Etude Concurrence Industrie Pharma

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ETUDE SUR LA CONCURRENTIABILITE

DU SECTEUR DE LINDUSTRIE
PHARMACEUTIQUE
RAPPORT DE SYNTHESE
ETUDE SUR LA CONCURRENTIABILITE DU SECTEUR
DE LINDUSTRIE PHARMACEUTIQUE
Rapport de synthse
2 SIS-Consultants
SOMMAIRE
INTRODUCTION................................................................................................................................................ 3
VOLET 1 : ANALYSE DE LETAT DES LIEUX DU MARCHE..................................................................................... 5
1. PRESENTATION GENERALE DU MARCHE.............................................................................................. 5
1.1 CREATION, FONCTIONNEMENT ET CONTROLE DES ETABLISSEMENTS PHARMACEUTIQUES
INDUSTRIELS ............................................................................................................................ 5
1.2 LA PROPRIETE INTELLECTUELLE DES MEDICAMENTS AU MAROC ............................................ 5
1.3 LA PUBLICITE........................................................................................................................... 6
1.4 LA REGLEMENTATION DES PRIX DES MEDICAMENTS AU MAROC............................................ 6
1.5 LASSURANCE MALADIE OBLIGATOIRE .................................................................................... 8
1.6 PRODUCTION DU SECTEUR DE LINDUSTRIE PHARMACEUTIQUE MAROCAINE........................ 8
2. LA STRUCTURE DE LOFFRE .................................................................................................................. 9
3. STRUCTURE DE LA DEMANDE ............................................................................................................ 13
VOLET 2 : DONNEES DETERMINANTES ET INDICES DE CONCURRENTIABILITE ET/OU DE NON
CONCURRENTIABILITE DU MARCHE.......................................................................................... 15
2.1 Barrires daccs au march .......................................................................................................... 26
2.2 LAnalyse des entres sur le march .............................................................................................. 30
2.3 LANALYSE DES MCANISMES DE LA CONCURRENCE.................................................................... 30
2.4 Le point de vue du cabinet SIS-Consultants .................................................................................... 45
CONCLUSIONS60
LISTE DES TABLEAUX ...................................................................................................................................... 66
LISTE DES GRAPHES........................................................................................................................................ 66
LISTE DES FIGURES ......................................................................................................................................... 66
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3 SIS-Consultants
INTRODUCTION
Afin de cerner la question de la concurrentiabilit dans le secteur de lindustrie
pharmaceutique, le Conseil de la Concurrence a commandit, dans le cadre de ses activits
de sensibilisation et dinformation, une tude sous forme de monographie du secteur de
lindustrie pharmaceutique dans une perspective danalyse concurrentielle. Ceci lui permet
de mieux apprhender le paysage concurrentiel du Royaume et de constituer ainsi, son
substrat danalyses et de recherches dans la dynamique concurrentielle de lconomie
marocaine.
Lobjet du prsent travail est la REALISATION DUNE ETUDE SUR LA CONCURRENTIABILITE
DU SECTEUR DE LINDUSTRIE PHARMACEUTIQUE. Il comporte deux volets : le premier
sintitule ANALYSE DE LETAT DES LIEUX DU MARCHE ; le second volet concerne LES
DONNEES DETERMINANTES ET LES INDICES DE CONCURRENTIABILITE ET/OU DE NON
CONCURRENTIABILITE DU MARCHE . Le prsent document correspond au rapport de
synthse de lensemble de cette tude.
En 2010, le chiffre daffaires ralis par lindustrie pharmaceutique au niveau national est de
7,9 milliards de dirhams pour la partie prive (mdicaments vendus en pharmacies).
Lvolution par rapport 2009 a t de +1% en volume et de +2% en valeur. Ce chiffre
daffaires correspond une dpense annuelle lie lachat des mdicaments de lordre de
12,6 milliards de dirhams. Les dpenses annuelles per capita, consacres lachat des
mdicaments dans les pharmacies sont estimes 376 Dhs (soit moins de 46 USD, alors que
lAmricain consomme 770 USD / an, le Japonais 506 USD et lEuropen 380 USD). En
volume, la consommation per capita est de lordre de 8,6 botes par personne par an.
Le secteur priv domine totalement, la production, limportation et la distribution en gros
ou au dtail des mdicaments. Ce secteur compte 40 units industrielles, la distribution et la
dlivrance sont assures dune part travers 50 grossistes rpartiteurs pharmaceutiques et
dautre part par prs 11 000 officines qui couvrent lensemble du territoire marocain.
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4 SIS-Consultants
Lindustrie pharmaceutique Marocaine est rpute tre aux normes internationales et les
produits pharmaceutiques nationaux sexportent vers un grand nombre de pays europens,
notamment, la France, lAllemagne mais aussi aux pays dAmrique du Nord sans oublier
lAfrique, lAsie et le monde Arabe. Ce positionnement linternational, fait que le secteur
pharmaceutique Marocain occupe aujourdhui la seconde place en Afrique aprs la
Rpublique Sud Africaine.
Le secteur pharmaceutique est fortement rglement dans tous ses aspects notamment, la
cration, le fonctionnement et le contrle des tablissements pharmaceutiques industriels,
les mises sur le march et les prix des mdicaments.
Toutefois, cette industrie pharmaceutique est confronte un certain nombre de
contraintes. Ltroitesse du march national constitue une entrave pour les conomies
dchelle et entraine une sous-utilisation de loutil industriel. La pnalisation de la
fabrication locale par les importations et les difficults de dveloppement lexport
constituent galement des freins au dveloppement de ce secteur.
Par ailleurs, le march pharmaceutique marocain est relativement concentr et prsente
certains indices de non concurrentiabilit au niveau des gnriques et des pathologies
lourdes.
Dautres indices tendraient expliquer dautres situations telles que labus de position
dominante, le dumping, lvasion fiscale ou la divulgation de renseignements identifiant
clairement le patient et qui peuvent porter atteinte au secret mdical.
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VOLET 1 : ANALYSE DE LETAT DES LIEUX DU MARCHE
1. Prsentation gnrale du march
Le secteur pharmaceutique est fortement encadr par lEtat, il est rgi par la loi 17-04
portant sur le code du mdicament et de la pharmacie
1
.
1.1 Cration, fonctionnement et contrle des tablissements
pharmaceutiques industriels
La cration dun tablissement pharmaceutique industriel et son entre en fonctionnement
sont subordonns loctroi dune autorisation dapprobation pralable et une autorisation
dfinitive douverture, dlivres par le Secrtariat Gnral du Gouvernement (SGG) aprs
avis conforme du ministre de la sant et du conseil national de lordre des pharmaciens. En
outre, il y a lieu dindiquer que la loi 17-04 a libralis le capital de lindustrie
pharmaceutique.
1.2 La proprit intellectuelle des mdicaments au Maroc
Le Maroc aprs la signature des Accords de lOrganisation Mondiale du Commerce (OMC)
sur les Aspects des Droits de Proprit Intellectuelle qui touchent au commerce (ADPIC), a
procd une refonte de ses textes et dexplicitation des engagements de cet accord et
particulirement de loctroi des brevets pour les mdicaments. Ainsi, toute imitation de
mdicaments brevets devenait interdite sous peine de sanctions commerciales imposes
par l'organe de rglement des diffrends.
Toutefois, des exceptions aux droits confrs ont t prvues, en effet, un Etat pourrait
prvoir ces exceptions lorsqu'il considre par exemple qu'elles sont ncessaires pour
protger la sant publique.
1
Dahir n 1-06-151 du 30 Chaoual 1427 (22 novembre 2006) portant promulgation de la loi 17-04 portant code du mdicament et de la
pharmacie (BO 5480 du 15 Kada 1427- 7 dcembre2006 ?).
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1.3 La publicit
Toute publicit auprs du public est soumise lobtention dun visa (art 42). Toutefois, la
publicit dun mdicament auprs du public, ne concerne que les mdicaments qui ne sont
pas soumis prescription mdicale.
Par contre, les campagnes publicitaires pour les vaccins et les mdicaments relatifs la
planification familiale ou la lutte contre le tabagisme peuvent sadresser au public sans
aucune restriction.
1.4 La rglementation des prix des mdicaments au Maroc
a) Lautorisation de mise sur le march : AMM
Tout mdicament fabriqu industriellement, import ou export, mme sous forme
dchantillons, doit faire lobjet avant sa commercialisation ou sa distribution titre gratuit
ou onreux, en gros ou au dtail, dune autorisation dlivre par ladministration.
b) Le systme de fixation des prix des mdicaments
Le systme de fixation des prix des mdicaments en vigueur ds les annes 60 est en cours
de changement. Un nouveau systme a t propos, au dbut de lanne 2010, par le
ministre de la sant aux industriels du mdicament qui lont accept en proposant de trs
lgres modifications. Toutefois ce nouveau systme nest toujours pas appliqu.
Dans lancien systme, le prix accord un laboratoire pour un mdicament est calcul sur
la base du prix dans le pays dorigine selon deux procdures, lune concernant les
mdicaments fabriqus au Maroc et lautre pour les mdicaments imports.
Cependant, le prix accord au 1
er
gnrique est infrieur de 30% par rapport au mdicament
princeps. Par contre, le prix accord chacun des gnriques suivants, est infrieur de 5%
par rapport au prix du gnrique qui la prcd.
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c) Le nouveau systme de fixation des prix des mdicaments :
Lorsque la demande introduite concerne une spcialit pharmaceutique dite innovante,
fabrique, conditionne localement, ou importe, la procdure de fixation de son prix
repose sur un benchmark du prix grossiste Hors taxes (P.G.H.T.) dans les pays retenus,
notamment, lEspagne, le Portugal, la France, la Belgique, la Grce, la Turquie et lArabie
Saoudite. Ainsi, le P.G.H.T. accord au Maroc sera align sur le P.G.H.T. le plus bas des pays
ci-avant. De mme pour une spcialit pharmaceutique dun mdicament de rfrence
gnrique dans son pays dorigine.
Toutefois, lorsque la demande introduite concerne une spcialit pharmaceutique
gnrique, au sens de la loi 17-04, et que cette dernire constitue le premier mdicament
gnrique mis sur le march national, son prix est moins cher de 45% du prix de la spcialit
de rfrence commercialise au Maroc lorsque son P.P.M. est infrieur ou gal 250
Dirhams.
Cependant, lorsque le P.P.M. de la spcialit de rfrence est suprieur 250 Dhs, le prix
des neufs premiers gnriques est moins cher de 50% par rapport au princeps. Le prix des
cinq derniers gnriques est fix 20% moins cher que le prix des neufs premiers
gnriques.
Ce dernier point pose encore problme et des modifications ont t proposes pour le
dcrochage du prix des gnriques par rapport au princeps en fonction du niveau de son
prix.
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1.5 LAssurance Maladie Obligatoire
LAMO a permis des catgories de citoyens daccder aisment aux services de sant et de
dynamiser lconomie de la sant dans son ensemble. En effet, elle donne droit, dans les
conditions et selon les modalits fixes par voie rglementaire, au remboursement et
ventuellement la prise en charge directe des frais de soins curatifs, prventifs et de
rhabilitation, mdicalement requis par ltat de sant du bnficiaire et affrents aux
prestations numres par la loi, dont la liste des mdicaments admis au remboursement
(art7). En outre, lart 12 prcise que pour le remboursement des mdicaments, le tarif
national de rfrence, est le prix public des mdicaments.
1.6 Production du secteur de lindustrie pharmaceutique Marocaine
Lindustrie pharmaceutique Marocaine est une industrie, principalement focalise sur la
production mais la part des mdicaments imports est en croissance rgulire.
Lindustrie pharmaceutique nationale est caractrise par un faible volume de production et
des difficults raliser des conomies dchelle, du fait de ltroitesse du march local.
Cette troitesse trouve son origine dune part dans la faiblesse du pouvoir dachat au Maroc
et dautre part dans linsuffisance de la couverture par assurance maladie.
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2. LA STRUCTURE DE LOFFRE
2.1. La structure de la production
a) La nature du produit
Selon le nouveau code de la pharmacie et du mdicament, le mdicament est toute
substance ou composition prsente comme possdant des proprits curatives ou
prventives l'gard des maladies humaines ou animales, ainsi que tout produit pouvant
tre administr l'homme ou l'animal en vue d'tablir un diagnostic mdical ou de
restaurer, corriger ou modifier leurs fonctions organiques.
Le mdicament peut tre soit une spcialit princeps soit une spcialit gnrique. Le
princeps est le mdicament original issu de recherches pharmaceutiques. Celui-ci bnficie
toujours dune priode de protection par brevet qui lui accorde le monopole mondial, sur le
march pendant une dure de 8 12 ans en moyenne aprs sa commercialisation dans son
pays dorigine. Une fois le brevet chu, dautres laboratoires ont le droit de commercialiser
des copies conformes de ces princeps.
La spcialit gnrique d'une spcialit de rfrence est considre comme ayant la mme
composition qualitative et quantitative en principe(s) actif(s) et la mme forme
pharmaceutique que la spcialit de rfrence.
b) Les offreurs
Dans le secteur de lindustrie pharmaceutique, on dnombre 40 entreprises : les nationaux
sont reprsents en grande partie par lAssociation Marocaine de lIndustrie
Pharmaceutique (AMIP). Celle-ci regroupe 25 laboratoires. Les multinationales, sont pour la
plupart, membres de "Maroc Innovation Sant" (MIS). Certaines multinationales sont aussi
membres de lAMIP.
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Lassociation marocaine du mdicament gnrique (AMMG) est la 3
me
association
professionnelle du secteur. Celle-ci a vu le jour en 2010. Elle regroupe exclusivement des
industriels gnriqueurs dont certains sont dj membres de lAMIP. Cette association vise
principalement le dveloppement des mdicaments gnriques au Maroc.
Par ailleurs, les industriels du secteur de lindustrie pharmaceutique sont gographiquement
concentrs dans la rgion du Grand-Casablanca avec un total de 32 entreprises.
c) Les parts de march
Dans la sphre des industriels du secteur pharmaceutique, trois oprateurs sortent du lot et
constituent les leaders du march pharmaceutique Marocain priv (hors secteur hospitalier).
Pour lanne 2009, on retrouve au premier rang, SANOFI-AVENTIS avec 10,52% des parts du
march en termes de valeurs, talonn par MAPHAR avec 9,30% et au 3
me
rang vient
LAPROPHAN (8,63%).
Graphe 1 : Parts de march en valeur (Dhs) des industriels du secteur pharmaceutique
(Source : AMIP)
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d) Le Systme de distribution
Les mdicaments au Maroc sont distribus travers 2 circuits principaux : Un circuit direct,
et un circuit indirect.
Le circuit direct consiste en marchs passs directement entre, dune part, les laboratoires
et dautres parts, les pharmacies, le ministre de la sant, la sant militaire, les organismes
ou les cliniques.
Le circuit indirect consiste passer travers les grossistes rpartiteurs pour approvisionner
les pharmacies et tout autre organisme. Ce dernier circuit domine le march et reprsente
prs de 80%.
Figure 1 : Circuit de distribution des mdicaments
(Source : AMIP daprs IMS Health)
e) Lanalyse des importations
Limportation des mdicaments est strictement rglemente et encadre par
ladministration comptente. En effet, toute importation de mdicament est soumise
lautorisation pralable du ministre de la sant.
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Les importations en mdicaments reprsentent 1% du total des importations nationales.
Ces importations nont pas cess daugmenter au cours de la priode 2005-2009, pour
atteindre 4 milliards de dirhams en 2009.
Lanalyse des importations, permet de dgager une forte tendance limportation de
mdicaments dorigine Franaise. En effet, avec un volume de 1 506 millions dimportations
de mdicaments (43%), la France vient en tte des pays europens suivie de loin par la
Suisse et lAllemagne.
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3. STRUCTURE DE LA DEMANDE
3.1 La consommation
La consommation pharmaceutique prive (mdicaments achets en pharmacie, lexclusion
de la consommation hospitalire) annuelle, par habitant, au Maroc tait en 2009, en valeur
de 372 Dhs et en volume 8,6 boites.
Graphe 2: Evolution de la consommation pharmaceutique prive per capita en valeur
(Maroc 1991-2009)
(Source : AMIP/A. Belache)
Lvolution cumule de la consommation en termes de valeur, sur la priode 1991-2005,
tait de +104% soit une moyenne annuelle de +7,5%. Cette volution passe +44% sur la
priode 2005-2009 soit une moyenne annuelle de +11%. Ceci sexplique en bonne partie par
limpact de la mise en place de lAMO sur la consommation des mdicaments.
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3.2 Les investissements
Le secteur industriel pharmaceutique peut tre considr comme une industrie qui volue
dans une technologie de pointe. Ceci impose aux industriels du secteur la ncessit de
sadapter aux contraintes lies l'volution des normes internationales en matire de
production et de qualit du mdicament. Ces adaptations ncessitent de la part des
industriels du mdicament des investissements aussi lourds que rguliers.
Les investissements dans l'industrie pharmaceutique ont atteint 404 millions de dirhams en
2008. Ces investissements sont destins la cration de nouveaux laboratoires
pharmaceutiques, mais aussi et surtout lextension de lexistant et aux mises niveau de
l'outil industriel.
3.3 Lanalyse des exportations
Les exportations en mdicaments concernent aussi bien les mdicaments gnriques
Marocains que des sries industrielles europennes dlocalises par certains groupes
trangers, quils soient princeps ou gnriques.
Les exportations sont passes de 241 millions de dirhams en 2005 426 millions de dirhams
en 2009. Les exportations des mdicaments connaissent une croissance soutenue avec des
taux dpassant les 10 % par an. Entre 2005 et 2008, ces volutions ont atteint les 26%.
Toutefois, lexercice 2009 a enregistr une baisse de 4%.
Le Maroc exporte principalement vers lEurope avec un total de 426 millions de dirhams
(anne 2009). Le principal pays client de lindustrie pharmaceutique marocaine est la France
avec des exportations reprsentant elle seule, 71% des exportations vers lEurope.
Les exportations destination de lAfrique reprsentent 31% des exportations marocaines
totales en mdicaments. Les principaux pays importateurs sont ceux de lUMA.
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Lindustrie Marocaine essaie de percer sur de nouveaux marchs, notamment dans les pays
de lAfrique sub-saharienne comme le Sngal et la Cte dIvoire.
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VOLET 2 : DONNEES DETERMINANTES ET INDICES DE CONCURRENTIABILITE
ET/OU DE NON CONCURRENTIABILITE DU MARCHE
1. Le degr de concentration du march
1.1 Les indices de concentration
a) Les ratios de concentration Cri
Lanalyse de la concentration dans le secteur de lindustrie pharmaceutique, au moyen des
ratios de concentration Cri, (avec i = 4, 8 et 20) et la courbe de Lorentz ont montr que sur
les 40 oprateurs du secteur pharmaceutique industriel, les 4 premiers dtiennent 44 % des
parts de march, les 8 premiers 64 % et les 20 premiers, 95%.
Tableau 1: Evolution des indices de la concentration CR4, CR8 et CR20sur la priode
2005/2009
Annes CR4 CR8 CR20
2005 45 66 95
2006 45 66 95
2007 45 65 95
2008 44 65 95
2009 44 64 95
(Source : Traitement daprs les donnes de lIMS Health)
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Graphe 3 : Evolution des indices de la concentration CR4, CR8 et CR20, sur la priode 2005 2009
(Source : Calculs faits daprs des donnes dIMS Health)
Le secteur pharmaceutique marocain est donc un secteur concentr et la tendance la
baisse de cette concentration est reste non significative au cours des 5 dernires annes.
Une analyse des ventes au cours des 3 dernires dcennies, montre une importante
tendance la dconcentration. Dun march pharmaceutique o nopraient que quelques
rares industriels pharmaceutiques marocains dont la majorit ne dtenait quune faible
partie de parts de march, on passe un march o on retrouve quelques puissants
oprateurs nationaux dans le top 10 voire dans le top 5 en termes de parts de march en
valeur. Toutefois, le secteur pharmaceutique Marocain reste largement domin par des
filiales de multinationales.
Dans cette analyse, nous avons considr le leader SANOFI-AVENTIS et sa filiale MAPHAR
comme tant un seul oprateur.
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b) La courbe de Lorenz
La courbe de Lorenz permet dapprcier la concentration du march, mais galement
lingalit des oprateurs. La courbe des parts de march cumules en fonction du
pourcentage cumul des oprateurs est compare avec la droite dgalit parfaite qui
correspond la diagonale.
Graphe 4 : La courbe de Lorenz : Rsultats de lanne 2009
(Source : Calculs partir des donnes de lIMS Health)
La courbe de Lorentz, montre des ingalits leves entre les oprateurs pharmaceutiques.
Celle-ci confirme le fait que les parts de march en valeur sont concentres sur un petit
nombre de laboratoires pharmaceutiques. En dautres termes, le pourcentage cumul des
oprateurs progresse moins vite que les parts de march cumules. Le point dinflexion est
atteint entre 90 et 100% des parts de march, et entre 50 et 60% pour les oprateurs.
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Le secteur national de lindustrie pharmaceutique peut tre qualifi doligopole ouvert. Il
sagit dun secteur compos dun noyau qui comprend un nombre rduit d'oprateurs qui
dominent fortement le march et qui coexiste avec une priphrie comportant un nombre
important d'oprateurs ne disposant que d'un faible poids sur ce mme march.
La concentration du march pharmaceutique est fortement manifeste dans certains
segments thrapeutiques de ce march o certains industriels dtiennent un savoir-faire, de
lexprience, et des portefeuilles de mdicaments trs demands.
c) Le pouvoir de march des entreprises dominantes
i. La puissance financire
Ltude de la puissance financire a vis lanalyse des tats de synthse des 14 premires
entreprises du secteur, dtenant plus de 80% des parts de march du secteur. Toutefois,
Laprophan a t exclu de ltude, malgr sa position (3
me
oprateur pharmaceutique au
niveau national), en raison de lindisponibilit de ses tats de synthse chez lOMPIC, au
moment de ltude.
Lanalyse de la puissance financire des 14 entreprises de lchantillon a permis de
construire le tableau suivant :
Tableau 2 : Ratios de la puissance financire des entreprises du secteur de lindustrie
pharmaceutique, classes par ordre dimportance du CA, Priode 2007-2008
Dettes de
financement
en MDH
Financement de
lactivit
Rsultat de
l'exercice
en MDH
Ratio de
rentabilit
financire
Taux
dintgration
2007 2008 2007 2008 2007 2008 2007 2008 2007 2008
SANOFI
AVENTIS
- - 0,1 0,14 6,8 5,5 3% 3% 18% 24%
MAPHAR - - 0,23 0,17 19,1 20,4 5% 5% 24% 22%
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Dettes de
financement
en MDH
Financement de
lactivit
Rsultat de
l'exercice
en MDH
Ratio de
rentabilit
financire
Taux
dintgration
2007 2008 2007 2008 2007 2008 2007 2008 2007 2008
COOPER
PHARMA
0,88 - 1,5 1,65 67,0 91,9 14% 19% 20% 20%
SOTHEMA 100 100 0,54 0,68 59,9 94,5 15% 20% 33% 33%
GSK MAROC 1,29 11,8 0,93 1,14 33,7 46,7 14% 17% 30% 31%
BOTTU 14 - 0,91 1,85 22,1 44,6 9% 16% 41% 42%
PFIZER 101 101 1,42 1,15 9,5 1,7 5% 1% 57% 83%
GALENICA 33 26,67 1,99 3,44 7,2 12,5 7% 12% 20% 27%
PHARMA 5 9 6 0,24 1,11 36,8 57,0 23% 29% 29% 33%
PROMOPHARM - - 2,34 1,92 52,7 67,5 15% 18% 40% 44%
NOVARTIS 49 54 0,02 0,06 9,8 5,5 14% 7% 18% 15%
BAYER 7 - 28,54 -0,77 - 39,1 - 13,3 - 200% - 5% 21% 27%
AFRIC PHAR 2,77 - 0,63 0,87 6,6 10,3 10% 14% 31% 31%
(Source : Etats de synthse)
Lanalyse des rsultats des exercices 2007-2008 a montr les anomalies suivantes :
- Trois filiales de multinationales prsentaient des rsultats anormalement bas : 1,7
millions de Dhs pour PFIZER ; 5,5 millions de Dhs pour NOVARTIS ; et 5,6 millions
de Dhs pour le leader SANOFI-AVENTIS ;
- Les taux de rentabilit financire de ces 3 entreprises sont galement trs
faibles : 1% pour PFIZER, 3% pour SANOFI-AVENTIS et 7% pour NOVARTIS ;
- BAYER PHARMA, prsentait des rsultats ngatifs, (-39,1 millions de Dhs en 2007
et -13,3 millions de Dirhams, en 2008) et des taux de rentabilit, galement
ngatif (-200% en 2007 et -5% en 2008).
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Par contre, les bilans de 2 autres filiales de multinationales (GSK et MAPHAR), prsentaient
des rsultats importants. Soit respectivement 46,7 et 20,4 millions de Dirhams et des taux de
rentabilit allant de 5 17%.
Pour les 7 oprateurs nationaux tudis (COOPER PHARMA, SOTHEMA, BOTTU S.A.,
GALENICA, PHARMA 5, PROMOPHARM et AFRIC PHAR), la situation est totalement
diffrente. En effet, ceux-ci prsentaient des bilans avec des rsultats plus importants, allant
de 12,5 94,5 millions de Dirhams et des taux de rentabilit, variant entre 12 et 29%.
La situation des bilans de PFIZER, de NOVARTIS, de SANOFI-AVENTIS et de BAYER contraste
totalement avec la place de ces oprateurs dans le march pharmaceutique Marocain et
avec les moyens financiers dploys par ces entreprises, pour la promotion de leurs
mdicaments. Pour rappel, SANOFI-AVENTIS est leader du march en chiffre daffaires.
PFIZER est 8
me
. NOVARTIS est 12
me
et BAYER MAROC est 13
me
.
Glaxo Smith Kline (GSK) qui est situ au 6
me
rang affiche un rsultat qui est 8,6 fois plus
important que celui du leader SANOFI-AVENTIS.
LE CAS PARTICULIER DES LABORATOIRES ROCHE S.A.
Lanalyse du march pharmaceutique priv pour lanne 2009, partir des donnes de lIMS Health,
donne les rsultats suivants pour les laboratoires ROCHE. Un chiffre daffaire de 61.2 Millions de
Dirhams et une part de march de 0,79%, ce qui place ce laboratoire au 25
me
rang en valeur.
Donc a priori nous avons affaire un oprateur insignifiant et sans rel poids sur le march
pharmaceutique. Dailleurs ce laboratoire, na pas t pris dans lchantillon des 14
principaux laboratoires ralisant, ensembles, plus de 80% des parts du march.
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Or ce laboratoire ralise en ralit un chiffre daffaires 10 fois plus important que ne le laisse
penser IMS Health. Plus exactement le CA de ROCHE a t de 738.3 Millions de Dirhams en
2009 avec une volution de +41% Dvolution. Un tel cart entre ce CA officiel figurant dans
le CPC (comptes de produits et charges hors taxes) de ce laboratoire et le chiffre daffaires
donn par IMS Health sexplique par le fait que ce laboratoire dont lactivit est
essentiellement centre sur les anticancreux et les mdicaments de lhpatite vend
essentiellement ses produits soit travers les marchs hospitaliers passs avec les cliniques
et hpitaux soit directement aux patients. Or les ventes de lIMS Health ne concernent pas ni
les ventes hospitalires ni les ventes directes qui chappent de toutes les manires toutes
les statistiques des ventes.
Ce laboratoire est bien connu par ses pratiques anticoncurrentielles dont certaines seront
voques plus loin.
Concernant les anomalies financires, nous avons complt notre analyse de lchantillon
des 14 laboratoires qui totalisent plus de 80% du march par une analyse des CPC des
laboratoires ROCHE S.A., correspondant la priode 2007-2009.
Anne
Chiffre d'affaires
annuel
(En Millions Dhs)
% Evo Chiffre
d'affaires
annuel
Rsultats de
lexercice
(En Millions Dhs)
% Evo Rsultats
de lexercice
2006 431,4 10,4
2007 413,2 -4% 1,9 -82%
2008 523,5 27% -0,98 -152%
2009 738,3 41% -21,3 2 059%
Situation financire de ROCHE est incomprhensible. Dune part son chiffre daffaires est en
forte volution sur la priode 2007-2009 (+27% entre 2007 et 2008 et +41% entre 2008 et
2009) et dautre part Un rsultat dexploitation qui seffondre sur la mme priode passant
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de 10,4 millions de Dirhams en 2006 1,9 millions Dhs en 2007 pour se retrouver avec un
rsultat dficitaire de -0,9 millions de Dhs en 2008 et de finir -21,3 Millions en 2009.
Pour rappel, les laboratoires ROCHE S.A. ne disposent plus depuis quelques annes dune
unit industrielle. Lessentiel de leurs produits tant import, le reste tant faonn par
dautres laboratoires.
Les rsultats des bilans, de SANOFI-AVENTIS, PFIZER, NOVARTIS, BAYER et ROCHE S.A., ne
montrent-ils pas une face cache, des relations entre filiales locales des multinationales et
leurs maisons mres ? Ne sagit-il pas dune forme du rapatriement des bnfices des filiales
vers les maisons mres ?
Ce phnomne ne constitue pas une spcificit marocaine, mais semble faire partie de
stratgies internationales des multinationales. Des pays comme les Etats-Unis,
lAllemagne, la Russie, la Chine et lInde se sont attaqus aux prix de transfert des
mdicaments par des audits financiers. Ces audits sont destins lutter contre le
rapatriement des bnfices sur les mdicaments.
Ainsi, les pays mergents ont rcemment introduit des procdures pour examiner les cots
de fabrication des mdicaments imports. Lindustrie pharmaceutique sera la plus touche
par ces mesures qui vont aussi saccrotre aux Etats Unis.
Dans le cas du Maroc, nous nous retrouvons donc dans la situation o les rsultats financiers
de certaines filiales marocaines de multinationales ne correspondent pas aux chiffres
daffaires raliss dans notre pays ni aux importantes parts de march dtenues par ces
entreprises sur le march pharmaceutique national. Nous avons donc cherch savoir si les
mmes techniques utilises, au niveau international, par certaines multinationales, ne sont
pas galement utilises au Maroc et notamment, lutilisation des prix de transferts pour
gonfler artificiellement les charges et rduire les rsultats des exercices financiers afin de
payer moins dimpts.
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Le jeu sur les prix de transfert peut tre facilit par le fait que les multinationales se
retrouvent la fois dans la position de fournisseur (maison mre de la multinationale) et
dans la position de client (filiale locale de cette mme multinationale). La maison mre peut
alors facturer, soit la matire premire soit le produit fini transfr sa filiale marocaine,
un prix largement suprieur au prix normal de ces produits. Ceci permet le rapatriement
des bnfices des filiales marocaines de ces multinationales vers leurs maisons mres tout
en se soustrayant une bonne partie des impts relatifs la vente de ces produits. Selon
certaines indiscrtions bancaires, Il semblerait que ces pratiques ne sont pas propres au
secteur pharmaceutique mais quelles sont aussi pratiques sur une grande chelle dans
dautres secteurs de lconomie nationale par certaines multinationales.
Un ancien cadre suprieur dun laboratoire leader du march national nous a parl dune
autre pratique utilise pour rapatrier les bnfices et raliser dintelligentes vasions
fiscales . Cette pratique se passe ainsi. La maison mre demande sa filiale locale de lui
transmettre ses prvisions de ventes annuelles pour le Maroc. Ce que cette dernire fait.
Dans un deuxime temps la maison mre demande sa filiale locale de majorer dans une
large proportion ses prvisions annuelles de ventes sur tel ou tel produit. Ainsi pour un
mdicament donn la commande passe par la filiale locale sa maison mre dpassera
largement ses prvisions annuelles des ventes. Cette commande sera donc envoye et paye
par la filiale locale sa maison mre et la commande sera effectivement honore.
Il ny a quun seul problme cest que sur la quantit reue en mdicaments nous retrouvons
2 parties. Une partie correspondant aux prvisions relles annuelles de ventes pour ce
mdicament et avec une date de premption normale et loigne et lautre partie est
constitue du mme mdicament mais la limite de la date de premption. Ce deuxime lot
de mdicament dj pay sera rceptionn, stock puis dtruit par incinration quelques
mois plus tard. Les autorits sanitaires tant informes de cette destruction, le laboratoire
pourra alors dfalquer la valeur correspondant ces mdicaments proches-prims dtruits
des rsultats financiers annuels .
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ii. LEffet de portefeuille
Les entreprises les mieux situes sur le march pharmaceutique Marocain, dtiennent un
portefeuille, diversifi et compos de plus dune centaine de marques. Ainsi, la
diversification de leur portefeuille leur permet de raliser une grande part de leur CA, par le
biais de plusieurs dizaine de marques phares, relevant de plusieurs segments du march.
En rgle gnrale, chaque laboratoire fabrique ses propres mdicaments ainsi que les
produits sous licence appartenant des laboratoires trangers quil reprsente au Maroc.
Lexternalisation du faonnage pharmaceutique, reste au Maroc, une activit marginale et
avec un impact trs limit sur les chiffres daffaires des laboratoires.
iii. La Maitrise des infrastructures
En termes dinfrastructures et dquipements pharmaceutiques, les rgles de bonnes
pratiques de fabrication (BPF) imposent des standards codifis et uniformiss au niveau
mondial. Au Maroc, la direction du mdicament et de la pharmacie, dpendant du ministre
de la sant, veille au respect de ces rgles de bonnes pratiques de fabrication.
Le savoir faire industriel et technologique pharmaceutique marocain est reconnu au niveau
mondial et le Maroc est class en zone Europe en termes de qualit des mdicaments.
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2. LES ASPECTS HORIZONTAUX DE LA CONCURRENCE
2.1Barrires daccs au march
Le mdicament est au centre dintrts et denjeux de diffrents intervenants dans la chane
du mdicament. Ces enjeux ne convergent pas toujours, et des barrires peuvent exister au
niveau de chacun des diffrents intervenants.
a) Le Ministre de la Sant
Le rle du Ministre de la Sant est de veiller la scurit sanitaire en gnral et celle lie
aux mdicaments en particulier. Dune part, il doit assurer la disponibilit de ces produits
vitaux travers un approvisionnement rgulier, pour lensemble des citoyens, travers des
circuits traables. Dautre part, il doit assurer la qualit, lefficacit et la scurit de ces
mdicaments. Ainsi, le mdicament et lexercice de la pharmacie sont fortement
rglements et encadrs par le ministre de la Sant.
Le Maroc sest dot dune rglementation des plus rigoureuses des pays qui disposent
dune industrie dveloppe et structure. Cette rglementation, qui dfinit avec prcision
les conditions et les modalits dexercice dans ce secteur et pour chacun des diffrents
oprateurs, de lindustriel lofficinal, est constitue dun ensemble de barrires naturelles
qui entravent tout ce qui est de nature reprsenter un danger potentiel pour le citoyen
puisquelles visent justement la protection de ce dernier. Dun autre ct, cette mme
rglementation vise le libre accs, pour tous les citoyens, aux soins, en gnral, et aux
mdicaments, en particulier.
Du fait de sa lourdeur, cette rglementation constitue un vritable dfi pour tout nouvel
oprateur voulant sinstaller dans le secteur industriel du mdicament. Cette rglementation
ne peut tre considre comme une barrire dans le sens concurrentiel du terme,
puisquelle sapplique de la mme manire tous les oprateurs, quils soient nouveaux ou
anciens, nationaux ou multinationaux.
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Les protections des nouveaux princeps par des brevets reprsentent galement des
barrires naturelles dans la mesure o ils constituent un compromis entre les intrts de
lindustriel novateur, qui cherche amortir les lourds frais de recherche pharmaceutiques
ncessaires pour la mise au point de son mdicament princeps, et ceux des citoyens, qui
doivent pouvoir accder rapidement aux progrs thrapeutiques reprsents par ces mmes
mdicaments.
b) Lindustrie pharmaceutique
Le secteur industriel pharmaceutique au Maroc est n et sest dvelopp dans un contexte
dconomie librale. A ce titre, bien quil soit fortement rglement et encadr par le
Ministre de la Sant, nen obis pas moins aux lois du march et de la libre concurrence.
En effet, le mdicament est certes un produit de la sant, vital et stratgique mais il est aussi
un produit industriel et commercial, soumis aux rgles du march et la ncessit de
rentabiliser le capital engag, et de gagner des parts de march.
Dveloppement des ventes en units et en valeur, gains de parts de march, rentabilit et
marges bnficiaires restent les mots cls du march pharmaceutique. Ainsi, le mdicament
offre de multiples facettes selon le point de vue o lon se place. Produit industriel dabord
avec des cots dintrants et de production. Il est aussi un produit commercial avec un prix et
des marges, et enfin il est un produit thrapeutique avec obligation defficacit et de
scurit sans compter son accessibilit aussi bien gographique quconomique.
Lindustriel quil soit dtenteur de princeps ou gnriqueur, est la recherche
dopportunits dans le march thrapeutique. Cet industriel aura tendance aller
naturellement vers les segments de march les plus attractifs, en termes de volumes de
consommation, de limportance du chiffre daffaires, de dynamisme et de niveau de prix.
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c) Les organismes de prvoyance et lassurance maladie
Les organismes de prvoyance visent offrir les meilleurs services possibles pour leurs
adhrents en termes de qualit des soins assurs. Ils visent galement maintenir leurs
quilibres budgtaires garants de leur prennit. Pour cela, ils chercheront optimiser leurs
ressources travers lutilisation des alternatives thrapeutiques les plus conomiques.
Pour atteindre cet objectif, le remboursement devait se faire sur la base des prix des
gnriques. De ce fait, le remboursement constitue une barrire de nature favoriser les
mdicaments les plus conomiques au dtriment des mdicaments les plus onreux, sauf
quand ces derniers nont pas de gnriques. Toutefois, cette barrire ne peut tre
considre comme anticoncurrentielle dans la mesure o elle vise la sauvegarde dun
systme qui vise lui-mme un plus large accs des citoyens aux soins en gnral et aux
mdicaments en particulier.
d) Le prescripteur
Le prescripteur a la responsabilit de choisir le mdicament qui convient le mieux son
patient. Il visera la gurison la plus rapide et la plus complte possible pour son patient, sa
scurit et si possible au meilleur cot. Ce choix se fera dabord sur la base de considrations
mdicales et pharmacologiques et dans la limite de ses connaissances sur les mdicaments.
La richesse et la complexit de loffre mdicamenteuse rendent le choix du prescripteur de
plus en plus difficile et le prescripteur subit, diffrents degrs, linfluence de lindustrie
pharmaceutique qui reprsente aujourdhui la principale source du savoir pharmacologique.
La force de la promotion mdicale travers la visite mdicale et la puissance de la
communication restent les principaux facteurs qui peuvent influencer cette prescription
mdicale. Cette prescription mdicale reprsente, en effet, un trs important enjeu pour
lindustrie pharmaceutique et des budgets importants y sont consacrs pour linfluencer.
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e) Les pharmaciens et la dlivrance des mdicaments
La dlivrance des mdicaments dans lofficine se fait selon un systme o les marges
bnficiaires brutes taient fixes 30% quelque soit le prix des mdicaments. Ceci
constituait une barrire qui avait tendance favoriser les mdicaments les plus chers de
leurs catgories au dtriment de ceux qui taient les moins chers. Toutefois, la pauvret
relative des clients de nombreuses officines a pouss de nombreux pharmaciens dlivrer
de prfrence les mdicaments les moins onreux. Certains ont pratiqu la substitution
conomique par les gnriques un moment o celle-ci tait considre comme illgale.
Aujourdhui, cette substitution est propose aux pharmaciens afin de matriser la pression
des cots des mdicaments sur lassurance maladie et elle est assortie dun systme de
marges variables, de nature favoriser lutilisation des mdicaments gnriques. Toutefois,
les pharmaciens dofficine estiment que la proposition faite par le Ministre de la Sant
constitue dans sa forme actuelle une menace pour le secteur officinal et un danger pour un
secteur dj mal en point. Sans remettre le systme propos en cause, ils demandent que
certaines dispositions de ce systme soient revues.
f) Les patients utilisateurs des mdicaments
A lexception de lautomdication, le patient ne choisit pas, toujours, lui-mme ses
mdicaments. Il est oblig de faire confiance soit son mdecin prescripteur soit un
pharmacien dans le cas du conseil officinal. Les enjeux pour le patient se limitent la
recherche dune efficacit thrapeutique, de la scurit du mdicament et autant que
possible dun prix bas. Quand ce patient est couvert par une assurance maladie, laccs ce
mdicament ne constitue plus alors un problme du moins tant que ce mdicament est
remboursable et la condition que la partie des cots qui reste sa charge reste
relativement faible.
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2.2 LAnalyse des entres sur le march
Au cours des cinq dernires annes (2004 2009), le march pharmaceutique a connu
lentre de deux nouveaux oprateurs industriels, qui sont :
PHARMED, filiale du laboratoire Pharma 5, en 2004 ;
MC PHARMA filiale de COOPER PHARMA en 2006.
Par contre, le secteur a connu, des entres des produits de plus de 20 laboratoires
internationaux travers leurs concessionnaires locaux.
2.3 LANALYSE DES MCANISMES DE LA CONCURRENCE
a) Le marketing, un lment dterminant de laffrontement concurrentiel
Contrairement dautres secteurs industriels, o le marketing-mix peut sexprimer travers
les 4P (le Produit, le Prix, la Place ou circuit de distribution et la Promotion). Le marketing
pharmaceutique nest jamais lorigine dun mdicament. Lintervention sur le prix une fois
celui-ci accord et fix est pratiquement impossible (sauf les demandes de baisses de prix
qui reoivent toujours une rponse favorable). De plus tous les oprateurs pharmaceutiques
partagent les mmes circuits de commercialisation. Le marketing-mix pharmaceutique
sexprime ainsi, essentiellement travers la promotion.
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b) Linfluence de lindustrie pharmaceutique sur la fixation des prix des
mdicaments :
Laction sur le prix dun mdicament dj fix, dans le sens de la hausse, est pratiquement
exclue. En effet, seul le Ministre de la Sant est en mesure de fixer les prix des
mdicaments et ventuellement, de les augmenter ou de les rduire. Les laboratoires
pharmaceutiques peuvent toujours demander une augmentation des prix de leurs
mdicaments ou leur baisse. Le Ministre de la Sant a tendance rpondre favorablement
et rapidement une demande baisse. Pour les demandes daugmentations, la rponse est
exceptionnellement positive moins dune justification par des augmentations des prix, dun
ou de plusieurs composants du mdicament ou du changement de la parit entre la
monnaie nationale et celles utilises dans lacquisition des matires premires ou des
produits finis.
Les oprateurs industriels viseront donc influencer en priorit la fixation initiale du prix de
leur mdicament.
Dans la phase de fixation du prix, ladministration peut tre soumise, de la part des
oprateurs, des pressions de toutes sortes pour obtenir les meilleurs prix.
Dans le cas dun princeps, les matires premires ou les produits finis, sont imports par la
filiale locale dun laboratoire tranger, le plus souvent une multinationale, de sa maison
mre. Cette dernire fixe donc les prix des transferts et assure la facturation des matires
premires ou de ces produits finis. Comme partout dans le monde ceci pourrait donner lieu
des surfacturations, permettant le rapatriement de bnfices de certaines filiales des
multinationales vers leurs maisons mres. Les prix locaux des mdicaments, pourront tre
anormalement levs en comparaison avec dautres pays en raison de cette pratique.
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Dans la pression qui peut tre exerc par certains oprateurs industriels sur ladministration
responsable de la fixation des prix, la diplomatie peut venir au secours de certains
oprateurs multinationaux, en vue dobtenir un prix lev. Il nest pas rare que tel
ambassadeur de tel pays occidental o se situe la maison mre dune multinationale,
accompagne le dirigeant de la filiale locale de cette multinationale une runion au
Ministre de la Sant, en vue dobtenir un bon prix ou pour rgler tout autre
problme mettant en jeu les intrts de la multinationale.
Dans les relations entre le Ministre de la Sant et certaines multinationales, le chantage a
t parfois utilis pour obtenir une faveur ou un bon prix . Menacer de quitter le pays, en
licenciant les nombreux employs pour aller sinstaller ailleurs ou dabandonner la
fabrication dun mdicament dont le prix serait insuffisant pour assurer sa rentabilit, peut
savrer efficace.
Dans le cas du mdicament gnrique, les prix obtenus seront indexs sur celui du princeps
de mme composition qualitative et quantitative et de mme forme pharmaceutique. Ainsi,
le prix obtenu initialement par le princeps, dterminera thoriquement le niveau des prix de
lensemble de ses gnriques.
Dans la ralit, les choses peuvent se passer autrement. En effet, la multiplication des
gnriques dans une famille de mdicaments peut crer une forte dynamique
concurrentielle base sur les prix.
c) Pntration des gnriques sur le march pharmaceutique marocain
La principale caractristique du mdicament gnrique est son prix infrieur celui du
princeps, avec un diffrentiel de prix trs significatif (au minimum de -30%).
Ce diffrentiel de prix en faveur du gnrique sexplique dune part par le fait que le
gnrique na pas de frais de recherches pharmaceutiques amortir et dautre part, par le
systme de fixation des prix des mdicaments qui lui accorde automatiquement un prix
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infrieur celui du princeps et souvent aussi par rapport ceux dautres gnriques qui lont
prcd.
Les mdicaments gnriques constituent ainsi, des alternatives thrapeutiques
conomiques, notamment dans le cas de traitements rputs chers.
La part de ces mdicaments gnriques dans les appels doffres hospitaliers est de lordre de
90% en volume.
En 2010, ils reprsentaient 27,6% en volume et 28,3% en valeur du march pharmaceutique
priv (ventes en pharmacies). Ces derniers chiffres donnent deux impressions :
Que la part des gnriques au Maroc est faible (moins de 30%).
Que la moyenne pondre des prix des gnriques est suprieure la moyenne pondre
des prix de lensemble des mdicaments puisque la part de march de ces gnriques en
valeur est suprieure celle en volume, ce qui est paradoxal pour un gnrique.
Lanalyse des profils des prix des mdicaments sur le march marocains et celle de
limplantation des mdicaments gnriques montre quil nen est rien. En fait, le march
pharmaceutique possde une caractristique qui explique ce paradoxe. Une bonne partie de
ce march est constitue par des sous-classes de mdicaments o les prix sont trs bas
(pommades dermatologiques, pommades et collyres ophtalmiques etc.). Ces sous-classes ne
constituent donc pas des marchs attrayants pour les gnriqueurs. A contrario, les sous-
classes de mdicaments o les niveaux de prix sont relativement levs offrent des attraits
pour les gnriqueurs qui finissent par les pntrer et les conqurir.
Les gnriqueurs sont toujours l'afft de toute opportunit pour gnriquer un princeps
dont le brevet est arriv chance, surtout quand il se trouve dans un march trs
attractif. Lattractivit dun march pour les gnriqueurs dpend de la taille du march en
volume, de son chiffre daffaires, de son dynamisme (volution) et du niveau de ses prix.
Une vritable analyse qui exclut les mdicaments non gnricables trs bas prix, ramne le
taux des gnriques un taux de 49% en volume de lensemble des mdicaments
gnricables.
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Lanalyse dtaille, des diffrentes sous-classes de mdicaments gnricables, montre
quau contraire, non seulement les mdicaments gnriques sont moins chers que leurs
princeps mais quen plus leurs diffrentiels de prix par rapport aux princeps sont trs levs.
En termes de prix, les premiers gnriques introduits sur le march, pour une dnomination
commune internationale (DCI), sont toujours les mieux lotis. Dans lancien systme de
fixation des prix, toujours en cours, le premier gnrique obtient un prix de 30% infrieur
celui du princeps. Pour chacun des gnriques suivants, le prix sera de 5% infrieur celui du
gnrique qui la prcd. Il en rsulte une baisse des prix en cascade.
Quand les gnriques, dans une sous-classe, sont nombreux, les derniers introduits, peuvent
tre largement dfavoriss non seulement par rapport leur princeps mais aussi par rapport
dautres gnriques prix plus levs.
d) Laffrontement concurrentiel entre princeps et gnriques
e)
Le march pharmaceutique mondial est le champ dpres affrontements entre mdicaments
princeps et mdicaments gnriques. Dans ces batailles dont la violence est la mesure de
limportance des enjeux conomiques et financiers en jeu, les laboratoires dtenteurs des
mdicaments princeps. Ils font alors tout ce qui est possible pour garder leurs parts de
march et leurs prix. En face, les laboratoires gnriqueurs font tout pour pntrer puis
conqurir les marchs pharmaceutiques avec des mdicaments ayant des prix largement
infrieurs ceux des princeps.
Cet affrontement entre gnriques et princeps prend de multiples formes et touche tous les
aspects du mdicament ; aspect scientifique, aspect rglementaire, aspects commerciaux et
marketing, aspects lis la communication et limage du produit et du laboratoire.
Les arguments des dtenteurs des princeps sont les cots excessivement levs des
recherches amortir, la qualit suppose suprieure de leurs produits (produits de
rfrence) et leur longue exprience. Les arguments des gnriqueurs font rfrence
laccessibilit conomique de la population aux mdicaments gnriques et la contribution
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la sauvegarde des quilibres budgtaires des organismes gestionnaires de lassurance
maladie.
La ncessit de maitriser les cots de la sant, face une demande de plus en plus forte, en
mdicaments, a pouss nombre de pays parmi les plus dvelopps encourager lusage des
mdicaments gnriques. Les copies gnriques taient alors autorises et commercialises,
ds lchance du brevet accordant au princeps le monopole de fabrication et de
commercialisation. Cest ainsi que certains laboratoires dtenteurs de princeps ont perdu
leurs positions sur un certain nombre de marchs. Certaines multinationales du mdicament
ont mis alors en place de vritables stratgies antignriques afin dentraver, par tous les
moyens, le lancement de gnriques ou de retarder le dveloppement de leurs ventes.
Dautres laboratoires multinationaux ont fait le choix de crer leurs propres divisions
industrielles, totalement ddies la fabrication des mdicaments gnriques.
Ce secteur semble dailleurs gnrer des pratiques anticoncurrentielles. Prcisons quen
Europe, les laboratoires auteurs de ces pratiques, ont t parfois lourdement condamns
par les tribunaux.
Laffrontement concurrentiel entre princeps et gnriques, qui se joue au niveau
international, a naturellement, son prolongement dans notre pays. Le Maroc semble aussi
connaitre certaines pratiques anticoncurrentielles qui sont identifies et combattues dans
dautres pays.
Le dnigrement de la qualit des gnriques et la justification des prix des princeps comme
tant celui dune qualit ingale constitue lessentiel des stratgies antignriques des
laboratoires dtenteurs de princeps.
Les drapages ont t nombreux et le dnigrement a parfois pris des formes extrmes. Il y a
quelques annes, un laboratoire dtenteur dun mdicament princeps, na pas hsit, dans
ses campagnes de communication, en sadressant aux mdecins de dire Si votre patients
est votre ennemi, prescrivez lui un mdicament gnrique . Un autre laboratoire, en
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comparant son princeps avec les gnriques a choisi limage dun uf frais ct dun uf
"pourri". Le dnigrement na pas cess mais il prend aujourdhui des formes plus subtiles.
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Laffrontement princeps-gnriques nest dsormais, plus limit aux cabinets mdicaux, aux
hpitaux et aux officines. Il a investi aussi la place publique par mdias interposs. Le recours
certains lobbyistes (membres de groupes de pressions) quils soient leaders dopinion ou
non, pour sexprimer dans les mdias audio-visuels ou pour crire sur les colonnes de la
presse crite gnraliste ou spcialise se manifeste de plus en plus.
La bioquivalence est aujourdhui largument utilis, par les laboratoires dtenteurs de
princeps, comme moyen pour combattre les gnriques. Aucune distinction nest faite entre
les gnriques qui ont lobligation de faire la bioquivalence et ceux qui sont exonrs de
ces tudes, en raison de leurs caractristiques galniques et pharmacologiques.
Lensemble des gnriqueurs ont, pourtant, adhr lexigence de faire des tudes de
bioquivalence, ds leur proposition par le Ministre de la Sant.
Les actions de relations publiques constituent galement un autre volet de laffrontement
concurrentiel. Lampleur des moyens financiers mis en jeu sont la mesure des chiffres
daffaires raliser et des niveaux des prix des mdicaments en question. Ce qui se passe
dans le domaine de la cancrologie et de certaines pathologies chroniques en sont les
meilleurs exemples.
f) Les pratiques anticoncurrentielles dans le secteur pharmaceutique
Des tudes cliniques factices finances par les patients
Elles sont appeles pompeusement tudes cliniques multicentriques mais nont aucune
valeur scientifique et elles sont rarement publies, voire jamais. Elles sont en gnral
ralises au moment du lancement dun nouveau mdicament.
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Le laboratoire commanditaire de ce type dtudes contacte un groupe de prescripteurs, (en
gnral, des leaders dopinion), soi-disant pour participer la ralisation dune tude
clinique. Pour cela, chacun des mdecins contacts, doit prescrire le nouveau mdicament
ses patients et ceux-ci doivent lacheter. Au terme de la dure du traitement, les patients
sont revus par ces mdecins qui remplissent une fiche comportant un certain nombre de
renseignements sur le patient et sa maladie (sexe et ge, maladie, traitement, rsultats
cliniques obtenus et les ventuels effets secondaires constats). En contrepartie, ce Mdecin
reoit entre 200 300 Dirhams pour chaque patient ou un cadeau en nature.
Le fichage des patients peut porter atteinte au secret mdical
Les choses prennent une toute autre tournure quand les fiches patient , remplies et
envoyes par le prescripteur au laboratoire commanditaire de ltude, comportent des
renseignements permettant didentifier clairement le patient et de le contacter (nom,
prnom, tlphone personnel et adresse).
Le reprsentant du laboratoire prend la suite. Il appelle le patient sur son tlphone
personnel pour sassurer de lachat et de lutilisation de son mdicament et exclure ainsi
toute possibilit de recours un concurrent.
De telles pratiques constituent une forme de violation du secret mdical et une atteinte au
droit du patient. Pour rappel, l'obligation au secret s'impose toute personne amene
suivre l'tat de sant dun patient. Le secret couvre lensemble des informations concernant
la personne, venue la connaissance du professionnel de sant et concerne toutes les
informations confies, mais aussi tout ce qui a pu tre vu, entendu, compris, voire interprt
lors de l'exercice mdical. Dans le cas de lhpatite virale, un prescripteur qui rvle
lidentit dun patient atteint dhpatite au laboratoire peut recevoir en contrepartie jusqu
1500 Dhs par patient.
Nous constatons malheureusement depuis quelques annes laugmentation du nombre de
ces pratiques et leur banalisation.
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40 SIS-Consultants
La mise contribution des laboratoires danalyse biologique
A titre dexemple, le laboratoire ROCHE S.A. fournit gratuitement certains laboratoires
danalyses biologiques avec lesquels il a des conventions, des kits pour le dpistage de
lhpatite (tests Elisa). En contrepartie, ces laboratoires danalyse biologique doivent lui
fournir les listes des patients atteints dhpatite virale, avec des renseignements, permettant
ROCHE S.A. didentifier clairement ces patients atteints dhpatite. Ces patients seront
alors immdiatement contacts par les reprsentants commerciaux de ce laboratoire pour
les inciter utiliser uniquement les mdicaments de ce laboratoire, excluant de ce fait, les
mdicaments concurrents. Pour rappel, ces mdicaments sont parmi les plus onreux (un
cot de traitement annuel de lordre de 150.000 Dirhams par patient).
Le "pistage" des patients cancreux ds le diagnostic de leur maladie
Dans le domaine de la cancrologie, les patients sont souvent dtects puis pists ds le
diagnostic de leur maladie par certains laboratoires. Pour cela, le concours du personnel
mdical ou paramdical peut savrer ncessaire. Des reprsentants commerciaux, qui
rsident pratiquement dans les services doncologie passent laction, contactent
directement les patients encore sous le choc, pour les orienter vers le "bon choix
thrapeutique" voire vers "le bon cancrologue". Ces patients ne seront plus "lchs"
jusqu ce quils achtent leurs traitements.
LORIENTATION DES PATIENTS VERS DES PHARMACIES DETERMINEES
Lessentiel des ventes des mdicaments onreux et notamment des anticancreux de
certains oprateurs sont vendus directement aux patients qui devaient se prsenter
directement au sige commercial du laboratoire pharmaceutique avec ordonnance et
largent du mdicament.
Pendant des annes, les pharmaciens dofficine nont pas cess de protester contre ces
pratiques commerciales (la vente directe aux patients).
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Ainsi, les pharmaciens dofficine se sont engags de limiter leur marge bnficiaire brute
dans les limites de 5% du prix public de ces mdicaments onreux au lieu de 30%.
Les laboratoires concerns ont fini par cder et ont promis de ne plus livrer les mdicaments
anticancreux directement aux patients. Cependant, ces laboratoires conseillent ces
patients daller chercher leur mdicament dans certaines pharmacies prcises, sous prtexte
que ce sont les seules disposer du prcieux mdicament.
Ces actes constituent des pratiques anticoncurrentielles puisquelles excluent dautres
pharmacies de la vente de ces produits onreux.
g) Les mdicaments princeps et les indices de situations monopolistiques
Le mdicament princeps bnficie ds son introduction sur le march mondial, dun
monopole du fait dune protection par brevet. La dure de protection dure en moyenne 10
ans partir de la date de sa commercialisation mondiale. Cette dure peut tre prolonge
en Europe par des certificats complmentaires de protection (CCP). Ds lchance du
brevet du princeps, les laboratoires gnriqueurs pourront lancer leurs copies gnriques et
mettre fin la situation du monopole. La majorit des multinationales dtentrices des
princeps tenteront alors dentraver ou du moins de retarder lentre des copies gnriques
de leurs princeps sur le march.
Nous citerons ici deux exemples dentrave lintroduction dun gnrique au Maroc et qui
font partie de stratgies internationales de certaines multinationales.
Dans le premier exemple, la multinationale Astra-Zeneca a empch le lancement dun
gnrique de sa spcialit INEXIUM, par le laboratoire national Promopharm. Ce dernier
avait bien obtenu son A.M.M. et des cadres de prix et devait lancer son gnrique lESAC en
t 2009. Lintervention des reprsentants des laboratoires Astra-Zeneca auprs du
Ministre de la sant a bloqu ce lancement qui na pu tre fait, finalement, quen t 2010.
La perte pour ce laboratoire Marocain est norme. Elle correspond un manque gagner
quivalent une anne de ventes sans compter les pertes au niveau des lots fabriqus et du
matriel promotionnel mobilis pour le lancement. Mais globalement, les pertes ne se
limitent pas ce laboratoire mais aussi aux patients qui ont t privs dune alternative
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thrapeutique, plus conomique de lINEXIUM sans compter les mdecins dont les choix
pour la prescription ont t limits.
Le deuxime exemple est reprsent par la pratique de Lutilisation abusive des procdures
dautorisation de mise sur le march et qui est largement utilise par certains dtenteurs de
princeps, au niveau international. Ceux-ci changent, au bout de quelques annes, la forme
galnique de leurs produits ou le dosage en principes actifs. Les exemples au Maroc sont
nombreux mais pour illustrer ce cas, nous allons citer le cas particulier de lantihypertenseur
diurtique, des laboratoires Servier, FLUDEX (Indapamide DCI).
Il y a une dcennie, ce laboratoire a remplac FLUDEX comprim dos 2,5 mg, dj
commercialis au Maroc, par FLUDEX comprim L.P. (libration prolonge), dos 1,5 mg.
Il a alors justifi ce changement par le fait que la le dosage 1,5 mg prsentait moins deffets
secondaires de type hypokalimie. Or le dosage 2,5 mg tait utilis sur une trs grande
chelle et pendant plusieurs annes sans que les prescripteurs aient se plaindre de ses
effets secondaires. Pourtant, ce dosage 2,5 mg reste le plus utilis dans le monde. Lobjectif
de Servier est plus de pousser les gnriqueurs perdre beaucoup de temps pour
dvelopper cette forme L.P. 1,5 mg ou de lancer lancien dosage et prendre le risque dtre
attaqus sur dhypothtiques effets secondaires.
h) Quasi monopole des mdicaments coteux des pathologies lourdes
Les mdicaments coteux des pathologies lourdes, reprsentent un vritable problme au
Maroc. Les niveaux des prix de ces mdicaments et les cots des cures reprsentent un
obstacle laccs pour les patients et une vritable mise en danger des quilibres financiers
des assurances maladie.
Les situations de monopole sont nombreuses dans les mdicaments des pathologies lourdes
(cancers, hpatites, sida etc.). Ces pathologies qui reprsentent un vritable dfi la
mdecine, font constamment appels aux mdicaments les plus innovants. En effet, le cycle
de vie de ces produits est en raccourci. Ainsi, les gnriques nont pas le temps de sinstaller
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sur ces segments puisqu lchance des brevets, dautres princeps plus rcents sont lancs
sur le march.
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Lanalyse de larsenal thrapeutique anticancreux disponible au Maroc, montre sa
pauvret. 67 Dnominations communes internationales (DCI) seulement, sur les 217 que
compte le monde, sont disponibles au Maroc (soit 31% du total des DCI anticancreuses).
Parmi ces 67 DCI disponibles au Maroc, 22 seulement sont gnriques (soit 33% des DCI
disponibles au Maroc et 10% de celles disponibles dans le monde).
Dans ce contexte, les situations de monopole et de position dominante, sont nombreuses.
Mais lensemble de ces lments ne pourrait expliquer lui seul, les niveaux des prix trs
levs des mdicaments des pathologies lourdes. Le marketing pratiqu par certaines
multinationales, dtentrices de ces mdicaments coteux, complique et aggrave la situation.
i) les prix des mdicaments au Maroc
Ltude parlementaire sur les prix des mdicaments au Maroc
La commission des finances et du dveloppement conomique, de la chambre des
reprsentants, au Maroc, a publi en Novembre 2009, un rapport sur la situation des prix
des mdicaments au Maroc.
Les Principales conclusions du rapport sont :
- Le prix des mdicaments au Maroc sont anormalement levs, quel que soit le critre
de comparaison choisi et la catgorie de mdicament ;
- La responsabilit principale incombe une partie de lindustrie pharmaceutique ainsi
quaux procdures dfinies par lAdministration pour la fixation des prix des
mdicaments et de leur remboursement par lAssurance Maladie ;
- Il est possible de baisser rapidement et de manire significative les prix des
mdicaments au Maroc et leur cot pour la collectivit nationale en appliquant un
ensemble de mesures qui dpendent essentiellement des Autorits Publiques.
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Critique du rapport de la commission parlementaire par lAMIP
Linitiative du rapport de la commission parlementaire sur la situation des prix des
mdicaments au Maroc a permis dlargir le dbat sur un sujet qui touche la sant des
Marocains. Ce rapport a relev des anomalies et dysfonctionnements relatifs aux prix de
quelques mdicaments.
Dans ce rapport, a t faite une comparaison des prix des mdicaments commercialiss au
Maroc avec dautres pays et notamment avec la Tunisie et la France. Toutefois, des erreurs
mthodologiques et des donnes ont orient les rsultats de ces comparaisons dans le sens
de la chert des mdicaments marocains et ont mis en cause lobjectivit de cette tude.
Selon lAMIP (Association Marocaine de lindustrie pharmaceutique), un certain nombre
derreurs mthodologiques et sur les prix a t relev. Les critiques formules vis--vis de
cette tude concernent aussi bien la forme que le fond.
2.4 Le point de vue du cabinet SIS-Consultants
Le rapport de la commission parlementaire sur les prix des mdicaments au Maroc constitue
une premire dans notre pays. Le mdicament est un produit stratgique car vital pour la
population. Le prix des mdicaments ne peut en aucun cas constituer un sujet tabou
occulter. Ce rapport a le mrite de mettre sur la place publique un sujet aussi important
pour les marocains et de pointer un certain nombre de dysfonctionnements et danomalies
concernant les prix des mdicaments au Maroc et leur systme de leur fixation, par les
autorits marocaines.
Le rapport de lAMIP a tait essentiellement une critique de la mthodologie et des donnes
utilises par la commission parlementaire. Le rapport nous a toutefois laiss sur notre faim
et na pas totalement rpondu la question des prix des mdicaments au Maroc.
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Nous estimons que dans un march comprenant plus de 5000 mdicaments et prsentant
dimportantes variations de prix dune part, entre les diffrentes familles de mdicaments et
dautre part lintrieur dune mme famille, il serait plus intressant de complter ltude
de la commission parlementaire par une autre tude, plus exhaustive. Cette tude doit
tudier les prix, famille par famille, DCI par DCI et pour toutes les formes galniques et les
prsentations des mdicaments. Ceci permettra didentifier tout les cas prsentant une
anomalie de prix pour pouvoir y remdier.
Une telle tude permettra de dire pour chacun des mdicaments commercialiss au Maroc
si le prix peut tre justifi et expliqu (absence dconomies dchelle, cots dacquisition ou
de production etc.) ou non.
Une telle tude doit aussi aider comprendre quelle a t la tendance gnrale des prix sur
plusieurs annes (tude dynamique des prix).
Pour juger de la chert ou non dun mdicament, il serait plus intressant de croiser
plusieurs critres. Nous proposons les critres suivants :
- Un benchmark des prix, largi plusieurs pays lconomie proche et aux systmes
pharmaceutiques similaires ceux du Maroc;
- Une comparaison des cots des cures ou des cots mensuels des traitements avec le
salaire minimal, pris comme repre, pour valuer la vritable accessibilit
conomique aux mdicaments ;
- Une comparaison des prix avec les cots rels de la production ou de limportation
des mdicaments.
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Le rapport de la commission parlementaire a considr le mdicament comme un lment
isol et ne la pas plac dans le contexte gnral de laccs aux soins. Dans la majorit des
cas, lachat du mdicament est la consquence de prescriptions mdicales, elles-mmes
consquences de consultations mdicales, le plus souvent, payantes. Ces consultations
peuvent galement gnrer dautres frais mdicaux, lis dautres explorations (cots de
limagerie mdicale, des analyses biologiques, des frais dinjections etc.). Dans dautres cas,
la prescription mdicale accompagne un acte chirurgical ou autre. Seul, llargissement de la
couverture par assurance maladie permet lensemble de la population daccder
lensemble des soins.
La prennit dun systme dassurance maladie, largit lensemble des Marocains, ne peut
tre assure sans sauvegarde des quilibres budgtaires de lassurance maladie. La demande
de notre population en mdicaments et le volume potentiel de leur utilisation sont tels que
ces quilibres, ne peuvent tre assurs sans une rvision des prix des mdicaments. Il sagira
de mettre en place une difficile quation o toutes les parties seraient gagnantes, les
patients dabord, le systme dassurance maladie, ltat marocain et les diffrents
oprateurs pharmaceutiques et mdicaux.
Une fois gnralise, cette assurance maladie pourrait jouer pleinement son rle de
rgulateur du march pharmaceutique, par viction des spcialits les plus coteuses, du
remboursement et en favorisant les alternatives thrapeutiques les plus conomiques.
La mise en place de recommandations et protocoles thrapeutiques permettra doptimiser
lutilisation des mdicaments avec pour objectif une plus grande efficacit et scurit sans
compter lconomie.
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49 SIS-Consultants
Richesse de larsenal thrapeutique et concurrentiabilit
Le rapport a fait le constat dune trop grande richesse de larsenal thrapeutique au Maroc.
Mais ceci a t prsent comme tant seulement un lment ngatif. La commission
parlementaire sest ainsi tonne de lexistence de multiples formes et prsentations pour
certains mdicaments. Nous citons ce passage en page 4 ; On ne peut qutre frapp par la
multiplicit des marques et des prix pour un mme mdicament. Il existe 137 prsentations
diffrentes de lamoxicilline, 62 de lamoxicilline clavulanique, 60 du paractamol, 53 du
diclofnac, 34 de lomprazole .
Or on ne peut que se rjouir de cette richesse en spcialits pour certaines DCI. On ne peut
nier le fait que cette richesse est lorigine dune dynamique concurrentielle qui a eu pour
consquence dentrainer une cascade de baisses des prix. Vouloir limiter au maximum le
nombre de concurrents pour une mme dnomination commune internationale peut tre
contraire lesprit dune libre concurrence. Cette libre concurrence doit tre maintenue.
Seules les pratiques anticoncurrentielles doivent tre combattues.
La richesse dune sous-classe thrapeutique en marques ne constitue pas un problme, mais
au contraire, un lment positif et profitable pour les diffrentes parties impliques, malgr
un effet limitant, des conomies dchelle pour les industriels.
La disparit des prix pour un mme mdicament
La commission parlementaire, sest tonne aussi de lexistence de diffrences de prix
entre des marques dun mme mdicament qui peuvent atteindre 600% et qui
sont gnralement autour de 200%. La Mission na pas obtenu de justification rationnelle de
ces carts par les instances concernes .
Cette disparit des prix entre les diffrentes marques dun mme mdicament est la
consquence logique de lancien systme de fixation des prix qui accordait -30% du prix du
princeps son 1er gnrique autoris au Maroc puis pour chacun des gnriques suivants -
5% par rapport au prix du gnrique qui la prcd.
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Les baisses des prix en cascade, ont t lorigine dune dynamique concurrentielle avec de
vritables batailles par les prix, entre laboratoires concurrents. Les demandes volontaires de
baisses de prix, ont touch non seulement les gnriques mais aussi certains princeps. Cest
dans les familles de mdicaments les plus riches en spcialits et notamment en gnriques
que les baisses des prix ont t les plus importantes. Ceci a t profitable aussi bien aux
patients, quaux organismes gestionnaires de lassurance maladie, la sant publique,
militaire etc.
Ce qui est important cest que dun point de vue chronologique, les produits les plus chers
(princeps puis les premiers gnriques) ont prcds ceux qui ltaient moins (les gnriques
suivants) : La tendance des prix dans le temps allant des plus chers aux moins chers.
A contrario, les niveaux des prix sont rests levs dans les segments de march domins
par des situations de monopole et o loffre est reste faible.
Une baisse gnralise des prix des mdicaments de 30 50% est-elle
possible ?
Dans la page 7, le rapport de la commission parlementaire parle de la possibilit de raliser
une baisse globale de 30 50% des prix des mdicaments pour les mdicaments courants et
de 50 80% pour les mdicaments coteux. Selon ce rapport, lapplication de ces
recommandations se traduira par un meilleur accs des malades aux mdicaments et une
augmentation de la consommation. Les industriels et les pharmaciens devraient sy
retrouver.
Une telle analyse ne tient pas compte du contexte conomique difficile que connat la
distribution pharmaceutique et surtout les pharmacies dofficine. Sur les 11.000 pharmacies
que compte notre pays, 3.000 sont en faillite et presque autant connaissent dj des
problmes, dont linterdiction du chquier pour une bonne partie. Or, le maillage constitu
par les 11.000 pharmacies et les 50 grossisteries est essentiel pour garantir un
approvisionnement scuris et rgulier de la population, y compris dans les localits les plus
loignes.
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Le chiffre daffaires moyen annuel, dune pharmacie au Maroc est de lordre de 800.000 Dhs
(la marge brute du pharmacien tant de 30% et la marge nette de 8 10%). En comparaison,
le CA moyen annuel dune pharmacie en France est dun million et demie dEuros, soit 21
fois celui dune pharmacie au Maroc. Une baisse des prix des mdicaments de 30% 50%
des prix des mdicaments risquera de prcipiter une bonne partie des pharmacies dofficine
dans la faillite.
Cette baisse des prix des mdicaments de 30 50% entranerait galement la disparition
pure et simple de nombreux mdicaments trs bas prix.
Par contre, une telle baisse des prix des mdicaments ne facilitera pas forcment laccs aux
mdicaments les plus coteux (quelques milliers de Dirhams) pour les plus dmunis, en
absence dune assurance maladie.
Sauvegarder le secteur pharmaceutique avec toutes ses composantes
La rsolution de lquation Accessibilit des mdicaments / Sauvegarde du secteur
pharmaceutique est certes difficile mais non impossible. La sant est un droit fondamental
consacr dailleurs par la nouvelle constitution. Les intrts du patient doivent tre placs
avant toute considration. Par ailleurs laccessibilit gographique au mdicament et le
maintien dun approvisionnement rgulier et scuris est galement un impratif.
Il est donc essentiel de protger le rle du secteur pharmaceutique de la fabrication la
dlivrance en passant par la distribution. La correction des anomalies et dysfonctionnements
ainsi que la lutte contre toutes les pratiques qui visent entraver la libre concurrence et le
libre choix du patient (ou de son prescripteur) est une priorit.
Le juste prix doit tre au centre de toute politique en rapport avec les mdicaments. La
solution se trouve plus dans le duo couverture assurance maladie largie / Prix du
mdicament corrig, est certainement la meilleure voie pour atteindre cet objectif.
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3. LES ASPECTS VERTICAUX DE LA CONCURRENCE
3.1La Chane de la commercialisation
Les maillons formant la chane de commercialisation du secteur de lindustrie
pharmaceutique sont :
Les laboratoires fabricants ;
Les Grossistes, rpartiteurs pharmaceutiques ;
Les pharmacies dofficine mais aussi les Cliniques prives et les Hpitaux.
Le primtre de commercialisation des produits pharmaceutiques est au minimum national
pour lensemble des laboratoires nationaux et des filiales de multinationales. Pour certains
laboratoires (multinationaux ou nationaux), le primtre oprationnel est le Maghreb,
parfois une partie de lAfrique voire aussi certains pays de lEurope.
a) La vente directe au Ministre de la Sante publique
Les achats hospitaliers font partie de la chane de la commercialisation du secteur du
mdicament. Les achats du Ministre de la Sant dominent lensemble des achats
hospitaliers. Lacquisition des mdicaments se fait par le biais des appels doffres et cest la
division de lapprovisionnement qui relve du secrtariat gnral du ministre de la Sant,
qui soccupe de ces achats. Cette division tablit les prvisions des dlgations de la sant et
des hpitaux du Royaume. cet effet, les achats du ministre de la Sant se font sur la base
dune liste de 350 mdicaments essentiels (DCI de mdicaments pour diffrents formes et
dosages).
A lissue de lapprciation des capacits juridiques et techniques des fournisseurs, lexamen
des offres financires se fait sur la base du prix le moins-disant. Loffre la plus concurrente
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Rapport de synthse
53 SIS-Consultants
en termes de prix est celle qui remportera le march. Les prix de soumission sont, cet effet,
largement infrieurs aux prix publics (P.P.M.) des mdicaments.
Lapprovisionnement en mdicaments sous monopole (reprsentant moins de 10% des
achats hospitaliers) se fait travers des bons de commande avec proposition des prix par le
Ministre de la Sant.
Les soumissions des laboratoires ne sont donc conditionnes que par leurs portefeuilles de
produits et leurs offres de prix.
90% des mdicaments achets par le Ministre de la Sant sont des gnriques. Les
laboratoires nationaux restent les principaux fournisseurs du ministre de la Sant. Les
Appels dOffres du Ministre de la Sant ont ainsi permis de favoriser le dveloppement de
beaucoup de gnriqueurs nationaux.
b) Quelques indices de pratiques du dumping dans les marchs publics de
mdicaments
En rgle gnrale, les gnriques dominent au niveau des appels doffre et les princeps
narrivent simposer quen cas dabsence du gnrique similaire. Toutefois, il nest pas rare
que des princeps arrivent souffler des marchs leurs gnriques en soumissionnant des
prix encore plus bas que ceux des gnriques. Ceci pourrait sexpliquer par une volont de
barrer la route leurs concurrents tout prix en recourant au dumping. La plainte de
Sothema contre Laprophan, auprs du conseil de la concurrence et la mdiatisation qui sen
est suivi, en est le meilleur exemple.
Sothema a en effet, accus Laprophan de dumping parce quil s'est fait souffler un march
public de 52 Millions de Dirhams. Sothema a propos un prix de 23 Dhs pour le flacon de 10
ml contre 19 Dhs pour son concurrent Laprophan. Ya-t-il rellement dumping ou pas ? La
saisine est entre les mains du Conseil de la Concurrence.
Pour certains industriels, le problme relve tout simplement d'un manque de comptitivit
du plaignant. Certains nhsitent pas accuser SOTHEMA, de labus de position dominante,
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54 SIS-Consultants
en profitant de sa position en tant que seul producteur local dinsuline et ne faisait pas
defforts sur les prix.
c) Quelques indices sur les ententes ventuelles sur les prix et les partages
de marchs
Des rumeurs sur le sujet des ententes sur les prix des mdicaments circulent dans le secteur.
Ces pratiques taient frquentes dans un pass rcent. Lexistence de ces pratiques nest pas
exclure. Toutefois, elles ne sont possibles que dans les segments de marchs tenus par un
nombre restreint doprateurs et o les enjeux financiers sont trs importants, notamment
du fait des prix levs.
Suite aux investigations menes par nos soins et certains positionnements dautres, il y
aurait des ententes sur les prix des mdicaments dans le secteur. Lexistence de ces
pratiques nest pas exclure. Toutefois, elles ne sont possibles que dans les segments de
marchs tenus par un nombre restreint doprateurs et o les enjeux financiers sont trs
importants, notamment du fait des prix levs. Dans ce cadre, les cas des mdicaments
coteux des pathologies lourdes, o dominent les situations de monopole, pourraient tre le
thtre de ces pratiques. Le partage de march entre deux oprateurs agissant sur les
mmes segments, reste possible. Chacun des deux oprateurs sengage ne soumissionner
que sur lune des DCI par exemple laissant lautre oprateur lautre DCI. Toutefois, les
possibilits dententes sur les prix restent hautement improbables dans lensemble des
segments de march o il y a de nombreux oprateurs. En matire de prix, les msententes
entre oprateurs dominent le secteur.
a) La vente directe la pharmacie de la CNOPS
Les tendances monopolistiques ou de position dominante impactent non seulement laccs
des citoyens aux mdicaments, mais aussi les quilibres budgtaires du systme de
lassurance maladie dans son ensemble. Pour illustrer ceci, nous allons citer le cas de la
Caisse Nationale des Organismes de Prvoyance Sociale (CNOPS).
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55 SIS-Consultants
Cette caisse assure la couverture mdicale de base pour les salaris de la fonction publique.
Elle regroupe les adhrents de huit mutuelles et assure diverses prestations telles que le
remboursement des soins ambulatoires et des hospitalisations.
La CNOPS dispose en plus, de sa propre pharmacie pour acqurir et mettre la disposition
de ses adhrents les mdicaments, et notamment les plus coteux (mdicaments des
cancers, des hpatites, etc.) au meilleur prix.
En 2009, les mdicaments des cancers reprsentaient eux seuls 57% en valeur de
lensemble des mdicaments acquis et utiliss dans le cadre de la CNOPS. Ceux des hpatites
reprsentaient 20% et ceux du Sida 9%.
Ainsi eux seuls, ces trois catgories de mdicaments totalisaient 86% du budget de la
CNOPS consacr lachat des mdicaments. Ceci sexplique non pas par la frquence de ces
trois pathologies cites, mais par leurs cots exorbitants. Pourtant, la CNOPS arrive
ngocier des prix les plus bas du march (prix de loin infrieurs aux P.P.M. et parfois aux prix
hospitaliers).
Les pathologies cites constituent justement les situations o monopoles et situations
dominantes rgnent. Dans ces cas, les concurrents similaires sont rares ou inexistants et la
soumission des prix relativement levs peut constituer la rgle.
Lanalyse de lvolution des cots des gnriques acquit par la CNOPS, par rapport ceux
des princeps, montre une disparit flagrante entre ces deux catgories de mdicaments.
Les gnriques ne reprsentent que 7% des achats de la CNOPS en valeur alors quils
reprsentent prs de 30% des ventes des mdicaments en pharmacie et prs de 90% des
achats du ministre de la Sant en volume.
La faiblesse de la part des gnriques dans les achats de la pharmacie de la CNOPS
sexplique, dune part, par la raret voire par labsence des mdicaments gnriques pour le
traitement des pathologies lourdes dj cites, et dautre part, par la faiblesse de lutilisation
de ces mdicaments gnriques quand ils existent.
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56 SIS-Consultants
4. La Perception de la concurrentiabilit du march par les oprateurs
Une enqute sur la perception de la concurrentiabilit par les oprateurs du secteur de
lindustrie pharmaceutique a t mene. Elle sest droule dans des circonstances difficiles,
dues principalement la rticence de la majorit des laboratoires rponde aux questions
poses, jugeant que ces questions touchent laspect confidentiel et stratgique de leurs
entreprises Nous tions obligs de questionner un groupe de cadres suprieurs dun groupe
de 11 laboratoires. Pour des raisons videntes, les personnes questionnes ont requis
lanonymat.
a) Pouvoir de ngociation des clients
Les reprsentants des entreprises du secteur de lindustrie pharmaceutique, questionns,
estiment bnficier dune clientle large, un nombre trs important des pharmaciens (plus
de 10.000) et des grossistes pharmaceutiques (plus de 50). Ce qui a mis, ces derniers, selon
la majorit des rpondants, en position dinfriorit, rendant ainsi le pouvoir de ngociation
des clients, faible. Par contre, le pouvoir de ngociation des mdecins qui sont les
prescripteurs, est qualifi de fort.
Certains estiment que leur position de force vis--vis de leurs clients est due limage de
leurs laboratoires au Maroc et dans le monde et la rputation de leurs produits.
18% des rponses affirment que le pouvoir de ngociation des pharmaciens et des
grossistes est moyen. Il tait faible au dpart et est en train de se renforcer. Cela est justifi
par, les offres commerciales de plus en plus allchantes des laboratoires concurrents, offrant
de plus en plus davantages et de facilits et visant garder leurs clients (pharmaciens
dofficine).
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57 SIS-Consultants
b) Pouvoir de ngociation des fournisseurs
Les oprateurs pharmaceutiques, au Maroc, estiment que le pouvoir de ngociation de leurs
fournisseurs est faible. En effet, sur les marchs internationaux des matires premires, il
existe de nombreux fournisseurs avec laugmentation du nombre de ces fournisseurs et avec
une forte concurrence entre eux. En consquence, lindustriel du mdicament au Maroc fait
jouer les prix et cherche le meilleur prix pour une mme matire et qualit gale. De ce
fait, les fournisseurs se retrouvent automatiquement avec un faible pouvoir de ngociation.
c) Larriv des nouveaux entrants
Sur la base des rsultats de lenqute mene dans ce volet, 55% des interviews qualifie les
nouvelles entres au secteur de lindustrie pharmaceutique dune menace.
Cependant, les interviews, confirmant la faiblesse de la menace des nouvelles entres,
dclarent que les nouveaux entrants auront de plus en plus de difficults sinstaller. En
effet, les industriels pharmaceutiques constatent lexistence des barrires de nature
rglementaire, technique, financire et tarifaires pour toute nouvelle entre dans le secteur.
Ces barrires sont considres comme moyens de freiner les nouveaux entrants et de
favoriser les anciens.
A cet effet, la situation du march laquelle sont confronts les entrants potentiels
daujourdhui nest pas la mme que celle que anciens industriels ont eu affronter. En
effet, le march devient de plus en plus concurrentiel, avec un nombre important
doprateurs, exigeant des cots dinvestissements importants et une rglementation plus
stricte.
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DE LINDUSTRIE PHARMACEUTIQUE
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58 SIS-Consultants
d) Les Effets de la substitution
Avec lintroduction des gnriques, comme produits de substitution, le march des
mdicaments nest plus monopolistique mais de plus en plus concurrentiel. En effet, les
gnriques nayant pas de frais de recherche amortir, leurs prix tant au minimum de 30%
infrieurs ceux des princeps, engendrent une concurrence plus acharne dans le march.
En rponse la question sur lvaluation de la menace des produits de substitutions, les
oprateurs du secteur des mdicaments lont qualifi, dune manire gnrale, de
moyenne. Les industriels estiment quils sont menacs et eux-mmes menacent dautres
laboratoires avec leurs gnriques.
e) Les Interventions de lEtat
La partie majoritaire des rpondants a trouv lintervention de lEtat dans le secteur
favorable, dans le sens o lEtat met de lordre dans le secteur, afin de garantir la qualit des
mdicaments et la scurit des patients, tout en restant neutre, puisque tous les oprateurs
sont soumis aux mmes rgles.
Dautre part, les gnriqueurs nationaux trouvent lintervention de lEtat trs favorable, du
fait quelle encourage les gnriques au dtriment des princeps et les orientations de la
politique des autorits Marocaines et leurs actions sont de nature renforcer le tissu
industriel national.
f) La Perception de la concurrence dans le secteur
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La concurrence dans le secteur de lindustrie pharmaceutique est estime forte, voire trs
forte. La concurrence est beaucoup plus forte que celle quil y avait il y a 10 ou 20 ans, du
fait de la multiplication des gnriques. Toutefois, pour ceux qui sont bien implants, la
concurrence dans ce march reste trs encadre et mme grable.
Dune part, cette concurrence est qualifi dingale entre les nouveaux venus et les anciens
oprateurs, dj bien implants, et de plus en plus sauvage avec une surenchre
promotionnelle et un tirage des prix vers le bas, dans un march pharmaceutique marocain
qualifi de non attractif pour certain.
Dautre part, pour quelques oprateurs, la concurrence est moyenne. Car naturellement
rglemente et fortement encadre par le ministre de la sant. Elle se joue principalement
entre laboratoires gnriqueurs et laboratoires novateurs et, un degr moindre, entre
gnriqueurs.
Face une concurrence de plus en plus forte dans le secteur de lindustrie du mdicament
marocain, les industriels se trouvent avec une marge de bnfice menace par les produits
concurrents. Ceci est d la lourdeur des budgets marketings et promotionnels et avec des
prix de plus en plus bas.
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CONCLUSIONS
1. Conclusions gnrales
L'industrie pharmaceutique marocaine est un secteur stratgique pour lconomie nationale
et pour lapprovisionnement rgulier et scuris en Mdicaments. Lactivit de cette
industrie gnre au niveau national prs de 10 Milliards de Dirhams de chiffre daffaires. La
qualit du mdicament produit au Maroc est internationalement reconnue et le Maroc
exporte prs de 10% de sa production en mdicaments dont une bonne partie vers les pays
occidentaux.
Cette industrie est toutefois soumise un certain nombre de contraintes qui freinent son
dveloppement. Ltroitesse du march pharmaceutique national et sa dispersion sur un
nombre important doprateurs et sur plus de 5000 mdicaments constituent une srieuse
entrave aux conomies dchelle industrielles. Seulement 0,6% des mdicaments
commercialiss dpassent en volume le 1 million de boites par an.
La gnralisation de lassurance maladie pourrait tre la plus importante opportunit offerte
cette industrie. Le dveloppement de lactivit dexport et les dlocalisations de la
fabrication de certains mdicaments trangers vers le Maroc peuvent galement
reprsenter des opportunits pour dvelopper cette industrie.
Le secteur pharmaceutique industriel est fortement concentr. Sur les 40 oprateurs
agissant dans ce secteur, les 4 premiers dtiennent 44% des parts de march en valeur. Les 8
premiers en dtiennent 64% et les 20 premiers 95%.
Le secteur pharmaceutique industriel marocain, peut tre qualifi doligopole ouvert. Le
secteur est compos dun noyau comprenant un nombre rduit doprateurs et qui domine
le march. Ce noyau coexiste avec une priphrie comportant un nombre important
doprateurs, ne disposant que dun faible poids sur ce march.
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La tendance la dconcentration au cours des 5 dernires annes, reste non significative.
Toutefois le secteur pharmaceutique a connu au cours des 3 dernires dcennies une
importante dconcentration et qui a profit principalement aux laboratoires nationaux
Lanalyse des tats de synthse des principaux oprateurs du secteur a rvl un certain
nombre danomalies. Ces tats montrent des rsultats anormalement bas et en
contradiction avec la position des laboratoires concerns, dans la march national et eu
gard aux moyens promotionnels dploys par eux. Ces laboratoires, toutes des filiales de
multinationales sont : le leader SANOFI-AVENTIS, NOVARTIS, PFIZER, BAYER et ROCHE S.A..
Ces anomalies peuvent cacher des pratiques dvasions fiscales connues sous le nom de
rapatriement des bnfices et pratiqus ailleurs. Les autorits financires dun certain
nombre de pays commencent sintresser ces pratiques et auditer les finances des
multinationales concernes.
Le secteur pharmaceutique industriel est le thtre dun certain nombre de pratiques
anticoncurrentielles. Lessentiel de ces pratiques vise entraver lentre et le
dveloppement des mdicaments gnriques et notamment sur certains segments de
march o existent dimportants enjeux conomiques et financiers. Les domaines des
pathologies lourdes et onreuses et un degr moindre celui des pathologies chroniques
sont les principaux champs daction de ces pratiques.
Dautres pratiques telles que les tudes cliniques factices subies et finances par les
patients, ou plus grave encore les violations du secret mdical au profit de certains
laboratoires o le fichage des patients et leur harclement posent de graves problmes
dthique, de droit et de concurrentiabilit.
Labus de position dominante et le partage des marchs la soumission des prix dans les
appels doffre sont voqus dans le secteur. Ces pratiques ne sont pas exclure dans les
segments de march o nagit quun nombre trs restreint doprateurs et o existent
dimportants enjeux financiers. Les marchs des mdicaments onreux des pathologies
lourdes sont les champs probables pour ces pratiques.
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La fixation des prix des mdicaments nest pas du ressort des oprateurs mais de celui du
Ministre de la Sant. Les laboratoires peuvent demander des augmentations ou des
diminutions des prix. Des demandes de baisses de prix sont toujours traites rapidement.
Celles concernant les augmentations, doivent tre justifies par des augmentations des prix
des intrants ou par laugmentation du taux de change entre les devises utilises pour lachat
(Dollars ou Euros) et la monnaie locale.
Les augmentations des prix des mdicaments restent en rgle gnrale exceptionnelles et
limites. Les efforts des oprateurs visent obtenir, ds lenregistrement de leurs
mdicaments, de bon prix sachant quil est plus difficile dobtenir une augmentation des
prix quand le mdicament est dj commercialis.
Dans ce cadre, des pressions peuvent tre exerces sur ladministration responsable de la
fixation des prix. Le recours larme diplomatique ou au chantage par certains groupes
puissants en vue dobtenir des prix levs semble ne pas tre exceptionnel.
Une commission parlementaire sest intresse aux prix des mdicaments et a publi un
rapport ce sujet. Ce rapport a conclu la chert des mdicaments au Maroc en
comparaison avec dautres pays tels que la France ou la Tunisie.
LAssociation Marocaine de lindustrie pharmaceutique a ripost en mettant en doute la
mthodologie et les donnes utilises dans cette tude. Nous estimons que la situation des
prix est extrmement complexe en raison du nombre important des mdicaments
commercialiss au Maroc mais aussi en raison de la trs grande variabilit des prix des
mdicaments dune famille lautre mais aussi lintrieur dune mme famille. Ltude de
la commission parlementaire devrait tre complte par une tude exhaustive, dtaille et
dynamique des prix des mdicaments. Les critres de chert utiliss ne doivent pas tre
limits au benchmark des prix mais inclure galement le rapport entre le prix et le pouvoir
dachat ainsi que le rapport entre son prix et le cot de sa production ou de son
importation.
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Depuis quelques dcennies, les gnriques jouent un rle essentiel dans laccs de la
population aux mdicaments, mais aussi dans la contribution au maintien des quilibres
budgtaires des organismes gestionnaires de lassurance maladie.
Malgr un contexte concurrentiel trs difficile, ces mdicaments gnriques ont pu
conqurir de nombreux segments du march pharmaceutique. Dans les traitements des
pathologies aigus (antibiotiques etc.), la place des gnriques est devenue prpondrantes.
Certaines spcialits gnriques sont devenues leaders de leurs familles thrapeutiques.
Dans les domaines des traitements des maladies chroniques (Antihypertenseurs,
antidiabtiques, hypolipmiants etc.) et malgr leur pntration tardive, les gnriques ont
pu se faire une place importante. La situation concurrentielle dans ces domaines sen est
trouve nettement amliore et notamment depuis le dbut des annes 2000. Toutefois,
des problmes subsistent au niveau des insulines o loffre reste limite trois oprateurs et
la concurrence limite. Le niveau des prix des insulines reste trs lev, en comparaison avec
les antidiabtiques oraux o existe une forte concurrence.
Le marketing pharmaceutique occupe une place centrale dans laffrontement concurrentiel
entre laboratoires. La promotion mdicale reprsente lessentiel de laction marketing.
Selon une enqute mene auprs des oprateurs pharmaceutiques, ces derniers qualifient le
secteur de concurrentiel. Ils estiment que leurs clients et leurs fournisseurs ont un faible
pouvoir de ngociation face eux. La majorit de ces oprateurs trouvent lintervention de
lEtat dans le secteur pharmaceutique favorable et neutre ; par contre, les reprsentants des
multinationales, ont qualifi lintervention tatique de dfavorable, car elle encourage les
gnriques au dtriment des princeps.
Avis du bureau dtudes concernant la concurrentiabilit du secteur de lindustrie
pharmaceutique :
Le secteur de lindustrie pharmaceutique marocain volue-t-il dans un cadre concurrentiel
ou dans un cadre de pratiques anticoncurrentielles ?
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64 SIS-Consultants
Le march pharmaceutique marocain a la configuration dun oligopole ouvert. Comme le
montrent les indices de concentration. Ce march est concentr et cette concentration est
assez variable dune classe thrapeutique une autre.
Il nous apparat que la libre concurrence a jou dans la majorit des segments
thrapeutiques du march du fait de lintroduction de nombreux gnriques. Ceci sest
traduit par des offres en mdicaments des prix de plus en plus bas. Seuls les segments des
mdicaments pathologies lourdes et onreuses (cancers, hpatite etc.) mais aussi celui de
linsuline, continuent de prsenter de srieux problmes de concurrentiabilit.
Situation concurrentielle dans les 3 segments du march pharmaceutique
La concurrentiabilit au niveau des mdicaments onreux des pathologies lourdes (cancers,
hpatite, Sida etc.) est reste trs faible en raison de nombreuses situations de monopole ou
de position dominante.
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65 SIS-Consultants
Ces segments de march sont domins par des princeps, en majorit, encore protgs par
des brevets. Les rares gnriques qui y sont introduits dans ces segments, arrivent trs
difficilement percer en raison de violentes pratiques anticoncurrentielles, de la part des
dtenteurs de ces princeps, qui visent maintenir leur situation de monopole et de position
dominante.
Dans le march pharmaceutique hospitalier, la situation reste globalement meilleure, en
raison de lacquisition des mdicaments travers des appels doffres aux prix les moins-
disant.
Les possibilits dententes sur les prix restent globalement improbables en raison du grand
nombre de laboratoires concurrents oprants dans la majorit des segments du march.
Seuls les segments de march o noprent que trs peu doprateurs industriels peuvent
connatre des possibilits dentente sur les prix surtout quand les enjeux financiers sont trs
importants.
Par contre, les pratiques du dumping restent possibles au niveau des appels doffre
hospitaliers. Laffaire rcente des insulines, largement mdiatise, en est le meilleur
exemple.
Enfin, le secteur pharmaceutique national connat galement certaines pratiques
anticoncurrentielles faisant partie de stratgies internationales dentraves aux gnriques de
la part de certaines multinationales.
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66 SIS-Consultants
Liste des tableaux
Tableau 1: Evolution des indices de la concentration CR4, CR8 et CR20sur la priode 2005/2009...................... 16
Tableau 2 : Ratios de la puissance financire des entreprises du secteur de lindustrie pharmaceutique, classes
par ordre dimportance du CA, Priode 2007-2008.............................................................................................. 19
Liste des graphes
Graphe 1 : Parts de march en valeur (Dhs) des industriels du secteur pharmaceutique..................................... 10
Graphe 2: Evolution de la consommation pharmaceutique prive per capita en valeur (Maroc 1991-2009) ...... 13
Graphe 3 : Evolution des indices de la concentration CR4, CR8 et CR20, sur la priode 2005 2009 .................. 17
Graphe 4 : La courbe de Lorenz : Rsultats de lanne 2009.............................................................................. 18
Liste des figures
Figure 1 : Circuit de distribution des mdicaments ............................................................................................... 11

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