Chapitre Courbe Philips
Chapitre Courbe Philips
Chapitre 4
Courbe de Phillips et Loi d’Okun,
approfondissements du modèle
offre globale/demande globale
La courbe de Phillips
• Dans le modèle AS‐AD étudié, l’inflation est nulle à
l’équilibre de moyen terme, or l’inflation de moyen terme
apparaît positive. Comment comprendre une inflation
permanente (à moyen terme)?
• Il faut qu’il existe une hausse continue de la demande
globale
• On observe une hausse continue de la masse monétaire,
ce qui est la source à moyen terme d’un taux d’inflation
positif.
• Le passage permanent à un taux de croissance plus fort de
la masse monétaire peut augmenter l’inflation à MT
• Le passage permanent à un taux de croissance plus faible
de la masse monétaire peut diminuer l’inflation à MT =
désinflation
1. Analyse de la courbe de Phillips qui décrit la relation
entre le taux d’inflation et le taux de chômage.
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La loi d’Okun
• Comment comprendre que le taux de chômage
puisse augmenter alors que la production
augmente? C’est la situation à laquelle nous
avons assisté récemment.
• Il nous faut approfondir la relation entre
production, emploi et chômage en prenant en
compte la productivité du travail et les
phénomènes de thésaurisation de main d’œuvre
(gestion dans le temps dans un cadre incertain de
l’emploi).
II. Analyse de la loi d’Okun qui montre comment
la croissance de la production influe sur le
chômage.
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1
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1. La courbe de Phillips
En 1958, Phillips a présenté une relation empirique décroissante entre taux
d’inflation et taux de chômage entre 1861 et 1957 sur données anglaises.
Solow et Samuelson ont fait le même travail sur données américaines
entre 1900 et 1960. Si l’on met de côté les années de la grande dépression
(les triangles), ils retrouvent cette relation plutôt négative et la baptisent
« courbe de Phillips »
EU 1900‐1960
France 1900‐1960
t
Demande
*
ut
u*
Courbe de Phillips
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2
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Mais disparition de la courbe de Phillips depuis les
années 70
EU 1970‐2005
France 1970‐2005
Disparition de la courbe de Phillips
plus d’inflation ne se traduit pas forcément par
moins de chômage, du moins à moyen terme et en
moyenne,
moins d’inflation ne se paye pas nécessairement
non plus à moyen terme par plus de chômage.
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(WS) : W P e (u, z )
(AS) : P (1 ) P (u , z )
e
(PS) : P (1 )W
P (1 ) P e 1 u z
Pt (1 ) Pt e 1 ut z
Pt ut
Pt e
11
Divisons les deux membres de l’équation par , on obtient :
Pt 1
Pe
(1 ) t 1 ut z
Pt
Pt 1 Pt 1
Pt Pt 1 Pt 1 P e Pt 1 Pt 1
(1 ) t 1 ut z
Pt 1 Pt 1
P P
t t t 1
or = taux d’inflation en t
Pt 1
Pe P
te t t 1
et = taux d’inflation anticipé en (t‐1) pour la période t
P
t 1
On obtient alors la relation suivante, entre inflation, inflation
anticipée et taux de chômage :
t 1 (1 ) te 11 u t z
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t 1 (1 ) te 11 u t z
log( t 1) log(1 ) log te 1 log1 ut z
log(1 x ) x
t te ut z
t te ut z
Si l’inflation anticipée augmente, i.e. l’anticipation des prix augmente
à prix donné, alors le salaire augmente et en conséquence le prix
augmente. A prix donné, le taux de croissance des prix augmente, i.e.
le taux d’inflation augmente.
Inflation
t
d te 0
Taux de
chômage ut
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1.2. Formation des anticipations et dynamique
de l’inflation et du chômage
Supposons que les agents forment leurs anticipations d’inflation pour demain
sur la base de l’inflation qu’ils observent aujourd’hui : te t 1 (anticipations
extrapolatives ou myopes).
t te ut z
t t 1 ut z
avec t t 1
e
t t t 1 z ut
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La disparition de la courbe de Phillips dans les années 70
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Est-ce vérifié?
t t 1 2,7% 0,45ut
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1.3. Retour sur le chômage naturel
Taux de chômage naturel, structurel ou NAIRU
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Lorsque le chômage est plus faible que son niveau naturel, cela
implique que l’inflation est sous-estimée donc l’inflation est croissante
(salaire réel sur-estimé).
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• Les estimations de la courbe de Phillips
augmentée indique que le taux de chômage
naturel (NAIRU) serait de 2,7%/0,45=6% aux
EU.
• En France, l’estimation est plus élevée, et
l’explication retenue tient à la fois à un taux de
marge plus élevé, des opportunités
extérieures plus élevées et un degré de
rigidité réelle plus élevé sur le marché du
travail.
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• Le taux de chômage est égal à son niveau
naturel lorsque les anticipations d’inflation
sont validées.
• Le taux de chômage est indépendant du taux
d’inflation: ce dernier peut être très élevé
sans que le taux de chômage en soit diminué.
• La courbe de Phillips est verticale à moyen
terme … comme la courbe d’offre globale.
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0 E
ut
u1 un AS [ te 1 0]
AS [ te 0] 25
Courbe de Phillips à court et moyen termes
t AS [ te t ]
AS [ te ]
ut
un
• A court terme, i.e. pour des anticipations d’inflation données et constantes, la
courbe de Phillips est décroissante arbitrage inflation/chômage.
• A moyen terme, i.e. quand les anticipations d’inflation ont convergé vers
l’inflation réalisée, la courbe de Phillips est verticale au niveau du taux de
chômage naturel l’arbitrage inflation/chômage disparaît.
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Résumé et mises en garde
• Le processus d’inflation et la courbe de Phillips
La relation entre inflation et chômage est susceptible de
changer avec le processus d’inflation : elle n’est pas stable
dans le temps.
• Des taux de chômage structurels différents entre les pays
Le taux de chômage structurel dépend de tous les facteurs
, , z.
affectant la détermination des salaires : Dans la
mesure où ces facteurs diffèrent selon les pays, il n’y a aucune
raison de supposer que les pays ont le même taux de
chômage structurel. Il est plus faible au Japon (2%), qu’aux
EU(6,1%) et qu’en Europe (9%).
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• Variations de taux de chômage structurel au cours du temps
et z
Dans l’estimation de la courbe de Phillips, sont
supposés constants, or il n’y a aucune raison de les traiter
comme constants au cours du temps. La composition de la
population active, la structure de la négociation salariale, le
système d’allocation chômage, etc. sont susceptibles d’être
modifiés au cours du temps, d’où une variation du taux de
chômage structurel.
Aux EU il semble que le NAIRU ait augmenté de 1 à 2% entre
les années 1960 et 1980, puis baissé au cours des années
1990. En Europe, le taux de chômage structurel a fortement
augmenté depuis les années 1960.
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• Les limites de l’analyse
La théorie du taux de chômage structurel donne aux
macroéconomistes des pistes pour comprendre les différences
et les variations du taux de chômage structurel au cours du
temps mais en vérité on a du mal à savoir exactement quels
facteurs déterminent le taux de chômage structurel.
En particulier, beaucoup d’incertitude sur la liste des variables
comprises dans z et sur les effets dynamiques de chaque
variable sur le taux de chômage structurel.
Notre compréhension est particulièrement limitée en ce qui
concerne l’Europe aujourd’hui. Le taux de chômage européen
qui avait été beaucoup plus bas que le taux de chômage
américain jusqu’au début des années 70, a constamment
augmenté depuis lors
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1.4. La désinflation et ses coûts
• On a assisté dans les années 80 à une
désinflation après l’inflation « à 2 chiffres »
des années 60 et 70.
• Quel est le coût en termes de chômage à
court terme? Le ratio de sacrifice
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1.4.1. Le ratio de sacrifice
• Ratio de sacrifice = nombre de points de
chômage supplémentaires pour une baisse de
1% du taux d’inflation?
• Calculons le pour une baisse en un an (calcul
direct):
1
t t 1 ut un 1 ut un
• Le ratio de sacrifice est donc égal à 1/
31
• Calculons le pour une baisse en 2 ans :
( t t 1 ) ut u n 1 / 2
( t 1 t ) ut 1 un 1 / 2
1 1
(ut 1 un ) (ut u n ) 2
2
• Le ratio de sacrifice est le même, .
• Ce résultat est général : le coût en chômage
est identique, quelle que soit la vitesse de la
désinflation.
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1.4.2 Gradualisme vs. Thérapie de choc
t t 1 (ut un )
t 0 ut un 0 ut un
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• On a vu que le coût en chômage était identique,
quelle que soit la vitesse de la désinflation.
• Mais attention il est clair qu’un chômage très élevé
une année donnée comporte des risques sociaux et
politiques qui peuvent être intenables la stratégie
gradualiste peut être préférée.
• Le coût en chômage sera d’autant plus élevé que
est faible.
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1.4.3 Anticipations et crédibilité
e t (ut un )
t
• Tant que les anticipations d’inflation surestiment le taux
d’inflation effectif, le chômage est au‐dessus de son niveau
naturel le coût de la désinflation dépend donc de la vitesse de
convergence des anticipations.
• Si la désinflation est annoncée de façon publique au moment des
négociations salariales, alors cela devrait accélérer la convergence
des anticipations.
• On peut même avoir un cas‐limite où la désinflation ne serait pas
coûteuse en chômage, le cas où les anticipations convergeraient
instantanément vers l’inflation effective: le taux de chômage
resterait à son niveau naturel (idée défendues par les Nouveaux
Classiques dans les années 80). 38
• Mais cette annonce de désinflation est‐elle
crédible?
t te (un ut ) ut un si t te
Le gain en terme de chômage d’une politique
inflationniste sera d’autant plus élevé que les
agents anticipent une inflation faible.
Le gouvernement peut réduire le chômage en
trompant les agents, il a d’autant plus intérêt à
le faire que l’on est proche d’une élection.
Pb de crédibilité.
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Crédibilité d’un politique de désinflation
• En fait les agents privés peuvent croire que la
Banque Centrale les manipule pour fixer leur
anticipation d’inflation à un niveau faible pour
diminuer fortement le taux de chômage.
• Rendre crédible une annonce de désinflation c’est
convaincre les agents privés (ceux qui négocient
les salaires) que le gouvernement n’en profitera
pas pour relancer l’inflation afin de diminuer
transitoirement le chômage.
• La rendre indépendante du gouvernement pour
rendre crédible la désinflation.
• Important, car rien de pire en termes de chômage
qu’une politique de désinflation effective qui
n’est pas crédible, car l’inflation anticipée est
alors très forte par rapport à sa valeur effective.
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Relation décroissante
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Pas de relation
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Laurence Ball dans un article de 1994 a estimé les ratios de
sacrifice de 65 désinflations effectuées dans 19 pays de
l’OCDE au cours des 30 dernières années. Voici ses 3 résultats
principaux :
• En général, une désinflation entraîne une hausse temporaire
du taux de chômage. Autrement dit, une baisse de la
croissance de la masse monétaire n’est pas neutre à court
terme.
• Les désinflation rapides sont associées à des ratios de sacrifice
plus faibles. Ce constat conforte les théories de Lucas et
Sargent : des effets d’anticipations et de crédibilité semblent
à l’œuvre.
• Les ratios de sacrifice sont plus faibles dans les pays qui ont
des contrats salariaux plus courts. Cela conforte les théories
de Fischer et Taylor : la structure de la détermination des
salaires joue un rôle important.
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Source : J.H. Haslag, 1997
2. La loi d’Okun
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• Dans ce cas, la croissance de la production ne
crée pas une baisse proportionnelle du
chômage: pour baisser le chômage de 1% il
faut que la production augmente de plus de
1%.
• De combien? La réponse est donnée par la loi
d’Okun
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La loi d’Okun
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• Pour maintenir inchangé le taux de chômage, il faut
que l’emploi augmente de 1,7% par an (pour
compenser la croissance de L).
• Comme la productivité du travail croît en moyenne
de 1,3% par an, la production doit au moins croître à
ce rythme pour maintenir constant l’emploi.
• Au total, la production doit au moins croître à 3%
pour laisser inchangé le taux de chômage. Ce taux de
croissance de la production, nécessaire pour
maintenir le taux de chômage constant, est appelé
gy
taux de croissance potentielle. On le note .
• Lorsque la croissance de la production est supérieure
à ce taux , alors le chômage diminue.
ut ut 1 ( g yt g y ) 54
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• Une croissance de la production supérieure à 3% ne
diminue pas le chômage de façon proportionnelle : 1 point
de croissance en plus réduit le chômage de 0,4 point.
• Les firmes peuvent en effet augmenter les heures
individuelles, plutôt que les effectifs, augmenter l’intensité
au travail (les cadences)
• Importance de l’incertitude sur les périodes d’expansion et
de récession: les entreprises attendent avant d’embaucher
ou de licencier de savoir si le changement de conjoncture
va durer.
• Il existe en effet des « coûts d’ajustement » de l’emploi
(sociaux, formation, organisationnels, recherche des
« bons » individus…)
• En outre, la croissance de la production attire dans la
population active de nouveaux individus qui peuvent
trouver un emploi (taux de flexion= élasticité de la
population active par rapport à la conjoncture). 55
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