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La démocratie locale et la

participation des citoyens


à l’action municipale
Tunisie
2 | La démocratie locale et la participation des citoyens à l’action municipale

Avant-propos

La Tunisie est aujourd’hui en phase de transition dé- communautaires, des experts, des universitaires et
mocratique. Le pays est engagé dans un processus des décideurs politiques. Il vise le renforcement des
de transformations fondamentales qui s’appuie sur capacités des acteurs locaux pour la mise en œuvre
de grands acquis dont notamment la consécration du processus participatif.
par la nouvelle constitution d’une démocratie locale
participative. L’initiative d’élaborer ce manuel s’inscrit aussi dans
une perspective globale de bonne gouvernance lo-
Sur cette base, la place du citoyen dans l’administra- cale dont les principes portent sur la transparence, la
tion de sa ville prendra de plus en plus d’importance. redevabilité, la proximité de l’action locale associée à
Au-delà du simple électeur, il deviendra acteur entre une réelle participation de la société civile.
les périodes d’élection par le fait d’obtenir le droit
d’être informé sur les affaires de sa collectivité et de A vous tous qui tenez ce document entre les mains,
participer à ses décisions. cette nouvelle édition s’est construite autour d’un
processus participatif, prenant en compte les sug-
Conscient de cet enjeux, le Centre de formation et gestions, les exemples et les remarques des villes tu-
d’appui à la décentralisation CFAD, en collaboration nisiennes. Ce manuel reste ouvert aux futures expé-
avec la coopération allemande GIZ, a élaboré ce ma- riences qui enrichiront la démocratie participative
nuel qui passe en revue les différentes pratiques et en Tunisie. Nous serons heureux de recevoir vos
démarches participatives en faveur des élus locaux, feedbacks.
des représentants de la société civile, des praticiens

Adel BEN YAKHLEF,


Directeur Général
du Centre de formation et
d’appui à la décentralisation

Tunis, le 1er juin 2014


La démocratie locale et la
participation des citoyens
à l’action municipale
Tunisie
4 | La démocratie locale et la participation des citoyens à l’action municipale

Index

Numéros des tableaux et des graphiques


Graphique 1 :Évolution des processus de démocratie participative ................................................................................................................ 7
Graphique 2 : Les échelles de la participation ..................................................................................................................................................... 22
Graphique 3 : Procédure de Gestion de Doléances ............................................................................................................................................ 47
Tableau 1 : Les outils de participation selon les différentes échelles d’implication ................................................................................... 24

Liste des abréviations


ANC ����������������� Assemblée Nationale Constitutionnelle DGCPL ������������ Direction Générale des Collectivités
Publiques et Locales
ANGED ����������� Agence Nationale de Gestion des Déchets
EC �������������������� Espace Citoyen
ASM ����������������� Association de Sauvegarde des Medina de
Tunis FNVT ��������������� Fédération Nationale des Villes Tunisiennes
CFAD ��������������� Centre de Formation et d’Appui à la OSC ����������������� Organisation de la Société Civile
Décentralisation
PA �������������������� Plan d’Action
CL �������������������� Collectivité Locale
PAU ����������������� Plan d’Aménagement Urbain
CLC ������������������ Comité Local de Certification
PAD ����������������� Plan d’Aménagement de Détail
CPSCL ������������� Caisse des Prêts et de Soutien des
PCD ����������������� Plan Communaux de Développement
Collectivités Locales en Tunisie
PCGD �������������� Plan Communaux de Gestion des Déchets
CM ������������������� Conseil Municipal
PDU ����������������� Plan Directeurs d’Urbanisme
CoMun ������������ Coopération des Villes et des Municipalités
PIC ������������������� Plan d’Investissement Communaux
GIZ ������������������ Agence Allemande de Coopération
Internationale PV �������������������� Procès-Verbal
BMZ ���������������� Ministère Fédéral de la Coopération SC �������������������� Société Civile
Economique et du Développement
SDV ����������������� Stratégie de Développement des Villes
CLC ������������������ Comité Local de Certification
Tunisie | 5

Sommaire

Avant-propos ............................................................................................... 2
Index ............................................................................................................. 4
Introduction ................................................................................................. 6
Pourquoi ce manuel ? ................................................................................................................................................. 6
Mode d’emploi ............................................................................................................................................................ 6

I La démocratie locale et la démocratie participative ....................... 7


1 La démocratie locale ............................................................................................................................................ 7
2 La démocratie participative ................................................................................................................................ 7

II La Participation citoyenne et les processus participatifs ............. 10


1 La participation citoyenne : quoi et pourquoi ? ............................................................................................. 10
2 Le rôle du cadre législatif dans la participation citoyenne .......................................................................... 11
3 La participation citoyenne en Tunisie ............................................................................................................. 13
4 Les défis de la participation ............................................................................................................................. 16

III Le rôle de la citoyenneté et d’une société civile active ................. 18


1 La citoyenneté .................................................................................................................................................... 18
2 Rôle d’une société civile active dans la gestion des affaires locales ........................................................... 18
3 Les acteurs de la société civile en Tunisie ....................................................................................................... 20

IV Les outils de la participation citoyenne .......................................... 22


1 L’information ..................................................................................................................................................... 26
2 La consultation et la concertation ................................................................................................................... 41
3 La codécision ...................................................................................................................................................... 63

V Conclusion et perspectives ............................................................... 73


Bibliographie .............................................................................................. 74
6 | La démocratie locale et la participation des citoyens à l’action municipale

Introduction

Pourquoi ce manuel ? Mode d’emploi


Avec l’introduction de la décentralisation et de la dé- Ce manuel se présente sous forme d’un docu-
mocratie participative dans la nouvelle Constitu- ment-ressource composé de quatre parties :
tion en 2014, les collectivités locales tunisiennes (ad-
ministrations et conseils municipaux) sont appelées `` La démocratie locale et la démocratie
à mettre en place des dispositifs qui facilitent la par- participative (Chapitre I),
ticipation citoyenne et le dialogue entre les élus lo- `` La participation citoyenne et les processus
caux, les citoyens et la société civile, ainsi que toutes participatifs (Chapitre II),
les parties prenantes à l’élaboration des décisions et `` Le rôle de la citoyenneté et d’une société civile
de l’action municipale. 1 active (Chapitre III),
`` Les outils de la participation (Chapitre IV).
Ce manuel a été réalisé par le CFAD et le programme
« Renforcement de la démocratie communale en Ces chapitres sont illustrés par des expériences me-
Tunisie », mis en place par « l’Agence Allemande de nées en Tunisie ainsi qu’à l’étranger.
Coopération Internationale » (GIZ) et mandatée par
le « Ministère Fédéral allemand des Affaires Etran- Le présent manuel aidera les acteurs concernés à :
gères » (AA) en coopération avec le « Ministère
Fédéral allemand de la Coopération Economique et `` Promouvoir et à implanter les principes, les dis-
du Développement » (BMZ). Ce manuel propose des positifs et les mécanismes de la démocratie par-
éclaircissements concernant des concepts-clés et ticipative.
un cadre méthodologique de la participation des ci- `` Améliorer l’information des citoyens sur la vie lo-
toyens à la gestion des affaires municipales et de la cale et l’action municipale.
démocratie locale. Il présente également quelques `` Réduire les obstacles à la participation citoyenne
solutions pratiques illustrées par des expériences na- et améliorer l’accès des citoyens aux processus
tionales et internationales. décisionnels locaux.
`` Mettre en œuvre des dispositifs de participation
D’une part, ce manuel est destiné aux formateurs du citoyenne et améliorer la participation de la so-
CFAD et d’autre part, aux communes et à la socié- ciété civile et des citoyens à la gestion des affaires
té civile afin de les sensibiliser sur les questions de municipales.
participation citoyenne. Il vise à soutenir la mise en `` Faciliter la création de partenariats entre la com-
œuvre des dispositifs participatifs au niveau local et mune et des groupes de citoyens ou des acteurs
à susciter l’intérêt des collectivités locales, des mu- de la société civile.
nicipalités et autres institutions. Il ne s’agit cepen-
dant pas d’un manuel exhaustif. Ce dernier ne pour- Remarque : Il est important de souligner que tous les
ra être élaboré que dans une phase plus avancée de la termes utilisés au masculin (ex : un responsable, un ac-
décentralisation et de l’institutionnalisation de la dé- teur) dans ce manuel inclus l’ensemble des individus,
mocratie participative en Tunisie. hommes et femmes, ceci dans le but de faciliter la lec-
ture de ce document.

1
Voir l’article 139 de la Constitution de la République Tunisienne
(2014)
Tunisie | 7

I La démocratie locale et la
démocratie participative

La démocratie locale, la démocratie participative universel, libre, secret, intègre, transparent et di-
et la gouvernance locale représentent les princi- rect, suivant le code électoral portant sur les élec-
paux concepts de ce manuel. Ils fournissent un cadre tions municipales [art 153 et 154]. 2
d’analyse pour comprendre le rôle de la participation
citoyenne dans l’action municipale. `` La « démocratie participative » : les citoyens
sont inclus et participent activement à la ges-
tion des affaires locales et aux prises de décisions
1 La démocratie locale à l’échelle locale (quartier, ville). Les citoyens sont
impliqués dans la vie politique locale, même
La démocratie locale est un système politique qui entre les périodes d’élections. L’aspect participa-
s’organise à l’échelle locale et qui accorde aux ci- tif et le pouvoir de décision des habitants peuvent
toyens un pouvoir politique spécifique qu’ils varier selon les droits politiques locaux en vi-
peuvent exercer au niveau local. Dans l’organisa- gueur et les outils utilisés par les collectivités lo-
tion d’un Etat, la démocratie locale suit la logique cales. 3 Ce manuel se focalise sur cette dimension
de la subsidiarité qui correspond à un transfert de de la démocratie locale.
compétences et de certains pouvoirs de décision
de l’État central vers les collectivités locales. La ges-
tion de l’action publique est alors exercée en partie 2 La démocratie participative
et conjointement avec l’État central par les autori-
tés locales. Ces autorités sont plus proches des terri- Genèse des processus participatifs
toires et sont plus aptes à répondre aux besoins des dans les démocraties
citoyens.
Graphique 1 : Évolution des processus de
Les autorités locales ont donc une certaine marge de démocratie participative
manœuvre pour organiser et définir la participation
des citoyens à la gestion des affaires publiques. La
population et les citoyens sont amenés à participer
aux prises de décisions, à faire valoir leurs intérêts et Depuis 2014, V ème siècle
à participer l’orientation de la politique locale à tra- démocratie par- avant JC, Démo-
ticipative dans la cratie athénienne
vers deux types de la démocratie, qui peuvent simul- Constitution dans la Grèce antique
tanément exister dans une collectivité locale. Tunisienne

`` La « démocratie représentative » : les citoyens Années 60-


Depuis 2000, 80, Nouvelles formes
élisent des représentants de leur localité (ex. élus Opérationalisation de démocratie parti-
locaux) et leur délèguent le pouvoir de prendre dans le monde cipative et institu-
les décisions. Les représentants sont tenus de res- Année tionnalisation
90 et Som-
pecter la volonté du peuple lors des prises de dé- met de la Terre,
cision politique. Le mandat de ces représentants Théorisation et re-
connaissance interna-
varie entre trois et six ans selon les pays. Les élec- tionale
tions communales constituent la base de la dé-
mocratie locale. Chaque citoyen a le droit de
choisir librement son représentant local et de se
faire élire comme représentant. En Tunisie, les
maires et les conseillers municipaux sont élus 2
Basé sur la loi électorale de 1969, loi n°69-25 du 8 avril 1969.
pour cinq ans par système proportionnel et vote Le dernier amendement de loi organique n° 2009-19 date du
13 avril 2009, un nouvel amendement est attendu pour les
futures élections municipales
3
Voir chapitre « Outils de la Participation », p. 22
8 | La démocratie locale et la participation des citoyens à l’action municipale

L’histoire de la démocratie participative remonte à `` Aujourd’hui : la participation des citoyens


l’Agora Athénienne dans la Grèce antique et se fonde comme composante de la démocratie est au-
sur la pensée d’Aristote. A cette époque, la participa- jourd’hui largement reconnue et constitue une
tion des citoyens était centrale dans la vie de la ci- dimension centrale dans la gouvernance locale.
té. Après la Révolution française et la révolution aux Elle se manifeste sous différentes formes selon le
Etats-Unis pendant le XIXème siècle, la démocra- pays et le contexte et elle est reconnue et encou-
tie représentative est devenue le modèle dominant ragée par les Organisations Internationales. En
dans les pays occidentaux. Au cours du XXème siècle, Tunisie, la nouvelle constitution, promulguée en
ce modèle a été contesté par des mouvements de ci- janvier 2014, contient des principes participatifs
toyens. On peut distinguer trois phases de la démo- ce qui ouvre une fenêtre d’opportunité pour la
cratie participative : mise en place de processus démocratiques et par-
ticipatifs (voir chapitre sur la législation, p. 13).
`` Années 60 – 80 : en contestation à la forme de dé-
mocratie représentative, de nouvelles formes de Les éléments de la
démocratie ont été impulsées dans les années 60 démocratie participative
par la société civile et les mouvements sociaux
sur plusieurs continents. Ils répondaient au be- La démocratie participative est une dimension de la
soin de réactiver la citoyenneté et les activités ci- démocratie locale. C’est à la fois un mode de gouver-
toyennes dans la sphère publique ainsi que de nance et d’organisation collective de la société et de
recréer un sentiment d’appartenance à la com- la politique locale. Elle place la participation des ci-
munauté locale. Le concept d’empowerment du toyens au centre de la gestion des affaires publiques
pédagogue brésilien Paolo Friere est apparu lors dans une collectivité. Selon les pays, la participation
de cette vague. Dans les années 80, les pratiques à la prise de décisions peut être soit indirect (ex. pro-
de démocratie participative s’institutionnalisent cessus de consultation et concertation), soit directe
et apparaissent dans certains processus décision- (ex. budgétisation citoyenne). La démocratie partici-
nels et textes de loi, tels que des sondages publics pative se base sur des éléments suivants :
ou la participation dans les projets d’urbanisme.
Cette phase d’institutionnalisation a donné nais- `` Elle considère les citoyens comme des experts
sance aux premières formes de consultation et de de leur environnement quotidien et des acteurs
concertation des citoyens impulsées par les insti- clés dans la vie politique locale.
tutions étatiques. `` Elle vise à renforcer la légitimité et la crédibilité
de l’action publique, des institutions représenta-
`` Les années 90 et le Sommet de la Terre : dans tives locales et des représentants locaux.
les années 90, de nombreuses recherches se `` Elle se concentre sur les droits des citoyens par
penchent sur le concept de participation ci- rapport à la ville, par exemple : l’accès aux ser-
toyenne. Avec la fin de la Guerre Froide et les vices publics, aux espaces publics sans discrimi-
changements de régimes dans certains pays nation, à un environnement sain, le respect de
d’Afrique et d’Amérique de Sud, les expériences l’intérêt général et la réalisation des biens com-
de démocratie participative, telles que le bud- muns.
get participatif à Porto Allègre (1989), débutent et `` Elle passe par un ensemble de dispositifs et pro-
sont internationalement reconnues. Le sommet cédures pour améliorer l’implication des ci-
de la Terre à Rio en 1992 a favorisé l’accélération toyens dans la vie politique locale, leur rôle dans
de ce rayonnement international. En soulignant les prises de décision et la confiance entre autori-
l’échelle locale comme espace pertinent de déve- tés locales et citoyens.
loppement durable, notamment à travers l’Agen-
da 21, la démocratie participative locale est un
des thèmes centraux de la Déclaration de Rio.
I La démocratie locale et la démocratie participative | 9

La démocratie participative part de responsabilité dans les projets et enjeux ur-


et la gouvernance locale bains. Tous ces acteurs jouent un rôle central dans le
développement local ainsi que dans le développe-
La démocratie locale et participative s’inscrit dans ment social, économique et démocratique.
une logique globale à travers laquelle les autorités lo-
cales gouvernent et mènent des politiques dans leurs A travers la participation citoyenne, les autorités lo-
municipalités. De cette manière, la gouvernance lo- cales peuvent gouverner d’une manière démocra-
cale se construit autour d’un système politique et tique et instaurer des processus de démocratie locale.
d’un mécanisme de gestion adaptés au contexte local D’une part, l’implication d’un ensemble d’acteurs
et à ses spécificités, pour mieux réaliser les impératifs portant différents intérêts et opinions permet de ré-
de démocratie locale et d’intérêt général. pondre aux besoins des citoyens et de mettre en
place des services urbains adéquats, efficaces et ef-
La gouvernance locale repose sur la capacité des au- ficients. D’autre part, la participation citoyenne à
torités locales à gouverner en répondant aux pro- la gouvernance locale impulse et améliore les rela-
blématiques spécifiques d’un territoire, de sa popu- tions entre autorités locales et citoyens et encourage
lation et de l’intérêt général. La gouvernance locale toutes les parties concernées à réaliser des projets
porte sur la manière de mener la politique locale et communs. En somme, la démocratie participative
de réaliser des actions en coordination avec tous les favorise une « bonne » gouvernance locale et l’in-
acteurs clés locaux. Les autorités étatiques locales clusion des citoyens et de la société civile aux diffé-
ont la responsabilité de gouverner leur ville, mais le rentes phases de l’action municipale.
secteur privé et la société civile ont également une

Quelques principes de « bonne » gouvernance locale permettant d’instaurer la démocratie locale : 4


1. Des élections régulières avec une représentation et une participation juste : centralisation des citoyens dans
l’action publique,
2. La réactivité : adaptation des objectifs, règles, structures et procédures aux attentes et besoins des citoyens,
3. L’efficacité et l’efficience : utilisation des ressources disponibles de façon optimale et mesurabilité des services,
4. L’ouverture et la transparence : information du public sur les prises de décision, la mise en œuvre et les résultats
des politiques locales, accessibilité des données,
5. L’État de droit : respect de la loi et des décisions juridiques,
6. L’intérêt général : orientation des actions municipales vers l’intérêt de l’ensemble de la communauté et non
d’un seul groupe,
7. Lutte contre la corruption : stratégie et plan d’action dans la lutte contre la corruption,
8. Les compétences et les capacités : développement des compétences du personnel pour assurer le processus de
gouvernance,
9. L’innovation et l’ouverture d’esprit face au changement : disponibilité à tester de nouveaux programmes et
apprendre d’autres expériences,
10. La durabilité et l’orientation à long terme : durabilité des projets et décisions constamment prise en compte,
11. Une gestion financière saine : gestion des risques et préparation des budgets en consultation avec le public,
12. Les droits de l’Homme, la diversité culturelle et la cohésion sociale : respect des droits de l’homme et lutte
contre la discrimination,
13. Solutions adaptées à la localité : capacité du personnel à trouver des solutions acceptables et adaptées au
contexte social et culturel,
14. Obligation de rendre des comptes : responsabilité des décideurs à fournir des comptes-rendus sur leur mode de gestion.

4
Ces principes s’inspirent des principes de la bonne gouvernance au niveau local, développés par le Conseil de l’Europe,
www.coe.int/t/dgap/localdemocracy/strategy_innovation/StrategyBrochure_FR_Oct2009.pdf
10 | La démocratie locale et la participation des citoyens à l’action municipale

II La Participation citoyenne
et les processus participatifs

1 La participation citoyenne :
quoi et pourquoi ?
« La participation ne doit pas se limiter à un espace de participation mis à disposition des
citoyens, il faut qu’il y ait un véritable pouvoir d’influence, qui soit pris en considération
par les autorités publiques, et qui se concrétise par des réalisations politiques, mais aus-
si qui soit supporté « d’en bas » par les associations qui poussent les citoyens à exercer leur
pouvoir. La participation authentique demande du temps, de la persistance, un véritable
investissement politique et citoyen. » 5 Marine Hurard, 2011

La participation des citoyens est le levier de la dé- `` Promouvoir une citoyenneté active, éclairée et
mocratie participative. Elle s’inscrit dans une échelle responsable pour une démocratie effective,
entre la démocratie représentative et la démocratie `` Faciliter le dialogue entre les citoyens et la muni-
directe ou de base, allant de l’élection des représen- cipalité, résoudre les conflits et trouver des solu-
tants du peuple à la décision directe des citoyens sur tions,
certaines actions et décisions politiques (par exemple `` Promouvoir la citoyenneté active et l’engage-
à travers des initiatives populaires, la pétition, les as- ment civique auprès des citoyens,
semblées populaires). Au niveau local, la participa- `` Améliorer la gestion de la ville et du développe-
tion citoyenne est un processus qui associe de ma- ment local urbain,
nière active le plus grand nombre de citoyens à la `` Partager la responsabilité du développement lo-
définition et à la mise en œuvre d’un projet collec- cal urbain entre les autorités et les citoyens.
tif dans une localité. La démocratie participative est
surtout utilisée pour participer aux prises de déci- La participation citoyenne peut être impulsée par
sions qui affectent la population locale et les déci- deux dynamiques différentes : « Bottom-Up » ou
sions liées au développement de leur communauté « Top-Down » qui peuvent être complémentaires.
(social, économique, culturel, environnemental, etc.).
Afin de répondre aux attentes des citoyens et évi- `` L’approche « Bottom-Up » ou dynamique ascen-
ter toutes déceptions, les municipalités doivent dé- dante : Les citoyens exercent leur participation
finir clairement le cadre de participation et le rôle de citoyenne à travers leur mobilisation collective,
la société civile dans ces processus. Ceci permettra de positions, plaidoyer et initiatives et influencent
développer un rapport de confiance entre la munici- les autorités publiques dans la mise à l’agen-
palité et les citoyens. da d’un problème spécifique et dans leurs prises
de décisions. Après des années, ces pratiques ci-
En ce sens, la participation citoyenne joue un rôle toyennes peuvent être institutionnalisées par des
central dans le développement de la démocratie et lois et des mécanismes participatifs.
de la gouvernance locale pour plusieurs raisons : `` L’approche « Top-Down » ou dynamique des-
cendante : Les institutions étatiques incitent, fa-
`` Améliorer la transparence dans les décisions poli- cilitent et rendent possibles la participation ci-
tiques et dans la gestion des affaires financières, toyenne à travers des dispositifs, des programmes
`` Améliorer le rapport de confiance entre citoyens officiels et des lois. En ce sens, on parle souvent
et autorités locales et la crédibilité des autorités d’une démarche institutionnelle de la participa-
locales, tion citoyenne. Toutefois, même dans une ap-
proche « Top-Down », être à l’écoute des initia-
tives citoyennes est crucial afin de faciliter les
processus de gouvernance locale. Ce manuel
5
Marine Hurard, La participation citoyenne au développement propose des outils participatifs qui s’inscrivent
durable à l’échelle locale en Europe, Collection Working Paper,
Think Tank Européen pour la Solidarité, 2011, dans cette approche.
http://goo.gl/7tZO86
Tunisie | 11

2 Le rôle du cadre législatif yyUn dialogue entre la municipalité et le citoyen,


dans la participation citoyenne yyLa consultation et la concertation des citoyens
sur les projets de la commune,
yyLa participation des citoyens aux processus de
Dans le cadre d’une approche « Top-Down » de la prise de décision du conseil municipal.
participation citoyenne, il existe deux moyens prin-
cipaux pour promouvoir la participation des ci- Exemples de cadres juridiques
toyens dans l´action communale : les instruments en faveur de la démocratie locale
de droit politique formel et les mécanismes partici-
patifs. Le droit des citoyens à choisir librement leurs repré-
sentants locaux est garanti par la majorité des consti-
a. Les instruments de droit politique formel de la tutions dans le monde. Parallèlement, les droits à la
participation citoyenne : participation et aux prises de décisions politiques
Des lois nationales ou communales définissent sont encore peu reconnus dans de nombreux pays
les droits politiques en matière de la participation même si, depuis une vingtaine d’années, l’utilisa-
citoyenne. En Tunisie, la nouvelle Constitution de tion de dispositifs et de pratiques participatives est
2014 instaure les droits suivants : en augmentation. Nous citerons trois exemples : la
Charte Européenne de l’Autonomie Locale, l’autono-
yyLe droit des citoyens à élire librement les repré- mie locale en Allemagne et le statut des villes au Bré-
sentants locaux à travers les élections commu- sil.
nales,
yyLe droit d’éligibilité comme représentant local à `` La Charte Européenne de l’Autonomie Locale
travers les élections communales,
yyLe droit de se réunir et de manifester,
yyLe droit de fonder une association et de mener
des activités associatives,
yyLe droit d’accès à l’information,
yyLe droit d’assister au vote du budget communal.

b. Les mécanismes et pratiques de la participation


citoyenne :
Une loi de cadre définit le cadre de la partici-
pation citoyenne. Pour contrer les limites que La Charte Européenne de l‘Autonomie Locale
peuvent rencontrer les instruments de droit, di- a pour objectif de garantir l’indépendance po-
verses pratiques et mécanismes ont été impulsés. litique, administrative et financière des collec-
Ainsi, dans la nouvelle Constitution en Tunisie tivités locales. Elle a été signée en 1985 par les
(Art. 136), les instruments de démocratie parti- États Membres du Conseil de l’Europe, plus de
cipative sont mentionnés comme une forme de trente ans après l’adoption de la Charte Euro-
gouvernance locale sans détailler les pratiques péenne des Libertés Communales en 1953 à Ver-
et les mécanismes. Dans ce cadre légal, les com- sailles. Le processus de ratification est entré en
munes ont instauré diverses pratiques et méca- vigueur en Allemagne (1988), en Estonie (1994)
nismes : et en France (2007).
12 | La démocratie locale et la participation des citoyens à l’action municipale

La Charte constate qu’au niveau local, le droit de Cette autonomie est organisée légalement et ins-
participation peut être exercé de façon plus di- titutionnalisée de la manière suivante. Première-
recte. En ce sens, elle mentionne que « le prin- ment, l´autonomie locale est intégrée dans la Loi
cipe de l’autonomie locale doit être reconnu fondamentale 8 (Art. 28). Dans chaque Land, les
dans la législation interne et, autant que possible, collectivités locales sont considérées comme des
dans la Constitution » 6. Elle stipule plus précisé- collectivités territoriales autonomes jouissant
ment que « le droit de participer à la gestion des du droit d’auto-administration. Cette autono-
affaires publiques fait partie des principes démo- mie communale vise à encourager les échanges
cratiques » 7 et elle souligne l’importance de la « bottom-up » entre les municipalités et les Län-
démocratie locale. der. Deuxièmement, les Länder assument entiè-
rement les responsabilités concernant les tâches
Cette Charte est le premier traité international réservées à l’État car ils possèdent une souverai-
garantissant les droits des collectivités locales et neté et un caractère étatique propre en opposi-
de leurs élus et contraignant les Etats signataires tion aux municipalités qui n´ont pas de constitu-
à l’appliquer. En signant, les Etats se sont engagés tion. L’autonomie locale des Länder leur permet
à respecter et mettre en œuvre ses principes fon- de définir des outils de participation citoyenne
damentaux comprenant le droit des citoyens à différents selon le Land.
participer à la gestion des affaires publiques.
L’État et les Länder en collaboration avec les
`` L’autonomie locale en Allemagne communes placent le citoyen au cœur de l’acti-
vité de la commune afin qu’il ne soit pas seule-
ment un sujet à administrer mais qu’il devienne
un citoyen souverain et un acteur qui prend part
activement à la vie communale. On parle alors
d´une « municipalité des citoyens » où le citoyen
est en même temps client, administrateur, ad-
ministré et acteur politique. Ainsi certaines mu-
L’Allemagne est un Etat fédéral qui se compose nicipalités allemandes ont mis en place des pro-
au niveau régional de seize Länder (similaire à grammes obligatoires et facultatifs visant à
l’organisation de 24 gouvernorats en Tunisie). promouvoir la participation de leurs citoyens
Contrairement à un Etat centralisé, les gouver- par exemple le budget participatif ou des procé-
nements de ces régions jouissent d’une grande dures de consultation ou concertation.
autonomie et d’une souveraineté par rapport au
gouvernement national. Les Länder possèdent `` Le statut de la ville au Brésil
leur propre système judiciaire, leur adminis-
tration, leurs moyens financiers, et des compé-
tences législatives propres dans divers domaines
tels que les services de police, l’enseignement, le
droit communal, les médias, la culture ou l’aide
sociale.

6
Art.2 de la Charte Européenne de l’autonomie locale,
http://conventions.coe.int/treaty/fr/treaties/html/122.htm 8
Entrée en vigueur le 23 mai 1949, la Loi fondamentale allemande
7
Préambule, de la Charte Européenne de l’autonomie locale, (le « Grundgesetz ») est le texte constitutionnel allemand. Il a un
http://conventions.coe.int/treaty/fr/treaties/html/122.htm statut équivalent à la Constitution tunisienne
II La Participation citoyenne et les processus participatifs | 13

Certains Etats ont développé un statut pour la ville 3 La participation citoyenne


comme par exemple le Brésil en 1988 qui a défini en Tunisie
le « statut de la Cité » 9 dans sa Constitution. Cette
dernière mentionne un cadre favorable à la partici-
pation citoyenne : Foyers de la révolution, les villes tunisiennes sont de-
puis le 14 janvier 2011, le théâtre d’initiatives des col-
`` Le droit à des villes viables, à l’habitation, aux lectivités locales, des citoyens et de la Société Civile
infrastructures urbaines et aux services publics. pour prendre part à la gestion des affaires locales et
`` Le droit à la juste distribution des bénéfices et aux choix qui engagent l’avenir des villes et de leurs
des charges découlant du processus d’urbanisa- habitants. Toutefois pour soutenir ces initiatives lo-
tion. cales, d’importantes réformes doivent être engagées
`` Les nouvelles responsabilités et les nouvelles et de nouvelles pratiques doivent être développées
opportunités conférées aux municipalités pour pour concrétiser l’instauration de la démocratie par-
la gestion et le financement de leur développe- ticipative et permettre aux citoyens à participer à la
ment. gestion de la cité. En ce sens, l’État tunisien a déve-
loppé un cadre juridique permettant de faciliter l’in-
Par la Loi du 10 juillet 2004, le Congrès National a clusion des habitants dans la vie politique locale et
approuvé le statut de la ville. Les municipalités dis- l’instauration de la participation citoyenne au niveau
posent désormais d’un outil de régulation de leur local. Ce cadre se compose de la nouvelle Constitu-
politique urbaine ouvrant l’espace à de grandes tion de 2014, de la révision de la Loi organique des
avancées sociales. Son rôle est de garantir la fonc- communes, de l’élaboration participative des plans
tion sociale de la ville et de la propriété urbaine, ce d’investissement communaux et du libre accès aux
qui signifie l’élaboration de « normes concernant informations.
l’ordre public et l’intérêt social qui régulent l’usage
de la propriété urbaine dans un but d’intérêt collec- `` La Constitution de la République tunisienne,
tif, préservant le bien-être de tous les citoyens » 10. 27 janvier 2014
Ce statut prévoit la participation directe de tous les
citoyens dans les processus de décisions des poli- La nouvelle Constitu-
tiques urbaines. La municipalité a le devoir de créer tion tunisienne, promul-
et soutenir des espaces participatifs tels que les réu- guée le 27 janvier 2014,
nions publiques, les « conseils des politiques de ges- dessine un cadre favo-
tions urbaines », ou les budgets participatifs. Le Sta- rable pour la démocra-
tut prévoit également un « Statut sur l’impact du tie et la gouvernance
voisinage » afin de mesurer les effets positifs et né- locale. De nouveaux dis-
gatifs des changements urbains sur la vie des habi- positifs légaux portent
tants de la zone concernée (art. 36 à 38). 11 sur la décentralisation
et l’autonomie des com-
munes ainsi que sur plu-
sieurs droits et libertés
cruciaux pour la participation citoyenne au ni-
9 veau local.
Le « Statut de la Cité » était dans la Constitution brésilienne de
1988, dans le chapitre de la politique urbaine (art. 182 et 183).
Annexe : Pour en découvrir plus, suivez le lien
http://base.d-p-h.info/fr/fiches/dph/fiche-dph-7026.html
10
Idem, art. 10
11
La loi du 10 juillet 2001 au Brésil : « le statut de la ville », Asso-
ciation Internationale de techniciens, Experts et Chercheurs,
http://base.d-p-h.info/fr/fiches/dph/fiche-dph-7026.html
14 | La démocratie locale et la participation des citoyens à l’action municipale

1. Décentralisation, autonomie locale des yyArticle 3 : « Le peuple est le dépositaire de la
communes et généralisation des communes souveraineté et la source des pouvoirs qu’il
en Tunisie : exerce à travers ses représentants ou par réfé-
yyArticle 14 : « L’État s’engage à renforcer la dé- rendum. »
centralisation et à l’appliquer sur l’ensemble du yyArticle 34 : « Les droits d’élection, de vote et de
territoire national, dans le respect de l’unité de se porter candidat sont garantis, conformément
l’État. » aux dispositions de la loi. L’État veille à garantir
yyArticle 131 : « Le pouvoir local est fondé sur la représentativité des femmes dans les assem-
la décentralisation. La décentralisation est blées élues. »
concrétisée par des collectivités locales compre- yyArticle 46 : « L’État œuvre à réaliser la parité
nant des municipalités, des régions et des dis- entre la femme et l’homme dans les assemblées
tricts qui couvrent l’ensemble du territoire de élues. »
la République conformément à un découpage yyArticle 133 : « Les collectivités locales sont diri-
déterminé par la loi. » gées par des Conseils élus. Les Conseils munici-
yyArticle 132 : « Les collectivités locales jouissent paux et régionaux sont élus au suffrage univer-
de la personnalité juridique et de l’autonomie sel, libre, direct, secret, intègre et transparent. Les
financière et administrative. Elles gèrent les af- conseils de district sont élus par les membres des
faires locales conformément au principe de la Conseils municipaux et régionaux. La loi élec-
libre administration. » torale garantit la représentativité des jeunes au
yyArticle 134 : Les collectivités locales ont des sein des Conseils des collectivités locales. »
compétences propres, des compétences qu’elles
exercent conjointement avec l’autorité centrale 3. Libertés politiques et mécanismes
et des compétences qui leur sont transférées par de la démocratie participative :
elle. Les compétences conjointes et les compé- yyArticle 31 : « Les libertés d’opinion, de pensée,
tences transférées sont réparties conformément d’expression, d’information et de publication
au principe de subsidiarité. » sont garanties. Ces libertés ne sauraient être sou-
yyArticle 135 : « Les collectivités locales disposent mises à un contrôle préalable. »
de ressources propres et de ressources qui leur yyArticle 32 : « L’État garantit le droit à l’informa-
sont transférées par l’autorité centrale, ces res- tion et le droit d’accès à l’information. L’État
sources étant adaptées aux prérogatives qui leur œuvre à garantir le droit d’accès aux réseaux de
sont attribuées par la loi. » communication. »
yyArticle 137 : « Les collectivités locales gèrent yyArticle 35 : « La liberté de constituer des partis
leurs ressources de manière autonome, dans politiques, des syndicats et des associations est
le cadre du budget qui leur est alloué, selon garantie. »
les règles de la bonne gouvernance et sous le yyArticle 37 : « La liberté de rassemblement et de
contrôle de la justice financière. » manifestation pacifique est garantie. »
yyArticle 139 : « Les collectivités locales adoptent
2. Droits de la démocratie représentative et la re- les mécanismes de la démocratie participa-
présentation politique des femmes et des jeunes : tive et les principes de la gouvernance ouverte
yyPréambule : « Posant les fondements d’un ré- afin de garantir la plus large participation des
gime républicain démocratique et participatif, citoyens et de la société civile à la préparation
dans le cadre d’un État civil où la souveraineté de projets de développement et d’aménage-
du peuple s’exerce, à travers l’alternance paci- ment du territoire et le suivi de leur exécution,
fique au pouvoir, par des élections libres. » conformément à la loi. »
II La Participation citoyenne et les processus participatifs | 15

`` La révision de la Loi Organique des Communes cio-économique, politique et culturel, l’autono-


en Tunisie et de la Loi Organique relative aux mie financière et administrative des collectivités
conseils régionaux locales (municipalités, régions, districts), la parti-
La nouvelle Constitution tunisienne, promulguée cipation des jeunes dans les conseils municipaux,
le 27 janvier 2014, souligne l’attachement du pou- les outils de la démocratie participative et ses
voir constituant à la concrétisation de la décen- droits, et la liberté de coopération intercommu-
tralisation, de la démocratie locale sous sa forme nale et décentralisée.
élective et participative, du renforcement du pou-
voir local et de l’amélioration de la transparence Remarque : L’article 39 de la Loi Organique des
dans la gestion des affaires communales. Communes précise que les audiences du conseil
municipal sont publiques. Ce dispositif légal per-
La mise en œuvre du processus de décentralisa- met aux citoyens d’assister à la délibération par
tion nécessitera la révision de la loi n° 75-33 du exemple du budget communal et d’être informés
14 mai 1975 portant promulgation de la Loi Orga- sur des décisions qui touchent la gestion des af-
nique des Communes qui a déjà connu plusieurs faires locales. Il est recommandable que les com-
modifications par les Lois Organiques n°85-43 du munes invitent explicitement les citoyens à ces au-
25 avril 1985, n° 91-24 du 30 août 1991, n°95-68 diences et réactivent cet espace de la démocratie.
du 24 juillet 1995, n°2006-48 du 17 juillet 2006 et
2008-57 du 4 août 2008. La mise en œuvre du processus de décentralisa-
tion nécessitera la révision de la Loi organique n°
La Loi Organique des Communes comprend deux 89-11 du 4 février 1989 relative aux conseils ré-
titres : gionaux comprenant une définition et attribu-
tions du conseil régional. Il devrait être concrétisé
yyTitre I Dispositions générales : définition et par les principes promulgués dans la Constitu-
création de la commune, limites territoriales, tion de 2014 : la personnalité juridique du conseil
arrondissements et suppression de la com- régional, l’élection du conseil régional par les ci-
mune. toyens, les compétences propres des collectivités
yyTitre II Conseil Municipal (CM) : formations, locales, les ressources propres, la gestion finan-
commissions, bureau municipal, attributions cière.
du conseil municipal, fonctionnement, conseil
municipal des enfants (ajouté en 2006), attribu- `` Élaboration participative des Plans
tions du président du conseil municipal, pre- d’Investissements Communaux (PIC)
miers adjoints, vice-présidents, conseillers et Dans la circulaire du 14 août 2013, le Ministère
agents municipaux, arrêtés municipaux, in- de l’Intérieur précise l’élaboration des PIC pour
demnités allouées aux membres du conseil mu- la période 2014 – 2018 dans le contexte de la tran-
nicipal, personnel communal, donations et legs, sition démocratique et du projet de la nouvelle
travaux communaux, marchés et adjudications, Constitution tunisienne. Il préconise une ap-
gestion des services publics communaux et ac- proche qui relève d’une décentralisation effec-
tions judiciaires, coopération intercommunale tive, de la démocratie participative et de la gou-
et conférences intercommunales. vernance locale.

Dans le futur, la révision de la Loi Organique des La circulaire précise :


Communes devrait d’avantage concrétiser les
principes promulgués dans la Constitution de yyLes principes à respecter dans le processus
2014 : la généralisation des communes sur tout d’élaboration : approche participative de proxi-
le territoire, le transfert de compétences subs- mité, transparence et « bonne » gouvernance
tantielles aux communes dans les domaines so- locale, efficacité et efficience, réduction des dis-
16 | La démocratie locale et la participation des citoyens à l’action municipale

parités entre régions, communes et quartiers, cuments d´information publique n´est toujours
amélioration des conditions de vie de tous les pas applicable par les fonctionnaires et employés
citoyens, renforcement des capacités de l’ad- de l´Etat).
ministration municipale et régionale, mise en
œuvre progressive des PIC en fonction de l’évo-
lution du processus de transition, nomencla- 4 Les défis de la participation
ture de projets intégrant la redéfinition des
rôles à venir entre Etat et collectivités locales et L’instauration de la démocratie participative dans
la promotion de la coopération intercommu- une commune nécessite une bonne réflexion et
nale, une préparation en amont. Il est utile de se poser les
yyLes étapes d’élaboration des PIC, questions suivantes :
yyLa distribution des responsabilités entre les
municipalités, les gouvernorats, les ministères `` Quelle marge de manœuvre dispose la commune
de l’Intérieur, des Finances, du Développement, pour réaliser la participation citoyenne ?
yyLe calendrier d’élaboration des PIC, `` Quelle opportunité locale (sociale, politique et
yyLa nécessité de maîtriser les méthodes et outils économique) existe-t-il pour instaurer la partici-
de la participation, pation citoyenne ?
yyLes conditions et modalités de mise en œuvre. `` Quels mécanismes et outils sont les plus adap-
tés au contexte spécifique (ville et région en Tu-
Remarque : En avril 2014, un protocole d´entente nisie) ?
a été signé par tous les acteurs clés (DGCPL, CPSCL, `` Quels acteurs publics et privés et de la société
CFAD, FNVT) sous l´autorité du ministère de l’Inté- sont impliqués ?
rieur afin de favoriser l’introduction des processus `` Quelle expertise est requise pour instaurer un
participatif dans le nouveau cycle de PIC. 12 outil ou dispositif spécifique de participation ci-
toyenne ?
`` Libre accès à l’information publique `` Quelles ressources financières sont nécessaires
Suite aux évènements de janvier 2011, l’État Tu- pour instaurer cet outil de participation ci-
nisien a impulsé des démarches pour faciliter le toyenne ?
libre accès à l’information publique. Ainsi, « la `` Comment cet outil sélectionné répond le mieux
Tunisie a été le 2ème pays arabe après la Jordanie à la réalisation de l’intérêt général ?
à adopter une législation régissant le droit d’ac- `` Quel est la durabilité de cet outil et comment
cès aux documents administratifs, par le biais du peut-il garantir la démocratie participative à
décret-loi n° 2011-41 promulgué le 26 mai 2011. long terme ?
Deux ans après sa promulgation, le délai accor- Toutefois, une bonne préparation n’est pas suffi-
dé par l’article 22 aux organismes publics pour sante. De nombreux défis doivent être surmontés
se conformer aux dispositions de ce décret-loi lors de la mise en place des mécanismes de participa-
est achevé » 13. Cependant, d’autres réformes de- tion citoyenne : 14
vraient encore être mises en place afin de per-
mettre l´application de ces nouvelles normes `` Le défi de répondre aux attentes des citoyens
juridiques (ex. le droit de fournir et rendre des do- Peu impliqués dans les actions publiques locales
au cours des dernières décennies, les citoyens
ont de nombreuses attentes envers la participa-
12
Basant sur le « guide méthodologique », un comité de pilotage
tion active. Les citoyens qui ont investi du temps
et une unité d`opérationnalisation vont suivre la mise en œuvre dans un processus participatif (par exemple, pré-
du processus
13
Tunivisions.net, « Tunisie, Associations :
14
Tunisie, pour un meilleur accès à l’information », Blondiaux Loïc, « Démocratie locale et participation citoyenne :
http://goo.gl/xZCeDf la promesse et le piège », Mouvements, 2001/5 no18
II La Participation citoyenne et les processus participatifs | 17

sence dans une réunion pendant le weekend et même s’adresser à un groupe cible (ex. budgéti-
leurs soirées privées) veulent voir des résultats. sation sensible au genre ou budget participatif de
Les municipalités doivent donc définir un cadre jeunes).
très clair dès le départ et expliquer les modali-
tés de participation et le rôle des citoyens dans le `` Le défi de l’intérêt général et de la production
processus décisionnel (consultatif, concertation des biens communs
ou codécision). Ce travail de cadrage permettra de La démocratie participative a pour but, entre
limiter les attentes des citoyens envers la munici- autres, de répondre aux besoins des citoyens dans
palité, ainsi que de réduire leur déception ou mé- un intérêt général (ex. l’intérêt de l’ensemble de
contentement lors de la décision finale prise par la communauté et de la ville) et d’assurer l’ac-
le conseil municipal. cès aux biens communs pour tous (ex. eau, trans-
port, etc.). Toutefois, certains outils participatifs
`` Le défi de la crédibilité et de la confiance peuvent être utilisés par un groupe spécifique qui
La crédibilité des autorités et la confiance des ci- travaille dans son propre intérêt au lieu d’agir en
toyens envers ces dernières sont les deux piliers faveur du bien de tous. Au cours de l’instauration
fondamentaux pour la démocratie participative. d’un outil de participation citoyenne, il est alors
Ils garantissent un engagement continu des ci- nécessaire que la voix, l’opinion et les besoins de
toyens à la prise de décision et à la gestion des af- tous soient pris en compte afin de garantir la légi-
faires locales, par exemple le paiement des im- timité des prises de décisions.
pôts. Toutefois, en Tunisie, pendant des années, la
commune a été éloignée des citoyens et ces der- `` Le défi de l’intersectorialité et de la solidarité
niers ne voient guère la nécessité de s’engager entre quartiers
pour leur commune et le bien de leur ville. Il est La démocratie participative se base sur la réalisa-
alors nécessaire de restaurer et d’améliorer cette tion de l’intérêt général alors que certains outils
confiance par la mise en place d’une politique participatifs peuvent parfois sectoriser certains
plus juste, par le renforcement du sens des res- débats ou projets par thématique et par quar-
ponsabilités à travers les résultats rendus et par tier. Ces découpages peuvent fragiliser les prises
une communication transparente et efficace. de décision interdisciplinaires ou l’élargissement
des échelles au-delà de la ville ou de la commu-
`` Le défi de l’inclusion et de la représentativité nauté. L’harmonisation des points de vue et des
démocratique intérêts à l’échelle de la ville et la solidarité entre
La démocratie participative se veut inclusive les quartiers d’une ville constitue un sérieux dé-
c’est-à-dire qu’elle prend en compte l’ensemble fi à relever.
des catégories de la population indépendamment
de leur genre, âge, origine ou appartenance so- `` Le défi de coordination entre l’administration
ciale. En effet, certains groupes peuvent être ex- et les divers acteurs
clus des espaces de participation et de prise de Aujourd’hui, il existe un large éventail d’outils
décision à cause de leur appartenance sociale ou participatifs et leur mise en place peut nécessi-
de leur place dans la société. Il est alors nécessaire ter une technicité importante, parfois complexe à
de renforcer les capacités de certains groupes de gérer. Il est alors nécessaire de prendre en compte
personne afin qu’ils prennent la parole en public, cette complexité dans la mise en place des es-
participent aux prises de décision (empowerment) paces de débat et de consensus, du suivi effectif et
et assurent leur présence et point de vue dans les efficace des débats et des demandes de la popula-
espaces de participation. Chaque outil de parti- tion. Il est conseillé de déléguer à des experts ou
cipation doit surmonter ce défi. Certains méca- des personnes d’expérience la mise en place du
nismes, comme le budget participatif, peuvent processus participatif et de prévoir des moyens
logistiques et financiers pour en assurer sa réus-
site.
18 | La démocratie locale et la participation des citoyens à l’action municipale

III Le rôle de la citoyenneté et


d’une société civile active

1 La citoyenneté la démocratie participative, la citoyenneté se repose


sur un comportement actif des citoyens. Ils font va-
La citoyenneté est le lien social et politique qui re- loir leurs points de vue concernant des décisions
lie tout individu à l’État et le rend apte à exercer l’en- de la politique locale et contribuent activement à la
semble de ses droits et obligations civils et politiques. vie locale et à la gestion de la cité. L’engagement de
Toutefois, la citoyenneté n’est pas qu’un ensemble chaque citoyen est crucial pour la démocratie parti-
de règles juridiques, mais également des pratiques et cipative et dépend du contexte politique, mais égale-
des actions concrètes menées par les citoyens. Dans ment de la motivation et des intérêts personnels. Les
la démocratie représentative, la citoyenneté s’exerce habitants d’une ville peuvent s’engager et devenir ci-
plutôt par une démarche passive en acceptant les toyens actifs à travers des groupes organisés au sein
règles, en s’acquittant des obligations et en partici- de la société civile qui défendent leurs droits et leurs
pant politiquement par le vote. Au contraire, pour intérêts.

Charte entre villes et citoyens – la ville de Lyon


Afin de resserrer le lien entre les citoyens et la municipalité, la communauté urbaine de Lyon a rédigé la charte de
la participation du Grand Lyon. Cette charte vise à « préciser les orientations et les engagements en matière de
concertation et de valorisation de la participation citoyenne sur toutes les dimensions de l’action communautaire
de la gestion des services urbains de proximité à l’élaboration des politiques d’agglomération. » 15
Elle comprend 27 articles dont les objectifs centraux sont les suivants :
zz Une démocratie plus participative.
zz La volonté de renouveler la communication politique.
zz L’amélioration de la transparence de l’action publique et l’efficacité des services rendus à la population.
zz Le développement du sentiment d’appartenance à la ville.

Cette Charte définit également les acteurs de la démocratie participative, les orientations que la communauté
urbaine s’engage à prendre et les modes de mise en œuvre et d’évaluation de ces engagements.

2 Rôle d’une société civile active et fondations privées. » 16 La société civile se compose
d’une pluralité d’intérêts et d’opinions qui coexistent
dans la gestion des affaires locales et se respectent dans le but d’un intérêt général.

Le concept de société civile peut être défini comme Au niveau local, la société civile contribue à pro-
« un large éventail d’organisations non gouverne- mouvoir la démocratie participative et à améliorer la
mentales et à un but non lucratif qui animent la vie gouvernance locale. La société civile est particulière-
publique, et défendent les intérêts et les valeurs de ment importante pour les communes :
leurs membres ou autres, basés sur des considéra-
tions d’ordre éthique, culturel, politique, scienti-
fique, religieux ou philanthropique. Le terme organi- `` Elle peut accompagner l’action municipale par
sations de la société civile (OSC) fait donc référence des programmes d’information, de sensibilisation
à un vaste éventail d’organisations : groupements et d’éducation des citoyens,
communautaires, organisations non gouvernemen-
tales (ONG), syndicats, organisations de popula-
tions autochtones, organisations caritatives, orga-
nismes confessionnels, associations professionnelles

15 16
www.grandlyon.com/fileadmin/user_upload/Pdf/participa- Définition utilisée par la Banque Mondiale et mise au point par
tion/20030715_gl_charteparticipation.pdf, plusieurs centres de recherche,
p. 6 http://goo.gl/E4htLz
Tunisie | 19

`` Elle peut faciliter l’expression de l’opinion pu- civile agit en tant que contre-pouvoir et dénonce
blique en s’impliquant dans la consultation et la les problèmes existants. Elle agit à travers des ac-
concertation et en contribuant à faire émerger les tions de dialogue, de négociation, de plaidoyer ou
points de vue, les consensus et les agendas, de protestation.
`` Elle peut influencer la décision sur des sujets pré-
cis de la vie locale en actionnant les mécanismes `` Retour et Feedback
de dialogue et de plaidoyer auprès des décideurs La société civile joue également un rôle de re-
municipaux et nationaux. lais entre les citoyens et les collectivités locales
Les relations entre municipalités et associations et de facilitateur dans les prises de décision de la
sont variées et ne sont pas nécessairement de na- commune. En ce sens, la société civile assure que
ture conflictuelle ou basée sur un rapport de force. la pluralité des intérêts et des opinions présents
Les municipalités peuvent financer des associations, dans une ville soit prise en compte par les auto-
elles peuvent passer des accords de travail pour me- rités. Dans cette position d’intermédiaire/mé-
ner des actions communes, elles peuvent établir des diateur, la société civile facilite l’expression, la
contrats. Dans certaines situations, l’association est formation et la structuration des opinions, des at-
une forme juridique qui prolonge l’appareil munici- tentes et des plaintes des citoyens. Elle peut éga-
pal et dont la responsabilité de fonctionnement re- lement agir en tant que force de proposition
lève du maire (exemple de certaines ASM – Associa- pour amener des solutions aux problèmes dans
tions de Sauvegarde de la Médina en Tunisie). Dans
une ville. Des associations peuvent par exemple
ce cas, l’association rentre dans les accords de parte-
contribuer à mettre en place des interfaces infor-
nariats public-privés et doit recevoir les ressources
nécessaires afin d’accomplir les missions qui lui sont matisées entre les citoyens et la municipalité. 17
attribuées. Ces missions peuvent être la gestion de Ce travail de facilitation se fait à deux niveaux,
services urbains (services de transport, de gestion de soit entre la société civile et les citoyens à travers
déchets) ou de services sociaux par exemple. leurs activités d’écoute, d’observation et de sen-
sibilisation, soit entre la société civile et les col-
Toutefois, une société civile indépendante est un en- lectivités locales dans le cadre des dispositifs de
jeu majeur. Elle joue le garant du bon développe- dialogue existants (bureau des associations, per-
ment de la démocratie. La commune doit garantir la sonnel dédié à cette mission, réunions pério-
protection des droits et rôles de la société civile qui diques ou spécifiques).
peut se positionner à la fois comme observatrice, ac-
trice de contre-pouvoir, médiatrice, facilitatrice ou
`` Soutien à la municipalité dans les processus
encore actrice de soutien à l’action communale. Ce-
de participation
ci permet d’assurer une citoyenneté active et un rap-
port de confiance entre autorités et citoyens. La force Bien que convaincues de l’intérêt d’une gouver-
de la société civile dépend donc en partie du cadre nance transparente et participative, les collectivi-
fixé par l’État. tés locales ont besoin d’être soutenues. Les orga-
nisations de la société civile peuvent renforcer les
`` Observation, vigilance et contre-pouvoir compétences des collectivités locales en matière
La société civile joue un rôle majeur en tant que de participation vu leurs expériences concrètes
« gardienne de la cité ». Elle remplit une fonc- avec les citoyens. Avec cet appui, les communes
tion d’observation et d’analyse des réalités lo- sont mieux dotées pour mettre en place des dis-
cales en étant attentive à la bonne santé de la ville positifs institutionnels et des outils de participa-
et de ses habitants, aux principes du vivre en- tion citoyenne. En ce sens, les organisations de la
semble, à la protection des droits humains dans société civile peuvent contribuer à mieux organi-
la ville, à l’équité sociale, au respect des règles ser la participation citoyenne dans une commune
d’une bonne gouvernance et de l’exercice d’une en facilitant :
citoyenneté active et responsable. De plus, si cer-
tains droits socio-économiques, politiques ou en-
vironnementaux ne sont pas respectés, la société 17
Voir le chapitre « Outils de participation », p. 22
20 | La démocratie locale et la participation des citoyens à l’action municipale

1. L’accès à l’information : d’une part, les asso- le plan qualitatif, la dynamique actuelle de la société
ciations et autres composantes de la socié- civile tunisienne demeure difficile à évaluer. Toutes
té civile peuvent aider à fournir, vérifier, faire les associations ne sont pas nécessairement actives et
celles qui le sont rencontrent des difficultés à travail-
valider et vulgariser l’information sur l’état et
ler ensemble. En effet, il est souvent difficile de coor-
les perspectives de développement de la ville
donner les actions menées avec les autres acteurs lo-
et de ses habitants. D’autre part, la société ci- caux, et de développer une stratégie basée sur une
vile peut aider à disséminer des informations vision long-terme. Ces difficultés s’expliquent égale-
à travers l’action associative, les outils de com- ment par leurs niveaux et domaines d’intervention
munication gérés par l’association (médias lo- très divers. Parmi les associations créées après la ré-
caux, sites web) ou conjointement par l’asso- volution, un grand nombre répond aux besoins pré-
ciation et la municipalité (portail de ville), ou cis de la transition tunisienne, par exemple, la pour-
encore à travers des supports d’information suite de l’action citoyenne après les premiers mois de
plus classiques (flyers, affichages, brochures, la révolution, l’accompagnement des élections et le
livres) 18. processus d’élaboration de la nouvelle constitution. 20
2. La collaboration dans la conduite des pro-
cessus de participation à toutes les étapes `` Différentes formes organisationnelles
(identification, planification, mise en œuvre de la société civile
et suivi des projets municipaux) : les associa- Les organisations de la société civile impliquent
tions ou autres organisations de la société ci- les citoyens dans la vie locale et sous différentes
vile sont en position de partenaires avec la formes organisationnelles :
commune et apportent leur contribution au
processus par diverses formes : définition de yyRéseaux d’associations : c’est un ensemble
charte de la citoyenneté, mobilisation sociale, d’acteurs regroupé par thématique qui vise à
animation et facilitation de la participation, coopérer entre eux et parfois avec les services
expertise, suivi-évaluation, contribution à la concernés au sein de la commune. Le réseau
mise en œuvre des projets. soutient l’ensemble de ses membres dans le dé-
3. La formation du personnel municipal et des veloppement de compétences diverses telles
citoyens dans la maîtrise des techniques de que l’information, la formation ou le lobbying.
participation à travers des sessions de forma- En Tunisie, il existe des groupes de jeunes sous
tion, des guides et des échanges d’expériences. forme de réseau sans statut institutionnel. Ces
groupes se réunissent et travaillent autour de
3 Les acteurs de la société civile thématiques ou actions communes.
yyOrganisations Non-Gouvernementales
en Tunisie (ONG) : organisations d’intérêts publics qui ne
Après la révolution tunisienne, la société civile (SC) relèvent ni de l’État, ni d’une institution inter-
joue un rôle historique en contribuant à l’émergence nationale. Elles sont majoritairement financées
de pouvoirs locaux forts, avec des villes et des villages par des fonds privés donc ont une indépen-
apaisés, prospères et solidaires dans un environne- dance financière et politique. De nombreuses
ment sain et attractif. On peut parler d’une nouvelle ONGs œuvrent pour la défense des droits hu-
ère de dynamiques associatives. Sur le plan quantita- mains, luttent contre la pauvreté et l’exclusion,
tif, on note que depuis la révolution, le nombre d’as- pour la protection des enfants et de l’environ-
sociations a augmenté de manière vertigineuse 19. Sur nement. On peut également citer ici les organi-
sations caritatives.
18
Voir exemple de la ville de Sayada, p. 35
19
Selon le Centre d’Information, de Formation, d’Etudes et de
20
Documentation sur les Associations en Tunisie (IFEDA) le nombre Rapport de Diagnostic sur la Société Civile tunisienne, Mission
d’association est passé de 9969 associations en 2010 à 14729 de formulation-Programme d’Appui à la Société Civile en Tunisie,
début 2013 ; soit une augmentation de 50 % en deux ans Mars 2012
III Le rôle de la citoyenneté et d’une société civile active | 21

yyAssociations à but non lucratif : organisation comme les associations des étudiants, des amis
qui jouent un relais et est le porte-parole des re- de Tozeur, association pour la promotion de la
vendications de la population. Elles visent à re- culture arabe, associations des jeunes artistes.
grouper un ensemble de citoyens dans le but de yyAssociations défendant un intérêt spécifique :
représenter leurs intérêts, faire entendre leur associations qui défendent un intérêt spéci-
voix, faire respecter leurs droits et répondre fique comme la ligue des droits de l’Homme,
à leurs besoins. En Tunisie, plus de 5000 asso- pour la défense de la médina, pour la sauve-
ciations ont vu le jour au cours de ces trois der- garde de nos plages, etc.
nières années. yyInstituts universitaires et instituts de re-
cherche : les chercheurs dans divers domaines
`` Organisations de la société civile (sciences sociales, la biologie, l’économie) se re-
par groupes d’intérêt groupent pour nourrir certains débats tech-
Les organisations de la société civile impliquent niques, sociaux ou environnementaux et éclai-
les citoyens dans la vie locale sur la base de divers rer les différentes parties prenantes sur le sujet
groupes d’intérêt. traité.
yyAssociations pour un groupe spécifique : asso- yyOrganisations syndicales : organisations de la
ciations qui s’organisent sur la base d’une iden- société civile défendant les droits et les intérêts
tité et appartenance socio-culturelle spécifique des travailleurs et des salariés.

Les jeunes, partie intégrante de la société civile


En Tunisie, les jeunes ont occupé une place centrale sur la scène publique et sont désormais considérés
comme partie intégrante de la société civile. Malgré cela, la participation des jeunes dans les structures asso-
ciatives et à l’action municipale demeure faible. 21 L’absence de communication envers les jeunes explique,
d’une part, cet état de fait. D’autre part, les politiques et programmes en faveur des populations juvéniles, ne
semblent parfois pas correspondre aux réelles attentes des jeunes. L’inclusion de ces derniers dans les prises
de décisions locales est donc nécessaire afin de répondre à leurs aspirations. Les conseils de jeunes 22 ou les
concours d’idées 23 sont autant d’espace participatif pour impliquer les jeunes et favoriser le dialogue avec la
municipalité.
`` Le décret de loi portant sur l’organisation des `` Le décret-loi définit les droits des associations :
associations en Tunisie : Depuis la révolution, le
décret-loi n° 2011-88 du 24 septembre 2011 por- yyObtenir des informations,
tant sur l’organisation des associations fournit yyÉvaluer le rôle des institutions de l’État et de
le cadre légal des associations en Tunisie. Dans le formuler des propositions en vue d’améliorer
premier chapitre, le décret défini souligne la li- leur efficacité,
berté de constituer des associations (art. 1) et dé- yyOrganiser des réunions, manifestations,
fini l’association comme une convention de deux congrès, ateliers de travail et toutes autres acti-
ou plusieurs personnes (art. 2). Il fixe le cadre des vités civiles,
activités des associations (art. 3) et interdit aux as- yyPublier des rapports et informations, éditer des
sociations d’inciter à la violence, à la haine, à l’in- publications et procéder aux sondages d’opi-
tolérance et à la discrimination fondée sur la ré- nion.
gion, la religion ou le sexe, d’exercer des activités
avec un but lucratif ou collecter des fonds en vue Par l’article 6 du décret de loi, l’État permet à la so-
de soutenir des partis politiques ou des candidats ciété civile de jouer le contre-pouvoir et garantit une
indépendants (art. 4). indépendance en précisant qu’ « il est interdit aux
autorités publiques d’entraver ou de ralentir l’activi-
té des associations de manière directe ou indirecte ».
21
Voir l’article ainsi que les études menées sur la participation des
jeunes dans plusieurs villes tunisiennes, 23
Voir le Concours d’idées “les jeunes en CoMun”,
http://goo.gl/LeY4gv http://goo.gl/tSqIgx
22
Voir outils p.  64
22 | La démocratie locale et la participation des citoyens à l’action municipale

IV Les outils de la participation citoyenne

La participation citoyenne peut s’effectuer par de `` Quel est l’objectif du processus participatif ?
multiples formes et à travers plusieurs niveaux d’im- `` Quel outil permet de répondre au mieux à
plication des citoyens dans les prises de décision mu- ces objectifs ?
nicipales (voir graphique 2). Les citoyens participent
`` Quels sont les rôles et le pouvoir de la municipa-
de manière directe ou indirecte à la gestion des af-
lité et de la société civile lors du déroulement du
faires locales, dépendamment des outils sélectionnés
et choisis par les municipalités. processus ?
`` Quels sont les étapes et délais à respecter ?
Avant de mettre en place des mécanismes de parti- Quelles sont les ressources nécessaires ?
cipation citoyenne et de sélectionner les outils né-
cessaires, il est important de se poser certaines ques-
tions telles que :

Graphique 2 : Les échelles de la participation 24

Les différents niveaux d’implication du citoyen à l’action municipale

Démocratie
participative

Codécision

Vers une démocratie


participative complémentaire Concertation
de la démocratie représentative

Consultation

Information
Démocratie
représentative

La participation se structure autour de quatre éche- formé ne donne pas automatiquement aux ci-
lons : toyens les moyens d’agir et de contribuer à la
gestion des affaires locales.
1. Information : la collectivité locale met à disposi-
tion et rend public des informations concernant 2. Consultation 25 : la collectivité locale informe
la gestion des affaires locales et portant sur l’inté- les citoyens sur des questions et projets précis
rêt général. C’est une étape primordiale et préa- et leur demande leur avis et retour. Les citoyens
lable à toute démarche participative. Les citoyens se trouvent dans une position d’observateur. La
ne participent pas directement à la prise de déci- consultation permet à la collectivité locale de
sion, mais ils sont informés. Cependant être in- connaître la qualité de leur service, les consé-

24
Inspiré du graphique « Les differents niveaux d’implication du
citoyen en démocratie » de Jodelle Zetlaoui-Léger et Pierre
Dimeglio, 2002.
Tunisie | 23

quences de leurs décisions politiques et leur per- aux mécanismes de démocratie directe. Une
met d’orienter leurs choix selon les avis des ci- codécision n’est possible seulement s’il existe un
toyens. La consultation peut être préalable et bon rapport de confiance entre citoyens et collec-
aide les collectivités locales à éclairer certains as- tivités locales. La codécision prend forme de deux
pects. Toutefois, les collectivités locales ne sont manières :
pas contraintes à prendre en compte et inclure les
opinions et observations des citoyens dans leurs yyLa coproduction ou le partenariat : c’est l’élabo-
décisions. ration conjointe d’un projet. Les citoyens parti-
cipent à la réalisation du projet avec les techni-
3. Concertation 26 : la collectivité locale propose ciens et élaborent ensemble des solutions,
d’engager un dialogue avec la population et elle yyLa délégation : la collectivité locale délègue une
crée les espaces à cette fin. Les citoyens sont in- partie de leur pouvoir aux citoyens et acceptent
formés d’un projet ou d’une décision à prendre de s’engager dans des décisions prises par ces
et ils ont la possibilité de proposer des idées et de derniers.
se faire entendre. La collectivité locale est tenue Remarque : Il est important de rappeler que ces quatre
d’associer les propositions des citoyens dans leur niveaux de participation ne sont pas nécessairement
décision). exclusifs et peuvent se compléter. De plus, ces outils
n´ont pas pour objectif de subsister aux décisions du
4. Codécision : la collectivité locale et les citoyens conseil municipal (qui garde son pouvoir souverain),
prennent des décisions conjointes sur certaines mais de soutenir ce dernier afin de gérer la ville d’une
questions ou enjeux de gestion des affaires lo- manière plus inclusive, de garantir une légitimité dé-
cales et de politique locale. Cette échelle renvoie mocratique et d’améliorer la crédibilité des collectivi-
tés locales.

25, 26
Dans ce chapitre, les échelles de Consultation et de Concerta-
tion se regrouperont dans la même partie. Ceci s’explique par le
fait que certains outils présentés dans ce manuel peuvent être
à la fois utilisés à visée consultative ou pour des processus de
concertation citoyenne.

24 | La démocratie locale et la participation des citoyens à l’action municipale

Tableau 1 : Les outils de participation selon les différentes échelles d’implication

Outils Objectifs
Stratégie et plan de communication Améliorer l’efficacité de la communication avec les
citoyens, assurer l’accès à l’information et améliorer
le rapport de confiance.
Affichage public Diffuser les informations aux citoyens et les sensibi-
liser sur certains sujets.
Information

Portail de la ville et médias sociaux Diffuser de l’information, répondre aux attentes des
acteurs locaux et des citoyens, et renforcer la qualité
de communication.

Interventions dans les Diffuser des informations, atteindre un grand


médias locaux nombre de citoyens et établir un contact de proxi-
mité entre la municipalité et les habitants.
Assemblée du conseil Permettre aux citoyens de connaitre les dossiers
municipal ouverte au public de la municipalité, de recevoir des informations,
d’observer les prises de décision et parfois proposer
de nouvelles idées .

Espace citoyen Faciliter l’accès et améliorer les services munici-


paux ; créer un espace de rencontre et d’échange
entre commune et citoyens.
Consultation et Concertation

Gestion des plaintes Permettre aux citoyens d’exprimer leur mécon-


tentement, améliorer les actions municipales pour
satisfaire au mieux les bénéficiaires.

Evaluation citoyenne Consultation : connaitre la satisfaction des citoyens


de la qualité des services sur les services municipaux.
Concertation : améliorer la qualité et le monitoring
des services municipaux ainsi que le dialogue et la
confiance entre municipalité et citoyen.
Planification urbaine Doter la ville d’une vision stratégique et partagée
stratégique sur l’avenir de ses politiques publiques locales et de
ses services.

Réunion publique Consultation : informer et écouter les citoyens


Concertation : informer, écouter, échanger, proposer
et trouver des solutions ensemble.

Médiation – la table ronde Réunir les différentes parties en conflit pour aboutir
à un compromis ou à une solution sur une question,
un enjeu ou projet précis.

Conseil de citoyens Solliciter l’avis des citoyens sur une thématique,


pendant un processus de prise de décision ou lors
du montage d’un projet, et intégrer leurs proposi-
tions.
Codécision

Panel citoyen Les citoyens proposent une décision compétente


et éclairée par rapport à une question technique ou
morale d’intérêt public, et concernant la municipa-
lité.

Participation citoyenne Décisions des citoyens sur les dépenses d’une ligne
à la budgétisation budgétaire déterminée par la commune, améliorer
le rapport de confiance ainsi que les infrastructures
et équipements d’une commune.
IV Les outils de la participation citoyenne | 25

Avantages Conditions préalables Défis


Avoir un cadre stratégique pour assurer une Nécessite une cellule de communication Bonne exécution de la stratégie de commu-
communication efficace et transparente avec pour l’élaboration et le suivi de la stratégie. nication, et planification de chaque action
les citoyens. municipale selon le cadre stratégique.
Possibilité d’atteindre un large public à coût Nécessite du personnel compétent en infor- Mise à jour des informations et équiper tous
réduit. matique et d’un budget pour l’acquisition du les espaces publics (mairie, gare, espace
matériel. citoyen, poste de police) avec du matériel
d’affichage dynamique.
Possibilité d’atteindre un large public à faible Nécessite une cellule de communication et Accès internet limité pour certains citoyens
coût, surtout les jeunes, interactivité et rapi- une personne référente pour gérer les in- et défi de gérer quotidiennement les inter-
dité de l’outil et attractivité pour les citoyens. formations et les interactions sur les médias ventions déplacées des citoyens.
sociaux.
Diffuser des informations rapides et à grande Nécessite une habilité pour gérer les rela- Garantir la transparence des informations,
échelle, améliorer la confiance des citoyens. tions avec les médias ainsi qu’une bonne assurer une communication rapide et com-
réactivité face aux questions des journalistes. préhensible pour les citoyens.
Améliorer la compréhension du travail du Avoir une base légale permettant l’exis- Conflits entre citoyens et acteurs commu-
conseil municipal, améliorer la prise en tence des assemblées ouvertes aux citoyens, naux, difficulté à saisir le fonctionnement du
compte des besoins des citoyens dans les disposer de capacités pour gérer la présence conseil pour les citoyens.
actions municipales et la transparence des ou parfois les interventions des citoyens, dis-
discussions et décisions. poser d’équipement technique pour diffuser
la séance en ligne.
Accessibilité et rapidité des services muni- Nécessite des compétences pour réamé- Aménagement optimal de l’espace, bonne
cipaux, convivialité et visibilité de l’action nager et organiser un espace d’accueil, du communication concernant les services. Si
municipale. personnel formé pour son utilisation et faire l’aménagement de l’espace implique des
connaitre cet espace aux citoyens. travaux, besoin de plus grandes ressources
financières.
Améliorer la qualité des services municipaux, Nécessite des procédures de gestion bien Risque de ne pas répondre aux demandes
être à l’écoute des citoyens et faire preuve de conceptualisées ainsi que des ressources des citoyens, défi des contraintes liées aux
responsabilité en prenant en compte leurs humaines et financières. anciennes procédures administratives, à la
avis et problèmes. faiblesse des ressources humaines et finan-
cières qui limite l’efficacité du service.
Recueillir l’avis direct des citoyens sans inter- Les coûts peuvent être élevés pour la mise en Contraintes liées aux anciennes procédures
médiaire, faire entendre la voix des citoyens place de l’évaluation, nécessite un personnel administratives, faire un échantillon repré-
à travers la mise en place de canaux de compétent pour élaborer, exécuter et analy- sentatif, un suivi des résultats pour améliorer
feedback direct, répondre aux attentes des ser les résultats de l’évaluation. les services.
citoyens.
Développer la cohésion sociale et territoriale, Nécessite une volonté politique claire, la Processus de moyen et long terme, difficulté
renforcer l’attractivité de la ville, amélio- mobilisation de tous les acteurs concernés, de trouver des consensus, prises en compte
ration des services, favoriser le leadership un budget consacré à l’élaboration de la des différents points de vue dans le dévelop-
municipal basé sur une stratégie long-terme. stratégie urbaine ou sectorielle, un comité de pement de la stratégie.
pilotage compétent.
Améliorer la transparence, informer effica- Nécessite une bonne communication de Défi de gérer les interventions et les critiques
cement les citoyens sur les projets en cours, l’évènement, un facilitateur pour la réunion, des citoyens lors de la réunion, défi d’inté-
anticiper les critiques potentielles, faire et une salle. grer leurs commentaires dans les projets ou
approuver un projet ou une décision. les décisions.
Réduire les coûts de transaction pour des Nécessite de travailler avec un bon facili- Gérer les tensions entre les parties, défi que
projets, permettre d’éviter les processus tateur, en lieu neutre et avec l’accord des l’ensemble des parties en conflit soit repré-
juridiques (tribunaux) en résolvant le conflit parties en conflit. sentées de manière inclusive, respectant
en amont. l’âge et le genre.
Recevoir l’avis du conseil sur des sujets pré- Nécessite un facilitateur et une définition Prendre en compte les éléments mentionnés
cis, anticiper les critiques et trouver des solu- claire du rôle du citoyen pendant le proces- par le conseil citoyens et éviter l’instrumen-
tions. La municipalité reste indépendante et sus de prise de décision. Espace disponible talisation des propositions des citoyens.
souveraine dans ses décisions finales. pour les réunions des conseils citoyens.
Obtenir un avis citoyen compétent et de Accès des citoyens aux informations né- Informer le panel citoyen afin qu’il prenne en
qualité, soutien à la prise de décision sur des cessaires, compétence d’organisation de la compte l’intérêt des différentes parties dans
enjeux difficiles pour la municipalité, abaisser commune. leur décision, garantir la représentativité
les tensions au sein de la population. et l´inclusion (genre, âge, statut social) des
citoyens au panel.
Améliorer la transparence et la recevabilité Nécessite un engagement de la municipalité, Engagement durable, défi d’approuver les
des communes, du civisme fiscal, satisfaire une neutralité politique, une société civile décisions citoyennes garantir la transpa-
les besoins des citoyens et instaurer des pra- engagée et des facilitateurs professionnels. rence financière, une bonne communication
tiques de démocratie participative locale. et l’exécution des décisions prises par les
citoyens.
26 | La démocratie locale et la participation des citoyens à l’action municipale

1 L’information

Le droit à l’information est un pilier fondamen- Quoi ?


tal de la démocratie et de toutes formes de partici-
pation citoyenne. Accéder aux informations per- Déterminer le but de la communication pour la
met de construire un lien et un rapport de confiance municipalité :
entre les collectivités locales et les citoyens. Sur cette
base, les citoyens peuvent se construire une opinion `` La communication de service : la commune veut
concernant les enjeux politiques de leur commune faire connaitre aux populations les services et les
et participer aux débats. Le droit à l’information est prestations rendus par la commune (émissions
indispensable pour parvenir à la transparence des radio, guides, dépliants, etc.). Elle doit être la vi-
activités publiques, à la responsabilité du gouverne- trine de l’efficience et de l’efficacité de l’adminis-
ment vis-à-vis des citoyens (redevabilité), et au pro- tration locale.
cessus de « bonne » gouvernance locale. `` La communication relationnelle : la commune
vise à mobiliser les populations et les autres ac-
La difficulté pour l’État, et notamment pour les mu- teurs de développement (ex. tournées du maire
nicipalités, consiste à rassembler des informations dans les arrondissements et les quartiers).
d’utilité publique et de les transmettre de façon in- `` La communication civique : la commune vise à
telligible et compréhensible à un groupe cible. Les renforcer la citoyenneté telle que le respect des
institutions étatiques nécessitent un savoir et un sa- règlementations, du bien public et du devoir fis-
voir-faire spécifique. De même, pour qu’une infor- cal. L’outil privilégié de la communication ci-
mation efficace réussisse, il faut qu’elle soit de qualité vique est la campagne d’information et de sensi-
et ciblée. Il est alors important que les municipalités bilisation.
publient des informations lisibles, claires et faciles à
comprendre pour véritablement permettre aux ci-
toyens de bien saisir l’ensemble des aspects et des en- Pour qui ?
jeux d’un projet ou d’une action envisagée. Parallè-
lement, les municipalités diffusent également des `` Sélectionner l’auditoire cible : il faut connaître
informations pour sensibiliser la population d’une les particularités de la cible comme le niveau
ville sur un sujet. En somme, une bonne information d’étude, les lieux fréquentés, le jour de congés,
est une condition primordiale pour faciliter une par- les habitudes média, les sources d’influence, les
ticipation rationnelle et responsable des citoyens à la freins pour sélectionner un outil de communi-
gestion des affaires publiques et de la politique locale cation. Il est aussi conseillé d’être le plus inclu-
(ex. communication des municipalités sur des projets sif possible lorsque la commune détermine des
urbains ou des mécanismes de participation). groupes de population susceptibles d’être les plus
affectés par une intervention ou un projet donné,
Ce chapitre sur l’information va fournir des outils comme les jeunes, mais aussi les femmes ou en-
sur les modes de communication entre communes core les personnes âgées.
et citoyens. Chaque outil répond à des besoins et des
objectifs différents. Se poser les questions « Quoi ? »,
« Pour qui ? » et « Comment ? » permet de sélection-
ner l’outil le plus adéquat pour répondre aux besoins
de la municipalité.
IV Les outils de la participation citoyenne : 1 L’information | 27

Comment ? Un site web dynamique fournit des informations ac-


tualisées sur la vie communale, assure une interacti-
Plusieurs supports médiatiques sont disponibles vité avec le citoyen (p. ex. forum, sondage, services en
pour véhiculer les messages. Cependant, dans le cas ligne), permet de prendre en considération les avis
de la communication communale, on privilégiera : des citoyens dans les prises de décision, de sonder les
attentes et les besoins de la population et d’évaluer la
`` Les moyens de communication directe : réunions perception de la commune.
de groupe, porte-à-porte, séminaires, actions de
rue,
`` Les supports locaux (radio) et le hors-média : bro-
chures, guides, dépliants, flyers,
`` Les supports innovants et modernes : Internet,
site web dynamique, e-mailing,
`` Une publication périodique : bulletin d’informa-
tion mensuelle ou trimestrielle.

Les citoyens s´informent, les villes


se présentent

(Espace citoyen
à Siliana, 2014)

(Colloque Tuniso-Allemand des Villes


du programme CoMun, Tunis 2011)
28 | La démocratie locale et la participation des citoyens à l’action municipale

1.1 Stratégie et plan de communication


Description Pourquoi ?

Une stratégie de communication est une démarche La communication locale d’une commune améliore
adoptée par une institution afin de faire passer un la transparence des actions municipales et inspire
message précis et réfléchi concernant un sujet, un la confiance. Par une communication stratégique et
enjeu, une décision ou un projet. Dans ce manuel, la bien planifiée, la commune assure une communi-
stratégie de communication doit permettre à la mu- cation positive sur sa politique, ce qui peut encou-
nicipalité de créer un lien avec les citoyens. Elle est rager les citoyens à livrer du feedback et ainsi facili-
exécutée à travers un plan de communication pré- ter l’identification de leurs besoins. Une information
cis pour chaque action de la municipalité. Autrement régulière et de qualité améliore la gouvernance des
dit, une stratégie de communication recouvre l’en- communes et permet aux citoyens d’accéder aux in-
semble des actions de communication menées par la formations. 27 Une bonne stratégie de communica-
commune. Elle a pour but de favoriser l’adhésion des tion garantit que les citoyens saisissent davantage
citoyens aux décisions de la municipalité ainsi que les enjeux d’intérêt général et s’impliquent dans la
de mobiliser l’ensemble des acteurs locaux. gestion des actions locales. Ainsi, la commune fait
preuve de proximité, de transparence, de continuité,
Aperçu d’actualité et de primauté du droit.

Objectifs De quoi a-t-on besoin ?


Planifier une stratégie et un plan de communica-
tion pour améliorer la communication auprès des
`` Créer une cellule de communication dotée d’un
citoyens, assurer la transparence et augmenter la
confiance. chargé de communication et d’une équipe. Le
personnel doit avoir une connaissance approfon-
Champs thématiques die des collectivités territoriales et des enjeux au-
Sur le territoire d’une municipalité ou d’un quartier, tour de la communication institutionnelle et in-
auprès des citoyens (via différents médias : radio, té- terpersonnelle.
lévision, flyers…). `` La collectivité locale doit montrer la volonté de
Conditions définir une stratégie et un plan de communica-
La municipalité doit disposer d’une cellule de com- tion ainsi que de s’engager à réaliser son exécu-
munication et d’un savoir-faire en matière de straté- tion et d’en faire le suivi.
gie de communication et de mise en œuvre des plans
de communication. La méthodologie de la straté- Comment mettre en œuvre ?
gie et du plan de communication doit être appliquée
pour chaque action communicationnelle de la muni- `` Etape 1 : Composition et formation de la cellule
cipalité. de communication au sein de la municipalité
Investir dans la formation d’un responsable de com- La commune met en place une cellule de com-
munication et prévoir le budget nécessaire pour
munication. Dans les municipalités tunisiennes,
mettre en œuvre le plan de communication (impres-
cette cellule se compose d’un chargé de commu-
sion des flyers, entretien des réseaux sociaux, etc.).
nication, d’un secrétaire général, d’un représen-
Périodicité tant de la société civile et d’une personne spécia-
L’élaboration d’une stratégie et d’un plan de com- lisée en communication.
munication peut prendre quelques jours voir une se-
maine dépendamment de l’action municipale ciblée.
27
Ces éléments sont tirés de l’atelier de réflexion GIZ-CoMun du
18 – 19 octobre 2012, sur « La bonne gouvernance démocratique
locale : la communication locale, un outil d’amélioration de la
gouvernance locale », Esma Ben Ayed.
IV Les outils de la participation citoyenne : 1 L’information | 29

Remarque : Il est indispensable que tous les té civile pour expliquer et discuter des choix et
membres de la cellule de communication soient des orientations de cette stratégie et plan de com-
formés dans les domaines de rédaction des publica- munication. Les suggestions et propositions des
tions d’information, d’écriture professionnelle et de membres de la société civile sont intégrées. A tra-
présentation des dossiers. vers cette étape, la commune valorise l’aspect
participatif de la stratégie et du plan de commu-
`` Etape 2 : Mission et cahier des charges nication.
de la cellule de communication
Après avoir été formés, les membres de la cel- `` Etape 4 : Mise en place et suivi de la stratégie
lule de communication reçoivent un cahier des Lorsque la stratégie est finalisée, la cellule de
charges comprenant les éléments suivants : communication doit s’assurer de la mise en
œuvre de la stratégie, ainsi que de son efficacité et
yyÉlaborer et proposer une stratégie et un plan de efficience. Ceci peut être mesuré par des évalua-
communication par action ou projet, en se ba- tions régulières.
sant sur les décisions prises par le conseil mu-
nicipal.
yyDéfendre la stratégie et le plan de communica- CONSEIL
tion par action ou projet devant le conseil mu- Un des éléments important d’une stratégie de com-
nicipal. munication communale concerne le plan de marke-
yyAssurer la mise en œuvre et le suivi de toutes les ting territorial. Il s’inscrit sur le territoire commu-
opérations et veiller au respect des étapes de la nal, donne une image attractive de la ville, attire les
planification définies dans la stratégie et plan investissements, partage les expériences et renforce
de communication. la participation citoyenne.
yyRéfléchir et faire des propositions sur la poli- La création d’une cellule de communication com-
tique globale de la communication communale. posée de personnel qualifié dans le domaine de la
communication est une des clés de réussite de la
`` Etape 3 : Participation citoyenne à la stratégie formulation de la stratégie de communication.
et plan de communication
La définition des publics visés permet de cibler les
Avant de lancer une stratégie et un plan de com- divers objectifs et orientations de la stratégie de
munication, il est conseillé d’organiser une jour- communication.
née de rencontre entre la commune et la socié-
30 | La démocratie locale et la participation des citoyens à l’action municipale

Bonnes Pratiques

Stratégie de communication de Gabès et de Ben Guerdane 28


Les communes de Gabès et de Ben Guerdane ont proposé des actions prioritaires en matière de
communication :
zz Création d’une cellule de communication locale et élaboration d’une stratégie et plan de
communication : les municipalités mobilisent diverses formes d’expertises, d’études, de
logiciels, de procédures, de formations et de supports. La dynamisation du site web
statique est également envisagée. Gabès
zz Création d’un bureau de relations extérieures : le bureau sera rattaché à la sous-di-
rection des affaires sociales et culturelles de la commune. Il englobera quatre fonc-
Ben
tions : relations avec les citoyens, relations avec les organisations de la société civile, re- Guerdane
lations avec les administrations locales et régionales. Ce bureau devrait également être
composé d’un personnel formé et d’équipements informatiques et audiovisuels. L’objec-
tif consiste à aboutir à la certification de ce service. Les communes proposent de commencer
par deux problèmes majeurs qui préoccupent les citoyens : la propreté et l’obtention des permis
de construire. Ce bureau va également mener des campagnes de sensibilisation à grande échelle
comme des journées portes ouvertes ou des tables rondes avec les OSC dans la promotion du ci-
visme fiscal.

Stratégie de communication de la Ville de Koudougou 29


Depuis 2004, la commune de Koudougou (Burkina Faso) dispose d’un plan stratégique de communication. Il est
mis en œuvre par la cellule communale de communication, les élus locaux, la société civile et les assemblées de
secteur. Cette stratégie vise à relever plusieurs défis communaux tels que le renforcement du partenariat entre
les acteurs locaux ou l’amélioration du cadre de cadre de vie des habitants. Construits autour d’un diagnostic lo-
cal, les objectifs du plan stratégique sont :
zz Informer, sensibiliser et faire participer les populations aux actions de développement local,
zz Informer et sensibiliser les populations en vue de susciter un esprit de civisme fiscal,
zz Améliorer et renforcer la concertation en vue de développer le partenariat entre les acteurs locaux,
zz Diffuser largement le PDC en vue de mobiliser des ressources pour sa mise en œuvre au niveau local, natio-
nal et auprès des partenaires de coopération,
zz Informer et sensibiliser les populations pour une meilleure prise en charge de leur
cadre de vie.

Pour répondre à ces objectifs, des actions ont été mises en place telles que
des conférences de presse du maire réalisées en synchrone sur les trois
radios locales, les parutions d’articles sur le PDC dans les organes
de presse locale et nationale ou encore l’émission radiophonique
Burkina Faso
Koudougou
« l’heure du développement communal ».

2829

28
Atelier de réflexion et de planification sur la bonne gouvernance
démocratique locale, Programme GIZ-CoMun Tunisie, Rapport de
l’atelier d’octobre 2012
29
Stratégie de communication de Koudougou,
www.mairie-koudougou.bf/laville/pscommunication.html
www.mairie-koudougou.bf/plan_strateg_dev_kdg.pdf
IV Les outils de la participation citoyenne : 1 L’information | 31

1.2 Affichage public


Description Pourquoi ?

L’affichage dans les espaces publics est un moyen ef- Sachant que les délais d’attente à la poste ou à la mai-
ficace pour informer les citoyens sur une théma- rie varient de 10 à 25 minutes, l’affichage dynamique
tique ou un sujet précis en lien avec les activités de la permet de communiquer avec les citoyens lorsqu’ils
municipalité (ex : ouverture d’une nouvelle ligne de attendent dans un lieu et sont disponibles à recevoir
bus). Il existe différents types d’affichage (affiche pa- des informations. Ces informations peuvent conte-
pier, panneau publicitaire, support numérique, ani- nir des renseignements sur la commune (ex. horaire
mation et vidéo). Parmi ceux-ci, l’affichage dyna- d’ouverture des services municipaux) ou sur ses dif-
mique est un nouvel outil peu coûteux, permanent férents services communaux. La commune peut uti-
et très efficace. Cette forme d’affichage numérique, liser l’affichage dynamique pour informer des ci-
réalisée et programmée par ordinateur, diffuse des toyens sur les projets en cours ou à venir, ainsi que
informations sur des écrans placés dans des espaces sur les différents services communaux proposés.
publics ou dans des bâtiments municipaux, pour in- C’est une manière de rendre les informations trans-
former les citoyens sur les activités, les actions et les parentes, accessibles rapidement et de favoriser un
services municipaux mis à leurs dispositions. L’affi- lien de proximité avec les habitants.
chage dynamique est réalisé par la signalétique assis-
tée par ordinateur. De quoi a-t-on besoin ?

Aperçu La commune doit disposer d’un responsable en in-


formatique, communication et nouvelles techno-
Objectifs logies. Elle doit également s’équiper d’écrans dy-
Utiliser la technologie pour diffuser de l’information namiques ainsi que d’une installation de pilotage à
aux citoyens et les sensibiliser sur certains sujets. distance (voir plus haut).
Champs thématiques
Dans les services municipaux et des lieux publics lar- Comment mettre en œuvre ?
gement fréquentés (gare, poste, mairie, etc.).
Conditions `` Etape 1 : Formation d’un responsable
Les ressources humaines compétentes en informa- en informatique et communication
tique existent déjà au sein des municipalités. Il est né- La commune forme un chargé de communica-
cessaire pour la diffusion de tels dispositifs d’avoir tion ou un responsable informatique aux tech-
des bases dans les nouvelles technologies et surtout niques d’affichage dynamique et assure la ca-
pouvoir se référer à une stratégie et plan de commu-
pitalisation de ce savoir par l’organisation de
nication spécifique. Les coûts dépendent du choix de
formations au sein de l’équipe informatique ou
la technologie utilisée pour l’affichage dynamique,
ainsi que du nombre de points de diffusion, du type communication.
de matériel et de la marque de l’affichage dynamique
(« digital signage » en anglais). `` Etape 2 : Planification de l’affichage
dynamique et choix des lieux
Périodicité
L’affichage doit être actualisé régulièrement pour in- Le responsable en affichage dynamique élabore
former les citoyens sur les évènements et les nou- une stratégie et un plan de communication spé-
velles de la commune. Le « digital signage » permet cifique.
un maximum de flexibilité au niveau de la fréquence
de diffusion. Une interface de contrôle est fournie
avec chaque type de matériel et permet de program-
mer le contenu à diffuser : selon sa périodicité, sa fré-
quence, son point de diffusion, sa répétition, etc.
32 | La démocratie locale et la participation des citoyens à l’action municipale

Etape 3 : Acquisition et installation du matériel


CONSEIL
Le responsable fait une proposition de matériel Le chargé de communication, responsable de l’affi-
d’affichage dynamique au conseil municipal et au chage dynamique, doit assurer un suivi et une actua-
secrétaire général. Le budget pour ce projet doit lisation des informations. Il ne doit pas seulement
se contenter du bon fonctionnement des panneaux,
être défini et approuvé par le conseil municipal.
mais également de la qualité de l’information.
Lorsque le projet est approuvé, le matériel choi-
si est alors commandé puis installé dans les en-
droits prévus.

`` Etape 4 : Suivi de la mise à jour des


informations
Le responsable assure la mise à jour et l’actuali-
sation des informations pour les citoyens. Les in-
formations diffusées doivent être claires et com-
préhensibles par tous.

Bonnes Pratiques

Ecran d’affichage à Menzel Bourguiba


La commune de Menzel Bourguiba a installé un écran d’affi- Menzel
Bourguiba
chage qui diffuse des informations sur la commune, la région
et affiche des publicités pour des entreprises de la commune.
Pour le moment, la commune révise son plan de communica- Kairouan
tion et cet outil afin de mieux s’en servir et de le rendre plus
utile pour la diffusion des renseignements pour les citoyens.

Tableau d’affichage à la mairie de Kairouan


La municipalité de Kairouan a installé un tableau d’affichage en
aluminium à l’entrée de la mairie, visible par tous les citoyens. Ce
tableau d’affichage présente les dernières actualités municipales,
et diffuse des annonces telles que : horaires de travail de l’admi-
nistration, les réunions des syndicats, les réunions du conseil mu-
nicipal, les réunions préparatoires au conseil municipal, les ap-
pels d’offres des marches publics, les enchères, les annonces de
locations de locaux commerciaux. Il s’agit d’une initiative nou-
velle appréciée des habitants.
IV Les outils de la participation citoyenne : 1 L’information | 33

1.3 Portail de la Ville et médias sociaux


Description Pourquoi ?

Le « Portail de Ville » est le site internet de la ville. Un portail de ville dynamique ou les médias sociaux
Il permet à la municipalité de diffuser des informa- permettent de toucher quotidiennement des cen-
tions aux citoyens sur les actualités ou encore sur taines, voire des milliers de citoyens avec des infor-
les projets et activités en cours et à venir au sein de mations à jour et spécifiques sur les activités de la
la commune (clubs de sports, associations, commer- commune. Ces outils fournissent à la commune :
çants). La page internet peut également offrir de
nouvelles fonctionnalités, notamment à travers les `` Une adresse de visite virtuelle inclusive et
dispositifs de Web 2.0, qui renforcent la convivialité non-discriminatoire,
et l’interactivité entre les divers acteurs locaux. Plus `` Une présence permanente et détaillée,
spécifiquement, les médias sociaux, comme face- `` Un établissement ouvert 24h/24h et 365 jours par
book et twitter, offrent une nouvelle fenêtre d’op- an avec simplicité et facilité d’utilisation,
portunité pour informer et communiquer directe- `` Une meilleure rapidité, réaction, simplicité et fa-
ment avec les citoyens et répondre individuellement cilité d’utilisation des services,
à leur question. `` Une crédibilité et confiance améliorée,
`` Une amélioration de la participation, de l’inter-
Aperçu vention et de l’engagement des citoyens,
`` Une possibilité de mise en œuvre des pratiques
Objectifs d’une « bonne » gouvernance :
Diffuser de l’information, créer une interaction avec
a. Transparence et accès à l’information : mise à
les acteurs locaux et les citoyens et renforcer la quali-
disposition des citoyens (ex. Procès-Verbaux
té de sa communication.
de réunion du Conseil Municipal, stratégie de
Champs thématiques développement, décision sur le budget, etc.).
La page internet et les médias sociaux d’une ville b. Réceptivité : être à l’écoute de la suggestion et
s’adressent à ses citoyens et aux acteurs en lien avec être flexible pour s’adapter aux besoins évolu-
la municipalité. Toutefois, ces canaux de communica- tifs des citoyens.
tion incluent également un public qui va au-delà de c. Prospective : la municipalité peut anticiper
la commune, ce qui améliore sa visibilité sur d’autres
les problèmes qui se posent à partir des don-
échelles territoriales.
nées disponibles et des tendances observées
Conditions à travers les interactions avec les citoyens sur
Cet outil nécessite de solides connaissances tech- le site.
niques, d’un informaticien au sein de la commune et
d’un suivi régulier des commentaires publiés sur les De quoi a-t-on besoin ?
médias sociaux.
Périodicité `` Analyser et réévaluer les procédures de travail
La page internet doit être alimentée de façon hebdo- pour fournir des prestations de service de qualité
madaire pour retenir l’attention des citoyens. Les mé- à travers la page internet ou les médias sociaux,
dias sociaux doivent être alimentés quotidiennement. `` Évaluer les risques de l’utilisation des Techno-
logies de l’Information et de la Communication
dans les prestations des services communaux,
`` Instaurer une culture Web dans la commune,
`` Gérer quotidiennement la communauté virtuelle
à travers le soutien d’un responsable technique
spécialisé en communication en ligne.
34 | La démocratie locale et la participation des citoyens à l’action municipale

Comment mettre en œuvre ? `` Etape 3 : Entretien et suivi de la page d’internet


yyAssurer la maintenance du site pour mettre en
`` Etape 1 : Conceptualisation d’une page internet ligne les nouveaux contenus, gérer les correc-
ou d’un média social tions et améliorer la qualité.
yyDéfinir l’objectif d’utilisation de la page inter- yyUne personne qualifiée doit pouvoir effectuer
net ou du média social dans une stratégie et un suivi régulier afin de faire les mises à jour
plan de communication. et gérer les éventuelles complications et pro-
yyVérifier le budget pour réaliser et entretenir la blèmes en ligne.
page internet ou le média social.
yyDéfinir le(s) message(s) et le nombre de pages
pour le site internet. CONSEIL
yyGarantir l’autonomie de la page et du personnel
Le portail de la ville ou les médias sociaux sont des
qui assume la mise à jour. espaces précieux de communication et de sensibili-
yyDéposer un nom de domaine, choisir un héber- sation pour la commune. C’est également une ma-
geur et trouver un système de gestion de conte- nière d’améliorer la confiance. Afin de promouvoir
nu. à long-terme ce climat d´échange et de confiance,
yyÉtablir une charte graphique et une charte édi- il est nécessaire d’être réactif par rapport aux ques-
toriale en lien avec les objectifs de la commune. tions et aux réactions des citoyens. Pour cela, un ex-
pert en communication est indispensable. Il a pour
`` Etape 2 : Lancement de la page ou du médial fonction de gérer les débats et les commentaires
social postés en ligne afin d’éviter les débordements.
yyLancement du site lorsque la page est finalisée
et activée.
yyFaire connaitre le site en mettant l’adresse sur
chaque document produit par la commune.
yyFaire de la publicité (brochures, affiches, ins-
cription dans « le bulletin mensuel de la com-
mune »).
IV Les outils de la participation citoyenne : 1 L’information | 35

Bonnes pratiques

Portail de la Ville de Sayada 30

Sayada est la première municipalité de Tunisie à disposer d’un site Open Data. La ville de
Sayada cherche par ce biais à renforcer la participation des habitants à la vie de la com-
mune. Les budgets sont publiés sur le site afin de prévenir les citoyens de la situation fi-
nancière difficile de leur commune et pour justifier le peu d’actions mises en place par la
ville. Cette dernière a aussi effectué un sondage sur son site internet pour répondre aux
attentes des citoyens qui avaient exprimé leur mécontentement après la rénovation d’un
rond-point décidé par la mairie. 800 personnes ont voté. Cette anecdote symbolise l’es- Sayada
prit de Sayada, une ville qui se veut pionnière dans le domaine de l’open-gouvernance.

Tozeur
Page facebook de la commune de Tozeur 31
La commune de Tozeur
a créé une page face-
book à travers laquelle
elle communique de
façon interactive et quo-
tidienne avec les citoyens
de la commune. A travers
cette page, la commune
communique directement
avec les citoyens. Par exemple,
elle poste des commentaires sur les
enjeux environnementaux de la commune et
sensibilise ses citoyens sur l’utilisation de panier
en osier pour remplacer l’usage du sac plastique.
Tozeur a également reçu le 1er prix de « Open-
GovTV » pour la « commune la plus ouverte en Tunisie 2014 » et a été félicité de leur mode de gouvernance inno-
vant.

3031

30
Portail de la ville de Sayada,
www.villedesayada.tn
31
Page facebook de Tozeur,
http://goo.gl/0hjxqp
36 | La démocratie locale et la participation des citoyens à l’action municipale

1.4 Interventions dans les médias locaux


Description `` Créer un lien de proximité avec les citoyens :
parmi les médias locaux, la radio locale est un ou-
Le paysage médiatique tunisien postrévolutionnaire til de communication efficace. Elle permet de dif-
a connu une reconfiguration importante, notam- fuser une information en temps réel et de façon
ment au niveau de la multiplication des canaux d’in- rapide couvrant un large territoire.
formation régionaux et locaux en ligne, comme la `` Assurer une large diffusion : ces canaux de com-
radio, la presse électronique et les blogs. L’utilisation munication assurent également une bonne ré-
de ces médias locaux permet à la commune de pré- sonance en touchant plusieurs publics présents
senter ses activités et d’informer ses habitants sur les dans divers lieu de vie (ex. au travail, à la maison,
évènements et les projets municipaux. Elle peut éga- dans les voitures, sur les portables, sur internet).
lement communiquer autour d’un problème et lan-
cer un débat sur une thématique précise. Les jour- De quoi a-t-on besoin ?
naux, les stations de radio et les chaines de télévision
sont des moyens efficaces pour attirer l’attention du `` Une sensibilisation des journalistes sur l’impor-
public et atteindre une large audience. Les médias en tance d’intégrer les médias locaux dans leur tra-
ligne comme les blogs, les journaux ou les radios sur vail,
internet font également partie des médias à prendre `` Des formations pour les journalistes sur le traite-
en compte dans les canaux de communication. ment de l’information locale et de proximité,
`` Une sensibilisation des membres de la collectivité
Aperçu locale et du personnel de la commune sur les mé-
dias locaux et le travail avec ces médias,
Objectifs `` Une collaboration régulière entre les municipali-
Atteindre un grand nombre de citoyens en attirant tés et les médias locaux,
leur attention sur des thématiques précises, et établir `` Un budget consacré à la communication et au
un contact de proximité entre la municipalité et ses
travail avec les médias locaux.
habitants.
Champs thématiques Comment mettre en œuvre ?
Les journaux, les sites web, la télévision ou les sta-
tions de radio locale touchent un large ensemble de Une bonne collaboration entre les municipalités et
citoyens en les informant sur les actualités locales. les médias locaux concerne trois étapes :

Conditions `` Etape 1 : Préparation des interventions dans les


Etre disponible et avoir acquis un certain savoir-faire médias locaux
pour répondre et communiquer avec les journalistes yyLa commune met en place une cellule de com-
et donner une bonne image de la commune.
munication qui prend en charge le dossier des
Périodicité relations-médias et accorde le budget néces-
Les interventions dans les médias peuvent être régu- saire.
lières, voire quotidiennes, pour assurer une certaine yyLes membres de la cellule de communication
continuité dans les informations transmises par la sont formés dans le domaine des relations-mé-
commune. dias.
yyLa cellule de communication fait un diagnostic
Pourquoi ? des médias locaux et leur collaboration avec les
municipalités en identifiant les points forts et
`` Améliorer la confiance : les médias locaux et en faibles, les menaces et les opportunités.
ligne peuvent favoriser un meilleur climat de
confiance entre commune et citoyens, notam-
ment grâce à sa proximité.
IV Les outils de la participation citoyenne : 1 L’information | 37

`` Etape 2 : Collaboration régulière avec les voyés, nombre d’articles de presse publiés sur
médias locaux les municipalités et nombres d’interventions
yyLa cellule de communication fournit régulière- dans les médias par les acteurs des municipali-
ment des informations aux médias locaux. tés.
yyLe maire et les membres du conseil municipal
participent régulièrement aux émissions.
CONSEIL
yyLa cellule de communication assure une com-
munication réactive et proactive après chaque zz Il faut bien évaluer les moyens techniques, fi-
intervention dans les médias. nanciers et les ressources humaines disponibles
pour assurer la mise en place d’une cellule rela-
tions-médias à la commune.
`` Etape 3 : Évaluation de la collaboration avec les
zz L’équipe chargée de communication est ame-
médias locaux
née à avoir un bon carnet d’adresses et de l’en-
yyLa cellule de communication fait un suivi de tretenir.
la stratégie et plan de communication avec les zz Identifier les principaux acteurs médiatiques lo-
médias et évalue les résultats en termes de cou- caux.
verture et qualité de communication dans une zz Cibler les différents types des médias locaux (ra-
revue de presse. dio, presse écrite, presse électronique) et les ré-
yyL’évaluation de la collaboration avec les médias seaux sociaux, notamment les blogs.
locaux va être mesurée par les indicateurs sui- zz N’oubliez pas de préciser, dans le communiqué
vants : nombre de communiqués de presse en- de presse, la personne-contact de la commune
ainsi que ses coordonnées pour « centraliser » les
demandes des journalistes.
zz Il est conseillé de faire, après l’envoi du com-
muniqué de presse, un suivi et une relance télé-
phonique des journalistes pour augmenter votre
couverture médiatique potentielle.
Bonnes pratiques

Le WebTV de la ville de Marseille 32


France La ville de Marseille a développé sa propre WebTV sur son site internet. Cette télévision en ligne per-
met de suivre en image l’actualité de la ville. La chaine se découpe en 11 thématiques locales qui
concernent la vie des citoyens telles que «Culture», «Social et Santé», «Environnement» ou encore
«Mairie». Des petits reportages de moins de deux minutes sont diffusés sur le site. Une rubrique ar-
chive permet d’accéder aux anciennes vidéos. A travers ce mode de communication, la ville peut faire
passer des informations directement aux citoyens.
Marseille

Radio Monastir et interventions ponctuelles de la municipalité 33


Radio Monastir est une radio régionale tunisienne qui diffuse ses ondes principalement dans
Monastir
la région du centre et du Sahel tunisien. La commune de Monastir, ainsi que le gouvernorat,
interviennent et réagissent fréquemment sur la radio locale, sur des sujets qui se rattachent
aux problématiques des citoyens comme la propreté, l’éclairage public, ou encore les trans-
ports communs. Cependant, ces deux institutions locales n’ont pas un programme radio heb-
domadaire, leurs interventions sont ponctuelles selon les évènements locaux.

32
WebTV de Marseille,
www.marseilletv.fr/sitevideo/jsp/site/Portal.jsp
33
Radio Monastir,
www.radiotunisienne.tn/monastir
38 | La démocratie locale et la participation des citoyens à l’action municipale

1.5 Assemblée du conseil municipal ouverte aux citoyens


Description Exceptionnellement, les conseils municipaux
peuvent être fermés au public si l’assemblée décide
Dans la plupart des pays, les assemblées du conseil de se dérouler en huis clos, dû à certains points ins-
municipal sont ouvertes aux citoyens. Dans certains crits à son ordre du jour.
cas, les citoyens assistent aux réunions et sont infor-
més de l’ordre du jour et des dossiers en cours. Dans Aperçu
d’autres cas, les citoyens peuvent intervenir lors des
réunions et proposer des idées. Dans certaines villes, Objectifs
les séances du conseil municipal sont même diffu- Permettre aux citoyens de connaitre les dossiers en
sées en direct ou rediffusées sur la page internet de cours au sein de la municipalité, de recevoir des infor-
mations, d’observer les mécanismes de prises de déci-
la ville. Les citoyens peuvent également visionner les
sion et de contribuer à un meilleur développement de
séances à tout moment.
leur commune.

En Tunisie, les assemblées du conseil municipal sont Champs thématiques


ouvertes aux citoyens selon différents critères qui En Tunisie, les citoyens peuvent proposer des idées
définissent le niveau de participation : dans les champs thématiques suivants : affaires ad-
ministratives et financières ; travaux et aménagement
urbain ; santé, hygiène et protection de l’environne-
a. Les assemblées des huit commissions sont ou-
ment ; affaires économiques ; affaires sociales et fa-
vertes « aux habitants et personnes originaires
mille ; jeunesse, sport et culture ; coopération et rela-
de la commune ». Ils peuvent y assister et parti- tions extérieures et action volontariste.
ciper par « voix consultatives » 34. Pendant ces as-
semblées, les citoyens peuvent proposer des idées Conditions
concrètes dans les domaines traités par les com- L’application des dispositifs légaux permet la parti-
missions : affaires administratives et financières ; cipation des citoyens pendant les assemblées de la
commune. Les communes doivent disposer de capa-
travaux et aménagement urbain ; santé, hygiène
cités techniques et effectuer certains aménagements
et protection de l’environnement ; affaires éco-
pour diffuser la réunion du conseil municipal sur le
nomiques ; affaires sociales et famille ; jeunesse, site internet de la ville en direct.
sport et culture ; coopération et relations exté-
rieures et action volontariste. Périodicité
b. Les quatre sessions ordinaires du conseil mu- Les commissions du conseil municipal se réunissent
nicipal sont ouvertes au public mais, il n’y a pas une fois par mois. Le conseil municipal se réunit en
moyenne une fois par trimestre.
d’intervention possible par les citoyens. 35

Comme mentionné dans la Loi organique des com- Pourquoi ?


munes, « la date de leur tenue est annoncée, par voie
d’affichage, à l’entrée du siège de la commune et de `` Favoriser la transparence : le conseil municipal
ses arrondissements, ainsi qu’au moyen des diffé- se montre transparent dans son processus de dé-
rents médias accessibles » 36. Le maire fixe l’ordre du cision et inspire la confiance par l’ouverture des
jour et le communique avant le début de la séance. séances au public.
`` Améliorer la confiance dans le conseil muni-
cipal : les citoyens peuvent proposer des pro-
34
Art. 13, 17, loi organique des communes n°75-33 du 14 mai 1975, jets à l’échelle communale et ainsi améliorer leur
modifiée par n° 2006-48 du 17 juillet 2006
35
condition de vie. Les citoyens sont capables de ju-
Art. 39, loi organique des communes n°75-33 du 14 mai 1975,
modifié par n° 2006-48 du 17 juillet 2006 ger directement les attitudes et prises de position
36
Idem
IV Les outils de la participation citoyenne : 1 L’Information | 39

des élus et de comprendre qui est responsable, `` Etape 2 : Déroulement de la réunion du
pour quelle décision politique. La commune et conseil municipal ou des commissions du
les citoyens peuvent collaborer. conseil municipal
`` Informer un large nombre de citoyens : les ci- yyLe conseil municipal doit respecter l’ordre du
toyens sont informés en temps réel sur la gestion jour.
des affaires locales et sur les décisions majeures yyLe conseil municipal doit expliquer le déroule-
concernant leur localité (ex. budget ou investisse- ment de la séance.
ment communaux). En utilisant le « live-stream- yyIl est conseillé pour les élus de maîtriser les ou-
ing » 37, les séances du conseil municipal peuvent tils de communication.
être accessibles par un plus grand nombre de la yySi le public assiste aux réunions, il est conseil-
population. lé de prévenir des agents de sécurité ou la po-
`` Le « live-streaming », un outil de diffusion en lice pour s’assurer du bon déroulement de la
direct : il permet de diffuser des séances ouvertes séance.
sur internet avec peu de moyens. Le cadre légal yy Lors des assemblées des commissions du
est déjà existant (art. 39). La mise en ligne permet- conseil municipal, les citoyens peuvent propo-
tra également de susciter l’attention des jeunes. ser des idées et des projets dans le domaine de
la commission, pendant que les autorités les
De quoi a-t-on besoin ? écoutent.

`` Des moyens techniques pour la production et la `` Etape 3 : Assurer un suivi post-conseil
diffusion du conseil municipal (caméra, bonne yyRéaliser un résumé des réactions et des propo-
qualité de connexion Internet, microphone, etc.). sitions des personnes qui ont participé à l’as-
`` Un personnel qualifié pour animer les débats semblée du conseil municipal.
entre commune et citoyen et canaliser le mécon- yyFaire un Procès-Verbal (PV) de la réunion et le
tentement. communiquer au public.
`` La municipalité est chargée du maintien de yyProduire et diffuser un communiqué de presse
l´ordre dans la salle. Pour cela, le chef de police est aux journalistes.
convoqué à la réunion (en cas d’urgences, il peut yyRéaliser un bilan du conseil municipal afin
appeler ses équipes de police). d’identifier les points forts et faibles.
yyCommuniquer sur l’intégration des proposi-
Comment mettre en œuvre ? tions citoyennes aux projets communaux.

`` Etape 1 : Préparation par le conseil municipal


CONSEIL
yyInviter publiquement les citoyens aux réunions
à travers les médias locaux et mettre l’emphase zz S’assurer que l’annonce de la réunion du conseil
sur la société civile et des médias. municipal a été diffusée à grande échelle.
yyGarantir un budget pour la mise en ligne des zz Penser à diffuser le déroulement du conseil mu-
séances du conseil municipal (frais d’annonce, nicipal sur la page internet de la commune et
d’annoncer l’événement sur les médias sociaux
frais de production des documents à distribuer
de la ville.
et frais d’installation, etc.).
zz Disposer la salle de sorte que les citoyens
yyAssurer l’organisation logistique de la réunion puissent assister confortablement.
et de la transmission en ligne (date, heure et zz Gérer les réactions du public avec compréhen-
lieu). sion et diplomatie.
yyCommuniquer l’ordre du jour de la réunion en zz Garantir l’intégration des idées des citoyens
amont. dans les projets communaux et communiquer
yy Définir les grandes lignes de la séance. sur cette coopération.
zz Si la diffusion est en direct, vérifier le fonction-
nement du « live-streaming » avant la réunion.
37
La mise en ligne des séances en direct
40 | La démocratie locale et la participation des citoyens à l’action municipale

Bonnes pratiques

Le conseil municipal en direct à Genève 38


La ville de Genève propose à
ses citoyens de suivre les
séances du conseil munici-
pal en direct. Lorsqu’il n’y a
pas de séances en cours, le
Suisse
site internet affiche les pro- Genève
chaines dates de réunions du
conseil municipal. Cette diffu-
sion permet aux citoyens d’as-
sister à la séance du conseil à dis-
tance, ou de visionner la séance en
rediffusion.

Le conseil municipal d’Amman en direct à la radio 39


La Municipalité du Grand Amman diffuse depuis 2011 les réu-
nions mensuelles du conseil municipal en direct sur sa station
radio GAM Hawa Amman et sur Radio Al Balad. Cette décision
municipale répond au désir du grand public d’avoir accès à une
Amman
plus grande transparence dans les activités de la municipalité et
d’être informés sur les décisions qui affectent leurs vies.

Jordanie

38 39

38
Conseil Municipal direct à Genève,
www.ge.ch/grandconseil/streaming.asp
39
Conseil Municipal à la radio à Amman,
http://ar.ammannet.net/news/97529
IV Les outils de la participation citoyenne | 41

2 La consultation
et la concertation

Comme mentionné auparavant, le degré et l’am- dans une décision ou un projet. Lors d’une concerta-
pleur du pouvoir de décision des citoyens varient se- tion citoyenne, des citoyens, mais également des ac-
lon le niveau de participation citoyenne. Les outils teurs institutionnels, partagent un intérêt commun
de participation présentés dans ce chapitre portent et acceptent de participer au processus de concerta-
d’abord sur des processus consultatifs et d’écoute des tion pour trouver des solutions partagées. Le déci-
citoyens. Ils évoluent ensuite vers des processus de deur doit tenir compte des contraintes de disponibi-
dialogue et de concertation, plus interactifs et avec lité ainsi que des motivations et aptitudes des divers
un niveau plus important de participation. Certains acteurs afin d’inclure l’ensemble des parties concer-
de ces outils ont une double fonction et peuvent être nées.
utilisés simultanément comme outil de consultation
ou de concertation dépendamment de la place, du En somme, la concertation citoyenne vise à :
rôle et du pouvoir attribués aux citoyens par la mu-
nicipalité. D´autres outils sont uniquement utilisés 1. Implanter et enrichir la démocratie par le res-
dans le cadre d’un processus consultatif. Dans ce cas, pect les droits et liberté des citoyens, le renfor-
l’engagement et l’implication de la municipalité sont cement de la démocratie représentative et parti-
de moindre mesure. cipative et la création d’un lien entre autorité et
citoyens.
La consultation est un outil d’écoute qui vise à asso- 2. Optimiser la planification et la réalisation des
cier les citoyens et les acteurs locaux à la définition projets en mobilisant le vécu des citoyens et en
d’un projet territorial collectif et à la gestion des af- gagnant du temps et de l’argent.
faires locales. La consultation se limite à informer un 3. Décider dans un intérêt général en satisfaisant
public cible et à demander l’avis des citoyens et des les besoins de toutes les couches socio-écono-
acteurs concernés. La consultation peut être utilisée miques d’une commune et en améliorant le bien-
pour valider ou invalider une proposition de la com- être et le bien-vivre.
mune. C’est le décideur qui organise la consultation 4. Faire adhérer et faciliter l’appropriation des dé-
et restitue les résultats aux personnes consultées. Le cisions par les citoyens en responsabilisant les
conseil municipal garde son pouvoir de décision et citoyens et en limitant les réactions de rejet.
les citoyens n’ont pas forcément le pouvoir de pro- 5. Surmonter les conflits et améliorer le rapport
poser des solutions à la commune. de confiance entre autorité et citoyens en gérant
les conflits et en réduisant les contentieux.
La concertation citoyenne 40 est une forme de
concertation plus participative. Elle inclut les ci- Les citoyens peuvent être consultés ou concertés
toyens et les acteurs locaux de façon plus directe et dans tous les domaines de la vie locale :
active dans les processus de décision et d’élaboration
d’un projet. Les citoyens ont un véritable pouvoir `` Plans de développement et d’aménagement de la
de proposition et la commune ne se contente pas de localité.
simplement les écouter, les informer ou de connaître `` Politiques locales (environnement, développe-
leur avis. Par de véritables rencontres et dialogues, la ment économique, tourisme, équipements, in-
commune cherche à inclure et impliquer les citoyens frastructures, intégration des jeunes, des femmes,
des personnes âgées, etc.).

40
Voir pour plus d’information le guide méthodologie « GranLyon :
la concertation dans la conduite du projet » (2014),
www.millenaire3.com/uploads/tx_ressm3/Guide_methodo.pdf
42 | La démocratie locale et la participation des citoyens à l’action municipale

Les questions à poser


Avant de choisir un outil de consultation ou de concertation, il est nécessaire de faire un diagnostic et d’éla-
borer une stratégie afin de garantir la réussite du processus participatif. Les questions suivantes sont utiles à
poser :

`` Quel projet ou décision vont être impliqués dans ces processus ? (Analyse des contraints et opportunités)
`` Quels sont les objectifs et les résultats souhaités ? (Information, appropriation, modification d’un projet
ou d’une décision)
`` Quels sont les acteurs ciblés ? Quels sont les acteurs à impliquer ? Quels sont leurs rôles et responsabili-
tés ?
`` Quel est le cadre législatif possible pour conduire une consultation ou une concertation ?
`` Quel est le temps mis à disposition pour développer de tels processus ?
`` A travers quels outils ou mécanismes ces processus vont-ils se dérouler ?

Discuter ensemble sur les enjeux de la


ville et de la participation des jeunes
jeunes.

(Voyage d’étude du
programme CoMun,
Juin 2014)
IV Les outils de la participation citoyenne : 2 La consultation et la concertation | 43

2.1 L’Espace Citoyen


Description Pourquoi ?

L’Espace Citoyen (EC) est un espace au sein de la mu- L’espace citoyen est un relais entre la municipalité et
nicipalité réservé aux citoyens afin de faciliter la les citoyens. L’EC est un point de départ pour :
communication entre les citoyens et la municipalité.
Grâce à l´espace citoyen, tous les contacts entre le ci- `` Consolider la commune et la rendre plus acces-
toyen et la commune sont canalisés via un seul vec- sible, transparente, responsable et attentive,
teur qui est l’Espace Citoyen. L’EC assure une véri- `` Améliorer les services publics, les axer sur les usa-
table interaction entre la municipalité et les citoyens gers, afin qu’ils soient efficaces et rentables,
et favorise la participation. L’EC met à disposition `` Élargir la gamme des possibilités offertes aux ci-
une panoplie d’informations et de services très di- toyens grâce à la mise en place de nouveaux ser-
versifiés qui viennent répondre aux besoins des ci- vices (ex : Consultation des taxes, des démarches
toyens. et un suivi instantané des services demandés par
internet),
Remarque : L’EC est un outil assez large qui englobe `` Instaurer des mécanismes d’évaluation réguliers,
plusieurs outils comme par exemple la « gestion des `` Garantir un accès égal aux services publics, afin
plaintes » (p. 46) de favoriser la cohésion sociale.

Aperçu De quoi a-t-on besoin ?

Objectifs `` Adopter une décision commune et asseoir une


Faciliter l’accès aux services municipaux et l’améliora- volonté politique sont des préalables essentiels
tion des services urbains. pour ouvrir un espace citoyen,
Mettre à la disposition des citoyens des services ac- `` Définir les missions et objectifs de l’espace
cessibles et rapides avec plus d’efficacité et d’effi- citoyen à travers une stratégie, basée sur un dia-
cience dans les procédures.
gnostique,
Champs thématiques `` La mise en place de l’EC nécessite l’intervention
L’EC est ouvert à tous les citoyens. Il est également de plusieurs groupes d’acteurs : des experts en
accessible à travers son site internet. Il propose une architecture, en technologie informatique, en or-
multitude de services (permis de construire, réclama- ganisation et développement, et en communica-
tion, etc.). tion,
Conditions `` Il existe des standards sur la mise en place et le
Disposer d’un espace suffisant au sein de la municipa- fonctionnement de l’Espace Citoyen au sein de la
lité pour créer un Espace Citoyen. Des formations et FNVT 41.
des améliorations régulières sont nécessaires afin de
répondre au mieux aux attentes des citoyens. Comment mettre en œuvre ?
Périodicité
`` Etape 1 : Phase de préparation
L’Espace Citoyen se construit autour d’une réforme
administrative complexe. Cet espace doit être inau- yyÉtablir une liste regroupant les objectifs et les
guré officiellement, puis doit délivrer les informations missions que doit remplir l’Espace Citoyen,
nécessaires aux citoyens durant toute l’année. yyÉtablir un rapport de diagnostic organisation-
nel de la commune (Organisation administra-
tive, réseau et application informatique, com-
munication interne et externe),

41
Voir le site internet FNVT,
www.fnvt.org
44 | La démocratie locale et la participation des citoyens à l’action municipale

yyTrouver un emplacement et mettre en place `` Etape 4 : Suivi et Évaluation de l’Espace Citoyen
un plan d’exécution, yyS’assurer du bon fonctionnement de l’EC,
yyPréparer une rubrique sur le site internet. yyAttribuer un identifiant à chaque citoyen pour
le suivi de ses demandes,
`` Etape 2 : Phase de mise en œuvre yyFaire des enquêtes de satisfaction régulière-
yyTravaux d’aménagement des espaces, ment pour améliorer la qualité et l’efficacité du
yyInstallation des équipements, logiciels, service (voir l’évaluation citoyenne p. 49).
bureaux d’accueil,
yyCréation d’une équipe et formation du Remarque : Le travail de mise en œuvre diffère d’une
personnel, municipalité à une autre selon le diagnostic de chaque
yyMise à jour et test de la rubrique « Espace commune et ses spécificités.
Citoyen » sur le site internet,
yyPréparation des fiches services pour informer CONSEIL
les citoyens sur les procédures à suivre, les
zz Le personnel de l’EC doit être impliqué dès le
documents à fournir et les délais à respecter.
début du projet.
zz La coordination entre les différents acteurs né-
`` Etape 3 : Phase opérationnelle cessite un travail minutieux puisqu’il existe un
yyAssurer la communication externe avec les lien étroit dans l’élaboration et l’exécution de
citoyens, certaines tâches (ex : Les experts en organisa-
yyOrganiser une session de lancement pour pré- tion et développement se charge de la rédaction
senter ce qu’est l’Espace Citoyen aux habitants et les experts en communication se charge de la
yyIntroduction des nouveaux services, présenta- conception, cette collaboration étroite est né-
tion des objectifs, cessaire pour avoir un résultat pertinent).
yyLancement officiel de l’EC et de la rubrique in- zz Une période test est primordiale avant le lan-
ternet, cement de l’Espace Citoyen et de la rubrique en
yyOuverture de l’EC et mise en place d’agents po- ligne.
lyvalents qui prennent en charge le citoyen et
s’occupent des requêtes en ligne.

Bonnes pratiques

Les Guichets Uniques « One Stop Shops » en Palestine


Mis en place dans les Territoires Palestiniens, les guichets uniques
« One Stop Shops » sont un lieu permettant aux citoyens de rece-
voir et d’obtenir des informations sur les services municipaux
recherchés. Ces guichets uniques visent à améliorer et simplifier
les démarches administratives à l’échelle municipale.
Les guichets sont directement connectés aux départements et
sections rattachées à la municipalité. Cela permet d’accroître la
transparence et l’efficacité des prestations de services, et d’amé-
liorer l’accès aux services par les citoyens. Des petits films d’ani-
mation ont été conçus pour informer la population sur les fonc-
tions des guichets uniques et les services qu’ils peuvent fournir 42.

42

42
Voir film d’animation, « Les territoires Palestiniens : les guichets
uniques municipaux One pour améliorer les services aux citoyens »,
www.youtube.com/watch?v=mA9FugMXbj8
IV Les outils de la participation citoyenne : 2 La consultation et la concertation | 45

L’espace citoyen de Siliana 43 Siliana

La municipalité de Siliana a inauguré, le 27 mai 2014, son nouveau service « Espace


Citoyen ». Cet espace a pour but de renforcer les structures démocratiques dans les
villes tunisiennes dans l’actuel contexte de décentralisation. L’Espace Citoyen de Silia-
na est le deuxième en Tunisie, après celui de Menzel Bourguiba qui a ouvert ses portes
le 13 décembre 2013. A travers l’établissement des structures de proximité pour les
citoyens, le projet vise à améliorer la réactivité de la municipalité à l’égard de tous les
citoyens : en fournissant des services rapides, faciles et dans les meilleures conditions
d’accueil.

43
Voir le site www.co-mun.net/fr/news/33/2014-05-29.html
46 | La démocratie locale et la participation des citoyens à l’action municipale

2.2 Gestion des plaintes


Description Pourquoi ?

La gestion des plaintes est un outil qui permet aux La mise en place d’un service de gestion des plaintes
citoyens d’exprimer leurs mécontentements et de au sein d’une municipalité apporte plusieurs avan-
recevoir une réponse dans un délai défini. Ce sys- tages : la municipalité se montre responsable en pre-
tème inclut la réception de la plainte par la munici- nant leurs avis en considération. Avec un système ef-
palité, son traitement, sa résolution et l’envoi d’une ficace, la municipalité peut assurer le suivi dans la
réponse au citoyen de façon transparente et durable. mesure de ses moyens afin d’améliorer ses services.
Les plaintes et les commentaires sont traités par une Par conséquent, cela permet à la municipalité d’être à
personne référente qui travaille avec l’ensemble des l’écoute des citoyens et de montrer son engagement
services concernés dans le but de répondre aux pro- auprès des habitants.
blèmes de façon intersectorielle et efficace. La ges-
tion des plaintes doit être conçue de manière à ce Une gestion efficace des plaintes peut améliorer les
que chaque citoyen puisse déposer ses commentaires points suivants :
et ses plaintes (via différents moyens adéquats). L’ob-
jectif premier pour les municipalités est de trouver `` Redevabilité
des solutions long-termes aux problématiques ré- `` Transparence
currentes rencontrées quotidiennement par les ha- `` Dialogue avec les citoyens
bitants.
De quoi a-t-on besoin ?
Aperçu
`` Communication : Assurer l’accès pour tous. Les
Objectifs citoyens doivent être informés sur le système de
Améliorer de façon continue le service à la clien- plaintes et doivent savoir comment déposer leurs
tèle, établir une méthode structurée et organisée de plaintes.
la gestion de plaintes. C’est aussi un outil de gestion
`` La cellule du personnel gère les plaintes dépo-
pour orienter les actions municipales afin d’optimiser
sées de façon intersectorielle et s’adresse aux dif-
la satisfaction des bénéficiaires.
férents départements au sein de la municipalité
Champs thématiques pour le suivi.
Les plaintes des citoyens concernent souvent les ser- `` Système d´information pour enregistrer, traiter
vices de la municipalité, des indications sur des défail- et suivre les plaintes (ex : Tableau Excel pour as-
lances actives (réseau électrique, nid de poule), mais surer le suivi de chaque plainte avec l’enregistre-
peuvent également porter sur toutes autres activités
ment du nom, date, motifs, contact, etc.).
de la ville.
Conditions Comment mettre en œuvre ?
La municipalité doit avoir les ressources nécessaires
pour recueillir les plaintes des citoyens, les traiter et y `` Etape 1 : Recevoir les plaintes et les
répondre. commentaires
Périodicité yyLa municipalité doit mettre à disposition diffé-
Les plaintes peuvent être reçues tout au long de l’an- rents moyens pour permettre aux citoyens de
née. déposer leurs plaintes par écrit (ex : lettre, boite
à plaintes, mail).
yyPour certains systèmes, il existe la possibili-
té de déposer une plainte par téléphone mais il
est souvent obligatoire, par la suite, de remplir
IV Les outils de la participation citoyenne : 2 La consultation et la concertation | 47

un formulaire pour l’enregistrement formel. Il `` Etape 5 : Suivi et enregistrement dans le


est également nécessaire de signaler l’identi- système de gestion des plaintes
té du plaignant. Ce formulaire peut être dispo- yyEnregistrer les plaintes dans le système de ges-
nible sur le portail de la ville et/ou directement tion des plaintes afin de les archiver et per-
à l’hôtel de ville. mettre l’élaboration de données statistiques
de façon à connaitre, sur le long-terme, les at-
`` Etape 2 : Accuser de réception de la plainte tentes des citoyens.
yyUn accusé de réception écrit doit être expé-
dié au plaignant dans un délai précis (ex : 2 CONSEIL
jours ouvrables après réception de la plainte) Le succès d´un système de gestion des plaintes bien
par le responsable du processus de gestion des organisé dépend essentiellement des collaborateurs
plaintes. de la municipalité. Il est indispensable d’intégrer les
membres de l’équipe dès le début dans le proces-
`` Etape 3 : Traitement d´une plainte selon sus. L’objectif est de comprendre les plaintes, de ne
un mécanisme transparent et uniforme pas les considérer comme des attaques mais plutôt
yyLa plainte doit être suivie par un manager, res- comme des possibilités d’améliorer la vie des habi-
tants. Afin que le personnel ne se sente pas offen-
ponsable du service des doléances. Selon la na-
sé, la municipalité peut décider de ne pas traiter les
ture de la plainte, cela peut entrainer une en-
plaintes à caractère personnel qui remettraient en
quête intersectorielle. La municipalité doit se cause une personne précise.
mettre d´accord pour proposer des solutions
afin de résoudre le problème et prendre des
mesures de suivi.

`` Etape 4 : Répondre rapidement en fixant


un délai de traitement
yyDonner une réponse au plaignant en expli-
quant le traitement et les solutions envisa-
geables pour ce cas. Il est préférable que le délai
complet pour le traitement de la plainte ne dé-
passe pas 2 semaines.

Graphique 3 : Procédure de gestion de plaintes

Enregistrement et Traitement / Examen
Plainte reçue traitement d’une plainte de la nature de la plainte

Envoyer un
accusé de réception

Envoi d’une Résolution de la plainte et


réponse au enregistrement du processus
plaignant
48 | La démocratie locale et la participation des citoyens à l’action municipale

Bonnes pratiques

Une première dans le monde arabe, le site fixkairouan.org 44


Afin d’aider les citoyens à signaler
les problèmes locaux aux autorités
compétentes, un projet a été initié
par TACID, la Toile des associations
pour le civisme et le développe-
ment, en partenariat avec la muni-
cipalité de Kairouan et sponsorisé
par Solidarity Fund (une fondation
qui gère les fonds du ministère des
Affaires étrangères polonais). Il
s’agit du site fixkairouan.org qui
permet de produire une plateforme
« open-source » adaptée aux be-
soins des citoyens. La méthode de
fonctionnement est simple: pour signaler un problème, par exemple les fuites d’eau, les poubelles non collectées,
les nids-de-poule, les chiens errants, ou les lampadaires défectueux, l’utilisateur clique simplement sur « Ajouter
nouveau problème ». Les utilisateurs disposent d’une carte de la ville, où des problèmes déjà signalés sont mar-
qués. En cliquant sur le lieu et en entrant une description du problème, un nouveau rapport peut être ajouté.
Une fois qu’un problème a été signalé par un citoyen, l’autorité sera informée automatiquement par un e-mail via
la plateforme à l’administrateur en charge, afin de s’assurer que les rapports parviennent au bureau approprié.

Bureau des réclamations dans la ville de Sousse 45 


La ville de Sousse a inauguré son bureau des ré-
Braunschweig
clamations en octobre 2013 par le maire de
Braunschweig et le maire de Sousse. Cet es-
pace a été mis en place dans le but de prendre
en charge et de traiter les demandes et les
mécontentements des habitants et des usa-
gers. Les citoyens déposent leur plaintes
soit par e-mail, par formulaire sur le por-
tail de la ville, par téléphone ou directement
au bureau des réclamations. Le bureau en-
voie un accusé de réception au citoyen puis
transfère la requête au service concerné.
Une réponse est alors envoyée par le ser-
vice concerné au bureau de plaintes qui se
chargera de répondre le citoyen. Entre no-
vembre et décembre 2013, le bureau a reçu
85 réclamations.
Sousse

44
Voir le site internet FNVT,
www.fnvt.org
45
Voir le site internet,
http://goo.gl/X2HPpn
IV Les outils de la participation citoyenne : 2 La consultation et la concertation | 49

2.3 Evaluation citoyenne de la qualité des services


Description Aperçu

L’évaluation citoyenne des services municipaux peut Objectifs


également être utilisée en tant qu’instrument de En tant que consultation : connaître la qualité des
consultation ou de concertation citoyenne. En tant services municipaux et la satisfaction des citoyens.
qu’outil de consultation, l’évaluation citoyenne vise En tant que concertation citoyenne : connaître la
à consulter les citoyens et saisir leur avis sur les ser- qualité des services municipaux et la satisfaction des
citoyens ; faire participer les citoyens à l’élaboration
vices municipaux. Ceci peut se faire par un sondage
des indicateurs de qualité des services municipaux ;
ou encore par questionnaire. La collectivité locale
améliorer la qualité et le monitoring des services mu-
évalue la performance de ses services municipaux en nicipaux et améliorer le dialogue et le rapport de
interrogeant ses habitants. confiance entre municipalité et citoyen.

Au-delà d’un processus consultatif, l’évaluation ci- Champs thématiques


toyenne peut également être utilisée comme ins- Tous les services municipaux, surtout ceux qui
trument de concertation citoyenne. La commune touchent la qualité et le cadre de vie des citoyens :
propreté, espaces verts, espaces publics, voirie, éva-
fait participer activement les citoyens à l’élabora-
cuation des eaux pluviales, etc.
tion et à la conduite de l’évaluation. Contrairement
à la consultation, la concertation vise à prendre en Conditions
compte les commentaires des citoyens collectés dans En tant que consultation : connaissance de la métho-
le but d’améliorer activement les services munici- dologie tel que l’élaboration des questions, les mé-
paux. Dans cette perspective, cet outil est idéal pour thodes de collecte de données pour sonder l’avis des
reconsidérer la gouvernance locale, les services ur- citoyens, et les modes d’analyses et de traitement des
informations récoltées par un questionnaire.
bains et la gestion interne des municipalités et pour
nouer un dialogue entre les utilisateurs et les four- En tant que concertation citoyenne : Adhésion de la
municipalité aux techniques d’évaluation citoyenne
nisseurs d’un service.
de la qualité des services municipaux. Inclusion des
organisations de la société civile dans les processus
d’évaluation pour faciliter le lien entre les citoyens et
les municipalités. Utilisation d’une méthodologie va-
lide, efficace et transparente pour récolter de l’avis
des citoyens. Validation des résultats de l’évaluation
par les citoyens et la municipalité. Adoption d’un plan
d’action multi-acteurs pour prendre les mesures adé-
quates découlant des résultats de l’évaluation.
Périodicité
En fonction des moyens, les processus d’évaluation
citoyenne peuvent être annuels ou pluriannuels
(2 à 3 ans).
50 | La démocratie locale et la participation des citoyens à l’action municipale

Pourquoi ? yyÉlaborer une stratégie d’évaluation des services


municipaux en répondant aux questions sui-
`` Améliorer la transparence et la responsabilité des vantes : quels sont l’objet et la portée de l’éva-
communes, luation ? Quels services nécessitent une éva-
`` Améliorer la qualité des services municipaux et luation citoyenne ? Combien de temps pour
des processus administratifs en répondant aux l’évaluer ? Quel est son objectif ? Quel est le
besoins des citoyens, groupe cible ?
`` Faire entendre la voix des citoyens à travers la yyÉlaborer une proposition de fiche d’évaluation
mise en place de canaux de feedback direct. citoyenne avec des indicateurs et des mesures
`` Améliorer le dialogue entre la collectivité locale de qualité afin de procéder à l’évaluation des
et les citoyens, services par les citoyens et à l’auto-évaluation
`` Faire baisser les tensions et le mécontentement par les techniciens de services.
des citoyens face à la municipalité. yyIdentifier un échantillon, par tirage au sort ou
par quota, pour déterminer le groupe avec qui
De quoi a-t-on besoin ? l’évaluation va se dérouler (ex. jeunes femmes).
yyInviter les citoyens du groupe cible pour une
`` Equipe municipale formée et capable de me- réunion sur la fixation des critères de qualité et
ner une évaluation qualitative et/ou quantitative d’évaluation.
pour mesurer la qualité des services municipaux,
`` Possibilité de revoir et modifier les processus de `` Etape 2 : Approuver les critères de qualité par
travail des employés au sein d’une municipalité les citoyens concernés
et les procédures administratives, yyOrganiser des réunions publiques avec les ci-
`` Définir une personne chargée de communica- toyens concernés par l’évaluation pour iden-
tion qui assume la communication des résultats tifier et valider les critères et les indicateurs de
de l’évaluation. qualité des services municipaux qui semblent
pertinents pour le groupe cible.
Comment mettre en œuvre ? yyAnimer la discussion sur les indicateurs de qua-
lité en se basant sur les suggestions faites par
Deux méthodes de mise en œuvre existent en ma- l’équipe municipale chargée de l’évaluation. In-
tière d’évaluation citoyenne : clure les suggestions du groupe cible. Chercher
à définir ces indicateurs à travers un consensus.
`` La passation d’un questionnaire élaboré entière- yyFinaliser la fiche d’évaluation citoyenne avec le
ment et indépendamment par la commune, groupe concerné.
`` L’élaboration d’une évaluation citoyenne par-
ticipative avec un groupe composé de citoyens `` Etape 3 : Approuver les critères de qualité par
et des services municipaux ciblés par l’évalua- les services municipaux
tion. La démarche de l’évaluation citoyenne est yyOrganiser une séance avec les services munici-
ici considérée comme un moyen de concertation paux concernés par l’évaluation.
citoyenne qui vise à être participative. Les étapes yyPrésenter les critères de qualité élaborés par les
décrites ci-dessous s’inscrivent dans cette dé- citoyens et inclure leur suggestion.
marche. yyElaborer une fiche d’auto-évaluation des ser-
vices avec des critères de qualité .
`` Etape 1 : Préparer une évaluation citoyenne
participative `` Etape 4 : Approuver l’évaluation citoyenne et
yyFormer et constituer une équipe de travail au l’auto-évaluation
sein de la municipalité pour développer les éva- yyOrganiser une réunion avec les citoyens et les
luations citoyennes. services municipaux concernés par l’évaluation.
IV Les outils de la participation citoyenne : 2 La consultation et la concertation | 51

yyPrésenter les suggestions sur les critères de yyÉlaborer un rapport d’évaluation des services.
qualité formulés par les citoyens et des services yyDiffuser les résultats et les solutions proposées
municipaux. dans les médias selon un plan de communica-
yyFormuler un consensus et formaliser une tion.
évaluation citoyenne définitive. `` Etape 6 : Mise en œuvre et suivi d’amélioration
yyFaire approuver la fiche d’évaluation par le de qualité de service
conseil municipal. yyAssurer la mise en œuvre et le suivi des solu-
yyIdentifier les acteurs clés qui peuvent faciliter tions mentionnées dans l’évaluation citoyenne.
l’accès et la passation de la fiche d’évaluation yyAssurer la communication de l’amélioration de
aux groupes cibles (ex. associations, personnali- la qualité des services.
té commune, etc.).
yyÉlaborer une stratégie de communication avec
une campagne de sensibilisation pour informer CONSEIL
les personnes concernées par l’évaluation. Pour assurer la réussite du processus, les citoyens et
les services municipaux doivent se mettre d’accord
`` Etape 5 : Passation de l’évaluation et suivi sur les critères de qualité. Il est important de me-
yyFaire passer la fiche d’évaluation et l’auto- ner des campagnes auprès de la population ciblée
évaluation à l’échantillon sélectionné préala- et des services municipaux pour insister sur l’utili-
blement (soit selon une logique représentative té de l’évaluation citoyenne. Les services municipaux
peuvent se sentir menacés par le processus. De plus,
ou qualitative).
il est nécessaire d’impliquer les prestataires de ser-
yyDocumenter le déroulement de la passation des
vices et/ou les autorités locales tout au long du pro-
fiches d’évaluation. cessus d’élaboration d’évaluation citoyenne.
yyAssurer le retour des fiches d’évaluation, la sai-
sie des informations et le traitement des résul-
tats.
52 | La démocratie locale et la participation des citoyens à l’action municipale

Bonnes pratiques

Menzel
Enquête de satisfaction des citoyens à Menzel Bourguiba Bourguiba

La commune de Menzel Bourguiba a lancé, en partenariat avec la GIZ, une enquête


de satisfaction des citoyens. Cette enquête a été confiée à une société (FICOM
Conseil) qui a mis en place et a exécuté le système d’évaluation. Les principaux ob-
jectifs étaient de :
zz Mesurer le niveau de qualité des services perçu par les citoyens,
zz Mesurer et hiérarchiser la contribution de chaque aspect à la satisfaction
globale,
zz Fixer des objectifs et des priorités visant une amélioration des services,
zz Évaluer l’efficacité des actions entreprises.
Les enquêteurs ont reçu une formation avant le début de l’enquête sur l’ad-
ministration du questionnaire et la collecte des données. Au final, le proces-
sus d’évaluation a couvert un échantillon de 135 enquêtés et a évalué 4 do-
maines, à savoir les services, la communication communale, les employés
municipaux et la participation citoyenne. Pour conclure, la société presta-
taire a formulé une appréciation globale pour la municipalité.

Évaluation citoyenne dans la ville de Manisa 46


En 2010, la ville de Manisa en Turquie a lancé une enquête de satisfaction auprès des citoyens sur la qualité des
services publics. Soutenue par la Fondation Turque pour la Recherche en Politique Economique (TEPAV) et la
Banque Mondiale, l’assemblée citoyenne de Manisa a dirigé le processus. L’enquête a recouvert 27 services pu-
blics dépendants des autorités locales, et interrogé 2 500 personnes sur les 290 000 habitants de la ville. Suite à
l’évaluation, des échanges approfondis ont conduit le gouvernorat
et la municipalité à valider le principe des fiches de notation ci-
toyenne et à s’engager pour plus de transparence. Au cours de
ce processus, la forte couverture médiatique a permis de sen-
sibiliser les habitants aux fiches de notations citoyennes. L’as-
semblée citoyenne a également joué un rôle de médiateur
Manisa Turquie
entre les citoyens et l’administration municipale.

46

46
Evaluation citoyenne, Ville de Masina,
http://goo.gl/GxnReT
IV Les outils de la participation citoyenne : 2 La consultation et la concertation | 53

2.4 Planification urbaine stratégique


Description teurs peuvent porter sur la mobilité, la jeunesse,
l’économie locale ou encore la gestion des dé-
La planification urbaine stratégique est un instru- chets 48.
ment qui permet d’indiquer quel avenir parait sou-
haitable et réalisable pour le développement d’une Aperçu
ville ou d’un secteur urbain. Cet instrument com-
munal représente un ensemble cohérent d’objec- Objectifs
tifs et de moyens pour le développement d’une ville La planification urbaine stratégique vise à doter la
ou d’un secteur. Elle définit une vision à long terme ville d’une vision stratégique et partagée de son ave-
nir. Elles sont élaborées pour le long terme (10 à
et des axes stratégiques, incluant un budget pour le
20 ans) mais peuvent être actualisées au bout de
développement à court, moyen et long terme ain-
quelques années en cas d’évolutions importantes
si qu’un plan d´action pour les actions prioritaires. La dans le contexte de la ville.
planification stratégique est prévue sur une longue
durée, de l’ordre de 10 à 20 ans, ce qui permet d’ima- Champs thématiques
giner des logiques de développement urbain durable Développement de la cohésion sociale et garantir
et de créer des transformations véritables. les services d’intérêt général.
Renforcement de l’attractivité et compétitivité
Les outils de planification urbaine sont multiples économique de la ville.
et se complètent. Nous pouvons citer deux types de Valorisation du patrimoine humain et culturel
stratégies de planification urbaine, globale et secto- (patrimoine bâti).
rielle. Ces stratégies sont développées selon les be- Amélioration du niveau d’équipement
soins prioritaires des villes 47 : et d’infrastructure.
Protection et mise en valeur des espaces publics et
`` Les Stratégies de Développement des Villes l’environnement.
(SDV) concernent le territoire d’une municipali- Conditions
té, d’une agglomération ou d’une région urbaine. Volonté politique claire de la municipalité. Mobilisa-
C’est le processus par lequel les responsables mu- tion de tous les acteurs concernés, participation des
nicipaux, agissant en partenariat avec l’ensemble acteurs, stratégie de communication et mobilisation
des acteurs urbains, décident des choix straté- de l’expertise.
giques à opérer et des actions prioritaires à mettre Budget consacré à l’élaboration de la planification ur-
en œuvre pour le développement durable de la baine stratégique, levée de fonds auprès de la coopé-
ville. Cette stratégie « globale » englobe tous les ration internationale.
secteurs jugés pertinents pour modifier la trajec- Promotion du partenariat public-privé pour la mise
toire de développement urbain. Les SDV peuvent en œuvre des PA.
également être formulés dans le but d’harmoni-
Périodicité
ser les différentes stratégies sectorielles.
Tous les 10 ans élaboration ou révision pour des stra-
`` Les Stratégies Sectorielles se focalisent sur un
tégies à l’horizon 15 à 25 ans.
secteur concret d’intervention communal et dé-
veloppent un cadre stratégique pour le dévelop-
pement et l’amélioration de ce secteur. Ces sec

47 48
Par exemple, une grande ville confrontée à une forte croissance Voir exemple sur les Plans Communaux de Gestion des Déchets
démographique va s’orienter vers une stratégie globale. A l’in- (PCGD), p.  56
verse, une ville voulant se concentrer sur un enjeu majeur, comme
le foncier, va opter pour une planification sectorielle.
54 | La démocratie locale et la participation des citoyens à l’action municipale

Pourquoi ? De quoi a-t-on besoin ?

`` Faciliter les prises de décisions sur le court-terme La volonté et le leadership politiques au niveau local
en développant une vision long-terme et globale sont certainement les points de départ du processus
du développement de la ville, de la planification urbaine stratégique. Cependant, il
`` Accompagner les changements sociaux, territo- est également nécessaire :
riaux, économiques, politiques et institutionnels
basés sur des lignes directives long-termes, `` D’une bonne équipe de gestion mixte au niveau
`` Anticiper leurs effets sur les territoires et les po- de la commune, comprenant des responsables
pulations en planifiant en avance les différentes politiques (conseil municipal) et techniques (ser-
options, vices municipaux et expert coordonnateur) qui
`` Favoriser la mise en cohérence des politiques lo- ont accès aux informations et données clés sur la
cales et la rationalisation des investissements pu- ville.
blics, `` D’une bonne organisation des instances de pilo-
`` Renforcer l’attractivité, la beauté et l’identité de tage et de participation au niveau de la commune,
la ville, des quartiers, des groupes de travail thématiques.
`` Contribuer au renforcement de la cohésion so- `` D’une stratégie de communication qui accom-
ciale et territoriale. pagne le processus dès son lancement.
`` D’une expertise contractuelle et/ou citoyenne
Lors du développement de ces stratégies, il est essen- dans les domaines d’importance stratégique pour
tiel d’impliquer les citoyens dans la définition de la la planification urbaine.
vision, des objectifs et des orientations urbaines fu- `` D’un budget consacré et d’un bureau de la plani-
tures. Sans la prise en compte de leur point de vue, le fication urbaine stratégique assurant la gestion,
processus de planification urbaine risque de négliger le secrétariat technique et une bonne visibilité et
des informations essentielles, que seuls les habitants accessibilité du processus.
en tant qu’ « experts » de leur lieu de vie, peuvent
souligner. L’implication des citoyens dans ce proces- Comment mettre en œuvre ?
sus vise également à faciliter l’ancrage des projets et
dispositifs prévus au sein de la ville et l’appropriation Les étapes décrites ci-dessous mettent l’emphase sur
de ces derniers par les citoyens. la dimension participative du processus de planifica-
tion urbaine stratégique. 49
Remarque : Les Schémas Directeurs d’Aménagement
(SDA), les Plans d’Aménagement Urbain (PAU) et les `` Etape 1 : Lancement de la planification
Plans d’Aménagement de détail (PAD) ont pour objec- urbaine stratégique
tif de planifier et d’assurer la création, l’aménagement Cette phase est cruciale. Elle doit garantir la par-
et le développement des agglomérations urbaines. Ces ticipation de tous les acteurs locaux et des repré-
instruments sont centraux en matière de planification sentants de la population. Il est donc important
et de gestion urbaine locale dans les communes en Tu- de s’assurer :
nisie. Actuellement, la participation des citoyens et des
habitants n’est pas effective (seul l’affichage au sein de yyD’un fort soutien politique au niveau local et
la municipalité pendant deux mois est requis). Cepen- central,
dant, il est fortement recommandé d’inclure les habi- yyDe la mise en place d’un comité de pilotage, res-
tants afin de prendre en compte leur « expertise » et ponsable de l’élaboration de la stratégie,
leurs problématiques quotidiennes dans les projets de
la ville. Les mécanismes de participation utilisés dans
la planification stratégique peuvent être repris lors du 49
S’inspire du « Guide des Stratégies de Développement des Villes
montage de ces plans. pour le Sud de la Méditerranée », CMI, octobre 2011
IV Les outils de la participation citoyenne : 2 La consultation et la concertation | 55

yyD’une bonne communication pour sensibiliser discutée à nouveau lors de réunions publiques et
et mobiliser toutes les parties prenantes, d’ateliers urbains. Le conseil municipal a le der-
yyDe l’implication de la Société Civile, de mobili- nier mot sur la vision finale.
ser les compétences techniques locales (univer-
sités, personnes ressources, associations profes- La concrétisation de la vision passe par la défini-
sionnelles,) et les médias. tion d’axes stratégiques de développement. Une
première ébauche de ces axes est élaborée par le
`` Etape 2 : Élaboration du diagnostic général Comité de Pilotage, puis discutée et validée lors
La planification urbaine stratégique suppose une d’ateliers urbains. Les acteurs qui composent ces
bonne connaissance de la situation actuelle de ateliers sont les mêmes que ceux qui ont contri-
la ville, résultat d’une analyse rigoureuse. Cette bué à la mise au point de la vision stratégique. La
étape doit permettre, sur la base d’une approche décision finale des axes stratégiques revient à la
participative : municipalité.

yyD’établir un état des lieux mettant en exergue `` Etape 4 : La définition du plan d’action et le
les principaux enjeux urbains ou sectoriels ren- phasage
contrés par l’ensemble des acteurs locaux. Basé sur les axes stratégiques courts, moyens et
yyD’identifier les potentialités et les opportunités long-termes, le plan d’action correspond aux pro-
à mettre en avant, ainsi que les améliorations à grammes et aux actions prévues. Il définit les res-
apporter au fonctionnement actuel de la ville ponsabilités, les ressources financières et la durée
ou du secteur cible. de réalisation de chaque programme ou pro-
jet. Tout comme la formulation de la vision et
Afin d’être participatif, ce diagnostic doit inclure des axes stratégiques, les programmes et projets
les différentes parties prenantes, dont la socié- peuvent être développés par le comité de pilo-
té civile. Pour cela, des outils comme les ateliers tage, puis discute et approuve lors d’ateliers parti-
urbains, les ateliers thématiques, les diagnostics cipatifs ou réunions publiques.
participatifs, ou les ateliers de restitution des ré-
sultats doivent être mis en place pour favoriser `` Etape 5 : Mise en œuvre de la stratégie
la participation et permettre à la municipalité de La mise en œuvre de la stratégie peut s’accompa-
construire un diagnostic correspondant aux réa- gner de la création d’espace de concertation ou de
lités économiques, sociales et environnementales co-décision plus ou moins permanents (conseils
locales. de quartier, conseils de citoyens ou tables rondes),
ou les citoyens peuvent faire un retour sur les
`` Etape 3 : Élaboration d’une vision et des axes points forts et les faiblesses des projets et services
stratégiques urbains mis en place. Ces espaces permettent éga-
Lors de la définition de la planification urbaine lement de créer des ponts de communication
stratégique, la formulation de la vision doit être entre la municipalité et les citoyens dans le but
élaborée de façon participative, en impliquant d’améliorer la ville et se rapprocher de la vision
les groupes de la société civile et du secteur pri- partagée définie lors de la planification urbaine
vé à la formulation d’une vision partagée de la stratégique.
ville, à l’horizon de 15 à 25 ans. Le comité de pilo-
tage municipal doit lancer une campagne auprès `` Etape 6 : Suivi et évaluation
des citoyens afin qu’ils viennent partager leur vi- La phase de suivi et d’évaluation permet de me-
sion de la ville lors des réunions publiques et des surer les impacts de la stratégie et d’apporter des
ateliers urbains (outils p. 57). Le groupe de travail réajustements si nécessaire. La municipalité est
municipal propose ensuite une vision qui sera en charge de suivre la stratégie lors des prises de
décisions et de la mise en place des actions.
56 | La démocratie locale et la participation des citoyens à l’action municipale

CONSEIL
zz S’assurer de la participation de tous les acteurs impliqués, y compris les citoyens (Conseils de quartiers,
d’usagers, de groupes de citoyens comme les chômeurs, les femmes, les jeunes).
zz La diversification des appuis et financements à travers des partenariats actifs: Etat-Collectivités locales,
coopération décentralisée, Collectivités Locales-secteur privé-SC.
zz La responsabilisation d’un (e) élu (e) municipal (e) pour conduire le processus.
zz Le recrutement d’un comité de pilotage compétent pour faciliter le processus.
zz La mise en place une bonne stratégie de communication et la documentation du processus.
zz La mise en réseau avec les villes et les organismes impliqués dans les diverses stratégie de planification
urbaine qui fonctionnent dans le pays, dans la région et dans le monde.

Bonnes pratiques

Planification urbaine globale. Le SDV de la ville de Sousse 50


En 2012, la phase d’élaboration du diagnostic fut mise en place pour le
lancement des Stratégies de Développement des Villes (SDV). Un comité
de pilotage et un comité consultatif ont été établis. La méthodologie utili-
sée est USUDS (plateforme et espace de travail collaboratif et d’apprentis-
sage entre villes intéressées par le développement urbain durable), en-
richie par l’approche des « Faits-Défis-Projets ». Plusieurs groupes de
travail, regroupant différents acteurs (économique,
institutionnels, etc.), ont travaillé sur l’analyse des principaux faits, défis et pro-
jets, et autour de thèmes clés comme : la transition démocratique, la vulnérabi-
lité de la médina, la sous-exploitation du potentiel touristique, les facteurs de
compétitivité. Deux groupes sectoriels furent également formés : un groupe de
Sousse
jeunes et un groupe de femmes afin d’analyser les défis et les projets envisagés
pour les 9 thèmes clés. Cette stratégie est élaborée en concertation avec les
différents acteurs et experts intervenants au niveau de la ville, les différentes
administrations publiques, la Société Civile et les citoyens. Sfax

Planification sectorielle stratégique. Le Plan Communal de Gestion des


Déchets (PCGD) de la ville de Sfax
Les Plans Communaux de Gestion des Déchets (PCGD) 51 sont des outils qui faci-
litent la maîtrise des coûts, la qualité du service et la participation des citoyens à l’ac-
tion municipale dans le domaine de la propreté et de la protection de l’environne-
ment. La commune de Sfax fait partie des communes qui ont réussi à faire participer
les citoyens dans l’élaboration du PCGD. La municipalité a tenue à inclure et intégrer
la société civile dans toutes les étapes d’élaboration du PCGD, allant du diagnostic lo-
cal à la formulation de la vision, des axes stratégiques et du plan d’action. Ce proces-
sus a abouti à la création d’un forum d’associations qui a pour objectif de faciliter et
cadrer la coopération entre la commune et les organisations de la société civile.

5051

50
SDV de Sousse,
www.strategie-sousse.com
51
L’élaboration et la mise en œuvre des PCGD ont été soutenues en
Tunisie par la GIZ. Voir le Guide pratique pour l’élaboration d’un
plan communal de gestion des déchets, ministères chargés de
l’Intérieur et de l’Environnement, année 2009
IV Les outils de la participation citoyenne : 2 La consultation et la concertation | 57

2.5 Réunion publique


Description Lorsqu’une réunion publique s’inscrit dans une pers-
pective de concertation citoyenne, la commune
La réunion publique est un outil classique et cou- cherche à adopter une forme de participation ci-
ramment utilisé dans la démocratie participative. Le toyenne plus active. Afin d’amélioration les ser-
statut et le rôle attribué à une réunion publique dé- vices municipaux et les politiques locales, la com-
pendent des objectifs que la municipalité met der- mune réunit les citoyens pour les informer sur un
rière cet outil. Elle peut correspondre soit à une projet ou une décision et leur permettre d’interpeller
consultation citoyenne ou soit à une concertation. les conseillers municipaux. La réunion est ouverte à
tous les citoyens, préalablement informés de l’évè-
Comme instrument de consultation, la réunion pu- nement grâce à une bonne communication. Lors de
blique consiste à inviter les citoyens à une réunion et ces réunions, les citoyens peuvent recevoir des ré-
les informer sur un enjeu, un projet ou une décision. ponses à et proposer des solutions ou des alterna-
La commune crée un espace et un cadre d’informa- tives. La commune doit être ouverte à recevoir des
tion et d’écoute pour des citoyens, où ces derniers critiques qui pourront être intégrées dans ses pro-
peuvent poser leurs questions sur les divers projets. jets et décisions. A travers cette concertation, la com-
Elle permet de (re)nouer un contact avec les citoyens mune cherche à légitimer et à approuver ses actions
et d’améliorer la confiance entre collectivités locales municipales.
et citoyens. Toutefois, la commune n’a pas pour ob-
jectif de trouver des solutions à un problème ou d’in-
clure les citoyens dans la réalisation d’un projet ou
dans une prise de décision.

Réunions Publiques et Ateliers urbains


Similaire aux réunions publiques, les ateliers urbains ont pour
but d’amener les habitants à repenser leur quartier en matière
d’aménagement et d’urbanisme. Regroupés en petits groupes,
les habitants réfléchissent avec les techniciens (architectes,
urbanistes, paysagistes, etc.) et les élus, sur l’aménagement de
leur quartier. Des idées sont avancées et des projets imaginés
sur lesquels le maire et son conseil municipal peuvent s’inspi-
rer et prendre une décision.
(Photo: Maquette de la Médina, Municipalité de Sousse 2011)

Exemple : Ateliers Urbains dans le quartier du Triennal de Boulogne-sur-Mer 52


La municipalité de Boulogne-sur-Mer (France) a organisé plusieurs ateliers urbains avec les habitants du quartier
Triennal. Ils avaient pour objectifs d’échanger autour des projets de renouvellement urbain. Les ateliers ont pris
la forme de discussions spontanées entre habitants et architectes. Des promenades dans le quartier ont été orga-
nisées et ont permis de souligner les points positifs et les enjeux du territoire. Grâce à ces ateliers, le plan de re-
nouvellement urbain de Triennal s’est construit en concertation avec les habitants du quartier.
52

52
Ateliers Urbains, Boulogne-sur-Mer,
www.habitat-du-littoral.com/hlm-boulogne-sur-mer-logements-
details-79.php
58 | La démocratie locale et la participation des citoyens à l’action municipale

Aperçu De quoi a-t-on besoin ?

Objectifs `` Une bonne organisation logistique et d’aménage-


En tant qu’outil de consultation : informer et écou- ment de salle,
ter les citoyens. `` Le choix de date et de l’heure de la réunion pu-
En tant qu’outil de concertation citoyenne : infor- blique doit être bien réfléchi,
mer, écouter, échanger, permettre aux citoyens de `` Une bonne communication permettant d’inviter
proposer des solutions et de trouver un consensus
tous les citoyens d’une commune d’une manière
autour d’un projet ou d’une décision.
représentative (ex. femmes, jeunes, personnes
Champs thématiques âgées, etc.),
Toutes les opérations de la commune, les projets `` Modération de la réunion publique par des facili-
d’urbanisme et de la politique locale. tateurs pour garantir l’écoute et le respect mutuel
Conditions `` Un responsable pour le PV de la réunion et de la
La logistique de la salle doit être garantie tout comme communication post-réunion.
le choix de la date et de l’horaire, qui doivent éga-
lement être adaptés aux disponibilités des citoyens. Comment mettre en œuvre ?
Une bonne communication doit être assurée pour
une garantir la représentativité des citoyens lors de la `` Etape 1 : Préparation de la réunion
réunion. yyPlanifier et organiser la logistique de l’événe-
Périodicité ment et assurer un budget,
Le calendrier peut être construit de façon occasion- yyÉlaborer et exécuter un plan de communica-
nelle selon les projets d’urbanisme, ou mensuelle tion (date et heure),
sous forme de réunion d’information, d’écoute et yyAssurer la présence des élus et de l’administra-
d’échange. tion,
yyAssurer les connaissances des élus et de l’admi-
nistration sur des divers dossiers,
Pourquoi ? yySi nécessaire, préparer une présentation power
point du projet à discuter avec les citoyens.
La réunion publique est un outil de consultation ou
de concertation citoyenne pour : `` Etape 2 : Réunion publique
yyAccueillir les citoyens,
`` améliorer la transparence et l’accès aux informa- yyAssurer la sécurité de la réunion par des agents
tions pour les citoyens, yyFaire modérer le débat pendant la séance par un
`` informer d’une manière efficace les citoyens sur facilitateur,
les projets en cours, yyEcouter les citoyens et répondre à leurs ques-
`` anticiper les critiques potentielles portant sur les tions,
décisions ou les projets de la commune, yyFaire un PV et noter les interrogations des ci-
`` améliorer et légitimer un projet ou une décision, toyens.
`` trouver des solutions ensemble avec les citoyens
sur des problèmes concrets. `` Etape 3 : Post-réunion
yyCommuniquer les résultats de la réunion pu-
blique selon le plan de communication,
yyPrendre en considération les commentaires des
citoyens dans le projet présenté et débattu,
yyCommuniquer sur le projet et les changements
apportés. Ceci peut se faire dans une seconde
réunion publique.
IV Les outils de la participation citoyenne : 2 La consultation et la concertation | 59

CONSEIL
zz Assurer une bonne communication et organisation de la réunion publique,
zz Respecter les horaires et les dates annoncées,
zz Utiliser les réunions publiques pour interagir et recevoir des commentaires des citoyens et éviter de vouloir,
simplement légitimer les décisions ou projets municipaux.

Bonnes pratiques

Réunions Publiques Bercy Charenton, ville de Paris 53


La mairie du 12ème Paris a mis en place des réunions publiques dans le cadre du
projet d’aménagement urbain Bercy Charenton. La première réunion publique, en
mai 2011, a permis de présenter les modalités de concertation, un premier dia-
gnostic du site, ses enjeux et le calendrier des études. Des ateliers thématiques Vernon
Paris
urbains ont ensuite été mis en place en juin 2011, pour permettre
aux participants (habitants, associations), avec les équipes projets
municipales, de travailler sur le diagnostic et d’échanger sur les prin-
cipes d’un quartier durable, mixte et de liaison. Lors de la seconde réu-
nion publique en novembre 2011, la municipalité a résumé la première phase
de concertation et présenté le diagnostic actualisé avec les enjeux du plan guide, France
schéma d’ensemble de la future opération d’aménagement. Cette réunion a ser-
vi d’espace de débat et de discussion avec les citoyens. Une adresse mail était égale-
ment mise à disposition des citoyens qui souhaitaient laisser leurs commentaires.

Réunion publique à destination des commerçants, ville de Vernon 54


La mairie de Vernon
(France) a invité les com-
merçants de la ville dans le
cadre d’une réunion publique
pour une concertation sur de nombreux sujets tels que la
propreté, la sécurité ou encore le stationnement. Lors de
cette réunion, une centaine de commerçant sont pour
faire part de leurs préoccupations, de leurs demandes et
de leurs souhaits en matière de dynamisation commer-
ciale et de qualité de vie. Cette concertation a permis à la
municipalité d’engager une réelle politique de soutien,
d’accompagnement et de dynamisation de l’activité com-
merciale.

5354

53
Réunions Publiques, Mairie du 12eme Paris,
http://goo.gl/yG3JE5
54
Réunion publique, Vernon,
www.vernon27.fr/Services-en-ligne/Actualites/Reunion-
publique-du-5-mai
60 | La démocratie locale et la participation des citoyens à l’action municipale

2.6. La médiation – table ronde


Description Pourquoi ?

Il existe un grand nombre de procédures de média- `` Si dans une situation de conflit avancé, les parties
tion/conciliation qui visent à concilier diverses par- ne peuvent plus se mettre d´accord, la médiation
ties prenantes 55 et trouver un compromis accepté (organisation d´une table ronde) peut être une so-
par tous. Une séance de médiation, avec la mé- lution efficace et durable,
thode de la table ronde, est un mécanisme classique `` Établir un climat de confiance pour que les par-
par lequel des parties en conflit conviennent volon- ties en conflit se concertent,
tairement à régler leurs différends. L’objectif est de `` Réduire les coûts et la complexité (temps, acteurs)
déboucher sur un règlement afin d’éviter l’effondre- des processus juridiques (tribunaux),
ment d’un projet ou d’une action municipale envisa- `` Augmenter la possibilité de trouver une situation
gée. Cet outil peut être utilisé lorsque d’autres outils favorable pour tous. Cela peut également dimi-
d’échange se sont avérés sans effet. nuer l’arrivée de nouveaux conflits.

Aperçu De quoi a-t-on besoin ?

Objectifs Avant l’utilisation d’un tel outil, il est important de


Réunir les différentes parties en conflit afin d’abou- penser :
tir à un compromis ou à une solution sur une ques-
tion, un enjeu ou projet précis.
`` Au choix d’un bon facilitateur, neutre, accepté
Champs thématiques par toutes les parties et disponible sur la totalité
La médiation peut être utile pour des questions des séances de médiation,
controversées sur l’aménagement des villes. Elle `` Egalité des groupes d´intérêts : chaque groupe
peut également être utilisée pour résoudre des doit être représenté par le même nombre de per-
conflits sociaux entre différents groupes (pour ou sonnes autorisées à voter. Ces représentants
contre de nouvelles constructions, questions clés doivent être acceptés par leurs groupes et orga-
de la société).
nisations afin que le compromis final soit ensuite
Conditions accepté par l’ensemble des parties en conflit,
Les parties concernées doivent se montrer dispo- `` Assurer l´accès à l’information en entretenant ré-
nibles et coopératives. Les tables rondes doivent gulièrement les relations publiques ainsi qu´en
avoir lieu dans la salle du conseil de l’hôtel de ville invitant les acteurs clés impliqués dans le proces-
ou dans un endroit plus neutre, si les parties le sou- sus de la décision.
haitent.
Périodicité Comment mettre en œuvre ?
Cela varie en fonction des désaccords constatés. Il
faut compter en moyenne 2 à 4 semaines pour réa- `` Etape 1 : Analyse de conflit et acceptation des
liser tout le processus. partenaires
yyUne analyse de conflit se compose d’une
étude systématique du caractère, des causes, des
acteurs et de la dynamique du conflit,
yyL’analyse des acteurs aide à définir toutes les
parties clés concernées par le conflit. Les dif-
férentes parties doivent se mettre d´accord à
55
Une partie prenante est un acteur, individuel ou groupe, concerné l’avance afin de mettre en place un processus de
par une décision ou un projet et dont les intérêts peuvent être
affectés de manière positive ou négative
IV Les outils de la participation citoyenne : 2 La consultation et la concertation | 61

conciliation selon les principes du compromis. yyPar la suite, le facilitateur visualisera les points
Elles doivent respecter par la suite le résultat, clés des sujets de discorde et devra structu-
car la médiation reste un processus ouvert. rer les thèmes à traiter en concertation avec les
participants. Il est conseillé de commencer la
`` Etape 2 : Préparation de la séance de médiation discussion sur des sujets différents et d’aborder
yyToutes les parties participantes doivent se en premier lieu le thème le moins conflictuel
mettre d´accord au préalable sur l´agenda, sur pour ensuite continuer les discussions autour
le lieu, sur l´horaire ainsi que sur les règles de des points de discorde plus importants,
déroulement de la séance. (Nécessité de trou- yyPendant toute la réunion, les résultats (y com-
ver un endroit neutre qui convienne à toutes les pris des résultats partiels et les approches vers
parties), un compromis pour tous) doivent être consi-
yyInvitation : C´est important d´inviter le même gnés dans un compte-rendu qui doit ensuite
nombre de représentants des différentes parties être signé par tous les partis.
concernées, mais également de faire attention
à limiter le nombre total afin d´assurer une dis- `` Etape 4 : Conclusion et plan de suivi
cussion de bonne qualité, yyDans des cas complexes, il peut y avoir plusieurs
yyClarification de toutes les questions de logis- séances de conciliation afin d´arriver à un com-
tique (répartition des places, éventuels coûts promis sur l’ensemble des sujets de discorde,
pour la pause-café), yyL’acceptation des résultats doit être validée par
yyDans les conflits graves, il est conseillé que le les représentants de toutes les parties,
facilitateur rencontre les différentes parties à yyEn dernier lieu, il est nécessaire d’établir un
l’avance pour connaitre leurs arguments au plan de suivi avec des échéances pour la mise
préalable, afin de mieux préparer la séance de la en œuvre des résultats et également définir un
table ronde. processus au cas où d’autres conflits survien-
draient à l´avenir.
`` Etape 3 : Déroulement de la réunion
yyAprès une introduction sur le processus de mé-
CONSEIL
diation et ses conditions par le facilitateur, les
différentes parties peuvent présenter leur point Il est indispensable de trouver un bon facilitateur
de vue. Il est indispensable que le facilitateur accepté par toutes les parties impliquées qui ait l’ex-
s’assure que l’ensemble des parties respecte les périence de la résolution des conflits et soit rom-
pu à l’écoute et à la communication. Par la suite un
créneaux temporels et que les parties soient à
compte-rendu détaillé et rigoureux ainsi que la vé-
l´écoute sans s’interrompre,
rification du suivi soient des éléments clés pour le
succès de la médiation.
62 | La démocratie locale et la participation des citoyens à l’action municipale

Bonnes pratiques

Table Ronde à Kasserine et à Sidi Bouzid


Kasserine
Dans le cadre de l’Initiative suisse pour l’Emploi et la Micro et Petite Entreprise Rurale en Sidi Bouzid
Tunisie, les premières tables rondes ont été formées à Kasserine et à Sidi Bouzid. Elles ont
pour but d’offrir une plate-forme de discussion tripartite, réunissant autorités locales, re-
présentants du secteur privé et du secteur associatif. L’objectif poursuivi est d’animer
le débat entre les acteurs intéressés par le développement économique de la région afin
d’aboutir à un dialogue constructif. Cela doit permettre l’identification de facteurs de blo-
cage pour le développement régional et la mise en œuvre d’activités permettant d’améliorer
le climat des affaires.
Lors de ces tables rondes, les différents acteurs ont appris à se connaître et à dialoguer. Ils ont ex-
primé l’importance de ces échanges. Outre l’amélioration du climat d’investissement local, les tables
rondes représentent des « laboratoires » en matière de prise de décision démocratique et de décen-
tralisation.

Projet 21 – Gare ferroviaire de Stuttgart


Le projet d’urbanisme Stuttgart 21 prévoyait de faire de la gare de Stuttgart, une gare
souterraine de passage, et de réaménager tout le quartier du centre-ville. Ce projet ur-
bain a divisé les habitants de Stuttgart et a suscité de nombreuses réactions dans l’opi-
nion publique. Les habitants ont eu de longues et nombreuses revendications comme
le souci de la protection du patrimoine, la protection de l’environnement, ou encore
les problèmes de coût et d’utilité publique de la gare. Pour entendre les différentes
parties, plusieurs tables rondes furent organisées afin que chacun puisse exprimer
sa position. Après huit séances de médiation, le facilitateur a formulé un compro-
mis, basé sur tous les avis des parties en conflit. Le compromis a prévu la mise en
Allemagne
œuvre d´une gare souterraine de passage avec beaucoup de modifications, prenant
davantage en considération le confort des voyageurs handicapé et le respect de l´en-
vironnement (ex. maintien des espaces verts).
Stuttgart

Remarque : A la fin de processus de la conciliation, les citoyens du Land de Bade-Wur-


temberg (gouvernorat) ont voté par référendum local pour le projet (prenant en compte
quelques modifications). Le service ferroviaire allemand a ensuite débuté les travaux.
IV Les outils de la participation citoyenne | 63

3 La codécision

La codécision est « la forme la plus avancée de la par- fiques de ces derniers. De même, ce partenariat fixe
ticipation, qui voit les autorités locales, les popula- ensemble à quel moment les citoyens peuvent déci-
tions et les principales parties prenantes décider en- der d’une manière autonome (en amont, pendant ou
semble des solutions et des modalités d’application après la décision) et quels sont leurs pouvoirs dans
et de suivi/évaluation. Ce type de participation fait les prises de décision. La commune peut déléguer
ressortir les différends (conflits) entre intervenants, un certain pouvoir de décision ou certaines compé-
la prise en compte des intérêts en jeu, la définition de tences aux organisations de la société civile. Elle peut
solutions avantageuses pour tous et la fixation col- également donner une enveloppe propre aux struc-
lective de critères d’évaluation des progrès accom- tures de codécision (conseil de citoyen, etc.) pour les
plis dans la réalisation des objectifs fixés d’un com- doter de vraies ressources et capacités. En général, la
mun accord » 56. délégation du pouvoir de décision n’entraine pas for-
cément des frais considérables.
La consultation et la concertation citoyenne im-
pliquent que la commune informe, demande l’avis La codécision est surtout utilisée pour les prises de
des citoyens et crée des espaces dans lesquels les ci- décision qui affectent en priorité certaines catégo-
toyens peuvent proposer des solutions ou des alter- ries de la population ainsi que les décisions liées aux
natives. Même si, lors de ces processus participatifs, compétences propres d’une commune, par exemple :
le conseil municipal décide parfois avec les citoyens,
les mécanismes de codécision vont plus loin. La co- `` L’éclairage public,
décision se fonde sur le principe de parité. Dans cette `` La voirie ou la propreté de la ville,
perspective, une décision ne peut être prise sans l’ac- `` Les affaires socio-culturelles et économiques,
cord des élus et des citoyens. Tout en définissant les `` La construction et l’entretien des trottoirs et
règles de participation, la commune délègue un cer- chaussées,
tain pouvoir de décision aux citoyens et se retire lors `` Les équipements socio-collectifs,
de certaines décisions. La codécision nécessite éga- `` Le transport collectif et à la circulation,
lement une volonté forte de la commune à coopé- `` L’information et la communication,
rer avec les citoyens, car elle accorde certaines com- `` Le budget et le plan d’investissement communal.
pétences aux citoyens et considère ces derniers
comme des véritables partenaires. Les citoyens et la Un processus de codécision durable nécessite de
commune rentrent dans une relation de partena- créer des structures et des mécanismes nécessaires
riat étroite. Dans certains mécanismes de codécision, afin de réunir régulièrement les élus, la société civile,
la commune a pour fonction principale de valider et les citoyens, les services techniques régionaux, et
d’assurer la mise en œuvre des décisions prises par d’instaurer un dialogue permanent et constructif sur
les citoyens (ex. budget participatif). la gestion des affaires locales. Ces structures se déve-
loppent autour des citoyens, de leurs quartiers d’ha-
Toutefois, le conseil municipal ne perd jamais totale- bitation (ex. conseils de quartiers) ou de leurs situa-
ment sa souveraineté. Les rôles et les limites de cha- tions spécifiques (ex. jeunes, personnes sans emploi,
cun sont bien définis et à respecter. Le conseil muni- femmes, personnes handicapées, commerçants, etc.).
cipal décide, avec les citoyens ou la société civile, des Nous proposons trois outils pour mettre en œuvre
champs, des projets ou des décisions à déléguer aux les mécanismes de codécision : les conseils de ci-
citoyens et définit les compétences et les rôles spéci- toyens, le panel citoyen et la participation citoyenne
à la budgétisation.
56
« Le Budget Participatif en Afrique », Guide pour la formation en
pays francophones, Tome I : Concepts et Principes, Programme
des Nations Unies pour les établissements humains et (ONU-HA-
BITAT) Environnement et Développement du Tiers-Monde
ENDA/Ecopop, 2008, p. 10 ; dans ce guide, la définition citée
ci-dessus renvoie au processus de « négociation et médiation ». Ce
processus est très similaire au niveau de codécision utilisé dans ce
manuel.
64 | La démocratie locale et la participation des citoyens à l’action municipale

Questions clés à se poser lors d´un processus de Aperçu


codécision :
Objectifs
`` Quel est le cadre légal qui permet aux citoyens de Coopérer d’une manière régulière et permanente
participer aux décisions du conseil municipal ? avec un ensemble de citoyens et trouver des solu-
tions par rapport à un projet, une décision ou un pro-
`` Quels sont les éléments de décisions pris en-
blème.
semble, par le conseil municipal et les citoyens ?
`` Quel est le rôle des citoyens et des autorités lo- Champs thématiques
cales pendant la prise de décision ? Quelles sont Tous les champs de la politique locale et urbaine dans
les obligations et les limites de chaque partie ? lesquels la municipalité a des compétences.
`` Selon quels mécanismes les citoyens parti- Conditions
cipent-ils à la décision ? Quelles sont les étapes à Confiance entre citoyens et collectivité locale établie
suivre et quels sont les délais pour les citoyens et pour mobiliser les citoyens à participer à un conseil
la commune ? de citoyens.
Une définition claire du rôle des citoyens et de leur
mandat de participation.
3.1. Conseil de citoyens
Facilitateurs et experts externes pour garantir la mise
en place du comité et faciliter les discussions au sein
Description du conseil de citoyens.
Les modalités de collaboration entre la municipalité
Le conseil de citoyens est un comité permanent et les structures doivent être clairement définies, no-
composé de citoyens. Ce conseil est constitué par la tamment la mise à disposition de toutes les informa-
commune quand cette dernière envisage la contri- tions.
bution spécifique des citoyens dans les prises de dé-
Périodicité
cision, dans un projet ou pour résoudre un problème. Pendant la durée du projet où durant le processus de
Instrument de concertation permanente et de codé- décision qui peut prendre quelques mois voir un an.
cision, les citoyens prennent activement part dans le Le conseil de citoyens peut également être une insti-
processus de décision. Le conseil des citoyens est créé tution permanente.
dans un quartier ou à l’échelle municipale et se base
sur une logique de coopération entre les citoyens et
la municipalité. Il est composé de citoyens qui sont Pourquoi ?
concernés par le projet, la décision ou le problème
(ex. jeunes, femmes, agriculteurs, etc.). La participa- Le conseil de citoyens est une forme de concertation
tion à ce conseil est volontaire et bénévole. La par- citoyenne permanente et de codécision :
ticipation régulière des citoyens est souhaitée et
renforcée par la commune. Le conseil de citoyens re- `` Améliorer la transparence et l’accès aux informa-
présente une véritable force de réflexion et de propo- tions pour les citoyens,
sition. Les réunions du conseil peuvent être animées `` Connaître l’avis des citoyens sur un projet ou une
par un habitant ou un élu. Sa mise en place nécessite décision de la politique locale,
souvent des experts externes. `` Inclure les propositions des citoyens dans un pro-
jet ou une décision,
`` Anticiper des potentielles critiques sur les déci-
sions prises ou les projets impulsés par la com-
mune,
`` Améliorer et légitimer un projet ou une décision,
`` Trouver des solutions avec les citoyens autour de
problèmes concrets.
IV Les outils de la participation citoyenne : 3 Codécision | 65

De quoi a-t-on besoin ? yyPendant la 2ème réunion :


Déterminer d’une manière participative
`` Expertise externe pour mettre en place la la mission, le cahier de charge, la durée du
première expérience du conseil de citoyens, conseil et le mécanisme de codécision ainsi
`` Un chargé de concertation citoyenne au sein que définir leur engagement dans un docu-
de la commune, ment écrit,
`` Citoyens suffisamment motivés pour assister Définir les conditions et les modalités d’ap-
et participer au conseil de citoyens, pui de la commune au conseil et la contribu-
`` Accord et définition formelle et claire avec les tion propre des citoyens,
citoyens sur : la mission du conseil, le cahier des Définir un calendrier avec des échéances
charges et les mécanismes de consultation ou de claires.
prise de décisions par le conseil de citoyens,
`` Une bonne organisation des réunions régulières `` Etape 3 : Travail continu et suivi du conseil de
et publiques du conseil avec un PV, citoyens
`` Une bonne communication sur les positions yyMettre à disposition des salles de réunion et as-
du conseil de citoyens et la réaction du conseil surer la logistique,
municipal. yyLes réunions du conseil de citoyens ont lieu et
peuvent être présidées par des élus ou le maire,
Comment mettre en œuvre ? yyÉtablir un plan d’action annuel pour le conseil
et définir un programme d’activités trimestriel,
`` Etape 1 : Constitution du conseil de citoyens yyLe conseil de citoyens rend des rapports d’acti-
yyFaire une analyse préalable des projets ou déci- vités sur l’avancement de son travail,
sions nécessitant une concertation citoyenne yyLa collectivité locale intègre les avis et recom-
intensive, mandations du conseil de citoyens et présente
yyDéfinir une stratégie et un plan d’action de sa décision finale sur un projet, décision ou pro-
codécision ainsi que son objectif et l’utilité du blème pendant une réunion avec le conseil de
conseil de citoyens comme outil de codécision, citoyens,
yyDéfinir une proposition de la mission, du yyMettre en place des réunions publiques de sui-
cahier des charges et de la durée du conseil de vi et d’évaluation des activités du conseil et
citoyens, faire une évaluation participative du travail du
yyInviter des citoyens concernés par un projet, conseil de citoyens.
décision ou problématique à la première réu-
nion du conseil de citoyens.
CONSEIL
`` Etape 2 : 1ère et 2ème réunions du conseil de zz Accorder au conseil de citoyens une vraie force
citoyens de proposition pour améliorer la confiance des
yyOrganiser la logistique de la première réunion citoyens dans les collectivités locales.
d’information, zz Prendre en compte les recommandations et les
yyPrésenter l’objectif de la codécision citoyenne propositions du conseil de citoyens.
et du conseil de citoyens par le conseil munici- zz Éviter toute instrumentalisation du conseil par la
municipalité (ex. la politisation du conseil de ci-
pal,
toyens).
yyRépondre aux questions et inviter les citoyens
zz Faire recours aux experts externes pour définir le
à une 2èmre réunion pour constituer le conseil cadre du conseil de citoyens.
de citoyens.
66 | La démocratie locale et la participation des citoyens à l’action municipale

Bonnes Pratiques

Le contrôle commun des prix dans la municipalité d’Agareb 57 Agareb

Face à la hausse des prix et aux nombreuses problématiques liées à l’hygiène du


marché hebdomadaire de la ville, la municipalité d’Agareb a choisi en 2011 de se ré-
unir avec les citoyens pour trouver des solutions. La commune a instauré un processus
de dialogue et de réflexion commun et a créé une commission spéciale pour le suivi des
prix et de l’hygiène du marché. Cette commission est composée des membres de la muni-
cipalité, du syndicat et des citoyens et se réunit régulièrement pour constater des problèmes
et trouver des solutions. Cette initiative fait échos au conseil de citoyens, même si la munici-
palité en fait partie. A long terme, une plus large coopération entre la municipalité d’Agareb et
ses citoyens pourrait permettre de créer un conseil de citoyens permanent.

Le conseil de jeunes de la ville de Bondy 58


Le Conseil des jeunes de la ville de Bondy (France) participe à la réalisation
de projets citoyens et favorise la sensibilisation des jeunes aux ques-
tions de société et à leur concrétisation sur la ville. Il offre égale- Bondy
ment la possibilité aux jeunes d’être sollicités par les élus afin
d’émettre un avis consultatif sur les nombreux domaines les
concernant. Enfin, il leur permet de réaliser des projets variés en
lien avec les dispositifs départementaux et régionaux existants. Le
conseil des jeunes aspire à favoriser une réelle participation des jeunes
bondynois de 16 à 26 ans, à la vie de la commune. Les jeunes peuvent s’ins- France
crire au conseil via le site internet. L’agenda et les dates de réunion sont éga- le-
ment écrits sur le portail de la ville.
57 58

57
Voir le site www.actionassociative.org ou le rapport de la « Mis-
sion d’appui à l’amélioration de l’environnement institutionnel et
légal des organisations de la société civile tunisienne » sur « Les
cadres formels de concertation : un instrument efficace pour
enraciner la démocratie participative en Tunisie », Mars 2014.
58
Conseil des jeunes, ville de Bondy,
www.ville-bondy.fr/mairie/conseil-des-jeunes
IV Les outils de la participation citoyenne : 3 Codécision | 67

3.2. Panel citoyen


Description Aperçu

Le panel citoyen (également nommé « jury citoyen » Objectifs


dans certains pays) est un outil qui vise à orienter et Éclairer les prises de décisions politiques en
conseiller certaines décisions prises par les autori- consultant un échantillon de la population.
tés locales. Cet outil de codécision a pour but de ren- Champs thématiques
forcer la participation citoyenne pendant un proces- Tous les champs de compétence et d’intervention
sus politique en consultant un certain échantillon de de la commune.
citoyens, ayant un regard neutre, sur une probléma-
Conditions
tique abordée. Nécessite un dispositif légal favorable à une parti-
cipation volontaire des citoyens. La commune doit
En ce sens, le panel citoyen permet d’éclairer la prise mettre toutes les informations nécessaires à disposi-
de décision dans des situations politiques complexes. tion pour les jurés pour qu’ils puissent prendre la
Le conseil municipal mobilise un groupe de citoyens décision.
qui statue sur un problème précis avec l’aide d’in-
Périodicité
formations techniques claires et diversifiées, qui lui
Pendant quelques jours (2–4) ou étalé sur plusieurs
permet de construire un avis compétent et réfléchi. semaines.
Parfois, ce panel est sélectionné selon un domaine
professionnel en lien avec le sujet concerné. Dans ce
cas, le citoyen est perçu comme un spécialiste ayant Pourquoi ?
une expérience spécifique et approfondie dans le
champ concerné 59. `` La commune manque de connaissances précises
sur le quotidien des citoyens par rapport à une
Ce panel se compose d’une assemblée temporaire de question précise ou technique,
citoyens choisis de manière aléatoire dans la popula- `` Avoir accès aux informations spécifiques pour
tion d’une ville. Il peut prendre différentes formes de prendre une décision sur le sujet précis,
délibération comme des réunions de quartiers, des `` Porter un regard neutre ou prendre en considéra-
forums thématiques ou des conférences citoyennes. tion des expériences spécifiques des citoyens,
En général, le nombre de membres est limité et leur `` La commune veut améliorer la confiance des ci-
participation volontaire. Les citoyens délibérèrent toyens dans les décisions de la commune,
autour d’un maximum d’informations techniques `` Améliorer la transparence des décisions et son
pendant quelques jours ou sur plusieurs semaines. acceptation par la population.
Ils peuvent recevoir une compensation en nature ou
monétaire (ex. transport ou pause-midi). De quoi a-t-on besoin ?

Après la délibération, les citoyens sont libérés de leur `` D’importantes informations et expertises tech-
fonction et le panel est dissout. Les domaines d’ap- niques sur un enjeu et une décision,
plication sont très variés et mobilisés selon les be- `` Ressources en nature ou monétaires pour couvrir
soins de la commune (ex. la voirie et la propreté les frais logistiques des membres du panel et leur
d’une commune et l’écologie et le développement compensation,
d’une commune ou d’une région). `` Nombre limité de citoyens tirés au sort qui ont le
mandat de répondre à une question ou à un en-
jeu précis,
`` Experts accompagnant la mise en place du pro-
cessus et informant les citoyens sur les différents
angles d’approche de l’enjeu traité.
59
Voir exemple « Jury citoyen » à Sikasso, p. 68
68 | La démocratie locale et la participation des citoyens à l’action municipale

Comment mettre en œuvre ? yyOrganisation d’une réunion des jurés,


yyAnimation et facilitation de la réunion des
`` Etape 1 : Sélection des panélistes panélistes,
yyDéfinition de l’enjeu ou de la question soumise yyPrise de position des panélistes sur un enjeu ou
à un panel citoyen par les autorités locales, une décision,
yyIdentification d’un échantillon représentatif yyPV sur les réunions et communication de leur
dans une population pour la délibération, avis au conseil municipal,
yyCommunication publique sur la mise en place yyPrise en compte du bilan des panélistes dans la
d’un panel citoyen, décision du conseil municipal.
yyTirage au sort ou autres méthodes aléatoires
pour composer le panel citoyen,
CONSEIL
yyDétermination d’une mission et d’un cahier
de charge spécifique pour les panélistes. zz S’assurer de l’utilité de panel citoyen et sa faisa-
bilité.
`` Etape 2 : Délibération zz Garantir la mise à disposition des informations
techniques de qualité aux panélistes citoyens.
yyEnvoie du matériel et des informations concer-
zz Inclure et prendre en compte l’avis du panel ci-
nant l’enjeu ou la décision soumise au panel ci-
toyen dans la décision finale prise par la munici-
toyen aux délégués, palité.

Bonnes pratiques

Le « Jury Citoyen » à Québec 60


La direction générale des élections (DGE) du Québec, a formé en 2009 un jury
citoyen de 12 personnes (sur 3400 qui ont été invite à participer au jury) pour
étudier la question du financement des partis politiques et notamment la pos-
Canada
sibilité pour les entreprises de contribuer aux caisses électorales. Pendant deux
jours, les jurés ont entendu des témoignages de diverses parties prenantes afin
de construire leur propre opinion sur la question. Ils ont ensuite délibéré pendant
deux autres jours pour émettre des recommandations au DGE. Québec

Le « Jury Citoyen » à Sikasso 61


Quarante-cinq productrices et producteurs de la région de Sikasso, au Mali, ont auditionné
des témoins-experts dans le domaine de l’agriculture et ont débattu autour de la question des
OGM du 25 au 29 janvier 2006 à Sikasso. Les recommandations ont été formulées par quatre
commissions : les gros producteurs (7 personnes), les producteurs moyens (14 personnes), les
petits producteurs (10 personnes) et un groupe de femmes (14 personnes). L’expertise de ce ju-
ry citoyen a été appuyée par le Réseau Interdisciplinaire de Biosécurité (RIBios) de l’Institut
Universitaire d’Etudes du Développement (IUED – Suisse) et l’Institut International pour l’En-
Mali
vironnement et le Développement (IIED – Angleterre). Ces recommandations en fa-
veur des semences traditionnelles ont été transmises au Ministère de l’Admi-
nistration Territoriale et des Collectivités Locales qui a dû se positionner et
prendre des mesures sur la question des OGM dans l’agriculture au Mali.
6061

Sikasso

60
Jury Citoyen à Québec,
www.electionsquebec.qc.ca/documents/pdf/DGE-bilan-jury-citoyen.pdf
61
Jury Citoyen à Sikasso,
www.infogm.org/spip.php?article2525
IV Les outils de la participation citoyenne : 3 Codécision | 69

3.3. Participation citoyenne à la budgétisation


Description Aperçu

Les autorités locales peinent souvent à satisfaire les Objectifs


besoins des citoyens et à allouer leurs ressources res- Améliorer le rendement fiscal de la commune, la
treintes d’une manière efficace et efficiente. Le bud- transparence, et relation de confiance entre les ci-
toyens et la commune, la participation citoyenne à la
get participatif aide à surmonter ces difficultés.
gestion des affaires locales et la satisfaction des be-
Adapté au rythme des acteurs et du contexte poli-
soins des citoyens.
tique et culturel, le budget participatif améliore la
gouvernance locale car il réforme la gestion des fi- Champs thématiques
nances locales et instaure une démocratie locale par Tous les champs de compétence et d’intervention de
la participation citoyenne et la codécision aux dé- la commune.
cisions budgétaires. En faisant appel à cet outil, la Conditions
commune met ainsi en œuvre les principes de la Nécessite un dispositif légal favorable à la participa-
« bonne » gouvernance locale 62 et certains aspects de tion citoyenne, un engagement et une volonté po-
la démocratie directe. litique importante au niveau national et local, une
neutralité politique, une société civile mobilisée et
Le budget participatif est un processus à travers le- engagée et des experts et facilitateurs professionnels
quel les conseils municipaux élus délèguent une pour la mise en œuvre du processus.
ligne budgétaire aux citoyens qui décident d’une Périodicité
manière souveraine et indépendante des pro- Liée avec l’établissement du budget communal sur
jets d’infrastructures et d’équipements prioritaires. une année et dans certains cas le budget participatif
Le conseil municipal inclut les projets des habi- peut être élaboré sur plusieurs années.
tants dans leur budget communal et les approuve.
Le conseil municipal a la responsabilité d’exécuter
les travaux en lien avec les projets décidés par les ci- Pourquoi ?
toyens. Les résultats du budget participatif sont vi-
sibles après une année. Dans un délai relativement Le budget participatif comme mécanisme de
court, la confiance des citoyens et le civisme fiscal se codécision vise les objectifs suivants :
sont améliorés. A travers ce processus, la municipa-
lité et les citoyens expérimente le processus de dé- `` Intégrer les citoyens dans les décisions sur des af-
mocratie participative dans son ensemble, à savoir : faires locales pour une meilleure gouvernance
assumer une bonne communication, débattre en pu- urbaine et une démocratie locale,
blic, voter d’une manière démocratique, respecter `` Améliorer la relation de confiance entre les ci-
l’intérêt général, la transparence et la responsabilité. toyens et les autorités pour un rendement fiscal
efficace et une démocratie locale vivante,
Remarque : Le processus de la participation à la bud- `` Améliorer les investissements, les infrastructures
gétisation prend en compte les aspects de genre et de et les équipements locaux en fonction des be-
respect de l’âge (jeunes, séniors). Pendant le proces- soins des citoyens,
sus, une attention particulière est dédiée au respect `` Améliorer la transparence et la redevabilité des
de l’égalité entre hommes et femmes et à l’intégration communes.
des opinions et besoins des femmes dans les projets ci-
toyens ainsi que leur participation politique dans l’es-
pace public.

62
Principes mentionnés dans le chapitre I de ce manuel, p. 9
70 | La démocratie locale et la participation des citoyens à l’action municipale

De quoi a-t-on besoin ? yyCommunication à tous les citoyens : tous les


citoyens d’une commune sont invités aux fora
`` Cadre légal favorable à la participation citoyenne, citoyens dans leur zone d’habitation.
`` Conseil municipal, maire et gouverneur engagés yyForum citoyen : pendant un forum citoyen, les
en faveur du processus, membres des autorités présentent d’une ma-
`` Services techniques disponibles pour la gestion nière transparente et responsable l’état de leurs
des travaux du budget participatif, finances et expliquent les ressources financières
`` Société civile engagée en faveur du budget parti- allouées au budget participatif. Les citoyens dé-
cipatif, cident d’une manière autonome et souveraine
`` Equipe de facilitateurs au niveau national et local sur les idées de projets dans le cadre du mon-
pour la mise en œuvre du processus, tant ouvert au budget participatif et désignent
`` Ressources matérielles (salles de réunion dans des leurs délégués du quartier.
quartiers, matériel de communication, etc.), yyForum des délégués : pendant le forum des dé-
`` Décision officielle de l’ouverture du budget parti- légués, tous les délégués se réunissent et dé-
cipatif à la participation citoyenne, cident sur des projets prioritaires dans un in-
`` Mobilisation des ressources financières pour la térêt général pour la commune. Ils font une
réalisation des travaux du budget participatif, estimation des coûts en collaboration avec les
`` Définition consensuelle des règles de jeu, approu- services techniques et composent des comi-
vées par la commune et la société civile, tés de budget participatif pour le suivi et l’éva-
`` Engagement durable de toutes les parties pre- luation des travaux. Les délégués s’engagent par
nantes, écrit à assumer leur mission et leur rôle ainsi
qu’à respecter le cahier de charge.
Comment mettre en œuvre ?
`` Etape 3 : Redevabilité démocratique
`` Etape 1 : Plaidoyer yyForum communal : l’administration locale et le
yyCampagne d’information et de sensibilisa- conseil municipal arrêtent définitivement les
tion : Le conseil municipal décide officielle- types d’investissements pour le budget en cours
ment d’ouvrir une ligne budgétaire ou une par- d’élaboration. Les délégués du bâtiment pu-
tie des investissements locaux à la participation blic assurent le respect des idées du projet des
citoyenne. citoyens et communiquent le résultat aux ci-
yyDécision officielle engageant le budget partici- toyens.
patif : La décision officielle est prise sous forme yyVote du budget : La matrice budgétaire est défi-
d’arrêté municipal du conseil municipal. La nie, arrêtée et validée par vote et approuvée en-
commune se met d’accord sur la collaboration suite par les autorités de la tutelle (gouverneur).
avec une équipe de facilitateurs. yyFormalisation du budget participatif : Les
membres du conseil municipal, l’adminis-
`` Etape 2 : Participation citoyenne tration locale et les délégués élaborent la dé-
yyFormations : les membres de la commune et les marche du budget participatif à entreprendre
membres des organisations de la société civile pour l’année suivante. Le conseil municipal ap-
(membres des associations) sont formés aux prouve cette démarche dans un arrêté munici-
mécanismes du budget participatif et en tant pal.
que facilitateurs locaux.
yyConvention entre les autorités et la SC pour `` Etape 4 : Exécution des travaux
règles de jeu du BP : la commune et les yyÉlaboration d’un guide et de suivi : Les
membres de la société civile se mettent d’ac- membres du conseil municipal, l’adminis-
cord sur des règles du jeu et signent une tration locale et les délégués élaborent la dé-
convention de partenariat. marche du budget participatif à travers un
IV Les outils de la participation citoyenne : 3 Codécision | 71

guide de suivi et d’évaluation pour les travaux


CONSEIL
mis en œuvre dans le cadre du budget partici-
patif. zz Ouvrir une ligne budgétaire avec une utilité pour
yyPassation des marchés : les contrats pour la ré- les citoyens au budget participatif.
alisation des projets du budget participatif se zz Assurer le soutien politique au niveau national
et local.
font d’une manière transparente et officielle.
zz Éviter l’instrumentalisation politique du proces-
yySuivi et évaluation des travaux : les délégués du
sus.
budget participatif suivent, observent et éva- zz Consulter le soutien d’une équipe de facilita-
luent l’exécution des travaux du budget partici- teurs.
patif comme les services techniques et rendent
un rapport définitif sur l’évaluation du proces-
sus.

Bonnes pratiques

Le budget participatif à Gabès 63


Dans la municipalité de Gabès, 8 fora citoyens ont été organisés dans les quartiers de la ville de mars à avril 2014.
Plus que 300 citoyens ont décidés sur des projets portant sur la thématique « embellissement de la ville » et ont
élu leurs délégués de quartier. En mai 2014, le forum des délégués a eu lieu. Les 24 délégués, de tous les quartiers,
ont défini les priorités budgétaires dans le domaine de « l’embellissement de la ville », pour un total de 200’000
DTN. Les priorités ont porté sur:
zz le nettoyage de plusieurs rues du quartier de « Boulbeba », 25.000 DTN
zz la création d’un jardin public avec des espaces et jeux pour enfants du quartier de « Chatt Salam »,
25.000 DTN
zz l’éclairage, l’embellissement et l’implantation d’arbres dans les différents espaces publics du quartier de
« El Manara » (l’école primaire, l’hôpital, la poste, le marché hebdomadaire), 25.000 DTN
zz la création d’un parcours de santé du quartier de « El Menzel » pour les habitants, 25.000 DTN

Ces projets ont été votés par les citoyens et adoptés par le conseil municipal qui a inclut les propositions dans son
budget annuel et les a faites approuver par le gouverneur. Les travaux vont débuter en 2015.

 63

63
Voir le site www.actionassociative.org ou le Rapport « les
cadres formels de concertation : un instrument efficace pour
enraciner la démocratie participative en Tunisie », étude réa-
lisée dans le cadre de la « Mission d’appui à l’amélioration de
l’environnement institutionnel et légal des organisations de la
société civile tunisiennes », financé par l’Union Européenne.
72 | La démocratie locale et la participation des citoyens à l’action municipale

Budget Participatif à Münster 64


La ville de Münster (Allemagne) invite les citoyens à soumettre leurs recommandations pour
une partie du budget. Ce cycle de la budgétisation se compose sur 5 phases :
1. Proposition : La phase de « proposition » a lieu chaque année au début du printemps.
Les citoyens peuvent soumettre leurs propositions sur le site de la Ville de Munster Allemagne
après s’être enregistrés. L’administration centrale a créé un formulaire afin de recueillir
toutes les propositions des citoyens.
2. Évaluation : La phase d’Évaluation commence après que la phase de proposition ait eu lieu.
Stuttgart
L’objectif est que l’ensemble des employés de la ville de Munster évalue les propositions dépo-
sées.
3. Analyse : Les propositions qui sont les mieux notées sont examinées de plus près sur leur carac-
tère de faisabilité, ce que Munster nomme la phase de « Documentation ». Les propositions sont
aussi analysées en fonction de l’impact qu’elles peuvent avoir sur le budget de la ville.
4. Concertation : Apres ces premières phases, le Conseil se réunit et discute de l’établissement du bud-
get de la ville, les propositions les mieux notées dans le processus du budget participatif seront soumises au
Conseil.
5. Décision : Toutes les propositions qui auront été choisies et seront en accord avec le Conseil, la Ville s’em-
ploiera à les mettre en œuvre. L’ensemble des propositions choisies sera visible sur le site internet.
Exemples concrets soumis comme propositions par les citoyens :
zz Réduire la dette de la Ville,
zz Créer de nouvelles pistes cyclables,
zz Renforcer la participation des citoyens pour l’aménagement urbain de la ville et de ses espaces verts.

64

64
Budget participatif à Munster,
http://buergerhaushalt.stadt-muenster.de/buergerhaushalt.html
| 73

V Conclusion et perspectives

La transition démocratique est un processus qui né- Deuxièmement, le manuel propose une palette d’ou-
cessite du temps et une vision à long-terme. Même tils de participation citoyenne autour de trois ni-
si de nombreux défis restent à relever, la Constitu- veaux : l’information des citoyens, la consultation et
tion de 2014 représente une opportunité incontour- la concertation, ainsi que la codécision. Selon le de-
nable pour le développement local et démocratique gré de participation défini par la municipalité, le rôle
en Tunisie. En se focalisant sur la démocratie partici- et le pouvoir de décision des citoyens dans la ges-
pative, la transparence et la décentralisation, la nou- tion des affaires locale varie. Il est donc nécessaire
velle Constitution offre un cadre fructueux qui per- de choisir les outils et de les adapter au contexte so-
met aux municipalités de rapprocher les citoyens ciopolitique local afin de garantir le bon fonctionne-
à l’action municipale et d’établir un dialogue et un ment et la durabilité de la démocratie participative.
rapport de confiance. Les outils proposés ont été spécifiquement sélection-
nés pour le contexte tunisien et se construit autour
En ce sens, ce manuel est une première en Tunisie. des expériences réelles en Tunisie.
Il apporte un soutien aux municipalités tunisiennes
et les guide dans la mise en œuvre de la démocratie Ce manuel sert de base et sera enrichi au fil du temps
participative, à travers l’utilisation de certains outils par le CFAD et d’autres acteurs nationaux et inter-
de participation citoyenne. nationaux, et avec les nouvelles actions des muni-
cipalités tunisiennes en matière de la participation
Premièrement, ce manuel présente l’approche parti- citoyenne et les nouvelles réformes en matière de
cipative et discute des principaux concepts tels que décentralisation et de démocratie locale.
la démocratie locale et participative, et la gouver-
nance locale. Il met également en lumière les chan- Nous invitons les municipalités tunisiennes à tester
gements récemment apportés au cadre légal tunisien les instruments proposés et les adapter selon leurs
en matière de participation citoyenne, de gouver- besoins et caractéristiques locales. Nous les encoura-
nance et de gestion locale. Tout en donnant une at- geons à lancer de nouvelles initiatives, entreprendre
tention particulière aux opportunités qu’offrent la des nouveaux projets et promouvoir la participation
Constitution et le cadre légal et institutionnel pour citoyenne au niveau local dans l’esprit de la nouvelle
les communes, le manuel souligne aussi le rôle des Constitution, d’une « bonne » gouvernance et de la
citoyens et l’importance de la société civile dans la démocratie locale.
réalisation de la démocratie participative.
74 | La démocratie locale et la participation des citoyens à l’action municipale

Bibliographie

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ville », Association Internationale de techniciens,
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• www.mairie-koudougou.bf/laville/pscommunica-
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• www.mairie-koudougou.bf/plan_strateg_dev_kdg.
pdf Espace Citoyen « One Stops Shops »
• www.youtube.com/watch?v=mA9FugMXbj8
Canada

Ville de Québec – Jury Citoyen


• www.electionsquebec.qc.ca/documents/pdf/
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76 | La démocratie locale et la participation des citoyens à l’action municipale

Tunisie Ville de Sfax – PCGD


www.commune-sfax.gov.tn
Tunivisions.net, « Tunisie, Associations : Tunisie,
pour un meilleur accès à l’information » Ville de Sidi Bouzid – Mediation – Table Ronde
• http://goo.gl/xZCeDf • www.deza.admin.ch/fr/Accueil/Projets/Exemples_
de_projets/Creation_d_emplois_dans_les_regions_
Ville d’Agareb – Conseil de citoyens defavorisees_de_Tunisie
• www.actionassociative.org
Ville de Siliana – Espace citoyen
Ville de Ben Guerdane – Stratégie de communication • www.co-mun.net/fr/news/33/2014-05-29.html
• www.actionassociative.org
Ville de Sousse – SDV et Gestion des plaintes
Ville de Gabès – Stratégie de communication et • www.strategie-sousse.com/projet/le-projet-strate-
Participation à la budgétisation gie-developpement-ville-sousse
• www.commune-gabes.gov.tn • www.commune-sousse.gov.tn/fr/histoirepatri-
• www.actionassociative.org moine.php

Ville de Kairouan – Affichage public et Gestion des Ville de Tozeur – Page facebook
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Fatma ZAGHOUANI, La Presse 11/05/2013, %D8%AA%D9%88%D8%B2%D8%B1-Commune-
• www.lapresse.tn/12052013/67028/faciliter-la- de-Tozeur/412259018842698?fref=ts
communication-entre-les-citoyens-et-la-com-
mune.html Turquie
• www.fixkairouan.org
Ville de Manisa – Evaluation citoyenne
Ville de Kasserine – Table ronde • http://web.worldbank.org/WBSITE/EXTER-
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de_projets/Creation_d_emplois_dans_les_regions_ MDK:23261048~menuPK:3327267~-
defavorisees_de_Tunisie pagePK:34370~piPK:34424~theSitePK:1074931,00.
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Ville de Menzel-Bourguiba – Affichage Public, et
Evaluation citoyenne Suisse
• www.commune-menzelbourguiba.gov.tn
Ville de Genève – Assemblée du conseil municipale
Ville de Monastir – Interventions dans les médias en direct
• www.radiotunisienne.tn/monastir • www.ge.ch/grandconseil/streaming.asp

Ville de Sayada – Portail de la ville


• www.fhimt.com/2012/06/26/sayada-ville-pion-
niere-de-lopendata
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Publié par
Deutsche Gesellschaft für
Internationale Zusammenarbeit (GIZ) GmbH

Siège de la société
Bonn et Eschborn, Allemagne

Coopération des Villes et des Municipalités au Maghreb (CoMun)


Renforcement de la Démocratie locale en Tunisie

B.P. 753 – 1053 les Berges du Lacs


c/o Fédération Nationale des Villes Tunisiennes
76, rue de Syrie
1002 Tunis Belvedère
T + 216 71846232 ; +216 71845966
F + 216 71847454
info@co-mun.net
www.giz.de, www.co-mun.net

Mise à jour
Juin 2014

En cooperation avec
Le Centre de Formation et d’Appui à la Décentralisation (CFAD)
9, rue du développement cité el khadra, 1003, Tunis.
T + 216 71 808 226 ; +216 71 806 870
F + 216 71 807 872
CFAD.doc@email.ati.tn

Auteurs et Rédaction
Agnes Wiedemann, Henda Gafsi

Avec la contribution de
CoMun Tunisie, www.co-mun.net
Dr. Manuela Honegger Heller
Laetitia Erny, Anaïs Huin

Conception
Ira Olaleye

Impression
Imprimerie des Berges du Lac (IBL)

Crédits photographiques
Titre : © GIZ/Mohamed Amine Abassi 
p. 27, 42, 45, 57 : © GIZ CoMun 
p.  71 : © L’Action Associative

Le contenu de la présente publication relève de la responsabilité de la GIZ.

Sur mandat du
Ministère fédéral des Affaires étrangères (AA)
Werderscher Markt 1
10117 Berlin
Tel. + 49 (0) 30 18170

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www.auswaertiges-amt.de

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