HYPPOLITE, J. - Vie Et Philosophie de L'histoire Chez Bergson

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Vie et philosophie de l'histoire

chez Bergson
JEAN HYPPOLITE
Sorbonne, Pars

La philosophie de Bergson est une philosophie de la vie avant


d'tre une philosophie de l'histoire humaine. Les concepts bergsoniens, lan vital, volution cratrice, dichotomie et double frnsie,
conviennent la vie et ne sont pas spcialement taills sur l'histoire
des hommes, comme le sont par exemple dans la Phnomnologie de
Vesprit ceux de Hegel. Par contre Bergson nous montre les rapports
entre l'histoire humaine et l'volution genrale de la vie, entre la civilisation et la nature. C'est dans VEvlution cratrice, puis dans les
Deux sources de la morale et de la Religin, qu' il tudie le rapport
de l'humanit la vie universelle sur notre plante. Dans VEvlution
cratrice l'homme apparait comme le sens de toute l'volution. **Tout
se passe comme si im tre indcis et flou qu'on pourra appeler, comme
on voudra, homme ou surhomme, avait cherch se raliser et n'y
tait parven qu'en abandonnant en route une partie de lui-mme''.
Cette volution est d'ailleurs contingente dans ses dtails sinon dans
l'essentiel. 11 y a un aspect historique de Fvolution qui ne ralise
pas un plan tout fait, mais n'est pas non plus une suite de hasards
indpendants, une volution dont l'avenir reste indtermin, et qui
pourtant dans sa cration apporte avec elle la signification rtrospective de son propre pass, de sorte que cette histore se justifie rtrospectivement". "On congoit done que la vie eut pu revtir un tout
autre aspect extrieur et dessiner des formes tres diffrentes de celles
que nous lui connaissons". La philosophie qui cherche comprendre
la vie doit teir compte de cette donne historique et travers elle
dcouvrir le sens de l'lan vital. C'est une "histoire naturelle" et non
une histoire de l'humanit qu'a crite Bergson en philosophe.
Nous allons essayer maintenant de relever les traits marquants de
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l'introduclion la philosophie de Fhistoire humaine que nous trouvons dans les Deux sources de la morale et de la religin.
1. L'humanit apparait dans VEvolution cratrice comme une
certaine espce, mieux doue certes que les autres; c'est cependant
d'abord une espce vivante comme les autres. II y a done une nature
humaine spcifique, et par nature "il faut entendre l'ensemble des
complaisances et des rsistances que la vie rencontre dans la matire
b r u t e ; u n corps qui comportait rintelligence fabricatrice avec autour
d'elle une frange d'intuition tait ce que la nature avait pu faire de
plus complet". La vie a ralis dans l'homme l'espce la plus haute,
mais le dessin de cette espce, qui constitue une certaine structure.
un ensemble naturel et delimit, dfini, done clos a certains gards,
s'oppose l'effort de cette espce pour se dpasser elle-mme. II
y a un conflit entre la nature de l'espce-homme et l'existence que
rhomme s'est donne, se donne lui-mme. Ce conflit entre la nature
et Yexistence fait tout le drame de Fliistoire humaine. C'est un mrite
de Bergson d'avoir oppos une philosophie du progrs automatique
de rhumanit une philosophie qui insiste sur ce conflit permanente
sur les retombes incessantes de l'homme dans une nature donne, et
sur l'effort pour transcender cette nature et ouvrir ce qui est clos.
Ce conflit ne fait d'ailleurs que reproduire au niveau humain ce qui
se passe dans l'lan vital en general, o le risque crateur s'oppose
sans cesse la conservation de soi, o le mouvement en avant est contrari par la stagnation et le tournoiement sur place des espces et
des individus. "Et il faut se rappeler surtout que chaqu espce se
comporte comme si le mouvement general de la vie s'arrtait elle
au lieu de la traverser. Elle ne pense qu' elle, elle ne vit que pour
elle". Toutefois chez l'homme ce qui s'oppose, c'est Veffort conscient
de l'intelligence et la nature donne de l'espce. Bergson fait bien une
critique de l'intelligence, mais il voit aussi en elle le grand instrument
de liberation de la conscience, de sorte qu'avec l'intelligence l'lan
devient conscient de lui-mme, il devient effectivement effort pour se
dpasser toujours. Dans les chapitres de VEvolution cratrice o Bergson montre les limites de l'intelligence, il montre en mme temps
qu'elle seule rend possible l'ouverture de ce qui est clos, et assure
cette marche la reflexin qui parait tre le sens mme de l'lan..
Elle fait clater les conditions naturelles de l'espce-homme parce
qu'en tant qu'intelligence fabricatrice elle cree sans cesse des instru-

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ments nouveaux qui dpassent tout ce que la vie avait pu entrevoir


dans son dessein primitif, et parce que, dans cette marche la reflexin, il arrive que rintelligence, caractrise d'abord par une incapacit naturelle comprendre la vie, rveille I'intuition virtuelle et
rejoigne l'lan dans son mouvent purement crateur. Mecanisme et
mystique sont les deux grandes russites de la vie dans l'homme, opposes en apparence, complmentaires en ralit.
2. On sait que dans VEvolution cratrice Bergson dfinit cette
nature humaine prcisment par l'intelligence fabricatrice: "Si nous
pouvions nous dpouiller de tout orgueil, si pour definir notre espce
nous nous en tenions strictement ce que l'histoire et la prhistoire
nous prsentent comme la caractristique constante de l'homme et de
l'intelligence, nous ne dirions peut-tre pas homo sapiens, mais homo
faber". Cette facult de fabriquer des objets artificiis, en particulier
des outils faire des outils, est la dmarche originelle de l'intelligence.
Elle conduit de l'outil a la machine proprement dite, de la machine
aux moteurs dans lesquels, par une sorte de ruse, l'homme dtourne
de sa fin propre et capte l'nergie naturelle pour l'utiliser son profit.
Cette ruse continu celle de la vie, qui s'empare de l'nergie solaire
pour pouvoir la dpenser librement aprs l'avoir accumule. Mais
dans ce progrs formidable, d prcisment l'intelligence fbricatrice, progrs qui, crit Bergson en 1932, ira jusqu' "la libration de
la forc que reprsente condense la moindre parcelle de matire pondrable", Vespece humaine se transcende elle-mme. La nature en
nous dotant d'une intelligence essentiellement fabricatrice, avait bien
prepar pour nous un certain agrandissement, mais le rsultat dpasse
tout ce qui avait pu tre prvu, et qui, rptons-le, formait un certain
systme dfini et relativement dos. Ce fut une chance unique, la plus
grande russite matrielle de l'homme sur la planete. L'homme s'est
ainsi cre une existente ouverte; en lui la vie a pu devenir ce qu'elle est
par essence, conscience, c'est--dire libert, exigence de cration. La
conscience disparait en effet chaqu fois que l'horizon est bouch
par l'action immdiate, chaqu fois que la vie s'est enfonce dans la
pur conservation de soi-meme, mais rapparait quand s'ouvrent des
perspectives de plus en plus lointaines, quand l'horizon s'loigne. La
conscience pur serait Vouvert, et l'intelligence, comme le montre
VEvolution cratrice, est seule capable, par ce progrs indfini de la
fabrication, par le langage qui cree une nouvelle matire la pense.

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par la socit o se dposent le progrs raliss pour tre la disposition des gnrations futures, de desserrer l'tau et d'assurer cette
ouverture. Elle en est capable, amis, posant tous les problmes sans
avoir seule les moyens de les resondre, elle met anssi en pril la vie
humaine. Si elle s'lve au dessus de l'instinct de Tespce, ou de ce
qui en est Tquivalent humain, et si elle ne rejoint pas l'intuition qui
est la vie absolue consciente de soi, elle est dans son effort et dans
son entreprise suspendue dans le vide, sans cesse sur le point de retomber dans l'instinet, profond mais borne, et cette retombe, tant
donne l'imraensit, la monstruosit du corps artificiel cre par nos
machines, ne peut plus tre qu'un instinct perverti, capable d'anantir
l'espce qu'il avait pour fonction de prserver. Ainsi la guerre, lie
a la socit cise, aux conditions de la nature humaine apparait
aujourd'hui comme une menace de destruction complete "Au train
dont va la science, le jour approche o I'un des adversaires possesseur
d'un secret qu'il tenait en reserve, aura le moyen de supprimer l'autre: il ne restera peut-tre plus trace du vaincu sur terre".
3. L'existence historique de Thomme nous apparait done entre
l'instinct et l'intuition, comrae un effort toujours reprendre, jamis
garanti compltement. La grande illusion, serait de croire un progres continu, un abandon dfinitif des conditions naturelles. II y a
bien sans doute une accumulation, un progrs constant de Toutillage,
du savoir dpos dans le langage, des institutions mmes pourrait-on
dir, mais tout cela est l'acqus social, a besoin d'tre reconquis par
chaqu gQration. "Chassez le naturel, dit Bergson, il revient au
galop". Ce naturel nous est dissimul par le milieu humain dans
lequel nous vivons, il n'en existe pas moins, et pour pouvoir le transcender, il faut en reconnaitre la puissance et les caracteres distinctifs.
Ces caracteres qui forraent un ensemble organique, une totalit forme de termes complmcntaires les uns des autres, sont dcrits par
Bergson partir de la notion de socit cise, parallle a la socit
anmale, mais o rintelligence apporte ses variations, et o l'obligation stricte compense les hsitations possibles de cette mme intelligence. La sociologie bergsonnienne est enveloppe par la biologie, elle
relie la socit humaine primitive, d'abord aux exigences vitales et
une finalit immanente de l'instinct ou de ce qui en tient lieu chez
u n tre intelligent; cette socit cise comporte la guerre, lie la
proprit (outils et matire premire). Cette guerre, toujours possible,

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exige une discipline sociale qui aboutit la distinction des maitres et


des esclaves. Cette distinction, cette dualit virtuelle en chaqu homme
particulier, correspond au polymorphisme des socits animales. Cette
socit naturelle qui tend tujours se reformer, mme quand la guerre aboutit des empires immenses, aurait pour devise "Autorit,
hirarchie, fixit", le contraire de la devise dmocratique "Lihert,
galit, fraternit", car la dmocratie va en sens inverse de cette nature. En dpit de ses imperfections, surtout quand elle n'est qu'une
dmocratie formelle, la dmocratie correspond un effort, tujours
reprendre, tujours menac dans ses rsultats par la pese de la
nature, un effort vers la libration de Thomme. Le vieil homme risque
tujours de rapparaitre. Ne devons-nous pas approuver ici Bergson
quand nous voyons l'homme le plus civilis capable de participer
la guerre, d'adhrer la fausse mystique qui la rend possible? Freud
faisait jadis Vienne les mmes remarques. Les instincts ont t seulement refouls par la civilisation, mais ils se donnent libre cours dans
certains cas, et la guerre est un de ees cas, la fausse mystique aussi,
caricature de la vraie, qui fait croire toute une nation qu'elle est
charge de dominer le monde, que Dieu est avec elle, ou est un Dieu
national. La volont de puissance de Timprialisme n'est pas la vraie
mystique, n'exprime pas selon Bergson le sens profond de la vie que
les vrais mystiques dcouvrent seuls. Ainsi on peut retrouver dans
notre monde, si diffrent pourtant de la socit primitive, un retour
des instincts de la nature, pervertis par le progrs dj accompli.
4. C'est en mditant sur les rapports de la mcanique et de la mystique la vraie leur complmentarit et leur opposition apparente,
qui rsultent jusque dans Thistoire humaine d'un dveloppement analogue au dveloppement biologique dichotomie, double frnsie,
que Bergson envisage la possibilit pour l'homme de tourner les obstacles suscites par son propre progrs, et de reprendre sa marche en
avant. II est d'ailleurs vident pour Bergson que cette marche n'est
jamis garantie, que l'histoire, en dpit d'un sens qui se dcouvre en
se crant, comporte des contingences, des donnes partir desquelles
la pense historique doit s'orienter. Toute la conception du tempsinvention chez Bergson va contre l'ide d'une fatalit historique.
Mcanique et mystique sont les deux grands moyens de libration
de l'homme. EUes s'exigent l'une l'autre, mais ont d se dvelopper
sparment dans l'histoire en dpit de la tendance primitive qui les

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enveloppait toutes les deux. D'abord la mystique appelle la mcanique, car "l'homme ne se soulvera au-dessus de la terre que si u n
outillage puissant lui fournit le point d'appui. II devra peser sur la
matire s'il veut se dtacher d'elle", Quand a paru le livre de Bergson
sur les Deux sources, on a t tent de mal comprendre et de rattacher
la thse du philosophe une "grande pnitence" prche par quelques poltiques. En fait il ne s'agit pas de renoncer "cette domination de la nature" que nous assure le machinisme, mais d'viter que
cet instrument de libration puisse devenir un moyen d'asservissement. Personne ne niera les problemes humains que pose le machinisme et qu'une suppressin des classes sociales ne rsoudrait pas
immdatement. La machine peut nous asservir alors qu'elle est faite
pour nous librer. Mais il ne s'agit pas de revenir en arrire, comme
une nostalgie de l'instinct clos le fait dsirer certains artistes ou
certains penseurs, car le vrai mysticisme a besoin de se rpandre et
de s'tendre toute l'humanit, au lieu d'etre Papanage d'une lite
restreinte. "Comment se propagerait-il mme dilu et attnu, comme
il le sera ncessairement, dans une humanit absorbe par la crainte
de ne pas manger sa faim". Le vrai mysticisme exige done un empire
sur les choses pour que l'homme n'en ait plus tant sur l'homme. Mais
d'autre part la mcanique appelle la mystique aussi bien, car, par une
sorte d'erreur d'aiguillage, le dveloppement du machinisme aboutit
un luxe exager pour un petit nombre au lieu de conduire la libration pour tous. Allons plus loin, cette libration elle-mme n'en
serait pas une si l'homme restait prisonnier de ce bien-tre et de ce
confort qui peut lui procurer cette domination sur les choses. Qui sait
si une humanit organise seulement pour la production et la consommation ne deviendrait pas une immense foiurmilire! La domination
sur les choses doit tre au service de l'homme pour qu'il puisse se
dominer lui-mme. L'organisation de la production et de la consommation n'a de sens que si elle est rattache cette libration effective.
"Cette mcanique ne rendra des services proportionns sa puissance
que si l'humanit qu'elle a courbe encor davantage vers la terre
arrive par elle se redresser, et regarder le ciel". II faut que l'humanit prenne conscience de sa vocation. Son avenir dpend d'elle.
"A elle de savoir si elle veut vivre", " elle de se demander ensuite si
elle veut vivre seulement, ou fournir en outre l'effort ncessaire pour
que s'accomplisse, jusque sur notre plante rfractaire, la fonction

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essentielle de l'univers qui est une machine faire des Dieux". Ici la
vocation de Thomme qui est "cTtre ce qu'il devient" et non pas seulement de "devenir ce qu'il est" est mise en pleine lumire. II s'agit de
dpasser les conditions closes de l'espce-homme ou, mieux encor, de
dpasser toute espce. "Le gnie mystique voudra faire de l'humanit
une espce nouvelle, ou plutot la dlivrer de la ncessit d'etre une
espce. Qui dit espce, dit stationnement coUectif et l'existence complete est mobilit dans Findividualit", ce texte des Deux sources
rejoint celui de VEvolution cratrice o est affirme l'ouverture indfinie de l'Existence qui n'apparait qu'avec l'homme. Avec l'homme
la vie s'est leve sur les hauteurs "d'o elle voit un horizon se rouvrir
devant elle", conscience tant synonyme d'invention et de libert.
Ainsi l'ouvert des Deux sources est deja annonc comme le sens de
toute l'volution vitale dans VEvolution cratrice.
Nous n'avons voulu qu'indiquer les perspectives d'une philosopliie
de l'histoire chez Bergson, insistant particulirement sur cette opposition de la Nature (cise) a VExistence (ouverte), qui nous a paru
essentielle, et qui nous a paru aussi annoncer quelques aspects de la
phUosphie existentielle actuelle. L'existence en effet, oppose la
nature, l'existence s'ouvrant, par un risque, sur des perspectives indfinies nous a paru une notion particulirement importante l'heure
prsente. Nous ne nous dissimulons pas, par aiUeurs, que Bergson n'a
donn que des indications sur une philosophie de l'histoire possible.
Proccup de rapporter l'existence humaine la vie en general, montrant meme le vertige qui peut s'emparer de cette existence quand,
conunen^ant e'ouvrir, elle dcouvre la mort et se laisse prendre
l'ide d'une vanit de tout effort non garanti, et la riposte ce vertige
qu'apporte l'instinct sous la forme de la fonction fabulatrice, Bergson
a sans cesse amorc une philosophie de l'histoire hmuaine, sans la
traiter effectivement. Peut-tre a-t-il trop cd cette orientation fondamentale de sa pense: "La philosophie devrait tre un effort pour
dpasser la condition humaine", allant de l'honune biologique au surhomme sans s'arrter assez longuement aux caracteres de cette existence historique humaine qui se situ entre les deux. Mais il ne serait
pas impossible de prolonger ici Bergson en appliquant au devenir social ses rflexions antrieures sur la mmoire. Quoiqu'il en soit de ees
perspectives nous avons voulu ici nous limiter l'tude de ce rapport
de l'existence humaine et de la vie dans sa philosophie.

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