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10 PRINCIPES EFFICACES
POUR APPRENDRE UN
MORCEAU EN UN MINIMUM
DE TEMPS.
Je suis partie du principe en écrivant ces lignes que votre morceau vous plait au point que
vous seriez prêt à payer pour savoir le jouer ! Mais prenez tout de même le temps de vous poser
les questions suivantes :
Si vous avez répondu « oui » à la première question, « oui vraiment » à la seconde et que vous
dépassez les 50€ à la troisième, vous pouvez continuer votre lecture. ;))
En revanche, si vous avez répondu non à la première, allez écouter votre morceau sur
internet, ou cherchez à vous procurer un enregistrement. S’il ne vous plait pas plus que
ça, cherchez un autre morceau avec l’aide de votre professeur ou d’un ami plus avancé que
vous techniquement. Il est difficile d’évaluer soi-même la difficulté d’un morceau et de savoir s’il
correspond à peu près à son niveau.
Une fois la perle trouvée, continuez votre lecture.
C’est parti !
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1. Regarder la partition.
Bah oui, bien sûr c’est une évidence me direz-vous, mais je ne parle pas de déchiffrage là. Je
parle de la regarder dans sa globalité. Combien fait-elle de mesures ? Combien a-t-elle de
pages ? Si elle fait plus d’une page, numérotez les mesures. Comment fait-on cela ? Compter les
mesures et écrivez au début de chaque ligne le numéro de la première mesure.
Quel est son titre, son indication de tempo ? Quels sont les mots écrits dans la partition elle-
même ? Quelles sont ses nuances ? Y a-t-il plutôt une majorité de liaisons, de piqués, de
détachés ou est-ce mélangés ? Y a-t-il des passages qui sont « noirs de notes » ? Des
passages qui vous font peur ?
Puis, tout en appliquant les principes qui vont suivre, lisez régulièrement la partition
silencieusement (idéalement une fois par jour, au coucher par exemple). Eduquez votre
regard, en choisissant des angles différents chaque jours comme les nuances, les signes
d'expression, les mouvements de notes, le rythme. Bref ! Tout ce qui N’EST PAS les notes.
Autant d’indices qui nous aident à mieux appréhender le caractère du morceau. Et réécoutez-le
au moins une fois par semaine en suivant la partition.
Vous pouvez pour cela faire un tableau ou une liste rapide de ces passages comme ceci :
TITRE DU MORCEAU
6à9 Cochez à chaque séance de travail
15 à 20 Cochez à chaque séance de travail
28 à 32 Cochez à chaque séance de travail
Etc…
A chaque fois que vous vous attelez à un passage, vous pourrez faire une coche. Il vous
sera plus facile à chaque séance de travail de cibler votre travail sur le passage difficile qui a le
moins été travaillé. Mais gardez à l’esprit que certains vont progresser plus rapidement que
d’autres. Il faudra donc adapter votre fréquence de travail à la difficulté de chaque passage et
refaire votre tableau régulièrement.
Maintenant vous avez repéré les passages à travailler en premier, il faut agir !
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Une mesure à la fois est une bonne moyenne. Mais bien sûr tout dépend de la mesure.
Dans la première, vous avez 7 notes et dans la seconde 57 !!! Alors à vous de sentir ce qui est
raisonnable. Cela peut correspondre à une mesure, ou à sa moitié, ou un temps, ou un
contretemps…A vous de juger intelligemment. Adaptez en gros à ce qui vous semble faisable.
Et si vous ne progressez pas rapidement, c’est que vous avez encore vu trop grand.
Une astuce que j’ai trouvée dernièrement assez pratique, est de photographier avec votre
téléphone le passage (comme cela a été fait ci-dessus), et de travailler en le posant sur le
pupitre du piano. Cette astuce a l’énorme avantage de vous centrer uniquement sur ce passage,
et de plus vous pourrez le travailler n’importe où dans votre tête ou sur un autre piano que le
vôtre !!
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D’autre part, c’est un travail musculaire. Or si vous avez déjà fait du sport dans votre vie, vous
savez certainement qu’une alternance entre effort et récupération est important. Et bien le fait
d’alterner les deux mains offre cette alternance tout naturellement. En effet pendant qu’une
main travaille, l’autre peut récupérer et inversement. Le tout est d’échanger avant que l’autre
main ne se refroidisse.
Et là je vais aborder un malentendu qui pourrait bien advenir si je vous parle de travail mains
séparées. Je déconseille cette façon d’apprendre !! Mais alors ?
Je déconseille le travail mains séparées, je le répète, mais encourage celui en mains
alternées. C’est-à-dire qu’il est contreproductif de travailler un passage techniquement difficile
avec une main pendant plus d’une minute d’affilé. Je vois souvent des pianistes travailler une
semaine la main droite (de plus c’est souvent celle qui en a le moins besoin…), puis une semaine
la main gauche. Si vous avez cette habitude, arrêtez ça tout de suite !
Une fois donc que votre passage est su pour chacune des mains à un tempo légèrement plus
rapide que le tempo final, il est temps de passer au travail de la coordination entre les deux
en les jouant ensemble. Pour se faire, travailler bien plus lentement. Soyez vigilant, car
changer de tempo en cours de travail est difficile. Vous pouvez croire ralentir et ne pas le faire
réellement.
Il est très profitable de travailler les passages fort et technique plutôt dans une nuance
piano. Mais soyez vigilant également sur les autres. Il n’est pas rare que l’effort et une
concentration « crispée » entraine un son dur et fort. Préférez la précision et la musicalité,
plutôt que le volume sonore. C’est d’autant plus vrai dans un travail de vélocité. Si vous voulez
que vos doigts soient rapides, il va falloir d’abord les entrainer sans mettre de poids du bras.
C’est logique, plus vous mettez de paquets sur le dos d’un âne, moins il ira vite.
Une fois que la rapidité et la précision sont là, commencez l’entrainement de la nuance
forte. Mais soyez progressifs.
Un autre avantage de cette façon de travailler, est que votre oreille (et celle de vos voisins)
fatiguera moins vite de votre morceau. ;)
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Chaque passage que vous travaillez, qu’il fasse une mesure, une ligne, une page ou plus doit
être travaillé avec le premier temps de la suite. Ceci n’est pas naturel pour plusieurs raisons.
Mais le principal est que nous travaillons en fonction de ce que nous voyons : Si nous
travaillons une mesure, nous voyons un bloc de notes suivi d’une barre verticale (la barre de
mesure). Celle-ci fait barrage à la pensée musicale. La musique traverse pourtant toutes les
barres verticales de manière continue ! C’est la notation actuelle des partitions qui nous induit
en erreur. Regardez en revanche les indications de phrasés ou d’expression, comme les
liaisons par exemple. Ces courbes qui englobent des notes par le dessus passent allègrement
par-dessus toutes ces barres comme sur cet extrait :
Nous aurons également tendance à nous arrêter au bout d’une ligne. Cependant, sachez que le
découpage est souvent aléatoire (comme dans un fichier texte), et surtout choisi dans un souci
de mise en page. Il dépend de nombreux paramètres qui ne sont pas musicaux. Dans les
bonnes éditions cependant, les éditeurs cherchent à faciliter la lecture et découpent en phrases
musicales. Mais ce n’est pas toujours le cas, notamment dans les téléchargements sur internet.
Chercher plusieurs versions peut permettre de contrer les inconvénients d’une mauvaise mise en
page.
Dans tous les cas, souvenez-vous qu’une phrase musicale se termine toujours un premier
temps. Or il est bon de travailler musicalement le plus tôt possible. Il ne nous viendrait pas à
l’idée d’apprendre un texte par cœur en retirant le dernier mot d’une phrase parce qu’il est écrit à
la ligne ou à la page suivante…La musique est un langage.
Pour finir sur ce point, parlons de celui qui joue : votre corps. Pour lui, le morceau n’est rien
d’autre qu’une succession de gestes à la suite. Une sorte de chorégraphie sur la scène des
touches. Pour qu’il mémorise cette grande série, il va falloir découper comme on l’a dit aux
principes 2 et 3, mais aussi et en même temps se préoccuper du « collage » de ces petites
séries. Vous gagnerez un temps énorme. En l’absence de cette bonne habitude, après avoir
travaillé toutes vos parties, il va falloir travailler toutes les transitions ce qui sera plutôt fastidieux.
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8. S'enregistrer.
Il est extrêmement profitable de s’enregistrer. Quand nous jouons, nous n’avons pas le recul
suffisant pour tout appréhender. Nous avons la grande chance à l’heure actuelle de pouvoir
facilement nous enregistrer. En effet, tous les téléphones récents ont cette fonctionnalité. Je
vous invite à aller fouiller dans les menus, ou de lire la notice (si vous l’avez retrouvé en moins de
5 minutes, je vous décerne le grand prix de la personne organisée !). Sinon tapez dans Google
« comment enregistrer avec un (le modèle de votre téléphone) ». Et vous aurez peut-être la
chance de tomber sur la notice en PDF ou encore mieux sur une vidéo vous expliquant cela.
Quand faut-il s’enregistrer ? Je dirais une fois par semaine minimum. Mais une fois par jour au
moment où vous le sentez bien est encore mieux. Vous pouvez jouer avec ou sans partition
selon où vous en êtes dans votre apprentissage. Mais jouez tout quoi qu’il arrive.
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Gardez tout ! De temps en temps réécoutez ce que vous faisiez la semaine dernière, ou le mois
dernier. Et là vous allez pouvoir évaluer avec objectivité vos progrès, et les choses à
améliorer. Quand votre morceau est arrivé à son apogée, enregistrez-vous jusqu’à ce que
vous soyez satisfait (mais n’attendez pas la perfection !). Conservez le fichier son dans un
dossier sur votre ordinateur. Et vous pourrez à ce moment-là supprimer les autres
enregistrements de votre progression.
De temps à autre, réécoutez vos anciens morceaux. Je vous assure qu’on oublie comment on
a joué dans le passé et on sous-estime profondément les progrès accomplis.
La version élaborée sera de vous filmer ;) Et c’est un merveilleux moyen d’amélioration. Pensez
aux sportifs qui utilisent de plus en plus la vidéo comme base de réflexion pour trouver des
moyens de progresser. Nous sommes les sportifs des bras et des doigts. Mais n’oubliez pas que
l’objectif n’est pas que vous bougiez bien où que vous soyez beaux, mais que ça sonne
bien ! Le fait de vous voir de l’extérieur permet de prendre du recul et de vérifier si votre corps
exprime stabilité et souplesse ou s’il y a crispation et raideur, et à quel endroit. Les épaules
sont-elles hautes en permanence ? Le dos est-il bloqué dans une position ? Votre tête tire-t-elle
vers l’avant ? Vous balancez-vous pendant que vous jouez de manière systématique ? Le but
est de provoquer des prises de conscience pour vous améliorer la prochaine fois que vous
travaillerez, et non de vous torturer l’esprit à vous dire des choses désagréables comme : « j’ai
l’air ridicule », « je suis nulle », « je suis moche »…
Si vous travaillez le déchiffrage, vous entrainez votre œil à la vision globale et rapide. Vous
devez donc avancer quoi qu’il arrive. Tant pis pour les fausses notes. Plus vous déchiffrerez,
moins vous en ferez.
Si vous jouez votre morceau pour faire le point ou vous en êtes dans son apprentissage,
avancez toujours quoi qu’il arrive. Quand vous avez terminé de jouer, essayez de vous
remémorer les endroits où vous avez remarqué des notes à côté (ou réécoutez l’enregistrement
s’il a eu lieu). Entourez (doucement et au crayon à papier pour pouvoir gommer) le ou les
passages en question et revenez-y après.
Si vous êtes en phase de travail, reprenez vos notes précédentes. Et posez-vous les
bonnes questions : Quelle est précisément la (ou les) note(s) en question ? Quel est le geste
qui la précède, qu’il soit un geste de doigt ou de bras.
Travailler ce qui entoure la note ou noter de le faire plus tard. Corriger le geste avant la note et
non pas la note elle-même, car ça ne sert à rien !
Je veux conclure sur le terme de fausse note en disant qu’une note est toujours juste par rapport
au geste que vous venez de faire pour la jouer. Si ce n’est pas celle voulue au départ, c’est
votre geste qu’il faut ajuster plus à droite ou plus à gauche, en avant ou en arrière. Et il faudra
donc chercher consciemment ce qui manque à ce mouvement. S’il s’agit d’une erreur de
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lecture, c’est votre regard qu’il faudra ajuster. Dans tous les cas traversez les imperfections
sans faire bégayer la musique.
N’oubliez jamais que l’erreur n’est pas grave, c’est plutôt bon signe : vous faites du piano ! Il n’y a
que ceux qui ne font pas de piano qui n’en font pas de fausses notes…
Pratiquez la visualisation :
Il y a plusieurs façons de visualiser tout aussi efficaces les unes que les autres. Fermez les
yeux et visualisez-vous par exemple en train de jouer votre morceau avec un plaisir intense.
Sentez les touches, les mouvements, entendez les sons. Bien sûr cela suppose que vous soyez
à un stade avancé d’apprentissage de la pièce en question. Si vous n’y êtes pas encore, vous
pouvez aussi lire réellement la partition silencieusement, mais en vous imaginant en train
de jouer. Essayer d’entendre le morceau et de sentir vos mains qui jouent. C’est souvent flou et
c’est normal au début. Mais c’est tout aussi efficace.
Pensez à faire des micro-pauses durant vos séances de travail. C’est d’autant plus important si
votre temps de travail dépasse la demi-heure. En revanche, en dessous de 20 minutes, ce ne
sera pas utile.
Pour des enfants, ajustez en fonction de leur capacité de concentration. Au bout de 10
minutes par exemple, vous pouvez discuter un peu et lui offrir un verre d’eau pour lui permettre
de se ressourcer.
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Pour les plus grands, toutes les 25 à 30 minutes, levez-vous quelques minutes pour boire un
verre d’eau ou une boisson chaude. Oxygénez-vous en ouvrant la fenêtre et en prenant quelques
grandes respirations. Posez votre regard sur un point éloigné (en regardant par la fenêtre par
exemple) pour détendre vos yeux de la lecture proche en deux dimensions.
Si vous avez tendance comme moi à oublier la pause, aidez-vous d’un minuteur pour vous le
rappeler.
Et surtout!! Ecoutez le son, la musique que vous fabriquez. Eprouvez du plaisir à entendre
ce que vous jouez et les autres en éprouveront en vous écoutant.
Principes inspirés de différentes méthodes et livres que j’ai pu lire et valider par ma propre expérience. Parmi ces livres se
trouve «Fundamentals of piano practice» de Chuan C. Chang, Le yoga du pianiste de Majoie Hajarie, Mémoire d’empreintes de
Brigitte Bouthinon-Dumas et bien d’autres sur lesquels j’écrirais des chroniques pour apprendre-a-jouer-du-piano.com.
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EN BONUS !
Un bon moyen de vous motiver à travailler régulièrement est de noter votre temps passé au piano. Vous pouvez le faire sur votre agenda,
ou sur le tableau suivant.
Temps de travail
Piano
Lundi
Mardi
Mercredi
Jeudi
Vendredi
Samedi
dimanche
TOTAL
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« LA TECHNIQUE NAIT DE
L’ESPRIT »
FRANZ LISZT
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