Cours Chaos
Cours Chaos
Cours Chaos
5
5 5 7 9 11 11 13 14 19 22 25
. . . . . . . . . . . . . . . . . .
Etude de la route vers le chaos . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . L'espace des phases . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Section stroboscopique des trajectoires non perturbes Observation numrique des trajectoires du systme
F0 = 0 . . . perturb F0 = 0
1.4
29
29 29 30 31 35 35 37 38 38
Dissipation dans un systme mcanique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2.2.1 2.2.2 2.2.3 Systmes conservatifs et systmes dissipatifs Les ilots deviennents des attrateurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . Attracteurs tranges dans les zones chaotiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
2.3
Dans ce chapitre, nous allons observer comment le chaos peut se manifester dans un systme mcanique simple . Pour cela, nous nous intressons un systme mcanique particulier,
anim.gif.
le mouvement chaotique
modliser son mouvement par un systme dynamique l'observation du chaos, l'aide d'une
1.1
faure/chaos_lic/cours/pendule_anim.gif.
http://lpm2c.polycnrs-gre.fr/
CHAPITRE 1.
m2 l O
m3
m1
Fig. 1.1 Modle de la roue pulse : l'aimant A qui est lourd, oscille de faon priodique.
m 1 , m2 , m3
1.1.
Il y a
1 degr de libert
= d/dt
Les
frottements sont assez faibles (Se mesurent en laissant la roue tourner seule). systme dynamique est dter-
Il n'y a pas d'inuence alatoire apparente, et en ngligeant les petite perturbations que l'on ne controle pas, on peut armer que le
Tdeterm ?
Le
(t)
mouvement est chaotique : L'adjectif Chaos signie ici : instable, non rgulier, imprvisible, hasardeux, trs sen-
pesanteur n'intervient pas dans la suite. Les trois masses sont solidaires, et on appelle M cet objet qui est libre de tourner autour de O. On note
Om1
et la verticale.
est
priodique. On note
l'angle entre OA et la verticale. On suppose que (t) est priodique de priode T et d'amplitude 0 , et pour simplier (dans un premier temps, et cela est vrai
t (t) = 0 cos(2 ) T
mi . Si la distance A mi
est faible,
CHAPITRE 1.
dirence
= 0. Il y a aussi un maximum pour les deux autres masses m2 , m3 , donc pour ( 2/3) 0. La gure 1.2 montre l'allure de cette nergie potentielle VM ( ).
et prsente un maximum pour
| |
VM ()
mi
de l'objet M. Il y a la
une barrire de potentiel lorsque l'aimant A passe au voisinage d'une des trois masses
m 1 , m2 , m 3 .
distance angulaire o la rpulsion se fait sentir. On estime On propose l'expression suivante pour Lorentziennes, de hauteur
VM (),
:
V0 ,
et largeur
VM () =
k Z
V (xk ) V0
V (x) = 1+
x M
xk = + k
Remarques : Le potentiel (vrier). Grce la priodicit en
2 3 (t).
VM (, t)
dpend du temps
travers
Le vrai objet mcanique est dcentr ; mais le dcentrage de l'axe n'intervient pas.
[ , [ 3 3
1.1.
Equations du mouvement
L'nergie
Son Le
3 1 2 T = 3 mv 2 = ml2 2 2 VM (, t).
t) = T ( ) VM (, t) L(, ,
Son
impulsion est
p =
Le
L = 3ml2
L H(, p, t) = p 2 p = + VM (, t) 6ml2
Les
= H = p p 3ml2 H VM p = =
=
alors, condition de poser
t T
F0 =
nienne :
T 2 V0 3ml2
(1.1)
d H0 = d 0 d0 H0 = d
(1.2)
(1.3) (1.4)
10
CHAPITRE 1.
avec
le Hamiltonien
1 2 + V (, t) H0 (, 0 ) = 0 2
et
l'nergie potentielle
3
V (, t) =
k=1
F0 1+
xk M 2
xk = (t) +
Ce qui donne aussi :
2k , 3
k = 1, 2, 3
d = 0 d d0 = F (, t) d 0
avec
la force
F (, t) =
liser
V
pour mod-
Dans (1.5), on a rajout une force de frottement, avec un paramtre mouvement sous
l'eet des frottements ; mais ce terme ne permet plus d'crire les quations du la forme de Hamilton (1.2). (sauf si
= 0).
Les seuls paramtres sans dimension (que l'on value sur l'exprience) sont donc :
1.2.
11
= 0
t=
et on utilisera
les variables
(, )
comme
T =1
trs
ou , on observe sur la simulation une amplication exponentielle (t) = 1 (t) 0 (t) par un facteur 101.3 20 aprs chaque priode T . Soit peu prs un facteur 10 chaque seconde. Voir gure 1.3. Cela traduit que deux trajectoires voisines
s'cartent l'une de l'autre exponentiellement vite. La situation est dcrite qualitativement sur la gure (1.4). Cela s'observe pour presque toutes les conditions initiales. Il est clair que ce comportement de forte
1.2
Le modle de la roue pulse ci-dessus, se caractrise par un objet dont variable dynamique angulaire
est une dimension (ou un degr de libert), plus prcisement caractris par une
priodique extrieure
F (t). Les
Son mouvement est perturb par la force gravitationnelle priodique exerce par
12
CHAPITRE 1.
Approx: =10 10
-8
/0.75
0 = 108 rad.
1.3.
13
trajectoires sapprochant
divergence de trajectoires t
Fig. 1.4 Dans une dynamique chaotique, deux trajectoires voisines s'cartent ou se rap-
proche de faon exponentielle. Cela est la cause de l'aspect chaotique ou hasardeux du mouvement.
l(t)
oscillant
Une balle de Ping Pong sur une membranne horizontale qui vibre la frquence
Autres exemples : Acclrateur d'lctrons (voir Jackson [7] p35 tome 2) Modle de Frenkel-Kontoroa en physique du solide (atomes sur rseaux). Voir
Jackson [7] p 36 tome 2. Rayon en optique gomtrique dans une cavit (billard). (c'est du chaos ondulatoire) L'lectron d'un atome d'hydrogne avec champ magntique. (c'est du chaos ondulatoire car l'lectron est une onde quantique) L'oscillateur mcanique de Dung. (Barre avec force externe magntique priodique, et frottements lgers). voir :
http://www.mcasco.com/pattr1.html
Exercice :
modlise, puis crire un programme pour rsoudre ces quations et faire cette simulation.
1.3
On considre nouveau le modle de la roue pulse dnit plus haut, et nous commenons une tude plus prcise.
14
CHAPITRE 1.
(, p)
(ou
(, ))
des variables
dynamiques des quations de mouvement de Hamilton Eq.(1.2). A condition d'identier la position = /3 avec la position = /3, remarquons que les dirents angles possibles [ , [ forment un cercle, et que les direntes vitesses 3 3 angulaires possibles forment une droite R. L'espace de phase est donc un cylindre.
F0 = 0
tation. En faisant,
alors
F0 est proportionnel V0 . Il mesure la force de l'aimanF0 = 0, (et = 0), il n'y a plus d'inuence extrieure sur l'objet M, 2 (elle ne dpend pas de H0 (, ) = 1 2
:
non plus), mais
H0 (, )
ne dpend pas du temps. C'est une fonction constante sur l'espace des
qui pourrait tre plus complique dans d'autres exemples. Les quations du mouvement sont
H0 d = = d 0 d H0 = =0 d
On trouve facilement la solution, pour une condition initiale
(0 , 0 )
donne :
( ) = 0 . ( ) = 0 = cste
traduisant le fait que l'objet M a un initiale
T0
= /3 /3. T0
0 ,
T0 =
2 30
Interprtation gomtrique des quations de mouvement : champ de vecteur dans l'espace des phases.
On peut crire les eq.(1.2) sous la forme :
1.3.
15
d = V1 (, ) dt d = V2 (, ) dt
o d'un champ de vecteur Par consquent,
V1 (, ) , V2 (, ) sont deux fonctions, que l'on peut interprter comme les composantes V (, ) = (V1 , V2 ) sur l'espace de phase (, ). Un vecteur V
une trajectoire est une ligne de champ de ce champ de vecteur
s'interprte comme tant une modication innitsimale du point dans l'espace des phases.
V1 (, ) = ,
V2 (, ) = 0,
voir la gure 5.
Remarque : en toute gnralit, le champ de vecteur ne peut pas tre quelconque, car il drive d'une fonction de Hamilton : graphe 2.2.1 ).
V1 = H/ ,V2 = H/.
contraintes au champ de vecteur, comme celle de conserver l'aire par exemple (voir para-
la construction suivante (mme si dans notre exemple, la solution est trs simple).
et vitesse initiale
t.
un point
dans l'espace des phases. Alors on peut calculer le membre de droite des quations de d = mouvement, donnant les composantes du vecteur V (M0 ), on obtient les valeurs de ( dt d V1 , dt = V2 ) donc la variation des variables d = V1 dt, d = V2 dt, et leur valeur la date suivante t + dt :
1 = 0 + d = 0 + V1 dt 1 = 0 + d = 0 + V2 dt
Ainsi de suite, et de proche en proche, cela donne le comportement future du systme
t.
mthode d'int(l'erreur
dt 0
est en
C'est une mthode possible pour simuler le mouvement avec l'ordinateur. Il y a plus ecace cependant : O(dt5 ).
Dans le cas qui nous intresse, la gure 1.5 reprsente le champ de vecteur
dans
l'espace des phases (qui s'interprte comme tant la vitesse d'volution du point sur une
16
CHAPITRE 1.
= 0)
. Les quations de mouvement donnent un champ de vecteur dans l'espace de phase. Une trajectoire issue de
M0 ,
(M0 , M1 , M2 , ...). (, )
on remarque que
T0 =
0 .
(, ),
est donc l'interprtation gomtrique des trajectoires comme tant les lignes de
champ d'un certain champ de vecteur xe. Les conclusions importantes sont d'une part que une
condition initiale
M0 = (0 , 0 )
M0 = (0 , 0 )
d'autre part la mthode d'intgration consiste partir d'une condition initiale, et suivre progressivement les ches du champ de vecteur, pour obtenir la trajectoire.
F0 = 0
quations de Hamilton d-
pendent du temps, et l'analyse prcdente n'est plus tout fait valable, car cette fois-ci, le
champ de vecteur n'est plus xe, mais dpend du temps : Une consquence gnante est qu'un point
V (, , t) = (V1 (, , t) , V2 (, , t)).
(0 , 0 ) ne dtermine plus une seule trajectoire possible, car elle dpend aussi de la position de l'aimant extrieur A, et donc de la date t. L'objet A a un mouvement priodique de priode T = 1 , et donc il sut de connaitre la valeur de t modulo T (i.e. t ramen dans l'intervalle [0, T [).
1.3.
17
Pour se ramener un champ de vecteur x, il faut donc considrer le temps dans l'espace
comme
une variable supplmentaire. Il faut donc considrer que le mouvement de l'objet s'eectue
(, , t),
et
sont considrs
R,
dt = 1, d t est sa
t .
valeur ramene entre
et
1).Les
quations de
d = V1 (, , t) d d = V2 (, , t) d dt = V3 (, , t) = 1 d
dnissant un champ de vecteur x largi de dimension 3, voir g (1.6). Comme ci-dessus, si l'on connait une condition iniitale de ce point
V (, , t) = (V1 , V2 , V3 )
M0 = (0 , 0 , t0 ),
future est compltement dtermine, et s'interprte comme tant la ligne de champ issue
M0
(, , t) (pour
perturbation
F0
quel-
= ).
18
CHAPITRE 1.
t = 0 T,
intersections
t = 0,
un point
(, )
dans
par l'intersection de la
On rappelle une fois de plus que l'intrt de cette reprsentation est qu'un
point de
la section stroboscopique dtermine une trajectoire unique. Remarque importante sur le chaos dterministe
Voici la remarque trs importante qui fait que dj l'on peut prsentir pourquoi le chaos dterministe existe : les lois du mouvement peuvent tre
cas eq.(1.2)) donnant un champ de vecteur trs simple et rgulier dasn l'espace de phase. Mais cela n'empche pas que les trajectoires rsultantes (les lignes de champ obtenues par intgration) peuvent tre
la trajectoire. Tout le paradoxe du chaos est ici. Dans certains cas, la trajectoire rsultante peut tre trs simple (le cas d'un mouvement priodique par exemple), dans d'autres cas (la plupart des cas en fait) elle peut tre si complexe, qui est impossible de la connaitre, sans autre moyen que de faire l'exprience, ou de la construire avec un ordinateur, en commettant des erreurs de prcision bien sr. Dans la suite, on se propose d'tudier nanmoins ce problme savoir complexe, et ce que l'on peut en dire. Puisque l'on a bien prsent le cadre gomtrique qui permet d'observer correctement l'volution de notre systme, on passe maintenant l'tude des trajectoires.
le devenir
aux temps longs d'une trajectoire, et de voir dans quels cas la trajectoire peut tre
1.3.
19
= 0) sont priodiques et (, ). Mais puisque qu'il faut considrer l'espace des (F0 = 0), on va aussi le faire tout de suite dans le cas
= 0).
Fig. 1.8 Trajectoires non perturbes dans l'espace des phases largi (
, , t).
Toutes
= cste.
Exercice
1,
1 2 , , 2 3
Pour chacune des valeurs suivantes de la priode T0 de la trajectoire, p 1 , , 2 (avec 1, et p, q entiers premiers entre eux), 2 q
T0 T
1. donner la valeur de
correspondante,
(, t)
= 0 = cste, (, )
t = 0.
Remarque :
est en
lorsque
T0 T
p q
Solution
20
CHAPITRE 1.
dcalage
T =(1/2 )T 0
Fig. 1.9 Trajectoires non perturbes dans l'espace des phases largi (plans
= cste).
4 3 2 1
F0 = 0.
1.3.
21
Si
1 T0 = T = 1 T
0 = 2/3 2.1. Il y a 1 point l'intervalle [0, 2/3[ avant de se 0 = 4/3 4.2. Il l'intervalle [0, 2/3[
y a 1 avant
1 T0 = 0.5T = 2 T,
0 = 3.14. Il y a 2 points sur la section, et la trajectoire a parcouru 3 fois l'intervalle [0, 2/3[ avant
(rsonance 2 :3), Cela correspond
T0 = 0.66T = 2 T, 3
T0
est quelconque,
p T , (rsonance p :q), c'est dire que T0 /T = p/q est q un nombre rationnel. Alors il y a p points sur la section, et la trajectoire a par-
T0 =
fois l'intervalle
[0, 2/3[
de trajectoires
seulement avec
T0 /T
T0 /T = p/q
des valeurs de
p, q
On observe une ligne dense sur la section. C'est la cas par exemple si T0 = 1.414..T 2 2T , donnant 0 = 3 0.48. (sachez que le nombre le plus irrationnel est 5 1 nombre d'or 2 0.618.)
=
le
Dans ce dernier cas, la trajectoire n'est pas priodique dans l'espace de phase largi, mais pourtant
qui donne d'autres points dcals sur la section. Toutes ces trajectoires possibles (ayant la
) forme une surface, une nappe dans l'espace largi (, , t). Cette surface , et en t. On emploira
donc le terme tore dans la suite, pour mentionner cette surface (trajectoire reprsente dans l'espace de phase largi). Sur la section, cette surface donne une ligne, qui n'est autre que la trajectoire non perturbe reprsente dans l'espace de phase
(, ).
Dans ce paragraphe, on a donc bien compris la structure des trajectoires dans l'espace de phase largi, et leur apparence sur la section stroboscopique dans le cas du systme non perturb. Il est dj apparu (de faon un peu articielle) le rle jou par les nombres rationnels pour
22
CHAPITRE 1.
et
t,
les surfaces
= cste
0 = 1,
La fentre des vitesse angulaires est (Le cas
M = 0.5
et le paramtre
= 0 9,
F0
est variable.
F0 = 0
a t tudi ci-dessus. )
Sur ces gures de sections stroboscopiques, une condition initiale trajectoire (srie de points sur la section stroboscopique
(0 , 0 )
donne une
, ),
couleur. (Mais une mme couleur sert pour plusieurs trajectoires). On observe en gros
courbes 1 dimension (lignes ou lignes courbes, ou un comportement rgulier. Voir aussi gure se rpartissant en surface ( 2 dimensions)
1.14, pour la signication des ilots elliptiques. 2. des trajectoires qui donnent des points correspondant (F0
= 100),
F0 = 100
: (faire TP no2)
on observe bien
= 0.29, = 2.3,
1.3.
23
1:4
2:7
1:3
2:5
3:10 3:8
F=0
F=0,5
F=3
Rsonances
T :T
0
F=9
F=20
F=100
F0 .
Fig. 1.12 Sections stroboscopiques des trajectoires pour direntes forces de l'aimant
F0 = 0,
vers un comportement
F0 = 100.
24
CHAPITRE 1.
2:3
z
F = 3.
rsonances.
Fig. 1.14 Un ilot elliptique associ la rsonance 1 :1 dans l'espace de phase largit
(, , t).
t = 0,
est
F = 3,
1, 2, . . .
situs sur
1.4.
25
= 0, = 0,
F0
augmente que :
p : q)
Du chaos se dveloppe sur les points hyperboliques entres les ilots elliptiques.
Entre les ilots, des courbes 1D persistent exister appelles ilots, l o il y a des tores quasi-priodiques. (voir Plus on augmente la perturbation, plus engloutit les ilots. (voir
F0 = 0, 5, F0 = 3)
F0 = 9, 20, 100).
Remarque :
Cette description t dveloppe depuis Poincar au sicle dernier ; Un clbre thorme dcrit ce comportement lorsque la perturbation section suivante.
F0
augmente :
le thorme KAM
Conclusion :
F0
augmente, mais
l'ordre et le
chaos coexistent dans l'espace des phases (le choix se fait selon la condition initiale
0 , 0 , t0 ).
1.4
Comme expliqu plus haut (section 1.2), l'tude prcdente s'applique qualitative-
Les
la division de
on devrait
F0 = 3,
1,
2, [4 7].
26
CHAPITRE 1.
vant les gaps dans les anneaux de ceux-ci. (sur la prdiction de Satellites d'Uranus, cf Arnold [2] p79) De mme la rpartition des millions d'astrodes situs entre mars et Jupiter, montre clairement la prsence de zones rsonantes rationnelles : les zones en rsonance rationnelle avec la priode de Jupiter, sont gnralement vide d'astroides, appells
gaps
de Kirkwood (1866), (voir cf Arnold [2] p78-80) (Gutzwiller [6] section 9.2). Pour la
mme raison que dans les anneaux de Saturne, des collisions frquentes dans ces zones chaotiques ont eject les astroides prsents. (Voir http ://ssd.jpl.nasa.gov/orbit_diagrams.html). Voir gure 1.16. Des tudes rcentes (J. Laskar) montrent que sur une chelle de temps de l'ordre de1 millard d'annes, les trajectoires des plantes (Venus, Terre,Mars,...) sont chaotiques, mais dans des intervalles de distance plante-Soleil, qui ne rencontrent pas. Cela explique que il n'y a pas eu de collisions. Mais cela suggre que des collisions entre grosses plantes se sont produites au dbuts du systme solaire, et qu'il ne reste que les plantes survivantes que nous connaissons.
1.4.
27
Fig. 1.16 This histogram clearly shows the primary Kirkwood gaps in the main asteroid
belt. These gaps (labeled "3 :1", "5 :2", "7 :3", "2 :1") are caused by mean-motion resonances between an asteroid and Jupiter. For example, the 3 :1 Kirkwood gap is located where the ratio of an asteroid's orbital period to that of Jupiter is 3/1 (the asteroid completes 3 orbits for every 1 orbit of Jupiter). The eect of these mean-motion resonances is a change in the asteroid's orbital elements (particularly semi-major axis) sucient to create the gaps in semi-major axis space.
28
CHAPITRE 1.
En gnral :
Par Chaouqi.
Par Fred.
,Ilots elliptiques, th. KAM, mapping chat ou boulanger. Eet de la dissipiation. TD-TP4
2.1
Dans cette section plus technique, on justie en partie les comportements observs dans le chapitre (1). Rfrences : Arnold [1] p117, p405, Arnold et Avez [3]p68
F0
priodiques (courbes 1D dans la section de Poincar) qui sont voisins des tores invariants
T /T0
F0 0. F0 = 00.53.
C'est bien ce que l'on a observ dans le modle numrique ci-dessus pour
29
30
CHAPITRE 2.
Remarques :
Kolmogorov n'a jamais publi ce thorme. Arnold et Moser ont ensuite donn d'autres dmonstrations. Cela forme le thorme K.A.M. La dmonstration est trs technique, et repose sur l'existence d'un changement de coordon-
(, ) ( , ) canoniques qui transforment la dynamique pour F0 = 0 faible, dans le voisinage d'ancien tores quasi-priodiques, en la dynamique rgulire du cas F0 = 0. (Voir
nes Arnold [1] p411 ou Arnold-Avez [3] p68.)
2.1.2 Apparition des ilots elliptiques, et des points hyperboliques (Thorme de Birkho)
L'explication qui suit est trs esthtique car gomtrique, et sans calcul. Dans la suite, on s'intresse
F0 = 0, les trajectoires situes T0 /T = 1/1 soit 2.1. Comme expliqu ci-dessus (gure 1.9), chaque trajectoire donne un point sur la section de Poincar. Toutes ces trajectoires donnent une ligne 0 sur la section de Poincar = 0 .
est similaire. On considre donc pour
0 = 2/3
F0 = 0
0 , avec k
k = 1).
S , une itration de l'application stroboscopique : Mi+1 = S (Mi ). Pour F0 = 0, susament petit, d'aprs le thorme de Kolmogorov, il y a un tore quasi-priodique + invariant qui persiste pour = + > 0 proche de 0 , (si T /T0 est susament irrationnel) ; autrement dit S (+ ) = + . On a + > 0 , donc T+ < T0 , mais T+ est proche de T0 . Par consquent, sur la section stroboscopique, une trajectoire de +
donnera une succesion de points se dplaant vers la droite. Voir gure 2.1. De mme il y a un tore quasi-priodique invariant proche de attention, A de
= < 0
et
0 , 0
donnant une succession de points se dplaant vers la gauche, sur la section n'est pas
stroboscopique. On a aussi
S ( ) = .Sur la invariant : S (0 ) = 0 ). S (M )
section,
+ .(Mais
sur le segment
est gauche de
M+ .
M , et intermdiaire, Mf
segment courbe
xe, = + . S (M+ ) est droite tel que S (Mf ) reste sur le valeur de , et cela donne une
le point
(, f ())). Soit la courbe f = S (f ) l'image de la courbe f par une itration de l'application stroboscopique. La courbe f , peut se situer n'imorte o, mais cependant elle doit intersecter la courbe f un nombre 2k pair de fois, avec k entier. (2k = 2 sur la gure 2.1). La raison est que l'application S () conserve l'aire dans l'espace des phases ( , ), d'aprs
le thorme de Liouville, car elle provient des quations de Hamilton. (Voir dmonstration
A = ( , f )
et
A = ( , f ) = S (A)
comprises entre
f ) sont donc gales. Cela oblige les courbes f et f couper un nombre pair de fois : 2k . Dans la suite on suppose que k = 1, comme sur notre exemple. Les points d'intersection f f sont donc deux points xes (E,H) de l'application S ;
point xe elliptique, et un ilot des trajectoires autour de ce point. Prs du point xe hyperbolique.
f )
et ( et
voir gure 2.1. Prs du point E, le dplacement des points tournent autour de E ; E est donc un point H, le dplacement des points montrent que H est un On dduit donc que pour
F0 = 0,
0 ,
1 (k
= 1)
ilot elliptique E, et 1 (k
= 1)
points est schmatis sur la gure 2.2. tion Remarque : pour l'tude d'une rsonance gnrale p :q, il sut de considrer l'applicaS p . L'analyse prcdente s'applique alors.
f ,
et
M f
M = S (M ) f
des points xes.
f f
sont donc
2.1.3 Dveloppement du chaos prs des points hyperboliques (Construction de Poincar 1899)
Dans la section prcdente, on a vu que les points situs sur l'ilot elliptique tournent autour du point E ; ils ont donc
Dans cette section, on tudie la trajectoire des points situs prs du point xe hyperbolique H, et on montre que leur trajectoire est au contraire trs instable et trs chaotique. On va obtenir un modle trs simple qui reproduit le comportement de leur trajectoire,
32
CHAPITRE 2.
Fig. 2.2 La construction de Poincar montre que la place du tore rsonant 1 :1,
il apparait 1 ilot elliptique E, et un point xe hyperbolique H, encadr par deux tores invariants quasi-priodiques
+ , .
travail du boulanger qui tire et replie sa pte pour faire de la pte feuillete, an de bien
courbes stables
semble des points qui s'accumulent sur H pour comment ces deux courbes se prolongent pour
Ci comme t . Pour le t +.
Rappel : dans le cas du pendule simple, voir gure 2.3, il y a un point xe H hyperbolique, et une courbe instable de H se prolonge pour donner une courbe stable de H dans l'espace des phases courbes
(, )
Cs
et
Ci
I = Cs Ci
est appel
point homocline.
et un point xe stable E (elliptique). On observe que la courbe instable, issue de H, rejoint la courbe stable qui va asymptotiquement vers H.
Cs
et instables
Ci
34
CHAPITRE 2.
Trajectoires homoclines
Considrons le point homocline son image
I0 = I
I1 = S (I0 )
appartient la fois
Cs
et
Ci .
On dduit que
Ci
B0 , B0 J0 .
avant de recouper
Cs
en
I1 .
(Il y a au minimum deux boucles et non pas une car avoir coup une boucle
l'orientation des intersections doit tre conserve) ; il y a une intersection intermdiaire Ainsi de suite : de le recouper en
Cs en In , et avant Bn correspond un
ensemble de trajectoires.)
Bn+1 = S (Bn ), et donc les boucles B0 , B1 , B2 . . . ont toutes la mme aire, car S conserve l'aire. Par ailleurs, on sait que les points I1 , I2 , . . . s'accumulent vers H en se rappochant exponentiellement ; on dduit donc que les boucles Bn deviennent
On a donc l'application plus nes, et aussi plus longues, constante. Mais chaque boucle
Bn
et
: la
place o elles sont est limite. On dduit donc que les mme en mme temps qu'elles s'tirent. Remarque : la suite de points homocline culire car elle s'accumule vers H la fois suite de points a faite des boucles
boucles
Bn
Bn .
B 0
Bn
2.2.
35
La transformation du Boulanger
On vient de voir que la surface de la boucle trajectoires trs fortement, et
Bn
tire et replie
au cours de l'volution, prs du point hyperbolique H. Cela a pour eet de mlanger les
On peut simplier ce mcanisme, en gardant sa proprit de mlange, en considrant l'application dite du Boulanger qui agit sur une surface carre, voir gure 2.6.(Cette application res l'action que fait le boulanger pour mlanger le beurre la pate dans la recette de la pate feuillette). Ce modle trs simple gnre un chaos trs fort.
Fig. 2.6 L'application du boulanger est en deux tapes : (1) on tire la surface du carr,
et (2) on replie, en coupant et superposant, an d'obtenir un carr. L'itration de cette application cre un mlange complet (chaos).
Exercice
1. Ecrire les quations langer. 2. Montrer que deux orbites voisines se sparent exponentiellement vites.
2.2
systme conservatif, un systme dynamique dont les quations de mouHamiltonien, comme les quations (1.2). Le terme conservatif l'aire dans l'es-
vient d'une proprit essentielle des systmes Hamiltoniens qui est que
pace des phases est conserve. C'est le thorme de Liouville. Rappel de la dmonstration du thorme de Liouville
(voir Arnold [1] p.75)
36
CHAPITRE 2.
on note note
x = (, ) la position d'un point dans l'espace des phases l'instant t = 0. On x(t) = G(x, t) l'application qui donne la position du point la date t. Pour t 1, on x(t) = G(x, t) x + f (x, t).t + O(t2 ) D(0),
qui volue pour donner
D(t).
On
s(t)
sa surface. Alors
s(t) =
D(t)
dx(t) =
D(0)
det
det
f or T race( ) x
D(0)
est
ds(t) = dt /t=0
div (f ).dx
D(0)
(2.1)
f (x) = ( H , H ), =0
donc
div (f ) =
par consquent,
ds(t)/dt = 0,
Remarques
Attention : si le Hamiltonien dpend du temps, comme c'est le cas dans notre exemple, alors
l'nergie
systme dit
dissipation,
dans notre
qui fait que le systme considr n'est pas rigoureusement Hamiltonien. Cette dissipation peut tre faible ou pas. Si on rajoute des modle, le systme montrer que
),
dd
dans l'quation (1.5) de d/dt, alors en reprenant les notations de eq.(2.1), on a cette H , H ), donc fois ci f (x) = (
div (f ) =
donc
= < 0
ds/dt < 0
2.2.
37
F0 = 3,o
>0
Aprs un rgime transitoire o les trajectoires sont attires au centre de l'ilot, elles coincident ensuite avec le centre de l'ilot, et deviennent des trajectoires priodiques, comme celles de la gure 1.9 (qui taient exceptionnelles dans le cas conservatif ). Chaque trajectoire devient donc rsonnante caractrise par le couple d'entiers p :q. p T , et que l'objet fait q priodes pendant que l'aimant fait p Cela signie que T0 = q priodes. Cela est trs surprenant ; ce phnomne s'appelle l'accrochage des frquences, puisque
frquence
En conclusion les trajectoires rsonantes p :q qui sont exceptionnelles pour un systme conservatif, deviennent importantes pour un systme lgrement dissipatif.
face la Terre. Cela signie que la priode de rotation de la Lune sur elle mme
est gale la priode de rotation de la lune autour de la Terre
T0
rsonance 1 :1. L'analyse qui prcde montre que ce n'est pas une coincidence : cela
est due un faible couplage gravitationnel entre ces deux mouvements apparement
38
CHAPITRE 2.
indpendants, et la prsence d'une lgre dissipation : la Terre exerce des eets de mare sur la lune qui deforme celle-ci ; il y a un peu (relativement) de dissipation pendant cette dformation. Comme autre exemple similaire est leur priodes sont
Tjup 2 . Tsat 5 Un exemple connu est aussi la synchronisation des balanciers de deux pendules ac-
Tjupiter = 12
ans et
Tsaturne = 30ans,
donc
crochs au mme mur d'une pice. Un faible couplage par les vibrations transmisent dans le mur, et une lgre dissipation, expliquent cet accrochage de frquences et cette rsonance 1 :1. Si on change un paramtre extrieur du systme de faon lente et continue, par exemple l'amplitude
0 R,
a = p/q
va dpendre de
a(0 )
de
Q.
Cette
fonction est trs trange, puisqu'elle comporte une multitude de paliers plus ou moins
On obtient
Fig. 2.8 L'application du fer cheval est une modication de celle du boulanger g (2.6),
o la dissipation est introduite par la diminution de la surface. Une tude de ce modle est trs simple, et montre que toutes les trajectoires sont attires vers un ensemble de points singuliers appel ensemble
2.3
tiale
Le modle mathmatique tudi ci-dessus est dterministe au sens o une condition inimodication des conditions initiales de
10
2.3.
39
10n
aprs
priodes
T.
Il en rsulte
que la moindre modication de la position ou de la vitesse de l'objet va s'amplier pour rapidement donner quelque chose de trs dirent (si il n'y avait pas eu de modication). 8 Par exemple si = 10 radians, en t = 8T = 8 secondes 1, et donc l'objet pointe vers une autre direction. Cela s'appelle
dans la pice va engendrer un petit courant d'air, ce qui va modier lgrement la vitesse
et aussi
mair vair
1023 kg.m.s1
(car
1027 kg
et
2km/s).
Aprs seulement
23 secondes l'eet est ressenti au niveau macroscopique ! Ce mouvement brownien est imprvisible ; par consquent on ne peut pas parler raisonnablement de dterminisme aprs 23 secondes. A plus petite chelle,
imprvisible par nature : lorsque la fonction d'onde d'une particule a une largeur on observe que la position
x, x de la particule est comme choisie au hasard par la nature dans l'intervalle de largeur x. On peut parler d'acte de cration de la part de la nature, puisque le choix prcis de x n'est pas dtermin. On pourrait penser que ces
incertitudes restent au niveau microscopique : le principe d'incertitude de Heisenberg dit :
xp
1034 J.s
D'aprs ci-dessus, cela donne une indtermination l'echelle macroscopique avant t = 34T = 34 secondes ! (en fait on pourrait considrer 1017 ). Ce temps caractristique s'appelle le temps d'Ehrenfest. Bien sr le systme quantique ne reste pas isol durant tout ce temps, car il intragit avec l'envirronement. On parle de dcohrence quantique. Ce temps d'Erenfest est de 20 ans pour certains objets astronomiques, voir [8, 9]. Ces remarques montrent qu'il est illusoire de vouloir faire des prdictions prcises aprs ce laps de temps. Mais des prdictions sont cependant possibles : on peut faire
des prdic-
40
CHAPITRE 2.
Bibliographie
[1] V.I. Arnold. Les mthodes mathmatiques de la mcanique classique. 1976. [2] V.I. Arnold. Huygens and Barrow, Newton and Hooke. 1990. [3] V.I. Arnold and Avez. Mthodes ergodiques de la mcanique classique. 1967. [4] P. Berge, Y. Pomeau, and C. Vidal. L'ordre dans le chaos. 1984. [5] A.M. Ozorio de Almeida. Hamiltonian systems, chaos and quantization. 1988. [6] M. Gutzwiller. Chaos in classical and quantum mechanics. Springer-Verlag, 1991. [7] E.A. Jackson. Perspectives of non linear dynamics. 1991. [8] Zureck. Physical Review Letters, 72, 1994. [9] Zureck. Physica D, 83, 1995.
41