des

pasteurs, soit qu'il*

J!73
Soieii

METHODE POUR DISCERNER LA VRAIE RELIGION.

1174

assembls, ou qu'ils ne le soient pas, unis de mme sentiment avec le pipe, ont la souveraine autorit, quand mmn ceux qui prsident dans cette Eglise en seraient moins dignes; que, de quelque manire que l'acceptation se fasse par le pape et le plus grand nombre des voques tout est fini malgr
,

toutes les chicanes, tous les prtextes et toutes les prtendues formalits que forgent les novateurs pour luder leur condamnation.

vritable saintet, ou plutt rien que de terrestre et de sensuel; tandis que je ne dcouvrirai dans les autres Eglises qui se disent chrtiennes, que des nouveauts et des chicanes, que des variations et que des contradictions, qu'un amas de calomnies et d'impostures pour dcrier l'Eglise romaine, et dcrditer l'autorit du souverain pontife et des premiers pasteurs, et pour noircir et dcrier les dfenseurs de la vraie religion ,

couter les nouvelles oppositions de ces esprits brouillons et opinitres, qui, depuis plus de soixante et dix ans toujours et si souvent condamns, sont toujours plus acharns leurs erreurs on ne terminerait jamais rien, et l'on disputerait jnsqu'au jour du jugement. Or que s'ensuit-il de toutes ces vrits qui sont videntes, sinon que dans l'Eglise romaine est la seule religion dont il faut faire profession; que c'est ses dcisions qu'il faut se soumettre aveuglment, sans rpartie, sans examen, bien convaincus que Jsus-Christ lui a promis le Saint-Esprit, qu'il la soutiendra dans la puret et l'intgrit de la foi jusqu' la fin des sicles?
S'il fallait
,
,

qu'un chaos inpuisable de sentiments diffrents non-seulement dans la mme secte, mais encore souvent sur le mme article; tandis que je verrai dans les autres Eglises ce que l'on vit du temps de Calvin et de Luther, ces nouveaux aptres que leurs
,

partisans

prtendaient

avoir

suscits

Et quand nous nous soumettons purement et simplement aux dcisions de cette Eglise, nous sommes bien fonds, parce qu'elle seule
a tous les motifs de crdibilit qui caractrisent la vraie religion, et toutes les marques de la vraie Eglise de Jsus-Christ. J'en ai

miraculeusement pour rformer l'Eglise, nanmoins se contredire ternellement, so charger mutuellement d'injures les plus atroces, s'excommunier mme les uns les autres une foule d'apostats, qui renonaient une profession sainte pour pouvoir se marier et mener une vie licencieuse ; tandis que je ne verrai, outre cela, dans ces nouveaux rformateurs de nos jours faux
; ,

disciples de saint Augustin, qu'orgueil, qu'en-

dduit jusqu' quatorze, qui ne conviennent qu' cette seule Eglise, et qui sont toutes tires de l'Ecriture sainte, que Dieu a fait prdire, afin que les hommes reconnussent ces marques et ces caractres divins la vraie Eglise de Jsus-Christ, et qu'ils la distinguassent de toutes les fausses que c'est par consquent dans cette Eglise qu'il faut vivre
;

mourir. Enfin qu'on fasse comparaison de cette religion avec toutes les autres religions du monde. Qu'on me produise une autre religion et plus ancienne, et plus ferme, et plus sainte, et plus universelle, et plus zle, et plus unie dans une mme unit de crance. Qu'on me produise une autre religion attaque avec pliis de fureur et de violence par toutes les puissances de la terre et de l'enfer, et par plus de deux cents sectes hrtiques, et dont quelques-unes avaient mme leur
et

tte les

empereurs du monde,

et cela l'espace

de plus de ox-sept cents ans. Il n'est pas mme jusqu' des schismes domestiques qui ne l'aient quelquefois dchire par l'ambition des antipapes. Et cependant malgr toutes ces terribles attaques, cette Eglise est toujours plus ferme, plus inbranlable, toujours victorieuse et triomphante. Qu'on me produise une autre religion qui ait plus de marques de vrit, plus de motifs de crdibilit, plus de caractres de divinit, et des motifs plus forts, plus puissants et en plus grand nombre; mais je suis sr qu'on ne m'en produira aucune autre de cette force. Et tandis que d'une autre part je ne dcouvrirai dans les autres religions rien que de naturel, rien que d'humain, rien que de charnel, rien qui ressente la vraie pit et la

ttement, qu'opinitret, que cabale, qu'esprit pharisaque, gens qui prchent aux autres une svrit outre qu'ils ne pratiquent point eux-mmes, qui nous font un Dieu cruel , un Sauveur qui ne veut pas sauver tous les hommes, et qui n'est pas mort pour tous: profanes novateurs, dont le systme sur la libert et la grce (Voyez les cinq derniers Dialogues de M. de Cambrai sur le jansnisme) conduit au plus infme relchement; qui depuis plus de soixante et dix ans toujours fltris, et si souvent condamns, forgent chaque jour de nouvelles chicanes pour luder leur condamnation et ne jamais obir ; qui s'obstinent rester extrieurement dans l'Eglise pour la dchirer avec plus de succs, tandis qu'ils en sont intrieurement spars par leur hrsie; qui plus audacieux et plus hrtiques que ne le furent leurs hros avancent les paradoxes les plus insoutenables dans la religion, et des hrsies ou des blasphmes nouveaux que ces premiers matres de leur cabale n'auraient pas os hasarder, comme: que personne ne doit croire que Dieu veuille le sauver ; que Von ne pourrait pas se sparer de la communion d'un cur ou d'un vque qui ferait la cne dans son Eglise au lieu d'y clbrer les divins mystres (Examen thol., t. U,p 203); qu'il n'y a point d'exemple dans tous les sicles, o
,

on

ait

vu un pape donner un dcret aussi per~


) :

nicieux que la constitution Unigemtus (Ledre toutes de M. d'Axxcrrc M. de Soissons propositions, et plusieurs autres qu'il serait trop long de rapporter, d'un horrible fanatisme; tandis, dis je, que je ne verrai dans toutes ces diffrentes sectes, qui se disent nanmoins chrtiennes, la luthrienne, la calviniste, la zwinglienne, la socinienne , la jansnienne, etc. que de ces affreux excs, et en mme temps nulle "aison qui prouve la vrit de leur religion, que tous les hr,

1175

DEMONSTRATION EVANGELIQUE.

DORLAlSS.

1176

tiques ne puissent allguer pour prouver galement la leur que je n'y verrai, au lieu
;

des marques de vrit


bilit,

et

des motifs de crdi-

que des marques d'erreur et de fausset, telles que sont celles que j'ai dduites, marques sensibles, et qui conviennent tous
les partis qui ne se soumettent pas l'autorit et aux dcisions de l'Eglise; tandis que je verrai tout cela, encore une fois je me

toujours invioiablemenl attach catholique, apostolique et romaine, a seule que Dieu soutienne contre tant et de si formidables attaques des hrtiques la seuie que Dieu a rendue invincible, inbranlable depuis dix-sept cents ans passs; et je dtesterai toujours toutes les autres sectes comme des inventions humaines , comme des nouveauts introduites par l'orgueil et le libertinage, comme des synagogues de Satan, comme des sectes qui naissent et qui
l'Eglise
:

tiendrai

meurent successivement

les

unes aprs

les

autres, parce que ce ne sont que des ouvrages de l'esprit de mensonge. Aprs quoi je soutiens qu'il n'est pas un homme tant soit peu raisonnable, qui puisse-ne pas approuver

ma

conduite

et

ma

religion.

dont ils conviennent avec nous. sans doute que l'Eglise assemble est infaillible, puisqu'ils y appell'Eglise n'a jamais dcid formellement par aucun canon, ni par aucune bulle, qu'elle ft infaillible tant assemble dans un concile, et n'a jamais cru avoir besoin de le dcider; donc elle n'est pas infaillible assemble dans un concile. Cette consquence cependant est fausse et contre la foi; d'o il faut conclure qu'il y a des vrits qui appartiennent la foi, et qu'il faut croire comme de foi, quoique l'Eglise ne les ait pas dcides expressment; et telle est son infaillibilit, soit qu'elle soit assemble ou qu'elle ne le soit pas, et par consquent le raisonnement des adversaires ne prouve rien, parce qu'il prouverait trop, 2 11 faut convenir qu'il y a certaines choses qui sont effectivement rvles et qui par l appartiennent la foi, mais qui se trouvent encore obscures, en sorte que cerregarder les tains fidles ne sauraient comme des vrits qu'ils soient obligs de croire de foi divine, parce qu'elles n'ont pas t suffisamment proposes de la part de l'Evrit croient en concile lent ; mais
Ils

une

Car lorsque

je crois ce

que

celte

Eglise

glise

et

telle tait

la validit

du baptme

m'oblige de croire, je ne crois pas en tourdi et en aveugle, je suis bien fond pour croire. Les quatorze motifs de crdibilit que j'ai dduits mesontdes preuves videntes que c'est l
Eglise. Par ces marques clatantes qui portent une impression visible du doigt de Dieu, par ces signes vidents qui sont comme marqus du sceau de la Divinit, je reconnais la vraie Eglise de Jsus-Christ dans la seule Eglise catholique, apostolique et romaine, aussi bien que son autorit suprme et son incontestable prminence sur toutes les autres Eglises et sur toutes les autres religions du monde; je reconnais son infaillibilit dans ses premiers pasteurs en vertu des promesses que Jsus-Christ fit ses aptres seuls et leurs successeurs, lorsqu'il leur promit le Saint-Esprit, avec assula seule vraie

ternellement et les jours jusqu' la fin des sicles; et cela absolument, c'est--dire soit qu'ils fussent assembls ou non assembls. Sur quoi, avant que de finir, il faut que je rponde une objection de certains novateurs. Si l'Eglise disperse tait infaillible, disentils, elle aurait dcid sur son infaillibilit; mais l'Eglise n'a jamais drid par aucun canon de concile, ni par aucune, bulle de pape, qu'elle soit infaillible tant disperse, je ne puis donc regarder ce point tout au plus que comme une. opinion et quand mme il serait fond dans l'Ecriture et dans la tradition, on ne pourrait le donner comme une vrit de foi avant que l'glise nous l'et propos comme tel. Jusque-l il faut attendre sa dcision et n'aller jamais plus loin qu'elle. C'est ainsi qu'ont parl cl que parlent des gens trop engags dans un mau-

rance

qu'il demeurerait qu'il serait lui-mme avec

eux tous

des hrtiques qui gardent la mme forme que nous, dans le temps de saint Cyprien, proposition assez laquelle, faute d'une expresse de l'Eglise, n'tait pas reconnue de quantit d'vques d'Asie et d'Afrique pour une vrit de foi. El c'est sur quoi est fond ce que disent plusieurs thologiens que la rebaplisalion tait regarde de saint Cyprien comme un point de discipline laquelle il pouvait s'attacher comme la pratique de bien des Eglises, parce que ce grand saint ne croyait pas que la vrit contraire appartnt la foi, l'Eglise n'ayant pas encore prononc l-dessus ce qui dans les commencements le rendait excusable. Mais il y a d'autres points rvls, qu'une tradition plus sensible et plus vidente a toujours mis distinctement au rang des vrits de foi indpendamment d'aucun dcret formel di; la part de l'Eglise et telles sont, par exemple, la divinit de Jsus-Christ, sa prsence relle dans l'adorable eucharistie, la ncessit de la grce vrits que les fidles ont d croire comme de foi avant que l'Eglise songet les dcider formellement comme elle a fait depuis contre les hrtiques qui les attaquaient et de ce genre est
: ; ,

son
ble

infaillibilit
,

soit

quand

elle est

assem-

soit quand elle est disperse. Ce n'est point l une de ces vrits semblables au dogme du pape saint Etienne contre les re-

vais parti.

Mais 1 ce raisonnement se tourne en preuve contre eux-mmes, pour renverser

qui manquait en Afrique et en M. de Cambrai (troisime Inst. paslor., c. 57), d'une suffisante proposition de l'Eglise. Elle est si clairement marque dans l'Ecriture par les paroles expresses de la promesse, et dans la tradition, que l'Eglise n'a pas besoin de la dcider par un dcret positif. Elle se. dclare infaillible par la pratique; pratique constante , invariable et de tous les sicles comme je l'ai dmontre. Elle dcide un point de foi, elle condamne
baptisants,
,

Asie

dit l'illustre

1177

VIE DU

P..

P.

CAMPIEN.

1178

une hrsie ou dans un concile ou sans conoblige ses enfants croire ce qu'elle a dcid, sous peine d'tre dclars hrtiques : peut-elle mienx dclarer son infaillibilit? C'est l une dcision effective. C'est donc cette Eglise seule que je m'attache : c'est dans cette- arche que je me rfucile, et

tale le vrai

symbole de

la foi et les traditions

gie en assurance, disait Jrme {loco citato), parlant de l'Eglise romaine , comme dans l'arche du salut, comme dans la maison du

comme dans la source de toute vrit, et le centre de l'unit de la vraie foi


Seigneur,
parce que c'est l qu'on m'expose srement les livres canoniques, qu'on m'en donne infailliblement la vraie intelligence, qu'on m'-

de la , sr fermet et de la vrit de ma foi , aussi bien que de l'infaillibilil de cette Eglise qui me guide, je ne suis plus en peine que de la rgularit de ma vie et de la saintet de mes murs, rappelant souvent dans ma mmoire ce terrible arrt de Jsus-Christ q.ue tout arbre qui ne portera pas de bons fruits sera coup et jet au feu. Il ne suffit donc pas d'avoir la vraie foi, il faut encore porter de bons fruits et faire de bonnes uvres, puisque la foi est morte sans les uvres, dit saint Fides sine operibus mortua est Jacques
divines et apostoliques; et ainsi
:
,

(H, 26).

VIE
Edmond Cainpien
ses premires
dier en philosophie.
cette

DU
y acquit

R. P.

CAMPIEN.
le plus

naquit Londres en 1540. Aprs


il

fortement l'hrsie

fut

ce

qui lui en

donna
de

tudes,
Il

alla
fil

Oxford, pour y tu-

le plus d'aversion

eld'loignement. N'en eut de cruels


le sein
la

se
,

bientt connatre dans


il

remords dont
gnie de Jsus.

il

ne put se dfaire que dans


,

fameuse universit

et

beaucoup de

l'Eglise catholique
Il

et puis

dans celui de

compa-

rfutation. Eltzabelh, qui, au grand malheur de tout


le

ne songea plus aprs cela qu' abju-

royaume d'Angleterre,
la
la

avait succd Marie, ayant


s'iani.

rer l'hrsie

qu' faire une rigoureuse pnitence de


qu'il appelait le caractre de

quiu

religion catholique, et

ouvertement

son pch, et effacer ce


la bte.

dclare pour
rhrsie,
parti

protestante,

il

se laissa engager dans

Mais

afin
il

de pouvoir vivre plus librement en de l'Angleterre


et

par

une mchante complaisance pour [le


Il

catholique,
Irlande.
Il

sortit

se

retira

en

dominant.
le

n'y fut

nanmoins jamais vraiment


la

y vcut Dublin avec tant de modestie,

de

attach dans

cur. Le comte de Leicester, que


lui

puret
d'ange.

et

d'innocence,

qu'on

lui

donnait

le

nom

reine considrait tort,

promit de grands avantages


il

de

la

part de cette princesse, dont

s'tait concili

La perscution
tholiques,
il

s'tanl alors leve contre les ca-

restitue et la bienveillance,
qu'il avait
fait et

parmi discours loquent,


remercia Sa Majest
loi faisait, et
il

s'chappa
le

comme

par miracle, des mains

prononc sa louange, dans une


Mais
il

de ceux qui

cherchaient, el s'en retourna secrte-

clbre

assemble.

ment

Londres, o n'tant

pas plus en sret,

il

de l'honneur et des offres qu'elle

aima

passa en Flandre avec beaucoup de peine, et un ex-

mieux se contenter d'une mdiocre fortune que de


prendre un engagement dont
tirer
il

trme danger de sa
lustres

vie.

Il

trouva Douai les plus


vraie
religion,

il-

et eu peine se re-

dfenseurs de

la

Guillaume
Sla-

dans

la suite. Il
la

passa trois ans dans une grande


il
il

Alain, depuis cardinal, Nicolas Sander,

Thomas
et

incertitude sur

religion. |Pour s'en claireir fond

plelon, Guillaume Bristol, qui, l'ayant reu avec toutes les

se mit

lire

l'Ecriture, les conciles et les Pres,

dmonstrations possibles d'amiti presque malgr


lui,
Il

de cha-

consultait

mme
il

souvent

les plus habiles

du

parti et

rit, l'obligrent

de prendre dans
crivit

les fatiguait par ses

objections

et

par ses disputes.

l'tuiiversil le

degr de bachelier.

de

une

Mais plus
mettre
fin

lchait d'en tirer quelques lumires et de


ils lui

lettre

galement doclc el touchante l'\que de Glo-

ses inquitudes, plus

faisaient sen-

cesicr, pour lui tmoigner

combien

il

se repentait d'a-

tir le faible
11

et la fausset de leur doctrine.

voir souffert qu'il lui impost les mains, et pour l'avertir

tait dj fort branl, et

comme

dtermin se

que dans

l'tal et

l'ge o

il

tait,

il

commenlui

faire catholique, lorsque Kichard

Cheneus, vque
C'tait

t tout de bon

meure ordre

sa conscience. Ce-

de

Glocester,

lui

fit

changer

de] dessein.

pendant

le

souvenir de ce malheureux vieillard


la

un esprit adroit
la lecture

et artificieux, assez bien vers

dans

rappelait continuellement dans


qu'il avait
lait

pense
,

le

diaconat

des Pres, zl luthrien, et ennemi dclar


Il

reu

de ses mains profanes

et

renouverepos ni

des calvinistes.

fit

esprer Cainpien

de,

grands

ses scrupules,
ni nuit.

qui ne lui donnaient de

honneurs dans
coula

l'Eglise d'Angleterre, et qu'il prten-

jour

drait un jour l'piscopat.

Ces promesses
:

l'bloui-

Enfin

Dieu
pied

lui
,

inspira d'aller

Rome;

il

fil

ce

rent

il

le

silement du serpent

le

faux voil

voyagea
il

avec (toutes les incommodits d'une

que
fit

le

poussa

si loin,

qu' force de belles paroles


,

le

pauvret rigoureuse, mais volontaire.

son arrive,
la

consentir recevoir l'ordre de diacre

la

manire

apprit que, saint Franois de Borgia, gnral de


avait lu

des nouveaux sectaires. Mais ce qui devait l'attacher

compagnie de Jsus, tant mort, on

en su

1179

DEMONSTRATION EVANGEL1QUE. CAMPiEN.


flamand de nation.
acheve.

1180
,

place l pre Evrard Mercurien,


Il l'alla

On

y trouve de l'loquence
la

de l'rudition,
la

trouver,

lui

dclara qu'il se senlail fortement

du raisonnement, de
qu'elle fui

solidit et

de
fil

force.

Ds

appel de Dieu
sons.

la

compagnie,

et lui

expora ses rai-

imprime, Campien ea
on ne pouvait

distribuer

de

Le

gnral ayant reconnu sa capacit, son es-

tous cts un grand

nombre d'exemplaires;
la lire,

c'tait

prit et ses

grandes dispositions une minente vertu,


le recevoir.
la
II le

qui

la lirait,

et

qu'on n'en ft
,

ne balana pas

mit entre

les

mains

charm. Les protestants en taient au dsespoir


Jamais rien ne
plus d'honneur
ni

les

du provincial de
pre de
viciat.
le

province d'Autriche, et pria ce


faire

catholiques en taient ravis et en triomphaient de joie.


fit

mener en Allemagne pour y


noviciat achev,
,

son no-

la

compagnie

et

Le

il

rgenta
il

la

rhtorique en

l'auteur en particulier,

plus de

bien

la reli-

ce pays-l

puis

la

philosophie, et

y prcha avec

gion dans l'Angleterre, depuis sa sparation

d'avec

beaucoup de

succs,
et

donnant partout de grandes


appel Rome, par
aller

Rome.
Enfin Campien, aprs avoircbappune infinit de

marques de vertu

de saintet.
il

Quelque temps aprs


l'ordre

fut

dangers, aprs avoir travaill lis-ulilement pendant


treize

du pape Grgoire XIII, pour


la
fit

avec quel*

mois ramener un grand nombre d'hrtiques


ses crits,

ques autres travailler


Il

conversion de l'Angleterre.
ce voyage son ordinaire

l'Eglise, tant par ses discours que par

partit incontinent,

et

connue on

le

cherchait de tous cts avec tout l'emil

toujours pied, l'apostolique. Passani par Genve,


il

pressement imaginable,
son d'un apostat, et
tcha d'abord de
le

fut

dcouvert par

la trahi-

eut une confrence avec Thodore


,

de Bze qui,
trouver

men

pri ionnier

Londres.

On

press fort vivement

eut assez de
tirer

peine

gagner par de magnifiques proesprer l'archevch de Can-

un spcieux prtexte pour se

de

la

dispute.

Ils

messes, jusqu'
lorhry et
la

lui faire

arrivrent enfin, le pre Peiv>niuset


il

lui

.lheiins,

prinialie

de tout

le

royaume.

Mais
le

y avait alors Tin sminaire d'Anglais. Peu de temps


ils

n'ayant jamais voulu y entendre,

on commena
le

aprs

se remirent

en chemin

Personius s'emsuivi
,

tourmenter trs-cruellement, on retendit sur


valet,

che-

harqua

le

premier; et Campien, l'ayant


la veille

aborda

on

lui

disloqua tous les os, de sorte qu'aprs


le

Douvres,
tiste.

de

la

Nativit de saint Jean- Bapqu'il

deux jours de torture,

gouverneur de
de

la

tour,

peine

tait-il
Il

descendu terre,

manqua

homme

barbare

et inhumait), se vantait

l'avoir fait

d'tre arrt.

passa nanmoins, et s'tant rendu

crotre d'un demi-pied.

Londres,
il

il

trouva quelques-uns de ses amis, dont

Cependant on ne cessait de
tinuelles disputes,

le

harceler par de con-

fut trs-bien reu.

Voyant cependant
il

qu'il n'y

fai-

il

remportait toujours l'avan-

sait

pas sr pour

lui,
il

s'en retira au plutt; et avant

tage, rpondant,

malgr ses douleurs, avec une mer,

que d'en partir,

crivit

une belle

lettre

aux

sei-

veilleuse prsence d'esprit

tous ceux qui l'atta-

gneurs qui taient du conseil royal, pour |leur rendre

quaient, et les obligeant se taire. Mais, quelque juste

compte du dessein qui


et

l'avait
t

pour

les prier

en

mme

amen en Angleterre mps de lui obtenir de la


,

que

fui la

cause
il

qu'il

dfendait avec lanl de force et

de courage, de
la

ne

laissa pas d'tre

condamn, en haine
eut t pro-

reine la permission de prouver la vrit del religion

religion, au supplice ordinaire des criminels de

catholique, en pleine assemble des docteurs et

des

lse-majest. Ds

que sa sentence
telle joie
,

lui

personnes
Mais,

les plus savantes


il

du pays.

nonce,

il

en eut une

qu' l'heure

mme
,

il

comme
lui

vil qu'il n'y avait nulle apparence


|et

qu'elle dt

tre accorde,

qu'on imputait sa deil

se mit dire tout haut le Te Deum, en actions de grces. Il mourut l'ge de quarante et un ans le

mande

audace et prsomption,

composa en

latin

ce petit ouvrage, qui contient dix preuves trs-claires


et trs-convaincantes
justifier

premier dcembre 1581. Tous ceux qui ont parl de martyr. Quelques sa mort lui ont donn le titre de
raisons que nous ayons de le
lui

de notre religion, tant pour


les hrti-

son procd que pour confondre


peut
dire qu'en son genre c'est

qu'eux, nous en remettons


sige.

le

donner aussi bien jugement au saint-

ques.

On

une pice

DIX PREUVES
PROPOSES AUX UNIVERSITS D'ANGLETERRE, PAR LE PRE CAMPIEN, DE LA COMPAGNIE DE JSUS, MARTYRIS A LONDRES.

DE LA VRIT DE LA RELIGION CHRTIENNE,

MESSIEURS DES UNIVERSITS D'OXFORD ET DE CAMBRIDGE


par l'ordre de mes suprieurs , pour y travailler au salut.des mes, suivant Veiprit

Messieurs,

Etant revenu l'anne passe en cette Ile

181

DIX

PREUVES DE LA RELIGION CHRTIENNE.


Jans
le

4182

de

mon

institut, j'y fus accueill

port

doit le plus convaincre le public de la

d'une plus furieuse tempte que celle que je venais d'essuyer sur mer. On de parlait, dans
tout
le royaume, que de potences dresses pour les catholiques; et en quelque endroit que j'allasse il n'y avait nulle sret pour moi. Le malheur des temps cl \n cause de
,

de

ma

cause. Faites-y rflexion


,

je

bont vous en

conjure

instruisez-en les peuples, qui vous

considrent
soin
q:>i

comme

leurs
et

matres. C'est

un

vous regarde,
et votre

que l'honneur de

Jsus-Christ, le bien de l'Eglise, l'dification

du prochain,
vous.

propre salut exigent de

mon retour m'obligrent me soustraire l'injuste


nemis de l'Eglise;
quelqu'un qui
je
et

de

me

cacher, pour
craignais

perscution des en-

Pour moi,
fi

si

dans

le dfi

que

j'ai fait

aux
con-

comme

je

plus habiles d'entre vous, je

me

suis
,

d'tre dcouvert avant

que d'avoir rencontr

en

mon

esprit

en

ma

science

en

mon

pusse exposer t faire

loquence, en

ma

lecture, en

ma

mmoire,

approuver mes raisons, je rsolus de les mettre par crit, afin que tout le monde sut ce qui m'a ramen ici, quelle sorte de guerre j'y suis venu apporter, et quels ennemis je nie suis propos de combattre. Je porte avec moi l'original de ce petit ouvrage, afin que si je tombe entre leurs mains, il y tombe aussi avec moi. J'en ai laiss une copie un de mes amis, qui mon insu, l'a commu,

je suis le plus vain et le plus

prsomptueux

de tous
pacit

les

hommes,

d'avoir os

me compa,

rer des gens d'une rudition et d'une ca-

consommes.
je le
suis,

Mais

si

convaincu
cru pou-

comme

de l'vidence des choses


j'ai

que j'entreprends de dmontrer,


voir persuader tout

homme
,

raisonnable

qui!

fait

jour en plein midi

vous excuserez

l'ardeur de

nique plusieurs personnes. Les partisans


de Luther

blm mon choqus c'est que moi seul j'ai eu l'audace de les dfier tous au combat. Qu'ils nous procurent
et

de Calvin ont

fort

pour la dfense de la bonne cause, que je ne puis abandonner sans nrvariquer dans mon ministre et sans
zle

mon

procd; mais ce qui

les a le plus

trahir

mon

devoir.
,

Il

y a des vrits

si

ma-

nifestes

quelque tour qu'on puisse que prendre, de quelque artifice qu'on puisse
user,
il

plusieurs des sauf-conduits

et je

leur prole

est impossible de les obscurcir. Celles

mets de

me

rendre bien accompagn dans

que

j'ai

prouver sont de ce genre

et je

lieu de la dispute.

Hammer

et

rpondu au
disent-ils?

dfi

que

je leur ai

tout ce qu'il faut


n'est
la

Charcus ont fait: mais que pour montrer


et

puis dire qu'il n'y en a point de plus claires


ni de

plus certaines.
qu'il y a

Il

me

sulfit

de pouvoir

montrer
saints
,

que leur cause


dsesprent de

pas

bonne,

qu'ils

qu'il y

un paradis, qu'il y a des qu'il y a une vraie religion


,

gagner. La seule rponse

que je leur demande, c'est qu'ils me disent en Nous acceptons le dfi la peu de mots
: ;

a un Jsus-Christ, toutes vrits incontespour faire voir nos adversaires tables


,

qu'ils sont
je les

dans l'erreur. Et aprs cela doisla

reine y consent

venez en toute assurance


,

craindre, dois-jc apprhender


s'ils

dis-

quand

ii

vous plaira, venez

nous vous atsditieux


1

pute,

veulent bien en vcsiir a un clairils

tendons.

Au
:

lieu de cela, ils crient sans cesse

cissement?
ils

peuvent m'ler

la vie,
j'ai

ap:s moi
tratre
I

le

jsuite

ie

le

ne sauraient

me

vaincre

car

mais pour

qu'il

meure,

qu'il

meure

Voil ce

qu'ils ont de plus fort

de leur crance.
tions? Faut-il

pour prouver la vrit quoi bon ces exclama-

que des gens

d'esprit cl qui
si

la doctrine que j'enseigne, tous ceux qui ont eu pour matre le Saint-Esprit, cet Esprit de vrit qui ne peut ni se tromper ni tromper personne. Pensez donc s-

garant de

ne manquent pas de lumires consultent

rieusement votre salut.


de vous ce point-l
reste. Je
,

Si

je

puis obtenir

peu leur raison ? Pour ce qui est de Hammer et de Charcus, on leur a fait voir depuis peu

j'obtiendrai aisment le

un

livre qui peut les instruire pleinement de


,

ce qui concerne l'institut des jsuites

les ca-

lomnies qu'on leur


lieu d'couler

fait et les

fonctions qui

vous le dis encore une fois, pensez de bon votre salut, recommandez tout Notre-Seigncur cette grande affaire, demandez-lui ses lumires, cooprez sa grce,

leur sont propres. Maintenant donc qu'au

mes

raisons,

on ne

f.:it

que

me

menacer de la torture et de la mort, souffrez que je vous propose brivement cet crit ce qui me donne le plus d'assurance et ce qui

vous reconnatrez sans doute, ce (lui est certain, que les ennemis de la vraie gHs se sentent faibles, qu'ils apprhendent le combat
;

que nous, au contraire, fonds sur des


le

raisons invincibles, nous

dsirons et

nom

H83
vantage
le

DEMONSTRATION EVANGEL1QUE. CAMPIEN.


dadiscours suivant vous fera con-

1181

l'attendons avec joie. Je n'en dirai pas


;

natre le reste.

de Dieu, et que c'tait la seule rgle qu'ils voulaient suivre, ont retranch de l'un et de l'autre Testament de si beaux endroits, et des parties si considrables.

PREMIRE PREUVE.
Entre plusieurs marques de la crainte que nos adversaires ont toujours eue de ne pouvoir se dfendre, la plus manifeste est, ce me semble, la ncessit o ils se sont vus rduits d'attenter sur les saintes Ecritures. Aprs avoir mpris le tmoignage des plus clbres docteurs, ils ont reconnu qu'ils ne pouvaient soutenir leurs dogmes sans faire violence la parole de Dieu. Ils ont bien montr que leur cause tait mauvaise et insoutenable, puisqu'ils ont t contraints d'en venir cette dernire extrmit. Qu'est-ce qui les a obligs de faire passer pour apocryphes plusieurs livres canoniques, si ce n'est le dsespoir de les accorder avec leurs erreurs? Pourquoi les manichens 2; (Saint August., liv. , contra Faust., c et de Utilit. cred., c. 3) ne voulaient-ils point de l'Evangile de saint Matthieu, ni des Actes des aptres, si ce n'est parce qu'ils croyaient, selon leurs principes, que Jsus-Christ n'tait point n de la Vierge, et que le SaintEsprit n'tait descendu sur les fidles que lorsque l'impie Mans leur matre et leur paraclet, parut sur la terre? Pourquoi les bionites (Saint lren., liv. \, c. 26) rejetaient-ils les Eptres de saint Paul, si ce n'est parce qu'ils voulaient rtablir l'usage de la circoncision, que l'Aptre condamnait? pourquoi Luther (1) parle-t-il si insolemment de l'Eptre de saint Jacques, jusqu' dire qu'elle n'est bonne qu' susciter des querelles , qu'elle est pleine de vanit, sche, aussi mprisable que la boue et le fumier, et entirement indigne de l'esprit apostolique? Pourquoi, disje, en parle-t-il de la sorte, si ce n'est parce qu'il soutient, contre la doctrine de ce grand aptre, que c'est la foi seule qui fait la vritable justice? Pourquoi (Bibl. Genev.) les disciples de cet hrsiarque veulent-ils exclure du nombre des livres sacrs Tobie, l'Ecclsiastique, les Machabes, et en haine de ceux-ci plusieurs autres, si ce n'est parce qu'ils y trouvent leur condamnation et qu'ils y sont manifestement convaincus d'erreur sur ce qui regarde la protection des anges, le libre arbitre, le purgatoire et l'intercession des saints? Est-ce ainsi qu'on se fait juge des Ecritures? peut-on pousser la tmrit et la prsomption plus loin? Voil jusqu'o va l'audace des novateurs, qui aprs s'tre moqus de l'Eglise, des conciles, des prlats, des Pres, des martyrs, des rois, des peuples, des lus fameuses universits, des plus saintes ois, des histoires et des monuments les plus anciens de la religion; aprs avoir cent fois protest qu'ils voulaient que tous les points de controverse fussent dcids par la parole

Les calvinistes, sanscompterplusieurs textes particuliers, ont ray de l'Ancien Testament sept livres entiers (1); et les luthriens

outre l'Eptre de ont effac du Nouveau saint Jacques, cinq autres Eptres (2) , sur lesquelles il y a eu autrefois quelque sorte de contestations en quelques endroits. Les ministres de Genve ont aussi t de leurs Riblcs le livre d'Esther, et prs de trois grands chapitres de Daniel, que leurs frres les anabaptistes avaient ls de la leur il y a dj long-temps. Ce n'est pas ainsi qu'en usait saint Augustin (S. August. de Doct. Christ., h II, c. 8) dont on ne peut assez admirer, et dont peu de gens imitent la modestie. Cet incomparable docteur, dans le catalogue qu'il fait des
,

livres saints

ne se propose pour rgle

ni

XX

l'alphabet hbraque
l'esprit particulier,
le

sectaires le seui juge qu'ii reconnat en celte matire, est


:

comme comme les


,

les

Juifs,

ni

Saint-Esprit que le Sauveur adonn son Eglise pour la gouverner. Aussi l'Eglise, qui

conserve prcieusement les saints livres , ne se vante point d'tre la maitressedece dpt, comme les hrtiques l'en accusent faussement. C'est un trsor qu'elle a seulement en garde; elle l'a reu des premiers conciles , et
la possession lui en at confirme par(Conc.

Trident, sess.

XIV

le

concile de Trente.

saint Augustin (S. Aug., I. de Prdest. sanct. c. XIV), parlant du livre de


la Sagesse,

Le mme

ne saurait s imaginer que par une condescendance criminelle pour quelques esprits prsomptueux on doive exclure du nombre des Ecritures, un livre qui, selon le sentiment commun de l'Eglise, selon la crance des fidles, selon le tmoignage des anciens docteurs, tait ds les premiers sicles vraiment canonique. Que dirait-il maintenant, un s'il voyait ce qu'on a vu de notre temps Luther et un Calvin fabriquer des Ribles leur mode, entreprendre de rformer le Vieux Testament et le Nouveau, rayer d'entre les saints Livres, non-seulement la Sagesse, mais plusieurs autres non moins authentiques et rejeter avec mpris tout ce qui n'est pas de ou selon leurs fausses leur invention
:
, ,

ides.

Ceux qui en sont

rduits l, montrent bien

qu'ils n'ont rien dire de solide et de raisonnable. Qu'ils dbitent tant qu'ils voudront

leurs rveries dans les chaires, parmi ceux de leur parti qu'ils tchent s'insinuer par leurs nouveauts dans l'esprit des gens qui peuvent leur procurer des bnfices et des qu'ils dressent pardignits dans l'Eglise tout des chafauds et des potences pour tour; ;

(1) Ii sunt Barucli, cles. duo Machab.


(2)

Tobias, Judith, Sapientia, Ec-

(1) Luth, in novo leslamento German. prst. spist. Jacobi. Vide eliain 1. de captivit. B.ibyl. c.

in

de

Ext. unct. et Magdeburg. Cent. 2, pag. 58.

ep. ad Hebr., ep. Jud., ep. II sancli S. Joan.; iia eeusenl Inih. in pr.ufal. citaia Magdeburg, Cent. I, I. 2, c. 4, Kemuil. Exam. conc. irid. sess. 4.

Eiesunt

Ptri, ep.

et

III

H83
:

DIX

PREUVES DE LA RELIGION CHRETIENNE.

1186

menter les catholiques, et leur arracher la quoiqu'ils fassent, il sera toufoi du cur jours vrai de dire que leur cause est trsmauvaise, puisqu'ils ne sauraieul la dfendre qu'en retranchant les endroits de l'Ecriture qui font voir leur garement. Qui est-ce, pour peu de capacit qu'il ait, qui doive craindre de si faibles adversaires ? Que peut-on imaginer de plus grossier que leurs artifices ? Quoi des gens aussi clairs, et comme je le veux croire, aussi zls pour la religion que vous l'tes, auront-ils jamais la lchet de ouffrir que devant eux un homme ose exercer sa critique sur la parole de Dieu et s'il le fait, ne le chasseront-ils pas de leurs assembles comme un impie et un visionnaire. Pour moi je demanderais ces faux docde quel droit ils entreprennent de teurs tronquer et de corriger les Ecritures. Ils me rpondront qu'ils conservent avec respect et qu'ils ne prtendent les vraies Ecritures qu'en sparer celles qui sont supposes. Le mais sur quelle autorit dessein est bon
1

la pratique des bonnes uvres. Qui lui a inspir ce sentiment? le Saint-Esprit mme. Bze (Bez., in Luc, c 22, 20), expliquant ces paroles mystrieuses de Notre Seigneur, suivant que saint Luc les rapporte: Voici la coupe, qui est le Testament nouveau de mon sang, laquelle va tre rpandue pour vous, dit hardiment et de son chef qu'elles ont t altres. Pourquoi le dit-il? parce qu'on ne peut les expliquer que du vin qui est dans la coupe, et qui se change rellement au sang de Notre-Seigneur. Dans quelle cole a-t-il appris se jouer ainsi des plus s icrs monuments de la religion ? dans l'cole du Saint-Esprit. Voil comme ces rformateurs divisent le Saint-Esprit, et lui font dire tout ce qu'il leur plat. Ceux qui se laissent aller de si tranges excs, se trahissent manifestement

eux-mmes,

et

ne peuvent vous cacher la

fondent-ils cette distinction, et qui est leur juge? C'est, disent-ils, le Saint-Esprit. Voil de quelle manire Calvin {Calvin. Jnst., i. I, c. 7, n, k et 5) essaie d'luder le jugement de l'Eglise, qui seule il appartient d'examiner les esprits. D'o vient donc que n'ayant tous que le mme esprit , ils ont tant de peine s'accorder dans leurs sentiments, et qu'ils se
font continuellement la guerre? L'esprit de Luther rejette six Eptres canoniques l'esprit de Calvin les reoit; et cependant ils ont l'un et l'autre le mme matre , et ce matre, ce qu'ils disent, c'est le Saint-Esprit (Sixt. Sen., I. VIII, hr. 10). Les anabaptistes se rient du livre de Job ,
:

faiblesse de leurs raisons. Craindrai-je donc de soutenir devant vous la religion catholique contre des gens que le dsespoir a contraints de rejeter la parole, non pas des hom-

mes, mais de Dieu parce qu'ils voient clairement qu'elle est contraire leurs opinions errones? Je ne parle point ici de leurs traductions malignes et infidles, je les laisse examiner d'autres qui possdent parfaitement bien les langues et je sais qu'ils y travaillent et qu'ils le feront beaucoup mieux que moi. Quelque coupables qu'ils soient en ce point, c'est toujours une moindre faute que celle que les catholiques leur reprochent d'avoir eu la tmrit de tronquer les Ecritures,
,

d'en

condamner des

livres entiers,
,

comme

comme d'une fable et d'une vraie comdie. Castalion (Scbast. CastaL, Prfal. in Cant.) traite de chanson d'amour le sacr Cantique de Salomon, o sont exprimes par des symboles et des figures sensibles , les plus tendres communications de l'me avec Dieu. Qui les fait parler de la sorte ? c'est le SaintEsprit {Luth., Prf. in Apoc; Kemnit.,in exam. Conc. trident, $ess. IV). Luther, Brentius et Kemnilius, trouvent beaucoup redire dans l'Apocalypse, dont tous les mots et toutes les lettres, au sentiment de Jrme contiennent de (5. Hier. inEp. ad Paulam) grands mystres, et ils seraient assez d'avis qu'on ne le comptt plus parmi les livres canoniques. Qui ont-ils consult l-dessus ? le Saint-Esprit. Luther .( Lulh., Prf. in Novum Testant. Gcrmanicum), suivant toujours son caprice, compare les vanglisles entre eux, et prfre de beaucoup les pilres
,

contenant des erreurs d'en altrer quelques autres, pour ler l'Eglise les armes avec lesquelles elle a toujours combattu les ennemis de la vrit; l'impuissance o je les vois de se dfendre l-dessus est donc la premire et la principale raison pourquoi, tant chrtien comme je le suis, et m'lanl depuis longtemps appliqu tudier les matires dont est question je ne crains point d'attaquer les restes d'un parti dj dfait par lui,

mme.

SECONDE PREUVE.
Le vrai sens de l'Ecriture.

de saint Paul aux trois premiers Evangiles; de sorte que si on l'en croit, il n'y aura dsormais de vrai et parfait Evangile que le dernier, qui est celui de saint Jean. 11 commet ainsi les auteurs sacrs l'un avec l'autre, et donne la prfrence qui il lui plat. De qui prtend-il avoir reu cette autorit? du Saint-Esprit [Luth., Serin, dtpharis. et public). Il parle mme avec peu d'estime et de respect de l'Evangile de saint Luc, qui loue trop souvent et trop hautement, son gr
,

La seconde preuve de la vrit de la religion catholique, et la seconde raison que j'ai de ne pas apprhender d'entrer en dispute avec ses ennemis dclars, c'est leur manire d'agir galement artificieuse cl imprudente. Vous qui tes philosophes, cl qui professez la philosophie dans nos universits, vous en conviendrez sans doule avec moi. Je m'adresse donc aux auteurs des nouvelles sectes, qui nient que Notre-Seigneur soit rellement prsent dans la cne, et je leur demande sur quoi ils se fondent pour nier une vrit si constante ils me rpondent qu'ils n'ont point d'autre fondement de leur crance que l'Evangile; si cela est, je confesse qu'ils ont raison. Mais consultons l'Evangile et examinons ce qu'il dit (Mattli., XXVI, 26 28; Marc, XIV,
;

1187

DEMONSTRATION EVANGEL1QHE. CAMP1EN.


24
;
:

118*

Luc, XXII, 19) Ceci est mon corps : sang. Ces paroles ont paru si clairjs Luther (Luth., in Ep., ad Argentin.) mme, qu'encore qu'il et grande envie de se faire zwinglien, a,uand ce n'et t, disaitil, que pour faire dpit au pape, il ne put jamais s'y rsoudre il se dclara toujours pour la prsence relle de Jsus-Christ dans le sacrement, quoiqu'il n'et pas moins de rpugnance l'avouer, que les dmons convaincus par les miracles de ce Dieu-Homme, en eurent autrefois dire tout haut qu'il tait le Fils de Dieu (Matth., XXVIII, 29; Marc,

22

et

conseils v Angliques et sur d'autres articles


et

Ceci

est

mon

semblables, que les catholiques enseignent, qu'ils prouvent invinciblement par un grand nombre de tmoignages des auteurs sacrs, Lmt par crit dans des livres composs exprs, que de vive voix, dans les chaires, dans les coles, dans les confrences
particulires.

Mais nous avons beau reprsenter toutes ces autorits de l'Ecriture aux disciples de Luther et de Calvin, et leur faire voir que
les

I,

donc certain que nous avons la lettre pour nous il ne reste plus qu' voir si nous la prenons dans son vritable sens. On en jugera parles paroles qui suivent {Luc, XXII, 19; Matth., XXVI, 28; VtfrcXIV,22) Ceci en mon corps, qui est donn pour vous : Ce&i es t la coupe qui va tre rpandue pour virus. Le sens que nous leur donnons ea ais et naturel. oelui que Calvin Leurd.mne es ; forc . et ii ne
Il
:

24). est

fmeieus Pres soit grecs soit latins les ont entendues et expliques comme nous: ils ne cherchent qu' les luder par des dtours cl par des lucanes tudies, il n'y a donc Que le docteur Martin Luther, ou son disciIde Mlanchton ou Zwingle ou Calvin, ou Bze qui en aient pu jusqu'ici pntrer le as. Croirai-je, messieurs, que quelqu'un de vous soit capable de ne pas voir la malice,
,

<

J'ePlPtici

pas

lui

mme. Confrez
et

les

Ecri-

tures, disent-ils,

expliquez
et

les

endroits

obscurs par ceux qui sont


les, puisqu'ils le veulent,

clairs.

Confrons-

n'oublions rien Evangiles s'accordent sur cet article, et saint Paul (1 Cor., XI, 24) est parfaitement d'accord avec eux. Ils tiennent tous le mme langage; ils parlent tous de chair, de corps et de sang; il n'y a rien dans tout cela qui sente l'nigme. Cependant nos adversaires veulent toujours disputer, et ils ne sont pas encore contents.

pour

les satisfaire.

Tous

les

, uvaise foi et lY-ntclcm. nt de ces gensl? J''YOue qu'il n'est rien que je souhaite davantage: que de paratre devant vous, et d'entrer en lice avec eux j'y entrerai hardiment, quand ii veus pi ir de me le permettre ; je me promets 'en sortir avec avantage, tant j'ai de confiance, non pas eu mes forces, qui sont infrieures de beaucoup aux vlres, mais en la bont de la cause que je suis prt de dfendre.
;
:

TROISIME PREUVE.
L'glise visible.

Que faut-il donc faire pour les contenter? Puisque nous sommes suspects les uns aux autres, prenons pour arbitres les Pres des premiers sicles, qui ont t les plus proches du temps de Notre-Seigneur et les plus loigns des derniers temps. On ne peut rien dire de plus raisonnable. Mais ils n'entendent pas raison ils les rcusent absolument, et ne veulent point d'autre juge que la pure parole de Dieu sans explication, sans glose et sans commentaire. Ils se plaignent hautement qu'on les veut surprendre, et que tout ce qu'on leur oppose de la part de l'antiquit roule sur des arguments captieux et sur des raisons purement humaines. Oui est-ce donc
:

nommer l'Eglise pour faire peur nos adversaires; ils savent qu'il n'en est jamais parl qu'avec honneur dans les
C'est assez de
crits est

des prophtes et des aptres, qu'elle appele la Cit sainte ( Apoc, XXL 2), la Vigne fconde (Ps. LXXX,9i. la haute Montagne (Is., Il, 2), le Chemin droit (Is., XXXV, 8), la Colombe unique (Cant., VI, 8), le

Royaume du

qui dcidera notre diffrend? Nous leur allguons des textes formels de l'Ecriture: ils en dtournent le sens. Nous leur proposons les penses et les interprtations des Pres ils les rejettent comme des visions et des rveen un mot, il ne faut pas esprer que ries nos disputes cessent jamais, si nous ne. voulons fermer les yeux et nous rapporter de tout leur jugement. Et cette opinitret, ils 1 font paratre dans tous les points sur lesquels nous sommes en contestation sur la grce infu e, sur la justice inhrente et habituelle, sur l'Eglise visible, sur la ncessit du baptme, sur les sacrements, sur le sacrifice de la messe, sur le mrite des bonnes uvres, sur les vertus de l'esprance et de la charit, sur l'ingalit des pchs, sur l'autorit du saint-sige, sur la puissance des clefs, sur les vux, sur les
:

Ciel (Matth., XIII, 24), /' Epouse de JsusrChrist {Cant., IV, 8), le Soutien de la vrit (I Tim., 111, 13): que c'est elle qu'on a promis que le Saint-Esprit l'instruira de toutes choses, et que les partes le l'enfer ne prvaudront point contre elle {Matlli-, XVI, 18); et qu'enfin quiconque se dclare son ennemi, quelque profession qu'il fasse d'tre chrtien, on ne doit le regarder que comme un pdien et un publicain (Matth., XVIII 7). Ils savent cela, et ils ne peuvent l'ignorer; mais remarquez leur malice ils dissimulent le dessein qu'ils ont de ruiner tout fait l'Eglise, et ils la ruinent en effet, autant qu'ils le peuvent; mais ils en retiennent le nom, de crainte de s'attirer les justes reproches de tous les fidles. L'ide qu'ils en donnent est une ide de Platon ils la reprsentent comme une chose invisible, et qui n'est connue que de peu de gens extraordinairement claires d'en haut,
,

auxquels, parune grce spciale, ilest donn de connatre ceux qui la composent et de pouvoir les distinguer du commun des hommes (Calvin. Instit., I. IV, c. 1, h. 2 et 3). O
,

est ici la sincrit et la bonne fui? Estce ainsi que l'Ecriture, que les iut rprtes, que les Pres dpeignent l'Eglise? Nous

1189

DIX
(

PREUVES DE L\ R ELIG10N CHRETIENNE.

[\Q

avons

Apoc,

c. I,

2, 3) des instructions et

des ordres donns par Jsus-Christ mme aux pasteurs des Eglises d'Asie nous avons plusieurs ptres adresses par !es aptres saint Pierre, saint Paul et saint Jean diverses Eglises: et que voil-on de plus commun dans les Actes des aptres (Act.. VIII, 10, et suiv.) que des tablissements d'Eglises nouvelles? Etaient-ce donc l des Eglises en ide? N'y avait-il que Dieu seul et les saints qui sussent o elles taient, et la plupart des chrtiens n'en avaient-ils nulle connaissance?
;

tant de sicles tant de millions de personnes n'ont jamais su o elle est, ni qui sont ceux

qui lu composent. On se contente de dire qu'en quelque endroit qu'elle soit, elle y est cache, et qu'il n'y a que les lus qui en soient les membres. De l vient que si quelqu'un se rvolte contre son prlat et qu'il lui refuse l'obissance
le prlat

Certainement,

c'est

un grand malheur que

de se taire une espce de ncessit, ou pour mieux dire, un point d'honneur, de soutenir opinitrement ce que l'on a une fois tmrairement avanc. Depuis quinze sicles on ne trouve, ni bourg, ni village, o les nouvelles hrsies aient t reues, et il n'est venu dans l'esprit, qui que ce soit, de les y aller prcher. Elles ont t inconnues dans toute la terre, jusqu' ce qu'enfin un Luther, un Zwingle, un Calvin, tous gens non moins corrompus dans leurs moeurs que dans leur doctrine, les ont inventes et semes partout. Ces dserteurs de la vraie Eglise s'en sont t'ait une autre qui ne se voit point et qui tait demeure cache jusqu' leur temps, sans qu'on sache qui en tait avant eux ni de qui ils lisent leur origine (Henric. Panlut. in Ghron.) moins qu'ils ne se disent descendus de plus infmes hrsiarques, et qu'ils ne comptent parmi leurs anctres Arius, Jovinien, Vigilance. Helvidius, Brenger, les iconoclastes, les vaudois, Wicief, Jean Hus et d'autres semblables, dont ils ont pris et ramass les erreurs pour en former leur nouvelle religion. Qu'on ne s'tonne donc pas si je me et si j'espre prsente pour les combattre les convaincre de fausset et d'imposture.
,

en est quitte pour dire que qu'il a perdu pour cela toute son autorit, et qu'il ne mrite pas mme d'tre compt parmi les enfants de l'Eglise. Considrant donc, illustres docteurs, que mes adversaires disent des choses si draisonnables et si loignes du sentiment des fidles de tous les temps et de toutes les nations, et voyant qu'aprs avoir dsol l'Egiise ils n'en conservent que le
qu'il lui doit,
il

commis un crime;

nom, ce qi me console, c'est que j'ai affaire des juges et trop clairvoyants pour ne pas dcouvrir leurs mchantes intentions, et trop quitables pour ne les pas condamner.

QUATRIEME PREUVE.
L'autorit des conciles.

La grande contestation
les

qu'il

y eut entre
les

premiers chrtiens touchant

crmo-

nies de l'ancienne loi fut apaise en peu de temps par l'autorit du premier synode que.
les aptres convoqurent dans Jrusalem. Les brebis coutrent leurs pasteurs, et les

enfants obirent leurs pres

et

reurent
:

Que quelqu'un deux me rponde donc, et Ditesqu'on remarque bien ce dialogue reconnaissez-vous pour la vritable moi Eglise celle, des sicies passes? Oui, je la reconnais, et il n'y en a point d'antre. Parcourons donc tous les temps et tous les pays du monde. Mais que pensez-vous del vritable Eglise ? C'est la socit des lus qui ont toujours ! en grand nombre, quoiqu'on en ignore les noms. Cela est certain. A (l'gard de qui est-il certain ? A L'gard de Dieu, qui voit tout. Qui le dit, et qui peut m'en assurer? C'est nous autres prdestins, qui Dieu l'a rvl. Vous voulez donc que je vous en croie sur votre parole? Si vous aviez tant soit peu de foi, vous m'en croiriez trs-assurment, et vous n'en pourriez douter. J'avoue que je suis un peu incrdule et que j'ai peine ajouter foi de semblables imaginations, Quoi 1 Dieu commande tous les chrtiens de s'attacher l'Eglise et de ne rien craindre davantage que d en tre spares, de conserver l'union et la paix dans la maison du Seigneur et de croire fermement que hors d'elle il n'y a ni vrit ni salut, de porter ses plaintes l'Eglise quand on a reu quelque de fuir comme des paens ceux offense qu'elle a excommunis, et nanmoins, depuis
:
, ,

avec une humble soumission leur dcret, conu en ces termes [Act., XV, 28) // a sembl bon au Saint-Esprit et nous, etc. Depuis ce temps-l, plusieurs hrsies s'tant leves, les quatre premiers conciles gnraux furent assembls pour s'y opposer et en arrter le cours (Grg., L 1, p. 24). Leurs dcrets et leurs dcisions sont rvrs par les fidles il y a plus de mille ans, comme la pure parole de Dieu. Je n'en irai point chercher de preuves hors de ce royaume, ou le parlement les a reconnus pour lgitimes (Anno 1 Elisabeth). Angleterre, ma chre patrie, si lu les reois tout de bon, si tu approuves ce qu'ils ont fait et ce qu'ils ont drid (1), comme lu en fais profession, tu auras un profond respect pour les successeurs de saint Pierre, qui, par leurs lgats, y ont

prsid
l'Egiise

comme
;

pasteurs universels de toute

abattus,
sacrifice

tu relveras les autels que tu as et tu recommenceras y offrir le

du corps et du sang de Jsus-Christ; invoqueras les martyrs et les autres saints dont lu as bris les images et foul aux pieds les reliques, tu banniras de les villes et de tes provinces ces infmes apostats dont tu es l'asile, lu feras beaucoup de choses que tu condamnes, et lu en condamneras beaucoup d'autres que tu fais et que lu ordonnes. Pour ce qui regarde les autres conciles, je me fais fort de montrer qu'ils n'ont pas moins
tu
(1) Conc. nie. c:in. VI. Chnlcl. art. i et 26. nti, c. V. Eph. in ep. ad Nestor. Nie. can.
arl.

ConXIV.
,

si.

Clialced.

can.

MU.

Nie conc auud Socralein 1. 1, Vide Chaiced. can. IV VII, XVI et X\1Y.
11.
,

H9I

DMONSTRATION EVANGLIQCE. CAMPIEN.


et de

1192

d'autorit que les premiers. Ayant donc pour moi tous les conciles, dois-je craindre de hasarder le combat contre des gens qui sont obligs de rendre les armes et qui n'ont plus o se relrancher. Je leur produirai, quand il en sera bon, des tmoignages si clairs en faveur de la religion catholique, qu'ils ne pourront les luder, et si authentiques, qu'ils n'oseront les contredire. Peut-tre tcheront-ils, selon leur coutume, de prolonger la dispute par des discours perle de vue et hors de propos ; mais, quelque chose qu'ilspuisscnt dire, ils n'imposeront jamais des juges clairs comme vous l'tes, pour peu d'attention que vous y fassiez. Que si quelqu'un d'eux ose prfrer son sentiment celui d'un concile entier, s'il est assez tmraire pour s'opposer aux plus

sages ttes du monde, une assemble nombreuse, compose de gens irs-recommandables par leur pit et par leur savoir, et qui doivent tre d'autant moins suspects que leur mort a prcd de beaucoup nos contestatmraire tions si quelqu'un, dis-je, est jusqu' ce point, il me suffira, pour vous en donner du mpris, de le faire venir devant vous et de l'obliger de rpondre cet argument Tout homme qui ne fait nul cas de l'autorit d'un concile gnral convoqu lgitimement et tenu dans toutes les formes, montre sans doute que non-seulement il n'est pas thologien, mais qu'il manque de bon sens; car si jamais le Saint-Esprit communique ses lumires aux fidles, ce doit tre certainement lorsque tout ce qu'il y a de sagesse, de science, de religion et [de grandeur se runit dans une seule ville pour examiner les choses fond, pour employer tous les moyens divins et humains la recherche de
; :

chrtient; combien de saints personnages clbres thologiens; combien on y pratiqua de saintes uvres et de pnitences; quelle application, quelle diligence on y apporta examiner jusqu'aux moindres choses. J'ai vu des vques d'un mrite extraordinaire, et entre autres Antoine, archevque de Prague, qui bnissaient Dieu de la grce que l'empereur Ferdinand leur avait faite de les envoyer jusque du fond de l'Allemagne et de la Hongrie cette sainte assemble, cl du bonheur qu'ils avaient eu de demeurer quelques annes dans cette .cole de sagesse et de religion. Aussi l'empereur, qui savait leurs sentiments, et qui voulait leur en marquer sa satisfaction, leur dit leur retour Nous vous avons mis dans une, trs-bonne cole. On avait invit de bonne foi nos adversai- res de s'y trouver, pour convaincre, s'ils pouvaient, de fausset et d'erreur ceux con^ tre lesquels ils ont tant crit et tant dclam de loin. Nous n'avions garde, disent-ils, de paratre dans un lieu o il n'y avait nulle sret pour nous. On avait manqu de parole Jean Hus et Jrme de Prague. Qui leur avait manqu de parole? le concile de Constance? Cela n'est point vrai. Le concije ne leur avait rien promis ; et, quant Jean Hus, il n'et point t puni, si, s'tant enfui, contre la dfense expresse que l'empereur Sigismond lui en avait faite, sous peine de la vie, il n'et t arrt malheureusement
:

vrit, et pour prononcer avec toute la prudence chrtienne sur les matires controverses. Ne faut-il donc pas avoir perdu toute honte et s'exposer la rise de tous les gens sages, pour prfrer son jugement particulier celui de tant de grands hommes assembls
la

et dirigs

par

le

Saint-Esprit

Cependant il s'est trouv un Martin Luther assez audacieux pour dire (Luth.. I. de Cnptivit. Babijlonis) que si deux hommes de
probit et de savoir, tels qu'il croyait tre lui et Mlanchton, s'accordent ensemble

qu'ayant ainsi viol le premier dont il tait convenu par crit, il n'et rendu nul le sauf-conduit qu'on lui avait accord. Sa trop grande prcipitation fut la seule cause de sa perle car aprs les troubles qu'il avait excits en Bohme, ayant eu ordre d'aller Constance, pour y rendre compte de sa foi, il s'adressa, non pas aux Pres du concile, mais l'empereur, pour avoir un sauf-conduit. L'empereur lui en donna un mais le concile, n'ayant point de suprieur en matire de religion, ne se crut pas oblig d'y dfrer. L'hrsiarque refusa toujours de rtracter ses erreurs, il les soutint opinitrement, il en fut justement puni. Jrme de Prague vint Constance en cachette et sans avoir pris ses srets; il fut dcouvert; il comparut; on lui permit de
lui
;

pour

et

les conditions

parler;

il

se dfendit

au nom de Jsus-Christ, il en faisait plus d'tat que des conciles entiers. Un Kemnilius

ment, malgr toutes


avait contre lui
fut

les

on l'coula favorableprventions que l'on

(Kemnit.

in Eocam. Conc.

nos jours a os faire l'examen du Trente, et en critiquer les sacrs canons. De quoi lui a profil sa critique? Qu'a-t-elle pu lui produire, que de la honle ? Tandis que ce malheureux, s'il ne prvient sa condamnation, brlera avec Arius dans l'enfer, les dcisions de ce saint concile demeureront dans toute leur force, et seront toujours de plus en plus en vnration. Plt Dieu que quelqu'un de ceux qui eurent place dans celle auguste compagnie
ressuscitt,

Trid.) de concile de

pour nous dire combien

il

s'y

rencontra de nations et de langues diffrencombien de prlats illustres, et d'amtes bassadeurs des plus puissants princes de l
;

abjura son hrsie, il en ; il absous. Mais y tant tomb peu de temps aprs, il se ddit et comme relaps, il finit sa vie par le feu. Mais pourquoi faire tant de bruit pour un 5 seul exemple de svrit? Que nos ennemis lisent leurs annales, ils y trouveront qu' Augsbourg (anno 1518) leur docteur Luther dit en prsence du cardinal Cajtan tout ce qu'il voulut; et qu'ayant parole de l'empereur Maximilien qu'on ne lui ferait aucun mal, il s'en retourna sain et sauf, de mme qu'il tait venu. Us y trouveronl que cet homme si turbulent, qui avait si grivement offens la plupart des princes d'Allemagne, et l'empereur mme, ayant l appel a Worms {anno 1521), il y fui en loute assu
;

H93

DIX PREUVES DE LA

RELIGION CHRETIENNE.
trine de l'Evangile

1194

rance, sur la parole de l'empereur. Ils y trouveront que les chefs des luthriens et des zwingliens prsentrent impunment la dite d'Augsbourg leurs diverses confessions de foi, en prsence de Charles-Quint, jl'cnnemi le plus dclar et le plus puissant qu'ils eussent dans toute l'Europe. Ils y trouveront enfin que le concile de Trente (Vide

que nous soutenons. Qui peut ignorer ce qu'a crit saint Denys martyr (5. Dion. Areop. in duplici Hier, de quo
,

vide 6. Syn. act. h), des diverses hirarchies

Conc,
ayant

et XVIII) Trident., Sess. XIII, offert des sauf-conduits tous les proils les

XV

testants d'Allemagne,

refusrent.

Ainsi les ennemis de l'Eglise fuient la lumire et affectent de ne point paratre. iPour ce qui est de leurs ministres, quand ils se croient en sret et qu'ils ont pu dire quelques mots de grec, ils s'imaginent avoir donn de grandes preuves de leur suffisance. S'ils ont un vrai zle du salut des mes et qu'ils veuillent tout de bon s'daircir de la vrit, qu'ils procurent auprs de la reine une pareille assurance pour les catholiques anglais, je ne craindrai point de me prsenter au parlement, je m'y rendrai jour nomm, et l'exemple de Jean Hus ne me sera point un prtexte pour m'en dispenser ; mais revenons notre sujet: tous les conciles gnraux, depuis le premier jusqu'au dernier, sont pour moi. Arm donc de leur autorit J'attaquerai hardiment mes adversaires, et j'espre que dans le combat le Seigneur sera glorifi, et le dmon confondu.

CINQUIEME PREUVE.
Le tmoignage des Pres.
Il y avait , dit saint Luc ( Act. , XIII, 1 ) des docteurs et des prophtes , c'est--dire, d'excellents thologiens et d'habiles prdicateurs dans Antioche, o les fidles avaient commenc prendre le nom de chrtiens. Le

churs des anges , et des anciennes crmonies de l'Eglise? Lulher(Luth. de Captivit. Babyl.), qui ne s'accommodait pas de cette doctrine, la dcriait comme pernicieuse et comme pleine de visions et de contes fabuleux. Un certain Causse, (Chussus, Dial. 5 c/11), franais de nation, a os trait de vieux rveur cet aptre de France. Calvin (Calv. Instil.,l.l,c. 13, n. 29), avec les centuriateurs, s'est rcri contre les Eptres de saint Ignace, et prtend y avoir trouv des erreurs grossires; les mmes auteurs (Centuria IL c. 5) accusent saint Irne d'avoir avanc des propositions extravagantes, et qui ne peuvent venir que d'un fanatique. Saint Clment d'Alexandrie, si on les veut croire, n'a que des discours bas et scandaleux. Les autres Pres, contemporains de ceux-ci et remplis comme eux de l'esprit apostolique, n'ont enseign, ce qu'ils disent, que des blasphmes et des erreurs monstrueuses. Us confessent aussi bien que nous, que Tertullien s'est tromp en beaucoup de choses, et c'est de nous qu'ils l'ont su ; mais ils ne devraient pas oublier que jamais on n'a rien trouve redire son livre des Prescriptions, qui semble avoir t fait pour confondre les sectaires de notre temps. Saint Hippolyte (Hippol., Or. de consummat. se culi), ce clbre vque de Porto, a-t-il pu dpeindre les luthriens plus navement qu'il a fait; et le portraitqu'il en a donn ne montre-t-il pas que ce sont les vrais prcurseurs
et des divers
,

Fils de Dieu a choisi, pour conduire et pour patre son troupeau jusqu' la fin des sicles des docteurs et des prophtes semblables des sages et des interpr( Mallh. XIII, 52 ),
tes de la loi, des gens savants dans le royaume de Dieu, qui du mme magasin puissent tirer dans l'occasion ce qu'il y a de nouveau et ce qu'il y a d'ancien, et qui soient galement verss dans la loi de Jsus-Christ et dans la loi de Mose. Qu'y a-t-ilde plusinjuslequede ne se pas rendre l'autorit de ces hommes

de l'Antchrist ItaJoan. Juel, etc. )? Aussi parlent-ils de lui comme d'un diseur de purilits etde bagatelles. Et que pensent-ils de saint Cyprien, qu'on a toujours honor comme l'ornement et la gloire de l'Afrique ? Ce mchant critique franais ( Caussus, Dial. III et XI), dont on a parl, et les centuriateurs ( Ccnlur. III, c. 4.) de Magdebourg avant lui
(

intelligents et si clairs de Dieu ? Cependant nos adversaires s'en moquent. Mais pourquoi s'en moquent-ils? parce qu'ils ne peuvent s'y soumettre sans se condamner
si

eux-mmes.

Comme j'en

suis trs-persuad, je

ne dsire rien tant que de leur montrer qu'ils ont tort; et que s'ils veulent s'en rapporterau jugement des anciens Pres, notre dilrend estlermin, qu'il ne fautplusdedispute, puise sont pas qu'il est constant que les Pres moins catholiques que le pape mme Grgoire Xlll, qui est maintenant assis sur la chaire de saint Pierre. Etde fait, laissant part une infinit de passages, qui sont rpandus dans tous leurs ouvrages, nous avons des livres entiers qu'ils ont composs exprs, pour claircir ladoc-

passer pour un slupide, pour un homde Dieu, et qui a dtruit le vrai usage de la pnitence. Mais qu'a-t-il fait pour celle-ci? Il a fait divers traits sur la manire d'absoudre les pnitents, sur l'unit de l'Eglise sur l'excellence de la virginit; outre plusieurs Lettres qu'il crivit au pape Corneille sur de semblables sujets. De sorte qu'il faut ou lui donner un dmenti, ou confesser que Pierre martyr et ses sectateurs sont pires que les sacrilges et les adultres. En un mot, tous les Pres de ce temps-l sont accuss (ut supra) d'avoir chang l'ordre de la pnitence et d'en avoir fait de nouvelles rgles leur fantaisie. Sur quoi est fonde cette accusation? Sur ce que la svrit des canons que l'on observait alors rigoureusement, ne plat pas une secte qui a toujours mieux aim la mollesse et la bonno chre que la prire et le jene. Passons au sicle suivant. Qu'y trouvet-on qui soit digne de censure? C'est au sentiment des novateurs l'abomination mmeQue disent-ils (Prf.inCent. 5) de saint Chry.
le font

me abandonn

DM0NST. EvANG. XIV.

[Trente-huit.)

>

li'Jo

DEMONSTRATION EVANGELiQllE. CAMPIEN.


se faisaient

1196
saints martyrs?

sostome, des autres Pres de ce temps-l ? Il n'y a rien de plus embrouill que leur doctrine touchant la justification qui se fait par le moyen de la foi (Caussus, Dial., c.6 etl). Saint Grgoire de Nazianze, qui par honneur on donnait anciennement le surnom de Thologien, tait un conteur qui ne savait ce saint Ambroise un visionnaire qu'il disait charm et ensorcel par le dmon saint Jrme un dan! n, un dmon, un blasphmateur, un impie (Bcza in Art. ftpost., XX1I1. 3) qui a
:

aux tombeaux des

Ceux qui ne

croient que ce qu'ils veulent et ce qui est selon leurs ides, que diront-ils de ce mme Pre (Aug. contra Ep. Man. quam vocant fundam,}, qui fait profession de dfrer en toutes choses la tradition, au consentement unanime des docteurs la succession perptuelle des pasteurs de cette Eglise, qui parmi tant d'hrsies et de schismes, a toujours port le nom glorieux de
,

choses trs-injuricusessaintPaul. Un partisan (Grcgor. Masson.) de Calvin a eu la hardiesse de dire qu'il estimait davantage Calvin seul que cent Auguslins. Encore n'estce pis assez de cent Luther (Luth. L. contra Har, rcgnn Angli) assure, sans hsiter, que quand il aurait contre lui milie Auguslins, mille Cypriens , mille Eglises, il s'en moquerait. C est ainsi que nos adversaires parlent des plus saints et des plus savants personnages de l'antiquit. 11 est inutile de rien ajouter ce que nous en avons rapport, car qui pourrait s'tonner que ceux qui tmoignent tant de mpris pour de si grands hommes traitent avec la mme indignit saint Optt, saint Athanase, saint Hilaire, les deux
dit des
:

saints Cyrilles, saint Epiphane, saint Basile, Vincent de Lrins, saint Fulgence, saint Lon et saint Grgoire le Grand. Aprs tout, s'il peut y avoir quelque raison de dfendre une cause aussi injuste que celle de nos adversaires, je ne puis nier qu'ils n'aient grand sujet de se dclarer contre les

catholique ? Saint Optt (5. Opt., 1. 1, 2, contra Parm.), vque de Milve, convainc d'hrsie les donatistes, par leur sparation volontaire d'avec l'Eglise catholique il leur montre leur mauvaise foi et leur malice par le dcret du papeMelchiade (5. Optt., L I, II, VI); il leur prouve par la suite continuelle des successeurs de saint Pierre, qu'ils sont schmatiques ; il leur fait voir leur impit par les sacrilges qu'ils avaient commis en profanant l'adorable eucharistie et les saintes huiles , en renversant les autels qui avaient port le corps du Sauveur, et en brisant les calices qui avaient servi la conscration de son sang. Je voudrais savoir ce que pensent nos nouveaux docteurs de ce Pre qui, selon saint Augustin (5. Aug. /. I, contra Parmen. et de Unit., c. 6, et l. III, de Doctr. christ.) tait nn vque vnrable et catholique, gal aux Ambroise et aux Cyprien selon saint Fulgence (S. Fu!g. ,1.11, ad Monim.) un fidle interprle de l'Aptre, et un prlat compara; , , ,
;

Pres, tant impossible de lire ce qu'ont crit ces saints docteurs sur les matires de la foi, qu'on ne rencontre chaque page beaucoup de choses qui peuvent faire de la peine aux ennemis de l'Eglise apostolique et romaine. Ceux qui hassent l'abstinence et le jene comme font nos protestants, s'accorderontils avec saint Basile, avec saint Grgoire de Nazianze, avec saint Lon, avec saint Jean Chrysostome, qui ont fait des sermons exprs sur le jene du carme et des qualretemps, et qui l'ont recommand aux fidles, comme une sainte pratique d'une institution et d'une obligation trs-ancienne. Ceux qui ne cherchent qu' satisfaire leur avarice, leur sensualit et leur ambition, pourront-ils
,

et aux Ambroise. chantent dans leurs assembles le Symbole de saint Athanase approuveront-ils ce que ce saint a crit [Vide llieron., de script. Eccles.) des admirables vertus du grand Antoine? et le loueront-ils d'avoir appel {De Epist. synod. ad Fclic. 2) des conciliabules tenus contre lui, au sige apostolique, qui est celui de saint Pierre? Le pote Prudence a compos plusieurs hymnes en l'honneur des saints martyrs les pourront-ils lire sans indignation ? Saint Jrme justifie contre Vigilance l'honneur qu'on rend aux reliques ; il dfend la virginit contre Jovinien s'empcheront-ils de le condamner et de lui dire

ble

aux Augustin

Ils

anathme ? Saint Ambroise (F. Ep. S. Ambr. ad Vid., et ejusdem serai. 91), la houle des
la

souffrir les louanges que saint Basile, saint Jean Chrysostome, saint Jrme et saint Augustin donnent ces solitaires, qui de leur temps vivaient loigns du monde, dans l'obscurit, dans une extrme disette de toutes choses dans des exercices continuels de
,

ariens, voulut honorer avec grande solennit mmoire et les reliques des glorieux martyrs saint Gnais et saint Protais, il en fut lou (S. Aug. I. XX.1I, de Civit. Dei, c. 8 ;

mortification et de pnitence. Ceux qui tent l'homme l'usage de la libert, et qui con-

damnent les honneurs funbres qu'on rend aux dfunts, aussi bien que les prires et les sacrifices qu'on offre pour eux qui brlent
,

les sacres reliques des saints,

pardonnerontils saint Augustin, qui nous a laiss un long trait sur le libre arbitre et un autre sur le soin qu'on doit avoir pour les morts , avec un chapitre fort ample dans son grand ouvrage de la Cit de Dieu (Aug. I. XXII, de Civit. Dei, c. 8), et plusieurs sermons (Serm. de diversis 34 et seq.) sur les miracles qui
,

Grcg. Tur., I. de g/or. Mari., c. 46) par des prlats de grande rputation dans ce tempsl le Seigneur mme autorisa par plusieurs miracles ce qu'il avait fait, l'oscront-ils nier? Saint Grgoire, notre aptre, est entirement pour nous, et c'est ce qui l'a rendu tellement odieux nos adversaires, qu'au sentiment de Calvin (Calv. Inst l. I, c. 11, n. 5) ce n'est point le Saint-Esprit qui l'a fait parler quand il a dit que les images sont les livres des ignorants. Ce ne serait jamais fait, si l'on voulait rapporter toutes les pitres, tous les sermons , toutes les homlies tous les traits et toutes les dissertations qui nous restent des anciens
; ,
,

H97
Pres
,

DIX PREUVES DE L\ RELIGION CHRTIENNE.

H98
n'en peuvent juger au-

en confirmation de notre doctrine. Tant que leurs ouvrages se vendront publiquement, c'est en vain qu'on nous dfendra d'crire, et que pour nous empcher de dsabuser nos frres, pour nous fermer l'entre du royaume on fera garde sur toutes les ctes et dans tous les ports en vain fouillerat-on dans les maisons, dans les coffres et dans les cassettes en vain afficliera-t-on aux por,
; ;

ceux qui
trement.

les tudient,

SIXIEME PREUVE.

L Ecriture,
Si

selon qu'elle est explique par les Pres.


il

tes des villes des dits sanglants contre tous

ceux qui font profession de la religion catholique. Jamais Harding, ni Sandere,ni StapltOBi, ni Bristol n'ont mieux rfut les nouvelles hrsies que les anciens Pres. C'est
celte considration qui me relve le courage, et qui fait que je ne crains point les ennemis de la vrit , tant sr que quelque parti
,

y a eu dans l'Eglise des homla religion, qui aient employ toute leur vie tudier les Ecritures, ce sont les saints Pres. Ces! eux qui les ont le plus approfondies; c'est par leurs soins et leurs frais qu'on a transcrit une infinii de Bibles en toutes langues, et qu'on les a rpandues

jamais

mes

zls

pour

dans toutes les parties du monde; c'est eux, qui, au pril de leur vie, ont sauv des flammes les livres saints, et qui les ont conservs
les menaces et les recherches des perscuteurs; c'est eux encore qui ont travaill jour et nuit en dcouvrir le vrai sens, qui l'ont expliqu dans les chaires, qui ont crit une multitude innombrahle. de commentaires pour l'claircir, qui en ont orn et enrichi leurs ouvrais, qui ne parlaient d'autre chose, soit table, soit ai eurs, qui jusqu' l'extrme vieillesse en faisaient tout le sujet de leurs mditations et de leurs

prennent, j'aurai l'avantage. S'ils s'en rapportent au jugement des Pres et des
qu'ils

malgr

docteurs, ils sont condamns ; et s'ils les rcusent pour juges* ils dsesprent de gagner leur cause.
Je veux raconter ce sujet une chose qui arriva lorsquej'tais jeune. Jean Juel, que les calvinistes considraient, en ce temps-l, comme leur plus habile ministre , eut la hardiesse, dans Saint-Paul de Londres, de dlier la dispute tous les catholiques, et de protester avec une feinte confiance que les Pres des six premiers sicles, avaient tous t

veilles.

Ce
vent

la vrit

n'est pas qu'ils ne dmontrassent soude notre religion, par le tmoi-

dans

sentiments que lui. Quelques catholiques, gens d'esprit et savants dans la controverse, qui, pour viter la perscution , s'taient rfugis Louvain acceptrent le dfi, et ils firent voir si clairement l'imposture, l'ignorance la malice et la vanit de cet honiMie, qu'il ne me souvient pas que rien ait servi davantage affermir la vraie religion en Angleterre. On vit aussitt un dit affich aux portes, qui dfendait sous de grives peines de lire ces nouveaux livres, et d'en garder mme chez soi aucun exemplaire, quoique l'on et Comme forc les auteurs de les donner au public. Mais ceux qui les lurent malgr la dfense reconnurent que tous les Pres de l'Eglise taient catholiques, c'est-dire de mme crance que nous. Laurent Hunfred (L. de vita Joan. Juel) ne l'a pas dissimul; car bien qu'en cent autres choses des louanges excessives il il donne Juel n'a pu s'empcher de dire que'avait t une grande imprudence lui de recevoir l'autorit des premiers Pres de l'Eglise avec lesquels il dclare que pour lui il n'a jamais eu ni n'aura jamais de commerce.
les
, ,

mmes

gnage des anciens, par les coutumes et Ses pratiques immmoriales de. l'Eglise, par la succession des papes, parles canons des conciles gnraux par la tradition apostolique, par les dcrets et les ordonnances des pilats, parla constance invincible des martyrs, par
,

par les visions et les rvlations divines mais il est certain qu'ils se sont toujours appuys principalement sur l'autorit
les miracles,
;

Un jour je voulus sonder Tobie Matthieu, qui est aujourd'hui fameux prdicant, et que j'ai toujours aim, tant pour son rudition, que pour la bonl de son naturel. Je lui demandai familirement et en confidence s'il lui semblait qu'un homme vers dans la lecture des Pres, pouvait se rsoudre embrasser le parti qu'il soutenait, et o il tchait d'en engager d'autres, lime rpondit ingnument
que
s'il

les

lis;iit, et

qu'il y ajoutt foi,

il

ne

s'y rsoudrait jamais. 11 disait vrai, et je suis persuad que ni lui, ni Matthieu Uultcn,

qu'on

dit qui

les

lit

souvent, ni aucun de
-

de l'Ecriture, que c'est sur quoi ils ont le plus insist et d o ils ont tir de plus fortes aimes pour attaquer les ennemis de la foi et pour dfendre la maison de Dieu. J'avoue que je ne puis assez admirer l'aveuglement prodigieux de nos hrtiques qui cherchent de l'eau au milieu de la rivire, qui demandent qu'on leur montre des tmoignages de l'Ecriture pour la religion catholique dans les ouvrages des Pres, o l'on ne voit autre chose. Us disent que tant que les Pres s'attacheront la parole de Dieu, ils s'y attacheront avec eux et se rangeront de leur ct. Parlent-ils srieusement? j'ai pi ine le croire. Quoi qu'il en soit, je leur promets que, quand ils voudront je ferai venir devant eux tous ces grands hommes, ces lumires de l'antiquit, ces oracles des premiers temps de l'Eglise, les Denys, les Cyprien, les Alhanase, les Basile, les Ambroise, les Jrme, les Chrysoslome, les Augustin, les Grgoire ils les verront assists de Jsus-Christ, des prophtes, des aptres, do tous les auteurs sacrs, qui seront garants de leur doctrine et de la ntre. Quand viendra le temps que nous vei refleurir en ce royaume la foi qu'ils nous ont prche et qu'ils ont puise dans les saints livres? Ce que je puis assurer, c'est que iej preuves que nous en lirons, ils les oui Ures
,

H99
les premiers, et ce qu'ils ont dit
,

DEMONSTRATION EVANGELIQUE. CAMPIEN.


Votre
foi,
;

1200

que nous ne disons rien que avant nous ; mais nos adversaires les croiront-ils? Ils rpondent qu'ils s'ils expliquent bien le texte les croiront sacr. Que veulent-ils dire par bien expliquer le texte sacr? c'est l'expliquer selon leur sens, et voil toute la rponse qu'on en

Comme donc j'ai lieu d'esprer que dans nos universits il se trouvera un grand nombre d'habiles gens, qui examinedoit attendre.

ront sans prvention le sujet de nos disputes, s'il est raisonnable de prfrer un petit nombre de thologiens entts de leurs opinions nouvelles tout ce que l'Eglise a jamais eu de plus clbres docteurs.

on jugera

leur disait-il, est loue de tout le me souviens continuellement de vous; je sais que, quand je vous irai voir, Notre-Seigneur vous comblera de nouvelles grces ; toutes les Eglises de Jsus-Christ vous saluent; votre obissance est connue partout. Elle l'tait (I Pierre, V, 18)Torsque saint Pierre y gouvernait une glise sainte et pleine d'lus; lorsqu'elle avait pour pasteur (Philipp., IV, 3) saint Clment si estim et si chri de saint Paul; lorsque les pontifes romains taient perscuts pour la foi (Saint Irne , 1. III, 3) par les empereurs idoltres, Nron, Domitien, Trajan, Anlonin ;

monde

je

lorsque Damase, Sirice, Anastase


,

Innocent

SEPTIEME PREUVE.
L'histoire ancienne.

L'ancienne histoire nous apprend en quelle


situation tait l'Eglise dans les premiers temps. C'est l que tous les sectaires trouveront leur condamnation. Les plus fameux que nos adversaires mmes cihistoriens tent souvent, saint Eusbe , saint Jrme,
,

tenaient le sige apostolique; elle l'tait trsassurment alors puisque Calvin (Calvin, instit., I. IV, c. 2, num. 3 et in epist. ad Sadolet.) mme avoue qu'en ce sicle-l, surtout Rome, on n'avait point encore renonc TEvangile. Quand est-ce donc que Rome perdit cette foi si pure, qu'elle avait si bien con-

Ruffin,Orose, Socrate,Sozomne, Thodore, Cassiodore, Grgoire de Tours, Usuard, Reginon, Marianus, Scotus, Sigbert, Zonaras, Cdrne, Nicphore, que disent-ils? Leurs livres sont pleins des louanges qu'ils donnent l'Eglise catholique. Us en racontent l'tablissement, les progrs , les perscutions et
les victoires.
Il est

serve et dfendue si longtemps? quand commena-t-elle se dmentir? En quelle anne, sous quel pontife, de quelle manire, par quel artifice, par quelle violence une religion nouvelle, et toute oppose l'ancienne,

mme

monde? Qui s'en quelles plaintes, quelle rumeur, quels troubles, quels mouvements excita cette nouveaut? Tout ce qu'il y avait de catholiques sur la terre dormait
s'introduisit-t-elle dans le

aperut? qui

rclama?

remarquer que

donc d'un profond sommeil, pendant que

nos plus mortels ennemis, Mlanchton, Pantalon, Funcirus, et les centuriateurs, qui ont crit des annales ou des histoires ecclsiastiques, n'auraient eu rien y mettre de mmorable, pendant les quinze premiers sicles , si les grandes actions des enfants de la vraie Eglise et les insignes mchancets de leurs ennemis et de leurs perscuteurs ne leur eussent fourni de quoi les remplir. Considrez avec cela que les historiens particuliers n'ont rien omis de ce qui regardait les murs, les usages et les coutumes de chaque nation; ils ont remarqu jusqu' la forme de leurs habits et de leurs vestes grandes manches, jusqu' la garde de leurs peset de leurs poignards, et leurs perons dors, jusqu' la manire plus ou moins somptueuse de leurs repas, et mille autres minuties pareilles. Est-il donc croyable que s'il tait fait quelque notable changement dans la religion, ils se fussent tous accords n'en point parler ? Si plusieurs, si la plupart n'en avaient rien dit, n'y et-il point eu quelqu'un parmi eux assez fidle pour en avertir la postrit? Cependant ils ont tous gard l-dessus un profond silence, et nul d'eux, ni ami, ni ennemi, n'en a fait la moindre mention. Par exemple, nos adversaires avouent, et ils ne le sauraient nier, que pendant un assez long temps, l'Eglise romaine a t sainte, catholique et apostolique (Act., XXVIII, 30 ; Jiom., I, 8, 9; XV, 29; XVI, 19). Elle l'tait vraiment lorsque saint Paul, quoique prisonnier, y prcha le royaume de Dieu avec toute
libert, et

Rome

qui avait t jusqu'alors le sige de la religion, inventait de nouveaux dogmes, de

nouveaux sacrements, un
Nul historien,
ni

sacrifice nouveau. ni grec, ni latin, ni en Europe,

hors de l'Europe, ne s'est avis de toucher en peu de mots la rvolution la plus surprenante qu'on ait jamais vue.
Il est donc certain que puisque l'histoire de tous les pays nous parle en toutes occasions des vrits que nous croyons , et nous les rpte sans cesse, et qu'au contraire aucun crivain ne dit pas un mot de cet incroyable changement, qui est arriv, ce dit-on , sans que personne s'en soit aperu, ilestcer-

tain

que

les

historiens, aussi

bien que les

Pres tiennent pour nous, et que tout ce qu'on nous objecte est si mal fond qu'il se dtruit de soi-mme; moins qu'on ne veuille dire, ce qui ne viendra jamais dans la pense un homme sage, qu'avant l'apostasie de Luther, tous les chrtiens taient dans l'garement et dans la voie de perdition.
,

HUITIEME PREUVE.
Les paradoxes des sectaires.

Quand je pense aux propositions errones et insoutenables que nos plus clbres rformateurs ont avances, et que j'entreprends
de rfuter, je m'estime tellement sr du succs de la dispute, que si je craignais de m'y hasarder, je me croirais le plus timide de tous les hommes. Je veux qu'ils aient de l'esprit, de la lecture, de l'rudition, de l'loquence tout cela ne leur servira de rien, tant qu'ils oseront enseigner les choses du monde les plus absurdes et les plus contrai-
;

lorsque, crivant

aux Romains

01

DIX PREUVES DE LA RELIGION CHRETIENNE.

1202

res au bon sens. Nous disputerons, s'ils veulent bien mle permettre, sur les matires les plus importantes de la religion comme sont celles qui regardent la Divinit, la nature
,

de la douleur lui fit dire des paroles inconsidres, qu'il corrigea aussitt. Peut-on pousser l'impit plus avant? oui, et vous l'allez
yoir.

humaine,

pch, la grce les sacrements et les murs , et l'on verra s'ils auront le front de soutenir ce que leurs auteurs n'ont pas eu honte de dire et de publier partout. Qu'ils disent donc s'ils approuvent (Calv. lnst. I. I. c. 18, /. II, c. 4. Pelrus Martyr in cap. 2,1. I Reg.) les propositions suivantes : Dieu est l'auteur du pch, il le veut, il le conseille, il le commande, il y coopre, il le faitelil y conduit la perverse volont de l'homme. L'adultre de David, l'impit de Judas n'ont pas moins t l'ouvrage de Dieu que la vocation de Paul. Mlanchton (Ph. Melanchton, Annot. in c. Rom. IV, Wittemb. 1524) eut honte d'avoir avanc de si horribles blasphmes ; mais Luther [Luth, in assert. 36 et in l. de servo Arbilrio), qui les lui avait aple
,

Lorsque sur la croix il s'cria Mon Dieu. Dieu, pourquoi m'avez-vous dlaiss? il brlait du feu de l'enfer (Brent. in Luc, part.
:

mon
II,

parla-t-il

ann. 1551). Aussi dsespr, comme s'il et cru devoir prir jamais. Et que veut
homil. 65,

C inCatcch.

en

homme

dire cet article du Symbole, // descendit dans les enfers (1) ? Il veut dire qu'avant qu'il mou-

en sut fort mauvais gr, et dsapprouva sa rtractation. Je demanderais volontiers ici Luther, que les calvinistes anglais considrent comme un homme descendu du ciel pour clairer et pour rformer le monde, je lui demanderais, dis-je, volontiers
pris, lui

qui lui inspira de retrancher des prires de l'Eglise ces paroles {Vide Enchirid. precum, unno 1543) Sainte Trinit, un seul, Dieu, ayez piti' de nous? Mais que disent-ils ces rformateurs, louchant la personne de Jsus-Christ, Fils de Dieu et Dieu de Dieu, comme on parle dans Dieu de l'Eglise. D'o vient que ces mots Dieu, ont si fort dplu Calvin (Calvin, Jnst. a voulu I. I, c. 13, num. 23 et 24), qu'il les corriger en y substituant ceux-ci Deus ex sese, Dieu de lui-mme? Et Bze (Beza in Jlcshus. Id. de Unione hypostat.), pourquoi a-t-il prtendu que le Fils n'est pas engendr de la substance du Pre? Pourquoi met-il deux unions hypostatiques en Jsus-Christ, l'une de la chair avec l'me, l'autre de l'humanit avec la divinit? Par quelle raison Calvin a-t-il dit que ces paroles de NotreSeigncur Mon Pre et moi nous sommes une mme chose, ne marquent pas l'homoousion (^okov ) des Grecs, c'est--dire la consubstantialil du Pre et du Fils? et qu'est-ce qui a fait dire Luther [Luth, contru Latom.) qu'il hassait de tout son cur ce mot, consacr depuis tant de sicles, homoousion? Ce n'est pas tout, Jsus-Christ, selon ces nouveaux aptres (Rucer, in Luc, c II), ne fut pas consomm en grce ds sa naissance ; mais mesure qu'il croissait en ge, il croissait aussi en sagesse et en perfection comme le reste des hommes; si bien que, dans les premires annes, il ne fut pas exempt d'ignorance qui est peu prs le mme que si l'on disait qu'il ne fut pas tout fait exempt dupchoriginel, puisqu'il en portailla peine. Voici encore quelque chose de plus injurieux au Sauveur (Marlorat, in c.26). Pendant qu'il priait dans le jardin, et que, dans le fort de son agonie, il suait jusqu'au sang, il sentit les peines des damns, et il en frmit (Calv. in Harmonia Evangcl.). La violence
:

me fut tourmente comme celles des damns, hors que sa peine n'tait pas pour durer longtemps; car la mort du corps laquelle il fut condamn ne pouvant d'ellemme nous servir de rien, il fallut que, pour expier nos crimes et pour en payer la peine, son me prouvt en quelque sorte la mort ternelle. El qu'on n'aille pas s'imaginer que ces propositions si impies aient chapp Calvin par inadvertance et sans dessein. Bien loin de vouloir les dsavouer et s'en disculper, il traite de misrables et de fripons ceux qui s'opposent une doctrine si consolante. O temps malheureux! sicle funeste la qui avait jamais entendu ou imareligion gin de tels blasphmes? Quoi donc! le sang ce sang adorable de l'Agneau sans tache dont la moindre goutte suffisait pour racheter mille mondes, nous et t inutile si Jsus-Christ, notre mdiateur auprs de Dieu, n'et endur dans son me la seconde mort,
rt son
! ,

qui est le supplice des impies et des sclrats? Bucer (Bucer, in Matin., XXVI), quoique fort hardi en diverses choses, fait paratre en celle-ci plus de retenue. L'enfer dont il est parl dans le Symbole, son avis, n'est autre chose que le spulcre o l'on mit le corps de Jsus; mais il n'a pas fait rflexion que dans le mme Symbole il est dit que Jsus mort fut enseveli, et que son explication emporte du moins une vaine et inutile redite. Entre les sectaires d'Angleterre, les uns sont de l'opinion de Calvin, qu'ils rvrent comme leur idole; les autres suivent celle de Bucer, qui est un grand matre parmi eux.

Quelques-uns grondent sourdement contre cet article ils voudraient trouver le moyen de le retrancher du Symbole, parce qu'il les embarrasse, et rien ne les en empche que la crainte de s'attirer des reproches. Ils ont mme fait Londres une tentative pour cela dans un de leurs conciliabules. Je le sais d'un homme qui tait de l'assemble c'est Richard Chnius, ce misrable vieillard qu'ils avaient trait trs-indignement, et qui ne s'est pourtant pas venu rfugier dans le sein de la vraie Eglise. Voil ce qu'ils pensent de Jsus-Cbrist. Et
;
:

que

disent-ils de

l'homme? Us disent que

l'i-

t entirement efface dans lui ; que tout ce qu'il avait de bon, il l'a perdu, et qu'il ne lui en reste rien ; qu'il s'est

mage du Crateur a
un

fait

si

grand renversement dans toutes


in

les

eamdemsenteniiam; Lessms in Mallli., c. XXVI; Schmidel. Conc.de Passione et Cna Domini; Brent. Calech. an, 1551; Cnlv. Instit., lil). II, c 16, num. 1
(1) Calv. in harm. Evang.

1203

DEMONSTRATION EVANGELIQUE. CAMP1EN


,

120

facults de son me, que ceux mmes qui ont l rgnrs et sanctifis au dehors par le

baptme ne sont au dedans qu'ordure et que corruption (Calv /. IV, Instit., c. num. 10 et 11), A quoi tendent ces dogmes nouveaux et inconnus aux premiers Pres de l'Eglise? A faire que des gens qui s'imaginent que la foi suffit pour tre sauv s'abandonnent aux vi,

point (Calv. , l. III, Instit. c. 2, num. 28 et 42) est aussi sr de sa prdestination et de son salut, que s'il tait dj dans la gloire ;

de

ces les plus honteux, attribuent la faiblesse la nature leurs drglements et leurs excs, ngligent l'observation des commande-

pratique des vertus comme des choses impraticables. On peut rapporter ici l'trange opinion de Matthias Illyrieus, chef des centuriateurs, touchant le pch originel (lllyr., de Pecc. origin. Sacerd., de Confer. eccl.), qu'il dit tre la substance mme des mes, dont le dmon est le crateur depuis le och d'Adam, de sorte qu'il les possde et les transforme en lui-mme. C'est encore un point de la doctrine de nos adversaires que l'galit de tous les pchs (1). Afin nanmoins de se distinguer en quelque manire des stociens, ils ajoutent qu'il en faut juger selon que le Seigneur en juge comme si le plus quitable et le plus misricordieux de tous les juges pouvait faire nos pchs plus grands qu'ils ne sont, et en augmenter la peine, au lieu de la diminuer. Suivant ce principe, celui des prtendus rforms qui assassina le duc de Guise devant Orlans ne commit pas un plus grand crime que s'il et tu le plus vil des animaux sans ncessit. Mais peut-tre que ceux qui exagrent ainsi les moindres pchs, ei qui les galent aux crimes les plus atroces, raisonnent plus juste sur le sujet de la grce, qui est le remde de si grands maux. Voyons quelle ide ils en ont conue. Ils tiennent (Luth, in Resp. contra Lovan.) qu'elle n'est point au dedans de nous, et quelle n'a pas la force de

ments

et la

mais passons cela. Comment le pcheur converti pourra-t-il savoir certainement qu'il aura le don de persvrance? Qui lui en a rpondu? Cependant s'il ne l'a pas, il est perdu pour jamais, quoique durant un temps il ait bien vcu. Il n'a que faire de s'en mettre en peine, il a Calvin pour garant car sa foi est vaine et comme morte s'il ne croit pas fermement que ce don ne lui peut manquer. C'est ainsi que
;

parle
il

un

disciple de Luther, qui assure har-

diment qu'un
le

homme ne saurait prir voudrait, tint qu'il a la foi.


changs ou abolis de

quand
Ils

Venons maintenant aux saerements.


les ont
telle sorte,

qu'

vrai dire, ils n'en ont retenu aucun. Le p;iin de leur cne est plutt un poison qu'un pain.

Quoique leur baptme


I.

soil

bon (Calv.

Instit.

IV,

c.

15, n. 2 et

1.0), iis

en font cependant

eux-mmes fort peu de cas, iis lui lcnl toute sa vertu; ce n'est point une eau salutaire; ce n'est point le canal par o la grce se rpand dans l'me, ni l'instrument dont le Fils de Dieu se sert pour lui appliquer les mrites de sa mort; ce n'est point la cause de la justification et du salut ce n'en est qu'un signe extrieur (Calv. ibid. . 7). Ainsi l'gard de son principal effet il ne surpasse en nulle manire le baptme de saint Jean. L'avez-vous reu ? Ne vous en repentez pas. Ne lavez-vous point reu ? Con o!cz-\ousen, votre perte n'est pas grande (Luth, de captivit. BabyL). Ayez seulement la foi baptis ou non, vous serez sauv. Que deviennent donc les petits enfants , qui, avant l'ge de raison, meurent sans aucun secours, tant du ct du sacrement que du ct de la foi (Magdeburg. Cent. 2 et 5 c. 4)? Comme cela n'embarrasse nullement les centuriateurs nous sommes si loigns rpondent-ils, de croire que le baptme ail quelque efficace , que nous aimons encore mieux dire que les enfants ont la vertu de la foi, et qu'ils en forment des actes, quoiqu'ils n'aient d'ailleurs nulle connaissance et qu'ils ne sachent seulement pas s'ils vivent ou non. Cette rponse parat dure et choque la vraisemblance l'inconvnient n'est pas sans remde. Ecoutez ledoelrur Lulhcv (Luth, adversus Cochl.; Idem, Ep.ad Melancht.. t. II, et in Ep. ad Wal.) Il vaut mieux, dit-il , ne point baptiser l'enfant, et qu'il meure sans baptme ; car s'il ne croit c'est en vain qu'on le baptise. Voil comme ces esprits chancelants ne sachant que dire, s'engagent malgr qu'ils en aient dans de manifestes absurdits. Que B althasar Paciniontan, chef des anabaptistes, vienne donc dire son avis, et dcider la question ce fanatique voyant qu'on ne le persuaderait jamais que des enfants, au sortir du ventre de leur mre, fussent capables de faire des actes de foi, crut qu'il pouvait suivre l'opinion de Luther, touchant l'inutilit du baptme. Et c'est l-dessus qu'il fonda son hrsie: car il rsolut d'attendre bar!
;

nous empcher d'offenser Dieu; qu'elle est hors de nous et qu'elle consiste dans la seule bienveillance de Dieu laquelle tant extrieure ne peut ni nous clairer, ni nous purifier, ni nous enrichir, mais nous laisse toujours aussi sales et aussi pauvres dans le fond que nous l'tions auparavant, avec cette diffrence que Dieu ne fait pas semblant de le voir. Au reste ils se saventsibon grd'avoir invenlcetle chimre (2) qu'ils croient que JsusChrist mme ne s'appelle plein de grce et de vrit qu' cause de l'affection particulire que Dieu son Pre a pour lui. Qu'est-ce donc que la vraie justice? Une simple relation; car ils ne l'tablissent pas dans les vertus
, ,

thologales, la foi l'esprance et la charit qui font la beaut de l'me, comme en tant les principaux ornements ce n'est tout au plus qu'un voile pais qui couvre le pch et quiconque, par la foi, croit qu'il a ce voile et que sons cette couverture imaginaire ses crimes sont si bien cachs qu'on ne les voit
,

(1) Calvin, in antid. Conc. irident. Idem Wicleft", apud Walt)., liv. H, de sacram. c.
I ;

docuerat
54.

(2) Biicer, injoan. Brent., nom. XII, in Joan. Ceniur., I. 1, c.-i; Heshus., de Justif. in r^sp. ad 115 f Object. IHyiic

120

DIX
,

PREUVES DE LA RELIGION CHRTIENNE.


ft

ma

les enfants
,

que l'usage de raison leur

venu et de ne plus confrer ce sacrement qu'aux adultes. Pour les autres sacrements quoique l'hrsie celte bte plusieurs ttes et plusieurs cornes mette lout en uvre pour en abolir l'usage, et qu'elle n'pargne pour cela, ni impostures, ni sacrilges, ni blasphmes, comme on n'entend parler d'autre chose tous les jours e que nos oreilles y sont laites nous n'en dirons
,
,

car ceux-ci ne pouvant oublier leur origine, honorent les autres comme leurs amis et;
leurs frres, et tiendraient grande injure qu'on les distingut en quelque chose, except das une seule. J'avoue que j'ai trop peu de lumires pour entrer en comparaison avec tant d'habiles thologiens, qui ont combattu les hrsies en ces derniers temps ; mais avec mon peu de capacit, je suis sr qu'il n'y aura rien risquer pour moi, lors-

comme

rien
II

ici

que,

ne reste plus qu' faire quelque rflexion sur la morale corrompue de nos adversaires. Luther qui s'est soulev le premier conlre l'Eglise, et qui a rpandu partout l'esprit de la nouvelle rforme, est l'original sur lequel les disciples se sont forms et par lui l'on pourra juger des autres. Voici ses maximes qui font horreur, et qu'on ne peut ni rapporter ni entendre sans rougir. Il soutient {Luth. Serm. de malrim.) que si une femme refuse le devoir du mariage son mari il peut sans scrupule abuser de sa servante. Il
, ,
,

fortifi de la grce de Notre-Seigneur, ayant le ciel et la terre de mon ct, j'entreprendrai de rfuter une doctrine si contraire au bon sens et la pudeur.

NEUVIEME PREUVE.
Les sophismes
et les

faux raisonnements

des\

sectaires.

Souvent il arrive dans les disputes qu'un raisonnement faux mais spcieux, blouit
,

les

ajoute (Idem, in l. de vita conjugali) que le mariage est aussi ncessaire l'homme que la nourriture et le sommeil et pour ce qui regarde la virginit (Idem, assert, art. 16), il assure que le mariage est un tat plus parfait, et que jamais (Idem, l. de vol. Mon.) elle n'a t approuve ni de Jsus-Christ ni de saint Paul. Au reste, il n'est pas !e seul qui le dit. Rcemment encore (Char. I. inCensor. suum) Charcus l'a enseign aprs lui quoique avec moins de hardiesse et comme- en doutant. Mais ne dit-il rien davantage? Ecoutons ses propositions (Idem, Serm. de pisc.
;
,

Pelr.).

charg de crimes plus on est grce toutes les bonnes uvres sont des pchs ; et ces pchs quels qu'ils soient, quand Dieu use de rigueur sont des crimes (Idem, in Assert, art. 32), quand il use d'indulgence, sont de lgers manquements personne ne se porte au mal de sa propre volont (Idem, I. de servo arbilrio; Idrm, Serm. de Mose). Le Dcalogue ne sert plus de rien (Idem, I. de Capt. Babi/I.). Dieu ne prend point garde lout ce que nous faisons (Idem, in fine ejusem cap.). Nul ne participe comme il faut la cne du Seigneur, s'il ne s'en approche avec un cur triste, avec un esprit abattu, avec une conscience pleine de trouble et de confusion. 11 faut confesser ses pchs, mais n'importe pas qui; et quand celui qui donne l'absolution ne le ferait que pour rire, qu'on craie seulement, et on ne laissera pus d tre absous (Idem, in assert.art. I2el3). C'est aux laques et non pas aux prtres dire les heures canoniales (Idem, le captivit. Babyl. in c. de Ord.); ds qu'on est chrtien on est libre, et on n'est plus oblig d'obir aux hommes (Id. de captivit. Babyl., c. de Bapl,). Mais ne fouillons point davantage dans ces ordures, qu'on ne peut remuer sans scandaliser les mes chasest la
,
: : ,

Plus on proche de

tes et fidles.

On me pardonnera
ces

bien,
et

si,
,

maximes abominables
les luthriens

confondu

en rapportant peut-tre les zwinglicns


j'ai
;

ignorants et fait piti aux gens d'esprit qui en connaissent le faible. Nos adversaires en font beaucoup de cette nature, il y en a qu'il particulirement de quatre sortes n'appartient qu'aux habiles philosophes de bien dmler. La premire est lorsqu'on se bat, pour ainsi dire, contre son ombre, en faisant de grands discours qui ne prouvent rien. Par exemple, contre ceux qui prfrant la virginit et le cibul au mariage, font vu de force ils allguent chastet perptuelle textes de l'Ecriture la louange du mariage, quoi sert cela? Condamne-t-on le mariage? Conlre ceux qui tiennent qu'avec le secours de la grce un chrtien peut gagner le ciel parles bonnes uvres, ils citent plusieurs passages, qui portent qu'on ne doit mettre sa confiance, ni en la loi naturelle, ni en la loi crite, mais en la mort de JsusChrist. Connaissent-ils parmi nous quelqu'un qui en doute ? Contre ceux qui honorent et qui invoquent les saints, ils produisent des pages entires qui contiennent de rigoureuses dfenses de reconnatre eld'adorer plusieurs dieux. O sent-ils ces idoltres qui adorent plusieurs dieux? En a-t-on jamais trouv dans l'Eglise catholique ? Je pourrais rapporter ici une infinit de semblables arguments, qui ne serviraient qu' ennuyer le lecteur et qui ne feraient rien contre nous. La seconde est lorsqu'on chicane sur les mots, sans toucher le point principal de la question. Trouvez-nous, disent-ils, le, mot de Messeou de Purgatoire dans l'Ecriture. Trouvez-y vous-mmes le mot de Trinit ou de consubstanliaiitc. Est-ce qu'il n'y est point parl de ces grands mystres, parce que les noms ne s'y trouvent point? Us pchent encore peu prs de la mme sorte, lorsqu'au lieu de prendre les mots dans le sens que leur donne l'usage, qui en est la rgle, ils s'amusent disputer sur leur origine. Ainsi pour dtruire le sacerdoce, ils croient avoir rencontr un fort argument, quand ils disent que le mot de prtre en grec, signifie ancien et rien autre chose. Pour abolir les
, ;

1207

DEMONSTRATION EVANGLIQUE. CAMPIEN.


ils

19.08

se contentent de dire que le se prend pour toute sorte de mystres sacrs ou profanes. Saint Thomas fait sur ce sujet une remarque judicieuse (Saint Thomas, \,p. q. 13, a. 2. ad 2) dans les mots, dit-il, il faut avoir beaucoup plus d'gard la signification que l'usage leur donne, qu' leur origine. La troisime est lorsqu'on tire des inductions fausses et captieuses de la ressemblance des mois. A quoi sert, dit-on, l'ordre de prtrise, puisque (Jean, Apocal., V, 19) saint Jean nous donne tous le titre de pr-

sacrements

mot de sacrement

peu appliqu ce qui est de son salut, pour ne pas chercher dans l'Eglise le chemin droit et uni qui mne au ciel, et pour chercher au contraire hors de l'Eglise des voies cartes, qui conduisent la perdition. Ce chemin si droit et si uni ne sera pas inconnu aux ignorants, ni plus forte raison des gens aussi clairs que le doivent tre d'habiles docteurs comme vous. Considrons donc toutes les parties de l'uninous verrons qu'il n'en est aucune vers qui ne rende tmoignage la vrit de la regrossier et assez
;

ligion catholique.

tres.

Nous rgnerons sur

la terre, ajoute

le

aptre. Qu'avons-nous besoin de rois pour nous gouverner ? Isae loue le jene spirituel (Isae, LV1II 6), qui consiste s'abstenir du pch. Pourquoi donc mettre de la distinction entre les viandes? Pourquoi jener le carme? Voil sans doute d'admirables raisonnements: Mose, Divid, Elic, Jean-Baptiste et les aptres se tourmentaient donc en vain, lorsqu'ils jenaient plusieurs jours de suite, et des semaines mmes entires. Que ne se contentaient-ils d'observer le jene spirituel qui doit durer toute la vie
,

mme

et dont on ne se peut dispenser? mais poursuivons. La quatrime est, lorsqu'on fait un cercle vicieux de cette manire dites-moi quelles sont les marques de la vraie Eglise ? 11 y en a deux la pure parole de Dieu, et les sacrements bien adminislrs. Les avez-vous toutes deux? Nous les avons, qui en peut douter? J'en doute, moi; car comment le >uis-je savoir? Consultez les Ecritures. Je es ai dj consultes. Elles vous condamnent toutes, et j'en suis plus convaincu que jamais. Nous avons pourlanl raison, cela est
: :

Montons dans le ciel, et entrons dans ce jardin dlicieux o l'on ne voit de toutes parts, selon l'expression de saint Augustin (saint 'Aug., serm. XXXVII, de Sanct. ) que lys et que roses, que martyrs figurs par les roses, qu'mes pures et innocentes reprsentes par les lys; trente-trois papes de suite, tus en haine de la foi (Damas., velpotius Anast. Bibliot. in vit. Pont.) ; un grand nombre de saints prlats et de saints prtres qui ont rpandu leur sang pour le nom de Jsus-Cbrist ; une multitude innombrable de fidles de tout ge, de tout sexe et de toutes conditions, qui ont suivi courageusement l'exemple de leurs pasteurs tous ces glorieux martyrs, et en gnral tous les saints ont vcu et sont morts dans notre communion, hors de laquelle il n'y a point
:

de salut.

certain. Prouvez-le-moi.

Nous

le

prouvons

invinciblement, car nous suivons en toutes choses la pure parole de Dieu. Est-ce donc ainsi que vous raisonnez? apporterez-vous toujours pour preuve, ce qui est en question ? faut-il que je vous rpte ce que je vous ait dit tant de fois ? Je vous le dis donc encore Vous expliquez mal la parole de Dieu; vous en ignorez le vrai sens; j'en prends toute l'antiquit tmoin. Ne m'en croyez pas, si vous voulez; que ni vous ni moi n'en soyons les juges; prenons pour arbitres tous les docteurs et tous les fidles qui ont prcd l'tablissement de votre nouvelle Eglise. Que tous les docteurs et tous les fidles disent ce qu'ils voudront, nous ne nous en rapporterons qu' la parole
:

Comptez donc parmi les ntres un saint Ignace martyr ( Eus. l. III, c. 30) qui, ayant soigneusement remarqu plusieurs traditions apostoliques dj tablies de son temps, nous les a laisses par crit, de peur que le temps n'en abolt la mmoire; un saint in vita Telesph.) Tlesphore (Dam. qui ordonna que le jene du carme, institu par les aptres, se gardt trs-exactement un saint Irne (lren., I. III, c. 3), qui prouvait la vrit de notre religion par les souverains pontifes qui jusqu'alors avaient succd les
,

uns aux autres sans interruption un saint Victor pape (Eus., I. 1. Hist.), qui, comme chef de l'Eglise, runit l'Asie avec le reste du monde chrtien, sans que personne ost se
;

plaindre qu'il passait les bornes de son pouvoir; un saint Polycarpe, vque de Smyrne et martyr (Euseb., I. IV, c. lk. Suidas), qui alla exprs Rome pour consulter le saint sige sur la question du jour de Pques; un saint Corneille et un saint Cyprien (Euseb.
I.

VII.

interprte

Ituffino)

deux martyrs

de Dieu (Joan.,

L'esprit souffle o il lui plat. Voil le cercle, ou pour mieux dire, le labyrinthe o nos adversaires tournent
III, 8)
:

perptuellement
sortir.

sans

jamais

en pouvoir

DIXIEME PREUVE.
Le tmoignage de
toutes sortes de personnes en faveur de l'Eglise catholique.

C'est ici le droit chemin que vous devez suivre, et les ignorants ne s'y gareront point
(/s.,

XXXV,

8).

a-l-il

un homme assez

suprieur, de se la tradition, et par son autorit touffa ainsi une erreur qui commenun saint ait se rpandre dans l'Afrique Sixte, pape, qui tait servi l'autel par sept diacres du clerg de Rome ; un saint Laurent, archidiacre, dont les anciens Pres ont fait de si grands loges, et que nos sectaires ont effac du catalogue des saints (Prudent. in Hymno de S. Laurentio). Ajoutez ces clatantes lumires de l'Eglise catholique tant de saintes vierges et de saintes veuves qui en ont t de grands orillustres

dont

le

premier,

comme

ayant repris soumettre

et corrige l'autre, l'obligea

1209
:

DIX

PREUVES DE LA RELIGION CHRTIENNE.


les

1210

nemcnls sainte Ccile, sainte Agathe, sainte Anastasie, sainte Barbe, sainte Agns, sainte Lure, sainte Dorothe, sainte Catherine et tant d'autres, qui ont combattu jusqu' la mort pour la dfense de leur chastet et de leur foi, et ont triomph en mme temps des hommes et des dmons; sainte Hlne, mre du grand Constantin (Ruffin., I. III, c. 8), laquelle marqua tant de zle faire chercher et honorer la croix du Sauveur; sainte Monique (August., L IX. Confess., c. 7), qui dans sa dernire maladie pria instamment qu'aprs sa mort on se souvnt d'elle l'autel sainte Paule (Hieron., in Epist. Paul), qui ayant volontairement renonc (aux grands biens qu'elle possdait, et ayant abandonn le magnifique palais qu'elle avait Rome, quitta l'Italie, passa la mer, et alla se retirer auprs de retable de Bethlhem pour y vivre dans l'obscurit; tous les solitaires, les Paul, IcsHilanon, les Antoine, les Benot, qui, sans controverse, ont tous t catholiques aussi bii'n que nous Satyre, frre de saint Ambroisc, ne l'tait t il pas (mbr., in orat. fan. de l. Satyro), lui qui, sur le point de prir dans un naufrage, ayant sur lui le corps de Noire-Seigneur, se jeta au milieu des flots et se sauva miraculeusement par le mrite de sa foi? Saint Nicolas et saint Martin ne l'taient-ils pas, et leur vie austre et p; , ;

puissances de l'enfer ? Lorsque les chrvictorieux curent chass les Juifs de la Terre-Sainte et qu'ils se furent rendus matres de Jrusalem , qui pourrait dire avec quel empressement les Gdles y accouraient de tous cts pour y adorer Jsus-Christ dans l'table et sur le calvaire et pour y donner des marques publiques de leur respect pour ces sacrs monuments de notre religion (Eus. L IV, Hist. c. 5; 5. Hieron. in Epitaph. Paul et in Epist.ad Marcellam et passim in Epist.) ? De l est venue la haine implacable de cette perfide nation contre nous; et elle attribue encore aujourd'hui sa ruine, non pas Simon le Magicien ou Luther, mais aux vritables chrtiens, aux adorateurs de la croix, desquels nous avons reu la foi. Pour ce qui est des paens, on sait que
tiens

pendant
ont

trois sicles les

empereurs idoltres

nitente, entirement

oppose aux maximes

nouvelle rforme, n'en est-elle pas une preuve manifeste (Joan., Diac. Sever. Sulde
la

pit.) ?

Je ne dirai rien d'une infinit d'autres personnes aussi saintes et recommandables par leur attachement la doctrine des aptres. J'ai dj parl

meux
vit.

des docteurs les plus fade l'antiquit qui ont cru ce que nous croyons. Ceux qui en voudront savoir davantage n'ont qu' lire (Vide sex tomos de
Sanct.) les Histoires ecclsiastiques, soit gnrales, soit particulires, et les vies des saints crites en toutes langues par de trsgraves auteurs. Je demande maintenant nos adversaires ce qu'ils pensent de ces saints qui rgnent avec Jsus-Christ dans la gloire; de quelle religion taient-ils? de la religion catholique ou de celle de Luther? J'atteste le ciel et le Dieu du ciel, qui je dois rendre compte de tout ce que je dis, ou qu'il n'y a point de paradis pour les justes, ou que s'il y en a un, comme personne n'en doute, il n'est ouvert qu'aux enfants de l'Eglise catholique. Mais du ciel descendons dans les enfers, et voyons ce qui s'y passe. Reconnaissez-vous ceux qui brlent dans ce feu qui ne s'teint point? Ce sont des Juifs, des paens, des mahomtans et des hrtiques. Les Juifs, quelle religion ont-ils le plus en horreur? la religion catholique. Les paens, quels gens ont-ils fait la guerre? aux catholiques. Les mahomtans, quels temples ont-ils dmolis? les temples des catholiques. Les hrsiarques et leurs sectateurs, de quelle Eglise se sont-ils spars? de l'Eglise catholique; car quelle autre Eglise que la catholique a jamais eu assez do Hle et de force pour attaquer et pour vaincre

perscut l'Eglise de la manire du monde la plus cruelle et la plus injuste. Qui sont ceux qu'ils ont traits si indignement? Ceux qui avaient la mme crance, les mmes lois, les mmes pratiques que nous? Ecoutez ce que le pote (Prucl. in Hymno de S. Laurent.) Prudence fait dire au tyran qui condamna au feu saint Laurent, et vous verrez qu'un luthrien ne tiendrait pas un autre langage. Ce mchant juge reproche au martyr que ceux de sa secte sacrifiaient dans des lieux obscurs; que leurs prtres, dans leurs sacriGces, se servaient de coupes d'or et d'argent et d'ornements de grand prix; qu'ils y allumaient quantit de cierges et de flambeaux qu'ils y faisaient de riches offrandes; que les pres vendaient pour cela leurs fonds, et ne laissaient leurs enfants pour tout hritage que la pauvret; qu'ils avaient de grands trsors et qu'ils les cachaient au lieu de les employer aux ncessits de l'Etat et l'entretien des gens de guerre; qu'ils ne suivaient pas l'exemple de leur Jsus-Christ, qui affectait d'tre pauvre et qui n'avait ni argent, ni terres. Les disciples de Luther et de Calvin parleraient-ils autrement? Ne sont-ce pas l les prtextes dont ils se sont toujours servis pour couvrir leurs brigandages, pour dpouiller injustement les autels, pour enlever l'or et l'argent des glises et pour voler le patrimoine de Jsus-Christ? Constantin-Ie-Grand (1) fut le premier em;

pereur qui, ayant embrass la foi, donna la paix l'Eglise. Mais quelle Eglise la donnat-il? celle que gouvernait le pape Sylvestre, qu'il fit venir pour l'instruire et le disposer au baptme. Sous quels auspices remporta-t-il la victoire? sous les auspices de Jsus-Christ. Quel tait son tendard? l'tendard sacr de sa croix. Quelle fut sa mre? la sainte et religieuse Hlne. Quels matres consulla-t-il? les Pres du concile de Nice. De qui suivit-il la doctrine? des papes Sylvestre, Marc et Jules, des fameux voques Athanase, Nicolas, etc.; (S. Atlian.
(I)

Dam.
I.

in Sylveslro; Niccpli,, 1.7,c. 33;

Zonaras,
", S, 9;

Cedrenus;

Eus.
1,

I.

2, de vita Constant,

c.

Sozom.,

c.

cl 9.

1211

DEMONSTRATION hVANGELIQUE. CAMP1EN.


Anton.)

1212

prires de qui se recommanaa-t-il? aux prires du grand Antoine; (Thodore!, I. I, Hist. c. 7) quelle place choisit-il dans le concile? La dernire, o il acquit beaucoup plus d'honneur par sa modestie que n'en obtiendront jamais entre les princes chrtiens, ceux qui s'attribuent des titres et des pouvoirs qui ne leur appartiennent pas. Comparez maintenant, si vous voulez, un Nron, ce cruel perscuteur des chrtiens, avec Constantin, le destructeur (le l'idoltrie. Grand Dieu, quelle diffrence! celui-l mourut d'une mort honteuse et train vita s

Aux

romaine, ont t par elle convaincus d'erreur, et justement frapps d'anathrne. Mais laissons ces malheureux brler dans l'enfer, et revenons sur la terre. De quelque ct que je regarde, el que je porte ma pense, je ne vois que marques de la religion pour laquelle je combattrai jusqu'au dernier soupir. Les Eglises patriarchales, les siges fonds et tablis par les
el

que

gique, el celui-ci d'nne mort heureuse et pleine de gloire, Passons aux mahomtans. Mahomet (Zonaras), et Serge, moine apostat, gmissent depuis plusieurs sicles au plus profond des enfers chargs de leurs crimes, et des crimes de tous ceux qu'ils ont pervertis par leurs impostures. Il y a longtemps que cette maudite nation des Sarrasins et des Turcs aurait dsol toute l'Europe, el renvers avec autant de fureur que Calvin les temples et les autels [Vide Volaterr., Jovium,Mmil., I. VIII, Blond., I. IX), si les catholiques, par la vertu de la croix, n'eussent arrt le torrent qui menaait la chrtient d'une ruine entire. Ce ne sont point les prolestants qui ont dtourn ce malheur, puisqu'ils tmoignent de la joie du progrs des Turcs ce n'est point Luther qui l'a empch, puisqu'il a rendu de si bons services ces infidles, que Soliman, ce dit-on, a cru devoir lui en marquer par une lettre sa reconnaissance. Les Turcs sont donc ennemis, non des protestants, mais des catholiques, puisque ce sont les catholiques et non pas les protestants qui ont dfendu et sauv l'Europe chrtienne. Il ni> reste plus qu' examiner les dogmes des hrtiques. Le premier qui se prsente, c'est (Clem., I. 1, Recogn., I. I, c. 2) Simon le Magicien, qui lail l'homme le libre arbitre et ne demandait que la seule foi. Aprs lui en vinrent d'autres, comme Novalien [S. Cypr. Ep. ad Jubai. et l. IV, Ep. 2) qui, ayant os s'lever contre le pape Corneille, voulut abolir les sacrements de pnitence, et de confirmation. Mans Persan [Theodo ret. de fubulis Hret.), qui niait que le baptme ft ncessaire pour le salut Arius (S. Epiph. Hresi 11. S. Aug. Ilr. 53. Idem Ilr. 54) qui condamnait les prires qu'on faisait pour les morts et qui galait les simples prtres auxvques; Ace, arien, surnomm l'Athe (Socr., I. II, c. 28), qui prtendait que c'tait assez de croire pour tre sauv; Vigilance qui dfendait d'invoquer les saints (S. Hier. in Vigilant. S. Aug. Ilr. 82) : Jovinien, qui enseignait que le mariage ne cde point en excellence et en mrite la virginit enfin une foule de semblables gens, Macdonius. Pelage, Nestorins, Eutychs, les mouothlites, les iconoclastes el tant d'autres, entre lesquels la postrit comptera toujours Luther et Calvin. Tous ceux-l comme enfants du mme pre, qui est pre du mensonge, s'tant spars des lgitimes pasteurs de la vraie Eglise, qui est 1 Eglise apostoli, ; ;
:

aptres, les prlats de toutes les nations, les princes, les rois, les empereurs les plus renomms tous les peuples qui l'Evangile a t prch, et qui l'ont reu, tous les monuments de l'antiquit, tout ce qui reste de plus religieux et de plus saint dans le monde, tout cela rend tmoignage de !a vrit de notre crance. Quelle preuve plus visible en peut-on avoir que la suite perptuelle ('es successeurs de saint Pierre, qui,
;

comme remarque
Ep.

saint Augustin (S. Aug., 101), ont toujours tenu la primaut dans l'Eglise? N'en e^t-rc pas encore une bien

convaincante que l'admirable stabilit des autres Eglises fondes ou par les aptres ou par leurs disciples (Vide Tertull. de Prsc; Aug., /.Il, de Doctr. christ,) ? Que peut-on dsirer de plus fort en celle matire que le consentement gnral des volues et des docteurs les plus anciens el les plus clbres qui n'ont cru ni enseign que ce que nous croyons et ce que nous ens< ignons ? Que

croyons - nous
(5. Hier,

et

qu'enseignons - nous

script. Eccles.) que ce qu'ont cru et enseign saint Ignace el saint Chrysoslomc Aniioche saint Pierre, saint Alexandrin saint Athanase Alexandrie , saint Macaire et saint Cyrille Jrusalem , saint Procle Constanlinople, saint Grgoire de Nazianze et saint Basile en Cappadoce, saint Grgoire Thaumaturge en la pro\ incedu Pont, saint Polycarpe Smyrne, saint Justin le philosophe Athnes, saint Denys Corinthe, saint Grgoire Nysse, saint Mclhodius Tyr, saint Ephrem en Syrie, saint Cyprien, saint Optt, saint Augustin en Afrique, saint Epiphane en Chypre, saint Andr en Candie, saint Ambroise, saint Paulin, saint Prosper en Italie, saint Irne, saint Hilaire, saint Eucher, saint Grgoire, saint Salvien en France, saint Ildphonse, saint Landre, saint Isidore en Espagne, saint Augustin, saint Mlile, saint Juste et le vnrable Bde en Angleterre.

in catalogo

Mais afin qu'il ne semble pas que nous voulions faire parade de ces grands noms ,
j'en

omets une

infinit

je dis

seulement en

gnral qu'il ne nous reste ni ouvrage entier, ni fragment de ces auteurs, galement doctes el z!s, qui onl autrefois annonc partout l'Evangile, o l'on ne trouve quelque preuve, et quelque confirmation des vrits que nous soutenons dans l'Eglise catholique. Seigneur, ne mriterais-je pas d'tre retranch de celle Eglise, qui est la seule vritable, et d'tre puni comme prvaricateur, si je faisais moins d'tal de ces grandes lumires du monde, que d'un petit nombre de prdicants, la plupart obscurs, ignorants, superbes, diviss entre eux, et d'une vie scandaleuse ?

1215

DIX

PREUVES DE LA RELIGION CHRETIENNE.


les luthriens,

1514

Ajoutons au tmoignage des Pres relui des princes et des peuples, dont la pit et la religion, tant en paix qu'en guerre, n'a point d'autre fondement que la doctrine catholique. Que chacun rappelle en sa mmoire les glorieuses actions des Thodose en Orient des Charlemagne en Occident, des Edouard en Angleterre, des Louis en France, des Hermngilde en Espagne, des Henri en Saxe, des Vinceslas en Bohme, des Lopold en Autriche, des Etienne en Hongrie, et tant d'autres qui par l'exemple de leur vie par par la terreur de leurs armes, par la justice de leurs lois, par leurs soins et par leurs libralits, ont soutenu celte Eglise sainte dont nos adversaires se sont malheureusement spars. C'est ces monarques si chrtiens et si religieux qu'on doit appliquer Les cette prophtie d'Isae (Is., XL1X, 23) rois seront les pres cl les reines seront les mres qui vous nourriront. C'est donc vous, puissante reine Elisabeth, que parle Ecoutez sa voix et soyez le saint prophte persuade que jamais Calvin ne se trouvera dans le mme ciel que les princes qui ont t les dfenseurs et les modles de la vraie pit: Joignez-vous eux, et montrez-vous digne de la couronne que vous portez, digne des rois vos anctres, digne des louanges que les rares qualits qu'on admire en vous, et les
,

ou

les

catholiques prchent

un faux

mme

Jsus-Christ, puisqu'ils n'ont pas le Evangile. Mais de quel ct est le v-

ritable Jsus-Christ ?

est

sans doute du

ct de ceux dont il s'est servi pour abattre, et pour briser l'idole de Dagon. Et qui sont ceux qu'il a employs dtruire l'idoltrie, renverser les autels et dmolir les temples de Jupiter, de Mercure, d'Apollon, de Diane et de tant d'autres semblables monstres que l'enfer avait substitus en la place du vrai Dieu? Ce ne sont pas les luthriens, mais les catholiques et pour ne point en aller chercher de preuves dans les pays tran gers, nous en avons de certaines et proche de nous, et chez nous. Les Hibernois ont t instruits dans la foi par saint Patrice, leur aptre, les Ecossais par saint Pallade, les An;

que vous possdez belles connaissances vous attirent de toutes parts. C'est la seule que je vous souhaite, et Dieu ne plaise que,
quoi qu'il arrive, j'aie jamais d'autre dessein

que de contribuer de tout mon pouvoir

me

voire salut et votre gloire. Je sais qu'on veut faire passer dans l'esprit de votre majest pour un sditieux, pour un ennemi
et

qu'on me menace du dernier ne condamne que les tratres et les sclrats mais le chevalet le gibet, la mort ne m'lonnenl point. Il viendra un jour qui dcidera lesquels auront eu le
de l'Etat,
supplice,

par saint Augustin. Ces hommes aposou saints prlats avaient l ordonns et sacrs Rome c'est, de Rome qu'ils avaient reu leur mission, et ils ont toujours vcu trs-troitement unis avec Rome, rien n'a pu les en dtacher; et s'ils nous ont prch la foi, ils n'ont pu nous en prcher d'autre que celle de l'Eglise romaine. Je finis par une remarque qu'on ne saurait contester, c'est qu'on voit partout des tmoignages de la vrit de notre religion. On en voit dans la fondation des universits, dans les formules des lois, dans les usages particuliers de toutes sortes de pays, dans empereurs, dans le sacre et l'lection des dans le couronnement des rois, dans l'institution des ordres de chevalerie et dans les habits des chevaliers, dans les portes des anciennes villes, dans les maisons des habitants, dans les coutumes immmoriales de nos anctres en un mot, jusque dans les moinglais

toliques,

l'on

dres choses, qui de toute antiquit montrent clairement qu'il n'y a point eu de religion solidement tablie hors la catholique.

plus de zle pour votre service ou les partisans de Luther, ou les enfants de la compagnie de Jsus. Ce ne sont pas seulement les rois et les princes les plus fameux des sicles passs, qui ont maintenu la foi catholique. Cette mme foi est celle qui de tout temps a t reue par toutes les nations qui ont renonc au paganisme. Est-ce peu de chose que d'avoir aboli le culte des fausses divinits que d'avoir fait connatre Jsus-Christ tant
, ;

Repassant donc tout cela dans mon esprit, considrant que ce serait une insigne folie moi de vouloir me sparer d'une Eglise
et

saints,

compose de tant de fidles et de tant de pour me joindre des gens sans foi,
souvent sans
suis senti

et le plus

conscience; j'avoue

dpeuples infidles? Luther prche JsusChrist Les catholiques prchent Jsus-Christ: Est-ce qu'il y a plus d'un Jsus-Christ ? I
;
(

les provoquer au combat, dans une ferme esprance que Dieu ne permettra pasque j'en revienne vaincu et confus. Ainsi Charcus, qui m'a trait d'une manire si outrageuse, trouvera bon qu'un misrable pcheur comme moi. pour qui Jsus-Christ est mort, aime mieux prendre qu'il lui a fray pour aller au le chemin ciel, que de suivre les garements de Cal-

que je me

anim

Cor.,1, 4.)

Non certainement;

il

fautdoneque

vin.

o\Ki\\$it\\.
C'est vous, illustres docteurs, que je ddie ce petit ouvrage. Tout mon dessein est
saires.
Si

vous voulez que l'on considre

de

me

justifier

auprs
st

d,'

rer

que

c'<

torl

vous, et de vous q Vos m'accuse de

comme les juges de l'Ecri* comme les organes du Saint-Esprit, comme les rgles de la foi, comme les matres
Luther
et Calvin

ture,

tmrit et de prsomption. Avant que nous en venion dispute publique, j'ai cru devoir vous proposer en peu de mots les raisons que j'ai de ne pas craindre mes adver-

des conciles et des Pres, je ne puis attendre de vous un jugement favorable. Mais si vous tes, comme je me le figure, des philosophes consomms; si vous aimez la vrit, la sim-

4215
plicit et la modestie, si

DEMONSTRATION EVANGELIQUE. PRENNS.


ther, de

1216

vous hassez l'esprit d'orgueil et de sufGsance, si vous ne vous payez pas de raisons friyoleset desophismes, vous n'aurez pas de peine voir la lumire en plein midi, vous qui voyez clair dans
les tnbres
ji-

mme de. la nuit. Mais il faut que vous dise franchement ce que le zle de

votre salut, l'importance de l'affaire dont il m'obligent de ne vous pas dissimuler. Le dmon sait bien que, pourvu que vous vouliez ouvrir les yeux-, vous reconnatrez ses artifices, cl dcouvrirez la lumire qu'il tche de vous cacher; car qui serait assez simple pour prfrer les rveries d'un Hammer, et d'un Charcus, au seniiment gnral de tonte l'Eglise ancienne? Il emploie donc d'autres moyens pour vous engager dans ses piges. Il a mis dans la doctrine de Lus'agit,

certains charmes qui lui ont gagnf parmi vous bien des gens de lettres. Ces charmes sont ceux de la gloire, des richesses, de la libell et du plaisir. Mprisez toutes ces choses; car qu'y a-l-il dplus vain, de plus bas, de plus honteux et de plus indigne de vous? Je vous le dis encore, une fois, ayez du mpris pour toutes ces choses, et, croyez-moi, vous n'y perdrez rien. Jsus-Christ est riche, il aura soin que rien ne vous manque; il est roi, il vous comblera d'honneurs; il est libral et magnifique, il vous comblera de biens. Rangez-vous de son ct, combattez sous ses tendards, vous vaincrez et triompherez avec lui. C'est le bonheur que je vous souhaite, et que vous devez souhaiter
I

A Cosmopoli

1581.

DE L'OBSERVATION DU

DIMAIN
CONSIDRE

&\i8

U$ rapports

ta l'Hi&tini publique

DE LA MORALE, DES RELATIONS DE FAMILLE ET DE CIT


PAR FRANOIS PRENNS
Les
au milieu de
repos.
la

(1).

ftes sont dans la navigation

de

la vie

ce que sont les

lies

mer des
,

lieux de rafrachissement et de

Bernardin de Saint-Pierre.

A VER T1SSEMENT.
La question de
,

l'utilit

de l'observation

du dimanrhe, mise au concours par l'Acadmie de Besanon pouvait tre envisage bous deux faces principales. Ou l'crivain, remontant l'origine mme del fondation du repos du septime jour,
aurait essayde pntrer la pense du lgislateur divin dcrtant le chmage hebdomadaire, et dans une magnifique synthse, aurait dvoil les rapports sublimes de cette institution avec les besoins physiologiques et moraux, politiques et religieux, temporels et ternels de la nature humaine synthse qui ne devait faire aucune acception
,
:

des temps et des lieux ou qui, du moins, devait embrasser tous puisque Mose lui-mme ne fil que sanctionner un fait et un principe qui lui taient antrieurs; Ou bien l'auteur, en tudiant cette institution, principalement dans ses relations avec les ncessits de l'poque actuelle, et recher,

les

chant ses rsultais immdiats et prochains, sans se proccuper de thories spculatives ,


s'attacherait faire ressortir l'utilit de l'ob-

servation du

la

dimanche dans l'tat mme marche des vnements, dont il n'audans ce cas juger
le

rait point

cours nor-

(1)

Cet ouvrage a t couronn


,

par l'acadmie des

sciences

belles-lettres

et

arts

de

Besaneon

dans sa

sance publique du 2t aot 1859.

mal ou anormal, a plac la socit. Nous avons prfr cette seconde mthode, parce qu'il nous a sembl que nous nous cartions moins de la pense acadmique, en rsumant les faits contemporains les plus

DE L'OBSERVATION DU DIMANCHE.
ralits

1218

propres ramener les hommes l'observation d'un jour qui tend de plus en plus tomber au niveau des autres jours , si mme les abus dont il est l'occasion ne le font descendre plus bas. Nous y avons encore trouv cet avantage de nous dgager de prime abord des hypothses et des conjectures auxquelles la premire mthode ouvrait un champ im-

tait mense. Celui des modernes assez grand pour offrir une riche moisson des ouvriers plus habiles que nous. L'indulgente approbation accorde par l'Acadmie peut tmoigner nous nos modestes efforts l'esprons que nous ne nous sommes pas compltement tromp.
,

DE L'OBSERVATION

DU DIMANCHE.
Quelle que soit l'poque laquelle on remonte en parcourant les annales des divers peuples qui couvrent la surface de la terre , on reconnat l'exercice d'un culte religieux. Les hommes de tous les temps et de tous les climats ont prouv le besoin de se rassembler de certains jours pour honorer la Divinit: telle est l'origine des ftes. Les lgislateurs en ont bien pu rgler la forme et les
le

nyme

crmonies, en dterminer le retour ; mais ce qui suffiils ne les ont point inventes pour attester que tout culte , modifi rait suivant les murs et le gnie particulier de
;

fte ( dies festus, iop.-i, ) tait synode jour de repos, jour de joie. Le christianisme , en se rpandant sur la terre, a substitu aux rigueurs de l'ancienne loi chez les Juifs, aux mensonges et aux monstruosits de la loi religieuse chez les paens , les adoucissements et les sublimes leons d'un culte en esprit et en vrit. Son code tait complet, parce qu'il n'tait que la seconde promulgation de ces lois antrieures

mot

toute institution humaine, que les philosophes et les sages avaient vaguement entrevues. La charit fut proclame le premier
des

chaque peuple, n'tait que la tradition plus ou moins altre d'une religion primitive donne la crature par le vrai Dieu luimme, et mise en oubli mesure que l'erreur et la corruption y substiturent les honneurs rendus aux faux dieux. Indpendamment du but moral de ces ftes, o 1 habitant de sa de la terre offrait au ciel l'hommage
soumission et de sa reconnaissance, et se d'une puissance fortifiait dans la croyance suprieure dont l'il tait ouvert sur lui, les pasteurs des nations y virent encore une source d'avantages, tant pour l'homme consocial sidr isolment, que pour le corps dans son ensemble. Aussi favorienvisag srent-ils de tout leurpouvoir les assembles et il arriva mme que, dans religieuses
,

commandements, ou

commandement unique
furent abroges les
et

plutt il tait le universel. Alors! crmonies multiplies


et
,

gnantes du culte judaque ncessaires pour tenir continuellement en haleine le peuple qui elles fuient imposes. Le sacrifice
,

plusieurs contres, les ftes se multiplirent (l). au point de nuire aux affaires civiles divin de les le prcepte immdiat et Comme clbrer n'existait plus chez les paens, l'halgislateurs dut bilet des prtres cl des ce dfaut pour attacher dplus suppler en plus les peuples leurs ftes. Sans parler refuse des peines rserves celui qui aurait participer la manifestation publique des
,

humain et celui des animaux lurent partout abolis et l'on vit leur succder le sacrifice du pain, sacrifice spirituel o Dieu vint prendre, comme victime la place des hosties sanglantes qui ne pouvaient expier la faute originelle dont une tradition constante accusait l'humanit. En prsence de ces bienfaits on conoit quels durent tre les transports de joie et de reconnaissance de ceux qui les premiers reurent la bonne nouvelle. Aussi la vue des plus cruels supplices ne pouvait les empcher de se runirait jour du Seigneur et dans les tnbres des catacombes leur allgresse clatait en bndictions. Les bourreaux les surprenaient-ils dans ces saintes assembles: ils mouraient. Qu'importe ? ces martyrs en expirant dans les flammes ou sur
, , ,

les chevalets,

de croyances religieuses les lgislateurs et les ministres sacrs agirent follement sur les des sens et sur l'imagination par l'appareil sacrifices et la pompe des crmonies, par spectacles , la magnificence des jeux et des par la somptuosit des festins et mme par Aussi chez les la sduction de la licence. Grecs et les Latins, comme chez les Hbreux,
(I)
ttuieu.

changeaient pour leurs frres, leurs jours de mort, ou plutt de triomphe (1), en autant de jours de fles , et les instruments de leurs supplices taient placs sur les autels comme les instruments de leur victoire, devant lesquels on s'inclinait avec vnration.

Mais mesure que le christianisme s'loigna des temps de son origine la foi s'affaiblit dans les curs. On vit paratre des
,

Par exemple chez

les

Athniens. Voyez Motiies-

(1) Le jour de la mort d'un martyr de naissance, dei natulis.

tait

appel sou ioaf

1219

DMONSTRATION v ANGLIQUE. PERENNES.


crucifi,

1220

dils qui ordonnaient, avec des menaces plus ou moins rigoureuses la sanctification des ftes, et souvent ces dits furent impuisl'indiffrence ou sants contre la cupidit l'irrligion. Les ordonnances, dit Bossuet (1), sont pleines de peines contre ceux qui violent les ftes, et surtout le saint dimanche. Et les rois doivent obliger les magistrats tenir soigneusement la main l'entire excution de ces lois, contre lesquelsans qu'on y ait les on manque beaucoup apport tous les remdes ncessaires.
, , ,

viennent

dans

l'clat

de leur pa-

rure, pour voir et pour lre vues.


est devenu le dieu du insatiable des richesses le dsir effrn des plaisirs et des jouissances de loute sorte, l'intrt priv mis la place de l'intrt gnral, voil les besoins qui proccupent el matrialisent la socit. Jasicle.

C'est

que l'gosme

La passion

Les

ftes
,

des

plus

simples

chrtiens sont beaucoup moins contraignantes dit


,

encore le mme crivain (2) temps beaucoup plus saintes

et
et

en
,

mme

beaucoup

plus consolantes que celles des Juifs o il n'y avait que des ombres des vrits qui nous ont t rvles et cependant on est bien plus lche les clbrer. Qu'aurait dit aujourd'hui l'illustre vque de Meaux ? En parcourant nos champs et son oreille nos villes un jour de dimanche aurait t frappe du bruit de l'enclume ou il aurait vu la du grincement de la scie faulxou la bche poursuivant la lche accouobissant la ici des maons tume voix de l'architecte, et s'cmpressanl d'lever un difice que ne bnira pas le Seig icur plus loin des marchands, assis dans un comptoir, et absorbant leur esprit dans de longs calculs, ou l'appliquant de nouvelles spculations (3) Quelle sainle indignation et saisi le prlat Transport de ce courroux qui poussait l'Homme-Dicu lorsil et qu'il chassa les vendeurs du temple exhal un de ces cris formidables que la terre n'entendit qu'aux jours d'Ezehiel ou de Jrmie. Puis, en retournant devant l'autel pour unir la douleur de son me navre et saignante aux douleurs de la croix temple il n'et aperu dans la solitude du que des femmes dont les unes n'ont peuttre poinl encore oubli que le pain matriel n'est pas le seul qui soit ncessaire elles-mmes et leurs enfants, et les autres, que la vanit conduit aux pieds du Dieu
:

la fureur de l'agiot ne fut porte aussi loin jamais la rgulation et les honneurs n'ont t plus dvolus l'argent. Le bien-tre tant la seule chose en laquelle on ait foi, on lui sacrifie tout le reste. De l celle anarchie des esprits (1), ce dchanement des ambitions , cette indiffrence qui ddaigne el qui tue tout ce qui est beau, grand, sublime. De l cette effrayante propension au suicide, ces crimes qui dsolent les provinces et la capitale (2), ce levain de rvolte qui fermente incessamment sans que l'on puisse dire o il est cach cette vaste inquitude, pire qu'une contagion, qui fait que l'on ne croit plus mme la pairie.... De l enfin ce mpris universel pour l'institution
, ,
,

mais

du dimanche qui rsume cependant en


toute la
religion.

elle

Comment

aurait-elle

seule le respect au milieu des ruines du pass ? Sans doute il appartient l'Eglise de la rhabiliter el de la faire honorer comme elle doit tre honore (3). Mais hors des votes sacres sa voix n'a plus de retentissement, et l'crivain qui se bornerait invoquer le sentiment religieux s'exposerait n'tre point compris. La plupart de ces hommes qui emploient au travail le jour destin au repos ignorent de quels biens ils se privent, lorsqu'ils s'loignent de la chaire et du sanctuaire d'o les trsors de paix et de bndicton dcouleraient sur eux. Nous, qui n'avons pas reu du ciel l'auguste mission de les enseigner,
M. Guizol, dans un de ses derniers crits politiques, que le suret du commandement et de l'obissance s'tait perdu dans l'Etat; que l'autorit tait dpouille de son caractre moral ; qu'elle gouvernait les acte-, sans gouverner les volonts qu'on lui accordait une soumission matrielle dpourvue de tout acquiescement intellectuel; enfin qu'on la subissait, mais qu'on ne la
(1)

commander

pu

di larait

(1) Politique tire

de l'Ecriture

sainte, liv. VII, art. S.

Cet ancien ministre, bien que protestant avec un grand dsintressement de croyaaee de demander de la force moraie au catholicisme.
res|
;

clait pas.

conseillait,

troisime proposition.
(2) Ibidem. (3) Il y a dos exceptions honorables, et elles sont nomb>euses dans toutes nos provinces. Nous en citerons quelLes ngociants en draperie de la ville de ques-unes Montpellier ont pris entre eux, en 1838, l'engagement solennel de se refuser, le dimanche, toute transaction commerciale. Les marchands de nouveauts de Nevers ont pass entre eux un compromis pour ne point vendre le dimanche. Ce compromis a reu son excution depuis le 1" juin. {Gazelle de France, du 15 juin I8i0.) Les principaux ngociants de Toulouse viennent de donner un exemple de respect pour l'observation des ftes el dimanches, qui les honore. Ces ngociants ont dcid qu' partir du 1 5 mai prochain leurs magasins serai ni ferms les dimanches et l'tes d'obligation, en exceptant toutefois le dimanche qui prcde et qui suit les quatre grandes
:

(2)

Voyez

le rapport
la

sur

prisons, par

M Brenger,

membre de
morceau
(5)
fin a
Il

ta ncessit de la rforme des conseiller lacour de cassation,

t insr dans

est certain

chambre des dputs elde l'institut. C<5 YAlmanach de France de 183 que l'observation du dimanche mettrait
I

gagement,

foires annuelles. Si l'un d'eux venait enfreindre ci t enil serait tenu de compter une somme de cinq cents francs, puni- tre distribue aux pauvres. (Gazette de France, dn '7 mai 1812.) On n'aur .it qu' parcourir Jes collections de Y Union Callwlique, de l'Univers, de

bien des malheurs, ferait cesser bien des abus. Presque chaque anne, la voix imposante des voques s'lve pour rappeler ce devoir sacr, ce grand besoin social. Dans le carme de 1838, ou a compt un nombre plus grai encore de mandements qui traitaient exclusivement ou parti) llement de la loi du septime jour. Esprons, disail l'un d'eux, que les leons si svres du pass seront comprises dans le prsent, et qu'elles nous deviendront protectrices pour l'avenir. Esprons que, mieux inspirs que leurs devanciers, ceux qui sont chargs de contenu les multitudes, comme parle l'Ecriture, comprendront tout ce que peut, pour le bonheur des peuples l'observation d'une loi aussi ancienne que le monde et laquelle rendent encore un hommage si solennel ces nations auxquelles, en empruntant nos formes de gouvernement, nous aurions d emprunter aussi leur
l

YAmi de
'

profond pour
le

la

la Religion, etc.,

sanctification du saint jour. *


le
la

serait facile

pour s'assurer de multiplier ces exemples.


etc.,

qu'il

nous

mandement de Mgr.
le

Vovez aW| cardinal-archevque de* Roueu,

pour

carme de

mme mme,

1221

DE L'OBSERVATION DU DIMANCHE.

1222

nous voulons du moins leur apprendre que l'observation du dimanche leur fut impose non pas seulement pour glorifier la Divinit,
,

jour. Plusieurs se figurent la clbration

du dimanche comme un usage triste et morose, qui jetterait sur leur vie une sorte de teinte

cette Divinit devant qui pourtant toute la cration intelligente ne devrait tre qu'une hymne de louange, qu'un hosanna sans fin mais encore pour leur propre utilit. Puissent les considrations que nous allons expo,

ser, conduire quelques indiffrents jusqu'au seuil du temple, o la voix du sacerdoce les

instruira d'une manire plus directe, plus prcise et surtout plus efficace des uvres qui doivent particulirement sanctifier ce

funbre. Faisons-leur reconnatre qu'ils se sont tromps. Aprs avoir dit quelques mots sur l'origine de l'institution du septime jour , et lait voir sur quelles augustes traditions elle est fonde, essayons de montrer comment celte institution influe sur les intrt-, gnraux et privs les plus immdiats l'hygine publique, la morale, les relations de famille et de cit.
:

jjlrimutt par
La religion chrtienne, admirable en toutes choses, a adopt pour l'ordre de ses ftes la division septnaire. Cette division du temps est la plus parfaite qu'aucun lgislateur ait employe. C'est aussi la plus antique car il est constant qu'elle tait eu usage chez les peuples les plus voisins de la cration. Aprs le pch, dit Bossuet, il ne devait plus y avoir de sabbat, ni de jour de repos pour i'homme nuit et jour, hiver et t, dans la semaille et dans la moisson dans le chaud et dans le froid il devait tre accabl de
; ;
,

Cependant Dieu laissa au genre humain l'observance du sabbat, tabli ds l'origine du monde, en mmoire de la cration de l'univers; et nous le voyons observ l'occasion de la manne (1), comme une chose connue du peuple, avant que la loi ft donne o l'observance en est institue plus expressment. Car ds lors on connaissait la distinction du jour ou les semaines tatravail.
blies; le

Duclot.dans la Bible venqe, faire voir que les anciens peuples du paganisme, au lieu de clbrer le septime ou dernier jour de la semaine, chmaient le septime de chaque mois. Mais quand cela serait prouv, en serait-ce moins un reste de la tradition primitive dont ils avaient perdu les vestiges ? il faut convenir que tout concourt confirmer la vrit du rcit de Mose sur la sanctification du septime jour qui est un monument de la cration. Diderot, d'Alembert, et les autres auteurs de l'Encyclopdie n'ont pu se dissi
,

Selden

dit

s'est

efforc de

muler la force de cette preuve. La division du temps en semaines de sept jours, crivait (1) un des plus savants prlats des temps modernes, a t connue (2) de
>;

sixime jour

tait

marqu

le

sep-

aussi comme le jour du repos; et tout cela parat comme une pratique connue, et non pas nouvellement tablie; ce qui montre qu'elle venait de plus haut, et ds l'origine du monde (2). Mais la tradition de la saintet de ce jour

time

l'tait

du septime jour comme sacr, et du consacr au repos ternel les anciens druides del Grande-Bretagne nouoraient aussi le septime jour. (1) Le cardinal de La Luzerne, Homlie sur l'Evanqite du XVI" dimanche aprs la Pentecte. (2) Les bornes dans lesquelles nous avons d nous circonscrire, nous oit contraint d'abrger ce que nous av ons dire sur l'institution du sabbat et le nombre septnaire. Nous allons y suppler en transcrivant quelques assages de divers auteurs, et en indiquant ceux que Pou peut
liuiii.iie

vains grecs parlent

comme

consulter.
Il parat, dit l'auteur du Trait historique cl dogmatique des ftes principales et mobiles (Lyon, 1810), que ie sabbat a t institu ds la cration du monde. C'est l'o; inion des anciens Juifs, au tmoignage -de Philon, de opi/icio

ne se conserva pas seulement chez les Juifs. Le septime jour de la semaine dit Gchelin dans son Histoire du calendrier, est, pour nous servir des termes de Philon, le jour de la naissance du monde, la fle de l'u-

mundt,
i

et

de

cita

Mosis

Josphe.
|

lib. II, cont.

App.

|>lu-

nivers. Aristobule, philosophe pripalticien, montre la vnration gnrale des peuples pour ce jour, par des passages d'Hsiode,

d'Homre et de plusieurs autres auteurs, dont l'autorit incontestable ne permet pas de douter qu'il ne ft saint et solennel par tout l'univers. Cet usage a rgn chez les anciens Chinois, chez les Indiens, les Perses, les Chaldens, les Egyptiens, mme chez les peuples du Nord, et on le retrouve chez les Pruviens
(I)

(3).

Exode, XVI, 23, 26.

\i) Elvations sur les mystres.

Phniciens consacraient un jour sur sept en \) Les Phonneur de Saturne; les Delphiens chantaient tous les sept jours une hymne Apollon les Athniens ftaient le septime jour en l'honneur de la lune, quelques cri;

sieurs Pres de l'Eglise ont artag cette opinion. Voyez ertullien, lib. ado. Jud., cl lib. adv. siarcion.; sainl Augustin,.^, ad caaif.; saint Thophile d ,Antiocbe,d.Mfotocum; Laclance, lib. VII, c. 14; saint Chrysoslme, lloml. 10 in Gen. 1. C'est le sentiment de beaucoup de thologiens catholiques, parmi lesquels on compte Cornlius Lapide, Tournely, etc., et. parmi les critiques protestants on peut consulter Uclier., Di cours sur le sabbat; Gall sur les gentils ; Amsius, deorigine subbali, etdeakdomC mca, contre Gomar; l'archevque Sharp, Sermons, t. IV Zanchius, in quartum Deculogi praptum ; le sap. 221 vani antiquaire Williams Stukely; Abyri, Temples des druides, ch. XII, p t>8. Heberslreit, Dissert, desabbatoante letfem mosaicam exutente, Lips., 1748, J. Aug. Ernest Vindicte} arbiti il divini in religione constUitenda, pan. il* page 44. La mme assertion a t prouve d'une manire" clatante par Chrubin S. Josepho, dans ses App. biblici. Les noms des sept plantes adapts aux sept jours de la semaine, au rapport d'Eusbe, taient de la plus haute antiquit chez les Egyptiens et chez les Grecs, comme on eu p.-ul juger par un ancien oracle de Delphes, cit dans sa prparation vanglique, liv. V, et par saint Clment d Alexandrie, lib. VII Slromut., etc. Chez les Romains les noms plantaires des jours de la semaine son' certainement plus anciens que le christia
:
:

1223

DEMONSTRATION EVANGLLIQUE. PRENNES.


la lerre.

1224

haute tous les peuples de antiquit que l'on remonte, on la voit toujours tablie. On la relrouve de mme dans
uisnie
,

A quelque

quelques pays que l'on parcoure, parmi les nations civilises, comme parmi les hordes de sauvages, dans les rgions qui n'ont entre
On peut suivre la mme tradition sous Meh bisdecb, prtre du Trs-Haut, cl sous Abraham, Isaac et Jacob, jusqu' la promulgation de la loi mosai jue. De l, probablement, l'espce de vnration religieuse attach' au nombre de sept, ide mystrieuse qui a pass des temps
dans le code de la loi crite et jusque dans les institutions chrtiennes, comme si Dieu et craint que l'homme oublit jamais l'ordre qu'il avait imprim au cours
priuiiti s

menc. Le

quoiqu'on ignore l'poque o l'usage en a coml're l'lau ( Duel. Temp. lit). VI) Scaliger
, ,

(de Emendat. Temp., lib. IV ) oui dmontr que le calendrier tuie l'on attribue a J. Csar, est l'ouvrage de quelques chrtiens, en relevant plusieurs ternies de basse latinit que. Ton ne peut attribuer Csar. Les anciens Romains comblaient les jours du mois par les caleudes, les ides, les nones; mais ils connaissaient aussi le mol de semaine car Cicron l'emploie dans une Ne in quarlam hebdomadiim incilettre a son ami Tiron deres. (lib.XVI, ep. 9). li est vrai que l c'est un ternie de mdecine et non de chronologie, puisqu'il s'agit de jours critiques, connue l'observe lis-judieieusemeni Melnioth, dans sa traduction et ses notes, lib. VI, epist. 24, t. XI, p. 84. Maison trouve galement dans Varron, apud Aulu; :

Gell.

Dnodecim annorum hebdowadam


les

ingresss.

Grecs et chez les Orientaux ou rencontre bien plus souvent la distribution septnaire des temps. Porphyre, dans son livre contre les Juifs, cit parEusbe, l'rpar. Evang., lib. I. c. 9, dit: que les Phniciens ftaient le septime jour en l'honneur de Saturne, leur principale divinit. A Delphes, on chantait lous les sept jours i.>e hymne nomme n*rv en l'honneur d'A| ollon. A Athvoila nes, le septime jour tait consacr a la lune 8|u" pourquoi Hsiode l'appelle jour saint ou sacr lipv wap. Homre rappelle souvent les peuples la vnraiio.i du septime jour. Les Chinois comptent vingt-huit constellations, dont chacune a son propre caractre Chacun de ces caractres rpond a une des sept plantes, qui par la eu ont quatre nui lui correspondent et lui sont appropries. Ce cycle donne exactement les semaines et les jours des semaines tels que nous les comptons, parce que les sept plantes y laces de suite selon les caractres qui leur sont tant attribus, elles reviennent toujours comme nos dimanches

Chez

et nos lundis, etc.


Il est de fait que ce cycle correspond exactement nos jours et semaines ecclsiastiques, et que les quatre caractres du soleil, par exemple, tombent toujours le dimanche ceux de la lune, le lundi. Aussi les nophytes loigns qui ne peuvent avoir le calendrier des mission* naiies, se servent aisment de celui de l'empire. Le feu P. Gobil ne croyait pas que ce cycle remontt bien avant
;

des choses. Le septime mois tait remarquable |arle nombre des fles, parce qu'alors les travaux de la campagne taient finis. Les fles priuci| aies devaient se clbrer pendant sept jours; la Pentecte revenait sept semaines aprs la pque; la terre jouissait d'une anne de repos tous les sept ans Si vous demandez, dit Mose, que muigerons-nousla septime anne,. si nous nesemons pas et ne recueillons pas de fruits? Je rpandrai, dit le Seigneur, ma bndiction sur la sixime anne. Elle rapportera les fruits de trois ans; vous smerez la huitime anne, et vous mangerez les fruits de la sixime jusqu' la neuvime ; cette provision vous suffira jusqu' la uouvele rcolte. (Kxod., c. XXIII, y. 10; Levilic, c. XXV, y. 3, 20.) Celte loi a t excute; elle tait encore en vigueur aprs la captivit (1. Mach., c. VI, f. 49). Josphe en est tmoin et nous apprend que, les Juifs obtinrent des Romains la rmission des tributs chaque septime anne (Jus., Antiq., I. XIV, c. 10; Rp. critiq., t. III. p. 111). Tacite imputait la paresse de ce peuple un fait dont il Seplimo die otium placuissc lerunt, ignorait la cause quia is linem laborum tulerit; deinde bfandiente inertia seplitnum quoqu< annuin ignavi dalum. (Tac, Hist., lib. V, c. 1.) Aprs sept fois sept ans ou la cinquantime anne, les Juifs devaient clbrer le jubil ou la rmission gnrale. Dans son livre sur la philosophie catholique de l'histoire, Alexandre Guiraud , aprs avoir prsent quelques
: :

considrations sur

la

prminence que

l'intelligence, diri-

ge

dans l'antiquit.

On ne

voit

cependant

p.>s

quand

il

contraire, on trouve dans 1" Y-King, livre sacr, bien antrieur Confucius qui vivait 550 ans avant Jsus Christ, celte loi Vous viendrez honorer de sept en

commenc. Au

lumire d'en haut, peut reconqurir sur la matire, dit en parlant d'Hnocn, qui, suivant l'opinion commune et le sentiment gnral de l'Eglise, fui enlev vivant dans le sein de Dieu, et par l libr de la peine du pch La cabale remarque que Hnnch, dont le nom signifie il intrieur, lumire lie, ame, est le septime patriarche, et que le chiffre 7 est employ daus les hiroglyphes gyptiens pour symbole de la vie; et de la le double 7 qui tonne le ztagrec, premire lettre du verbe
la
:

z. je ris.

sept jours le Tien; et dans les annales de Sec-Masien, on voit que l'empereur offrait nu sacrifice la suprme unit 'i/-i/,tous les sept jours [Essai sur tes caractres chinois, par le P. Cibot, nol. 57, p. 581, t. IX des Mmoires sur la

Chine, 1783). Thophile, voque d'Antioche, qui vivait l'an 180, sous l'empereur Commode, nous tait observer dans son trait adresss Autolique, liv. II, p. 91, que toutes les nalions comptaient la semaine comme les chrtiens, et faisaient le se| time jour comme les Juifs. Slukely prtend que les anciens druides de la GrandeBretagne tenaient pour sacr chaque septime jour. Ces remarques sulfisent pour rpondre aux objections des critiques, qui prtendent que l'obligation du sabbat ne date que de la loi mosaque , quoiqu'ils conviennent que les patriarches taient tenus de sanctifier un jour in-

dtermin de
ginis
,

la

semaine. Voyez Gomar, Invesligatio oriet

sabbali, et Uej'ensio inves.igationis suce contra Rive-

de Jure nuturai lum; Sclden de legibus ritualibus Hebrorum

genlium; Spencer,

lib. I, c. 14; Prier, . in Genesim, lib. I, p. 179; D. Calmet, Commentaires sur la Gense, livre XI, et Diclionn., bibl. ; Isaae Casaubon, inSueionii Tiber., c. 32;JeanWallis, Tr.dt'sabbato,l. III, p. 342, etc. et quelques Juifs modernes cits dans Polysinops, Cril. in Gcn., II, 3. On peut aussi consulter l'histoire du sabbai, par Heylin, part. I, chap. 1, et les OEu-

vres de l'archevque Biamhall. No renferm dans irche avec sa famille, ne devait plus avoir le secours del iune et des astres pour se diriger dans l'observance du septime jour: mais comme Dieu avait ourvn a lui imprimer cette date religieuse! Le dluge est indiqu pour le se| lime jour aprs le dernier avertissement donn au monde. Les animaux purs entrent dans l'arche par cou, lesdesept.L'arches'arrteauseptimemois de l'inondation, ci No a conserv un tel souvenir de ce nombre sacr, qu'il attend de sept jours en sept jours pour sortir et sacrifier au Seigneur.
I
|

Ce nombre sacr se relrouve partout dans l'Ecriture l'arche d'alliance renfermait un chandelier sept branches et sept trompettes sacres; David chantait les louanges de Dieu sept fois le jour ; le temple spirituel bti par la sagesse reposait sur sept colonnes; Naaman reoit Tordre de se laver sept fois dans le Jourdain, comme il se pratiquait pour toutes les preuves et pour toutes les purifications ; le Christ est annonc comme devant venir aprs septante semaines; le Fils de Dieu institue sept sacrements, et les dons que l'Esprit -Saint rpand dans les mes sont au nombre de sept. L'Eglise chrtienne tablit sept premiers diacres, et dans le livre des rvlations de l'aptre saint Jean, lorsque le ciel s'ouvre, ou trouve sept anges, sept fioles d'or, sept chandeliers, sept coups de tonnerre, sept chtiments, sept diadmes, etc. Le nombre sept, suivant la remarque de Bergier, se met quelquefois pour tout nombre indtermin. Ou lit, Rutli, c. V, f. 15 Cela vous est plus avantageux que d'avoir sept fils c'esl- dire un grand nombre de fils. (Prov.,c.XX\T,^. 1G) dLeparesseuxcroilire plus habile que sept hommes qui parleraient par sentences, c'est dire que plusieurs personns claires. Saint Pierre demande Jsus-Christ Seigneur, lorsque mon frre aura pch contre moi, combien de fois faut-il que je lui pardonne? Jusqu' sept lois? Le Sauveur lui rpond: <i Je ne vous dis pas jusqu' sept fois, mais jusqu' septante sept fois, c'est--dire sans fiu et toujours. (Matth.,
: , : :

c.

18,*. 12.)
Il
:

n'esl donc pas tonnant que ce nombre ail t affeel dans les crmonies de religion les amis de Job offrirent eu sacrifice sept veaux et sept bliers; David, dans la translation de l'arche d'alliance, fil immoler le mme nombre Je victimes; Abraham en avait donn l'exemple en faisant Abimlech un prsent de sept brebis pour tre immoles enholocausle sur l'autel la face duquel il avait fait alliance avec ce prince (Voyez Bergier, Diction, thol., au mot Sept).

4225
elles

DE L'OBSERVATION DU DIMANCHE.

12.'6

aucune communication, qui diffrent de religion, de murs, de prjugs, de langage, etc.

sant sortit des mains du Crateur, on clbrt sous la loi nouvelle le jour o l'univers

chronologistc du huitime sicle (1), soutenait que les semaines ont prcd toutes les autres divisions du temps. Avant que les astronomes dit-il eussent dcouvert la manire de compter par les mois et par les annes, trs-anciennement on comptait seulement par les semaines. Nous nous garderons toutefois de partir de

Un

auteur

dchu retrouva ses titres de glorification sur la pierre du divin spulcre (1). Aussi voit-on dans l'Evangile (SJ plusieurs monuments de l'observation du dimanche (3).

Nous ne rapporterons point ici les tmoignages des Tres (4) qui, dans les premiers sicles du christianisme, viennent s'ajouter de si graves autorits. Ces cilalions nous
entraneraient trop loin de notre sujet. 11 nous suffira de rappeler que la religion du Christ en montant sur le trne des Csars , fit un prcepte obligatoire de la sanctification du dimanche. Toutefois ledit de Constantin du 6 mars 321 n'enjoint de chmer cejour qu'aux juges, aux artisans et aux peuples des villes, sans y soumettre les habitants des campagnes. Cette disposition fut plus tard change par les conciles notamment par le troisime concile d'Orlans , tenu en 538, qui ordonne tous sans distinction d'tat et de profession, de le clbrer. Depuis celle poque l'usage officiel de la semaine s'est rpandu chez tous les peuples chrtiens, el il a t conserv par les mahomtans, qui ont consacr le vendredi (5).
,

pour supposer avec Malle-Brun que les nombreuses annes de vie que la Bible attribue aux patriarches n'taient pas beaucoup prs aussi longues que les ntres. Un ecclsiastique, d'une grande rudition a fait voir rcemment quelles singulires consquences entranait l'hypothse de ce clbre gographe (2). Les premiers chrtiens reurent naturellement cette division du temps, qu'ils regardaient comme venant directement de Dieu, dont ii est crit dans la Gense qu'il bnit le
l
,

septime jour et le sanctifia (3). Us transfrrent le jour du repos, du sabbat, qui tait notre samedi, au dimanche, en mmoire de la rsurrection du Fils de Dieu (k). Car il convenait que, de mme que sous l'ancienne loi l'on clbrait le jour o l'univers nais-

<x Priusquam ratio (1) Le Syncelle. Voici ses termes computandi per menscs et aimos ab astrologis inventa l'uisset, veteres illos patres spalia distinxisse lanlum per hebdomadas.
:

Nous avons dit que la division hebdomadaire, considre dans ses relations avec les forces des hommes et des animaux, tait la plus parfaite de toutes. Le calcul dcimal,
du Gnie du christianisme peut convenir un peuple mercantile mais il n'est ni beau ni commode dans les autres rapports del vie, et dans les quation clestes. La nature l'emploie rarement il gne l'anne et le cours du soleil.... On sait maintenant, par exprience, que le cinq est un jour trop prs, et le dix un jour trop loin pour le repos. La terreur, qui pouvait
dit l'auteur
,
;

(2) Maltebrun ayant avanc que les annes des patriarches taient de simples trimestres, ou plutt des annes d'une lunaison, M. l'abb Rohrbacher lui lit observer qu'il s'ensuivrait de. celte supposition des choses fort singulires. Par exemple, certains patriarches qui, dans le texte hbreu, sont dits avoir engendr a l'ge de Gd, de 54, de 30, de 29 ans, auraient eu des enfants l'ge de 5 ans S mois et mme de deux ans cinq mois. Et comme une poque o l'on convient que les annes des Hbreux taient semblables aux ntres, la mre des Machabes rappelle au plus jeune de ses fils, qu'elle l'avait allait pendant trois ans, il faudra conclure que, les patriarches avaient des fils et des filles avant qu'ils fussent eux-mmes sevrs Adam, qui engendra Selh 130 ans, l'aura engendr a 10 ans 10 mois. Mais avant la naissance de Selh, Cain avait tu Abel. Quand il commit ce meurtre, il faut supposer Cau au moins 20 ou 30 ans. Il sera dune n 20 ou 50 ans avant Selh, par consquent une dizaine d'annes avant son pre. Voyez le discours de rception, prononc par M. l'abb Rohrbacher, a l'ai admie de Nancy, le 15 fvrier 1838.

(1) Par le mystre de la rsurrection, a t consomme rdemption des hommes. Si Jsus-Clirist n'tait pas ressuscite, dit saint Paul, c'est vainement que nous croila

rions en lui.

()
(1)

Gen. cap.

II,

v.3.

La clbration du dimanche a t constamment el universellement regarde comme (l'institution apostolique. Il est inutile, dit l'vque Wiglu (sur le Sabbat, pag. 192). de fouiller lis Ecritures pour y trouver la preuve que le dimanche a t institu par les aptres comme fle hebdomadaire. La preuve coexiste dans l'accord constant et unanime de toutes les Eglises du monde chrtien,
regarder, ds leur origine, cejour, comme spcialement consacr la rire et aux exercices de pit. Le savant Taylor qui, aprs une longue discussion, finit par ne considrer le jour dominical, que comme une loi purement ecclsiastique, convient cependant, sans hsiter, que outre les mollis puiss dans la nature mme des choses, ar cela seul que celle loi nous vient des aptres-, son bligalionsera perptuelle, n'y existant pour se soustraire i me, telle disposition, aucun motif qu'on puisse allguer, qui soit fond sur une autorit aussi irrfragable. On Je trouve que Calvin qui, au rapport de liaiclai, ail eu le projet tmraire d'attaquer la tradition, en transfrant le (liuanche au jeudi, en mmoire de l'Ascension de Jsusi

auteur (-1 conservateur del nature. Cet esprit don/ioe dans toutes les solennits de la lui nouvelle. C'est lui qui a dtermine la substitution du dimanche au sabbat. Le sabbaj rappelait la cration dans l'ordre physique opre par la toute-puissance divine le dimanche rappelle a rgu-. ration spirituelle >\r* hommes, iisomme par la rsur: 1

z ctes des a P otres xx 7 I" Epitre aux > Co-. vy v. ^ xvi, 2; l'Apocalypse, I, 10, o est employe poula premire lois l'expression dies dominica, jour du Soi* gneur ou Dimanche. (3) D'aprs le christianisme, U faut chercher premirement le royaume de Dieu et su justice. De [dus la rvlation chrtienne nous montre plus souvent Dieu connue Sauveur el sanctificateur du genre humain, que comme
>
;

rmili.,

rection de Jsus-Christ. Les principales l'tes du ehrisnanisme sont des monuments qui conservent la mmoire et qui prouvent la vrit des faits suinalurels surlsion
(i)
ls

repose

la

aeme,aa mot Ftes .)

religion chrtienne. (Encyclopdie

mo*

Saint Justin, saint Pierre, vque d'Alexandrie martyris en 311, saint Denys de Corinthe, saint Clment d Alexandrie, lertullien, Saint Cyprl en, saint Ambroise de Milan, etc. Voyez le cinquime volume des mmoires du clerg de France.
(5) Le vendredi est aussi consacr parles idoltres russes des trontieresde la Sibrie; le lundi par les paens d'Ormus el de (,oa,el c'est le jour solennel de la religion la plus rpandue dans la Chine; le mardi est chm en Guine, le jeudi dans le Mo ni
|

iiri

'.

DPMONST. VANG. XIV.

Trente-neuf.]

1227

DEMONSTRATION EVANGELIQUE. PRENNS.

1228

tout en France, n'a jamais pu forcer le paysan remplir la dcade, parce qu'il y a imet. puissance dans les forces humaines mme, comme on l'a remarqu, dans les forces des animaux. Le buf ne peut labourer neuf jours de suite; au bout du sixime, ses mugissements semblent demander les heures marques par le Crateur pour le repos gnral de la nature. La ncessit d'un jour de relche sur sept a d'ailleurs l reconnue par les observateurs les plus attentifs comme une loi imprieuse, laquelle on ne peut se soustraire sans s'exposer des inconvnients d'autant plus graves que le mpris de cette loi du repos est pouss plus loin.
,

C'est la seule et parfaite science qui rend le prsent plus certain et assure le bonheur de

l'avenir
Il est vrai que l'ecclsiastique et le mdecin doivent travailler le dimanche pour le

bien de la

communaut

mais

j'ai

regard

comme essentiel mon bien-tre de restreindre mon travail du dimanche au plus strict
ncessaire. J'ai souvent observ la mort prcoce des mdecins qui travaillent continuellement cela est surtout visible dans les pays chauds. Quant aux ecclsiastiques, je leur ai conseill de se reposer un autre jour de la semaine. J'en ai connu plusieurs qui sont morts cause de leurs travaux pendant ce jour, parce qu'ils n'avaient pas pris ensuite un repos quivalent.... J'ai connu des hommes parlementaires qui se sont dtruits pour avoir nglig cette conomie de la vie. En rsum, l'homme a besoin que son corps ait du repos un jour sur sept et que son esprit se livre au changement d'ides qu'amne le jour institu par une ineffable
;
,

ment

C'est cette ncessit que faisait parfaiteressortir le docteur anglais , Faire ,

lorsque, dans un rapport adress au parleil dclarait que le repos du septime jour est absolument ncessaire l'homme quelsous peine les que soient ses occupations des plus graves dangers pour sa sant et mme pour sa vie. Aprs avoir expos d'une manire gnrale les raisons physiologiques qui lui semblaient l'es plus propres justifier le choix du septime jour pour le repos commun, le doetcur continuait ainsi Faites travailler un cheval tous les jours de la semaine autant que le permettent ses forces, ou accordez-lui un jour de repos sur sept, vous verrez bientt, par la vigueur plus grande avec laquelle il accomplira son travail pendant que le repos du seples six autres jours timelui est absolument ncessaire. L'homme tant dou d'une nature suprieure, il oppose l'excs del fatigue la vigueur de son me, et le dommage que produit une surexcitation continue surson systme animal ne se manifeste pas aussi vile que chez la brute; mais il succombe enfin d'une manire plus soudaine il diminue la longueur de sa vie et prive sa vieillesse de cette vigueur qu'il devait conserver avec le plus grand soin. L'observation du dimanche doit donc tre accepte, non-seulement parmi les devoirs religieux mais parmi les devoirs naturels si la conservation del vie est un devoir, et si l'on est coupable de suicide en la dtruisant prmaturment. Je ne parle ici que comme mdecin, et sans m'occuper d'aucune manire de la question thologique. Mais si l'on envisage de plus l'effet du vritable christianisme, c'est--dire la paix de l'me la confiance en Dieu, les sentiments intrieurs de bienveillance, on ne tardera pas se convaincre que c'est l une source nouvelle de vigueur pour l'esprit, et par l'intermdiaire de l'esprit un moyen d'augmentation de forces pour le corps. Le saint repos

ment,

sagesse

(1).

Nous n'entrerons pas dans


,

le

dtail

des

maladies et des infirmits si nombreuses auxquelles les gens de lettres qui abusent de l'activit de leur intelligence sont plus ou moins tardivement en proie , telles que les gastrites, les apoplexies, les affections nerveuses ou hypocondriaques. Lors mme que le prjudice qui rsulte d'un travail sdentaire, et suivi, d'une contention d'esprit habituelle, ne va point jusque-l, on voit encore leur constitution se miner sourdement, leur caractre s'aigrir et s'alrer au point de transformer pour eux la vie en un ternel malaisectun vague ennui. Dans les
,
.

diverses professions le mme abus du travail n'agit pas d'une manire moins dsastreuse sur la sant. 11 ruine la longue les tempraments les plus vigoureux, et fait payer par de cruelles souffrances et des lsions organiques, quelquefois incurables, le dsir immodr de la rputation , des honneurs

ou de l'argent.
C'est surtout dans les ateliers ose rassemblent un grand nombre d'ouvriers que ces tristes rsultats se rvlent avec le p!u.s d'vidence. L'exercice mme de leur profession et leur agglomration dans un local souvent trs-troit, ne tarde pas vicier Pair, qu'en s'occupe avec trop peu de soin et en trop peu de lieux de renouveler autaulquelcdemane la salubrit. L'atmosphre se trouve alorj charge d'acide carbonique, de miasmes dltres, de poussire et de molcules mtalliques, toutes choses qui introduisent dans les organes pulmonaires des agents de dcstnueliou plus ou moins rapide. Aussi iresque partout o il existe des manufactures, des usi ns, des fabriques, une industrie de quelque

du dimanche met dans l'homme un nouveau


principe de vie. L'exercice laborieux du corps et de l'esprit, de mme que la dissipasont les ennemis tion des plaisirs sensuels de l'homme aussi bien qu'une profanation du sabbat, tandis que la jouissance du repos dans le sein de sa famille, jouissance unie aux tudes et aux devoirs qu'impose le jour, du Seigneur, tend prolonger la vie humaine.
,

genre que ce soit, quiexigele concours d'une grande quanlit de bras/ on est frapp de l'espce de dgnralion qui se manifeste

promplemenl chez

les

individus

des visages

(I)

Archives du christianisme, 1853, i>age

id.s

1230 DE L'OBSERVATION DU DIMANCHE. une tendre pouse, ou bnies par la reliexpression dure et Dles qui conservent une gion (1)1 l'ttolement de la taille dans, les repoussante, Le repos hebdomadaire pourrait paratre languissante o hommes, une physionomie moins indispensable sous le rapport hyginiqui en anls douloureuse dans les f.unmes des que au commerant assis dans un comptoir, la vie, les marportent, ds leur entre dans au commis des finances, l'employ des diqui sera, ques indlbiles de la maldiction verses administrations. Les forces corporeljours, tel les auteurs de leurs ble peser sur les ne s'usent gure par l'exercice, il est que prsentent comest l'affligeant spectacle vrai, dans ces tats. Mais si les sens ont reu pour munment ces runions d'ouvriers. Si, du ciel une mesure de puissance telle que familles, ils ont du se courber nourrir leurs chaque soir rendt ncessaire le repos qui en -mtiers ou leurs toute la semaine sur leurs rtablira l'nergie pour l'usage du jour suimoins le dimanche chacun qu'au tablis vant, il est aussi vrai de dire que l'me a t des fatigues passes d'eu* puisse se remettre mise par !e Crateur sous celte loi que le reliront ensuite qui lui et recueillir les forces pos qu'elle prend chaque septime jour lui avec une nergie noureprendre le travail ft ncessaire pour conserver et ranimer son VC activit. Quand ce jour ne nous procurerait le poids d parmi* les hommes qui portent que l'avantage de rompre la monotonie de au soleil, a la pluie, our, les uns, exposs nos occupations, de faire diversion nos pendes saisons, au vent, toutes les intempries ses quotidiennes, cet avantage serait grand. et dposent danssonsem, labourent la terre, Puis, quelques-unes des consquences hyune portion de avec la semence qui fructifiera, giniques du genre de vie commun aux hompour obtenir, a leur force et de leur vie (2), mes de lettres appartiennent aussi, quoiqu' front, la nourriture ncessaire la sueur de leur des degrs divers, aux fondions que nous avec de longs tous; les autres exploitent, venons de nommer. Le repos du septime carrires; daulres
,v>-29

efforts, les forts et descendent dans les

les

profondeurs del terre et vapeurs aventurent leur existence au sein des


mortelles que reclent les entrai es mille accidents en butte aux coulements, a La plupart de ces travaux de toute espce. soit cl orexigent que l'homme qui s'y livre Quelles sont les dinaire loign de son toit. Ou 1 artisan se suites de cette sparation? d'ouvriers, parmi runit un certain nombre femmes, et il lesquels se mlent souvent des habitudes de libertinage et contractera des prservatif estdans d'impit, dontleplus sr bien U du septime jour; le chmage prises demeure isol, et son nergie aux par ses maux et les rflexions inspires avec dfaillir. Lco'.ilez ses fatigues devra bientt lamente avec des ce pauvre bcheron qui se plus tristes, et qui ploie peut-tre accents si celui des souslefaix du chagrin que sous travaux et des ans

du

sol,

jour rpare plus abondamment la fois la perte habituelle des forces dans les organes comme dans l'intelligence, et par l justifie
le

terme rcration, que nous donnons nos comme si nous voulions exprimer l'action de recouvrer une nouvelle vie, de rtablir l'quilibre de notre double
dlassements,
existence.

on
:

Le laboureur, l'artisan qui, le reste de ta semaine, nglige tout ce qui ne se rapporte pas directement au but de ses travaux, lorsque le jour de fte est venu, prend les prcautions qui le doivent faire accueillir dans les runions avec plus d'empressement et de bienveillance. II fait ses ablutions, se pare de nouveaux habits; il trouve, en un mot, du temps pour exercer la propret sa femme
:

Il

N'en pouvant puis d'effort el de. domeur, fagot, il songe sou malheur. au monde ' Quel plaisir a-t-il eu depuis qu'il est 10.] La mort et le bcheron, liv. I, fab (Lafontaine,

soins soient aussi renouvels l'gard de ses enfants et dans toute sa maison, et l'on sait quelle est l'influence de la propret sur la sant humaine. Telle est la raison de certaines dispositions prises autrefois par les Hbreux, lorsqu'ils
veille ce
les

que

mmes

met bas son

campaient dans
trouver

le dsert.

Nous pouvons

les

aujourd'hui

minutieuses,

qu'elles attestent la

prvoyance du

tandis lgisla-

L'infortun! il n'avait donc point de dimanfoyer, che! Assis, ce jour-l, prs de son avec sa famille, n'aurait-il pas bien vile re-

couvr ses forces, un moment du moins oubli ses peines, trouv des charmes jusque dans ses sueurs, en les voyant essuyes par
ateliers clos surt\) Cabanis remarqua que dans tes avec difficult, les tout dans ceux o l'air se renouvelle la reproducforces musculaires diminuent rapidement; les nommes de. tion de la chaleur animale languit, el contracieni le tendrala constitution la plus robuste ment mobile et capricieux des femmes. Lomdel influence lumire dont on jouit sous de ret air actif et de celle vive quelque sort,couime la vote, du ciel, le corps s'tiole en une plante prive d'air et de jour; le systme nerveux que peut tomber dans la stupeur; trop souvenl il n' en son par Jes excitations irrgulires. [Rapports du physique et G*, moral de l'homme) {i) Lamennais, Livre du peuple, cuap. II.

teur qui parait aux inconvnients terribles qui auraient t les infaillibles consquences de l'oubli des lois de la propret dans une si grande multitude. Le repos, qui serait sans attrait pour nous et ne nous procurerait mme que l'ennui, s'il devient dlin'tait prpar par le travail cieux lorsque nous le prenons, aprs des labeurs fatigants, parmi des personnes avec
,

lesquelles
d'intrts,

nous avons communaut d'ides, ou que des liens de parenl et

(l)Siliicu l'ordonne ainsi, pourquoi reftisedons-nem de revivre? Pourquoi ne passerions-nous pas encore des jours rsigns dans nos chaumires ? Notre boyau n'tait >/ Nos sueurs m ni pas si pesant que vous te pe leur charme, lorsqu'elles taient essuyes pari oi nra manb, Let ar la reUgi' ou bni q tombeaux de Smiil-Deiujs).
i

i'

1251

DEMONSTRATION LVANGELIQUE. PRENNS.

1232

d'amiti nous rendent chres. Alors le cur s'panouit, l'imagination s'ouvre auximpressions riantes, le sang circule avec plus de rapidit, et le bien-tre que l'on prouve ne peut manquer de ragir sur la snt. Car il y a dpendance rciproque entre la partie organique de l'tre et ses dispositions rnorales

ont calcul ce que le dimanche, employ de la mme manire que les autres jours, rapporterait au bout de l'an, et ils ont trouv que cette somme serait assez considrable. Nons l'admettrons sans peine, et nous applaudirions leurs calculs et leurs plaintes, croyions, comme ils paraissent le si nous croire, que l'ouvrier n'est qu'une machine que l'on doit faire fonctionner sans relche pour en tirer le plus grand produit possible... Mais, abstraction faite de la religion et de la morale, ont-ils bien sond, ces profonds calculateurs, la mesure des forces de l'homme? En formant ces belles spculations au fond de leur cabinet, ils ont oubli que le laboureur et l'artisan sont des tres de la mme nature qu'eux, sujets la fatigue et la souffrance, et pour lesquels aussi l'exercice immodr des forces physiques ou morales amnerait tt ou tard l'abattement et le dsespoir.

Dieu, eu prescrivant aux Juifs de chmer leseptime jour, le leur commanda par des vues d'humanit aussi bien que par un mode citer tif de religion. Qu'on nous permette
ici la

Bible

Observez
de

le jour du sabbat, et ayez soin le sanctifier, selon que le Seigneur votre

Dieu vous

l'a ordonn.Vous travaillerez pendant six jours, et vous y ferez tous vos ouvrages. Mais le septime jour est celui du sabbat, c'est dire le jour du repos du Seigneur votre Dieu. Vous ne ferez aucune uvre servile en ce jour-l, ni vous, ni votre

ls, ni votre fille, ni votre serviteur, ni votre servante, ni votre buf, ni votre ne, ni toutes vos btes, ni l'tranger qui est au milieu

de vous, afin que votre serviteur et votre servante se reposent comme vous (1). La loi faisait donc marcher ensemble le prcepte purement civil du repos et la prescription religieuse de la sanctification. Nous voyons, dans l'ancien Testament, que des profanateurs du saint jour furent retranchs sans misricorde du peuple d'Isral. Mose, parlant au nom du Dieu suprme, avait entour sa lgislation de tout ce qui pouvait imprimer le respect et la terreur, et rendre
impossible l'oubli des saints prceptes, particulirement de celui del conscration du

Nous opposerons ces hommes l'autorit du plus clbre des philosophes du dix-huitime sicle Que doit-on penser, dit J.-J. Rousseau (1), de ceux qui voudraient ter au peuple les ftes les plaisirs et toute espce d'amusement, comme autant de distractions qui le dtournent de son travail ? Celte
: ,

est barbare et fausse. Tant pis, si le peuple n'a de temps que pour gagner son pain il lui en fautencore pour lemangeravec joie, autrement il ne le gagnera pas longtemps. Ce Dieu juste et bienfaisant qui veut qu'il s'occupe, veut aussi qu'il se dlasse: la nature lui impose. galement l'exercice et le repos, le plaisir etla peine. Le dgot du tra;

maxime

septime jour.
Il

arriva que les Juifs donnrent dans

ex-

chez les cs contraire, et ce fut pour prvenir chrtiens la superstitieuse rigueur avec laquelle les Isralites observaient le sabbat, que le troisime concile d'Orlans dclara
le

vail accable plus les malheureux que le travail mme. Voulez-vous donc rendre un peuple actif et laborieux ; donnez lui des fles, offrez-lui des amusements qui lui fassent ai-

mer son tat,

et l'empchent d'en envier un plus doux. Des jours ainsi perdus feront mieux valoirtous les autres...

que croire qu'il ne ft pas permis de voyager dimanche avec des chevaux, des bufs et des voitures, de prparer manger, de s'occuper de ce qui regarde la propret des maisons ou des personnes, cela sentait plus le judasme que le christianisme (2). Au reste,
facile, la religion duChrist, indulgente et

en

On voit que la rponse du philosophe genevois renferme implicitement la raison physiologique, et que s'il se borne conclure que des jours de ftes feront mieux valoir tous les autres, c'est que cette conclusion rpondait l'objection d'hommes cupides et mercantiles.
il faut que le nombre des ftes contenu dans de certaines limites. Leur nombre, dit Montesquieu, doit tre proportionn aux besoins des peuples (2). Chez nos pieux anctres il s'tait accru peut-tre outre mesure, et, si l'on sourit en lisant dans Lafontaine, la plainte nave que fait un artisan ce sujet (3), on est oblig de reconnatre

interdisant pour le dimanche l'exercice des arts et des mtiers, a toujours except ceux qui taient d'une ncessit absolue, et les

Toutefois

soit

travaux que l'on ne pouvait diffrer sans anger(3), accomplissant ainsi la sentence du S auveur Le sabbat est fait pour l'homme, et n on pas l'homme pour le sabbat (k). Nous savons que de prtendus philosophes
:

(1)

Deutronome, chap. V,

t2. 13 et 14: trad

Ue
(1) Lettre

Lemaislre de Sacy.

d' Alembert.

longtemps aprs, il tait d'ujeun. sage en beaucoup de lieux d'assister a la messe un de ses rcits, C'tait le dimanche, dit M. Thierry dans rigidit primitive, ne per et ce iour-l l'Eglise, dans sa aucune nourriture avant mettait aux fidles de prendre
(2)

Au sixime

sicle, et

(2) Esprit des lois, liv. (3)


. . .

XXIV, ch. 23. Le mal est que toujours,

Le mal

(Et sans cela nos gains seraient assez honntes;) est que dans l'an s'entremlent des jours
:

dition, 1-a messe. Lettres sur f Histoire de France, 5 Lettre VIII, page U6. Bergit-r, Dictionnaire thologtque, au molDinianche.
(3)
i

on nous ruine en ftes. Qu'il faut chmer L'une l'ail tort a l'autre, etmonsieurle cur De quelque nouveau saint charge toujours son prne.
(le savetier et le financier, Uv.YlIL fahle
2.J

,,i,

Mare,

cl). II,

v.

27.

1233

DE L'OBSERVATION DU DIMANCHE.
populaires
si

m&

que sa plainte est fonde Mais, pour tre justes observons d'abord que c'tait plus la pit locale des populations qui instituait ces ftes que la volont des chefs de l'Eglise. Faisons aussi la part des poques, et observons encore que dans les temps malheureux de la servitude fodale, o le peuple ne travaillait pas pour lui, mais pour ses matres, il n'est pas tonnant qu'il ait cherch multiplier ses heures de repos. Si l'on se rappelle que dans le moyen ge les hostilits taient suspendues parles ftes, on concevra que tandis qu'on tablissait la trve de Dieu, les peuples aient accueilli avec joie l'institution des jours de culte, qui taient autant de jours drobs au brigandage des hommes arms, et aux dvastations d'une guerre intestine et continuelle (1). Lorsque les circonstances parurent le permettre , les pasteurs firent souvent des tentatives pour restreindre la srie des ftes, et les conciles se sont occups de remdier aux abus qui s'taient introduits sur celte matire (2). Dans le dix-huitime sicle, les papes Benot XIV et Clment XIV donnrent des bulles pour la suppression de Plusieurs jours chmes. Des vques prirent dans leurs diocses la mme mesure. Mais soit de la ils rencontrrent plus d'une fois, part des peuples, soit de la part de l'autorit civile, une rsistance laquelle ils taient obligs de cder. La religion, du reste, a pourvu cette rforme dans notre sicle. Lorsque la destine
que, par suite,
est

puissantes (1), que les ^ gouverplus hostiles la religion n'oseraient y porter atteinte , pourvu qu'ils

nements

mme les

voulussent conserver quelque sympathie dans les populations. Mais si, dans l'intrt de l'hygine publique, les ateliers doivent tre ferms et tous les travaux suspendus le dimanche il importe que les particuliers, dont les loisirs ne peuvent tre dirigs par la loi civile, restent soumis la loi religieuse. Nous ferons ressortir, dans la seconde partie de ce discours, l'troite connexion qui existe entre la conservation de la morale et les observances du culte. De nombreux exemples ont trop bien prouv et prouvent encore que supprimer le frein salutaire de la religion, c'est donner lieu de graves dsordres, qui, du reste, ne se commettent pas tant le dimanche que le jour suivant. Ceux qui s'y abandonnent ont renonc, pour la plupart, aux saintes croyances et aux coutumes de leurs pres. Beaucoup d'entre eux auront fait du dimanche, en tout ou en partie, un jour ouvrable mais le lundi deviendra pour eux un jour de dsuvrement. Que feront-ils alors?lront-ilsdans
, ;

ces temples o l'infini sacrifice est offert chaque malin avec les labeurs et les gmissements de l'humanit souffrante, qui reut le
travail, la fois

comme

solation

Mais

s'ils

peine et comme conn'ont point respect le

commandement de

la sanctification

du sabbat

sociale des classes infimes s'est adoucie, et le besoin des jours de repos

devenu moins frquent

et

moins imp-

rieux, elle en a rduit le nombre, assez pour qu'aujourd'hui nous n'ayons plus gure de fles obligatoires que celles qui se clbrent le dimanche (3). Encore les solennits qui se rencontrent un jour de la semaine tiennentelles des traditions si saintes, des affections

(1) C'est aux mmes causes qu'il faut attribuer l'introduction de plusieurs spectacles et crmonies scandaleuses dans les Lidises. Les ftes de l'ne, des fous, des innocents, taient des crmonies absurdes et indcentes, qui se faisaient dans plusieurs glises dans les sicles d'ignorance. Les v(|iies ont us de leur autorit pour les supprimer, et ont interdit de mme certaines irocessions d'une pareille esre, (jui sefaisaienl dans plusieurs villes. On ne doit ni justifier, ni excuser ces abus; mais il n'est pas inutile l'en rechercher l'origine. Lorsque les peuples de l'Europe, asservis au gouvernement lodal, rduits l'esclavage, traits ii peu prs comme tirs brutes, n'avaient de relche que les jours de ftes, ils ne connaissaient point d'autres spectacles que ceux de la religion, et n'avaient point d'autre distraction de leurs maux que les assembles chrtiennes. Il leur fut pardonnable d'y mler un peu de gaiet, et de suspendre pendant quelques moments le sentiment de leur misre. Les ecclsiastiques s'y prtrent par condescendance et par commisration, mais leur charit ne fut pas assez prudente; ils devaient prvoir qu'il en natrait bientt des indcences cl des abus, ba mme raison lit imaginer la reprsentation des mystres, mlange grossier de pit et de ridicule, qu'il a fallu bannir dans la suite, aussi bien que les ftes dont nous parlons. (Bergicr, nia. iliol,, au mot Fles, ad calcem.) (2) Notamment les conciles provinciaux de Sens, en J324 de Bourges, en 1528: de 'Bordeaux en 1583. Voy. le P. Thomassin, Trait des fles, et le P. Richard, Analyse des conciles. (">) Qu'il nous soie, permis de regretter qu'un de nos miI ;

catholique, ils songeront encore moins louer Dieu un autre jour. Passeront-ils les heures de celte longue journe au sein de leur famille ? Mais celle-ci ncessairement a pris son repos en mme temps que les autres familles, avec lesquelles elle a d se mler ia veille au pied des autels. L'pouse aies soins du mnage les enfants ou prendront part aux occupations de la mre, ou se rendront aux coles, afin d'y recevoir la nourriture spirituelle que rclame leur naissante intelligence. Ainsi donc seuls avec eux-mmes, chargs d'un insupportable ennui, ils iront chercher de tristes joies dans les cabarets et les lieux de prostitution, avec des compagnons de leur libertinage puis, abrutis par l'excs des liqueurs fortes, puiss par la dbauche, ils reviendront vers leurs foyers dans des dispositions d'irritation et d'emportement... O femme n'approche pas de ton poux, ou plutt sache souffrir et gmir en silence car il est incapable de l'couter. Eloigne tes enfants qu'effrayeraient les yeux hagards et la dmarche chancelante de leur pre, en mme temps qu'ils se familiariseraient avec le ton et le langage du vice. Il a peut-tre dvor dans sa hideuse intemprance les pargnes qui devaient fournir la subsis; ;
1 :

nistres des cultes ail cru devoir enjoindre, dans une circulaire adresse aux vques, d'interdire la clbration

des fti s dclat es non ires ar le coi Quelle ncessit d'empcher un petit nombre de de suivre les mouvements d'une dvotion inoflensh lait l une violation flagrante du concordat.
i

ii

(j

(l)Nol, l'Ascension, l'Assomption, la Toussaint de ces ttes peuvent tomber le dimanche.

!oo

DMONSTRATION EVANGELIQUE. PRENNS.

12G

tance et celle de tes enfants, et ton dsespoir pour n'a plus que quelques larmes furlives rpondre aux gmissements touffs de leur faim et de leur dtresse. Cache-les bien ces larmes l'auteur de ta misre elles provoqueraient d'horribles imprcations de la part de ce coupable pre de famille qui, la suite de sa dbauche, fait entrer sous son toit dsol la misre et la corruption (1). Il aura peut-tre encore gmir sur la perte du plus
:

prcieux des biens aprs la vertu, de la sant (1), et toutes les misres la fois fondront sur sa demeure. Angoisses dchirantes sinistres prvisions! Voil le fruit de l'oubli du repos que Dieu lui-mme avait command tandis qu'un dlassement cet homme chaste et doux, pris la veille avec sa femme, entour du cercle joyeux de ses enfants, aul

rait prsent l'il


licit

charm l'image de

la f-

domestique.
,

passion entranent a de pa(1) Celui que l'hallude et !a Sareils dsordres, qu'esl-il, sinon le meurtrier des siens? ivez-'vosc qu'il boit dans ce verre qui vacille en sa main

inexcusable

tremblante d'ivresse? Il boit les larmes, le sang, la vie de sa femme et de ses enfants (Lamennais, Livre du peuple, ctaap. XII). Ajoutons que cet ouvrier est d'autant plus

qu'il peut en versant dans les caisses d'pargnes institues pour lui, la partie de son gain qui dpasse ses besoins de chaque jour, se mnager de prcieus: - ressources pour l'avenir. entre (1) L'homme qui pche, dit l'Ecclsiaste, tombera les mains du mdecin.

J6&$ftfrt p&rtbEn
traitant de l'utilit de l'observation

dimanche sous le avons t conduits par la penle de nos ides sur le domaine de la morale. Il n'en pouvait tre autrement. Car entre l'ordre physique et l'ordre moral il existe une correspondance
myslrieuse
de" l'un c'est
si

du rapport physiologique, nous

intime, qu'enfreindre
l'autre

les lois

une perturbation invitable. Aux considrations que nous avons prsentes jusqu'ici, nous en

amener dans

allons joindre d'autres quiauront plus spcia-

lement pour objet


C'est

la

morale.

une vrit, que l'exprience a malheureusement trop bien tablie, que l'homme emport par le tourbillon des affaires, sduit par tant de passions, oublie souvent les besoins de son me. Tous les philosophes ont reconnu la ncessit de rentrer en soimme pour couter la voix de la conscience et s'clairer sur les devoirs que nous avons remplir. Si nous voyons tant de vices et de crimes dans le monde, tant d'erreurs natre et se propager avec une tonnante facilit lorsqu'elles flattent les penchants mauvais, quelles causes faut-il attribuer ce dsordre? D'o vient que, si peu de lumires que possde un artisan, un ouvrier, un laboureur, il est souvent trs-difficile de le tromper sur ses intrts pcuniaires, tandis que les peuples se laissent quelquefois garer par des opinions avec un entranement qui prouve que ces opinions n'ont pas mme rencontr le plus lger obstacle de la part de la rflexion

ne s'impose point assez gnralement la loi de descendre de temps en temps dans le for intrieur, d'examiner si la rgle austre, mais bienfaisante, de a morale nous a constamment guids dans nos diverses relations afin de, persvrer, si nous y sommes rests fidles, et d'y rentrer, si nous en avons dvi. El ici encore admirons la prvoyance de la religion, qui nous invile, comme jour fixe, renouveler cette rcapitulation salutaire de nos devoirs envers Dieu, envers les hommes, envers nous-mmes. Mais une observation se prsente: suf fira-t-il de mettre part un jour de la semaine pour se reposer, mditer et prier, en s'occupant exclusivement les autres jours de travaux trangers la culture de l'intelligence? L'ouvrier, par exemple, aura-t-il le dimanche, tout le temps ncessaire et sera-t-il dans les dispositions convenables pour donner son me les soins et l'attention auxquels elle a droit, si, le reste de la semaine, il l'a entirement nglige, soit par une funeste insouciance, soit que, comme cela se voit en quelques lieux, ses moments aient t rigoureusement envahis par l'exercice de sa profession et que, conde commencer ses traint chaque matin il lu labeurs bien avant le lever du soleil faille encore les prolonger bien avant dans la nuit? Si le dlaissement et l'aridit dans laquelle
,

D'o vient enfin l'ignorance ou plutt l'oubli des devoirs dans la plupart des individus ? Jrmie vousrpond Desolatione desolala est omnis terra; quia nullus est qui recogilet corde (1); et longtemps aprs lui
?
:

languit l'me prive de la rose salutaire qui la doit vivifier, avait sa cause dans l'ignorance ou dans l'apathie de l'ouvrier, ce serait pour ses chefs un devoir sacr de tout tenter pour le faire sortir des tnbres o il reste
enseveli, et lui faire comprendre toute l'importance du rle qui lui a t confi comme se intelligence. Que l'ouvrier, de son cel rappelle que la source la plus fconde , comme la plus sre, de tous les biens qui peuvent tre dpartis terrestres l'homme, quelque degr qu'il ait t plac parle Crateur dans l'chelle sociale
.

un auteur paen
plainte
:

faisait

entendre la
nemo

mme

Ut nemo

in sese tentt

descendere,

(2)

Tous
M)
[i

ces

dsordres

viennent de ce qu'on
v. 11.

.Tere.m.,

Proph. cap. XII,

Fersc,

sat. IV,

'

* 9 37

DE L'OBSERVATION du dimanche;.
la

M38
:

connaissance et l'accomplissement des rgles souveraines de la justice. Ils veulent tre libres, s'criait un des plus clbres orateurs del rvolution, et ilsnesavent pas rire justesl La vritable force est dans la vertu, et l'avenir lui appartient: parce que, confiante en Dieu et en son bon droit, sachant ce qu'elle veut, et le but o elle tend, elle ne s'puise jamais par des dlires passagers et des fureurs striles. Elle ne demande que de plus fervents adorateurs, pour acqurir un ascendant irrsistible sur tout le systme soeia! car sa persvrante nergie ne pouvant jamais, sous quelque prtexte que ce soit, se rendre complice des travers et des abus qui, drivant d'un ensemble vicieuxdes choses, le favorisent et le soutiennent son tour, elle finirait au contraire par soumettre ceux-ci sans ces violentes secousses qui portent partout la dsolation, cl surtoulsans effusion de sang (1). C'est ainsi qu'on verrait achever de se dvelopper les semences de rforme sociale contenues dans le christianisme, et dont son fondateur avait confi l'accroissement et la maturit l'action pacifique du temps, aide du concours de notre
:

dans

l'ouvrier s'est vu enchan par l'inflexible et incessante exigence de ses travaux, plus ilprouverale besoin de faire usage de sa libert lorsqu'elle lui sera rendue, et l'emportement avec lequel il en voudra jouir le prcipitera dans les excs de la licence. De l souvent les dbauches, les orgies, les scandales de tout genre qui profanent le jour du dimanche. De l aussi celle sombre tristesse, ces affections

La volont

car plus

haineuses qu'on remarque quelquefois chez lui. Contemplons ce qui se passe en x\ngleterre, dans cette contre que l'on nous cite comme un modle de l'observation du septime jour. Sans vouloir exhumer dans les recueils priodiques les condamnations prononces dans ces derniers temps contre divers industriels qui, trouvant le joug du dimanche onreux, ont essay de le secouer et de supprimer le repos qu'il procure, on sait

que si la loi politique est resie plus forte que leur volont, ils s'en ddommagent par un prolongement dmesur des travaux qui
suivent le cours de la semaine. On voit jusqu' de malheureux enfants, ayant peine la facult de marcher, trouver dans la lche atroce que l'avarice et l'inhumanit des spculateurs imposent la faiblesse de leur ge, une vieillesse et des souffrances anticipes (1). Qu'arrive-t-il ? que tant que le travail amne son gain, l'ouvrier, la vue de sa femme elde ses enfants, que son salaire seul empche de mourir de faim cde la
,

libre arbitre.

mme

de la plus noble partie de luipeut aussi tenir, de la part de l'ouvrier, l'avare rigueur avec laquelle ses heures d'intermittence lui sont mesures. Je ne sais si l'on a suffisamment rflchi sur les dplorables effets du travail excessif auquel il peut tre condamn. L'tat de fatigue continuelle, d'interminable souffrance dans lequel il vit alors, si c'est l vivre, lui rend peu prs impossible tout retour salutaire sur lui-mme, quand il lui survient un jour de
relche. Eh comment passerait-il subitement des labeurs mcaniques et souvent grossiers, des ides toutes matrielles dans lesquelles une puissance malfaisante le plonge sans piti, la culture de son me aux ides plus releves de Dieu et de la morale ? Non, il n'en aura ni la possibilit ni la volont. La possibilit car son me engourdie se refuserait l'emploi de ses facults. Supposons que l'ouvrier ait habituellement dirig les forces aveugles d'une machine vapeur ou d'un mcanisme rouages; son
1

L'oubli

ncessit. Mais la consommation vient-elle se ralentir, et n'tre plus en proportion

avec un systme de production exagre car le luxe qui consomme aprs tout a ses bornes; entend-on rugir la famine et son pouvantable cortge, l'ouvrier qui n'est retenu par aucune considration morale, se lvera farouche et menaant, et, n'obissant qu' ses apptits animaux, rpondra aux sommations qui scrontiiles au nom de la loi, par les massacres elles incendies de Bristol. Voil, pour le dire en passant, o aboutit
,

l'extension

indfinie!

donne

l'industrie

manufacturire, au dtriment de l'agriculture, cette mre nourricire de la grande famille humaine.

me

pas devenue comme 1 me de ces instruments, et, force de s'unir leur perptuel mouvement, ne s'esl-elle pas en quelque sorte identifie avec eux? Cherchez alors en elle son point de rapport avec les oprations de l'intelligence, vous ne le trouverez plus. Si vous voulez qu'ils rflchissent, vous qui de ces hommes avez fait des machines, faites que ces machines redeviennent des hommes.
n'est-elle
(1) II n'est peut-tre pas inutile de noter, pour l'dification de ims firuteursde lvulic, qui se sont si souvent targus de l'autorit de Rousseau en matire politique, ce que c crivain pensait des conspirations Je vous d cl. ne que je ne voudrais pour rien au monde avoir tremp
1 :

Supposez, au contraire, que

le

travail

de chaque journe soit spar de l'heure du sommeil par une intermittence courte, mais suffisante pour que l'me puisse se dgager du poids des penses terrestres qui l'ont oppresse, et, se repliant sur elle-mme s'entretenir des ides imprissables et sacres de Dieu, de sa propre immortalit, de ses diffrents devoirs; qu' cet emploi sage et rflchi de la semaine, succde le calme du dimanche, de combien d'avantages ce repos ne deviendra-t-il point la source ? Et que l'on ne dise pas qu'un loisir plus long ob,

1766,

tome 4e de

la

Correspondance, p.HM.

<lit.

de Mus-

conspiration la plus lgitime, parce qu'enfin ces sortes d'entreprises ne peuvent s'excuter sans troubles, sans dsordres, sans violences, quelquefois sans effusion de sang, el qu' mon avis le sana d'un seul homme est < d'un plus grand prix que la libert de tout le genre liu nain ,, (Lettre 722, date de Woollou, le "Il septembre
>

ibus

la

set-Palliay, 1825. On peut voir encore la lettre 811, adfflOsec a M. d'Ivernois, de Trye, 29 janvier 1708.)

(l)Ce dplorable abus tend a slntroduire en France Voyez, dans les journaux du 17 avril 1839, la sa'nc de ta chambre des d| ul is,< d msceuxdeslO et 11 mars 1849, la sauco de la chambre des pairs.
\
i

1239

DEMONSTRATION EVANGELIQUE. PERENNE.S.


,

124e

tenu tous les jours rendrait moins utile le comme il faut repos du dimanche. Non aux classes ouvrires un travail assez constant pour quele gain qu'il rapporte suffise l'entretien des familles, nous ne voulons que ce que plusieurs possdent mme dj , mais sans profit, faute d'instruction pralable un rpit de quelques instants sur chaque journe, afin de prparer l'me aux mditations plus profondes et aux recueillements plus suivis du septime jour. Quand l'Homme-Dieu disait: Demandez voire pre cleste le pain quotidien, prtendra-t-on qu'il n'avait en vue que la nourriture matrielle? Ne serait-ce pas bien videmment mconnatre les desseins sublimes du rformateur divin ? Ah c'est alors que le jour du repos serait bien appel de son vritable nom, le jour du Seigneur L'ouvrier, qui ne serait
! 1

plus pris, pour ainsi parler au dpourvu, reconnatrait mieux qu'il a autre chose satisfaire que des apptits sensuels et brutaux, s'il ne veut se dgrader de ses propres mains, se rouler dans la fange et abdiquer sa dignit d'homme. Que de grandes penses afflueraient dans son me que d'inspirations gnreuses feraient noblement palpiter son cur qu'il aimerait, au jour de fte o il verra se lover ce soleil, qui brille bien ^elte fois pour lui, bnir le Dieu qui lui donna l'existence et chercher une vie nouvelle dans cette nature qui s'empresse d'taler pour lui tous ses dons Est-il un tre si dprav qui ne comprenne ce que la verdure et les fleurs des champs, les concerts des oiseaux, le murmure d'une eau courante, la voix plus grave d'un fleuve ou le bruit majestueux de la mer, la plainte mlancolique des vents travers l'ombre des forts, et toute la varit des sites champtres peut remuer dlicieusement en lui de fibres harmonieuses ? L'me se dilate alors sans mesure dans ses penses les plus consolantes , dans ses affections les plus chres, dans ses plus saintes esprances, et l'homme se sent meilleur.... Le lendemain il reprend sans effort, sans regret, son travail et loin d'y puiser le germe dopassions hostiles la socit, il se pntre de dispositions de plus en plus bienveillantes l'gard de ses chefs, de tous ses semblables, et il en vient ne plus concevoir comment il se pourrait trouver quelque place pour la haine dans un cur que Dieu fit tout entier pour l'amour. Nous le rptons afin que la solitude produise ces heureux rsultats, il faut que le cur y soit prpar. On n'ignore pas que l'isolement nourrit les projets du crime aussi bien qu'il favorise les mditations de la vertu. Aussi Diderot disait, et Jean-Jacques s'offensait de cette maxime dans laquelle il voyait une injure: Le mchant est toujours seul. L'Ecriture renfermait dj cette imprcation Vsolil C'est qu'il y dans la solitude une influence secrte et toute-puissante qui
,
1 !

tour de lui, ne voit partout que de nouveaux et continuels motifs d'adorer et de bnir la Providence, c'est que dj Dieu est tout pour lui: tout est une manation de Dieu. Le mchant qui porte son supplice au fond de sa conscience, demeurera sourd la voix de la nature, fermera les yeux pour nier le soleil. L'homme ignorant ou frivole contemplera le plus magnifique spectacle, les plus merveilleux-phnomnes, et pourra s'tonner un mais l'impression s'usera, et tout instant redeviendra muet. S'il persiste demeurer dans la solitude, il ne tardera point prouver l'ennui et l'ennui enfant de l'oisivet est comme elle le gnrateur des vices (1). Si l'on veut donc que la solitude du dimanche exerce une action salutaire, il est ncessaire que l'me se soit familiarise avec le principe du bien, qu'elle l'ait fcond par sa prole dimanche le fera" crotre et pre chaleur porter ses fruits. On comprend aisment de quels secours seraient ces mditations hebdomadaires pour
; ,
,

les talents et

pourles

arts.

Tous

chacun

suivant sa prdisposition, y puiseraient dans d'inpuisables trsors. Qui sait si le gnie obscur et indigent n'attend pas ce double affranchissement de la dbauche passe en usage les jours de fte et du travail qu'une
,

coutume presque aussi mauvaise semble lui commander, pour nous tonner par ses sublimes inspirations ? Hlas ne l'a-t-on pas vu, secouant comme un feuillage inutile et parasite les importunes penses qui l'obsdaient, se courber avec un sourire amer sur l'uvre servile dont le salaire lui procurera un peu de pain, ou, les yeux gonfls de brlantes larmes, prt blasphmer en succombant sous le poids d'une lutte intrieure, qui le dchire sans rsultat, et qu'il regarde, dans son dsespoir, comme un jeu de la drision
1

du ciel? Mais comment osons-nous dsirer et esprer celle amlioration dans les rangs les moins clairs de la socit, lorsque nous voyons les tristes suites de l'oisivet chez les riches ? Le ai.nanche n'est-il pas pour beaucoup d'entre eux un jour de fatigue et d'accablement, surtout pour ceux que l'habitude des spculations industrielles, des exploitations d'hommes ou de toute autre matire, rend peu prs trangers aux pures jouissances de l'esprit, la culture de l'intelligence? Comme, en dfinitive, leur me ne perd point son activit, s'ils ne trouvent pas, en ce jour, l'appliquer aux objets ordinaires de leur attention, ils chercheront
Pascal, (1) Rien n'est si insupportable l'homme, dit que d'tre dans un lein repos, sans passion, sans affaires,
|

dveloppe

les germes dposs dans le cur humain. Son langage est loquent sans doute mais il ne parle qu' celui qui veut l'entendre. Si l'homme vertueux, en regardant au:

sans divertissement, sans application ; il sent alors son nant, son abandon, son insuffisance, sa dpendance , sou vide. Incontinent il sort du lond de son aine l'ennui, la noirD'une autre ceur, la trislesse, le chagrin, te dsespoir. J'ai appris de saint Augustin que part, Bossuet a dit l'me attentivese fait elle-mme une solitude Gignit enim sibi ipsa rientis inlentio soliludinem. Mais, mes frres, ne nous flattons pas; il faut savoir se donner des heures d'une solitude effective, si l'on veut conserver les forces de l'me. ( Oraison funbre de Marie-Thrse d'Autriche. Ces sublimes gnies, l'asr.il et Bossuet. avaient tous deux

~)

raison.

12ii

DE L'OBSERVATION DU DIMANCHE.
!

\VA

moyens bons ou mauvais d'employer le temps. Malheur eux Car si le vice avec ses artificieux appas, l'intemprance avec ses raffinements tudis, leur tend ses piges, comment pourraient-ils ne pas succomber ? Leur intemprance ne sera peut-tre pas grossire, leur vice ne fera point de scandale: mais seront-ils moins coupables que le misrable proltaire que nul frein n'arrte
des

mes, chez qui l'absence des convictions relipoint diverses qualits certaine austrit des murs surtout quand le dveloppement des vertus morales a t favoris par une ducation leve et par la bont du temprament. Que l'on exagre le nombre de ces honntes gens sans religion, il paratra toujours bien restreint, si l'on le compare des populagieuses
n'exclut
sociales, ni
,

mme une

dans ses dbauches et dans ses orgies ? A Dieu seul de juger. Ah si dans la solitude force que ce jour a cre autour d'eux, ils mditaient les v!

tions entires. L'histoire atteste que tant que la morale n'aura point pour sanction la

croyance d'un Dieu rmunrateur


geur, les peuples,

et

ven-

rits morales, ces vrits ternelles qui planent sur eux comme sur le reste du genre humain, loin de connatre l'ennui et de s'en plaindre, ils se plaindraient au contraire du temps que le soin de l'agrandissement (le leur fortune leur a drob. Ils s'efforceraient de se procurer de plus nombreux loisirs pour songer leur vritable destine prsente et future, et ils se ressouviendraient que l'homme n'a pas t mis ici-bas pour s'enrichir, mais pour s'clairer, se perfectionner et mriter de se runir un jour son principe ternel. Les rapports gnralement luds ou mconnus du matre au serviteur du riche au proltaire, du capitaliste l'ouvrier recevraient un jour nouveau de ces mditations qui, dans leur vaste objet, embrasseraient les devoirs de toute nature et il en pourrait jaillir des rsolutions fortes et
, ,

surtout les classes infrieures, deviendront aisment l'instrument aveugle el passionn du premier aventurier s'acqurant entreprenant et ambitieux qui parle talent de la parole, par la sympathie des passions, ou par la sduction de l'or, un ascendant meurtrier, le voudrait prcipiter dans d'incalculables dsordres et de sanglan,

tes rvolutions.

salutaires. S'ils taient malheureux au point de mpriser les intrts d'un autre monde et pour eux-mmes et pour ceux de leurs semblables qui leur sont subordonns, qu'ils se laissent loucher par la considration de leur avantage, temporel, de peur qu'ils n'en-

Le retour d'une fte hebdomadaire qui rassemble le peuple dans les temples pour offrir en communaut avec le prtre le sacrifice suprme, doit ncessairement lui suggrer des rflexions salutaires et influer puissamment sur la rgle de sa vie. L'ide seule de cette Divinit qui remplit nos temples de sa majest invisible, ces murs entours de la vnration universelle, ces autels au pied desquels chacun a vu, dans son enfance, s'agenouiller son pre, se prosterner le front de sa mre, inspirent un certain recueille-

ment aux

esprits

mme

les plus dissips.

On pense

un autre monde o
de
fin, la

lourds ou alors malgr soi l'existence n'aura point


les plus

clut

que

le vritable

brivet du temps, et l'on en conintrt veut que l'on

tendent gronder leurs oreilles la foudroyante menace qui fut prononce lorsque le luxe et l'avarice romaine se vautraient dans leurs dernires volupts Agite nunc, divi:

vive en homme de bien. Aussi peut-on se convaincre que dans les

plorate ululantes in miscriis vestis qu advenient vobis (Jacob., cap. V, v. 1). Nous avons averti qu'en essayant de montrer l'utilit de l'institution du dimanche, nous n'entendions point faire un trait de thologie sur cette question importante. Mais nous sera-t-il interdit de proclamer, d'aprs l'exprience de tous les temps et de tous les peuples, l'inanit de tout systme de morale qui serait priv de sa base natutes
;

campagnes, o l'on se soustrait moins gnralement l'obligation de clbrer le dimanche, il y a plus de moralit que dans les villes, o malheureusement une grande partie de la population mle dserte les Eglises. Par l se vrifie ce que disait Bossuet C'est
:

principalement de la sanctification des ftes que dpend le culte de Dieu, dont le sentiment se dissiperait dans les occupations continuelles de la vie, si Dieu n'avait consacr des jours pour y penser plus srieusement, et renouveler en soi-mme l'esprit de
religion.

relle, la

religion (l)?Sans doute on


le

pour-

rait
(lj

trouver dans
On

monde quelques hom:

Sous
leure
loi.

les

votes colossales des temples de


de meil-

se rappelle que, sur la fin da sicle dernier, l'inmil an concours cette question Quelles tout les insli wions propres fonder la morale d'un peuple ? (eues l'poque tait, bien choisie pour la publication d'crits de ce genre on venait de faire table rase ; chacun pouvait veir excuter ses plans; on avait la chance de rgnrer une grande nation, et cette gloire tait assez belle; une rcompense honnte tait promise, etc. Tout en un mot engageait les puissants gnies du philosopbisme a se metIre l'uvre mais tout lut inutile, et aucun mmoire ne fut couronn. Aprs avoir rappel qu il n'appartient pas la loi de retremper lsmes et d'purer lescurs, que n'est pas aux institutions a fonder la morale, mais a la ce morale fonder les institutions, M. Aim-Martin ajoute Les nombreux mmoires adresss a Vin-titut, et dont nous avons les analysessous les yeux, suif iraient sansdoute pour appuyer ces rflexions, et po"r montrer l'tal dplorabledes murs el l'inutilit du concours, Jamais prostitut
: :

jets plus /nsenss ne trouvrent des apologistes

prsentait froidement au jugement d'une acadmie des discours qui, dans un autre sicle auraient t un objet de mpris ou de drision. En un mot, c'tait sur l'immoralit qu'on proposait de fonder la morale heureux lorsque les plans proposs n'taient que ridicules'

On

quoi devons-noas attribuer la perle de tanldelaborieiw efforts? M. Aim-Martin nous l'apprend plus bas: Nuiie part l'ide de Dieu ne servait de base aux principes de ta morale. On l'avait oubli ou ni, el l'auteur le plus consquent :i ses principes tait celui qui proposait franchement d'enseigner la vertu avec des gendarmes, et de placer dans chaque village des escouades de cavalerie pour inviter ii la bienfaisance et l'amour du prochain. Ce mmoire, oii l'on ne parle que de gendarmes el de geliers, comme s'il n'y avaif dans la M>ejei que des voleurs el des assassins, tait de !> -uni tic tracy, qui le publia depuis.

'

4-243

DEMONSTRATION VANGLIQUK. l'LRE


Trs-Haut et dont tous sentiments se fondent dans Tunique sentiment de ce culte d'amour ; ds femmes qui, d'une voix plus humble et plus douce, prient
,

nos cits, comme dans la modeste glise et l'humble chapelle du village, tout chrtien en apprend plus que les plus savants philosophes du paganisme et de l'incrdulit sur ces hautes questions qui se lient si intimement la morale l'origine du mal, la libert de l'homme, sa dchance et sa rhabilitaproblmes insolubles pour la sagesse tion humaine, et qui tourmentrent les plus grands gnies depuis Platon jusqu' Kant. C'est l que chacun de nous se rapproche de cette vrit universelle dont la chute de notre premier pre rompit le lumineux faisceau, et dont les philosophes de l'antiquit recueillirent quelques fragments, sans pouvoir saisir le lien mystrieux qui faisait un tout de ces fragments de vrit, qu'on nous passe le terme, parpills sur le globe (1). Aux heureux du monde comme aux infortuns se fait entendre du haut de la chaire la parole sacre qui leur annonce qu'ils vont tre bientt appels, l'un rendre compte de ses prosprits, l'autre de ses misres. Cette parole descend grave et consolante, ferme et tendre pour tous elle grand qui voit passer dans ses mains les destines des peuples, et le manuvre qui gagne son pain la sueur de son front, reoivent au pied du sanctuaire des leons de celle sainte et sublime galit devant Dieu, qui sera consomme par la mort (2). La religion, dans sa vigilante sollicitude, s'est mise la porte de toutes les intelligences, et ses mystres mme les plus profonds et les plus obscurs parlent encore l'me, en lui rappelant que le Dieu qui nous a aims jusqu' revtir notre nature et se charger de nos infirmits, est le mme qui rgne au plus haut des cieux et ne peut tre compris de notre
: : ;

ter les louanges du

les

frres, leurs poux , leurs enfants , et dont la ferveur pleine d'onction achve de dsarmer la justice de Dieu, que n'aurait peut-tre pas apaise la prire distraite et moins intime des hommes Spectacle plus touchant encore des enfants qui bgaient, prs de leur mre, les vux de leur innocence, et invoquent Marie, cette protedrice de l'innocence, de la faiblesse et du malheur. Car leur cur, qui ne comprend pas le matre des intelligences et le crateur des mondes, comprend celte vierge aimable et souriante, donlils voient l'image portant un enfant dans ses bras, et ils ont appris que,
:

pour leurs pres, leurs

orgueilleuse raison.

Pntrez dans un de ces temples dont les peuples n'ont pas oubli le chemin, l'heure o les fidles y sont runis qu'y voyez-vous ? des vieillards, en qui la longue exprience des choses d'ici-bas ne fait que rendre plus vif et plus ardent le dsir de se reposer dans hors duquel tout est illusion et ce Dieu nant; des jeunes hommes, qui mlent leurs voix la voix des anciens pour chan: ,

le ciel une seconde mre, doivent tre bons et soumis comme ce Jsus qui crut galement en ge et en sagesse devant Dieu et devant les hommes. Dites s'il est rien de plus beau que ce rendez-vous de toutes les gnrations vivantes au pied de la Divinit, rien de plus propre les faire marcher de concert dans le chemin de la vertu. Un tel spectacle a, plus d'une fois, fait rentrer en eux-mmes des hommes gars. Et pour ceux qui sont pervertis sans retour, n'est-ce pas une cruelle punition que d'tre tmoins de l'inaltrable srnit de ces mes pieuses, qui suivent sans dvier la loi de justice (1), et qui, dans leurs entretiens secrets et familiers avec Dieu, s'abreuvent des torrents d'ineffibles dlices , si vives si enivrantes , que toutes les flicits sensuelles n'en approchrent jamais. C'est aprs avoir assist aune runion de ce genre qu'un de nos grands poles s'criait: Quel monde que ce monde de la prire Quel lien invisible, mais tout-puisils
,
!

pour avoir dans

que celui d'tres connus ou inconnus les uns aux autres, et priant ensemble ou spars les uns pour les autres 11 m'a toujours sembl que la prire, cet instinct si
sant,
1

vrai de notre impuissante nature, tait la seule force relle, ou du moins la plus grande force de l'homme!.... Et ailleurs: La prire ne fut jamais

(1) Le Sauveur, durant son passage sur la terre, s'est born rtablir les vrits morales que le monde avait pcrilues.il n'est pas jusqu' VOraisondonnicale, que beaucoup de personnes regardent encore aujourd'hui comme

d'institution

divine, dont on ne puisse retrouver les lam-

beaux avant Jsus-Christ. M. Roselly de Lorgnes, dit positivement que le Messie nous enseigna celle prire sublime {Christ devant le sicle, p. 306). Mais dans un autre endroit (p. 376), il reconnat comme constant que le
Christ n'a rien invent, qu'il n'est pas venu pour dtruire, oui- largir, pour libraliser la loi et le moui\'. Ce sont les termes de l'auteur. Les anciennes prire s S'oti l'oraison dominicale a l puise, se trouvent

mais pour relever,

dans Ligthtoot, Hor Iwbrtdc el tahnudic ; dans Witsius, Exercit. sac, exerc.VI, 52 et seq. ; dans Vilringa, de synag., p. 292; dans Vetstein, ad Mattlt., c. VI, v. 9 et seq. Voyez la Symbolique de Mhler, t. II, p. 570 et la
troisime note. (ij Les philosophes de l'antiquit ddaignaient d'instruire la classe intrieure. Ils la mprisaient trop pour l'admettre leurs leons. Les successeurs d.s aptres, pour qui toutes lsmes sont galement prcieuses, clairent tous les hommes des mmes lumires et les fout participer

naquit du premier soupir, de de la premire peine du cur humain, ou plutt l'homme ne naquit que pour la prire ; glorifier Dieu ou l'implorer, ce fut sa seule mission ici-bas; tout le reste prit avant lui ou avec lui; mais le cri de gloire, d'admiration ou d'amour, qu'il lve vers son crateur., en passant sur la terre, ne prit pas; il remonle, il relentit d'ge en ge l'oreille de Dieu comme l'chodesa propre voix, comme un reflet de sa magnificence; il est la seule chose qui soit compltement divine en l'homme, el. qu'il puisse exh.iler avec joie et avec orgueil car cet orgueil est un hommage c^lui-l seul qui peut en avoir, l'Etre infini (2).
invente
;

elle

la

premire

joie,

irlutem videant,
(2J

itquerelicta.
dit.

(Perse.)

Voyage en Orient,

bux

mmes

sacrements.

et 41,

in-18,

tome

I,

pages i

1243
Ot'cz

DE L'OBSEilVATION DU DIMANCHE.
au peuple
la prire (1)
,

1-246

cette prire
,

Commune autour du
ne se

sanctuaire

vous

afl'ai-

Mirez insensiblement sa foi, et la morale publique ne lardera pas se corrompre.

(l)Elrangersaux choses morales, la plupart deshommes font pas (me ide assez juste de l'efficacit de la prire. Ce n'est point une vaine formule que cet lan sincre de l'me vers sou Auteur. Saint Martin la dfinit d'une manire sublime, la respiration de l'me. En effet, c'est l seulement que l'homme puise l'existence. Elle puelle redresse nos penchants, elle opre rifie tout pour lui partout une action morale capable le rgnrer l'homme. Vous attribuez une puissance incontestable cette facult; immatrielle que vous dsigni z sous le nom d'imagination; combien, plus Sorte raison, ne devez-vous pas en accorder une plus complte celte prire du cur qui entrane, qui subjugue tout l'homme, qui prend ses yeux le caractre, d'une passion dvorante, nue nul aliment ici-bas ne peut satisfaire? Si la puissance divine se communique l'homme qui abuse de cette puissance pour tout rapporter soi, combien son action n'esl-elle pas plus vive chez celui qui
;

Une coutume que nous avons vue


,

tablie

en plusieurs villages, et dont on aperoit au premier coup d'il l'utilit morale est celle d'aller s'agenouiller, au sortir de la messe paroissiale, sur les tombeaux des anctres. Le pieux souvenir de ses pres, que l'esprit et le sentiment se retracent comme des modles suivre, fait sur la jeunesse une vive impression, et lui impose la !oi de servir de modle aux gnrations qui la suivront, lorsque l'impitoyable mort l'aura prcipite elle-mme dans le tombeau.

l'implore avec ardeur pour lui tout rapporter? Par la prire, l'homme est modifi au physique connue au moral, son ascendant sur ses semblables est accru. Son intelligence se dveloppe ; clair lui-mme, il devient capable de porter la lumire chez les antres fort de sa conviction, il verse en d'autres mes cette confiance sansbornes qui redouble l'activit vitale. Tant de facults mora:

nourries souvent d'illusions et de mensonges, ont une puissance relle, comment n'avouerions-nons pas le pouvoir de la prire qui prend sa force au centre unique de toutes les forces possibles? Ce n'est point une chimre que celte consolation si
les,

On sait que plusieurs crivains ont attaque non-seulement les objets destins rappeler au peuple des souvenirs religieux, comme les tableaux et les statues, mais encore toutes les institutions du culte extrieur, cl en particulier les pompes et les crmonies des ftes et dimanches. Quant nous, nous ne pouvons croire que les objections sur lesquelles
ils

rieusement

se sont fonds aient t faites smais s'il tait encore quelques ;

douce qui; fait prouver dansl'me la prire exauce On sentqn'ona t cout, quoique, plong dans ce corps mortel, on n'ait pas entendu la rponse. L'esprance qu'elle fait natre n'est pas celui du dlire. Il y a l quelque chose de certain bien que l'organe manque pour le dcouvrir. Un crivain de nos jours n'a pas cru abaisser son esprit devant ces matires, en s'exprimanl ainsi
! ,

Elle devient indispensable pour celui

qui en a got les

charmes.

La prire qui monte aux pieds du Tout-Puissant,


Chane d'or de
la terre et

du monde

invisible.

(Daiw, Eplre sur

les facults

de l'homme.)

Entre

homme
rale.

la prire est plus puissante. Chaque | lusieurs, accrot sa force individuelle de la force gn-

Nous nous sentons comme soutenus par d'au mes qui partagent les mmes opinions et les; mmes sentiments que nous. Ou dirait qu'il y a une sorte d'attraction, par laquelle les mes se reunissant
trs

s'assimilent les unes aux autres.


dont, le

La gravitation

des

lois

monde moral nous prsente l'emblme. Un corps

mieux la pesanteur universelle qu'il est form d'un nombre plus considrable de molcules matrielles. La runion de plusieurs hommes forme galement un corps moral dont l'action est en raison du nombre.
obit d'autant

L'Evangile a aperu ces secrets Jsus-Christ nous a dit : que quand nous serions plusieurs assembls en son nom, il serait au milieu de nous. On se fait gnralement ds ides si troites des matires de haute philosophie, qu'on ne conoit la prire
:

que comme un acte du culte, prescrit comme tous les autres, et auquel on se soumet par devoir. 11 y a dans l'homme une surabondance de vie morale qui lui l'ail trouver dans l'accomplissement de tous les devoirs autre ebose que ce que le devoir enseigne. 11 est bon d'tre charitable sans doute niais demandez saint Vincent de Paul si
;

son active charit s'en tient l! [lest convenable d'aimer ses amis: mais interrogez l'amiti sincre, et elle vous dira s'il n'y a pas autre chose dans le sentiment que ce que le devoir nous ordonne comme une convenance! Il faut prfrer l'objet aim soi-mme, nous dit la stricte morale; et ces dvouements sublimes dont nous parle l'histoire, ont-ils attendu, pour clater, celte maxime si juste, mais qui parait si froide l'amour exalt, qu'il serait tent del prendre pour une ironie? La prire est comme toutes ces passions c'est un devoir sans doute ; mais, si ce n'tait bue cela, qu'elle serait loin de remplir son but! Elle est la religion ce que l'enthousiasme est l'tude des beaux-arts. On ne gote bien ceux-ci que quand toutes les puissances do Pme s'exaltent pour les sentir dignement ; on n'prouve compltement le pouvoir de la premire que quand elle esl aevenue une passion qui absorbe toutes les autres. "est alors qu'on ne doute plus de sa puissance. Elle passe fans la vie de l'homme, el le tt insforme en un autre
:

pu sans elle arracher ces tendres curs aux douceurs de l'amiti, aux sductions de lafortune, aux promesses de l'hymne ? Quelle puissance y a-t-il donc dans ce commerce de l'homme avec sou Dieu, puisque par elle l'homme [riom'j he de l'amour de soi. Ah! quand une telle puissance ne tomberait pas sous les sens, elle ne cesserait pas pour cela de paratre prodigieuse aux yeux de celui qui connat le cur humain! Il n'y a point d'influence de l'me sur elle-mme ou d'une me sur une autre qui puisse entrer en parallle avec cette action irrsistible. Mais, dira-t-ou, il n'y a que chez les mystiques, dont le cerveau psi chauff, que vous trouverez une telle puissauce. C'est encore ici une erreur gnrale qui provient de l'irrflexion. La prire est naturelle au cur humain. Elle devance toutes les conventions pour se trouver dans lesoccasions solennelles de la vie o l'homme eslseulavoc sa conscience. Uh malheur njjrv nous la fait connatre. Le lonnenv grond el la crainte l'ait. murmTer une prire vritable l'incrdulit mme. Cet athe, qui dispute >on Dis la mort,se jettera genoux toul en laines devant elle, pour lui demander .sa proie. Quoi! il y 3 influence de la prire chez ceux mmes qui n'ont pas de Dieu, et vous ne voudriez pas qu'il v en eni une plus forte chez l'u.iiversalit des hommes! Le premier mouvement de la mre qui l'on prsente son nouveau-n, n'est-il pas d'en remercier le ciel? Demandez au marin qui vient d'chapper au naufrage, quel esl le sentiment qu'il prouve d.-.ns sou cur, demandez lui s'il n'a pas pri? Les larmes de la reconnaissance ne viennent jamais sans qu'une prire secrte les ait prcdes. Celle prire n'eM, pas toujours celle des lvres c'est celle du fcteut, qui n'a bsotn que d'un lan vritable pour arriver aux pieds du ('couleur, si celte union entre Dieu cl l'homme n'existai! pas, pourquoi, dans les instants o le sentiment nous entrane, sans laisser le temps de la rflexion, dans ces instants oli Un malheur subit, ou une jdie inattendue, reiiq lissent tout coup noire me, levons-nous les mains et les regards vers le. ciel? C'est que le sentiment moral, plus fort que tous les sophismes d'une raison captieuse, nous dit qu'il est l ce Dieu que nous implorons. C'est (pie quelque chose au fond du cour nous avertit que nous ne sommes pas seuls, qu'une main invisible s'tend pour nous soutenir qu'il y a toujours prs de nous quelqu'un qui nous entend, cl qui nous avons recours api es mme que nous l'avons calomni. Quel est l'homme qui n'a pas prouv ce calme qui succde aux passions quand non:. rentrons mmes?C'est que noire conscience, c'est quelle alors, s'est mise en contact avec son principe unie lui, el nous a rendus plus forts que non
(Jui aurait
:
i

n'tions

..

(Ed. Ricubr, ne

la

m<

deem

I2i7
esprits

DEMONSTRATION EVANGEIJyUE.

PRNNES.

1-248

prvenus qui pussent s'en laisser imposer par des sophismes plus ou moins spcieux, nous leur ferions observer que des hommes, dont la haute raison avait le moins de besoin de ces intermdiaires, cause de l'habitude acquise par eux de vivre dans une sphre intellectuelle, ont reconnu que l'emploi des

moyens

aux

choses

sensibles pour lever L'me ternelles indispensatait


dit

ble (1).

Les absurdes rigoristes, en religion,


les

plus accrdits du dix-huitime sicle, ne connaissent pas l'effet des crmonies extrieures sur le peuple... Je n'ai jamais entendu ce chaut grave el palli: ique, entonn par les prtres, et rpondu affectueusement par une infinit de voix d'hommes, de femmes, djeunes filles et d'enfants, sans que mes entrailles ne s'en soient mues, n'en aient tressailli, et que les larmes ne m'en soient venues aux yeux... Supprimez tous les symboles sensibles, et le reste se rduira bientt un galimatias mtaphysique, qui prendra autant de formes et de tournures bizarres qu'il y aura de

un des philosophes

intervenir aussi dans le dveloppement de notre intelligence, il est vident qu'elle doit embrasser, comme un de ses principaux objets tout ce qui tient la religion et aux devoirs de l'homme, et que par consquent elle doit en rattacher les actes essentiels des signes extrieurs qui les fassent comprendre el les rendent saisissables auxesprils les plus grossiers. De l vient qu'on trouve chez tous les peuples des crmonies qui expriment, par des symboles plus ou moins frappants, ce que l'homme doit faire pour se rendre agrable Dieu, et ce que Dieu de son ct
,

doit faire en nous pour que nos efforts atteignent ce rsultat ; car la religion a pour objet de nous maintenir dans les rapports qui

doivent nous unir Dieu


et et
si

comme
le culte,

notre

fin

elle

nous commande

l'amour,

comme

des

moyens

l'adoration ncessaires,

ttes (2).

suppose aussi de la part de Dieu une action invisible qui nous approche de lui, et qui rpande en nous la saintet ou les dons sans lesquels nous ne saurions lui plaire. Or, comme noire union avec Dieu s'tablit et se maintient par des rapports immuables qui tiennent notre condition, tous les actes de
elle
la religion se

Je n'approuve pas, crivaitLeibnitz (OE livres, tome V, p. 263) ceux qui, sous prtexte

nombre

rapportent aussi un certain d'objets dtermins; de sorte qu'ils

d'adoration en esprit

et

en

vrit',

rejettent

du culte divin tout ce qui frappe les sens et l'imagination, sans songera la faiblesse humaine. Car si l'on considre avec attention
nature de notre esprit uni notre corps, on reconnatra sans peine que, bien que nous ayons intrieurement les ides des choses trangres aux sens nous ne pouvons cependant pas y attacher notre rflexion, ni nous y arrter avec attention, sans l'entremise de quelques signes sensibles, tels quu les mots, les caractres, les reprsentations, les similitudes, les exemples, les circonstances, les effets et plus ces moyens sont significatifs, et reprsentent un grand nombre de proprits de l'objet considr, plus ils sont utiles, surtout s'ils offrent quelque chose de saillant et de remarquable. Les hommes, dit saint Augustin, ne peuvent tre runis dans la profession d'une religion vraie ou fausse, que par le moyen de signes extrieurs ou de symboles mystrieux qui frappent les sens; car l'exercice des facults de l'me se trouvant assujetti aux organes, par tant de rapports ncessaires, il est impossible que le cuite intrieur ne se produise pas au dehors par des actes visibles, ni qu'il subsiste et se conserve sans le secours de quelquechose de sensible qui contenne l'expression de nos sentiments, et qui serve en mme temps les fixer et les rveiller. D'autre part, comme l'ducation doit
la
, ;

peuvent s'exprimer par quelques symboles permanents qtti en donnent la signification, qui en montrent !e but, et qui pourraient recevoir par l mme le nom de sacrements dans un sens gnral, parce qu'ils nous font connatre, par des effets sensibles, les effets intrieurs 4 qui doivent tre l'objet de la reJ
ligion (1).

Les crmonies renferment le double avansecourir la faiblesse de l'esprit, et d'tre le symbole patent, matriel, de l'unit du peuple de Dieu; elles sont comme un lien
tage de

Rousseau, qu'il faut se fatiguer l'me pour l'lever aux sublimes ides de la Divinit. Un culte plus sensible repose l'esprit du peuple... L'enfant Jsus entre les bras d'une mre charmante et modeste est en mme temps un des plus touchants et des
(1) 11 est certain, selon J. -J.

plus agrables spectacles que la dvotion chrtienne puisse offrir aux yeux des fidles (Nouvelle Hlose, partie V, Lettre V, en note). (2) Diderot, Ensuis sur la peinture.

qui joint tous les habitants d'une mme commune paroissiale, toutes les paroisses d'un diocse, tous les diocses du monde chrtien. Par elles se nourrit et se ranime l'esprance, douce vertu dont le christianisme a fait un devoir, et qui s'vanouirait trop souvent dans ces moments de pnibles perplexits, de souffrances intrieures que chacun de nous peut avoir prouves en secret. Bernardin de Saint- Pierre raconte qu'il a lu quelquefois avec attendrissement dans nos glises des billets affiehs par des malheureux au coin de quelques piliers, dans une chapelle obscure [Etudes de la nature, Etude XIII, p, 442). C'taient des femmes maltraites de leurs maris, des jeunes gens dans l'embarras ils ne demandaient point d'argent, ils dsiraient des prires. Ils taient prs de tomber dans le dsespoir; leurs peines taient innarrables. N'en doutons pas celle touchante confiance dans la prire de leurs frres a dscule adoucir leurs maux mais ils ne l'auraient jamais eue, si l'Eglise, par ses pratiques, autant et plus que par ses enseignements, ne les avaient de longtemps pntrs de cette vrit, que nous sommes
; : :

(1)
cliaj).

M. l'abb Receveur, Introduction

la thologie

XV, des Sacrements.

12*9

DE L'OBSERVATION DU DIMANCHE.

1-250

tous les

membres d'un mme

corps, que toute

tout

chaque fidle, dans ses effets chacun des membres autant que le corps tout
l'Eglise prie par la bouche de et que la prire, qui embrasse

un peuple en prire, tantt sombre nuageux, paraissait vouloir le drober

et

la

entier, rserve surtout l'efficacit de sa puis-

sance aux

hommes de douleur. L'habitant des villes, que la rigueur de la fortune relgue dans une mansarde nue, et prive de toutes les douceurs usuelles du luxe mme le plus modeste, celui des campagnes
demeure dans une sombre cabane, prouve une motion qui n'est pas sans charme, en contemplant l'autel par avec une lgance svre, sur les marches duquel
qui

surveillance des hommes qui guettaient un acte de pit pour verser des flots de sang; ce prtre qui dvouait sa tte pour servir encore de mdiateur entre l'homme et la Divinit, cette foule de chrtiens des deux sexes et de tous les ges qui venaient sur l'abme des eaux chercher, pour s'humilier sous la main de Dieu, un asile que la terre leur refusait tout cela rormail un tableau sublime qui sans doute aurait attendri les tyrans
:

mmes

entre retrouvera sur le seuil de la tombe le prtre, mdecin de toutes les infirmits de son me, consolateur de toutes ses misres. Il sent son front se drider la vue de l'encens et des fleurs qui parfument le saint lieu, de l'appareil vari des diverses ftes que ramne le cercle de l'anne; de ces statues, de ces tableaux qui l'instruisent sans effort, et dont plusieurs sont des chefs-d'uvre de l'art en coutant le chant grave des psaumes et les sons majestueux de l'orgue ou

parat le prtre, qui l'accueillit son

dans

la vie, et qu'il
;

qui gouvernaient la France, s'ils en avaient pu tre les tmoins. C'est dans de telles assembles, en prsence de ces crmonies, que tant d'tres faibles, des vieillards casss par l'ge, des vierges timides, puisaient celle invincible constance qui tonnait et fatiguait les

bourreaux.

rvolution ? Elle prenait dans la fange, pour le faire adorer, ce qu'il y avait de plus abject , de plus ignominieux. Autrefois Snque se plaignant
faisait alors la

Que

des instruments.

Les tentatives
lir le

faites

parmi nous pour abo-

que

culte religieux ont rvl de nouveau le besoin de la prire commune avait

dans les curs de si profondes racines que la mort seule pouvait les en arracher(l). Plusieurs, entre ceux do nos contemporains qui ont travers le drame de la terreur, ont assist ces messes qui se clbraient furtivement dans des rduits obscurs, o se runissaient au pril de ieur vie des fidles dont les yeux se remplissaient de larmes d'amour et de reconnaissance en adorant le signe du sal'on lut (2). Quelque opinion politique que professe" on ne peut s'empcher d'tre mu
en lisant les rcits du saint sacrifice offert sous les chnes de la Bretagne, en prsence des familles de paysans qui accouraient ces appels de la prire. Plus loin, le mme sacrisimple fice tait offert en haute mer sur un

qu'une femme dont la rputation n'tait pas l'abri de tout soupon, ost se prsenter pour entrer dans un collge de prtresses, exprimait son indignation par ces paroles nergiques Hoc cnimdcerat, ut templa eus reciperent, quas lupanar ejecit. Celte plainte ne lui et pas mme t permise sous l'empire de la convention. Les malheureux idoltres de l'Inde ouvrent leurs temples la prostitution, mais ils ne l'adorent pas elle fait partie de leur culte, mais elle n'en est pas l'objet. Nous tions descendus un cercle plus bas dans cet enfer. Cette poque de dsastreuse mmoire a pass, et plaise Dieu que ce soit sans retourl Mais si les mes n'ont plus chercher dans les ides religieuses celle force morale qui faisait vaincre les supplices et la mort, elles ont encore lutter contre les douleurs
:

et les adversits qui sont, hlas! de tous

les

bateau, o tait dress un autel. Au moment o le prtre levait l'hostie consacre, un peuple immense qui l'entourait sur des barques venues de tous les points du rivage, tombait genoux. Ce silence de l'adoration, dans lequel on n'entendait que le son mourant de la brise dans les voiles pendantes, ou le murmure respectueux des vagues de l'Ocan qui s'enflaient sous les frles esquifs, ce ciel qui, tantt serein, semblait sourire
(IJ

Rappelez-vous ce dcadi que

la

fureur contre

la

re-

ligion imagina, aliu de Hier le dimanche ; ce dcadi <lont l'invention fit tressaillir de joie toute la tourbe des athes, comme, dans Milieu, les grandes ruses de Satan font tressaillir

tous les diables ; ce dcadi, plus judaque que le sab.lui s; ce dcadi, l'observance duquel le gouvernement directorial, averses Apres agents, poussait par les menaces, par les amendes, par les incarcrations. Eh bien malgr le systme fle vexations le infernal, le dcadi a-:-il
bat

des

t abandonn? [Dfense de la rvl. chrtienne, en rponse au Mmoire en fnirur de Dieu, rie Belislede Sales, par Mgr. Lecoz, Paris, 1802, in-8.) curieuses das lus (2) On peut lire ce sujet des pages

prvalu

? le

dimanche

a-t-il

temps. Qui fera supporter l'ouvrier, au paysan, courbs sous le faix de leur labeur, le poids du jour? qui inspireraau misrable, exaspr par ses continuelles privations, la patience dans ses maux, le dsintressement et la probit qui l'empcheront de convoiter les biens du riche, et prviendront en lui l'ide de se les approprier par la ruse ou par la violence ? Et cette femme, dont la vie n'est qu'un long martyre; ce pre de famille qui n'a sous son toit que des sujets de tribulations et de deuil ces enfants qui n'ont peuttre autour du foyer qui vit leur naissance que des causes d'affliction et de scandale ; cet infortun dontles souffrances sont d'autant plus aigus et plus cruelles qu'elles sont plus secrtes, o voulez-vous qu'ils aillent implorer un refuge dans les angoisses et les amertumes dont ils sont inonds, un remde contre le dsespoir, si ce n'est aux pieds de Venez celui qui nous appelle si tendrement moi, vous tous qui tes fatigus, et qui tes chargs, et je vous soulagerai? Si les ncessits de la vie ont exig l'emploi mercenaire
; :

mmoires du bourreau Sanson.

des autres jours, ah

souffrez

que

le

dimau-

1251

DEMONSTRATION VANG.EL1QUK. PERENNES.

1233

jour de trve tant d'infortunes, auquel il soit permis de se jeter avec plus de confiance et d'abandon dans les bras du Dieu qui fait ses dlices d'habiter avec les enfants des hommes En convoquant aux jours de fte le riche et le pauvre, la religion leur apprend qu'ils tont solidaires devant Dieu elle avertit L'un que ses trsors neiui onl pas t donns pour lui seul, mais qu'ils ne sont qu'un dpt qui lui a t confi, afin d'en faire part ses frres indigents elle enseigne l'autre que la pauvret est sainte, et qu'elle lui vaudra, porte dignement, une surabondance de consolations et de joies dans un monde meilleur, o seront rpares toutes les injustices de celui-ci. Elle invite l'un et l'autre entrer en communaut d'avantages temporels et ternels. Si le premier, au prix du lger sacrificede son superflu, rend au s.econd l'exis! : ;

chc reste

comme un

tence moins dure et le devoir plus facile, l'autre, son tour, procure son bienfaiteur un trsor dans le ciel commerce admirable qui ne pouvait tre conu que par la religion chrtienne! Les matres et les serviteurs, lcG puissants et les infirmes, l'homme du monde et le solitaire viennent apprendred'elle leurt, Elle leur dclare obligations respectives. que celui d'entre eux qui sera le premier, ce n'est ni celui qui commande, ni celui qui obit, ni celui qui est faible ou celui qui est fort, mais celui qui sait le mieux aimer. A tous elle annonce la ncessit d'imposer un frein aux passions, et applique les lois de celte morale vanglique qui changea, il y a dix-huit sicles, la face du monde, et qui, en familiarisant l'homme avec les vertus pratiques les plus sublimes, porte en elle-mme le germe de la civilisation et du bonheur des peuples.
:

2frottw partie
faire ressortir l'influence .11 nous reste de l'observation du dimanche sur les relations de famille et de cit. Que l'homme soit n pour vivre en socit, c'est une vrit qui n'est aujourd'hui mconnue de personne. Ds les temps les plus reculs, nous voyons les familles rassembles et reconnaissant la juridiction d'un ancien ou patriarche, l'autorit duquel l'ge et la sagesse servent de conscration.

aussi plus on multiplie les relations intrieures d'un peuple, plus on acclre les progrs de sa civilisation (1).
s'tablit, ou plucorrobora chez les divers peuples l'institution des jours de repos aprs un
tt

De mme

Nous avons vu comment


se

A mesure que

les

hommes

se

multiplient,

On concevra qu'il n'a pu entrer dans nc>tre plan de de longues dissertations politiques onr prouver ce av.m,,o:is ici. Ou opposerait vainement nos paroles l'exemple du peu| le juif qui s'isolait, dirait-on, des
(I)

faire

que nous

nous voyons se former et s'tendre les royaumes et les rpubliques, avec leur culte public et leurs lois. Les hommes que l'on a trouvs errants au fond des bois, isols de toute socit, n'ont fait que de rares exceppar la difformit de leurs traits par le dfaut de langage et d'intelligence, ils ressemblaient moins des hommes qu' des animaux. Le dchanement des passions qui portent souvent le trouble et le dsordre dans l'difice social ne prouve rien contre ce que nous disons; saint Augustin au milieu des discordes et des guerres qui agitrent son poque l'avait dj observ Niliil est enim quatn hoc genus tam discordiosum vitio, tam sociale nalura ( De civilate Dei ). Que les diverses aggrgations sociales doivent communiquer entre elles, c'est encore une vrit qui n'a pas besoin de dmonstration. 11 n'en faudrait pas d'autre preuve que la barbarie qui a toujours d'autant plus ensanglant les murs des peuples qu'ils ont vcu plus isols, comme autrefois celles ds habitants del Colchide et de la Crte, qui immolaient leurs dieux les trangers tomme de nos jours, celles des anthropophages que leur frocit met en guerre continuelle avec leurs voisins. Plus les nations auront de rapports rciproques de dpendance extrieure, plus l'harmonie et le pertectionnemeiU des socits seront possibles.
tions, et,

comme

aulres nations. Ou d il se gard c 'tic assertion un sens tro], absolu. Nous renverrons our ce sujcl . Fleury, tfiws des Isralites, a. V, !; n. XIII, ad finem n. XXX, 3; n. XXXI, 4 et seq. S'il n'tait point permis aux Juis de contracter indiffremment d_s alliances avec les autres nations, c*esl qu'ils avaient a conserver l'inaltrable trser de la doctrine, que la contagion des autres peuples n'aurait pas manqu de corrompre. Cette raisin n'existe plus pour nous. Il serait bien digne de l'humanit de quelque grand priiice, crivait Uernacdia de Sai ut-Pierre, de proposer cette question k l'Europe:
|

Le bonheur d'un peuple ne dpend -t-il pas de celui de ses voisins? L'affirmative bien prouve ferait tomber la maxime contraire de Machiavel, qui gouverne depuis longtemps notre politique europenne. 11 serait fort ais de dmontrer, etc. (Etudes de la nature, El. XIII, p. 447). Cet auteur revient d: us un autre endroit sur celle vLa mme politique qui lie, pour leur bonheur, rit tintes les familles d'une nation les unes avec les au-

<<

tres, doit lier entre elles toutes les nations, qui s :it des famillesdu genre humain (rktxpourles nations, p. 711.) La mme pense se retrouve exprime presque par les mmes lermesdans Lamennais Les peuples onl entre eux les mmes relations que les familles entre elles, et sont soumis aux m, ns devoirs (livre du peuple, eh. XIII). Bonakl crivait Tout ceqoi a t dit de l'indpendance rciproque et des rapports des familles entre elles peut s'a pliquer l'indpendance et aux rai ports des nations entre eljes, avei cette diffrence toutefoisque les familles il civil, ont au-dessus d'elles le OUVOjr public qui les eue a l'ordre par la force des lois; et que les nations n'ont au-dessus d'elles que le pouvoir universel ou divin,' qui les ramne l'ordre par la force des vnements (Lqisla ion ;e bn'Hire, liv. 11). Saint Paul, dont la philoso phie est si profonde et si sublime, se propose continuellement de l'aire d.e lous les peupls un seul peuple, wium corvus et mus spiritus. Voy. I En. ad Cor., cap. XII. v. 12 et seq. ; Ep. ad Eh., cap. II, v. 19; Ibid., cap. IV, v. 5, 4, 5 et 6, etc. Deux peuples bons et vertueux ne se corrompront joint par le contact. Si l'un d'eux tait vicieux, alors la question change de face ( e< ce n'est pas le lieu de nous en occuper,
:
:

1253

DE L'OBSERVATION DU DIMANCHE.

i-254

certain nombre de jours de travail. Chez les anciens la religion prsidait aux ftes publiques. Les reprsentations scniques chez les Grecs, les jeux du cirque et de l'amphithtre fonds chez les Romains en l'honneur des dieux, ou en l'honneur des empereurs, qui taient encore des dieux, formaient

S'tonnera-t-on aprs cela que les cioyences religieuses, si fortement affermies par une lgislation imprissable, aient eu chez eux assez de pouvoir pour faire survivre les institutions e( les famillcs-ftu corps mme de
la

nation

une partie du culte, et, en faisant un devoir, religieux d'y assister, les lgislateurs se
proposaient principalement de runir et de mler les populations, qui puisrent dans ces coutumes un vif amour de la patrie. Elles l'exaltrent surtout chez les Spartiates et chez les Romains. Mais ce sentiment, port l'excs eut deux dfauts l'un de faire regarder comme ennemi chez les peuples antiques, tout ce qui tait tranger, et ces deux mots furent soul'autre, de leur vent synonymes pour eux faire mconnatre les plus doux sentiments del nature, et parla de livrer la socit d'normes abus. Les droits du sexe le plus faible taient anantis les pres pouvaient faire prir leurs enfants (1); la plus grande partie du genre humain n'tait qu'un troupeau <Tesclavcs, en butte des ignominies et des tourments de tonte espce, et la mort quettes matres impitoyables leur donnaient sur les motifs les plus frivoles. En un mot la dignit humaine tait, en beaucoup de circonstances, ravale au niveau de la condition des brutes. Dans une constitution sociale ainsi faite, il y avait peu ou point de place aux affections de famille.
, :

Jroboam vit bien que la sparation des deux royaumes d'Isral et de Juda ne se pouvait consommer qu'autant que les mmes
ne rassembleraient plus les tribus des Etals, et il ne vit d'autre moyen de retenir sous son obissance celles qui s'taient donnes lui, que de placer des idoles Blhel et Dan, et d'y tablir des ftes pour remplacer celles qui se clbraient Jrusalem. Afin qu'un peuple se pntre d'une affection sincre et d'un inbranlable dvouement pour la patrie, faites en sorte que les lamilles soient unies enlre elles, cl que de toutes les familles il ne s'en forme, pour ainsi dire, qu'une. Pour cela, favorisez leurs runions, faites que tous les individus reconfles

deux

naissent qu'ils sont ns les uns pour les autres et qu'ils ne peuvent jamais se dispenf des devoirs qu'implique cette rciprocit de rapports. C'est ce qu'ils apprendront d'une manire excellente dans l'exercice du culte chrtien, et la religion leur inculque ces vrits dans toutes ses crmonies du dii

manche.
rend gal dans emporte pour tous les hommes l'obligation de s'entr'aimer. Mais, dit saint Augustin comme on ne peut pas galement les servir tous, on doit s'attacher principalement servir ceux que les lieux , les temps et les autres rencontres semblables nous unissent d'une faon particulire (S. Aug., de Doctr. christ.). C'est--dire que la famille et la patrie ont les premiers droits notre affection et notre dvouement. Si le jour du repos, le jour du dimanche avait t institu uniquement pour faciliter
de. la

Le prcepte

charit

tous les

hommes

et

Chez les Juifs, l'objet des solennits religieuses tait de cimenter entre eux la paix et la fraternit, de perptuer la mmoire des faits qui accompagnrent l'origine et les progrs de leur religion, et de les rendre ainsi
reconnaissants envers
le

Seigneur

humains

et charitables envers tous, mme envers les esclaves. Dieu avait ordonn que les lvites,

trangers les veuves et les orphelins fussent admis aux festins de rjouissance que faisaient les Juifs dans les jours de ftes, afin qu'ils se souvinssent qu'ils n'avaient pas t seuls appels jouir des bienfaits de Dieu et des fruits de la terre. Quand venait l'poque o avait lieu le sacrifice, qui ne pouvait tre offert que sur l'autel de Jrusalem, on y accourait en foule de tous les points de la Jude. L'agneau pascal se mangeait
les
,

aux membres d'une mme famille les moyens de se rapprocher, aux familles d'une
d'un village, l'occasion de renouer les sociaux qui finiraient, sans lui, par se relcher et se dissoudre, ce serait encore une ide admirable, et il faudrait dcerner des couronnes et des statues son auteur. A quelle poque, plus que de notre temps, l'homme a-t-il eu besoin des dlassements de la vie prive, des consolations de la religion ? Expos sans cesse aux dsenchantements del politique ou de l'ambition , a la haine et l'ingratitude des partis, est-ce trop d'un jour l'habitant des villes pour goter les douceurs intimes du foyer domeDans stique et se ressouvenir de Dieu ? les campagnes o les maisons sont isoles et situes de certaines distances les unes des autres, il fallait un jour o, le repos tant de prcepte, toutes les familles suspendissent simultanment les travaux, et pussent, libres de tous soins, aprs avoir rempli leurs devoirs envers la Divinit, se livrer 'lu plaisir de la conversation ou d'autres
cit,

liens

avec joie dans chaque maison, et l'on conoit ce qu'un pareil usage devait ajouter de force aux liens de parent, et comment en rapprochant toutes les familles, il unissait invinciblement tous les membres de l'Etat.
(1) L'origine Se cette expression lever un enfant, lient au\ murs paennes. Dis qu'un enfant avait vu te jour, on le mettait aux pieds du pre ou du magistrat. Si celuici le levait de terre, iltail conserv; s'il ne le levait pas, l'enfant tait jet ta voirie [De la perfectibilit humaine, par A. M.). Baos ^antiquit classique ou barbare, l'entant, misaux pieds du pre, n'a pas droit a la vie, tan que le pre ue l'a point relev, tarU qu'il n'a pas got aux lments sous la. forme du lait ou du miel. L'usage d'exposer les enfants tait universel, surtout dans nos tristes climats. Quelles taient cependant les plaintes des mres ? Elles seules pourraient le dire Les pierres en

fleuraient [Michelet, Origines

(lu

droit franais).

1255

DEMONSTRATION EYANGLLIQEE. PERENNES.


les

!%G

rcrations convenables. Trop souvent


.

occupations et les embarras dont il est contin'ont point permis nuellement assailli l'homme des champs de songer l'instruction de sa famille. Aussi quand la semaine touche sa fin, lorsque sur le soir de la avec sixime journe, il quitte son travail quel empressement il rassemble ses bches et revient sa deses pioches, ses houes meure. Il ne dcouvre point encore le fate de son toit solitaire, que dj ses petits d'un pas enfants sont accourus prs de lui mal assur, et se sont suspendus son cou (1). Bientt la fume de sa chemine aux larges dalles, la pierre propre de son foyer, le sourire de sa diligente mnagre, qui tient un nourrisson sur son genou, charment ses soucis et lui font oublier sa lassitude. Les ans de la famille arrivent les uns aprs les autres, conduisant celui-ci la charrue, celui-l les troupeaux. Frres et surs se font un accueil o respire une joie franche, et la famille runie fait un repas gay de tout heureux lendemain. Puis, l'espoir d'un lorsque tous se sont assis autour du foyer, le laboureur prend dans une vieille armoire de chne un gros livre aux fermoirs de cuivre ou d'argent. C'est la Bible, que son aeul transmit son pre, et qu'il transmettra lui-mme sa postrit. Dposant son bonnet, qui laisse tomber sur ses paules de longs cheveux blancs, le nouveau patriarche commence une de ces histoires attendrissanle Berceau de tes de l'Ancien Testament Mose, Jacob et Joseph, ftuth et Nomi , et de temps en temps il interrompt sa lecture pour faire sur les versets qu'il vient de lire refermant le des rflexions morales. Enfin livre, Bnissons Dieu, dit-il, et tous, se levant debout, rcitent avec l'aeul la prire accoutume. Scne charmante htez-vous d'en jouir, vous pour qui les plus tendres motions du cur ont encore quelque prix, en attendant qu'on ne les trouve plus que dans une bucolique de Burns (2), ou dans un tableau de Greuze (3). Le lendemain apporte fidlement les plaisirs et les joies promis. L'aeul se rend au qu'il avait temple, accompagn de sa famille, puis il revient s'asseoir au fauteuil du festin qui sera, ce jour-l, plus abondant et plus soign, et auquel il aura convi des parents ou des amis. Quel plaisir ensuite de parcourir ses champs! si c'est l't, ou, si c'est l'hiver de passer la soire prs d'un feu ptillant , excitant autour de lui une gat douce, qui, sans cesse prvoque , ne tarit jamais , car l'ennui est un hte inconnu dans les fermes. Pense exprime, du temps d'Auguste, par un pote picurien qui ne se doutait pas
, ,
,

qu'une religion chaste et austre raliserai! pour le dernier des hommes se rve qu'il ne regardait peut-tre que comme un caprice de son imagination, ou comme un bien qui appartenait au plus quelques heureux C'est ainsi que le retour du dimanche entretient dans ie cur des laboureurs celle joie franche, cette srnit qui est rarement
!

trouble, et qui leur inspire celte affection vraie et profonde pour leur pays, si com-

mune

chez eux.

Aussi ce jour

est-il

conjour

stamment

accueilli par tous

comme un

de bonheur.

Le dimanche est presque le seul lien de socit qui existe dans les campagnes. C'est peu prs aussi le seul jour des assembles,
les jeunes hommes et les jeunes Glles peuvent se frquenter sous les yeux des parents, et qui facilitent les mariages. C'est le dimanche enfin que tous les habitants d'un mme pays peuvent s'aborder, se connatre, et, en cessant d'tre trangers les uns aux autres, se lier entre eux par une association

d'ides et d'intrts. Le lien communal,

dans un de ses ouvrages


bles (1), le lien

M. de Baranle plus remarquacommunal form par de londit


,

les

gues habitudes est celui qui se fait sentir avec le plus d'nergie, ou plutt le seul qui se lasse bien comprendre; le paysan aime son clocher c'est dans l'Eglise de sa com;

muneque sont concentrs tous


c'est
;

ses

souvenus

dans ce cimetire que ses pnes ont t enterrs les chemins vicinaux ont t Ira ces pour communiquer avec ie hameau paroissial; il se mle, en o-uL/e, l'existence distincte de la commua un sentiment d'amour-propre, une s<>rte de patriotisme a la porte des hommes dont les regards ne pourraient s'tendre plus loin. Pourquoi les riches et les grands qui peuvent s'assurer une certaine influence par leur opulence, leur supriorit intellectuelle ou leur position sociale, ne feraient-ils pas autour de leur demeure, le dimanche, des centres de runion ? En se mlant avec les paysans, les prsidant, pour ainsi dire , dans leurs amusements, les entretenant de ce qui les concerne, des amliorations introduire dans les fermes et dans la culture des intrts politiques et administratifs de la commune, etc. etc., ils se concilieraient peu de frais l'estime et l'amour de ces hommes simples, dont le bon sens est le plus souvent un si bon juge de la convenance ou de la discordance des choses. Un tel systme serait plus utile, nous le croyons, que l'loignement ou l'isolement, dont l'effet le plus ordinaire
,
,

(1)

Interea dulces pendent circum oscula nati.


(Virgile, Georcj., lib.
II.)

\2) Intitule : Le samedi soir du laboureur. On en peut voir la traduction dans le rouage fiis'or. et lia. eu Angle-

lerreelen Ecosse, par M. Anide Pichot, tome 111, p. 458 et suivantes. (3) Le tableau du Pre de famille, une des plus Louchantes compositions

rendre le paysan indiffrent pour ne pas dire hostile ceux qui devraient tre ses amis et>scs protecteurs naturels. Ne pourraient-ils pas aussi visiter les cabanes o des indigents, luttant contre le besoin, voient s'loigner d'eux toutes les joies de la fle ? Le dimanche est encore plus favorable que les autres jours aux bonnes actions car h s
est de

r
(I)

de

Gn

De; communes

et

de

l'a is'ocrulie.

ii?

DE L'OBSERVATION DU DIMANCHE.
runies,
ils

i2'8

familles tant
facilit

pour

les clairer

auraient plus de par des avis pater-

nels, en mme temps qu'ils les rjouiraient par leurs prsents. Quelle volupt pure ne goteraient-ils pas donner des infortuns les moyens de faire leur agape et de se reposer avec plus de douceur dans ce jour que Dieu avait bni pour tous Eh plusieurs endroits on a conserv l'usage des jeux d'adresse, comme celui du tir l'oiseau de la course de la boule etc. et il serait dsirer que cet usage ft plus rpandu. Outre qu'il exerce la force ou l'ail fomente parmi dresse des jeunes gens eux une mulation sans envie. Mais nous reviendrons tout l'heure sur cette matire. Il n'est pas jusqu'au son des cloches de
1

quoi tient ce rsultai? A ce que le prcepte du repos et de la sanctification y est beaucoup plus gnralement enfreint ce qu'un grand nombre d'ouvriers passent cette jour;

ou de la chapelle qui n'veille d'intimes harmonies dans le cur humain. L'enl'glise

homme qui voit, au signal de religieux, se dcouvrir le front vnrable de son pre ou de son aeul, et qui l'entend donner la famille l'ordre du dfant, le l'airain

jeune

part pour le temple, conserve un souvenir ineffaable de ce pieux tableau. Religion,


famille, patrie, vous tes dsormais gravs dans son cur comme sur le marbre, et si, un jour, des voyages lointains, en y intro-

duisant des ides nouvelles et trangres, venaient obscurcir ce culte sacr, il lui suffirait d'entendre vibrer un seul coup de l'airain sonore, pour retrouver tout ce qu'il avait perdu. Ainsi l'on vit des soldats de notre arme d'Egypte s'attendrir et murmurer les prires qu'ils avaient oublies depuis longues annes, en entendant retentir la cloche du mont Carmel (1). Dans les villes, le jour du dimanche n'a-

ne en totalit ou en partie sur leurs mtiers ou dans leurs ateliers, sauf se reposer, nous avons vu comment, de ce travail, le lundi. Le principal remde apporter ce dplorable abus, est de ressusciter les sentiments religieux qui feraient pour eux du septime jour, comme il l'tait pour leurs pres, un jour de rjouissance. Le besoin du. culte tant mort chez ces hommes, qui ont, en quelque sorte, rompu avec le ciel ils ne. peuvent trouver dans les joies terrestres un moyen suffisant de remplir le vide immense de ieur cur. Uss par l'intemprance, blass par l'excs des plaisirs, ils ne peuvent mme souponner qu'un acte de religion devienne une fle de famille, et ils mprisent des plaisirs dont le plus doux attrait est dans leur innocence. Hommes d'autant plus plaindre que leur aveuglement est souvent produit par deux causes, dont il est surtout difficile de triompher lorsqu'elles se fortifient l'une l'autre, la dpravation du cur et le libertinage de la pensel Cet esprit d'impit ou d'indiffrence religieuse tient, du moins en partie, au malheur des temps. A cette poque sanglante o le moindre signe de religion conduisait l',

mne

point malheureusement d'aussi nombreux bienfaits que dans les campagnes. A


(I)

Nous

ne.

savons

si

les

hommes
de
i'ah'e

d'tal

de nos jours ont

rnlin compris la ncessit

cession aux sentiments moraux et exister chez nos soldats. L'extrait suivant de la Sentinelle rie l'arme, du 1" fvrier 1813, ferait penser le contraire. Si le fait que ce journal nous rvle est gnral, quelle est donc la pense, ({tel est le but des chefs politiques qui assument, en les tolrant, la responsabilit d'aussi graves uas et ne laissent reconnatre l'intelligence des baonnettes que le droit de la force brutale ? Depuis 1830, certains chefs de corps, contrairement aux lois de la Providence qui travailla six jours, comme ou sait, et se reposa le septime, se reposent pendant toute, la semaine, et ne s'occupent des dtails intrieurs de leur rgiment que le dimanche. Celle manie, outre qu'elle blesse une coutume respectable o sont tous les peuples civiliss et chrtiens de chmer le dimanche, offre encore l'inconvnient de priver le pauvre soldai des liniques distractions qu'il lui serait, permis de se donner ce seul jour de la semaine, quand par hasard il a une heure de libert. Les officiers ne sont pas mieux traits ; accabls pendant, la plus grande partie de la journe, d'inspections de toutes sortes et plus ou moins oiseuses, ils en sont a regretter l'poque ou, la messe dite, tout le monde tait, libre. Aujourd'hui, iioii-seulemenl on ne l'est plus avant deux ou trois heures de l'aprs-midi tuais encore si un officier a besoin d'une permission pour ce jour-l, on la lui refuse sous prtexte que c'est le jour de la semaine o l'on aie. plus faire, et o sa prsence est le plus ncessaire. si un soldat. ou tout Il es' inutile d'ajouter que autre, dans un rgiment aujourd'hui, dsire continuer l'iiabilude qu'il avait chez ses parents, au village, d'aller ii la messe le dimanche, il est' oblig d'y renoncer et de se priver, pendant tout le temps qu'il est au rgiment, des s cours d'une religion qvi' trafiquait chez lui avec bou.

une trop lgitime conreligieux qui peuvent

chafaud, l'ducation religieuse des enfants a d tre nglige dans un grand nombre de familles, et la gnration actuelle porte la peine de cet oubli. N'a-t-on pas d'ailleurs, dans l'intrt de certaines opinions politiques , plus rcemment employ tous les moyens d'branler, d'anantir les croyances les plus saintes, essay d'avilir toute autorit ? Nous nous arrtons car dans un crit o nous voudrions parvenir couvain cre tous les hommes de la ncessit de se rapprocher, de resserrer les liens qui les unissent, nous viterons de faire entendre des plaintes qui ressembleraient des rcriminations. Si le mal a t fait, occupons-nous seulement des moyens d'y rem;

dier.

C'estun fait confirm par l'exprience que toute assemble de fte rveille et dveloppe naturellement dans les esprits leur penchant inn une bienveillance mutuelle. Les bon ns polices, dit Montaigne, prennent soing d'assembler les citoyens et de les rallier, comme aux offices srieux de la dvotion, aussi aux exercices et ieux la socii et amiti s'en augmente et puis on ne leur sauroit concder des passetemps plus rei glez que ceulx qui se font en prsence d'un chascun et la veue maie du m.s gislrat (1). Plus les hommes se trouvent ainsi en contact, plus les caractres et les murs se polissent, et plus aussi le patriotisme s'claire et se fortifie. Aujourd'hui qu'aprs tant de longs branlements, tant de violents orages, on sent universellement le besoin du repos, il nous semble qu'un des
; ;

li

ur.

11) Essais, liv. I, cliap,

XXV,

ad tiuem.

DMONST, EVANG. XIV.

(Quarante

'

459

DEMONSTRATION EVANGELIQUE. PEuNNES.


les plus efficaces de

1260

moyens
que

rforme

politi-

et religieuse serait d'tablir des runions gnrales le dimanche. Chez les anciens, les peuples se montraient plus dvous leurs gouvernements qu'ils ne le sont de nos jours. On ne voyait point entre les chefs de l'Etat et les administrs celte rivalit jalouse et haineuse qui a pass en habitude, et qui provient sans doute, non pas des conflits qui natraient entre leurs intrts, mais de ce qu'ils restent compltement trangers les uns aux autres. Dans les Etats antiques, le pouvoir paraissait conti-

exerce toujours une action visible ou cache qu'il ne dpend plus des individus de paralyser. C'est sans doute ce qui a fait dire M. de Chateaubriand, qu'il n'y a pas ui petit peuple chrtien chez lequel il ne soit plus doux de vivre, que chez le peuple antique le plus fameux, except Athnes qui. fut charmante, mais horriblement injuste. Les vertus sociales que le christianisme a enfantes peuvent tre touffes momentanment par
la violence et la terreur mais le rgne de l'abrutissement et de la barbarie ne peut plus tre de longue dure, et la raison publique en aurait bientt fait justice. Les triomphes passagers du crime deviendront mme impossibles si, en mme temps qucl'on s'attachera rpandre dans tous les rangs de la socit (surtout par l'ducation du premier ge, de laquelle dpend la scurit de l'avenir), les principes de la morale chrtienne, qui peut seule rprimer et contenir la fougue des passions, l'on prend cur de crer de nouveaux liens entre les citoyens et le gouvernement. Ce but s'est propos l'esprit de plusieurs crivains politiques qui ont t frapps du vice radical que nous signalons, entre autres de Rousseau (1). 11 n'y aura jamais, dit cet crivain, de
:

nuellement occup du bien-tre, des plaisirs de la nation. Aujourd'hui lesdiverses classes de citoyens ne s'aperoivent gure de l'existence d'un pouvoir gouvernant, que parla surveillance, odieuse pour elles, de la police, la perception des impts, ou les charges attaches au titre de garde national,

mme

qui, loin d'tre considr, ainsi qu'il devrait


l'tre,

comme honorable, est presque exclusivement envisag comme onreux. Nous nous empressons de reconnatre les imporque le gouvernement franais a rendus dans ces dernires annes la patrie, et nous serions dsol qu'on se mprt sur le sens de nos paroles. Mais que l'on se mette la place de l'homme du peuple, de
tants services
l'ouvrier, de l'artisan, et

que l'on

se

demande

bonne
loi

et solide constitution,

quel signe il peut dcouvrir l'existence d'une autorit paternelle et tutlaire, dont les intentions et les actes ne lui sont interprts que parles journaux (et l'on sait qu'ils pntrent dans les plus misrables bouges), qui le plus souvent les commentent et les dnaturent avec une insigne mauvaise foi. Ce n'est pas assez pour qu'une puissance humaine se concilie la vnration des peuples qu'elle rpande sur eux de nombreux demeure constant pour s'il ne bienfaits ceux-ci qu'ils lui sont redevables de leurs prosprits. Elle doit donc leur donner des tmoignages videntsde son action salutaire, dans leur intrt et dans le sien. Autrement d'elle comme de la puissance diil en sera vine que blasphment tant d'impies, parce que le cours rgulier et continu des bienfaits de la Providence n'a rien qui les frappe et les porte en dpit d'eux-mmes la recon,

rgnera sur

les

que celle o la curs des citoyens tant


:

que

la force lgislative n'ira

pas jusque-l,

les lois seront toujours

ludes. Mais com? C'est quoi no.s instituteurs qui ne voient jamais que la force

ment arriver aux curs


et les

chtiments ne songent gure, et c'est


;

quoi les rcompenses matrielles ne mla justice neraient peut-tre pas mieux mme la plus intgre n'y mne pas, parce que la justice est, ainsi que la sant, un bien dont on jouit sans le sentir, qui n'inspire point d'enthousiasme et dont on ne sent le
l'avoir perdu. Par o donc et faire aimer la patrie et ses lois? L'oserai-je dire? par des jeux d'enfants, par des institutions oiseuses aux yeux des hommes superficiels, mais qui for-

prix qu'aprs

mouvoir

les

curs,

ment des habitudes chries et des attachements invincibles (2) Ailleurs, aprs avoir numr les inconvnients qu'entranerait la fondation d'une salle de spectacle Genve, le mme auteur Quoi ne faudra-t-il donc aucun s'crie spectacledansunerpublique ? Au contraire, il en faut beaucoup. C'est daus les rpubliques qu'ils sont ns, c'est dans leur sein qu'on les voit briller avec un vritable air de fte. A quel peuple convient-il mieux de s'assembler souvent et de former entre eux les doux liens du plaisir et de la joie qu' ceux qui ont tant de raisons de s'aimer et de rester jamais unis ? Nous avons dj plusieurs de ces ftes publiques; ayons-en
:
!

naissance.

Nous avons observ que, malgr


qui

les

abus

pale sentiment sa plus grande vigueur chez les peuples gouverns par les .ycurgue, les Solon, les Numa, etc. Le premier, s'appuyant surles croyances religieuses, vint bout, malgr la profonde corruption des Spartiates, de les plier une contrainte perptuelle, qui n'excluait cependant pas encore bien des attentats publics contre les murs. Si un lgislateur paen a pu obtenir de tels rsultats, nous est-il donc impossible d'clairer et d'amliorer les populations, nous qui possdons ce qui lui manquait, les lumires du christianisme? Quelque grande que soit l'irrligion, le christianisme, ayant une fois pntr et rajeuni toutes les oarlies du corps social
l'accompagnaient
,

triotique exista dans

(t) Voyez J.-J. Rousseau, niscours sur l'Economie politique, etc.; Considrations sur le gouvernent, ni de Pologne; Contrat social, etc.; Bernardin de Saint-Pierre, dans son Suite des vux d'un solitaire; etc., l'abb crit intitul
:

de Saint-Pierre, dans ses divers ouvrages,


(2) Considrations

etc.

le

gouvernement de Pologne.

1261

DE L'ORSEliVATION

1)1!

DIMANCHE.
la direction

i2G'2

davantage encore, je n'en serai que plus charm. Mais n'adoptons point ces spectaexclusifs qui renferment tristement cles un petit nombre de gens dans un antre, obscur.... C'est en plein air, c'est sous le ciel
qu'il faut

des ftes civiles, comme l'autorit spirituelle celle des fles religieuses. Ces ftes, du reste, n'auront de rsultat complet, que lorsque loin de se contrarier dans leurs moyens comme dans leurs
l'initiative et
fins, elles se

vous rassembler

et

vous livrer au

proposeront un

mme

but, ce-

doux, sentiment de votre bonheur. Que vos plaisirs ne soient effmins ni mercenaires, que rien de ce qui sent la contrainte et l'intrt ne les empoisonne, qu'ils soient libres et gnreux comme vous, que le soleil claire vos innocents spectacles vous en formerez un vous-mmes, le plus digne qu'il puisse clairer. Mais quels seront enfin les objets de ces spectacles? Qu'y montrera-t-on? Rien partout o rsi l'on veut. Avec la libert gne l'affluence, le bien-tre y rgne aussi. Plantez au milieu d'une place un piquet couronn de fleurs, rassemblez-y le peuple et vous aurez une fle. Faites mieux encore donnez les spectateurs en spectacle, rendezles acteurs eux-mmes (1); faites que chacun se voie et s'aime dans les autres, afin que tous en soient mieux unis. Je n'ai pas besoin de renvoyer aux jeux des anciens il en est de plus modernes, il en est Grecs d'existants encore, et je les trouve prcisment parmi nous. Nous avons tous les ans des revues, des prix publics, des rois de l'arquebuse, du canon, de la navigation. On ne peut trop multiplier des tablissements si utiles et on ne peut trop avoir de semsi agrables blables rois. Pourquoi ne forions-nous pas pour nous rendre dispos et robustes, ce que nous faisons pour nous exercer aux armes? La rpublique a-t-elle moins besoin d'ouvriers que de soldats ? Pourquoi, sur le modle des prix militaires, ne fonderions-nous pas d'autres prix de gymnastique pour la lutte, pour la course, pour le disque, pour divers exercices du corps? Pourquoi n'animerions-nous pas nos bateliers par des joutes sur le lac ? Y aurait-il au monde un plus brillant spectacle que de voir sur ce vaste et superbe bassin des centaines de bateaux lgamment quips, partir la fois, au signal donn, pour aller enlever un drapeau arbor au but, puis servir de cortge au vainqueur revenant en triomphe recevoir le prix mrit? Toutes ces sortes de ftes ne sont dispendieuses qu'autant qu'on le veut bien, et le seul concours les rend assez magnifiques (2)... Si nous nous tayons ici des ides de Rousseau, ce n'est pas que nous les croyions toutes galement applicables. Autre temps, autre pays, autres murs mais nous pensons que le fond des ides reste toujours vrai, et qu'il conviendrait au gouvernement d'une nation sage et libre, quelle qu'elle soit, de prendre
;

lui

de ramener les hommes l'unit en toutes choses. Quede considrations se pressent sous notre plume et que nous sommes forc de rejeter! N'oublions pas que nous crivons
;

pour pour

les les

hommes tels hommes tels

qu'ils sont,

et

non

qu'ils devraient tre,

tels qu'ils

deviendront peut-tre Les municipalits des villes ne doivent point

ngliger l'tablissement et l'entretien des promenades publiques, qui sont, aprs l'Eglise, le foyer le plus avantageux de runion pour les citoyens de toutes les classes. Quel coup d'oeil vivant et anim n'offrent- elles pas dans la belle saison, lorsque la cil, fire

de ses trsors, y rpand ses jeunes

hommes

ses femmes et ses fleurs 1 C'est le lieu de dire un mot des spectacles on sait quelle est la rprobation peu prs universelle dont ils ont t frapps par les
:

moralistes et les crivains de tous les temps. qui les vit leur berceau, semble avoir prvu les maux qu'ils devaient causer. Ovide, Juvnal, Titc-Live, Tacite, Snquc, Lucien, etc., parlent pourles condamner des spectacles del'amphithtre et des combats de gladiateurs, qui n'offraient aux regards que des scnes voluptueuses, ou qui accoutumaient les Romains et particulirement leurs empereurs, la cruaut. La profession de comdien tait rpute infme chez eux. Les Pres de l'Eglise se sont levs contre les thtres avec la plus grande svrit, et, pour ne parler que des modernes, Rossueta dirig contre eux les foudres de son loquence. Rousseau soutenait que la comdie tait une des principales causes de la corruption des murs (1), et de nos jours mme on s'est plaint des scandales qui ont dshonor la scne (2). Voici comment s'exprime un des auteurs les plus rcents qui en aient parl Reste du paganisme, cole du vice et de l'immoralit, asile de toutes les mauvaises passions, les spectacles ont t fltris par l'Eglise primitive, constamment rprouvs par les hommes pieux. Plaons-nous pour un instant dans un point de vue moins lev. Lorsque les sciences les lumires et la

Solon

(1) Voyez, dans les Considrations sur le gouvernement de Pologne, chap. II, avec quelle force il s exprime sur cette mal 1re.

(2) Dans la pice intitule: Dix uns de la vie d'une femme, une actrice (M mc Dorval), succombant sous le poids de la honte de son rle, s'est enfuie de la scne. S'il

(t)

peuple s'assemble, o voir, d'errer et de jouir ensemble; Tant l'instinct social dans ses nobles dsirs Veut, comme srs travaux, partager ses plaisirs
II

est dos lieux publics

le

Charm de

est vrai qu'elle ait manqu sonrfei'otr, en dsertant ainsj le ih&tre, sa faute l'a honore, car c'esl un hommage Combien d'autres pices, qu'elle rendait la morale. reprsentes de nos jours, ne pourrions-nous pas citer encore, dont le titre seul est un scandale pour les hommes de bien, et la reprsentation une insulte aupubl'u

'

Vasie et brillante scne, o chacun est acteur, Amusant, amus, spectacle et spectateur. (Deluxe, les Jardins, ch. Il- <. 19 dit. iu-4.)
(2) Lettre

C'tail

d'Alemberl.

de la pense humaine, l'honneurde la scne. Mais loin de l'clairer, (1re de l'abrutir, Elle semble avoir eu le monde pervertir.
Ali!

seconder
la le

l'lan

devoir

ci

DEMONSTRATION LVANGEL1QUE. PERENNES.

126.4

vertu, c'est--dire quand la vraie civilisation fleurira parmi les hommes, alors sera venu le jour o les thtres seront dserts ou du

moins abandonns au bas peuple comme une poupe. Ses habitus d'aujourd'hui tous beaux esprits qui reprsentent la civilises habitus les fuiront sation du sicle eux-mmes, si toutefois ils s'lvent au niveau de leur poque. Si la noblesse et l'am,

de ses subventions, empcher la reprsentation des immoralits les plus flagrantes et les plus propres pervertir les masses, et de ces mensonges impudents qui portent une atteinte si grave la dignit de l'histoire
?

nit des manires, si la connaissance et la vrit des murs taient moins trangres dans nos cercles, on n'irait point se repatre de fictions chimriques* d'enivrantes illu-

sions. Rien de plus propre mettre dans tout son jour la scheresse et le vide de nos salons, que la fureur avec laquelle on court les thtres (1). Rien ne manque donc leur condamnation dans le poids et le nombre des autorits. Les thtres existent cependant toujours, et non-seulement ils existent, mais ils sont

subventionns par le pouvoir, circonstance qui semblerait dj prouver qu'ils ne sont pas d'une grande urgence, ne consulter

mme que

l'intrt

des plaisirs du

publie,

puisqu'il ne s'empresse point de les soutenir par son concours. Un des arguments les plus qui aient t produits en forts, selon nous leur faveur, c'est que les spectacles, aux heures des reprsentations, sont les seuls points o les hommes puissent se rassembler. Mais s*ils ont eu des occasions de se runir
,

Cet abus n'offrirait pas autant de danger , si les reprsentations se composaient plus souvent des belles pices qui entrent dans le rpertoire du Thtre-Franais. Napolon qui comprenait si bien son poque, et que l'on cite toujours quand il s'agit des institutions sociales, faisait jouer, lors des reprsentations gratuites, les tragdies de Corneille et de Racine, et l'on a remarqu que les applaudissements n'ont jamais clat avec plus d'intelligence que dans ces soires diriges en quelque sorte parle grand homme. Qu'on nous permette, celle occasion de rappeler que Rossuet. le svre Rossuel, faisait grce VAthalie de Racine, que le grand Arnaud pardonnait Phdre, et que le pieux Corneille tait rassur par des casuistes dans les scrupules qu'il prouvait sur la compatibilit do ses compositions dramatiques avec l'accomplissement de ses
, ,

durant, la journe et c'est l que nous voudrions arriver, ce besoin deviendra moins
,

vif le soir, et l'on prouvera plus fortement, celui de jouir des douceurs de l'intimit de la vie domestique autour de la

au contraire,

table et du foyer (2).

Dans beaucoup de grandes

villes,

et

sur-

devoirs religieux. Si le thtre, s'purant avec nos murs, n'talait nos regards que des sujels graves et irrprochables pris dans la religion , comme Pohjcuclc ; dans l'histoire et notamment l'histoire nationale, comme Jeanne d'Arc et Louis IX (1) si comprenant sa vritable mission, car il en a une, il exposait fidlement les tendances actuelles de rgnration, les sentiments gnreux dont les chos sont dans tous les curs, les hautes et svres ides qui travaillent et renouvellent les nations; si la raison publique,
,

tout dans les capitales, part un nombre assez peu considrable d'habitus, le public des thtres se compose moins des habitants que des trangers attirs par la nouveaut du spectacle, et qui font place chaque jour d'autres trangers. S'il tait vrai que le got des spectacles se ft enracin dans nos murs, il serait toujours facile, sinon de corriger tous les abus au moins de les attnuer. On a dj plus
,

sainement inspire,
de
la

exilait

impitoyablement

scne les obscnits et les platitudes que des auteurs sans pudeur et sans gnie oseraient produire ne pourrait-on pas esprer que l'Eglise qui, dans sa maternelle

condescendance,

aux temps
dpt

et

accommode sa discipline aux murs, quand ils ne sont

d'une fois exprim le vu que le gouvernement secourt des deniers publics un moins grand nombre de thtres dont les principaux la tte desquels nous mettons le Thtre-Franais, sans contredit le plus moral de tous, suffiraient l'oisivet des hommes inoccups, et ce vu est de la plus grande
,

point en contradiction avec la foi, dont le lui est confi, permettrait ou tolrerait ces runions qui, sans tre une occasion d'offenses envers la Divinit, contribueraient resserrer les iiens de la socit?

Quant

la danse,

moins dangereuse,
,

justice. N'y a-l-ii pas quelque chose d'inique et de criant faire servir aux plaisirs de

parisiens dsuvrs ou d'trangers curieux, l'impt lev sur la sueur et les besoins du cultivateur des hameaux les plus loigns de la capitale (3) ? Le gouvernement ne pourrait- il, au prix
(H Mhler, La Symbolique,
(2) Saint
t. II,

plusieurs gards, que les spectacles la rprobation ecclsiastique qui l'a frappe, est aussi moins rigoureuse et moins absolue. Dans les campagnes on s'y livre ordinairement de jour , et celte circonstance nous parat lui devoir mriter quelque indulgence. Lors mme qu'elle a lieu aux lumires, comme le plus souvent ce sont des fa
sur sent imposs. Qu'on tablisse, dH-H, de fortes taxes lustres et la livre, sur les quipages, sur les glaces, ameublements, sur les toffes et la dorure, sur les cours de toute esel les jardins des htels, sur les spectacles pce, sur les professions oiseuses, comme baladins, chan-

p. 245.

Jean Chrysoslome, dans ses Homlies, raconte qu'un barbare, voyant les Grecs rechercher les spectacles avec passion , demanda si ces gens n'avaient pas (Tenants.
(3)

Rousseau

voulait, au contraire,

que

les thtres tus

,,.

des teurs, histrions, ete, ( Disc, sur?coii. poiU., tome 1 OEuvres compl., p. 57.) ces deux pices est de LiliarU (1) La premire de
d'Avrigny,
la

seconde de M. Ancelot

12GS

DE L'OBSERVATION DU DIMANCHE.

12G6

milles, dont les unes sont trs-rapproches par les nuds du sang et de l'amiti, qui se o assistent les mlent dans ces runions pres et les mres, et les autres ont entre elles des rapports de convenances sociales qui imposent aux jeunes gens un certain respect mutuel, elle peut encore tre excuse. Aussi Rousseau a-t-il plaid pour elle. Nous n'ignorons pas que des voix loquentes se sont leves pour condamner cet exercice, et tout le monde a lu la vigoureuse sortie du comte de Bussy-Babutin contre la danse. Mais il parlait de ces assembles o tout conspire enflammer l'imagination sduire les sens, de ces blouissantes mles o la voix des vieillards perd toute autorit sur les enfants, et il n'entrera dans l'esprit de personne de vouloir justifier les coles du vice. Si la danse tait mauvaise en elle-mme, nous ne croyons point que Fnelon l'et permise, ni qu'on et vu paratre au milieu d'un bal cet archevque de Paris, venant solliciter la piti des heureux
,
,

Il existe un autre moyen de runion peu dispendieux , et qui trouve des sympathies dans toutes les conditions de la socit : nous voulons parler de la musique. Dans les villes de garnison, o la musique des rgiments est dans l'usage de se faire entendre sur les promenades publiques certains jours on sait qu'elle ne manque de la semaine jamais d'attirer la foule. I! en est de mme des grandes ftes religieuses o l'Eglise ne ddaigne pas de relever par d'harmonieux concerts la pompe de ses crmonies (1).
,

Dans l'antiquit, l'on ava.it remarqu les heureux effets del musique sur les populations

Grce
et la

lui

assembles, et les crivains de la ont attribu une importance sin-

gulire

(2).

Montesquieu pense que

le

got

pratique de cet art n'tait si vif et si rpandu chez les Grecs que, parce que, ne pouvant, cause du discrdit attach l'agriculture, se livrer cette profession, ni
faire le

commerce

et cultiver les arts, qu'ils


,

du monde pour des infortuns


(1)

(1).

cit dans la premire dition de cet ouprtendue repartie adresse par le vertueux archevque de Cambrai un cur qui venait de prcher contre la danse. De plus amples informations nous ont dmontr que le mot qu'on lui a prt dans celle circonstance vient probablement de la mme source que le fameux couplet commenant p;ir ce vers Jeune, j'tais trop sage. Ce mot n'est rien moins qu'authentique. Il en l'aul dire autant de l'autorit de saint Franois de Sales, trop souvent allgue par les partisans de la clause. Do la lecture attentive desOEuvresde ce grand vqueil rsulte qu'il ne l'a jamais permise, ou que, s'il l'a permise, c'es avec de telles restrictions, que si les amis les plus passionns de la danse, telle qu'elle s'excute aujourd'hui presque partout, avaient les ratifier par leur conduite, ils en deviendraient aussitt ncessairement les adversaires les plus dclars. On conoit que pour mesurer l'gard de chacun, l'tendue des dangers dont elle devient la source il faut tenir compte de bien des circonstances particulires qu'un directeur des consciences peut seul apprcier d'une manire comptente, savoir, l'tat des murs dans telle localit, l'ge, le sexe, le temprament, la puissance ou la frivolit du caractre, etc., etc. Nous ne craignons pas de le dire, parce que nous le savons de source certaine le comte de Bussy-Rabutin n'est pas le seul homme du monde qui, parvenu cet ge o les illusions du monde se dissipent et laissent mieux voir la ralit des choses, ail hautement dpos contre la danse et ses effets. Aux personnes qui demanderaient encore avec sincrit si dans cet exercice est ncessairement renferm comme dans son germe, l'indiffrence religieuse, le mpris de la loi, le relchement des moins, que l'on rappelle la rponse de Bourdaloue cette dame qui s'informait de lui si la frquentation des spectacles pouvait jeter quelque dsordre dans l'me Madame, c'est vous de me l'apprendre. La mode, la coutume, l'entranement universel, voil le plus fort argument qui se puisse allguer, il dfaut de bonne et grave raison, en laveur de la danse. C'est saint Jean Chrysoslome, c'est le plus sublime peut-tre des Pres de l'Eglise, celui qui mrita d'tre surnomm bouche d'or, qui s'est charg de le rfuter. .le sais, disait-il homil. 22), je sais quYn reprenant les danses et en voulant les abo lir, je paratrai ridicule plusieurs, et qu'on m'accusera < de manquer d'esprit et de sens, cependant je ne puis garder le silence sur cela. Peut-tre que, si tous ne re oiveni pas bien ce que je suis oblig de dire au moins (|uel(|ues-uris en profiteront, et aimeront mieux tre raills avec nous que de se moquer et de rire de nous, mais d'un rire digne de firmes et des plus grands suppli ces. Je souffrirai donc, de devenir l'objel des railleries le plusieurs, pourvu que mou discours puisse porter quel que fruit. Saint Augustin a dil quelque chose do plus

Nous avons
la

vrage

abandonnaient aux esclaves ils ne trouvaient occuper leurs loisirs que dans les exercices qui dpendaient de la gymnastique et dans ceux qui leur offraient des rapports ou des analogies avec la guerre. 11 faut donc. ajoute le mme auteur, regarder cette natioi comme' une socit d'athltes et de combattants. Or ces exercices, si propres faire des gens durs et sauvages, avaient besoin d'tre temprs par d'autres qui pussent adoucir les murs, tels que la musique. Montesquieu remarque que s'il y avait parmi nous une socit d'hommes passionns pour la chasse au point de s'y adonner sans relche ils ne manqueraient pas de contracter une certaine rudesse, que la musique, s'ils en prenaient le got, suffirait pour convertir aux formes de l'urbanit (3). Mais l'hypothse de l'auteur de VJs, ,

(1) Des voix rigoristes, pour ne rien dire de plus, se sont leves contre l'emploi de la musique dans es glises, comme avant quelque chose de trop mondain. Nous leur rpondrons par les lignes suivantes d'un abb de laTrappe, donl le tmoignage ne peut tre suspect (celle de Saint-Roch, il Paris), Dans cette glise la plus belle harmonie prside au chant des cantiques sacrs, et les voix les plus douces, les instruments les plus varis s'Unissent aux sons graves et prolongs de l'orgue qui fait vibrer les votes du temple. On croirait entendre la musique des anges; pige innocent que le zle du pasteur tend la curiosit d'un grand nombre de personnes. Tel qui n'tait venu que pour entendre la musique, vojarit ensuite monter en chaire un prdicateur clbre* setrouvo connue forc de prter-aussi l'on ille sa voix; il l'coute, il le gote, et la soif de la justice succde insensible:

it

celle des plaisirs. (Voyage tic la Trappe Rome, par le baron Gramb, lettre IV, p. 39.) (2) Platon soutient, parexem; le, qu'on nepenl faire de changement dans la musique qui n'en soit un dans la constitution de l'tat, et Aristote qui, suivant Montesquieu, semble n';noir fait sa Politique que pour opposer ses sentiments il ceux de Platon, est, pourtant d'accord avec lui touchant la puissance de cet art sur les murs. Thpplnaste, Plutarque, Strabon, tous les anciens ont pens

ment

ft

formel encore. Ecoulons-le Il vaudrait mieux labourer la ferre dans les saims jours que se livrer la danse. Mekus loin die foderenl qua n lola diesaltarenl.n Et pourtant le travail dans les saints jours est maudit do Dieu
.

de mme. (3) Voyez l' Esprit (les lois, liv. IV, eh. VIII M. appert, dans son ouvrage intitul Bagnes, prisons el criminels, reconnat aussi l'influence de la musique. Voici comment il eu parler Je crois que l.i musique, introduite dans les prisons comme moyen d'adoucir les murs, produirait d'excellents rsultats: madame de Stal a dit que rien n'tait plus propre a lever l'me. L'harmonie renferme en elle quelque chose de suave et de mystrieux qui dispose
:

4267

DEMONSTRATION EVANGLIQUE. PERENNES


du gouvernement qui a supprime les loteries maisons de jeux, c'est l'abolition des maisons de dbauche et la suppression ou du moins la rduction des cabarets. Celte mesure, les progrs de notre civilisation la rclament imprieusement. Ne sachant o il irait le lundi perdre sa raison, sa sant, son argent, l'ouvrier se reposerait encore plus volontiers le dimanche, et cette disposition de son esprit laisserait la femme une plus grande facilit pour le rappeler au culte. Ce serait un touchant spectacle que celui d'une
et les
,

prit des lois n'est-elle pas en quelque sorle ralise chez ces hommes qui se livrent

des
leur

l'effet serait,

travaux matriels et pnibles dont la longue, d'mousser dans


,

me

les affections

tendres et les senti-

ments dlicats ? Si le travail continu des mains endurcit un homme, cela n'est pas moins vrai dans le sens moral que dans le sens physique. La musique rveille agrablement l'esprit de l'espce de torpeur o il
a t plong, et jamais aussi des concerts mnags pour procurer au peuple un dlassement, qui esl pour lui une vritable fle,

constitution sociale,

o des femmes feraient

ne

le

laisseront froid et indiffrent.

surplus, nous n'avons pas la prtende dterminer les divertissements convenables, et qui peuvent varier selon les circonstances. Nous en avons nomm quelques-uns, afin de faire voir qu' trs-peu de frais on tablirait facilement partout des lieux de runion qui, en dtournant des
tion

Au

tourner au profit de la vertu l'empire que des femmes faisaient valoir dans l'intrt du
vice.

uvres

serviles, le

dimanche,

fortifieraient

et multiplieraient les relations des familles


et des peuples, et les rattacheraient aux chefs de l'Etat. Nous avons la conviction que ces assembles serviraient aussi la morale. L'ouvrier abandonne la lche illicite qu'il s'est impose, du moins aux heures de ces runions. Une partie du jour tant accorde au repos, il ne serait pas loign de lui

l'autre. Ayant conduit ou devant conduire sa femme ces assembles, il la suit plus volontiers aux solennits de l'Eglise, avec sa famille, et s'accoutume remplir ses devoirs religieux. Le temps s'coule de celte manire, et la rforme s 'tant accomplie sans qu'il s'en soit presque aperu il se surprend trouver encore sa soire heureuse, et il s'attache par un sentiment plus vif et plus profond sa femme qui, d'ordinaire plus pieuse que lui, le convie de nouvelles jouissances, sa jeune famille qu'il aime voir foltrer autour de lui, ses habitudes de repos rgl qui lui rendront
,
,

donner

plus doux la vie et le travail. Plusieurs villes ont fond des coles gratuites o les ouvriers vont, le dimanche, principalement dans les longues soires de l'hiver, s'initier aux lments des sciences dont ils ont raliser les applications dans l'exercice de leurs mtiers. En quelques lieux on ne nglige point de leur parler de la morale: on ne peut qu'applaudir fortement celte gnreuse innovation. Une mesure qui hterait et faciliterait la rforme que nous sollicitons, partout o elle est ncessaire, une mesure de la plus qu'appellent tous les haute importance gens de bien, et qu'on est en droit d'attendre
,

l'osprilla mansutude, et je suis convaincu qu'un homme vraiment musicien aurait, gnralement parlant, moins (Je

chances de mal tourner ou de commettre une mauvaise action. Dans tous les cas, en supprimant mme la question de morale qu'on pourrait soulever il celle occasion, et qui, je crois, viendrait l'appui de notre opinion, la question d'humanit n'en demeure pas moins entire et positive. Il esl du devoir de l'homme compatissant de soulager les infortunes de ses semblables, soit en amliorant leur sort, soit en tchant de leur en faire oublier l'amertume; etla musique serait, sans contredit, une source de bien-tre et de consolation

Quels rsultats n'amnerait pas pour l'avenir ce changement de sentiment moral dans les pres, de conduite dans l'intrieur des maisons Nous avons insist sur le bien immense que le gouvernement pourrait oprer , sans mesures co'rcitives que ne comporterait pas l'tat de nos murs, en rgularisant le repos et les plaisirs du septime jour. Mais qu'il s'en occupe ou non, ce bien peut encore s'obtenir par le seul concours des particuliers. Que les hommes de toutes les professions qui se distinguent de leurs confrres par une raison plus claire et une sagesse plus mre et qui sont par consquent mme de mieux juger de la vrit des avantages physiques et moraux qui dcoulent de l'observation du dimanche, que ces hommes, disons-nous, en donnent l'exemple. Qu'ils exhortent les autres faire que le dimanche redevienne un jour de fte qu'ils les engagent changer ce jour-l l'air renferm et corrompu qu'ils respirent incessamment pour l'atmosphre saine et spacieuse des promenades ; les familles se verront, se rencontreront ncessairement, et l'on reconnatra bientt combien d'heureuses rformes devaient tre la consquence de celle-l. Un bonheur rel et durable sera pour ceux qui auront le courage de s'y rsoudre, le prix du sacrifice de leurs habitudes honteuses ils trouveront du moins infailliblement celte satisfaclion de l'me, celte paix de la conscience iuto.npatible avec les dsordres d'une vie sans principes et sans rgle ; et cette paix, ils la rpandront autour d'eux. Ainsi les fles, pour nous servir de l'expression d'un crivain moderne, seront dans la navigation de la vie, ce que sont les les au milieu de la mer, des lieux de rafrachissement et de repos (1). Les dlassements que nous avons indiqus sont de ceux qui unissent surtout les familles entre elles par le lien moral et religieux. Les ftes nationales, proprement dites, qui ont pour objet, soit l'anniversaire d'un grand vnement politique, soit l'inauguration d'un monument destin rappeler un fait glorieux, ou rig la mmoire des grands citoyens, sont encore des moyens d'at!
,

(1)

Bernardin de Saint-Pierre, Suite des vux d'un

so-

litaire.

4-2G9

TABLE DES MATIERES.


temps jusqu'aux

1270

feindre lemmc but. Elles offrent des occasions de frapper vivement l'esprit du peuple imel de lui communiquer de salutaires pressions. Lorsqu'aux portes de la capitale, une foule innombrable assistait l'inauguration de l'arc de triomphe de l'Etoile, qui ne se lt mu de cette fiert qui semblait tre devenue un sentiment unanime, et qui faisait regarder avec orgueil la gloire des soldats inscrits sur la pierre, ainsi qu'un hritage commun que tous devaient soutenir dignement lorsque le signal des combats viendrait tonner! Plus d'un penseur dut s'crier alors

avec

le

pote Oh non elles ne


:
!

sont pas vaines

Les nobles

fles

de l'honneur

(l)

provinces, ces anniversaires et ces ftes, que l'on renvoie gnralement au dimanche, fournissent les mmes occasions de rveiller les ides grandes el gnreuses. Malheureusement les orages qui branlrent notre difice social ont laiss dans les curs des levains de discorde, en scindant les opi-

Dans

les

nions et les intrts. Esprons que la religion et l'ducation morale effaceront avec le
{1} Evariste

Boulay-PalY,

pome couronn par

l'Aca-

derniers vestiges de nos troubles civils el de nos haines politiques. Alors l'tendard de la concorde couvrira de son ombre tous les partis qui s'taient heurts et dchirs sans relche, et le. mlange des hommes le jour du dimanche doit hter celte heureuse poque. Une nation forte et compacte dans son unit oblige les Etats voisins de la respecter. Par consquent les guerres deviennent moins frquentes, et, comme auparavant les familles, dsormais les nations pactisent entre elles, et tendent elles-mmes l'unit, que nous ne comprenons pas tant dans la fusion de tous les peuples conduils par un seul pouvoir temporel, fusion cer'.aiment impossible dans les conditions prsentes que dans leur accord pour marcher l'accomplissement de leurs destines. Tant il est vrai que Dieu se sert des causes les plus vulgaires pour obtenir les plus merveilleux effets; qu'ainsi en obligeant les hommes l'observation du dimanche, il renfermait dans ce simple prcepte le bien-tre physique et moral des individus, l'harmonie s'il tait observ; des familles et des Etals les maladies, les crimes el les calamits de toute espce, s'il tait mconnu
, 1

dmie

franaise.

TABLE
DES MATIRES CONTENUES DANS CE VOLUME.
-3 8<2j-=3 CS*-

5e* ~-

MOORE. VOYAGES D'UN IRLANDAIS A LA RE9 CHERCHE D'UNE RELIGION. CHAPITRE PREMIER. Monologue au second tage.
Accident Motifs |iour embrasser le protestantisme. Borde d'Catchisme antipapiste. providentiel. Ibid. Rsolution dfinitive. pithtes. Sir Godefroy Kneller ot saint Pierre. CHAI'. II. Diverses espces de protestantisme. Rsolution de choiAdieux aux abominations papistes. 1:2 sir le meilleur. Je commence par le. premier sicle. CHAP. III. Saint Ignace. Prsence Le pape saint Clment. Tradition. ReliHrsie des doctes. relle.

Pnitence canonique. Confession. Origne. Saint Ambroise. Apostrophe l'ombre du Pre O'H "". 59 Tmoignages protestants en faveur des doctrines ca-

tholiques.

<iO

Primaut du pape.
Pnitence, confession, etc.
Tradition.

Jbid.

41

43

ques des

CHAP. IV. Vision d'Hermas.Jene hebdomadaire. - Bonnes uvres. Le recteur de Ballymudragget. Le recteur n'est pas partisan du jene. Comparaison entre ce recteur et Hermas. Saint Justin martyr. CHAP. V. Second Transsubstantiation. Saint Irne. Suprmatie du
1

saints.

Prires pour les morts et purgatoire. 43 Invocation des saints. 44 Sacrifice eucharistique. 46 CHAP. X. L'eucharistie. Une lueur de protestantisme. Type, figure, signe, etc. Cette lueur disparat de nouveau. Saint Cyrille de Jrusalem, saint

Cyi rien, saint Jrme, saint Chrysostome.Tertullien.SO

sicle.

pape.

Sacrifice
de
la

vieillard

VI. Terlullien.

CHAP.

morts.

signe de la croix. Vnration des images. Prire pour les Dtermination de trouver le protestantisme

de mer.

la

messe.

Tradition
le

orale.

Le

20
faire

Usage de

quelque
essaie
firien.

Grande disette de protestantisme. On quatrime sicles. Saint CyPierre Primante de du pape. Saint Jrme. Liste des abominations papistes. 28
CHAP. VIL
les troisime
et.

part.

25

Orignc.

saint

et

Autorit de l'Eglise, tradition. 29 Primaut des successeurs de saint Pierre. 51 Satisfaction envers Dieu, par les uvres de pnitence.
Ibid.

Discipline du secrei. On cache la-doctrine de la prsence relle. Saint Paul, saint Clment d'Alexandrie. Constitutions apostoliques. Quand la discipline dn secret a-l-elle l le plus observe ? 51 CHAP. XII. Dogme, de la Trinit. Saint Justin, sainl trne. Htrodoxie apparente des Pres du troisime sicle. Elle s'explique par la discipline du secret. Terlullien, Origne,' Lactauce, etc. 57 CHAP. XIII. Dogme de l'incarnation. Importance que Jsus-Christ lui-mme y a attache. Saint Jean. Saini Ignace. Rapports entre l'incarnation el la prsence relle. Cetie dernire doctrine cache par les Pres. Preuves de ce lait. (12 CHAP. XIV. On cache la doctrine de l'eucharistie. Preuves. Calomnies contre les chrtiens.- Ide que les protestants ont de ce sacrement et qui n'est pas celle qu'en avaient les premiers chrtiens. 69 Liaison entre l'eucharistie et le mystre de l'incarna-

CHAP.

XI.

tion,

Prires pour les morts. 52 Invocation des saints el del bienheureuse vierge Marie. 53 Reliques et images. 51 CHAP. VIII. Invocation de la Vierge. Evangile de l'enfance, etc. Saint Bonaventure. Louis XI. Saint Ambroise, saint Basile el le docteur Doyle. 55 CHAP. IX. Prires pour les morts. Purgatoire.

un soin plus particulier - Sa rserve. Cy| rien.

cache le dogme de l'eucharistie avec dans le troisime sicle. Saint C'esi le sainl favori des protestants. Preuves allgues contre la transsubstantiation. Thodoret. Glase. La doctrine catholique de l'eucharistie crue par Erasme, Pascal, sir Thomas Moore, Fiilim, Leibnitz, etc. 73

CHAP. XV.

On

ibid.

CHAP. XVI. Relchement dans

la discipline

du secret

1-271

TAREE DES MATIERES-

127i

sur le dogme de la Trinit. La d nctrine do la prsence L'eucharistie des hrr tlle continue d'tre cache. tiques. LesHydroparastates, etc. Les Artotyrili s. Saint Augustin svre observateur du secret. Latranssubstantiation et la Trinit suivent la mme destine. 79

franais. Les Pres sont mpriss par les calvinistes anglais. Politique d> s thologiens de l'Eglise anglicane. L'vque Jewel.

CHAP. XXXV.

Calvinistes

CHAP. XVII. Pres du quatrime sicle. Preuves Anciennes liturgies. 84 de leur doctrine sur l'eucharistie. CHAP. XVIII. Visite a la chapelle de la rueT...d. Antiquit des crmonies de la messe. Cierges, encens, eau bnite, etc. Usage de se frapper la poitrine. Saint Augustin se frappe la poitrine. Imitation du paganisme dans la primitive Eglise. 92 CHAP. XIX. Rflexions; Unit de l'Eglise catholique. Histoire de la chaire de saint Pierre. Moyens Saint Irue. de conserver l'unit. Saint Hilaire. Indfttibilit de la seule Eglise. 97 Scne, poque d'une Eglise caCHAI'. XX. Rve. tholique, le troisime sicle. Ange d'Hermas. Grand' Messe La scne se iransporte Ballymudragget. Sermon du recteur. Chorus d'amen. 100 CHAP. XXI. Les recherches la suite du protestantisme sont suspendues. Lsespoirde le trouverchez les Rsolution d'essayer des hrtiques. orthodoxes. Mer Morte de la science. Balance de plaisir et d'agrment entre les Pres et les hrtiques. 103 CHAP. XXII. Les Capharna tes, premiers protestants. Discours de notre Sauveur Capharnaum. Sa vraie signification. Il tablit la doctrine catholique de l'eucha-

ig| CHAP. XXXVI. Le prtendu respect des thologien? anglais pour les Pres est dmasqu. Attaques du docteur Whitby contre les Pres il est suivi par Middlctnr. Middleiou veut prouver que les premiers chrtiens taient papistes. Rflexions. D| arepour Hami.omg.

Le docteur Walorlaiid.

108 Les doctes, les premiers hrtiques. XXI11. Ngation de la prsence relle. Simon le Magicien et Simon protestant. sa matresse. Joie de cette dcouristie.

Les bioniles. Les elesales. 13 Connaissance que gnostiques avaient l'Ecriture. Leurs thories. Expos du systme d des Valeuiiniens. Cleste famille. Sopfiia. Sa Naissance du Demiourgue. Bardesanes. 117 CHAP. XXV. Les gnostiques croient en deux dieux. Le Crateur cl l're inconnu. leurs accusations Marcion. Ses antuliJhovah des contre Apelles. Foi deux Sauveurs. Haine du code des lu Ophites. Mariage de Jsus avec Sophie Achamo 121 CHAP. XXVI. Catalogue d'hrsies. Les marcosiens, les melchisdchiens, etc., etc. montauistes Pourquoi eu mention. Saint Clment d'Alexandrie Terlullieu inontanisle. gnosiicisme. penchak vers Saint Augustin manichen. 126 CHAP. XXVII. Dcouverte enfin du protestantisme Magicien, auteur du chez gnostiques. Simon calvinisme. Doctrines calvinistes professes par les 150 valeutiniens, basilidiens, les manichens, CHAP. XXVIII. Autre recherche du protestantisme
verte.
1

CHAP.

CHAP. XXIV.

les

fille.

le

le

Juil's.

si

s.

ils.

th.

les

CHAP. XXXVII. Hambourg. Hagedorn. Klopstocket Meta, sa femme. - Miss Anna-Maria Schurnian, et son amant Labadie. Notice sur ces deux personnages pour la socit des Traits. Envoy par l'entremise de miss *". 173 CHAP. XXXVIU. Doctrine blasphmatoire de Labadie.... enseigne aussi par Luther, Bze, etc. Rflexions. Choix d'une universit. Loltingen. Je suis prsent au professeur Scratchenbach. 'Qui commence un cours de leons sur le protestantisme. ]~tj CHAP. XXXIX. Premire leon du professeur Scratchenbach. paens. Philosophes Nationalisme parmi les hrtiques. Marcion, Arius, Nestorius, etc., tous rationalistes. Ages des tnbres ou d'ignorance. Renaissance de la science. Luther. 182 CHAP. XL. Rflexions sur la leon du professeur. Il commence une seconde leon. Luther. Son aptitude l'office de rformateur. iyg CHAP. XLI. Suite de la leon. Doctrine de Luther. Consubstanliation. Justification par la foi seule. Asservissement de la volont. Ubiquit du corps de Jsus- Christ. 1112 CHAP. XL1I. Suite de la leon. Doctrines de ^ Calvin et de Zwtngle compares avec celles de Luther. Intolrance de Luther. Jusqu' quel point il mrite le nom de rationaliste. Esquisse sommaire de son caractre comme rformateur. J<)9 CHAP. XLHI. Suite de la leon. Le rformateur Zwingle. Suprieur tous les autres. Sa doctrine sur la cne du Seigneur et le baptme. Il est le pre du rationalisme, et a t, suivi par Socin. Analogie entre la transsubstantiation et la Trinit. 203 CHAP. XLIV. Suite de la leon. Doctrines antitrinitaires parmi les rformateurs.Valeniinus, Gentilis. Sociniaiiisme. Ses cts faibles. Progrs do

taire

l'antitriuitairianisme.

Le

Saint-Esprit n'est

point

une

le

les

le

les

etc.

parmi les orthodoxes aussi peu couronne de succs que la premire. Les Pres sont juste l'inverse des calvi154 Le proChap. XXIX. Retour aux hrtiques. Novatiens. testantisme se montre en abondance. Donatistes, etc. Arius premier presAguotes. contre les catholiAccusations d'idoltrie bytrien. ques. Intentes par les paens, comme aujourd'hui par

Les protestants mme le reconnaissent.

nistes.

Preuves.

Saint Ignace,

saint Justiu

etc.

Recteur de Ballymudragget. Nou Scne tendre dans bosquet. Moment d'embarras. Arrive du d'mancipation pour les catholiques. Correspondance avec mis 146 CHAP. XXXII. Connaissance qu'avait miss *" des Pres de l'Eglise. Traduction de quelques passages de saint Basile, de saint Chrysoslme, de suint Grgoire et de saint Jrme destins a figurer sur son album. 149 Posies tendres de Basile. CHAI'. XXXIII. Difficult de ma position prsente. Protestants de lord Farnham. Chrliensde Ballinasloe. Pieuse lettre de miss Elle m'engagea aller en Allemagne. Rsolution de suivre son
CHAP. XXXI.
velle forme de chapeau.
le

157 Secret enfin CHAP. Courte rcapitulation. Promenades sur ie bord dcouvert. Affaire d'amour. Cupidon et de la rivire. Connatre le Seigneur. 142 Calvin.
les protestants.

XXX.

Bill

***.

saint

personne, mais un simple attribut. 210 CHAP. XLV. Suite de la leon. Effetsdu mode rationaliste d'interprtation en Allemagne. Contraste entre l'tat pass et l'tat rsout du protestantisme. L'inspiration des Ecritures rejete. Authenticit des livres de l'Ancien et du Nouveau Testament mise eu question, etc., etc., etc. 217 CHAP. XLM. Rflexions. Lettre de miss "*. Mariage des rformateurs. OEcolampade. Bueer. Calvin et son Ideletla. Luther et sa Catherine de Bore. Leursonper de noces. Hypocrisie des rformateurs. Dfi a l'Ours-Noir. 2-21 La guerre du sacrement. CHAP. XLVII. Blasphmes des rationalistes. Source de l'incrdulit en Allemagne. Absurilit de quelques-unes des doctrines luthriennes. Impit de celles d Calvin. Mpris pour l'autorit des Pres. Le docteur Dammau. Dclin du calvinisme. 23o' CHAP. XLVTII. Naissance des opinions incrdules eu Europe aussitt aprs le synode de Dordrechl. Lord Herbert, Hobbes, Spinosa. Commencement du rationalisme parmi les calvinistes; Bekir, Peyrre Meyer. L'Eglise luthrienne se prserve beaucoup plus longtemps de l'incrdulit que la calviniste. 243 CHAP. XLIX. Retour en Angleterre. Recherches sur l'histoire du protestantisme anglais. Les rapports intimes qu'elle a avec celle du protestantisme d'Allemagne. Opinitret et hypocrisie des premiers rformateurs dans les deux pays. Variations de symboles. Perscutions et bchers. Rtractations et rechutes de Cranmer, Latimer, etc., etc. La rformalion a dmoralis le peuple. Preuves tires des crivains allemands

et anglais.

***.

avis.

loo
apostolique de la doctrine protestants eux-mmes. Preuves tires des crits des rformateurs Luther, Mlainliion, etc., etc., et des protestants plus modernes. Casaubon , Scaliger, etc.. etc. , et enfin de Socin et de Cibbou. 159

CHAP. XXXIV. Antiquit


par
les

catholique avoue

celui d'Angleterre. Ecrivain;; Thologiens anglais sce| tiques. South. Sherlock Burnet. Ouvrage extraordinaire de ce der Dernier. Sociniaiiisme de Hoadly, Balguy, Hey, nire partie du parallle. Tmoignages attestant 264 le progrs de en Angleterre. chapelle CHAI'. LI. Retour en Irlande. Visite dfaut de garantie de Towuseiid slreet. Incertitude Preuves. des Ecritures comme seule rgle de

CHAP.

L.

Continuation du
et
'

24P
parallle entre le proies

tantisme d'Allemagne
incrdules.
et

etc.

et fin

l'irrligion

la

et

foi.

1273

TABLE DES MATIERES.

1-274
les

La foi "ou la raison. Autorit de l'Eglise. Rsolution dfinitive. ou diste.

Catholique
276
289
Ibid.

DES HOMMES ADRESSE A UN JEUNE HOMME. Importance etprix du devoir. CHAPITRE I er CHAP. IL Amour de la vrit.
.

S1LVIO PELLICO.

DISCOURS SUR
citations.

LES DEVOIRS
291

CHAP. CHAP. CHAP.

III.

IV. V.

Religion. Quelques Rsolution

Hbreux, et des gurisons miraculeuses racontes par les saintes Ecritures. 479 La rvlation rpandue parmi les gentils avant la venue de Notre-Seigneur Jsus-Curist. 489 Du systme catholique d'interprtation des saintes Ecritures. 515
la

De

mdecine chez

292 29o

Notice sur les protestants convertis a la religion catholique de 1794 1837. 523

prendre sur

la

religion.

France.
Suisse.

CHAP. VL Estime de l'homme. CHAP. VIL 300 CHAP. VIII. Amour de la pairie. 302 Le vrai patriote. CHAP. IX. 303 Amour filial. CHAP. X. aux vieillards, aux anctres. 305 Respect CHAP. XL 307 Amour fraternel. CHAP. XII. 308 Amiti. CHAP. XIII. 310 Les tudes. CHAP. XIV. 312 Choix d'un tat. CHAP. XV. CHAP. XVI. Mettre unfreiD aux inquitudes d'esprit.

Philanthropie ou charit.

297 278

Allemagne et Pays-Ras.
Angleterre, Irlande el Ecosse. Elals-Unis d'Amrique. MANZONI. DE LA MORALE CATHOLIQUE.

CHAP. CHAP. CHAP. CHAP. CHAP. CHAP.

Repentir et retour au bien. Le Honneur femme. XX. Dignit de l'amour. XXI. Amours blmables.
XVII. XVIII. XIX.
clibat.
la

313 314 316 ol7 319 320

Sur les influences diverses de religion catholique selon les temps et les lieux. 562 Philosophie morale el Thologie. 565 CHAP. CHAP. IV. Sur dcrets de l'Eglise. Sur les dcisions des Pres et des casuisles. 580 CHAP. V. Sur correspondance de morale catholique avec sentiments naturels et droits. 582 CHAP. VI. Sur distinction des pchs mortels et
CHAP.
II.

CHAPITRE PREMIER. Sur


III.

l'unit

de

la foi.

524 530 533 543 547 551 557

la

les

la

la

les

la

des pchs vniels.

CHAP. VII. Des haines religieuses.

584 587

XXII. Respect aux jeunes

filles

et aux

femmes

des autres. CHAP. XXIII.

Le mariage.
paternel,

CHAP. XXIV. Amour


de
la

amour de

321 323 enfance et

CHAP. VIII. Sur la doctrine de la pnitence. 601 CHAP. IX. Sur le retard de la conversion. 610 CHAP. X. Des moyens de subsistance du clerg considrs comme une cause d'immoralit. 624 CHAP. XL Des indulgences. 629 CHAP. XII. Des choses qui dcident du salut et de

jeunesse.

Des richesses. CHAP. XXV. CHAP. XXVI. Respect l'infortune.

325 326
Bienfaisance.

ladamnalion.

CHAP. CHAP. CHAP. CHAP. CHAP. CHAP.


SUR
I.A

XXVII. XXVIII.

331 Estime du savoir. 352 Aninil. Reconnaissance. 333 XXIX. Humilit. Mansutude. Pardon. 534 XXX. 336 XXXI. Courage. XXXII. Hauie ide de la^vie et force d'ame

328

CHAP. XIII. CHAP. XIV. CHAP. XV. CHAP. XVI.


la

Sur De Sur Sur


la

prceptes de l'Egl se. la mdisance. les mol ifs de l'aumne.


les

la

sobrit el les abstinences.


la

continence et

pour mourir.

LINGARD.
L'EGLISE

VUE DE ROME, DU DOCTEUR MARS.

Essai COMPARATIVE DE L'EGLISE ANGLICANE ET DE

DEFENSE

337

DE LA TRADITION.
la

modestie et l'humilit. le secrel de la morale. Sur les fidles scrupuleux et les directeurs des consciences. 668 CHAP. XIX. Sur les objections faites la morale catholique, dduites du caractre des Italiens. b72 Vie de Paley. 675

CHAP. XVII. CHAP. XVIII.

Sur Sur

virginit.

632 635 642 649 Sur 655 660

TABLEAU DES PREUVES EVIDENTES DU CHRISI. De l'vidence historique et directe du christianisme, distingue de celle qu'on allgue en faveur d'autres miracles. Part. II. Des preuves auxiliaires en faveur du christianisme. Part. III. Examen abrg de quelques objections reballues Ibid. Rflexions prliminaires. Sur la possibilit des miracles en gnral. 677 De l'vidence historique et directe Premire partie. DU CHRISTIANISME, ET DE LA DIFFRENCE d'aVEC CELLE QU'ON ALLGUE EN FAVEUR D AUTRES MIRACLES. 681 Propositions a tablir. Ibid. Propos. I. Il est suffisamment vident que plusieurs hommes, d. -tarant tre les premiers tmoins des miracles du christianisme, ont pass leur vie dans les travaux, les dangers et les souffrances, auxquels ils se sont soumis volontairement, par le seul effet de leur croyance a ces miracles et pour les attester el que par le mme motif ds oui suivi de nouvelles rgles de conduite. Ibid. Propos. II. Il n'est point suffisamment vident que des personnes, se disant tre les premiers tmoins d'autres fuis d'une nature aussi miraculeuse que ceux-ci , aient agi de la mme manire pour les attester, el par le seul t-llet de leui croyance ces miracles. 682 PROP. I. CHAPITRE PREMIER. Preuves des souffrances des premiers prdicateurs du christianisme, puise dans la nature de la chose. Ibid. CHAP. II. Preuve des souffrances des premiers prdicateurs du chrisiianisme, puise dans le tmoignage des auteurs profanes. 091 CHAP. III. Preuve indirecte des souffrances des premiers prdicateurs du chrisiianisme, puise dans l'Ecriture el dans d'autres ouvrages des chrtiens. 695 CHAP. IV. Preuve indirecte puise dans les mmes sources. 698 CHAP. V. Observation sur ta preuve prcdente. 707 CHAP. VI. L 'histoire pour laquelle nul souffert les premiers prdicateurs de la religion tail miraculeuse. 711 CHAP. VIL Celte histoire tait bien essentiellement celle que nous avons aujourd'hui. 713 CHAP. VIII. Preuves lires.de l'autorit des livres historiques de l'Ecriture. 724 CHAP. IX. De l'authenticit des livres historiques de

vue comparative des deux Eglises d'Angleterre et de Rome. Opinion du docteur Marsh sur l'Ecriture et la tradition. On examine

CHAPITRE PREMIER.

Objet de

53g

TIANISME, EN TROIS PARTIES. Part.

accusations contre Bossuet. son Son explication du verset 15 du chapitre II de ladeuxime Epllre aux Thessalouiciens. Rfutation de son opinion sur l'instabilit del tradition, et sur la difficult de la reconIbid. natre quand on la trouve. de preuves qui cngagent. Il n'y a point CHAP. soit donne pour seule et unicroire que la parole crite que rgle de la foi chrtienne, l'exclusion de la paLes Ecritures ne se donnent nulle part role non crite. comme telles. La mission confie aux aptres n'tait pas d'crire, mais de prcher. La manire dont le Nouveau Testament est compos d'crits de circonstance, et sans liaison les uns avec les autres, montre qu'il n'tait point destin par les ai tces, ni par l'Esprit de Dieu, a

raisonnement. Ses

IL

tre
la

Les Ecritures ne contiennent point toute L'observation du dimanche. La validit du baptme des entants. Le canon des Ecritures. On n'en peut prouver l'inspiration dans l'hypo505 thse du docteur Marsh. Conclusion.
CHAP.
III.

la

seule rgle de

foi.

352

parole non crite.

Examen de certaines opinions avances par le tresrevereni) docteur burgess, eveque de saint-david, DANS UNE PURL1CAT10N INTITULEE ; Le Christ et nui, saint 377 Pierre est la pierre sur laquelle. l'Eglise est btie. Examen D'UNE brochure INTITULEE Rponse d'un pro:

testant.

Remarques, etc. 383 Remarques sur le mandement de l'vque de Durham. -Rfutation des assertions de l'vque de Durham sur les
sujel

Mme

que

les

cause qui ont amen la rvolution franaise, et sur la doctrine de l'Eglise catholique, par rapport au culte et a l'invocation des saints, la prsence relle de Jsus-Christ dans l'eucharistie, la pnitence et aux indulgences. 397 Remarques sur la doctrine de l'vque de Durham, 423 touchant l'eucharistie. Observations sur quelques manires nouvelles et a la

439 mode d'interprter l'Apocalypse. RRUNATI. DE L'ACCORD DES ANCIENS LIVRES DE


L'INDE AVEC ILS ONZE PREMIERS CHAPITRES DE LA GENESE. Critique des anciennes lgislations paennes el dfense 157 de la lgislati m mosaque

l'Ecriture,

eu onze sections.

755

, ,

lll

TABLE DES MATIERES.


LEMIQUE de
Mgr.
le

1476
cardinal Louis Lamhrusthini

Section premire. Citations des livres historiques de l'Ecriture par d'anciens crivains chrtiens. 739 Sect. il. Du respect particulier qui accompagne ces
Stations.

l'immacule conception de Marie.

VIE DU PERE DORLEANS.

Sect

III.

754 Les Ecritures ont t rassembles en un vo-

lume

distinct ds les premiers temps. 757 Sect. IV. Elles ont t distingues par des noms approdes titres de respect. pris et 760 Sect. V. Elles ont t lues et expliques publiquement dans les assembles des premiers chrtiens. 7G1 Sect. VI. On a crit anciennement sur ces Ecritures

METHODE COURTE ET FACILE POUR DISCEKNER LA VERITARLE RELIGION CHRETIENNE, D'AVEC LES FAUSSES. i C 69
*

sur 1049 1007

PREMIERE VERITE CONTRE LES ATHEES

DE DIEU.
Article premier. toutes choses.

L'EXISTENCE 1071
Ibid.

y a un Dieu premier principe de

des commentaires,

etc., etc.

763

Sect. VII. Elles ont t reues parles anciens chrtiens de diffrentes sectes et opinions. 766 Sect. VIII. Les quatre Evangiles, les Actes des A|Ires, treize Eplresde saint Pau!, la premire de Jean , la

Les consquences de celte vrit. 1076 SECONDE VERITE CONTRE LES DEISTES. DlF.UA PARLE ET OUTRE LA LOI NATURELLE, IL EN A REVELE UNE AUTRE, OUI EST LA CHRETIENNE. JQ78 Article premier. Le plan de la religion chrtienne est
II.

Art.

divin.

premire de Pierre, ont t reues sans aucun doute par ceux qui en avaient sur d'autres livres du prsent recueil 771
Sect. IX. Nos Evangiles actuels furent envisags par adversaires du christianisme comme contenant les faits sur lesquels la religion tait fonde. 774 Sect. X. On publia des catalogues formels des Ecritures authentiques, qui tous renferment nos prsents Evangiles.
les

10 79Art. IL La manire dont cette doctrine a l rvle est divine. jo81 Section premire. Les prophties. Ibid.
Sect.
II.

Art.

III.

Les miracles. Les effets qu'a produils

1088
la

religion chrtienne

sont divins.

]09l
:

778 Sect. XI. On ne peut appliquer les propositions prcdentes aucun des livres communment appels livres apocryphes du Nouveau Testament. 779
CIUV.P. IX. Rcapitulation. 783. De l'vidence historique et directe du christianisme , distingue de celle qu'on allgue en faveur d' autres miracles. 785 PROP. II. CHAP. PREMIER. Il n'est pas suffisamment vident que des personnes se disant tre les premiers tmoins d'autres faits d'une nature aussi miraculeuse que ceux-ci , aient agi de la mme manire pour les attester et par le seul effet de leur croyance a ces miracles. Ibid. CHAP. II. Considrations sur quelques exemples par-

Art. IV. La fausset desautres religions. 1093 TROISIEME VERITE CONTRE LES HERETIQUES LA RELIGION CATHOLIQUE, APOSTOLIQUE ET ROMAINE EST LA SEULE QUI SOIT' VERITABLE, TOUTES LES AUTRES RELIGIONS CATHOLIQUES SONT PAISSES. 1095 Article premier. Les marques de la vritable religion 1098 Art. II. Continuation du mme sujet. 1103 Art. III. La conformit de l'Eglise romaine d' prsent avecla primitive et le parallle des hrtiques d'aujourd'hui avec lesanciens. Art. IV. Quelles marques de vrit ont les autres religions,
les autres sectes chrtiennes.

ticuliers.

Seconde partie.
christianisme.

Des preuves auxiliaires en faveur 800 du


805

Art. V. Les marques de fausset qu'on dcouvre dans 1120 QUATRIEME VERITE CONTRE LES HERETIQUES, OU SUITE DES VERITES PRECEDENTES : LES REGLES DE LA VRAIE FOI. 1155 Article premier. De la parole de Dieu crite ou non
crite.
il

un ma

30

CHAP. PREMIER. Prophties. Ibid. CHAP. II. Morale de l'Evangile. 812 CHAP. III. Candeur des crivains du Nouv. Test. 853 CHAP. IV. Uniformit du caractre de Christ. 839 CHAP. V. Sur une particularit du caractre de Christ.
.

1. De la parole de Dieu crite. Ibid. Section premire. Les diffrends sur la divinit des
livres saints.

1137

(
1

8i7 . dont l'Ecriture parle occasionnellement ou auxquels elle se rapporte , avec ce que des mmoires trangers de la mme poque et qui n'ont yoint t contests, nous apprennent sur ces mmes

CHAP.

VI. Conformit des

faits

Sect. H. Diffrends sur les versions. Ibid. Sect. III. Diffrends sur le sens des textes. 1138 2. De la parole de Dieu non crite. 1141 Art. II. Du juge de la foi, outre l'Ecriture. i 143 1. Ncessit de ce juge. Ibid. 2. Quel est ce juge et quelles qualits il doit avoir.

faiis.

Ibid.

CHAP. VIL Concidences non prmdites. CHAP. VIII. Histoire del rsurrection. CHAP. IX. Section premire. Propagation du

867 869
christia-

nisme. 872 Sect. II. Rflexions sur ce qui prcde. 885 Sect. III. Succs du Mahometisme. 890 Troisime partie. Examen abrg de quelques objections rebattues. 899 CHAP. PREMIER. Diffrences qui se trouvent entre les Evangiles. Ibid. CHAP. I. 902 Opinions imputes aux aptres. CHAP. III. Connexion du christianisme avec l'histoire des Juifs. 905

1146 3. Quelle est l'Eglise laquelle Dieu seul a communiqu le don d'infaillibilit. 1147 Art. III. L'Eglise disperse est infaillible comme l'Eglise assemble. 1152 Art. IV. A quelles conditions est-ce que Jsus-Christ a promis l'infaillibilit aux premiers pasteurs. 116* Conclusion de ce trait. 1172 Vie du pre Campii.n. 1177

DIX PREUVES DE LA RELIGION CHRETIENNE PROPOSEES AUX UNIVERSITES D'ANGLETERRE. Ibid.


Premire preuve. Les adversaires de
tienne
falsifient les saintes
la

religion chr-

CHAP. IV. Que le christianisme a t rejet par plusieurs l'poque o il a paru. 907 CHAP. V. Que les premiers chrtiens n'ont pas racont ou rappel les miracles du christianisme aussi coniDltement et aussi frquemment qu'on et t en
917 connu et admis universellement ses preuves manquant de clart. 923 CHAP. VII. Effets attribus au christianisme. 929 935 CHAP. VIII. Conclusion. PEftRONE. REFLEXIONS SUR LA METHODE INdroit

de l'attendre.
VI.

CHAP.

Que

le christianisme n'est pas

TRODUITE PAR GEORGES HERMES, DANS LA THEOLOGIE CATHOLIQUE (Extraites du seizime volume,
XI.VII des Annales des sciences religieuses) et sur quelques erreurs particulires du mme. 945 Dissertation sur le litre d'Eglise catholique que s'altrispares de l'Eglise romaine, lue I lient les communions 1023 l'acadmie de la religion, a Rome, le 8 juin 1845. ABREGE EN FORME D'ANALYSE DE I.A DISSERTATION POlivre
ii

FR. PKRENNES. DE LORBLhVATION DU DIMANCHE. CONSIDEREE SOUS LES RAPPORTS DE L'HYGIENE PUBLIQUE, DE LA MORALE, DES RELATIONS DE FAMILLE ET DE CITE. 1213

1183 1186 Troisime preuve. L'Eglise visible. 1 188 Quatrime preuve. L'auloril des conciles. 1190 Cinquime preuve. Le tmoignage des Pres. 1195 Sixime preuve. L'Ecriture selon qu'elle est explique par les Pres. 1198 1199 Septime preuve. L'Histoire ancienne. Huiiime preuve. Les paradoxes des sectaires. 1200 Neuvime preuve. Les sophismes et les faux raisonnement des sectaires. 1206 Dixime preuve. Le tmoignage de toute sorte de personnes en faveur de l'Egl'se catholimie. 1207 Conclusion de l'ouvrage. 1215
Ecritures.

Deuxime preuve. Le

vrai sens

de l'Ecriture.

Avertissement.
Introduction.

Ibid.
121-7

Premire partie. Seconde partie. Troisime partie.

J221

1255 1251

FIN DU

QUATORZIME VOLUME

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La Bibliothque Universit d'Ottawa Echance

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