Mme Bovary Ext 2 Échec Du Reve
Mme Bovary Ext 2 Échec Du Reve
Mme Bovary Ext 2 Échec Du Reve
Un critique a dit que tous les personnages dcrits par Flaubert sont taills dans lui-mme. En
effet, dans cet extrait deMme Bovary, Flaubert semble faire revivre les tentations qu'il a eues
et les inspirations qu'il a ressenties. L'intrt de ce texte est la relation crateur (Flaubert) /
crature (Emma). Dans ce passage, Emma rve dans le lit conjugal. Flaubert met en drision
ce rve mais rajoute aussi une certaine compassion.
Emma ne dormait pas, elle faisait semblant d'tre endormie ; et, tandis qu'il s'assoupissait
ses cts, elle se rveillait en d'autres rves.
Au galop de quatre chevaux, elle tait emporte depuis huit jours vers un pays nouveau, d'o
ils ne reviendraient plus. Ils allaient, ils allaient, les bras enlacs, sans parler. Souvent, du haut
d'une montagne, ils apercevaient tout coup quelque cit splendide avec des dmes, des
ponts, des navires, des forts de citronniers et des cathdrales de marbre blanc, dont les
clochers aigus portaient des nids de cigognes. On marchait au pas, cause des grandes dalles,
et il y avait par terre des bouquets de fleurs que vous offraient des femmes habilles en corset
rouge. On entendait sonner des cloches, hennir les mulets, avec le murmure des guitares et le
bruit des fontaines, dont la vapeur s'envolant rafrachissait des tas de fruits, disposs en
pyramide au pied des statues ples, qui souriaient sous les jets d'eau. Et puis ils arrivaient, un
soir, dans un village de pcheurs, o des filets bruns schaient au vent, le long de la falaise et
des cabanes. C'est l qu'ils s'arrteraient pour vivre ; ils habiteraient une maison basse, toit
plat, ombrage d'un palmier, au fond d'un golfe, au bord de la mer. Ils se promneraient en
gondole, ils se balanceraient en hamac ; et leur existence serait facile et large comme leurs
vtements de soie, toute chaude et toile comme les nuits douces qu'ils contempleraient.
Cependant, sur l'immensit de cet avenir qu'elle se faisait apparatre, rien de particulier ne
surgissait ; les jours, tous magnifiques, se ressemblaient comme des flots ; et cela se balanait
l'horizon, infini, harmonieux, bleutre et couvert de soleil. Mais l'enfant se mettait tousser
dans son berceau, ou bien Bovary ronflait plus fort, et Emma ne s'endormait que le matin,
quand l'aube blanchissait les carreaux et que dj le petit Justin, sur la place, ouvrait les
auvents de la pharmacie.
Flaubert - Madame Bovary
Analyse :
I- Le rve caricatural d'un esprit romanesque
On sait que Emma a vcu une enfance plonge dans les livres. Ceux-ci sont l'origine du
rve " idiot " de ce passage. Idiot car tous les clichs romanesques et romantiques habituels s'y
trouvent: Flaubert souligne les excs et les faiblesses du courant romantique dont il ne peut
nier
l'influence
sur
son
criture
(autodrision
?).
Emma s'imagine un pays nouveau (une sorte de mli-mlo d'lments conventionnels), une
vie l'oppose de la sienne donc belle ; elle rve d'un grand amour (mais celui-ci reste un
clich, il est indfini). Son got pour la richesse se retrouve aussi dans ce passage.
II- Un rve porteur des aspirations du romantisme
abolition
des
phrases
ponts,
navires
la
contemplation:
pas
limites
spatiales
longues
=>
=>
abolition
de
participation
("
et
des
sans
temporelles.
respiration
limites.
parler
")
Conclusion :
Cette page est reprsentative du style de Flaubert : il se moque du Romantisme, d'Emma,
mais en mme temps autodrision ("la Bovary c'est moi"). Il y a en mme temps un flou
gnral (voulu), une ambigut qui empche de porter un jugement. Peut-tre ne valons-nous
pas mieux ? La rverie est sans doute ncessaire pour survivre.