Histoire
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LMA, 2011-2012
Thme 1 Croissance conomique, mondialisation et mutation des socits depuis le milieu du XIXe sicle
Question 1 Croissance et mondialisation
Cours 1
La croissance conomique et ses diffrentes phases depuis les annes 1850 (2h)
I Les fluctuations de la croissance (1850-1945)
1. Les moteurs de croissances
Le XIXe sicle et le premier XXe sicle sont marqus par deux phases dindustrialisation en Europe et aux Etats-Unis. La premire, amorce en Grande-Bretagne la fin
du XVIIIe sicle, saccompagne du dveloppement des industries textiles et du chemin
de fer. A partir des annes 1860-1870, une seconde rvolution industrielle, fonde sur
lutilisation de llectricit et du ptrole et de nombreuses innovations techniques dveloppe de nouveaux secteurs dactivits. LEurope occidentale et les Etats-Unis sont
les principaux foyers de cette croissance.
Le dveloppement des grandes entreprises et dun secteur financier puissant contribue
largement expliquer la croissance conomique. Les entrepreneurs ont besoin de capitaux. Ils font donc appel des banques daffaires et crent des socits anonymes.
Dans le mme temps, des banques de dpts investissent lpargne des particuliers, ce
qui contribue encore nourrir la croissance.
Les progrs de la productivit acclrent ce processus. Dans un premier temps, ils sont
dus lutilisation de machines et aux innovations techniques. Mais partir du dbut
du XXe sicle, les gains de productivit sont obtenus grce de nouvelles mthodes
de production. Lorganisation scientifique du travail (OST) est fonde sur la division
et le chronomtrage des tches dans le processus de fabrication. Le travail la chane
reprend ces principes, associs une politique de salaires levs.
2. Les consquences de la croissance
La croissance conomique permet lEurope dimposer sa domination sur le monde.
Les Europens contrlent les changes commerciaux internationaux. Cette domination
est galement financire, puisque les Etats europens prtent de largent de nombreux Etats (la Chine, lEmpire ottoman). Cette domination financire, associe une
supriorit dans les domaines technologique et militaire, explique le mouvement de
colonisation lanc par lEurope dans la deuxime moiti du XIXe sicle.
En Europe occidentale et aux Etats-Unis, la croissance conomique entrane une lvation du niveau de vie des populations. Lurbanisation sacclre et permet le dveloppement dune classe moyenne qui consomme des produits de plus en plus varis.
Dans les annes qui suivent la Premire Guerre mondiale, les Etats-Unis voient spanouir une socit de consommation. Une large partie des mnages amricains squipe
dune automobile, de produits lectro-mnagers. En Europe, le niveau de vie augmente
galement.
Toutefois, la croissance conomique est loin de profiter tous : la pauvret persiste
dans les zones rurales et les quartiers populaires des villes industrielles sapparentent
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II
souvent des taudis. Les ingalits sociales et la misre sont dnonces par des mouvements politiques et des syndicats qui se rclament didologies dnonant le capitalisme libral (communisme, socialisme, anarchisme) ou qui smeuvent des conditions
de vie et de travail des plus pauvres (catholicisme social).
3. Crises et dpressions : les fluctuations de la croissance
Si le trend de la croissance conomique est haussier pendant lensemble de la priode,
la croissance connat des priodes de rupture. Il sagit de crises ponctuelles ou de priodes de dpression lors desquelles la croissance ralentit durablement. Les crises dbutent gnralement par une baisse des cours de la bourse, qui ruine les pargnants et
entranent des faillites de banques et dentreprises. Elles entranent un chmage massif.
Les Etats mettent alors en place des politiques protectionnistes.
Une Grande Dpression frappe ainsi les pays industrialiss entre 1873 et 1896. Elle dbute par un krach de la bourse de Vienne qui a pour consquence la faillite de plusieurs
banques daffaires. La crise stend aux autres pays dEurope et aux Etats- Unis. Les
faillites se multiplient et un chmage de longue dure sinstalle.
La seconde grande dpression de la priode a des causes similaires. Elle dbute avec le
krach de la bourse de New-York, le 24 octobre 1929, et se propage en Europe et dans
le reste du monde. Cette dpression a des consquences sociales mais galement politiques : elle est en partie responsable de larrive au pouvoir des nazis en Allemagne.
La France se replie sur son empire colonial et le Front populaire tente une relance par la
consommation. LItalie fasciste adopte des mesures protectionnistes. Aux Etats-Unis,
le gouvernement du prsident Roosevelt met en place le New Deal.
III
3%. LURSS et les Etats communistes dEurope de lEst connaissent galement une
croissance conomique.
Le taux de chmage demeure pendant toute la priode un niveau trs faible : 1,3%
au Japon et 1,8% en France, par exemple. Il sagit dun chmage frictionnel et non
structurel, ce qui permet de parler de plein emploi .
Cette croissance comporte nanmoins des limites. Tout dabord, elle ne concerne quun
nombre restreint de pays. Lcart se creuse entre les pays industrialiss du Nord, et
les pays du Sud, que lon commence dsigner sous le terme de tiers monde .
Dautre part, au sein mme des pays industrialiss, lcart se creuse entre les revenus
des mnages les plus riches et ceux des mnages les plus pauvres. Et plusieurs groupes
demeurent en marge du progrs conomique et social : immigrs et minorits ethniques,
petits paysans, travailleurs des industries en dclin.
3. Augmentation des revenus, consommation et mutations sociales
Dans les PDEM, la croissance est soutenue par une lvation constante du niveau de
vie des populations. Les causes en sont voques plus haut (augmentation de la productivit, gnralisation du fordisme, Etats-providence, qualification accrue des populations). Grce la croissance, le pouvoir dachat moyen des habitants des pays industrialiss triple au cours des Trente Glorieuses.
La socit de consommation se diffuse dans lensemble des pays industrialiss (multiplication des grandes surfaces, production de masse, essor du crdit, etc.). Par la suite,
le dveloppement du temps libre et des loisirs amplifie ce mouvement. Certains produits deviennent les symboles de ce nouveau mode de vie : automobile, lectromnager, tlvision, puis diffusion de produits hi-fi. Ce phnomne saccompagne dune
urbanisation des populations et en particulier du dveloppement des banlieues.
Dans les pays occidentaux, lvolution la plus importante concerne la rpartition socioprofessionnelle des populations. On observe tout dabord une chute de la population
active agricole. Ce phnomne est d la modernisation des agricultures. A linverse,
jusquaux annes 1970, la population active industrielle augmente. Enfin, on observe
une progression constante du secteur tertiaire : les services reprsentent 38% des emplois dans les pays industrialiss en 1950, et dpassent les 60% au cours des annes
1980.
III
ont baptis stagflation cette association dune croissance faible et dune forte hausse
des prix. partir de 1983 en revanche, les prix baissent de nouveau dans les pays de
lOCDE : cest la dflation. Mais la croissance ne repart pas pour autant.
La consquence la plus importante de la crise dans les pays industrialiss est la monte
du chmage. Les politiques de lutte contre la crise, tant librales que dinspiration
keynsienne ne parviennent pas enrayer la monte du chmage. Au niveau mondial,
la crise accrot le dsquilibre entre les pays du Nord et ceux du Sud, qui continuent
de sappauvrir. Dans certaines rgions, en particulier en Afrique subsaharienne, les
revenus des populations ne cessent de diminuer.
2. Une croissance dpressive
Des annes 1970 nos jours, la croissance du PIB demeure positive au niveau mondial
(environ 3% par an). Cependant, le taux de chmage demeure lev dans les pays occidentaux et des crises clatent rgulirement : krach boursier de 1987, crise du systme
montaire europen de 1993, crise asiatique en 1997, etc. Plus rcemment, la crise des
subprimes qui a clat en 2007 aux Etats-Unis sest tendue lensemble de la finance
mondiale, puis lensemble des secteurs de lconomie.
Les causes de ces crises, rgionales ou internationales, ont des causes multiples qui font
lobjet dinterprtations contradictoires. Pour certains, la drglementation du secteur
financier depuis les annes 1980 et le retrait des Etats dans le cadre de la mondialisation
capitaliste seraient les causes majeures des bulles financires lorigine des crises.
Seule une intervention des Etats et une gouvernance mondiale pourraient selon eux
permettre une reprise.
Malgr les ralentissements causs par les crises conomiques, des innovations relancent
rgulirement la croissance mondiale. Ainsi, dans les annes 1990, le dveloppement
des NTIC (Nouvelles Technologies de lInformation et de la Communication) relance
la consommation et la croissance.
3. Le redploiement de la croissance dans le monde
Dans les pays occidentaux, la croissance demeure fluctuante et relativement faible (autour de 2%). La persistance dun taux de chmage lev, lendettement des mnages
et des Etats et les suppressions demplois lies la NDIT expliquent le sentiment dinscurit sociale et la peur du dclassement au sein des populations. La question des
ingalits sociales se pose galement de faon aigue.
Aprs la chute des rgimes communistes en Europe de lEst (1989), lclatement de
lURSS (1991) et louverture de la Chine lconomie de march, le modle communiste a montr son incapacit assurer une croissance conomique suffisante pour
assurer un mieux-tre aux populations. Ces Etats se sont convertis lconomie de march. Leur croissance conomique est parfois trs leve, comme en Chine, mais ils sont
confronts laccroissement de lcart entre les classes moyennes et les populations
pauvres.
De mme, dans les pays en dveloppement, la croissance est plus leve que dans les
pays occidentaux, mais la pauvret reste massive. Dautre part, certains de ces pays
demeure en marge de la croissance mondiale, les PMA dAfrique subsaharienne en
particulier.
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Premire S, histoire
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Thme 1 Croissance conomique, mondialisation et mutation des socits depuis le milieu du XIXe sicle
Question 1 Croissance et mondialisation
Cours 2
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Le pays entretient des liens privilgis avec le monde anglo-saxon : les Etats-Unis, les
colonies (Inde et colonies dAfrique) et les dominions britanniques (Canada, Australie, Afrique du Sud et Nouvelle-Zlande). Les flux commerciaux et de capitaux sont
dabord dirigs vers cet ensemble, devant lEurope occidentale. Le Royaume-Uni est
galement le point de dpart principal des flux migratoires vers les pays neufs et les
colonies.
3. Un dclin relatif entre la fin du XIXe sicle et laprs-Premire Guerre mondiale
Les Britanniques sont tout dabord frapps par la Grande Dpression des annes 18731896. La croissance conomique se ralentit et, dans le cadre de la deuxime rvolution
industrielle, lconomie britannique est concurrence par lAllemagne et les Etats-Unis,
devenus la fin du XIXe sicle la premire puissance conomique mondiale.
La Premire Guerre mondiale accentue ces difficults : le Royaume-Uni sest endett
auprs des Etats-Unis pour financer son effort de guerre. Les Amricains dpassent les
Anglais dans les investissements de capitaux et la crise des annes 1930 entrane le
rtablissement des droits de douane au Royaume-Uni (1932).
Il convient toutefois de relativiser ce dclin : les Britanniques contrlent encore prs de
la moiti du commerce mondial et la livre sterling demeure dans lentre deux guerres la
monnaie de rfrence internationale. Dautre part, le Royaume-Uni conserve des liens
conomiques forts avec ses anciennes colonies au sein du Commonwealth, fond en
1931.
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Elle se caractrise en particulier par un dveloppement des changes dans tous les domaines : flux de marchandises (matires premires et produits manufacturs) et de services, flux dinformations et financiers, flux humains, etc.
2. La Triade demeure le moteur de lconomie mondiale, malgr un recul relatif
Les Etats-Unis demeurent la seule superpuissance mondiale. Le dollar reste la monnaie
de rfrence, les FTN amricaines continuent dtre parmi les plus performantes au
monde et les Amricains dominent toujours le secteur des hautes technologies. Toutefois, la place des Etats-Unis dans lconomie monde a recul (le pays nest plus que le
troisime exportateur mondial) et ils se heurtent des problmes lis au dficit commercial et la dette publique. En 2007, la crise des subprimes affaiblit lconomie
amricaine.
LUnion europenne produit 28% du PIB mondial et reprsente aujourdhui un espace de prosprit de plus de 500 millions dhabitants. Toutefois, elle est galement
confronte plusieurs problmes : concurrence des pays mergents, chmage endmique, croissance molle, etc.
Il en va de mme pour le Japon, dont la croissance conomique est ralentie depuis
les annes 1990 et qui est lui aussi confront au vieillissement de sa population. Le
dynamisme du pays, fond sur sa capacit innover dans le domaine des hautes technologies, est confront une concurrence accrue.
3. Laffirmation des puissances mergentes
Le recul relatif des Etats-Unis, de lEurope occidental et du Japon est principalement
du lessor de puissances mergentes. On regroupe les principales dentre-elles sous
le nom de BRIC (Brsil, Russie, Inde et Chine). Leur poids conomique ne cesse de
crotre, puisque leur PIB reprsente en 2009 prs du quart du PIB mondial. La Chine,
en particulier, qui connat une trs forte croissance depuis une dcennie (plus de 10%
par an), est devenue la premire puissance commerciale et la deuxime puissance conomique au monde.
Dautres puissances, comme le Brsil ou lInde, on su profiter des transferts de technologie et dvelopper des activits (industrielles ou de services) capables de concurrencer
les conomies occidentales. Ces Etats, comme la Chine, sont aujourdhui membres du
G20 et revendiquent une participation accrue au sein des grands organismes internationaux (ONU, FMI, Banque mondiale, etc.).
Malgr cet clatement de ce que lon appelait autrefois le Tiers monde et la recomposition de lconomie mondiale dans le processus de globalisation, certains Etats demeurent la priphrie de lconomie-monde : les PMA, les PED trop pauvres pour
participer pleinement ce processus dintgration la mondialisation. De mme, les
puissances mergentes conservent des caractristiques du sous-dveloppement et leurs
espaces sont contrasts. La multi polarisation du monde est donc incomplte.
Jean-Christophe Delmas
Premire S, histoire
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Thme 1 Croissance conomique, mondialisation et mutation des socits depuis le milieu du XIXe sicle
Question 2 Mutation des socits
Cours 1
La population active, reflet des bouleversements conomiques et sociaux : lexemple de la France depuis les
annes 1850 (2h)
I Socit industrielle, classes moyennes et paysannerie (1850-1939)
1. Lindustrialisation : lessor du monde ouvrier
Le secteur industriel augmente rapidement partir de 1850, dans le contexte de la
premire puis de la seconde industrialisation. Le nombre douvriers passe de 4 millions
vers 1850 plus de 6 millions en 1939. Le secteur secondaire devient majoritaire en
1926 dans la population active.
Le monde ouvrier est en fait trs divers : il comprend les artisans, des ouvriers travaillant domicile, des paysans-ouvriers travaillant de faon saisonnire dans lindustrie, les mineurs. Les ouvriers des usines eux-mmes sont diviss entre ouvriers qualifis et ouvriers sans qualification, parmi lesquels les travailleurs immigrs. Dans les
premires dcennies du XXe sicle, le nombre douvriers augmente dans les usines, en
particulier celles qui appartiennent aux grandes entreprises qui introduisent le taylorisme et le fordisme dans les mthodes de travail.
Au XIXe sicle, il faut galement compter un nombre de femmes et denfants croissant dans la population ouvrire. Leur situation samliore lentement grce des lois
sociales (ainsi, les lois scolaires de 1882) et leur temps de travail diminue. Au total,
la classe ouvrire prend progressivement conscience quelle forme un groupe part,
ciment par les luttes sociales, le syndicalisme et mme ses loisirs.
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emplois de " cols blancs " accompagnent les mutations sociales (dveloppement de la
consommation et des loisirs) et technologiques (mcanisation de lindustrie).
3. De nouvelles conditions de vie
Au dbut de la priode, les conditions de vie des Franais demeurent difficiles : les
pnuries et le rationnement se poursuivent jusquau tout dbut des annes 1950. Toutefois, la mise en place par lEtat-providence dun systme de protection sociale (1945)
et dun salaire minimum en 1950, puis laugmentation des salaires grce au fordisme,
entranent une augmentation du niveau de vie. La classe moyenne devient largement
majoritaire, plus homogne et la plupart des mnages diversifient leurs dpenses.
Lessentiel de la population active habite dsormais dans les grandes villes (ds 1975,
73% des Franais sont des citadins) autour desquelles stendent les banlieues dhabitations collectives (les grands ensembles et cits) ou pavillonnaires. Cest galement la
priode des villes nouvelles. Cette urbanisation renforce la tertiarisation de la population active.
Cest galement la priode au cours de laquelle la population franaise entre dans la socit de consommation. Le dveloppement du crdit la consommation, de la publicit
(la " rclame ") et les premiers supermarchs (au dbut des annes 1960) caractrisent
cette socit de loisirs. La tlvision en est lun des symboles : 12% des mnages en
sont quips dun tlviseur en 1969, 88% en 1980. Ce nouveau mode de vie, prennis
par lascension sociale, renforce les transformations de la population active.
III
en 1982, puis dpassent la barre des 3 millions en 1993. Il sagit dun chmage structurel qui touche particulirement les jeunes, les travailleurs sans qualification (et donc
les ouvriers issus de limmigration), les employs proches de lge de la retraite et les
femmes.
La France est confronte au renforcement des disparits sociales : les franais les moins
favoriss (salaris agricoles, ouvriers et employs sans qualification, et plus encore
ceux qui possdent un travail prcaire ou sont au chmage) ont peu ou pas accs la
consommation. Et ces dernires dcennies ont vu apparatre une catgorie de franais
totalement exclus (" nouveaux pauvres ", Sans Domiciles Fixe (SDF) appels autrefois
" sans-abri "). On estime environ 5 millions le nombre de Franais vivant actuellement
sous le seuil de pauvret. Par ailleurs, prs de 7 millions de personnes seraient touches
par le chmage ou la prcarit (RMIstes, employs temps partiel subi, " travailleurs
pauvres ").
Pour la premire fois depuis la Deuxime Guerre mondiale, la peur du dclassement
social lemporte sur lespoir de lascension sociale. Le systme scolaire nassure plus
la promotion sociale, dautant plus quune frange importante de la jeunesse sort du
systme sans vraie qualification (60 000 jeunes par an).
3. La population active franaise face la mondialisation et aux dfis du XXIe sicle
La mondialisation est souvent perue par les Franais comme la cause de cette inscurit sociale : les fermetures dusines dues aux localisations sont largement mdiatises,
bien que ce phnomne nexplique quun pourcentage minime du chmage. Surtout, la
concurrence des pays bas salaires est considre comme responsable du chmage de
masse.
Malgr tout, les Franais sont massivement entrs dans lre des nouvelles technologies
(la " troisime rvolution industrielle ") et lenseignement poursuivi sa massification.
Mais en ralit, le foss sest creus entre ceux qui bnficient dun emploi stable et la
population menace par la prcarit. Lcart entre les revenus sest creus et lexplosion
des trs hauts revenus partir des annes 2000 (les salaires des dirigeants des grands
groupes en particulier et leurs " parachutes dors) donnent limage dune " France den
haut et dune France den bas ". Une autre ingalit fait dbat : la diffrence persistante
entre les rmunrations des hommes et celles des femmes.
Au dbut du XXIe sicle, la France doit faire face un autre dfi majeur : le vieillissement de la population pose le problme du ratio entre le nombre dactifs et le nombre
dinactifs (2,1 en 2010, mais en baisse continue) : le pourcentage dactifs diminue
constamment, ce qui entretient un vif dbat sur les retraites, le financement de la scurit sociale et limmigration.
Jean-Christophe Delmas
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Thme 1 Croissance conomique, mondialisation et mutation des socits depuis le milieu du XIXe sicle
Question 1 Limmigration et la socit franaise
Cours 2
II
dveloppe depuis la fin du XIXe sicle une rhtorique contre les " mtques ", les "
indsirables " et les trangers " plus ou moins naturaliss ".
La crise des annes 1930 entrane les premires mesures visant ralentir lentre des
trangers en France. Ainsi, la loi de 1932 " protgeant la main duvre nationale "
contre la concurrence des travailleurs trangers cre des quotas douvriers trangers
dans les entreprises. En 1934-1935, le retour volontaire puis forc de plusieurs centaines de milliers dtrangers est organis. Aprs la parenthse du Front populaire, les
dcrets lois Daladier facilitent les expulsions pour les " trangers indsirables ", venus
dEspagne en particulier.
Sous le rgime de Vichy, une loi de 1940 permet linternement des Juifs trangers
et, la mme anne, une autre loi est institue contre les trangers non juifs considrs
comme tant " en surnombre dans lconomie nationale " : on estime que 80 000 dentre
eux sont contraints au travail forc, dans le cadre des GTE (Groupes de travailleurs
trangers ") ou dans les camps de lorganisation Todt.
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II
rien de nouveau, 1929) tmoignent du fait que le vcu des soldats est le mme de part
et dautre du no mans land.
Lutilisation darmes nouvelles (le " gaz moutarde ") terrorise galement les soldats,
bien que la plupart soient victimes des bombardements intensifs (70% des morts) et
des mitrailleuses au cours des offensives dans les no mans land ou dans les tranches
elles-mmes. On sy tue la grenade, au fusil, au couteau, etc (les " nettoyeurs de
tranches ", par exemple, sont des sections spcialises dans lachvement des soldats
ennemis dans une tranche qui vient dtre prise). Les droits de la guerre (la convention
de Genve et celle de La Haye) ne sont pas respects. Dans ces conditions, les historiens
sinterrogent sur la " culture de guerre " subie - ou accepte ? - par les soldats, ainsi que
sur le degr de " brutalisation " des hommes durant le conflit.
En avril 1917, une offensive est lance par le gnral Nivelle au chemin des Dames.
Cest un nouvel chec (400 000 morts, mais aucune avance significative) et des mutineries clatent partir de mai. Elles ne concernent que 400 000 soldats, mais touchent
tous les bataillons. Ces mutineries tmoignent de la lassitude des hommes, mais galement des progrs des ides pacifistes au sein des troupes. Elles sont rprimes par
lEtat major (500 condamnations mort, mais une trentaine dexcutions seulement)
qui dcide galement damliorer la vie quotidienne des soldats (gnral Ptain).
3. Le traumatisme et " lesprit ancien combattant "
Lexprience combattante ne sachve pas avec la fin des combats. Des millions dhommes
partagent le sentiment davoir vcu une exprience unique et terrible, que seuls ceux
de la " gnration du feu " peuvent comprendre. Certains sont traumatiss dans leur
chair (les " gueules casses "), dautres dans leur psychisme. Dautres encore ne parviennent pas retourner une vie civile et intgrent des groupes paramilitaires, comme
les Casques dAcier en Allemagne.
Dans les annes qui suivent le conflit, les populations ont tendance oublier les atrocits du conflit et des rcits exaltent lhrosme des combattants. En raction, des hommes
qui ont vcu le conflit publient des uvres dans lesquelles ils montrent lhorreur et labsurdit de la guerre (voire plus haut). Cest dans cet esprit que le peintre allemand Otto
Dix ralise son triptyque, La Guerre (1929-1932). Ses peintures de mutils de guerre
(Les joueurs de cartes, 1919), en ce quelles ont de grotesque, rappellent crument ce
que la guerre a inflig des jeunes hommes.
Lexprience combattante explique limportance des mouvements pacifistes dans les
annes 1920-1930 : cette guerre doit tre la " der des der ". Ces mouvements - souvent
impulss par des organisations danciens combattants - sont particulirement puissants
en France et au Royaume-Uni. Selon certains historiens, la banalisation de la violence
permet au contraire de comprendre la " brutalisation " des modes dexpression politiques de lentre-deux-guerres : militarisation des partis politiques, combats de rue,
assassinats, etc. Ces interprtations sont encore largement dbattues aujourdhui.
II
afin de planifier une production toujours plus importante : Renault, Citron et Schneider en France, Krupp et Thyssen en Allemagne.
Le financement de la production de guerre contraint les gouvernements emprunter
lintrieur (des campagnes de propagande sont lances pour encourager les pargnants
prter leur or) puis ltranger (aux Etats-Unis en particulier, pour les Allis). Les
impts augmentent et les Etats fabriquent de la monnaie, ce qui entrane une forte
inflation.
Il sagit galement dtouffer lennemi sur le plan conomique. Les objectifs de guerre
fixs par les gouvernements visent dtruire les capacits de production du camp oppos par des bombardements massifs. La guerre sous-marine outrance dclenche
par lAllemagne puis le blocus maritime mis en place par les Allis ont pour objectif
de priver lennemi de ses ressources. Dans ces circonstances, lentre en guerre des
Etats-Unis aux cts de lEntente en 1917 explique en grande partie la reprise des offensives : pour la premire fois, le sort dune guerre se joue au moins autant sur les
moyens technologiques et matriels mis en uvre que sur la mobilisation des hommes.
2. La mobilisation des esprits
Les Etats mobilisent toute la main-duvre dont peuvent avoir besoin les industries
de guerre. Le cas des femmes, en France, est le plus connu : les " munitionnettes " et
les " midinettes " remplacent les hommes dans les usines. Mais les belligrants font
galement appel aux travailleurs trangers (250 000 Europens du Sud en France), aux
ressortissants de leurs colonies (plusieurs centaines de milliers galement) et au travail
forc des prisonniers de guerre et des civils dans les territoires occups par lAllemagne
(Belgique et Nord de la France).
Ils mettent galement en place ce que lon appelle une " mobilisation des esprits ",
cest--dire une propagande intensive que les contemporains ont dailleurs surnomm
" bourrage de crnes ". Cette propagande a plusieurs objectifs : soutenir le moral des
civils en minimisant les pertes et en amplifiant les revers de lennemi ; renforcer le sentiment patriotique en insistant sur les causes du conflit tout en " diabolisant " lennemi ;
convaincre par tous les moyens les populations civiles de participer leffort national. Dans les deux camps, les intellectuels - scientifiques, philosophes, juristes, etc. sont galement mis contribution pour dnoncer la barbarie ennemie et apporter leur
soutien moral une " guerre juste ".
Alors que la guerre sternise, la propagande atteint ses limites : les pertes humaines
ne peuvent tre dissimules indfiniment et la victoire tant annonce narrive pas. Les
populations souffrent de la pnurie, du rationnement, mais galement de linquitude
pour leurs proches mobiliss. Les rapports des prfets montrent que le rflexe patriotique des dbuts du conflit est du plus en plus ml la lassitude et au mcontentement.
Les confrences de Kienthal et Zimmerwald, au cours desquelles les socialistes franais et allemands se positionnent en faveur dune " paix blanche ", tmoignent du recul
de lUnion sacre et dune monte du sentiment pacifiste. En 1917, des grves clatent
et des incidents se multiplient en France. Le gouvernement Clemenceau renforce toutefois la censure et dcrte la guerre outrance (" Ma politique : je fais la guerre. . .
").
3. Les violences contre les populations civiles
La guerre na jamais pargn les populations civiles. Mais la Premire Guerre mondiale
marque une rupture dans lampleur des souffrances infliges des civils, qui deviennent
des cibles part entire : bombardements des villages et des villes, dportation et rJean-Christophe Delmas
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Premire S, histoire
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10 mai attaque
allemande
louest
Europe
offensives
de lAxe
1940
1941
8 mai
capitulation
allemande
offensives
allies
offensives
Pacifique japonaises
1939
dbarquements
6 juin Normandie
15 aot Provence
offensives allies
offensives de lAxe
Afrique
nov. 1942
fvrier 1943
Stalingrad
1942
7 dcembre
juin
attaque Midway
de Pearl Harbor
offensives allies
1943
aot 1942
fvrier 1943
Guadalcanal
1944
1945
6 aot Hiroshima
9 aot Nagasaki
2 septembre
capitulation
du Japon
population est mobilise ; des prisonniers des camps de concentration sovitiques sont
envoys au front, dans les secteurs les plus exposs.
Leffort de guerre le plus important reste celui des tats-Unis. Onze millions de GIs
sont sous les armes. Grce au Victory Program, lanc le 6 janvier 1942, les usines
amricaines produisent en trois ans 275 000 avions, 634 000 vhicules lgers (la Jeep),
90 000 chars, 65 millions de tonnes de navires. La standardisation permet de fabriquer
en srie des cargos un rythme plus rapide (1 tous les 12 jours) que la capacit de
destruction des sous-marins allemands. Toutes les armes allies, y compris les troupes
sovitiques, reoivent du matriel amricain.
Les efforts de lAxe sont plus ingaux. En Allemagne, le pillage conomique des pays
vaincus est complt en 1942 par la mise en place dun ministre de lArmement et de
lconomie de guerre, dirig par Albert Speer. Celui-ci rorganise entirement lconomie allemande. Malgr les bombardements allis, la production de guerre triple entre
1942 et 1944. Elle utilise alors 7 millions de travailleurs trangers en Allemagne, dports, volontaires, ou requis au titre du STO, et 7 autres millions dans lEurope occupe.
Le Japon sorganise plus difficilement. La production naugmente que de 44 % de 1937
1944 et la marine amricaine russit couler 95 % de la marine marchande japonaise.
Aprs 1943, le ravitaillement des usines japonaises en matires premires devient de
plus en plus problmatique.
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III
III
Stutthof
Neuengamme
lD
BergenBelsen
lD Ravensbrck
lD bc Sachsenhausen
Chelmno
Berlin
lD
Dora lD
lD
Terezin
lD bc
bc
Treblinka
Sobibor
Madanek
lD
Belzec
bc
lD
lD Auschwitz
Birkenau
Prague
Flossenbrg
lD
lD
Dachau
Mathausen
Strasbourg
Varsovie
GrossRosen
lD
Buchenwald
StruthofNatzwiller
lD
lD
200 km
principaux camps
de concentration
principaux ghettos
Nombre
800 000
1 300 000
3 000 000
Pourcentage
16 %
24 %
60 %
III
Ds la fin de lanne 1941, les premires oprations de gazage au Zyklon B sont organises sur des prisonniers sovitiques Auschwitz. Dans le mme temps, certains
camps, comme celui de Treblinka, commencent gazer les juifs polonais. De nouvelles chambres gaz, plus grandes, et des fours crmatoires sont construits Birkenau. A partir de 1943, le camp reoit les convois de dports Juifs en provenance de
toute lEurope. A leur arrive, les dports sont tris sur la rampe darrive. Ceux qui
peuvent travailler sont alors spars des plus faibles destins au " traitement spcial ",
cest--dire limins immdiatement. Les possessions de tous les dports sont confisques, tries et stockes. Un quart des dports environ sont rass, tatous et utiliss
comme main-duvre dans les installations industrielles. Sous la surveillance des SS
et des Kapos, ils travaillent dans des conditions pouvantables. Sous-aliments et maltraits, leur esprance de vie est de quelques semaines, quelques mois tout au plus. Les
morts sont sans cesse remplacs par de nouveaux arrivants. Certains dtenus sont galement utiliss par les mdecins SS pour des expriences pseudo mdicales ou torturs
pour le simple plaisir de leurs bourreaux.
La majorit des dports est conduite vers les chambres gaz ds larrive des convois.
Les corps des victimes sont ensuite brls dans les crmatoires. En 1944, le camp
dAuschwitz renferme 150 000 dtenus et les chambres gaz fonctionnent plein rendement. Au total, un million de Juifs et 300 000 non juifs prissent dans le camp dAuschwitz jusqu sa libration par larme sovitique en 1945.
3. La " mmoire " du gnocide
Au lendemain du conflit, les camps dextermination sont considrs comme une consquence parmi dautres de la barbarie nazie et des destructions massives engendres par
la guerre. Au cours des dcennies suivantes, les travaux des historiens sur le gnocide,
le succs duvres cinmatographiques comme la srie amricaine Holocauste ou le
documentaire franais Shoah contribuent montrer au grand public la spcificit du
gnocide. Dautre part, la persistance dun antismitisme en Europe et le dbat concernant la politique dIsral font de lextermination des Juifs dEurope un enjeu actuel.
Dans la plupart des pays, cette prise de conscience entrane lexigence dun " devoir de
mmoire ". Celui-ci sexprime par des commmorations officielles, la construction de
muses ou de centres de documentations consacrs la priode, et par la sensibilisation
des jeunes gnrations ce que fut le systme concentrationnaire nazi, dont Auschwitz devient le lieu emblmatique. " Mais les mmoires sont multiples : si les victimes
du camp furent massivement des Juifs dEurope, des non Juifs, Polonais, Sovitiques,
Tsiganes, opposants politiques de toutes nationalits y ont galement trouv la mort.
Dautre part, la mission des historiens et des enseignants nest pas de transmettre une
mmoire, mais dexpliquer des faits historiques, parmi lesquels la construction des diffrentes mmoires de la Seconde Guerre mondiale, et en particulier celle des victimes
du gnocide.
Jean-Christophe Delmas
Premire S, histoire
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II
III
Jean-Christophe Delmas
Premire S, histoire
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II
de " maintenir la paix et la scurit internationales ", dfendre les droits de lhomme,
respecter lgalit entre les nations et imposer le principe du droit des peuples disposer
deux-mmes. En revanche, le droit dingrence dans les affaires intrieures dun Etat
nest pas reconnu.
Afin dviter les blocages qui avaient paralys la SDN, les grandes puissances sentendent pour assurer leur prminence au sein de lONU : les Etats-Unis, lURSS, le
Royaume-Uni, la France et la Chine deviennent membres permanents du Conseil de scurit, disposant chacun dun droit de veto. Le nouvel ordre international repose donc
sur lentente de ces puissances.
De mme, alors que la SDN tait un lieu de dialogue devant aboutir des consensus
(selon principe de lunanimit), le conseil de Scurit de la nouvelle organisation peut
prendre des dcisions concrtes (appeles " rsolution ") autorisant des interventions
armes.
ASSEMBLE
GNRALE
Tous les tats membres
1 Etat = 1 voix
CONSEIL DE SCURIT
SECRTARIAT
Conseil conomique
et social
18 membres, lus pour 3
ans
Dveloppe la coopration
conomique et sociale
Conseil de
Tutelle
Tutelle de certains territoires
Cours internationale
de justice (La Haye)
15 juges lus pour 9 ans
Dit le droit international
Jean-Christophe Delmas
III
Jean-Christophe Delmas
1962
1985
Crise de Cuba
Gorbatchev SG du PCUS
Degel
1949 : chine communiste (Mao Ze Dong)
Cration OTAN (USA, Canada, E. ouest)
CAEN et RFA/RDA
1957 : Spoutnik
(Satellite URSS)
Dbut Mc Carthysme
Politique de lendiguement :
Doctrine Truman (plan Marshall)
Doctrine Jdanov
Staline
1974 : Watergate
1960
Apoge de la dtente
Khrouchtchev
1961
1953
Jean-Christophe Delmas
Truman
1947
1945
Thorie des
dominos
Dtente
Eisenhower
1989
1975
1991
1964
1963
1966
JFK
Johnson
Brejnev
1974
1969
1977
1981
1982
Nixon
Ford
Gorbatchev
1989
Carter
1985
Reagan
1993
Bush
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direction des pays du Tiers Monde. Dautre part, il y a une relle prise de conscience de
la possibilit dune guerre nuclaire qui dtruirait une bonne partie - ou la totalit - de
lhumanit (cf : peur atomique, dans les films...). En 1955, les deux camps sentendent
pour rgler le problme de lAutriche, qui devient neutre. La mme anne, les dirigeants sovitiques et amricains participent la confrence - ou sommet - de Genve,
aux cts de la France et de la Grande-Bretagne. Il sagit pour les " Big Four " dentamer des discussions sur la paix et la scurit internationale. De son ct, Khrouchtchev
dveloppe sa doctrine de la " coexistence pacifique ". Lorsque les Sovitiques rpriment
linsurrection hongroise en 1956, les Occidentaux ne rpliquent pas. La mme anne,
les Amricains dissuadent leurs allis franco-britanniques de poursuivre leur intervention militaire en gypte, la demande des Sovitiques. Nanmoins, les deux puissances
continuent de se livrer une course aux armements - double dune course lespace -,
et les blocs militaires se renforcent : en 1955, la RFA est intgre lOTAN et, la mme
anne, les Sovitiques mettent en place le " Pacte de Varsovie ", une alliance militaire
entre lURSS et sept dmocraties populaires.
2/ Le dbut des annes 1960 est marqu par deux crises : en 1961, la construction du
mur de Berlin montre les limites du dialogue Est-Ouest. Surtout, en 1962, la crise de
Cuba est un sommet de la Guerre froide : les Sovitiques ont install des fuses sur
lle de Cuba, situe 150 kilomtres de la Floride. Le Prsident Kennedy ordonne un
blocus militaire de lle alors que les navires sovitiques approchent. Au dernier moment, Khrouchtchev cde et la crise est rgle par la ngociation. Cependant, les deux
puissances taient pour la premire fois proches dun affrontement militaire direct. Le
milieu des annes 1960 est marqu par le dbut de lintervention militaire amricaine au
Vietnam. Les Etats-Unis senlisent dans ce " conflit priphrique " jusqu leur dsengagement, sous la prsidence de Nixon.
3/ Aprs la crise de Cuba, les deux Grands mettent en place une srie de garde-fous
destins prvenir un affrontement direct. Le " tlphone rouge " en est le premier
symbole. Et jusquau milieu des annes 1970, une srie de traits tente dviter la prolifration des armes atomiques et marquent la volont de dialogue des deux puissances.
En Europe, la dtente se caractrise par une ouverture lEst (" Ostpolitik ") initie par
le chancelier allemand Willy Brandt partir de 1969. Cette ouverture permet la signature daccords tels que le trait germano-russe de 1970, le trait sur Berlin, par lequel
les Sovitiques sengagent laisser transiter les personnes et les marchandises entre
Berlin Ouest et la RFA (1971), et le " trait fondamental ", qui normalise les rapports
entre les deux Allemagnes (1972).
Le milieu des annes 1970 marque lapoge de la dtente : Les ngociations SALT
entames en 1969 aboutissent une srie de traits, dont le trait SALT I en 1972. En
1973, Leonid Brejnev se rend aux tats-Unis et signe avec le Prsident Nixon un trait
sur " la prvention de la guerre nuclaire ".. Enfin, en 1975, lacte final de la confrence dHelsinki, sign par trente-trois pays mais trs symbolique galement, dclare
les frontires inviolables et rappelle limportance de la libert des hommes et les droits
des minorits nationales.
3. Du milieu des annes 1970 la fin de la guerre froide
1/ Les annes suivantes marquent un refroidissement des relations internationales. On
assiste une pousse communiste en Asie (Vietnam, Laos et Cambodge basculent dans
le camp communiste) et en Afrique. En 1979, les Sovitiques entrent en Afghanistan pour aider le pouvoir pro-sovitique menac par la gurilla islamiste. Le prsident
amricain Jimmy Carter dcrte des mesures de reprsailles contre lURSS. Les ngociations sur la limitation des armements sont enrayes. Le trait SALT II, sign en
Jean-Christophe Delmas
Jean-Christophe Delmas
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II
III
Sur le plan des relations entre les deux grands, la crise entrane une reprise des ngociations destines viter un conflit nuclaire dans le cadre de la dissuasion. Le "
tlphone rouge ", une liaison directe entre la Maison Blanche et le Kremlin, devient
le symbole de cette nouvelle priode et en 1963, le trait de Moscou interdit les essais
nuclaires dans latmosphre. La Dtente se poursuit jusquau milieu des annes 1970.
Toutefois, la crise de Cuba ne met pas fin lquilibre de la terreur : les deux Grands
continuent de perfectionner leur arsenal nuclaire, et " la grande peur atomique ", ne
dans les annes 1950, continue de planer sur le monde, comme en tmoignent les nombreuses fictions bases sur ce thme : la plus connue est sans doute le film ralis en
1964 par Stanley Kubrick, Dr. Strangelove or : How I learned to Stop Worrying and
Love the Bomb (Docteur Folamour).
III
sont retires du Vietnam (" vietnamisation " du conflit) et en 1973, les accords de Paris
entrinent le retrait militaire amricain.
Malgr les accords de paix, la guerre se poursuit entre nord et sud-vietnamiens. Les
troupes sud-vietnamiennes, qui ne bnficient plus de laide des Etats-Unis, seffondrent.
En 1975, le Vietcong entre dans Sagon, rapidement rebaptise H-Chi-Mihn-Ville et
lensemble du Vietnam est unifi sous un rgime communiste. La mme anne, le Laos
et le Cambodge voisins basculent galement dans le camp communiste. La guerre a fait
plus de deux millions de morts, dont 52 000 soldats amricains.
3. Le Vietnam, un conflit de la guerre froide
Conflit asymtrique entre une superpuissance du Nord et un pays du sud, la guerre du
Vietnam est un conflit meurtrier, mais qui na jamais oppos directement des soldats
amricains et sovitiques. Cette guerre montre galement les limites de lefficacit des
superpuissances lorsquelles mnent des guerres conventionnelles dans des conditions
quelles ne matrisent pas, parce quelles se droulent dans des pays qui chappent
leur zone de dissuasion - les sovitiques en feront lexprience pendant la guerre
dAfghanistan, de 1979 1989.
Cet chec entrane un certain retrait des Etats-Unis de la scne internationale jusquau
dbut des annes 1980. Il sinscrit dans la priode qui marque la fin de la Dtente et
le dbut de la " guerre frache ", caractris par une pousse communiste en Asie et en
Afrique. LAmrique doute de sa puissance : en cela, la guerre du Vietnam reprsente
un tournant dans la guerre froide.
Enfin, parce quelle est largement mdiatise, la guerre du Vietnam marque une nouvelle tape dans laffrontement idologique qui caractrise la guerre froide. Les exactions de larme amricaine nourrissent la contestation - le massacre de My Lai, perptr en 1968, est connu du grand public amricain lanne suivante - et les images du
conflit, relayes quotidiennement par la tlvision et la presse, traumatisent les Amricains.
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II
Sarajevo (1992-1995)
II Sarajevo (1992-1995)
1. Lclatement de la Yougoslavie et le retour de la guerre en Europe
La Yougoslavie est une mosaque de nationalits : Slovnes et Croates (Slaves catholiques), Serbes, Montngrins et Macdoniens (Slaves orthodoxes), Bosniaques (musulmans), Hongrois et Albanais. En Bosnie-Herzgovine, dont la capitale est Sarajevo,
les Bosniaques cohabitent avec les Serbes et les Croates. Outre les oppositions ethniques et religieuses, des rancoeurs historiques existent entre certains peuples : par
exemple, les Serbes ont subi des massacres perptrs par lEtat croate, alli de lAllemagne pendant la Seconde Guerre mondiale.
La chute du communisme entrane une rsurgence des nationalismes et un clatement
de la fdration yougoslave : une premire guerre clate en 1991 lorsque la Slovnie
et la Croatie proclament leur indpendance : le prsident serbe Slobodan Milosevic
dclenche un conflit contre les Croates sous prtexte de protger la minorit serbe de
Croatie. Lanne suivante, un rfrendum est organis en Bosnie-Herzgovine. Lindpendance est proclame, mais la minorit serbe a boycott le scrutin car elle souhaite
un rattachement la Serbie.
Ds fvrier 1992, lONU cre une force dinterposition, la FORPRONU. Mais le contexte
international est particulier : lURSS vient dclater et les Balkans ne font pas partie de
la zone dinfluence traditionnelle des Etats-Unis. La CEE se divise : la France soutient
la Serbie, son allie historique, alors que lAllemagne reconnat lindpendance de la
Croatie et de la Slovnie.
2. Le sige de Sarajevo et la purification ethnique en Bosnie
Lindpendance de la Bosnie entrane une guerre entre les trois communauts, Serbe,
Bosniaque et Croate : larme serbe bombarde Sarajevo pendant 1 365 jours (avril
1992-fvrier 1995) et les snipers prennent les civils pour cibles. La ville nest plus
approvisionne que par une aide humanitaire de lONU. On estime 10 000, le nombre
Jean-Christophe Delmas
III
de victimes du sige de la ville. Dans le mme temps, en Bosnie, les Serbes mnent une
stratgie dpuration ethnique contre les Bosniaques musulmans.
Les casques bleus de lONU sont dbords par la situation. Leur mission est de protger les populations civiles, mais ils nen ont pas les moyens. Ils sont eux mmes pris
en otages par les milices serbes qui les utilisent comme boucliers humains. LUnion
europenne, qui vient pourtant de se doter dune politique extrieure et de scurit
commune, est incapable de mettre fin un conflit qui se droule ses portes.
Cest lintervention tardive des Etats-Unis et de lOTAN qui parvient finalement
mettre fin la guerre. Un ultimatum est lanc par lOTAN en fvrier 1994. Les positions serbes sont bombardes et les milices serbes doivent se replier. En novembre
1995, linitiative du prsident amricain Bill Clinton, laccord de Dayton met officiellement fin au conflit : lunit de la Bosnie est maintenue et Sarajevo demeure sa
capitale. Mais deux entits sont cres pour les Bosniens, lune croato-musulmane (la
Fdration croato-bosniaque), lautre serbe (la Rpublique serbe de Bosnie). La guerre
et lpuration ethnique ont fait entre 200 000 et 300 000 victimes, ainsi quun million
de personnes dplaces.
3. Les consquences du conflit
LONU a pour mission de faire appliquer laccord. Une force de paix internationale,
place sous le commandement de lOTAN, est dploye. Elle comprend 60 000 hommes,
dont 20 000 soldats amricains. Le conflit a pris fin en Bosnie, mais la rgion des
Balkans demeure une zone de tensions aux portes de lEurope (guerre du Kosovo en
1998-1999, conflit en Macdoine et en Serbie en 2001, nouveau conflit au Kosovo en
2004).
LONU cre en 1993 le TPIY (Tribunal pnal international pour lex-Yougoslavie) pour
juger les criminels de guerre. Les serbes Radko Mladic et Radovan Karadzic sont inculps de gnocide, de crimes contre lhumanit et de crime de guerre pour avoir men
lpuration ethnique. Au total, 161 personnes sont mises en accusation.
La guerre en ex-Yougoslavie a surtout dmontr que le monde de laprs-guerre froide
porte de nouveaux conflits, y compris dans un continent que lon pensait pacifi dfinitivement - pendant la mme priode, un gnocide est perptr au Rwanda (1994) et face
la multiplication des conflits internationaux, certains voquent " le nouveau dsordre
mondial ". Cette guerre tmoigne galement de limpuissance de lUnion europenne
viter et faire cesser un conflit. Seuls les Etats-Unis, usant de leur puissance au service de la diplomatie, semblent capables de faire respecter le droit international dans la
dernire dcennie du XXe sicle.
III
Jean-Christophe Delmas
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II
II
reuse pour la race allemande. De cette conception dcoulent le boycott des magasins
juifs en Allemagne, les lois de Nuremberg (1935), les perscutions contre les juifs (la
Nuit de Cristal en 1938) puis leur extermination. Mussolini, dont lobjectif demeure
la conqute dun nouvel empire, impose galement une politique antismite en Italie
partir des annes 1930.
2. Lexercice du pouvoir totalitaire
Dans les rgimes totalitaires, le pouvoir est dabord exerc par un homme, le chef
unique, auquel est associ un culte de la personnalit. Toutefois, l encore, la place
et le rle du chef charismatique fait dbat. Ainsi, une des spcificits du nazisme est
le " Fhreprinzip " : linterprtation dite " intentionnaliste " du nazisme explique que
toutes les dcisions prises procdent de la volont du dictateur devenu tout puissant.
Cependant, une interprtation " fonctionnaliste " sest dveloppe, dcrivant un Hitler
plus faible et devant composer avec diffrents pouvoirs. De la mme faon, en URSS,
le culte de Staline ne doit pas dissimuler une certaine autonomie du PCUS. En Italie,
enfin, le Duce est dpos par le parti fasciste lui-mme en 1943. Au total, limage
dun chef charismatique dot dune autorit illimite vhicule par la propagande est
nuancer.
Autre principe commun aux rgimes totalitaires, la terreur de masse doit tre analyse plus finement. Les fondements et les cibles de la terreur sont diffrents dans les
diffrents rgimes. En URSS, elle se fonde sur la lutte des classes : les " ennemis de
classe " sont traqus et dports. Cette notion est dailleurs largement arbitraire et a pu
tre trs tendue. Toutefois, on notera que malgr les excutions et la trs forte mortalit observe au Goulag, il nexiste pas, comme en Allemagne, lquivalent des camps
dextermination. La " solution finale " est une particularit du nazisme. De mme, malgr la brutalit de ses mthodes, on ne trouve pas de projet dextermination dans le
rgime fasciste italien.
Ltude du contrle de lconomie par les rgimes totalitaires fait galement apparatre
des diffrences. En URSS, lconomie passe sous le contrle total de lEtat. Les entreprises sont nationalises et les campagnes collectivises. Les objectifs de production sont fixs par des plans quinquennaux, dfinis par le Gosplan. En Italie et en Allemagne, les interventions de lEtat dans lconomie ont deux objectifs troitement
lis : prparer la guerre et parvenir une autarcie. Mais contrairement lURSS, les
grands groupes industriels privs ne disparaissent pas mais collaborent avec les rgimes. En Allemagne, une politique de grands travaux est lance pour rsorber le chmage (construction dun rseau dautoroutes) et en Italie, la " bataille du bl " fait lobjet dune propagande intense. Dans les deux pays, les discours sociaux des premires
annes sont abandonns et les lites conomiques conservent leur position condition
quelles soutiennent le rgime. En Allemagne, laile rvolutionnaire du Parti nazi est
limine en 1934 lors de la Nuit des longs couteaux.
3. Les socits dans les rgimes totalitaires
Le contrle des population est assur par des polices politiques : GPU puis NKVD en
URSS, Gestapo et SS en Allemagne, OVRA en Italie. La surveillance, la rpression et
la torture sont des pratiques constantes et les goulags et les camps de concentration se
remplissent : en Allemagne, le premier camp, Dachau, est ouvert ds 1933. En Italie,
les bagnes des les Lipari sont surnomms " la Sibrie du feu ". En URSS, 500 000 personnes sont dportes au Goulag en 1936-1937 et autant sont excutes. La propagande
et la censure reprsentent une autre forme de contrle des masses. Des ministres de
Jean-Christophe Delmas
III
la propagande sont officiellement chargs de l " information " des populations. Outre
cette propagande officielle, toutes les formes dexpression artistique sont troitement
contrles par le rgime.
Lembrigadement et lendoctrinement des populations participe galement de cet encadrement : des organisations de jeunesse sont cres dans les trois rgimes : Jeunesse
hitlrienne en Allemagne, Fils de la Louve, Ballilas et Jeunesses fascistes en Italie,
Jeunes Pionniers et Komsomol en URSS. Les syndicats traditionnels sont interdits dans
les trois pays et remplacs par des " corporations " contrles par lEtat en Allemagne
et en Italie et par des syndicats tatiques en URSS. Des organismes soumis lEtat
contrlent galement les loisirs (Dopolavoro en Italie, Kraft durch Freude en Allemagne) et de grandes manifestations sont organises la gloire des rgimes (parades,
rassemblements, crmonies, etc.).
La question la plus difficile est sans doute celle du degr dadhsion aux rgimes par
les populations. Il est clair que les images de populations enthousiastes vhicules par
la propagande ne refltent pas la ralit. Mais la survie des rgimes totalitaires ne peut
pas non plus sexpliquer par la seule terreur. Les rgimes bnficient du soutien dune
partie de la population, du fait des perspectives quils promettent (en URSS), des politiques sociales et des victoires militaires quils remportent. Dautres adhrent par intrt ou par obligation. Une frange indtermine consent par prudence. Les formes de
rsistances existent parfois : par exemple, Staline doit concder aux paysans le droit
de cultiver un lopin de terre en 1935. Dautres formes de " rsistance passive " ont
t observes en URSS. En Bavire et dans les quartiers ouvriers des grandes villes,
la propagande nazie se heurte sans doute aux valeurs et idologies des habitants. En
Italie comme en Allemagne, il faut attendre la Seconde Guerre mondiale pour quune
vritable rsistance merge contre les rgimes en place. En URSS, la " Grande Guerre
patriotique " semble au contraire renforcer le soutien des populations au rgime.
III Les totalitarismes face aux dmocraties dans les annes 1930
1. Lhostilit des rgimes totalitaires envers les dmocraties
Pour des raisons parfois diffrentes - certaines ont t voques plus haut -, les rgimes
totalitaires sont hostiles aux dmocraties. LAllemagne nazie et lItalie fasciste, en raison de leurs vises expansionnistes, rejettent lordre international n des traits de paix
ainsi que les principes de la SDN. Sur le plan idologique, ces deux rgimes sont par
nature guerriers. Et ce rejet est renforc par la rancur due au " diktat " de Versailles
chez les Allemands et par le sentiment dhumiliation ressenti par les Italiens. Dautre
part, les tentatives bolcheviques pour exporter la rvolution ont chou en Allemagne
et la ligne impose par Lnine aux partis communistes europens na pas entran de
nouvelles rvolutions. Staline doit se rsoudre " construire le socialisme dans un seul
pays ".
Les rgimes totalitaires tentent de dstabiliser les dmocraties. Ds 1919, le Komintern
(la IIIe Internationale) fond par Lnine impose une tactique " classe contre classe " aux
partis communistes europens, jusquau dbut des annes 1930. Mussolini finance des
mouvements dextrme-droite en Europe, comme le francisme en France - sans grand
succs cependant. On assiste partout en Europe une monte en puissance des partis
communistes et la formation des mouvements fascistes. Ces courants se livrent une
propagande contre les rgimes dmocratiques quils dnoncent dans leurs propres pays.
Toutefois, larrive au pouvoir de Hitler en 1933 entrane un tournant : Staline abandonne la ligne " classe contre classe " et impose une nouvelle stratgie de " fronts
populaires " en France et en Espagne (1936). Le fascisme devient alors lennemi prinJean-Christophe Delmas
III
cipal de lURSS qui dcide de composer avec les dmocraties (elle entre la SDN en
1934). De mme, en 1934, Mussolini soppose une premire tentative dAnschluss
de Hitler et, lanne suivante, il participe la confrence de Stresa avec les Franais et
les Britanniques. Un accord est sign entre les trois Etats pour isoler lAllemagne en
assurant lindpendance de lAutriche et la prennit du Trait de Versailles.
2. Limpuissance des dmocraties
Ds 1933, lAllemagne quitte la SDN et en 1935, Hitler rtablit le service militaire
obligatoire. La France et le Royaume-Uni tentent de lisoler, mais en 1936, il franchit
une tape supplmentaire en remilitarisant la Rhnanie, en violation du Trait de Versailles. La SDN se contente dune protestation et les dmocraties ne ragissent pas. En
1935-1936, Mussolini entreprend et achve la conqute de lEthiopie. La SDN vote des
sanctions conomiques et LItalie se rapproche de lAllemagne nazie : la mme anne,
les deux Etats sallient au sein de l " axe Rome-Berlin " tandis que lAllemagne sallie
avec le Japon avec le Japon par le " Pacte anti-Komintern ".
Les dmocraties sont dsunies et norganisent pas de front commun contre la monte en puissance du fascisme. Les Etats-Unis sont isolationnistes et, en France comme
au Royaume-Uni, limportance du pacifisme et la gestion de la crise conomique expliquent que ces pays pratiquent une politique dappeasement : les Britanniques privilgient une politique de compromis avec Hitler, visant sauver la paix tout prix,
et la France ne peut se permettre de sopposer seule la politique expansionniste de
lAllemagne.
En juillet 1936, le gnral Franco dclenche un soulvement contre le Front populaire
espagnol, une alliance des partis de gauche porte au pouvoir la mme anne. Pendant
trois ans, la guerre civile fait rage en Espagne. Les Etats europens proclament leur
indpendance vis--vis de ce conflit, en acceptant le principe de non-intervention. Mais
lAllemagne et lItalie arment et soutiennent les fascistes espagnols contre le gouvernement rpublicain. En France, le Front populaire dirig par Lon Blum soutient les rpublicains espagnols, mais le gouvernement ne peut officiellement les aider sans lappui
du Royaume-Uni.
3. La marche la guerre
Hitler est convaincu que les dmocraties ne sopposeront pas sa politique expansionniste. En mars 1938, les fascistes autrichiens organisent un coup dEtat et la Wehrmacht
entre en Autriche. LAnschluss est confirm par rfrendum la mme anne. Les dmocraties protestent contre ce coup de force, mais sans aller plus loin. Hitler revendique
alors la rgion des Sudtes, peuple dune majorit de germanophones, en Tchcoslovaquie. Le pays est une dmocratie allie de la France.
En septembre 1938, le prsident du Conseil franais Daladier, le Premier ministre britannique Chamberlain et Hitler se rencontrent Munich, linitiative de Mussolini.
Franais et Britanniques laissent les mains libres lAllemagne pour annexer les Sudtes, en change dune promesse de paix de la part de Hitler. Les troupes allemandes
entrent donc en Tchcoslovaquie en 1939 et, face la passivit des dmocraties, lItalie
envahit lAlbanie tandis que Franco instaure une dictature en Espagne aprs la dfaite
des Rpublicains.
Hitler revendique alors le corridor de Dantzig, rattach la Pologne par le Trait de
Versailles. Le 23 aot 1939, lAllemagne et lURSS signent un pacte de non agression,
le " pacte germano-sovitique ", la stupfaction des occidentaux. Une clause secrte
du pacte prvoit le partage de la Pologne entre lAllemagne et lUnion sovitique. Le
Jean-Christophe Delmas
III
1er septembre 1939, les troupes allemandes envahissent la Pologne. Cette fois-ci, les
Franais et les Britanniques dclarent la guerre lAllemagne.
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II
Le proc`es de Nuremberg
3. En zone sovitique
Les anciens nazis sont limins des postes de direction, mais lpuration vise surtout
mettre en place les bases dun rgime communiste. Les adversaires potentiels du
communisme sont donc les principales cibles, ainsi que les principaux fonctionnaires,
les grands propritaires terriens et les industriels. Au total, 120 000 personnes sont
dportes dans des camps de travail en URSS et plusieurs milliers sont excutes.
Lide dominante est que le fascisme se concentrerait principalement dans lOuest capitaliste, puisque linterprtation communisme fait du fascisme le produit du capitalisme.
Les partis politiques autoriss doivent appartenir un " bloc antifasciste " contrl
par le PCUS et les postes de responsabilit sont confis des communistes allemands.
En 1946, le Parti communiste dAllemagne (KPD) et le Parti social-dmocrate dAllemagne (SPD) fusionnent pour former le Parti socialiste unifi dAllemagne (SED),
marxiste-lniniste et dont lorganisation est calque sur celle du PCUS.
Lenseignement et la culture sont rorients vers le modle communiste. Lorsque la
RDA est cre en 1949, le pays est une dmocratie populaire dans lequel le modle
sovitique a t impos par Moscou et les communistes allemands, comme dans les
autres pays dEurope de lEst appartenant la " sphre sovitique ".
II Le procs de Nuremberg
1. Le premier tribunal international
Le procs de Nuremberg est la manifestation la plus emblmatique de la dnazification - lide dune justice internationale stait dveloppe au temps de la SDN, mais
navait pas dbouch. Il dure de novembre 1945 septembre 1946. 22 responsables
nazis doivent rpondre quatre chefs daccusation : complot pour dominer lEurope,
crime contre la paix, crimes de guerre et crimes contre lhumanit (ce dernier reprsentant une nouveaut juridique labore par les Allis lors des accords de Londres, le 8
aot 1945).
Tous les dirigeants nazis ne sont pas jugs, bien entendu : Hitler, Himmler et Goebbels se sont suicids ; Goering se suicide galement en prison la veille de son procs.
Dautres se sont enfuis et ne seront pas tous retrouvs. 22 dirigeants nazis sont jugs.
Au total, le tribunal prononce 12 condamnations mort, 7 la prison et 3 acquittements.
Sur le modle de ce procs, les Amricains, des tribunaux militaires organisent dans les
mois qui suivent douze autres procs dont il a t question plus haut, destins juger
des membres de la Gestapo, de la SS, des mdecins, des industriels, des militaires.
2. La critique du procs
La premire critique du procs concerne la lgitimit morale des juges, en particulier
sovitiques. Certains soulignent que lURSS a commis des crimes de guerre - le massacre dofficiers polonais Katyn, en 1940 - et des crimes contre la paix - le pacte
germano-sovitique de 1939. Ce tribunal est donc souponn dimposer " la justice des
vainqueurs ", sans rciprocit.
Malgr lnorme documentation runie sur les preuves contre les accuss, les documentaires projets, le fait de filmer et de diffuser les sances du tribunal, dautres critiques concernent lefficacit du tribunal : ainsi, Albert Speer et Baldur von Schirach
sont condamns des peines de prison alors que leur responsabilit peut tre considre comme aussi importante dautres hauts responsables nazis condamns la peine
capitale.
Jean-Christophe Delmas
III
Le bilan de la denazification
Enfin, le gnocide des Juifs et des Tsiganes ne fait pas lobjet dun traitement particulier - le terme de gnocide, qui existe cette poque, nest pas utilis lors du procs.
Pourtant, toutes les preuves existent ds cette priode sur la ralit du gnocide et sur
ses modalits et des tmoins voquent les camps dextermination au cours du procs.
3. La porte ultrieure du principe de " Crime contre lhumanit "
Le principe de crime contre lhumanit est un principe imprescriptible : il va donner
lieu des actions en justice ultrieures contre des nazis (procs Eichmann et Barbie).
Sur le modle du procs de Nuremberg, les Allis organisent galement le jugement
des criminels de guerre japonais au cours du procs de Tokyo (1946-1948).
Le principe de crime contre lhumanit inspire aujourdhui encore les tribunaux internationaux, comme le TPIY, cr en 1993 linitiative de lONU. Toutefois, la guerre
froide va bloquer pendant plusieurs dcennies la mise en place dune justice internationale efficace.
Enfin, la Cour pnale internationale (CPI) cre en 1998 peine imposer sa lgitimit :
seuls 117 Etats membres de lONU (sur 193) ont ratifi le Statut de Rome reconnaissant
son autorit. Des pays comme les Etats-Unis, lInde, la Chine et la Russie craignent une
remise en cause de leur souverainet nationale par cette cour.
III
Le bilan de la denazification
allemands dune rflexion sur le pass : lEst, le rgime est communiste et la population est dfinie comme antinazie, par dfinition. A lOuest, la rhabilitation de facto de
la masse des habitants conforte les institutions dmocratiques juges encore fragiles.
Avec la militarisation de la guerre froide, les deux Allemagnes deviennent des allis
privilgis des grandes puissances : la RFA est intgre lOTAN en 1955, lorsque
lURSS met en place le Pacte de Varsovie avec les dmocraties populaires, parmi lesquelles la RDA.
3. Assumer lhritage du nazisme
Une majorit dAllemands refuse toute responsabilit dans le soutien au rgime nazi.
Dans les annes 1950, des sondages dopinion raliss en RFA montrent quune majorit dAllemands continue de considrer le nazisme comme " une bonne ide mal
applique " et un pourcentage important (quoique minoritaire) estime que lAllemagne
est mieux sans les Juifs.
Le tournant seffectue avec la nouvelle gnration qui arrive lge adulte dans les
annes 1960. Daprs certains historiens, le procs Eichmann (1962) dclenche une
vaste rflexion collective - qui nest pas exempt de culpabilit, dailleurs. Le pass
nazi de lAllemagne cesse dtre un tabou et des historiens allemands ont multipli
les travaux montrant limplication, longtemps nie, de nombreuses composantes de la
population allemande dans les crimes nazis.
Au dbut du XXIe sicle, cette problmatique a chang. Dautres gnocides ont t
perptrs - une chelle moindre, toutefois - et la question sest dplace. Comme
lcrit Richard J. Evans : " Le legs du IIIe Reich [. . . ] dpasse de loin lAllemagne et
lEurope. Le IIIe Reich donne voir sous la forme la plus aigu les potentialits et les
effets de la tendance humaine la haine et la destruction qui existe, ne serait-ce quun
peu, chez chacun de nous. " 1
Premire S, histoire
LMA, 2011-2012
La sortie progressive du totalitarisme en URSS : Khrouchtchev, la dstalinisation et ses limites ; Gorbatchev, de la Glasnost la disparition de lURSS.
I Khrouchtchev, la dstalinisation et ses limites
1. La fin de la terreur de masse
la mort de Staline (1953), une direction collgiale est mise en place pour viter
le retour dun pouvoir dictatorial et dans le but de redresser lconomie sovitique
Khrouchtchev, Malenkov et Beria. Khrouchtchev, nouveau premier secrtaire du PCUS,
a le souci damliorer les conditions de vie en URSS et de favoriser la dtente sur le
plan international. Il entend montrer la supriorit du systme communiste sur le plan
idologique et conomique, sans affronter le bloc amricain sur le plan militaire. Toutefois, dans les premiers mois, cest Malenkov qui apparat comme lhomme fort du
rgime, tandis que Beria demeure trs puissant. Khrouchtchev doit composer avec une
direction du PCUS quil ne contrle pas.
Les nouveaux dirigeants sovitiques font cesser la terreur de masse : un million de
prisonniers du Goulag sont librs ds 1953 - on en compte 5 millions la mort de
Staline - et les camps continuent de se vider dans les annes suivantes. Cest le dbut
dune priode de " dgel ". En juin 1953, Khrouchtchev fait arrter Beria, chef du
NKVD, qui a ordonn la rpression de Berlin-Est et qui restait lhomme le plus puissant
du rgime. Celui-ci est excut peu de temps aprs. En 1955, Khrouchtchev parvient
carter Malenkov de la direction du PCUS.
Autre signe fort de la nouvelle direction, les statues de Staline sont dboulonnes et les
rues, les usines, etc. qui portent son nom sont rebaptises. Toutefois, le corps embaum
de Staline est expos auprs de celui de Lnine dans le mausole de la place Rouge,
sans doute pour satisfaire ses partisans qui demeurent nombreux.
2. Le XXe congrs du PCUS et ses consquences
Au XXe congrs du PCUS (1956), le rapport secret de Khrouchtchev ouvre le procs
de Staline, en dnonant ses erreurs et ses " crimes " et en critiquant le " culte de la personnalit ". Dautre part, sans remettre en cause le systme sovitique et le Parti communiste, le nouveau dirigeant met fin au dogme de " linfaillibilit du Parti ". Il sagit
certainement dun tournant pour le rgime, mais pour Khrouchtchev, lenjeu est galement daffaiblir les anciens proches de Staline toujours influents au Politburo, comme
Molotov ou Malenkov. Dautre part, Khrouchtchev ne dnonce pas officiellement les
crimes commis contre la paysannerie, ni le principe du Goulag. Les fondamentaux du
modle communiste ne sont pas remis en question.
La dstalinisation sacclre en 1961, aprs le XXIIe congrs du PCUS : le corps de
Staline est enlev du mausole, la ville de Stalingrad est rebaptise Volvograd. Lanne
suivante, le premier roman dAlexandre Soljenitsyne, Une journe dIvan Denissovitch,
est autoris la parution. Lauteur y dnonce le Goulag stalinien. En revanche, le roman
de Boris Pasternak, Le docteur Jivago, est interdit. La dstalinisation entrane donc une
Jean-Christophe Delmas
II
libralisation - relative - la vie intellectuelle et culturelle. Sur le plan politique, la dstalinisation se traduit par la limitation des mandats des cadres du Parti, ce qui est cens
renouveler le personnel politique du rgime. Cette mesure mcontente videmment la
Nomenklatura. Sur le plan conomique, les rformes portent principalement sur une
dcentralisation limite et un effort port sur la production de biens dquipement et de
consommation.
Cette dstalinisation entrane de vives ractions dans les pays satellites. Par exemple,
le nouveau dirigeant polonais, Gomulka, communiste mais partisan dune certaine libralisation du rgime, laccueille favorablement. En revanche, la Chine dnonce vivement la politique de Khrouchtchev, quelle accuse de trahir lidal communiste, ce qui
conduit la rupture sino-sovitique la fin des annes 1950.
3. Les limites de la dstalinisation sous Khrouchtchev et ses successeurs
Nanmoins, il ne sagit pas dune libralisation, en URSS comme dans les dmocraties
populaires. En Hongrie, en juillet 1956, des tudiants, des intellectuels, des travailleurs
et des paysans demandent la rvocation du dirigeant stalinien Maytas Rakosi et le retour
dun dirigeant plus modr, Imre Nagy. En octobre 1956, la police ouvre le feu sur
une manifestation dtudiants et le pays prend les armes : Nagy reprend le pouvoir.
Mais lorsquil annonce son intention de quitter le pacte de Varsovie, Moscou dcide
dintervenir. Le 4 novembre, les chars sovitiques entrent de force Budapest. Des
milliers dopposants sont tus ou emprisonns, Nagy est excut.
Affaibli sur le plan international et contest par les apparatchiks du rgime, Khrouchtchev est son tour vinc en 1964. Une nouvelle direction collgiale est instaure. En
1966, Leonid Brejnev devient secrtaire gnral du PCUS et au dbut des annes 1970,
il cumule tous les postes de responsabilit. Une rforme conomique tente dassouplir
la planification et des mesures sociales sont promulgues : salaire minimal garanti et
retraites vieillesse pour les kolkhoziens, augmentation des bas salaires pour les ouvriers
et employs, institution de la semaine de cinq jours. En revanche, la dstalinisation est
stoppe et la rpression reprend contre les dissidents. En 1968, en Tchcoslovaquie,
Dubcek est persuad que le communisme est compatible avec le respect des liberts ("
socialisme visage humain "). Ainsi, dautres partis politiques se forment, linformation se libralise et la censure est abolie. Jugeant lexprience beaucoup trop dangereuse
pour le reste du bloc, Brejnev crase par la rpression le " Printemps de Prague " en
avril 68.
La rpression contre les dissidents se poursuit : le KGB multiplie les arrestations et
de nombreux opposants sont envoys dans des hpitaux psychiatriques. Soljenitsyne,
qui a publi Larchipel du Goulag en Occident en 1973, est dchu de la nationalit
sovitique et expuls du pays lanne suivante. Le Physicien Andrei Sakharov, prix
Nobel de la paix, est plac en rsidence surveille en 1980. Limage de lURSS se
dgrade en Occident, tandis que la rupture entre la socit civile et la Nomenklatura se
creuse de plus en plus. Les successeurs de Brejnev sont limage du vieillissement dun
rgime qui apparat de plus en plus sclros : Youri Andropov et Andrei Tchernenko
restent peine plus dun an au pouvoir.
II
II
Jean-Christophe Delmas
Premire S, histoire
LMA, 2011-2012
Cours 1 et 2
II
Sil existait des limites politiques africaines dans la priode prcoloniale (empires,
royaumes, chefferies, cits-Etats, territoires occups par des tribus nomades, etc.), cellesci sont remplaces par des frontires fixes par les Europens lors des confrences et
des accords conclus pendant le partage colonial. Ces frontires sont parfois fixes en
fonction dlments naturels (fleuves, montagnes, etc.) et ne prennent pas en compte
lorganisation territoriale passe. Ces frontires divisent souvent des peuples et des ethnies en deux parties ou plus.
II
pitaux dans dautres rgions du monde, ni mme la mtropole dailleurs, qui consacre
une trs faible part de son budget linvestissement dans les colonies. Bien entendu, cet
aspect de la colonisation, comme les autres, est soigneusement dissimule aux visiteurs
de lexposition de 1931.
2. L " Exposition " et les reprsentations coloniales
LExposition coloniale internationale est inaugure le 6 mai 1931 par Paul Reynaud,
ministre des Colonies. Son organisation a t confie au marchal Lyautey, ancien rsident gnral au Maroc avec deux objectifs principaux : prsenter " luvre ralise
par la France dans son empire colonial " et " lapport des colonies la Mtropole
" (dcret de 1928). Il sagit clairement dune entreprise " ncessaire de propagande
directe ", destine mettre en scne lEmpire colonial franais et clbrer lide coloniale. Le bois de Vincennes est rquisitionn pour loccasion et 200 pavillons sont
construits dans le style des habitats et des monuments des colonies reprsentes. Les
trois-quarts des 110 hectares sont consacrs aux possessions franaises. Deux crations
permanentes sont mises en place : le zoo et le Palais de la Porte Dore, muse des
colonies.
De mai novembre, lexposition accueille 8 millions de visiteurs. Ils peuvent visiter une
reproduction grandeur nature - mais en carton-pte - du temple cambodgien dAngkor
Vat, une reproduction de la mosque de Djenn (Mali), le muse des colonies, etc.
Des milliers de figurants venus des colonies participent des dfils, des spectacles
(danses traditionnelles, exhibition de soi-disant " cannibales polygames " kanaks) ou
des zoos humains. Des espaces didactiques se mlent aux espaces rcratifs : laccent
est mis sur luvre humanitaire ralise par la France dans ses colonies - campagnes
de vaccination, scolarisation, vanglisation, etc. - et, dautre part, sur les richesses
apportes par les colonies la mtropole.
Le succs de lexposition sinscrit dans la ligne du dveloppement de la propagande
scolaire, de la littrature coloniale et de la popularisation de limage de lindigne
travers les affiches publicitaires et dautres reprsentations (les images dEpinal du tirailleur sngalais ou du " bon sauvage ", le " ngre " de la publicit Banania). Mlange
dexotisme bon enfant, de nationalisme et de racisme latent, la reprsentation de la colonisation repose sur la bonne conscience de lopinion publique et sa conviction que
lEmpire participe de la puissance de la France. Toutefois, on ne peut pas dire que lexposition de 1931 soit parvenue constituer une mentalit coloniale chez les Franais.
3. Une contestation encore minoritaire
Officiellement, seuls les communistes et les anarchistes sont anticolonialistes : ainsi, les
artistes surralistes dnoncent lexposition coloniale dans un tract intitul " Ne visitez
pas lexposition coloniale ". Ils condamnent les massacres perptrs au Maroc, en Indochine centrale et organisent avec la CGT et la CGTU une contre-exposition, " La vrit
sur les colonies ", afin de montrer les violences infliges aux indignes et lexploitation
conomique des colonies, mais celle-ci na que peu de succs (5 000 visiteurs peine
en lespace de 8 mois). Proches du PCF, ils critiquent la " complicit " des autorits
politiques, de lEglise et de la bourgeoisie dans la propagande coloniale.
Quoique minoritaires, certaines voix commencent slever pour sopposer la colonisation ou du moins ses aspects les plus brutaux. En 1929, le journaliste Albert
Londres dcrit dans Terre dbne les conditions de travail inhumaines et la mortalit
due au travail forc lors de la construction de la ligne de chemin de fer Congo-Ocan.
Deux ans plus tt, lcrivain Andr Gide publiait galement des articles tmoignant de
Jean-Christophe Delmas
II
Jean-Christophe Delmas
Premire S, histoire
LMA, 2011-2012
II
III
politiques.
Dans le mme temps, la ligue musulmane remporte une victoire lors des lections lgislatives prcdent la mise en place dune Assemble constituante, en remportant tous
les siges rservs aux musulmans. Pour Jinnah, cest la confirmation de la lgitimit
de son parti revendiquer un Etat musulman indpendant.
3. Les ngociations et la partition
En fvrier 1948, Clement Attlee annonce que des mesures seront prises " pour mettre
en uvre le transfert de pouvoir entre des mains indiennes responsables, au plus tard
en juin 1948. " Attlee justifie cette dcision en expliquant que le processus de selfgovernment entrepris depuis longtemps par les Britanniques a abouti : " aujourdhui,
ladministration civile et larme indienne sont, dans une large mesure, aux mains de
fonctionnaires et dofficiers indiens. " Cette dcision prcipite - Attlee abandonne en
effet le principe dunit du nouvel Etat - sexplique par la situation intrieure de lInde,
au bord de la guerre civile.
Cest dans un contexte de violences extrmes que Lord Mountbatten, nomm vice-roi
des Indes, ngocie lindpendance et la partition lors de la confrence de New Delhi
(juin 1947) avec les deux figures les plus importantes des mouvements nationalistes,
Nehru et Jinnah. Malgr lopposition de Gandhi, la partition ne peut tre vite. Lvacuation par les Britanniques devait prendre 15 mois. Le vice-roi lorganise en trois mois
seulement.
La partition donne naissance deux Etats, conformment lIndian Independence Act
qui entre en vigueur le 15 aot 1947 : lUnion indienne et le Pakistan. Ce dernier est
lui-mme divis en deux parties, le Pakistan occidental (lactuel Pakistan) et le Pakistan oriental (lactuel Bangladesh, indpendant en 1971 la suite de la troisime guerre
indo-pakistanaise). Ds aot 1947, lInde et le Pakistan intgrent le Commonwealth.
En 1948, lindpendance de Ceylan (lactuel Sri-Lanka) et de la Birmanie met dfinitivement fin lEmpire des Indes.
III
Jean-Christophe Delmas
Premire S, histoire
LMA, 2011-2012
La guerre dAlgrie
I Les causes de la guerre
1. Les ingalits conomiques et sociales
Depuis 1848, lAlgrie est une colonie franaise organise en trois dpartements, lAlgrois, le Constantinois et lOranais. Au dbut des annes 1950, elle est peuple par un
peu moins dun million deuropens (les " pieds-noirs ") et par environ 8,5 millions de
musulmans. Ces derniers connaissent une croissance dmographique bien plus leve
que celle des colons avec un taux de natalit de 45 pour mille.
Le niveau de vie des franais dAlgrie est suprieur celui des musulmans : le salaire
journalier dun ouvrier agricole franais est deux fois et demi suprieur celui dun
algrien et la taille moyenne des exploitations agricoles des agriculteurs franais est
de 100 ha, contre 14 ha pour celle des algriens. Toutefois, les colons riches - gros
exploitants agricoles, chefs dentreprises - ne reprsentent quune minorit des franais
dAlgrie, environ 25 000, la grande masse des autres appartenant la classe moyenne
ou aux classes populaires.
Les ingalits se retrouvent galement dans le faible taux de scolarisation des enfants
musulmans dans le primaire (20% seulement, contre 100% des jeunes franais). Par
ailleurs, le taux de chmage lev de la population musulmane se traduit en particulier
par une misre importante dans les villes.
2. Labsence de rformes politiques
Il existe depuis 1947 une assemble algrienne de 120 membres (60 lus par les Franais, 60 par les musulmans) dote en thorie dune certaine autonomie. Mais le pouvoir
appartient en ralit au gouverneur gnral et ladministration franaise. Dautre part,
les lections du collge des reprsentants musulmans portent le plus souvent lassemble des partisans de loccupation franaise, ce qui les rend peu crdibles aux yeux de
la masse des lecteurs musulmans.
De nombreux algriens, qui ont combattu pour la France en 1914-1918 et en 1939-1945
se considrent, juste titre, comme des citoyens de seconde zone. Leur participation
leffort de guerre na pas amlior leur statut civique ni conomique - lgalit de
prime entre les anciens combattants algriens et franais nest dcide par le Conseil
constitutionnel franais quen 2010.
Labsence de rformes en faveur des musulmans sexplique galement par ltat de
lopinion publique franaise, traumatise par la dbcle de 1940 et loccupation. Celleci saccroche encore lide de la puissance coloniale de la France et de l " Algrie
franaise " en particulier. Comme le dclare le ministre de lintrieur franais Franois
Mitterrand au moment de linsurrection de 1954 : " LAlgrie, cest la France ".
3. Le nationalisme algrien et le dbut de linsurrection
La monte du nationalisme sexprime ouvertement ds la fin de la guerre : le 8 mai
1945, des dfils sont organiss dans les villes de Stif et Guelma pour fter la victoire.
Jean-Christophe Delmas
II
Des violences clatent et font plus dune centaine de morts ct franais et plusieurs
milliers dans la population musulmane.
Deux mouvements politiques reprsentent le nationalisme algrien avant le conflit.
LUDMA (Union de dfense du manifeste algrien), dirige par Ferhat Abbas, ne revendique pas lindpendance mais une participation dmocratique des Algriens au
sein dune Algrie fdre la France. Le MTLD (Mouvement pour le triomphe des
liberts dmocratiques) de Messali Hadj rclame pour sa part la formation dune assemble constituante et le dpart des troupes franaises dAlgrie.
Cest au sein de ce second mouvement quun groupe de six dissidents mens par Ahmed Ben Bella et Mohammed Boudiaf dcident de passer laction : le 1er novembre
1954, ils organisent une dizaine dattentats qui font 8 victimes et annoncent simultanment la formation dun FLN (Front de libration national) dont le but est lindpendance immdiate.
III
Le r`eglement du conflit
celui-ci pense pouvoir conserver lAlgrie dans lempire franais. Mais le FLN a tendu
son influence dans le pays et la France subit la pression de lONU et des Etats-Unis,
hostiles la poursuite de la guerre.
3. Vers lautodtermination
Le 16 septembre 1959, de Gaulle affirme quil est partisan de lautodtermination. Le
rfrendum de janvier 1961 montre quune large majorit de Franais et dAlgriens
(75%) sont galement favorables la fin de la " sale guerre ". Les ngociations dbutent
avec le gouvernement provisoire de la Rpublique algrienne (GPRA) dirig par Fehrat
Abbas et install au Caire.
Ce basculement de lopinion et du pouvoir entrane des ractions violentes de certains
partisans de lAlgrie franaise : lOAS (Organisation de larme secrte) organise des
attentats contre des musulmans et quatre gnraux franais tentent un putsch en avril
1961.
La violence stend galement la mtropole : le 17 octobre 1961, la police parisienne
se livre une " ratonnade " aprs avoir dispers une manifestation organise par le
FLN parisien pour protester contre le couvre-feu impos aux Algriens de France. La
rpression ordonne par le prfet de police Maurice Papon fait des dizaines de morts et
des centaines de blesss.
III
Le r`eglement du conflit
Jean-Christophe Delmas
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II
La Republique et la Nation
II La Rpublique et la Nation
1. Assurer la cohsion nationale
La modernisation des transports, en particulier le dveloppement des routes et des chemins de fer, permet de rapprocher les rgions et donc de renforcer la cohsion du territoire national. Cependant, certaines campagnes demeurent trs enclaves.
Pour renforcer le sentiment dappartenance une mme nation, les rpublicains promulguent la loi du 26 juin 1889. Celle-ci donne la nationalit franaise tout individu
n sur le sol franais (cest le " droit du sol "). Elle interdit galement de rpudier
la nationalit franaise, une pratique qui permettait de nombreux jeunes hommes
dchapper la conscription.
De mme, la loi de 1889 sur le " service militaire universel " permet le brassage de
classes dges issues de toutes les rgions et de lensemble des classes sociales. Larme, mme tenue par des officiers conservateurs, bnficie du soutien des rpublicains.
Le 14 juillet est dailleurs loccasion, dans chaque ville de garnison, de montrer sa force
lors des prises darmes auxquelles sont associs dphmres " bataillons scolaires ",
groupes dcoliers gs de onze douze ans.
2. Le patriotisme rpublicain
La propagande rpublicaine vante les bienfaits des valeurs et des lois imposes par la
Rpublique travers des tracts, des affiches et des journaux. Lessor de la presse et les
progrs de la scolarisation permettent ces crits de toucher un public de plus en plus
large.
La loi scolaire de Jules Ferry, en 1882, lacise lcole publique, devenue gratuite et obligatoire. Lenseignement doit transmettre aux enfants les valeurs de la Rpublique mais
aussi lutter contre linfluence de lEglise (la Rpublique impose une scularisation de
la socit franaise). Les jeunes franais y apprennent la langue commune, qui se substitue aux patois locaux. Ils y acquirent galement les connaissances fondamentales.
La scolarisation des filles progresse, notamment en 1880 avec la loi de Camille Se qui
permet la cration des premiers lyces de jeunes filles. Mais celles-ci ne suivent pas le
mme enseignement que les garons.
Les matres lacs, forms dans les coles normales, enseignent aux enfants lamour de
la patrie, travers leurs cours dhistoire, dinstruction civique et par la lecture douvrages comme Le Tour de la France par deux enfants. Ils sappuient galement sur la
Jean-Christophe Delmas
III
III
3. Laffaire Dreyfus
En 1894, un officier franais, le capitaine Alfred Dreyfus, est accus davoir livr des
secrets militaires lAllemagne. Malgr son innocence, il est condamn pour trahison,
dgrad et dport en Guyane.
" Laffaire " clate lorsque le vrai coupable, le commandant Esterhasy, est acquitt par
un Conseil de guerre. Emile Zola publie " Jaccuse " dans LAurore et une premire ptition dintellectuels convaincus de linnocence de Dreyfus circule. La France se divise
entre dreyfusards et antidreyfusards.
Les partisans de Dreyfus, comme Clemenceau, Zola ou Jaurs, demandent la rvision
du procs au nom de la justice et des droits de lhomme. Ses adversaires, comme
Charles Maurras, appartiennent principalement la droite nationaliste et antismite.
Dreyfus est finalement graci, mais ne sera rhabilit quen 1906. Cette victoire des
dreyfusards confirme le processus denracinement de la Rpublique.
Jean-Christophe Delmas
Premire S, histoire
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II
Vichy lencontre des Juifs et le rgime collaborera avec lAllemagne dans la mise en
uvre de la politique de dportation.
3. La dfense de la Rpublique se replie dans la Rsistance
La Rsistance intrieure est dans un premier temps peu nombreuse. Elle regroupe toutes
les catgories sociales, toutes les familles religieuses et politiques. Les premiers rseaux, peu organiss, sont fonds par des hommes et des femmes qui refusent loccupation allemande par patriotisme et le rgime de Vichy et la collaboration par antifascisme.
Avant mme que les mouvements de rsistance soient unifis et que le nombre de rsistants commence augmenter, les premiers mouvements sorganisent sur le territoire :
Combat (aot 1940), Libration (novembre 1940) et Francs Tireurs (1941). La plupart
se revendiquent de lidal rpublicain, des liberts fondamentales et de la dmocratie.
Toutefois, les premiers rsistants nentrent pas tous dans laction au nom de la Rpublique et de ses valeurs. On trouve par exemple un certain nombre de monarchistes
parmi eux, qui ne tolre pas loccupation du territoire par les Allemands mais ne se
revendiquent pas du rgime rpublicain. De mme, lorsque le Parti communiste franais entre massivement dans la Rsistance contre Vichy et loccupant en 1941, cest
la suite de la rupture du pacte germano-sovitique et de linvasion de lURSS par
lAllemagne.
III
III
compos de chrtiens dmocrates, effectue galement une perce tandis que les partis
de droite sont largement affaiblis. Les conditions politiques de la mise en place dune
Rpublique sociale semblent donc runies.
2. Les dsaccords politiques
Mais le retour du parlementarisme entrane celui du jeu des partis politiques. Ds 1945,
les dsaccords sur le futur rgime politique de la France apparaissent, mme si personne
ne songe revenir la IIIe Rpublique discrdite par la dfaite de 1940. Les principaux
partis politiques issus de la Rsistance sont favorables un rgime parlementaire :
selon eux, les reprsentants du peuple doivent contrler lessentiel du pouvoir. La scne
politique est alors domine par les partis de gauche (SFIO et PCF principalement),
la droite ayant t en partie discrdite par sa proximit idologique avec le rgime
de Vichy. " Le gnral de Gaulle en revanche, que lAssemble Constituante vient
dlire prsident du GPRF, est favorable un pouvoir excutif fort et pense que celui-ci
doit revenir au chef de ltat "plac au-dessus des partis" (discours de Bayeux). Les
dsaccords entre de Gaulle et les partis politiques portent galement sur les finances,
lconomie, la politique coloniale, etc.
Le 20 janvier 1946, de Gaulle dmissionne, pensant quil sera rappel rapidement.
Pourtant, la SFIO, le PCF et le MRP parviennent sentendre pour proposer aux Franais une nouvelle Constitution et pour gouverner ensemble dans le cadre du " tripartisme ".
3. La IVe Rpublique
La Constitution de la IVe Rpublique est difficilement adopte par rfrendum le 13
octobre 1946, par une courte majorit (56% de "oui"). Cette Constitution accorde des
pouvoirs importants lAssemble nationale, alors que le pouvoir excutif est affaibli. Ces institutions sont finalement assez proches de celles de la IIIe Rpublique. Un
premier gouvernement de coalition entre en fonction le 21 janvier 1947. La nouvelle
Constitution garantit des droits politiques et sociaux qui sinscrivent dans laction du
CNR (dmocratie, droits fondamentaux, garanties de protection sociale, etc.).
Mais dans le mme temps, le pays se divise politiquement. Au moment o le PCF passe
dans lopposition et dclenche des mouvements de grves et des manifestations dans
le pays, de Gaulle revient sur la scne politique en crant un nouveau parti, le Rassemblement du peuple franais (RPF), qui conteste vivement le rgime et les institutions,
et dnonce limpuissance du gouvernement face la menace communiste.
Toutefois, luvre du GPRF et du CNR trouve un prolongement dans les rformes
sociales promulgues par les gouvernements de la IVe Rpublique : assurance vieillesse
et allocation logement (1948), cration dun SMIG et des HLM (1950), programmes de
constructions de logements et 1% patronal, troisime semaine de congs pays (1956),
etc.
Jean-Christophe Delmas
Premire S, histoire
LMA, 2011-2012
80000 personnes environ, ce qui renforce sa lgitimit. Et son importance est encore
affirme aprs le rfrendum du 28 octobre 1962 lors duquel les Franais dcident
de son lection au suffrage universel direct. Le prsident de la Rpublique nomme le
Premier ministre et les ministres (sur proposition de ce dernier). Il a le pouvoir de
dissoudre lAssemble nationale et peut consulter directement les Franais par la voie
du rfrendum. Enfin, il est le chef des armes et larticle 16 de la Constitution lui
accorde des pouvoirs exceptionnels si le pays est menac.
Le Premier ministre (et non plus le prsident du Conseil, comme sous la IVe Rpublique) dirige le gouvernement. Il nest plus contraint de se prsenter devant lAssemble pour son investiture. Il peut cependant engager devant celle-ci la responsabilit de
son gouvernement. Le gnral de Gaulle laissera une marge de manuvre importante
ses premiers ministres, se cantonnant le plus souvent dans les domaines de la politique extrieure et de la dfense. Toutefois, on peut observer que rien ninterdit, dans
la nouvelle Constitution, quun Premier ministre mne une politique qui ne soit pas
conforme aux vux du prsident de la Rpublique si celui-ci dispose dune majorit
lAssemble nationale.
Le gouvernement, selon larticle 20 de la Constitution, "dtermine et conduit la politique de la nation". Il est responsable devant le Prsident, mais celui-ci ne peut le
dmettre. LAssemble nationale peut le renverser (cest la motion de censure), mais
beaucoup moins facilement que sous la IVe Rpublique. Le gouvernement peut galement faire adopter un texte sans quil soit discut lAssemble, selon larticle 49
alina 3 de la Constitution. Enfin, pour mieux sparer le gouvernement du Parlement,
il devient impossible dtre la fois ministre et parlementaire selon la nouvelle Constitution.
II
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frendaire, ils approuvent plus de 62% la proposition du chef de lEtat. Et lors des
lections lgislatives, ils accordent une majorit absolue au parti gaulliste. Ces votes
confortent donc la lgitimit de de Gaulle, de son gouvernement, ainsi que la lecture
prsidentielle de la Constitution de 1958. Pour reprendre la formule de Raymond Aron,
la rupture de 1962 marque le " commencement absolu de la Ve Rpublique ".
3. Rgime semi-prsidentiel ou " monarchie rpublicaine " ?
La rforme constitutionnelle de 1962 transforme durablement la vie politique franaise.
Rompant dfinitivement avec les Rpubliques prcdentes, elle place le prsident dans
une position dominante. Llection prsidentielle, tous les sept ans, devient lchance
majeure attendue par les Franais. La personnalisation du pouvoir du prsident est encore renforce par le dveloppement de la mdiatisation. Pour la plupart des spcialistes
de droit constitutionnel, le rgime de la Ve Rpublique est un rgime " semi-prsidentiel
" dans la mesure o le Parlement conserve son rle lgislatif. Mais de nombreux commentateurs politiques voquent un " monarque rpublicain " pour dsigner le prsident.
Le Parlement se retrouve marginalis dans le rle technique, et non plus politique, du
vote des lois et du budget. Le " systme des partis " tel quil existait sous la IIIe et la
IVe Rpubliques nexiste plus. La " dmocratie directe " a remplac la " dmocratie
parlementaire ". Laffaiblissement du Parlement et le rle prpondrant du prsident
imposs dfinitivement en 1962 auront leurs dtracteurs : le plus critique sera sans
doute Franois Mitterrand, dans son essai paru en 1964, Le Coup dEtat permanent.
Sur le long terme, la prsidentialisation du rgime entrane enfin une bipolarisation de
la vie politique franaise. Mme si la France se caractrise par un nombre important de
formations politiques en comparaison avec dautres dmocraties, le dbat politique se
focalise sur un affrontement bipartite entre la droite et la gauche. Le rle essentiel des
formations les plus importantes est de soutenir ou de combattre laction prsidentielle.
Jean-Christophe Delmas
Premire S, histoire
LMA, 2011-2012
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1936, 1,8 million lanne suivante). Le ministre des Loisirs lorigine de cette mesure,
Lo Lagrange, tente galement de promouvoir les loisirs populaires en encourageant le
mouvement des auberges de jeunesse et la diffusion du sport dans les classes populaires.
Les mesures sociales apportent une embellie la vie quotidienne des ouvriers et leur
donne une image positive dun rgime qui prend en considration leurs conditions de
vie et leur dignit. Les premiers dparts en vacances sont loccasion de manifester cette
reconnaissance (" Merci Blum ! ", peut-on lire sur quelques panneaux).
3. Les difficults et la fin du Front populaire
Aprs une brve priode dtat de grce, les difficults conomiques ressurgissent ds
1937 tandis que le chmage persiste. Les mesures adoptes ont aggrav les dficits publics, dtourn les investisseurs et linflation a largement rattrap les augmentations de
salaires. Lon Blum est contraint de justifier une " pause " dans les rformes, appelant
ses allis " la modration et la patience ". Mais cette nouvelle orientation prive le
gouvernement du soutien des communistes et doit une partie de la classe ouvrire.
Le gouvernement Blum doit galement faire face aux violentes attaques de lextrmedroite antismite qui dnonce " le Juif Blum " et pousse le ministre Roger Salengro au
suicide, aprs une campagne de calomnie. Le gouvernement Blum doit galement faire
face lhostilit des milieux daffaires et de la droite rpublicaine qui dnoncent le cot
conomique des mesures sociales. La peur dune rvolution communiste ressurgit en
France.
La guerre civile en Espagne aggrave les difficults du gouvernement. Ne pouvant sassurer de lappui du Royaume-Uni, Lon Blum doit renoncer soutenir officiellement
les Rpublicains espagnols contre les nationalistes. Sa politique de " non-immission
relche " ne convainc pas la gauche tandis que Blum perd le soutien des radicaux,
inquiets de se couper de la classe moyenne. En 1938, Blum est contraint la dmission
aprs lclatement de la coalition de gauche.
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Jean-Christophe Delmas
Premire S, histoire
LMA, 2011-2012
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socit. Dans le mme temps, le Sillon, mouvement cr par Marc Sangnier, tente de
rconcilier le monde ouvrier et le catholicisme.
3. Vers la sparation des Eglises et de lEtat (1905)
Les radicaux sont au pouvoir entre 1899 et 1904. Ils sont anticlricaux et rationalistes,
comme Ferdinand Buisson qui dnonce lducation clricale aboutissant selon lui une
" foi aveugle et [une] obissance passive ", contraires aux valeurs rpublicaines.
Une premire loi sur les associations (1901) contraint les congrgations religieuses
demander une autorisation pour exister. De nombreuses autorisations sont refuses et
des congrgations sont dissoutes, notamment celles dispensent un enseignement religieux (2 500 sont fermes). Cette crise entrane une rupture entre la Rpublique et le
Saint-Sige. Lanticlricalisme prend une tournure particulirement virulente pendant
le ministre Combes (1902-1904), principalement avec laffaire des Fiches.
En 1905, une loi de sparation des Eglises et de lEtat adopte linitiative dAristide
Briand " assure la libert de conscience " et " garantit le libre exercice des cultes ".
Mais les ministres des cultes (vques, prtres, pasteurs, rabbins, etc.) ne sont plus rmunrs par lEtat et les biens dtenus par les Eglises deviennent proprit de lEtat.
La " querelle des inventaires " qui accompagne lapplication de la loi est marque par
de multiples incidents. En revanche, les juifs et les protestants accueillent plutt favorablement la loi.
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Jean-Christophe Delmas
Premire S, histoire
LMA, 2011-2012
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Favorable une " masculanisation " des femmes, elle shabille en homme et encourage
la chastet chez les militantes - afin dchapper la domination masculine dans la
sexualit. Son amie Arria Ly (Josphine Godon) se prsente aux lections lgislatives
avec un programme demandant la rforme de ladultre et labolition de la rglementation de la prostitution.
Mais les travaux rcents ont montr que la plupart des premire fministes ont des
revendications modres : elles rclament le droit de vote au nom de leur mission de
mre (et non pour revendiquer lgalit des sexes), ne revendiquent pas la contraception
et se prsentent plutt comme un lment modrateur dans la socit - la femme contre
la guerre, contre le flau de lalcoolisme, etc.
Cest par exemple le cas de lUFSF (Union franaise pour le suffrage des femmes), des
associations de femmes catholiques ou de la Ligue patriotique des femmes franaises
fonde durant laffaire Dreyfus. Certains de ces mouvements bnficient de lappui modr - dune partie des rpublicains et de la gauche en particulier.
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millions dhommes, on approche de la parit). Certains mtiers sont plus " fminiss "
que dautres : les femmes sont massivement reprsentes dans les fonctions tertiaires
dassistantes maternelles, demployes administratives, dans lenseignement, etc. Elles
sont en revanche sous-reprsentes chez les ingnieurs et les chefs dentreprises, malgr
certains parcours emblmatiques.
Les filles russissent mieux que les garons lcole. En 1964, pour la premire fois, le
nombre de bachelires surclasse celui de bacheliers. Pourtant, lorsque lon aborde les
tudes suprieures - en particulier dans les voies scientifiques - le nombre de garons
continue de lemporter. Les prjugs et le fait que les jeunes femmes sacrifient encore
leurs tudes pour se consacrer aux enfants font partie des explications de ce phnomne.
Malgr le texte les lois de 1981 et 1983 (loi Roudy) interdisant toute forme de discrimination entre les hommes et les femmes au travail, lmancipation professionnelle est
en partie acquise mais les ingalits subsistent. Aujourdhui, diplme et qualification
gale, le salaire moyen des femmes reste de 15% infrieur celui des hommes dans
les entreprises. La loi de 2006 sur le devoir dgalit salariale entre les hommes et les
femmes ne se traduit pas dans les faits.
3. La place des femmes dans la famille
Ds laprs-guerre, le mouvement des femmes reprend pour leur mancipation. Le
Deuxime Sexe de Simone de Beauvoir conteste ds 1949 la place des femmes dans la
socit. Les mouvements fministes comme le Mouvement de libration des femmes
(MLF) sinscrivent dans la ligne du Womens Lib aux Etats-Unis. Les femmes font
entendre leur voix dans les manifestations de mai 1968 mais le mouvement fministe
merge vraiment dans les annes 1970. Les revendications des femmes ne concernent
pas seulement lgalit salariale ni une place plus importante dans la reprsentation
politique.
" Mon corps mappartient ", " Un bb si je veux ", autant de slogans qui montrent
que les femmes entendent occuper une place diffrente au sein de la cellule familiale.
Les lois de la Rpublique suivent ce mouvement : en 1967, la loi Neuwirth lgalise la
contraception et en 1975, la loi Veil autorise lIVG, qui est rembours par la Scurit
sociale partir de 1982 (et autoris par voie mdicamenteuse depuis 2004).
Toutefois, toutes les enqutes montrent que si les femmes ont gagn en autonomie, ce
sont encore elles qui prennent massivement en charge les tches mnagres au sein du
foyer. Et le problme de la violence conjugale, pourtant punies par la loi, reprsentent
encore aujourdhui un rel problme de socit. Au total, les femmes ont obtenu leur "
mancipation physique " sans que les mentalits naient compltement chang.
Jean-Christophe Delmas
PAUL MILAN
Chapitre 1
Croissance conomique et mondialisation
depuis 1850
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4 Vocabulaire
JACQUES EL ALAMI
H ISTOIRE P REMIRE ES
Chronologie
Les conomies-monde
1850-1914 : conomie-monde britannique
1914-1974 : conomie-monde amricaine
Depuis le milieu des annes 1970 : un monde multipolaire
JACQUES EL ALAMI
H ISTOIRE P REMIRE ES
Introduction
A partir de 1850, lEurope connat un changement conomique dont lampleur
peut tre compare linvention de lagriculture au nolithique : la Rvolution
industrielle. La Rvolution industrielle est le passage dune conomie agraire et
artisanale conomie domine par lindustrie et la machine.
Le continent se couvre dusines et de voies ferres. De nouvelles sources dnergie font leur apparition. Lindustrialisation gagne lAmrique du Nord et le Japon. Paralllement, le phnomne de mondialisation se dveloppe et le march
devient mondial.
JACQUES EL ALAMI
H ISTOIRE P REMIRE ES
plus de patrons crent des socits anonymes (S.A.) : le capital ncessaire est divis en actions qui sont vendues la Bourse. Lactionnaire possde une part de
lentreprise et reoit une part des bnfices (le dividende).
Mais, les mutations de lconomie ne mettent pas fin aux crises ; celles-ci ont
seulement chang de nature. Les crises dancien rgime taient provoques par
les mauvaises rcoltes qui entranaient les famines et les pidmies. Les crises industrielles sont lies la surproduction et la spculation financire. Lorsque le
march est satur, la consommation baisse et les usines rduisent leur production
et leurs effectifs. Les entreprises qui survivent rachtent celles qui ont fait faillite
(phnomne de concentration) et investissent dans la recherche pour proposer de
nouveaux produits. Lorsque la demande reprend, la crise est surmonte.
H ISTOIRE P REMIRE ES
ptroliers augmentent brutalement le prix de lor noir . Ce premier choc ptrolier est suivi par un second en 1979. Laugmentation du prix de lnergie
provoque une crise dans les pays dvelopps (Europe, Amrique du Nord). Avec
linflation, la demande baisse et le chmage augmente. Les industries se restructurent, se robotisent et enfin se dlocalisent. La dsindustrialisation commence
dans les pays du Nord et le secteur tertiaire devient le premier fournisseur demplois.
En revanche, au Japon o le consensus social est fort, o les entreprises appliquent
le modle toyotiste, la prosprit se maintient (jusqu la crise financire des annes 1990).
De nouvelles puissances conomiques apparaissent : les Dragons dAsie (Core
du Sud, Tawan, Hong-Kong, Singapour). A partir de 1979, la Chine devient un
acteur majeur de la vie conomique internationale.
Pour faire repartir la croissance, certains tats (Royaume-Uni, tats-Unis) adoptent
dans les annes 1980 des politiques librales (inspires par lcole de Chicago) :
baisse des dpenses publiques, baisse des impts sur les plus riches et les entreprises, dmantlement du Welfare State, flexibilit du travail, privatisation des
entreprises publiques, drgulation du secteur financier. . . La croissance revient,
mais elle est maille de crises financires.
JACQUES EL ALAMI
H ISTOIRE P REMIRE ES
Mais, en 1929, une crise clate New York et elle ravage toute la plante. Franklin
Roosevelt, lu en 1932, la combat avec sa politique de New Deal (dinspiration
keynsienne). Mais, cest la Seconde Guerre mondiale qui permet le redmarrage
conomique du pays.
En 1945, les tats-Unis sont triomphants : ils sont vainqueurs en Europe et en
Asie, ils possdent larme atomique et ils nont subi aucune destruction. Ils connaissent une grande prosprit dans les annes 1950 et 1960.
Cependant, partir de 1971-1973, lconomie donne des signes de fatigue. A partir de 1980, le prsident Reagan mne une politique librale dont le cot social est
trs lev. Les tats-Unis doivent aussi compter avec de nouveaux concurrents.
Conclusion
Des annes 1850 aux annes 1970, les pays du Nord ont connu une croissance
conomique qui a rduit la pauvret. Depuis les annes 1980, le monde est multipolaire et de nombreuses nations du Sud ont enclench une dynamique de dveloppement. Cependant, le mode de dveloppement productiviste et prdateur
a atteint ses limites. Les activits humaines ont ravag le milieu naturel et provoqu un rchauffement du climat. Il est urgent de promouvoir le dveloppement
durable pour couvrir les besoins lmentaires de tous les humains et prserver
les droits des gnrations futures.
JACQUES EL ALAMI
H ISTOIRE P REMIRE ES
VOCABULAIRE
4 Vocabulaire
Capitalisme : systme conomique fond sur la proprit prive des capitaux
et des moyens de production (terres, mines, usines) et sur la recherche du
profit.
Libralisme conomique : conomie fonde sur la libert des marchs avec une
intervention minimale des tats.
Libralisme : doctrine qui vise garantir les liberts individuelles, politiques et
conomiques dans un Etat.
Libre-change : absence de barrires tarifaires (taxes douanires) ou non tarifaires (normes...) afin de stimuler la concurrence et les changes.
Protectionnisme : Fait de protger un march contre la concurrence trangre
par des barrires tarifaires et non tarifaires
Premire rvolution industrielle : Elle commence vers 1850 ; les premires usines
fonctionnent la vapeur et fabriquent de lacier, du matriel de transport
(trains, navires), du textile. . .
Seconde rvolution industrielle : A partir de 1890, on utilise llectricit et le ptrole ; les usines fabriquent des automobiles, des avions, des produits chimiques (dtergents, mdicaments. . .).
Troisime rvolution industrielle : dveloppement partir des annes 1970 de
nouvelles branches (informatique, internet, biotechnologies...).
Taylorisme : rationalisation du travail par la sparation des tches de conception
et dexcution. Le travail est divis en petites tches simples et rptitives
confies des ouvriers peu qualifis et spcialiss.
Fordisme : systme de production mis au point par Henry Ford dans son usine
de Dtroit. Le fordisme recourt au travail la chane pour obtenir des gains
de productivit. En change, les ouvriers reoivent des salaires levs afin
de pouvoir consommer.
Productivit : Rapport entre la quantit de biens produite et le travail ncessaire
pour y parvenir.
Toyotisme : organisation de la production fonde sur lutilisation de robots et sur
le recours aux flux tendus (les cinq zros ). Les ouvriers (contrairement au
taylorisme) sont polyvalents.
Croissance : augmentation continue de la richesse (PIB) dun pays en raison de
la vigueur des exportations, de linvestissement et de la consommation intrieure.
PIB : Valeur des richesses produites en un an dans un pays.
Mondialisation : processus de constitution dun march mondial (biens, services,
capitaux, touristes. . .) qui met en relation des espaces interdpendants.
Dveloppement : manifestations concrtes dune amlioration des conditions de
vie en raison dune forte croissance conomique et dune juste redistribution
des nouvelles richesses.
Dveloppement durable : modle de dveloppement qui associe la croissance
conomique, le progrs social et la prservation de lenvironnement.
Secteur primaire : secteur dactivit qui emploie ceux qui travaillent dans lagriculture, la pche, les mines. . .
JACQUES EL ALAMI
H ISTOIRE P REMIRE ES
VOCABULAIRE
JACQUES EL ALAMI
H ISTOIRE P REMIRE ES
PAUL MILAN
Chapitre 1
La place des populations de lEurope dans le
peuplement du monde
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JACQUES EL ALAMI
HISTOIRE SECONDE S
Introduction
Depuis lAntiquit, il existe 3 principaux foyers de peuplement : lInde, la Chine
et lEurope. A partir du XVIe sicle, les Europens partent sur mer pour explorer
le monde et coloniser de nouvelles terres. Ces migrations ont t volontaires ou
forces (esclavage).
Au XVIIIe sicle, la situation dmographique de lEurope se modifie profondment. La population augmente fortement et les migrations reprennent avec une
grande ampleur. Ces mutations ont des consquences majeures sur le peuplement
du monde.
JACQUES EL ALAMI
HISTOIRE SECONDE S
Les familles ouvrires et paysannes imitent les familles riches et limitent les naissances pour ne pas diviser les patrimoines. A partir de 1882, lcole devient obligatoire jusqu 12 ans et les enfants ne sont plus une source de revenus pour les
familles. Cette stagnation dmographique oblige recourir limmigration. De
nombreux ouvrages sinquitent dune future dpopulation annonciatrice dun
inexorable dclin. En 1913, la veille de la guerre, le Parlement vote la loi des 3
ans qui augmente dune anne le service militaire.
JACQUES EL ALAMI
HISTOIRE SECONDE S
Conclusion
Au XVIII-XIXe sicle, une volution majeure se produit : le dpart massif des
Europens.
En ce dbut de XXIe sicle, une nouvelle tape de la mondialisation migratoire est
en marche. Les tats metteurs de flux de populations sont devenus rcepteurs.
Vocabulaire
tat metteur de flux : pays dont la population migre massivement.
tat rcepteur de flux : pays qui accueille des immigrants.
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HISTOIRE SECONDE S
PAUL MILAN
Chapitre 2
Llargissement du monde (XV-XVIe sicle)
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JACQUES EL ALAMI
HISTOIRE SECONDE S
Introduction
A la fin du XVe sicle, les Europens qui ont assimil les dcouvertes scientifiques
des Grecs, des Chinois et des Arabes, se lancent la dcouverte du monde. Ils
entrent ainsi en contact avec dautres civilisations. La premire mondialisation se
met en place.
HISTOIRE SECONDE S
JACQUES EL ALAMI
HISTOIRE SECONDE S
JACQUES EL ALAMI
HISTOIRE SECONDE S
Conclusion
A partir du XVe sicle, lEurope se lance la conqute du monde. Les nations europennes vont imposer toute la plante une domination conomique, politique
et culturelle qui va durer jusquaux annes 1960.
JACQUES EL ALAMI
HISTOIRE SECONDE S
PAUL MILAN
Chapitre 2
Les mutations des socits :
lexemple de la France
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JACQUES EL ALAMI
H ISTOIRE P REMIRE ES
Introduction
Entre 1850 et 1945, la France est passe dune socit agricole une socit industrielle. Les paysans deviennent des ouvriers. Les annes 1960 marquent lapoge
du secteur secondaire. A partir des annes 1970, la majorit des actifs travaillent
dans le secteur tertiaire. La manire de travailler volue rapidement et le temps
consacr au travail se rduit.
Enfin, la France est devenue un pays dimmigration.
JACQUES EL ALAMI
H ISTOIRE P REMIRE ES
H ISTOIRE P REMIRE ES
JACQUES EL ALAMI
H ISTOIRE P REMIRE ES
Les gouvernements luttent contre les arrives clandestines et font prvaloir limmigration choisie.
Ils lancent des politiques dintgration des trangers pour faciliter leur accs
lducation et la formation, lemploi, au logement... Mais ces politiques ont
des rsultats ingaux. Limmigration est devenue depuis les annes un enjeu politique. Lextrme-droite senracine dans le paysage politique en stigmatisant les
immigrs. Des meutes clatent dans des banlieues dfavorises et forte population immigre.
Conclusion
La France durant un sicle et demie est passe dune socit agricole une socit
post-industrielle o les salaris souvent trs qualifis fournissent des services.
Elle sest ouverte la mondialisation. La socit franaise est devenue multiculturelle et sest mtisse. Cependant, les volutions conomiques si elles ont permis
au pays de maintenir sa prosprit et son rayonnement international ont aussi
gnr une importante pauvret et dinquitantes ingalits socio-spatiales.
JACQUES EL ALAMI
H ISTOIRE P REMIRE ES
PAUL MILAN
Chapitre 2
Socialisme, communisme et syndicalisme en
Allemagne de 1875 nos jours
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5 Vocabulaire
JACQUES EL ALAMI
H ISTOIRE T ERM ES
Chronologie
Histoire politique de lAllemagne
1848 :
1870-1918 :
1918-1933 :
1933-1945 :
1945-1949 :
1949-1989 :
1990 :
En RFA
1949-1963 :
1949 :
1969 :
1969-1974 :
1974-1982 :
1982-1998 :
JACQUES EL ALAMI
H ISTOIRE T ERM ES
Introduction
Au XIXe sicle, lEurope fait sa rvolution industrielle. On assiste lessor sans
prcdent du capitalisme industriel. Mais ct de ceux qui dtiennent le capital, on trouve une classe ouvrire dont la vie est pnible et misrable. Lidologie
socialiste se dveloppe alors dans toute lEurope. Les socialistes veulent transformer la socit pour aller vers une plus grande justice. Ils utilisent pour cela,
laction politique et laction syndicale. A lorigine, le socialisme est inspir par
Karl Marx qui prne la rvolution. Peu peu, les socialistes allemands se dtournent du marxisme et de lobjectif rvolutionnaire. Ils optent pour une action
rformiste dautant plus que lexprience communiste en RDA se rvle tre un
chec cuisant.
JACQUES EL ALAMI
H ISTOIRE T ERM ES
H ISTOIRE T ERM ES
H ISTOIRE T ERM ES
pour enrayer cette hmorragie, la RDA difie le mur de Berlin. Pour montrer son
rejet du rgime, la population est-allemande adopte une attitude distante et indiffrente.
JACQUES EL ALAMI
H ISTOIRE T ERM ES
doit consacrer des sommes trs importantes (4 % du PIB tous les ans) pour moderniser la partie orientale. Lconomie, qui sest ouverte la mondialisation, subit la concurrence de lAsie. La comptitivit baisse, de nombreuses entreprises
se dlocalisent en Europe de lEst et le chmage augmente. Schroeder et Hartz
(DRH de Volkswagen) dvoilent lAgenda 2010 : ce sont des rformes librales
qui doivent relancer la croissance. Ltat baisse toutes les allocations (chmage,
maladie, maternit. . .) et il impose la flexibilit du travail. Les ouvriers et les organisations de gauche organisent des manifestations de protestation sans faire
cder le pouvoir.
En 2005, La CDU dirige par Angela MERCKEL arrive en tte aux lections lgislatives. Schroeder se retire mais Merckel est oblige de former une grande coalition (CDU-SPD). Cette cohabitation ne russit pas un SPD en pleine crise identitaire qui perd les lections de 2009 et qui se retrouve dans lopposition.
Il est aussi concurrenc sur sa gauche car le PDS et la gauche radicale ont form
un nouveau parti : Die Linke.
En 2013, Angela Merkel est reconduite chancellerie pour un troisime mandat ;
mais comme elle a besoin du SPD pour gouverner, elle accepte la cration dun
salaire minimum.
Conclusion
Au XIXe sicle, le SPD se forme pour dfendre les intrts du proltariat allemand.
Il devient rapidement une force politique et sociale de premier plan. Il est le premier rompre avec le marxisme et opter pour une action rformiste. Lchec de
la RDA lui donne raison.
Aujourdhui, il souffre comme tous les partis socialistes de la mondialisation. Les
marchs ont acquis un pouvoir suprieur celui des tats. La gauche allemande
doit faire un nouvel effort de rnovation.
JACQUES EL ALAMI
H ISTOIRE T ERM ES
VOCABULAIRE
5 Vocabulaire
Idologie : doctrine politique qui propose un systme complet et cohrent dexplication du monde.
Socialisme : doctrine qui critique la socit industrielle et ses ingalits. Les socialistes veulent crer une socit plus juste en supprimant la proprit des
moyens de production (terres, mines, usines). Les socialistes, tout en tant
marxistes, sont diviss entre rformistes et rvolutionnaires.
Socialisme marxiste (rvolutionnaire) : doctrine qui veut renverser la socit capitaliste par une rvolution violente. Les ouvriers instaureront alors la Dictature du Proltariat puis btiront une socit sans classes (le communisme).
Socialisme rformiste : mouvement qui veut transformer la socit capitaliste
par des voies lgales (lections) et non par une rvolution violente.
Certains socialistes (les rvisionnistes) remettent en cause la thorie marxiste de la rvolution inluctable et de la ncessaire destruction de la socit
bourgeoise.
Social-dmocratie : courant politique socialiste allemand qui prne une action
rformiste et qui soppose aux partisans dune action violente.
Parti bolchevik : parti politique fond par le russe Lnine qui prne une rvolution mene par un petit groupe de rvolutionnaires professionnels et dtermins. En Octobre 1917, les bolcheviks prennent le pouvoir en Russie. Ils
instaurent la dictature du proltariat et ils prennent le contrle de lconomie.
Parti communiste : organisation politique voulant mener une rvolution sur le
modle bolchevik.
JACQUES EL ALAMI
H ISTOIRE T ERM ES
PAUL MILAN
Chapitre 3
La Premire Guerre mondiale : lexprience
combattante dans une guerre totale
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2 La guerre totale
2.1 La mobilisation de tous . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
2.2 Une conomie de guerre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
2.3 Le contrle des esprits . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
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JACQUES EL ALAMI
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Chronologie
1914 :
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1916 :
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1917 :
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1917 :
1918 :
1918 :
Introduction
En 1914, lEurope domine le monde par sa puissance conomique et militaire. Les
tats europens se sont constitus dimmenses empires coloniaux en Afrique et
en Asie, empires qui leur fournissent des matires premires bas prix et des
dbouchs pour leurs produits industriels.
La guerre dans laquelle ils sengagent en 1914 va anantir cette suprmatie sur le
monde. Dautre part, les peuples europens vont dcouvrir la guerre totale avec
ses souffrances et ses horreurs.
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LA GUERRE TOTALE
aise revers. Contre toute attente, les Belges opposent une farouche rsistance.
Les Allemands repoussent lattaque franaise en Alsace et en Lorraine et ils envahissent le Nord de la France. Larme franaise manque de matriel lourd (canons, mitrailleuses. . .) car ltat-major pense que lenthousiasme du combattant
suffit pour lemporter. Les soldats franais subissent de graves revers (dfaite de
Charleroi, de Morhange. . .) et ils doivent replier malgr des pertes hallucinantes :
320 000 morts pour la seule anne 1914
dont 100 000 morts pour le seul mois dAot
et 27 000 pour la seule journe du 22 Aot Charleroi
De nombreux gnraux seront limogs (renvoys du front).
Les soldats allemands sont finalement battus la bataille de la Marne (6-9 Septembre 1914) par Joffre et Gallieni. A lest, les Allemands remportent sur les
Russes la victoire de Tannenberg.
Aucun camp na remport de victoire dcisive ; la guerre continue mais sous une
autre forme : la guerre de position.
Les soldats senterrent pour des annes dans des tranches. Rgulirement, ils
sont envoys attaquer des tranches ennemies. Ces attaques sont meurtrires et
surtout inutiles. Entre Fvrier et Dcembre 1916, les Allemands attaquent sans relche la ville de Verdun qui parvient rsister sous la direction du colonel Ptain.
La mme anne, les Franais et les Anglais attaquent sur la Somme. Les dfenses
allemandes malgr la prparation dartillerie sont intactes. Le premier jour, larme anglaise perd 8 000 hommes dans les 30 premires minutes de lattaque et
20 000 soldats en 24 heures. Il y aura aussi ce jour-l 40 000 blesss. La bataille de
la Somme (un million de morts de part et dautre) sera le plus grand massacre de
la Premire Guerre mondiale.
2 La guerre totale
2.1 La mobilisation de tous
La guerre devient totale car tous les citoyens doivent contribuer la victoire. Dans
le monde, 70 millions dhommes sont appels sous les drapeaux. Les puissances
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JACQUES EL ALAMI
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Conclusion
En 1918, la paix revient dans un continent en ruines. Les vainqueurs comme les
vaincus sont exsangues. Les hommes reviennent traumatiss et transforms par
cette exprience laquelle ils ntaient pas prpars.
LEurope a perdu sa domination sur le monde et ce sont les tats-Unis qui dominent dsormais la plante.
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Vocabulaire
Mobilisation : larme rappelle tous les hommes qui ont fait leur service militaire.
Guerre de mouvement : les soldats se dplacent et attaquent ladversaire.
Guerre de position : les soldats se combattent de tranche tranche.
Mutinerie : des soldats refusent dobir et de partir au combat.
Guerre totale : conflit qui mobilise toutes les nergies (soldats, civils, mdias)
dun tat pour la victoire.
Propagande : technique de communication destine cacher la ralit une population et lui faire accepter des sacrifices.
Front : lieu o les armes saffrontent
Arrire : zone situe loin du front
Union sacre : tous les partis politiques soutiennent leur gouvernement pour la
dure de la guerre et votent les crdits de guerre.
Armistice : arrt des combats.
Puissances centrales : lAllemagne et ses allis.
Entente : La France et ses allis.
"Poilu" : soldat des tranches qui na pas la possibilit de se laver.
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PAUL MILAN
Chapitre 3
Les hommes de la Renaissance (XV-XVIe sicle)
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2 La Renaissance artistique
2.1 Les dbuts de la Renaissance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
2.2 Une esthtique nouvelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
2.3 La conscration de lartiste . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
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JACQUES EL ALAMI
HISTOIRE SECONDE S
LHUMANISME
Introduction
A partir de la fin du XVe sicle, la Renaissance se dveloppe en Occident. LEurope de louest connat une triple transformation.
Tout dabord, une rvolution culturelle avec le dveloppement de lhumanisme,
Ensuite, une rvolution artistique avec lapparition en Italie dune nouvelle esthtique,
Enfin, une nouvelle fracture religieuse avec lapparition de la religion protestante.
1 Lhumanisme
1.1 La redcouverte de lAntiquit
Les glises romanes et gothiques apparaissent laides et tristes aux hommes du
XVIe sicle. En Italie, les rudits glorifient maintenant lAntiquit grco-latine.
Le pote Ptrarque rejetait dj la culture mdivale un sicle plus tt et il avait
organis les premires fouilles. Il reprochait aussi aux universits de commenter
des livres errons et il stait mis collectionner les manuscrits antiques. Il est le
"Pre des humanistes".
Les humanistes sont des intellectuels qui recherchent les manuscrits des auteurs
anciens (Socrate, Platon, Aristote, Cicron...). Ils tudient les langues orientales
(le grec, laramen lhbreu...). Pic de la Mirandole matrisait 10 langues.
Les humanistes refusent enfin la version officielle de la Bible : la Vulgate de StJrme.
Erasme publie une nouvelle traduction du Nouveau Testament partir du texte
grec. Les humanistes veulent traduire la Bible en langue populaire pour la mettre
la disposition de la population.
En 1523, Lefvre dEtaples traduit le Nouveau Testament en franais.
Les humanistes rclament une relation directe avec Dieu. Ils conseillent la lecture
rgulire de la Bible et ils dnoncent la vente des indulgences.
JACQUES EL ALAMI
HISTOIRE SECONDE S
LA RENAISSANCE ARTISTIQUE
Les humanistes sont protgs par les princes qui utilisent la culture pour augmenter leur renomme. Les grands seigneurs pratiquent le mcnat si bien que
les humanistes chappent la tutelle de lglise et de lUniversit.
Franois 1er cre le Collge des Lecteurs Royaux qui propose des cours dans
toutes les domaines. Il cre aussi le dpt lgal.
Les humanistes se mlent de politique et rvent de conseiller les princes.
Erasme rdige LInstitution du Prince Chrtien. Machiavel publie en 1513 Le Prince
et il le ddie Laurent le Magnifique (Mdicis) ; Il y fait lapologie de la raison
dtat et affirme que tous les moyens sont bons pour maintenir la grandeur du
Prince.
Cependant, la frquentation des princes peut se rvler dangereuse. Thomas More
est un humaniste anglais qui a crit Utopia (1516) o il imagine une socit idale.
Mais, il est aussi le chancelier dHenri VIII dAngleterre. Il refuse de se convertir
la religion protestante comme son souverain et il est alors excut (1535).
2 La Renaissance artistique
2.1 Les dbuts de la Renaissance
La Renaissance nat en Italie dans des cits-tats : Venise, Gnes, Florence...
Ces villes se sont enrichies par la banque ou le commerce avec lOrient.
Les marchands, les nobles et les princes se font mcnes et collectionneurs. Ils rivalisent pour attirer les meilleurs artistes et possder les plus belles uvres dart.
A Florence, (domine par la famille des Mdicis), les peintres Giotto et Masaccio
inventent une nouvelle manire de reprsenter lespace.
Venise brille de tous ses feux grce de grands peintres : Bellini, Carpaccio, Giorgione, Titien, Le Tintort, Veronse.
Au XVIe sicle, les papes lancent de grands projets artistiques pour augmenter le
rayonnement de Rome.
Raphal (1480-1520) dcore les appartements du pape.
Michel-Ange (1475-1564) ralise le tombeau de Jules II ; il achve la basilique StPierre-de-Rome commence par Bramante, il peint le plafond de la Chapelle Sixtine et sculpte la Pieta.
La Renaissance se diffuse dans toute lEurope et tous les souverains font venir
des grands artistes italiens.
A partir de 1498, la France se lance dans les guerres dItalie pour conqurir Milan
et Naples. Charles VIII, Louis XII et Franois 1er ne remportent aucun succs
durable mais ils dcouvrent la Renaissance et ils ramnent des uvres et des
artistes dans le Val de Loire.
Franois 1er accueille Lonard de Vinci Amboise, il linstalle au Clos-Luc et lui
achte la Joconde.
Franois 1er fait construire le chteau de Fontainebleau et il charge des Italiens
de la dcoration. Il fait aussi construire Chambord. Il fait dmolir le chteau du
Louvre et le remplace par un palais Renaissance daprs les plans de Pierre Lescot.
JACQUES EL ALAMI
HISTOIRE SECONDE S
HISTOIRE SECONDE S
le salut ne dpend pas des uvres ou de laction des hommes mais de Dieu,
lcriture sainte compte avant tout, il faut lire la Bible tous les jours,
la messe est remplace par des chants et des lectures,
il faut travailler la gloire de Dieu,
le pasteur peut se marier,
les crmonies ne doit pas tre luxueuses.
JACQUES EL ALAMI
HISTOIRE SECONDE S
Rome invente enfin lart baroque : on construit des glises splendides et on organise des crmonies magnifiques pour retenir les fidles qui seraient tents par la
religion protestante.
Conclusion
Avec lhumanisme et la Renaissance, lEurope acquiert un rayonnement mondial.
Cependant, les humanistes sans le vouloir ont fait clater lunit religieuse de
lEurope occidentale.
Avec ldit de Nantes, les ides de tolrance et de lacisation de la politique se
rpandent considrablement.
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Chapitre 4
La SDN de lespoir limpuissance
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4 La faillite de la SDN
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LE BILAN DE LA GUERRE
Chronologie
1918 :
1919 :
1919 :
1921 :
1925 :
1926 :
1928 :
1929 :
1933 :
1933 :
1946 :
Introduction
En 1919, lEurope sort affaiblie matriellement et moralement du premier conflit
mondial. Les populations traumatises esprent que la Grande Guerre sera la
"Der des der". Tous les pacifistes esprent que la nouvelle Socit des Nations saura
viter un nouveau carnage. Mais la paix namne aucune rconciliation et les
tats dont les ambitions ont t dues se prparent un nouveau conflit.
1 Le bilan de la guerre
1.1 Une hcatombe humaine
La guerre est dabord une catastrophe humaine. Plus de 9 millions de personnes
ont pri. A ces morts, il faut ajouter les blesss, les mutils et les personnes mortes
de privations. La France a perdu 1,4 million dhommes (25 % des hommes entre
20 et 30 ans) ; il y a 1,1 million dinvalides, 600 000 veuves et 700 000 orphelins.
A ces morts sajoutent 90 000 victimes de la "grippe espagnole". La natalit sest
effondre. La France doit faire venir des immigrs (Italiens, Polonais) pour mener
bien sa reconstruction.
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LA FAILLITE DE LA SDN
Cependant, la SDN est, ds le dbut, une organisation faible car elle ne possde
pas darme pour faire appliquer ses dcisions. Dautre part, les tats-Unis nen
font pas partie car le Snat amricain domin par les isolationnistes refuse de
ratifier le trait de Versailles et de garantir la paix conclue par Wilson.
4 La faillite de la SDN
Le 24 Octobre 1929, la bourse de Wall Street seffondre et une crise conomique
frappe toute la plante. Pour rgler leurs problmes intrieurs, des tats mnent
une politique extrieure agressive. Le Japon attaque la Mandchourie (chinoise)
pour semparer de ses richesses minires. Il quitte la SDN.
En 1933, Hitler devient chancelier avec un programme de rarmement. Il quitte
la SDN. Cest la fin de lesprit de Genve.
En 1935, le dictateur italien Benito Mussolini attaque lEthiopie. Il est condamn
par la SDN mais il reoit le soutien dHitler.
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LA FAILLITE DE LA SDN
Conclusion
Malgr ses insuffisances, la SDN a tent de pacifier les relations internationales et
dviter le retour de la guerre. Mais, en 1939, lorsque Hitler attaque la Pologne,
lEurope plonge dans la Seconde Guerre mondiale. La SDN na pas pu viter cela.
Cependant, les idaux de paix et de scurit collective seront raffirms en 1945
par lONU.
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Chapitre 4
Les tats-Unis er le monde depuis les
"14 points" du prsident Wilson
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Chronologie
1912 :
1917 :
1918 :
1920 :
1924 :
1929 :
1932 :
1940 :
1941 :
1945 :
1947 :
lection de Reagan
Disparition de lURSS
Guerre du Golfe et libration du Kowet
Attentats du 11 Septembre
Attaque de lAfghanistan
Attaque de lIrak
Dbut de la crise immobilire, bancaire et conomique
Election de Barack Obama (rlu en 2012)
Introduction
Durant la priode qui stend de lindpendance du pays (1783) aux annes 1890,
les Amricains se concentrent sur la conqute de leur territoire. Ils mnent de
longues guerres contre les Amrindiens. Les Etats-Unis ont une attitude isolationniste : ils ne soccupent pas des affaires de lEurope et refusent que les Europens
soccupent de "lhmisphre occidental" (du continent amricain).
Cette doctrine dite en 1823 est appele "doctrine Monroe". Cependant, malgr le
discours isolationniste, les tats-Unis chassent par la force les Espagnols de Cuba
et des Philippines.
Une premire rupture se produit en 1917 quand le pays dclare la guerre lEmpire allemand. A partir de 1941, les tats-Unis sengagent dfinitivement dans
une politique extrieure interventionniste.
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JACQUES EL ALAMI
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Au plan politique, ils simpliquent dans la rorganisation des relations internationales en crant avec leurs allis de la guerre, lONU. Harry Truman qui succde
Roosevelt (mort en 1945 pendant son quatrime mandat) renonce dfinitivement
lisolationnisme. Il renforce les attributions de la C.I.A. (agence despionnage).
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Les annes 1990 sont une nouvelle priode dge dor pour les tats-Unis. Le
monde qui tait bipolaire est devenu unipolaire. Les tats-Unis sont mme qualifis d"hyperpuissance" (Hubert Vdrine) car ils sont dominants dans tous les domaines : arme, conomie, finance, technologie, culture . . .
En 1991, lIrak dirig par Saddam Hussein attaque le Kowet. Le Conseil de scurit de lONU autorise lemploi de la force. Les tats-Unis prennent la tte dune
coalition internationale qui libre lmirat. Le prsident G.H. Bush promet dinstaurer un nouvel ordre international fond sur le droit. Les tats-Unis se comportent en "gendarme du monde" et simpliquent dans la rsolution de toutes les
crises : en ex-Yougoslavie, au Proche-Orient (signature en 1993 des accords dOslo
par Arafat et Rabin).
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Conclusion
Le XXe sicle, est le sicle o les tats-Unis simpliquent politiquement et militairement dans les affaires du monde. Aprs un retour lisolationnisme en
1920, les Amricains sengagent en 1945 dfendre leurs allis. Aprs la victoire
sur lURSS en 1990, les Etats-Unis sengagent dans des politiques hasardeuses et
connaissent un certain affaiblissement. Barack Obama, partir de 2008, rduit les
dpenses militaires mais surtout redfinit les priorits (prsence accrue dans le
Pacifique face la Chine).
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Chapitre 5
Les rgimes totalitaires dans lentre-deux
guerres
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Chronologie
Russie-URSS
Lnine au pouvoir
1917 :
1917 :
Abandon de la NEP
Premier plan quinquennal et priorit lindustrie lourde (acier. . .).
Collectivisation des terres et massacre des Koulaks (paysans aiss).
Famine dUkraine.
Lancement du mouvement stakhanoviste.
Dictature et terreur
1930 :
1932 :
1933 :
1934 :
1936-38 :
1937 :
Italie
Mussolini
1919 :
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1929 :
1938 :
Allemagne
La Rpublique de Weimar (1919-1933)
1918 :
1918 :
1919 :
1919 :
1920 :
1923 :
1923 :
1923 :
1929 :
1932 :
1934 :
1936 :
Introduction
La Premire Guerre mondiale a ravag le continent europen. Des millions dhommes
sont morts, des rgions entires sont ravages. Les civils et les soldats sont traumatiss par le dchanement de la violence. La paix de 1919 ne suscite que colre
et rancurs en Europe. La dstabilisation des socits et la faiblesse des rgimes
dmocratiques permet des hommes rsolus de prendre le pouvoir dans certains
pays et dinstaller des rgimes totalitaires (Russie, Italie, Allemagne). Ces dictatures dun type nouveau prparent un nouveau conflit et les dmocraties seront
incapables de contrecarrer leurs plans.
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2.2 En URSS
Staline met fin la NEP. Il veut acclrer le dveloppement conomique pour faire
de lURSS une puissance industrielle capable de se dfendre contre une attaque
extrieure. Il impose la planification de lconomie. Un bureau, le GOSPLAN,
labore des plans quinquennaux (5 ans) qui fixent les secteurs dvelopper et les
quantits atteindre. Cette planification est obligatoire. Ltat donne la priorit
lindustrie lourde et il sacrifie lagriculture et les industries de consommation. On
construit des usines gantes en Sibrie : les combinats . Pour payer les usines,
Staline veut obliger les paysans renoncer la proprit prive des terres et se
regrouper dans des coopratives (les "Kolkhozes"). Les paysans refusent, rsistent
et abattent massivement le btail. Staline dclare la guerre aux "koulaks" (paysans
aiss). Les paysans sont massacrs ou dports en Sibrie dans des camps de
travail (les "goulags"). Pour briser la rsistance de lUkraine, Staline organise une
terrible famine qui tue 5 millions de personnes.
La population des villes augmente rapidement. Les ouvriers ont des conditions
de vie difficiles. Ils ont de trs bas salaires, sont pays la pice et habitent dans
des appartements communautaires. Pour les inciter travailler, ltat dveloppe
l"mulation socialiste" : les plus productifs reoivent des mdailles et leur nom est
inscrit sur le "tableau dhonneur" de lusine. La propagande vante les mrite du mineur Stakhanov qui bat des records de production. Cest le dbut du mouvement
"stakhanoviste".
2.3 En Allemagne
Hitler lui aussi prend le contrle de lconomie et lance des grands travaux but
militaire (autoroutes. . .). Il cre lentreprise Volkswagen pour offrir une voiture
chaque ouvrier et linciter produire plus. Ltat rtablit le service militaire et il
cre une nouvelle arme. Le chmage disparat avec le rarmement. Hitler passe
de grandes commandes aux industriels (sidrurgie, chimie). Il cre une marine
de guerre avec des sous-marins et surtout une nouvelle aviation. Les nouvelles
armes (chars, avions) qui ont t prpares en secret dans les annes 1920 sont
produites en srie. Comme lItalie, Hitler pratique une politique dautarcie. Il limite les importations et fait fabriquer des "erstz" (produits de remplacement).
Pour viter les sorties dor, lAllemagne passe des accords de troc avec ses voisins : des machines contre du bl ou des matires premires. Les ouvriers ont des
salaires mdiocres, mais ils ne protestent car la police est omniprsente et aussi
car ltat accorde de nombreux avantages sociaux (loisirs. . .).
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(Allemagne). Il existe partout des lieux de dtention pour les opposants : les les
Lipari (Italie), les camps de concentration (Allemagne), les goulags (URSS). Cependant, la terreur na pas partout la mme ampleur. Mussolini na jamais mis
en place de terreur de masse et les lois raciales quil promulgue en 1938, sont
peu appliques. Hitler sattaque principalement aux Juifs et aux opposants. Les
Allemands qui ne sopposent pas aux nazis ne sont pas inquits.
En revanche, Staline fait de la terreur de masse un moyen quotidien de gouvernement. Il a massacr les paysans qui sopposaient sa politique. Le Parti communiste organise rgulirement des purges : des militants, des citoyens ordinaires
sont arrts du jour au lendemain et dports.
Sa politique de dveloppement ne donnant pas les rsultats escompts, Staline essuie des critiques. A partir de 1934, sa violence sexerce lgard des membres du
Parti. Des bolcheviks historiques, compagnons de Lnine (Zinoviev, Kamenev,
Boukharine. . .), sont arrts et jugs pour haute trahison ou sabotage des plans
quinquennaux. Durant les Procs de Moscou (1936-1938), les accuss qui ont t
longuement torturs avouent des crimes quils nont pas commis. En 1937, la terreur sabat sur larme et des milliers dofficiers sont excuts.
Conclusion
La dstabilisation des socits et les difficults conomiques permettent des partis politiques antidmocratiques de prendre le pouvoir. Mussolini, Staline, Hitler
mettent en place des tats totalitaires fonds sur la propagande et la terreur. La
dmocratie recule en Europe entre les deux guerres.
Cependant, Le nazisme et le communisme sont condamns se combattre. La
Seconde Guerre mondiale amnera leffondrement du fascisme et du nazisme.
Par contre, le communisme, qui a opr un changement dalliances partir de
1941, figurera parmi les vainqueurs et se maintiendra jusquen 1991.
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Chapitre 5
La Chine et le monde depuis 1949
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Chronologie
La priode maoste (1949-1976)
Politique intrieure
1950 :
1951 :
1958-61 :
1951 :
1961-64 :
1966-69 :
1976 :
Politique trangre
1950 :
1950-53 :
1960 :
1969 :
1971 :
1971 :
1972 :
Depuis 1976
1978 :
1979 :
1984 :
1989 :
1992 :
1997 :
1997 :
2001 :
2008 :
2010 :
2013 :
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Le rveil nationaliste
La Premire Guerre mondiale va servir les intrts chinois. La tutelle trangre
se rduit. Les entreprises europennes dlaissent le march chinois. Une industrie nationale se dveloppe sous la direction dune bourgeoisie nationaliste qui
demande la fin des traits ingaux et un tat fort sur le modle occidental.
Le Japon, alli de lEntente (France, Royaume-Uni) a profit de la guerre pour
occuper le Shandong. Le gouvernement chinois entre en guerre en 1917 aux cts
des Allis pour faire valoir ses droits et trouver des appuis contre le dangereux
voisin japonais qui veut obtenir toujours plus davantages (les "21 demandes").
Mais, lors de la confrence de la Paix, le Shandong est confi au Japon.
Cette dcision provoque la colre de la jeunesse chinoise et le "mouvement patriotique du 4 Mai 1919". Dans toutes les villes, les jeunes organisent des manifestations. Ils rejettent les traditions ancestrales (abandon du confucianisme) et
appellent une occidentalisation rapide du pays. Devant lampleur de la rvolte,
le gouvernement chinois refuse de signer le Trait de Versailles. Mais, si les traits ingaux ne sont pas abolis, il rcupre tout de mme le Shandong grce au
soutien des Etats-Unis qui sinquitent des ambitions japonaises en Asie.
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Durant les annes 1920, deux partis politiques dominent la vie politique et proposent leurs solutions pour rtablir la puissance chinoise.
Le "Guomindang" (GMD), nationaliste, est dirig par Sun Yat-Sen puis par un officier Chiang Kai-Shek. Il veut rtablir lautorit de ltat sur les seigneurs de la
guerre.
Le Parti communiste chinois (PCC) n en 1921 veut crer un rgime sur le modle
sovitique.
Le GMD a nou des relations avec Moscou et le Komintern ordonne aux communistes de soutenir le GMD. Chiang Kai-Shek reprend le contrle dune partie du
pays et il fait abolir les traits ingaux. Il recherche lappui de la bourgeoisie et
des pays occidentaux qui sinquitent de la monte du PCC.
La guerre civile
En 1927, Chiang Kai-Shek massacre ses anciens allis communistes. Cest le dbut
de la guerre civile entre nationalistes et communistes (dirigs dsormais par Mao
Zdong). Chiang Kai-Shek lance 5 campagnes militaires pour craser les communistes. Ces derniers fuient vers les montagnes et parcourent 12 000 km le plus
souvent pied : cest la "Longue Marche". Mao a perdu lessentiel de ses troupes
mais la Seconde Guerre mondiale va servir ses projets.
En 1931, le Japon profite des dsordres en Chine pour occuper la Mandchourie
quil transforme en un empire, le "Mandchoukouo", dirig par le dernier empereur
chinois Pou-Yi. Puis, partir de 1937, Tokyo se lance dans la conqute systmatique de la Chine littorale. Les troupes japonaises se livrent de terribles violences
sur les populations civiles. Elles massacrent en 1937 des dizaines de milliers de
personnes Nankin. En 1941, le gouvernement japonais lance la politique des
"Trois Tout" : "Tue Tout, Brle Tout, Pille Tout".
Chiang Kai-Shek est contraint de cesser le combat contre Mao et de sallier avec
lui contre lenvahisseur. La Chine, qui reoit une importante aide militaire de la
part des allis mne une rsistance farouche contre les Japonais. Elle est admise
au sein des Allis. Les communistes et les nationalistes librent seuls une grande
partie du territoire. Le GMD signe avec les Allis lacte de capitulation du Japon
le 2 Septembre 1945. La Chine devient membre permanent du Conseil de lONU
avec un droit de veto. Elle obtient la fin des concessions trangres (sauf HongKong et Macao).
La guerre civile reprend entre les deux frres ennemis. Le rgime de Chiang KaiShek est min par la corruption tandis que les communistes de Mao font figure de
patriotes en raison de leurs victoires sur les Japonais. Ils ont le soutien des paysans car dans les zones quils occupent, ils ont procd des rformes agraires.
Malgr laide militaire des tats-Unis, Chiang Kai-Shek est vaincu et il se rfugie Tawan. Mao proclame le 1er Octobre 1949 la naissance de la Rpublique
Populaire de Chine (RPC). Chiang Kai-Shek reste le chef dune autre rpublique
de Chine qui est arme et protge par les tats-Unis et qui occupe le sige de la
Chine au Conseil de scurit.
JACQUES EL ALAMI
H ISTOIRE T ERM ES
Introduction
En 1949, les communistes chinois dirigs par Mao prennent dfinitivement le
pouvoir en Chine continentale. La tche du nouveau pouvoir est immense. En
raison de la longue guerre civile et de lagression japonaise, lconomie est exsangue alors que la croissance dmographique demeure forte. Dautre part, avec
la guerre froide, lAsie se divise en deux blocs.
lextrieur, la politique de Mao consiste rtablir la puissance de la Chine en
Asie. A lintrieur, il tente (avec beaucoup moins de succs) de construire une
conomie et une socit socialistes.
Aprs sa mort, ses successeurs font le choix du capitalisme en conomie tout
en conservant le monopole du pouvoir. La Chine se dveloppe alors de faon
spectaculaire et elle devient un ple de la mondialisation.
H ISTOIRE T ERM ES
Staline mort, il se considre comme le seul dpositaire de la puret rvolutionnaire et il devient le leader anti-imprialiste et anti-occidental par excellence.
La Chine soutient la lutte des peuples coloniss pour lindpendance, elle participe la confrence de Bandung (1955) et la cration du mouvement des nonaligns.
En 1960, lURSS rappelle ses conseillers et en 1962, elle met fin son aide conomique. Mao oriente sa propagande en direction du tiers-monde.
Dans le domaine conomique, la Chine se lance dans un dveloppement autonome. Mao qui veut combler trs vite le retard industriel chinois, lance le "Grand
Bond en Avant" (1958). Pour russir, il compte sur lnorme rservoir de main
duvre que compte la Chine (600 millions dhabitants) . Il lance la mobilisation
des "forces productives caches". La population est mobilise par une propagande
pousse jusqu lhystrie. Les Chinois sont regroups dans 25 000 units gantes
(les communes populaires) o la vie familiale et prive est proscrite. Les repas
sont pris en commun dans des cantines collectives, les enfants vivent dans des
garderies et les adultes sont regroups dans des quipes de travail.
Ltat impose des objectifs de croissance irralistes et oblige les paysans fabriquer de lacier. Les paysans doivent dlaisser les cultures et alimenter nuit et jour
des fours traditionnels. En Occident, Mao est adul par lextrme-gauche (due
par lURSS). Mais, en Chine, le Grand Bond se termine par un dsastre conomique et humain ; des dizaines de millions de Chinois sont tus par la famine.
Devant cet chec retentissant, Mao doit se retirer. Liu Shaoqi (prsident de la rpublique) et Deng Xiao-Ping reviennent au ralisme. Ils mettent en sommeil les
communes populaires, autorisent nouveau les lopins individuels pour relancer
la production alimentaire. Cest la "NEP chinoise". La vie familiale est nouveau
autorise.
Pour reconqurir le pouvoir, Mao lance la "Grande Rvolution Culturelle Proltarienne". Il fait porter lchec du Grand Bond sur les cadres du Parti et de ltat et il
les accuse dtres devenus des "droitiers" (contre-rvolutionnaires). Il lance contre
ses adversaires les jeunes (les "hritiers de la rvolution"). Les jeunes ouvriers et tudiants forment des "gardes rouges" et sillonnent le pays en terrorisant les cadres du
Parti et de ltat ; de nombreux professeurs sont battus mort par leurs lves et
tudiants.
Liu Shaoqi meurt de privations en prison et Deng Xiao-Ping est envoy dans
un camp de "rducation". Les ouvriers et les tudiants finissent par se battre en
eux si bien quen 1969, Mao fait alors intervenir larme pour rtablir lordre. La
Rvolution culturelle se termine. Tous les jeunes qui ont particip aux violences
sont envoys se rduquer dans les provinces dshrites de lintrieur du
pays.
H ISTOIRE T ERM ES
JACQUES EL ALAMI
H ISTOIRE T ERM ES
Conclusion
Aprs une longue priode de dcadence, la Chine commence son redressement
politique avec le rgime communiste. Cependant, la priode maoste est un traumatisme social et conomique sans prcdent dans lhistoire du pays. Deng XiaoPing rtablit le capitalisme et le pays entre dans une dynamique de dveloppement. Mais, le modle de croissance utilis depuis 1979 donne des signes dessoufflement. Dautre part, la population, si elle apprcie la politique du nouveau
dirigeant rclame toujours linstauration dune dmocratie vritable et dun tat
de droit.
JACQUES EL ALAMI
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PAUL MILAN
Chapitre 6
La Seconde Guerre mondiale
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JACQUES EL ALAMI
H ISTOIRE P REMIRE ES
Chronologie
La marche la guerre
1932 :
1934 :
1935 :
1935 :
1936 :
1936 :
1937 :
1938 :
1938 :
1939 :
1939 :
1939 :
JACQUES EL ALAMI
H ISTOIRE P REMIRE ES
1939 :
1941 :
1942 :
1942 :
1945 :
Introduction
La crise conomique mondiale qui commence en 1929 a de graves rpercussions
sur les relations internationales. LAllemagne, lItalie et le Japon renoncent agir
dans le cadre de la SDN et mnent des politiques agressives.
Les dmocraties (France, Royaume-Uni) sorties traumatises de la Grande Guerre
sont incapables de faire respecter lordre quelles ont impos en 1919-1920. Les
agressions de lAllemagne et du Japon aboutissent au retour de la guerre.
La Seconde Guerre mondiale dpasse en horreur tout ce que lhumanit connaissait. Ce nest plus une guerre conventionnelle. Cest une guerre idologique et
une guerre danantissement (bombardements atomiques. . .). Des crimes de masse
sont perptrs contre les civils.
H ISTOIRE P REMIRE ES
Le 10 Mai 1940, Hitler attaque larme franaise dmoralise par 8 mois de "drle
de guerre". En 6 semaines, la France est vaincue et elle signe larmistice. Une occupation de quatre ans commence.
Hitler veut obliger lAngleterre dirige par Churchill signer la paix. Pour cela,
il bombarde le pays : cest la "Bataille dAngleterre". Les Anglais sauvent leur existence grce au radar, au courage de leurs pilotes et laide des tats-Unis.
Le 21 juin 1941, Hitler attaque lURSS. Son arme remporte dimportants succs
mais elle choue en plein hiver devant Moscou. Il change dobjectif et se dirige
vers le sud, vers Stalingrad.
Le 7 Dcembre 1941, en pleine paix, les Japonais bombardent la base amricaine
de Pearl Harbor. Les tats-Unis dclarent la guerre lAxe. La guerre est devenue
mondiale.
JACQUES EL ALAMI
H ISTOIRE P REMIRE ES
JACQUES EL ALAMI
H ISTOIRE P REMIRE ES
3.3 Lextermination
Elle commence avec lattaque de lURSS en 1941 . Les soldats allemands sont suivis par des units de SS (les "Einsatzgruppen") qui massacrent les communistes et
surtout les Juifs. Les victimes sont tues par balles et enterres dans dimmenses
fosses communes (la "Shoah par balles"). En Septembre 1941, en deux jours, les
nazis et leurs suppltifs locaux massacrent 33 000 personnes Babi Yar.
Des milliers de Juifs, rafls dans toute lEurope, sont dports dans des camps de
concentration grs par la SS. Les plus valides servent de main duvre gratuite
pour les entreprises allemandes.
En Janvier 1942, la Confrence de Wannsee dcide de planifier le massacre de
tous les Juifs dEurope. Ce programme est baptis la "Solution Finale".
Les nazis construisent des camps dextermination en Pologne (Treblinka, Sobibor,
Auchwitz-Birkenau. . .) qui possdent des chambres gaz. Les Juifs des ghettos
sont gazs ds leur arrive. En 1943, les derniers Juifs du Ghetto de Varsovie
refusent la dportation et se battent jusquau dernier.
Prs de 6 millions de Juifs (60 % des Juifs dEurope) et 240 000 Tziganes sont ainsi
assassins.
Les Allis taient au courant de ces crimes. La papaut galement. Ont-ils fait
tous leurs efforts pour y mettre fin ? Le dbat continue encore aujourdhui.
Cependant, des milliers de Juifs ont eu la vie sauve grce laction courageuse de
citoyens ordinaires qui ont risqu leur vie et celle de leur famille pour les sauver.
Le diplomate sudois Raoul Wallenberg a sauv 200 000 Juifs hongrois en leur
accordant des passeports sudois. Ces personnes portent le titre de "Justes parmi
les nations".
JACQUES EL ALAMI
H ISTOIRE P REMIRE ES
4.3 La dmocratisation
Les Allis entendent rduquer les Allemands et susciter une prise de conscience.
La population est contrainte de visiter les camps de concentration et de participer
parfois lenterrement de victimes.
La vie politique reprend.
JACQUES EL ALAMI
H ISTOIRE P REMIRE ES
A lest, Staline impose aux socialistes et aux communistes de former un seul parti,
le SED qui devient parti unique.
A louest, les liberts politiques sont rtablies ; les partis politiques se reforment :
le SPD (socialiste), la CDU (droite). Des lections municipales sont organises et
elles voient la victoire de la CDU dirige par le charismatique Konrad Adenauer.
Avec la guerre froide, la situation change compltement. Staline dclenche le blocus de Berlin. La rpression des crimes du pass passe au second plan. En 1949,
Les 3 zones occidentales de lAllemagne fusionnent et une nouvelle monnaie (le
Deutsche Mark) est mise en circulation. La mme anne, deux tats allemands
se forment (la RFA et la RDA) et une constitution est rdige en Allemagne de
lOuest.
Conclusion
En 1945, lEurope est un continent ravag par les combats et les bombardements.
La crise morale est aussi trs profonde car deux guerres mondiales ont ravag le
continent en 31 ans et les pires crimes y ont t commis. LEurope nest un acteur
majeur des relations internationales. Le monde est domin par les tats-Unis et
lURSS qui vont imposer un nouvel ordre international.
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PAUL MILAN
Chapitre 6
Le Proche et le Moyen-Orient, un foyer de
conflits depuis la fin de la Premire Guerre
mondiale
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JACQUES EL ALAMI
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Chronologie
Le Proche et le Moyen-Orient dans les relations internationales
1916 :
1920 :
1923 :
1924 :
1942 :
1945 :
1956 :
1973 :
1975-90 :
1979 :
1979 :
1980-88 :
1991 :
2003 :
2011 :
2014 :
Accords Sykes-Picot
Signature du Trait de Svres qui dmembre lEmpire ottoman
Signature du trait de Lausanne avec la Turquie kmaliste
Mustapha Kmal abolit le califat
Dfaite allemande El Alamein (Egypte)
Naissance de la Ligue arabe
Le prsident gyptien Nasser nationalise le canal de Suez
Premier choc ptrolier
Guerre civile libanaise
Rvolution islamique en Iran
Second choc ptrolier
Guerre Irak-Iran
Premire guerre dIrak (libration du Koweit)
Deuxime guerre dIrak (renversement de Saddam Husssein)
Rvolutions dans le monde arabe
Les Etats-Unis vacuent lIrak
Le conflit isralo-arabe
1917 :
1936-39 :
1947 :
1948 :
1948-49 :
1956 :
1964 :
1967 :
1970 :
1973 :
1978 :
1982 :
1987 :
1993 :
2000 :
2004 :
2007 :
2008 :
2011 :
2011 :
2014 :
Dclaration Balfour
Grande rvolte des Arabes de Palestine
LONU partage la Palestine en deux Etats.
Naissance de lEtat dIsral
Premire guerre isralo-arabe
Crise de Suez et second conflit isralo-arabe
Cration de lOrganisation de Libration de la Palestine (OLP)
"Guerre des Six-jours" entre Isral et les Etats arabes
LOLP est expulse de Jordanie
"Guerre de Kippour" entre LEgypte, la Syrie et Isral
Accords de paix de Camp David entre Sadate et Begin
Isral attaque le Liban pour en chasser lOLP
Premire "Intifada"
Signature des Accords dOslo.
Seconde "Intifada"
Mort dArafat
Le Hamas prend le pouvoir Gaza divisant la direction palestinienne
Barack Obama lu la Maison Blanche
La Palestine obtient le statut de "pays observateur" lONU
Eclosion des "Printemps arabes"
Seconde attaque isralienne contre Gaza
JACQUES EL ALAMI
H ISTOIRE T ERM ES
Introduction
La rgion du Proche et du Moyen-Orient stend de la mer Mditerrane lIran.
Cette rgion a toujours jou un rle majeur dans lhistoire de lhumanit. Cest
dans cette rgion quest ne la rvolution du nolithique. Cest aussi dans ces
contres que sont nes les trois grandes religions monothistes (le judasme, le
christianisme et lislam). Cette rgion possde aussi des passages stratgiques
(le canal de Suez). Enfin, avec le dveloppement de la socit industrielle, les
grandes puissances ont trs tt convoit les normes ressources ptrolires de
la rgion. Depuis la fin de la Premire Guerre mondiale, les conflits dchirent les
pays du Proche et du Moyen-Orient. Cette zone demeure la rgion la plus instable
de la plante.
H ISTOIRE T ERM ES
dun tat unitaire. Ils expriment leur colre et leur indignation et se heurtent partout une forte rpression. Les rvoltes sont nombreuses : en Irak (1921), en Syrie
et au Liban (1925), en Palestine (1936-1939). . . Partout, les Europens sappuient
sur les minorits : chrtiens maronites du Liban, musulmans alaouites (chiites)
de Syrie. . .
Les Occidentaux se lancent dans lexploitation du ptrole notamment en Irak.
Leurs entreprises forment un cartel surnomm les "Sept Soeurs" qui domine toute
la production de la rgion partir de la signature des accords dAchnacarry
(1928).
Le Royaume-Uni accorde lindpendance lIrak (qui entre la SDN) puis
lgypte (tout en maintenant ses troupes dans la zones du canal).
Durant la Seconde Guerre mondiale, Le Proche et le Moyen-Orient sont un enjeu
majeur. Les Anglais et les Sovitiques occupent lIran. Hitler envoie une arme
(lAfrika korps) qui aprs de nombreux succs est battue en gypte El Alamein
(1942)
JACQUES EL ALAMI
H ISTOIRE T ERM ES
H ISTOIRE T ERM ES
(le wahabisme en Arabie saoudite) ou une forme rvolutionnaire (les Frres musulmans gyptiens qui veulent renverser un pouvoir corrompu). Lislamisme se
dveloppe dans les annes 1970. Les islamistes acquirent une grande audience
car ils dnoncent la misre, la dictature, la corruption et labsence de dveloppement. Ils dnoncent lOccident et ses valeurs et affirment dfendre la culture
arabo-islamique.
En 1979, lIran (chiite) connat une rvolution. Limam Khomeiny renverse le Shah
et instaure une rpublique islamique o le pouvoir est confisqu par le clerg. Le
rgime se renforce quand lIrak attaque lIran.
En 1979, lURSS envahit lAfghanistan et des "moudjahidins" (combattants) affluent de tout le monde musulman pour combattre le communisme athe. Les
"Djihadistes" simpliquent dans tous les conflits de libration nationale (naissance
du "Hamas" palestinien) et ils sont soutenus financirement par les ptromonarchies du Golfe Persique.
H ISTOIRE T ERM ES
Conclusion
A partir de 1918, les Occidentaux prennent le contrle de la rgion du Proche et
du Moyen-Orient. Ils font passer leurs intrts conomiques et stratgiques avant
les aspirations lgitimes des populations locales. Durant la guerre froide,
JACQUES EL ALAMI
H ISTOIRE T ERM ES
JACQUES EL ALAMI
H ISTOIRE T ERM ES
PAUL MILAN
Chapitre 7
Gouverner la France depuis 1946
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2 LEtat gaullien
2.1 La constitution de la Ve Rpublique . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
2.2 Une puissance publique son apoge . . . . . . . . . . . . . . . . .
2.3 Lirruption de la crise conomique . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
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Chronologie
Histoire politique
1946-1958 : IVe Rpublique en France
1958 :
Election de De Gaulle la prsidence et dbut de la Vme Rpublique
1962 :
Rferendum sur llection du prsident de la Rpublique au suffrage
universel
1969-1974 : Prsidence de Georges Pompidou
1974-1981 : Prsidence de Valry Giscard DEstaing
1981-1995 : Prsidence de Franois Mitterrand (premire alternance politique)
1986-1988 : Premire cohabitation
1993-1995 : Seconde cohabitation
1995 :
Election de Jacques Chirac
1995-2002 : Troisime cohabitation
2000 :
Loi sur la parit
2000 :
Instauration du quinquennat
2002 :
Jacques Chirac rlu contre Jean-Marie Le Pen
2007 :
Election de Nicolas Sarkozy
2008 :
Rforme constitutionnelle qui renforce les pouvoirs du Parlement
2011 :
Le Snat passe gauche pour la premire fois depuis 1958
2012 :
Election de Franois Hollande
tat et administration
1945 :
1945 :
1945 :
1946 :
1947 :
1963 :
1967 :
1982 :
1986 :
1988 :
2003 :
JACQUES EL ALAMI
H ISTOIRE T ERM ES
Introduction
En France, ltat a prcd la nation. La France a toujours t dirige par un tat
fort. Tous les rgimes qui se sont succds depuis le Moyen ge (la monarchie
captienne, Napolon. . .) ont constamment renforc les pouvoirs de ltat et de
ladministration. Aprs la Libration, les comptences de ltat augmentent encore de faon importante. Puis, avec la Ve Rpublique, ltat devient tout-puissant
et le prsident agit comme un "monarque rpublicain". Cependant, partir des annes 1970, en raison de la dcentralisation, de lintgration europenne et de la
mondialisation, ltat franais commence saffaiblir.
JACQUES EL ALAMI
H ISTOIRE T ERM ES
LETAT GAULLIEN
2 LEtat gaullien
2.1 La constitution de la Ve Rpublique
Le 13 mai 1958, la population dAlger se rvolte contre le gouvernement de Paris.
Larme impose le retour de De Gaulle pour empcher lindpendance de lAlgrie. Lhomme du 18 juin fait rdiger une nouvelle constitution qui respecte les
principes rpublicains mais qui renforce considrablement les pouvoirs de lexcutif et de son chef. Le pouvoir lgislatif est troitement contrl par lexcutif
qui fixe la dure des sessions et lordre du jour des assembles. Le prsident est
qualifi de "monarque rpublicain" ; il est chef des armes et matre absolu de la politique trangre. Il a le droit de dissoudre lAssemble nationale et de consulter
le peuple par rfrendum. En 1962, De Gaulle gagne un rfrendum qui prvoit
llection du prsident au suffrage universel.
Les parlementaires sont lus au scrutin majoritaire uninominal deux tours, ce
qui donne au prsident des majorits stables et disciplines.
H ISTOIRE T ERM ES
nouvelles. . .). Andr Malraux lance de grands chantiers culturels : cration des
MJC, rnovation des quartiers historiques (le Marais Paris).
Durant cette priode, les hauts fonctionnaires et les "technocrates" jouent un rle
essentiel. Ces experts diplms des grandes coles font partie des cabinets des ministres et appliquent les dcisions des hommes politiques (Paul Delouvrier chef
de la DATAR). Souvent, ils se prsentent aux lections et entament des carrires
politiques (Giscard dEstaing, Jacques Chirac, Laurent Fabius. . .).
H ISTOIRE T ERM ES
ptences : construction et entretien des tablissements scolaires, construction dautoroutes, distribution des aides sociales (RSA. . .).
En 2003, une nouvelle vague de dcentralisation se produit et le principe de la
dcentralisation est inscrit dans la constitution.
Les pouvoirs de ltat sont aussi amoindris par lintgration europenne. En 1993,
le march commun est remplac par un march unique et les questions majeures
(le droit de la concurrence, les taux de TVA...) sont dsormais traites par la Commission europenne ou par la Cour Europenne de Justice. En 1992, le trait de
Maastricht prvoit la cration dune monnaie europenne et depuis cette date,
leuro est gr par la Banque Centrale Europenne qui est totalement indpendante des gouvernements. Une grande partie du travail des parlementaires franais consiste transcrire dans le droit franais les directives europennes.
La crise conomique et financire de 2008 accentue cette tendance car les 28 renforcent la coordination des politiques conomiques et budgtaires. La commission europenne dispose dsormais dun droit de regard sur les budgets des tats
et elle empite sur les prrogatives des Parlements.
Conclusion
La tradition dun Etat fort est fortement enracine dans la culture franaise. Depuis 1945, la population a accept une importante fiscalit pour conserver des
services publics de qualit. Cependant, les partenaires de la France (Allemagne)
pour rtablir leur comptitivit et rduire leur endettement ont fortement rduit
les avantages sociaux et le primtre de lEtat. Devant la crise des finances et de
lconomie, les dirigeants franais, quelle que soit leur couleur politique, pourront difficilement chapper des dcisions impopulaires.
JACQUES EL ALAMI
H ISTOIRE T ERM ES
PAUL MILAN
Chapitre 7
LONU et le nouvel ordre international
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2 La naissance de lONU
2.1 La gense du projet . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
2.2 Lorganisation de lONU . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
2.3 Laction de lONU . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
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JACQUES EL ALAMI
H ISTOIRE P REMIRE ES
LE BILAN DE LA GUERRE
Introduction
La Socit des Nations (SDN) a t incapable dempcher la guerre. En 1945, les
vainqueurs imposent un nouvel ordre mondial et ils crent lONU pour assurer
la scurit collective. Cependant, malgr une organisation plus efficace, laction
de lONU reste difficile.
1 Le bilan de la guerre
1.1 Une hcatombe humaine
Plus de 50 millions de personnes sont mortes en Europe et en Asie. La majorit
de ces victimes ne sont pas mortes au combat. Il sagit dabord de prisonniers de
guerre que lon a laiss mourir de faim ou que lon a forc travailler jusqu la
mort. Il sagit surtout de civils qui ont t tus comme otages, qui sont morts dans
les bombardements (Londres, Dresde, Hiroshima. . .), ou qui nont pas support
les immenses privations lies la guerre. Enfin, des millions de personnes (Juifs,
Tziganes, rsistants...) sont mortes en dportation et dans les camps dextermination.
JACQUES EL ALAMI
H ISTOIRE P REMIRE ES
LA NAISSANCE DE LONU
2 La naissance de lONU
2.1 La gense du projet
Le prsident Roosevelt, disciple de Wilson, reprend son projet de scurit collective. Il soppose ds le dbut au nazisme et il dclare que les Etats-Unis seront
"larsenal des dmocraties". Il soutient la Grande-Bretagne pendant la Bataille dAngleterre et il signe en Aot 1941 avec Churchill la "Charte de lAtlantique" qui prvoit la libration des pays occups par lAxe et la restauration de la dmocratie.
La charte veut aussi crer un nouvel ordre international fond sur la paix et la scurit. A Yalta, Staline accepte de faire partie de lONU. Une confrence se runit
San Francisco et la Charte des Nations Unies est signe par 51 tats le 26 Juin
1945.
H ISTOIRE P REMIRE ES
LA NAISSANCE DE LONU
Cependant, lONU dpend des grandes puissances qui financent ses oprations
et qui fournissent les casques bleus. Tous les pays membres lui refusent le droit
de singrer dans leurs affaires intrieures.
Conclusion
La fondation de lONU est un pas important pour prserver la paix et promouvoir
le dveloppement conomique. Cependant, les Amricains et les Sovitiques vont
rapidement sopposer dans la guerre froide et ils vont paralyser le Conseil de
scurit. Laction de lONU en faveur de la paix va devenir plus difficile. Mais,
lorganisation continuera mener des missions majeures dans le domaine de la
sant, de lducation, de lalimentation et de la culture.
JACQUES EL ALAMI
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PAUL MILAN
Chapitre 8
La guerre froide (1947-1991)
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3 La dtente
3.1 De nouvelles relations entre les deux grands . . . . . . . . . . . . .
3.2 Les ralisations de la dtente . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
3.3 Les limites de la dtente . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
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JACQUES EL ALAMI
H ISTOIRE P REMIRE ES
Chronologie
La guerre froide (1947-1962)
1947 :
1948-49 :
1949 :
1949 :
1949 :
1950-53 :
1953 :
1953 :
1955 :
1956 :
1956 :
1961 :
1962 :
Plan Marshall
Blocus de Berlin
Naissance de lOTAN
Naissance des deux Allemagnes (RFA et RDA)
Victoire des communistes en Chine sous la direction de Mao
Guerre de Core
LArme rouge crase la rvolte ouvrire de Berlin-Est
Mort de Staline. Khrouchtchev au pouvoir
Naissance du Pacte de Varsovie
Khrouchtchev lance la dstalinisation
LURSS crase la rvolte de la Hongrie
Construction du Mur de Berlin
Crise de Cuba
La dtente (1962-1975)
1964 :
1964-73 :
1969 :
1972 :
1972 :
1975 :
JACQUES EL ALAMI
H ISTOIRE P REMIRE ES
Introduction
Aprs avoir vaincu ensemble lAllemagne nazie et le Japon, les tats-Unis et
lURSS vont sengager dans une confrontation politique appele la guerre froide.
Ce conflit est dabord politique et militaire. Il est aussi idologique car deux modles saffrontent : dun ct la dmocratie librale et lconomie de march, de
lautre le modle communiste o lconomie est tatise et le pouvoir est confisqu par un seul parti. La guerre froide commence par une priode de graves
tensions. Puis, partir de 1962, les deux camps sengagent dans une longue priode de dtente. Dans les annes 1980, le conflit reprend jusqu leffondrement
final de lURSS en 1991.
H ISTOIRE P REMIRE ES
Les deux blocs se dotent de structures conomiques ; les pays communistes forment
le Comit dAssistance conomique Mutuelle (CAEM) tandis que les pays dEurope de louest forment lOECE (Organisation Europenne de Coopration conomique) pour se rpartir largent du Plan Marshall.
En 1949, les tats-Unis, le Canada et 10 pays europens forment lAlliance atlantique qui se dote dune organisation militaire intgre : lOTAN (Organisation
du Trait de lAtlantique Nord). La mme anne, lURSS fait exploser sa premire bombe atomique. Une confrontation directe entre les deux supergrands devient impossible ("guerre impossible, paix improbable" dira le politologue Raymond
Aron). Les tats-Unis et lURSS saffronteront donc par allis interposs.
2.2 En Asie
Le communisme remporte dimportants succs en Asie. En Chine, la guerre civile oppose les communistes dirigs Mao Zedong et les nationalistes de Chiang
Kai-Shek. En 1949, Mao bat son rival (qui sinstalle Tawan) et il proclame la
Rpublique Populaire de Chine (allie de lURSS).
Au Vietnam, le Vietminh, dirig par le communiste H Chi Minh combat le colonisateur franais. En 1954, larme franaise est battue Dien Bien Phu. La France
quitte le Vietnam qui est divis en deux Etats : le Nord-vietnam communiste et le
Sud-vietnam pro-amricain.
En 1950, la Core du Nord, communiste, attaque la Core du Sud aligne sur
les tats-Unis. Le Conseil de Scurit de lONU autorise lutilisation de la force et
larme amricaine intervient. La Chine envoie son arme pour dfendre la Core
du Nord. Au bout de 3 ans dun conflit meurtrier, larmistice de 1953 restaure les
frontires de 1950.
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LA DTENTE
premier satellite artificiel (le "Spoutnik" en 1957), envoi du premier homme dans
lespace (Youri Gagarine en 1961).
Khrouchtchev veut renoncer la terreur comme mode de gouvernement. Au XXe
congrs du PCUS (1956), il dnonce les crimes de Staline : cest la dstalinisation.
Il ouvre le Goulag et libre un million de "Zeks". Khrouchtchev veut aussi rduire les investissements dans lindustrie lourde pour dvelopper les industries
de consommation et amliorer la vie quotidienne des Sovitiques.
Cependant, Khrouchtchev entend maintenir le systme sovitique : les camps de
travail ne sont pas supprims et le Parti garde son rle dirigeant. Il nentend pas
non plus laisser les pays de lEst de lEurope quitter le bloc communiste. En 1956,
il crase dans le sang la rvolte de la Hongrie qui voulait quitter le bloc communiste. En 1961, pour mettre fin lexode des Allemands de lEst vers lOuest, il
autorise la RDA construire un mur Berlin.
En 1962, il tente dinstaller des missiles dans lle de Cuba, dirige par Fidel Castro. La raction trs ferme du prsident Kennedy oblige lURSS faire machine
arrire. Deux ans plus tard, il est vinc du pouvoir par la Nomenklatura et remplac par Brejnev.
3 La dtente
3.1 De nouvelles relations entre les deux grands
Les deux puissances tirent les leons de la crise de Cuba. Une guerre nuclaire
mnera la destruction des deux adversaires. De plus, la course aux armements
est ruineuse pour les finances des deux camps. A partir de 1963, une ligne directe (le "tlphone rouge") est mise en place entre les deux capitales pour rgler les
crises. Des sommets sont organiss de faon rgulire.
Moscou et Washington ont aussi choisi de sengager sur le chemin de la dtente
car chacun rencontre des difficults internes. La jeunesse amricaine se dtourne
de la socit de consommation (mouvement "hippie", festival de Woodstock. . .)
et elle dnonce la guerre du Vietnam. En URSS, une opposition se dveloppe
dans les milieux intellectuels. Des personnalits mondialement connues comme
le physicien Andri Sakharov et les crivains Boris Pasternak et Alexandre Soljenitsyne entrent en dissidence et dnoncent la dictature communiste. Ils sont
enferms au Goulag ou dans des hpitaux psychiatriques.
La Chine qui a rompu avec lURSS propose un modle communiste concurrent
de lURSS.
La comptition sera pacifique : conomique (lURSS veut atteindre et dpasser le
niveau de vie amricain), scientifique (un Amricain marche sur la Lune en 1969)
et surtout sportive (chasse aux mdailles olympiques).
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des traits o elle reconnat les frontires instaures en 1945. En 1973, la RFA et la
RDA entrent lONU.
En 1975, LURSS, les tats-Unis, le Canada et 32 pays europens signent les accords dHelsinki : ils sengagent respecter les frontires, dvelopper la coopration et respecter les droits de lhomme et la dmocratie.
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LURSS, ruine par son effort militaire, est incapable de relever le dfi lanc par
Reagan. Le niveau de vie de la population baisse et les pnuries saggravent. En
1985, Gorbatchev devient chef du pays et il dcide de mettre fin la guerre froide
pour sauver le systme communiste. Son programme se rsume en deux mots
dordres :
la "glasnost" : (transparence) qui rduit la censure et autorise la libre expression,
la "perestroka" (restructuration) qui veut rformer lconomie selon les principes de lconomie de march.
Les deux grands rduisent leurs dpenses militaires et cessent de soutenir les
mouvements arms dans le monde. En 1987, ils signent le trait de Washington
qui prvoit la disparition de tous les euromissiles. En 1991, le trait START rduit
le nombre des missiles intercontinentaux.
Conclusion
La guerre froide se termine par la disparition du communisme et de lURSS. En
voulant assouplir le systme sovitique, Gorbatchev a provoqu sa chute. Certains historiens estiment que le XXe sicle a dur de 1914 1991. Le monde de
laprs-guerre froide est domin par une seule puissance, les Etats-Unis. Cependant, ce monde reste instable et la fin des blocs fait surgir de nouvelles menaces.
Additifs
Guerre froide : affrontement indirect et toujours limit entre les Etats-Unis et
lURSS.
Dmocratie librale : dmocratie qui se fonde sur le respect de la souverainet
populaire et des liberts individuelles les plus larges possibles.
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PAUL MILAN
Chapitre 8
Le projet dune Europe politique depuis 1948
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Chronologie
1948 :
1949 :
1950 :
1951 :
1954 :
1957 :
1962 :
1968 :
1973 :
1974 :
1979 :
1981 :
1985 :
1986 :
1986 :
1990 :
1992 :
1995 :
1999 :
2004 :
2005 :
2007 :
2007 :
2008 :
2013 :
Congrs de La Haye
Cration du Conseil de lEurope
Le Conseil de lEurope publie la Convention Europnnne des droits de
lHomme.
Cration de la CECA
Echec de la CED
Naissance de la CEE (Europe des 6)
Cration de la PAC
Lunion douanire est ralise
Europe des 9
Cration du Conseil europen
Election du Parlement europen au suffrage universel
Europe des 10
Signature des Accords de Schengen
Europe des 12
Signature de lActe Unique Europen
Runification allemande
Signature du trait de Maastricht
Europe des 15
Naissance de leuro
Europe des 25
Echec du trait constitutionnel europen
Europe des 27
Trait de Lisbonne
Dbut de la crise financire
Europe des 28
JACQUES EL ALAMI
H ISTOIRE T ERM ES
Introduction
En 1918, lEurope sort exsangue du premier conflit mondial. Plus de 11 millions
de personnes ont perdu la vie. Des voix slvent pour demander une rconciliation entre la France et lAllemagne. Mais, la paix de Versailles, trs dure pour
les vaincus, namne aucune rconciliation. A partir de 1945, les Europens de
lOuest sengagent dans une dmarche de rconciliation et dunion. Cependant,
la construction europenne demeure une entreprise difficile tant les tats ont des
cultures diffrentes et des intrts divergents.
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JACQUES EL ALAMI
H ISTOIRE T ERM ES
JACQUES EL ALAMI
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Conclusion
A partir de 1948, les Etats europens ont dcid de sunir pour la paix, la dmocratie et le progrs conomique et social. LEurope unie est le modle le plus
abouti dintgration rgionale et elle sert de modle dautres continents (Mercosur). Cependant, depuis la fin de la guerre froide et le dbut de la globalisation,
le projet europen est en crise. Pour repartir de lavant, les Etats doivent dfinir
une nouvelle stratgie de croissance conomique et surtout renouer le dialogue
avec les peuples du continent.
JACQUES EL ALAMI
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