Giz2014 FR Democratie Locale Tunisie PDF
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Avant-propos
La Tunisie est aujourd’hui en phase de transition dé- communautaires, des experts, des universitaires et
mocratique. Le pays est engagé dans un processus des décideurs politiques. Il vise le renforcement des
de transformations fondamentales qui s’appuie sur capacités des acteurs locaux pour la mise en œuvre
de grands acquis dont notamment la consécration du processus participatif.
par la nouvelle constitution d’une démocratie locale
participative. L’initiative d’élaborer ce manuel s’inscrit aussi dans
une perspective globale de bonne gouvernance lo-
Sur cette base, la place du citoyen dans l’administra- cale dont les principes portent sur la transparence, la
tion de sa ville prendra de plus en plus d’importance. redevabilité, la proximité de l’action locale associée à
Au-delà du simple électeur, il deviendra acteur entre une réelle participation de la société civile.
les périodes d’élection par le fait d’obtenir le droit
d’être informé sur les affaires de sa collectivité et de A vous tous qui tenez ce document entre les mains,
participer à ses décisions. cette nouvelle édition s’est construite autour d’un
processus participatif, prenant en compte les sug-
Conscient de cet enjeux, le Centre de formation et gestions, les exemples et les remarques des villes tu-
d’appui à la décentralisation CFAD, en collaboration nisiennes. Ce manuel reste ouvert aux futures expé-
avec la coopération allemande GIZ, a élaboré ce ma- riences qui enrichiront la démocratie participative
nuel qui passe en revue les différentes pratiques et en Tunisie. Nous serons heureux de recevoir vos
démarches participatives en faveur des élus locaux, feedbacks.
des représentants de la société civile, des praticiens
Index
Sommaire
Avant-propos ............................................................................................... 2
Index ............................................................................................................. 4
Introduction ................................................................................................. 6
Pourquoi ce manuel ? ................................................................................................................................................. 6
Mode d’emploi ............................................................................................................................................................ 6
Introduction
1
Voir l’article 139 de la Constitution de la République Tunisienne
(2014)
Tunisie | 7
I La démocratie locale et la
démocratie participative
La démocratie locale, la démocratie participative universel, libre, secret, intègre, transparent et di-
et la gouvernance locale représentent les princi- rect, suivant le code électoral portant sur les élec-
paux concepts de ce manuel. Ils fournissent un cadre tions municipales [art 153 et 154]. 2
d’analyse pour comprendre le rôle de la participation
citoyenne dans l’action municipale. `` La « démocratie participative » : les citoyens
sont inclus et participent activement à la ges-
tion des affaires locales et aux prises de décisions
1 La démocratie locale à l’échelle locale (quartier, ville). Les citoyens sont
impliqués dans la vie politique locale, même
La démocratie locale est un système politique qui entre les périodes d’élections. L’aspect participa-
s’organise à l’échelle locale et qui accorde aux ci- tif et le pouvoir de décision des habitants peuvent
toyens un pouvoir politique spécifique qu’ils varier selon les droits politiques locaux en vi-
peuvent exercer au niveau local. Dans l’organisa- gueur et les outils utilisés par les collectivités lo-
tion d’un Etat, la démocratie locale suit la logique cales. 3 Ce manuel se focalise sur cette dimension
de la subsidiarité qui correspond à un transfert de de la démocratie locale.
compétences et de certains pouvoirs de décision
de l’État central vers les collectivités locales. La ges-
tion de l’action publique est alors exercée en partie 2 La démocratie participative
et conjointement avec l’État central par les autori-
tés locales. Ces autorités sont plus proches des terri- Genèse des processus participatifs
toires et sont plus aptes à répondre aux besoins des dans les démocraties
citoyens.
Graphique 1 : Évolution des processus de
Les autorités locales ont donc une certaine marge de démocratie participative
manœuvre pour organiser et définir la participation
des citoyens à la gestion des affaires publiques. La
population et les citoyens sont amenés à participer
aux prises de décisions, à faire valoir leurs intérêts et Depuis 2014, V ème siècle
à participer l’orientation de la politique locale à tra- démocratie par- avant JC, Démo-
ticipative dans la cratie athénienne
vers deux types de la démocratie, qui peuvent simul- Constitution dans la Grèce antique
tanément exister dans une collectivité locale. Tunisienne
4
Ces principes s’inspirent des principes de la bonne gouvernance au niveau local, développés par le Conseil de l’Europe,
www.coe.int/t/dgap/localdemocracy/strategy_innovation/StrategyBrochure_FR_Oct2009.pdf
10 | La démocratie locale et la participation des citoyens à l’action municipale
II La Participation citoyenne
et les processus participatifs
1 La participation citoyenne :
quoi et pourquoi ?
« La participation ne doit pas se limiter à un espace de participation mis à disposition des
citoyens, il faut qu’il y ait un véritable pouvoir d’influence, qui soit pris en considération
par les autorités publiques, et qui se concrétise par des réalisations politiques, mais aus-
si qui soit supporté « d’en bas » par les associations qui poussent les citoyens à exercer leur
pouvoir. La participation authentique demande du temps, de la persistance, un véritable
investissement politique et citoyen. » 5 Marine Hurard, 2011
La participation des citoyens est le levier de la dé- `` Promouvoir une citoyenneté active, éclairée et
mocratie participative. Elle s’inscrit dans une échelle responsable pour une démocratie effective,
entre la démocratie représentative et la démocratie `` Faciliter le dialogue entre les citoyens et la muni-
directe ou de base, allant de l’élection des représen- cipalité, résoudre les conflits et trouver des solu-
tants du peuple à la décision directe des citoyens sur tions,
certaines actions et décisions politiques (par exemple `` Promouvoir la citoyenneté active et l’engage-
à travers des initiatives populaires, la pétition, les as- ment civique auprès des citoyens,
semblées populaires). Au niveau local, la participa- `` Améliorer la gestion de la ville et du développe-
tion citoyenne est un processus qui associe de ma- ment local urbain,
nière active le plus grand nombre de citoyens à la `` Partager la responsabilité du développement lo-
définition et à la mise en œuvre d’un projet collec- cal urbain entre les autorités et les citoyens.
tif dans une localité. La démocratie participative est
surtout utilisée pour participer aux prises de déci- La participation citoyenne peut être impulsée par
sions qui affectent la population locale et les déci- deux dynamiques différentes : « Bottom-Up » ou
sions liées au développement de leur communauté « Top-Down » qui peuvent être complémentaires.
(social, économique, culturel, environnemental, etc.).
Afin de répondre aux attentes des citoyens et évi- `` L’approche « Bottom-Up » ou dynamique ascen-
ter toutes déceptions, les municipalités doivent dé- dante : Les citoyens exercent leur participation
finir clairement le cadre de participation et le rôle de citoyenne à travers leur mobilisation collective,
la société civile dans ces processus. Ceci permettra de positions, plaidoyer et initiatives et influencent
développer un rapport de confiance entre la munici- les autorités publiques dans la mise à l’agen-
palité et les citoyens. da d’un problème spécifique et dans leurs prises
de décisions. Après des années, ces pratiques ci-
En ce sens, la participation citoyenne joue un rôle toyennes peuvent être institutionnalisées par des
central dans le développement de la démocratie et lois et des mécanismes participatifs.
de la gouvernance locale pour plusieurs raisons : `` L’approche « Top-Down » ou dynamique des-
cendante : Les institutions étatiques incitent, fa-
`` Améliorer la transparence dans les décisions poli- cilitent et rendent possibles la participation ci-
tiques et dans la gestion des affaires financières, toyenne à travers des dispositifs, des programmes
`` Améliorer le rapport de confiance entre citoyens officiels et des lois. En ce sens, on parle souvent
et autorités locales et la crédibilité des autorités d’une démarche institutionnelle de la participa-
locales, tion citoyenne. Toutefois, même dans une ap-
proche « Top-Down », être à l’écoute des initia-
tives citoyennes est crucial afin de faciliter les
processus de gouvernance locale. Ce manuel
5
Marine Hurard, La participation citoyenne au développement propose des outils participatifs qui s’inscrivent
durable à l’échelle locale en Europe, Collection Working Paper,
Think Tank Européen pour la Solidarité, 2011, dans cette approche.
http://goo.gl/7tZO86
Tunisie | 11
La Charte constate qu’au niveau local, le droit de Cette autonomie est organisée légalement et ins-
participation peut être exercé de façon plus di- titutionnalisée de la manière suivante. Première-
recte. En ce sens, elle mentionne que « le prin- ment, l´autonomie locale est intégrée dans la Loi
cipe de l’autonomie locale doit être reconnu fondamentale 8 (Art. 28). Dans chaque Land, les
dans la législation interne et, autant que possible, collectivités locales sont considérées comme des
dans la Constitution » 6. Elle stipule plus précisé- collectivités territoriales autonomes jouissant
ment que « le droit de participer à la gestion des du droit d’auto-administration. Cette autono-
affaires publiques fait partie des principes démo- mie communale vise à encourager les échanges
cratiques » 7 et elle souligne l’importance de la « bottom-up » entre les municipalités et les Län-
démocratie locale. der. Deuxièmement, les Länder assument entiè-
rement les responsabilités concernant les tâches
Cette Charte est le premier traité international réservées à l’État car ils possèdent une souverai-
garantissant les droits des collectivités locales et neté et un caractère étatique propre en opposi-
de leurs élus et contraignant les Etats signataires tion aux municipalités qui n´ont pas de constitu-
à l’appliquer. En signant, les Etats se sont engagés tion. L’autonomie locale des Länder leur permet
à respecter et mettre en œuvre ses principes fon- de définir des outils de participation citoyenne
damentaux comprenant le droit des citoyens à différents selon le Land.
participer à la gestion des affaires publiques.
L’État et les Länder en collaboration avec les
`` L’autonomie locale en Allemagne communes placent le citoyen au cœur de l’acti-
vité de la commune afin qu’il ne soit pas seule-
ment un sujet à administrer mais qu’il devienne
un citoyen souverain et un acteur qui prend part
activement à la vie communale. On parle alors
d´une « municipalité des citoyens » où le citoyen
est en même temps client, administrateur, ad-
ministré et acteur politique. Ainsi certaines mu-
L’Allemagne est un Etat fédéral qui se compose nicipalités allemandes ont mis en place des pro-
au niveau régional de seize Länder (similaire à grammes obligatoires et facultatifs visant à
l’organisation de 24 gouvernorats en Tunisie). promouvoir la participation de leurs citoyens
Contrairement à un Etat centralisé, les gouver- par exemple le budget participatif ou des procé-
nements de ces régions jouissent d’une grande dures de consultation ou concertation.
autonomie et d’une souveraineté par rapport au
gouvernement national. Les Länder possèdent `` Le statut de la ville au Brésil
leur propre système judiciaire, leur adminis-
tration, leurs moyens financiers, et des compé-
tences législatives propres dans divers domaines
tels que les services de police, l’enseignement, le
droit communal, les médias, la culture ou l’aide
sociale.
6
Art.2 de la Charte Européenne de l’autonomie locale,
http://conventions.coe.int/treaty/fr/treaties/html/122.htm 8
Entrée en vigueur le 23 mai 1949, la Loi fondamentale allemande
7
Préambule, de la Charte Européenne de l’autonomie locale, (le « Grundgesetz ») est le texte constitutionnel allemand. Il a un
http://conventions.coe.int/treaty/fr/treaties/html/122.htm statut équivalent à la Constitution tunisienne
II La Participation citoyenne et les processus participatifs | 13
1. Décentralisation, autonomie locale des yyArticle 3 : « Le peuple est le dépositaire de la
communes et généralisation des communes souveraineté et la source des pouvoirs qu’il
en Tunisie : exerce à travers ses représentants ou par réfé-
yyArticle 14 : « L’État s’engage à renforcer la dé- rendum. »
centralisation et à l’appliquer sur l’ensemble du yyArticle 34 : « Les droits d’élection, de vote et de
territoire national, dans le respect de l’unité de se porter candidat sont garantis, conformément
l’État. » aux dispositions de la loi. L’État veille à garantir
yyArticle 131 : « Le pouvoir local est fondé sur la représentativité des femmes dans les assem-
la décentralisation. La décentralisation est blées élues. »
concrétisée par des collectivités locales compre- yyArticle 46 : « L’État œuvre à réaliser la parité
nant des municipalités, des régions et des dis- entre la femme et l’homme dans les assemblées
tricts qui couvrent l’ensemble du territoire de élues. »
la République conformément à un découpage yyArticle 133 : « Les collectivités locales sont diri-
déterminé par la loi. » gées par des Conseils élus. Les Conseils munici-
yyArticle 132 : « Les collectivités locales jouissent paux et régionaux sont élus au suffrage univer-
de la personnalité juridique et de l’autonomie sel, libre, direct, secret, intègre et transparent. Les
financière et administrative. Elles gèrent les af- conseils de district sont élus par les membres des
faires locales conformément au principe de la Conseils municipaux et régionaux. La loi élec-
libre administration. » torale garantit la représentativité des jeunes au
yyArticle 134 : Les collectivités locales ont des sein des Conseils des collectivités locales. »
compétences propres, des compétences qu’elles
exercent conjointement avec l’autorité centrale 3. Libertés politiques et mécanismes
et des compétences qui leur sont transférées par de la démocratie participative :
elle. Les compétences conjointes et les compé- yyArticle 31 : « Les libertés d’opinion, de pensée,
tences transférées sont réparties conformément d’expression, d’information et de publication
au principe de subsidiarité. » sont garanties. Ces libertés ne sauraient être sou-
yyArticle 135 : « Les collectivités locales disposent mises à un contrôle préalable. »
de ressources propres et de ressources qui leur yyArticle 32 : « L’État garantit le droit à l’informa-
sont transférées par l’autorité centrale, ces res- tion et le droit d’accès à l’information. L’État
sources étant adaptées aux prérogatives qui leur œuvre à garantir le droit d’accès aux réseaux de
sont attribuées par la loi. » communication. »
yyArticle 137 : « Les collectivités locales gèrent yyArticle 35 : « La liberté de constituer des partis
leurs ressources de manière autonome, dans politiques, des syndicats et des associations est
le cadre du budget qui leur est alloué, selon garantie. »
les règles de la bonne gouvernance et sous le yyArticle 37 : « La liberté de rassemblement et de
contrôle de la justice financière. » manifestation pacifique est garantie. »
yyArticle 139 : « Les collectivités locales adoptent
2. Droits de la démocratie représentative et la re- les mécanismes de la démocratie participa-
présentation politique des femmes et des jeunes : tive et les principes de la gouvernance ouverte
yyPréambule : « Posant les fondements d’un ré- afin de garantir la plus large participation des
gime républicain démocratique et participatif, citoyens et de la société civile à la préparation
dans le cadre d’un État civil où la souveraineté de projets de développement et d’aménage-
du peuple s’exerce, à travers l’alternance paci- ment du territoire et le suivi de leur exécution,
fique au pouvoir, par des élections libres. » conformément à la loi. »
II La Participation citoyenne et les processus participatifs | 15
parités entre régions, communes et quartiers, cuments d´information publique n´est toujours
amélioration des conditions de vie de tous les pas applicable par les fonctionnaires et employés
citoyens, renforcement des capacités de l’ad- de l´Etat).
ministration municipale et régionale, mise en
œuvre progressive des PIC en fonction de l’évo-
lution du processus de transition, nomencla- 4 Les défis de la participation
ture de projets intégrant la redéfinition des
rôles à venir entre Etat et collectivités locales et L’instauration de la démocratie participative dans
la promotion de la coopération intercommu- une commune nécessite une bonne réflexion et
nale, une préparation en amont. Il est utile de se poser les
yyLes étapes d’élaboration des PIC, questions suivantes :
yyLa distribution des responsabilités entre les
municipalités, les gouvernorats, les ministères `` Quelle marge de manœuvre dispose la commune
de l’Intérieur, des Finances, du Développement, pour réaliser la participation citoyenne ?
yyLe calendrier d’élaboration des PIC, `` Quelle opportunité locale (sociale, politique et
yyLa nécessité de maîtriser les méthodes et outils économique) existe-t-il pour instaurer la partici-
de la participation, pation citoyenne ?
yyLes conditions et modalités de mise en œuvre. `` Quels mécanismes et outils sont les plus adap-
tés au contexte spécifique (ville et région en Tu-
Remarque : En avril 2014, un protocole d´entente nisie) ?
a été signé par tous les acteurs clés (DGCPL, CPSCL, `` Quels acteurs publics et privés et de la société
CFAD, FNVT) sous l´autorité du ministère de l’Inté- sont impliqués ?
rieur afin de favoriser l’introduction des processus `` Quelle expertise est requise pour instaurer un
participatif dans le nouveau cycle de PIC. 12 outil ou dispositif spécifique de participation ci-
toyenne ?
`` Libre accès à l’information publique `` Quelles ressources financières sont nécessaires
Suite aux évènements de janvier 2011, l’État Tu- pour instaurer cet outil de participation ci-
nisien a impulsé des démarches pour faciliter le toyenne ?
libre accès à l’information publique. Ainsi, « la `` Comment cet outil sélectionné répond le mieux
Tunisie a été le 2ème pays arabe après la Jordanie à la réalisation de l’intérêt général ?
à adopter une législation régissant le droit d’ac- `` Quel est la durabilité de cet outil et comment
cès aux documents administratifs, par le biais du peut-il garantir la démocratie participative à
décret-loi n° 2011-41 promulgué le 26 mai 2011. long terme ?
Deux ans après sa promulgation, le délai accor- Toutefois, une bonne préparation n’est pas suffi-
dé par l’article 22 aux organismes publics pour sante. De nombreux défis doivent être surmontés
se conformer aux dispositions de ce décret-loi lors de la mise en place des mécanismes de participa-
est achevé » 13. Cependant, d’autres réformes de- tion citoyenne : 14
vraient encore être mises en place afin de per-
mettre l´application de ces nouvelles normes `` Le défi de répondre aux attentes des citoyens
juridiques (ex. le droit de fournir et rendre des do- Peu impliqués dans les actions publiques locales
au cours des dernières décennies, les citoyens
ont de nombreuses attentes envers la participa-
12
Basant sur le « guide méthodologique », un comité de pilotage
tion active. Les citoyens qui ont investi du temps
et une unité d`opérationnalisation vont suivre la mise en œuvre dans un processus participatif (par exemple, pré-
du processus
13
Tunivisions.net, « Tunisie, Associations :
14
Tunisie, pour un meilleur accès à l’information », Blondiaux Loïc, « Démocratie locale et participation citoyenne :
http://goo.gl/xZCeDf la promesse et le piège », Mouvements, 2001/5 no18
II La Participation citoyenne et les processus participatifs | 17
sence dans une réunion pendant le weekend et même s’adresser à un groupe cible (ex. budgéti-
leurs soirées privées) veulent voir des résultats. sation sensible au genre ou budget participatif de
Les municipalités doivent donc définir un cadre jeunes).
très clair dès le départ et expliquer les modali-
tés de participation et le rôle des citoyens dans le `` Le défi de l’intérêt général et de la production
processus décisionnel (consultatif, concertation des biens communs
ou codécision). Ce travail de cadrage permettra de La démocratie participative a pour but, entre
limiter les attentes des citoyens envers la munici- autres, de répondre aux besoins des citoyens dans
palité, ainsi que de réduire leur déception ou mé- un intérêt général (ex. l’intérêt de l’ensemble de
contentement lors de la décision finale prise par la communauté et de la ville) et d’assurer l’ac-
le conseil municipal. cès aux biens communs pour tous (ex. eau, trans-
port, etc.). Toutefois, certains outils participatifs
`` Le défi de la crédibilité et de la confiance peuvent être utilisés par un groupe spécifique qui
La crédibilité des autorités et la confiance des ci- travaille dans son propre intérêt au lieu d’agir en
toyens envers ces dernières sont les deux piliers faveur du bien de tous. Au cours de l’instauration
fondamentaux pour la démocratie participative. d’un outil de participation citoyenne, il est alors
Ils garantissent un engagement continu des ci- nécessaire que la voix, l’opinion et les besoins de
toyens à la prise de décision et à la gestion des af- tous soient pris en compte afin de garantir la légi-
faires locales, par exemple le paiement des im- timité des prises de décisions.
pôts. Toutefois, en Tunisie, pendant des années, la
commune a été éloignée des citoyens et ces der- `` Le défi de l’intersectorialité et de la solidarité
niers ne voient guère la nécessité de s’engager entre quartiers
pour leur commune et le bien de leur ville. Il est La démocratie participative se base sur la réalisa-
alors nécessaire de restaurer et d’améliorer cette tion de l’intérêt général alors que certains outils
confiance par la mise en place d’une politique participatifs peuvent parfois sectoriser certains
plus juste, par le renforcement du sens des res- débats ou projets par thématique et par quar-
ponsabilités à travers les résultats rendus et par tier. Ces découpages peuvent fragiliser les prises
une communication transparente et efficace. de décision interdisciplinaires ou l’élargissement
des échelles au-delà de la ville ou de la commu-
`` Le défi de l’inclusion et de la représentativité nauté. L’harmonisation des points de vue et des
démocratique intérêts à l’échelle de la ville et la solidarité entre
La démocratie participative se veut inclusive les quartiers d’une ville constitue un sérieux dé-
c’est-à-dire qu’elle prend en compte l’ensemble fi à relever.
des catégories de la population indépendamment
de leur genre, âge, origine ou appartenance so- `` Le défi de coordination entre l’administration
ciale. En effet, certains groupes peuvent être ex- et les divers acteurs
clus des espaces de participation et de prise de Aujourd’hui, il existe un large éventail d’outils
décision à cause de leur appartenance sociale ou participatifs et leur mise en place peut nécessi-
de leur place dans la société. Il est alors nécessaire ter une technicité importante, parfois complexe à
de renforcer les capacités de certains groupes de gérer. Il est alors nécessaire de prendre en compte
personne afin qu’ils prennent la parole en public, cette complexité dans la mise en place des es-
participent aux prises de décision (empowerment) paces de débat et de consensus, du suivi effectif et
et assurent leur présence et point de vue dans les efficace des débats et des demandes de la popula-
espaces de participation. Chaque outil de parti- tion. Il est conseillé de déléguer à des experts ou
cipation doit surmonter ce défi. Certains méca- des personnes d’expérience la mise en place du
nismes, comme le budget participatif, peuvent processus participatif et de prévoir des moyens
logistiques et financiers pour en assurer sa réus-
site.
18 | La démocratie locale et la participation des citoyens à l’action municipale
Cette Charte définit également les acteurs de la démocratie participative, les orientations que la communauté
urbaine s’engage à prendre et les modes de mise en œuvre et d’évaluation de ces engagements.
2 Rôle d’une société civile active et fondations privées. » 16 La société civile se compose
d’une pluralité d’intérêts et d’opinions qui coexistent
dans la gestion des affaires locales et se respectent dans le but d’un intérêt général.
Le concept de société civile peut être défini comme Au niveau local, la société civile contribue à pro-
« un large éventail d’organisations non gouverne- mouvoir la démocratie participative et à améliorer la
mentales et à un but non lucratif qui animent la vie gouvernance locale. La société civile est particulière-
publique, et défendent les intérêts et les valeurs de ment importante pour les communes :
leurs membres ou autres, basés sur des considéra-
tions d’ordre éthique, culturel, politique, scienti-
fique, religieux ou philanthropique. Le terme organi- `` Elle peut accompagner l’action municipale par
sations de la société civile (OSC) fait donc référence des programmes d’information, de sensibilisation
à un vaste éventail d’organisations : groupements et d’éducation des citoyens,
communautaires, organisations non gouvernemen-
tales (ONG), syndicats, organisations de popula-
tions autochtones, organisations caritatives, orga-
nismes confessionnels, associations professionnelles
15 16
www.grandlyon.com/fileadmin/user_upload/Pdf/participa- Définition utilisée par la Banque Mondiale et mise au point par
tion/20030715_gl_charteparticipation.pdf, plusieurs centres de recherche,
p. 6 http://goo.gl/E4htLz
Tunisie | 19
`` Elle peut faciliter l’expression de l’opinion pu- civile agit en tant que contre-pouvoir et dénonce
blique en s’impliquant dans la consultation et la les problèmes existants. Elle agit à travers des ac-
concertation et en contribuant à faire émerger les tions de dialogue, de négociation, de plaidoyer ou
points de vue, les consensus et les agendas, de protestation.
`` Elle peut influencer la décision sur des sujets pré-
cis de la vie locale en actionnant les mécanismes `` Retour et Feedback
de dialogue et de plaidoyer auprès des décideurs La société civile joue également un rôle de re-
municipaux et nationaux. lais entre les citoyens et les collectivités locales
Les relations entre municipalités et associations et de facilitateur dans les prises de décision de la
sont variées et ne sont pas nécessairement de na- commune. En ce sens, la société civile assure que
ture conflictuelle ou basée sur un rapport de force. la pluralité des intérêts et des opinions présents
Les municipalités peuvent financer des associations, dans une ville soit prise en compte par les auto-
elles peuvent passer des accords de travail pour me- rités. Dans cette position d’intermédiaire/mé-
ner des actions communes, elles peuvent établir des diateur, la société civile facilite l’expression, la
contrats. Dans certaines situations, l’association est formation et la structuration des opinions, des at-
une forme juridique qui prolonge l’appareil munici- tentes et des plaintes des citoyens. Elle peut éga-
pal et dont la responsabilité de fonctionnement re- lement agir en tant que force de proposition
lève du maire (exemple de certaines ASM – Associa- pour amener des solutions aux problèmes dans
tions de Sauvegarde de la Médina en Tunisie). Dans
une ville. Des associations peuvent par exemple
ce cas, l’association rentre dans les accords de parte-
contribuer à mettre en place des interfaces infor-
nariats public-privés et doit recevoir les ressources
nécessaires afin d’accomplir les missions qui lui sont matisées entre les citoyens et la municipalité. 17
attribuées. Ces missions peuvent être la gestion de Ce travail de facilitation se fait à deux niveaux,
services urbains (services de transport, de gestion de soit entre la société civile et les citoyens à travers
déchets) ou de services sociaux par exemple. leurs activités d’écoute, d’observation et de sen-
sibilisation, soit entre la société civile et les col-
Toutefois, une société civile indépendante est un en- lectivités locales dans le cadre des dispositifs de
jeu majeur. Elle joue le garant du bon développe- dialogue existants (bureau des associations, per-
ment de la démocratie. La commune doit garantir la sonnel dédié à cette mission, réunions pério-
protection des droits et rôles de la société civile qui diques ou spécifiques).
peut se positionner à la fois comme observatrice, ac-
trice de contre-pouvoir, médiatrice, facilitatrice ou
`` Soutien à la municipalité dans les processus
encore actrice de soutien à l’action communale. Ce-
de participation
ci permet d’assurer une citoyenneté active et un rap-
port de confiance entre autorités et citoyens. La force Bien que convaincues de l’intérêt d’une gouver-
de la société civile dépend donc en partie du cadre nance transparente et participative, les collectivi-
fixé par l’État. tés locales ont besoin d’être soutenues. Les orga-
nisations de la société civile peuvent renforcer les
`` Observation, vigilance et contre-pouvoir compétences des collectivités locales en matière
La société civile joue un rôle majeur en tant que de participation vu leurs expériences concrètes
« gardienne de la cité ». Elle remplit une fonc- avec les citoyens. Avec cet appui, les communes
tion d’observation et d’analyse des réalités lo- sont mieux dotées pour mettre en place des dis-
cales en étant attentive à la bonne santé de la ville positifs institutionnels et des outils de participa-
et de ses habitants, aux principes du vivre en- tion citoyenne. En ce sens, les organisations de la
semble, à la protection des droits humains dans société civile peuvent contribuer à mieux organi-
la ville, à l’équité sociale, au respect des règles ser la participation citoyenne dans une commune
d’une bonne gouvernance et de l’exercice d’une en facilitant :
citoyenneté active et responsable. De plus, si cer-
tains droits socio-économiques, politiques ou en-
vironnementaux ne sont pas respectés, la société 17
Voir le chapitre « Outils de participation », p. 22
20 | La démocratie locale et la participation des citoyens à l’action municipale
1. L’accès à l’information : d’une part, les asso- le plan qualitatif, la dynamique actuelle de la société
ciations et autres composantes de la socié- civile tunisienne demeure difficile à évaluer. Toutes
té civile peuvent aider à fournir, vérifier, faire les associations ne sont pas nécessairement actives et
celles qui le sont rencontrent des difficultés à travail-
valider et vulgariser l’information sur l’état et
ler ensemble. En effet, il est souvent difficile de coor-
les perspectives de développement de la ville
donner les actions menées avec les autres acteurs lo-
et de ses habitants. D’autre part, la société ci- caux, et de développer une stratégie basée sur une
vile peut aider à disséminer des informations vision long-terme. Ces difficultés s’expliquent égale-
à travers l’action associative, les outils de com- ment par leurs niveaux et domaines d’intervention
munication gérés par l’association (médias lo- très divers. Parmi les associations créées après la ré-
caux, sites web) ou conjointement par l’asso- volution, un grand nombre répond aux besoins pré-
ciation et la municipalité (portail de ville), ou cis de la transition tunisienne, par exemple, la pour-
encore à travers des supports d’information suite de l’action citoyenne après les premiers mois de
plus classiques (flyers, affichages, brochures, la révolution, l’accompagnement des élections et le
livres) 18. processus d’élaboration de la nouvelle constitution. 20
2. La collaboration dans la conduite des pro-
cessus de participation à toutes les étapes `` Différentes formes organisationnelles
(identification, planification, mise en œuvre de la société civile
et suivi des projets municipaux) : les associa- Les organisations de la société civile impliquent
tions ou autres organisations de la société ci- les citoyens dans la vie locale et sous différentes
vile sont en position de partenaires avec la formes organisationnelles :
commune et apportent leur contribution au
processus par diverses formes : définition de yyRéseaux d’associations : c’est un ensemble
charte de la citoyenneté, mobilisation sociale, d’acteurs regroupé par thématique qui vise à
animation et facilitation de la participation, coopérer entre eux et parfois avec les services
expertise, suivi-évaluation, contribution à la concernés au sein de la commune. Le réseau
mise en œuvre des projets. soutient l’ensemble de ses membres dans le dé-
3. La formation du personnel municipal et des veloppement de compétences diverses telles
citoyens dans la maîtrise des techniques de que l’information, la formation ou le lobbying.
participation à travers des sessions de forma- En Tunisie, il existe des groupes de jeunes sous
tion, des guides et des échanges d’expériences. forme de réseau sans statut institutionnel. Ces
groupes se réunissent et travaillent autour de
3 Les acteurs de la société civile thématiques ou actions communes.
yyOrganisations Non-Gouvernementales
en Tunisie (ONG) : organisations d’intérêts publics qui ne
Après la révolution tunisienne, la société civile (SC) relèvent ni de l’État, ni d’une institution inter-
joue un rôle historique en contribuant à l’émergence nationale. Elles sont majoritairement financées
de pouvoirs locaux forts, avec des villes et des villages par des fonds privés donc ont une indépen-
apaisés, prospères et solidaires dans un environne- dance financière et politique. De nombreuses
ment sain et attractif. On peut parler d’une nouvelle ONGs œuvrent pour la défense des droits hu-
ère de dynamiques associatives. Sur le plan quantita- mains, luttent contre la pauvreté et l’exclusion,
tif, on note que depuis la révolution, le nombre d’as- pour la protection des enfants et de l’environ-
sociations a augmenté de manière vertigineuse 19. Sur nement. On peut également citer ici les organi-
sations caritatives.
18
Voir exemple de la ville de Sayada, p. 35
19
Selon le Centre d’Information, de Formation, d’Etudes et de
20
Documentation sur les Associations en Tunisie (IFEDA) le nombre Rapport de Diagnostic sur la Société Civile tunisienne, Mission
d’association est passé de 9969 associations en 2010 à 14729 de formulation-Programme d’Appui à la Société Civile en Tunisie,
début 2013 ; soit une augmentation de 50 % en deux ans Mars 2012
III Le rôle de la citoyenneté et d’une société civile active | 21
yyAssociations à but non lucratif : organisation comme les associations des étudiants, des amis
qui jouent un relais et est le porte-parole des re- de Tozeur, association pour la promotion de la
vendications de la population. Elles visent à re- culture arabe, associations des jeunes artistes.
grouper un ensemble de citoyens dans le but de yyAssociations défendant un intérêt spécifique :
représenter leurs intérêts, faire entendre leur associations qui défendent un intérêt spéci-
voix, faire respecter leurs droits et répondre fique comme la ligue des droits de l’Homme,
à leurs besoins. En Tunisie, plus de 5000 asso- pour la défense de la médina, pour la sauve-
ciations ont vu le jour au cours de ces trois der- garde de nos plages, etc.
nières années. yyInstituts universitaires et instituts de re-
cherche : les chercheurs dans divers domaines
`` Organisations de la société civile (sciences sociales, la biologie, l’économie) se re-
par groupes d’intérêt groupent pour nourrir certains débats tech-
Les organisations de la société civile impliquent niques, sociaux ou environnementaux et éclai-
les citoyens dans la vie locale sur la base de divers rer les différentes parties prenantes sur le sujet
groupes d’intérêt. traité.
yyAssociations pour un groupe spécifique : asso- yyOrganisations syndicales : organisations de la
ciations qui s’organisent sur la base d’une iden- société civile défendant les droits et les intérêts
tité et appartenance socio-culturelle spécifique des travailleurs et des salariés.
La participation citoyenne peut s’effectuer par de `` Quel est l’objectif du processus participatif ?
multiples formes et à travers plusieurs niveaux d’im- `` Quel outil permet de répondre au mieux à
plication des citoyens dans les prises de décision mu- ces objectifs ?
nicipales (voir graphique 2). Les citoyens participent
`` Quels sont les rôles et le pouvoir de la municipa-
de manière directe ou indirecte à la gestion des af-
lité et de la société civile lors du déroulement du
faires locales, dépendamment des outils sélectionnés
et choisis par les municipalités. processus ?
`` Quels sont les étapes et délais à respecter ?
Avant de mettre en place des mécanismes de parti- Quelles sont les ressources nécessaires ?
cipation citoyenne et de sélectionner les outils né-
cessaires, il est important de se poser certaines ques-
tions telles que :
Démocratie
participative
Codécision
Consultation
Information
Démocratie
représentative
La participation se structure autour de quatre éche- formé ne donne pas automatiquement aux ci-
lons : toyens les moyens d’agir et de contribuer à la
gestion des affaires locales.
1. Information : la collectivité locale met à disposi-
tion et rend public des informations concernant 2. Consultation 25 : la collectivité locale informe
la gestion des affaires locales et portant sur l’inté- les citoyens sur des questions et projets précis
rêt général. C’est une étape primordiale et préa- et leur demande leur avis et retour. Les citoyens
lable à toute démarche participative. Les citoyens se trouvent dans une position d’observateur. La
ne participent pas directement à la prise de déci- consultation permet à la collectivité locale de
sion, mais ils sont informés. Cependant être in- connaître la qualité de leur service, les consé-
24
Inspiré du graphique « Les differents niveaux d’implication du
citoyen en démocratie » de Jodelle Zetlaoui-Léger et Pierre
Dimeglio, 2002.
Tunisie | 23
quences de leurs décisions politiques et leur per- aux mécanismes de démocratie directe. Une
met d’orienter leurs choix selon les avis des ci- codécision n’est possible seulement s’il existe un
toyens. La consultation peut être préalable et bon rapport de confiance entre citoyens et collec-
aide les collectivités locales à éclairer certains as- tivités locales. La codécision prend forme de deux
pects. Toutefois, les collectivités locales ne sont manières :
pas contraintes à prendre en compte et inclure les
opinions et observations des citoyens dans leurs yyLa coproduction ou le partenariat : c’est l’élabo-
décisions. ration conjointe d’un projet. Les citoyens parti-
cipent à la réalisation du projet avec les techni-
3. Concertation 26 : la collectivité locale propose ciens et élaborent ensemble des solutions,
d’engager un dialogue avec la population et elle yyLa délégation : la collectivité locale délègue une
crée les espaces à cette fin. Les citoyens sont in- partie de leur pouvoir aux citoyens et acceptent
formés d’un projet ou d’une décision à prendre de s’engager dans des décisions prises par ces
et ils ont la possibilité de proposer des idées et de derniers.
se faire entendre. La collectivité locale est tenue Remarque : Il est important de rappeler que ces quatre
d’associer les propositions des citoyens dans leur niveaux de participation ne sont pas nécessairement
décision). exclusifs et peuvent se compléter. De plus, ces outils
n´ont pas pour objectif de subsister aux décisions du
4. Codécision : la collectivité locale et les citoyens conseil municipal (qui garde son pouvoir souverain),
prennent des décisions conjointes sur certaines mais de soutenir ce dernier afin de gérer la ville d’une
questions ou enjeux de gestion des affaires lo- manière plus inclusive, de garantir une légitimité dé-
cales et de politique locale. Cette échelle renvoie mocratique et d’améliorer la crédibilité des collectivi-
tés locales.
25, 26
Dans ce chapitre, les échelles de Consultation et de Concerta-
tion se regrouperont dans la même partie. Ceci s’explique par le
fait que certains outils présentés dans ce manuel peuvent être
à la fois utilisés à visée consultative ou pour des processus de
concertation citoyenne.
24 | La démocratie locale et la participation des citoyens à l’action municipale
Tableau 1 : Les outils de participation selon les différentes échelles d’implication
Outils Objectifs
Stratégie et plan de communication Améliorer l’efficacité de la communication avec les
citoyens, assurer l’accès à l’information et améliorer
le rapport de confiance.
Affichage public Diffuser les informations aux citoyens et les sensibi-
liser sur certains sujets.
Information
Portail de la ville et médias sociaux Diffuser de l’information, répondre aux attentes des
acteurs locaux et des citoyens, et renforcer la qualité
de communication.
Médiation – la table ronde Réunir les différentes parties en conflit pour aboutir
à un compromis ou à une solution sur une question,
un enjeu ou projet précis.
Participation citoyenne Décisions des citoyens sur les dépenses d’une ligne
à la budgétisation budgétaire déterminée par la commune, améliorer
le rapport de confiance ainsi que les infrastructures
et équipements d’une commune.
IV Les outils de la participation citoyenne | 25
1 L’information
(Espace citoyen
à Siliana, 2014)
Une stratégie de communication est une démarche La communication locale d’une commune améliore
adoptée par une institution afin de faire passer un la transparence des actions municipales et inspire
message précis et réfléchi concernant un sujet, un la confiance. Par une communication stratégique et
enjeu, une décision ou un projet. Dans ce manuel, la bien planifiée, la commune assure une communi-
stratégie de communication doit permettre à la mu- cation positive sur sa politique, ce qui peut encou-
nicipalité de créer un lien avec les citoyens. Elle est rager les citoyens à livrer du feedback et ainsi facili-
exécutée à travers un plan de communication pré- ter l’identification de leurs besoins. Une information
cis pour chaque action de la municipalité. Autrement régulière et de qualité améliore la gouvernance des
dit, une stratégie de communication recouvre l’en- communes et permet aux citoyens d’accéder aux in-
semble des actions de communication menées par la formations. 27 Une bonne stratégie de communica-
commune. Elle a pour but de favoriser l’adhésion des tion garantit que les citoyens saisissent davantage
citoyens aux décisions de la municipalité ainsi que les enjeux d’intérêt général et s’impliquent dans la
de mobiliser l’ensemble des acteurs locaux. gestion des actions locales. Ainsi, la commune fait
preuve de proximité, de transparence, de continuité,
Aperçu d’actualité et de primauté du droit.
Remarque : Il est indispensable que tous les té civile pour expliquer et discuter des choix et
membres de la cellule de communication soient des orientations de cette stratégie et plan de com-
formés dans les domaines de rédaction des publica- munication. Les suggestions et propositions des
tions d’information, d’écriture professionnelle et de membres de la société civile sont intégrées. A tra-
présentation des dossiers. vers cette étape, la commune valorise l’aspect
participatif de la stratégie et du plan de commu-
`` Etape 2 : Mission et cahier des charges nication.
de la cellule de communication
Après avoir été formés, les membres de la cel- `` Etape 4 : Mise en place et suivi de la stratégie
lule de communication reçoivent un cahier des Lorsque la stratégie est finalisée, la cellule de
charges comprenant les éléments suivants : communication doit s’assurer de la mise en
œuvre de la stratégie, ainsi que de son efficacité et
yyÉlaborer et proposer une stratégie et un plan de efficience. Ceci peut être mesuré par des évalua-
communication par action ou projet, en se ba- tions régulières.
sant sur les décisions prises par le conseil mu-
nicipal.
yyDéfendre la stratégie et le plan de communica- CONSEIL
tion par action ou projet devant le conseil mu- Un des éléments important d’une stratégie de com-
nicipal. munication communale concerne le plan de marke-
yyAssurer la mise en œuvre et le suivi de toutes les ting territorial. Il s’inscrit sur le territoire commu-
opérations et veiller au respect des étapes de la nal, donne une image attractive de la ville, attire les
planification définies dans la stratégie et plan investissements, partage les expériences et renforce
de communication. la participation citoyenne.
yyRéfléchir et faire des propositions sur la poli- La création d’une cellule de communication com-
tique globale de la communication communale. posée de personnel qualifié dans le domaine de la
communication est une des clés de réussite de la
`` Etape 3 : Participation citoyenne à la stratégie formulation de la stratégie de communication.
et plan de communication
La définition des publics visés permet de cibler les
Avant de lancer une stratégie et un plan de com- divers objectifs et orientations de la stratégie de
munication, il est conseillé d’organiser une jour- communication.
née de rencontre entre la commune et la socié-
30 | La démocratie locale et la participation des citoyens à l’action municipale
Bonnes Pratiques
Pour répondre à ces objectifs, des actions ont été mises en place telles que
des conférences de presse du maire réalisées en synchrone sur les trois
radios locales, les parutions d’articles sur le PDC dans les organes
de presse locale et nationale ou encore l’émission radiophonique
Burkina Faso
Koudougou
« l’heure du développement communal ».
2829
28
Atelier de réflexion et de planification sur la bonne gouvernance
démocratique locale, Programme GIZ-CoMun Tunisie, Rapport de
l’atelier d’octobre 2012
29
Stratégie de communication de Koudougou,
www.mairie-koudougou.bf/laville/pscommunication.html
www.mairie-koudougou.bf/plan_strateg_dev_kdg.pdf
IV Les outils de la participation citoyenne : 1 L’information | 31
L’affichage dans les espaces publics est un moyen ef- Sachant que les délais d’attente à la poste ou à la mai-
ficace pour informer les citoyens sur une théma- rie varient de 10 à 25 minutes, l’affichage dynamique
tique ou un sujet précis en lien avec les activités de la permet de communiquer avec les citoyens lorsqu’ils
municipalité (ex : ouverture d’une nouvelle ligne de attendent dans un lieu et sont disponibles à recevoir
bus). Il existe différents types d’affichage (affiche pa- des informations. Ces informations peuvent conte-
pier, panneau publicitaire, support numérique, ani- nir des renseignements sur la commune (ex. horaire
mation et vidéo). Parmi ceux-ci, l’affichage dyna- d’ouverture des services municipaux) ou sur ses dif-
mique est un nouvel outil peu coûteux, permanent férents services communaux. La commune peut uti-
et très efficace. Cette forme d’affichage numérique, liser l’affichage dynamique pour informer des ci-
réalisée et programmée par ordinateur, diffuse des toyens sur les projets en cours ou à venir, ainsi que
informations sur des écrans placés dans des espaces sur les différents services communaux proposés.
publics ou dans des bâtiments municipaux, pour in- C’est une manière de rendre les informations trans-
former les citoyens sur les activités, les actions et les parentes, accessibles rapidement et de favoriser un
services municipaux mis à leurs dispositions. L’affi- lien de proximité avec les habitants.
chage dynamique est réalisé par la signalétique assis-
tée par ordinateur. De quoi a-t-on besoin ?
Bonnes Pratiques
Le « Portail de Ville » est le site internet de la ville. Un portail de ville dynamique ou les médias sociaux
Il permet à la municipalité de diffuser des informa- permettent de toucher quotidiennement des cen-
tions aux citoyens sur les actualités ou encore sur taines, voire des milliers de citoyens avec des infor-
les projets et activités en cours et à venir au sein de mations à jour et spécifiques sur les activités de la
la commune (clubs de sports, associations, commer- commune. Ces outils fournissent à la commune :
çants). La page internet peut également offrir de
nouvelles fonctionnalités, notamment à travers les `` Une adresse de visite virtuelle inclusive et
dispositifs de Web 2.0, qui renforcent la convivialité non-discriminatoire,
et l’interactivité entre les divers acteurs locaux. Plus `` Une présence permanente et détaillée,
spécifiquement, les médias sociaux, comme face- `` Un établissement ouvert 24h/24h et 365 jours par
book et twitter, offrent une nouvelle fenêtre d’op- an avec simplicité et facilité d’utilisation,
portunité pour informer et communiquer directe- `` Une meilleure rapidité, réaction, simplicité et fa-
ment avec les citoyens et répondre individuellement cilité d’utilisation des services,
à leur question. `` Une crédibilité et confiance améliorée,
`` Une amélioration de la participation, de l’inter-
Aperçu vention et de l’engagement des citoyens,
`` Une possibilité de mise en œuvre des pratiques
Objectifs d’une « bonne » gouvernance :
Diffuser de l’information, créer une interaction avec
a. Transparence et accès à l’information : mise à
les acteurs locaux et les citoyens et renforcer la quali-
disposition des citoyens (ex. Procès-Verbaux
té de sa communication.
de réunion du Conseil Municipal, stratégie de
Champs thématiques développement, décision sur le budget, etc.).
La page internet et les médias sociaux d’une ville b. Réceptivité : être à l’écoute de la suggestion et
s’adressent à ses citoyens et aux acteurs en lien avec être flexible pour s’adapter aux besoins évolu-
la municipalité. Toutefois, ces canaux de communica- tifs des citoyens.
tion incluent également un public qui va au-delà de c. Prospective : la municipalité peut anticiper
la commune, ce qui améliore sa visibilité sur d’autres
les problèmes qui se posent à partir des don-
échelles territoriales.
nées disponibles et des tendances observées
Conditions à travers les interactions avec les citoyens sur
Cet outil nécessite de solides connaissances tech- le site.
niques, d’un informaticien au sein de la commune et
d’un suivi régulier des commentaires publiés sur les De quoi a-t-on besoin ?
médias sociaux.
Périodicité `` Analyser et réévaluer les procédures de travail
La page internet doit être alimentée de façon hebdo- pour fournir des prestations de service de qualité
madaire pour retenir l’attention des citoyens. Les mé- à travers la page internet ou les médias sociaux,
dias sociaux doivent être alimentés quotidiennement. `` Évaluer les risques de l’utilisation des Techno-
logies de l’Information et de la Communication
dans les prestations des services communaux,
`` Instaurer une culture Web dans la commune,
`` Gérer quotidiennement la communauté virtuelle
à travers le soutien d’un responsable technique
spécialisé en communication en ligne.
34 | La démocratie locale et la participation des citoyens à l’action municipale
Bonnes pratiques
Sayada est la première municipalité de Tunisie à disposer d’un site Open Data. La ville de
Sayada cherche par ce biais à renforcer la participation des habitants à la vie de la com-
mune. Les budgets sont publiés sur le site afin de prévenir les citoyens de la situation fi-
nancière difficile de leur commune et pour justifier le peu d’actions mises en place par la
ville. Cette dernière a aussi effectué un sondage sur son site internet pour répondre aux
attentes des citoyens qui avaient exprimé leur mécontentement après la rénovation d’un
rond-point décidé par la mairie. 800 personnes ont voté. Cette anecdote symbolise l’es- Sayada
prit de Sayada, une ville qui se veut pionnière dans le domaine de l’open-gouvernance.
Tozeur
Page facebook de la commune de Tozeur 31
La commune de Tozeur
a créé une page face-
book à travers laquelle
elle communique de
façon interactive et quo-
tidienne avec les citoyens
de la commune. A travers
cette page, la commune
communique directement
avec les citoyens. Par exemple,
elle poste des commentaires sur les
enjeux environnementaux de la commune et
sensibilise ses citoyens sur l’utilisation de panier
en osier pour remplacer l’usage du sac plastique.
Tozeur a également reçu le 1er prix de « Open-
GovTV » pour la « commune la plus ouverte en Tunisie 2014 » et a été félicité de leur mode de gouvernance inno-
vant.
3031
30
Portail de la ville de Sayada,
www.villedesayada.tn
31
Page facebook de Tozeur,
http://goo.gl/0hjxqp
36 | La démocratie locale et la participation des citoyens à l’action municipale
`` Etape 2 : Collaboration régulière avec les voyés, nombre d’articles de presse publiés sur
médias locaux les municipalités et nombres d’interventions
yyLa cellule de communication fournit régulière- dans les médias par les acteurs des municipali-
ment des informations aux médias locaux. tés.
yyLe maire et les membres du conseil municipal
participent régulièrement aux émissions.
CONSEIL
yyLa cellule de communication assure une com-
munication réactive et proactive après chaque zz Il faut bien évaluer les moyens techniques, fi-
intervention dans les médias. nanciers et les ressources humaines disponibles
pour assurer la mise en place d’une cellule rela-
tions-médias à la commune.
`` Etape 3 : Évaluation de la collaboration avec les
zz L’équipe chargée de communication est ame-
médias locaux
née à avoir un bon carnet d’adresses et de l’en-
yyLa cellule de communication fait un suivi de tretenir.
la stratégie et plan de communication avec les zz Identifier les principaux acteurs médiatiques lo-
médias et évalue les résultats en termes de cou- caux.
verture et qualité de communication dans une zz Cibler les différents types des médias locaux (ra-
revue de presse. dio, presse écrite, presse électronique) et les ré-
yyL’évaluation de la collaboration avec les médias seaux sociaux, notamment les blogs.
locaux va être mesurée par les indicateurs sui- zz N’oubliez pas de préciser, dans le communiqué
vants : nombre de communiqués de presse en- de presse, la personne-contact de la commune
ainsi que ses coordonnées pour « centraliser » les
demandes des journalistes.
zz Il est conseillé de faire, après l’envoi du com-
muniqué de presse, un suivi et une relance télé-
phonique des journalistes pour augmenter votre
couverture médiatique potentielle.
Bonnes pratiques
32
WebTV de Marseille,
www.marseilletv.fr/sitevideo/jsp/site/Portal.jsp
33
Radio Monastir,
www.radiotunisienne.tn/monastir
38 | La démocratie locale et la participation des citoyens à l’action municipale
des élus et de comprendre qui est responsable, `` Etape 2 : Déroulement de la réunion du
pour quelle décision politique. La commune et conseil municipal ou des commissions du
les citoyens peuvent collaborer. conseil municipal
`` Informer un large nombre de citoyens : les ci- yyLe conseil municipal doit respecter l’ordre du
toyens sont informés en temps réel sur la gestion jour.
des affaires locales et sur les décisions majeures yyLe conseil municipal doit expliquer le déroule-
concernant leur localité (ex. budget ou investisse- ment de la séance.
ment communaux). En utilisant le « live-stream- yyIl est conseillé pour les élus de maîtriser les ou-
ing » 37, les séances du conseil municipal peuvent tils de communication.
être accessibles par un plus grand nombre de la yySi le public assiste aux réunions, il est conseil-
population. lé de prévenir des agents de sécurité ou la po-
`` Le « live-streaming », un outil de diffusion en lice pour s’assurer du bon déroulement de la
direct : il permet de diffuser des séances ouvertes séance.
sur internet avec peu de moyens. Le cadre légal yy Lors des assemblées des commissions du
est déjà existant (art. 39). La mise en ligne permet- conseil municipal, les citoyens peuvent propo-
tra également de susciter l’attention des jeunes. ser des idées et des projets dans le domaine de
la commission, pendant que les autorités les
De quoi a-t-on besoin ? écoutent.
`` Des moyens techniques pour la production et la `` Etape 3 : Assurer un suivi post-conseil
diffusion du conseil municipal (caméra, bonne yyRéaliser un résumé des réactions et des propo-
qualité de connexion Internet, microphone, etc.). sitions des personnes qui ont participé à l’as-
`` Un personnel qualifié pour animer les débats semblée du conseil municipal.
entre commune et citoyen et canaliser le mécon- yyFaire un Procès-Verbal (PV) de la réunion et le
tentement. communiquer au public.
`` La municipalité est chargée du maintien de yyProduire et diffuser un communiqué de presse
l´ordre dans la salle. Pour cela, le chef de police est aux journalistes.
convoqué à la réunion (en cas d’urgences, il peut yyRéaliser un bilan du conseil municipal afin
appeler ses équipes de police). d’identifier les points forts et faibles.
yyCommuniquer sur l’intégration des proposi-
Comment mettre en œuvre ? tions citoyennes aux projets communaux.
Bonnes pratiques
Jordanie
38 39
38
Conseil Municipal direct à Genève,
www.ge.ch/grandconseil/streaming.asp
39
Conseil Municipal à la radio à Amman,
http://ar.ammannet.net/news/97529
IV Les outils de la participation citoyenne | 41
2 La consultation
et la concertation
Comme mentionné auparavant, le degré et l’am- dans une décision ou un projet. Lors d’une concerta-
pleur du pouvoir de décision des citoyens varient se- tion citoyenne, des citoyens, mais également des ac-
lon le niveau de participation citoyenne. Les outils teurs institutionnels, partagent un intérêt commun
de participation présentés dans ce chapitre portent et acceptent de participer au processus de concerta-
d’abord sur des processus consultatifs et d’écoute des tion pour trouver des solutions partagées. Le déci-
citoyens. Ils évoluent ensuite vers des processus de deur doit tenir compte des contraintes de disponibi-
dialogue et de concertation, plus interactifs et avec lité ainsi que des motivations et aptitudes des divers
un niveau plus important de participation. Certains acteurs afin d’inclure l’ensemble des parties concer-
de ces outils ont une double fonction et peuvent être nées.
utilisés simultanément comme outil de consultation
ou de concertation dépendamment de la place, du En somme, la concertation citoyenne vise à :
rôle et du pouvoir attribués aux citoyens par la mu-
nicipalité. D´autres outils sont uniquement utilisés 1. Implanter et enrichir la démocratie par le res-
dans le cadre d’un processus consultatif. Dans ce cas, pect les droits et liberté des citoyens, le renfor-
l’engagement et l’implication de la municipalité sont cement de la démocratie représentative et parti-
de moindre mesure. cipative et la création d’un lien entre autorité et
citoyens.
La consultation est un outil d’écoute qui vise à asso- 2. Optimiser la planification et la réalisation des
cier les citoyens et les acteurs locaux à la définition projets en mobilisant le vécu des citoyens et en
d’un projet territorial collectif et à la gestion des af- gagnant du temps et de l’argent.
faires locales. La consultation se limite à informer un 3. Décider dans un intérêt général en satisfaisant
public cible et à demander l’avis des citoyens et des les besoins de toutes les couches socio-écono-
acteurs concernés. La consultation peut être utilisée miques d’une commune et en améliorant le bien-
pour valider ou invalider une proposition de la com- être et le bien-vivre.
mune. C’est le décideur qui organise la consultation 4. Faire adhérer et faciliter l’appropriation des dé-
et restitue les résultats aux personnes consultées. Le cisions par les citoyens en responsabilisant les
conseil municipal garde son pouvoir de décision et citoyens et en limitant les réactions de rejet.
les citoyens n’ont pas forcément le pouvoir de pro- 5. Surmonter les conflits et améliorer le rapport
poser des solutions à la commune. de confiance entre autorité et citoyens en gérant
les conflits et en réduisant les contentieux.
La concertation citoyenne 40 est une forme de
concertation plus participative. Elle inclut les ci- Les citoyens peuvent être consultés ou concertés
toyens et les acteurs locaux de façon plus directe et dans tous les domaines de la vie locale :
active dans les processus de décision et d’élaboration
d’un projet. Les citoyens ont un véritable pouvoir `` Plans de développement et d’aménagement de la
de proposition et la commune ne se contente pas de localité.
simplement les écouter, les informer ou de connaître `` Politiques locales (environnement, développe-
leur avis. Par de véritables rencontres et dialogues, la ment économique, tourisme, équipements, in-
commune cherche à inclure et impliquer les citoyens frastructures, intégration des jeunes, des femmes,
des personnes âgées, etc.).
40
Voir pour plus d’information le guide méthodologie « GranLyon :
la concertation dans la conduite du projet » (2014),
www.millenaire3.com/uploads/tx_ressm3/Guide_methodo.pdf
42 | La démocratie locale et la participation des citoyens à l’action municipale
`` Quel projet ou décision vont être impliqués dans ces processus ? (Analyse des contraints et opportunités)
`` Quels sont les objectifs et les résultats souhaités ? (Information, appropriation, modification d’un projet
ou d’une décision)
`` Quels sont les acteurs ciblés ? Quels sont les acteurs à impliquer ? Quels sont leurs rôles et responsabili-
tés ?
`` Quel est le cadre législatif possible pour conduire une consultation ou une concertation ?
`` Quel est le temps mis à disposition pour développer de tels processus ?
`` A travers quels outils ou mécanismes ces processus vont-ils se dérouler ?
(Voyage d’étude du
programme CoMun,
Juin 2014)
IV Les outils de la participation citoyenne : 2 La consultation et la concertation | 43
L’Espace Citoyen (EC) est un espace au sein de la mu- L’espace citoyen est un relais entre la municipalité et
nicipalité réservé aux citoyens afin de faciliter la les citoyens. L’EC est un point de départ pour :
communication entre les citoyens et la municipalité.
Grâce à l´espace citoyen, tous les contacts entre le ci- `` Consolider la commune et la rendre plus acces-
toyen et la commune sont canalisés via un seul vec- sible, transparente, responsable et attentive,
teur qui est l’Espace Citoyen. L’EC assure une véri- `` Améliorer les services publics, les axer sur les usa-
table interaction entre la municipalité et les citoyens gers, afin qu’ils soient efficaces et rentables,
et favorise la participation. L’EC met à disposition `` Élargir la gamme des possibilités offertes aux ci-
une panoplie d’informations et de services très di- toyens grâce à la mise en place de nouveaux ser-
versifiés qui viennent répondre aux besoins des ci- vices (ex : Consultation des taxes, des démarches
toyens. et un suivi instantané des services demandés par
internet),
Remarque : L’EC est un outil assez large qui englobe `` Instaurer des mécanismes d’évaluation réguliers,
plusieurs outils comme par exemple la « gestion des `` Garantir un accès égal aux services publics, afin
plaintes » (p. 46) de favoriser la cohésion sociale.
41
Voir le site internet FNVT,
www.fnvt.org
44 | La démocratie locale et la participation des citoyens à l’action municipale
yyTrouver un emplacement et mettre en place `` Etape 4 : Suivi et Évaluation de l’Espace Citoyen
un plan d’exécution, yyS’assurer du bon fonctionnement de l’EC,
yyPréparer une rubrique sur le site internet. yyAttribuer un identifiant à chaque citoyen pour
le suivi de ses demandes,
`` Etape 2 : Phase de mise en œuvre yyFaire des enquêtes de satisfaction régulière-
yyTravaux d’aménagement des espaces, ment pour améliorer la qualité et l’efficacité du
yyInstallation des équipements, logiciels, service (voir l’évaluation citoyenne p. 49).
bureaux d’accueil,
yyCréation d’une équipe et formation du Remarque : Le travail de mise en œuvre diffère d’une
personnel, municipalité à une autre selon le diagnostic de chaque
yyMise à jour et test de la rubrique « Espace commune et ses spécificités.
Citoyen » sur le site internet,
yyPréparation des fiches services pour informer CONSEIL
les citoyens sur les procédures à suivre, les
zz Le personnel de l’EC doit être impliqué dès le
documents à fournir et les délais à respecter.
début du projet.
zz La coordination entre les différents acteurs né-
`` Etape 3 : Phase opérationnelle cessite un travail minutieux puisqu’il existe un
yyAssurer la communication externe avec les lien étroit dans l’élaboration et l’exécution de
citoyens, certaines tâches (ex : Les experts en organisa-
yyOrganiser une session de lancement pour pré- tion et développement se charge de la rédaction
senter ce qu’est l’Espace Citoyen aux habitants et les experts en communication se charge de la
yyIntroduction des nouveaux services, présenta- conception, cette collaboration étroite est né-
tion des objectifs, cessaire pour avoir un résultat pertinent).
yyLancement officiel de l’EC et de la rubrique in- zz Une période test est primordiale avant le lan-
ternet, cement de l’Espace Citoyen et de la rubrique en
yyOuverture de l’EC et mise en place d’agents po- ligne.
lyvalents qui prennent en charge le citoyen et
s’occupent des requêtes en ligne.
Bonnes pratiques
42
42
Voir film d’animation, « Les territoires Palestiniens : les guichets
uniques municipaux One pour améliorer les services aux citoyens »,
www.youtube.com/watch?v=mA9FugMXbj8
IV Les outils de la participation citoyenne : 2 La consultation et la concertation | 45
43
Voir le site www.co-mun.net/fr/news/33/2014-05-29.html
46 | La démocratie locale et la participation des citoyens à l’action municipale
La gestion des plaintes est un outil qui permet aux La mise en place d’un service de gestion des plaintes
citoyens d’exprimer leurs mécontentements et de au sein d’une municipalité apporte plusieurs avan-
recevoir une réponse dans un délai défini. Ce sys- tages : la municipalité se montre responsable en pre-
tème inclut la réception de la plainte par la munici- nant leurs avis en considération. Avec un système ef-
palité, son traitement, sa résolution et l’envoi d’une ficace, la municipalité peut assurer le suivi dans la
réponse au citoyen de façon transparente et durable. mesure de ses moyens afin d’améliorer ses services.
Les plaintes et les commentaires sont traités par une Par conséquent, cela permet à la municipalité d’être à
personne référente qui travaille avec l’ensemble des l’écoute des citoyens et de montrer son engagement
services concernés dans le but de répondre aux pro- auprès des habitants.
blèmes de façon intersectorielle et efficace. La ges-
tion des plaintes doit être conçue de manière à ce Une gestion efficace des plaintes peut améliorer les
que chaque citoyen puisse déposer ses commentaires points suivants :
et ses plaintes (via différents moyens adéquats). L’ob-
jectif premier pour les municipalités est de trouver `` Redevabilité
des solutions long-termes aux problématiques ré- `` Transparence
currentes rencontrées quotidiennement par les ha- `` Dialogue avec les citoyens
bitants.
De quoi a-t-on besoin ?
Aperçu
`` Communication : Assurer l’accès pour tous. Les
Objectifs citoyens doivent être informés sur le système de
Améliorer de façon continue le service à la clien- plaintes et doivent savoir comment déposer leurs
tèle, établir une méthode structurée et organisée de plaintes.
la gestion de plaintes. C’est aussi un outil de gestion
`` La cellule du personnel gère les plaintes dépo-
pour orienter les actions municipales afin d’optimiser
sées de façon intersectorielle et s’adresse aux dif-
la satisfaction des bénéficiaires.
férents départements au sein de la municipalité
Champs thématiques pour le suivi.
Les plaintes des citoyens concernent souvent les ser- `` Système d´information pour enregistrer, traiter
vices de la municipalité, des indications sur des défail- et suivre les plaintes (ex : Tableau Excel pour as-
lances actives (réseau électrique, nid de poule), mais surer le suivi de chaque plainte avec l’enregistre-
peuvent également porter sur toutes autres activités
ment du nom, date, motifs, contact, etc.).
de la ville.
Conditions Comment mettre en œuvre ?
La municipalité doit avoir les ressources nécessaires
pour recueillir les plaintes des citoyens, les traiter et y `` Etape 1 : Recevoir les plaintes et les
répondre. commentaires
Périodicité yyLa municipalité doit mettre à disposition diffé-
Les plaintes peuvent être reçues tout au long de l’an- rents moyens pour permettre aux citoyens de
née. déposer leurs plaintes par écrit (ex : lettre, boite
à plaintes, mail).
yyPour certains systèmes, il existe la possibili-
té de déposer une plainte par téléphone mais il
est souvent obligatoire, par la suite, de remplir
IV Les outils de la participation citoyenne : 2 La consultation et la concertation | 47
Enregistrement et Traitement / Examen
Plainte reçue traitement d’une plainte de la nature de la plainte
Envoyer un
accusé de réception
Bonnes pratiques
44
Voir le site internet FNVT,
www.fnvt.org
45
Voir le site internet,
http://goo.gl/X2HPpn
IV Les outils de la participation citoyenne : 2 La consultation et la concertation | 49
yyPrésenter les suggestions sur les critères de yyÉlaborer un rapport d’évaluation des services.
qualité formulés par les citoyens et des services yyDiffuser les résultats et les solutions proposées
municipaux. dans les médias selon un plan de communica-
yyFormuler un consensus et formaliser une tion.
évaluation citoyenne définitive. `` Etape 6 : Mise en œuvre et suivi d’amélioration
yyFaire approuver la fiche d’évaluation par le de qualité de service
conseil municipal. yyAssurer la mise en œuvre et le suivi des solu-
yyIdentifier les acteurs clés qui peuvent faciliter tions mentionnées dans l’évaluation citoyenne.
l’accès et la passation de la fiche d’évaluation yyAssurer la communication de l’amélioration de
aux groupes cibles (ex. associations, personnali- la qualité des services.
té commune, etc.).
yyÉlaborer une stratégie de communication avec
une campagne de sensibilisation pour informer CONSEIL
les personnes concernées par l’évaluation. Pour assurer la réussite du processus, les citoyens et
les services municipaux doivent se mettre d’accord
`` Etape 5 : Passation de l’évaluation et suivi sur les critères de qualité. Il est important de me-
yyFaire passer la fiche d’évaluation et l’auto- ner des campagnes auprès de la population ciblée
évaluation à l’échantillon sélectionné préala- et des services municipaux pour insister sur l’utili-
blement (soit selon une logique représentative té de l’évaluation citoyenne. Les services municipaux
peuvent se sentir menacés par le processus. De plus,
ou qualitative).
il est nécessaire d’impliquer les prestataires de ser-
yyDocumenter le déroulement de la passation des
vices et/ou les autorités locales tout au long du pro-
fiches d’évaluation. cessus d’élaboration d’évaluation citoyenne.
yyAssurer le retour des fiches d’évaluation, la sai-
sie des informations et le traitement des résul-
tats.
52 | La démocratie locale et la participation des citoyens à l’action municipale
Bonnes pratiques
Menzel
Enquête de satisfaction des citoyens à Menzel Bourguiba Bourguiba
46
46
Evaluation citoyenne, Ville de Masina,
http://goo.gl/GxnReT
IV Les outils de la participation citoyenne : 2 La consultation et la concertation | 53
47 48
Par exemple, une grande ville confrontée à une forte croissance Voir exemple sur les Plans Communaux de Gestion des Déchets
démographique va s’orienter vers une stratégie globale. A l’in- (PCGD), p. 56
verse, une ville voulant se concentrer sur un enjeu majeur, comme
le foncier, va opter pour une planification sectorielle.
54 | La démocratie locale et la participation des citoyens à l’action municipale
`` Faciliter les prises de décisions sur le court-terme La volonté et le leadership politiques au niveau local
en développant une vision long-terme et globale sont certainement les points de départ du processus
du développement de la ville, de la planification urbaine stratégique. Cependant, il
`` Accompagner les changements sociaux, territo- est également nécessaire :
riaux, économiques, politiques et institutionnels
basés sur des lignes directives long-termes, `` D’une bonne équipe de gestion mixte au niveau
`` Anticiper leurs effets sur les territoires et les po- de la commune, comprenant des responsables
pulations en planifiant en avance les différentes politiques (conseil municipal) et techniques (ser-
options, vices municipaux et expert coordonnateur) qui
`` Favoriser la mise en cohérence des politiques lo- ont accès aux informations et données clés sur la
cales et la rationalisation des investissements pu- ville.
blics, `` D’une bonne organisation des instances de pilo-
`` Renforcer l’attractivité, la beauté et l’identité de tage et de participation au niveau de la commune,
la ville, des quartiers, des groupes de travail thématiques.
`` Contribuer au renforcement de la cohésion so- `` D’une stratégie de communication qui accom-
ciale et territoriale. pagne le processus dès son lancement.
`` D’une expertise contractuelle et/ou citoyenne
Lors du développement de ces stratégies, il est essen- dans les domaines d’importance stratégique pour
tiel d’impliquer les citoyens dans la définition de la la planification urbaine.
vision, des objectifs et des orientations urbaines fu- `` D’un budget consacré et d’un bureau de la plani-
tures. Sans la prise en compte de leur point de vue, le fication urbaine stratégique assurant la gestion,
processus de planification urbaine risque de négliger le secrétariat technique et une bonne visibilité et
des informations essentielles, que seuls les habitants accessibilité du processus.
en tant qu’ « experts » de leur lieu de vie, peuvent
souligner. L’implication des citoyens dans ce proces- Comment mettre en œuvre ?
sus vise également à faciliter l’ancrage des projets et
dispositifs prévus au sein de la ville et l’appropriation Les étapes décrites ci-dessous mettent l’emphase sur
de ces derniers par les citoyens. la dimension participative du processus de planifica-
tion urbaine stratégique. 49
Remarque : Les Schémas Directeurs d’Aménagement
(SDA), les Plans d’Aménagement Urbain (PAU) et les `` Etape 1 : Lancement de la planification
Plans d’Aménagement de détail (PAD) ont pour objec- urbaine stratégique
tif de planifier et d’assurer la création, l’aménagement Cette phase est cruciale. Elle doit garantir la par-
et le développement des agglomérations urbaines. Ces ticipation de tous les acteurs locaux et des repré-
instruments sont centraux en matière de planification sentants de la population. Il est donc important
et de gestion urbaine locale dans les communes en Tu- de s’assurer :
nisie. Actuellement, la participation des citoyens et des
habitants n’est pas effective (seul l’affichage au sein de yyD’un fort soutien politique au niveau local et
la municipalité pendant deux mois est requis). Cepen- central,
dant, il est fortement recommandé d’inclure les habi- yyDe la mise en place d’un comité de pilotage, res-
tants afin de prendre en compte leur « expertise » et ponsable de l’élaboration de la stratégie,
leurs problématiques quotidiennes dans les projets de
la ville. Les mécanismes de participation utilisés dans
la planification stratégique peuvent être repris lors du 49
S’inspire du « Guide des Stratégies de Développement des Villes
montage de ces plans. pour le Sud de la Méditerranée », CMI, octobre 2011
IV Les outils de la participation citoyenne : 2 La consultation et la concertation | 55
yyD’une bonne communication pour sensibiliser discutée à nouveau lors de réunions publiques et
et mobiliser toutes les parties prenantes, d’ateliers urbains. Le conseil municipal a le der-
yyDe l’implication de la Société Civile, de mobili- nier mot sur la vision finale.
ser les compétences techniques locales (univer-
sités, personnes ressources, associations profes- La concrétisation de la vision passe par la défini-
sionnelles,) et les médias. tion d’axes stratégiques de développement. Une
première ébauche de ces axes est élaborée par le
`` Etape 2 : Élaboration du diagnostic général Comité de Pilotage, puis discutée et validée lors
La planification urbaine stratégique suppose une d’ateliers urbains. Les acteurs qui composent ces
bonne connaissance de la situation actuelle de ateliers sont les mêmes que ceux qui ont contri-
la ville, résultat d’une analyse rigoureuse. Cette bué à la mise au point de la vision stratégique. La
étape doit permettre, sur la base d’une approche décision finale des axes stratégiques revient à la
participative : municipalité.
yyD’établir un état des lieux mettant en exergue `` Etape 4 : La définition du plan d’action et le
les principaux enjeux urbains ou sectoriels ren- phasage
contrés par l’ensemble des acteurs locaux. Basé sur les axes stratégiques courts, moyens et
yyD’identifier les potentialités et les opportunités long-termes, le plan d’action correspond aux pro-
à mettre en avant, ainsi que les améliorations à grammes et aux actions prévues. Il définit les res-
apporter au fonctionnement actuel de la ville ponsabilités, les ressources financières et la durée
ou du secteur cible. de réalisation de chaque programme ou pro-
jet. Tout comme la formulation de la vision et
Afin d’être participatif, ce diagnostic doit inclure des axes stratégiques, les programmes et projets
les différentes parties prenantes, dont la socié- peuvent être développés par le comité de pilo-
té civile. Pour cela, des outils comme les ateliers tage, puis discute et approuve lors d’ateliers parti-
urbains, les ateliers thématiques, les diagnostics cipatifs ou réunions publiques.
participatifs, ou les ateliers de restitution des ré-
sultats doivent être mis en place pour favoriser `` Etape 5 : Mise en œuvre de la stratégie
la participation et permettre à la municipalité de La mise en œuvre de la stratégie peut s’accompa-
construire un diagnostic correspondant aux réa- gner de la création d’espace de concertation ou de
lités économiques, sociales et environnementales co-décision plus ou moins permanents (conseils
locales. de quartier, conseils de citoyens ou tables rondes),
ou les citoyens peuvent faire un retour sur les
`` Etape 3 : Élaboration d’une vision et des axes points forts et les faiblesses des projets et services
stratégiques urbains mis en place. Ces espaces permettent éga-
Lors de la définition de la planification urbaine lement de créer des ponts de communication
stratégique, la formulation de la vision doit être entre la municipalité et les citoyens dans le but
élaborée de façon participative, en impliquant d’améliorer la ville et se rapprocher de la vision
les groupes de la société civile et du secteur pri- partagée définie lors de la planification urbaine
vé à la formulation d’une vision partagée de la stratégique.
ville, à l’horizon de 15 à 25 ans. Le comité de pilo-
tage municipal doit lancer une campagne auprès `` Etape 6 : Suivi et évaluation
des citoyens afin qu’ils viennent partager leur vi- La phase de suivi et d’évaluation permet de me-
sion de la ville lors des réunions publiques et des surer les impacts de la stratégie et d’apporter des
ateliers urbains (outils p. 57). Le groupe de travail réajustements si nécessaire. La municipalité est
municipal propose ensuite une vision qui sera en charge de suivre la stratégie lors des prises de
décisions et de la mise en place des actions.
56 | La démocratie locale et la participation des citoyens à l’action municipale
CONSEIL
zz S’assurer de la participation de tous les acteurs impliqués, y compris les citoyens (Conseils de quartiers,
d’usagers, de groupes de citoyens comme les chômeurs, les femmes, les jeunes).
zz La diversification des appuis et financements à travers des partenariats actifs: Etat-Collectivités locales,
coopération décentralisée, Collectivités Locales-secteur privé-SC.
zz La responsabilisation d’un (e) élu (e) municipal (e) pour conduire le processus.
zz Le recrutement d’un comité de pilotage compétent pour faciliter le processus.
zz La mise en place une bonne stratégie de communication et la documentation du processus.
zz La mise en réseau avec les villes et les organismes impliqués dans les diverses stratégie de planification
urbaine qui fonctionnent dans le pays, dans la région et dans le monde.
Bonnes pratiques
5051
50
SDV de Sousse,
www.strategie-sousse.com
51
L’élaboration et la mise en œuvre des PCGD ont été soutenues en
Tunisie par la GIZ. Voir le Guide pratique pour l’élaboration d’un
plan communal de gestion des déchets, ministères chargés de
l’Intérieur et de l’Environnement, année 2009
IV Les outils de la participation citoyenne : 2 La consultation et la concertation | 57
52
Ateliers Urbains, Boulogne-sur-Mer,
www.habitat-du-littoral.com/hlm-boulogne-sur-mer-logements-
details-79.php
58 | La démocratie locale et la participation des citoyens à l’action municipale
CONSEIL
zz Assurer une bonne communication et organisation de la réunion publique,
zz Respecter les horaires et les dates annoncées,
zz Utiliser les réunions publiques pour interagir et recevoir des commentaires des citoyens et éviter de vouloir,
simplement légitimer les décisions ou projets municipaux.
Bonnes pratiques
5354
53
Réunions Publiques, Mairie du 12eme Paris,
http://goo.gl/yG3JE5
54
Réunion publique, Vernon,
www.vernon27.fr/Services-en-ligne/Actualites/Reunion-
publique-du-5-mai
60 | La démocratie locale et la participation des citoyens à l’action municipale
Il existe un grand nombre de procédures de média- `` Si dans une situation de conflit avancé, les parties
tion/conciliation qui visent à concilier diverses par- ne peuvent plus se mettre d´accord, la médiation
ties prenantes 55 et trouver un compromis accepté (organisation d´une table ronde) peut être une so-
par tous. Une séance de médiation, avec la mé- lution efficace et durable,
thode de la table ronde, est un mécanisme classique `` Établir un climat de confiance pour que les par-
par lequel des parties en conflit conviennent volon- ties en conflit se concertent,
tairement à régler leurs différends. L’objectif est de `` Réduire les coûts et la complexité (temps, acteurs)
déboucher sur un règlement afin d’éviter l’effondre- des processus juridiques (tribunaux),
ment d’un projet ou d’une action municipale envisa- `` Augmenter la possibilité de trouver une situation
gée. Cet outil peut être utilisé lorsque d’autres outils favorable pour tous. Cela peut également dimi-
d’échange se sont avérés sans effet. nuer l’arrivée de nouveaux conflits.
conciliation selon les principes du compromis. yyPar la suite, le facilitateur visualisera les points
Elles doivent respecter par la suite le résultat, clés des sujets de discorde et devra structu-
car la médiation reste un processus ouvert. rer les thèmes à traiter en concertation avec les
participants. Il est conseillé de commencer la
`` Etape 2 : Préparation de la séance de médiation discussion sur des sujets différents et d’aborder
yyToutes les parties participantes doivent se en premier lieu le thème le moins conflictuel
mettre d´accord au préalable sur l´agenda, sur pour ensuite continuer les discussions autour
le lieu, sur l´horaire ainsi que sur les règles de des points de discorde plus importants,
déroulement de la séance. (Nécessité de trou- yyPendant toute la réunion, les résultats (y com-
ver un endroit neutre qui convienne à toutes les pris des résultats partiels et les approches vers
parties), un compromis pour tous) doivent être consi-
yyInvitation : C´est important d´inviter le même gnés dans un compte-rendu qui doit ensuite
nombre de représentants des différentes parties être signé par tous les partis.
concernées, mais également de faire attention
à limiter le nombre total afin d´assurer une dis- `` Etape 4 : Conclusion et plan de suivi
cussion de bonne qualité, yyDans des cas complexes, il peut y avoir plusieurs
yyClarification de toutes les questions de logis- séances de conciliation afin d´arriver à un com-
tique (répartition des places, éventuels coûts promis sur l’ensemble des sujets de discorde,
pour la pause-café), yyL’acceptation des résultats doit être validée par
yyDans les conflits graves, il est conseillé que le les représentants de toutes les parties,
facilitateur rencontre les différentes parties à yyEn dernier lieu, il est nécessaire d’établir un
l’avance pour connaitre leurs arguments au plan de suivi avec des échéances pour la mise
préalable, afin de mieux préparer la séance de la en œuvre des résultats et également définir un
table ronde. processus au cas où d’autres conflits survien-
draient à l´avenir.
`` Etape 3 : Déroulement de la réunion
yyAprès une introduction sur le processus de mé-
CONSEIL
diation et ses conditions par le facilitateur, les
différentes parties peuvent présenter leur point Il est indispensable de trouver un bon facilitateur
de vue. Il est indispensable que le facilitateur accepté par toutes les parties impliquées qui ait l’ex-
s’assure que l’ensemble des parties respecte les périence de la résolution des conflits et soit rom-
pu à l’écoute et à la communication. Par la suite un
créneaux temporels et que les parties soient à
compte-rendu détaillé et rigoureux ainsi que la vé-
l´écoute sans s’interrompre,
rification du suivi soient des éléments clés pour le
succès de la médiation.
62 | La démocratie locale et la participation des citoyens à l’action municipale
Bonnes pratiques
3 La codécision
La codécision est « la forme la plus avancée de la par- fiques de ces derniers. De même, ce partenariat fixe
ticipation, qui voit les autorités locales, les popula- ensemble à quel moment les citoyens peuvent déci-
tions et les principales parties prenantes décider en- der d’une manière autonome (en amont, pendant ou
semble des solutions et des modalités d’application après la décision) et quels sont leurs pouvoirs dans
et de suivi/évaluation. Ce type de participation fait les prises de décision. La commune peut déléguer
ressortir les différends (conflits) entre intervenants, un certain pouvoir de décision ou certaines compé-
la prise en compte des intérêts en jeu, la définition de tences aux organisations de la société civile. Elle peut
solutions avantageuses pour tous et la fixation col- également donner une enveloppe propre aux struc-
lective de critères d’évaluation des progrès accom- tures de codécision (conseil de citoyen, etc.) pour les
plis dans la réalisation des objectifs fixés d’un com- doter de vraies ressources et capacités. En général, la
mun accord » 56. délégation du pouvoir de décision n’entraine pas for-
cément des frais considérables.
La consultation et la concertation citoyenne im-
pliquent que la commune informe, demande l’avis La codécision est surtout utilisée pour les prises de
des citoyens et crée des espaces dans lesquels les ci- décision qui affectent en priorité certaines catégo-
toyens peuvent proposer des solutions ou des alter- ries de la population ainsi que les décisions liées aux
natives. Même si, lors de ces processus participatifs, compétences propres d’une commune, par exemple :
le conseil municipal décide parfois avec les citoyens,
les mécanismes de codécision vont plus loin. La co- `` L’éclairage public,
décision se fonde sur le principe de parité. Dans cette `` La voirie ou la propreté de la ville,
perspective, une décision ne peut être prise sans l’ac- `` Les affaires socio-culturelles et économiques,
cord des élus et des citoyens. Tout en définissant les `` La construction et l’entretien des trottoirs et
règles de participation, la commune délègue un cer- chaussées,
tain pouvoir de décision aux citoyens et se retire lors `` Les équipements socio-collectifs,
de certaines décisions. La codécision nécessite éga- `` Le transport collectif et à la circulation,
lement une volonté forte de la commune à coopé- `` L’information et la communication,
rer avec les citoyens, car elle accorde certaines com- `` Le budget et le plan d’investissement communal.
pétences aux citoyens et considère ces derniers
comme des véritables partenaires. Les citoyens et la Un processus de codécision durable nécessite de
commune rentrent dans une relation de partena- créer des structures et des mécanismes nécessaires
riat étroite. Dans certains mécanismes de codécision, afin de réunir régulièrement les élus, la société civile,
la commune a pour fonction principale de valider et les citoyens, les services techniques régionaux, et
d’assurer la mise en œuvre des décisions prises par d’instaurer un dialogue permanent et constructif sur
les citoyens (ex. budget participatif). la gestion des affaires locales. Ces structures se déve-
loppent autour des citoyens, de leurs quartiers d’ha-
Toutefois, le conseil municipal ne perd jamais totale- bitation (ex. conseils de quartiers) ou de leurs situa-
ment sa souveraineté. Les rôles et les limites de cha- tions spécifiques (ex. jeunes, personnes sans emploi,
cun sont bien définis et à respecter. Le conseil muni- femmes, personnes handicapées, commerçants, etc.).
cipal décide, avec les citoyens ou la société civile, des Nous proposons trois outils pour mettre en œuvre
champs, des projets ou des décisions à déléguer aux les mécanismes de codécision : les conseils de ci-
citoyens et définit les compétences et les rôles spéci- toyens, le panel citoyen et la participation citoyenne
à la budgétisation.
56
« Le Budget Participatif en Afrique », Guide pour la formation en
pays francophones, Tome I : Concepts et Principes, Programme
des Nations Unies pour les établissements humains et (ONU-HA-
BITAT) Environnement et Développement du Tiers-Monde
ENDA/Ecopop, 2008, p. 10 ; dans ce guide, la définition citée
ci-dessus renvoie au processus de « négociation et médiation ». Ce
processus est très similaire au niveau de codécision utilisé dans ce
manuel.
64 | La démocratie locale et la participation des citoyens à l’action municipale
Bonnes Pratiques
57
Voir le site www.actionassociative.org ou le rapport de la « Mis-
sion d’appui à l’amélioration de l’environnement institutionnel et
légal des organisations de la société civile tunisienne » sur « Les
cadres formels de concertation : un instrument efficace pour
enraciner la démocratie participative en Tunisie », Mars 2014.
58
Conseil des jeunes, ville de Bondy,
www.ville-bondy.fr/mairie/conseil-des-jeunes
IV Les outils de la participation citoyenne : 3 Codécision | 67
Après la délibération, les citoyens sont libérés de leur `` D’importantes informations et expertises tech-
fonction et le panel est dissout. Les domaines d’ap- niques sur un enjeu et une décision,
plication sont très variés et mobilisés selon les be- `` Ressources en nature ou monétaires pour couvrir
soins de la commune (ex. la voirie et la propreté les frais logistiques des membres du panel et leur
d’une commune et l’écologie et le développement compensation,
d’une commune ou d’une région). `` Nombre limité de citoyens tirés au sort qui ont le
mandat de répondre à une question ou à un en-
jeu précis,
`` Experts accompagnant la mise en place du pro-
cessus et informant les citoyens sur les différents
angles d’approche de l’enjeu traité.
59
Voir exemple « Jury citoyen » à Sikasso, p. 68
68 | La démocratie locale et la participation des citoyens à l’action municipale
Bonnes pratiques
Sikasso
60
Jury Citoyen à Québec,
www.electionsquebec.qc.ca/documents/pdf/DGE-bilan-jury-citoyen.pdf
61
Jury Citoyen à Sikasso,
www.infogm.org/spip.php?article2525
IV Les outils de la participation citoyenne : 3 Codécision | 69
62
Principes mentionnés dans le chapitre I de ce manuel, p. 9
70 | La démocratie locale et la participation des citoyens à l’action municipale
Bonnes pratiques
Ces projets ont été votés par les citoyens et adoptés par le conseil municipal qui a inclut les propositions dans son
budget annuel et les a faites approuver par le gouverneur. Les travaux vont débuter en 2015.
63
63
Voir le site www.actionassociative.org ou le Rapport « les
cadres formels de concertation : un instrument efficace pour
enraciner la démocratie participative en Tunisie », étude réa-
lisée dans le cadre de la « Mission d’appui à l’amélioration de
l’environnement institutionnel et légal des organisations de la
société civile tunisiennes », financé par l’Union Européenne.
72 | La démocratie locale et la participation des citoyens à l’action municipale
64
64
Budget participatif à Munster,
http://buergerhaushalt.stadt-muenster.de/buergerhaushalt.html
| 73
V Conclusion et perspectives
La transition démocratique est un processus qui né- Deuxièmement, le manuel propose une palette d’ou-
cessite du temps et une vision à long-terme. Même tils de participation citoyenne autour de trois ni-
si de nombreux défis restent à relever, la Constitu- veaux : l’information des citoyens, la consultation et
tion de 2014 représente une opportunité incontour- la concertation, ainsi que la codécision. Selon le de-
nable pour le développement local et démocratique gré de participation défini par la municipalité, le rôle
en Tunisie. En se focalisant sur la démocratie partici- et le pouvoir de décision des citoyens dans la ges-
pative, la transparence et la décentralisation, la nou- tion des affaires locale varie. Il est donc nécessaire
velle Constitution offre un cadre fructueux qui per- de choisir les outils et de les adapter au contexte so-
met aux municipalités de rapprocher les citoyens ciopolitique local afin de garantir le bon fonctionne-
à l’action municipale et d’établir un dialogue et un ment et la durabilité de la démocratie participative.
rapport de confiance. Les outils proposés ont été spécifiquement sélection-
nés pour le contexte tunisien et se construit autour
En ce sens, ce manuel est une première en Tunisie. des expériences réelles en Tunisie.
Il apporte un soutien aux municipalités tunisiennes
et les guide dans la mise en œuvre de la démocratie Ce manuel sert de base et sera enrichi au fil du temps
participative, à travers l’utilisation de certains outils par le CFAD et d’autres acteurs nationaux et inter-
de participation citoyenne. nationaux, et avec les nouvelles actions des muni-
cipalités tunisiennes en matière de la participation
Premièrement, ce manuel présente l’approche parti- citoyenne et les nouvelles réformes en matière de
cipative et discute des principaux concepts tels que décentralisation et de démocratie locale.
la démocratie locale et participative, et la gouver-
nance locale. Il met également en lumière les chan- Nous invitons les municipalités tunisiennes à tester
gements récemment apportés au cadre légal tunisien les instruments proposés et les adapter selon leurs
en matière de participation citoyenne, de gouver- besoins et caractéristiques locales. Nous les encoura-
nance et de gestion locale. Tout en donnant une at- geons à lancer de nouvelles initiatives, entreprendre
tention particulière aux opportunités qu’offrent la des nouveaux projets et promouvoir la participation
Constitution et le cadre légal et institutionnel pour citoyenne au niveau local dans l’esprit de la nouvelle
les communes, le manuel souligne aussi le rôle des Constitution, d’une « bonne » gouvernance et de la
citoyens et l’importance de la société civile dans la démocratie locale.
réalisation de la démocratie participative.
74 | La démocratie locale et la participation des citoyens à l’action municipale
Bibliographie
Hurard Marine, La participation citoyenne au Loi organique des communes n°75-33 du 14 mai
développement durable à l’échelle locale en Europe, 1975, modifiée par n° 2006-48 du 17 Juillet 2006.
Collection Working Paper, Think Tank Européen
pour la Solidarité, 2011.
http://goo.gl/7tZO86 Guides et rapports
Conseil de l’Europe, « Les principes de la bonne gou- Les outils numériques au service d’une participa-
vernance au niveau local » tion citoyenne et démocratique augmentée, Pe-
www.coe.int/t/dgap/localdemocracy/strategy_inno- rine Brotcorne sous la Direction de Gérard Valenduc,
vation/StrategyBrochure_FR_Oct2009.pdf Etude réalisée par la Formation Travail-Universi-
té pour Technofuturtic à la demande du Gouverne-
GIZ-Programme CoMun, « La participation des ment Wallon, Belgique, Mars 2012.
jeunes »
www.co-mun.net/comun-sur-place/tunisie/docu- Manuel sur les pratiques participatives dans la gou-
mentations-de-travail/participation-des-jeunes vernance locale, Pour une participation citoyenne
aux décisions municipales, Fédération Canadienne
GIZ-Programme CoMun, « Concours d’idées “les des Universités (FCM), Centre pour le Développe-
jeunes en CoMun” » ment municipal, 2007.
http://co-mun.net/nos-themes/la-democratie-lo-
cale/concours-d-idees Rapport de Diagnostic sur la Société Civile
Tunisienne, Mission de formulation-Programme
WorldBank, Définition de la Société Civile d’Appui à la Société Civile en Tunisie Mars 2012.
http://goo.gl/NQT5wH
Rapport de l’atelier de réflexion et de planification
sur la bonne gouvernance/Programme GIZ-CoMun
Références juridiques Tunisie, Octobre 2012.
Ville de Kairouan – Affichage public et Gestion des Ville de Tozeur – Page facebook
plaintes • www.facebook.com/pages/%D8%A8%D9-
%84%D8%AF%D9%8A%D8%A9-
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Ville de Menzel-Bourguiba – Affichage Public, et
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Ville de Genève – Assemblée du conseil municipale
Ville de Monastir – Interventions dans les médias en direct
• www.radiotunisienne.tn/monastir • www.ge.ch/grandconseil/streaming.asp
Siège de la société
Bonn et Eschborn, Allemagne
Mise à jour
Juin 2014
En cooperation avec
Le Centre de Formation et d’Appui à la Décentralisation (CFAD)
9, rue du développement cité el khadra, 1003, Tunis.
T + 216 71 808 226 ; +216 71 806 870
F + 216 71 807 872
CFAD.doc@email.ati.tn
Auteurs et Rédaction
Agnes Wiedemann, Henda Gafsi
Avec la contribution de
CoMun Tunisie, www.co-mun.net
Dr. Manuela Honegger Heller
Laetitia Erny, Anaïs Huin
Conception
Ira Olaleye
Impression
Imprimerie des Berges du Lac (IBL)
Crédits photographiques
Titre : © GIZ/Mohamed Amine Abassi
p. 27, 42, 45, 57 : © GIZ CoMun
p. 71 : © L’Action Associative
Sur mandat du
Ministère fédéral des Affaires étrangères (AA)
Werderscher Markt 1
10117 Berlin
Tel. + 49 (0) 30 18170
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www.auswaertiges-amt.de