1 Les Règles de Base Du Droit Civil
1 Les Règles de Base Du Droit Civil
1 Les Règles de Base Du Droit Civil
2007]
LES REGLES DE
BASE DU DROIT
CIVIL
Dossier préparé pour le master :
juriste d'affaire
[ Professeur encadrant : Mr. JOUIDI
Préparé par : A.BENBARAKA.]
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INTRODUCTION :
La théorie des obligations est à l'origine non seulement du droit civil, mais du
droit tout entier : le droit commercial, le droit administratif, le droit
international, privé ou public, sont à base de rapports obligatoires, et il n'est
nullement exagéré de dire que le concept « obligationnel » constitue l'armature
et le substratum du droit et même, d'une façon plus générale, de l'ensemble
des sciences sociales.
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Le texte fondateur du droit civil marocain est le dahir formant code des
obligations et des contras, scellé à Marrakech le 12 août 1913, promulgué et
mis à exécution le 30 août 1913 et publié au bulletin officiel du royaume du
Maroc le 12 septembre 1913.
Ce texte a été peu modifié depuis le début du XIXe siècle, et reste, aujourd'hui
encore, le fondement du droit civil Marocain et plus largement de tout le droit
marocain. Son domaine est en effet extrêmement large : a l’exclusion du droit
des personnes (le nom, le statut de la personne humaine, la personnalité
juridique, les incapacités, c'est-à-dire les conditions permettant de passer des
actes, d'être propriétaire de biens, etc), le droit de la famille (filiation, mariage,
pacs, divorce), le droit patrimonial de la famille (régimes matrimoniaux,
libéralités, successions), le doc contient toutes les règles qui régissent le droit
des biens (quels types de biens, meubles ou immeubles, la propriété, la
possession), le droit des obligations et des contrats, et des techniques plus
techniques mais essentielles comme les techniques de prescriptions des
droits.
Antérieurement au DOC, la loi locale était basée sur le droit musulman déformé
et modifié par les usages locaux. Ce droit musulman n’était pas codifié et les
usages locaux étaient incertains, contradictoires et mal connu. Il convenait
donc, pour faire face à cet absence de règles due aussi bien à la pratique
casuistique musulmane qu’aux mauvais réflexes juridiques nés des usages en
vigueur dans les capitulations de légiférer en matière contractuelle, délictuelle
et quasi-délictuelle et d’une telle manière que cette loi puisse se fondre dans
un royaume du Maroc sous protectorat français sans léser, ni les intérêts
économiques des uns, ni les pratiques religieuses des autres basées sur la
sharia.
Le contexte dans lequel ont été forgé le DOC et par conséquent les règles de
base du droit civil marocain était caractérisé par une domination des idées
libérales et volontaristes, et cela se voit à traves les règles et les principes que
contint le DOC.
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politico-économique n’est plus le même, ni même l’environnement social et
idéologique.
Répondre a une telle question passe par l’analyse des règles de base qui
constituent la charpente de notre droit mais aussi de leur carence et de leur
insuffisance et cela a travers deux points essentiels :
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Le législateur de la période du protectorat s’est inspiré du droit français pour
forger le DOC, qui actuellement la base du droit civil marocain, coupant ainsi
court avec le droit musulman qui est essentiellement casuistique et en le
remplaçant par un ensemble de règles qui forment un groupe structuré. Les
règles contenues dans le DOC relatives aux obligations se présentent, en effet
comme un ensemble assez bien structuré et coordonné.
Les règles forgées par le DOC présentent une certaine permanence, c’est-
à-dire qu’elles n’ont guère changé depuis 1912. Certains textes ont certes été
modifiés (surtout la clause pénale, la prescription extinctive), mais dans
l’ensemble on assiste à une non évolution.
Certains textes sont inspirés du droit romain qui, à la fin de leur évolution,
était arrivé à une maturation juridique presque parfaite. Les rédacteurs du
DOC se sont inspirés de cette période où les concepts étaient juridiquement «
parfaits ».
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SECTION 2 : ILLUSION PARTIELLE DE LA PERMANENCE DE LA THEORIE
GENERALE DES OBLIGATIONS.
En conclusion, il faut bien avoir à l’esprit que les lois « spéciales » ne règlent
que certains aspects et non tous.
Les juges en interprétant et en appliquant les textes peuvent les faire évoluer
même si la formulation ne change pas.
Ex. art 230 et 231, le contrat est comme une loi pour les parties contractantes.
Les conventions doivent être exécutées de bonne foi (= principe
d’interprétation). Mais au fil du temps, cet article a pris de plus en plus
d’importance au point de fragiliser le concept fondamental. En 1912, le DOC
était basé sur la liberté, l’individualité et l’égalité. Au cours du siècle, c’est
l’idée de solidarité qui a émergé : les contrats doivent être exécutés de bonne
foi.
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SECTION 3 : IMPORTANCE DE LA THEORIE GENERALE DES
OBLIGATIONS.
L’obligation est à la base du droit civil mais aussi de la vie des affaires car il
régit les relations entre particuliers mais également les relations entre agents
économiques.
A A A
B B’ B’’ B
C’est un lien de droit c’est à dire qu’une personne est tenue à ses obligations
et le créancier peut l’y contraindre en ayant recours aux tribunaux. Est
associé au lien de droit, le pouvoir de contrainte.
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un élément négatif de son patrimoine contrairement au créancier où cet
élément est positif vu qu’il ne grève pas son patrimoine.
Le nombre des obligations étant illimité, il est utile de procéder à une mise en
ordre qui passe nécessairement par des classifications. A cette fin, plusieurs
critères peuvent être retenus (nature, objet, intensité, source de l'obligation)
qui permettent autant de classifications différentes. Cette entreprise, outre
qu'elle donne une première idée de la grande diversité des obligations, permet
de réaliser des distinctions qui font apparaître des différences de nature et de
régime juridique.
Le DOC dans sa structure a opté pour une classification basée sur les sources
de l’obligation, chose qui nous poussera à analyser ces sources dans un
premier temps avant de voir brièvement les autres classifications.
§1 : La classification légale
La source de l'obligation c'est le fait -immédiat- qui lui
donne naissance.
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naissent de la loi Indépendamment de la volonté du débiteur, et qui ont pour
source un fait juridique (responsabilité civile et quasi-contrats).
Selon une doctrine, la véritable source des obligations est la loi. Quand un
contrat fait naître une obligation, c’est uniquement parce que le législateur dit
qu’il y a obligation. Le fondement de ce principe, sont Les articles 230 ET
231 du DOC.
Cette nouvelle conception des sources des obligations est basée sur les faits
juridiques sensu lato.
Les faits juridiques sont tout fait quelconque auquel la loi reconnaît des effets
de droit, auxquels la loi attache des obligations.
L'obligation civile est celle qui désigne le lien de droit qui permet au
créancier d'exiger quelque chose de son débiteur. Par contre, dans l'obligation
naturelle le «créancier ne peut rien réclamer à son «débiteur». Néanmoins,
l'obligation naturelle n'en est pas moins une obligation juridique, en ce sens
qu'elle produit un effet de droit. Un effet restreint puisque le
créancier d’une obligation naturelle ne peut pas en exiger l’exécution, mais le
débiteur qui exécuté spontanément ne peut plus revenir sur cette exécution.
Bien que le nombre des obligations soit illimité, leur objet se ramène toujours
soit à «donner», soit «à faire», soit «à ne pas faire».
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Le verbe donner est entendu ici dans un sens particulier beaucoup plus large
que son sens habituel. L'obligation de donner ou obligation de dare c'est
l'obligation de transférer la propriété. Le débiteur d'une obligation de donner
doit effectuer au profit du créancier une dation c'est-à-dire non pas une
donation mais un transfert de droit réel.
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l’objet d’un exposé a part on se limitera donc à étudier les actes juridiques,
leurs régimes et le sort qu’ils peuvent y avoir.
Il y a des exceptions. Cela ne vaut que pour les droits réels qui
portent sur une chose existante et individualisée (identifiée) au
moment de la conclusion du contrat.
SECTION 2 : LES OBSTACLES AU PRINCIPE.
§1 : CHOSE FUTURE
La règle de l’article 19, ne s’applique pas lorsque la vente
porte sur une chose future : ex. le fermier vend la récolte de
l’année prochaine au prix du marché au moment où la vente se fera,
le vendeur est-il déjà lié ? La vente existe ; le vendeur ne pourrait
donc pas vendre sa récolte à quelqu’un d’autre. Mais le premier effet
du contrat de vente n’aura lieu que lorsque la chose existera. Mais il
se fera à ce moment là automatiquement (sauf volonté contraire des
parties).
§2 : CHOSE DE GENRE
La règle de l’article 19, Ne s’applique pas lorsque la vente
porte sur une chose de genre (« genus » ≠ « species ») : je
commande une voiture, je signe un bon de commande mais soit la
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voiture n’existe pas encore ou elle existe déjà mais est toujours chez
le fabricant. On n’en deviendra propriétaire qu’au moment où la
voiture sera individualisée, le transfert se faisant automatiquement
au moment de l’individualisation (sauf volonté contraire des parties),
parfois même à l’insu de l’acheteur. Il en supportera les risques.
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Sous section première : Droit de suite et droit de préférence.
§1 : Le principe
Dans notre droit, on applique la règle « res perit domino » (la chose
périt pour son propriétaire). Quelle est l’hypothèse envisagée ? C’est
celle où l’objet de l’obligation de dare (chose vendue) est détruite
par un cas fortuit (ou cause étrangère libératoire, c'est-à-dire sans la
faute du vendeur) avant la délivrance de cette chose.
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- totale et définitive
- partielle (vente d’une voiture livrée mais les accessoires font défaut)
- défectueuse
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Quelles sont les conditions qui doivent être réunies pour que le
créancier puisse obtenir une sanction ?
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Sous section 3 : EFFETS DE LA MISE EN DEMEURE
§1 : Le principe
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Dans une obligation de résultat, aussi, parce que le débiteur est
présumé en faute, mais peut prouver le contraire (cause étrangère
libératoire) et pour autant que le législateur n’en décide autrement.
1) UN ÉVÉNEMENT
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4) THEORIE DE L’IMPREVISION
B. EFFETS
Une fois que le débiteur a pu faire la preuve de la cause étrangère
libératoire, il est libéré et sans devoir des dommages et intérêts ni
encourir aucune sanction.
A la suite de la cause étrangère libératoire,
1 • Soit l’inexécution est devenue totalement impossible et
définitivement impossible : le débiteur est libéré définitivement et
totalement
2 • Soit l’inexécution est partielle : le débiteur est libéré
partiellement et doit donc exécuter le reste du contrat mais il y a
une série de cas où l’inexécution partielle sera assimilée à une
inexécution totale (parce que l’inexécution partielle n’aurait plus de
sens pour le créancier ; cela n’a pas de sens dans l’économie du
contrat).
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Des cas de force majeure peuvent rendre l’inexécution définitive
quand le délai est essentiel : ex. des muguets du premier mai. Un
retard dans l’exécution équivaut à une inexécution définitive.
SECTION 3: SANCTIONS
Par équivalent
§1 : L’ASTREINTE
§2 : La contrainte corporelle.
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Sous section 2 : PALLIATIFS AU PRINCIPE
§1 : INCONVÉNIENTS DU REMPLACEMENT
JUDICIAIRE
2 • 1° Le remplacement judiciaire suppose une procédure en
justice coûteuse et lente.
3 • 2° Lorsque le remplacement est demandé au juge, celui-ci
est-il obligé de l’accorder si les conditions sont remplies ou a-t-il
encore un pouvoir d’apprécier l’opportunité de cette mesure ? Si l’on
adopte cette thèse, le créancier va en justice, aux frais à sa charge
et n’est pas sûr d’obtenir le remplacement judiciaire.
L’usage selon lequel dans les ventes commerciales, l’acheteur a
le droit de se remplacer unilatéralement, sans devoir passer en
justice préalablement.
Ex. Un acheteur est face à un vendeur qui doit lui livrer le bien
acheté. Le vendeur ne s’exécute pas. L’acheteur a le droit, d’après la
jurisprudence, de se remplacer unilatéralement et donc d’acheter le
même bien et dont les frais seront à charge du premier vendeur.
Des conditions sont requises
1 • urgence
2 • mise en demeure du vendeur même si clause de dispense
3 • l’acheteur doit laisser un certain temps. Par définition, il y
a urgence, donc le délai peut être très bref (même quelques heures)
4 • l’acheteur doit se remplacer au meilleur prix (il doit agir
raisonnablement).
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Pour mettre en cause la responsabilité contractuelle, il faut 3
conditions
1 - une mise en demeure
2 - l’inexécution doit être imputable au débiteur (comp.
obligations de résultats et de moyens,
1 - un dommage : Il faut un lien causal entre l’inexécution
et le dommage
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4 Les dommages et intérêts dus au créancier sont, en général, de
la perte qu'il a faite et du gain dont il a été privé, sauf les exceptions
et modifications ci-après.
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Les parties doivent respecter et exécuter les conventions conclues,
avec comme corollaire que
1.- l’une des parties ne peut revenir unilatéralement sur le
contrat
2.- l’une des parties ne peut mettre fin unilatéralement au
contrat
3.- l’une des parties ne peut modifier unilatéralement le contrat.
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Il y a d’autres cas spéciaux, on se limera à deux exemples car il y a
bien d’autres.
Le droit de résiliation doit être prévu dans la loi. Il faut chaque fois se
poser la question de savoir s’il est donné à titre impératif (les parties
ne peuvent y déroger) ou supplétif (un écart ou des modalités
différentes sont possibles).
Pourquoi ce principe ?
Pour respecter la liberté contractuelle. Tout citoyen est libre de
contracter mais s’il s’engage pour un temps indéfini sans pouvoir de
se dégager, il ne pourra plus s’engager à nouveau et perd donc sa
liberté contractuelle. C’est pourquoi, mettre fin à ce contrat est
possible unilatéralement et sans motifs moyennant préavis. Ainsi :
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A tout moment Exécution de bonne foi (délai
raisonnable)
Sans motifs Abus de droit.
Sans indemnités
1 OBLIGATION DE NON-CONCURRENCE
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1 OBLIGATION POUR LE CRÉANCIER EN CAS
D’INEXÉCUTION DU DÉBITEUR DE PRENDRE DES MESURES
RAISONNABLES POUR DIMINUER LE DOMMAGE DONT CELUI-
CI LUI DEVRA RÉPARATION.
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5 �Lorsqu’il s’agit d’un droit-fonction, il y a abus de droit
lorsque l’on exerce le droit en le détournant de sa finalité.
Conclusion
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L’avènement du dahir formant code des obligations et des contrats en droit
marocain est la résultante de plusieurs facteurs. En premier lieu il est issu
d’un contexte historique et d’une volonté politique liée à la nécessité d’une
réorganisation judicaire du Maroc.
Le but pratique était, non point de résoudre toutes les questions concrètes
pouvant surgir dans le pratique, mais de prescrire des règles d’une portée
suffisamment générale et ordonnées en système. Donc des règles aisées à
découvrir et à connaître de telle sorte que s’y référant, juges et citoyens
puissent déduire facilement de quelle manière telle ou telle difficulté concrète
doit être résolue.
On peut affirmer en conclusion que les buts et les objectifs assignés au DOC
ont été atteints permettant ainsi une bonne application du droit dans le
protectorat ainsi que nous l’avons vu à travers la notion d’obligation et du
contrat.
La reforme du DOC et avec lui l’ensemble des règles de bases que contient
n’est plus une hypothèse d’école, car plutôt une exigence qui devient de plus
en plus pressante.
Bibliographie
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O.Azimane
. Bénabent,
J. Carbonnier,
M.Musons,
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