ABELIO
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conaissance
Eric Coulon
Rendez-vous avec la
connaissance
La Pense de Raymond Abellio
PHILOSOPHIE
Le Manuscrit
www.manuscrit.com
INTRODUCTION
- F. B. : La fosse de Babel
- A. E. : Assomption de lEurope
- S. A. : La Structure Absolue
- F. E. : La fin de lsotrisme
- P. G. : De la politique la gnose
- C. H. : Cahier de lHerne
- D. M. : Ma dernire Mmoire
- A. N. G. : Approches de la nouvelle gnose
- D. R. A. : Dialogue avec Raymond Abellio
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PREMIERE PARTIE
LA CONNAISSANCE ET SON
CONTEXTE.
ETAT DESPRIT, INFLUENCES ET
REFERENCES
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UN ESPRIT DINDEPENDANCE
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INFLUENCES ET REFERENCES
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reste, face toute sortie de soi-mme , rester en soimme est pourtant toujours quelque chose dencore
plus haut (Sermons et Traits, Du dtachement, p. 20,
TEL, Gallimard, 1987). Le dtachement , phase
prparatoire la vritable et profonde conversion et
dification de lhomme, libre celui-ci de tout
enfermement dans le particulier, de tout vouloir
particulier et fait merger le fond de lme , ce lieu o
le Moi suniversalise et o seule sactualise lunit de
lhomme, de Dieu et du monde. Cette assomption de
lhomme est en mme temps transfiguration du monde.
Ce lieu, ce petit chteau fort dans lme , est une
vritable transcendance immanente. Ainsi, laissertre cest laisser ltre de Dieu, savoir la dit
(Gottheit), autre matre mot de la philosophie
eckhartienne, lau-del de Dieu, lunit non manifeste,
saccomplir en lhomme. Ds lors, il faut bien
comprendre que cette mtamorphose, cette conversion
en Dieu, qui est moins une identification pure et simple
quune unification, est la naissance du Fils en nous, acte
permanent dun ternel prsent. Autrement dit, pour
Matre Eckhart, parler de la dification de lhomme ou
de ladvenue de ltre de Dieu dans lhomme
intrieur cest une seule et mme chose, ou, comme dit
Abellio, quil sagisse de la perce que doit oprer
lme pour atteindre le fond de Dieu ou quil soit au
contraire question de lenfantement du Fils au fond de
lme, on est en train de vivre l un seul et mme
vnement (P. G., p 138). Dans la dialectique que
nous propose Matre Eckhart entre, dune part, la
dmarche mtaphysique oprant par lintermdiaire de
lIntellect, et, dautre part, lIllumination, cest, comme
cela se prcisera par la suite, lessence mme du
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Husserl (1859-1938) :
La mme anne o Nietzsche disparat, savoir
lanne 1900, est publi le premier livre de Husserl :
Recherches logiques, livre dans lequel sont poses les
premires fondations dune analyse phnomnologique
de la conscience. Husserl est le fondateur dune
nouvelle phnomnologie : la phnomnologie
transcendantale, qui inaugure une nouvelle, indite et
radicale orientation du regard rflexif et qui,
conjointement, dcle et effectue lanalyse dun nouveau
champ ontologique jusqualors inexplor, le champ
transcendantal, lieu dorigine du sens du monde, lieu de
la conscience donatrice de sens et de sens dtre ,
lieu de la subjectivit transcendantale . Cette nouvelle
mthode, cette nouvelle problmatique, avec ses thmes
indits et ses implications (altration radicale de
lattitude naturelle nave ; dcouverte dune nouvelle
dimension, ultime et originaire, du sujet ; suppression de
lopposition
sujet/objet,
conscience/monde ;
dpassement de la psychologie et de lobjectivisme
naturaliste ; accs de la conscience luniversel ; retour
sur elle-mme et sortie hors de lanonymat de la
source donatrice de sens ; rvlation dune
intersubjectivit non sociale), tous et toutes qualifis
respectivement de transcendantaux et transcendantales,
fcondrent, lorsque Abellio les dcouvrit, ce qui se
trouvait en germe dans son esprit. La rencontre que fit
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ainsi :
dvoilement-voilement,
dissimulation-non
dissimulation ou encore retrait-non retrait. Contre et en
de de lonto-thologie, aboutissement logique de la
mtaphysique, Heidegger voulut fonder une ontologie
fondamentale dbarrasse de lobsession de la Cause
premire et se tenant, avec fermet et recueillement,
dans la clairire , dans l claircie , dans l Ouvert
de lEtre o seule la vrit, cest--dire le
dvoilement , de ltant est possible. Vis--vis de
Heidegger, plus prcisment vis--vis de son ontologie
fondamentale la position dAbellio nous parat avoir
quelque peu chang au fil du temps. Si dans La Structure
Absolue la nouvelle ontologie de Heidegger apparat
aux yeux dAbellio comme complment de la
phnomnologie transcendantale (p. 162), celui-ci crit
en revanche dans son Manifeste de la nouvelle Gnose (p.
106), son dernier livre : Les affirmations ritres de
Heidegger sur la radicalit du problme de lEtre par
rapport celui de la conscience nous paraissent
dailleurs plus premptoires que claires. Dans le mme
ouvrage, au cur mme dune analyse concise portant
justement sur cette absence de clart dans les propos de
Heidegger, Abellio nhsitera pas dclarer que la
philosophie de Husserl, malgr la minutie parfois
rebutante de ses analyses constitutives, nous parat
beaucoup plus et mme infiniment plus oprative que
celle de Heidegger . Comme chacun sait, la question du
sens de ltre fut insparable, chez Heidegger, de la
question et de la ralit du langage. Au fond, la question
qui est venue se surajouter celle de ltre dans lesprit
de Heidegger est celle-ci : peut-on, et comment, dire
lEtre, sachant que lEtre nest rien de ce qui existe en
particulier ? Dautre part, peut-on signifier lEtre
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soutenant les uns les autres, cest parce que, pour lui,
lenjeu thique et lenjeu esthtique sont insparables,
du moins doivent-ils ltre pour lhomme vritable .
Ils doivent tre poss et dfinis ensemble . Ds lors,
le style ne peut plus tre une fin en soi, ce qui soumet le
rcit ses propres exigences formelles. Le style en tant
que faon de faire [doit tre] aussi et avant tout faon
dtre . Soumis une vision-vcue universelle ainsi qu
un sens immanent dans lequel tout est pris (les tats, les
faits, les actes, les objets et les paysages), le style devient
Parole. Si lessai est ncessaire pour que la vision puisse
rendre compte de sa propre lucidit, de sa propre
transparence elle-mme et de sa capacit articuler les
formes, dans le roman la vision sattache saisir la vie
ltat naissant ; elle est parcours et exprience dune
dure vcue et invite au parcours et lexprience de
cette mme dure ; elle est enfin pouvoir d assomption
transfigurante de la matire, du monde et de lhomme.
Comme on peut le constater, ce qui se joue aussi
travers le roman cest un type particulier de relation, de
communication dirait Abellio, entre lauteur et le
lecteur, une communication qui doit tre partage
dune vision et participation celle-ci, une
communication qui doit se faire communion .
Dans lun de ses romans (F. B., p. 466), Abellio spcifie
mtaphoriquement cette distinction6 quil opre entre
Abellio dveloppe aussi cette distinction dans : P. G., pp. 88-89
et D. R. A., pp. 22-23.
Pour dcouvrir ou approfondir les conceptions dAbellio sur
lcriture, le style et le rapport criture/vie voir :
A. C., pp. 83,
225 et 257 ; lensemble du D. R. A. ; P. G., la partie intitule Lart
et la communication ; D. M : T1, pp. 33-34, T2, pp. 218-219, T3,
pp. 32, 245 et 431 ; lire aussi F. B. et V. I..
Concernant lanalyse de luvre romanesque dAbellio et son
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DEUXIEME PARTIE
LA VOIE DE LA CONNAISSANCE.
TRADITION PRIMORDIALE ET
POSTURE OCCIDENTALE
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LA TROISIEME VOIE :
LES DIFFERENTS ASPECTS DE LA GNOSE
ABELLIENNE
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une
vritable
hermneutique
comprhensive ; il sen loigne par contre par les
rserves quil met ce qui, pour certains, peut
paratre contradictoire avec une telle hermneutique
sur la valorisation qui est faite des mythes et des
symboles, ses yeux souvent irrelis et rarement inscrits
dans une structure dialectique intgrante, mais aussi par
le fait quil maintient la prsence dterminante de la
Tradition primordiale et travaille, en la confrontant
cet esprit traditionnel qui lui est propre et
quAntoine Faivre associe la troisime voie, son
laboration et son lucidation. Dune faon gnrale,
Abellio remet en cause toute position qui, se rclamant
de ou se rfrant la Tradition, la considre comme un
donn dfinitif , met en uvre des choix partiels, se
contente dtre un commentaire, une glose et senferme
dans un dogmatisme statique. Les partisans de cette
position ne peuvent tre pour lui que des rptiteurs
et non des crateurs .
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pense.
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Gnose et mystique
Aprs avoir mis en vidence le fonds
commun universel latent dans chaque fils de
lhomme , fonds commun sur lequel se fonde la
gnose, puis avoir indiqu au mieux ce quAbellio entend
par sotrisme , savoir une conduite gnostique, il
convient prsent de sintresser plus prcisment la
nature et aux premires implications de cette gnose .
A travers lanalyse de ce que reprsente cette dernire
pour Abellio, notre approche et notre dtermination de
la Voie de la connaissance par lui propose, de son profil et
de son identit, vont pouvoir se faire au plus prs. Cest
parce que cette notion de gnose est trs souvent
employe par Abellio en corrlation avec la notion de
mystique que nous avons dcid de les traiter
ensemble dans ce paragraphe. Pourquoi une telle
proximit entre ces deux notions ? Cela sexplique par le
fait quAbellio distingue chez les tres humains deux
catgories desprits : les mystiques et les gnostiques, et
quil associe ces deux catgories deux voies spcifiques
offertes lhomme : celle de la mystique et celle de la
gnose . Chacun aura dores et dj compris que la
Voie de la connaissance est celle de la gnose . Mais nous
allons voir bientt quil ne faut pourtant pas exclure la
voie de la mystique de la Voie de la connaissance, et ce
non pas pour la seule raison quelle rend plus aise, par
comparaison, lidentification de celle-ci. Cette
distinction gnose/mystique est fondamentale pour la
comprhension de la philosophie dAbellio et elle doit
demeurer prsente lesprit comme outil
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lhomognit
transparente . Comprendre leur relativit cest
comprendre le rle quelles jouent et la place quelles
occupent dans ce passage, cest comprendre la nature et
les enjeux de ce passage, cest comprendre ce qui, en
ltre humain, opre ce passage et cest, enfin,
comprendre ce qui rsulte de ce passage. Comprendre la
relativit de toute forme cest ne plus tre perdu au
milieu des formes, diverti, fascin, hypnotis par elles et
soumis leur mouvante multiplicit mais cest retrouver
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la
rduction
phnomnologique
transcendantale ce pouvoir est devenu mon pouvoir.
Nous savons aussi dornavant comment le monde
prend sens pour nous et sclaire. Cependant, si nous en
restons au stade de la phnomnologie husserlienne et
de son analyse intentionnelle, pouvons-nous esprer
rsoudre le problme de la multiplicit et, question
corrlative, parvenir accomplir pleinement lenjeu
inscrit dans la rduction idtique ? Lunit du sens du
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culturelle de lOccident, non sa prsence et son avantgarde intellectuelles et spirituelles ; cest porter
lattention sur sa face visible, soumise linertie, au
dtriment de sa pointe invisible active ; cest sattarder
sur sa dimension et ses enjeux collectifs et ne pas voir et
comprendre que lessentiel se joue du ct du sujet
individuel. Il faut donc viter une fois de plus la
confusion et prciser quel niveau se situe et quelle
dimension se rfre ce dont nous parlons. Par sa pense
et son uvre, Abellio nous montre quil nest point
besoin daller chercher ailleurs les cls de lunit et de la
plnitude, par exemple dans un orient mystique, comme
cest tendanciellement le cas en ce dbut de nouveau
millnaire, mais que nous avons notre disposition,
disperss au cur mme de la tradition philosophique
occidentale, tous les outils et tous les repres ncessaires
leur instauration. Ce qui distingue, il est vrai, la voie et
la posture occidentales, cest que cette unit et cette
plnitude sont le fruit dun cheminement, dun travail et
dun achvement personnels. Lune comme lautre ne
sont pas donnes toutes faites mais sont conqurir
intrieurement par un effort permanent et personnel de
clarification et de mise en ordre des expriences et des
penses, des faits et des gestes. Elles sont le rsultat
dune gense. La posture occidentale nest ni ngation
du monde sensible, de la matire et de lintellect ni
renoncement eux mais, respectivement, confrontation,
exploration et utilisation actives. La posture occidentale
refuse de voir en lpoque moderne et contemporaine
ainsi quen la science qui sy dploie les symptmes
dune effective et irrmdiable dcadence. Le monde
occidental moderne et contemporain, dans ses formes
et son devenir, est aussi, pour elle, porteur dune
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soumission dbouchant sur une dissolution dans celleci, mais rclame, en tant que lieu de la crucifixion
spirituelle de lhomme en mme temps que de la
conscience absolue de cette crucifixion, la rsolution
transfigurante de la multiplicit dans lunit diffrencie
du Sens et donc la plus haute, la plus ample, la plus
intgrante et la plus transparente participation lunitotalit. LOccident est affirmation claire et clairante
en mme temps que gense de la Prsence. Abellio voit
donc en lOccident le lieu dun destin et dune mission
profondment rvolutionnaires :
Il faut trouver un yoga occidental rellement intgrant par
lequel tous les corps montent ensemble. Cette tche est
notre tche historique. Elle est lultime vocation de
lOccident. Prs delle, toutes les proccupations soidisant essentielles, dordre politique, conomique ou
social, se situent dans leur relativit. Cest quavant dtre
une tche historique, la construction de lArche est une
dification intrieure, et elle nest mme que cela. Or
aucun effort humain ne vaut que par les possibilits
dintriorisation quil nous donne (C. H., p. 377).
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LE VERBE GNOSTIQUE :
COMMUNION ET COMMUNICATION
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Voir prcdent.
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TROISIEME PARTIE
LA METAPHYSIQUE GNOSTIQUE.
CONSTITUTION ET ILLUSTRATIONS
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FONDEMENTS ET PRINCIPES
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M., T. 1, p. 14-15) :
Au fur et mesure que ma vie sest coule, cette notion
de linterdpendance universelle sest ainsi forme en moi
comme si son germe y avait t dpos depuis toujours
mais avait eu besoin des longs hivers et des brlants ts
de ma jeunesse pour souvrir : aujourdhui son fruit ma
envahi, je suis ce fruit.
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lexistence
dune
interdpendance
universelle ; la seconde tend cette ralit au domaine
des sentiments et des penses, ce qui fait, nous dit
Abellio, que lon peut tout aussi bien parler
d intersubjectivit universelle que de conscience
absolue ; la troisime, enfin, pose que cette
conscience absolue , ou cette intersubjectivit
universelle , nest pas seconde par rapport au sujet
transcendantal mais premire et que celui-ci sort de
celle-l et se singularise tout en tant constamment
envelopp par elle. Pour Abellio l intersubjectivit
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caractristique rvle sa dimension gntique, cest-dire le fait qu la synchronie gnralement associe aux
structures se trouve relie la diachronie que le
structuralisme avait gnralement exclue ; gntique
donc, elle est traverse par une intensit croissante qui,
dune part, est fonction de ltat, des expriences et du
pouvoir concrets de celui qui la met en uvre, et,
dautre part, est le produit non dun effacement des
termes, faits, choses ou tres, mais de leur
exhaussement substantielle dans le Sens ; sa dimension
transcendantale, sa transphnomnalit comme le dit
aussi Abellio, qui la place au cur mme de ltre et
hors de la multiplicit de ltant, des phnomnes, ce
qui en fait, dclare Abellio, le moteur immobile du
monde ; enfin le fait quelle est lunique contenu de
la conscience, de la conscience transcendantale sentend,
ce qui revient dire que la conscience transcendantale
est identifiable cette structure mme.
Cette structure, Abellio avait coutume de la
reprsenter par une sphre constitue dun plan
quatorial en forme de croix et dun axe bipolaire
vertical perpendiculaire ce dernier et passant bien
entendu par le centre de cette croix. Ce sont donc six
ples, et mme sept - il ne faut pas oublier le centre de
la sphre -, constituant autant de directions
anisotropiques, qui se dgagent de cette figuration.
Nous ne dtaillerons pas ici les circonstances ayant
conduit cette modlisation gomtrique ni
lorganisation interne de cette sphre et pas non plus les
diffrents mouvements qui laniment et les effets de ces
mouvements ; nous prfrons renvoyer le lecteur aux
selon lui, ce passage initiatique la limite quimplique la visionvcue de cette structure.
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canalis et orient par la structure gntique du snaireseptnaire, na rien de commun avec lexercice
logistique et dsincarn de formalisation qui, dans la
tradition rationaliste, porte ce nom. Le mcanisme de la
transfiguration na rien dun savoir spculatif imposant
ses grilles de lecture et ses modles dexplication une
objectivit dmultiplie et dnue dintelligence.
Dun autre ct, il produit bien plus quune simple
accumulation de savoirs et influe profondment et
globalement sur ltre mme de celui chez qui il a lieu.
Dans la perspective de ce mcanisme les notions
classiques de sujet et d objet perdent leur
caractre artificiel et inerte, acquirent non seulement
une dimension universelle mais se retrouvent aussi
fondues et fondes ensemble dans une subjectivit
suprieure unique et unifiante. Tout ceci sexplique
entre autre par le fait que la transfiguration est un
mcanisme qui ne se fonde plus ni sur une dualit ni sur
un mouvement linaire sens unique allant, au gr du
primat accord, soit du sujet vers lobjet soit de lobjet
vers le sujet - sans parler des nombreuses tentatives
philosophiques et pistmologiques de conciliation
entre les deux qui nont t et ne sont trs souvent que
des solutions artificielles ne rpondant qu des
exigences formelles et ne pouvant satisfaire que des
esprits agnostiques - mais sur un mouvement circulaire,
sphrique mme, de perptuel retour intensifiant
lorigine dans et par lequel lobjet est aussi sujet et le
sujet objet. Dans ce mouvement lhomme et le monde,
ce que nous continuons malgr tout dappeler lhomme
et le monde, sont ensemble transfigurs, ils changent
ensemble et simultanment de figure - de manire de
se prsenter et de signifier pour la conscience - et
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ILLUSTRATIONS ET APPLICATIONS
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cosmologique,
cosmogonique,
thologique
ou
thogonique mais mtaphysique, plus prcisment
ontologique. Elle ne renvoie pas une conception du
monde particulire mais fait signe vers le mode dtre
fondamental et lpreuve destinale de lHomme ; elle
accde ainsi au rang de cl universelle pour la
comprhension du site et du sens de lexister humain.
Elle nous livre un message ternel par del le temps et
lespace. Plus quun symbole, elle est pour Abellio un
idogramme. Ds lors, ce qui fait de la croix de la
tradition chrtienne une ralit si singulire et si
dterminante cest, dune part, quen et par elle se
rpondent et sinterpntrent, dans une co-prsence
sminale, labstraction et le concret, le visible et
linvisible, et, dautre part, quelle rassemble dans une
unit smantique parfaitement cohrente et clairante
une multiplicit de significations et de valeurs,
multiplicit quune conception statique, formelle et
rductrice de cette tradition jugera conflictuelle et
irrductible. La croix chrtienne habite et interpelle
lesprit tout autant par son existence historique et
matrielle que par sa charge rationnelle. Le drame et la
Passion fondateurs de lre chrtienne dans lesquels elle
tint un rle dcisif et ultime se jouent en fait
ternellement et sactualisent chaque fois au cur mme
de lexistence individuelle dont ils constituent le
contexte essentiel, le vrai moteur en mme temps que la
mystrieuse finalit. Cette croix chrtienne dsigne par
consquent une ralit vivante et imprieuse, intime et
universelle, originaire et ultime. Ce sont ainsi le sens et
la porte de ce drame et de cette Passion que retrouva
Abellio au travers de la figure de la croix.
A la suite de sa redcouverte de la structure
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ontologique
et
transcendantal,
cette
notion
fondamentale de la mtaphysique gnostique quest le
devenir gntique peut tre dfinie dans un premier
temps comme une srie de modes dtre et de
modifications de ces modes. Mais la phnomnologie
gntique, dans son approche du rel, va plus loin et
plus en profondeur. Ce que son approche gntique des
choses nous rvle, cest lexistence dun certain
tropisme constitutif de ce devenir. En effet, si la srie
des stases et des ek-stases possde une raison, ou plutt
un ensemble de raisons expliquant comment soprent
les diffrents passages entre les stases et entre les ekstases, elle possde aussi une raison suprieure, la raison
de ces raisons, leur sens dernier et leur couronnement.
Toute gense ainsi dtermine savre donc tre
polarise, ce qui revient dire que ce qui, en tout
individu, en tout peuple, en toute civilisation, intresse
la phnomnologie gntique, savoir le devenir de ce
que nous avons appel le rapport au monde et la
prsence soi, est un mouvement graduel et irrversible
dot dun point culminant, dun apoge, dun niveau
ultime dachvement, de parachvement. La gense,
dans la pense dAbellio, prend alors le sens dune
gradation ; elle identifie les tapes du devenir de
lalliance universelle et transparente de la conscience et
du monde, en un mot de la connaissance. Mais il ne
faudrait pas conclure de ces attributs essentiels de la
gense que sont la polarisation et la gradation que cet
tat de connaissance, aboutissement ultime de la gense,
tat dans et par lequel les notions dindividu, de peuple
et de civilisation prennent un sens radicalement
nouveau, soit systmatiquement atteint par tout individu
ou toute civilisation ; cela nest que trs rarement le cas,
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CONCLUSION
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BIBLIOGRAPHIEI
I) Romans :
-
II) Thtre
-
III) Essais
-
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IV) Mmoires
-
227-271).
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V) Journal
-
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