L'islamophobie Et Ses Conséquences Pour Les Jeunes
L'islamophobie Et Ses Conséquences Pour Les Jeunes
L'islamophobie Et Ses Conséquences Pour Les Jeunes
12:23 Page 2
Le séminaire sur l'islamophobie et ses conséquences pour les jeunes devait contribuer
à la lutte contre l'islamophobie en favorisant une identification des actions politiques L'islamophobie
et ses conséquences pour les jeunes
et éducatives. Son but était d'encourager à accroître la compréhension et le respect
de la diversité confessionnelle parmi les jeunes en Europe.
ISBN 92-871-5673-5
Rapport du séminaire
Ingrid Ramberg
Version anglaise : Islamophobia and its Consequences on Young People – Seminar
Report
Les opinions exprimées dans cette publication sont sous la responsabilité de leurs
auteurs et ne reflètent pas forcément le point de vue du Conseil de l’Europe, de ses
Etats membres, de la Commission européenne contre le racisme et l’intolérance ou
du Conseil consultatif pour la jeunesse.
Tout droit réservé. Aucune partie de cette publication ne peut être reproduite ou
transmise sous quelque forme ou par quelque moyen que ce soit, électronique (CD-
Rom, Internet, etc.) ou mécanique, y compris la photocopie, l’enregistrement et tout
système de stockage ou d’extraction de données, sans l’autorisation écrite préalable
du Conseil de l’Europe (Direction de la communication et de la recherche, Division
des publications).
isbn 92-871-5725-1
© Conseil de l’Europe, 2005
Imprimé en Hongrie
Sommaire
5
implications en France et dans d’autres pays, et la candidature de la
Turquie à l’adhésion européenne, ont mis en évidence une certaine
gêne à accepter et à gérer la diversité culturelle et religieuse en
Europe. Cela renvoie de toute évidence à l’Europe elle-même – et
à ce que l’on peut appeler une « identité européenne ». Mais nous
savons que tout débat sur « l’Autre » est avant tout un débat sur
nous-mêmes. L’idée que ce « nous » puisse également inclure, par
exemple, les musulmans, les juifs, les sikhs et les rastafaris, est si
souvent écartée qu’il est facile de considérer ces derniers comme
faisant partie des « autres » – sans lesquels « nous » n’aurions pas
beaucoup de sens.
L’islamophobie peut se définir comme la peur, ou une vision
altérée par des préjugés, de l’islam, des musulmans et des questions
en rapport. L’islamophobie n’est pas un nouveau phénomène.
Cependant, force est de constater qu’aujourd’hui de nombreuses
communautés musulmanes en Europe sont confrontées à un
environnement de plus en plus hostile à leur égard, fait de
suspicion, de préjugés profondément enracinés et d’ignorance et,
dans certains cas, de harcèlement physique et verbal. Qu’elle se
traduise par des actes quotidiens de racisme et de discrimination ou
des manifestations plus violentes, l’islamophobie est une violation
des droits de l’homme et une menace pour la cohésion sociale. Et,
visiblement, les jeunes ne sont pas épargnés. Les jeunes hommes et
les jeunes femmes sont directement affectés quand ils deviennent la
cible d’attaques et de violences islamophobes. Mais, et c’est tout aussi
important, ils sont également concernés par la montée générale de la
discrimination et de la xénophobie, actives ou passives. A cet égard,
l’islamophobie est une menace pour nos sociétés et les valeurs des
droits de l’homme, pour la démocratie pluraliste et l’appréciation de
la diversité en tant que richesse.
Le séminaire a prouvé que l’islamophobie n’était pas un
phénomène marginal ; il est enraciné dans d’autres formes de
préjugés raciaux et de discrimination. Il a également montré de
façon exemplaire que l’islamophobie ne pouvait être analysée ou
traitée hors du contexte global du racisme et de la discrimination
en Europe, dans leurs expressions anciennes et nouvelles. Partant,
il convient de prendre en considération, par exemple, le regain
troublant d’attaques antisémites, les manifestations persistantes
6
de « romanophobie » (discrimination à l’égard des Roms) et
la ségrégation des communautés roms. L’islamophobie n’est
pas que le problème des musulmans, tout comme il n’existe
pas de discrimination plus ou moins grave : pour la victime, la
discrimination est toujours synonyme de privation de dignité et
d’une humiliation inacceptable.
Le séminaire a été fécond en partage d’expériences et de réalités.
Les exemples de bonnes pratiques et de projets, par le biais desquels
les jeunes s’engagent à faire de la diversité culturelle plus qu’un mot
à la mode, ont été particulièrement intéressants et inspirants. Cela
étant, les activités et les projets des jeunes, seuls, ne peuvent faire front
aux dangers de la peur irrationnelle et de la haine ; les institutions
et les politiques publiques ont à ce titre un rôle important à jouer.
Les recommandations découlant de ce séminaire contiennent des
suggestions et des orientations précieuses d’actions et de politiques
aux plans local et national. Leur but est d’abord de nous inspirer et
de nous rappeler que nous sommes tous responsables de nos actes et
de nos échecs. Et, dans ce contexte, peu importe que les questions
trouvent ou pas une réponse immédiate et consensuelle.
Remerciements
Toute activité sur le racisme, l’islamophobie, la romaphobie
et l’antisémitisme est synonyme de débats passionnés et de
controverses. Rester clairvoyant et participer en préservant son
objectivité, pour ensuite rendre compte des discussions, est un
exercice qui requiert beaucoup d’habileté et de talent. Ingrid Ramberg
s’est illustrée en la matière d’une façon très personnelle et sincère,
tout en restant crédible et digne de confiance face aux participants.
Nous la remercions de ne pas avoir renoncé devant les difficultés
inhérentes à sa tâche.
Nous voulons également remercier le groupe préparatoire du
séminaire, les volontaires engagés et leurs organisations, autrement
dit tous ceux qui ont préparé le programme et su maintenir le cap
qui avait été fixé :
Michael Privot, Forum des Organisations de jeunes et d’étudiants
musulmans européens ;
7
Kélig Puyet, Forum européen de la jeunesse ;
Alexandra Raykova, Forum des jeunes Roms d’Europe ;
Mariam Yassin (Jeunes femmes des minorités), Conseil consultatif
pour la jeunesse ;
Sarah Eberle, stagiaire au Centre européen de la Jeunesse de
Budapest.
8
Avant-propos
Par le Rapporteur général
9
Conclusions
Par le Rapporteur général
10
Construire l’avenir des individus et de la société
11
était important de ne pas prendre les perceptions de la majorité pour
la réalité. L’unité de la conception européenne du « Moi », cite-t-il
en exemple, s’est forgée en contraste avec un « Autre musulman »
construit. Les images sont bien évidemment teintée par leurs
contextes historiques, mais elles nous en disent bien plus sur la
majorité que sur la minorité.
Les représentations islamophobes de l’islam ou des musulmans
étant les créations de la majorité (comme le sont les représentations
hostiles aux Roms et les représentations antisémites des juifs),
la minorité ne peut être tenue responsable de leur contenu. Pas
plus qu’elle ne porte la responsabilité que s’opère un changement
à ce propos. Dans une relation caractérisée par un déséquilibre
des pouvoirs, il est tout simplement impossible d’espérer que le
changement soit généré par les plus faibles. La responsabilité en
incombe aux coupables, pas aux victimes.
Cela peut paraître évident. Pourtant, des positions inverses se
sont exprimées durant les discussions en atelier. L’un des groupes a
ainsi écrit qu’il considérait les musulmans en partie responsable de
la situation, faute d’être capables de projeter une image juste d’eux-
mêmes. Il est probablement vrai que, du côté des musulmans, plus
pourrait être fait concernant la façon dont ils se présentent. Ou dont
ils sont présentés. Mais il s’agit là d’un autre débat qui ne doit en
aucune façon servir à excuser la discrimination : un acte blâmable
n’en justifie jamais un autre.
La fonction du séminaire, qui réunissait uniquement des
représentants de minorités, n’était pas d’entrer dans un dialogue
avec un interlocuteur absent. Il s’agissait de permettre aux
participants de partager et de comparer leurs expériences et, sur cette
base, d’examiner les possibilités de promouvoir la compréhension, le
respect et le dialogue. L’occasion a aussi été donnée aux personnes
présentes d’avoir le sentiment de faire partie d’une normalité
incontestée et d’en retirer une grande force.
12
Une peur irraisonnée – ou exploitée de façon
stratégique ?
13
Des questions étroitement liées qui permettent de
mieux comprendre chacune
14
des droits de ce groupe. Mais protéger les droits d’une minorité
ne doit jamais se faire au risque de la priver du droit de prendre
sa place dans la société dominante.
15
Les dimensions de cette diversité ont été mises en évidence tout
au long du séminaire. Une exploration de la diversité régionale,
décrite et discutée par les participants, a servi de cadre à un premier
atelier. Huit groupes se sont réunis pour partager leurs expériences
de régions particulières. Leurs rapports précisent la taille des
groupes minoritaires et exposent l’histoire de l’évolution sociétale
(dont l’histoire des migrations et le développement économique), de
même que les fondements philosophiques des différents Etats.
La diversité des expériences et des cadres ne se prête pas à des
généralisations faciles. Concernant la Pologne, par exemple, où vit
une communauté musulmane relativement réduite, a été soulevé le
problème de son invisibilité dans la société ; les convertis y trouvent
difficilement des personnes qui non seulement partagent leur
croyance mais aussi leur langue. En Turquie, avec des musulmans en
majorité absolue, la discrimination est très à l’ordre du jour compte
tenu de la nature laïque de l’Etat.
Les constats d’autres explorations de la diversité européenne ont été
livrés dans les différentes présentations. Vincent Geisser, notamment,
a examiné dans le détail la situation propre à quatre pays : Royaume-
Uni, Pays-Bas, Espagne et France. Ces quatre exemples lui ont permis
d’élaborer la thèse selon laquelle « au sein de l’Union européenne,
nous avons tous peur de l’islam, mais pas forcément pour les mêmes
raisons ni de la même manière », pour reprendre ses termes.
16
Une analyse de la recherche internationale sur le racisme et la
xénophobie (Ethnic discrimination and social identity, conduite par les
psychosociologues suédois Lange & Westin en 1981, pourtant encore
très pertinente faute d’être très récente) combine les découvertes et
les théories de différentes disciplines scientifiques et suggère trois
facteurs, capitaux dans la survenue ou le développement du racisme
et de la xénophobie : 1) l’inégale répartition des ressources et du
pouvoir dans la société ; 2) le contact insuffisant entre les groupes
ethniques et ; 3) le manque d’estime de soi chez les individus. Ces
facteurs, individuellement ou combinés, influent sur les processus
sociétaux.
Une autre étude récente sur l’islamophobie et l’antisémitisme,
menée en Suède (Forum för levande historia, octobre 2004), a tenté
de cerner les caractéristiques clés communes aux jeunes tolérants/
intolérants en Suède. Les résultats montrent que les jeunes garçons
sont plus intolérants et que l’intolérance est plus fréquente dans
certains types de familles : celles possédant un faible niveau
d’instruction, celles vivant dans les zones moins urbanisées et celles
dont les membres sont tous suédois de naissance. L’étude met en
évidence peu de différence entre les attitudes à l’égard des musulmans
et à l’égard des juifs (pas d’effet post-11 septembre marqué). La
majorité des jeunes sont positifs dans leurs attitudes ; un sur vingt
affiche néanmoins des attitudes notablement intolérantes et un sur
quatre se dit indécis.
Ces deux exemples, choisis parmi un nombre incalculable d’études,
démontrent clairement que « le manque d’informations » n’est pas
la source des problèmes que nous rencontrons et que, partant, les
« campagnes d’information » ne sont pas la réponse appropriée.
Le contenu et les méthodes de travail du séminaire suggèrent
également une réponse plus complexe à une situation qui implique
très profondément les perceptions de soi et des autres, de même que
les conditions de vie réelles de chacun.
17
société ? Et comment promouvoir la coexistence et le dialogue ?
Ces questions étaient au cœur de la présentation de François
Sant’Angelo, membre suppléant de la Commission européenne
contre le racisme et l’intolérance (ecri), qui a donné un aperçu des
normes et des instruments développés par le Conseil de l’Europe
pour lutter contre l’islamophobie – en mettant l’accent sur les
mesures prises par l’ecri dans ce domaine.
Le programme prévoyait que les participants explorent les actions
politiques et éducatives visant à accroître la compréhension et le respect de
la diversité religieuse. L’une des façons très pratiques de promouvoir
l’action contre l’islamophobie au plan national est de faire usage
des rapports de suivi et des recommandations de politique générale
produits par l’ecri, mécanisme indépendant de monitoring
international composé d’experts indépendants (qui fait autorité
dans le domaine des droits de l’homme).
Le Réseau des centres européens de jeunesse est bien évident
une autre ressource précieuse en la matière. Ces structures
permettent aux jeunes de se rencontrer et d’interagir, et favorisent
l’effet multiplicateur grâce à la production de documentation et
l’accompagnement à la mise en réseau. Depuis deux ans, un autre
outil est disponible : Repères – le manuel pour la pratique de l’éducation
aux droits de l’homme avec les jeunes. L’expérience considérable investie
dans ce manuel en fait un puits de sagesse, que ce soit pour une
aide immédiate ponctuelle ou une réflexion plus approfondie. En
abordant le thème des droits de l’homme sous l’angle de la religion
(non traité par Repères de façon indépendante), les participants
pourraient même contribuer utilement au développement dudit
outil pédagogique.
La conception globale du processus éducatif qui caractérise
les activités des centres européens de jeunesse ne se résume pas à
la simple diffusion de faits et de chiffres. Elle consiste à toucher
réellement les individus concernés, à les faire se rencontrer et
interagir. Et elle entend mettre en lumière non seulement les
symptômes, mais aussi les vrais problèmes de la société.
18
La diversité : un préalable à la cohésion
19
dont les origines sont multiples : « La nouvelle Europe est aussi
de plus en plus influencée par l’islam, non seulement du fait des
régions de culture essentiellement musulmane... , mais aussi par
suite de l’immigration en provenance du monde islamique en
général. »
20
laïque ou religieux : il y a le principe belge du pluralisme, le
principe français de la laïcité. Et, fondamentalement, la Turquie
musulmane est un état laïque.
21
égaux dans la paix et la dignité. L’islamophobie, comme l’a souligné
Mme Gabriella Battaini-Dragoni dans son discours d’ouverture, est
une violation des droits de l’homme et une menace pour la cohésion
sociale.
Comme dans toutes les activités qui se déroulent au Centre
européen de la Jeunesse de Budapest, les jeunes étaient au cœur de ce
séminaire. Les jeunes devraient avoir le droit à une identité (le droit
de s’épanouir dans une atmosphère de confiance), le droit à une
appartenance (le droit de ne pas s’entendre dire de « rentrer chez
eux ») et le droit à avoir foi en l’avenir (et donc le droit à l’éducation,
à des opportunités d’emploi, à la stabilité et à la sécurité). Tous ces
droits sont contenus dans la Charte internationale des droits de
l’homme, mais ils ne sont pas pour autant protégés : il faut se battre
pour ces droits et les défendre.
Je n’oublierai jamais les mots de Mme Oksana Chelysheva,
de Russie, à l’occasion d’une pause. Cette personne travaille à la
construction d’un dialogue russe-tchétchène basé sur la confiance
mutuelle. L’entreprise est plutôt risquée, alors les conseils et les
mises en garde affluent : « Tu as une fille, ne fais pas ça ! » « Mais
ils ne comprennent pas », m’a-t-elle dit. « C’est précisément pour
ma fille que je dois m’engager ! Je dois penser au monde dans lequel
j’aimerais la voir vivre ! »
Dans le sens de ces propos, Mme Gabriella Battaini-Dragoni a fait
observer que la meilleure façon de protéger nos droits est de défendre
ceux des autres.
Cette vision est reprise dans une note de Repères. Permettez-moi
pour terminer de citer les mots du pasteur Martin Niemoller :
22
Contexte et objectifs du séminaire
De la lettre d’invitation
Objectifs
w Examiner le concept d’islamophobie et son importance en
Europe aujourd’hui ;
w Procéder à un échange de vues et à une analyse des réalités et
des manifestations de l’islamophobie et de la discrimination
23
auxquelles sont confrontés les jeunes musulmans dans les Etats
membres du Conseil de l’Europe ;
w Examiner les perceptions et les manifestations de l’islamophobie
dans les sociétés actuelles ;
w Collecter des exemples de bonnes pratiques en matière
de lutte contre les préjugés et de promotion des relations
intercommunautaires et de la coopération interconfessionnelle
avec les jeunes ;
w Identifier des critères de bonnes pratiques pour les activités
interculturelles et interconfessionnelles avec la jeunesse ;
w Identifier des stratégies et des approches pour prévenir
l’islamophobie et ses conséquences sur les jeunes ;
w Examiner des formes similaires de discrimination et d’intolérance
raciale impliquant les jeunes, comme l’antisémitisme, le racisme
à l’encontre des Roms et des minorités visibles ;
w Sensibiliser et mobiliser les institutions et les organisations
oeuvrant contre la discrimination autour de la lutte contre
l’islamophobie ;
w Proposer des actions politiques et éducatives visant à accroître la
compréhension et le respect de la diversité religieuse parmi les
jeunes en Europe ;
w Promouvoir la coopération entre les jeunes musulmans et les
autres jeunes et les organisations de jeunesse confessionnelles en
Europe ;
w Explorer la réalité locale à Budapest en rapport avec le thème du
séminaire.
(Conformément aux termes de l’invitation)
24
Ce seminaire est une première étape, pas un aboutissement.
Ensemble, vous allez faire des propositions qui auront du sens et des
implications politiques. Vous allez aussi réfléchir aux objectifs et aux
méthodes en termes éducatifs. A cette fin, nous avons structuré le
séminaire autour de trois phases :
w Notre sujet – examen du thème et de la terminologie afférente ;
w A quoi ressemble la réalité – échange d’expériences ;
w A partir de là, où allons-nous ? – identification et suggestion de
bonnes pratiques.
M. Rui Gomes,
Administrateur chargé du programme et de la formation,
cejb
25
Discours introductif
Mme Gabriella Battaini-Dragoni
Directrice générale de l’Education, Culture, Patrimoine,
Jeunesse et Sport du Conseil de l’Europe
26
la lutte contre le terrorisme. Amnesty International nous rappelait
ainsi dans son rapport 2004 qu’il n’y avait pas de sécurité durable
envisageable sans respect des droits de l’homme.
Vous ne le savez que trop bien, les jeunes sont directement
concernés par ces phénomènes. Les jeunes musulmans sont au cœur
des débats, autour du hijab (le voile islamique) notamment. Quant
aux jeunes en général, ils devraient être impliqués dans la prévention
de l’islamophobie et le maintien des valeurs de respect de la diversité
culturelle et religieuse, de l’égalité et de la non-discrimination.
C’était le raisonnement sous-jacent de la campagne de jeunesse
contre le racisme et l’intolérance « Tous différents, tous égaux », et
cela reste l’objectif du Programme jeunesse d’éducation aux droits de
l’homme. C’est là, à mon avis, la valeur et le sens de ce séminaire :
associer les jeunes à la lutte pour l’égalité et les droits de l’homme, et
contre toutes les formes de discrimination.
Je suis en outre heureuse de constater que vous n’allez pas étudier
la question de l’islamophobie de façon isolée, mais replacée dans le
contexte plus large du racisme et de la discrimination, dans leurs
expressions anciennes et nouvelles, en tenant compte notamment
du regain troublant d’attaques antisémites, des formes persistantes
de romanophobie et de la ségrégation des communautés Roms. Ce
n’est donc pas un séminaire sur l’islam, pas plus que l’islamophobie
est le problème des seuls musulmans ; nous devons unir nos efforts
pour nous attaquer à toutes les manifestations de discrimination :
la meilleure façon de protéger nos droits est de défendre ceux des
autres.
J’espère aussi que ce séminaire sera l’occasion d’apprendre les
uns des autres et avec les autres : l’extraordinaire diversité des
expériences et des pratiques représentées dans cette salle devrait
favoriser une action plus concertée et efficace, au-delà des préjugés
auxquels aucun d’entre nous n’échappe.
27
le plus besoin de multiplicateurs et de modèles, pour montrer qu’au-
delà de la religion, de la couleur et de l’ethnie, nous sommes avant
tout des humains, égaux en droits et en dignité.
C’est à vous qu’il appartient d’optimiser cette occasion d’être
ensemble pour forger de nouvelles alliances et développer des projets
qui serviront d’exemples. Le sujet de ce séminaire est trop vaste et
trop important pour être confié au seul Conseil de l’Europe.
Nous pouvons vous assurer que, du côté du Conseil de l’Europe,
ces questions font l’objet d’une attention prioritaire. La Commission
européenne contre le racisme et l’intolérance a joué un rôle clé en
sensibilisant à l’islamophobie, depuis l’an 2000. Je suis persuadée
qu’elle continuera à axer ses rapports nationaux sur ces problèmes.
Les ong, dont les organisations de jeunesse, ont aussi une mission
en la matière. Je vous encourage à suivre de près le travail de l’ecri
concernant notamment vos pays respectifs.
Au sein de la Direction de la Jeunesse et du Sport, l’année
prochaine sera cruciale puisqu’elle marquera le 10e anniversaire de la
campagne européenne de jeunesse contre le racisme, l’antisémitisme,
la xénophobie et l’intolérance, « Tous différents, tous égaux ».
Ce séminaire est très proche de l’esprit de cette campagne et je
suis convaincue que vos conclusions seront pertinentes s’agissant
d’évaluer les nouveaux défis auxquels sont confrontés les jeunes en
matière de discrimination raciale. Vos conclusions transparaîtront
également dans les conclusions de la Conférence des Ministres
européens responsables de la Jeunesse, qui se tiendra aussi à
Budapest en 2005, et qui aura pour thématiques centrales la dignité
humaine et les droits de l’homme. Il me faut encore mentionner
les possibilités qu’offre déjà le Programme jeunesse d’éducation
aux droits de l’homme – dont fait partie Repères (le manuel sur la
pratique de l’éducation aux droits de l’homme avec les jeunes) – qui,
nous l’espérons, se poursuivra au-delà de 2005.
On ne transige pas avec les droits de l’homme. Je voudrais donc
vous encourager à être fermes, novateurs et exigeants dans vos
conclusions et vos recommandations. Mais sommes tous conscients
du rôle central que doit jouer l’éducation dans tout programme de
lutte contre la discrimination et les préjugés. Et l’éducation est un
processus de longue haleine jamais abouti ; il faut sans cesse remettre
l’ouvrage sur le métier. Par conséquent, je voudrais aussi vous
28
encourager à être persévérants, patients et confiants dans le pouvoir
de vos actions et de vos convictions. Elles sont probablement moins
visibles et impressionnantes que l’incendie de mosquées et de
synagogues ou la ségrégation de communautés entières, mais elles
sont plus fortes parce qu’elles sont justes. Et parce que nous nous
battons pour les défendre.
29
Déclaration introductive
Mme Mariam Yassin
Au nom du Conseil consultatif pour la jeunesse
et de jeunes femmes des minorités
30
La suspicion, les préjugés et l’intolérance deviennent une réalité
quotidienne pour beaucoup de musulmans en Europe.
Combien d’entre vous, à leur demande de visa, ont reçu cette
réponse : « Désolé, nous ne délivrons pas de visa aux citoyens des
pays musulmans, en ce moment. »
Combien d’entre vous, parce qu’ils ont l’air « différent » ou
« musulman », ont été arrêtés par la police dans les aéroports pour
des « raisons de sécurité » ? La plupart du temps, la suspicion est
éveillée par l’apparence : plus vous avez l’air différent, peut-être
parce que vous portez un foulard, plus vous risquez d’être arrêté.
Certes, il est du devoir de la police d’assurer notre sécurité. Il
n’empêche que tous les individus devraient être approchés sur un
pied d’égalité, sans préjugé.
Les jeunes ne sont pas épargnés des conséquences de l’islamophobie :
les jeunes musulmans sont souvent victimes de discrimination et
d’exclusion sociale à différents niveaux dans la société.
Je vais vous citer le témoignage d’une jeune personne. Jeunes
femmes des minorités (wfm) a mené une recherche dans quatre pays
européens (Italie, Irlande, Portugal et Suède) sur les attitudes et les
attentes des jeunes femmes des minorités à l’égard de l’Europe. Silvia,
une jeune Somalienne, interrogée sur la religion et la discrimination
qu’elle suscite, a déclaré : « J’ai été victime de discrimination à cause
de ma tenue vestimentaire, parce que je porte le voile. C’est pour
cette raison que je n’arrive pas à trouver de travail... Or j’estime
devoir être appréciée et acceptée pour ce que je suis, et pas par
rapport à la façon dont je m’habille, à la langue que je parle, à ma
religion... » Nous sommes tous d’accord avec Silvia, n’est-ce pas ?
Les fréquents épisodes de discrimination et l’image des
musulmans que véhiculent les médias influent négativement sur
les jeunes musulmans et font obstacle à leur participation dans la
société et à leur sentiment d’appartenance : les jeunes musulmans
ne devraient pas être confrontés au dilemme de savoir s’ils sont
musulmans ou européens.
L’Europe doit être un endroit où tout le monde est respecté et
apprécié : ce sont là, à mon avis, les bases d’une société pluraliste et
d’une authentique démocratie.
Durant ce séminaire, nous allons partager des expériences et
réfléchir à des enjeux et des difficultés. Il est important que nous
31
allions plus loin pour trouver comment surmonter ces difficultés.
Les solutions sont multiples. Mais ce n’est que par un engagement
sans faille et une active coopération entre les confessions et
les communautés que nous pourrons construire un dialogue
interconfessionnel pacifique et une compréhension mutuelle.
Et, à cet égard, il est significatif que ce séminaire soit le résultat
d’une collaboration entre deux secteurs du Conseil de l’Europe : la
Direction de la Jeunesse et du Sport et la Commission européenne
contre le racisme et l’intolérance (ecri) – en partenariat avec des
organisations de jeunesse.
Il y a plus de 50 ans, le Conseil de l’Europe a été créé sur la
base d’un engagement fort : « plus jamais ca ! » Hindous,
chrétiens, juifs, musulmans... croyants ou athées, nous – habitants
de notre maison européenne – devons faire en sorte que cette
devise soit mise en œuvre tous les jours. Nous pouvons y parvenir
grâce à notre motivation et notre engagement pour une cause :
construire et consolider une Europe multiculturelle dans laquelle
la diversité est perçue comme une richesse. Il est fondamental que
les jeunes prennent part à ce processus ; nous sommes le présent
et pas seulement l’avenir. Un meilleur avenir démarre avec notre
engagement et notre active participation au niveau communautaire,
local, national et européen.
Avant de terminer, je voudrais remercier le Conseil de l’Europe de
l’excellent travail qu’il effectue pour que plus jamais nous ne soyons
confrontés au racisme et à d’autres formes de discrimination, et pour
que les huit cents millions de citoyens vivant dans les Etats membres
jouissent d’une authentique démocratie pluraliste.
32
Le Conseil de l’Europe
et les activités contre l’islamophobie :
normes et instruments existants
M. François Sant’Angelo
Commission européenne contre le racisme et l’intolérance
33
« (1) Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience
et de religion ; ce droit implique la liberté de changer de religion
ou de conviction, ainsi que la liberté de manifester sa religion
ou sa conviction individuellement ou collectivement, en public
ou en privé, par le culte, l’enseignement, les pratiques et
l’accomplissement des rites. »
34
de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (apce) :
Recommandation 1202 (1993) relative à la tolérance religieuse dans
une société démocratique et Recommandation 1396 (1999) relative
à la religion et à la démocratie.
Un accent particulier est aussi mis sur le renforcement du dialogue
interculturel et interconfessionnel qui est favorisé par une série de
mesures et de programmes au sein du Conseil de l’Europe. A ce titre,
le rôle de l’éducation dans la promotion de la tolérance religieuse est
capital comme tentera de le prouver ce séminaire.
Je viens de vous donner un bref aperçu des instruments et normes
du Conseil de l’Europe qui s’appliquent sans distinction à toutes les
religions et à tous les groupes religieux, y compris aux communautés
musulmanes.
Mais venons en maintenant au principal sujet du séminaire : la
lutte contre l’islamophobie. Ce sujet figure depuis de nombreuses
années au premier plan des travaux de la Commission européenne
contre le racisme et l’intolérance (ecri).
Dans le passé, l’ecri a à maintes reprises fait part des vives
inquiétudes que lui inspiraient la montée de l’intolérance religieuse
et des préjugés à l’égard des communautés musulmanes minoritaires
dans les pays européens, ainsi que la description parfois inappropriée
qui est faite de l’islam et qui repose sur des stéréotypes hostiles.
Parallèlement, l’ ecri n’a cessé de souligner le rôle important et
l’influence bénéfique que l’islam a toujours et a eu au fil des siècles
sur la civilisation européenne, dont il fait partie intégrante, comme
le souligne également la Recommandation 1162 (1991) de l’apce
relative à la contribution de la civilisation islamique à la culture
européenne.
Avant d’étudier plus en détail l’action de l’ecri dans ce domaine,
permettez-moi tout d’abord de vous présenter brièvement les travaux
de la Commission et de replacer dans son contexte la position de
cette dernière s’agissant de la lutte contre l’islamophobie.
35
du Conseil de l’Europe) désignés sur la base de leurs connaissances
approfondies dans le domaine de la lutte contre ces phénomènes.
Depuis toujours, l’ecri part du principe que ses Etats membres
veulent s’attaquer aux problèmes de racisme et d’intolérance qui
nuisent à la société. C’est pourquoi le but de l’ecri est de coopérer
avec les gouvernements et de les aider à faire face à ces problèmes en
proposant des solutions concrètes, ciblées et raisonnables pour les
résoudre. C’est une tâche ambitieuse que l’ecri souhaite mener à
bien au moyen d’un programme d’activités en trois volets.
36
contre le racisme et l’intolérance demande non seulement la
participation active des gouvernements (auxquels s’adressent
les recommandations de l’ecri), mais aussi un engagement sans
faille de la part de la société civile.
37
L’ecri encourage les Etats membres à appliquer des mesures pour
lutter activement contre toute manifestation d’islamophobie, latente
ou manifeste. Ces mesures devraient comprendre la mise en œuvre
d’une législation contre l’incitation à la haine et d’autres dispositions
juridiques pertinentes. Il conviendrait d’être particulièrement attentif
à la suppression des pratiques discriminatoires dans les domaines
de l’accès à la citoyenneté, de l’éducation et de l’emploi. Dans ce
contexte, l’ecri n’a eu de cesse de souligner qu’il importe de veiller
à ce qu’une législation antidiscriminatoire appropriée soit mise en
œuvre, comme elle l’a aussi souligné dans sa Recommandation de
politique générale n° 7 sur la législation nationale pour lutter contre
le racisme et la discrimination raciale.
Il va sans dire que la discrimination dans l’éducation, l’emploi, le
logement ou dans d’autres domaines de la vie est une conséquence
directe de l’opinion généralement négative de nombreuses
sociétés européennes à l’égard des communautés musulmanes.
Cette opinion est souvent renforcée par la manière dont les
communautés islamiques et musulmanes sont décrites par certains
médias et responsables politiques. L’ecri estime en conséquence
que ces faiseurs d’opinion essentiels doivent prendre davantage
conscience de leurs responsabilités à cet égard, et elle les encourage
à promouvoir activement le dialogue sur la base du respect
mutuel entre les communautés musulmanes et la société dans son
ensemble.
38
Il semble que nous soyons passés dans certains cas d’un racisme
basé sur des motifs économiques ou ethniques à un racisme basé sur
des motifs religieux.
L’islam est reconnu en Belgique depuis 1974, mais ce n’est
qu’après 1999 et l’élection d’une assemblée des communautés
musulmanes de Belgique, que le contexte institutionnel a pu être
mis en place en vue d’assurer une égalité avec les autres religions
reconnues, concernant plus particulièrement les subsides aux lieux
de culte et le financement des ministres du culte.
Encore deux mots, pour vous dire que nous avons organisé au sein
du Centre pour l’égalité des chances et la lutte contre le racisme une
vaste campagne de consultation des différents secteurs de la société
civile, pour les sonder sur la question des signes extérieurs des
convictions religieuses et philosophiques.
Une grande tâche sera aussi pour le Centre de susciter de la part
des tribunaux un contenu et une interprétation à la nouvelle loi
du 25 février 2003 réprimant les discriminations, qui vise entre
autres les discriminations basées sur les convictions religieuses ou
philosophiques, et qui pourrait constituer une base légale pour
condamner notamment l’islamophobie.
Enfin, notre ministre de l’Egalité des chances a également
confié au Centre la tâche d’organiser un dialogue interculturel et
interconfessionnel pour renforcer la cohésion sociale et culturelle
de la société belge. Cette démarche est par ailleurs au diapason
de ce que l’ECRI ne cesse de recommander dans le cadre de son
travail de suivi pays par pays, à savoir que le dialogue interculturel et
interconfessionnel fondé sur le respect mutuel est essentiel dans la
lutte contre le racisme et l’intolérance sous toutes ses formes, dont
l’islamophobie.
39
L’islamophobie en Europe :
de l’anti-mahométisme chrétien
au racisme « moderne »
M. Vincent Geisser
Chercheur au cnrs,
Conseil national de la recherche scientifique, Marseille, France
Et il ajoute plus loin dans son livre, sous forme de conclusion à son
analyse : « Les attitudes modernes envers l’islam doivent beaucoup
aux romantiques, au Moyen Age et aux Lumières. Il existe une idée
si générale qu’il vaut la peine de la souligner ». Norman Daniel parle
ainsi d’une « psychose de guerre » qui produirait encore des effets
sur nos manières d’appréhender le fait musulman (la vie, la culture
et les peuples islamiques) en France, en Europe et dans le monde.
Par ailleurs, comme l’a clairement montré Maxime Rodinson
dans son ouvrage La fascination de l’islam, l’image de l’islam, de
l’Autre musulman, a aussi contribué à forger l’unité idéologique et
théologique de l’Europe occidentale. Il écrit ainsi :
40
occidental vis-à-vis du monde communiste. Structurellement,
les analogies sont évidentes. Dans les deux cas, deux systèmes,
groupant chacun des Etats divisés et rivaux mais unis par
l’idéologie, s’affrontent. »
41
dans des traditions nationales. Comme je l’ai dit tout à l’heure,
le rapport européen au fait musulman a connu un processus de
sécularisation et de laïcisation mais aussi de nationalisation, au sens
de l’Etat-nation : nous avons tous peur de l’islam mais pas forcément
pour les mêmes raisons ni de la même manière. Nous avons tous
hérité du « canon médiéval », de l’anti-mahométisme chrétien,
mais nous avons suivi également des voies nationales différentes, ce
qui explique, en grande partie, qu’au-delà des apparences nous avons
des expériences, des vécus différents du fait musulman.
42
musulman. L’idéologie des Lumières est surtout « obsédée » par
la lutte contre « l’obscurantisme médiéval chrétien ». Les Lumières
développent une représentation « positive » de l’islam comme
religion de modération, de tolérance et d’ouverture. L’islam tend
à être considéré comme une forme de déisme, proche de l’esprit
des Lumières et éloigné de tout esprit de domination cléricale. Les
musulmans tendent à être perçus comme des « hommes comme les
autres ».
C’est au XIXe siècle que l’on voit resurgir une vision péjorative
du fait musulman – certains diraient une vision régressive – avec
l’invention de l’homo islamicus :
w européocentrisme ;
w thèse de la supériorité de la civilisation occidentale sur la
civilisation arabo-musulmane ;
w passage d’un universalisme tolérant à un universalisme
méprisant ;
w récurrence des thèmes du fanatisme musulman, de
l’obscurantisme islamique ;
w obsession du retour du panislamisme – à l’époque on ne parle pas
encore d’islamo-terrorisme – et de la menace de la reconstitution
de l’Etat théocratique musulman.
43
II. Variantes européennes d’une peur commune :
le poids des histoires et des traditions nationales
44
La « vague europeenne » d’islamophobie
apres le 11 septembre
Selon les experts de l’Observatoire européen des phénomènes
racistes et xénophobes et du réseau raxen, « dans tous les pays, une
islamophobie latente a mis à profit les circonstances présentes pour
émerger, se concrétisant sous la forme d’actes d’agression physique
et d’insultes verbales. Ces épisodes et d’autres signes (...) semblent
indiquer que le fossé est encore considérable entre les minorités et la
population dans son ensemble ».
Ainsi, le Rapport de l’Observatoire distingue trois séries de
phénomènes dans la période post-11 septembre :
w la multiplication des actes d’agression physique et surtout
verbale ;
w le changement d’attitude et d’opinion des populations de l’union
européenne : inquiétude, hostilité, curiosité mais aussi volonté
de dialogue ;
w les tentatives d’instrumentalisation politique et électorale de
la peur de l’islam de la part de certains partis, organisations et
mouvements.
45
Des situations neanmoins contrastees en
fonction de l’histoire des constructions
nationales et des relations specifiques aux
populations dites « musulmanes »
46
culture européenne que par l’expérience coloniale de la soumission
des populations non chrétiennes et par celle de la marginalisation
de leurs droits, de leurs religions et de leurs cultures. » Ce contexte
a pour effet de susciter chez les populations britanniques de culture
musulmane ce qu’il appelle une stratégie de « contact minimal avec
l’Etat » : « Un nombre significatif de musulmans britanniques ont
ainsi développé et façonné une stratégie de contact minimal avec
l’Etat. Ils vivent en Grande-Bretagne, mais dans leur propre monde,
sur lequel ils ont une bien plus grande emprise. »
47
des membres de minorités ethniques en général, et contre des
musulmans en particulier (...) Il semble que l’attrait exercé par la
thèse anti-islamique provienne principalement du fait qu’elle offre à
ses partisans une réponse socialement acceptable à toute accusation
de racisme ».
On trouverait une situation assez comparable dans les pays du
nord de l’Europe, notamment au Danemark, marqué par une vague
d’islamophobie qui semble durable. La crise du modèle de l’Etat-
providence, fondé sur la recherche d’une certaine homogénéité de
la société (culturelle, sociale, économique), semble produire des
effets assez marquants sur les mentalités collectives : la journaliste
norvégienne Nina Dessau, spécialiste des questions migratoires,
parle ainsi d’institutionnalisation du racisme au Danemark et en
Norvège et d’un accroissement du harcèlement administratif contre les
musulmans, avec des tentatives d’instauration de formes déguisées de
préférence nationale à propos du mariage et de certains droits sociaux.
48
sont moins passionnés que chez nous). Je cite, à ce propos, Miguel
Angel Moratinos, qui a été directeur général de la politique de
coopération pour l’Afrique et le Moyen-Orient : « Le système
politique espagnol, la monarchie, la structure pseudo-fédérale et
ses communautés autonomes font que le débat passionné qu’a
connu la France sur l’Etat-nation, la laïcité, l’enseignement laïc,
apparaît ici dilué dans les relations qu’entretient l’Etat avec les
régions autonomes et avec d’autres types de communautés ou
associations d’origines diverses ».
w De ce fait, le rapport aux musulmans, en dépit d’un lourd passé
historique, est encore largement déterminé par le rapport à
l’immigré, au travailleur étranger ; même si le mot « moro »
est fréquemment employé, il ne renvoie pas forcément à une
connotation religieuse, comme si la Reconquista continuait
à structurer l’imaginaire espagnol à l’égard des musulmans.
Comme le souligne Antonio Izquierdo Escribano, professeur de
sciences politiques à l’Université de Madrid : « Il n’y a pas de
préjugés ancrés, tenaces et systématiques contre les musulmans :
ceci s’explique par la nouveauté de l’immigration et la rareté des
contacts que la population entretient avec celle-ci ».
49
2. Poids de l’héritage colonial – traitement sécuritaire et définition
implicite d’un seuil d’ « islamité » tolérable par notre société :
w une idéologie émancipatrice ;
w une certaine incompréhension à l’égard de l’islam pratiquant ;
w une tendance à idéologiser le débat sur la laïcité à travers une
focalisation sur l’islam ;
w la question de la femme musulmane, « fantasme dans le
fantasme ».
50
sommes françaises, assimilées, intégrées, mais nous voulons épouser
un musulman ». Et cela est vécu comme une trahison républicaine.
La femme musulmane, vecteur d’un imaginaire « assimilationniste ».
Dans notre imaginaire républicain, l’assimilation des « indigènes
musulmans » passe d’abord par les femmes :
w elles réussissent mieux sur le plan scolaire et professionnel ;
w elles sont plus douces et respectueuses de la loi ;
w elles sont porteuses d’une dynamique d’émancipation sociale ;
w elles sont les vecteurs de la modernité dans ce nouveau monde
barbare des « banlieues françaises ».
Du coup, les jeunes filles françaises qui portent le hijab font l’objet
d’une totale incompréhension, puisqu’elles nous disent en substance :
« Je suis française, je suis intégrée socialement, culturellement, mais
je veux pouvoir affirmer ma religiosité dans l’espace public ».
51
L’islam dans les médias
Un chemin vers l’islamophobie ?
D’une présentation de M. Michael Privot
Forum des Organisations de jeunes et d’étudiants musulmans européens
52
que toutes les communautés endurent les mêmes humiliations. La
violence n’est-elle que musulmane dans cette région ?
Et au rayon du fanatisme, la « fraternité musulmane » qui ne
laisse pas indifférent, évoquée à la manière d’une « secte tentaculaire
», d’une « société fondamentaliste » : tous les termes sont bons
pour en faire le parangon d’un islam obscurantiste, anti-moderne
et anti-chrétien. Qui sommes-nous pour parler d’un sujet dont la
plupart des journalistes ne savent rien ?
Enfin, d’Alger à Téhéran, le grand cliché de la réification de
l’islam et des populations orientales : les masses (populaires)
arabes, iraniennes, islamiques, etc. Dans cette partie du monde,
pas d’individus doués de raison, mais des masses indomptables et
imprévisibles dont il faut se méfier. Partant de là, on évite toute
tentative d’analyse plus approfondie.
53
imaginez-vous un journal à fort tirage titrant « Chrétien et
belge » ?
Je terminerai par une autre représentation du peuple religieux
dans les médias : les illuminés ou les extatiques. Nous l’avons déjà vu
au sujet des femmes musulmanes, mais personne n’y échappe : le juif
extrémiste et bien évidemment les Afro-américains et les Africains.
Comment échapper à des états proches de la transe lorsque vous
avez la peau noire ? Des cérémonies du Candomblé au Brésil
(comme le montre un article généraliste sur la religion), au Gnawa
de Mauritanie, à l’Eglise pentecôtiste...
Il semble que la religion ne soit que transes. Et donc, pas de
rationalité, pas de « modernisme », que de l’obscurantisme...
Alors, pour parodier Montesquieu qui se demandait « Comment
être persan ? », nous pourrions face à tout cela nous demander à
juste titre « Comment être croyant ? », voire « Comment être
musulman ? »
54
Sur l’origine des images
« J’ai commencé la journée en écoutant toutes ces interventions
sur l’islamophobie avec un profond sentiment d’accablement. Ma
crainte, peut être irrationnelle, c’était que les femmes musulmanes
soient opprimées – comme les décrivent les médias. Et j’ai toujours
pensé que le port du voile était imposé par les hommes. Peut-être
parce qu’en Irlande, lorsque nous avons voulu former un groupe
d’éclaireuses, nous avons dû consulter les hommes. Il semble que ce
soient les hommes les propriétaires de la Mosquée ; les femmes n’y
ont accès que lorsque les hommes sont occupés ailleurs. C’est pour
cette raison que je me suis toujours fait du souci pour les Irlandaises
catholiques qui épousent des musulmans.
Ensuite, j’ai entendu le chercheur français (Vincent Geisser)
dire qu’en France, on voulait que les musulmans changent
pour s’intégrer. Cela m’a soudain mise très en colère. Cela m’a
rappelé l’histoire de mon pays, l’Irlande. Lorsque l’Irlande était
occupée par les Britanniques, nous ne pouvions pratiquer notre
religion catholique. Nous étions opprimés à maints égards. Les
protestants ont pris le pouvoir, volé nos terres et vendu nos récoltes
pour s’enrichir, nous laissant des pommes de terre pour seule
nourriture ; lorsqu’il n’y a plus eu de pommes de terre, la famine
s’est abattue sur nous. La religion est alors devenue essentielle
pour les Irlandais. Probablement parce qu’elle fait partie de notre
culture, et aussi parce que nous devions nous battre pour notre
liberté et reconquérir notre indépendance.
A mon avis, les politiques (en fait les impérialistes anglais) ont
diabolisé les catholiques irlandais pour obtenir le soutien des
citoyens quant à l’oppression des Irlandais ; c’est encore le cas en
Irlande du Nord. Ce qui ressemble à une guerre de religion est en
fait un problème politique. »
Réflexion personnelle de Mme Dympna Smith
55
Groupes de travail sur les manifestations,
causes et facteurs de l’islamophobie
Objectifs de l’atelier
w Exposer la situation des communautés musulmanes dans les pays
représentés ;
w Décrire les formes et l’importance de l’islamophobie dans chaque
région ;
w Tenter d’analyser les causes possibles de l’islamophobie ;
w Identifier des dénominateurs communs dans chaque région ;
w Produire de brèves recommandations sur les moyens de prévenir
l’islamophobie dans chaque région.
Hongrie et Pologne
Participants : Annamária Nagy,
György Lederer, Dominika Blachnicka
Rapporteur/présidente : Dominika Blachnicka
Facilitateur : Maciej Wasyluk
56
Néanmoins, l’islamophobie transparaît dans les médias,
notamment en Pologne qui est plus impliquée dans la guerre en Irak.
Pour les deux pays, les médias ont été cités comme les principaux
responsables de la montée de l’islamophobie et des sentiments
hostiles envers les musulmans.
Parmi les causes de l’islamophobie, ont été évoqués :
w le manque de connaissances de base sur l’islam et les
musulmans ;
w le discours tenu par les médias – langage et images ;
w l’implication de la Pologne et de la Hongrie dans la guerre en
Irak ;
w l’absence d’interaction au niveau individuel entre musulmans et
non-musulmans.
57
En Ukraine, la guerre contre le terrorisme que mènent les
autorités russes dans le Nord-Caucase a des répercussions sur la
situation. Ainsi, les représentants de certains pays musulmans n’ont
pas le droit d’entrer en Ukraine.
En Moldova, les signes d’islamophobie sont rares. Mais il arrive que
la police arrête des individus des pays arabes ou africains sous prétexte
de contrôler leur papier. Autre manifestation de l’islamophobie :
l’interdiction non officielle de la vente de kebabs depuis que les
autorités ont déclaré qu’ils présentaient un risque sanitaire.
58
Et donc, en Roumanie (qui a une très petite communauté
musulmane, moins de 1%) et en erym (40-50 % de la population),
les droits des musulmans sont bien protégés, à tous les niveaux : au
plan politique (les musulmans sont représentés au parlement et leurs
droits fondamentaux sont garantis dans la Constitution, etc.), au
plan éducatif (accès gratuit) et au plan culturel (ils ont leurs propres
émissions télévisées et radiodiffusées, leurs spectacles culturels, etc.).
En Serbie et en Bosnie, la situation est différente ; elle est devenue
extrêmement grave lors de la guerre dans les Balkans. En Bosnie, en
dépit d’un calme relatif, les musulmans (qui représentent environ
50% de la population totale) se trouvent parfois confrontés à des
attitudes de discrimination ou d’hostilité dans certaines régions. En
Serbie, les musulmans (qui représentent 19% de la population, 29%
avec la région du Kosovo) gardent leur religion secrète pour ne pas
avoir à subir des attitudes négatives.
La principale cause de ces attitudes semble être, outre l’histoire, la
méconnaissance des valeurs et du mode de vie islamiques.
En Turquie, dont la population est composée de musulmans à
99%, on observe une facette très intéressante de l’islamophobie. La
discrimination est subie par ces femmes, musulmanes pratiquantes,
qui ne sont pas autorisées à porter le voile en privé ou dans les
universités de l’Etat, ou qui rencontrent des obstacles sur le
marché du travail. Les « modernistes » ont banni le port du voile
dans les universités entre 1980 et 1987, et de 1999 à aujourd’hui.
Les étudiantes voilées ont ainsi été expulsées de l’enseignement
supérieur du fait de leurs convictions religieuses. Cette mesure est à
l’origine d’une émigration vers l’Europe occidentale.
59
Israël et Inde
Participants : Khorrum Anis Omer, Ayelet Roth, Amit Kossover
Rapporteur/président : Khorrum Anis Omer
Facilitatrice : Mariam Yassin
Inde : Malgré une présence très forte (150 millions), les musulmans
sont bien plus mal lotis que d’autres grandes confessions en Inde,
dont les hindous, en majorité, mais aussi et en bien plus petits
nombres, les sikhs, les chrétiens et même de minuscules populations
de bahaïs ou de parsis (zoroastriens).
Le Nord de l’Inde vit une longue histoire d’émeutes
communautaires, dont les victimes ont souvent été les musulmans.
Même si la constitution de l’Inde accorde des droits égaux à tous
les Indiens indépendamment de leur croyance et de leur race, il
en va tout autrement dans la pratique. Les organisations hindoues
fondamentalistes tentent sans cesse de nuire aux musulmans et aux
autres minorités, dont les chrétiens, par des incitations à la haine.
Aujourd’hui, la situation est bien meilleure qu’il y a dix ans :
le mérite en revient aux médias nationaux (tant électroniques
qu’imprimés) et à de nombreux Indiens de tendance laïque.
Néanmoins, le chemin à parcourir est encore long. Heureusement,
le gouvernement nouvellement élu doit prendre plusieurs mesures
effectives pour contrer les politiques partisanes de son prédécesseur,
fondamentaliste.
60
Même dans le secteur privé, la communauté juive, qui contrôle
l’économie nationale, préfère réserver les emplois à ses membres.
Les musulmans doivent alors se contenter de boulots subalternes
que refuseraient la plupart des juifs.
Concernant l’éducation, les enfants musulmans se voient souvent
refuser l’entrée des bonnes écoles sans raison valable. Et, la plupart
des établissements d’enseignement leur étant fermés, la population
musulmane est en majorité privée d’instruction.
Conclusions / Recommandations
- L’isolement et la méconnaissance de l’islam et des musulmans
amènent à craindre que, s’ils étaient plus puissants au plan
social et économique, ils prendraient le pouvoir et tenteraient
d’opprimer les autres communautés, « comme le prêche
l’islam ».
- De l’avis du groupe, la question est très politique. Même dans
l’histoire récente, les gouvernements occidentaux ont à tort
ou à raison utilisé le prétexte des « ennemis d’Etat » pour
détourner l’attention du public des vrais problèmes. De tout
temps, on a inventé des méchants, ennemis dangereux pour le
monde développé. Aujourd’hui, la communauté musulmane et
ses soi-disant chefs (ce qu’ils ne sont certainement pas), comme
Saddam Hussein et Ben Laden, et leurs pays respectifs, sont la
cible favorite de certains pays occidentaux.
- Le groupe a par ailleurs estimé que les musulmans étaient en
partie responsables de cette situation, faute d’être capables de
projeter une « image juste » de leur communauté et de leur
religion dans leur pays respectif. Leur tendance à se tenir à
l’écart des communautés majoritaires donne d’eux une image
antisociale et négative.
- Un autre aspect important est le rôle des médias, toujours
en quête de sensationnalisme à des fins de profit. Les actes
récents de soi-disant terroristes musulmans aux usa et dans
d’autres régions du monde n’ont fait qu’attiser une haine déjà
déclarée. Et l’image du mal et du diable, déjà renvoyée par
certains gouvernements occidentaux au sujet des musulmans,
a ainsi reçu l’aval de tous ceux qui méconnaissent la réalité de
l’islam.
61
Europe occidentale
Participants : Kaaoiss Najatte, Francois SantAngelo,
Maria Errafiq, Corinne Grassi, Samia Hamdiken,
Touria Arab, Nedzad Cengic, Mohamed Beldjehem, Aicha Tarfi
Rapporteur/présidente : Maria Errafiq
Facilitatrice : Corine Grassi
Conclusions / Recommandations
- Comment trouver des stratégies pour contrebalancer la
manipulation opérée par les médias ? Création de médias
alternatifs ou d’un organisme de contrôle.
- Reconsidération nécessaire de la pédagogie et du contenu des
manuels scolaires.
- Promotion des contributions des civilisations arabes /
musulmanes.
- Application de sanctions sévères et claires à tous les niveaux et
aux employeurs coupables de discrimination à l’embauche ou
au licenciement ; renforcer la sévérité des amendes, changer les
62
mentalités, sensibiliser (remise en cause, prise de conscience de la
banalisation du racisme).
- Travail communautaire pour équiper la population des outils
requis pour lutter contre toutes les formes de discrimination /
d’intolérance / de non-respect.
63
le mouvement de droite de Pim Fortuyn a reçu un soutien massif.
Après la mort de ce dernier, des partis traditionnels ont repris son
discours, mais de manière plus démocratique.
L’Allemagne fut longtemps extrêmement tolérante mais, après la
chute du mur de Berlin, le souvenir du passé a commencé à s’effacer
et une politique de « protection » à l’égard des immigrants s’est
développée. Certes, l’islamophobie est présente, mais elle n’est pas
institutionnalisée comme aux Pays-Bas et dans les Flandres.
En Suisse, la situation varie d’un canton à l’autre. Les cantons
italophones sont relativement épargnés par l’islamophobie, même
s’il faut déplorer quelques cas d’attaques physiques et verbales. Les
médias suisses sont neutres, mais le public est influencé par les médias
italiens, fortement islamophobes. Dans les cantons germanophones,
par contre, le problème n’est pas l’islamophobie mais la xénophobie.
Les cantons francophones, quant à eux, subissent l’influence de la
politique française ; la question du hijab y est largement évoquée aux
plans politique et social.
n.b: L’antisémitisme est différent de l’antisionisme.
Causes
- La situation au Moyen-Orient.
- L’échec des politiques d’intégration : l’intégration a toujours
été envisagée comme de l’assimilation, qui est discriminatoire.
L’intégration, elle, doit se faire des deux côtés.
- Les musulmans sont une cible facile parce qu’ils sont
insuffisamment structurés et victimes d’un taux de chômage
élevé. On les trouve en majorité dans les classes sociales
inférieures et à faibles revenus.
- Si vous ne prenez pas pour cadre idéologique le laïcisme, vous
êtes jugé non démocratique et rétrograde. Le laïcisme est la
règle.
64
Belgique, Espagne et Italie
Participants : Raquel Amaranta Santos Perez,
Juan A. Maza Amodeo, Antonella Aduso,
Giulia Micciche, Fabio Di Nunno, Michael Privot
Rapporteur/président : Fabio Di Nunno
Facilitateur : Michael Privot
65
w Les aspects négatifs de l’islam sont montrés du doigt ; en
revanche, ses contributions positives et ses liens avec nos cultures
sont passés sous silence ;
w Certaines communautés musulmanes sont perçues comme
« fermées » aux interventions et aux contacts sociaux.
Irlande et RU
Participants : Alexandra MacRae, Hazel Baird,
Rebecca Williams, Dympna Smith, Fortune Pouela,
Esa Bateman et Henrietta Szovati
Rapporteur/présidente : Henrietta Szovati
Facilitateur : Kélig Puyet
66
w multiplication des tactiques d’arrestation de la police ;
w couverture sensationnaliste par les médias ;
w augmentation des attaques physiques et des violences verbales :
w attaques racistes et tendance à l’arabisation de l’islam.
Formes cachees :
w discrimination à l’emploi ;
w rémunération du travail (notamment en Irlande) ;
w discrimination dans l’offre éducative aux musulmans ;
w refus de postes (sur la base de la tenue vestimentaire) ;
w obstacles dans l’accès aux financements.
67
w les médias et l’image qu’ils donnent des musulmans et
notamment des femmes ;
w l’attitude défensive de la communauté musulmane (les
musulmans sont plus occupés à se défendre et à se justifier) ;
w la forte interprétation culturelle de l’islam (les musulmans du
sous-continent indien représentent environ 80% des musulmans
au RU).
68
Qu’est-ce que l’identité musulmane
européenne ?
« Pour tous ceux qui n’ont pas suivi le développement dynamique
des communautés musulmanes dans les différentes régions
européennes, il n’est pas simple de définir l’identité musulmane
européenne. Une nouvelle voix, plus forte, plus confiante, s’élève :
la voix de ces jeunes musulmans qui trouvent du réconfort et un
soulagement dans l’islam, et qui souhaitent découvrir leur religion
dans tous ses aspects. Le terme inventé d’« euro-islam », en
tout cas, ne traduit pas cette identité musulmane européenne. Il
appartient aux musulmans d’imaginer de nouvelles méthodes pour
s’exprimer et amener les non-musulmans à comprendre l’islam. De
plus, ils doivent apprendre à s’organiser et à interagir pleinement
avec la société tout entière. Il faut qu’ils interviennent à la manière
de partenaires de confiance dans la politique et dans la résolution
des problèmes notamment sociaux.
L’islam n’est pas une autre Eglise ; ce n’est pas une institution
que l’on peut appréhender uniquement en termes religieux.
C’est une façon de vivre globale, étayée par une psychologie
particulière. En Bosnie, il existe une patience collective ; les petites
communautés prennent soin des imams, souvent issus de milieux
sans instruction. Ces imams doivent être le fondement de toute
démarche éducative au sein de la communauté musulmane. »
Mme Henrietta Szovati, extrait d’une conversation
avec M. Zijad Imamovic
69
Sur l’islamophobe en Europe orientale
d’un document de M. György Lederer, distribué aux participants
70
Dans ce contexte, la Bosnie-Herzégovine revêt une importance
primordiale, qui ne tient pas seulement à ses institutions islamiques
uniques en leur genre ni à la solidarité manifestée par le monde
musulman entre 1992 et 1995 à l’égard des victimes de l’indifférence
occidentale. Lors du bain de sang dont ce pays a été le théâtre, celui
qui en était alors le Président, Alija Izetbegovic, et ses complices
se sont lancés (de façon autoritaire, à certains égards) dans une
formidable opération idéologique et politique ayant pour but de
susciter chez les Européens (bosniaques) laïques d’origine islamique
un sentiment d’appartenance à une nation, en les identifiant
comme des « musulmans ». Dans cette Yougoslavie socialiste de
l’époque, beaucoup ne se considéraient pas comme étant avant
tout des musulmans – d’aucuns ne se voyaient même nullement
comme tels ; mais leurs exécuteurs serbes se sont chargés de le
leur rappeler par la suite (« Juifs par le regard de l’autre », Sartre).
Les mensonges que la propagande serbe a distillés dans les années
90 à propos du « fondamentalisme » et des menaces de terreur
attribuées aux musulmans sont révélateurs de l’islamophobie. Des
accusations similaires sont réapparues dans le conflit tchétchène,
et ailleurs – dans une moindre mesure. Cela étant, le fait est que,
pendant la guerre, la Bosnie a dû accepter l’aide de gouvernements
arabes, d’organisations humanitaires douteuses et de combattants
moudjahidines arabes anti-occidentaux dont la présence dans le
pays est ensuite devenue de plus en plus embarrassante. La quête
d’identité des Bosniaques demeure passionnément controversée.
Leur tradition et leur culture fondées sur la religion constituent, de
fait, le seul élément qui les distingue de leurs voisins « chrétiens »
slaves du Sud. De tous les Etats gouvernés par des partis communistes
jusqu’en 1990, la Yougoslavie était de loin le plus ouvert : il comptait
plusieurs millions de citoyens musulmans, qui étaient libres d’étudier
l’islam, dans leur pays ou à l’étranger. Peu l’ont fait.
Même sans l’islam, les Albanais, les Turcs des Balkans, les Tatars,
les Azéris et d’autres peuples d’Europe orientale d’origine musulmane
constituent bel et bien des nations ou des minorités nationales et
sont souvent mal aimés ou discriminés par leurs voisins en tant que
tels, et non pas principalement parce qu’ils sont musulmans (les
Macédoniens slaves ou les Pomaks bulgares musulmans sont des cas
particuliers qui trouvent leur explication dans la tradition religieuse).
71
Il faut établir une distinction entre ethnicité et islam, lequel est
par excellence supranational ! En dépit ou à cause des guerres
yougoslaves, la notion anachronique de communautarisme religieux
ne doit pas être encouragée dans cette partie du monde.
Les missionnaires étrangers (essentiellement arabes) qui ont lancé
le processus de ré-islamisation ont été contraints de constater que
leurs auditoires post-socialistes, censés être composés de musulmans,
étaient très éloignés de l’islam intransigeant anti-laïque et anti-
occidental qu’ils prêchaient avec zèle. Seule une poignée de jeunes
musulmans autochtones les ont rejoints, dont certains avaient
fait leurs études dans des facultés de théologie au Moyen-Orient.
La place des femmes dans la société, les attitudes à l’égard des
non-musulmans, la spiritualité soufie, les croyances musulmanes
populaires se sont avérées être des questions sensibles. Les tensions
se sont encore avivées lorsque les radicaux se sont mis à poser des
bombes en Occident – cet Occident qui véhicule une série de modèles
fortement appréciés par la plupart des habitants d’Europe orientale,
musulmans compris. Un plus grand respect des libertés et droits civils
profiterait à ces derniers, qui vivent comme des minorités sous des
régimes plus ou moins autoritaires.
Certains dignitaires religieux ont estimé devoir dénoncer le
radicalisme, la haine et l’intolérance de la « judéophobie », qui
n’avait pratiquement aucun ancrage parmi les musulmans de la
région. Quelques-uns de ces dirigeants ont fait l’objet de menaces et
ont été rejetés de l’islam. Le Secrétaire général de la Communauté
islamique albanaise, Sali Tivari, a été abattu dans son bureau en
janvier 2003. Personne n’a été condamné pour ce meurtre. C’était
pourtant quelqu’un de courageux, animé des idéaux occidentaux,
pour qui l’islam était en Albanie une Eglise parmi d’autres, appelée à
jouer un rôle limité dans la vie publique d’une république laïque.
D’aucuns soutiennent qu’en Europe orientale aussi, le radicalisme
islamiste représente une véritable menace en ce que cette région
est un lieu où l’on peut cacher des terroristes internationaux,
en recruter, leur apporter un soutien logistique ou nourrir leurs
fondements idéologiques – encore qu’il faille bien distinguer entre
islamisme (raisonnement social islamique fondé sur des principes)
et terrorisme. Le dialogue doit s’engager dans les pays de l’ère post-
socialiste aussi, et le plus tôt sera le mieux. A elles seules, les enquêtes
72
criminelles n’auront pas de réelle portée. Ces craintes qui s’expriment
constitueront vraisemblablement la composante majeure de
l’islamophobie dans un proche avenir.
73
Romaphobie
– introduction et atelier
74
En résumé, à qui avons nous affaire ? A un groupe confronté à
divers problèmes et vivant en marge de la société. Ce que l’on décrit
comme des problèmes sociaux sont en fait les conséquences de la
discrimination. »
Intervention de M. Cristi Mihalache,
Centre européen des droits des Roms
75
inégales, l’analphabétisme, des taux élevés de mortalité infantile,
la discrimination et l’emploi : ces situations ne sont pas les causes
des problèmes, elles sont plutôt les symptômes des comportements
obsessionnels anti-gitans et anti-tsiganes de la majorité : de son
attitude discriminatoire à l’égard des Roms.
Le trait majeur de l’histoire des Roms en Europe est leur expulsion
continuelle. En Allemagne, en Croatie et en Tchécoslovaquie, cette
politique de lutte contre le problème gitan s’est transformée en un
génocide sous le national-socialisme. Cette horrible, inhumaine
escalade de la violence de la solution « national-socialiste » à la
question des tsiganes a suscité une silencieuse indifférence pendant
la seconde guerre mondiale. L’Etat a continué à appliquer aux
survivants son traitement spécial...
Traditionnellement, les sociétés voient les Roms comme un
problème social qu’il faut régler par la répression et l’ « éducation ».
Les Roms ne font pas partie des minorités en vertu du droit
international. Jusqu’à présent, ce point de vue discriminant a
généralement conduit à des solutions partant de l’idée que les Roms
sont un « groupe socialement provocant ». Mais la situation des
Roms en Europe a montré de façon ambiguë que le problème des
Roms avait ses racines dans l’hostilité de la majorité à l’égard des
tsiganes.
Il semble que nous soyons très loin d’une réelle intention
d’améliorer les conditions de vie des Roms ; depuis l’effondrement
du bloc de l’Est, leur situation n’a cessé de s’aggraver. Les problèmes
dont sont victimes les Roms (discrimination, éducation manquée et
violence) sont imputés à leurs habitudes. Les victimes deviennent les
coupables, le comportement de la majorité apparaissant comme une
forme d’autodéfense.
Les programmes en faveur des Roms devraient reposer sur un
certain nombre de principes concernant leur situation, leur histoire
et leur avenir :
w Les Roms, citoyens pan-européens, sont des citoyens des
pays dans lesquels ils vivent ; leur processus de participation
doit s’appuyer sur des racines communes et des perspectives
communes, au-delà de la citoyenneté, de l’appartenance à un
groupe ou de la résidence dans un pays. La population majoritaire
doit reconnaître que les Roms ne sont pas un groupe marginal
76
mais une minorité nationale et que, à ce titre, ils font partie de la
société dans laquelle ils vivent.
w En tant que minorité pan-européenne de facto, les Roms
occupent une place unique du point de vue tant historique
que politique. Leur situation est comparable à celle des juifs
européens sauf que, à la différence de ces derniers, les Roms ne
peuvent revendiquer une souveraineté politique en tant qu’Etat
indépendant. Les efforts déployés pour améliorer leur situation
en Europe doivent mettre en exergue cette position particulière.
w Les principaux problèmes auxquels sont confrontés les Roms sont
le racisme et l’hostilité ; pauvreté, manque d’instruction, chômage
et carence culturelle, conséquences de l’hostilité de la société à leur
égard, sont donc les symptômes et non le cœur du problème.
w Grâce à une active participation et à des droits civils dans les
sociétés dans lesquelles ils vivent, les Roms doivent contribuer
à la suppression des préjugés et des stéréotypes. Car ils doivent
prendre conscience que la majorité n’est pas seule responsable de
leur avenir : ils peuvent et doivent exercer leur influence. »
Source : www.erinet.org (Newsletter, mars 2004)
Objectifs de l’atelier
w Existe-t-il de nouvelles dimensions à la romaphobie ?
w Existe-t-il de nouvelles approches pour l’aborder (existantes ou
aujourd’hui nécessaires) ?
77
w La discrimination est présente, et notamment une hostilité à
l’égard des « gitans ».
w La majorité n’est pas en mesure de comprendre le mode de vie
ou la culture des Roms et adopte à leur égard différents types
d’attitude où se mêlent condescendance, vision romantique et
préjugés.
w Les institutions internationales exercent des pressions pour faire
participer les représentants roms aux activités locales.
w Des besoins se font sentir en termes de ressources et de
représentation.
w De l’argent a été dépensé pour des projets non pertinents.
En Irlande et en Grande-Bretagne, les Voyageurs se trouvent
semble-t-il dans une situation particulière. Par ailleurs, ils sont
d’origine différente. On y trouve aussi des Roms venus du continent.
Tous ces groupes partagent les mêmes problèmes et vivent la même
discrimination. Ils sont contraints de modifier leur mode de vie
traditionnel, nomade, pour se sédentariser.
En Irlande et en Grande-Bretagne, les Voyageurs ont des difficultés
à trouver des travaux saisonniers auxquels ils sont familiarisés. Se
pose en outre le problème de la cohabitation avec d’autres groupes
sur le lieu de travail. Ils sont victimes de discrimination et de violence
au travail, mais néanmoins incapables de s’attaquer au problème.
Aux Pays-Bas, les Roms ne posent pas vraiment de problèmes.
On les appelle des « Campeurs » ou des Voyageurs. En 2000, on
dénombrait 5.000 Sintis et 800 Roms inscrits sur les registres avec
un passeport néerlandais, soit seulement 0,025% de la population.
Au bout de cinquante ans, ils ont dû s’établir et, faute de trouver du
travail, ont demandé à bénéficier de l’aide sociale. A la fin du XXe
siècle, on comptait 3.700 Tsiganes avec un passeport néerlandais.
En Hongrie, on trouve différents groupes de Roms dont les
situations économiques et les traditions diffèrent. Certes, ces
groupes sont représentés au parlement et dans les médias mais, du
fait de leur nombre et de leur diversité, se pose un vrai problème
de discrimination. Par ailleurs, ils ont souvent beaucoup d’enfants
et, partant, sont soupçonnés ou accusés de bénéficier de trop de
prestations sociales. On dit des Hongrois qu’ils préfèrent ne pas
côtoyer les Roms. Pendant des siècles, les Roms ont été victimes
78
de préjugés (kidnappeurs d’enfants, voleurs, sales et réticents à
travailler et à s’intégrer). Jamais les relations avec les Roms n’ont
été basées sur l’égalité. Parfois, les gouvernements ont contraint
leurs communautés à se sédentariser et à travailler. Avec le passage
à la démocratie et à une économie de marché, les couches moyennes
des communautés Roms se sont intégrées dans la classe la plus
défavorisée.
L’Espagne a connu cinq siècles de répression de la langue et de
l’identité tsiganes. On y compte 500.000 Roms. Les plus démunis
et marginalisés d’entre eux sont les plus exposés à la discrimination.
Ils sont victimes de préjugés, mais aussi des violences physiques
de skinheads. La majorité des parents refusent que leurs enfants
soient scolarisés aux côtés des Roms. De plus, des migrants roms de
Roumanie sont venus s’établir en Espagne.
En Turquie, il y aurait selon les chiffres officiels 100.000 citoyens
roms ; mais la collecte de données n’est pas chose facile sachant que
les familles roms ne s’inscrivent pas toujours sur les registres.
Conclusions / Recommandations
w Lutter contre les inégalités économiques et ethniques et la
discrimination.
w Mettre en œuvre des programmes pertinents et efficaces.
w Elaborer une stratégie gouvernementale pour l’intégration des
Roms.
w Assurer leur représentation politique.
w S’attaquer au problème identitaire.
w Collecter des données fiables.
w Prendre diverses mesures en faveur d’une action affirmative, de
l’accès à l’éducation, de la représentation au niveau des autorités
locales, de l’ouverture du marché de l’emploi et de l’amélioration
de l’accès aux droits.
w Mettre en œuvre des programmes européens, mais les superviser
sérieusement.
w S’attaquer au mauvais emploi des fonds par les ong et les
autorités.
w Impliquer les Roms dans la mise en œuvre des projets.
79
Antisémitisme
– introduction et atelier
80
est antisémite. Il n’est pas toujours facile de distinguer entre les
deux catégories, parce que les antisémites habiles se présentent
comme des critiques de bonne foi des actions d’Israël. Mais
présenter tous ceux qui critiquent Israël comme des antisémites
est erroné et contre-productif, et porte atteinte à la lutte
contre l’antisémitisme. Beaucoup de personnes profondément
morales, la crème de l’humanité, critiquent notre conduite
dans les Territoires occupés. Il est stupide de les accuser
d’antisémitisme.
– Une personne peut-elle être antisioniste sans être antisémite ?
– Oui, parfaitement. Le sionisme est un credo politique et
doit être traité comme tel. On peut être anticommuniste sans
être anti-Chinois, anti-capitaliste sans être anti-Américain,
anti-globaliste, anti-n’importe quoi. Pourtant, encore une fois,
il n’est pas facile de tracer la ligne de démarcation entre les
deux, parce que les vrais antisémites prétendent souvent n’être
que des ‘antisionistes’. Il ne faut pas les aider en gommant la
distinction. »
81
les distinctions sont devenues floues. Par ailleurs, la réticence à
distinguer la critique des politiques israéliennes de l’antisémitisme
a gravement compromis l’atelier qui a suivi.
Objectifs de l’atelier
w Vue d’ensemble et remarques sur l’antisémitisme ;
w Manifestations de l’antisémitisme ;
w Causes et solutions à l’antisémitisme.
82
w Etre clair sur la signification du concept d’antisémitisme. Le
sémitisme englobe les juifs et les Arabes.
w Les juifs à eux seuls ne peuvent être tenus responsables de la
situation au Moyen-Orient.
w Le Moyen-Orient et la situation en Palestine sont des questions
clés dans ce contexte ; ils sont un obstacle à une analyse
indépendante et lucide de la question de l’antisémitisme.
w Selon le Coran, juifs et musulmans doivent se défendre
mutuellement et ; l’islam prône une liberté de religion.
w Les juifs ont vécu pendant des siècles en sécurité dans les pays
musulmans ; l’antisémitisme s’est intensifié avec le conflit
israélo-arabe.
w L’antisémitisme de la part des musulmans découle principalement
du conflit au Moyen-Orient.
w L’antisémitisme existe à tous les niveaux de la société. Les médias
s’intéressent surtout à l’antisémitisme des jeunes musulmans,
alors que celui des responsables politiques et des intellectuels est
tout aussi dangereux.
w En France, la majorité des organisations musulmanes combattent
activement l’antisémitisme.
Manifestations de l’antisémitisme
w Négationnisme.
w Agression verbale.
w Cocktails Molotov jetés dans les synagogues.
w Les juifs ne peuvent prendre le risque de se réunir sans dispositif
de sécurité.
w Graffitis dans les cimetières juifs.
w Certains partis d’extrême droite flirtent avec les juifs pour obtenir
une légitimité et, en même temps, adressent leur discours raciste
aux musulmans. A Anvers, 10% de la population juive vote pour
l’extrême droite.
w Ces partis qui flirtent avec les juifs sont néanmoins antisémites.
w Beaucoup de musulmans n’ont pas la possibilité de réagir aux
mensonges des médias ; leurs réactions ne sont pas acceptées
parce qu’ils sont musulmans. Les juifs sont mieux organisés.
w Les contextes et les réalités nationales varient, mais les faits sont
inquiétants dans tous les pays.
83
w La discrimination peut être vécue de différentes façons, mais ses
effets sont toujours négatifs et nocifs pour la cohésion sociale et
la diversité.
w Certains soi-disant amis des juifs ne sont que des opportunistes,
comme les groupes chrétiens fondamentalistes aux USA et
quelques partis d’extrême droite.
w En Italie, le terme de « juif » sert même à insulter les Noirs.
84
Le racisme à l’égard des minorités visibles
– introduction et atelier
85
La couleur de peau ou les signes extérieurs d’appartenance
religieuse. Comme l’a dit Mariam Yassin dans son introduction, l’un
des innombrables témoignages apportés à ce séminaire, il n’en faut
pas plus pour ostraciser les gens. Ce qui est effroyable, c’est que la
même chose se produit non seulement dans les autobus, mais aussi
en mer, lorsque le même ostracisme – l’Europe fermant les yeux ou
regardant dans une autre direction – devient une question de vie ou
de mort :
Objectifs de l’atelier
w Identifier de nouvelles dimensions dans les manifestations de
discrimination à l’égard des minorités visibles ;
86
w Identifier de nouvelles approches pour s’attaquer à cette
discrimination (existantes ou nécessaires).
87
Les nouvelles technologies sont exploitées pour diffuser des
messages racistes (messages électroniques, sites Web, jeux vidéo
xénophobes, etc.).
France et Italie. Dans ces pays, les minorités visibles souffrent d’une
discrimination fondée sur la religion. Les femmes qui portent le
voile et les musulmans en général ne peuvent pas toujours pratiquer
leur religion dans la paix. Ils ont en plus des difficultés à trouver un
travail ou un appartement. Ils font l’objet d’agressions verbales et
physiques. Leurs enfants se heurtent aux mêmes manifestations à
l’école. Les islamistes subissent des discriminations de la part des
services publics (police, services sociaux, etc.).
88
Finlande. La Finlande compte plusieurs minorités visibles ; certaines
s’expriment avec un accent différent et d’autres ont une apparence
différente, par exemple les Roms, les Samis, les Russes et les Somalis.
Elles ne sont pas discriminées du fait de leur religion, mais ne sont
néanmoins pas toujours les bienvenues. Elles endurent des agressions
verbales et parfois physiques.
Russie et Irlande. Dans ces deux pays, les minorités visibles ne sont
pas discriminées du fait de leur religion, mais pour des raisons de pur
racisme. Et le phénomène est plus grave en Russie qu’en Irlande.
89
L’islamophobie et ses conséquences
sur les jeunes hommes. Le point de vue
d’un citoyen musulman de France
M. Farid Abdelkrim
membre de l’ uoif,
Union des organisations islamiques de France
90
w à l’école : enseignement général, programmes, insultes
(« Oussama ! ») ;
w en matière d’emploi : à l’embauche et sur le lieu de travail ;
w en matière de logement ;
w dans les médias : entre silence (lorsque les nouvelles sont bonnes)
et dénigrement ;
w dans la politique ;
w dans le travail volontaire : refus de subventions, manque de
reconnaissance, refus de partenariat, surveillance des membres
des associations ;
w dans le sport : port du slip de bain obligatoire (caleçons
interdits).
Il règne dans l’esprit des gens une extrême confusion, dont il reste à
déterminer l’origine, sur :
w les jeunes et les enfants de migrants ;
w les Arabes / les Nord-Africains ;
w les musulmans ;
w les fondamentalistes.
91
situation internationale en général et le conflit israélo-palestinien en
particulier ne brouillent-ils pas la réalité ? L’utilisation inappropriée,
souvent irréfléchie, du terme « islamophobie » n’est-elle pas
simplement une question de psychologie ? La victimisation ne
génère-t-elle pas l’islamophobie ? Ne peut-on voir une certaine
exagération concernant cette victimisation ?
Peut-être existe-t-il une tendance à exploiter le phénomène.
L’ « islamophobie » est un concept vague, apprécié par les amateurs
de sensationnalisme, et dont l’utilisation confère au problème une
ampleur accrue.
Quid de la lutte contre toutes les formes de racisme et d’exclusion ?
Sommes-nous environnés de comportements islamophobes ou
seulement de racisme ? Peut-être d’islamophobie, parfois... De
racisme et de discrimination, certainement et souvent ! Que dire de
l’état d’esprit de certains qui jugent inférieurs les membres d’une
autre race, culture ou origine ? Qui détestent les étrangers ?
92
religion est un droit, combattre l’islamisme dans ses excès terroristes
est un devoir. Mais mettre dans le même sac l’islam et l’islamisme,
les musulmans et les fondamentalistes de l’islam est une erreur
intellectuelle qu’aggravent une faute morale et une incitation à la
haine qui sont punissables par la loi.
93
L’islamophobie et ses conséquences
sur les jeunes femmes
Mme Hadia Himmat,
vice-présidente du femyso,
Forum des Organisations de jeunes et d’étudiants musulmans européens
94
Selon le rapport du Runnymede Trust1, qui est apparemment la
première étude sur le sujet, l’islamophobie est le résultat d’une vision
étroite de l’islam, c’est-à-dire d’un islam perçu comme une religion
statique, séparée des autres confessions et inférieure aux autres
cultures, voire comme un ennemi en puissance, faux et manipulateur
– et donc pas comme un partenaire de travail.
Cette vision de défiance vers l’islam est très répandue à l’Ouest et
influe sur la façon de penser de beaucoup de personnes.
Malheureusement, à ce jour, le manque de données fiables et
suffisantes sur les conséquences de l’islamophobie pour les jeunes
reste un obstacle à l’identification de la discrimination et de
l’exclusion. Par exemple, en Europe, les rapports et les recherches
sur la question sont rares (exemples : eumc2, ecri3) et seuls
quelques pays disposent d’une instance chargée de suivre et de
gérer les cas d’islamophobie (ex. : fair au ru et ccif en France).
C’est pourquoi, je recommande à vos organisations et à la mienne,
le femyso, d’entreprendre les recherches requises sur le problème
pour, qu’à l’avenir, il soit plus facile d’en parler.
95
donc vecteurs d’un sentiment d’infériorité qui va saper leur confiance
en eux et leur sentiment d’appartenance. C’est ainsi que des jeunes
musulmans sont incapables de préserver leur religion et leurs valeurs
tout en participant librement à la vie quotidienne. Certains ont honte
de la religion de leurs parents, d’autres trouvent malheureusement
leur identité dans des groupes extrémistes.
96
Il n’existe ni études ni statistiques sur la discrimination au travail,
mais de nombreux cas ont été rapportés par les journaux et les sites
Web. Par exemple, en Italie, une musulmane n’a pas été autorisée
à enseigner en maternelle parce qu’elle portait le voile ; d’après la
direction de l’établissement, soutenue par les parents, cela risquait
d’effrayer les enfants. Suite à cet événement récent, plusieurs jeunes
musulmanes ont été interrogées par les médias5. Toutes se sont
plaintes d’un accès difficile à l’emploi, plus encore en cas de port
du voile. Beaucoup d’entre elles ont été insultées du fait de leur
tenue vestimentaire durant leur entretien d’embauche ; d’autres
ont été renvoyées le jour où elles ont commencé à porter le foulard
islamique.
D’une manière générale, les jeunes musulmanes sont
défavorisées d’abord en matière d’accès à l’emploi et ensuite pour
la promotion ; la majorité d’entre elles, notamment si elles portent
le hijab, ont des difficultés à accéder à des postes plus élevés dans
la hiérarchie.
La situation est bien plus problématique en France, et plus que
jamais depuis l’adoption de la loi interdisant les signes religieux.
Même si cette loi devant entrer en vigueur en septembre 2004 se
limite au contexte spécifique des écoles, elle a déjà eu un fort impact
sur les jeunes filles qui portent le voile. L’accès leur est interdit non
seulement à certaines écoles mais aussi au marché du travail. Ont
par ailleurs été rapportés les cas de femmes6 non autorisées à user
de leur droit de vote, à se marier dans certaines mairies, à utiliser les
transports publics, à participer à des compétitions sportives, etc.
Pour ce qui de l’emploi et de l’éducation, deux Länder allemands
ont adopté la loi interdisant le hijab. Les enseignantes musulmanes
ne peuvent donc plus porter le voile en classe ; leur liberté
d’expression religieuse est ainsi bafouée.
97
Je pense qu’il faut sensibiliser aux problèmes liés à l’islamophobie
et continuer de surveiller la situation et son évolution. Car lorsque le
problème est clairement identifié, il devient plus simple d’y apporter
les solutions adaptées.
Je pense que nous devrions nous engager dans des projets destinés
à améliorer l’image de l’islam et des musulmans, en apportant des
informations qui ne soient pas déformées par les préjugés (ex. :
dialogue interconfessionnel, mosquées ouvertes, etc.). Tout cela
devrait contribuer à prévenir l’islamophobie et être bénéfique pour
la société dans son ensemble. De plus, ce séminaire va vous offrir
l’opportunité de découvrir quelques bonnes pratiques ; veillez à
tirer profit de vos expériences positives respectives pour les mettre
en œuvre et combattre toutes les formes de discrimination et de
racisme envers les musulmans, mais aussi envers toutes les minorités
en Europe et dans le monde entier.
Notes
1 Islamophobia a challenge for us all, Commission on British Muslims and
Islamophobia, The Runnymede Trust, 1997 ru
2 Report on Islamophobia in the EU after 11 September 2001, Observatoire européen
des phénomènes racistes et xénophobes, par Christopher Allen et Jorgen S. Nielsen,
Vienne, mai 2002
3 Recommandation de politique générale n° 5 de l’ecri : La lutte contre l’intolérance
et les discriminations envers les musulmans, cri(2000)21, 27/04/2000
4 Summary Report on Islamophobia in the eu after 11 September 2001, eucm,
page 35
5 Voir par exemple, Sempre più straniere discriminate per le loro tradizioni, ancora troppo
poche quelle che si ribellano. «Non assumo donne cosi» Rania e le altre scartate per velo, par
Maurizio Corsetti, www.repubblica.it, 24 mars 2004
6 Voir par exemple, Collectif contre l’islamophobie en France, www.al-
muslimah.com/islamophobie
98
J’ai trouvé ma façon de vivre
« En Turquie, parce que je porte le voile, je n’ai ni le droit d’étudier
à l’université, ni le droit de travailler dans les institutions publiques.
En Turquie, nous sommes souvent perçus comme des rétrogrades
ou des terroristes. En 1998, toute ma classe (composée de filles, toutes
voilées) a été expulsée de l’école pendant trois mois, simplement à
cause du port du voile. La direction a fait venir un psychologue pour
nous persuader de changer, d’être plus modernes et jolies, etc. Pendant
trois mois, nous n’avons pu accéder à l’école, protégée par des gardes
antiterroristes – protégée de nous ! C’est durant cette période qu’a
été arrêté le leader terroriste Abdullah Öcalan et les réactions se sont
durcies : est-ce que vous prévoyez une attaque ? Beaucoup d’entre
nous ont eu des problèmes psychologiques suite à cette histoire.
Un début de solution a été trouvé avec la nomination d’un
professeur femme pour notre classe ; ainsi, nous pouvions ôter notre
voile comme exigé. De huit heures du matin à quatre heures de
l’après-midi, nous restions dans la classe. Et, pour le déjeuner, nous
devions nous contenter du pain qui nous était envoyé.
C’est très injuste, cette discrimination, non seulement du point
de vue de la religion, mais aussi du point de vue de notre statut de
femme. En Turquie, un homme, même fondamentaliste, n’aura pas
de problème et ne sera pas arrêté. Alors que moi, je ne peux ni aller à
l’université ni être employée par l’Etat.
Pourtant, je ressens une grande confiance. Je sais qui je suis et ce que
je fais. Car ma façon d’être suscite aussi des réactions positives, qui me
disent que je suis « normale » ! La seule chose, c’est que je n’accepte
tout simplement pas de porter la culpabilité d’une faute que je n’ai pas
commise. C’est pareil lorsque je serre la main d’un homme ou que je
suis assise à côté d’un homme sur un canapé : je pense qu’il n’y a pas
de mal à cela et que cette attitude ne menace pas ma religion. »
Réflexion personnelle de Fatma Nur Zengin
basée sur un interview avec l’auteur du rapport
99
Pratiquant ou modéré ?
Pourquoi devrais-je choisir ?
« Au cours de cette conférence, nous avons pu constater qu’il y
avait beaucoup de préjugés envers l’islam en Europe. Envers les
autres confessions aussi, mais l’islam est perçu comme une religion
extrême, parce que méconnue.
Comment sinon expliquer l’utilisation fréquente d’attributs
comme « modéré » et « moderne » pour qualifier les termes d’islam
et de musulman, mais aussi le terme de « fondamentaliste » ? En fait,
un préjugé classique consiste aujourd’hui à considérer « normal »
un musulman « modéré » ou « moderne » ; de cette façon, il est
acceptable dans le contexte de la civilisation occidentale.
Durant ce séminaire, j’ai personnellement vécu cette expérience
et j’ai commencé à m’interroger. Mais laissez-moi vous relater deux
histoires, à mon avis très probantes, que résument ces deux questions
qui m’ont été posées :
Quelqu’un m’a fait cette remarque : « Ah, tu es un musulman
moderne, tu te rases !? » Et une autre personne m’a demandé : « Tu
es musulman n’est-ce pas ? Es-tu pratiquant ou modéré ? »
Mais, pour commencer, que pensez-vous de l’attribut
« moderne » associé au mot « musulman » ? Est-il vrai qu’une
personne qui ne porte pas la barbe est un musulman moderne ?
Ou est-ce l’inverse ? Qu’est-ce qui est modéré, selon vous ?
Suis-je modéré en tant que croyant ? Ou est-il modéré de ne
pas croire ? Etre heureux ou malheureux – est-ce modéré ? Ou
être en colère ? Je refuse ce préjugé, selon lequel notre apparence
devrait dicter le jugement des autres. Ne vaut-il pas mieux juger
sur le comportement et seulement une fois que l’on connaît la
personne ?
La première histoire m’a été racontée par une personne, qui
avait croisé dans les rues de La Haye, aux Pays-Bas, un grand
gars du Surinam, costaud, le crâne rasé, un air effrayant – le
100
genre de type que l’on ne peut manquer de remarquer. Mais, en
se retournant, elle avait lu dans son dos un grand tatouage qui
disait : « Seul Dieu peut me juger »...
L’autre histoire me semble aussi très intéressante. Pratiquer sa
religion est-il une exagération ? Que dire alors du Dalaï-lama, dont
nous avons tous une image positive, celle d’un homme sympathique,
pacifique, heureux et toujours prêt à aider son prochain ? Il est
considéré dans le monde entier comme un homme religieux ! A-t-
on pour autant le sentiment qu’il exagère ?
Encore une fois, le terme de « modéré » est utilisé un peu
trop facilement, sans réflexion. Comme celui de « moderne »,
d’ailleurs.
Mais j’ai aussi un autre sentiment. Quoi que l’on dise sur
l’acceptation des différentes races, le fait pour moi d’avoir la peau
blanche, fait que, inconsciemment, je n’apparais pas comme un
musulman « normal » – à l’image de ceux que l’on peut voir sur
cnn et la bbc. A mon avis, c’est pour cette raison que l’on me pose
autant de questions.
Quand je dis que je suis musulman, on me demande tout de suite
si je suis pratiquant. Et je devine l’autre partie de la question, à
savoir : suis-je modéré ? On me demande aussi si je bois de l’alcool.
Si je réponds par la négative, on me demande alors si c’est par
conviction personnelle ou religieuse. En fait, je dois toujours justifier
mes convictions d’une façon ou d’une autre, parce que je n’entre pas
dans le cadre de référence (race, ethnie, apparence, etc.) auquel nous
ont habitués les médias.
Je pense que si j’avais l’air arabe, j’échapperais à ces questions.
Affirmer que je suis musulman suffirait.
J’en conclus qu’il existe au sujet des musulmans des préjugés
très profondément enracinés en Europe occidentale, orientale et
centrale. Il est difficile d’évoquer cette notion sans l’associer à
quelque exagération ou fanatisme, et à l’idée que « les musulmans
ne sont pas modernes comme nous ».
Je voudrais demander aux participants de se retourner sur leur vie
et de se demander s’ils se sont déjà fait ce type de réflexion face à
des musulmans. Cette analyse pourrait nous aider à nous regarder
différemment la prochaine fois, à prendre conscience de nos
différences : car nos différences en termes de tenue vestimentaire,
101
de peau, de culture et d’habitudes ne signifient pas que nous
sommes fanatiques, ignorants ou que sais-je ! Nous pouvons tous
être modernes et modérés même en étant différents ! A moi aussi
d’ailleurs de faire valoir cette vision, et pas seulement dans cette
situation particulière... »
Réflexion personnelle de M. Nedzad Cengic
102
Les rencontres,
vecteur d’une meilleure compréhension
103
enseignements dans un livre relatant la formation de la communauté
bahaï, qui était sans lien politique. Dans ce livre, en arabe et en
persan, il guide ses adeptes sur le chemin de l’unité de l’humanité et
le respect des neuf grandes religions.
Nous l’avons surtout interrogé sur les pratiques quotidiennes du
bahaïsme et les principes qu’il partage avec l’islam.
Au fur et à mesure de nos discussions, nous avons compris
l’importance de la religion dans la vie d’un homme, ce qu’ont
confirmé les visiteurs athées. A mon avis, ce n’est pas seulement
l’accueil chaleureux, le thé et le café, mais aussi l’ouverture d’esprit
de l’homme, qui nous ont fait sentir qu’il était nécessaire d’œuvrer
pour une société meilleure, indépendamment des différences, et que
nous devions tous nous mobiliser pour un avenir meilleur. Dans
cette atmosphère très positive, nous avons pu poser des questions
en toute sérénité et mener une discussion dans la grâce et le calme
intérieur.
Contribution tirée des notes de Mme Henrietta Szovati
104
Exemples de bonnes pratiques
105
Resume des recommandations
1. Politique de relations publiques
w Sensibiliser aux questions que les médias n’abordent pas.
w Publier et distribuer régulièrement de la documentation sur les
violations et les crimes de haine. (Observation ajoutée par Maartje
au moment de la rédaction du rapport : « Je vous conseille de
vous abonner à la liste de diffusion » antiracism@icare.to. « Plus
de 600 personnes dans le monde sont inscrites. Les questions
d’islamophobie et de romaphobie sont abordées régulièrement ! »)
w Organiser des événements de grande envergure pour sensibiliser
le public et coopérer avec d’autres ong.
w Inviter des personnalités modèles et des faiseurs d’opinion à
s’impliquer et à encourager des projets : retenir l’attention des
jeunes.
w Etre prudent avec les médias et les informations que vous leur
communiquez (programme, lieu) ; fournissez-leur plutôt des
communiqués de presse officiels.
106
3. Politique externe des ong
w Mise en réseau avec d’autres ong et des fonctionnaires.
w Lobby / network avec les agences publiques pour s’attaquer aux
cas de racisme et les inciter à prendre des mesures. Les exhorter à
respecter les textes en place et/ou à adopter de nouvelles chartes.
w Travail pour l’établissement et le renforcement d’une instance
consultative : et notamment un Conseil de jeunesse – impliquer
les jeunes !
107
Quelques-uns des interets du modele
« Au-dela de la tolerance »
w Il implique chacun, indépendamment de sa couleur, de sa
religion, de sa nationalité et de son âge.
w Il est flexible et peut-être adapté pour une utilisation en milieu
urbain ou rural, mais aussi dans des écoles (pour un groupe
particulier d’une année, un groupe de tuteurs, etc.), ou entre des
écoles ou des groupes de jeunes.
w Les participants prennent plaisir à découvrir leur culture et
à la partager avec des jeunes d’autres cultures ; ensemble, ils
apprennent à apprécier leurs différences et leurs similitudes.
w Les participants sont aidés à proposer des idées, à célébrer leur
culture et celles des autres.
w Les participants peuvent apprendre en quoi les différences et les points
communs des cultures peuvent être/sont un atout pour la société.
4 Travailler ensemble
En travaillant en groupes restreints, les individus sont encouragés à
formuler des idées sur la façon de célébrer la diversité de leurs cultures,
de leurs traditions et de leurs antécédents au moyen de chansons, de
représentations théâtrales, de supports visuels, d’expositions, etc.
108
Le travail interculturel de jeunesse avec
Mme Antonella Aduso, Centre interculturel
de jeunesse Alouan, Turin, Italie
Participants : Antonella Aduso, Mariam Yassin, Fatima Doubakil,
Basema Spijkerman Salman, Esa Bateman, Oleg Guzic,
Jille Belisario, Domino Kai, Ola Himmat, Fatma Nur
Zengin, Suzana Ricea, Gerrit Neomagus, This Fetzer
Rapporteur/président : Ola Himmat
Facilitatrice : Mariam Yassin
Objectifs de l’atelier
Atelier sur des exemples de bonnes pratiques, des expériences et des
actions concrètes et positives, utiles pour tracer des lignes directrices
applicables aux projets et au travail de jeunesse, et pour encourager
les jeunes à agir.
109
w Réunion de médiation interculturelle : participer à des activités
en classe. Dans le cas d’une classe comptant quatre Albanais,
l’activité peut consister à faire connaissance, à découvrir leur
nourriture, leurs jeux, leurs contes, leurs chants et leurs peintures.
Les élèves de cette classe parlent ensuite de l’expérience à leur
famille ; une sorte d’échange est ainsi développé.
w Séminaires : inviter une personne intéressée.
110
w Ce en quoi croient les jeunes : les jeunes sont les sujets et les
acteurs, ils doivent être traités comme des experts. Ils savent et
nous devons les écouter.
111
Suède – Fatima. Le travail auprès des jeunes devrait être confié au
voisinage (qui connaît la famille et sa situation). Il est important de
travailler en respectant la culture des jeunes ; il faut donc trouver un
équilibre entre leur culture et celle du pays dans lequel ils vivent.
112
gouvernemental financé par l’Etat a été mis en place par la loi de
1976 sur les relations interraciales, qui est destinée à lutter contre la
discrimination raciale et à promouvoir l’égalité raciale. La mission
de la cre est la suivante :
113
Recommandations
Introduction
114
Le séminaire s’inspirait du travail effectué dans ce domaine par
l’ecri et de la Direction de la Jeunesse et du Sport, tout en prenant
en compte les résultats d’autres activités corrélées de l’Organisation,
comme la Déclaration d’Opatija sur le dialogue interculturel et les
activités du Congrès des pouvoirs locaux et régionaux du Conseil de
l’Europe sur la participation des migrants.
Les participants étaient préoccupés par les actes de discrimination
et de haine dont sont victimes les communautés musulmanes et
les personnes associées à l’islam dans plusieurs pays européens ;
ces actes, variables en termes d’ampleur et de gravité, sont fondés
sur une forme de préjugé envers l’islam en tant que religion ou
pratique.
L’islamophobie n’est pas seulement le problème des musulmans,
car elle a un impact sur la société dans son ensemble : sur les enfants
et les jeunes, sur les femmes autant que sur les hommes. Il convient
d’examiner ce phénomène dans le contexte plus large du racisme et
de la discrimination en Europe aujourd’hui, dans leurs expressions
anciennes et nouvelles ; il faut aussi prendre en compte le regain
troublant d’attaques antisémites et les formes persistantes d’hostilité
à l’égard des Roms et de ségrégation de leurs communautés.
L’islamophobie est une violation des droits de l’homme et une
menace pour la cohésion sociale. Les jeunes et leurs organisations
ont un rôle important à jouer s’agissant de prévenir l’islamophobie
et de sensibiliser aux conséquences négatives des préjugés et de la
discrimination. Tel était le raisonnement de base de la campagne
européenne de la jeunesse contre le racisme, l’antisémitisme, la
xénophobie et l’intolérance, qui reste d’ailleurs celui du Programme
jeunesse d’éducation aux droits de l’homme. Leurs actions doivent
être étayées et complétées par celles du Conseil de l’Europe et des
autorités locales et nationales. Les recommandations ci-dessous,
élaborées par les participants, sont autant de suggestions d’actions.
115
Recommandations
Au conseil de l’europe
116
l’ecri dans ses rapports pays par pays. Nous demandons aussi au
Conseil de l’Europe de mettre à la disposition de l’ecri les fonds
et les autres ressources nécessaires pour poursuivre ses activités.
Mesures juridiques
5. Adopter un cadre juridique – ou appliquer le cadre existant –
pour lutter contre la discrimination fondée sur la religion ;
6. Mieux informer les communautés minoritaires sur les
instruments juridiques et les mécanismes protégeant leurs droits
fondamentaux, en particulier le droit de pratiquer librement leur
religion et d’exprimer librement leurs convictions religieuses ;
7. Garantir et protéger le droit de tous les enfants et de tous les
jeunes à l’éducation ;
8. Garantir le droit des enfants à une éducation religieuse ;
9. Etendre le mandat des organismes de défense des droits de
l’homme, et des organismes nationaux spécialisés dans la
lutte contre le racisme et la discrimination raciale, pour qu’ils
s’intéressent tout particulièrement à la discrimination fondée sur
la religion et déterminent s’il existe des dispositions autorisant un
traitement islamophobe des personnes de religion musulmane,
qui de ce fait risquent de subir des préjudices d’ordre social,
psychologique ou autre.
Mesures politiques
10. Promouvoir le respect de la diversité religieuse dans le cadre
des droits de l’homme, et renforcer le rôle des organisations
de défense des droits de l’homme et d’éducation aux droits de
l’homme ;
11. Faire participer les jeunes – y compris ceux qui appartiennent à
des minorités ethniques ou religieuses – à la prise de décisions au
sein des partis politiques et d’autres institutions pertinentes, et
souligner l’importance de leur rôle dans ce domaine ;
117
12. Promouvoir le dialogue avec les chefs religieux ;
13. Créer les conditions nécessaires à la représentation des
communautés religieuses/musulmanes au niveau national ;
14. Interdire les déclarations anti-musulmanes/islamophobes lors
des campagnes électorales, ainsi que tous types de documents,
de slogans, etc. qui constituent une discrimination fondée sur
la race ou la religion. Infliger des sanctions aux personnalités
politiques ne respectant pas cette interdiction ;
15. Créer des commissions chargées des questions religieuses
au sein du Parlement national si celui-ci n’en comporte pas
encore ;
16. Créer des conseils religieux représentatifs chargés d’examiner les
politiques nationales pertinentes ;
17. Renforcer la présence des représentants des minorités en
politique et dans les institutions gouvernementales ;
18. Dénoncer les agissements des personnalités politiques de niveau
national ou européen qui abusent de leur liberté d’expression
pour tenir des propos racistes, et engager des actions contre ces
personnalités.
Mesures éducatives
19. Reconnaître et souligner l’importance de la contribution de
l’islam à la civilisation européenne ;
20. Intégrer l’éducation aux droits de l’homme et l’éducation
interculturelle dans l’éducation formelle (dispensée par le
système éducatif) ;
21. Garantir l’objectivité de l’enseignement de l’histoire et des faits
religieux (en particulier l’objectivité des cours sur l’islam) ;
22. Apprendre aux jeunes à se montrer critiques à l’égard de ce qui
leur est présenté dans les médias ;
23. Promouvoir un enseignement religieux œcuménique ;
24. Encourager les recherches sur l’islamophobie et les autres formes
de discrimination ;
25. Concevoir ou adopter des ressources pédagogiques consacrées à
l’éducation aux droits de l’homme (comme « Repères », manuel
pour la pratique de l’éducation aux droits de l’homme avec
les jeunes), qui puissent être utilisées dans le système éducatif
national ;
118
26. Mettre en place un enseignement et une formation axés sur la
dimension interconfessionnelle et interculturelle à l’intention
des enseignants, notamment dans un but de sensibilisation ;
27. Instaurer, dans les établissements scolaires, un jour consacré à des
activités permettant aux élèves de mieux connaître les différentes
religions ;
28. Former les agents administratifs, les travailleurs sociaux et les
animateurs de jeunesse aux questions liées aux religions et aux
communautés minoritaires ;
29. Renforcer les liens entre éducation formelle et éducation non
formelle en matière d’éducation aux droits de l’homme et de
non-discrimination ;
30. L’éducation interconfessionnelle et interculturelle devrait faire
partie intégrante des programmes scolaires. (Des membres des
communautés religieuses devraient être associés à la définition
du contenu de cet enseignement et dispenser eux-mêmes des
cours.) ;
31. Organiser et promouvoir des formations pour les jeunes sur
l’islamophobie et l’antisémitisme.
119
37. Les collectivités locales devraient user de leurs pouvoirs pour
lutter contre les comportements racistes des spectateurs lors des
matchs de football. Il conviendrait de sensibiliser les entraîneurs
au problème de la discrimination raciale, en vue de mettre fin aux
agressions racistes lors des rencontres sportives.
38. Les collectivités locales devraient veiller à ce que les garçons
et les filles de religion musulmane aient accès dans les mêmes
conditions aux installations sportives publiques (piscines, par
exemple).
120
Discours de clôture
Par le Rapporteur général
Selon moi, le slogan fort « Tous différents, tous égaux » reste la meilleure
base pour le déploiement d’autres efforts communs dans le sens de la
tolérance mutuelle, de la compréhension et de l’interaction positive,
qui devraient trouver dans ce séminaire un tremplin efficace. Il n’y a
personne dans le monde avec qui je ne partage que des points communs
(nous sommes tous différents !) mais, avec chacun, je peux espérer avoir
une petite chose en commun (nous sommes tous égaux !).
Pour un séminaire qui s’aventure sur un terrain difficile et qui
pénètre des sujets sensibles, il est capital de s’accrocher à cette
vision. Il n’existe pas de lignes de démarcation figées entre croyants
et athées, entre adeptes de confessions différentes, entre individus
d’origines différentes, etc. Quelle que soit la direction dans laquelle
nous portons notre regard, nous voyons des différences et des
similitudes. Mais, ce qui est crucial pour réussir à nouer des alliances,
c’est la façon dont nous défendons ou embrassons une croyance, une
vision du monde, un patrimoine, etc.
Le Conseil de l’Europe, cadre de ce séminaire, est une plateforme
idéologique pour toutes les interactions. L’article 9 de la Convention
européenne des Droits de l’Homme stipule ainsi :
121
2. La liberté de manifester sa religion ou ses convictions ne
peut faire l’objet d’autres restrictions que celles qui, prévues
par la loi, constituent des mesures nécessaires, dans une société
démocratique, à la sécurité publique, à la protection de l’ordre,
de la santé ou de la morale publiques, ou à la protection des
droits et libertés d’autrui. »
122
Lectures complémentaires
123
Pour une vue d’ensemble des activités et de la politique de jeunesse
du Conseil de l’Europe, rendez-vous sur le site :
124
Participants
Azerbaïdjan
Vusala Guluzade. Assemblée nationale des organisations de jeunesse
de la République d’Azerbaïdjan
Belgique
Aicha Tarfi. Comité pour les relations internationales de jeunesse
Eva Vergaelen. Kif Kif
Kaaoiss Najatte. Intercultural Islamic League of Belgium : ajm –
Association of young Muslims (Ligue islamique interculturelle de
Belgique : Association des jeunes musulmans)
Nedzad Cengic. Kairos Jeunesse
Bosnie et Herzégovine
Zijad Imamovic. Municipalité de Zenica
Bulgarie
Svetlana Nikolova Gantcheva-Hristova. Ecole secondaire n° 125
Chypre
Eleftherios Eleftheriou. Association internationale pour la protection
des droits de l’homme
125
Finlande
Mohamed-Nur Mohamud. Croix-Rouge Finlande
Kovala Siru. Projet Kannuste (Conseil de jeunesse de la ville de
Jyvaskyla)
Janette Grönfors. Conseil national de l’éducation, Unité d’éducation
rom
France
Arab Touria. Association Crépuscule
Effariq Maria. Association contre l’islamophobie en France
Beldjehem Mohamed. Espace de réflexion inter-associatif
Samia Hamdiken. Municipalité de Vénissieux
Allemagne
Britta Kollberg. raa Berlin (Centre régional pour les questions
interculturelles)
Maartje van Rije. eee3-yfu
Hongrie
Lea Kõszeghy. Centre des études sur les migrations et les réfugiés,
Institut des études sur les minorités ethniques et nationales de
l’Académie hongroise des sciences
Rabia Mercimekci Cemrek. Murat Cemrek Collegium Budapest :
Institut d’études avancées
Suzana Ricea. Association interethnique des personnes défavorisées
de Roumanie
Bori Simonovits. Centre interdisciplinaire pour la recherche en
sciences sociales
Annamária Nagy. Communauté Bahaï, Budapest
György Lederer. Fondation Alice Lederer
Inde
Khorrum Anis Omer. Global PeaceWorks
Irlande
Fortune Pouela. African Refugee Network (Réseau des réfugiés
africains)
Dympna Smith. Irish Girl Guides (Eclaireuses irlandaises)
126
Israël
Ayelet Roth. ipcri – Israeli/Palestinian Centre for Research and
Information
Amit Kossover. Collège central universitaire Galilée
Italie
Giulia Micciche. Kinkoba, Voci Lontane
Antonella Aduso. Association sans but lucratif Alouan
Fabio Di Nunno. Maison Rinascita Sociale Salam
Moldova
Tatiana Sirbu. Assemblée de Moldova des jeunes citoyens
d’Helsinki
Norvège
Kadafi Zaman. Verdens Gang
Unni Irmelin Kvam. Conseil de la jeunesse norvégienne
Pologne
Blachnicka Dominika. epto – European Peer Training Organisation
Rebecca Williams. Bureau des institutions démocratiques et
des droits de l’homme de l’Organisation pour la sécurité et la
coopération en Europe
Maciej Wasyluk. Association pour l’amitié entre Polonais et
Algériens
Roumanie
Florin Dorian Dascalescu. aegee-Europe (Association des Etats
généraux des étudiants de l’Europe)
Fédération de Russie
Oksana Chelysheva. Société pour l’amitié russo-tchétchène
Tounkara Aliou. Organisation sociale de Saint-Pétersbourg « Union
africaine «
Serbie et Monténégro
Ljubica Nikolic. Parti démocratique (Jeunesse démocratique)
127
Espagne
Raquel Amaranta Santos Perez. a.s.i. Avanza Sociedad Internacional
Juan A. Maza Amodeo. m.p.d.l (Movement for Peace,
Disarmament and Liberty)
Suède
Fatima Doubakil. Jeunes femmes des Minorités
Domino Kai. Union nationale des Roms de Suède
Suisse
This Fetzer. Federal Service for Combating Racism (Service fédéral
de lutte contre le racisme)
Ola Himmat. Communauté islamique dans le canton de Ticino gm
Ti
Pays-Bas
Jille Belisario. Stichting Sumpay Mindanao International et
Commission for Filipino Migrant Workers
Gerrit Neomagus. Centraal Orgaan Opvang Asielzoekers (coa)
Basema Spijkerman Salman. webb
Turquie
Fatma Nur Zengin. icano – International Council for Awqaf and
Non-Governmental Organizations
Ukraine
Guzic Oleg. Fédération des organisations sociales en Ukraine
« Arraid «
Royaume-Uni
Esa Bateman. Racial Attacks & Harassment Monitoring Association
(r.a.h.m.a.)
Henrietta Szovati. Islamic Society of Britain
Alexandra MacRae. The Race Equality Council of Gloucestershire
Hazel Baird. Commission for Racial Equality
128
Groupe préparatoire
Michael Privot. Forum des Organisations de jeunes et d’étudiants
musulmans européens
Kélig Puyet. Forum européen de la jeunesse
Alexandra Raykova. Foundation for Promotion of the Roma Youth
(Fondation pour la promotion de la jeunesse rom)
Mariam Yassin. Conseil consultatif de la Direction de la Jeunesse et
du Sport
Sarah Eberle. Stagiaire au Centre européen de la Jeunesse, Budapest
Heike Klempa. Conseil de l’Europe – Commission européenne
contre le racisme et l’intolérance
Rui Gomes. Conseil de l’Europe – Direction de la Jeunesse et du Sport
Rapporteur général
Ingrid Ramberg
Experts
Vincent Geisser. Chercheur, cnrs
Adam Mouchtar. Union européenne des étudiants juifs
Sanil Modessa. Minorités d’Europe
Corinne Grassi. Collectif judéo-arabe et citoyen pour la Paix
Farid Abdelkrim. Union des organisations islamiques de France
(uoif)
Cristi Mihalache. Centre européen pour les droits des Roms
Larry Olomoofe. Centre européen pour les droits des Roms
Pervana Mammadova. Centre humanitaire Yuva
129
Conseil de l’Europe
Gabriella Battaini-Dragoni. Directrice générale – Direction générale
IV – Education, Culture et Patrimoine, Jeunesse et Sport
François Sant’Angelo. Commission européenne contre le racisme et
l’intolérance
Antje Rothemund. Directrice exécutive du Centre européen de la
Jeunesse, Budapest
Rui Gomes. Administrateur chargé du programme et de la
formation, Centre européen de la Jeunesse, Budapest
Zsuzsanna Molnár. Assistant de programme
Sarah Eberle. Stagiaire au Centre européen de la Jeunesse, Budapest
130
Programme
Mercredi 2 juin
09:15 Ouverture du séminaire
Présentation des participants
Déclarations introductives par :
Mme Antje Rothemund, Directrice exécutive du Centre
européen de la Jeunesse de Budapest
Mme Gabriella Battaini-Dragoni, Directrice générale de
l’Education, Culture, Patrimoine, Jeunesse et Sport du
Conseil de l’Europe
Mme Mariam Yassin, représentant du Conseil consultatif
pour la jeunesse et membre du groupe préparatoire du
séminaire
09:50 Présentation du programme, objectifs du séminaire
10:05 Attentes des participants eu égard au séminaire
10:35 « Le Conseil de l’Europe et les activités contre
l’islamophobie : les normes et instruments existants «,
par M. François Sant’Angelo, membre suppléant de la
Commission européenne contre le racisme et l’intolérance
11:00 Pause
11.30 « L’islamophobie en Europe : de l’anti-mahométisme
chrétien au racisme moderne « – discours liminaire de
131
M. Vincent Geisser, chercheur au cnrs, Marseille, France
Questions et échange de vues avec les participants
13.00 Déjeuner
14.30 « L’islam dans les médias «, introduction par M. Michael
Privot, représentant du femyso au sein du groupe
préparatoire du séminaire
15.00 Groupes de travail sur les manifestations, causes et facteurs
de l’islamophobie
16.00 Pause
16.30 Poursuite des groupes de travail
17.30 Rapports des groupes de travail
18.15 Clôture
19:00 Dîner
20.30 Soirée culturelle : « Tout ce que tu as toujours voulu savoir
sur l’islam / le judaïsme / le christianisme... »
Jeudi 3 juin
09:15 Ouverture de la journée et présentation du programme
09:25 Introductions plénières sur d’autres (nouvelles?) formes
actuelles de discrimination raciale
w La romaphobie, avec M. Cristi Midalache, Centre européen
pour les droits des Roms
w L’antisémitisme, avec M. Adam Mouchtar, Union
européenne des étudiants juifs
w Le racisme à l’égard des minorités visibles, avec Mme
Mariam Yassin, Conseil consultatif pour la jeunesse
10:15 Ateliers sur les (nouvelles ?) formes de discrimination
raciale et leurs manifestations dans le contexte social des
participants
w La romaphobie, avec M. Cristi Midalache, Centre européen
pour les droits des Roms
w L’antisémitisme, avec M. Adam Mouchtar, Union
européenne des étudiants juifs
w Le racisme à l’égard des minorités visibles, avec Mme
Mariam Yassin et M. Larry Olomoofe
11:00 Pause
11:20 Poursuite des ateliers
12:15 Feed-back des ateliers et organisation des visites sur le
132
terrain à Budapest
13:.00 Déjeuner
14:30 Découvrir la dimension multiculturelle et
multiconfessionnelle de Budapest
Visite et discussion avec des représentants des communautés
religieuses locales
w Synagogue / Centre culturel juif
w Mosquée
w Centre de la communauté rom
w Eglise orthodoxe / centre culturel
w Centre catholique / centre culturel
w Centre bahaï
19:30 Dîner-barbecue au cejb
Vendredi 4 juin
09:15 Ouverture de la journée et présentation du programme
09:20 Feed-back des visites à Budapest
09:30 Table ronde sur les conséquences de l’islamophobie sur :
w Les jeunes hommes, avec M. Farid Abdelkrim, membre de
l’uoif
w Les jeunes femmes, avec Mme Hadia Himmat, femyso
11:00 Pause
11:30 Ateliers sur les conséquences : échange d’expériences, étude
approfondie des questions, recherche des points communs
13:00 Déjeuner
14:30 Présentation des rapports des groupes du matin
15:10 Ateliers portant sur des exemples de bonnes pratiques,
expériences et actions concrètes :
w La coopération juive et arabe, avec Mme Corinne Grassi,
Collectif juif-arabe pour la paix, Strasbourg, France
w L’échange de cultures, avec M. Sanil Modessa, Minorités
d’Europe
w Le travail de jeunesse interculturel, avec Mme Antonella
Aduso, Centre interculturel de jeunesse Alouan, Turin, Italie
w La résolution des conflits et le dialogue interculturel dans
le Caucase, Mme Pervana Mammadova, Azerbaïdjan
18:15 Clôture
19:00 Dîner, soirée libre
133
Samedi 5 juin
09:15 Ouverture de la journée et présentation du programme
09:25 Présentation des rapports récapitulatifs des orientations
pour de bonnes pratiques
10:20 Groupes de travail sur les conclusions et les
recommandations adressées à / concernant :
w Les institutions européennes
w Les gouvernements nationaux
w Les autorités locales
w Les ong
12.45 Fin du travail des groupes
13.00 Déjeuner
14.30 Présentation des recommandations des groupes de travail
15.15 Conclusions du Rapporteur général
15.45 Evaluation du séminaire
16.45 Clôture du séminaire
17.00 Temps libre
20.00 Dîner et excursion en bateau sur le Danube
Dimanche 6 juin
Départ des participants
Sales agents for publications of the Council of Europe
Agents de vente des publications du Conseil de l’Europe
Le séminaire sur l'islamophobie et ses conséquences pour les jeunes devait contribuer
à la lutte contre l'islamophobie en favorisant une identification des actions politiques L'islamophobie
et ses conséquences pour les jeunes
et éducatives. Son but était d'encourager à accroître la compréhension et le respect
de la diversité confessionnelle parmi les jeunes en Europe.
ISBN 92-871-5673-5