Henchir Djedeïda Aux XIXe
Henchir Djedeïda Aux XIXe
Henchir Djedeïda Aux XIXe
Rsum
Si lurbanisation a t lune des caractristiques majeures de lpoque moderne, cest
toutefois durant le protectorat franais que ce phnomne a pris son ampleur, nous lui
devons en effet un hritage formel essentiel. Les villes coloniales ont inscrit dans lespace
une trame de lieux, de points centraux, qui reste lun des fondements majeurs de la structure
urbaine contemporaine. limage de la ville de Tunis, la campagne priphrique a connu
une vritable pousse du phnomne urbain, tant par lextension des bourgs prcoloniaux,
que par la cration des localits nouvelles.
Cette tude propose dexaminer le dveloppement urbain observ henchir Djededa
au cours de lpoque coloniale. Profitant des nouvelles lois et rglementations, les autorits
coloniales ont lanc un plan de dveloppement contrl. Il sagit de dtailler les tapes de
son volution et de prsenter les mcanismes qui ont permis la reconfiguration du domaine
ainsi que les procdures et les intervenants.
Mots cls : Henchir, palais, campagne, milieu rural, protectorat, Djededa, Khaznadar,
cole isralite, urbanisme, Lotissement, Lakhmi
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7- A.N.T. Registre 3992. Ibn Ab Dnr, 1967, p. 204. Ahmed Saadaoui, 2011, p. 461-463.
8- A.C.F. Dossier 5915.
9- Al-Wazir Es-Sarraj, 1984, t.3, p. 250.
10- Mohamed Seghir Ben Youssef, 1998, p. 24-25.
11- Ibn Ab Diyf, 1989, t. 2, p. 77.
12- A.C.F. Dossier 3649.
13- A.C.F. Dossier 5915.
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conduisent poursuivre les recherches sur les origines de ce vieux henchir. Il faut admettre
que la recherche des titres fonciers de la proprit suit des pistes dinvestigation trs
intressantes mais noffre jamais de rponse concrte sur les premiers propritaires de ce
henchir, mystre la priphrie de Tunis.
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par le pouvoir central. Par suite de quelques recoupements, il nous a t permis de localiser
quelques lieux hafsides qui dlimitaient Henchir Djededa savoir Henchir Qassa, Henchir
Myina et Henchir Hanna.
Fig. 2. Localisation de Henchir Qassa et Henchir Myina, Source : Bulletin annuel, lAssociation des colons
Franais de la rgion de Tebourba, publi sous la direction de P. de Beaumont, n1, janvier 1902.
Daprs quelques actes notaris du XVIIIe sicle17, nous savons que Henchir Myina
tait limit l'ouest par Henchir Bjwa proprit du beylik, l'est par la gba de Qassa; au
nord, s'tend Henchir Hanna18. Les dnominations de ces lieux figurent lors de
lorganisation du Cadat de Tebourba en 1892-189419. Egalement, ladite liste comporte
plusieurs henchir-s savoir celui de Henchir Er-Rwijel, Henchir Morra et Henchir Et-
Taoues, sur la rive droite de la Medjerda. Ce qui dmontre une certaine continuit dans
l'occupation du sol concerte par le pouvoir officiel turc. Une autre orientation est marque,
en revanche, par la constitution de vastes espaces fonciers bien individualiss groupant des
dizaines de proprits, c'est le cas de Henchir Onk-Djemel, Henchir Chaouat, Henchir
Derguiche, Henchir Morra et Henchir Djededa. En effet, sur ces henchir-s, nous
distinguons encore au XIXe sicle des espaces indivis, partiellement mis en valeur par le
beylik ainsi que certains propritaires privs et qui vont tre le thtre dune intervention
coloniale importante.
lpoque husseinite, la proprit figure sur la liste des biens de Hammouda Pacha
en1794, celle dHussein Pacha Bey en 1828 et celle de Muhammed Bey en 186020. Daprs
ces actes, nous remarquons que la formation de Henchir Djededa a largement change.
Dsormais il comprenait seulement Henchir Chaouat, Henchir Morra, Henchir El-
Hathermine, Henchir ben Attia, Henchir Ben Nefissa, Henchir El-Qantara, Henchir
Derguiche et Henchir Ez-zouitina21.
Suite des concessions frquentes accordes des membres de la famille beylicale
plusieurs parcelles soustraites auront une existence propre. Ibn 'Abi Diyf prcise dans sa
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chronique qu'Ahmad Bey aurait fait plusieurs concessions foncires au profit de dignitaires
de sa cour et de serviteurs : "'a'tkatrt mina l-rab'iwa-l-'aqri li-hsatihi wa atb'ihi al-
ladhna wahabt s'ti 'a 'mrihim fi khidmatihi"22. La ralit de l'appropriation de ces
parcelles est si complexe et si inextricable qu'elle exige au pralable tout un travail de
prcision et d'interprtation des notions relatives aux multiples droits qui se superposent sur
le henchir en question.
Ainsi, le henchir dsign a considrablement chang. En 1869, suite la soustraction
du Henchir Chaouat par le ministre Mustapha Khaznadar, le toponyme se dplace quelque
peu vers louest avant de glisser progressivement encore vers le sud23. Durant les dcennies
qui suivent, le territoire auquel le toponyme Henchir Djededa renvoie se modifie
considrablement. En 1889, en se fondant sur lacte de bail au profit de Hmida Ben Ayed,
Henchir Djededa enclavait les Henchir-s suivants : Henchir ed-Dekhaniya, Henchir Er-
Rouijel24 , Henchir el-Kherba, Henchir el-Qantara25, Ardhel-Meghsala, Machiet el-Yuhoudi,
Shrak Farhoud, Shrak Ghar et-Tin, Shrak el-Faden, Henchir ed-Damous, Henchir Mezhoud,
Saniet el-Kahia situe lest du Dachret Djededa26.Nous remarquons ainsi une nouvelle
composition compltement diffrente de la prcdente ainsi que celle du XVIIe sicle. Tout
le problme est de pouvoir localiser ces lieux. En mettant cette liste sous la loupe, nous
distinguons des proprits nouvellement renommes savoir Henchir el-Qantara jadis
connu Henchir Et-Taoues figurant sur les actes notaris du XVIIe sicle. Nous remarquons
aussi dautres parcelles dont les noms renvoient une fonction comme Ardh El-Meghsala,
parcelle incluse Henchir Derguiche situe aux abords immdiats de lusine de foulage. En
consquence lappellation naissante renvoie une nouvelle fonction de cette parcelle qui
servait despace de nettoyage des bonnets. Les autres lieux dits restent pour la majorit non
identifiable. Pour ce qui fut des modes dappropriation de lespace nous nen savons pas
grand-chose, mais cela devait se faire, par la vivification des terres mortes selon les usages
de lpoque, en particulier suite des oprations de Mogharassa mais aussi par lhritage ou
lachat tout simplement. Pareillement, il nous semble logique de proposer que ces
toponymes datent de diffrentes priodes et quils soient les tmoins dun intrt particulier
pour le dveloppement agricole de la zone un moment donn.
Espace naturel trnant firement, Henchir Djededa a t depuis la fondation de son
village un espace pris par ses habitants et ses propritaires. Lieu de rassemblement, de
dtente et dinterprtation ce site a eu, tout au long de lpoque moderne, plusieurs
vocations. Faisant partie dun ensemble plus grand quon nomme la plaine de la basse
valle, ces terres ont servi, sous le protectorat franais, pour la culture de crales et de
vignes de mme que pour ltablissement de colons.
Les premires concessions de terres sur ledit henchir remontent au milieu du XIXe
sicle. En 1845, par la suite dune donation beylicale autorise par Ahmed Pacha Bey la
totalit de ce domaine est devenue la proprit du ministre Mustapha Khaznadar27.En 1856,
le domaine avait t lou un Anglais qui entendait y dvelopper la culture du coton.
Daprs le contrat de concession le domaine stendait sur 7000 hectares et enclavait les
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tre trait par la procdure sommaire de lexpulsion pure et simple et il fallait fixer
les indigne au sol. Une commission prside par Monchicourt a examin la situation34.
Le comit de colonisation a rserv 500 hectares ces indignes et 3.500 hectares la
colonisation35. Les colons ont contest avec vhmence cette mesure. De mme ils ont exig
que les attributions de lots aux "indignes"soient restreintes afin que les occupants se
trouvent dans lobligation doffrir leur main-duvre aux colons. Le dbat a t assez anim,
les colons sont rests fermes sur leur position, savoir quil tait indispensable de fixer ces
occupants. Pour le gouvernement il ny avait pas dassimilation juridique faire entre les
occupants dun bien domanial immatricul acquis sur le fond de colonisation et les
occupants de biens habous, mais lidentit de procdure suivie en lespce drivait dune
assimilation du fait quelle tait impose par la nature mme de la situation36.
c. Conflits entre colons et population locale
La fixation des occupants tunisiens sur Henchir Djededa ntait donc quune dcision
officielle qui a chapp toutes les discussions. Les lots attribus aux tunisiens ont t trop
petits pour la culture cralire. Les plus grands ne dpassaient pas 35 hectares ; certains
n'avaient que 2 15 hectares. Cette mesure fait apparatre une srie de tensions et des
conflits dintrts entre les colons et les occupants tunisiens. Citons titre dexemple celui
dAssuied, colon du lotissement Bjaoua-Djededa, et certains tunisiens qui dtenaient
galement des terres sur ce lotissement. A la suite des inondations de 1931 plusieurs familles
tunisiennes, dont les lots taient situs sur les bords de la Medjerda, furent autorises
sinstaller sur un terrain domanial situ au nord du lot dAssuied. Elles construisirent leurs
gourbis proximit des limites de ce lot afin de ne pas se trouver trop loignes du chemin
leur donnant accs la route de Sidi-Thabet et aux deux puits publics voisins37.
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Assuied ne cessait de vituprer contre ses voisins indignes qui lui craient des
difficults en passant sans aucun droit sur son lot soit pour se rendre aux puits, soit pour se
rendre la piste. Face cette situation, une enqute a t ouverte par les services de police.
Malgr cette intervention, de nouveaux incidents eurent lieu, do des mesures
dloignement des indignes ont t prises brve chance38. Ces pisodes ont parfois
constitu des entraves belliqueuses qui ont beaucoup ralenti lurbanisation de certaines
zones du henchir.
d. Le fardeau de lhritage urbain
Cette rgion reprsente un ancien foyer urbain. Les informations concernant lpoque
moderne sont intressantes et attestent lanciennet du phnomne et lhritage urbain
prcolonial marquant. Cet hritage formait une autre obstruction lurbanisation. Les
descriptions paysagres recueillies des textes crits par les voyageurs notamment au XIX e
sicle, ont un grand apport pour reconstituer l'tat d'occupation du sol. C'est avec
l'immigration morisque au dbut du XVIIe sicle que la basse valle de Medjerda s'est
distingue des autres rgions par son occupation humaine et agricole. Les immigrs
andalous avaient cr de nouvelles agglomrations sur les sites antiques en ruines et avaient
engendr une forme d'organisation rgionale spcifique. Dailleurs, le rapport dexpertise
effectu en 1845, voque lexistence de quelques bourgs, des diffrents ouvrages
hydrauliques, un dpt de vin ainsi quune infrastructure en place quoique modeste et pour
la plupart fragilise par le manque dentretien. Egalement, la rgion avait retenu lattention
des aventuriers et des investisseurs ds le milieu du XIXe sicle par la fertilit de son sol et
sa proximit de leau.
Daprs le rapport dexpertise effectu par les experts en agriculture Mohamed el Arbi
Ezzahar, Mohamed Saber et Mohamed es-Snoussi experts en matire dvaluation des
immeubles btis ; ce domaine comprenait en 1894 plusieurs constructions. Sur la rive
gauche de la Medjerda, une minoterie installe sur le barrage et un cellier adoss la
minoterie lest. Au nord et en face de cette minoterie des constructions composes dun
fondouk, dune picerie, dun caf, dun ancien corps de ferme, dtables, de hangars et dun
four situ lentre du pont. Sur la rive droite immdiatement la sortie du pont, un grand
Bordj, y attenant des constructions servant de magasins, dcuries et de chambres
dhabitations avec des tables-hangars adosss ces constructions au nord-ouest. En face de
cette srie de constructions, une petite curie situe lentre dun ancien verger arabe et un
btiment servant dhuilerie. Daprs lexpertise du 6 rejeb 1300/ 1882 loccasion de
linstallation du 4me rgiment dans les locaux del-Bathan, le domaine possderait en outre,
sur la rive droite dans la construction dite el-Bathan, deux prises deau dont une contenant
une ancienne pompe tablie depuis de longues annes. En outre, le domaine comportait des
plantations diverses :les oliviers au nombre de sept milles environ plants sur les deux rives
de la Medjerda rpartis sur 24 lots, un vignoble est situ au sud de la ligne du chemin de fer
de Bne-Guelma, dune superficie de 22 hectares environ, un verger europen est plant
lest de la minoterie, dune superficie denviron 2 hectares, une luzernire ancienne spare
du verger du village el-Qantara par la route et des vestiges dancien verger se trouvent sur la
rive gauche, le long de la route Djededa- Tunis et sur la rive droite, droite et gauche de
la route Djededa- Mateur39.
38- A.N.T. Srie Historique, Carton 252, Dossier 6, Sous dossier 35.
39- A.C.F. Dossier 5915.
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Le village de Djededa, situ sur la rive droite de la Medjerda ne faisait pas partie du
domaine, do lexistence dune entit urbaine autonome ce qui a compliqu davantage la
situation et a limit lintervention dans ce domaine. En revanche, le terrain du village
el-Qantara, sis sur la rive gauche, faisait partie intgrante du domaine et les occupants
navaient aucun droit ni concession quelconque. Ce village comptait 80 familles, 14
maisons, 45 houch-s, une mosque et des boutiques40. De mme les diffrents bourgs de
Bjwa ont t lorigine de maintes rclamations et protestations ce qui avait alourdi et
ralenti les dmarches juridiques et administratives ncessaires pour le lancement des projets
urbains.
En outre, les proprits indivises parpilles sur le henchir ont constitus une
difficult. Cette forme de proprit ne facilitait pas la tche aux dcideurs qui espraient
toujours homogniser les structures foncires. Les autorits coloniales ont procd au
regroupement de ces proprits indivises et ladministration crait ensuite et amnageait des
centres villageois. Toutefois, lurbanisation a t limite, durant cette phase. La bourgade de
Djededa a gard une influence typiquement andalouse. Malgr les mutations apportes la
rgion conservait son caractre rural.
2. Deuxime phase : la cration dune nouvelle trame urbaine ou lurbanisme de
rattrapage
La seconde priode est celle de lvolution du schma urbain qui a prvalu depuis la
fin de la premire guerre et qui a abouti lmergence dune structure urbaine plus
spcifique. Au cours de cette priode Henchir Djededa connat un ensemble de mutations
qui lui donnent un nouveau visage. Cest dans ce contexte quapparat le lotissement de la
nouvelle Djededa qui ctoyait lancienne bourgade. La deuxime srie dactions visait
remodeler le village. Un plan de dissection fut labor, selon une trame en damier, des voies
larges vont graduellement se substituer aux espaces dhabitat et de circulation prexistants.
Il est utile de rappeler que la tentative de dplacement de la centralit de la ville vers le
Boulevard National o taient dj dissmins la poste, lglise, le dispensaire, le
commissariat de police, entre autres quipements et services de premier ordre, visait
substituer ou ddoubler le centre traditionnel o il y a eu au pralable une raffectation des
fonctions.
Cependant, analyser les mutations de ces espaces impose de comprendre les rgles de
partage entre diffrents types dacteurs, en tenant compte des modalits daccs au foncier.
a. Les Acteurs : une complmentarit des rles
- Lcole Ferme de lAlliance Isralite
Lacteur le plus influant tait lcole ferme, propritaire du domaine. Fonde en 1894.
Ouverte le 1er octobre 1895, Cette cole-ferme tait destine aux jeunes isralites tunisiens,
dans le but de former des ouvriers agricoles41. Cet tablissement tait dirig par des
isralites, il ne recevait que des lves appartenant la communaut juive.
Le programme des tudes visait la pratique : lcole exploitait directement 436
hectares cultivs en vigne, oliviers, crales, cultures annuelles, fourrage, ppinires, verger,
potager. Lcole logeait environs 250 lves internes. Le personnel enseignant comprenant
en 1909 un directeur, un sous-directeur charg de lenseignement technique, un matre
charg de lenseignement gnral, un professeur, un chef jardinier, un professeur
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- LEtat
En 1929, lEtat est devenu propritaire de tout le domaine avec les dpendances qui
sy rapportent. Ds lors, la rgion connait un renouveau, aprs une priode de relatif
dsintrt dans les annes vingt. De ce moment date le vritable mouvement de lotissement
de nombreuses parcelles de ce domaine par la Direction de l'Agriculture, de Commerce et de
Colonisation. LEtat a jou un rle dterminant en contribuant la cration de services
administratifs, dquipements sociaux et conomiques. En outre, il a favoris lmergence
des centres dans les espaces les plus reculs, rpondant et/ou accentuant des nouveaux
besoins chez les habitants.
- Associations dintrt collectif
Ces groupements ne correspondent pas aux syndicats agricoles ; ils ne se proposent ni
l'achat, ni la vente en commun, et n'ont pour but que la dfense des intrts gnraux des
rgions auxquelles ils appartiennent. Les colons du Cadat de Tebourba furent, ce point de
vue, des initiateurs en crant en 1900 lAssociation des colons de Tebourba et de sa rgion.
C'est eux qu'est d, en grande partie, l'essor que l'esprit de groupement a pris dans la
rgion. Autant, cest eux que revient lamnagement des pistes et de la construction de
plusieurs tablissements publics : poste, cole etc42. Cette association demeurait la seule
dans la rgion jusquen 1932 date de la cration de lAssociation des Colons Franais de
Djededa43. Lobjet de cette association tait dtudier toutes les amliorations juges utiles
pour la bonne marche et la prosprit du centre de colonisation de Djededa et les soumettre
soit la Chambre dAgriculture soit au Grand Conseil. Cette association a contribue
vivement la reconstruction du centre de Djededa aprs la Deuxime Guerre mondiale44.
Depuis, plusieurs associations ont t cres successivement : lAssociation dintrt
collectif pour lirrigation de la fort del-Bathan et le groupement dintrt hydraulique
cre en 194645.Ces associations formaient donc lun des principaux mcanismes de
lurbanisation du centre colonial de Djededa et de sa rgion.
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Conclusion
La zone que nous occupe a toujours connu laction humaine, quelle soit intense ou
lche selon les diverses conjonctures. Cette anciennet est atteste par la superposition de
plusieurs dnominations : Henchir Lakhmi, Henchir el Hathermine et Henchir Djededa.
Son identification est rendue possible grce des nouvelles donnes textuelles et
archivistiques. A cet gard, il faut admettre que la recherche des titres fonciers de la
proprit suit des pistes dinvestigation trs intressantes et offre des rponses parfois
dterminantes pour lidentification et la localisation de certaines proprits. Par ailleurs, une
vritable archologie des champs nest pas praticable actuellement en raison des mutations
paysagres de cette proprit attaque et en partie ruine par lexpansion urbaine postrieure
lindpendance et le dveloppement incontrl des liaisons routires et des btiments
agricoles.
Accueillant une population htrogne, Henchir Djededa tmoigne des changements
politiques et des volutions sociales et urbaines de la rgion. Au XVIIe sicle une intense
mise en valeur de cet espace a permis linstallation des grands ouvrages et plusieurs noyaux
urbains, dont certains se maintiennent jusqu lheure actuelle. La communaut andalouse
nouvellement installe sur le henchir, sous lordre de Yussuf Dey, contribuait, avec les soins
du pouvoir en place, distinguer cet endroit, lui donner un ancrage historique et territorial
et une identit propre au sein de la campagne limitrophe de la ville de Tunis.
Un petit village compos de maisons de plaisance appartenant de riches Tunisiens et
entour de jolis jardins et de riches vergers d'oliviers au XIX e sicles, Henchir Djededa ne
tarda pas connaitre un nouveau destin. Des changements majeurs interviennent la suite
de linstauration du protectorat : redistribution des henchir-s aux nouveaux venus et la mise
en place dun vritable systme de rurbanisation base administrative et coloniale. Cette
mise en uvre s'est accompagne d'un double processus durbanisation : linvestissement
progressif du centre urbain existant et la cration des nouveaux lotissements. Les pouvoirs
publics et l'initiative prive constituaient un facteur dcisif dans ce processus. En effet,
Henchir Djededa tait durant la priode coloniale un immense chantier de construction,
dans laquelle les concepteurs trangers ont dvelopp de nouveaux modles urbains et
architecturaux, comme les lieux dhabitation, les quipements, les administrations et les
lieux denseignement.
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Bibliographie
Archives nationales de Tunisie
Srie G2, Carton 49, Dossier 2.
Srie G2, Carton 252, Dossier 6, Sous dossier 35.
Srie G3, Carton 32, Dossier 2.
Srie G5, Carton 142, Dossier 1, Sous dossier 52.
Srie G5, Carton 142, Dossier 1, Sous dossier 57.
Srie E, Carton 509, Dossier 747.
Srie E, Carton 272, Dossier 19.
Srie E, Carton 52, Dossier 6, Sous dossier 6.
Srie Historique, Carton 252, Dossier 6, Sous dossier 35.
Registres : 3992, 2077, 2255, 165.
Archives de la Conservation Foncire
Dossiers : 5915, 1373.
Journal Officiel Tunisien
J.O.T. Janvier 1931.
J.O.T. Octobre 1894.
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