Zella
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19-31
€ 2006 Laboratoire de Recherche en Hydraulique Souterraine et de Surface
D. SMADHI 1, L. ZELLA 2
1
Institut National de Recherche Agronomique, Alg•rie,
E-mail : dalsmadhi@yahoo.fr
2
Ma‚tre de Conf•rence, Universit• de Blida, Alg•rie,
E-mail : lakhdarz@yahoo.fr
INTRODUCTION
Les bases de la gouvernance de l’eau ont •t• initialement pratiqu•es, durant des
milliers d’ann•es, par les anciennes civilisations m•sopotamienne, perse,
•gyptienne, chinoise et azt‚que. Cette gouvernance s’est mat•rialis•e par la
r•alisation d’ouvrages hydrauliques divers, comme les canaux, les barrages et
les foggaras. Des machines tels le chadouf, la noria et le moulin ƒ eau ont •t•
invent•es, permettant le relevage et la r•partition des eaux fluviales aux surfaces
irrigu•es, assurant la p•rennit• de la production c•r•ali‚re. L’alimentation
humaine a •t• ainsi assur•e durant longtemps. Cependant, ces civilisations ont
subi le sort de la disparition sans que l’on sache clairement les causes, d’autres
les ont relay•s b•n•ficiant de tout le capital exp•rimental et du savoir-faire
acquis. C’est le cas de la civilisation gr•co-romaine succ•dant ƒ la civilisation
•gyptienne, mais jouissant d’une religion nouvelle, d’un espace g•ographique
sous des conditions climatiques relativement cl•mentes et favorables ƒ la culture
pluviale. L’irrigation des terres n’est plus prioritaire, les souverains doivent
r•pondre ƒ de nouveaux besoins, ceux d’alimenter en eau une population
croissante et qui s’urbanisent de plus en plus. L’hydraulique urbaine devient une
priorit•. C’est aussi le cas de la civilisation arabo-musulmane qui a •merg• en
plein d•sert arabique, sur les restes de la civilisation m•sopotamienne. Dans
cette analyse, on se propose de souligner les principaux progr‚s hydrauliques
r•alis•s et appliqu•s ƒ l’irrigation afin d’am•liorer son efficience. La
progression continuelle de l’irrigation par les nouvelles civilisations. Sa
synergie avec la s•curit• alimentaire et son impact tant sur le plan socio-
•conomique et •cologique que sur les aspects quantitatifs et qualitatifs des
ressources en eau sont ƒ red•finir.
L’apport philosophique
axe lat•ral
H•lices
canal
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Histoire de la gouvernance de l’eau (Deuxi‚me partie)
Avant d’atteindre le sommet de leur puissance, en 312 av. J-C, les romains se
sont content•s d’exploiter l'eau du fleuve (le Tibre), en utilisant l’•coulement
gravitaire (Bernadis, 1990), l’eau des puits n’a •t• que tardivement sollicit•e.
Des ouvrages d’adduction d’eau aux villes romaines font leur apparition et la
distribution de l’eau •t• conduite aux zones •loign•es de la source via les
aqueducs. Le premier aqueduc souterrain d’Appia, r•alis• par Appius Claudius,
•t• destin• ƒ combler les besoins en eau d'une population de plus en plus
croissante. Cet ouvrage de 16 km de longueur, sur une d•nivel•e de 10 m,
v•hicule un d•bit de 1 500 m3/h et quarante ans plus tard, deux autres aqueducs
ont •t• r•alis•s … savoir, l’aqueduc d'Anio d’une longueur de 63 km et d'un d•bit
de 7 000 m3/h et l’aqueduc de Marcia de 91 km dont une grande partie est
souterraine (Bernadis, 1990). A l’•poque imp•riale, Rome est aliment•e par
neuf aqueducs, ƒ partir des sources et des rivi‚res dont le plan d’eau est sur•lev•
au moyen d’une digue ou de la vis d’Archim‚de.
Les techniques hydrauliques sont en •volution et le siphon renvers•, une
invention attribu•e ƒ Filon de Byzance (Nordon, 1992), est utilis• pour la
premi‚re fois dans l’alimentation des fontaines publiques et des thermes. Il
contribue ƒ irriguer les jardins du domaine imp•rial, le long des aqueducs.
Mesure de d•bit
Les d•bits dont l’unit• de mesure est la quinaria, sont estim•s ƒ l’aide d’un
tuyau de 2,3125 cm de diam‚tre, raccord• ƒ un bassin. La charge d’eau de ce
dernier est totalement ignor•e (Bernadis, 1990). Cette unit• de mesure est
similaire au pouce fontainier, utilis• en France d•fini par le d•bit donn• par un
orifice de un pouce (0,027 m) de diam„tre et une charge d’eau constante de
0,225 cm, soit un flux de 0,22 l/s. Le meulant d’eau, •t• aussi en usage comme
unit• de d•bit, correspondant … 200 l/s, c’est le flux d’eau susceptible de faire
tourner une roue de moulin. Ce progr„s de la mesure standardis•e favorise la
r•glementation de la distribution qui se fait d•sormais d'une mani„re tr„s
pr•cise, vers l’an 11 av. J-C (Bernadis, 1990).
Badias sur l’Oued El Arab de 90km. Dans les anciennes villes romaines telles
Cherchell, Tipaza, Timgad ou Djemila, les am•nagements hydrauliques urbains
sont encore visibles, les thermes de Khenchella, encore en usage, confirment
l’int•r†t des romains … l’hydraulique urbaine (Arrus, 1985). La civilisation
greco-romaine s’est propag•e … l’est comme au sud de la m•diterran•e sur les
terroirs des anciennes civilisations, une r•gion qui va constituer le berceau de la
civilisation arabo-musulmane.
L’hydraulique empirique
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D. Smadhi, L. Zella / Larhyss Journal, 5 (2006) 19-31
Objectifs de l’irrigation
Techniques d’irrigation
appara‚t dans les ann•es 1950, l’irrigation par aspersion. Celle ci utilise le
transport et la distribution de l’eau sous pression dans des tuyaux, en alliage
d’aluminium munis d’asperseurs, sa g•n•ralisation a permis l’extension de
l’irrigation … de nouvelles surfaces, jusque l… inaccessibles … l’irrigation par
gravite. Elle am•liore l’efficience de l’irrigation de 50% … 80%, mais elle
s’av„re encombrante et on•reuse par son •quipement et sa consommation
d’•nergie. Dans les ann•es 1960, le d•veloppement du plastique, plus maniable
et moins cher, contribue … l’apparition d’une nouvelle technique d’irrigation, la
micro-irrigation qui am•liore fortement le rendement hydraulique et l’efficience
de l’irrigation … plus de 95%. Sa particularit• d’apporter l’eau individuellement
… chaque plant, lui offre l’avantage de maximiser la production agricole pour
chaque m„tre cube investi. Elles tr„s recommand•e pour les pays arides et semi
arides.
Pilotage de l’irrigation
Les m•thodes les plus utilis•es encore actuellement pour contr…ler l’irrigation se
fondent soit sur l’•laboration d’un bilan •nerg•tique, soit sur l’estimation du
bilan hydrique. Elles repr•sentent cependant des limites. Les premi‚res ne
prennent pas en compte les propri•t•s du sol gouvernant les conditions de
transfert de l’eau vers les racines. Les secondes n•cessitent de d•finir au
pr•alable, des valeurs seuils du potentiel hydrique du sol, qui ne peuvent
repr•senter toute l’h•t•rog•n•it• du sol. Cependant ƒ cause de leur simplicit• et
bien qu’approximatives, les anciennes m•thodes sont rest•es dominantes sur le
terrain. En effet, elles ne prennent en consid•ration la plante, qu’ƒ travers une
mesure globale de sa consommation en eau et de valeurs seuils statiques qui
sont oppos•es ƒ la dynamique du continuum eau-sol-plante-atmosph‚re.
Aussi, les techniques de pilotage de l’irrigation, visent sur la base des
connaissances les plus r•centes acquises notamment en physiologie v•g•tale,
(INRA France) ƒ am•liorer l’efficacit• de l’irrigation en adoptant l’eau utilis•e
par celle ci aux besoins en eau des esp‚ces cultiv•es. Ces nouvelles strat•gies,
gagnant plus de pr•cision se proposent d’apporter le potentiel productif,
quantitatif et qualitatif, ƒ son maximum en •vitant tout apport d’eau et
d’•l•ments chimiques inutiles voire nuisibles.
Irrigation de pr•cision
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Histoire de la gouvernance de l’eau (Deuxi‚me partie)
d•terminer … quel moment l’eau doit †tre apport•e avant que la plante subisse le
stress, pouvant affecter sa production de biomasse.
Un autre indicateur physiologique, li• … l’•coulement de l’eau dans les
vaisseaux de la plante est •labor• pour •valuer le potentiel hydrique des tissus
v•g•taux. En absence d’eau, des poches d’air s’introduisent dans les vaisseaux
de s„ve, provoquant le ph•nom„ne de cavitation, bien connu en hydraulique des
conduites. La rupture de la tension de la s„ve produit des ultrasons audibles et
mesurables par microphone. L’apport d’eau … ce moment est n•cessaire.
Les mesures du flux de s„ve peuvent †tre effectu•es dans les organes ligneux
des arbres par voie thermique, gr‰ce … un capteur constitu• de deux sondes et
renfermant chacune un thermocouple enfonc• dans le bois. L’absence de flux de
s„ve provoque un •cart de temp•rature maximal entre les deux sondes.
La temp•rature foliaire est aussi un autre indicateur int•ressant. Quand l’eau
s’•vapore par les stomates de la feuille, celle ci se refroidit, alors que lors d’un
manque d’eau, les stomates se ferment, la transpiration diminue et la
temp•rature de la feuille augmente. Ce changement de temp•rature, associ• …
une variation de l’•mission de rayons infrarouges, mesurable … l’aide d’un
radio-thermom„tre portable est corr•l• aux besoins d’eau.
Ces techniques, bas•es sur les indicateurs biologiques sont associ•es au progr„s
technologique dans le domaine de l’imagerie sat•llitaire, et de la m•t•orologie,
on pourrait esp•rer dans l’avenir l’irrigation de pr•cision avec une efficience
maximale. L’int•gration de toute la base de donn•es, permet … l’ing•nieur
d’organiser un plan de travail rigoureux et pr•cis. Le dosage judicieusement
calcul•, au bon endroit des apports d’eau et d’intrants font l’objet d’un
programme pr•d•fini. Ce produit final peut contribuer … une meilleure gestion
des ressources en eau, en sol et en •nergie mais aussi une utilisation rationnelle
des outils de travail, dans le respect de l’environnement.
N•cessit• de l’irrigation
CONCLUSION
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Histoire de la gouvernance de l’eau (Deuxi‚me partie)
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