Poetique D Anne Hebert
Poetique D Anne Hebert
Poetique D Anne Hebert
Extrait de la publication
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Du mme auteur :
Kamouraska dAnne Hbert : une criture de la passion suivi de Pour un
nouveau Torrent , Hurtubise HMH, 1982.
ROBERT HARVEY
Extrait de la publication
C841'.54
C00-940743-X
Linstant mme reoit pour son programme de publication laide du Conseil des
Arts du Canada, celle de la Socit de dveloppement des entreprises culturelles du
Qubec ainsi que celle du gouvernement du Canada par lentremise du Fonds du livre
du Canada.
Mary Lise,
ma compagne de toujours
et ma si chre amie
et Tristan,
mon fils formidable
Extrait de la publication
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Introduction
INTRODUCTION
Je crois que les publications de jeunesse contiennent
vraiment en nud ferm ce qui va suivre.
Anne HBERT,
Le Devoir, 23 mai 1992.
Extrait de la publication
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Introduction
Extrait de la publication
Son intrt pour ce quelle appelait alors les mystres chrtiens , ou mythes chrtiens dirions-nous plus justement
aujourdhui, sest maintenu tout au long de son uvre, mais
lhorizon de son objet sest modifi progressivement. Empruntant dabord sa symbolique au langage des critures, lauteure
en viendra par la suite dcouvrir dans lcriture elle-mme
les ressources ncessaires pour subsumer le sacr. Comme la
plupart des religions du monde ont un arrire-plan mythologique, il nest donc pas tonnant que lcriture dAnne Hbert
ait fini par rejoindre le mythe dans son essence, sans plus avoir
sencombrer de limagerie proprement religieuse des dbuts
de luvre.
La plupart des critiques ont lud cet aspect religieux des
premires uvres dAnne Hbert en tentant, sous le couvert
dune tiquette commode lexcuse de la jeunesse et de limmaturit de lauteure , de rcuprer cet encombrant bagage
culturel, plutt que de lui accorder la place qui lui revient dans
lvolution de la symbolique de luvre. La mythocritique a
pourtant dmontr la fonction structurante du discours chrtien
de la perte ou du salut dans la littrature occidentale, a fortiori
qubcoise9.
Cest oublier que les signifis de la littrature sont avant
tout des formes qui rfrent des fonctions, non des tres,
comme nous lont appris entre autres Mikhal Bakhtine, mile
Benveniste, Roland Barthes et Northrop Frye. Ainsi, quelles
que soient les croyances ou les attitudes de lauteur, son texte
aura toujours plus de souplesse que ne le permet sa rfrence
idologique (Frye, 1994 : 81) du fait quil est dabord littrature. Ce que dit un pote nest pas ce qui fait de lui un
pote , parce que ce qui est dit appartient lidologie et la
12
Introduction
rhtorique, non au mode potique en tant que tel . La littrature se contente de proposer des symboles et des illustrations,
elle appelle une suspension du jugement (p. 11, 84 et 46). En
ce sens, rien ne doit donc prcder en signification la littrature elle-mme.
Linterprtation de luvre dAnne Hbert gagnerait donc
assimiler ce qui a trop longtemps t considr comme accessoire la comprhension de luvre. Non pas tant dans le
but purement philologique ou hermneutique de raliser la
lecture intgrale de luvre, mais dans celui dentendre ce
tremblement mythologique des sens qui caractrise, selon
Barthes, luvre littraire. Cest au moment o luvre devient mythique quil faut la traiter comme un fait exact10. Le
recentrage de la valeur sur ce rapport intime qui lie le mythe
la littrature devrait ainsi permettre de dire luvre dans ce
quelle a dessentiel, et par l de nous en rvler lidentit
distincte.
Loin de vouloir nier limportance des facteurs sociaux et
historiques qui conditionnent luvre et quelle ne peut transcender11, nous avons prfr linterroger dans son rapport intemporel au mythe, par le biais de cette continuit de forme
qui la rattache toutes les grandes uvres littraires. Luvre
qui est grande, dit Judith Schlanger, est lexpression parfaite et
singulire de son poque ; mais elle possde aussi ltrange
facult de subsister hors de son poque en restant toujours
nouvelle. la fois historique et transhistorique, elle appartient des dimensions temporelles divergentes, et cest l son
paradoxe12.
Notre intrt pour le mythe comme fondement du religieux
et du littraire ne signifie pas pour autant que nous utiliserons
ici la mythocritique comme mthode de lecture des textes. Frye,
quon associe habituellement ce courant de la critique
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Extrait de la publication
littraire, rejette pour lui-mme laffiliation, parlant de malentendu. Il objecte que sa thorie de la lecture, expose initialement dans Anatomie de la critique, a t embaume dans un
sarcophage par ses utilisateurs. La critique littraire, dit-il,
ne doit pas tre le prolongement dune autre discipline , mais
un domaine la fois cohrent et inpuisable (1994 : 13).
Barthes et sa thorie de lcriture nous fournissent cette
mthode pour aborder luvre. Lauteur prend soin de se
distancier des sciences de la littrature, dont la fonction est de
dcrire lacceptabilit des uvres plutt que leur sens ; la
grammaticalit des phrases, plutt que leur signification ;
la polyvalence des symboles, plutt que leur interprtation. Pour
Barthes comme pour Frye, luvre littraire ne saurait se rduire
un objet dtude, tant donn que sa matire premire est
dordre langagier. Dans cet esprit, Frye dfinit la lecture critique de luvre comme ltude de lexprience que nous
faisons en la lisant , ou le rsultat de la fusion de luvre
avec nous-mme (1994 : 96). Barthes, pour sa part, dcrit en
ces termes la fonction du critique :
Faire du travail danalyse une fiction labore, cest peuttre aujourdhui une entreprise de pointe : non pas contre la
vrit et au nom de limpressionnisme subjectif, mais au
contraire parce que la vrit du discours critique nest pas
dordre rfrentiel, mais dordre langagier : il ny a dautre
vrit au langage que de savouer langage : les bons critiques,
les savants utiles seront ceux qui annonceront la couleur de
leur discours, qui y apposeront clairement la signature du
signifiant13.
Extrait de la publication
Introduction
parole ; car lobjet quil affronte est son propre langage, et non
pas luvre elle-mme. Le langage nest pas un instrument au
sens objectif du terme, il est le sujet . Ce que le critique expose dans lanalyse est le langage lui-mme, non son objet ;
sa sanction sera non pas le sens de luvre, mais le sens de
ce quil en dit . Il nous faudra ainsi trouver une langue qui ne
soit pas celle de sentiments individuels, ni celle de lobjectivit
inculte, aveugle sur elle-mme, et sabritant derrire la lettre
comme derrire une nature (Barthes, 1966b : 36, 65, 69-70),
et la parler pleinement.
Rien traduire ou claircir ici. Il va de soi que luvre
ne peut tre plus claire. Il sagirait plutt de faire flotter un
second langage au-dessus du langage de luvre, une cohrence de signes, une sorte danamorphose . Puisque le pur reflet
de luvre est impossible, lanamorphose se proposera comme
une transformation surveille, soumise des contraintes optiques : de ce quelle rflchit, elle doit tout transformer ; ne
transformer que suivant certaines lois ; transformer toujours
dans le mme sens . Seules les contraintes formelles du sens
pourront veiller lorganisation de lanamorphose. laide de
quelque mise en scne spirituelle exacte (Barthes, 1966b :
64, 72, 73), il nous faudra ainsi tenter de reproduire dans notre
propre langage les conditions symboliques de luvre.
Nous faisons ntre galement cette assertion de Jean
Baudrillard exprimant son engagement personnel envers tout
objet dtude qui relve du langage. Ce jeu nigmatique que
devient la lecture en rponse la sduction du texte ne doit
plus tre celui de la simple analyse. Il cherche[ra] prserver
lnigme de lobjet par lnigme du discours (1987 : 83).
Comme par un juste retour des choses, il semblerait ainsi que,
parvenu ce plus haut degr dune conscience du langage
qui ne soublie pas lui-mme (Barthes, 1984 : 355), lesprit
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Extrait de la publication
Introduction
18
Introduction
Notes
1. Voir entre autres Paul Wyczynski, Lunivers potique dAnne Hbert ,
Posie et symbole, Montral, Dom, 1965, p. 149-185 ; Delbert W. Russel,
Anne Hbert, Boston, Twayne Publishers, 1983 ; Jacques Blais, Lunivers
magique dAnne Hbert , De lordre et de laventure. La posie au Qubec
de 1934 1944, Qubec, PUL, 1975, p. 253-268.
2. Jacques Blais, op. cit., p. 255.
3. Voir nos deux articles publis dans le Dictionnaire des uvres littraires
du Qubec, Tome VI, 1975-1980 (Montral, Fides, 1994) : Entre songe
et parole. Structure du Tombeau des rois dAnne Hbert, essai de
Pierre-Herv Lemieux (p. 296-297), et Une lecture dAnne Hbert. La
recherche dune mythologie, essai de Denis Bouchard (p. 848-849).
4. Voir Robert Harvey, Kamouraska dAnne Hbert : une criture de la
passion suivi de Pour un nouveau Torrent , Montral, Hurtubise HMH,
1982.
5. Voir Robert Harvey, Pour un nouveau Torrent , dans Anne Hbert, Le
Torrent, Montral, Bibliothque qubcoise, 1989, p. 7-18 ; et Introduction , dans Anne Hbert, Le Temps sauvage suivi de La Mercire
assassine et Les Invits au procs, Montral, Bibliothque qubcoise,
1992, p. 7-29.
6. Voir Jeanne Lapointe, Quelques apports positifs de notre littrature dimagination , Cit libre, octobre 1954, p. 17-36 ; Gilles Marcotte, Le
Tombeau des rois dAnne Hbert , Une littrature qui se fait, Montral,
Hurtubise HMH, 1962, p. 272-283 ; Laurent Mailhot, Anne Hbert ou le
temps dpays , dans Jean-Clo Godin et Laurent Mailhot, Thtre
qubcois I, Montral, Bibliothque qubcoise, 1988, p. 175-213 ; Jean
thier-Blais, Anne Hbert et Paul Toupin : fleurons glorieux , Signets
II, Montral, Cercle du Livre de France, 1967, p. 195-202.
7. Le mythe, ou le texte religieux comme avatar du mythe, est une histoire sacre,
un modle exemplaire de toutes les activits humaines significatives. Les
espces de mythes comprennent ceux de la Cration, de la Chute, de
lexode et de la migration, de la destruction du genre humain dans le pass
(mythes du Dluge) ou dans lavenir (mythes apocalyptiques), de la
rdemption pendant ou aprs la vie. [Ils esquissent] la vision qua lhumanit
de sa nature et de sa destine, de sa place dans lunivers, de son sentiment
la fois dinclusion et dexclusion dans un ordre infiniment grand
(Northrop Frye, La Parole souveraine. La Bible et la littrature II, Paris,
Seuil, 1994, p. 45).
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Extrait de la publication
20
Extrait de la publication
Chronologie de luvre
CHRONOLOGIE DE LUVRE
Rdaction
automne 1938
t 1942
Titres
Premire
publication
12-1937
Enfants la fentre
04-1938
La robe corail
1950
La part de Suzanne
12-1938
03-1939
Danse (SE)
10-1939
Le miroir (SE)
02-1940
01-1941
03-1941
01-1942
La maison de lesplanade
09-1943
10-1942
Lesclave noire
03-1943
Paradis perdu
02-1944
Prlude la nuit
05-1944
335
Rdaction
Titres
Premire
publication
06-1944
Plnitude
10-1944
De Saint-Denys Garneau
et le paysage (hommage)
12-1944
Lange de Dominique
1945
1944-1945
LArche de midi
indit
hiver-printemps
1945
1946-1947
Le torrent
1950
Rsurrection de Lazare
05-1945
Offrande
06-1946
Beaut
01-1947
10-1947
Le printemps de Catherine
La voix de loiseau (TR)
juillet 1952
01-1945
1950
01-1949
1950
05-1951
05-1951
12-1951
336
1967
10-1952
Chronologie de luvre
Rdaction
Titres
Le Tombeau des rois
Premire
publication
1953
(commentaires de films)
janvier 1953
juin 1957
juin 1959
1954
10-1954
07-1957
05-1958
10-1958
12-1958
12-1958
1959
1960
mars 1958
10-1960
Shannon
10-1960
(commentaire de film)
1960
1960
Et le jour fut
1961
automne 1962
Un grand mariage
04-1963
fvrier 1963
La mort de Stella
04-1963
337
1963
Rdaction
Titres
Premire
publication
1963
1964
05-1965
(critique)
06-1965
(critique)
07-1965
08-1965
09-1965
10-1965
11-1965
(critique)
12-1965
(critique)
01-1966
Un dimanche la campagne
09-1966
1967
02-1967
Les offenss
06-1967
Couronne de flicit
07-1967
1969
Kamouraska
1970
1970
338
Extrait de la publication
Chronologie de luvre
Rdaction
octobre 1977
Titres
Premire
publication
Le silence
1971
En cas de malheur
1972
clair
1972
La cigale
1972
1975
Sommeil
1978
1978
1978
Mmoire
1978
Lle de la demoiselle
1979
Hlose
1980
1982
Le Premier Jardin
1988
1990
1992
1992
1993
1995
1997
1998
Un habit de lumire
1999
339
INTRODUCTION
9
PREMIRE PARTIE
INTRODUCTION
25
CHAPITRE PREMIER :
LES SONGES EN QUILIBRE
LAMBIVALENCE
UNE QUTE DE LORIGINE
LA GRAVIT DU CENTRE
LIMAGINAIRE DE LENFANCE
LE SACR RELIGIEUX
CROYANCE ET FOI
UN ART POTIQUE
PRIRES : UN CREUSET
29
29
34
36
40
44
46
48
50
CHAPITRE DEUX :
LANGE DE DOMINIQUE
LENJEU
DE LA DANSE COMME ART POTIQUE
LEXPRIENCE DU DDOUBLEMENT
LEXPLORATION PAR LE RVE
LIDENTIT DE LANGE
ANGE OU DMON ?
INTERDPENDANCE
NOUVELLE GENSE
341
61
62
63
67
68
70
72
73
74
CHAPITRE TROIS :
LARCHE DE MIDI
PARADIS PERDU
LA CHIMRE DHANCHE
RICHESSE/PAUVRET
MRE/FILLE
LA FONTAINE
ASCENDANCE/TRANSCENDANCE
LE TOMBEAU DE LA REINE
ANTAGONISME DU COUPLE
COMPLMENTARIT DU COUPLE
LE COUPLE PRIMORDIAL
DE LA RAISON, ET DU CUR
LE CRI DU CORPS
UN BONHEUR RANONN
TABLEAU DE CHASSE
LA NOUVELLE ALLIANCE
85
87
89
92
93
95
97
99
101
102
104
107
110
113
114
117
DEUXIME PARTIE
INTRODUCTION
LA COMPOSITION DENSEMBLE
LA THMATIQUE
Leau
Les yeux
Le cur
Loiseau
Larbre
Les mains
Les os
Le mur
Les pas
342
135
136
139
140
143
144
146
147
149
150
151
152
En guise de fte
Un mur peine
La chambre ferme
La chambre de bois
De plus en plus troit
154
154
157
161
163
163
164
168
171
174
177
180
180
182
184
187
190
190
195
199
203
203
207
211
219
224
226
227
231
234
Il y a certainement quelquun
Lenvers du monde
236
242
249
250
253
256
259
259
265
CONCLUSION
295
BIBLIOGRAPHIE
305
SIGLES
333
CHRONOLOGIE DE LUVRE
335
344
Extrait de la publication