Relations Economiques Internationales
Relations Economiques Internationales
Relations Economiques Internationales
Smith a
démontré qu’elle consiste en une division du travail selon laquelle
La doctrine mercantiliste se fondait sur une relation biaisée du les gens échangent ce qu’ils possèdent en trop contre ce qu’ils
commerce international, en mettant en avant le principe selon lequel désirent mais ne produisent pas. Cet échange ne peut se faire que
l’un ne gagne que ce que l’autre perd. par le marché, ceci est aussi vrai pour les nations dont les «
Il en résulte d’une part qu’obligation est faite au souverain excédents » échangés peuvent être source de richesse.
d’assurer le maximum d’avantage possible et d’autre part des
entraves au développement aux transactions libres. En ce qui concerne la spécialisation, elle repose sur un principe
La doctrine libérale s’est efforcée en revanche, à démanteler la simple ; « si un pays étranger nous propose un bien à meilleur
thèse mercantiliste en prônant la théorie de la spécialisation marché que nous pouvons le produire, le mieux est de le lui acheter
internationale. Elle s’est employée, en conséquence, à résoudre trois en contre partie d’une partie du produit de notre activité
questions : développée dans les secteurs dans lesquels nous disposons d’un
• L’explication des conditions déterminant la avantage particulier/absolu.
spécialisation.
• La mise en évidence des avantages résultant pour chaque En bref ce raisonnement pratique a pour fondement théorique
Nation d’une spécialisation. que :
• Et l’élaboration d’une politique économique (c’est à dire
libre échange). • L’activité économique d’une nation est fonction de
l’importance de son capital.
Les contours d’une telle démarche seront définis • L’accroissement de ce capital est déterminé par l’épargne
progressivement par trois auteurs, Adam Smith, David Ricardo et réalisée sur le revenu national.
Jean Stewart Mill. • Il en résulte qu’il faut considérer avant tout, la balance de la
production et de la consommation, susceptible de s’accroître
par toute valorisation de la production, et par tout
abaissement de la valeur des marchandises consommées.
Section 1 : A.SMITH et le principe de l’avantage absolu
Le rejet par A Smith de la th. Mercantiliste basée sur En conséquence, si le commerce extérieur respecte la
l’intervention de l’Etat, la amené à définir la fonction du commerce spécialisation, il peut développer l’épargne, et élargir l’activité
extérieur, d’en dégager la théorie de la spécialisation, fondement du économique nationale.
libéralisme des échanges.
1
RICARDO a formulé son raisonnement à partir de certaines
Quant à la politique libérale, elle permet la réalisation de la hypothèses :
spécialisation. A titre d’exemple, le protectionnisme s’il peut
favoriser artificiellement un secteur d’activité, il peut être néfaste au • Le taux de profit constitue une fonction inverse du taux de
développement de l’activité nationale dans son ensemble (utiliser salaire, lequel est directement lié aux prix des produits de
plus de capital pour un produit donné) Sauf si cette politique vise subsistance.
d’accroître les moyens de défense. « Chaque commerçant gagne • au sein d’un même pays, la circulation du capital entre les
d’autant plus dans son commerce que si ces voisins sont riches » Il divers secteurs de l’activité é économique assure l’égalité des
en est de même des nations avançait A.SMITH taux de profit dans chaque secteur. Il en découle la
distinction entre deux catégories de produits :
Le problème qui se pose est de savoir qu’elle serait la situation
d’un pays qui ne dispose d’aucun avantage absolu. Ceux dont le prix contribue directement (matières
premières) ou indirectement (produits de subsistance
consommés par les ouvriers) à déterminer les prix des
Section 2 : La théorie des avantages autres produits.
comparatifs ou relatifs :
Et les produits qui constituent de simples utilisations
du profit ou de la rente (tels que les biens
Cette théorie a été développée par David RICARDO qui a tenté manufacturés). Leur prix n’a pas d’influence sur le
d’apporter une réponse à la question donnée, en préconisant le coût des autres biens.
principe de l’avantage comparatif (ou des coûts comparatifs). Il a
résumé ce principe ainsi : Même si un pays est en mesure de
produire tous les biens dont il a besoin, il est néanmoins dans son Dans ce contexte les prix des biens manufacturés ont
intérêt de se limiter à la production du ou des seuls biens dont les tendance à diminuer relativement, en raison du progrès technique
coûts sont relativement faibles par rapport aux coûts dans les pays par rapport aux produits primaires (miniers et agricoles). Ce qui se
étrangers. Ce pays a donc intérêt à échanger la part non traduit par une hausse des salaires, d’où la baisse du taux de profit.
consommée (ou sur plus) de ses biens contre ceux dont le coût de Mais si des progrès techniques sont réalisés dans l’agriculture, ou si
production sont les plus élevés. on découvre de nouveaux marchés, d’où on peut importer les
produits de subsistances, on pourrait endiguer cette tendance, voir
A) Le cadre de raisonnement : la renverser.
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Cette mission est confiée au commerce international qui s’est vu Les produits ne rencontrent aucun obstacle -naturel- à leur
assigner les objectifs suivants : circulation au niveau international.
• Renverser sur le plan interne la tendance de dégradation, à Les capitalistes ne sont pas favorables au transfert de leurs
la longue, des termes de l’échange entre l’agriculture et capitaux d’un pays à l’autre. Il en résulte que :
l’industrie, et permettre ainsi de ;
La valeur des biens est fixée de manières différentes à l’intérieur
• Abaisser les salaires pour relever le taux de profit et d’une nation, que dans les transactions entre les nations.
favoriser la formation du capital.
Les taux de profits égalisés à l’intérieur d’un pays différent d’un
• Abaisser la dépense de consommation des rentiers par pays à l’autre.
l’importation des biens manufacturés qu’ils étaient les seuls à
consommer- puisqu’il s’agit d’une bourgeoisie foncière- et Les produits échangés entre pays contiennent des quantités de
favoriser de la sorte la formation du capital. travail différentes. Ce qui est inimaginable à l’intérieur d’un pays.
Comme les capitaux sont peu enclins à la circulation internationale
• Mettre à la disposition des détenteurs de ses revenus une (voire impossible), ils ne se déplacent pas en fonction du taux de
large quantité de biens, même si on n’arrive pas à accroître profit. Les techniques, en, revanche, sont différentes, selon les pays
la formation du capital, ce qui constitue un progrès en soi ; et peuvent changer.
dans la mesure où la consommation de ces biens favorise la
production. 2-Le raisonnement :
Les trois dernières considérations expliquent d’elles mêmes le L’Angleterre et le Portugal peuvent produire du vin et du drap,
peu d’intérêt que porte D. RICARDO aux conséquences sociales du à condition de consacrer à la production d’une unité de chacun des
commerce international (chômage). En revanche, il s’est occupé de produits les quantités d’heures de travail suivantes :
montrer que celui-ci tend à favoriser les gains à l’échange :
Comment ? VIN DRAP
G.B. 120 H 100 H
B) Spécialisation et gain à l’échange : Portugal 80 H 90 H
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produire deux unités de chacun de ces produits (l’une à consommer Chaque pays y a trouvé son compte ; d’où la conclusion suivante : la
et l’autre à exporter) pour la double raison que : spécialisation doit s’effectuer selon le principe de l’avantage
comparatif (ou relatif).D’ailleurs, la reprise de la démonstration
Cela suppose un transfert du capital de la Grande Bretagne vers ricardienne, en introduisant les valeurs monétaires des produits en
le Portugal. remplacement de la valeur-travail, confirme les conclusions de cet
auteur, comme il sera présenté.
Et même si le Portugal arriverait à produire les deux unités de Cependant, le modèle ricardien souffre de quelques limites,
chacun des produits, cela impliquerait un transfert d’or ou d’argent selon la critique économique. Elles portent, pour l’essentiel sur les
(métal) en direction du Portugal, ce qui ne manquerait pas hypothèses retenues pour le raisonnement suivant :
d’affecter leurs cours à la baisse du fait de leur abondance, et • le modèle suppose un échange constant
provoquerait ainsi un renchérissement des prix à l’intérieur du entre 2 pays et concerne 2 biens.
Portugal (Inflation de nos jours). Le Portugal perdrait son avantage • Il suppose l’immobilité des facteurs de
absolu. D’où le recours à l’avantage comparatif. production
• Il suppose également une concurrence
Au Portugal d’après l’exemple précité, une unité de drap parfaite des facteurs de production à l’intérieur d’une même
s’échange contre 9/8 d’unité de vin. nation.
• Il évalue les coûts de production en facteur
En G.B. une unité de vin s’échange contre 12/10 d’unité de drap. travail
• Il se place dans une perspective de plein
Ainsi si le Portugal décide de produire deux unités de vin et d’en emploi des facteurs de production.
vendre à la G.B. en profitant, du surcroît, du rapport entre le vin et
• Il repose également, sur l’offre.
le drap sur le marché anglais ( soit12/10) , il vendra son unité vin à
80H*12/10 = 96H ( soit un gain de 16H). • Il néglige la prise en compte des autres coûts
de production tels que les frais de transport et autres charges.
Si la G.B. procède de la même manière en produisant deux
unités de drap pour en vendre une au Portugal au rapport Cependant, en dépit de ces remarques- dont certaines ne sont pas
préexistant sur son marché (9/8 d’unité de vin), le rapport est Justifiées- il faut reconnaître que Ricardo a atteint son objectif
bénéfique au deux pays tant qu’il se situe entre les rapports consistant en la défense du système capitaliste naissant contre les
préexistants, c à d tant qu’on peut échanger une unité de vin entre tenants de la bourgeoisie foncière. Si bien que le système
8/9 et 12/10 d’unité de drap, et une unité de drap entre 10/12 et 9/8 RICARDIEN a favorisé l’accumulation du Capital notamment par
d’unité de vin. la détérioration des prix des produits agricoles- et des matières
premières- par rapport aux prix des produits industriels, objectif
escompté, ce qui a permis la victoire du capitalisme.
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a eu certes l’avantage d’avoir introduit les valeurs monétaires dans
La théorie marxiste- fondée sur ses travaux-lui reproche le raisonnement, mais qui a osé un double risque (désaveu) :
pour sa part que l’échange commercial entre deux économies de - A l’instar de la théorie classique, il a supposé la flexibilité de
développement différent, ne peut que servir davantage les intérêts tous les prix des facteurs de productions y compris les
de celle du pays le plus développé. D’où cette théorie débouche sur salaires, dont la fixation de tout temps a connu l’intervention
l’impérialisme comme aboutissement logique du développement du des pouvoirs publics (SMIG par exemple) raison d’ailleurs
système capitaliste. pour laquelle les néolibéraux évoquent actuellement la notion
de « clause sociale » ou de « dumping social » cf. négociation
Il faudrait cependant nuancer ces critiques à l’encontre de la de l’Uruguay Round (réclamation de la France et des USA).
théorie classique, qui continue toujours Ce débat n’a pas eu de suite dans l’accord de Marrakech
d’inspirer les courants actuels du commerce international, si bien (1994)
que la reprise par SIROEN en 1991,( Cf. échange entre les USA et - L’exemple fourni, se place dans l’hypothèse des taux
le Japon) a permis la vérification de cet apport pas l’introduction de change fixes, or ces taux sont flottants depuis le début des
des valeurs monétaires des produits. années 70 !
Il en ressort que la dynamique des avantages comparatifs n’a Par ailleurs, avant de reprendre l’apport de J.S. Mill qui a
de vrai sens qu’avec l’introduction des prix monétaires : En fait, comblé le raisonnement de ses prédécesseurs, en introduisant
c’est le prix monétaire du travail en monnaie internationale (c.a.d l’élément « offre », et a permis ainsi la prise en compte de l’équilibre
compte tenu du taux de change) qui permet d’expliquer le fait de l’échange international, en limitant de surcroît la critique
d’être compétitif dans La production de certaines activités, tout en économique, il convient de prendre en considération certains
étant inefficace Ị ce sont donc les coûts de production plus faibles paramètres susceptibles d’adapter les principes de la théorie
qui compensent une productivité moindre classique au contexte actuel du commerce international. Il s’agit
Il faudrait relever également que dans leurs raisonnements pour l’essentiel des facteurs suivants :
respectifs. A.Smith se place au niveau des prix monétaires, alors que
D. Ricardo tenait un raisonnement fondé sur la valeur travail Mais - le management de la qualité dont l’application permet
dès que cette dernière se transforme en prix monétaire. La l’amélioration de la qualité des produits et services, réduits les
différence s’estompe complètement entre les deux auteurs Ị Même si coûts et limite le gâchis en ressources.
les hypothèses diffèrent quant aux perspectives de rendements - La prise en compte du facteur écologique dans les procédés de
(croissants pour A. Smith décroissants pour D. Ricardo) production, érigé en norme européennes, dans les relations de
l’U.E avec ses partenaires commerciaux. Cependant ce facteur
Cependant ce new-look de la théorie classique ne doit pas fût également exclu de l’accord de Marrakech.
masquer les limites de cette nouvelle démonstration, de SIROEN qui
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- La recherche développement (R et D) qui, à travers S’inscrivant dans la continuité de l’œuvre RICARDIENNE S. Mill
l’innovation, conditionne une bonne partie du C.I. n’acceptera le protectionnisme qu’à titre exceptionnel. Partant du
- La formation continue qui améliore constamment les fait que les nations qui ont entrepris les premières une activité
performances des Ressources Humaines, ainsi qu leur mise à donnée y acquièrent un avantage certain, une nation qui se juge en
niveau dans les Pays en développement. mesure de produire un bien, il faut qu’elle puisse le protéger pour
- L’automatisation de la production qui se traduit par compenser l’avantage tiré par les autres nations du fait de
l’augmentation de la qualité, de la productivité et la réduction l’ancienneté ; cependant cette protection doit être provisoire et
des coûts. opérée de manière décroissante. C’est le principe « learning by
- Et la libéralisation des mouvements des capitaux (des années doing ». A cette exception S. Mill va reprendre l’analyse de Ricardo.
70 aux années 90-1992 pour l’U.E) qui a compensé dans une Le contexte :
certaine mesure les courants de marchandises et redressé les A partir de 1817 une controverse s’est développée sur le
déséquilibres de balances de paiements. Si bien que l’on assiste partage du « gain à l’échange ». Pour les uns le gain doit être égal
actuellement à une quasi déconnexion entre les mouvements entre les deux nations. Pour les autres, ils font intervenir la
de marchandises, et ceux des capitaux, au point que les demande dans chaque pays et refusent le principe du partage égal
mouvements de ces derniers tendent à prendre « l’économie jugé simpliste.
mondiale en otage1 » à travers l’acquisition par des fonds S. Mill adhère à ce dernier argument ; il avance que c’est la
privés d’investissement (private équities) d’entreprises aux confrontation de la demande et du coût qui détermine la fonction
USA, en GB et en France, en vue de les structurer pour les d’offre et fixe les conditions de l’échange international.
revendre, ou d’en contrôler la gestion, et ce notamment par le Par ailleurs, tout en admettant le principe de la mobilité des
recours aux capitaux levés chez les banques, les assurances, les capitaux, à la différence de ses prédécesseurs, Mill se contente de
fonds de pensions, les avoirs des riches particuliers. Alors verser dans les mêmes hypothèses à savoir : l’élément travail (seul
l’apport des private équities (fonds propres) est très limité productif) et l’élément coût de production constants (Ricardo).
20% environ ; ce qui explique partiellement la crise financière En faisant intervenir la demande, il affirmera que « dans
actuelle. chacun des deux pays, une réduction des prix d’un montant donné
entraîne un accroissement exactement proportionnel de la
Section 3 : Stewart Mill et la théorie des consommation ».
En outre l’introduction de la demande lui permet d’aborder
valeurs internationales. des problèmes nouveaux, traités en termes d’élasticité. Si bien que
dans certaines conditions les taxes à l’importation peuvent être
supportées par l’étranger ou les taxes à l’exportation procurer au
pays des ressources importantes si l’élasticité de la demande est
faible chez le pays partenaire.
1
Le monde diplomatique septembre 2007 cf aussi la revue capital juillet 2007
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J.S.Mill reconnaît aussi que lorsque le commerce - Et d’autre part la théorie de la valeur - travail d’origine
international se développe, les conditions de production peuvent RICARDIENNE, mais qui a servi de base à la théorie marxiste,
changer. Par la suite Marshall a ajouté à l’analyse de J.S.Mill sur la et particulièrement néo marxiste et dont les analyses ont
demande, le principe de la demande réciproque, en retenant débouché sur « l’échange inégal ». il sera question dans les
l’hypothèse des coûts constants dans les deux pays (offre de A = développements suivants des travaux de J. Mistral et de ceux de
demande de B et offre de B = demande de A) Il s’est employé à l’école de Grenoble (F.Perrous – G Lafay).
démontrer que chacun des deux pays est disposé à recevoir le
produit qu’il demande en échange du produit qu’il offre.
Il en conclue que toute modification de la demande aura
pour conséquence une modification du rapport d’échange- termes
d’échange- d’équilibre. Mais ce rapport ne peut sortir du cadre des
coûts comparatifs.
A noter, cependant, que les travaux de Marshall sont
Chapitre II : la théorie moderne
intervenus au moment où l’équilibre du commerce international est
rompu et que ce déséquilibre a été compensé par des mouvements
du commerce international
de capitaux. Cette théorie dite néo classique par référence à l’avantage
A relever également que Marshall s’est basé sur l’hypothèse comparatif a été forgée progressivement. Elle est connue aussi sous
que les valeurs à l’exportation égalisaient celles des importations l’appellation th. HOS en se referant selon l’ordre chronologique de
sans discuter des mécanismes de cet équilibre. leurs apports, aux auteurs qui ont conçu ce modèle, soit Heckcher,
Il a également supposé à l’instar de Ricardo que les taux de Ohlin et Samuelson. Les apports respectifs remontent à 1919 (deux
profit tendent à s’égaliser sur le plan sectoriel, au sein d’un même études en suédois d’Heckcher et traduit en anglais 30 ans plus tard),
pays, mais il n’en a pas tiré profit au niveau international : y a t il en 1933 pour B. Ohlin (ouvrage paru en anglais) et en 1941, 1948 et
égalité ou inégalité des taux de profit entre différents pays ? 1949 pour Samuelson (trois articles publiés au cours de ces années.
Ces théories classiques sont à degrés divers, l’origine de la Cette appellation est réductrice en ce sens qu’elle néglige
plupart des théories modernes, et se situent de fait au cœur du débat d’autres contributions importantes : celles de Stopler co-auteur du
actuel sur le commerce international. Deux grandes tendances se premier article de Samuelson, celle de P.L.Lerner qui a contribué
dégagent : en 1954 par la démonstration de la théorie de Samuelson de 1948 et
- d’une part, la théorie néoclassique ( ou moderne) sous ses divers 1949.
apports, qui fonde son analyse sur l’avantage comparatif, issu Pour expliquer le fondement de cette théorie, de manière
notamment des facteurs de production et du rapport simpliste, on lui reconnaît deux caractéristiques :
capital /travail. Le modèle H.O.S. (Heckscher-Ohlin-
Samuelson) en fournit l’illustration parfaite.
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• Dans une première phase Heckscher, puis Ohlin, ont étudié • Supposons également que la fabrication
le commerce international à partir du concept de d’automobiles nécessite une forte intensité en capital
« abondance relative d’un facteur de production » qui va être et celle de textile en travail.
à l’origine de l’avantage comparatif. Cadre de
raisonnement : Selon la théorie d’Heschker et Ohlin, dans sa première version,
chaque pays a une production orientée vers le bien qui utilise de
Deux pays A et B manière intensive le facteur dont il est le mieux doté et il tend à
Deux produits automobile et textile l’exporter. A « automobile » B »textile » et chacun des deux pays
Deux facteurs de production le capital et le travail importe le bien produit par l’autre.
Ce modèle de base peut être étendu à un nombre quelconque de Dans une deuxième étape, la contribution Samuelson/Stopler
biens et de facteurs. Néanmoins, le modèle exige au moins à partir de 1941, va construire le modèle HOS autour de nouveaux
l’utilisation de deux facteurs de production. Autres précisions il théorèmes (3) portant essentiellement sur le prix de facteurs de
faut connaître les quantités disponibles de facteurs de production. Ce qui permet de compléter le modèle, qui va être
production. Ces facteurs constituent ce qu’on appelle la dotation l’objet de nombreux approfondissement : introduction de la
factorielle d’une nation. Les deux nations sont comparables (se mobilité des facteurs de production, prise en compte des biens non
ressemblent) en tout point, sauf pour les dotations factorielles échangés internationalement, prise en compte des biens
qui sont à l’origine de l’échange. Ces deux produits, sont intermédiaires…
fabriqués selon une technique différentes pour ces deux biens
l’automobiles et le textile, mais cette technique est la même pour Les vérifications :
chacun des biens en A et B. Dans les années 50 et 60 la modèle ricardien a fait l’objet de
• D’autre part, la technique de production est caractérisée par nombreux tests généralement peu probants (cf. J.L Mucchielli :
l’intensité en capital par rapport au travail, c’est une Principes d’économie internationale, Economica, 1987).il paraissait
intensité factorielle. Par ailleurs une corrélation entre la que ce modèle est difficile à tester. À la différence de la théorie HOS
dotation factorielle d’une nation et la spécialisation dans la facilement traduisible en données statistiques. L’une des tentatives
production du bien qu’elle fabrique (l’intensité factorielle de vérification a été réalisée par Leontief dans deux articles datant
correspond à la dotation factorielle). de 1953 et 1956 consacrés à l’analyse de la position des USA dans le
commerce international a eu des implications importantes.
Illustration : Les USA apparaissent en 1947 comme un pays disposant d’une
• Supposons que A est relativement bien doté en capital dotation factorielle où le capital est le plus abondant que le travail.
et B en travail. Selon le raisonnement issu de la version primaire de la th. HOS, on
peut s’attendre à ce que les exportations soient composées de
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produits intensifs en capital, et les importations en biens intensifs de international s’explique par la place qu’occupe dans la production
travail. Or les résultats obtenus par Leontief révèlent le contraire de des biens, ma main d’œuvre de différents niveaux dont les pays sont
cette hypothèse : les exportations américaines ont un rapport plus au moins dotés ---> prolongement de la théorie HOS.
capital/travail de 13992$ par homme/année, et les importations
18184$ par homme/année. 2-L’approche fondée sur les différences internationales de
technologie et l’investissement en recherches et développement :
Ce résultat est connu sous l’appellation « paradoxe Leontief » en l’explication fournie par cette approche repose sur la différence
ce sens qu’il contredit la th. HOS. Ce paradoxe sera à l’origine sur résultante des dépenses en recherches et développement et l’emploi
la réflexion de la nature des facteurs de production. Pour Leontief, d’un nombre important d’ingénieurs dans la production des biens
l’explication du résultat doit être recherchée dans l’hétérogénéité du produits et échangés. Cette approche est apparue au début des
travail au niveau international : Ainsi les travailleurs américains années 60.elle se présente en forme simplifiée chez VERNON en se
seraient plus productifs que les autres pour plusieurs raisons : esprit fondant sur « le cycle de vie du produit ».
d’entreprise, supériorité de l’organisation… Pour rétablir
l’homogénéité internationale du travail en tenant compte de la La différence avec H.O.S est importante :
supériorité américaine, il est nécessaire de multiplier le nombre, de 1- pas de recours à la formalisation : l’étude part de situations
travailleurs non américains, par trois ; soit un travailleur américain réelles et non d’un modèle abstrait.
contre trois travailleurs étrangers. Ce qui revient au fait les USA 2-le rôle des firmes est pris en compte.
sont relativement bien dotés en travail et non en capital => les « Le cycle de vie du produit » doit permettre de rationaliser la vie
techniques de production aux USA différent de celles utilisées dans économique du produit c'est-à-dire période allant de son lancement
le reste du monde, selon Leontief, ce qui déborde le cadre posé par jusqu’à son abandon. Au cours de la durée de vie d’un produit il y a
le théorème HOS. des régularités qui permettent de définir les phases dans la diffusion
du produit auprès des consommateurs.
Néanmoins cette démonstration a ouvert la voie à plusieurs VERNON distingue :
autres conceptions : Introduction du produit, sa croissance, sa maturation et enfin sa
sénescence.
• L’approche néo factorielle. Introduction : produit de luxe demande peu sensible au
• L’approche néo technologique. niveau du prix production en courtes séries : travail qualifié et
• L’approche intra branche (ou croisée). faible intensité en capital. Nombre de firmes est restreint.
Croissance : la concurrence par les prix commence. Méthodes de
1- La première approche a essayé d’approfondir l’explication de production de masse utilisées. Nombre de firmes importantes.
Leontief en ajoutant à l’analyse les différentes catégories de travail
distinguées le niveau de qualification : la composition du commerce
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Maturation : La concurrence repose sur le prix - le produit en Les modifications intervenues sur l’environnement
grande série, travail peu qualifié, forte intensité en capital, le international, notamment la hausse des salaires en Europe ont
nombre de firmes diminue. permis une parité avec des conditions américaines de production,
Sénescence : la production est progressivement abandonnée. ont provoqué l’inadaptation de cette explication.
L’environnement de cette approche : USA années 60 : PNB plus Cependant le principe général peut être repris et étendu à
élevé du monde. Capital abondant, pas la main d’œuvre. d’autres pays en gardant les innovations comme principe explicatif
La conjonction de ces facteurs détermine des formes de demande des échanges internationaux.
spécifiques (les consommateurs exigent des produits nouveaux en Comment peut on tester l’explication fournie par cette approche ?
raison du pouvoir d’achat), mais aussi l’offre : Les firmes réalisent Comme il est difficile d’avoir une idée précise sur les innovations
des innovations pour satisfaire cette demande. Les étapes du cycle technologiques ?
de vie du produit correspondent à des stratégies particulières des Les tenants de cette approche se sont appuyés sur un indicateur
firmes pour approvisionner les marchés nationaux et étrangers. quantifiable : la part des dépenses consacrées à la recherche-
1ère étape : la production est effectuée aux USA et vendue développement dans le chiffre d’affaires des firmes ou du secteur.
intégralement dans ce pays. Il en résulte que le commerce international doit être plus intense
2ème étape : commence à partir de la fin de la phase de dans les industries ou la R-D est relativement importante que dans
nouveauté. L’exportation du produit encore peu importante est celle ou elle est faible.
destinée aux fractions les plus aisées des consommateurs étrangers Cette hypothèse a été vérifiée pour divers pays (japon, grec,…) et
(l’Europe) divers secteurs (électronique, pétrochimie,…)
3ème étape : phase de maturité : des concurrents commencent à
se manifester sur le marché européen en lançant un produit Limites de cette approche :
similaire. 1/ cette approche technologique ne fournit pas d’explications
Pour lutter contre cette concurrence, les firmes US vont installer des pour une bonne partie des échanges commerciaux : celle des
filiales en Europe, ce qui se traduit par une diminution progressive produits intermédiaires les échanges ne peuvent être
des exportations américaines à destination de l’Europe. ramenés à l’innovation technologique seulement.
4ème étape : il en résulte que la production de ce produit aux 2/ Elle n’offre pas également d’explications pour 2 faits :
USA diminue à mesure que l’importation en provenance des filiales L’existence de déséquilibres nationaux
américaines d’Europe progresse. • La coexistence dans de nombreuses branches
Vérifications empiriques d’importations et d’exportations => différence ou
1945-fin des années 60. Vernon précise que cette démonstration similitude des biens échangés internationalement.
n’est valable que pour le cas des firmes américaines de 1945 à la fin
des années 60 : 3- l’échange intra-branche :
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Il s’agit du cas où un même pays et pour la même branche, il y a entre les pays considéré de l’un et de l’autre avec les pays
des importations et des exportations. destinataires.
La remarque a été faite depuis 1933 par Ohlin. Cependant, elle Par ailleurs, les produits échangés ne sont pas homogènes mais
n’a fait l’objet d’analyse profonde qu’à partir de 1966, lorsqu’il a différenciés (Ex : voitures de la République Fédérale Allemagne par
été question d’étudier l’impact du marché commun sur la rapport à celles de la France.) Ce qui permet d’introduire une
spécialisation des Etats membres. C’est à Balassa qu’on doit dimension micro-économique.
l’indicateur du commerce interbranche exprimé par le rapport L’échange interbranche peut porter sur des caractéristiques qui
suivant : Xi – Mi ne sont pas disponibles sur le marché national et qui sont attribuées,
Xi + Mi par le consommateur à la nationalité d’origine des produits. Ce qui
Si coef. ≈ 0 => commerce intra-branche important met en évidence la dimension micro-économique de l’explication du
Si coef. = 1 => branche uniquement exportatrice commerce international, et plus particulièrement le rôle joué par les
Si coef. = -1 => branche uniquement importatrice entreprises et leurs stratégies, ce qui leur confère un avantage
spécifique par rapport aux nations.
La contribution théorique ne s’est ajoutée à l’explication du
phénomène qu’à partir de 1975 avec le travail conjoint de «Grubel CH III : la théorie néo-marxiste du commerce
et Lloyd. »
international.
L’échange intra-branche (ou croisé) est un phénomène
incompatible avec les théories rocardienne et d’H.O.S. car il Dans ce courant de pensée il ya plusieurs contributions ; le choix
suppose que les pays échangistes possèdent tous les deux un sera porté sur celle de Jaques Mistral dont l’explication du
avantage comparatif dans la même production, ce qui est à priori commerce international est fondée sur les différences
impossible, dans le modèle simplifié de Ricardo. Cependant, si l’on internationales dans le mode d’accumulation du capital.
raisonne dans un contexte global, on peut retrouver le principe de Cette idée exprimée en d’autres termes, depuis les auteurs
l’avantage comparatif. marxistes traditionnels, s’intéressait à l’origine moins au commerce
Si bien qu’il y a une certaine hiérarchisation des avantages international et à la structure des flux qu’à l’impact du commerce
comparatifs dans un modèle avec un nombre important de pays. sur les nations. Si bien que l’orthodoxie marxiste a mis l’accent
« Une chaine de pays » : les pays qui occupent une position (depuis Marx) sur le processus de production.
intermédiaire dans cette chaine importent des biens en Ainsi pour Marx, l’avantage comparatif est dû à une différence
provenance des nations situées avant eux et exportent vers de niveau économique qui se répercute sur la productivité de travail
ceux qui les suivent. et donc des taux des plus values différents sur lesquelles jouent les
L’avantage comparatif résulte de l’existence simultanée de flux économies capitalistes pour lutter contre la baisse tendancielle des
d’importations et d’exportations et s’explique par une différence taux de profit => (rôle assigné au commerce extérieur). Cette thèse
a abouti à des travaux sur l’impérialisme comme conséquence
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logique de cette lutte conte la baisse tendancielle des taux de profit. et la République Fédérale Allemagne comme le montre le tableau
Cette explication est également à l’origine des études sur les suivant :
rapports Pays capitalistes avancés – Pays du tiers monde.
Comme les néo-classiques, les néo-marxistes prennent pour Rapport des exportations aux importations de biens
point de départ la spécialisation internationale. d’investissement
Mais l’approche de J. Mistral se veut en opposition avec pour les principaux pays 1899 – 1973 en %
l’explication du commerce international sous ses diverses variantes : 1899 1955 1973
théorie H.O.S. – approche technologique, l’échange intra-branche. U.S.A. 1500 1020 184
Selon cet auteur il s’agit d’inverser la logique H.O.S. en G.B. 755 892 155
opposant au couple dotations factorielles – spécialisation optimale France 63 137 104
celui d’hégémonie – diffusion inégale du régime d’accumulation, ce Japon - 625 532
qui l’amène à analyser la D.I.T. comme résultat de rapports Allemagne 286 886 332
fondamentaux qui sont à la base de l’économie mondiale. Mistral : « compétitivité et formation de capital en longue période »
Quant à l’idée d’hégémonie, elle est liée à la notion Economie et statistique février 1978 N° 97 P : 14 note Raineli op.cit.
d’hiérarchisation de l’économie mondiale. Mais Mistral lui donne
un contenu analytique différent de celui avancé par l’approche de Les autres nations se cotonnent dans le rôle d’importateurs de
l’échange intra-branche (ou croisé). biens d’équipement, même pour les secteurs de leur spécialisation ce
Ainsi la hiérarchisation signifie pour lui l’existence d’une faisant, il s’agit donc d’une spécialisation qui ne peut pas assurer sa
économie dominante qui dicte les règles du jeu international. Il en propre reproduction dans les mesures où la Nation en question
conclut que la capacité concurrentielle d’une économie nationale importe des biens d’équipement pour pouvoir produire les
émane d’un triple mouvement : marchandises qu’elle exporte.
• le contrôle du marché intérieur d’une part Cette analyse permet d’expliquer une variable importante : le
• le capital autocentré taux de formation brute du capital fixe, et donc le taux
• et l’exportation de biens d’investissement d’autre d’investissement sur une longue période.
part. Mistral relève, aussi, le fait qu’une protection initiale du marché
Cette conclusion conduit Mistral, dans son analyse de intérieur est nécessaire pour qu’une nation construise la base de son
l’accumulation du capital à soutenir l’idée selon laquelle une Nation accumulation.
qui a une accumulation du capital autocentrée – qui définit en son Son étude permet aussi l’explication d’un autre phénomène
sein les nouvelles conditions de production – est dans une situation connu sous le vocable « pessimisme des élasticités ». des travaux se
dominante sur le plan international. Ceci se vérifie, selon les sont employés à démontrer que les mouvements des prix ne peuvent
périodes, pour le Royaume-Uni, les USA et plus récemment le Japon à eux seuls expliquer la situation des échanges internationaux, et
moins d’assurer leur rééquilibrage : Ex :les augmentations des prix
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des produis allemands à la suite des réévaluations de D.K. n’ont pas • La seconde repose sur un appareil productif structuré avec des
conduit à une diminution des excédents commerciaux de la R.F. biens qui n’assurent pas tous le même rôle, des secteurs qui
Allemagne . croissent à des taux différents, des complémentarités entre les
D’après l’analyse de Mistral cette situation est dûe à la productions. Cette approche s’est beaucoup intéressée aux
« qualité » de la spécialisation de la R.F.A. : les autres pays se rythmes différenciés de croissance de la demande sectorielle,
trouvent dans l’obligation d’acheter à l’Allemagne les biens aux effets d’entraînement qu’ont certaines activités sur
d’équipement. Sur la base de cette thèse, il est permis d’énoncer des l’ensemble de l’industrie, ainsi qu’aux complémentarités
principes de politique économique susceptible d’améliorer la internationales au niveau des processus de production (apport
position internationale de Nations. de J.Mistral)
Néanmoins, cette approche a fait l’objet de critique sur certains
points : I. L’approche fondée sur l’adaptation à la demande
- Elle ne fournit pas d’explication en dehors du secteur des mondiale :
biens d’équipement, notamment lorsqu’il s’agit des déficits
ou excédents qui se manifestent dans d’autres secteurs. L’idée d’introduire la demande dans la spécialisation n’est pas
- Elle ne se présente pas en une construction académique nouvelle. Mais en général, ce sont les conditions de production, et
complètement élaborée et reconnue, ayant fait l’objet de donc d’offre, qui ont reçu une forte adhésion de la part des auteurs.
travaux d’approfondissement. La contribution de G. Lafay et son impact sur le Centre d’Etudes
Prospectives et d’Informations Internationales (CEPII) présentent
un caractère original.
SECTION 3: STRUCURES Selon cet auteur, l’économie mondiale se présente comme un
ensemble structuré, hiérarchisé au sein duquel s’érige une économie
INDUSTRIELLES ET COMMERCE dominante, ou « leader » changeant de titulaire selon les étapes des
INTERNATIONAL. révolutions industrielles. Pour chaque révolution, il existe une
économie nationale qui s’impose au niveau de l’innovation, et qui
Rappel : contribue à déterminer les nouvelles normes de production, de
Deux représentations d’une économie sont possibles : consommation et de répartition des revenus. C’est là un point
• Celle basée sur la théorie d’équilibre. Sa vision repose sur le fait commun avec Mistral.
que la spécialisation d’un pays dans la production d’un bien L’originalité de cette démarche, consiste en ce qu’elle me
particulier n’entraîne pas de conséquence négative pour l’accent sur l’influence exercée par le pays dominant sur la
l’économie nationale, si elle respecte le principe de la dotation demande mondiale. Chaque révolution industrielle s’accompagne de
factorielle – on y reconnaît la théorie H.O.S. nouvelles techniques de production et de nouveaux produis de
consommation correspondant à une forte demande des ménages.
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Ces techniques définissent les besoins nouveaux en biens Par la suite Lafay a utilisé un autre indicateur pour analyser
d’équipement ou de consommation intermédiaire. l’adaptation structurelle des industries nationales. Le calcul est
Et à la différence de Mistral, ce ne sont pas les biens alors fondé sur le solde des échanges internationaux calculés par
d’équipement et le rythme d’accumulation de capital qui jouent produits et pondérés par l’évolution de la demande mondiale (cet
dans la détermination des positions respectives des Nations, mais indicateur est calculé à partir des importations, des exportations et
l’adaptation des Nations à la nouvelle structure de la demande de taux de croissance de la demande mondiale en volume).
mondiale.
On peut évaluer l’insertion des économies nationales dans les Mesure de la qualité de la spécialisation selon G. Lafay
échanges internationaux en comparant, d’une part, la structure de L’indicateur d’adaptation structurelle :
leurs productions (c’est à dire le rang qu’occupe chaque secteur (3ème révolution (biens subsidiaires)
dans le système des exportations par rapport aux exportations industrielle) Autres produits
totales) et d’autre part la carte des taux de croissance sectorielles de Biens durables progressifs manufacturés
la demande mondiale. 1967 1976 1983 1967 1976 1983
A partir de là, Lafay établit une nomenclature sectorielle France - 29,5 - 20,6 - 31,1 14,5 3,4 6,2
détaillée sur la base de laquelle, il distingue les produits progressifs R-U. 39,7 19,7 - 7,2 - 21 0,5 5,9
(pour lesquels la demande mondiale croit à un taux supérieur à la R.F.A. 17,8 16,7 - 12,4 - 26,5 - 32,3 - 13,1
moyenne) et des produits régressifs pour lesquels la demande Japon 23 43,4 80,3 - 72 - 70 - 53,6
mondiale diminue. U.S.A. 85,4 54,7 66,7 - 7,7 - 14,7 - 2,9
La position des Nations est déterminée par la nature de leur
spécialisation, selon qu’elles fabriquent des produits progressifs, Selon le tableau proposé, les chiffres négatifs dans la première
progressifs et régressifs, ou totalement régressifs (Ex : Biens de colonne traduisent une détérioration de la spécialisation. En
l’électronique – sidérurgie). conformité avec le critère proposé, le Japon est le seul pays qui se
À partir de là, il remarque que la capacité de la production renforce d‘une manière continue, alors que les USA améliorent leur
nationale à répondre aux besoins du marché intérieur, correspond structure industrielle.
au « degré d’engagement dans la production » obtenu en rapportant La France, R-U. et la RFA connaissent une détérioration
la production nationale à la somme ‘production nationale + les continue.
exportations – les importations’. Si ce rapport augmente la nation Ainsi pour G. Lafay la première colonne comprend des produits
augmente sa spécialisation dans le produit. Si non, elle se fondamentaux de la troisième révolution industrielle tandis que la
déspécialise. seconde renferme des produits qui n’ont qu’un rôle subsidiaires, ce
A partir de ce « degré d’engagement » on peut calculer les qui permet de déduire l’adaptation remarquable du Japon aux
indicateurs permettant de résumer de manière chiffrée l’adéquation nouvelles structures industrielles.
de la spécialisation nationale à la demande mondiale.
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Par conséquent, on peut tirer de ces résultats des Définition de R.Erbes : qui propose de « réserver le terme
recommandations de politique économique visant l’amélioration de d’intégration aux diverses opérations plus ou moins spontanées,
la compétitivité des économies nationales par un mouvement mais liées et complémentaires consistant à :
d’engagement et de désengagement dans les secteurs (Fathallah 1- établir et aménager au mieux toutes les relations
OUALÄLOU : le tiers monde et la troisième phase de domination). économiques souhaitables pour les échanges de produits, facteurs et
et c’est au niveau d’une éventuelle décision de politique économique informations dont on projette de faire un ensemble.
que le problème se pose. 2- rendre progressivement plus compatibles les projets
Car, les projections se basent sur des taux de croissance de la économiques des éléments composant de l’ensemble.
demande mondiale observée, ce qui complique les prévisions. Or les 3- faire converger de plus en plus ces projets vers un
décisions d’engagement dans la production nécessitant au moins 5 optimum pour l’ensemble ( groupe d’objectifs sur les quels existe un
ans , ce qui les rend difficiles à prendre et surtout dans un contexte consensus dans l’ensemble considéré »
mondial de faible croissance .
En plus, et c’est là un point de débat entre Lafay et ses critiques, Deux modèles d’intégration :
l’adoption simultanée par plusieurs pays d’une même structure de 1- le modèle de l’intégration par le marché et la concertation
production, risquerait de ruiner leurs efforts de fait de la des politiques économiques au niveau sectoriel (agriculture,
surproduction. transports, énergie, commerce extérieur, harmonisation des
Lafay convient, enfin que la spécialisation internationale ne doit être politiques sociales, fiscales….) l’exemple le plus concret est fourni
poussée à outrance, afin d’éviter la constitution de monopole. A par la CEE.
partir de là il préconise un certain degré de protectionnisme. 2- le modèle d’intégration par la planification, et la
Chapitre III : l’intégration régionale pays spécialisation au niveau de la production, à l’instar du CAEM ou
COMECON.
développés CEE et PVD
Intégration des PVD au marché capitaliste mondial : il y a L’intégration par le marché qu’offre le système libéral peut
intégration parce que les différents espaces sont soumis aux même revêtir plusieurs formes en fonction des diverses discriminations à
lois de fonctionnement du capitalisme. supprimer telles que :
« Des espaces, des activités, des groupes sont intégrés lorsqu’ils a) la zone de libre échange qui vise la suppression des
sont soumis aux mêmes procédures sociales de régulation. discriminations quantitatives et des droits de douane.
Définition de Bye : « intégrer c’est accroître sur un espace b) L’union douanière qui a pour effet d’unifier les tarifs
donné, la compatibilité des plans d’un ensemble de centres de douaniers des pays membres à l’égard des autres pays
décisions appelés à former un seul système économique » tiers.
Seul système économique : en appeler à ces règles de c) Le marché commun dont l’objectif est de supprimer
fonctionnement. toutes les restrictions relatives au mouvements de
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facteurs (marchandises, personnes, et capitaux) à membres qui la composent sont nommés par les
l’intérieur de la zone. gouvernements après consultation mutuelle. De même les
d) L’union économique qui prévoit dans une certaine présidents et vices présidents sont nommés par les
mesure l’harmonisation des politiques économiques et gouvernements.
sociales • La cour de justice européenne (4ème communauté après la
e) L’union économique et politique. CECA et la commission)
L’expérience européenne : CEE
Le traité de Rome a été signé le 25/03/1957 entre six pays Il y a également toute une série d’organismes pour compléter
membres. Le début a été caractérisé par de nombreuses réserves l’action de la CEE dans divers domaines :
concernant : l’ouverture à des adhésions plus nombreuses. Recul • Banque Européenne d’investissement : (BEI)
sur le principe de supranationalité, l’application du traité en • Fonds Social Européen : financement de
plusieurs étapes, possibilité laissée à l’Allemagne pour se retirer en rééducation professionnelle et des déplacements des
cas de réunification, report, remise à plus tard de la fédération travailleurs pour faciliter l’emploi.
politique. A ces réserves formulées par les libéraux, Maurice Bye • Fonds européen de développement : gestion de
ajoute le fait que le traité ne tranche pas entre l’Europe en tant que l’aide accordée aux PVD associés
marché et l’Europe en tant que communauté. • Fonds Européen d’orientation et de garantie
Une série de négociations ont abouti à l’élargissement de la CEE agricole.
à partir de 1971 à la G.B, à l’Irlande, au Danemark, suivis en cela
• Fonds Européen de développement régional.
par la Grèce 1981, l’Espagne et le Portugal en 1986, et à la Suède, la
Finlande, l’Autriche à partir du 1er /01/95
La mise au point progressive de la CEE.
L’adhésion des pays d’Europe Centrale, de l’Est, et des îles de la
méditerranée ramène l’Union Européenne à 27 pays membres à
La CEE se voulait une union économique sur la base d’un
partir du 1-1-2007
marché commun. Le traité constitutif de la CEE a précisé les
Les institutions de la CEE
conditions de réalisation du marché, mais en ce qui concerne
• la 1ere institution date de 1952 la CECA l’harmonisation des politiques communes elle n’a été abordée qu’en
• le conseil Européen a été institutionnalisé le 10/12/1974, 3 termes généraux, sauf en ce qui concerne la politique agricole
fois/an, décide à la majorité simple, mais pour les ? questions commune (PAC).
fondamentales il décide à l’unanimité. 1) le marché commun.
• Le parlement Européen, élu au suffrage universel, a été
institué en 1978. Ce marché est régi par cinq séries de règles mises au point
• La commission européenne, appelée au début la haute progressivement :
autorité, constitue un organisme intra-national, même si les
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• La suppression de toute restriction quantitative 85 interdit les accords, associations ou pratiques concertées
(effective depuis le 01/01/1962 pour les produits industriel, et entre entreprises. Si leur objet est d’empêcher, de
depuis le 01/07/1968 pour les produits agricoles) et de tout restreindre ou de fausser le jeu de la concurrence à
doit de douane 01/07/1968. l’intérieur du marché commun. Cependant si de telles
• La suppression des obstacles non tarifaires : un progrès pratiques visent l’amélioration de la production, la
considérable a été réalisé au niveau administratif et distribution des produits, ou la réalisation de progrès
technique. techniques, elles sont permises pourvue qu’elles respectent
• La mise au point d’un tarif extérieur commun (01/07/1968). les droits d’autrui, et les règles du marché.
Ce tarif commun peut être suspendu au cas ou il s’avère que • L’art 86, interdit, dans ce sens l’exploitation abusive
c’est dans l’intérêt de la CEE. d’une position dominante sur le marché commun.
• La libre circulation des personnes, des services et des (monopole)
capitaux. La circulation des personnes et notamment des
travailleurs dans les pays membres est devenue effective dès Exemple sur les mouvements de facteurs
1968.
La liberté d’établissement a connu dés le départ quelque • Liberté d’établissement :
restrictions dans le domaine des progressions financières (banque, Le traité instituant la CEE reconnaît le droit pour toute
assurances), soit pour des raisons juridiques (absence du statut de la entreprise d’un Etat membre de s’installer dans un autre
société anonyme européenne, soit pour des raisons économiques Etat de la communauté, à travers une agence, une
(cloisonnement des marchés financiers). succursale, ou une filiale.
Ce droit a connu jusqu’aux années 80 certaines limites. A
La libre circulation des capitaux est restée limitée : titre d’exemple le statut juridique de la société « forme
SA » n’était pas unifié.
Plusieurs raisons peuvent être avancées : si la crise du système • Libre prestation des services :
monétaire international depuis le début des années 70 était pour La libre prestation des services est une notion qui ne
quelque chose, on peut également noter la volonté de chacun des semble pas être bien cernée. Si bien qu’à la fin des années
Etats membres d’intégrer directement le marché international des 80, la libre circulation des services n’était pas
capitaux. entièrement effective. C’est pourquoi elle a fait l’objet de
Parallèlement, il y a le marché des euro-dollars qui fonctionne négociations en vue de la création du marché unique des
normalement et constitue même une alternative partielle à l’absence services en 1992.
d’un marché européen des capitaux. • Libre circulation de la main d’œuvre :
• L’organisation de la concurrence : les art 85 et 86 du La libre circulation des travailleurs a été réalisée en
traité de Rome sont caractéristiques à cet égard. Ainsi l’art juillet 1968, soit un peu plus d’un an avant l’échéance
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fixée par les Etats membres (fin 1969). Elle se traduit pour les quelles la libération est conditionnelle, et devenue effective
réellement par le droit de tout travailleurs d’un Etat en 1992.
membre d’exercer dans autre Etat membre dans les
mêmes conditions que celles octroyées à ses nationaux. Exemple : les Etats peuvent maintenir les restrictions de change,
Pour ce faire ce travailleur doit demander un titre de si leurs mouvements menacent leurs objectifs de politique
séjour d’une durée de 5ans renouvelable économique. En outre les gouvernements avaient tendance à
automatiquement. privilégier les investissements nationaux à travers les avantages
fiscaux….
Par la suite les travailleurs, qui le sollicitent, peuvent obtenir le
transfert de leurs droits à la sécurité sociale dans un autre Etat 2) les politiques communes :
membre.
Concernant l’exercice de professions libérales (Médecins, La CEE ne se voulait pas uniquement une « union douanière » et
avocats, architectes, ingénieurs…), il est lié à des réglementations un « marché commun », elle se voulait également la première
nationales et professionnelles qui ont limité la circulation de leurs démarche en vue d’une « union économique ». Conduisant à
membres. Il en est ainsi des diplômes universitaires qui posent le l’intégration des Etats membres. Le traité de Rome emploie la
principe de la reconnaissance des diplômes. notion de « politique commune » pour les secteurs d’agriculture,
Certains pays membres ont cependant réformé le système de des transports et du commerce extérieur et de l’énergie. La nécessité
formation pour l’adapter aux conditions communautaires et d’une politique énergique commune s’est faite sentir dès le début
internationales, Exemple : la réforme SAVARY en France, en 1984. des années 70.
• libre circulation des capitaux : Si un organisme comme l’EURATOM a été institué à cet effet. Il
• la communauté reconnaît le principe de liberté de demeure que la conjoncture internationale a imposé d’autres
circulation des capitaux, et du traitement égal quel qu’en soit orientations : choix nationaux de la France. Création de l’A.I.E par
l’origine. Cette non discrimination a fait l’objet d’une les U.S.A.
directive prise en décembre 1962. qui précise les catégories On peut souligner actuellement une « politique spatiale
d’opérations de capitaux objet de liberté de circulation : commune » concrétisée depuis 1979 par le projet Ariane.
• La PAC :
Les investissement directs ; les opérations sur des titres négociés L’art 1-39 fixe plusieurs objectifs pour la PAC :
à la bourse ; l’émission de titres et de prêt, à moyen, les mots de - Accroître la productivité de l’agriculture,
capitaux à court terme ; cependant cette directive distingue les 2 - Assurer un niveau de vie équitable à la population agricole
premières catégories, pour les quelles la libéralisation est - Stabiliser les marchés et garantir la sécurité de
inconditionnelles (I.D et opération boursière), des autres opérations l’approvisionnement.
- Assurer des prix raisonnables aux consommateurs.
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